REVUE DE PRESSE DE LA PIÈCE "L'ASSEMBLÉE" (2018) - PROJET PORTÉ PAR PORTE-PAROLE : PASCALE BUISSIÈRE

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Édition du 27 novembre 2018 - Section ARTS - Écran 9


Publié le 27 novembre 2018 à 14h10 | Mis à jour le 27 novembre 2018 à 14h10

Échos de scène: Karine Ledoyen présente sa nouvelle pièce

Mario Cloutier La Presse Tous les mardis, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant. En vedette: Karine Ledoyen

La chorégraphe Karine Ledoyen Photo Robert Skinner, Archives La Presse

La chorégraphe Karine Ledoyen présente sa toute nouvelle pièce De la glorieuse fragilité, un «documentaire scénique» inspiré d'entrevues réalisées avec une vingtaine de danseurs et danseuses qui ont quitté leur profession pour diverses raisons. La créatrice de Québec a été surprise des réponses qu'elle a reçues dans ce contexte très particulier.

«On entend les entrevues dans le spectacle, explique-t-elle, mais on s'éloigne du documentaire. Ce qui m'intéresse, c'est la fragilité. Je me disais que le moment où on quitte la danse doit être difficile. Martha Graham disait qu'un "danseur meurt deux fois". Ce qui ressort des entrevues, c'est que la danse est toujours précieuse pour ceux et celles qui l'ont pratiquée.» Sur scène: Elinor Fueter, Jason Martin, Simon Renaud et Ariane Voineau. Le spectacle en est un de célébration du corps en mouvement. Tant que le corps vit, il danse. La chorégraphe affirme qu'elle a vécu de très beaux moments en entrevue et qu'elle voit maintenant la danse différemment. «Personne ne m'a dit qu'il ou elle ne dansait plus. Il y a un legs qui reste dans le corps et dans la façon de vivre. Les spectateurs vont assister à ça. Tout le monde vit de petits deuils dans sa vie. On trouve des forces inexplicables dans les moments de transition et devant l'inconnu. C'est dans la faille ou l'échec que l'on est le plus honnête.» De la glorieuse fragilité est présentée à l'Agora de la danse (Édifice Wilder) du 28 novembre au 1er décembre. Prix de la critique: Les finalistes de l'AQCT Les finalistes aux Prix de la critique sont maintenant connus. Dans la catégorie «meilleur spectacle de l'année 2017-2018», l'Association québécoise des critiques de théâtre (AQCT) a sélectionné: La déesse des mouches à feu, L'Iliade et Le tigre bleu de l'Euphrate. À la mise en scène: Marc Beaupré (L'Iliade), Alix Dufresne et Patrice Dubois (La déesse des mouches à feu) et Denis Marleau (Le tigre bleu de l'Euphrate). Trois femmes se font la lutte dans la catégorie du meilleur texte: Fanny Britt (Hurlevents), Alexia Bürger (Les Hardings) et Catherine-Anne Toupin (La meute). Pour les prix d'interprétation, les finalistes sont, du côté féminin, Marie-Thérèse Fortin (La détresse et l'enchantement), Marie-France Lambert (Je disparais) et Monique Miller (Les chaises); et du côté masculin, Guillaume Cyr (La meute), Sébastien René (Le bizarre


incident du chien pendant la nuit) et Emmanuel Schwartz (Le tigre bleu de l'Euphrate). À Québec, l'AQCT a choisi, dans la catégorie du meilleur spectacle: Amadeus (production Le Trident), Hôtel-Dieu (production Nous sommes ici), Incendies (Le Trident) et Tomates (production L'orchestre d'hommes-orchestres). Les lauréats seront connus en décembre. Prix: Martin Bellemare Le Centre des auteurs dramatiques (CEAD) a remis hier soir à Montréal le prix annuel Michel-Tremblay au dramaturge Martin Bellemare pour son texte Moule Robert, produit par le Théâtre La Rubrique de Jonquière, qui porte sur un homme accusé à tort d'agression sexuelle. Le lauréat recevra Le dramaturge Martin Bellemare une bourse de 20 000 $, dont la moitié photo HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, archives LA PRESSE provient du Conseil des arts et des lettres du Québec et l'autre de la Fondation du CEAD avec une contribution de Michel Tremblay. Doté d'une bourse de 10 000 $, le prix Louise-LaHaye, qui souligne l'excellence d'un texte pour enfants, a été attribué à Trois petites soeurs de Suzanne Lebeau, créé par le Théâtre Le Carrousel. Théâtre d'objets: Première neige La pièce de théâtre d'objets pour adultes Première neige, de la compagnie française Elvis Alatac, une codiffusion du Théâtre Aux Écuries et de Casteliers, est une pièce intimiste, adaptée d'une nouvelle de Guy de Maupassant. Elvis Alatac s'empare d'auteurs classiques pour les reprendre à son compte, les malaxer et rire avec le public de leurs histoires grandioses et terrifiantes. Vendredi, les spectateurs peuvent se présenter à la billetterie dès 18 h et déterminer le prix de leur billet en fonction de leur budget. Première neige est présentée du 28 au 30 novembre au théâtre Aux Écuries. Nomination: Éric Jean aux 2 Mondes Le metteur en scène Éric Jean se joindra en mars prochain au dramaturge Sébastien Harrisson, en poste depuis 2013, pour codiriger le Théâtre des 2 Mondes et voir à ses destinées artistiques. Lors de la saison 2019-2020, tous les spectacles de la compagnie, tant ceux pour le jeune public que ceux pour le public adulte, seront cosignés par Sébastien Harrisson, aux textes, et par Éric Jean, à la mise en scène. Aussi à l'affiche

Guy Jodoin et Mickaël Gouin dans la pièce Bilan, de Marcel Dubé, présentée au TNM jusqu'au 8 décembre photo Yves Renaud, fournie par le TNM

2018 Revue et corrigée, d'un collectif d'auteurs, mise en scène de Natalie Lecompte, au Rideau Vert jusqu'au 5 janvier 2019.Camillien Houde, «le p'tit gars» de Ville-Marie, d'Alexis Martin, mise en scène de Daniel Brière et Geoffrey Gaquère, à Espace libre jusqu'au 15 décembre. Platonov amour haine et angles morts, d'après Anton Tchekhov, mise en scène d'Angela Konrad, au Théâtre Prospero jusqu'au 15 décembre.

Perplex(e), de Marius Von Mayenburg, mise en scène de Patricia Nolin, à La Petite Licorne jusqu'au 14 décembre. L'assemblée, d'Annabel Soutar, Alex Ivanovici et Brett Watson, mise en scène de Chris Abraham, à Espace Go jusqu'au 2 décembre.


Souveraines, de Rose-Maïté Erkoreka, mise en scène de Marie-Josée Bastien, au Quat'sous jusqu'au 8 décembre. Bilan, de Marcel Dubé, mise en scène de Benoît Vermeulen, au TNM jusqu'au 8 décembre. Bonjour, là, bonjour, de Michel Tremblay, mise en scène de Claude Poissant, au Théâtre Denise-Pelletier jusqu'au 1er décembre. Centre d'achats, d'Emmanuelle Jimenez, mise en scène de Michel-Maxime Legault, au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui jusqu'au 1er décembre. Des souris et des hommes, de John Steinbeck, mise en scène de Vincent-Guillaume Otis, chez Duceppe jusqu'au 1er décembre.


25 novembre 2018 Écoutez la critique en cliquant ici et allez à 34:50











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«L’assemblée»: invitation au dialogue

Photo: Maxime Côté Pascale Bussières

François Jardon-Gomez Collaborateur 19 novembre 2018 Critique Théâtre


L’angle mort de l’art engagé est souvent de s’adresser à un public déjà convaincu. Certains, comme Olivier Choinière (Manifeste de la Jeune-Fille) ou Annick Lefebvre (J’accuse), tentent de dynamiter le système de l’intérieur en y intégrant des propos choquants pour le public. Alex Ivanovici, Annabel Soutar et Brett Watson, eux, tentent de pallier ce problème en confrontant des opinions discordantes avant de les transposer sur la scène. Ces opinions sont celles de quatre femmes de divers milieux, idéologies et horizons politiques. Riham (Christina Tannous) est une musulmane voilée ; Josée Rivard (Amélie Grenier), une exmembre de La Meute qui vlogue à grands coups de colère haineuse et conspirationniste ; Isabelle (Pascale Bussières), une néo-Québécoise féministe et pragmatique ; Yara (Nora Guerch), une militante féministe de quatrième vague. Du verbatim de cette conversation est née la pièce qui recrée la soirée, entrecoupée d’extraits d’entrevues de suivi réalisées individuellement deux semaines après le souper. L’assemblée présente les différents points de vue en se gardant bien de prendre position sur ceux-ci. Il n’y a pas de jugement de la part d’Ivanovici et Watson (qui jouent le rôle d’animateurs), pas plus que les propos outranciers ne sont normalisés par le spectacle. Tout au plus cherche-t-on à faire parler les humaines cachées sous l’image que la société se fait d’elles, dualité sur laquelle joue la présence des quatre écrans au-dessus de la table, donnant à voir en temps réel les visages en gros plan. La polarisation des opinions dans la société d’aujourd’hui est réelle, elle se lit et s’entend tous les jours. Sans surprise, les esprits s’échauffent à plusieurs reprises sur la scène en parlant d’intégration, de féminisme ou de racisme systémique. Le compromis est-il néanmoins possible ? Oui, mais à une condition : que les quatre femmes trouvent un « ennemi commun », Valerie (une unilingue anglophone islamophobe et antiféministe), dont le manque d’ouverture servira de point de ralliement. Hormis ce moment, elles passeront plus de temps à essayer de se convaincre les unes les autres qu’à ouvrir un véritable dialogue. Toutes peinent à sortir de leur expérience personnelle pour comprendre celle de l’autre. Entre le début et la fin du processus, certaines opinions changeront, d’autres non. Le passage le plus révélateur est l’altercation entre Yara et Josée alors que cette dernière affirme que les quatre femmes « souffrent toutes au même niveau », signe d’une distance inconciliable entre elles. Constat poignant, mais également pessimiste, comme si le spectacle contenait l’aveu d’échec de son projet. Cette ouverture à la conversation, manifestée par une invitation au public à créer sur la scène sa propre assemblée, est nécessaire et remet en question notre capacité à véritablement comprendre l’autre. Quant à savoir si l’appel au dialogue comme remède à la polarisation sera entendu, rien n’est moins sûr.









Édition du samedi 17 novembre 2018 - Section DÉBATS - Écrans 1 et 4 Ariane

Krol




Édition du samedi 17 novembre 2018 - Section ARTS - Écrans 1 et 6 Nathalie

Petrowski





Édition du samedi 17 novembre 2018 - Section ARTS - Écrans 1 et 6 Rima

Elkouri





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Émission du vendredi 16 novembre 2018

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Publié le 16 novembre 2018 à 11h47 | Mis à jour à 11h47

Annabel Soutar: un espace pour débattre

Mario Cloutier La Presse Après le succès phénoménal de J'aime Hydro, le nouveau projet d'Annabel Soutar, L'assemblée, met également en scène des points de vue divergents afin de créer un espace de discussion. Sur scène, Pascale Bussières fait un retour au théâtre après neuf ans et les sujets vont du féminisme à l'intégration des immigrants. L'assemblée reprend l'approche documentaire de J'aime Hydro et de Fredy en multipliant les points de vue sur les sujets abordés... Le nouveau projet d'Annabel Soutar, L'assemblée, est présenté à Espace Go jusqu'au 2 décembre. Photo Ivanoh Demers, La Presse

Nous cherchons à créer au théâtre un espace indépendant. Nous ne représentons pas des entités ou des intérêts privés. Nous ne sommes pas là pour vendre une idéologie. Nous cherchons à faire cohabiter des partis pris différents. Je ne crois pas qu'il s'agisse de faire la paix puisque ce n'est pas à nous de résoudre la polarisation. C'est notre rôle d'essayer de la comprendre. Avec le public, on l'identifie tout en rendant les sujets divertissants. On est tellement sérieux de nos jours; moi, j'ai envie de rire un peu. Vous luttez contre le fait que les gens ne se parlent plus, chacun restant de son côté, un peu comme on l'a vu l'été dernier avec les pièces SLĀV et Kanata de Robert Lepage? L'été dernier, on a fait abstraction de l'idée même d'un débat. Je suis en faveur de plateformes pour débattre. C'est ce que je fais. À Espace Go, on va traiter de sujets comme les accommodements raisonnables, le féminisme, la liberté d'expression, le racisme et l'intégration de la communauté musulmane au Québec. Je suis très consciente que nous offrons ce spectacle au moment où cela peut être perçu comme une volonté de contrôler le discours. Mais nous sommes des artistes et nous devons continuer à faire ce que nous faisons. C'est ma contribution du moment. L'assemblée est un projet à long terme. C'est une autre façon, aussi, de faire du théâtre? La pièce que vous allez voir à Espace Go est la deuxième manifestation du projet. On a commencé en anglais à Toronto et on espère continuer de tenir des Assemblées dans les cinq prochaines années ici et à l'étranger. Dans chacune, on retrouve cinq personnes qui ont des positions politiques différentes. Deux comédiens de notre compagnie Porte Parole agissent comme modérateurs. À Montréal, on a quatre femmes, c'est un clin d'oeil à Espace Go, et c'est un peu comme le concept de 100 % Montréal présenté lors du 375e anniversaire en 2017. Il y a un moment dans la pièce où on invite le public sur scène à faire sa propre assemblée. ___________________________________________________ L'assemblée est présentée à Espace Go jusqu'au 2 décembre.

















Journal 24heures


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L’assemblée, une pièce pour stimuler le dialogue en dehors des médias sociaux PUBLIÉ LE LUNDI 12 NOVEMBRE 2018


Dans le sens horaire, Amélie Grenier, Annabel Soutar, Alex Ivanovici et Pascale Bussières. Photo : Radio-Canada / Ronald Georges

Après J'aime Hydro et Fredy, la compagnie Porte Parole revient avec une nouvelle pièce de théâtre documentaire, L'assemblée. Catherine Perrin reçoit ses deux cofondateurs, Annabel Soutar et Alex Ivanovici, et deux des actrices de la pièce, Pascale Bussières et Amélie Grenier. Ces dernières interpréteront deux des quatre femmes bien réelles, de tendances idéologiques opposées – et qui seront même dans la salle lors de la première –, qui ont été invitées à discuter de sujets qui touchent le Québec actuel. Cette œuvre théâtrale collective concerne tous les Canadiens. Les créateurs ont rencontré quatre citoyennes pour qu'elles discutent, pendant quatre heures, de leur vision politique respective. Les échanges ont été enregistrés, et les auteurs ont rédigé un texte à partir de cela. Les actrices, dont Pascale Bussières et Amélie Grenier, interpréteront ces citoyennes sur scène. « C’est une plateforme pour regarder la polarisation, explique Annabel Soutar. Il faut continuer de rassembler et de regarder les enjeux de notre temps. » Les participantes de L’assemblée viennent de Montréal, mais les créateurs de la pièce tiendront une séance d’enregistrement avec des participants à l’Université du Maryland sur la politique américaine. « C’est un cadeau inestimable [de jouer ce genre de personnage réel] », estime la comédienne Amélie Grenier.


La version anglaise, The Assembly, est aussi présentée à l’Espace Go jusqu’au 17 novembre. Regardez la bande-annonce de la pièce :






«L’assemblée»: un scalpel dans le Québec polarisé

Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Alex Ivanovici (à gauche) et Annabel Soutar (à droite) ont coécrit «L’assemblée en complicité» avec Brett Watson.

Marie Labrecque Collaboratrice 10 novembre 2018


Théâtre

C’est le nouveau mal social de notre époque : la polarisation. Cette incapacité de la gauche et de la droite politiques de trouver un terrain commun pour discuter, Annabel Soutar l’éprouve dans sa vie personnelle. « Je viens d’une famille qui s’est toujours assise autour de la table pour parler politique, et on n’en est plus capables. Il y a des partisans de Trump dans ma famille, et on ne peut plus parler sans commencer à hurler des insultes. » La division de la société québécoise est certes « moins explicite » que chez nos voisins. Mais elle existe. « C’est l’une des blagues dans J’aime Hydro : que les Québécois n’aiment pas beaucoup le conflit. Je crois qu’il y a beaucoup de sujets tabous ici, qui devraient être discutés. Mais on préfère ne pas trop rentrer dans un débat chargé. » Une déchirure qui pourrait s’exacerber en l’absence d’échanges face à face, juge la directrice artistique de Porte Parole. En explorant les multiples facettes de divers sujets, la compagnie documentaire a toujours tenté de « faciliter un contact entre les gens qui pensent différemment ». Mais son nouveau projet s’écarte de son processus habituel, car le théâtre lance cette fois lui-même l’événement : une rencontre entre quatre personnes de profils et d’opinions divergentes. Pour L’assemblée ont été réunies notamment une femme voilée et une ex-membre de La Meute (la vidéoblogueuse Josée Rivard). Un quatuor entièrement féminin, dans un clin d’oeil à l’histoire d’Espace Go. « Aussi, on avait l’intuition que la question des femmes et du féminisme sont au coeur de la réflexion sur l’immigration (https://www.ledevoir.com/immigration+r%C3%A9fugi%C3%A9s) musulmane, au Québec. » Avec ses coauteurs Alex Ivanovici et Brett Watson — qui sont aussi les deux modérateurs de la soirée —, la dramaturge a resserré, monté le verbatim de cette réunion de quatre heures. En plus d’y incorporer « des entrevues de suivi » individuelles où chacune porte un regard rétrospectif sur la rencontre, deux semaines après. Les rôles sont ensuite repris par des actrices (Pascale Bussières, Amélie Grenier, Nora Guerch et Christina Tannous). Le résultat, si on en croit Soutar, est très divertissant. Et les participantes sont allées au fond du sujet. « Elles ont parlé avec beaucoup de candeur d’enjeux qui les touchent profondément. Il y a des moments d’extrême émotion, de confrontation. Mais aussi, une volonté d’arriver au bout de la soirée et de rester respectueuses. » D’où, parfois, un dilemme. Alex Ivanovici note qu’on a rarement l’occasion d’être devant des interlocuteurs si différents. « Souvent, lorsqu’on discute, les gens qu’on mentionne — par exemple, telle ethnicité — ne sont pas présents. Et on les regroupe pour faciliter l’expression de notre idée, parce que c’est plus simple. » Mais cette généralisation devient plus difficile avec la personne en face… La pièce montre le conflit que vivent les participantes entre la sympathie qu’elles développent pour les autres femmes et leur tendance à les étiqueter.


Beaucoup de notre discours public est prépackagé, très [lisse]. Tandis que lorsqu’on cherche le sens, la parole devient très active. — Annabel Soutar L’assemblée permet aussi de constater combien les convictions sont souvent nées d’expériences personnelles. « On s’imagine que nos positions morales sont intellectuelles, mais réellement, c’est l’émotion qui s’exprime, opine le comédien. Et on trouve les justifications [rationnelles] par la suite. » Ces citoyennes ne maîtrisent pas nécessairement l’art du débat. Elles doivent parfois chercher de nouveaux mots afin d’expliquer leurs positions à leurs opposantes idéologiques. Cette « langue en construction » plaît beaucoup à la dramaturge. « Beaucoup de notre discours public est prépackagé, très [lisse]. Tandis que lorsqu’on cherche le sens, la parole devient très active. Et le langage est l’un des enjeux principaux de la pièce. On a vraiment quatre niveaux différents de français. » Forum public Aux termes de la pièce écrite, un espace de discussion libre va s’ouvrir pour les spectateurs. Durant « une période prédéterminée », les volontaires vont pouvoir aller débattre entre eux sur scène. « On a créé un forum qui est aussi vieux que le théâtre lui-même, remarque Alex Ivanovici. Mais on a perdu l’habitude de ces échanges qui sont à la fois intimes et qui se déroulent dans l’espace public. » La plupart des spectateurs n’appartiennent-ils pas à la gauche du spectre politique ? Annabel Soutar en convient, tout en notant que la gauche elle-même est divisée aujourd’hui, entre extrêmes et modérés. Reste qu’elle voit le manque de pluralité du public théâtral comme un problème. « Cela signifie que le théâtre est aussi devenu une bulle idéologique. Et c’est rare qu’on ait réussi à changer ça, à Porte Parole. Sauf peut-être dans quelques spectacles comme Fredy, où on a eu vraiment un public diversifié. » La directrice aimerait explorer les moyens d’attirer d’autres gens, hors des circuits des théâtres institutionnels. Avec L’assemblée, la compagnie inaugure en tout cas un projet à « long terme ». Une version anglophone du concept vient d’être créée à Toronto. Dans The Assembly — qu’on pourra d’ailleurs voir à Espace Go, du 10 au 17 novembre —, des Anglo-Montréalais discutent d’immigration musulmane et de liberté d’expression. Un débat qui s’est révélé « plus dur » que le francophone. Et qui a suscité un débat éthique dans l’équipe. « Quelles formes de paroles doivent être acceptées, ou exclues de l’assemblée ? Il y a une certaine ambiguïté dans les pièces autour de l’éthique de certains choix. » Ses créateurs aimeraient en tenir d’autres au Québec. Et en cette veille des élections américaines de mi-mandat, ils se réjouissaient d’en créer une bientôt dans la société qui les a inspirés. Même si le théâtre états-unien a été long à convaincre. « Ils ont peur de provoquer plus de polarisation. » Mais est-ce vraiment possible ?


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Pascale Bussières, de retour au théâtre après près de 10 ans d’absence PUBLIÉ LE JEUDI 8 NOVEMBRE 2018

Après une absence de près de 10 ans au théâtre, la comédienne Pascale Bussières fait un retour sur scène pour la pièce L'assemblée, présentée à l'Espace Go. Elle ne prend pas pour autant une pause du grand écran; le film Impetus, dans lequel elle incarne l'un des personnages principaux, sera diffusé en première mondiale aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) cette semaine.


Pour la femme de cinéma, l’effort de monter sur les planches est « considérable ». La dernière fois qu’on l’a vue au théâtre, c’était pour Huis clos, une pièce présentée au Théâtre du Nouveau Monde (TNM). À partir de la semaine prochaine, c’est pour un théâtre documentaire qu’elle se lancera à nouveau dans l’aventure. L’œuvre L’assemblée réunit sur scène une musulmane, une chrétienne, une Française née au Québec et une Québécoise « pure laine ». Ensemble, elles discutent des questions de l’identité, de féminisme, du port du voile et des accommodements raisonnables. « Il y a eu une vraie rencontre. Les auteurs sont partis de [ça], ils ont fait un verbatim, et nous, on incarne ces femmes-là », explique-t-elle. Le style de long-métrage Impetus, de Jennifer Alleyn, à mi-chemin entre la fiction et le documentaire, a aussi charmé la comédienne, qui incarne l'un des rôles principaux de la production. L'une des particularités du film est l’absence de financement de fonds publics. Un choix qui se voit de plus en plus au théâtre, notamment par souci d'avoir des productions plus indépendantes. « C’est toujours difficile de travailler en dehors des institutions. C’est un cinéma de guérilla, presque fait envers et contre tous », indique Pascale Bussières. Ce mode de financement a ses bons et ses mauvais côtés. La comédienne a eu à travailler souvent bénévolement, mais sa volonté et celle de ses collègues de réaliser les projets les ont guidés jusqu'au bout de l'aventure. La pièce de théâtre documentaire L’assemblée sera présentée à compter du 14 novembre à l’Espace Go. Le film Impetus prendra l’affiche en janvier 2019.



















Publié le 18 septembre 2018 à 11h03 | Mis à jour le 18 septembre 2018 à 11h03

Rentrée théâtrale: les choix de nos critiques Luc Boulanger, Mario Cloutier La Presse Quelles pièces nos critiques de théâtre attendent-ils avec le plus d'enthousiasme? La liste est longue, mais en voici huit qui les rendent particulièrement impatients. Les choix de Mario Cloutier > Golgotha Picnic de Rodrigo Garcia Traduit par Christilla Vasserot, adaptation et mise en scène d'Angela Konrad. À l'Usine C du 18 au 29 septembre.

Sylvie Drapeau sera de la pièce Golgotha Picnic. Photo Olivier Jean, Archives La Presse

Pièce d'un humour trempé dans le vitriol, Golgotha Picnic parle de Jésus comme du «premier démagogue» de l'histoire et souligne, entre autres choses, que «la pensée de l'avare est plus profonde que celle du moine». Avec Sylvie Drapeau. > Les fées ont soif de Denise Boucher

Mise en scène de Sophie Clément. Au Rideau Vert du 25 septembre au 25 octobre. Devant le TNM en 1978, ce n'était pas quatre ou cinq manifestants qui haranguaient les spectateurs à l'entrée de la salle, mais des dizaines; 40 ans après, à l'ère de #moiaussi, les fées ont toujours raison d'avoir soif. Avec Bénédicte Décary. > Prouesses et épouvantables digestions du redouté Pantagruel, d'après François Rabelais Texte et adaptation de Gabriel Plante, mise en scène de Philippe Cyr. Au Théâtre Denise-Pelletier, du 26 septembre au 20 octobre. La grande bouffe - film de Marco Ferreri - originelle, celle de Rabelais, mais revue et corrigé par deux jeunes de la relève: irrévérences en vue dans ce «vous-êtes-ce-que-vous-mangez» moderne! Avec Paul Ahmarani. > L'assemblée d'Alex Ivanovici, Annabel Soutar et Brett Watson Mise en scène de Chris Abraham. À Espace Go du 10 au 17 novembre. Après Fredy et J'aime Hydro, Annabel Soutar s'attaque à la polarisation politique en multipliant, comme c'est son habitude en théâtre documentaire, les points de vue et les opinions sur les sujets de l'heure. Avec Pascale Bussières. Les choix de Luc Boulanger


> Bonjour, là, bonjour de Michel Tremblay Mise en scène de Claude Poissant. Au Théâtre Denise-Pelletier du 7 novembre au 5 décembre. Pour la première fois en 30 ans de carrière, Claude Poissant s'attaque à l'univers Francis Ducharme sera de la pièce Bonjour, là, bonjour. dramatique de Tremblay avec une pièce Photo Olivier Jean, Archives La Presse créée en 1974. Le comédien Francis Ducharme, qu'on n'avait jamais vu chez Tremblay, jouera Serge, le fils qui revient dans sa famille après un voyage de trois mois en Europe et qui fait face aux mêmes problèmes qu'avant son départ. Pour s'en libérer, il décide, malgré les siens, de vivre au grand jour son amour pour sa soeur Nicole (Mylène Mackay). > Centre d'achats d'Emmanuelle Jimenez Mise en scène de Michel-Maxime Legault. Au Centre du Théâtre d'Aujourd'ui (salle principale) du 13 novembre au 1er décembre. Partage et liberté. Aliénation et consommation. Autant de thèmes abordés dans la nouvelle pièce de Jimenez à partir de lieux fort symboliques de la société nord-américaine. Avec le récit de sept femmes qui magasinent pour ne pas mourir. Dans la distribution entièrement féminine, on trouve Anne Casabonne, Marie Charlebois, Danielle Proulx... > Bonne retraite, Jocelyne de Fabien Cloutier Mise en scène de Fabien Cloutier. À la Grande Licorne du 9 octobre au 10 novembre. Avec sa nouvelle pièce, écrite alors qu'il était auteur en résidence à La Licorne, Fabien Cloutier jette une bombe dans la famille québécoise ordinaire et sans histoire. Le polyvalent créateur peint un portrait décapant et confrontant de notre époque. Avec entre autres Josée Deschênes, Claude Despins, Brigitte Poupart... > Choir Boy de Tarell Alvin McCraney Mise en scène de Mike Payette. Au Centaur Theatre du 9 au 28 octobre Fort de son succès aux États-Unis, avant même qu'elle ne soit reprise à Broadway à la fin de l'année, le Centaur va présenter cet automne la pièce de l'auteur «oscarisé» de Moonlight, avec une distribution canadienne et une mise en scène de Mike Payette. Choir Boy aborde les thèmes de l'intimidation, de l'homophobie et du rite de passage d'un groupe d'adolescents noirs qui font partie de la chorale de leur école secondaire. Avec entre autres Vlad Alexis et Quincy Armorer.


Publié le 17 septembre 2018 à 11h35 | Mis à jour le 17 septembre 2018 à 11h35

Théâtre: prêts pour la réconciliation? Luc Boulanger, Mario Cloutier La Presse Le milieu se remet à peine de la controverse et du séisme estival provoqués par le retrait des pièces de Robert Lepage SLĀV et Kanata. Or, la scène reste la meilleure agora où l'on peut (et doit) débattre des questions de société. Plusieurs productions de la rentrée le font. Survol des enjeux de la cuvée théâtrale d'automne, vues par six créateurs engagés dans l'art et dans la Cité. Annabel Soutar

Annabel Soutar Photo Ivanoh Demers, archives La Presse

Émilie Monnet Photo Simon Giroux, archives La Presse

Sa nouvelle pièce documentaire parlera d'accommodements raisonnables, d'intégration et de féminisme. Annabel Soutar cherche à concilier des points de vue opposés sur scène. « On essaie de créer un espace où c'est possible de parler et de confronter nos idées. Je ne peux pas "faire la paix" parce je ne peux pas résoudre la polarisation des idées. Mon rôle, c'est de comprendre sa mécanique et de permettre au public de détecter les problèmes. L'assemblée montrera différents points de vue. J'ai commencé la pièce quand j'ai vu ce qui se passait aux États-Unis. En interviewant des Américains, on s'est rendu compte que les gens ont de la difficulté à se parler. Annuler des pièces comme on l'a fait ici, ça ne sert personne. Leur présentation aurait été une occasion de rencontre et de médiation. » L'assemblée sera présentée à Espace Go du 10 novembre au 2 décembre. Émilie Monnet

Artiste en résidence au Théâtre d'Aujourd'hui, Émilie Monnet y prépare Okinum (« barrage », en anishinaabemowin). Elle croit que le temps de la réconciliation n'est pas tout à fait arrivé. « Les artistes ont toujours été les précurseurs Mykalle Bielinski des mouvements sociaux et des grands vents Photo fournie par Karine Tanguay de changement. Ce qui s'est passé cet été trouve écho dans la société, à un début de réflexion sur les réalités autochtones. Il faut penser à se concilier avant de se réconcilier. La société n'a pas conscience de nos réalités. L'art peut avoir cette portée. Avec Okinum, je veux offrir aux gens une expérience immersive dans la langue anishinaabemowin. C'est un début, je


crois. » Okinum sera présentée à la salle Jean-Claude-Germain du Théâtre d'Aujourd'hui du 2 au 20 octobre. Mykalle Bielinski Artiste multidisciplinaire, Mykalle Bielinski croit que la spiritualité peut amener des adversaires à mieux s'écouter. « Je m'intéresse à l'universel dans l'humain. La spiritualité et la poésie peuvent nous rassembler en faisant de la scène un espace où l'on communie ensemble. La spiritualité, c'est notre rapport à nous-mêmes, à la nature, à la communauté et à l'Autre avec un grand A. C'est ce qui a manqué cet été : l'ouverture, la sensibilité, l'écoute. La scène peut être un lieu où l'on prend conscience qu'on est interconnectés. Ce n'est pas religieux pour moi, c'est très concret. » Gloria est à l'affiche de certaines maisons de la culture du 29 septembre au 10 novembre. Mythe sera présentée à Espace libre du 12 au 16 février 2019. Fabien Cloutier Cet automne, Fabien Cloutier va créer sa nouvelle pièce, Bonne retraite, Jocelyne, à la Grande Licorne. Une charge contre l'hyperindividualisme et l'ignorance dans la société. Pour l'auteur, le théâtre joue un rôle essentiel à l'ère des réseaux sociaux et du commentaire à tout prix. Est-ce que le théâtre est fait pour réconcilier ou confronter les gens ? « Je dirais pour les deux, répond Fabien Cloutier. Chose certaine, le théâtre n'est pas là pour nous conforter dans nos certitudes. De nos jours, tout le monde croit et veut avoir raison. Les citoyens ont du mal à avoir des idées communes, parce que tout le monde se campe dans ses opinions spécifiques. C'est correct de faire entendre tous les points de vue. Mais si l'on devient incapable d'avoir des projets communs, pourquoi vivre en société ? Or, le théâtre est là pour aborder l'expérience humaine et collective. » Bonne retraite, Jocelyne sera présentée à la Grande Licorne du 9 octobre au 10 novembre ; au Trident à Québec au début de 2019. Sylvain Bélanger Le directeur artistique du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui (CTD'A) a concocté une saison, celle du 50e anniversaire, sous le signe de l'ouverture et de la diversité. Sylvain Bélanger fait du théâtre pour agir au lieu de réagir aux enjeux sociaux. « En survolant un demi-siècle de la dramaturgie québécoise, on réalise que les grandes pièces ont toujours donné la parole à ceux qui ne l'ont pas dans la société. Comme Joseph Latour dans Un simple soldat ou Germaine Lauzon dans Les bellessoeurs, pour prendre ces deux exemples. Toutefois, aujourd'hui, la réalité est tellement plus complexe que dans les années 50 et 60. Les marginaux, les dominés, ont des visages diversifiés. À la création de la compagnie, les cibles étaient très évidentes. Aujourd'hui, un jeune hipster du Mile End peut être aussi bourgeois qu'un enfant d'une riche famille d'Outremont. À mon avis, la création québécoise doit refléter les paroles de tous ces groupes. » Neuf (titre provisoire) de Mani Soleymanlou lance la saison du CTD'A, du 25 septembre au 20 octobre. Christian Lapointe Il y a 2500 ans, dans Les Phéniciennes, Euripide abordait la tyrannie du pouvoir. Avec Le reste vous le connaissez par le cinéma, une réécriture de cette pièce par Martin Crimp, Christian Lapointe pose la question qui hante le théâtre depuis les Grecs : pourquoi l'être humain reste-t-il impuissant à remédier à sa propre barbarie ? « Le théâtre est éminemment politique. Car c'est un art qui pose des questions sur la société, et sur le pouvoir nécessairement. Comme dramaturge, je m'amuse à danser sur les ruines du monde. Notre monde a changé et il va continuer de changer de plus en plus vite. Le théâtre est là pour fouiller les failles de l'expérience humaine. » Le reste vous le connaissez par le cinéma est présentée à Espace GO jusqu'au 6 octobre.







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Des mots sur un présent agité à Montréal

Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Angela Konrad adapte une critique de la société de consommation pour une distribution majoritairement féminine.

Marie Labrecque Collaboratrice 25 août 2018 Théâtre


La saison théâtrale d’automne ne recule pas devant quelques questions sociales, politiques ou économiques qui agitent notre époque. Parallèlement, on assiste à un certain retour du répertoire québécois des décennies 60 et 70, à l’instar de Les fées ont soif, qui sera revisitée au Rideau Vert. Panorama en douze coups de théâtre. Guerres et paix. C’est le sujet chaud du début de saison, trois pièces très attendues en septembre tournant autour de l’éternel problème des conflits armés entre humains. Dans Le reste vous le connaissez par le cinéma, à l’Espace Go, le formidable auteur anglais Martin Crimp s’est approprié Les Phéniciennes d’Euripide. Christian Lapointe met en scène cette lutte fratricide commentée par un choeur féminin. Oslo, de l’Américain J. T. Rogers, raconte les tractations en coulisse ayant mené aux accords de 1993 entre deux ennemis : Israël et l’OLP. Édith Patenaude monte ce thriller, maintes fois primé en 2017, chez Jean-Duceppe. Après son stimulant Dans la solitude des champs de coton, en 2016, le metteur en scène français Roland Auzet revient au Théâtre Prospero avec Écoutez nos défaites END. Une adaptation d’un roman de Laurent Gaudé, avec Gabriel Arcand. La parole libérée. Quelques bons échos nous sont parvenus des Barbelés, ce nouvel opus d’Annick Lefebvre (J’accuse) créé l’automne dernier au Théâtre de la Colline, à Paris, par Alexia Bürger — auréolée depuis par le succès de sa pièce Les Hardings. Un solo écrit pour la comédienne Marie-Ève Milot. Dès le 4 septembre, au Théâtre de Quat’Sous.


Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir Mani Soleymanlou poursuit sa théâtrographie avec «Neuf».

Humanité à la dérive. Golgotha Picnic de l’Espagnol Rodrigo García, qui met en vedette un Christ contemporain, a suscité des manifestations de catholiques lors de sa création en France en 2011. Angela Konrad s’empare de cette critique de la société de consommation et l’adapte pour une distribution majoritairement féminine (Sylvie Drapeau, Dominique Quesnel, Lise Roy). Du 18 au 29 septembre, à l’Usine C. Classiques français revisités. Une création sur une création : dans Candide ou l’optimisme, Pierre-Yves Lemieux montre la mise au monde du fameux conte philosophique par Voltaire (incarné par le brillant Emmanuel Schwartz) et son entourage. Alice Ronfard dirige cette production du Théâtre du Nouveau Monde (TNM). Avec Prouesses et épouvantables digestions du redouté Pantagruel, Gabriel Plante, lui, s’attaque à Rabelais et à son «hénaurme» univers satirique. Avec Paul Ahmarani, Nathalie Claude, Renaud Lacelle-Bourdon, Cynthia Wu-Maheux sur la scène du Théâtre Denise- Pelletier, c’est


prometteur. Le chiffre de l'automne. Poursuivant sa théâtrographie écrite en collaboration avec les interprètes, Mani Soleymanlou change toutefois de génération avec Neuf. L’auteur d’Ils étaient quatre crée ici avec un quintette expérimenté: Henri Chassé, Pierre Lebeau, Marc Messier, Mireille Métellus et Monique Spaziani, qui jouent un groupe d’acteurs. Dès le 25 septembre, au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Tribunal populaire. Après Pour réussir un poulet, la nouvelle création de Fabien Cloutier, Bonne retraite, Jocelyne, s’attaque à la «culture du vide», aux jugements expéditifs et à l’ignorance. Le mordant dramaturge y orchestre une réunion familiale qui vire au tribunal populaire. Dès le 9 octobre, à La Licorne.

Photo: Pedro Ruiz Le Devoir La nouvelle création de Fabien Cloutier, «Bonne retraite, Jocelyne», s’attaque à la «culture du vide», aux jugements expéditifs et à l’ignorance.

Un nouveau chez Tremblay. Bonjour, là, bonjour est, étonnamment, la première incursion de Claude Poissant chez le dramaturge québécois. Le metteur en scène monte cette oeuvre de 1974 sur un amour interdit et les carences de la communication, avec une forte distribution : Sandrine


Bisson, Francis Ducharme, Diane Lavallée, Mylène McKay, Gilles Renaud… Dès le 7 novembre, au Théâtre Denise-Pelletier. Les débats sont ouverts. Le nouveau sujet auquel s’attaque Porte Parole (J’aime Hydro) s’annonce d’une grande pertinence. En cette ère de polarisation idéologique croissante, la compagnie documentaire a orchestré des débats autour de thèmes polémiques (ici, accommodements raisonnables et féminisme) entre des individus d’opinions et de cultures diverses. Des échanges que recréent des comédiens (dont Pascale Bussières) sur scène dans L’Assemblée. On pourra aussi voir une version anglophone du prometteur concept, inspiré de participants et de sujets différents. Dès le 13 novembre, à l’Espace Go. Amours russes. Tchekhov était déjà l’inspirateur du spectacle qui a révélé Angela Konrad à Montréal, Variations pour une déchéance annoncée. Cette fois, la prolifique créatrice utilise la première pièce, inachevée, du grand dramaturge russe afin d’examiner la part d’ombre des relations amoureuses à travers la « reconstitution d’un meurtre passionnel » dans Platonov, amour, haine et angles morts. Dès le 20 novembre, au Théâtre Prospero. #MeToo. Quatre années après sa riche Tribus, montée à La Licorne, Frédéric Blanchette renoue avec l’intéressante auteure anglaise Nina Raine dans Consentement. Axée sur deux couples d’avocats qui voient leur vie privée s’engluer dans l’ambiguïté des rapports humains, des concepts de vérité et de consentement sexuel, cette « tragicomédie » créée tout juste l’an dernier ne pourrait être d’une plus brûlante actualité. Dès le 2 décembre, au Théâtre Jean-Duceppe. Doublé Marcel Dubé.Qui s’attendait à voir deux pièces de ce pionnier de la dramaturgie québécoise à l’automne 2018 ? Au TNM, Benoît Vermeulen monte le rare Bilan, l’oeuvre de 1960 avec laquelle Dubé a amorcé sa critique du monde bourgeois. Avec notamment Sylvie Léonard et Guy Jodoin. Et dans une rencontre artistique des plus intrigantes, Christian Lapointe dirige onze jeunes diplômés de l’École nationale dans une relecture de cette charge sociale qu’est Les beaux dimanches. À La Chapelle. Pauline Julien et Gérald Godin.Coïncidence : deux spectacles font revivre le mythique couple d’artistes engagés. On verra à Fred-Barry Je cherche une maison qui vous ressemble, une création de Marie-Christine Lê-Huu, dirigée par Benoît Vermeulen. Et au Studio d’Espace Libre, Je ne te savais pas poète s’appuie sur la correspondance passionnelle entre la chanteuse et le ministre. Banque et théâtre Peu exploré au théâtre, le monde de la finance est l’objet de deux spectacles, qui touchent de différentes façons à la crise économique de 2008. Et à la faillite de la banque Lehman Brothers. Remontant jusqu’à la fondation de cette entreprise, Chapitres de la chute retrace les sources du capitalisme moderne. Dans cette saga de quatre heures, l’Italien Stefano Massini — directeur du réputé Piccolo Teatro de Milan — brosse une histoire de l’Amérique. Un duo de metteurs en scène hot, Marc Beaupré et Catherine Vidal, monte l’ambitieux projet au Quat’Sous, à la mi-octobre. « Fiction documentaire » primée, L’art de la chute explore le marché de l’art. Lors de la création à Québec, au printemps 2017, notre collègue Simon Lambert saluait la « profondeur remarquable » de


cette création collective dirigée par Jean-Philippe Joubert. Dès le 11 septembre, à La Licorne.








Publié le 21 juin 2018 à 11h26 | Mis à jour le 21 juin 2018 à 11h26

Construire l'avenir à Espace Go

Mario Cloutier La Presse Après des travaux majeurs et une demisaison 2018, Espace Go est prêt à faire les choses sur une grande échelle. Avec de grandes dramaturges et metteures en scène... accompagnées de quelques hommes. La directrice d'Espace Go, Ginette Noiseux, se dit «très contente et allumée» à la veille de sa saison 2018-2019.

Ginette Noiseux, directrice d'Espace Go Photo Edouard Plante-Fréchette, La Presse

«C'est reparti en grande. C'est la première fois que j'arrive à avoir une mainmise beaucoup plus importante sur l'ensemble de ma programmation, j'en rêvais», dit celle qui a déjà fait l'objet de critiques à ce sujet. Mais Ginette Noiseux regarde vers l'avant...

et l'avant-garde, pourrait-on ajouter «Moi, je construis l'avenir. Le projet de construction est un legs pour le futur. Toute la question de la parité a sauté deux décennies. Pendant ce temps, j'ai été assez seule. Plusieurs femmes ne voulaient même pas se dire féministes. Il faut rendre visible notre différence.» Espace Go produira quatre spectacles en plus d'en diffuser quatre autres. Que ce soit avec Patti Smith (Parce que la nuit), Evelyne de la Chenelière (Électre) ou les Phéniciennes d'Euripide (Le reste vous le connaissez par le cinéma), la parole des femmes y est omniprésente, tant à la mise en scène, à l'écriture qu'à l'interprétation. «Toutes les femmes de la saison s'inscrivent dans le monde qui les entoure. Ce sont des femmes atypiques ayant un impact social.» Après 35 ans à la barre, Ginette Noiseux semble plus que jamais confiante pour l'avenir d'Espace Go et des femmes en théâtre. «C'est quand même un théâtre que je trouve écoeurant. C'est une réalisation de femmes, qu'on le conteste ou pas. Personne ne peut nous l'enlever. Ça n'existe pas ailleurs. D'avoir fait mentir, à travers les décennies, tous les moqueurs et les défaitistes, ça me fait plaisir.» Les travaux de rénovation se poursuivront jusqu'au 30 septembre. «Un chantier de construction, qui s'élève à 6,5 millions et qui n'est pas fini, ce n'est pas que du béton. Le projet architectural d'Espace Go reflète un projet artistique plus profond. Quand tu n'avances pas, tu recules. Les travaux vont continuer de positionner Espace Go comme un véritable centre de développement et recherche et de création de haut niveau.» À venir


Espace Go présentera aussi l'an prochain Strindberg, une pièce qui donne la parole aux ex-femmes de l'auteur suédois antiféministe sous la plume d'entre autres Anaïs Barbeau-Lavalette, Rachel Graton, Emmanuelle Jimenez et Catherine Léger, dans une mise en scène de Luce Pelletier. La nouvelle compagnie en résidence au théâtre du boulevard Saint-Laurent, Porte-parole d'Annabel Soutar, y présentera sa nouvelle pièce, qui parlera de «sujets chauds», L'assemblée, au mois de novembre. Mais encore, Espace Go ouvrira au printemps son «Chantier féministe en théâtre». Pendant six jours, des conférences, des ateliers et des débats feront valoir la nécessité de la contribution des femmes au théâtre. «On va parler de moyens pragmatiques, concrets. On va travailler ensemble et créer des réseaux. Je marche complètement avec les Femmes pour l'équité en théâtre (F.É.T.). Le mouvement me passionne. La vraie parité, c'est d'être traitées comme artistes.» Les quatre pièces d'Espace Go en quelques mots > Le reste vous le connaissez par le cinéma Texte de Martin Crimp Mise en scène de Christian Lapointe Du 11 septembre au 6 octobre «Il y a 14 interprètes sur scène, note Ginette Noiseux, dont 9 femmes. C'est le regard des femmes sur ce monde chaotique, barbare et violent dans lequel les hommes peuvent s'embarquer. On donne la parole à celles qui le subissent. Elles interrogent l'histoire. C'est un spectacle événement.» > Électre Texte d'Evelyne de la Chenelière Mise en scène de Serge Denoncourt Du 22 janvier au 17 février 2019 «Magalie Lépine-Blondeau avait envie d'aller ailleurs. C'est une actrice qui arrive à une certaine maturité. Evelyne de la Chenelière, qui ne fait jamais les choses à moitié, réécrit le mythe d'Électre. Il y a peu de grands personnages principaux féminins, sauf à l'Espace Go. Électre est peut-être le premier grand personnage féminin de notre civilisation.» > Parce que la nuit De Brigitte Haentjens et Dany Boudreault Mise en scène de Brigitte Haentjens Du 5 au 31 mars 2019 «C'est un projet qui habite Brigitte Haentjens depuis très longtemps. Patti Smith est une grande poétesse. Elle a créé le mouvement punk et cette image de femme androgyne très libre. Brigitte, qui a une plume formidable, travaille en collaboration avec Dany Boudreault. Ils ont développé une complicité autour de cette matière.» > Quartett D'Heiner Müller Mise en scène de Solène Paré Du 19 mars au 6 avril 2019


«Après Sophie Cadieux et Evelyne de la Chenelière, Solène est notre nouvelle artiste en résidence. Elle n'a que 25 ans. Depuis l'École nationale de théâtre, j'ai vu tous ses travaux. Elle a une pensée fouillée, colorée, riche et exigeante.»


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