Revue de presse l'observatoire du documentaire revue de presse 17 06 08

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CLIENT : L'OBSERVATOIRE DU DOCUMENTAIRE datedel’ événement: 22AVRI L201 2 ROSEMONDE COMMUNICATIONS Service des relations publiques et de presse

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La réalisation du film Pour la suite du monde est désignée « évènement historique » Communiqué Pour diffusion immédiate Montréal 4 juin 2017. L’Observatoire du documentaire, qui réunit les principales associations professionnelles, organisations et institutions du cinéma documentaire québécois et est présidé par Hugo Latulippe, salue la décision du Gouvernement du Québec de désigner comme « évènement historique » la réalisation du film Pour la suite du monde. Cette désignation fait suite aux démarches que l’Observatoire du documentaire a entreprises dès 2015 auprès du ministère de la Culture et des Communications du Québec, démarches qui avaient reçu le soutien du grand public et de tout le milieu cinématographique québécois. L’année dernière, une pétition signée par près de 3000 artisans et artistes, citoyennes et citoyens avait d’ailleurs été envoyée au ministre Luc Fortin. Pour la suite du monde, œuvre emblématique du cinéma direct, a été tourné à L’Isle-auxCoudres en 1962. Considéré par de nombreux spécialistes du cinéma mondial comme un chef-d’œuvre, ce film a été réalisé par Pierre Perrault et Michel Brault (qui en a aussi assuré la caméra), avec la collaboration notable de Marcel Carrière (son), de Bernard Gosselin (caméra), de Werner Nold (montage) et de Fernand Dansereau (production). Il a été produit par l’Office national du film du Canada. Pour la grande communauté des artisans du cinéma québécois, ce film réalisé dans un moment charnière de l’histoire du Québec représente les fondements d’une cinématographie moderne où se démarquent l’inventivité technique et esthétique ainsi qu’une approche poétique et humaniste. Il rappelle la naissance d’un cinéma libre et audacieux qui a mis en lumière la singularité de la culture québécoise. Pour la suite du monde a participé à la création d’un mouvement et a légué un nouveau langage cinématographique qui sert encore de référence aujourd’hui. PROJECTION SPÉCIALE Le Cinéma sous les étoiles de Funambules Médias, en collaboration avec l’Observatoire du documentaire et grâce au soutien de l’Office national du film du Canada (ONF), présentera gratuitement le film lors d’une projection spéciale, le 8 juillet à 21h15, sur la Place de Castelnau, dans le quartier Villeray. LE DOCUMENTAIRE VERS L’AVENIR « Notre idée, avec cette démarche symbolique qui consacre le rapport singulier et spécifique que les Québécois entretiennent avec la cinématographie documentaire, était aussi d’en assurer le prolongement. C’est pour nous le premier pas de la suite du documentaire québécois ! » déclare Hugo Latulippe.

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Plus de 50 ans après la première de Pour la suite du monde au Festival de Cannes, en 1963, l’Observatoire du documentaire souhaite que l’annonce de sa désignation comme évènement historique permette de braquer les projecteurs sur l’état actuel de la création et de la diffusion de cette forme d’art : malgré les grands succès que connaissent ses artisans sur la scène internationale et nationale, le documentaire québécois est de plus en plus fragilisé. Alors que le gouvernement québécois planche sur sa nouvelle politique culturelle et que la ministre Mélanie Joly, à la suite de sa consultation sur le contenu canadien dans un monde numérique, doit incessamment présenter sa vision des choses, l’Observatoire du documentaire lance ni plus ni moins un signal d’alarme. L’organisme désire souligner avec force et vigueur l’apport inestimable de ce genre cinématographique à la vie démocratique, sociale et culturelle ainsi que le lien qui unit cette tradition à la culture nationale. Afin de donner un souffle nouveau au documentaire québécois et de préserver son existence, plusieurs membres de l’Observatoire et de nombreux acteurs du milieu demandent aux différents paliers de gouvernement et aux institutions de renouer avec une philosophie basée sur l’intervention active de l’État par l’entremise de mesures diverses, généreuses et audacieuses ; ce qui, d’ailleurs, a par le passé fait le succès du Québec et du Canada dans le domaine de la culture. « Ces mesures doivent tendre à soustraire le genre documentaire à la logique du marché et des cotes d’écoute, et favoriser une programmation riche et diversifiée chez les diffuseurs publics, notamment en encourageant la mise en place de plus de cases horaires mettant le long métrage à l’honneur », affirme Benjamin Hogue, cinéaste et directeur de l’Observatoire du documentaire. À l’heure où les débats se complexifient, dans un univers de plus en plus polarisé où les médias sociaux renvoient souvent une image déformée ou superficielle de la réalité, les artisans du cinéma documentaire sont convaincus qu’un genre qui plonge au cœur du sujet et favorise les nuances devient plus que jamais nécessaire comme outil démocratique et citoyen. Le documentaire doit donc être protégé, sans attendre, par des mesures exceptionnelles durables. À PROPOS DÉSIGNATION POUR LA SUITE DU MONDE La Loi sur le patrimoine culturel du Québec donne au ministre de la Culture et des Communications le pouvoir de désigner un évènement historique. « Il peut être associé à une date précise, mais il peut aussi être lié de façon plus large à une période historique […] Les évènements historiques qui peuvent être désignés sont ceux dont la connaissance, la sauvegarde, la transmission ou la mise en valeur présente un intérêt public ». (Source : MCC) La désignation est un geste de valorisation qui a une portée symbolique, mais qui demeure extrêmement important afin de promouvoir la culture québécoise au sens large. Pour plus d’informations sur la désignation : www.mcc.gouv.qc.ca/index.php?id=5305 OBSERVATOIRE DU DOCUMENTAIRE

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L’Observatoire se veut un lieu de réflexion, de rassemblement et de dialogue afin d’assurer au documentaire sa place essentielle sur toutes les plateformes de diffusion. Il regroupe les associations professionnelles et organismes suivants : Alliance des arts médiatiques indépendants (AAMI), Alliance des producteurs francophones du Canada (APFC), Association québécoise de la production médiatique (AQPM), Association québécoise des techniciens de l’image et du son (AQTIS), Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ), Bell Media (Canal D), Documentaristes du Canada (DOC), Films du 3 mars (F3M), Front des réalisateurs indépendants du Canada (FRIC), Guilde canadienne des réalisateurs (GCR), Office national du film du Canada / National Film Board of Canada (ONF/NFB), Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), Société Radio-Canada (SRC), Société des Auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC), Télé-Québec (TQ). FILM POUR LA SUITE DU MONDE 
 1962, 1 h 45 minutes. Office national du film du Canada Synoposis : Documentaire poétique et ethnographique sur la vie des habitants de L’Isleaux-Coudres rendue d’abord par une langue, verte et dure, toujours éloquente, puis par la légendaire pêche au marsouin, travail en mer gouverné par la lune et les marées. Un véritable chef-d’œuvre du cinéma direct. Lien du film : www.onf.ca/film/pour_la_suite_du_monde/

-30SOURCE : Observatoire du documentaire www.obsdoc.ca

MÉDIAS : Rosemonde Communications Rosemonde Gingras rosemonde@rosemondecommunications.com 514.458-8355

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Communiqué Gouvernement du Québec Cabinet du ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française Ministre responsable de la région de l’Estrie Député de Sherbrooke Pour diffusion immédiate

CNW code 01 + hebdos

Mise en valeur d'un événement historique - Le ministre Luc Fortin annonce la désignation de la réalisation du documentaire Pour la suite du monde QUÉBEC, le 4 juin 2017 /CNW Telbec/ - Œuvre phare du cinéma documentaire et du cinéma direct à l'échelle mondiale, le film Pour la suite du monde voit sa réalisation désignée à titre d'événement historique en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel. Ce geste significatif contribuera à entretenir sa place dans la mémoire collective et à favoriser une meilleure connaissance de l'histoire du Québec. Le ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française, M. Luc Fortin, procède à cette annonce aujourd'hui, à l'occasion du Gala Québec cinéma. Citations : « Je suis fier de voir cette œuvre emblématique du cinéma direct s'inscrire officiellement dans notre mémoire collective. Même après 50 ans, Pour la suite du monde, considéré comme l'un des films fondateurs de notre répertoire national, continue d'inspirer nos cinéastes et le Québec. Par ce geste, nous renforçons un lien essentiel entre notre collectivité, son histoire et ses traditions. Je remercie l'Observatoire du documentaire, qui est à l'origine de la démarche ayant mené à cette désignation. » Luc Fortin, ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française « Notre idée, avec cette démarche symbolique qui consacre le rapport singulier et spécifique que les Québécois entretiennent avec la cinématographie documentaire, était aussi d'en assurer le prolongement. C'est pour nous le premier pas… de la suite du documentaire québécois! » Hugo Latulippe, président de l'Observatoire du documentaire. Faits saillants : Le documentaire Pour la suite du monde a été tourné à L'Isle-aux-Coudres. Produit en 1962 par la section montréalaise de l'Office national du film du Canada, il a été réalisé par Pierre Perrault et Michel Brault, avec la collaboration notable de Marcel Carrière (son), de Bernard Gosselin (caméra), de Werner Nold (montage) et de Fernand Dansereau (production). Fernand Dansereau et Marcel Carrière sont récipiendaires d'un prix du Québec pour l'ensemble de leur œuvre et de leur carrière dans le domaine du cinéma. Ils ont en effet reçu le prix Albert-Tessier, respectivement en 2005 et en 2011. En raison de l'approche poétique et ethnographique adoptée par les cinéastes et de l'usage qu'ils font de techniques innovantes (caméra à l'épaule, éclairage naturel, son synchrone, rapport renouvelé au sujet filmé), la réalisation du film Pour la suite du monde constitue un moment charnière dans l'histoire du documentaire québécois et dans l'émergence d'un cinéma national au Québec.


Pour la suite du monde a été le premier long métrage québécois et canadien à être présenté en compétition officielle au Festival de Cannes, en 1963. Cette année-là, il a également été présenté au Festival international du film de Montréal. Le documentaire a remporté le prix du Meilleur film de l'année au Palmarès du film canadien en 1964. Liens connexes : Répertoire du patrimoine culturel du Québec : Pour la suite du monde Accueil - www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca


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QUELQUES FAITS 
 SUR L’ÉTAT DU DOCUMENTAIRE 
 30 mai 2017

FINANCEMENT ONF ET RADIO-CANADA Sur le plan fédéral, plusieurs programmes n’ont pas été reconduits. De ce fait même, le financement d’institutions culturelles étroitement liées à la production de films documentaires comme l’Office national du film du Canada et Radio-Canada a été réduit considérablement au fil des ans.

Par exemple, l’ONF disposait d’un apport du gouvernement fédéral qui oscillait autour de 63 millions de dollars en 2006 alors que dix ans plus tard, en 2016, il était de 61 millions de dollars, soit deux millions de moins. 1

Du côté de CBC/Radio-Canada, le Rapport annuel de 2006-2007 indique un financement public de 1 114 M$. En 2015-2016, concernant son financement, CBC/Radio-Canada touchait du fédéral un montant de 1 027 M$.2 Pour 2016-17, il est indiqué dans les rapports trimestriels que pour l’année complète, les crédits parlementaires augmenteront de 75 M$, ce qui devrait porter le financement public à 1 102 M$. Dix ans plus tard, les montants alloués sont toujours plus bas qu’ils ne l’étaient il y a une décennie !3 Sans compter l’absence, dans ces comparaisons, d’un pourcentage d’indexation afin de pouvoir convenir d’une comparaison qui soit juste.

Tel que l’explique très clairement la Fédération nationale des communications – CSN dans le cadre de la Consultation « Le contenu canadien dans un monde numérique » 4 le financement public de la SRC a régressé d’environ 18 % depuis 2010. Cette diminution doit être mise en relief avec l’évolution de la population canadienne. Le tableau et le

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graphique qui suivent illustrent l’évolution de la population canadienne en lien avec le financement public. Alors que la population canadienne s’est accrue de près de 7 % entre 2010 et 2016, la baisse du financement public à la SRC (en dollars courants), par le gouvernement fédéral, a entraîné une diminution d’environ 16 % du financement par habitant. En Europe, la radiodiffusion de service public est protégée par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme. Le Conseil de l’Europe souligne la connexion étroite entre la libre circulation de l’information et la liberté d’exprimer des opinions. Il confère à la radiodiffusion de service public un rôle spécifique de garantie du pluralisme politique et de contribution à la culture. En 2011, parmi 18 grands pays occidentaux, le Canada venait au 16e rang pour le financement de la radiodiffusion publique par habitant, devançant seulement la Nouvelle-Zélande et les États-Unis. À 34 $ par habitant, le financement de la radiodiffusion publique au Canada était de 60 % inférieur à la moyenne des 18 pays occidentaux à l’étude, qui s’élevait à 82 $. En 2010, le financement public s’élevait à 33,60 $ par habitant. En 2016, il est de 28,30 $. La FNCCSN et le SCRC considèrent qu’un financement à hauteur de 43,50 $ serait adéquat. Le manque à gagner en 2016 serait donc de 15,20 $.

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Cette recommandation, de porter le financement à 43,50 $/habitant demeure nettement en deçà de la moyenne des pays de l’OCDE, qui s’établit aujourd’hui 87 $ par habitant. L’injection additionnelle de 675 M$ au cours des cinq prochaines années, même s’il s’agit d’une bonne nouvelle, ne réussit pas à combler l’écart entre le financement public et le montant suggéré. En effet, basée sur la population canadienne de 2016, la première tranche de réinjection de 75 M$ ne représente que 2 $ par habitant, alors qu’il y a un manque à gagner de 15,20 $.

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AUTRES SOURCES DE FINANCEMENT En 2008, la grande communauté des artisans du documentaire a aussi assisté à la disparition du Fonds canadien du film et de la vidéo indépendants qui n’a toujours pas été réanimé. Sur une période de 17 années, entre 1991 et sa fermeture en 2008, le fonds avait attribué plus de 17 millions de dollars à 850 productions canadiennes indépendantes. Il disposait, juste avant sa fermeture, d’un budget annuel de 1,5 million.5 Cette source de financement directement liée à la production de films documentaires a aussi disparu.

Au Québec, en tenant compte de l’inflation, le financement a diminué ou est demeuré relativement stable dans les dix dernières années, si on examine les budgets du CALQ et de la SODEC. Cependant, plusieurs organismes évaluent aujourd’hui qu’il faudrait ajouter environ 40 millions au CALQ pour avoir le même effet qu’il y a 10 ans.6

Luc

Fortin, ministre québécois de la Culture et des Communications, responsable de la Protection et de la Promotion de la langue, s’est engagé en avril, lors de l’étude des

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crédits, à dégager des fonds qui seraient prioritairement réinvestis dans le budget de l’organisation, mais sans établir le montant ni l’échéance d’actualisation. En 1999, Télé-Québec disposait de revenus autour de 66 millions de dollars annuellement, ils sont aujourd’hui de 77 559 569.7 Si les budgets avaient été indexés simplement en suivant le rythme de l’inflation ils seraient aujourd’hui de 93 millions de dollars. La chaîne publique continue de remplir sa mission, comme elle peut, mais les contraintes budgétaires exercent sur elle une pression telle qu’elle se retrouve de plus en plus tributaire des cotes d’écoute, ce qui a nécessairement un impact sur le type d’œuvre présenté. Sans compter les ressources supplémentaires que la chaîne, comme toutes les autres organisations déjà mentionnées, doit investir dans les nouveaux couts reliés aux communications numériques et aux moyens de diffusion numériques complémentaires à sa grille de télé offline.

DIFFUSION, FINANCEMENT ET REVENUS

EXIGENCES DU NUMÉRIQUE L’avènement du numérique et surtout, des plateformes de diffusion en ligne, viennent bouleverser les pratiques.

Dans le secteur audiovisuel, la fréquentation en salles (cinéma) de même que l’abonnement à la télédistribution (câble) sont en baisse au profit des services de diffusion par Internet, tels que Netflix, Hulu, Amazon et autres.

La plus récente étude (publiée en avril 2017) de la firme Convergence Consulting Group8 confirme l’accélération sans précédent des Canadiens à abandonner le service de la télédistribution traditionnelle. Il apparaît clairement que plus du quart des 14,6 millions de foyers au pays n’ont plus accès aux services de câblodistribution. Qui plus est, la firme prédit que ce nombre de 3,8 millions de foyers sans abonnement bondira en 2017 à 4,18 millions. Ainsi, de 2015 à 2016, on note une hausse de 80% des abandons au câble.

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Les nouvelles plateformes, au taux fixe mensuel, ne facturent pas de taxes de vente puisqu’elles sont considérées comme un produit numérique dont les propriétés à l’extérieur du Canada rendent imperméables toutes taxations selon la législation actuelle. Ainsi elles ne contribuent pas aux différents fonds qui financent la production canadienne et n’ont aucune obligation de mettre en valeur, ou d’encourager, la production d’ici. En somme, un accès pour ces derniers à d’immenses marchés potentiels sans aucune obligation ni responsabilité de se plier aux normes d’exploitation qui encadrent pourtant les diffuseurs traditionnels, lesquels constituent leurs compétiteurs initiaux dans le marché canadien. Tel que le mentionnait Téléfilm Canada en 2015, dans son rapport sur les auditoires au Canada 9, la proportion de Canadiens abonnés à Netflix a augmenté de façon marquée, et s’élève à plus de 40 %. Et ce pourcentage augmente à 60 % dans le cas de la génération Y. En ce qui a trait aux plateformes utilisées pour le visionnement des films, Netflix arrive en seconde place, tout juste derrière la télédiffusion en direct. Dans ce même rapport, mis à jour en 2016, 10 Téléfilm Canada remarquait que 67% des Canadiens confirmaient écouter des documentaires.

Il est aussi à observer que les diffuseurs de contenu tel que Netflix exercent une pression importante sur les diffuseurs traditionnels quant à leur usage du numérique dans leurs opérations quotidiennes ce qui a pour effet de déplacer une grande partie des ressources financières des diffuseurs traditionnels vers des investissements d’ordre numériques rarement en lien avec la production documentaire. Le numérique impose de manière évidente des dépenses supplémentaires de fonctionnement.

Les conséquences se font d’ailleurs sentir au Fonds des médias du Canada qui contribue à la production de très nombreux documentaires pour la télévision. Alors que le financement total pour le documentaire en français (unique et séries) était de 23 647 000$ en 2012-2013, il est en 2016-2017 de 20 747 000$. Le budget moyen des documentaires uniques en français financés par le FMC était, en 2012-2013, de 301 000$ pour les télédiffuseurs publics et privés et il est, pour 2016-2017, de seulement 226 000$.11

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Ce qui frappe encore plus, ce sont les chiffres globaux de la situation du FMC. En raison de la baisse de revenu des entreprises de distribution de radiodiffusion (EDR) qui contribue en partie au fonds (l’autre partie étant assumé par l’état canadien), on prévoit que pour 2017-2018 le budget du programme total ne sera que 350 millions, soit le même niveau qu’en 2010-2011. Le choc est brutal pour la production nationale canadienne dans son ensemble.12

CONDITIONS DE TRAVAIL FRAGILISÉES Une récente étude de l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec et du Service aux collectivités de l’UQAM met en relief d’ailleurs les difficultés des documentaristes qui sont tributaires de la conjoncture actuelle. Voici quelques éléments.13 Les revenus provenant de la réalisation documentaire représentaient en moyenne annuellement un maigre 23 153 $ pour les hommes et seulement 15 798 $ pour les femmes. La majorité doit donc pratiquer un autre métier pour atteindre un revenu moyen de 39 391 $. 75% des réalisateurs interrogés possèdent un diplôme universitaire. Au cours de la dernière année, 51 % du temps de travail des documentaristes a été consacré à la réalisation documentaire. Mais seulement 53 % de ce travail a été rémunéré. 46 % des documentaristes ont également déclaré que la taille de ces équipes avait diminué au cours des huit dernières années. 59 % des documentaristes affirment avoir déjà songé à abandonner leur métier (69 % des femmes et 49 % des hommes). Les principales raisons invoquées pour expliquer cette envie sont les difficultés à trouver du financement, l’accumulation des refus et l’accumulation des difficultés personnelles reliées aux conditions de profession.

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pratique de la


POPULARITÉ DU DOCUMENTAIRE – ENJEUX Selon un récent article, 41% des productions originales de films de Netflix étaient des documentaires !14 On peut se réjouir d’un tel pourcentage qui démontre à quel point ce nouveau grand joueur accorde de l’importance à genre. Compte tenu du très grand engouement des jeunes adultes pour les nouvelles plateformes, qui sont 84 % à regarder des vidéos en ligne et 70 % de la webtélé,15 les nouvelles peuvent paraître, sur ce plan, encourageantes pour le documentaire. Or, on peut cependant s’inquiéter, dans un univers numérique non réglementé et face à des œuvres nationales pratiquement inexistantes sur ces plateformes, que les jeunes Québécoises et Québécois n’auront d’autres choix que de regarder des documentaires étrangers, pour la plupart américaines et non francophones.

Si tel que l’affirmait la CSN en 2016 lors d’un colloque tenu à Québec sur l’information16, le modèle québécois pour le secteur québécois de la production télévisuelle offre à la population une programmation plus riche et plus diversifiée que ce que les seuls revenus publicitaires en découlant pourraient financer, comment ne pas s’inquiéter de la faiblesse de son financement au moment où les écrans traditionnels sont délaissés par les plus jeunes générations au profit des écrans numériques ? Dans ce même rapport, l’organisation suggérait un moment de réflexion quant à la situation actuelle. Plusieurs pays s'interrogent sur la relation qu'ils ont avec les services de programmation par contournement et avec les fournisseurs d'accès internet. Des questions pertinentes sont posées sur ces entreprises qui utilisent les infrastructures technologiques pour entrer en contact avec les citoyens et les citoyennes, sans contribuer à la fiscalité nationale ni au financement du système et des activités de production.

LE DOCUMENTAIRE AU QUÉBEC Gilles Carle, Philippe Falardeau et Denis Villeneuve ont tous fait leur classe en documentaire avant de devenir des ambassadeurs internationaux du cinéma québécois. De Denys Arcand à Sophie Deraspe, de Gilles Groulx à Anaïs Barbeau-Lavalette, en passant par Jean Claude Labrecque, le cinéma québécois foisonne d’exemple de cinéastes ayant eu en fait des allées retour entre le documentaire et la fiction.

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Selon l'institut de la statistique du Québec, en 2015-2016, 203 documentaires (tous formats et incluant les séries) ont été produits au Québec. Le coût total de production s’élevait à 133 885 255. Le coût de production moyen était 15 % moins élevé en 2015-2016 qu’en 2013-2014.17

CE QUI SE PASSE EN FRANCE – QUELQUES STATISTIQUES 18 FRANCE -En 2015, production record de longs métrages documentaires. 2015 est une année record en termes de nombre de films documentaires produits avec 47 documentaires agréés (15,7 % de l’ensemble des films agréés de l’année), soit 10 titres de plus qu’en 2014 pour un devis total de 27,0 M€. -En 2015, l’offre de long métrage documentaire en salles continue de s’enrichir avec un total de 104 documentaires proposés, soit le niveau le plus élevé de la décennie. -Un peu plus de

la moitié des longs métrages documentaires bénéficient d’une

exposition publicitaire. Même si les films documentaires bénéficient de moins d’investissements publicitaires que les autres films, ils progressent de façon régulière depuis dix ans. -En 2015, 2,2 millions d’entrées pour les films documentaires inédits. -Les films documentaires sortis en 2015 réalisent 2,2 millions d’entrées dans les salles de cinéma, soit une progression de 9,0 % par rapport à 2014 alors que les entrées réalisées par l’ensemble des films tous genres confondus sont en baisse de 1,8 %. -En 2015, les chaînes augmentent leurs investissements dans le documentaire audiovisuel. Les investissements des télévisions dans le documentaire augmentent de 2,7 % à 209,7 M€ et couvrent 51,3 % des devis. -En 2015, les commandes des chaînes nationales gratuites dans le documentaire augmentent de 1,8 % en volume pour s’établir à 1 659 heures. -Plus de 26 000 heures de documentaires sur les chaînes nationales gratuites En 2015, le volume de documentaires proposés sur les chaînes nationales gratuites (TF1, France 2, France 3, France 5, M6, Arte, D8, W9, TMC, NT1, NRJ12, France 4, D17, Gulli, HD1, 6 ter, Numéro 23, RMC Découverte) s’élève à 26 442 heures selon Médiamétrie.

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-En 2015, la part du documentaire dans l’offre de programmes de l’ensemble des chaînes nationales gratuites s’établit à 15,9 %. RMC Découverte, Arte et France 5 sont les principaux diffuseurs de documentaires parmi les chaînes nationales gratuites. En termes de consommation, les téléspectateurs âgés de quatre ans et plus consacrent 8,8 % de leur temps d’écoute au genre documentaire. -Le documentaire de société représente 42,9 % de l’offre et 51,8 % de la consommation de documentaires à la télévision. -Progression des ventes de programmes audiovisuels documentaire à l’exportation : pour la cinquième année consécutive, les ventes de documentaires français à l’international progressent, de 13,2 % à 34,9 M€ en 2014. Les documentaires génèrent 22,7 % des ventes de programmes télévisuels à l’étranger en 2014. -Entre 2006 et 2015, le nombre de longs métrages documentaires agréés augmente en moyenne de 9,4 % par an. 47 longs métrages documentaires sont agréés en 2015, soit 10 titres de plus qu’en 2014. 2015 est une année record en termes de nombre de films documentaires (longs métrages) agréés au regard des dix dernières années. -Les ventes de documentaires en Amérique du Nord augmentent fortement de 72,7 % à 7,7 M€ en 2014. La zone est à l’origine de 22,0 % des achats en 2014, contre 14,4 % en 2013. Cette hausse repose sur une hausse des recettes aux États-Unis. Le Canada diminue son niveau d’acquisition des productions françaises.

NETFLIX – QUELQUES INFOS19 •

29 août 1997 : Création à Scotts Valley

14 avril 1998 : Lancement du service

Mai 2002 : Introduction en bourse

2007 : Mise en marché de la plateforme web avec abonnement mensuel

Septembre 2010 : Lancement au Canada

Septembre 2014 : Lancement en France

Janvier 2016 : Lancement international

Disponible dans 190 pays

Nombre d’abonnés au monde : 98,7 millions d'abonnés

Nombre d’abonnés au Québec : 865 000

Nombre d’abonnés au Québec francophone : 555 000

Nombre d’abonnés au Canada : plus de 5,2 millions

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Pour le trimestre en cours, qui prendra fin en juillet, Netflix s'attend à des revenus d'environ 2,76 milliards. Les analystes prévoient jusqu'à maintenant un chiffre d'affaires de 2,77 milliards pour ce trimestre.

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Rapport annuel de l'Office national du film du Canada, 2005-2006
 http://onf-nfb.gc.ca/publications/fr/rapportannuel/rap2005-2006/ONF-RapportA_05-06.pdf 
 Rapport annuel de l'Office national du film du Canada, 2015-2016
 http://onf-nfb.gc.ca/wp-content/uploads/2016/11/Rapport-annuel_FINAL_WEB_FR.pdf 2

Rapports financiers de CBC/Radio-Canada

http://www.cbc.radio-canada.ca/fr/rendre-des-comptes-aux-canadiens/rapports/rapports-financiers/ 3

Rapports financiers de CBC/Radio-Canada

http://www.cbc.radio-canada.ca/fr/rendre-des-comptes-aux-canadiens/rapports/rapports-financiers/

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Les enjeux de Radio-Canada, mémoire présenté par dans le cadre de la Consultation Le contenu canadien dans un monde numérique. la Fédération nationale des communications – CSN. Novembre 2016. http://www.canadiancontentconsultations.ca/system/documents/attachments/ 916ed71287a34121b4ec9e427067f8eca7ba4063/000/004/834/original/ Federation_nationale_des_communications_(FNC-CSN).pdf?1481214208 5

Future Directions for Non-Theatrical Documentary Support, J. Coflin & Associate Inc, août 2011, http:// www.cifvf.ca/CNFVC_Report_FINAL_2011_08_30_For%20Release.pdf 6

Communiqué. État d’urgence pour les arts et les lettres : les milieux artistiques manifestent leur mécontentement. Mouvement pour les arts et les lettres, 24 avril 2017 https://www.mal.qc.ca/nouvelle.php?n=92 7

Rapports annuels. Télé-Québec, 2015-2016 et 1998-1999 http://www.telequebec.tv/societe/rapports-annuels/ 8

The Battle for the Canadian Couch Potato: Online & Traditional TV and Movie Distribution, Convergence Research Group Limited, avril 2017 http://www.convergenceonline.com/downloads/ NewContentCanada2017.pdf?lbisphpreq=1 9Les

auditoires au Canada : rapport sur les tendances, Téléfilm Canada https://telefilm.ca/wp-content/uploads/auditoires-canada-rapport-tendances.pdf 10

Comprendre et interpeller les auditoires, Téléfilm Canada, octobre 2016 http://trends.cmf-fmc.ca/media/uploads/reports/Comprendre_et_interpeller_les_auditoiresRapport_sommaire.pdf 11

Documentation interne et rapports. Fonds des médias du Canada, mai 2017

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Documentation interne et rapports. Fonds des médias du Canada, mai 2017

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Le métier de documentariste: une pratique de création menacée ? Portrait des conditions de pratique de la profession de documentariste au Québec en 2015. ARRQ et Service aux collectivités de l’UQAM, novembre 2016 http://www.arrq.qc.ca/kcfinder/upload/files/Rapport_quanti _Final_nov_2016.pdf 14

The numbers behind Netflix Original movies and TV shows. Stephen Follows - Film industry data and education, 24 avril 2017 https://stephenfollows.com/netflix-original-movies-shows 15

Le divertissement en ligne au Québec, Les jeunes adultes très friands des services de divertissement en ligne au Québec. CEFRIO, mai 2017 http://www.cefrio.qc.ca/netendances/le-divertissement-en-ligne-au-quebec/

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L’information, le 4e pouvoir sous pression, 3 mai 2016, Colloque organisé par la FNC-CSN https://www.csn.qc.ca/wp-content/uploads/2016/06/Rapport_financement-medias_juin-2016.pdf 17Institut

de la statistique, statistiques et publications
 http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/culture/cinema-audiovisuel/financement/structure-financement.htm 18

Le marché du documentaire en 2015, les études du CNC. Centre national du cinéma et de l’image animée. Juin 2016 http://www.acces.tv/wp-content/uploads/2016/07/Le-marche-du-documentaire-en-2015.pdf 19

Netflix, Page wikipedia, en ligne 29 mai. https://fr.wikipedia.org/wiki/Netflix 20

Statistics and facts about Netflix, The Statistics Portal, en ligne 29 mai 2017 https://www.statista.com/topics/842/netflix/ 21

Ibid

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Rencontre sur le documentaire 
 30 mai 2017 
 ARRQ 
 Biographie des personnes présentes

Hugo Latulippe 
 Président de l’Observatoire du documentaire, auteur, cinéaste et producteur Hugo Latulippe est actif dans le milieu du cinéma documentaire depuis plus de 20 ans. Artisterésident au Studio culture et expérimentation de l’Office national du film du Canada après des études de cinéma, il a appris son métier en côtoyant quelques uns des maîtres du cinéma-direct. En 2005, il a fondé la compagnie esperamos qui produit les films de quelques uns des cinéastes documentaires québécois les plus en vue. Les films écrits, réalisés et produits par Hugo Latulippe ont été sélectionnés dans les plus prestigieux festivals dont Cannes, Sundance, IDFA(Amsterdam) et le TIFF (Toronto) et se sont mérités de nombreuses distinctions au Québec et à travers le monde. Hugo est actuellement président de l’Observatoire du documentaire. Il a siégé sur plusieurs jurys nationaux et internationaux et enseigne périodiquement à l’Institut national de l’image et du son (INIS, Montréal). Benjamin Hogue
 Directeur de l’Observatoire du documentaire, producteur et réalisateur Actif dans le milieu du cinéma documentaire depuis quinze ans, Benjamin Hogue s’intéresse particulièrement aux créateurs qui, chacun à leur manière, décloisonnent les formes d’art et jettent des ponts entre l’art et la société. On lui doit plusieurs coréalisations : Lemoyne (2005), sur la vie et l’œuvre du peintre et performeur Serge Lemoyne ainsi que Le chômeur de la mort (2009), un portrait du poète Claude Péloquin. Il a aussi produit le documentaire Godin (2011). BGL de fantaisie (2017), long métrage documentaire sur le trio en art contemporain BGL, est sa première réalisation solo. Anaïs Barbeau-Lavalette 
 Scénariste, réalisatrice et écrivaine Anaïs Barbeau-Lavalette a réalisé une quinzaine de documentaires (notamment Si j’avais un


chapeau, Les petits géants (Prix Gémeaux Meilleur Documentaire), Se souvenir des cendres (Regard sur Incendies) (Prix Gémeaux Meilleur Documentaire), Le plancher des vaches, Ma fille n’est pas à vendre) et deux long-métrages de fiction, Le ring et Inch’allah, primés dans de nombreux festivals (prix FIPRESCI de la critique internationale à Berlin). Elle a publié deux romans (Je voudrais qu’on m’efface et La femme qui fuit (prix des Libraires, Prix du Grand Montréal, Prix France-Québec), et des chroniques de voyage en Palestine (Embrasser Yasser Arafat). En 2012, elle est nommée Artiste pour la Paix.En 2014, elle signe les spectacles de Documentaires Scéniques Vrais Mondes, documentaires scéniques , et Pôle Sud , salués par la critique et repris au FTA. 
 Karine Dubois 
 Productrice, membre de l’exécutif de Doc Québec Productrice et fondatrice de la compagnie Picbois Productions, Karine Dubois produit des oeuvres à portée sociale s’adressant à un large public. Diplômée en journalisme et en science politique, elle produit depuis 10 ans des productions remarquées pour la sensibilité de leur approche ainsi que pour leur qualité visuelle. Ses projets documentaires se démarquent tant au niveau local qu’international, qu’on pense à la mini-série Justice, diffusée sur les ondes de TéléQuébec et son volet web Justice l’expérience , lauréat du Prix Gémeaux «meilleure production numérique pour une série documentaire», aux webdocumentaires Voisins et Le bruit des mots, lauréat du Prix Gémeaux “Meilleure série documentaire originale interactive produite pour les nouveaux médias”, au moyen métrage Le dernier cabaret (2012), diffusé sur les ondes de Canal D ou encore au long-métrage Bà Nôi (grand-maman) (2013) sélectionné en compétition officielle à Visions du réel et présenté à Hots Docs, où il a gagné le Prix du pluralisme de la Fondation Inspirit. Mathieu Roy 
 Réalisateur Iconoclaste et résolument anticonformiste, le cinéaste montréalais Mathieu Roy s’intéresse autant au documentaire qu’à la fiction. Depuis plus de quinze ans, il parcourt la planète et collabore avec plusieurs artistes inspirants, dont le légendaire cinéaste New Yorkais Martin Scorsese. Son long métrage documentaire Surviving Progress, propose une réflexion sur les ravages de l’idéologie du progrès et sur la destinée de notre civilisation. L’Autre Maison, aborde la douloureuse réalité entourant la maladie d’Alzheimer. Mathieu a aussi pointé sa caméra sur le cinéaste François Girard, le pianiste Louis Lortie et le milliardaire Bernie Ecclestone. Son prochain documentaire Les Dépossédés, décrypte les mécanismes d’appauvrissement de la paysannerie mondiale. Nathalie Barton 
 Productrice


Présidente d’InformAction Films, qu’elle a cofondée à Montréal en 1971 avec Alain d’Aix et Jean-Claude Bürger, Nathalie Barton se spécialise depuis plus de 30 ans dans la production de documentaires d’auteur. Ses productions ont été primées à de nombreuses reprises et sont distribuées à travers le monde. Parmi ses productions récentes, les longs métrages documentaires En cavale de Mathieu Arsenault (sorti en mars 2017), Semeurs d’espoir en terres arides de Helene Klodawsky, Le Prix à payer, de Harold Crooks (Top Ten de TIFF 2014, Meilleur documentaire canadien Vancouver Film Critics Circle, Meilleur scénario Prix Gémeaux 2016) sorti en salles au Canada, en France et aux États-Unis en 2015, Les derniers hommes éléphants de Daniel Ferguson et Arnaud Bouquet (producteurs Ian Oliveri et Ian Quenneville, coproduction avec La compagnie des taxi-brousse, plusieurs prix internationaux, 4 Prix Gémeaux), Dans un océan d’images d’Helen Doyle (Meilleur film canadien FIFA 2013, Meilleur documentaire culture aux Prix Gémeaux 2014, finaliste Prix Jutra du meilleur long métrage documentaire 2014), Le Sable, enquête sur une disparition de Denis Delestrac, coproduit avec La compagnie des taxi brousse, Rappi Productions et Arte, 2013 (Meilleur documentaire nature et science aux Prix Gémeaux 2014, Rockie Award for Best Environmental Program: Banff World Media Festival 2014, 10 prix internationaux). Nathalie Barton a représenté les producteurs de documentaires au Conseil d’administration de l’Association des producteurs de films et de télévision du Québec pendant 8 ans (1994-2002), siégé au Conseil d’administration de Femmes du cinéma au Québec (2005-2010) et a présidé l’Observatoire du documentaire de 2008 à 2011. Elle a contribué à fonder Vues d’Afrique en 1984 et siège à son Conseil d’administration. 
 Mara Gourd-Mercado
 Directrice des Rencontres internationales du documentaire de Montréal En parallèle de ses études en arts visuels et médiatiques à l’UQAM, Mara Gourd-Mercado débute une carrière dans le monde des communications. Après deux années investies à travailler en relations de presse du côté du produit, elle se tourne vers le milieu culturel et, plus précisément, le domaine du cinéma. Pendant huit ans, elle met son savoir-faire et son énergie au service de films d’ici et d’ailleurs. Elle travaille pour plusieurs festivals tels que MUTEK, les Rendez-vous du cinéma québécois, Cinémania et Festivalissimo où elle met en place des stratégies de communication visant à renouveler les publics et à assurer une couverture médiatique autant nationale qu’internationale. Attirée par de nouveaux défis, elle fait le saut en publicité en 2011 où elle crée le poste de gestionnaire des communications au sein de l’agence lg2. En 2014, Mara Gourd-Mercado décide de revenir à son premier amour, la culture, et rejoint l’équipe des RIDM à titre de directrice des communications, pour ensuite devenir directrice générale en 2015, poste qu’elle occupe encore aujourd’hui. Bruno Boulianne
 Réalisateur et membre du conseil d’administration et du comité documentaire de l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ) Formé en architecture et en communication, Bruno Boulianne remporte le Prix du meilleur espoir aux Rendez-vous du cinéma québécois ’94, avec le film Un cirque sur le fleuve. Particulièrement


intéressé par la relation entre l’humain et son territoire, il a signé une vingtaine de réalisations documentaires qui ont remporté plusieurs distinctions. Son long métrage documentaire, Bull’seye, un peintre à l’affût remporte le Prix tremplin pour le monde ARTV, au Festival international du film sur l’art de Montréal 2010 et son film Le chant de la brousse se mérite le Prix ONF/ACIQ du meilleur film canadien au Festival Vues d’Afrique 2012. Tourné avec l’auteurcompositeurinterprète Damien Robitaille, Un rêve américain connaît en 2014 un beau succès critique et public. Il enchaîne ensuite avec deux réalisations en collaboration avec le journaliste Marc Laurendeau : Monsieur le maire, Jean Drapeau et sa ville, et Le Parti Québécois : l’affaire d’une génération? En 2017, Boulianne complète deux films : Claude n’est pas mort et son prochain long métrage documentaire L’homme de l’Isle. Mila Aung-Thwin
 Producteur et réalisateur (présence à confirmer) Aung-Thwin, an award-winning director made the films Chairman George on the stations CTV, BBC's Storyville and TV 2 (Denmark).[1] as a co-director to Daniel Cross. Another co-direction with Cross was Too Colourful for the League, Gemini-nominated TV documentary examining the struggle of blacks in ice hockey from the 1930s to the present day telling the story of black players' courage and determination to play in a white-dominated sport. To his credit as sole director are the documentary Bone that follows Montreal's Snell Thouin Project with the extraordinary talents of Willy Tsao's Beijing Modern Dance Company, Music for a Blue Train, a documentary about the beauty and hardship of playing music for commuter traffic focussing on Montreal's subway system, The Métro, that has 59 designated spots for musicians to perform for the public and finally Inuuvunga: I Am Inuk, I Am Alive co-directed with fellow EyeSteelFilm directors Daniel Cross, Brett Gaylor and the students of Inukjuak - Innalik School. He served as cinematographer / producer on S.P.I.T.: Squeegee Punks in Traffic, a theatrically released film about a squeegee punk named Roach. He also produced RoachTrip as a follow-up to S.P.I.T.. As director, he won the Golden Sheaf Award at the Yorkton Film Festival in 2006 and as producer, he won a Genie Award for Up the Yangtze in 2009. In 2008 he was executive producer for Antoine. In 2009 he produced RiP!: A Remix Manifesto (producer) and Taqwacore: The Birth of Punk Islam. Geneviève Dulude-De Celles
 Réalisatrice et productrice En 2014, le premier court métrage de fiction de Geneviève Dulude-De Celles, La coupe, remporte le prix du Meilleur court métrage international au Festival de Sundance en plus d’une douzaines d’autres et d’une sélection dans plus de 80 Festivals Internationaux. L’année suivante, elle sort Bienvenue à F.L. un long métrage documentaire diffusé grande première au Festival International de Toronto et récipiendaire du prix du Meilleur Espoir Documentaire au RIDM ainsi que deux nomination au Canadian Screen Awards. Geneviève s'apprête à réaliser son premier long métrage de fiction, Une colonie, en plus d'achever la post production de deux longs


métrages et un moyen métrage documentaires qu'elle coproduit avec Sarah Mannering et Fanny Drew, ses partenaires chez Colonelle films. Khoa Lê
 Réalisateur et président du centre d’artistes PRIM Né au Viet-Nam, Khoa Lê vit et travaille à Montréal. Cinéaste et artiste multidisciplinaire, auteur d’œuvres de fiction, de documentaires et d’essais, il s’intéresse aux thématiques de l’identité, de l’hybridation et de la mémoire. Son film le plus récent, Bà nôi (RIDM 2013), a reçu entre autres le prix du Pluralisme de la Fondation Inspirit à Hot Docs et celui du Meilleur espoir Québec/ Canada aux RIDM.


PUBLIÉ LE 7 JUIN 2017






Écoutez ici (16 h 20)







� AUDIO FIL DU LUNDI 5 JUIN 2017

Le documentaire canadien menacé par le manque de financement PUBLIÉ LE LUNDI 5 JUIN 2017

Écoutez ici (10 h 07)


Même si l'engouement du public pour les documentaires est bien réel, le financement des documentaires au Canada est de plus en plus difficile. Les réalisateurs Bruno Boulianne et Anaïs Barbeau-Lavalette, ainsi que la productrice Karine Dubois, discutent de cette situation préoccupante avec Catherine Perrin. Avec des films comme Pour la suite du monde, de Pierre Perrault, Michel Brault et Marcel Carrière, le Québec a été longtemps reconnu comme étant à l’avant-garde du documentaire. Selon Bruno Boulianne, un film comme celui-là serait difficilement réalisable aujourd’hui, en raison des contraintes liées au modèle de financement des documentaires, dont l’argent provient en grande partie des abonnements aux câblodistributeurs.

« Faire du documentaire, c’est prendre du temps pour aiguiser un regard précis sur le monde. […] En ce moment, on n’a plus le temps. On me donne des 10 jours de tournage. Je n’ai jamais eu aussi peu de temps. » — Anaïs Barbeau-Lavalette, réalisatrice

Nos invités : Bruno Boulianne, réalisateur, membre du conseil d'aministration de l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec Anaïs Barbeau-Lavalette, scénariste, réalisatrice et écrivaine Karine Dubois, présidente et fondatrice de Picbois Productions

EN COMPLÉMENT

� L'obervatoire du documentaire

� Pour la suite du monde - Office national du film du Canada �

� Rencontres internationales du documentaire de Montréal �

� Projection extérieure de Pour la suite du monde, le 8 juillet, à Montréal - Cinéma sous les étoiles


«Juste la fin du monde» sacré «Meilleur film» 5 juin 2017 | Manon Dumais | Cinéma

Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Xavier Dolan a récolté les prix Iris du Meilleur film et de la Meilleure réalisation.

C’est sur un tendre baiser échangé par les animatrices Guylaine Tremblay et Édith Cochrane qu’a débuté le premier Gala Québec Cinéma. « Oui, le premier ! » ont-elles insisté en faisant tout pour ne pas prononcer le nom de l’ancien gala. D’une grande complicité et diablement en forme, les deux dames ont profité de l’occasion pour blaguer sur la parité hommes-femmes, soulignant qu’il n’y avait que trois films réalisés par des femmes en nomination cette année. Après avoir gagné chacun trois prix Iris lors du premier Gala des artisans jeudi dernier, où ont été remis quatorze prix, Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, et Nelly, d’Anne Émond, totalisent respectivement cinq et quatre prix Iris.


Revoyez notre couverture en direct du Gala Québec Cinéma 2017

De fait, lors du premier Gala Québec Cinéma hier soir, où l’on a distribué douze prix, le film de Xavier Dolan a récolté les prix Iris du Meilleur film et de la Meilleure réalisation. Nelly, d’Anne Émond, a pour sa part valu à Mylène Mackay l’Iris de la Meilleure interprétation/Premier rôle féminin. En recevant son premier prix, Xavier Dolan a remercié les acteurs pour «leur dévotion et leur intelligence» et les artisans du film avec qui il a tourné dans «l’intensité, l’humour et la passion». En revenant sur scène pour cueillir le prix du Meilleur film des mains de Sylvain Bellemare, lauréat de l’Oscar du Meilleur montage sonore pour Arrival, de Denis Villeneuve, le jeune cinéaste, abonné d’Apple TV et de Netflix, a tenu à dire que «la plus grande sensation, c’est encore de voir un film en société, c’est ça le cinéma!»

Photo: Jacques Nadeau Le Devoir L'actrice Mylène Mackay

Visiblement émue, Mylène Mackay a remercié Anne Émond d’écrire «d’aussi beaux rôles et grands rôles féminins». En saluant la mémoire de «l’insaisissable» Nelly Arcan, elle a livré un élégant plaidoyer pour la diversité des corps et pour qu’on «laisse la vie se déposer sur nos visages».


Les mauvaises herbes, de Louis Bélanger, s’est distingué à deux reprises alors que Louis Bélanger et Alexis Martin ont reçu l’Iris du Meilleur scénario et Luc Picard, celui de la Meilleure interprétation/Second rôle masculin. L’acteur a dédié son prix à l’amour de sa vie, son inspiration, son fils Henri. Devançant Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, Les mauvaises herbes, de Louis Bélanger, ainsi que Les 3 p’tits cochons 2 et Votez Bougon, de Jean-François Pouliot, 1:54, de Yan England, a remporté le Prix du public. Ce prix remplace le Billet d’Or qui couronnait le film ayant récolté les meilleures entrées en salle. Devant la caméra Au cours de ce gala ponctué d’amusantes capsules où Guylaine Tremblay et Édith Cochrane auditionnaient notamment pour Nelly, Les 3 p’tits cochons et 1:54, Gabriel Arcand s’est illustré en remportant l’Iris de la Meilleure interprétation/Premier rôle masculin pour son rôle dans Le fils de Jean, de Philippe Lioret. Céline Bonnier est repartie avec l’Iris de la Meilleure interprétation/Second rôle féminin pour sa prestation dans Embrasse-moi comme tu m’aimes, d’André Forcier. L’acteur Rykko Bellemare a remporté l’Iris de la Révélation de l’année, nouvelle catégorie, pour sa performance dans Avant les rues, de Chloé Leriche, premier film réalisé en langue atikamekw. Le jeune acteur a d’ailleurs remercié la réalisatrice et les artisans du film dans la langue atikamekw et en français. Par ailleurs, en début de soirée, les animatrices ont rappelé, en parlant du film de Chloé Leriche, le sort réservé aux autochtones, de la fondation de Montréal jusqu’à l’infernal processus de sélection de la SODEC. Un peu plus tard dans la soirée, Léane Labrèche-D’or et Pier-Luc Funk, qui animaient le Gala des artisans jeudi dernier, ont évoqué la question de l’identité sexuelle en dénonçant les étiquettes attribuées aux films : « Laissez les films être ce qu’ils veulent ! » Aux côtés de Mariana Mazza, Mehdi Bousaidan a plaidé en faveur de la diversité culturelle en saluant Émile Gaudreault de lui avoir offert un vrai rôle dans De père en flic 2 et non celui de « l’Arabe de service ».


Photo: Jacques Nadeau Le Devoir L’acteur Rykko Bellemare

Vues du réel Passé presque inaperçu lors de sa sortie en salle, Manoir, de Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe, a été primé à titre de Meilleur documentaire. Rappelons que, jeudi dernier, Étienne Roussy avait remporté le prix de la Meilleure direction de la photographie/Film documentaire pour Gulîstan, terre de roses, de Zaynê Akyol, et Catherine Legault celui du Meilleur montage/Film documentaire pour La démolition familiale, de Patrick Damien. Après que le ministre de la Culture et des Communications Luc Fortin eut annoncé que Pour la suite du monde, de Pierre Perrault, Michel Brault et Marcel Carrière, était reconnu comme un événement historique, Hugo Latulippe et Anaïs Barbeau-Lavalette ont interpellé les élus afin qu’ils continuent d’appuyer financièrement le documentaire. Côté courts


D’une drôlerie corrosive, Mutants, d’Alexandre Dostie, etle magnifique Vaysha l’aveugle, de Theodore Ushev, ont respectivement remporté l’Iris du Meilleur court métrage/Fiction et celui du Meilleur court métrage/Animation. Profitant de l’absence de monsieur Ushev, retenu à Sofia, sa ville natale, où il recevait les clés de la ville, le producteur du film a demandé aux exploitants de salles de présenter davantage de courts métrages québécois au grand écran. Une soirée réussie Dans une ambiance décontractée rappelant celle des Golden Globes, Guylaine Tremblay et Édith Cochrane, dont la bonne humeur et l’humour ne sont pas sans rappeler ceux d’Amy Poehler et de Tina Fey, ont mené de main de maître la cérémonie. Bien qu’elles aient annoncé au début du gala que «ce ne serait pas tight», le tout s’est déroulé sans malaise, ni scandale ni pépin technique. «Le gala risque d’avoir le même nom l’an prochain», a lancé Guylaine Tremblay. «À moins d’une grosse controverse au Jardin botanique», a répliqué Édith Cochrane. Les gagnants Meilleure interprétation | Second rôle masculin Luc Picard dans Les mauvaises herbes Meilleur court métrage | Fiction Mutants d’Alexandre Dostie Meilleur court métrage | Animation Vaysha l’aveugle de Theodore Ushev Meilleur scénario Les mauvaises herbes de Louis Bélanger et Alexis Martin Meilleure interprétation | Second rôle féminin Céline Bonnier dans Embrasse-moi comme tu m’aimes Révélation de l’année Rykko Bellemare dans Avant les rues Meilleur film documentaire Manoir de Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe Prix du public 1:54 de Yan England Meilleure interprétation | Premier rôle masculin Gabriel Arcand dans Le fils de Jean


Meilleure interprétation | Premier rôle féminin Mylène Mackay dans Nelly Meilleure réalisation Xavier Dolan pour Juste la fin du monde Meilleur film Juste la fin du monde de Xavier Dolan


Publié le 05 juin 2017 à 10h58 | Mis à jour le 05 juin 2017 à 10h58

Cinq moments marquants du gala Québec Cinéma Vicky Fragasso-Marquis La Presse Canadienne Montréal Le gala Québec cinéma récompensait dimanche soir les meilleurs films québécois de l'année. La cérémonie, animée par Guylaine Tremblay et Édith Cochrane, a été marquée par plusieurs moments forts, dont voici quelques exemples. Le baiser Tremblay-Cochrane Les comédiennes ont causé toute une surprise en s'embrassant longuement sur la bouche à l'ouverture du gala. Leur baiser a été accueilli par des applaudissements, des rires et des sifflements. Plaidoyer pour l'égalité des femmes «Mesdames, le combat est terminé», a ironisé Édith Cochrane, parlant de l'égalité hommefemme. Guylaine Tremblay a rappelé que parmi les 25 longs métrages en nomination, seulement trois ont été réalisés par des femmes. Les animatrices ensuite ont proposé des titres alternatifs aux films de l'année pour qu'ils touchent davantage aux «intérêts» des femmes - à la blague, bien sûr. Juste la fin des règles, Les mauvaises règles et Les trois p'tits tampons ont notamment été suggérés. Les comédiennes Édith Cochrane et Guylaine Tremblay ont causé toute une surprise en s'embrassant longuement sur la bouche à l'ouverture du gala. Leur baiser a été accueilli par des applaudissements, des rires et des sifflements. PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

La spontanéité d'Alexandre Dostie Le réalisateur beauceron, récompensé pour Mutants, a fait rire certains et grincer des dents d'autres avec sa spontanéité déconcertante. En arrivant sur scène, il a dû prendre une pause pour faire un rot - selon son propre aveu. «C'est la cerise sur le gâteau aux cerises», a-t-il lancé en regardant ses notes, avant d'ajouter que c'était «plate» de lire un message préparé. Il a terminé son discours sur une note émotive, en remerciant sa «muse», sa mère. Pour la suite du monde désigné événement historique Le ministre de la Culture, Luc Fortin, a annoncé dans une vidéo qu'il avait désigné le documentaire réalisé par Pierre Perreault et Michel Brault comme événement historique en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel. Le documentariste Hugo Latulippe et la cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette ont parlé avec passion de cette oeuvre, et les enfants des cinéastes étaient présents dans la salle. Ovation pour un Oscarisé québécois C'est Sylvain Bellemare, le récipiendaire d'un Oscar pour le meilleur montage sonore du film Arrival, qui a présenté le prix du meilleur film. M. Bellemare, qui semblait ému, a été ovationné par la foule.











Publié le 04 juin 2017 à 21h00 | Mis à jour le 05 juin 2017 à 07h23

Gala Québec cinéma: Dolan couronné

Éric Moreault Le Soleil (Québec) Le cinéma québécois avait un gala renouvelé pour célébrer le meilleur de la cuvée 2016, mais c'est un familier des récompenses qui s'est imposé. L'intense Juste la fin du monde a, logiquement, valu à Xavier Dolan les Iris du meilleur film et de la réalisation au gala de dimanche soir, qui s'additionnent aux trois autres trophées remportés précédemment. Une soirée sans véritable surprise, à part les prix d'interprétation et deux plaidoyers vibrants. Les Iris remplace les prix du cinéma québécois dont on ne peut plus dire le nom en raison du scandale retentissant entachant à jamais la réputation du réalisateur de Mon oncle Antoine (1971). On a voulu repartir sur de nouvelles bases avec Guylaine Tremblay et Édith Cochrane, deux vedettes populaires susceptibles de ramener à la hausse des audiences en chute libre. Et un gala présenté trois mois plus tard que d'habitude, histoire de ne pas être en compétition avec les émissions grand public. Xavier Dolan et la productrice Nancy Grant acceptent le prix Iris du meilleur film pour Juste la fin du monde. La Presse, Olivier Jean

Ce redémarrage ne masque pas le fait que la plupart des films en nomination avaient été vus par une poignée de spectateurs, y compris ceux en nomination pour le meilleur film. Le contraste était flagrant d'ailleurs avec la catégorie du Prix du public, dont trois des cinq longs métrages n'étaient pas en nomination dans les catégories de pointe. Ce n'est toutefois pas les deux films les plus vus qui ont obtenu la faveur des Québécois, mais bien le film-choc 1 :54 de Yan England sur les difficultés d'un adolescent mal dans sa peau - les jeunes ont voté en masse! L'intimidation ne connaît pas de frontière ni de classe sociale, a rappelé le réalisateur fébrile en allant cueillir sa récompense. Reste qu'il y avait peu de suspense dans les catégories principales. Après tout, Juste la fin du monde arrivait déjà couronné du Grand prix à Cannes en 2016 et du César de la meilleure réalisation. On était loin des 12 prix Jutra pour Mommy, mais tout de même... Différence notable, aucun de ses acteurs (français) n'a obtenu une récompense. Briser le ronron Le flamboyant réalisateur a profité de la tribune offerte pour pourfendre les positions récentes du CRTC et soutenir qu'il est, plus que jamais, «temps de se battre pour notre identité et notre culture». Une déclaration chaleureusement applaudie. Tout comme celle d'Hugo Latulippe et d'Anaïs Barbeau-Lavalette, qui ont brisé le ronron du gala en dénonçant le sousfinancement historique actuel réservé au documentaire. Interpelant les élus, le duo leur a demandé un financement adéquat pour ce «fleuron de notre identité culturelle». L'intervention était d'autant légitime qu'on apprenait pendant le gala que Québec venait d'accorder à Pour la suite du monde (1963), le chef-d'oeuvre de Michel Brault et Pierre Perrault, la dénomination d'événement historique. De tous les Iris remis, aucun n'avait, toutefois, une aussi profonde résonnance que celui décerné à Gabriel Arcand,


extrêmement juste et touchant dans Le fils de Jean. Le vétéran, dont l'immense talent n'a pas assez été récompensé à sa juste valeur depuis le début de sa carrière, a totalement éclipsé les jeunes loups qui rôdaient autour du trophée. On s'attendait à ce que Mylène Mackay, divine dans Nelly, obtienne l'Iris de la meilleure interprète et la jeune femme a prévalu. Très touchée, l'actrice a tenu à rendre hommage à «l'insaisissable» Nelly Arcan pour avoir mis des mots sur un malêtre ressenti par beaucoup de femmes ainsi qu'à ses parents, qui lui ont rappelé la signification de la résilience au moment où elle pensait abandonner le métier. Grosse surprise Par contre, grosse surprise : Céline Bonnier est repartie avec l'Iris du second rôle féminin pour sa performance éclatante dans Embrasse-moi comme tu m'aimes d'André Forcier. On attendait Emmanuelle Lussier-Martinez, resplendissante dans Les mauvaises herbes. Céline Bonnier avait été sacrée meilleure actrice l'an dernier grâce à La passion d'Augustine de Léa Pool. Comme prévu, Theodore Ushev a obtenu l'Iris du Meilleur court animation pour Vaysha l'aveugle, qui était en lice aux Oscars en février et récipiendaire du prix spécial du jury au Festival d'Annecy. En son absence, le porte-parole du réalisateur d'origine bulgare a demandé que les propriétaires de salle diffusent des courts d'animation avant les longs. Une demande légitime qui, comme d'habitude, va rester lettre morte. Medhi Bousaidan, qui venait remettre un prix, a abordé la question de la diversité dans notre cinéma très blanc en appelant les créateurs d'ici à sortir des stéréotypes et à engager les acteurs pour ce qu'ils sont et non pour le pays dont ils sont issus. Parlant de diversité, le Gala a souligné l'intense performance de Rykko Bellemare de l'Iris de la révélation, un des six nouveaux prix de cette formule revampée, dans le très beau Avant les rues de Chloé Leriche, qui célèbre la richesse de l'âme attikamek. Pour cette édition 2017, Lyse Lafontaine a obtenu l'Iris hommage lors du gala hors d'onde qui s'est déroulé jeudi dernier. Ainsi que plusieurs artisans, qui ont eu moins eu l'honneur de monter sur scène avant la remise du prix du meilleur film. C'était la moindre des choses. Cinq moments marquants du gala Québec Cinéma Le gala Québec cinéma récompensait dimanche soir les meilleurs films québécois de l'année. La cérémonie, animée par Guylaine Tremblay et Édith Cochrane, a été marquée par plusieurs moments forts, dont voici quelques exemples: - Le baiser Tremblay-Cochrane Les comédiennes ont causé toute une surprise en s'embrassant longuement sur la bouche à l'ouverture du gala. Leur baiser a été accueilli par des applaudissements, des rires et des sifflements. - Plaidoyer pour l'égalité des femmes «Mesdames, le combat est terminé», a ironisé Édith Cochrane, parlant de l'égalité homme-femme. Guylaine Tremblay a rappelé que parmi les 25 longs métrages en nomination, seulement trois ont été réalisés par des femmes. Les animatrices ensuite ont proposé des titres alternatifs aux films de l'année pour qu'ils touchent davantage aux «intérêts» des femmes - à la blague, bien sûr. «Juste la fin des règles», «Les mauvaises règles» et «Les trois p'tits tampons» ont notamment été suggérés. - La spontanéité d'Alexandre Dostie Le réalisateur beauceron, récompensé pour Mutants, a fait rire certains et grincer des dents d'autres avec sa spontanéité déconcertante. En arrivant sur scène, il a dû prendre une pause pour faire un rot - selon son propre aveu. «C'est la cerise sur le gâteau aux cerises», a-t-il lancé en regardant ses notes, avant d'ajouter que c'était «plate» de lire un message préparé. Il a terminé son discours sur une note émotive, en remerciant sa «muse», sa mère. - Pour la suite du monde désigné événement historique


Le ministre de la Culture, Luc Fortin, a annoncé dans une vidéo qu'il avait désigné le documentaire de Pierre Perreault et Michel Brault comme événement historique en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel. Le documentariste Hugo Latulippe et la cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette ont parlé avec passion de cette oeuvre, et les enfants des cinéastes étaient présents dans la salle. - Ovation pour un Oscarisé québécois C'est Sylvain Bellemare, le récipiendaire d'un Oscar pour le meilleur montage sonore du film Arrival, qui a présenté le prix du meilleur film. M. Bellemare, qui semblait ému, a été ovationné par la foule. La Presse canadienne






Publié le 02 juin 2017 à 15h35 | Mis à jour le 02 juin 2017 à 15h35

Les documentaristes réclament un nouveau modèle de financement

André Duchesne La Presse La cinématographie québécoise risque de voir disparaître peu à peu un de ses plus beaux fleurons, le documentaire, si le mode de financement de cet art ne subit pas une transformation majeure. Tel est le constat qu'ont fait une douzaine de représentants du domaine au cours d'une conférence de presse tenue mardi. Le cinéaste Hugo Latulippe, président de l'Observatoire du documentaire du Québec, et la réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Chiffres à l'appui, ils ont voulu montrer qu'au cours des dix dernières années, le financement du documentaire a régressé ou, au mieux, stagné au sein des différentes institutions comme l'ONF,

Radio-Canada, la SODEC, Télé-Québec, etc. «C'est en train de devenir un hobby que de faire du cinéma documentaire au Québec», a déploré le cinéaste Hugo Latulippe, président de l'Observatoire du documentaire du Québec. Les réalisateurs, producteurs, scénaristes et gestionnaires l'entourant ont unanimement déploré les conditions actuelles. «Le documentaire est une des spécificités de la culture québécoise, a soutenu M. Latulippe. Il joue un rôle très important dans notre démocratie et constitue une forme d'engagement citoyen.»




CRISE DU DOCUMENTAIRE

Notre regard en péril 1 juin 2017 | Manon Cornellier | Canada | Éditoriaux

L'industrie du documentaire québécois était réunie à Montréal mardi pour lancer un cri d’alarme. Alors que le documentaire est un genre populaire à travers le monde et sur les plateformes numériques comme Netflix, sa production décline au Québec. Le problème est complexe, les solutions, multiples. Celle qui est le plus souvent évoquée est l’imposition de la TPS sur les services de radiodiffusion par Internet (SRI) afin d’atténuer la concurrence déloyale subie par les câblodistributeurs. Mais ce sont les gouvernements qui engrangeraient les revenus. Pour aider l’industrie d’ici, il faut exiger des SRI qu’ils investissent une part de leurs revenus dans la production de contenu québécois et canadien original, comme le font les câblodistributeurs par le biais du Fonds des médias du Canada. S’il faut pour cela changer la Loi sur la radiodiffusion, qu’on la change. Malheureusement, le gouvernement fédéral s’entête à écarter cette solution adoptée par la France. Le Canada est aussi à la traîne pour ce qui est de l’imposition de quotas de contenu original national. La Commission européenne vient d’adopter une règle permettant à ses membres d’exiger des SRI qu’ils réservent au moins 20 % de leur catalogue à des oeuvres européennes. La France exige déjà davantage. Il faut les imiter, sinon on n’assistera à rien de moins que la marginalisation de la culture québécoise et francophone sur nos écrans de télévision et d’ordinateur, de plus en plus de citoyens accédant aux oeuvres audiovisuelles par le biais de SRI étrangers. Le gouvernement Trudeau a réinvesti dans plusieurs institutions culturelles, mais les budgets de Radio-Canada et de l’Office national du film sont toujours inférieurs à ce qu’ils étaient il y a dix ans. Et il n’a toujours pas changé les règles du Fonds des médias adoptées sous les conservateurs. La cote d’écoute est devenue la reine, rendant les télédiffuseurs beaucoup moins enclins à soutenir des documentaires uniques.


Tout ce contexte a eu un effet désastreux sur le milieu du documentaire. Plusieurs producteurs et documentaristes ont fermé boutique. Ceux qui restent ont souvent vu leurs revenus décliner, quand ils n’ont pas travaillé gratuitement pour terminer des projets leur tenant à coeur. Le temps presse. La survie de l’industrie du documentaire est en jeu et, par ricochet, notre capacité de porter notre propre regard sur notre société et sur le monde. On attend toujours le résultat de la consultation menée par la ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, sur « le contenu canadien dans un monde numérique ». Il faut espérer qu’elle accouchera d’un plan d’action qui fera davantage qu'« encourager », comme elle dit, les américaines Google, Facebook et Netflix à soutenir la production canadienne.



Pour la suite du documentaire Le genre à l’origine d’un cinéma proprement québécois est dans un état critique 31 mai 2017 | Caroline Montpetit | Cinéma

Photo: Office national du film «Pour la suite du monde», de Pierre Perrault, Marcel Carrière et Michel Brault

Depuis deux ans, tout le milieu cinématographique demande que le film Pour la suite du monde, de Pierre Perrault, Marcel Carrière et Michel Brault, tourné en 1962 à l’île aux Coudres, soit reconnu comme « événement historique ». Considéré comme un chef­ d’oeuvre, ce film rappelle l’importance du documentaire dans la tradition cinématographique québécoise, une tradition qui bat de l’aile aujourd’hui faute d’être mieux soutenue, soutient l’Observatoire du documentaire. Le film Pour la suite du monde, « c’est le début d’un genre qu’on a créé, qui est une spécificité québécoise, qui caractérise la culture cinématographique québécoise. Moi, je dis que c’est à la fondation de notre cinéma national, incluant la fiction.Beaucoup de


cinéastes documentaires sont aussi devenus des cinéastes de fiction », disait mardi le réalisateur Hugo Latulippe, qui préside l’Observatoire. Mardi, toute une brochette de représentants de l’industrie du documentaire était réunie dans les locaux de l’Association des réalisateurs et des réalisatrices du Québec pour livrer un état des lieux de la situation critique du documentaire au Québec. En effet, alors que la production de documentaires explose un peu partout dans le monde, le financement de ce genre stagne, voire décline au Québec, précisément au moment où il doit relever le défi du virage numérique.

Photo: Manifestes en série / Esperamos Films «On a besoin d'initiatives de l'État pour que la profession de documentariste continue d'exister», explique Hugo Latulippe.

« Notre milieu, notre écosystème, ne va pas bien. C’est un peu un signal d’alarme qu’on veut envoyer […], poursuit Hugo Latulippe. On voit d’un assez mauvais oeil ce qui se présente. On pense qu’on est rendus à négocier un virage important, et qu’on a besoin d’une vision d’État, autant au niveau québécois que canadien. On a besoin d’initiatives de l’État pour que la profession de documentariste continue d’exister […]. On est arrivés à un moment critique. » Un modèle à repenser Pour assurer sa survie, le milieu demande qu’on procède notamment à la taxation de grands diffuseurs comme Netflix et qu’on leur impose un quota de contenu canadien. Du côté québécois, on propose aussi la perception d’une taxe culturelle, sur les


appareils par exemple, à la manière de l’écofrais, perçu pour assurer la sauvegarde de l’environnement. L’Observatoire du documentaire du Québec, qui organisait la rencontre d’hier, relève que le budget d’ICI Radio­Canada, comme celui de l’Office national du film, a baissé depuis 10 ans. « Alors qu’il y a 10 ans Radio­Canada produisait, ou coproduisait, ou participait au financement de 25 unitaires documentaires par année, cette année on est rendu à 12. Et ça continue, le jeu de massacre continue », disait Bruno Boulianne, réalisateur et membre du conseil d’administration de l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec. On cite aussi le fait que le Fonds canadien du film et de la vidéo indépendants a disparu en 2008. Et on relève que le Fonds des médias du Canada est surtout financé par les câblodistributeurs, dont les abonnements sont en chute libre. « Les contributeurs au Fonds des médias du Canada, que sont les Vidéotron et Rogers de ce monde, sont aussi des fournisseurs de services Internet. Ils n’ont pas intérêt à ce que le modèle change. Une pression politique sérieuse doit être exercée », poursuit Bruno Boulianne. Un public au rendez­vous Pendant ce temps, 67 % des Canadiens disent toujours regarder des documentaires, et 41 % des productions originales des films de Netflix sont des documentaires. « Il y a une inadéquation entre ce que le public veut, ce que le public aime, et ce qu’on leur offre, dit Benjamin Hogue, producteur, réalisateur et directeur de l’Observatoire du documentaire. Ça nous apparaît anachronique que le documentaire soit de moins en moins bien financé alors que le public est au rendez­vous. Le documentaire coûte moins cher à produire que la fiction. En France et aux États­Unis, il s’en produit et il s’en consomme de plus en plus. Mais le Canada ne prend pas bien le virage. » Or le documentaire est, poursuit­il, « un outil culturel et citoyen de notre société ». En fait, selon la productrice Karine Dubois, les documentaristes, qui voient leur budget fondre, sont de plus en plus obligés de les réaliser bénévolement. Ce qui fait qu’au bout d’un ou de deux films, ils vont aller chercher un emploi dans un autre domaine. Or les grandes avancées technologiques, de la technologie en trois dimensions à l’invention des jeux vidéo, se font largement à partir de l’apport du documentaire.


En Europe, poursuivent les représentants de l’Observatoire du documentaire, tous les ministres de la Culture se sont entendus pour imposer à Netflix un quota de contenu européen. « Ça n’est pas encore officialisé, mais c’est un pas dans la bonne direction », dit Benjamin Hogue, qui avance que l’Europe travaille également à imposer une contribution de Netflix qui permettrait de financer la production européenne. De son côté, l’Australie serait sur le point d’imposer une taxe à Netflix aussi tôt que cet été. Autant d’exemples qui pourraient inspirer le Canada, disent les représentants de l’industrie documentaire. « Il ne faut pas suivre le modèle américain », dit Benjamin Hogue.


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