Afrique Durable - Sustainable Africa

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SOMMAIRE

A LA UNE

L’Afrique à l’heure du Développement Durable. Vers une nouvelle dynamique ? DOSSIER ENERGIE Energie et Développement Durable en Afrique

(Page 6 – 8)

Un programme d’éclairage rural innovant au Sénégal (Page 9 – 10) Entretien avec Zohra ABIB (Page 11) AREA – African Renewable Energy Alliance (Page 12 – 13)

ZOOM : Le Maroc Un exemple d’engagement dans le domaine de l’Environnement et du Développement Durable (Page 14 – 17)

EDITORIAL : 2012, Année Durable (Page 2) S² Services Sarl (S2) : Le Développement Durable made in Africa (Page 3) Célébration de l’Environnement (Page 4) Un Agenda 21 pour la ville de Douala (Page 5)

AFRICA CARBON FORUM Entretien avec Durando NDONGSOK : L’Afrique aura-t-elle un futur dans la deuxième phase du Protocole de Kyoto ? (Page 18 – 20) AGENDA Agenda professionnel africain du Développement Durable (Page 21)

Directeur de Publication : Durando NDONGSOK (S2) - Design & Infographie : Hervé AZEMTSA (S2)

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L’AFRIQUE DURABLE | Trimestriel – 1ere édition | Juin 2012


EDITORIAL 2012, Année Durable

L’ONU a déclaré 2012, Année Internationale de l’Energie Durable pour tous.

Défini par la Commission Brundtland en 1987 comme « un développement qui permette aux générations présentes de satisfaire leurs besoins sans remettre en cause la capacité des générations futures à satisfaire les leurs », de nos jours, le Développement Durable a dépassé le phénomène de mode pour s’imposer comme véritable stratégie de croissance verte. Toutefois, l’enjeu environnemental et énergétique demeure toujours le même. Comment concilier un développement économique durable et préserver notre environnement ? Selon l’expert français François Mancebo, le développement durable s’appuie sur le postulat que progrès technique et économique ne sont pas antagonistes d’une bonne qualité environnementale. A l’aube de RIO +20, il s’agit à la fois d’une question fondamentale et d’un véritable défi à relever pour les populations africaines. En effet, l’Afrique plurielle possède bien des facettes. D’une part, le continent regorge d’importants gisements de métaux et de ressources naturelles. Et d’autre part, les problèmes environnementaux s’aggravent : pollution, désertification, déforestation, inondations, lourds de conséquences pour les conditions de vie des populations. Il apparaît clairement que des problèmes se posent dans cette région du monde mais pour y remédier des initiatives positives, originales ou engagées voient le jour. Dès lors, comment capitaliser à la fois les richesses et les meilleures pratiques sur le continent ? Et dans un contexte sociopolitique et économique souvent fragile, une démarche de Développement Durable est-elle à la portée de l’Afrique ? Avant tout, il faut souligner que le Développement Durable ne peut se décréter. De notre point de vue trois éléments nous semblent indissociables et complémentaires pour mettre en pratique le

Développement Durable sur le continent africain : le moteur dans ce processus étant la volonté politique, ensuite trouver une traduction opérationnelle adaptée à chaque contexte géographique, et enfin indispensablement, la communication. Au-delà des discours ou des décrets, il faut rechercher la cohérence entre les politiques et les programmes. Ensuite, les dispositions sont déclinées en actions. Le préalable à ce cheminement est bien entendu une bonne compréhension de l’action collective. Pour ce faire il est impératif d’approfondir les connaissances et de renforcer les capacités de tous les acteurs. En fait, le rôle de la communication dans le Développement Durable était le point de départ de notre réflexion. Il y a lieu de penser que la communication autour de la thématique générale du Développement Durable représente un levier important de croissance. Pourtant force est de constater la carence en terme de supports d’informations dédiés au Développement Durable à l’échelle continentale. Au vu de ce qui précède, notre objectif est, à travers ce support bilingue, de promouvoir les solutions environnementales, de valoriser les projets innovants, de partager les expériences de management réussies, d’échanger les conseils techniques de professionnels et de recueillir les avis d’experts. En donnant la parole aux acteurs africains « durables » à savoir les élus locaux, les universitaires, les décideurs, la société civile, les professionnels de différents secteurs d’activité sur cette thématique complexe, notre ambition est d’établir un partenariat Sud-Sud gagnant-gagnant. Ensembles, transformons les contraintes environnementales en opportunités économiques. Carole TANKEU S2 Services Sarl Rédacteur en chef

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A PROPOS DE S2

S2 : le Développement Durable made in Africa S2 Services SARL (Sustainable Solutions), un cabinet de conseil spécialisé dans les solutions durables au service de l’Afrique. Notre vision : « L’intégration du concept Développement Durable dans la pratique des activités économiques en Afrique » Notre devise : « une contribution écolo-pratique pour une efficience économique sud-sud » Qui sommes-nous ? Une équipe africaine pluridisciplinaire (ingénieurs, universitaires et managers) et plurilingues (Français, Anglais et Allemand) formées en Occident (Europe et en Amérique du Nord) et en Afrique, désireux de mettre leurs expériences au service du futur de l’Afrique, tout en répondant aux exigences environnementales. Nos compétences Une large gamme de prestations techniques spécifiques couvrant toutes les phases du développement d’un projet, à savoir de la conception à la mise en œuvre. • • • • • • • •

Développement, financement, suivi et évaluation de projets MDP Energie renouvelable et Efficacité Energétique Etude d’Impact Environnemental Management Environnemental QHSE (Qualité, Hygiène, Sécurité, et Environnement) Valorisation du biogaz issus des déchets ménagers Développement de projets à forte valeur environnementale ajoutée Renforcement de capacité et formation

Une présence en Afrique justifiée au regard des enjeux -

Un potentiel important de projets environnementaux, Une inadéquation entre les richesses naturelles et les ressources financières dans le cadre des solutions environnementales,

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La difficulté des porteurs de projets à obtenir des financements, La complexité des démarches inhérentes au développement d’un projet, Une attractivité du continent liée à une croissance soutenue ces dernières années

Notre expertise dans quelques projets en cours sur le continent Bénin Développement d’une centrale électrique à gaz (cycle combiné) Cameroun Elaboration du document de mise en œuvre du programme national de biogaz (SNV) Protection des mangroves par l’installation de fumoirs améliorés Energie renouvelables (éolienne) Mali Plantation de Jatropha Nigéria Conception de centres d’enfouissement technique (CET) Notre communication à travers le magazine Le lancement du trimestriel Afrique Durable vient répondre à un problème crucial relevé en Afrique. Le déficit de plateforme d’échanges d’informations dans le domaine du Développement Durable. A travers ce magazine, notre ambition est de promouvoir l’expertise de tous les acteurs africains du Développement Durable. Cet outil de communication permettra aussi de véhiculer une approche pragmatique du concept pour impulser à la fois la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et une croissance verte.

Enfin…. Notre pari : devenir un modèle de réseau d’experts africains pour développer durablement et ensemble notre continent.

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JOURNEE DE L’ENVIRONNEMENT AFRIQUE & MONDE

L’Afrique comme le reste du monde célèbre l’environnement. Journée Mondiale de l’Environnement au Cameroun – Douala en Action ! Au Cameroun et à Douala en particulier, la Journée Mondiale de l’Environnement (JME) le 5 Juin est la date de clôture d’un programme de célébration qui s’étend sur plusieurs jours. En cette année 2012 une attention particulière sera portée sur le volet communication et sensibilisation. Au programme : Crochets radiophoniques pour le grand public sur les ondes de la radio nationale pour donner la possibilité aux auditeurs d’être informés par des experts et d’avoir des réponses à leurs différentes questions (les er 28 et 30 mai puis le 1 juin) Une conférence débat sur le thème de la JME 2012 à savoir « Economie verte : En faites-vous partie ? » (Le 30 mai) Les autres journées seront marquées par des actions collectives organisées par les ONG et Associations qui portent à cœur les questions environnementales, avec au programme le 2 juin une caravane de sensibilisation.

En Afrique Bien que très peu connue du grand public, la Journée Africaine de l’Environnement est traditionnellement célébrée au mois de Mars. Instaurée il y a dix ans par la Commission de l’Union Africaine, cette la Journée est célébrée chaque année dans un pays membre de l’Union Africaine. ème

Pour son 10 anniversaire, la célébration Journée africaine a eu lieu à N’Djaména (Tchad), le 3 Mars 2012. Le thème de cette année : « Lac-Tchad : notre patrimoine et notre avenir communs » ème

Depuis le 18 Sommet de l’Union Africaine la Journée africaine de l’environnement a été rebaptisée Journée Wangari Maathai, en hommage à la défunte écologiste kényane, Prix Nobel de la paix en 2004.

Journée Mondiale de l’Environnement au Brésil La Journée Mondiale de l’Environnement (JME) a été initiée par l’Organisation des Nations Unies en 1972 à l’occasion de la Conférence de Stockholm sur l’Environnement humain. Célébrée chaque année le 5 Juin, la JME met en avant un enjeu spécifique important différent chaque année concernant l’environnement. A cette occasion, des activités sont initiées par des ONG, des organismes spécialisés, des institutions, les pouvoirs publics et les citoyens pour une action globale positive par en faveur de l’environnement. ème

Le thème retenue pour la 40 édition, cette année est : « Economie verte, en faites vous partie ? »

L’innovation principale cette année à Douala est l’organisation par la délégation régionale de l’environnement et du développement durable d’une foire-exposition sur 2 jours (les 4 et 5 juin) ; Des stands sont gratuitement mis à la disposition des différents acteurs du domaine, leur donnant la possibilité de présenter leurs produits et services au grand public et ce faisant démystifier les termes « environnement » et « économie verte ».

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Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), une économie verte entraine une amélioration du bien-être et de l’équité sociale, tout en réduisant considérablement les risques de pénuries écologiques. Le Brésil sera hôte de la JME 2012, ce 5 Juin. D’ailleurs, la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable (surnommée RIO +20) aura lieu à Rio de Janeiro (Brésil) du 20 au 22 Juin. Afrique Durable

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INITIATIVE DECENTRALISEE

Un Agenda pour la ville de Douala

Au cours de la 2 è me édition des Journées de Développement Durable organisée par la Communauté Urbaine de Douala, la ville a présenté son Agenda 21 local

Le programme des Journées comprenait une exposition et une conférence-débat afin d’offrir aux populations de Douala la possibilité de se familiariser au concept et aux enjeux du développement durable. ème

Le point d’orgue de cette 2 édition des JDD a été sans aucun doute la présentation de l’Agenda 21 local de la ville. Cette démarche avant-gardiste pour

Les Journées de Développement Durable (JDD) ème

La 2 édition des Journées de Développement Durable (JDD) de la ville de Douala, s’est tenue du 19 au 21 Mars 2012. Placée sous le thème « Agenda 21 local de la Ville de Douala », cette deuxième édition a été organisée avec le soutien de l’Institut de l’Energie et de l’Environnement de la Francophonie de l’Organisation Internationale de la Francophonie. L’Institut Supérieur de Technologie d’Afrique Centrale (IST-AC), l’Institut Français, et la succursale locale de l’Association Internationale SOKKA GAKAI.

l’Afrique sub-saharienne mérité d’être relevée.

Pourquoi un Agenda 21 ? A l’initiative des Nations Unies, le document intitulé Agenda 21 constitue un outil de concertation pour planifier le développement durable à différentes échelles géographiques. En d’autres termes, le rôle de cet Agenda 21 est de définir les priorités en ème matière de développement durable pour le 21 siècle. Il s’agit avant tout d’un document élaboré dans le but de faciliter la prise de décision concertée et de permettre au minima l’appropriation, au maxima l’adhésion par les habitants des projets urbains respectueux des exigences environnementales. La gestion et la planification urbaines s’organisent autour de nombreux outils (CDS, PDU, POS, PDU,…), sachant que chacun de ces outils abordent des thèmes précis quelquefois de manière sectorielle. L’Agenda 21 local de Douala comprend une série de projets importants qui touchent tous les domaines ; le développement durable a en effet des enjeux de portée globale. Notons que les collectivités locales représentent un relais essentiel dans la mise en place d’un Agenda 21. Aymar METEKE

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DOSSIER

ENERGIE ET DEVELOPPEMENT DURABLE Maxime KAMDEM KAMDEM

Economiste, spécialiste des questions d’énergie et de développement durable. Blog: www.kamdem.blogspot.com Courriel : kamdem_maxime@yahoo.fr

Le développement durable fait partie intégrante des OMD, qui ont été fixés par l’ensemble des États membres de l’ONU. A cet effet, un scénario a été proposé et repose sur trois principaux éléments : l’efficacité (utilisation des techniques les plus performantes) ; la sobriété (techniques utilisées avec parcimonie) ; et l’utilisation de ressources renouvelables à l’instar de l'énergie solaire ou les éoliennes, au travers de projets d’électrification rurale. On peut noter que l’énergie est un ingrédient nécessaire à un développement soutenable et équitable pour l’Afrique. Toutefois, comment peut-on aujourd’hui expliquer l’évolution de l’Afrique à deux vitesses dans le cadre du développement durable et de l’atteinte des OMD ? Ce contraste est notamment observé avec les pays de l’Afrique sub-saharienne qui restent à la traine, contrairement aux pays du Maghreb et l’Afrique du Sud qui sont bien lotis. Ces derniers n’auraient-ils pas intégré cet ingrédient majeur qu’est l’énergie dans leurs politiques de croissance et de développement ? La question centrale de cette réflexion est de savoir quel serait l’apport de l’énergie sur le développement durable en Afrique ? La situation énergétique de l’Afrique, précisément au sud du Sahara, n’est pas enviable, et pourtant cette partie du continent dispose d’un potentiel suffisamment important pour satisfaire les besoins énergétiques de ses populations, pour atteindre les objectifs de croissance, qui sont des préalables au développement. Qu’est ce qui peut justifier ce retard, et quelle peut être sa conséquence sur le développement durable ?

hydrauliques, et moins de 1% des capacités 1 géothermiques et photovoltaïques sont exploitées . Il existe cependant une hétérogénéité du potentiel énergétique sur le continent, ce qui rend les capacités d’exportation inégales. L’Afrique du Nord connaît moins de déperditions lors de l’exploitation du gaz et du pétrole que les pays du Golf de Guinée. Elle présente aussi des capacités de raffinage plus importantes qu’en Afrique Sub Saharienne. Ainsi, 44% du pétrole produit localement se retrouvent dans l’offre disponible, contre 9% pour les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique australe. En observant toutes les différentes sources d’énergie, on peut constater que : En ce qui concerne les énergies renouvelables et la biomasse : • 21 pays sur 53 seraient en mesure d’exploiter de façon rentable l’énergie hydraulique en Afrique, mais seuls 7% de ce potentiel est exploité (essentiellement en Egypte, au Mozambique, en Zambie, au Nigéria et au Ghana) ; • La Rift Valley permet l’accès à des capacités géothermiques de l’ordre de 9000 MW dont seules 45 MW et 9MW sont extraites au Kenya et en Ethiopie respectivement ; • Le rayonnement solaire moyen annuel en Afrique s’étale entre 5 et 7 kWh/m², à égalité avec la péninsule arabique, le nord de l’Australie et le nord du Chili. Cependant, l’Afrique ne possède que 1,3% des capacités de production photovoltaïques mondiales. • 89% de la population d’Afrique subsaharienne utilise la biomasse (bois, résidus…) pour satisfaire ses besoins en éclairage, en cuisine et en chauffage. En ce qui concerne le pétrole et le charbon : •

La situation énergétique de l’Afrique

Les sources d’énergie renouvelable sont nombreuses en Afrique. Les bassins hydrauliques d’Afrique centrale, la faille de la Rift Valley, ainsi que l’ensoleillement dont bénéficie le continent en général, sont des sources d’énergie hydraulique, géothermique et solaire peu égalées dans le reste du monde. Néanmoins, seulement 7% des capacités

L’Afrique détient 7,3% des réserves mondiales de pétrole et représente 10,6% de la production mondiale. Elle possède 3,6% des capacités de raffinage installées dans le monde, ce qui la conduit à exporter les trois quarts de sa production de pétrole et de participer à 3% seulement de la consommation mondiale de pétrole ;

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Quatrième forum international sur les perspectives africaines. Organisé conjointement par la BAD et l’OCDE.

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L’Afrique du Sud possède 90% des réserves du continent et se situe au neuvième rang mondial en termes de potentiel avec 5% des réserves mondiales après les Etats-Unis (25%), la Russie (16%) et la Chine (11,6%).

En ce qui concerne l’électricité : L’Afrique présente les taux d’électrification les plus faibles au monde (environ 36%). Cependant, il existe des disparités importantes de taux d’électrification entre l’Afrique du Nord (électrifiée à 90%) et l’Afrique subsaharienne (23%), dont 7,5% seulement des populations rurales ont accès à l’électricité. L’on doit noter que les pertes d’énergie constituent aussi un problème majeur en Afrique, où 11,3% de l’électricité offerte en Afrique est gaspillée lors de la production et du transport, contre 9,2% dans le monde. Ces pertes dépassent 20% au Sénégal, au Kenya et en Tanzanie, et 40% Nigeria et au Congo.

Les implications du retard énergétique sur le développement durable

Les implications du retard énergétique peuvent être observées à trois niveaux : économique, environnemental et social. -

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Sur le plan économique, on peut noter le retard de l’industrialisation de l’Afrique, qui est une conséquence du déficit énergétique observé. Ce déficit n’est pas de nature à rendre les pays africains attractifs en ce qui concerne les investissements nationaux et étrangers dans les domaines prioritaires et à forte valeur ajoutée ; Sur le plan environnemental, les politiques mises en place pour lutter contre les changements climatiques et autres gaz à effet de serre restent limitées, étant donné plusieurs facteurs : la déforestation, surtout en milieu rural où les ménages ont pour source d’énergie principale la biomasse et autres résidus ; l’éducation environnementale à la base, qui est fondamentale à la préservation de l’environnement ; Sur le plan social, le retard du développement énergétique est à l’origine d’une pauvreté ambiante au sein des ménages, qui ne disposent pas pour la plupart d’un revenu issu du travail, à cause du retard industriel qui est source de chômage et de réduction des possibilités d’emploi. Ce retard énergétique est aussi à

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l’origine des inégalités (revenus par exemple) et de l’exclusion sociale (marché du travail, accès aux soins de santé, à l’éducation…). Cependant l’exclusion sociale liée au chômage par exemple, est très souvent à l’origine d’autres exclusions, notamment sur le plan économique et de l’éducation environnementale. Le retard énergétique de l’Afrique a donc ainsi des effets qui limitent le développement durable. Toutefois, le développement énergétique avec la prise en compte des énergies renouvelables pourrait constituer le socle du développement durable de l’Afrique.

Le développement durable, conséquence du développement énergétique Les trois piliers du développement durable ne peuvent réellement être accomplis sans un développement énergétique conséquent. Bien que l’énergie ne soit pas l’ingrédient magique, il est loin de penser qu’on pourrait se développer de manière durable sans un développement énergétique conséquent.

L’énergie comme clé du développement durable de l’Afrique

L’Afrique entière est devenue depuis près d’une décennie un vaste chantier où plusieurs pays ont, soit découvert des ressources minières, gazières ou pétrolifères ; soit elles se sont lancées dans la construction de vastes édifices énergétiques, miniers et autres, dans le cadre des projets structurants. En faisant le tour des zones, on peut noter : - En Afrique Centrale, le Cameroun s’est engagé dans la construction des ouvrages énergétiques pour résorber le déficit énergétique afin de propulser l’économie tout entière sur un sentier de croissance à deux chiffres dans la prochaine décennie. Cet engagement a été impulsé par la mise en place du Plan d’Action National Energie pour la Réduction de la Pauvreté (PANERP), dont l’objectif est de placer l’énergie au centre du développement durable et de l’atteinte des OMD à l’horizon 2015. Il s’en est donc suivi l’amorce de la construction des barrages hydroélectriques de Memve’ele (201 MW) ; Lom Pangar (barrage de retenu de 7 milliards de m3); Hydro Mekin (12 MW) ; ainsi que la production d’électricité à travers le gaz à Kribi, d’une capacité de 216 MW. On note aussi que la modernisation du secteur de l’électricité (loi 2011/022 du 14 décembre 2011) a conféré une place importante aux

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énergies renouvelables (solaire et éolien) avec les mesures incitatives y afférentes pour les potentiels investisseurs, dans le but de diversifier les sources d’énergie, avec en droite ligne les objectifs de croissance et d’emploi, qui font partie intégrante de deux piliers du développement durable (économique et social). A cela, s’ajoutent des projets orientés vers la stimulation des investissements dans le sous secteur de l’électrification rurale (invest’ €lec), le pipe line dans la sous région, incluant le Tchad et la République Centrafricaine, et bien d’autres. - En Afrique de l’Ouest, l’on peut notamment citer le projet d’exploitation du gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (qui va du Ghana au Nigéria en passant par le Togo et le Bénin) par la Société West African Gas Pipeline Company limited (WAPCo). Les projets visant à accroître les investissements privés dans le secteur énergétique, avec comme objectif l’accroissement de l’offre d’énergie pour le développement de l’industrie locale, avec aussi comme corollaire la croissance et l’emploi. Au Sénégal par exemple, l’on note le projet de Sendou, qui couvre la conception, l’élaboration, l’acquisition, la construction, l’exploitation et l’entretien d’une centrale électrique alimentée au charbon de 125 MW. Cette centrale produira chaque année 925 GWh d’électricité, soit environ 40% de la consommation du pays en 2008. - En Afrique Australe, l’accroissement des infrastructures énergétiques dans une perspective de développement durable s’est orientée vers la prise en compte des énergies renouvelables, notamment la biomasse, avec le développement des centrales énergétiques à Madagascar, pour renforcer l’offre existante, protéger l’environnement et pour satisfaire les besoins énergétiques des populations rurales. Ceux-ci sont en priorité liés à l’éducation, à l’accès aux soins de santé et au développement de la petite industrie locale, génératrice d’emplois et de revenus. La prise en compte de l’énergie dans les politiques axées vers le développement durable s’avère une nécessité, au regard des investissements énergétiques réalisés sur le continent et qui visent les trois piliers fondamentaux que sont l’environnement, l’économique et le social. Toutefois, l’accroissement de l’offre d’énergie est une condition nécessaire, mais pas suffisante au développement durable en Afrique. Il s’avère donc nécessaire d’établir les priorités devant permettre à l’énergie de favoriser un développement équitable, viable et vivable.

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Quelques recommandations : Economie : Le retard de l’Afrique sub-saharienne sur le Maghreb et l’Afrique du Sud ne saurait être résorbé en l’absence de structures économiquement viables et génératrices de revenus de manière durable. L’on peut noter le développement de l’industrie agro alimentaire à travers la transformation effective des matières premières, et le développement de l’industrie textile. A titre d’illustration aucun pays au monde ne s’est développé en étant exportateur de ses matières premières à plus de 75% et en devenant principalement importateur des produits finis à base de ses matières premières. Ce modèle économique nécessite d’être réorienté en faisant recours à un modèle favorisant la transformation locale, la satisfaction en priorité des besoins de la population locale et l’exportation des produits finis. Environnement : Les problèmes énergétiques sont directement liés aux aspects environnementaux et l’élément fondamental pouvant permettre de s’attaquer à ce problème est l’éducation à l’environnement sur tous ses aspects multiples que sont la pollution, les changements climatiques, le recyclage, l’assainissement, l’eau et autres. Ce qui nécessite d’introduire dès l’éducation de base et de manière progressive, les mesures d’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, l’adaptation au changement climatique et autres. Société : il est question de mettre en place des modèles permettant des changements de mentalité, s’appuyant sur les pratiques de bonne gouvernance, qui recherchent l’intérêt général et non l’intérêt individuel, qui ne saurait concourir dans nos économies peu organisées à la recherche de l’intérêt collectif. Tout ceci est possible par une planification stratégique des projets énergétiques dans chaque pays et/ou région, prônant l’adaptation des solutions énergétiques aux facteurs tels que les besoins, les sources, les possibilités de transport et la politique générale de développement durable de la région.

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SENEGAL : Un programme d’éclairage rural innovant

communication apparaissent-ils comme un indice fort de développement humain en milieu rural. En ce sens, l’électricité, de par sa commodité, s’est offerte comme étant la forme d’énergie la plus appréciée. Ce qui précède a sans doute motivé la place de choix que l’électrification rurale occupe dans la politique de développement économique et social du Sénégal. La diffusion de l’électricité en milieu rural du Sénégal marqué par un faible taux de couverture en électricité (6% des ménages en fin 2000, et seulement 682 villages électrifiés sur plus de 14.000) a été menée par l’Agence Sénégalaise d’Electrification Rurale (ASER) - voir encadré ci-dessous

Dans un environnement caractérisé par la faiblesse de performances énergétiques et le coût jugé trop élevé de l’électricité, le Sénégal a choisi, depuis 2009, de généraliser l’accessibilité et l’usage des lampes à basse consommation (LBC). Cette orientation a ceci de particulier qu’elle présente un double privilège à la fois économique et environnemental, en plus d’offrir une qualité d’éclairage semblable à celles des ampoules à incandescence. Les LBC, de l’avis même des experts, sont moins consommatrices d’énergie et Le rôle d’ASER et son approche ont par ailleurs un temps d’utilisation de l’ordre de 9 dans la distribution des LBC fois en moyenne supérieur aux lampes à sous le financement de la incandescence. En outre, l’utilisation des LBC émet Banque Mondiale sensiblement moins de CO2, le gaz à effet de serre majeur qui participe au réchauffement de la planète. Avec l’appui de la Banque Mondiale et Toutefois, au-delà des atouts qu’elles présentent, il d’autres bailleurs le taux de couverture reste que les LBC en fin du cycle de vie, et du fait de en fourniture d’électricité au Sénégal leur contenance en Mercure, une substance s’est considérablement accru entre 2000 et 2006. Il hautement toxique, représentent un réel danger pour s’en est suivi une augmentation du taux la santé humaine faute de traitement approprié et/ou d’électrification rurale qui est passé de 6% à 16% de recyclage. Promouvoir la diffusion des LBC au durant cette même période pour se stabiliser ensuite Sénégal peut apparaître certes déterminant dans le à 17,3% en 2007. C’est pour booster cet élan pour un cadre des Mécanismes pour un Développement pays qui aspirait à l’émergence en 2015, que l’ancien Propre. Seulement, si l’on s’en tient à la source Chef de l’Etat, Son Excellence Me Abdoulaye Wade, d’énergie qu’utilisent les LBC qui est fossile, on peut avait fixé un aussi bien se nouveau cap plus Encadré : programme d’électrification rurale innovant demander en quoi ambitieux  Montage institutionnel propice à un Partenariat Public – la diffusion des consistant à porter Privé, et permettant l’implémentation de concessions LBC favoriseraitle taux d’électrification rurale couvrant toutes les zones rurales du elle la promotion d’électrification Sénégal; des énergies rurale à 50%, en renouvelables ?  Mobilisation d’importantes ressources financières 2012.

La problématique de l’éclairage rural au Sénégal

provenant des sources de financements conventionnels (bailleurs) et alternatives (finance carbone) ;  Utilisation de technologies d’électrification adaptées et à moindre coût pour les populations rurales.

Au Sénégal un peu plus de 50% de la population vit en milieu rural où se concentre par ailleurs le gros de l’activité économique. Il est aujourd’hui un fait constant que l’accès à l’électricité fait partie intégrante des services sociaux de base. Aussi les besoins en énergie pour la cuisson, le froid, l’éclairage, l’alimentation électrique des forages pour le pompage de l’eau potable ainsi que l’accès à l’information et la

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Quantitativement, cet objectif visait à assurer l’accès à l’électricité à 263.000 nouveaux ménages ruraux contre seulement 102.000 desservis en 2006. Pour traduire dans les faits ces engagements, l’ASER a essayé de s’appuyer sur deux leviers à savoir les programmes du Projet de Diffusion de l’accès aux services électriques Ruraux (DASER) et d’urgence. Dans cet article nous ferons exclusivement mention du DASER qui a mis à contribution les partenaires au développement. DASER a ainsi constitué le volet par excellence de la Stratégie d’Electrification rurale du Gouvernement

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sénégalais reposant sur une approche planifiée de l’implémentation de concessions d’électrification rurale réparties sur toute l’étendue du territoire. Les concessionnaires, essentiellement des opérateurs privés, ayant été retenus sur la base d’appel d’offres avaient en charge la réalisation des travaux d’électrification et la gestion technico-commerciale du service électrique ainsi que le renouvellement des équipements durant toute la durée de leur contrat fixé à 25 ans.

Les retombées du programme DASER et les défis à surmonter L’ASER a appuyé le montage de projets d’Electrification Rurale d’Initiatives Locales initiés par les collectivités locales, les associations de consommateurs, les groupements villageois et les opérateurs locaux. En somme les économies d’énergie générées par le projet, grâce à l’installation de près de 1.724.000 LBC s’élevaient à 552 GWh durant la décennie qu’a duré le projet et concernaient toutes les 12 concessions du Sénégal. Ces économies correspondent à un évitement de 463.000 tonnes de CO2. Toutefois, le succès des opérations de couverture du taux d’électrification rurale reste tributaire d’une régulation efficace du secteur par l’Etat en vue de contrecarrer les actes de corruption qui ont très souvent porté un sérieux coup aux avancées et succès déjà engrangés. A côté de tout ceci, il y a également la problématique de la disposition des LBC en fin de cycle de vie. Celles-ci, en plus de leur rayonnement électromagnétique (pendant leur utilisation) au dessus des normes standard (180V/m à 20c largement au dessus de la norme européenne de 41V/m et les recommandations des laboratoires spécialisés qui est de 0,7V/m), contiennent aussi du Mercure, qui mal disposé, peut être source de contamination du sol, de l’eau et de l’air présentant ainsi des risques de pollution du milieu de vie et pour la santé humaine.

challenge reste celui d’une fourniture encore plus large en électricité et accessible aux populations rurales sérieusement affectées par une pauvreté rampante. Il est également important de souligner que pour faire face aux surcoûts liés à la généralisation de l’utilisation des LBC en lieu et place des ampoules à incandescence, l’ASER a eu à développer un projet MDP (qui est à date une première dans la sousrégion) couvrant l’ensemble des 12 concessions d’électrification rurale du Sénégal. En définitive, ce qui apparaît transférable dans le programme d’ASER tient au fait que celui-ci propose une alternative durable aux modes d’éclairage traditionnels, telles les lampes au kérosène ou l’utilisation de batteries pour la production d’énergie, qui sont très chers pour les ménages et auxquels sont souvent associés des impacts nocifs sur la santé humaine et l’environnement. La mise en œuvre du projet a pu générer des revenus additionnels qui pourraient permettre le financement des travaux d’expansion future et d’augmentation de l’accès des populations rurales à l’électricité. L’ASER, en optant pour ce programme d’électrification rurale basé sur l’amélioration de l’efficacité énergétique du côté de la demande (un sujet que nous traiterions dans un numéro futur de notre trimestriel), a donc favorisé la conservation et la rationalisation de la consommation d’électricité pour donner l’accès à l’électricité à un plus grand nombre de ménages dans le monde rural. Pour autant, l’usage des LBC n’a pas enlevé la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles. En mettant parallèlement en œuvre l’usage des LBC et le développement des énergies renouvelables et des énergies propres, on contribuerait significativement aux efforts en matière de développement durable.

Comment s’inspirer de ce programme pour faire de l’éclairage une réalité en zone rurale ? Mis en œuvre depuis une décennie déjà par l’ASER, le programme national d’électrification rurale du Gouvernement du Sénégal peut bien être cité en exemple, du moins de par son caractère novateur. Ce vaste programme a certes nécessité la mobilisation d’importantes ressources financières, mais le grand

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Hervé Alain NAPI WOUAPI

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Entretien avec…. Zohra ABIB

Ingénieur Télécom, cette francomarocaine a ouvert et dirige le bureau d’études EnR’Afrique basé à Casablanca (Maroc). Zohra ABIB est membre du comité directeur de l’Alliance Africaine pour les Energies Renouvelables (AREA).

AD : Parlez-nous un peu de votre activité au Maroc. ZA : EnR’Afrique est un bureau d’études indépendant en conseil, formation, assistance à la maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre spécialisée dans les énergies renouvelables. Notre BET est implanté au Maroc, pays très dynamique en matière de sensibilisation, de promotion et de développement des énergies renouvelables. EnR’Afrique, intervient sur tout le continent : prestations techniques, socioéconomiques, financières et institutionnelles des projets. AD : Comment votre activité a-t-elle été accueillie dans le pays ?

ZA : Mon expérience du marché africain dans le domaine des télécoms et énergies m’a permis de présenter un schéma directeur pour développer les énergies renouvelables en Afrique. AD : Quel est votre rôle ou contribution dans cette association ? ZA : En tant que Country Manager pour l’Afrique du Nord, mon rôle est, d’une part, de développer un réseau pour faire connaitre AREA auprès des décideurs et, d’autre part, de contribuer à trouver des sponsors pour assurer son existence. C’est déterminant pour le futur. AD : Quelles offrent AREA ?

opportunités

ZA : Les perspectives en termes d’opportunités sont nombreuses. Je citerai, entre autres, la signature de conventions avec des grands groupes industriels et la mobilisation des gouvernements africains pour les amener à signer des engagements en faveur du développement des énergies renouvelables. Il me semble important de souligner que les membres d’AREA sont des bénévoles. Aussi, je pense qu’il faudrait envisager d’avoir une équipe en Afrique du Sud et au Maroc, dédiée aux activités d’AREA.

ZA : Nous avons été félicités par les institutions publiques et les entreprises privées. Notre rôle ne se limite pas au développement de nos activités. La priorité doit être accordée à une mobilisation d’ampleur face la flambée des prix du gaz et du pétrole sur le marché international, aux conséquences dans un futur proche des changements climatiques. Face à ces défis, le développement des énergies renouvelables s’impose.

ZA : Une agence AREA devrait être ouverte à Casablanca après la signature d’une convention entre la Fédération Nationale d’Electricité, d’Electronique et des Energies renouvelables (FENELEC) et AREA. Cette agence permettra ainsi de représenter AREA sur toute l’étendue du continent africain.

AD : Quel a été votre plus grand défi depuis le démarrage de votre activité ?

AD : A votre avis, quel évènement a été déterminant (récemment) pour AREA ?

ZA : La mise en place de la première plateforme photovoltaïque et thermique au Technopark de Casablanca dans le but d’assurer des sessions de formations théoriques et pratiques.

ZA : A mon humble avis, tous les évènements organisés par cette association étaient intéressants, notamment les rencontres avec les membres d’AREA. Par ailleurs, selon moi, chaque évènement représente un défi. En effet, depuis deux ans, il s’agit de fidéliser les bénévoles car ces derniers font des efforts considérables pour faire connaitre les activités d’AREA et promouvoir les énergies renouvelables en Afrique, à petite et grande échelle.

AD : Vous êtes membre de l’Alliance Africaine pour les Energies Renouvelables (AREA) et de son comité directeur. Dans quelles circonstances avez-vous été impliquée?

AD : Quelles sont les perspectives de AREA ?

Propos recueillis par Hervé AZEMTSA

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AREA - African Renewable Energy Alliance Renewable energies: Africa’s untapped leapfrogging potential By: Ansgar Kiene

Coordinator, African Renewable Energy Alliance – AREA Director, World Future Council Africa

Energy is one of the key stones for social and economic development and affects all its major aspects such as environmental protection, gender equality, food security, climate change mitigation, health, education, and poverty alleviation. This is why access to affordable, sustainable modern energy services - electricity as well as thermal applications is a major determinant for progress in achieving poverty reduction and the attainment of the millennium development goals (MDGs) in Africa. Energy poverty… According to the International Energy Agency (IEA), almost two thirds of the African population of one billion people have no access to electricity. In rural areas of African countries, the share of people with access to modern energy services is as low as eight percent. Only 4 percent of the world-wide produced electricity is generated on the continent. On average, Africa consumes about 492 kWh per capita compared to the EU with over 3,000 kWh and the US which consumes 7,700 kW/h per capita. With a total installed capacity of 103 GW, Africa has less power generation capacity than, for instance, Germany with 120 GW. Of these 103 GW, 46 percent are located in South Africa and 34 percent in Northern Africa [JRC 2008]. Despite its fast growing population and economies demanding ever more energy, the high and ever increasing costs of fossil fuels lead to a situation where 80 percent of the African population still relies primarily on traditional biomass, including fuel wood or charcoal, agricultural waste and animal dung to fulfil their daily energy needs. … and its cost The consequences of the lack of access to modern energy technologies are severe. Because of the inefficiency of traditional energy forms, the poor often pay higher unit costs for energy in comparison. In many cases, fuels are burned in poorly ventilated or enclosed spaces leading to indoor air pollution. The World Health Organization (WHO) estimates that

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400.000 mainly women and children in Africa die of indoor air pollution every year. Through unsustainable use of biomass, Africa is losing more than four million hectares of forest every year – twice the world’s average deforestation rate, which makes the continent even more vulnerable to the effects of climate change. A large percentage of household incomes is spent on energy for electricity and cooking (diesel, kerosene, charcoal, etc.). At the same time, women invest a substantial amount of productive time in collection and transport of fuel wood. Women collecting fuel wood, Ghana ©Nathalie Bertrams

In order to reach the energy poor, political and business concepts for sustainable energy services will have to be developed. Renewable energies can contribute to a large number of political objectives, such as job creation and poverty eradication, a sustainable use of resources, the protection of both human health and the ecosystem. This is particularly true for small to medium scale renewable energy systems that provide affordable energy to livelihoods currently defined by energy poverty, and help in creating employment by powering enterprises for both rural and urban populations. The rapid expansion of renewable energies across Africa will have a positive impact not only on the African people, its economical progress and the protection of its environment, but also on the world at large, leapfrogging the fossil fuel based development of the industrialized countries. Energy services have a significant role in facilitating both social and economic development – energy underpins economic activity, enhances productivity, and provides access to markets for trading purposes. In addition, it enables fulfillment of the basic human needs of nutrition, warmth, and lighting; and enables access to education, health, information and communication services. The shift from fossil fuels to renewable energies across Africa also has the potential of giving a boost to the achievement of all eight UN Millennium Development Goals (MDG). More bout AREA on www.area-net.org

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Turning challenges into opportunities The continent’s future energy production and consumption are expected to soar. However, infrastructure is poor and outdated, resulting in high efficiency losses. Deficient power infrastructure dampens economic growth and weakens competitiveness by having a disadvantageous effect on productivity. In addition, skyrocketing prices for fossil fuels and huge costs for nuclear power plants (as well as issues of hazardous waste, mining and operations) leave societies with little alternative to renewable energies. In many cases, large scale hydro power projects are no recommendable alternative considering their negative environmental and social impacts. Since an overall energy scarcity has resulted in high costs for transport and industrial/commercial sector operations in most African countries, sustainable economic growth can only be achieved on the basis of renewable energy provision for industries. Also, empirical evidence has shown that the diversification of electricity production in African countries such as Kenya or Mauritius, resulted in a stabilization of the power sector. Africa’s vulnerability to external shocks, the risks related to volatile prices for fossil fuels and droughts in the case of large hydro power capacity were reduced without high subsidies or increases in the electricity price. By now, many renewable energy technologies have reached competitive levels with conventional energy sources. In order to meet the energy needs of African people in the future, massive new investments will be required in the coming decades. The investment decisions will decide upon the structure of their energy systems in the next 30 to 40 years. Therefore, we will have to use this window of opportunity to transform the national energy systems from large-scale conventional power plants to decentralized renewable energy technologies. These offer great economic potential in an expanding market, as the renewable energy resources in Africa have hardly been exploited, mainly due to limited policy interest and investment levels. Solar powered mobile transmitter, Morocco ©Nathalie Bertrams

Business is a main driver of development

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One recent example is the massive success of the mobile phone market in Africa which is exceeding all expectations. New technologies, a huge demand and the liberalization of the telecommunications sector, supporting active competition, revolutionized the market drastically and led not only to improved service delivery and quality but to a surge in overall business activities. Drawing on this success story, individual entrepreneurs as well as major corporations offer demand driven, tailor-made energy services in Africa – applications from solar home systems providing basic lighting to wind farms powering industrial production. Innovative financial schemes are being developed; new distribution and service networks are established to guarantee maintenance. In addition to the activities of the private sector, communities and municipalities have begun to decide on alternative energy provision, fostering social stability through local empowerment and public participation. The African Renewable Energy Alliance As a way forward a sector-encompassing engagement for the promotion of renewable energies on the African continent seems to be the most promising approach. This is where the African Renewable Energy Alliance [AREA] is filling a gap. AREA is a global platform for policy makers, business, civil society and academia to exchange information and consult about policies, technologies and financial mechanisms for the accelerated uptake of renewable energies in Africa. In the quest for sustainable solutions at regional, national and international level, AREA plays a catalytic role in promoting knowledge transfer and international cooperation. Founded in Ethiopia in October 2009 by the World Future Council, this member-driven network comprises of over 700 members from about 70 countries. AREA members share information, knowledge and experience via an online platform and monthly phone discussions, meet for international AREA conferences and workshops and present their positions at relevant conventions and forums. Africa’s energy challenges require a radical scaling-up of access which calls for an improved enabling environment, effective policy and regulatory frameworks, improved management capacities and financial services. Keeping in mind the unlimited renewable energy availability, there is a huge opportunity in directing investments into clean, efficient, renewable energy for the growth of a green and more over a sustainable economy in Africa.

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ZOOM : Le Royaume du MAROC

Le Royaume du Maroc mise sur l’environnement et le développement durable

A

L’heure où notre planète, en général et le continent Africain en particulier, sont menacés par les conséquences du changement climatique, le concept de Développement Durable devient obligatoirement un instrument de gouvernance nationale et internationale. Dans ce concept de durabilité, les dimensions sociales, économiques et environnementales, sont simultanément considérées dans toutes les actions entreprises. Sur cette base, la capacité politique à mettre sur pied un cadre cohérent est un préalable. L’ultime étape étant le suivi et l’évaluation des actions « durables » entreprises.

Dans un contexte géopolitique fragile, le Maroc, 35 millions d’habitants, monarchie parlementaire constitutionnelle, nous semble être un modèle de développement durable pour les pays Africains. En effet, depuis quelques années, le Maroc a choisi résolument de prendre en compte les trois piliers économique, social et environnemental dans sa stratégie de développement, pour miser sur une croissance qui ne compromette pas les chances des futures générations à hériter d’un environnement vivable. L’engagement des pouvoirs publics marocains dans le domaine de la préservation de l’environnement est matérialisé, notamment, par la mise en place d’une charte nationale de l’environnement et du développement durable, la promotion de l’économie verte et des énergies renouvelables ainsi que l’usage optimal des ressources naturelles telles que l’eau et les matières premières. Dans ce contexte, plusieurs programmes pluriannuels ont été lancés en vue de réaliser les infrastructures indispensables aux fins de mettre en œuvre les mesures les plus urgentes afin de se développer tout en respectant la nature. Dans cette perspective, le pays a élaboré des plans et initié quelques projets. Pour illustration, nous nous attardons ici à quelques projets, seulement dans le domaine des énergies

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renouvelables. Dans nos prochaines éditions, nous présenterons des programmes dans d’autres secteurs.

Programmes, plans et projets dans le secteur des énergies

La stratégie énergétique nationale volontariste est orientée vers la diversification des sources d’approvisionnement. Avec des ressources solaires abondantes (un potentiel de 2.600 kWh/m²/an), le Maroc offre plusieurs opportunités d’investissements dans le secteur de l’énergie solaire, thermique comme photovoltaïque. • Le Plan d’énergie solaire marocain (20112020), L’objectif est de construire cinq centrales réparties sur tout le territoire afin de générer 2 000 mégawatts à l’horizon 2020. Ce projet d’énergie solaire permettra ainsi d’éviter l’émission de 3,7 millions de tonnes de CO² par an. Ce plan devrait coûter 9 milliards de dollars US. • Le projet Marocain Intégré de l’Energie Eolienne Le Roi a inauguré en juin 2011 le parc éolien de Tanger I (inscrit dans le cadre du développement de l’éolien à grande échelle) qui devrait satisfaire 2,5 % de la demande nationale en énergie. Ce parc, a une capacité de 140 MW, portant ainsi à 250 W la production de l’énergie éolienne nationale. Ce parc a été financé par le bailleur de fonds espagnol ICO, la Banque Européenne d’Investissement ainsi que la Banque allemande KFW et l’Office National d’Electricité (ONE).

1- Un cadre réglementaire favorable La condition sine qua none d’une stratégie « verte », est un cadre juridique adapté. Il s’agit là du socle pour une prise en charge intégrée des stratégies de développement durable. A terme, en vertu de certains accords, la législation marocaine devrait converger vers la législation environnementale de l’Union Européenne. L’année 2011 a été marquée par la promulgation de nouvelles lois relatives à la préservation de l’environnement, aux énergies renouvelables, à l’Agence Nationale pour le Développement des Energies renouvelables et de l’efficacité énergétique. . Ensuite, cette dynamique se poursuit par le chantier de la Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable, dont la version finale a été

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validée lors de la dernière session du Conseil National de l’Environnement. Par ailleurs, lors des Assises de l’énergie de mai 2011, le Maroc a signé cinq conventions relatives au développement des énergies renouvelables. Ces conventions portent sur : la création d’un Institut des métiers des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, l’appui à l’investissement industriel dans les filières des énergies vertes, un accord-cadre de coopération dans les domaines de la recherche et du développement photovoltaïque, le renforcement et l’extension du parc éolien de Tanger, une convention relative au projet Désertec sur la configuration commune de projets en matière d’énergie solaire. Enfin, la loi sur les énergies renouvelables n°13-09 vise la promotion de la production d’énergie à partir de sources renouvelables, de sa commercialisation et de son exportation par des entités publiques ou privées.

La société d’investissement énergétique (SIE)

A ce titre, pour accompagner le plan national de développement des énergies renouvelables, une société d’investissement énergétique pour le développement des énergies renouvelables (SIE) a été mise sur pied. Les axes stratégiques de la mission de cette structure est d’une part, d’œuvrer comme levier de financement en mobilisant des capitaux, d’autre part d’investisseur. D’autres institutions nationales à l’instar de l’Agence marocaine de l’énergie solaire (MASEN), l’Agence Nationale pour le Développement des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique (ADEREE) et l’Institut de Recherche en Energie Solaire et Energies Renouvelables (IRESEN) contribuent à renforcer la stratégie énergétique nationale.

La société civile, partie prenante

Au cœur des mouvements de contestation, organisations écologistes nationales internationales, les mouvements sociaux altermondialistes sont à l’origine d’une prise conscience de notre responsabilité envers générations futures. Par conséquent, le rôle contre- pouvoir de la société civile est déterminant.

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les et et de les de

Associations et Syndicats marocains se mobilisent en s’impliquant à la fois dans l’information, la sensibilisation, la communication pour un changement de comportement ainsi que dans les activités économiques sur l’ensemble du pays. Des associations telles que « Grand cœur pour l’Environnement et le Développement Durable », l’association Marocaine des Eco Villes, la Fondation Mohamed VI pour l’Environnement, l’Union Nationale des Industries et Entreprises de l’Eau et de l’Environnement, la Fédération Nationale de l’Electricité, de l’Electronique et des Energies Renouvelable apportent leurs pierres à l’édifice de ce vaste « chantier ». 1- Efficacité ou viabilité économique ? La mise en place d’une démarche de développement durable au sein d’une entreprise ou d’une stratégie nationale de développement durable a un coût. En revanche, il existe des retours possibles de l’investissement. De ce point de vue, dans sa stratégie de développement durable, l’action gouvernementale doit chercher à transformer le besoin de préservation écologique et d’équité sociale en perspectives de croissance « verte ». Grâce à sa situation géographique, au carrefour de l’Afrique et de l’Europe, le Maroc se positionne comme un hub pour les échanges commerciaux entre les deux continents. Avec l’aide d’une politique de grands chantiers et de réformes sectorielles, le royaume bénéficie d’une croissance durable. Une des particularités du système économique marocain est sa grande ouverture vers l’extérieur. Le Maroc est le premier producteur et exportateur au monde de phosphate. Les principales caractéristiques de cette économie de marché sont une agriculture moderne et performante, (pays grand producteur de fruits et légumes), une industrie de transformation développée, une offre touristique variée, un secteur tertiaire dynamique (secteurs de la banque, de la finance, de la grande distribution, de la téléphonie mobile, et centres d’appels), un secteur industriel diversifié (chimie, parachimie, informatique, électronique, industrie aéronautique, textile, cuir, agro-alimentaire, NTIC). Au fil du temps, le pays est devenu un hub régional pour les entreprises multinationales du secteur des

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technologies de l’information et de la communication, des télécommunications et de l’Off-shoring. Le Maroc dispose d’un important réseau autoroutier, en plus de plateformes logistiques compétitives et modernes. Le meilleur exemple est donné par le récent pont Hassan II, reliant Rabat à Salé. Par ailleurs, ce pont a été accompagné par la mise en service du tramway Rabat-Salé. Outre ces infrastructures structurantes, d’autres projets d’investissements viennent en complément, grands projets urbains (à Rabat, projet de l’aménagement de la vallée de Bouregrag), projets de restructuration urbaine (Tanger City Center..), amélioration de la mobilité urbaine grâce aux transports propres (Train à Grande Vitesse pour relier les deux régions les plus dynamiques du Maroc), projets industriels à l’intérieur du pays (plateforme industrielle intégrée de Fès, agropole à Berkane, plateforme industrielle dédiée à l’offshoring au Nord du pays). Le Royaume offre plusieurs catégories de zones industrielles et zones d’activités économiques dont des plateformes industrielles intégrées et des zones franches (Tanger, Dakla). En outre, des projets de développement du pôle des services (technopole d’Oudja, station balnéaire de Saïdia) attestent de la dynamique économique. Au regard de ce qui précède, tout est mis en œuvre pour attirer les capitaux extérieurs et favoriser les investissements induisant des emplois directs et indirects dans le pays. 2- Renforcement de capacité : Une nécessité impérieuse Les fondements du développement durable semblent abstraits pour les profanes. Aussi, il existe plusieurs leviers d’intervention dans le but d’acquérir une meilleure compréhension des enjeux majeurs du développement durable. La politique de renforcement de capacité se décline différemment en fonction des acteurs ciblés en, séminaire d’information, sessions de formation thématiques, et manifestations environnementales. Notamment les grandes villes du pays abritent régulièrement des rencontres professionnelles telles que le Salon International des équipements, des technologies et des services de l’environnement (POLLUTEC), le Congrès International et Exposition de l’Association Africaine de l’Eau ou le Salon International des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique (EneR

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Event) ou encore la conférence SolarPaces sur le thème de l’énergie solaire. L’impulsion forte donnée par les actions des pouvoirs publics pour la mise en œuvre du Développement Durable est indéniable. Le processus semble être en bonne voie. Certaines entreprises ont d’ores et déjà emboîté le pas. Peu à peu, la société civile se mobilise, mais ce n’est pas suffisant. Or s’agissant de la démarche, elle doit être collective. Il faut également que les citoyens modifient leurs comportements. Entre temps, l’Etat continue à envoyer des signaux forts. Dans les mois à venir, les Observatoires Régionaux de l’Environnement et du Développement Durable (OREDD) seront ouverts dans toutes les régions du pays. L’objectif sera de doter les régions du Royaume d’instruments techniques d’observation, de suivi et d’évaluation de l’état de l’environnement.

Zoom : Casablanca Si chaque ville a des enjeux qui lui sont propres, la plupart des villes africaines sont confrontées à un certain nombre d’enjeux d’urbanisme. Or s’agissant de la capitale économique marocaine, Casablanca, des efforts considérables sont déployés par les pouvoirs publics avec les bailleurs de fonds, en vue d’un renouvellement urbain durable.

Casablanca, la plus grande agglomération du Maghreb

Casablanca fait partie du Grand Casablanca. Agglomération tentaculaire, la commune est scindée administrativement en huit préfectures qui sont divisées en seize arrondissements et une municipalité. Aujourd’hui, la ville compterait plus de quatre millions d’habitants, devenant ainsi la plus grande agglomération du Maghreb. En somme, la ville profite indéniablement de ses atouts : proximité avec l’Union Européenne, des cadres bien formés et des salaires bas. Ainsi, Casablanca est le plus grand centre financier et industriel du Maroc et du Maghreb. ème 2 place financière du continent après Johannesburg, un projet de création de hub financier est en bonne voie, Casablanca Finance City (CFC).

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Casablanca ou l’art de la mise en œuvre d’un urbanisme durable

La capitale économique du pays est en chantier tandis que les aménageurs ont pour objectif principal de concilier aménagement urbain et développement durable. En 2006, un développement urbain résolument orienté vers l’Océan, fut lancé dans le cadre du plan de développement du tourisme. Il comprend maints projets qui ont permis d’attirer un flux d’investisseurs étrangers. 1) Le méga projet mené de la Marina, situé entre le port et la Grande Mosquée Hassan II (logements haut standing, plateaux de bureaux, zones commerciales, Palais des Congrès, hôtels de luxe, port de plaisance, promenade verte longue de 1500 m) 2) Anfaplace, projet touristique de luxe à la Corniche 3) La construction du plus grand centre commercial d’Afrique, le Morocco Mall, 4) La réhabilitation de l’ancienne Médina 5) La nouvelle gare ferroviaire de Casa-Port. Accompagnent ces grands projets, le réaménagement d’un parc loisirs sur le site Sindibad, la réhabilitation du Parc de la Ligue Arabe et de la construction du Grand Théâtre, sans oublier le projet d’aménagement de l’ancien site de l’aéroport de Casa-Anfa.

Casablanca, ville verte ?

Sans grande surprise, Casablanca figure dans le peloton des villes les plus vertes du continent à égalité avec Accra selon une étude commanditée par une entreprise allemande. Cette étude a examiné quinze métropoles africaines selon huit critères : l’énergie et le CO2, l’utilisation des terres, les transports, les déchets, l’eau, les sanitaires, la qualité de l’air et la gouvernance environnementale. Résultat ? Casablanca, Tunis, Le Cap, Johannesburg, Durban et Accra ont ainsi un classement « supérieur à la moyenne » des autres villes.

Le tramway pour durable

une

mobilité

urbaine

Dans le cadre de l’organisation des transports collectifs, les autorités publiques marocaines ont fait le choix de développer un autre mode de transport afin de réconcilier mobilité urbaine et développement durable certes mais avant tout pour fluidifier la

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circulation dans l’agglomération de Casablanca. Le tramway, système de transport collectif en site propre, sera donc opérationnel en décembre 2012.

Casablanca et les énergies propres : au cœur des derniers évènements dans le secteur des énergies organisés au Maroc EneR Event (Salon International des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique) ème

Le 6 Salon International de l’Electricité, de l’Eclairage, de l’Electrotechnique et de l’Automation ère Industrielle, Elec Expo, et la 1 édition du Salon International des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique, EneR Event, ont eu lieu du 22 au 26 novembre 2011 à la Foire Internationale de Casablanca. Ces deux manifestations organisées par la Fédération Nationale de l’électricité, de l’électronique et des énergies renouvelables (FENELEC) regroupaient 210 exposants venus de 18 pays à travers le monde sur un espace de 15 000 m². Cet évènement reflétait le développement du secteur, mais assurait également la promotion du développement durable et l’efficacité énergétique, tout en favorisant de nouvelles synergies économiques et industrielles au Maroc et à l’international. En marge de cette manifestation, la CAFELEC (la Confédération Africaine d’Electricité), regroupant notamment le Maroc, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Mali et le Gabon, a été ratifiée. A cette occasion, s’est tenue la réunion des membres du comité directeur de l’Alliance Africaine des Energies Renouvelables (AREA, Africa Renewable Energy Alliance : www.area-net.org) venant de 16 pays africains notamment l’Afrique du Sud, le Cameroun, Cap Vert, l’Egypte, le Kenya, le Maroc, le Nigéria, Hervé Azemtsa du cabinet S2 en est membre et responsable pour la sous-région Afrique Centrale. « Le défi qui se pose de manière pressante au monde d’aujourd’hui n’est pas tant de manquer de ressources énergétiques que de mobiliser les investissements indispensables en la matière. Il est, donc, nécessaire de construire les infrastructures énergétiques nécessaires et de développer des technologies alternatives….. ». Extrait du message royal lors des assises de l’énergie (6 Mars 2009).

Carole TANKEU

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CDM Clean Development Mechanism MDP Mécanisme pour le Développement Propre Mr. NDONGSOK, one of the most experienced CDM expert in Africa has spoken to the team of Afrique Durable (Sustainable Africa). He is the managing Director of S2 and has recently participated as panelist at the 4th Africa Carbon Forum in Addis Ababa. In this interview, he gives his impression of the trends in the carbon market and its future. Afrique Durable (AD): Dear Durando Ndongsok, we are glad that you have accepted to be among the one giving an interview for our very first edition. Please tell our readers about yourself. Durando Ndongsok (DN): I’m Cameroonian, studied Mechanical Engineering in The Netherlands before moving to Germany for a MBA dedicated to the International Management of Resources and Environment. I moved then to Switzerland to work for First Climate and developed the company’s CDM portfolio in Africa. 3 years later, I decided with some young Cameroonians to open S2 Services in Cameroon, to promote CDM and other carbon mechanisms from close range, but also go beyond the CDM and promote Sustainable Development in general. I took part to the last Africa Carbon Forum and gave a talk in a panel that was proposing solutions to make CDM and other carbon resilient mechanisms work in Africa. AD: Before we move further with the interview and ask more questions about the Africa Carbon Forum, please could you explain to our readers what is the CDM? DN: In 1992, the United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC) was created and at its 3rd Conference of the Parties in 1997 in Japon, the Kyoto Protocol was signed. Under this protocol 3 mechanisms were created to effectively and cost-efficiently reduce greenhouse gases emissions into the atmosphere. One of the 3 mechanisms was the Clean Development Mechanism (CDM). The principle of the CDM is straight forward, though a bit complex in practice: one develops in a developing country (Non-Annex I Country) a project that through a process designed by the UNFCCC is proven to be reducing greenhouse gases as compared to how much greenhouse gases should have been produced in the absence of the project. The developer of that

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project gets carbon credits (known also as Certified Emissions Reduction – CERs) that he can sell. The buyer is the government or often a utility company in a developed country (Annex I Country). Utilities, based in countries where they are subject to emissions cap or trading scheme, such as the EU ETS, will then use these carbon credits to offset each ton of CO2eq that they have emitted beyond the cap assigned to them by their government. The sale of carbon credits brings (additional) revenues to the project and is a good incentive for the project developer to invest in an environmental friendly technology that is most of the time much more expensive than an existing businessas-usual technology. Potential projects that can be accepted as CDM projects are in the sectors of renewable energy, landfill gas capture and usage, composting, energy efficiency, land use, land use change and forestry, fuel switch, waste to energy, biogas… their huge potential in Africa has been demonstrated time and again. AD: You also mentioned other carbon resilient mechanisms… DN: Yes, it’s important to make the clarification at this point. The CDM is referred to as compliance mechanism because buyers of resulting carbon credits have the obligation to reduce their greenhouse gases and use carbon credits to offset part of these gases. But parallel to the CDM, there is a huge voluntary market that has been developed also for companies that do not have the obligation to reduce their greenhouse gases but want to do this as part of their Corporate Social Responsibility. Usually those other buyers look at small projects and also projects that have very good sustainable development component like poverty alleviation, job and revenue creation for the Basic of the Pyramid… But also the United States which has been the biggest greenhouse gases emitter for a very long time has never ratified the Kyoto Protocol and therefore companies there could only participate voluntarily in the reduction of greenhouse emissions. The first commitment period of the Kyoto Protocol is ending at the end of 2012 and although there has been negotiations to have a second commitment period after 2012, countries like USA, Canada, Russia and Japan have clearly stated that they will actively

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continue to participate to the global fight against climate change, but they will not take part to the Kyoto Protocol. That means they have – like Japan is already doing – to develop their own mechanisms or follow other mechanisms. And there are quite a few mechanisms under development out there to reduce greenhouse gases in the market. All are referred to as carbon resilient mechanisms. AD: Back to the Africa Carbon Forum, what was your speech there about? DN: I participated into a panel discussion and the main topic was to see if there is any future for CDM in Africa… AD: Why discussing the future of CDM just for Africa if the CDM is a worldwide program? DN: Good question! The first commitment period of the Kyoto Protocol started in 2008 (and will expire in 2012, thus 5 years). To date, over 4000 projects have been certified as CDM projects from developing countries worldwide. 4000 projects! But guess how many of those projects are from Africa? Around 70! Representing far less than 2% of the CDM pipeline! And Africa has a huge CDM potential. That means the continent has not benefited from the sustainable development opportunity offered by the CDM. AD: What would you suggest then in order to improve the development of the CDM in Africa? My propositions/solutions are basically to do a bottom up analysis of the situation, to learn by doing instead of developing theories one after another. It is in that respect that I wrote recently an article that appeared in the yearly CDM Perspectives Series that I strongly recommend to the reader (see: Making CDM work for poor and rich Africa beyond 2012: a series of dos and don’ts in Perspectives Series 2011: Progressing towards post 2012 carbon market: http://www.acpcd4cdm.org/media/326892/post2012markets.pdf pp 87-99, Ed) AD: Could you please in few words tell us what can make all those mechanisms work for Africa? DN: I have often written about hurdles of the CDM in Africa and I have always enumerated them as being mostly: the lack of finance, the complexity of the CDM procedures, the language being English, and the lack of local expertise (Africans based in Africa).

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Finance: the CDM rarely brings more than 20% of the project financing, thus other financing mechanism should be created to help the qualifying project to come to life Complexity: Is it about time to talk about “Africaspecific” CDM procedure? If not the expert should have a local presence, and not only in Eastern Africa or in South Africa where things are more advanced, but in the whole continent, including West and Central Africa. That is the challenge I took, moving back from Europe to Cameroon to offer my experience and competence in the field. Language: even though I believe that in French speaking countries in Africa, more effort could be made towards the English language, it remains a huge barrier. Our base in Cameroon, one of the very rare bilingual countries was chosen to provide a solution to that specific problem. Local expertise: We have opened our firm here to be close to projects and clearly understand project developers and provide them with quick and real support. The training and capacity building of other locals in the field of CDM is more than needed, especially as it will always come with additional skills transfer such as project management, financial analysis skills… AD: You talk somewhere about the sustainable development component of the CDM, could please elaborate a bit more on that? DN: Oh yes, the CDM or better said carbon resilient mechanisms focus maybe more on greenhouse gases emissions reduction. But those mechanisms are almost always associated with the implementations of real, physical projects. We are for instance developing a rural lighting project (Nuru Light: www.nurulight.com, Ed) in Cameroon that will substitute the use of kerosene lamps in rural area for lighting. Burning kerosene emits carbon dioxide which is the most prolific greenhouse gas in the atmosphere. Our lighting products do not emit any gas at all and so our project qualifies for the CDM. But developing that project will provide rural poor with affordable, practical, time saving; health and environmental friendly light and its implementation will create thousands of jobs. Apart from greenhouse gases emissions reductions, the project will bring many other advantages to improve the life of the end users. That is why I always insist on other sustainable development components of the CDM.

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AD: Since you are mentioning that lighting project, any other activity in the field with your company since you have moved back to Africa? DN: well, briefly we have been active and still are in several projects in Africa, among which a Combine Cycle Gas Turbine in Benin, two waste to energy projects in Nigeria, a Jatropha plantation in Mali an Mangrove protection project with improve fish smoke houses in Cameroon, and a wind farm in Cameroon. AD: Where you satisfied with the conclusions of the 4th Africa Carbon Forum? DN: I would maybe mention that I have participated to the previous Africa Carbon Forum since 2008 in Senegal. The feeling after this 4th Forum in Addis Ababa was that there has been a huge development in the understanding of the CDM in Africa. Personally, I made many business contacts there. We are just very few qualified consultants based in Africa with perfect understanding of the CDM development complexity. AD: Any last word to the readers Firstly, I thank Afrique Durable for this magazine and giving me one of the first interviews. I think it will be a great success. Two thumbs up!!! For readers, I will be available for further discussion about sustainable development in general and particularly CDM and other similar mechanisms. I invite you to regularly visit our website www.s2gmbh.com for update and do not hesitate to contact us. Thank you!

Le 4eme Forum Africain sur le Carbone a eu lieu du 18 au 20 Avril 2012 au Centre des Conférences des Nations Unies à Addis Abeba (Ethiopie). Y prenaient part les autorités nationales désignées (AND), les points focaux nationaux, les représentants des agences des nations unies, des experts internationaux et le secteur privé. S2 a pris part à cet important rendez-vous par la voix de Mr. Durando NDONGSOK, expert en MDP, panéliste lors de la conférence débat ayant pour thème : « l’Afrique aurat-elle un futur dans la deuxième phase du protocole de Kyoto »

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AD: Un résumé de tout ceci pour nos lecteurs francophones? Le Mécanisme pour un Développement Propre (MDP) est un programme des Nations Unies pour la réduction des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ce programme est né au Japon en 1997 à la suite du Protocole de Kyoto obligeant les pays développés signataire à réduire leurs émissions des gaz à effet de serre. Le MDP est un programme de compensation carbone, qui facilite la réduction des gaz à effet de serre de manière efficace et à moindre cout. Les pays développés à travers ce mécanisme peuvent faciliter la mise sur pied des projets propres dans les pays pauvres et en voie de développement en compensant financièrement les développeurs de projets de chaque unité de gaz à effet de serre évitée qui aurait due être émise dans l’atmosphère si le projet n’avait pas existé. L’unité de gaz à effet de serre est plus connue sous le nom CER ou Certified Emissions Reduction en Anglais. Depuis 2005 que le MDP est entré en vigueur jusqu'à ce jour, plus de 4000 projets MDP ont été certifié à travers le monde. L’Afrique se retrouve avec juste 70 projets, malgré l’énorme potentiel existant. Le MDP a été signé pour une première période allant de 2008 à 2012. A Durban dernièrement, pendant la Conférence des Nations Unies sur le climat, un accord à été trouvé pour que le MDP continue au delà de 2012. L’Afrique aura donc une chance de se rattraper, mais cette fois ci c’est surtout les pays les moins avancés (dont l’Afrique en comporte 33 sur 53 !) qui profiteront le plus. Car l’acheteur principal des CERs qui est l’Union Européenne en a décidé ainsi. Des mécanismes alternatifs existent ou sont en développement et donc le marché ne mourra pas complètement pour les pays en voie de développement comme le Cameroun. Nous avons ouvert notre cabinet S2 Services Sarl au Cameroun depuis fin 2010. Avec une expérience cumulée de plus de 10 ans dans le MDP nous sommes disponible à aider les potentiels porteurs de projets MDP dans le Cameroun et toute la sous région Afrique Centrale et Ouest. J’ai personnellement participé comme intervenant dans plusieurs conférences dans le monde et écrit plusieurs articles pour discuter des voix et moyens de faire avancer le MDP en Afrique, et je crois le continent est fin prêt maintenant. Je l’ai vérifié dernièrement par l’engouement constaté à Addis Abeba en Ethiopie.

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AGENDA

Agenda professionnel africain du Développement Durable Janvier

Le Forum International francophone « Jeunesse et emplois verts », Niamey (Niger), 16-20 Janvier Février

Tchad EnR, Forum International des Energies Renouvelables, N’Djaména (Tchad), 1er-4 Février Mars 2ème Journées du Développement Durable (JDD), Douala (Cameroun), 19-21 Mars Colloque International « Eau, Déchets et le Développement Durable », Agadir (Maroc), 21-24 Mars

Future Cities (Managing Africa’s urban transformation), 30-31 Mai Eko Expo Center, Lagos (Nigeria) 1ère édition du Forum International pour le Développement Durable, Global Conférence, Rabat (Maroc), 16-17 Mai Atelier International sur le processus préparatoire à la participation de la jeunesse aux conférences des Nations Unies (RIO + 20) et sur le changement climatique (COP 18), Yaoundé, 29 Mai – 1er Juin Juin Forum International sur les Energies renouvelables, Thème : « la biomasse Energie et le système Jatropha » Nouakchott (Mauritanie), 2-4 Juin , Africa Power Forum, Marrakech (Maroc), 27-28 Juin Thème : « la nécessaire transition vers les énergies renouvelables »

Avril Séminaire Infrastructures et Développement Durable, Rabat (Maroc), 10 Avril Africa Carbon Forum (AFC), Addis Abeba, (Ethiopie) 18-20 Avril Green Tech Expo (Egypte), 19-22 Avril Mai Séminaire International sur le Développement Durable et Solidaire, Brazzaville (Congo), 2-3 Mai 3ème Forum International Green Business, Pointe-Noire (Congo), 8-11

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Ce calendrier répertorie les principaux évènements dont la rédaction a connaissance Pour nous informer des manifestions programmées dans votre pays : afriquedurable@s2-gmbh.com To inform us about the events organized in your country: sustainableafrica@s2-gmbh.com

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