Graffiti / Street Art / Post-Graffiti en France, de 1980 à 2013 : État des lieux.

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attentions, selon Kay Larson21. « C’est la forme artistique des gens pressés, qu’il s’agisse de artistes ou du public » rajoute t’il22.

c. L’introduction du Post-Graffiti en Europe. Cependant, les efforts fournis par les galeristes qui tiennent à jouer un rôle de conseiller, d’aide à la production et de tremplin, finissent par conduire à des évènements aux conséquences importantes : c’est ainsi que l’Europe, plus précisément les Pays Bas, affiche un intérêt plutôt fébrile envers ces nouvelles formes artistiques. Le premier galeriste européen à prendre la mesure du potentiel artistique des artistes américains est Yaki Kornblit, propriétaire d’une galerie à Amsterdam (ouverture en janvier 1983). Il expose les œuvres d’artistes tels que Blade, Dondi et Quik. Le Musée Boijmans-van Beuningen ainsi que le Groninger Museum, toujours aux Pays-Bas, vont se saisir de cet art novateur et participer à son développement auprès du grand public, grâce à des expositionsrétrospectives (respectivement en 1983 puis 1984). Modestement appelée « Graffiti », cette première exposition européenne, qui s’invite quelques mois plus tard au Danemark, met en avant les mêmes artistes présentés à la Sidney Janis Gallery. L’influence de Yaki Kornblit dans cette première initiative institutionnelle semble indiscutable. Le terme « post-graffiti » obtient reconnaissance et bénéficie d’un large emploi. Malgré l’étalage de critiques, il devient clair que l’art graffiti obtient peu à peu une reconnaissance internationale.

Yaki Kornblit, souvent épaulé du photographe Henry Chalfant, multiplie les voyages entre les Etats-Unis et le continent européen. Il donne l’impulsion tant attendue : faire rentrer des pièces historiques auprès de collections privées hollandaises. Un véritable noyau de collectionneurs (Henk Pijnenburg, William Speerstra) en provenance principalement des Pays-Bas, d’Allemagne et de Suisse, va se constituer, prenant alors le mouvement très au sérieux. Les répercussions sur les musées sont de taille : le Groninger Museum (Groningue) réitère l’expérience en 1992-1993 avec l’exposition « Coming from the Subway : New York Graffiti Art » et en profite pour acquérir des toiles de renom, comme Beyond the wall réalisée par l’artiste Blade en 1984 ou encore Mathematics de Dondi White. Comble de l’histoire, le post-graffiti perd progressivement de son aura dans ** 21 22

Larson, Kay « Post Graffiti », New York Magazine, 19 décembre 1983, p.83 ibid. p83

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