RifRaf FR mars 2016

Page 1


BILBO RECOMMENDS

‘‘STA FF PICK S ’’

15,00€

12,50€

14,50€

MAVIS STAPLES

VIOLENT FEMMES

DAN SAN Shelter

Good Grief

14,50€

14,50€

12,50€

Livin' On A High Note

TIGA

We Can Do Anything

14,50€

14,50€

LUCIUS

M. WARD

15,50€

17,50€

More Rain

No Fantasy Required

Hills End

DMA'S

THE KVB Of Desire

Zanaka

JAIN

BENT VAN LOOY

16,00€

16,00€

12,50€

14,50€

14,50€

JACK GARRATT

SOLDIER'S HEART Night By Night

BLACKIE & THE OOHOO'S Lacuna

Long At Home

LAPSLEY

HATY HATY

16,50€

7,00€

14,50€

14,50€

14,50€

JOHN COFFEY

ANIMAL COLLECTIVE Painting with

United Crushers

Phase

EVA DE ROOVERE Chanticleer

A house For Thee EP

A LT E R NAT I V E ON L I N E R E C OR D S T OR E • BI L B OR E C OR D S . BE BI L B O • MG R . L A DE U Z E PL E I N 2 • B -3 0 0 0 L E U V E N

POLIÇA

Pyjama Days

High As The Sun

DJ KICKS

Moodymann


Colofon

© Mothmeister @ instagram

218

www.rifraf.be Année 22 nr. 218 RifRaf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 Mechelen e.r. Mieke Deisz pas en janvier et août rifraf avril sort le 01/04

année 22 • mars ‘ 16

Tu sais que Daho a parlé de moi? Étienne lance son boomerang en un phrasé théâtral, très Luchinien, à l’adresse de celle qui s’extrait ruisselante du bain. Trop impatient pour guetter une réponse, une main sur le cœur, l’autre tenant un illustré, notre tribun Saint-Gillois s’engouffre dans la lecture de l’extrait incriminé, une interview parue dans Rock & Folk. C’est rigolo, en plus vous avez le même prénom, pouffe Solange qui sort de la salle d’eau et manque de l’interrompre. Mais Étienne ne faiblit pas, termine sa lecture, referme le précieux puis entame l’exégèse des saintes écritures : Quand même! Tu te rends compte? Merdre, c’est Daho, le Rimbaud de Saint-Germain-des-Prés! Les Inrocks en sont fous, tu comprends... Mazette. Mazel tov! Imbroglio, carambolage, constat à l’amiable, Étienne entre dans Solange. Merci aux ambitieux (...) leurs récompenses ne me paraissent pas suffisantes pour compenser l’aliénation du sentiment intérieur. Extrêmement enthousiaste, voire exalté, Étienne ne tient pas en place. Le voici qui bondit du lit, enfile un peignoir de gala, se coiffe d’un feutre tiré sur le front d’un geste sec - tout est allé trop vite, c’était peut-être une casquette, puis se jette sur la toile pour agrémenter sa fiche Wikipédia avant d’inonder les réseaux. Pour empoigner son vit son œuvre, il en est déjà à la sixième mouture, l’ampleur de la tache demeure pharaonique, sans compter qu’il n’a, pour ainsi dire, pas encore foutu une rame pour son prochain essai, Les douze travelos d’Hercule, un petit trot de pop philosophie. Levant son mono-sourcil tout en mâchonnant un gros stylo on essaie d’arrêter de fumer derrière les écrans, Étienne semble obnubilé par l’aiguillage d’une phrase, un embranchement de sa destinée, fulmine, crache un épais nuage de vapeur - ah tiens non, c’est une cigarette électronique, se recule dans son siège pour contempler son dur labeur, puis siffle : Pas mal, Pas-mal-du-tout! De La Ciotat, on se fait tout une image. Même dans ce trou, il est possible d’aller s’embourber dans les réseaux sociaux, ces égouts de la colique verbale. (...) Rien de plus facile que d’avoir une opinion sur le monde et de l’agiter en poussant des cris (...) On s’est rencontré deux ans auparavant lors d’un dîner. Au dessert, Solange, Youtubeuse émergente, évoque un concept révolutionnaire de “murder-partouze” : un jeu de rôle grandeur nature où tout le monde baise en menant une enquête, c’est une sorte de Cluedo du cul...Vous verrez, ça vous plaira beaucoup. Étienne pense Mouais bof, c’est son caractère jouette. Bref, on rentre tard. Rochefort, ses demoiselles, son festival du rire, son Jean, sa Triple, accordons à Étienne le bénéfice

du doute. Or la relation pérennise, pire elle s’éternise. On tente de l’accommoder avec des restes : une razzia chez Ikea, un risotto aux courgettes, elle évoque d’innombrables jeunes hommes lui faisant du plat, il relate d’incessantes conquêtes, lui parle de Tartufe, elle accommode des truffes avec une omelette. Bref, on se taquine. Du reste, Solange ne risque pas de s’embêter : elle s’adonne à une passion nouvelle pour le jardinage avec ardeur et Vivacité (99.3). Étienne aussi a très envie de biner. Mais parfois les likes et les commentaires se font attendre, c’en est insupportable. Pour prendre son sirop, il allume la télévision où, en hommage à Charlie, un serveur sabre un Cabuchodonosore de champagne, en verse le contenu au sommet d’une pyramide de verres, il doit se servir chambré ironise un convive. Bras dessus-bras dessous avec Patrick Pelloux, Cyril Hanouna entonne la Marseillaise : PSG on t’encule, PSG on t’encule, (plus bas) j’ai perdu un pari les chéris. La soirée est sponsorisée par le nouveau géant chinois de la téléphonie mobile Huawei. Mouais, articule Étienne, on le reconnaît bien là, ne comprenant pas très bien pourquoi on ne l’a pas invité. Ça fait tache. D’ailleurs il essuie une larmichette de Gin. Les invités qui acceptent le sac avec le petit cadeau s’engagent a poster un tweet et deux photos citant nommément le produit. On a ratissé large. Gaultier smile en écartant l’index et le majeur pour un selfie avec Nikos, Laurent fontaine, Pascal bataille. Sous la porte, par les fenêtres, en 140 caractères, ça finira bien par rentrer. Des fois, on a envie d’ouvrir grand les fenêtres : y a quelqu’un qui a posté? Mais il est vrai que la liberté d’être soi demande de la persévérance à l’encontre de ce que l’entourage exige de vous. Soufflant un courant d’air frais, fantasque, nous chouchous danois d’Efterklang s’y entendent question sons de cloches. Associés au batteur finlandais Tatu Rönkkö, Casper Clausen et co. enflamment la sphère pop avec Liima, nouveau projet inventif et bondissant. Quelques échos de crooners plantés dans le cœur, une multitude d’envies électroniques dans les guibolles, la richesse sonore déborde du bidule. Le fantôme de Bowie vient faire un tour, la classe de Brian Ferry pointe le bout de son nez, on frissonne du cortex. Beam me up, Scotty!

rédaction Fabrice Delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 16/03 agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 21/03 Layout Peggy Schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie Corelio printing, Erpe-Mere collaborateurs Nicolas Alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, Le Dark Chips, Patrick Foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Antoine Meersseman, Anne-Lise Remacle, Eric Therer, Fabrice Vanoverberg,... dessins Issara Chitdara photo cover Thomas M. Jauk Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 20 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB

Texte : Fabrice Delmeire Un livre : Georges Picard, ‘Merci aux ambitieux de s’occuper du monde à ma place’, Éditions Corti. Un disque : Liima, ‘ii’ (4AD/Beggars)

Tous droits réservés. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée dans un système de récupération ou transmise sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit sans l’accord préalable de l’éditeur.


Ouvrir une porte, maléfique. Se laisser vampiriser par les deux ombres tapies dans l’obscurité. Ce sont celles de Marc Hurtado et de Z’ev, sur leur premier lancer commun ‘Sang’ (Monotype Records). Se dire qu’à l’inverse d’Attila, l’herbe ne cesse de repousser là où passe le génial percussionniste américain. Il trouve en l’expérimentateur français, habitué des collaborations sous son propre nom et surtout au sein du fameux duo Etant Donnés (aux côtés de son aîné de frangin Eric) un partenaire à la hauteur de ses ambitions. Où tout est noir, à l’instar de la pochette. Où l’inquiétude est un euphémisme radical, scandé par la voix d’outretombe de l’artiste de Grenoble. Qui nous invite à lui donner notre corps, on se laisserait prendre au jeu si on ne craignait pas de se faire dévorer le pancréas tout cru. Dans une atmosphère post-industrielle de fin des temps, où les coups de semonce vénères lisent les lignes de la main, en une ensorcelante voyance d’avant l’apocalypse. Un regret? L’absence de variations stylistiques. ★ ★ ★ On le connaît pour l’avoir fréquenté en d’autres lieux, ils sont des plus respectables entre le Japon (Spekk) et le Luxembourg (Own Records). Federico Durand débarque sur 12K, endroit de prédilection des artistes pour qui le calme est une seconde (fausse) nature. Une fois de plus, l’essai du musicien argentin est remarquable de tranquillité évaporée. Bien que, ça surprendra toujours, notre homme soit originaire du pays du tango, son ‘A Través Del Espejo’ nous emmène dès les premières secondes dans un immense saut par-delà le Pacifique, adjectif des plus adéquats pour qualifier sa bluffante sérénité. On se met à rêver d’un temple zen perché sur un mont enneigé du nord de l’archipel nippon, une vie entière passée loin des fracas de la folie humaine à observer le fil des saisons, seul accroupi parmi les vivants trop pressés. Après ce formidable disque ne manque plus qu’un film de Naomi Kawase (marche aussi en mode Yasujiro Ozu vs. Chihei Hatakayema). ★ ★ ★ Dix ans de carrière, une discographie longue comme un jour sans Chris Watson, Simon Whetham figure parfois dans nos priorités d’écoute, à l’image de son excellent ’What Matters is that It Matters’ sorti l’an dernier sur Baskaru. Si d’évidence, sur ‘Against Nature’ (Crónica), l’électronicien britannique continue de multiplier les sources et les manipulations, à la recherche d’une ligne de force habitée, l’essai est moins concluant. On ne lui reprochera pas de s’abandonner à la monotonie, tant un même morceau peut receler des sonorités diverses - elles vont de (souvent) Fennesz à (parfois) GertJan Prins, c’est dire - mais il manque à ses variations un support que le disque seul ne lui permet pas. On imaginerait très bien certaines séquences dans une installation de Michael Borremans au Wiels ou dans un ballet contemporain d’Anna Teresa De Keersmaeker, tant la matière est dense et profonde. Seul au casque face à son immensité, on se sent perdu et abandonné. ★ ★ ★ C’est peu dire que les Berlinois de l’ensemble Zeitkratzer sont au panthéon de la modernité insoumise aux diktats de la mode. Il nous a suffi de se rappeler que le collectif Column One avait collaboré avec eux (sur l’excellent ‘Entropium’) pour qu’on s’y jette les deux oreilles en avant sur le double album ‘Cindy, Loraine & Hank’ (90% Wasser). Et bien, après nombre d’années à fréquenter le genre, on ne se lasse pas des multiples accidents sonores, impromptus et fragmentés, que la noise peut engendrer. Qui plus est, la simple notion de bruit ne suffit que très partiellement à embrasser le phénomène, tant les déclinaisons alla Column One virevoltent entre musique concrète, explosions électroacoustiques et chuchotements post-modernes. Telle une formidable invitation à une répétition de la formation de Rene Lamp et Robert Schalinski, on se glisse dans la peau d’une souris planquée secrètement dans un coin de studio, les écoutilles grandes ouvertes. Elles essaient de comprendre la multitude de collisions fractales qui sous-tendent le dynamisme tentaculaire du bidule. Telle une construction enchevêtrée dont l’origine se serait perdue dans la mémoire de son créateur, l’œuvre conserve sa part éternelle de mystère, pour toujours et à jamais. Une splendide excuse pour y revenir encore et encore. ★ ★ ★ Américain de Tokyo, voilà qui démarre fort, Will Long aka Celer nous emmène à l’automne 2012 sur ‘Akagi’ (Two Ahorns). Invité à une séance de yoga dans le temple de Yougenji, où il devait créer une pièce qui servirait de décorum sonore au prof de la discipline, Long s’est tellement bien prêté au jeu qu’au cours de la séance, nombre de participants se sont... endormis, transportés par l’activité et son accompagnement sonore. Si l’évanescence de la séquence, étirée sur 1h20, est d’une profonde évidence, elle vaut bien plus qu’une simple toile de fond pour yuppies en mal de détente cérébrale. D’une profonde douceur, elle décline seconde après minute un sentiment d’abandon étrange, où plus rien ne compte. Autant dire qu’on ne risque pas de l’entendre dans ces horribles boutiques nature en toc de nos centres commerciaux, faux prétextes écologiques à une consommation immédiate. C’est tant mieux. ★ ★ ★ De la musique improvisée? De la musique contemporaine? Les deux, mon commandant, sur ‘Terrain’ (Gaffer Records), LP de la Berlinoise (again) Magda Mayas. A l’écoute de ses deux pièces en solo, on vous met au défi de ne pas tenter le rapprochement avec les pièces pour piano préparé de John Cage. Si l’une d’entre elles se sert d’un clavinet (un piano électrique aux sonorités proches du clavecin) et l’autre d’un piano traditionnel, on ne sent toutefois nulle compassion pour l’héritage cagien, en dépit d’une évidente filiation, principalement sur le premier volet ‘Trace’. La deuxième pièce ‘Shimmer’ est d’une superbe énergie dévoyée, aux relents de proto blues noisy et de rock en totale déstructuration. En prime, une virtuosité déconcertante ponctue l’envoi, pan dans les gencives. Allô docteur? t e x t e Fa b r i ce Va n ov e r b e rg

Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.

Les lieux d’André Brasseur On rechercherait en vain les traces du Pow-Pow à Marche-enFamenne. L’enseigne a disparu depuis longtemps, ingérée dans les méandres du temps. On peut s’imaginer un dancing campé le long d’une route nationale, doté d’un vaste parking de gravier. A son apogée à la fin des années 60, il drainait à lui des centaines de noctambules en quête d’un moment de répit une fois la semaine de labeur terminée. Ils débutaient la soirée devant un steak ou une entrecôte, et une bière, une bonne bière. Pow-Pow Dancing-GrillStereosound. Manger, boire, danser en stéréo. Changer de décor pour exercer son droit au délassement, l’incarnation ultime des golden sixties. Peu après, La Locomotive à Barbençon – un tout petit village à quelques encablures de Beaumont non loin de la frontière française – prendrait le relais. A nouveau, un rituel s’y tiendrait tous les week-ends. Flanquée d’une véritable locomotive qu’il aurait fallu acheminer depuis la brasserie Vandenheuvel à Bruxelles, évitant les ponts pour ne pas devoir sabrer sa cheminée, la discothèque capterait à elle son va-et-vient de sorteurs. De l’autre côté de la chaussée, L’Auberge du Cheval Blanc les accueillerait pour une consommation, une bière à moindre prix. La série des slows que distillerait immanquablement le dj les rappellerait à l’ordre, franchissant à nouveau la rue en sens inverse pour aller enlacer leur promise. Malgré l’incendie de sa toiture à l’été 2011 suite à un coup de foudre, le lieu subsisterait encore aujourd’hui. Ces lieux ouverts et gérés par André Brasseur seraient vite apparus comme une manne céleste, générant de plantureux revenus. Des temples de loisirs concrétisant son insatiable envie de faire danser les gens, la seule véritable prétention qu’il n’aura de cesse de poursuivre tout au long de sa vie. Paradoxalement, ils entravèrent la poursuite de son activité de musicien, réduisant son temps libre pour composer. Brasseur parvint à mener les deux activités de front pendant plusieurs années, prenant soin de ne pas mêler ses activités, s’interdisant de jouer plus de deux fois l’an – au Nouvel An et au cœur de l’été – au Pow-Pow. Les lieux d’André Brasseur ne se réduisent pas à ses titres de propriété. Ils s’incarnent dans bien d’autres endroits dont certains mythiques. A Comblain-la-Tour, au début des années soixante, Brasseur, alors enrôlé au service militaire, dirigera un band figurant à l’affiche du célèbre festival. L’Orchestre de Jazz de l’Armée Belge qu’il dirigeait tiendra ses répétitions au Petit-Château, Boulevard du 9ème de Ligne. Des musiciens américains, séduits par son talent naissant, essayeront de le convaincre pour qu’il traverse l’Atlantique, en vain. Ce natif d’Ham-sur-Sambre, alors persuadé de faire carrière à Paris, préférera rester en Europe tout en ne cessant de rêver l’Amérique : on le verra à maintes reprises jouer avec son orgue au Los Angeles, quelque part entre Martelange et Bastogne et au Las Vegas à Marche. A Bruxelles, Brasseur sera résident à La Récréation, un club proche de l’Ancienne Belgique où la chronique rapporte que Claude François viendra l’écouter plusieurs fois, tentant de l’embaucher, ce que refusera Brasseur, fidèle à son amour du jazz et du blues. Il sera également un hôte régulier de l’Hôtel Métropole où il fera résonner son Hammond dans ses salles majestueuses. Plus tard, Brasseur sillonnera les routes et les bals de Belgique, par dizaines, par centaines. Il y jouera ses tubes tels ‘The Kid’, ‘Atlantide’ ou ‘Early Bird’ qui se vendra à des millions d’exemplaires à travers le monde. D’autres de ses morceaux instrumentaux seront repris comme génériques d’émissions de télévision ou de radio. Aujourd’hui, à septante-six ans, il vit à Namur où on peut encore l’entendre jouer son instrument à l’occasion. Même s’il a rejoint le patrimoine musical et mémoriel national, il est toujours là, en vie et en sons. Un disque : André Brasseur, ‘Lost gems from the 70’s’ (Sdban/News) On Stage : 19/03, Leuvenjazz, Minnepoort, Leuven t e x t e E r i c T h e re r


"Je n'étais qu'un gamin irritant, menteur et roux" (Aphex Twin)

Il y a un peu plus de 20 ans, les iconoclastes Black Dog publiaient le chimérique ‘Spanners’ et emmenaient la dance-musique sur des terres inconnues; l’IDM grandissait alors, IDM pour « dance musique intelligente » : rythmes qui entrent en collision, bégaiement de tempo, gargouillis de basse et quelques mélodies New Age. Rendant hommage à l’inusable son du trio anglais, Prins Thomas assume clairement la profonde inspiration qui a nourri ‘Principe Del Norte’. Qualifié comme ses voisins de producteur space-disco, le Norvégien fait ici la promesse de l’espace sans la discothèque. Et puisque l’espace prend du temps, aucune des 9 plages proposées ne fera moins de 8 minutes. Comme un test d’endurance. Se plier aux conditions de l’œuvre. Respecter l’exercice. Disque résolument en mouvement, son créateur vous conseillerait presque de l’allier au roulis du train ou aux roulements du vélo. Vous veillerez à respecter scrupuleusement l’ordre choisi. S’enchaîneront alors des échos de Krautrock, Spacemen3 et du The Orb des années 90’s, chaque son restituant le souvenir de pionniers tels que Terry Riley, Steve Hillage et Manuel Goottsching dans les années 60 et 70. Certains y verront du easy-listening intello, d’autres une expérience cathartique et hallucinogène. Botanique ou zombie ? ★ ★ ★ Il doit régner un beau bordel dans la caboche de Bit-Tuner! Admettons qu’on puisse voir dans ‘A Bit Of Light’ un soupçon de clarté dans les ténèbres, les lumens mis à disposition seront tout de même peu de chose face au chaos à éclairer. Si certains artistes se risquent à enchaîner influences et styles avec plus ou moins de réussite dans un même album, le Suisse s’évertue à retenter l’expérience à chaque titre! Fascinant et épuisant à la fois. Bass music, electronica et techno y cohabitent avec intensité et une belle homogénéité. Un exercice à rendre la dub-step digne d’intérêt, la musique de Detroit chaleureuse et à réclamer davantage de mélodies acides. Bit-Turner servirait des choux de Bruxelles aux enfants qu’ils en redemanderaient : l’ordure ! Petit souci de taille dans notre cas, on ne sait pas ce que le chef nous fait avaler. Mais bordel ce que c’est bon ! ★ ★ ★ Encore de l’IDM. Encore du space-disco. Encore une double décennie à fêter. Cette fois, c’est le producteur Ed Upton qui reprend du gâteau en auréolant son projet principal, DMX Krew, d’une nouvelle sortie. Oubliant pour un temps ses nombreux visages, Upton concentre son attention sur un aggloméré de sons 80’s et d’idées noires, monde imaginaire et inconnu entre Giorgio Moroder et Jan Marteau. Objet ludique à l’époque indéterminable, ‘You Exist’ représente une bulle d’air salutaire dans un registre où l’oxygène vient à manquer. Vous voilà au volant d’une Ferrari Testarossa, toit ouvrant et cheveux au vent, votre blonde gardant un œil sur le volant. Méfiez vous tout de même puisqu’un fou volant lourdement armé est sur vos traces. Out Run Vs Space Harrier! ★ ★ ★ Élément catalyseur du catalogue (Planet Mu), Alan Myson crée à profusion sur les terres britanniques. Deux ans après un double LP, Ital Tek en revient à ses projets de jeunesse : créer dans la plus stricte simplicité comme il l’aura fait à l’aube de ses 14 ans, encore émerveillé par la Symphonie N°3 d’Henryk Gorecki. Guitare et boîtes à rythmes comme géniteurs, ‘Hollowed’ est à l’image de sa promesse : un magma de sons sur un condensé de rythmes et de boucles qui pourraient s’éterniser si le support le permettait. Essai résolument intellectualisant mais jamais barbant si l’on accepte cependant que le dub-step puisse être réinventé en une forme élégante, impressionniste et abstraite à la fois. Le RonRon du moteur. ★ ★ ★ Comme souvent chez Venetian Snares, la simplicité de l’intitulé s’annonce comme un traquenard pour imprudent. L’idée même que Aaron Funk puisse exposer clairement ses intentions dans un titre dépasse l’entendement. Toutefois, situé physiquement entre le solide bûcheron et le moine ahuri, l’auteur de ‘Traditional Synthesizer Music’ répond au défi de créer par la seule voix du synthé modulaire, sans enregistrement supplémentaire et sans aucune édition : sans filet en somme. Essayez toujours de déceler l’énorme dose d’improvisation du devoir, l’objet est trop précis et sa découpe si méticuleuse. N’en demeure pas moins un son abrasif dans cet esthétisme simple, un effort intellectuel de tout moment caché derrière une annonce à première vue inoffensive. Venetian Snares a définitivement le don d’exploiter les énergies élémentaires et de les plier à sa volonté. Une construction férocement complexe bâtie, sur une racine pure et primitive, par son propre chaos. Primal. ★ ★ ★ Le Hollandais fait du bon fromage. Le Hollandais cultive de jolies fleurs. David Douglas et Blaudzun sont hollandais. David Douglas et Blaudzun forment le groupe Haty Haty. ‘High As The Sun’ est le nouvel album électro-pop de Haty Haty. David Douglas et Blaudzun ne sont ni fromager, ni fleuriste. ‘High As The Sun’ n’est ni bon, ni joli. Un suppo et au lit ! ★ ★ ★ « Mon idée initiale était d’explorer la science-fiction. Mais il m’a semblé très vite évident que mon aventure allait davantage être intérieure que spatiale. ». Tels étaient les mots de Surgeon à la sortie de son album précédent. Machine arrière pour ‘From Farthest Know Objects’ qui rassemble une potentielle compilation de huit hits pop venus de galaxies lointaines. A croire que l’extra-terrestre aime la techno basique puisqu’il ramène Surgeon à un style qu’il avait délaissé depuis plus de 20 ans. La note d’intention est uniforme, simple dans sa construction, les rythmes binaires, les arrangements sans chichi. Et au milieu ? Des synthés qui hurlent leur colère dans le champ stéréo. Si cette collection d’objets lointains manque son projet de nous divertir, elle remplit aisément le dessein de nous rendre fou. texte Le Dark Chips

Le château des nus et des morts Au début, c’était en hiver, le chat crevé devant la porte était délicatement couvert du gel matinal. Ses yeux sans âme rappelaient singulièrement les fenêtres du château. Le corps sans vie sur le côté de l’entrée principale n’invitait plus personne à l’asile, il était l’excroissance, la bile noire de cet habitacle de mélancolie. Les poils gelés qui se cassaient à leur contact, la mâchoire figée un peu déboîtée laissait entrevoir l’abord d’un tunnel sombre dont personne n’aurait plus l’accès. Un mégot de cigarette se consumait non loin, les volutes s’engouffraient dans le tunnel pour partir en fumée sous la voûtes du château. Comme si à cet exact moment, à cet exact endroit le destin de l’animal et de la bâtisse était lié. Comme si la carcasse du chat en devenait le vestibule délabré. Comme si la terre penchait à cet exact endroit, à cet exact moment. C’était en hiver et la fissure de la façade n’avait jamais semblé si béante. C’était en hiver et il n’avait jamais fait si froid le jour où le troisième étage a disparu. La lourde porte d’entrée sortait partiellement de ses gonds, un acronyme en laiton doucement grignoté de morsures verdâtres pendait mollement suspendu au dernier clou ayant résisté aux tourments que transpiraient les murs. Le papierpeint usagé se rappelait l’époque des cris, l’époque où des vivants s’empoignaient encore entre les murs, des vivants en costumes trois pièces, des vivants en haillons, des vivants en tabliers foulant le hall d’entrée en grelottant ou en marchant lentement. Le parquet d’une tristesse infinie s’effondrait progressivement là où il n’était pas maculé de tâches pourpres ramassées en amas concentriques, mémoire oubliée trop lourde à porter. Le planches vermoulues mais robustes en avaient probablement trop supporté. Le drame des châteaux c’est le poids des histoires à porter, les châtiments des crèvela-faim à subir. Dans le cœur du bâtiment la lumière gagnait du terrain en faveur de la béance défigurant maintenant horriblement la façade. Des étourneaux avaient fait leur nid dans la cicatrice informe. Cela devait être le printemps. Il y avait d’élégantes tables de travail fendues, de confortables fauteuils à trois pieds, des lits précaires, des portraits de famille tordus qui jalonnaient les pièces du château. Les meubles semblaient être de plus en plus à l’étroit dans leur habitat, chaque soupir de la demeure, chaque respiration la faisait se collaber de quelques millimètres. Ce fut l’impressionnante horloge de parquet en chêne massif régnant avec terreur sur le salon qui fut la première à exploser sous la pression du plafond, puis vint le tour des étagères, des lustres, des chaises, des fenêtres. La lumière était par ailleurs devenue aveuglante, elle émanait de la brèche de façon continue. L’été contribua largement aux premières flammes. L’automne passa rapidement et eut son lot de désagrégations, seule la dépouille du chat demeurait intacte, épargnée des saisons. Vague mémoire de l’emplacement du château. L’hiver qui suivit fut des plus doux. Le pelage du chat avait obtenu une couleur rousse des plus intrigantes sur son corps immobile. Le sol à ses côtés était nu et saignait par hémorragies irrégulières, de petits marécages de boue coagulée se créaient alors rajoutant à l’aspect désertique du terrain. Le silence n’était rompu que par un bruit provenant de la terre. Un battement rythmé venant des profondeurs soulevant de la poussière toutes les 3 minutes. Certaines nuits on pouvait y entendre des râles, des pleurs ou des soupirs. Le château enterré-vivant avait, quelque part dans les abysses repris ses droits. Il se nourrissait des vers, des détritus, de l’humus pour devenir enfin le royaume des nus et des morts. Une chanson : ‘Le châtiment’ par Wapassou sur l’album ‘Wapassou’, Lion productions Un film : ‘A la folie’ par Wang Bing t e x t e A n y s A m i re e t Fra n ço i s G e o rg e s


Marlon Williams

06

texte Nicolas Alsteen photo Justin Strother

Gueule d’ange échappée d’un tremblement de terre, Marlon Williams affiche vingt-cinq piges au compteur et plusieurs vies dans le rétroviseur. Du punk à la country, de la Nouvelle-Zélande à l’Australie, cet acteur des temps modernes bourlingue à travers l’histoire pour accrocher quelques trésors sur les cordes de sa guitare. Roy Orbison du bayou, Marlon Williams ajuste sa voix de crooner à l’odeur des marécages pour signer un premier album à son nom, et tout à son honneur. En neuf chansons, il claque la bande-son imaginaire d’un épisode manquant de ‘True Detective’. Marlon Williams : « Je devais avoir dix ans quand je me suis mis au chant. Je m’étais inscrit dans la chorale de l’école. Pour la première fois de ma vie, je prenais conscience de l’existence des harmonies. L’interaction entre les voix prenait un sens nouveau pour moi. Je découvrais là une véritable forme d’expression. Après cette première expérience musicale, j’ai appris à jouer de la guitare en pur autodidacte. Je me souviens d’avoir passé des heures à essayer de reproduire les accords de ‘House of the Rising Sun’. Je m’en rappelle comme de mon premier challenge. Après, j’ai essayé de jouer des morceaux de Bob Dylan. Avec plus ou moins de réussite. (Sourire) » Tu es originaire de Nouvelle-Zélande. L’essentielle partie de ton enfance s’est déroulée à Lyttelton. Peux-tu évoquer cet endroit ? Marlon Williams : « C’est une petite cité portuaire située à 20 kilomètres de Christchurch, une des principales métropoles du pays. À Lyttelton, la classe ouvrière côtoie une importante communauté artistique. De nombreux peintres, comédiens et musiciens ont pris leur quartier là-bas. D’un point de vue créatif, c’est un lieu hyper inspirant. » Dans l’imaginaire collectif, les termes folk, country, blues ou bluegrass sont associés à des paysages typiquement américains. Comment as-tu développé une passion pour ces musiques depuis la NouvelleZélande ? Marlon Williams : « Mon intérêt pour le rock, je le dois d’abord à mon père. Dans les années 1980, il jouait dans un groupe new-wave/post-punk. Ça s’appelait The Boneshakers. Le nom était cool. Mais ça n’a jamais eu le moindre succès. (Sourire) Quand je rentrais de l’école, papa me faisait écouter ses disques. Ça allait de Joy Division à Echo & The Bunnymen en passant par Hank Williams, Gram Parsons ou The Band. Il a vraiment éveillé ma curiosité. » À côté de cette passion naissante, tu étais toujours membre de la chorale scolaire ? Marlon Williams : « Oui, je n’ai jamais abandonné. Chaque dimanche, jusqu’à mes 20 ans, j’ai chanté dans une église. Je ne suis absolument pas croyant. Je suis sans doute le Néo-Zélandais le plus athée du marché, mais j’adore confronter ma voix à celles d’autres personnes. J’aime l’effet de masse, le moment où tout le monde se met à chanter en même temps. Ça me refile toujours un fameux coup de kick. » Sur l’album, le morceau ‘Lonely Side of Her’ enferme de jolis chœurs chantés par Aldous Harding. A bien

Kiwi, country & cinéma des égards, cette voix est en train de s’affirmer comme « le » trésor caché de la scène néo-zélandaise. Il se fait qu’elle est aussi originaire de Lyttelton. Vous vous connaissez depuis longtemps ? Marlon Williams : « Elle a grandi à quelques kilomètres de là... On s’est rencontré quand on avait 17 ans. À l’époque, elle chantait dans un groupe de folk bien roots qui s’appelait The Eastern. On partageait pas mal de choses en commun. Au fil des années, on s’est trouvé d’autres affinités. Et aujourd’hui, nous sommes en couple... Je lui ai filé un coup de main pour produire son premier album, l’année dernière. » Depuis deux ans, tu vis à Melbourne. Pourquoi avoir déménagé en Australie ? Marlon Williams : « Ma décision s’est précisée à la suite du terrible tremblement de terre qui a frappé Christchurch en 2011. Plus de 70 % des salles de concerts ont été détruites en une nuit... Aujourd’hui encore, la ville est en reconstruction. À l’époque, j’avais 22 ans. Je parlais anglais. J’avais envie de me lancer dans la musique. J’ai pris une mappemonde et j’ai constaté que Melbourne se situait seulement à trois heures de vol de Christchurch. Si je voulais faire carrière dans la musique, c’était une étape logique. » Par moments, ta voix rappelle les inflexions de Roy Orbison. C’est une influence ? Marlon Williams : « C’est forcément un artiste qui me touche. Avant d’abandonner les bancs de l’université, je m’étais inscrit en musicologie. Je m’étais passionné pour l’opéra.Je pense qu’il y a une part de théâtralité dans le timbre de Roy Orbison. Un truc un peu hanté que l’on retrouve aussi chez Nat King Cole ou Antony and the Johnsons. Je ne suis pas en train de dire que ce sont des influences. Mais ce sont des voix qui m’intriguent. » Sur l’album, on trouve plusieurs chansons coécrites avec un certain Delaney Davidson. Qui est-ce ? Marlon Williams : « C’est grâce à lui que j’ai réellement mis le pied à l’étrier. C’est un artiste de Lyttelton – encore un. Il est un peu plus vieux que moi. Quand je l’ai rencontré, il était déjà parti en tournée en Europe et aux U.S.A. Pour moi, c’était clairement un modèle à suivre. (...) Avec Delaney, on a enregistré trois albums de reprises. C’est une trilogie intitulée ‘Sad But True - The Secret History Of Country Music Songwriting’. Ça a l’air un peu pompeux comme ça. Mais, en réalité, c’est plutôt cool. Tout est parti d’une idée un peu folle : imaginer une fausse anthologie de la musique country. Ça a commencé avec Hank Williams et puis, on a multiplié les hommages. On a enregistré le premier tome de cette trilogie dans

une maison abandonnée, à Christchurch, au milieu des débris du tremblement de terre. C’était un décor postapocalyptique. On était les deux seules âmes vivantes au milieu des gravas. Cet environnement particulier a vraiment nourri l’enregistrement. Quand on écoute le disque, on peut presque entendre cette ville fantôme hanter les mélodies. » Sur ‘Marlon Williams’, on trouve quatre reprises. C’est beaucoup pour un premier album, non ? Marlon Williams : « J’aime le côté archéologique de la musique. J’aime penser qu’on est passé à côté de certains « Beatles ». J’aime creuser, essayer de dénicher des trésors inconnus, des voix oubliées dans les couloirs du temps. En jouant ces reprises sur mon disque, je me vois comme un pèlerin en quête de l’esprit originel de la musique folk. J’aime abandonner mon ego au pied de grandes chansons. M’effacer au profit d’une mélodie, d’un parolier inégalable. Pour moi, reprendre du Bob Carpenter (‘Silent Passage’), du Billy Furry (‘I’m Lost Without You’) ou une balade traditionnelle (‘When I Was A Young Girl’), c’est comme un clin d’œil à un patrimoine. » Le morceau ‘Dark Child’, signé Tim Moore, est vraiment incroyable. Où avez-vous dégoté ce titre ? Marlon Williams : « Tim Moore est Néo-Zélandais. Il vivait à Christchurch. Quand j’étais membre de la chorale paroissiale, il en faisait aussi partie. Comme moi, il jouait de la musique en marge de la chorale. Il tenait un bar où toute la communauté artistique avait coutume de se retrouver pour voir des concerts, boire des coups et écouter de la musique. Un jour, Chris est parti s’installer à Melbourne pour lancer sa carrière. Mais ça n’a pas fonctionné... Il a décidé de tout plaquer et d’arrêter de chanter. Aujourd’hui, il est infirmier dans le nord de l’Australie. Il a signé cinq albums dont deux me semblent essentiels. Cette reprise est vraiment représentative du travail de réhabilitation tenté sur ce disque. C’est un hommage à toutes ces grandes chansons inconnues : ces tubes que je n’écrirais jamais. » Un disque : ‘Marlon Williams’ (Dead Oceans/ Konkurrent) Suivez le guide : www.marlonwilliams.co.nz

ON STAGE 16/04 AB I Bruxelles


Dan San

07

t e x t e Pa t r i c k Fo i s s a c I p h o t o G i l l e s D e w a l q u e

Souvenez-vous. C’était il y a six ans. Avec ‘Pillow’, son premier EP, Dan San posait les jalons d’une pop subtile aux accents folk. Fort d’un succès tant critique que public, le groupe liégeois a connu un joli parcours qui l’a vu afficher un désir constant d’évoluer. Explorant de nouvelles voies, enrichies de cordes magnifiques, mettant en avant des sonorités analogiques vintage comme on les aime, les compositions de ‘Shelter’ brillent par leur dimension introspective, la finesse de leur structure et leur côté lyrique. Ce qui frappe aussi, c’est la grande mélancolie de ce disque qui touche à l’âme. Dan San reste Dan San, mais s’est réinventé. Thomas Médart, le chanteur du groupe, nous a parlé de ce nouveau départ. Le nouvel album de Dan San est sur le point de sortir et je me demandais quels étaient tes sentiments à ce sujet. Es-tu heureux de pouvoir partager le fruit de ton travail avec le public ou as-tu au contraire le sentiment que le disque t’échappe car il appartient désormais au domaine public ? Thomas Médart : « L’idée que sortir un disque s’apparente à une perte me semble être quelque chose de bizarre, d’assez particulier. Quand on écrit des morceaux, on a envie de les partager, de voir comment les gens réagissent. Si tu passes un an et demi à travailler sur un album, tu es heureux de le sortir, de pouvoir le défendre, de le faire découvrir en live. On a d’ailleurs fait deux concerts à l’étranger, aux Pays-Bas, devant un public qui ne nous connaît pas forcément. » Était-ce rassurant de se produire devant un public qui n’est pas votre public habituel ? Thomas : « Oui et on a été heureux de voir que cela passait bien. Les premiers concerts d’une tournée sont toujours stressants, surtout que dans le cas présent, on a évolué vers des titres plus midtempo, des morceaux qui se posent un peu plus. Il y avait donc quelque chose de risqué vu qu’on avait redéfini pas mal de choses. Tu dois en plus savoir que je suis super stressé lorsque démarre une tournée, au point que je suis du genre à trembler, littéralement parlant. Et c’est encore plus le cas si tu joues devant ton public qui a forcément des attentes plus fortes. Grâce aux concerts donnés à l’étranger, on a pu tester les morceaux et se débarrasser du stress de la première fois. Quand on se produira devant les gens qui nous connaissent, on sera bien rodés. » Dan San est un groupe qui aime se réinventer. Peut-on dire que vous vous êtes mis en danger avec ‘Shelter’ ? Thomas : « On n’a jamais envie de faire deux fois le même disque. L’idée est d’explorer de nouvelles pistes. Pour le nouvel album, on a cherché à identifier nos faiblesses et essayé de les corriger. Par exemple, Lætitia, notre pianiste, n’avait jamais chanté sur nos morceaux et il se fait qu’elle a une super voix, à la Charlotte Gainsbourg.

Réincarnation On s’est donc dit que ce serait super de la faire chanter sur ‘Shelter’. On a travaillé dessus et elle a tellement bien trouvé sa manière de chanter qu’elle intervient sur tous les titres. De même, alors qu’on avait recours au piano, on s’est orienté vers l’utilisation de synthés analogues au son vintage. On a aussi modifié la façon d’intégrer les voix en optant pour des passages où les harmonies laisseraient leur place à des voix en solo. Comme tu le vois, on a exploré de nouvelles pistes tout en restant nous-mêmes. Il est clair qu’à l’avenir, on se remettra en question et qu’on explorera de nouvelles directions. » Dan San a accueilli un nouveau batteur, Olivier. L’intégration d’un nouveau membre au sein d’un groupe qui a des automatismes engendre pas mal de changements, non ? Thomas : « A la base, on ne voulait pas que Benoît (leur ancien batteur, ndr) nous quitte, mais c’est lui qui a fait ce choix pour des raisons personnelles. Il est devenu papa, a souhaité avoir un boulot plus stable et n’a plus eu le temps de jouer dans le groupe, bien que ce projet lui parle toujours autant. Il est parti et en même temps, il fait toujours partie de la famille, c’est un ami. On a donc dû chercher un nouveau batteur et quand on a rencontré Olivier, on a su que cela allait bien se passer. Il s’est intégré très vite au sein du groupe et s’est adapté à notre façon de jouer, de fonctionner. Cela s’est super bien passé, ce qui n’est pas forcément évident, vu que chez Dan San, chaque décision doit faire l’unanimité. Cette approche peut être frustrante à certains moments, vu que tu peux avoir l’impression que ton idée était la bonne et que tu ne vois pas trop pourquoi elle n’a pas été retenue. Cela prend du temps, mais cela vaut clairement la peine de passer par là. » Ce qui m’a impressionné sur le nouvel album, c’est la richesse des arrangements, de la palette sonore. J’imagine que le travail de Yann Arnaud n’y est pas pour rien. Thomas : « C’est vrai. Il nous a énormément apporté à tous les niveaux. Il a pris le temps nécessaire pour nous cerner, pour savoir comment nous aborder. Ce qui lui a semblé important, c’était d’épurer notre son : il trouvait en effet qu’on avait parfois tendance à associer trop de couches différentes. Il a aussi proposé d’opter pour des sons analogiques et nous a mis en contact avec Olivier Marguerit, claviériste de Phoenix, qui nous a fait découvrir de nouveaux sons. » Parmi les sonorités abordées, il y a parfois une dimension cinématographique, limite western, comme sur ‘Up’. Thomas : « C’est le morceau le plus sombre du disque. Le texte parle de la mort, la mélodie est mineure et en

même temps, il y a de l’espoir malgré tout. C’est un morceau qui me touche beaucoup et quand je la chante, ma voix se met à trembler. » De manière générale, l’album dégage une forte intensité émotionnelle avec, comme point d’orgue, ‘Somewhere’ qui clôt l’album. Thomas : « Ce qui est marrant, c’est que ce titre a failli ne pas se retrouver sur l’album vu qu’on le trouvait trop uptempo, trop rapide. Mais quand Yann l’a écouté, il lui a semblé qu’il y avait moyen de faire quelque chose d’intéressant sur base de cette compo, et il a opté pour une approche originale en nous faisant enregistrer dans des pièces différentes. L’idée était de sonner très minimaliste et live, si bien que ce qui était au départ un morceau énervé s’est mué en ballade proche de la valse. » Vos compositions sont dans l’absolu très sombres et mélancoliques, non ? Thomas : « C’est vrai, mais c’est notre façon d’écrire. Si un morceau est trop positif, on a tendance à l’écarter d’office. On se retrouve plus facilement dans ce qui est plus dark. En même temps, tu as quand même un titre très pop et très positif avec ‘Dream’. On ne comptait pas forcément l’inclure sur le disque et puis après une discussion avec Yann, on s’est dit que ce ne serait pas plus mal d’avoir un morceau plus positif, histoire de donner une bouffée d’air frais. » Tous les membres du groupe ont connu d’autres expériences avant de travailler à ‘Shelter’. Cela n’a-t-il pas été difficile de fonctionner en groupe après pareil break ? Thomas : « C’est vrai que j’ai bossé seul pendant un an et demi en faisant ce que je voulais. En groupe, la dynamique est différente, on doit accepter l’idée de faire des concessions. Cela n’a pas été toujours facile vu qu’on n’avait plus bossé ensemble depuis longtemps. En même temps, on s’est nourri de nos expériences en solo, de nos rencontres avec d’autres personnes et cela nous a donné envie de raconter des choses. Et ça, c’est vraiment le moteur de tout. » Un disque : ‘Shelter’ (Jaune Orange)

ON STAGE 07/03 08/03 10/03 11/03 12/03 08/05

La Tricoterie I Bruxelles Yourte du Théâtre de l’Être I Liège Musée Félicien Rops I Namur Eglise St-Remy I Ecaussinnes Musée de la photographie I Charleroi Nuits Botanique I Bruxelles


Liima

08

t e x t e Fa b r i c e Va n o v e r b e r g I p h o t o T h o m a s M . J a u k

Héros des temps modernes, les trois d’Efterklang nous font à nouveau la surprise. Sublime. Associés au batteur finlandais Tatu Rönkkö, Casper Clausen et co. enflamment la sphère pop, on n’a nulle envie d’éteindre l’incendie. Inventif et bondissant, ‘ii’ brandit tellement haut l’étendard de la musique made by Scandinavians qu’on deviendrait jaloux. Quelques échos de crooners plantés dans le coeur, une multitude d’envies électroniques envoyées dans les guiboles, pour un disque qui va compter au moment du bilan 2016. Non, peut-être.

ON STAGE 08/04 More Music I Concert Gebouw, Bruges 09/04 Motel mozaique I Rotterdam (NL)

Tatu et

l’île fantastique J’adore ton bonnet jaune, mon rayon de soleil du jour. Casper Clausen : « Je suis content que ça illumine ta journée par ce temps maussade. C’est le genre de truc que tu portes quand tu sais que tu vas passer une bonne journée. » Comment Tatu et toi vous êtes-vous connus? Casper : « En 2012, on cherchait un nouveau batteur pour Efterklang. Parmi la dizaine de personnes présentes lors de l’audition à Berlin, il y avait ce gars. Vu qu’il avait amené plein de bons biscuits, on l’a engagé (rires). Non, il est tout de suite sorti du lot. Je me souviens qu’il avait apporté une boîte à meuh et la connexion s’est faite naturellement. Il a joué deux ans avec nous dans Efterklang et après cette période, on se sentait prêts à faire un truc ensemble. » Quel a été le déclic? Casper : « C’est l’invitation d’un festival en Finlande, dirigé par le violoniste Pekka Kuusisto et qui s’appelle Our Festival. Ce gars est un des meilleurs violonistes au monde, on l’a rencontré lors d’une de nos dates à St Jacques de Compostelle. Après le concert, il est venu nous voir et nous a proposé une résidence. Il voulait que nous composions de nouveaux morceaux pour son festival. Pour nous, c’était aussi le moment de faire quelque chose avec Tatu. En prime, c’était en Finlande, Tatu est finlandais et nous avons passé deux semaines dans une petite maison à Jyväskylä, à trois heures au nord d’Helsinki. » Dit comme ça, on dirait que c’est au milieu de nulle part... Casper : « Tatu ne dirait pas ça mais pour moi, c’était clairement au milieu de nulle part. » Tatu Rönkkö : « En fait, c’est une région avec plein de lacs et de forêts, où vivent plein de petits animaux, mais pas d’ours ou de rennes. Après la résidence, nous sommes redescendus près du lac Tuulasa où avait lieu le Our Festival, à une petite heure d’Helsinki. »

Casper : « C’est le lac où Sibelius et d’autres fondateurs de la culture musicale finlandaise vivaient et comme à son époque, il y a toute une série de petits concerts près du lac, dont le nôtre. Mais on y jouait aussi de la musique pour piano de Bach, Pekka s’est produit en compagnie de Samuli Kosminen, le batteur de múm... » Ça doit être un événement incontournable de l’été en Finlande. Tatu : « Oui mais c’est en même temps très intime et cosy. On y entend des collaborations qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Pekka est un gars super curieux, qui ne s’intéresse pas qu’au classique. C’était la première fois qu’il proposait une résidence et c’est tombé sur nous. J’ai appris qu’entre-temps, le système des résidences continue, c’est cool. Pour nous, ça a été comme ouvrir une boîte où nous avons trouvé toute une série d’influences. Non seulement musicales, mais aussi des rituels finlandais comme le sauna ou passer du temps dans la nature. Ce sont des trucs qui ont une influence sur toi, consciente ou non. » Casper : « Quatre chansons de l’album ont été créées là-bas. Le premier morceau ‘Your Heart’, ‘Trains In The Dark’, ‘Woods’ et le dernier ‘Change Of Time’. ‘Woods’ est un bon exemple. Quand nous arrivons dans un nouvel endroit, nous aimons capter des échantillons sonores du lieu. Nous sommes allés dans les bois enregistrer des sons de la nature et ces captations sont devenues les ingrédients principaux de la chanson. A chaque résidence que nous faisons, il y a des connections directes avec les sonorités de l’endroit. » Même si votre musique s’apparente plus à de la pop, le procédé rappelle étrangement la musique concrète. Tatu : « C’est très intéressant... » Casper : « Pourquoi ça te fait penser à ça? » Tatu : « Un gars comme Pierre Schaeffer était un pionnier de la musique concrète. Il a été le premier à enregistrer des sons pour les utiliser dans des boucles, pour en faire


de la musique abstraite. » Casper : « Oui, comme la compositrice danoise Else Marie Pade, une vieille dame qui avait étudié avec Pierre Schaeffer et qui est morte tout récemment. Toutefois, pour moi, la musique concrète a une connotation très académique, très centrée sur la partition. » Tatu : « Je viens de lire les notes de Pierre Schaeffer, où il disait qu’il était vraiment fasciné par ces sons de gares, ces bruits de train et comment il a utilisé tous ces accidents dans sa musique, comment il improvisait en studio. Plus on s’immerge dans la musique concrète, plus on y découvre des choses. C’est pour ça aussi que nous enregistrons tous ces sifflements, ces bruits de cloches pour les intégrer dans notre musique. » Était-ce compliqué de les intégrer à vos chansons? Casper : « Nous avons essayé de travailler ces sons de la même façon que Chris Watson pour les trucs géniaux qu’il a faits pour la BBC, sa façon unique de faire le lien entre les sons de la nature et la composition musicale. Bien sûr, nous ne donnons pas nécessairement la même importance à tous ces sons, ils sont moins sacrés que dans la musique concrète. Nous les voyons davantage comme un point de départ, quand la chanson est terminée ils sont parfois imperceptibles. » C’est vrai qu’à l’écoute de l’album, on entend plus de collisions bienvenues, du genre Bryan Ferry de passage chez Apparat. Casper : « C’est une chouette description... » Même que sur certains titres, on trouve des échos à la David Bowie, une sorte d’hommage involontaire d’avant sa mort. Casper : « Ah, si seulement ça pouvait être vrai. Nous sommes tous fans de sa musique et son apport à l’histoire de la musique a été tellement important que...(il cherche longuement ses mots). Je prends tes mots comme un compliment, ce n’est pas quelque chose que nous avons fait intentionnellement mais ça fait plaisir. » Vous vous êtes rencontrés à Berlin. Vous y habitez toujours? Tatu : « Oui. » Casper : « Je viens d’emménager à Lisbonne. Et Rasmus vit à Copenhague, ce qui fait deux mecs à Berlin, un troisième au Danemark et moi au Portugal. » Quelle part de Berlin avez-vous amenée dans l’album? Tatu : « Weißensee (rires). C’est un coin de l’est de la ville où le gouvernement communiste avait une prison... » Casper : « Et aussi un coin où il y a pas mal de néo-nazis. C’est une étrange combinaison de post-communisme et d’autres trucs. C’est l’endroit de Berlin où Efterklang a eu un temps son studio et des morceaux comme ‘5’13’ ou ‘Russians’ ont été enregistrés lors de notre résidence là-bas. » La part plus technologique de l’album vient-elle de Berlin? Casper : « Oui. Berlin est une ville très intello mais en même temps, elle est aussi très physique, avec toute cette culture des clubs et de la techno. C’est là que nous avons senti que ça pouvait devenir intéressant, qu’on pouvait partir dans une direction plus dansante, où les gens ne viendraient pas seulement au concert pour écouter, mais aussi pour danser. » Tatu : « Alors qu’à Istanbul, c’était un moment très noir. Nous étions en résidence dans un club très sombre qui venait d’être rénové, on composait et jouait sur la même scène, dehors il faisait tout gris, il pleuvait, ça caillait... » Casper : « C’est là qu’est né le titre ‘Roger Waters’, il s’appelle ainsi parce qu’on avait du Pink Floyd dans nos bagages. On a pris un de leurs morceaux, un riff dont a enlevé deux ou trois notes, finalement on en a presque fait un remix. Juste qu’on ne sait plus trop pourquoi on a pris ce titre-là, sans doute qu’on avait écouté du Floyd la veille. » Tatu : « Puis est venue la quatrième résidence à Madeira, où a été créée la chanson ‘Amerika’. La chanson est née de cette espèce de groove qu’on avait entendu la veille sur un morceau de Boards of Canada. On a essayé d’en retranscrire le beat à notre sauce, de percer l’intrigue derrière la surface du titre. » Casper : « Et comme on pratique le songwriting collectif, on essaie des trucs tous ensemble et si ça marche, on les garde. »

Liima ‘ii’ 4AD/Beggars

Des héros de la pop moderne. Associés à un nouveau batteur, le Finlandais Tatu Rönkkö, depuis 2012, les trois gaillards d’Efterklang nous balancent un nouveau projet, tout chaud, tout boulette. Et pan dans le mille, voilà que Casper Clausen, Rasmus Stolberg et Mads Brauer terminent le tour d’Europe en pole position. Écrasée, la concurrence. Fruit d’un périple aux quatre résidences, ‘ii’ ouvre la discographie de Liima telle une déflagration. Inventive et excitante, leur pop électronica convoque les sursauts d’Apparat et dévoie les sortilèges de l’Animal Collective. Ce n’est pas tout, la richesse sonore déborde de chaque instant du bidule, passionnant de bout en bout. Le fantôme de Bowie vient faire un tour, la classe de Brian Ferry pointe le bout de son nez, on ne plus où frissonner du cortex. Pan! (fv)

IGGY POP POST POP DEPRESSION NEW ALBUM 18.03.2016


Grand Blanc

10

texte Laurent Grenier photo Philippe Mazzoni

ON STAGE 09/03 Botanique I Bruxelles 10/03 Le Grand Mix I Tourcoing

Personne ne sera passé à côté de la tendance : depuis 2010, la pop française – au sens noble et sémillant du terme, c’est-àdire intègre, foisonnante mais accessible – se réinvente dans sa propre langue, ose s’affranchir de l’anglais tout en assumant pleinement ses influences anglo-saxonnes. On ne compte plus les groupes de twee pop qui chantent dans la langue de Delpech, ni les orchestres marseillais qui ne jurent que par les Smiths, ni tous ces grands dadaïstes qui triturent la langue de Rousseau dans des projets frappadingues. Grand Blanc rejoint aujourd’hui cette famille-là, qui va de Moodoïd à La Femme, en passant par Cheveu, Bagarre, Flavien Berger… ‘Mémoires Vives’, grand barnum d’électro cold wave jamais glaciale, toujours inclassable et absconse, condense les sensibilités de quatre personnalités intelligentes et littéraires juste ce qu’il faut pour rendre ce disque à la fois pas con et totalement primaire.

Vertige de

qu’on avait écrit et il a fallu apprendre tout ça en quelques mois pour être prêt à tourner de nouveau. » Vous êtes perfectionnistes ? Benoît : « On dira davantage stressés. On réfléchit pas mal à ce qu’on fait. Certaines fois, c’est paralysant. Mais parfois, c’est bien. En tout cas, sur ce disque, ce qu’on voulait vraiment essayer de faire, c’était laisser libre cours à une forme d’instinct, on ne voulait pas d’une énergie trop canalisée. » Tu parles d’instinct. Il y a un morceau qui s’appelle ‘L’Amour Fou’. Quasi systématiquement, tous les journalistes vous renvoient à André Breton, au surréalisme. Vous vous y retrouvez réellement ou ça vous gonfle ? Benoît : « ça ne nous gonfle absolument pas. On est tous plus ou moins des lecteurs assidus de littérature française et ça compte évidemment pour nous. Et notamment le surréalisme. Ça n’est pas un mouvement très intellectuel – sauf Breton qui l’a théorisé et qui était un peu intello –, donc si tu prends des écrivains comme René Char ou Robert Desnos, c’est tout sauf de l’art intello, c’est très primaire, très vivant. Et on se retrouve bien là-dedans. Le truc avec la référence à la littérature, c’est qu’il ne faut pas que ça prenne le pas sur tout le reste, que ça nous empêche de parler concrètement de musique. On n’est pas un groupe littéraire. Mais la littérature a une place chez nous. »

l’Amour

Votre premier album sort aujourd’hui alors qu’on parle de vous depuis presque deux ans. Pourquoi tout ce temps entre ces singles initiaux et ce premier disque ? Benoît : « On a attendu aussi longtemps parce qu’on était un très jeune groupe quand on a sorti ce premier EP et qu’on n’avait véritablement rien d’autre en stock. On a dû prendre le temps pour composer. Parallèlement à ça, on a pas mal tourné pour un groupe qui n’avait que quatre titres, donc il a aussi fallu attendre qu’une pause se présente pour enregistrer. Ce qu’on a fait au début de l’été, pendant un mois, dans une maison de campagne en Picardie. » Est-ce que le fait d’avoir beaucoup tourné a orienté, défini l’écriture des morceaux ? Benoît : « Sur l’EP, on découvrait un peu l’univers du studio. Le fait d’avoir des bons instruments à disposition t’incite à en mettre partout, à faire des chansons très saturées en arrangements. Avec le live, on s’est rendu compte que laisser de l’air, laisser des blancs est la meilleure manière d’arriver à la tension qu’on voulait instaurer. Donc, oui, on est dans un album plus épuré, qui respecte davantage la dynamique des instruments. Après, notre manière de composer influence aussi le live. On se permet, en écrivant, de toucher à des styles à priori plutôt éloignés de nous, comme le hip hop. La préparation du live a, en ce sens, été une expérience géniale parce qu’on ne savait tout simplement pas jouer le genre de musique

Vous vous êtes quand même retrouvés récemment à jouer dans une Maison de la poésie… Benoît : « Oui, bien sûr. Mais là, on a fait une création inédite. Un truc beaucoup plus bavard, un peu moins musical au sens pop du terme. Si on nous invite dans un théâtre, qu’on nous demande de mettre davantage le texte en avant, on le refera avec plaisir mais pour le moment, on est plus là pour faire de la musique avec de la littérature dedans. » Vos textes, pour le coup, apparaissent plutôt abscons. C’est une volonté d’être peu ou pas compris ? Benoît : « Comment répondre simplement ? En fait, ces textes ne cachent rien. Il n’y a pas de message subliminal, de private joke. Ces textes sont expressifs même si tu ne peux pas les rationaliser. On essaye de créer des images, de convoquer des choses, de dresser des tableaux. Il ne faut pas chercher à comprendre à tout prix. On ne vit pas rien, on vit le monde qui nous entoure, et on le traduit avec nos mots et des images parfois très heurtées. Cette écriture exprime notre ressenti. » Vous avez des références de chanteurs, d’écrivains fonctionnant de cette manière et qui vous inspirent ? Benoît : « En chanson, clairement tous les paroliers de Bashung. Ils lui ont quand même écrit des textes difficilement compréhensibles mais étrangement magnifiques, touchants sans que tu puisses l’expliquer.

Récemment, on a fait une reprise de ‘Noir De Monde’, tirée de son album ‘L’Imprudence’. C’est un morceau où tu comprends plus ou moins que le narrateur s’identifie à une ville et c’est à peu près tout ce qu’il y a à comprendre. Le reste, ce sont simplement des images d’un hommeville. Je pense que toute la poésie contemporaine est basée là-dessus, fonctionne par fragments, ruptures. » Tu évoquais la prééminence de la musique par rapport au texte, est-ce que l’idée est qu’elle amène à une forme de transe en live ? Je pense notamment à la fin de ‘Bosphore’ ou aux paroles répétées et saccadées « pas de prestige / pas de vertige » de ‘Verticool’. Benoît : « Je suis content que tu remarques ça. On a vraiment essayé de faire un disque plus primaire que le premier EP où on réglait nos comptes avec l’adolescence, où tout était plus froid qu’énervé. Ici, on est plus dans la couleur, dans l’énergie positive, dans la retransmission de toute cette vie qui va à mille à l’heure depuis un an et demi. On a rencontré plein de gens super sur la route. On a le temps de vivre de la musique. De ne plus être coincé entre un mémoire à rendre ou un stage à faire, ça compte, ça libère. Sur ‘Evidence’, t’as des couplets très noirs mais des refrains presque psychés. On a essayé de faire des trucs proches de Suicide, d’Alan Vega sur ‘Désert Désir’. C’est un disque volontairement foutoir qui résume toutes nos influences et tout ce qu’on a pu nous faire découvrir ces dix-huit derniers mois. » Comme ? Benoît : « Le virage pris par Tame Impala sur le dernier album nous a bluffés. Il a renoué avec une vraie pop qui n’est pas de la daube commerciale. J’ai l’impression aussi que Suuns créée quelque chose de tout à fait moderne, jamais entendu avant. Et l’album ‘Deeper’ de Soft Moon. J’écoutais déjà pas mal ce groupe avant mais ça restait très new wave, guitare, basse, batterie, un truc assez froid. Et là, je trouve qu’il a essayé de garder cette couleur indus mais de l’appliquer sur des trucs plus électro, davantage hors format. C’est un peu ce qu’on a essayé de faire, sortir du côté rock de la new wave, cold wave des années quatre-vingts. » Tu parles d’un disque foutoir. J’ai l’impression que vous travaillez pas mal par antinomies. Benoît : « Oui. Parce qu’on est quatre personnes assez différentes et qu’on a fait le choix très vite de ne rien hiérarchiser. Le texte ne prime pas. Je ne ramène pas de guitares-voix. Juste des bouts de phrases et on monte les chansons comme ça. Du coup, le texte s’écrit pendant qu’on fait la musique, il y a quatre subjectivités qui s’expriment simultanément et ça prend du temps de ne pas être d’accord. En plus, on compose sur ordinateur. Souvent la musique d’ordinateur est perçue comme un truc un peu moins vivant, foisonnant que celle enregistrée live ou semilive mais pour nous, c’est exactement l’inverse. C’est comme une jam. Quand on ouvre une session, tout le monde peut se pointer derrière, rajouter une drum, un synthé. Ça nous semble la manière la plus naturelle, vivante de faire et on adore l’esthétique sur laquelle elle débouche. » Un disque : ‘Mémoires Vives’ (Entreprise/Sony)


Schvédranne

11

texte Laurent Grenier photo Rafael Galan

Sainte-Merde, il existe encore des disques comme ça en 2016. Schvédranne, nom à coucher dehors, dont on n’a pas pensé à demander ce qu’il voulait dire tant cet entretien fut passionnant, débarque avec un disque extraterrestre, bluffant, sidérant, questionnant le sens du monde, de la vie : un vieux poète engagé, globetrotteur, marqué par la guerre d’Algérie, alphabétiseur de travailleurs immigrés, professeur de yoga et de sanskrit, récite ses vers fulgurants et révoltés sur fond d’électro-dub, hypnotique ou exaltée, taillée de main de maître par un trentenaire fan d’Amon Tobin.

petite enfance. Plus tard, j’ai découvert la poésie de la résistance française, Aragon, Eluard, Pierre Emmanuel. Tout ça m’a montré qu’il y a une symbiose possible dans l’expression profonde des sentiments, surtout quand ils sont opprimés, déniés. Le poète engagé peut exprimer tout ce que ressent un ensemble social ou national. Il est là pour dire ce que les tabous de la société empêchent d’exprimer ou de voir. La poésie a une fonction de révélation. » Avec l’âge, cette révolte ne s’assagit pas ? Gilles : « Mon père me disait, tu verras quand tu seras vieux, tu verras, mais rien n’a changé. Le monde est toujours aussi horrible sur le plan économique, politique et social. A moins que mes yeux ne s’aveuglent, je ne vois pas pourquoi je changerais. » Antoine : « Cette révolte, ces sentiments, ces émotions qu’on retrouve dans Schvédranne ne nous appartiennent pas. On n’invente rien. On traduit à travers les mots et la musique quelque chose qui existe là, aujourd’hui, qui est dans l’air. Ça n’a pas vocation à changer le monde. Mais c’est notre rôle en tant qu’artistes de l’exprimer. » J’imagine qu’au-delà de cet engagement poétique se pose la question du passage à l’acte. Comment le concrétiser ? Gilles : « C’est une grande question. Qui reste d’actualité. Personnellement, j’ai été militant politique à l’époque où j’étais poète contestataire, protestataire. Je me suis engagé dans un parti de gauche que j’ai quitté aujourd’hui. Parce qu’actuellement, les partis sont démonétisés, ils se sont eux-mêmes dévalorisés pour tout un tas de raisons, à commencer par l’effondrement de l’Union Soviétique qui s’est retrouvée par terre, à cause du capitalisme américain mais aussi de tous les crimes atroces, des persécutions affreuses commis en son nom. Donc, aujourd’hui, la concrétisation des révoltes doit se faire autrement que par les partis politiques traditionnels. Elle doit se faire par des moyens qui se cherchent encore. Dont l’écologie. C’est une obligation en tant qu’êtres humains, d’essayer de sauver la planète sur laquelle on vit. Il semble bien qu’il y ait des difficultés de prises de conscience et d’organisation importantes, mais je pense que ça va se faire. Je pense beaucoup que la musique révoltée jouera un rôle important. Comme la poésie qui, je l’ai dit, libère l’expression et dénonce les injustices et les insupportables apories, les insupportables contradictions des sociétés dans lesquelles nous vivons. » Ce qui est bien, en vous écoutant, c’est qu’on sent encore vibrer chez vous, Gilles, un indéfectible optimisme. Gilles : « Oui, bien sûr. Le simple fait que nous soyons là et que nous représentions une protestation contre, ça

The times they are

a-changin’ Question bateau mais importante, comment vous êtesvous rencontrés et qu’est-ce qui vous a touché chez l’autre ? Gilles B Vachon : « On entretenait des relations de famille. On s’est rencontré d’une façon assez intime, puis on a parlé de nos projets respectifs et les choses se sont faites par affinité. Ce qui m’a plu chez Antoine, c’est une vibration inconnue, la vibration de la musique, que je ne pratiquais pas et qui complétait les vibrations linguistiques du poète que je suis. En même temps, ça me reliait à une génération qui n’était pas la mienne, qui avait quelque chose à m’apporter et à laquelle je pouvais, en retour, faire part de mon expérience. » Antoine Colonna : « Ce qui est important, comme le dit Gilles, c’est que c’est avant tout une rencontre humaine. Ce qui m’a d’abord touché chez lui, c’est une sensibilité commune qui ne pouvait que déboucher sur un travail à deux. » Gilles : « Une collaboration dont le but est la révolte. Je pense que c’est ça qui nous a réuni. Il faut bien se rendre compte que le rock est une musique de révolte qui a rencontré ici les messages de ma propre poésie, qui est une poésie de contestation, politique, dans la lignée de la Beat Generation. » Vous êtes d’ailleurs traducteur de Jack Hirschman. Que représente ce poète pour vous et la Beat Generation en général ? Gilles : « Une puissance de rêves exprimés. Une puissance d’invention, d’inventivité dans les mots, dans les rythmes. C’est aussi une puissance de dénonciation. De révélation. De résistance. J’ai beaucoup été marqué par la guerre de 40, que j’ai vécue dans ma

nous amène dans un camp. Le camp des protestataires existe, c’est un ensemble de personnes qui se trouvent consciemment dans l’optimisme. Et dans la volonté de promouvoir autre chose dans l’organisation sociale. J’ai vu lors de mes voyages en Amérique du Sud, au Mato Grosso en particulier – mais on pourrait aussi se référer à Lévi-Strauss, ‘Tristes Tropiques’ – des tribus dans lesquelles la répartition des biens se faisait. J’y suis resté trop peu de temps pour faire un vrai travail d’ethnographie mais j’ai compris là qu’il y avait un restant de possibilité de paradis humain. J’ai été très marqué aussi par le freudisme, la psychanalyse – j’ai fait une thèse sur Freud et la France – et j’ai toujours été amené à chercher derrière les apparences ce qu’il y avait dans la conscience, dans l’esprit, dans la vie. Et il y a dans l’humanité, j’en suis convaincu, une possibilité de répartir le bonheur. Simplement, nous sommes dans un carcan économique et social épouvantable que Rimbaud dénonçait déjà. » Antoine : « La politique, c’est un truc qui doit se vivre au quotidien, pas simplement attendre d’aller voter un dimanche par ci, par là. Ça commence par aller à la rencontre des gens. Et c’est ce qu’on veut faire avec ce projet. Avoir un fonctionnement juste et égalitaire. Qui ne reproduit pas les fonctionnements qu’on critique et abhorre dans le système général économique. Dans notre relation au label Salamah, c’est pareil. Il y a des histoires de sous. On a investi dans le projet. Mais la justesse de la démarche est toujours débattue avec eux. On a une confiance réciproque en chacun et c’est ça aussi faire de la politique, c’est instaurer une confiance, avancer ensemble, sans qu’il y ait un des partenaires qui chercher à te bouffer sournoisement pour grandir un peu plus de son côté. La résonance qu’on a pour l’instant avec le public me conforte dans l’idée qu’on n’est pas dans une démarche capitaliste où l’on serait prêt à sacrifier des choses pour en avoir d’autres. » Est-ce que pour construire ce projet, vous aviez des références ? Je pense notamment à ‘L’Or Noir’ où Arthur H récite Aimé Césaire ou Edouard Glissant sur des musiques de Nicolas Repac. Antoine : « Je ne connais pas ce projet. Quand j’ai lancé Schvédranne – qui à la base était un projet de scène essentiellement –, j’ai un peu regardé ce qui se faisait dans les mélanges poésie, musique et je n’ai rien trouvé dont j’avais envie de m’inspirer. Soit la musique était trop illustrative ou au contraire trop neutre par rapport aux textes. Je ne voulais pas de ça. Par contre, pour la mise en scène du spectacle, j’avais vraiment envie d’exploiter les arts numériques, les vidéos. A l’époque, Amon Tobin faisait son ‘ISAM’ tour. Je me repassais souvent ses vidéos pour prendre une bonne claque. Visuellement, comme musicalement, c’est quelqu’un qui m’a beaucoup influencé. » Un disque : ‘Athènes ?’ (Salamah)


Françoiz Breut

12

texte Anne-Lise Remacle I photo Jerôme Sevrette

Dix-huit ans et six albums qu’elle nous fait multiplier les départs, changer l’échelle de notre pupille. Qu’on se laisse mener par le bout de la langue de ‘Portsmouth’ à ‘Tarifa’, en laissant ses amours et les nôtres frôler ‘Le Ravin’. Qu’on observe mieux le monde, ‘Derrière [son] Grand Filtre’, s’émerveillant de ses fantaisies et de ses doutes. Avec le rétrofuturiste ‘Zoo’, nous voilà plus que jamais à l’affût et le poil qui frise sous les ondoiements de cette charmeuse de cimes sibyllines.

Celle

qui tombe à pic

Dans ta discographie, on distingue deux cycles : le premier où tu étais interprète et le deuxième avec ‘À l’aveuglette’, ‘La chirurgie des sentiments’ et ‘Zoo’ où tu es devenue auteure… Françoiz Breut : « Ça a été une étape essentielle pour moi de me mettre à l’écriture, même si ça n’était pas au départ une envie viscérale. Le métier de chanteuse – si je peux appeler ça un métier, vu qu’on est quand même là pour « jouer » – ça m’est tombé dessus. Dominique A écrivait de chouettes textes, mais je ne l’ai jamais tellement aiguillé. Après, j’ai demandé à d’autres de m’écrire des chansons parce que j’aimais leur style, mais je ne leur ai jamais proposé des thèmes, à part ‘À l’Origine du Monde’ à Philippe Katerine. C’était davantage leur projection personnelle sur la chanteuse et au bout d’un moment, ça ne m’a plus convenu. » Sur ‘À l’aveuglette’, on y perçoit une forme d’exorcisme, sans doute une appréhension de te lancer seule…pour ‘La chirurgie des sentiments’ et davantage encore pour ‘Zoo’, tu t’autorises l’audace. Tu parlais de « jeu », et la fantaisie se distille jusque dans les arrangements, les textures. F.B. : « C’est aussi la rencontre avec Stéphane Daubersy qui m’a aidée à aller plus loin. Comme c’est le deuxième disque qu’on fait ensemble, on s’efforce d’essayer d’autres voies. Pour ce disque-ci, les démarrages de morceaux ont été plus difficiles. En répétition, il me demande parfois « mais qu’est-ce que tu veux au juste ? ». Parfois j’ai l’impression que je suis un peu à sec… pas que je n’apporte plus rien, mais le fait que je ne suis pas musicienne complique parfois la tâche. Un bon exemple, c’est ‘Zoo’ : il s’est absenté en me suggérant de chipoter sur Ableton Live. J’ai tapé sur les boutons à tâtons et ça nous a donné un rythme. C’est la magie de ces programmes ! Je ne joue pas de batterie, mais grâce à ça, j’ai réussi à reproduire quelque chose d’utilisable. Lui, qui joue de la guitare, trouve souvent ce qui va nous permettre de finaliser un morceau. » L’envie de travailler à Bristol, avec Adrian Utley (Portishead) comme producteur et Ali Chant comme ingénieur du son, comment est-elle venue ? F.B. : « Cela faisait un an qu’on façonnait les maquettes dans les caves de la Carotte (café associatif de Schaerbeek aujourd’hui fermé, ndr). J’avais rencontré Adrian il y a quelques années et il était friand de mes premiers disques. Portishead était curateur d’une édition des All Tomorrow Parties où nous avions été invités à jouer. On voulait utiliser beaucoup de synthés parce qu’Antoine Rocca est un geek de vieux claviers. Stéphane connaissait la passion d’Adrian pour ce type de son et j’aimais bien la production qu’il avait fait pour ‘Too Bright’

de Perfume Genius. Sur le disque précédent, on avait travaillé de façon plus artisanale et j’aime bien aussi le côté lo-fi mais là, on voulait que ça nous emmène dans une autre dimension et je vois bien la différence au niveau de la mise en avant de la voix, entre autres. » Dans ‘Mots croisés’ (« Je cours après les mots, ils se cachent et trébuchent») ou dans ‘Zoo’ (« Deux chats errant sortent leurs griffes / […] Traînent des mots au bout de ma langue »), tu témoignes de la difficulté de l’écriture… F.B. : « (cri du cœur) Ce n’est pas facile ! Je souffre (rires) ! Le fait de rapprocher la musique de la langue, c’est ce que je trouve vraiment intéressant, frotter les mots au rythme. Quand je commence à écrire, puisque c’est le premier travail avant même la mélodie, j’essaie d’introduire une certaine musicalité, de rechercher jusqu’au bout le mot qui se modèle le mieux. Quand un disque est fini, j’ai très envie de me replonger dans le dessin : ça n’est pas plus facile, mais ça me permet de m’évader davantage, de me laisser plus aller. L’écriture d’un morceau, ça demande une telle concentration, une telle énergie que j’ai besoin d’autre chose. » On sent dans ton écriture un impressionnisme, un sensualisme… dans quelle mesure est-ce justement lié à ta pratique d’illustratrice ? Vois-tu en images avant de penser en mots ? F.B. : « Oui, c’est toujours comme ça : j’ai un film qui se fabrique dans ma tête et j’essaie de le mettre à plat avec des mots. C’est pour ça qu’inconsciemment, j’utilise beaucoup les couleurs, les textures et les matières dans mon lexique. J’aimerais beaucoup travailler sur de la musique de film. » Abordes-tu les langues étrangères - tu as chanté en anglais, italien et espagnol - de la même façon que le français ? F.B. : « C’est une manière plus détendue d’aborder le chant. Le français est souvent trop carré, pas assez souple pour moi. L’écriture de ‘Deep Sea Diver’ est arrivée à la fin du disque : j’en avais assez d’écrire en français, et j’ai brodé une histoire en anglais. C’est beaucoup plus facile mais ce n’est pas le fait de se cacher derrière les mots parce que ce que je raconte là est assez limpide. Au départ, je voulais chanter en allemand pour remercier les auditeurs que j’ai là-bas grâce à Le Pop, mais on n’a pas eu le temps. J’ai beaucoup écouté Marlène Dietrich quand j’étais jeune. Finalement, ‘Morlocks und Die Streunerin’, c’est Rebekka Endler, une amie à la voix à la fois robotique et sensuelle, qui le dit. Le texte est inspiré de l’adaptation filmique de ‘La Machine à explorer le temps’ d’H.G.Wells. » Ce n’est pas la première fois que tu gravites autour

de la science-fiction ou des sciences: c’était déjà le cas pour ‘L’ennemi invisible’ et on retrouve ce type d’obsession dans les constellations de ‘La conquête’. C’est la précision, la poésie par inadvertance – je pense à « compteur Geiger » – que demande la langue pour ces sujets qui t’enthousiasme ? F.B. : « On peut voir de la poésie dans n’importe quel sujet mais en réalité, c’est plutôt lié à des souvenirs personnels : le nucléaire dans ‘L’ennemi invisible’, c’est parce que mon père travaille dans ce domaine et que j’ai été touchée par Fukushima. ‘Morlocks und Die Streunerin’, c’est parce qu’enfant, je jouais avec ma sœur à cette machine à remonter le temps. Les noms de galaxie, ça me fait rêver, ça me fascine simplement. » ‘Loon-Plage’ résonne de façon particulière avec l’actualité, notamment avec l’agression récente de migrants à cet endroit. Voulais-tu transfigurer les menaces du réel à travers ce morceau? F.B. : « Ce dont je parle, ce n’est pas de la migration, mais c’est aussi un drame. Un photographe m’a contactée parce qu’il travaillait sur cette nature menacée de disparition et qu’il savait que j’avais habité dans le coin. Loon-Plage est une petite ville le long d’une grande étendue de dunes. EDF est venue y installer un terminal méthanier, au mépris de la zone protégée. J’avais de bons souvenirs, notamment d’une masure abandonnée appelée La Maison du Pendu. Un endroit magnifique, un paysage cinématographique avec au fond la raffinerie. » Tu déploies fréquemment une géographie intime. ‘Tarifa’, ‘Dunkerque’ ou ‘Bxl Bleuette’ parlent d’enracinement ou d’exil…tes propres migrations y sont sous-jacentes. F.B. : « Quand j’ai commencé à chanter ‘Loon-Plage’, ça coïncidait avec un pic de toutes ces histoires là-bas, et j’avais beau parler de la faune et de la flore qui disparaît, j’avais bien conscience qu’il y avait des hommes en train de mourir dans des conditions inimaginables. Ces histoires de frontières, c’est abominable ! Mais ce morceau est avant tout un témoignage d’un endroit qui n’est plus là. J’ai voulu me mettre dans la peau d’une mouette qui est contrainte de partir mais ça n’est pas dit tel quel dans la chanson. » Un disque : ‘Zoo’ (Caramel Beurre Salé/La Baleine). Suivez le guide : http://www.francoizbreut.be/

ON STAGE 27/05 Cave aux Poètes I Roubaix


LYENN BE solo NOTHING BUT THIEVES GB - STAL FR SIVERT HØYEM NO - JONAS ALASKA NO RÜFÜS AUS ROVER FR JESS GLYNNE GB sold out MATT CORBY AU

30.03.2016 GENERAL ELEKTRIKS FR DANIEL GRAZ DE

30.03 31.03 01.04 06.04 06.04 07.04 07.04 07.04 08.04 08.04 09.04 09.04 09.04 10.04

©Tim Deusen

14.03 17.03 18.03 23.03 25.03 29.03

© Jonas Bang

12.03.2016 JACOB BELLENS DK

CONCERTS

ALASKA GOLD RUSH - ACID ARAB - ALA.NI ALICE ON THE ROOF «Piano Unplugged» - ALPHA WANN - AN PIERLÉ - ANDREW BIRD - ANDY SHAUF BACHAR MAR-KHALIFÉ - BAGARRE - BALKAN BEAT BOX - BALOJI - BENJAMIN FRANCIS LEFTWICH BLICK BASSY - BON VOYAGE ORGANISATION BOTS CONSPIRACY «SCARABÉE» - CABALLERO & JEANJASS - CHARLIE CUNNINGHAM - CHRISTIAN SCOTT - COCOROSIE - DAN SAN - DIONYSOS EMPRESS OF - FAKEAR - FEU! CHATTERTON FIELD MUSIC - FLAVIEN BERGER - FLEXFAB FRANKIE COSMOS - FÙGÙ MANGO - GEORGIO HOLLY MACVE - IMARHAN - JACK GARRATT JACQUES - JAIN - JAMIE LAWSON - JAZZY BAZZ FR & LIVE BAND - JEANNE ADDED - JULIA HOLTER - JULIANNA BARWICK - JULIEN BAKER KAYTRANADA - KENNEDY’S BRIDGE - KEVIN GARRETT - LA FEMME - LA JÉRÔME - LA MUERTE LE COLISÉE création - LITTLE SINZ - LOUISE ROAM - MOGWAI «ATOMIC» - O - OATHBREAKER PORCHES - PUGGY - RADIO ELVIS - RAPHAËLE LANNADÈRE - ROBBING MILLIONS - ROMÉO ELVIS & LE MOTEL - ROZI PLAIN - SALUT C’EST COOL «SILK ROAD SONATA» WALTER HUS & GUO GAN SONIC LASSUS création - STEVE GUNN - SUUNS TINIE TEMPAH - TSR CREW - TY SEGALL & THE MUGGERS - VANESSA CARLTON - WOODIE SMALLS XIXA - YANN TIERSEN …

AGENDA

WWW.BOTANIQUE.BE

LES NUITS 2016

08.03 !!! US - STEREOLAD US 08.03 CATE LE BON GB 09.03 GRAND BLANC FR new album WHISPERING SONS BE 11.03 HAMZA BE new album

MICAH P. HINSON US STUCK IN THE SOUND FR ANIMAL COLLECTIVE US - GFOTY GB sold out NADA SURF US - FAREWELL DEAR GHOST AU JENNYLEE US DIIV US THE BESNARD LAKES CA STEVE MASON GB GAVIN JAMES IE FARAO NO - DRAIMS CA GIANT SAND US & JASON LYTLE US SHARKO BE exclusive concert release party CHOIR OF YOUNG BELIEVERS DK DAMIEN JURADO US

…ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA @ WWW.BOTANIQUE.BE | 02 218 37 32


Ulrika Spacek

14

texte Antoine Meersseman

L’histoire est affligeante de banalité. Deux vieux poteaux s’enjaillent à une sombre soirée berlinoise et décident subitement de monter un groupe. Une affiche est collée au mur de la pièce qu’ils occupent : elle sera leur pochette. Ils imaginent un patronyme burlesque, rentrent à Londres et enregistrent un premier disque, ‘The Album Paranoia’, qui aurait pu sortir au creux de l’année ‘96, coincé entre les illustres ‘Washing Machine’ et ‘OK Computer’. Les deux Rhys à la tête d’Ulrika Spacek ont visiblement bu le lait maternel d’une Dame Shoegaze au sein généreux et particulièrement racé, si bien qu’à même pas trente ans, ils s’imposent comme la relève ultime d’une jeunesse sonique en soif d’expérimentations dans un monde où les guitares prendraient le pouvoir.

une sorte de confrontation. Ça nous a pris environ deux mois pour accepter le fait de créer quelque chose ensemble. Et à partir de ce moment-là, tout a été très rapide, on a commencé à composer un tas de morceaux. » Comment vous vous êtes répartis les rôles dans la composition ? Rhys Williams : « Pour nous, la façon la plus naturelle d’écrire s’est manifestée par un long processus d’expérimentations, de recherche de sons, de textures intéressantes. Ça a finalement abouti à des chansons. La plupart du temps, on enregistrait une guitare qu’on faisait tourner en boucle. Puis une suivante, et ainsi de suite. Donc il n’y avait pas vraiment de rôle précis, de qui fait quoi. Certaines chansons ont plutôt mon empreinte, d’autres plutôt celle de Rhys, mais parfois le processus était tellement collégial qu’on ne sait même pas dire qui a écrit telle ou telle partie sur une chanson ! »

Le goût du Rhys Votre disque est hyper abouti et on a pourtant l’impression que vous sortez de nulle part. Quelle a été votre expérience musicale avant Ulrika Spacek ? Rhys Williams : « Rhys (Ewards) et moi, on est des amis proches depuis longtemps. On a grandi ensemble en écoutant de la musique, on a découvert Radiohead en même temps, à 14 ans. Puis on est tombé sur Neil Young et le shoegaze aux alentours de seize ans. Peu après le slacker rock avec des trucs comme Pavement... On s’influençait mutuellement en se faisant écouter un tas de choses ! Quand on a commencé à composer le disque, je crois qu’on est allé inconsciemment chercher dans tout ce qu’on avait écouté ensemble durant toutes ces années et, finalement, cela forme une sorte de cohérence. On a vraiment lancé le projet à deux, le groupe en tant qu’entité de cinq personnes n’est venu que par la suite. » Vous n’aviez jamais joué ensemble ? Vous étiez juste amis ? Rhys Williams : « Effectivement, on n’avait jamais joué à deux. On a seulement commencé il y a deux ans. On écoutait de la musique ensemble depuis longtemps, mais je crois qu’aucun d’entre nous n’osait demander à l’autre s’il avait envie de jouer avec lui. C’est une question difficile qui a pris de l’ampleur avec le temps. Ça devient vite un sujet tabou. Personne ne veut être celui qui va demander à l’autre, même si on sent que dans le fond, ça peut marcher. C’est un peu con... Mais tu sais aussi que ton amitié risque de changer à cause du fait de monter un groupe ensemble. » Comment ça s’est passé, au début ? Rhys Williams : « Je vivais à Berlin au moment où on a débuté. Quand on a décidé de s’y mettre, je suis naturellement rentré à Londres, et là, Rhys et moi avons vécu ensemble dans la même maison. Au début, c’était

Vous jouiez tous les deux les guitares, les basses, les batteries ? Rhys Williams : « On a fait toutes les basses et les guitares mais, au tout début, on s’aidait juste d’une boite à rythmes. On a demandé ensuite à un batteur de rejouer toutes les batteries. Puis à quelqu’un de mixer l’album. Je pense que le prochain album sera davantage enregistré comme un vrai groupe. » On sent que vous êtes des enfants des nineties. Vous êtes de gros nostalgiques de ces années ? Rhys Williams : « Je suis né en 88 et Rhys en 89. On est donc fatalement des enfants des 90’s. Mais forcément, on n’a pas écouté Sonic Youth au début des années nonante! On commencé à découvrir des choses autour de l’an 2000 je crois. On a vraiment dû remonter dans le temps, même plus tôt avec la musique des années 80, 70. C’est assez difficile pour notre génération, car on a été ado début 2000 et on a eu accès à énormément de musique, beaucoup plus que ce qui se trouve dans les bacs de disquaires de notre ville. Et aujourd’hui, il n’y a plus vraiment un son qui se dégage. Comme si on n’avait plus assez de recul. Par ailleurs, notre génération, grâce à internet, peut aller puiser dans toutes les décénies précédentes et tenter de faire quelque chose de neuf avec ça. C’est un peu notre but! » Peux-tu me parler du travail des guitares sur le disque ? C’est assez étrange, ce sont elles qui apportent un côté répétitif, presque krautrock.. Rhys Williams : « On n’avait pas nécessairement la vision d’un album qu’aurait un groupe classique avec deux guitares, une basse, etc. Le fait d’enregistrer à deux ne nous donnait aucune limite. On pouvait surperposer tout ce qu’on voulait. Il y a un tas d’agencements, de textures qui s’entremellent. On a trois guitares sur scène, ce qui

est assez rare. Il peut y avoir une lead ainsi qu’une autre qui produit des textures en partant, revenant au fil du morceau. Ça amène souvent une sorte de profondeur et de la couleur à un disque. C’est très bien que des mecs arrivent à envoyer le bois en power trio, mais pour nous, le fait d’avoir une masse de guitares est vraiment central dans notre univers. » Comme le suggère le titre du disque, on parle beaucoup de paranoïa. Est-ce que vous avez beaucoup d’obsessions ? Rhys Williams : « On arrive à un âge où on prend conscience de l’anxiété qui nous entoure, que ce soit la nôtre ou celle des autres. Quand t’es plus jeune, tu ne comprends pas ce sentiment mais en grandissant, tu deviens conscient de tes peurs. Certaines personnes arrivent mieux à les dissimuler que d’autres. Ce disque est arrivé à un moment où j’ai pu réellement identifier ce qui me rendait anxieux. » Vous avez enregistré votre disque dans une galerie d’art. C’est vrai ? Rhys Williams : « Oui, dans une maison victorienne à Londres. Un mec qui vivait dans la maison avait enlevé le sol pour tenter de faire une galerie d’art, la KEM Gallery, mais il n’avait pas le droit. Le propriétaire l’a donc viré. Quand on est arrivé dans cette maison, la galerie était déjà fermée, en fait. » Cet endroit a influencé la sonorité du disque ? Rhys Williams : « Absolument. On a commencé à enregistrer dans la chambre de Rhys et on a fini par installer une régie dans le salon. J’ai fait des trucs dans ma chambre aussi, c’était agréable de pouvoir changer de lieu. On pouvait exploiter toutes les pièces, qui ont toutes exercé une influence à leur manière. » Est-ce que vous êtes amenés à devenir un groupe de cinq personnes? Rhys Williams : « Je trouve ça vraiment cool qu’on ait fait le disque à deux. C’est ce qui rend le truc intéressant en live: le fait de devoir adapter un disque composé à deux, avec trois personnes de plus. Ce sont les mêmes chansons, réimaginées différement à cinq. On commence à avoir envie d’intégrer l’énergie des autres membres sur le prochain disque. Mais on ne veut pas tomber dans le panneau du compromis en travaillant à cinq. Le corps du groupe restera toujours moi et Rhys. Mais c’est agréable d’avoir d’autres musiciens pour faire rebondir des idées. On aimerait arriver à un processus organique, une manière de travailler qui puisse fonctionner dans le futur. On a la chance d’avoir trois personnes qui ne jouent pas que d’un seul instrument. Ils sont très bons, ils ont une bonne oreille. Ce sont des mecs qu’on connaît depuis longtemps. On pourra peut-être se reposer sur eux. » Un disque: ‘The Album Paranoia’ (Though Love/ Konkurrent) Suivez le guide: www.ulrikaspacek.com


SOON AT

#ABconcerts FEU! CHATTERTON 10-03-2016

Ancienne Belgique Brussels launches new indoor festival

24 > 27 March

SUN 03.04

Che Sudaka WED 06.04

Hooverphonic WED 06.04

ZAZ 15-03-2016

Warhola

JAMES MORRISON 19-04-2016

MON 11.04

Tricky presents ‘Skilled Mechanics’

LOUISE ATTAQUE 17-03-2016

WILLIAM FITZSIMMONS 24-04-2016

WED 13.04

Admiral Freebee @ Koninklijk Circus + Vismets

WED 13.04

Michael Gira (Swans) - solo

MATT CORBY 27-03-2016

MATT SIMONS 19-04-2016

THU 14.04

Bent Van Looy FRI 15.04

The Sore Losers DAVID DUCHOVNY 08-05-2016

MON 07.03

Sleepers’ Reign Album Presentation + Seiren

THU 10.03

Oaktree Dust - Album Presentation + AMyn

SUN 17.04

Loyle Carner BBC Sound Of 2016

KYGO 01-04-2016

KORN 31-05-2016

FRI 22.04

Goose

FRI 29.04

TUE 15.03

Soldier’s Heart Night By Night

Deafheaven + Myrkur

SAT 30.04

TUE 15.03 Coca-Cola Sessions

It It Anita + The Guru Guru + HYPOCHRISTMUTREEFUZZ WED 16.03

Kel Assouf Album Presentation

COEUR DE PIRATE 12-04-2016

SX

Coca-Cola Sessions

Billie WED 11.05

Lady Linn Album Presentation

TUE 22.03

WED 11.05

Compact Disk Dummies

WED 23.03

Jett Rebel Truck

SCOTT BRADLEE’S POSTMODERN JUKEBOX 16-04-2016

BEN HARPER & THE INNOCENT CRIMINALS 21-10-2016

FRI 13.05

Bazart

www.rockhal.lu

BUY YOUR TICKETS AT WWW.ABCONCERTS.BE DE BROUCKÈRE & BOURSE

BEIRUT 06-07-2016

SAT 07.05

Touareg desert-blues-rock

Baroness

LA FEMME 20-04-2016

BRUSSELS CENTRAL > ABCONCERTS.BE/MOBILITY

A CONCERT AT AB BEGINS WITH MIVB

Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu


16

Les Agamemnonz

Fatima Al Qadiri

‘De A à Z’ Ky thibong

Ils talonnent de justesse Poulycroc et Skarbone 14 dans le registre de noms de groupes à oublier d’urgence, mais ne vous méprenez pas : les Agamemnonz ne sont pas débiles du tout. A l’instar des regrettés Steven Seagal (et la fourmi) Surf Poney Club - en parlant de noms - from Andenne, les Rouennais invitent à l’odyssée réjouissante sur une planche en bois : pensez Marcel, chemise en lin et vespa sur les routes escarpées des Cinqueterre. C’est les coco bello dans le sable fin, les gelatti qui dégoulinent presque autant que votre peau cramée par le soleil, mais aussi l’occasion rêvée de parcourir distraitement votre ‘J’irai cracher sur vos tongs’ stagnant depuis six mois sur votre table de nuit. Bref, La Dolce Vita. ‘De A à Z’ c’est un peu la bande son de votre seule semaine par an sans reflux gastriques et cachetons de formes diverses et variables. Ici on oublie tout : on s’a(ban) donne au surf à chaque plage, en espérant prendre le chemin du retour avec des meilleures résolutions. (am)

Ala.Ni ‘You & I’ No Format!/Sony

De Ala.Ni à alien, il n’y a qu’un pas. Assurément autre, la Grenadine souffle sur la pop un vent menthe-à-l’eau qui annonce un éternel printemps. Sous l’insistance de Damon Albarn, elle peaufine son style sépia pas à pas, saison après saison, EP après EP, jusqu’à obtention de la patine idéale. Jamais ringarde, surtout pas vulgaire, Ala. Ni est un petit miracle, une bulle intemporelle que caresse la douce brise qui porta les voix de Judy Garland et Billie Holiday pardelà les ans. Son timbre rétro dessine des parcs publics l’après-midi, traversé de cyclistes à canotiers et de peintres du dimanche, où perce, je ne sais comment, une modernité qui ne trompe pas ses nombreux admirateurs. Douceur inouïe et simplicité désarmante : ce sont les deux ingrédients indissociables de ‘You & I’, qui pourraient changer la donne d’une musique populaire en perdition. Les Merry Melodies d’Ala.Ni font nous éprendre d’uchronies hertziennes. Pourvu qu’elles essaiment. (ab)

’Brute’ Hyperdub

On l’a découverte en 2014. C’était sur le génialissime ‘Asiatisch’. Depuis, impossible de se passer de Fatima Al Qadiri. De son electronica racée, formidablement subtile. A hauteur de vue avec Laurel Halo, c’est dire l’exploit. Très loin de la recherche du gros beat qui tache le fion. A mille lieues du 4/4 basique qui fait gonfler le slip. Car l’artiste, née au Sénégal et devenue grande au Koweit, en a vu du pays. Et des rébellions face à l’autorité. Depuis son Brooklyn de résidence, elle en a fait le sujet de prédilection de ‘Brute’. Quels sont les liens entre police, citoyens et manifestants ? Inquiétants, à en juger de l’ambiance qui règne. Les sirènes hurlantes, sur fond d’electronica menaçante. Pourtant, point de bourdon à l’horizon. On se rappelle Holly Herndon, une autre manipulatrice de talent. Dans un autre style, aussi essentiel. Pour une même longueur en bouche. Des albums dont on n’a pas fini le tour en dix écoutes. Pour un son identifiable dès les premiers instants. Ça s’appelle la personnalité. Le génie. L’adresse. Les trois à la fois. C’est une sacrée gonzesse, cette Fatima Al Qadiri. (fv)

Gestuellement, c’est un doigt tendu en mode majeur. Hellénique le monde. (na)

The Besnard Lakes ‘A Coliseum Complex Museum’ Jagjaguwar/Pias

Jusque là, il faut bien avouer qu’on ne faisait pas grand cas des Besnard Lakes. Qu’on prenait les Montréalais pour un de ces kits de rondins et ponton prêts à dégainer cannes à pêche et limonade maison que pour des adorateurs de Pink Floyd. C’était sans tenir compte d’un goût certain – ‘Pet Sounds’ ayant infusé leurs esgourdes – pour une sophistication qu’on obtient qu’en studio et de tout ce lustre shoegaze dont ils aiment à enduire les lambris de leur ‘Coliseum Complex Museum’. Pas que ça vienne nous rassurer complètement sur leur sort ou être davantage notre came – ‘Towers Sent Her to Sheets of Sound’ exsude tellement le fuzz qu’on en étouffe – mais au moins, on y voit plus clair dans leur ombrageux jeu psychédélique. Verdâtres, pesants, les crépitements progrock de ‘Tungstene 4 – Refugee’ viennent décimer d’un coup la sensibilité, tendue, suspendue – quasi Sparhawk-Parkerienne (Low) qu’on avait cru déceler dans ‘Nightingale’ sous les murs de guitare. Où se trouve le gardien pour nous indiquer la sortie ? (alr)

Blackie & The Oohoos ‘Lacuna’

Bazooka

Unday/News

‘Useless Generation’

Récemment, les sœurs Martha et Loesje Maieu ont gravé leurs voix au chœur des chansons de Flying Horseman. Et quand les chants de sirènes des filles ne hantent pas les disques des autres, elles se distinguent dans les morceaux de Blackie & The Oohoos, entreprise familiale où les mélodies spectrales prolifèrent dans une ambiance rêveuse et ultra vaporeuse. Troisième chapitre d’une discographie en lévitation, ‘Lacuna’ donne dans le fantastique. Ici, les nappes synthétiques s’envolent comme des ectoplasmes en transe sur une plage de sable noir. Sombre, précieux et mélancolique, l’univers défendu par Blackie & The Oohoos tisse des liens entre les planètes d’Au Revoir Simone (‘In Silence’), de Fever Ray (‘Golden Rain’) et de Kate Bush (‘The Girl’). Très joli à défaut d’être singulier. (na)

Slovenly Records

Trois ans après une première détonation entendue dans les rangs du label Slovenly Records (J.C. Satàn, The Spits, The Blind Shake), les Grecs de Bazooka ressortent l’artillerie lourde sur un deuxième album électrique et énervé, enregistré avec les yeux révulsés et la rage au ventre. En guerre contre la mondialisation et l’hégémonie anglo-saxonne, Xanthos, Aris, Vasilis, John et Panos rechargent les batteries du rock garage dans leur langue maternelle. C’est là que l’affaire devient géniale : on n’y pige rien à rien, mais ça pète dans tous les coins. Du coup, pas besoin d’être un adepte du dialecte de Lambros Couloubaritsis pour s’offrir une virée dans ces bas-fonds distordus. Un vieil apôtre en perfecto avait coutume d’agiter sa banane en affirmant que le rock’n’roll était un langage universel. Impossible de lui donner tort à l’écoute des onze brochettes enfilées par la formation grecque. Ce deuxième album de Bazooka s’appelle ‘Useless Generation’. Littéralement, ça se traduit comme ceci : ‘Ahristi Genia’.

Black Peaches ‘Get Down You Dirty Rascals’ 1965 Records/Pias

Son nouveau projet, Rob Smoughton le décrit comme étant du boogie voodoo, de la swamp soul ou encore de la country funk.

C’est parfait puisqu’on a ici affaire à une musique dont la base est blues rock 70s tendance sudiste, façon Little Feat et Dr John, tandis que les compos, superbement construites, intègrent des éléments jazz, soul et latino tout en affichant une dimension plus kraut rock lorsque le groupe se lance dans des passages groovy répétitifs et minimalistes façon mantra. Parfois, on lorgne même vers la disco, comme sur le très catchy ‘Fire & water sign’ qui a fort logiquement été choisi comme single. Très fort sur le plan mélodique et hyper créatif au niveau de la composition, Smoughton est comme toujours entouré de musiciens de grand talent. Classe et efficace. (pf)

Bombay ‘Show Your Teeth’ V2

Ok, Bombay, touché. Derrière ton lifting récent – nom raccourci et nouvelle batteuse – se cachait le désir d’un changement plus profond. De Bombay Show Pig, le Bombay nouveau se cherche, refusant la facilité, ne craignant ni les écueils, ni le fouillis d’un rock qui veut braver les genres et les époques. Grand écart entre son garage d’origine, refrains flower-power et l’énergie enlevée du rock post-Strokes, ‘Show Your Teeth’ est maladroit, rate parfois sa cible, mais témoigne d’une saine volonté de suivre une voie qui lui est propre. ‘Friendly Fire’ est un folk boiteux à la Beck qui s’étoffe d’ambiances blues et prog, la petite bombe ‘Slow Motion’ est un anthem puissant et martelé convoquant Arctic Monkeys et ‘Born Slippy’, ‘Sea’ mêle gros riff garage à une esthétique britpop. Le tout n’est pas loin de Supergrass, voire de l’éclectisme d’un Gorillaz, le hip hop en moins. Un peu asphyxiant, Bombay gagnerait à balayer ses ruelles bordéliques : il n’est pas rare d’apprécier mieux ses morceaux à la pièce plutôt qu’en enfilade. On dira que ça fait partie de son charme. (ab)

Bonnie Prince Billy ‘Pond Scum’ Domino/V2

Combien sont les voix qui vous accompagnent, si pas du berceau jusqu’à la tombe, au moins au-delà de la décennie? Quelles sont celles qui voisinaient

cette chemise aujourd’hui déchirée dont vous omettiez toujours de boutonner le col, celles qui se chargeaient en gravité tandis que corniez la moitié des pages d’un livre, de ce livre ? Si vous êtes comme nous, vous les préférez souvent mal assurées, parce que la faille fait l’humain. Vous n’avez pas suivi Will Oldham à la trace jusque dans la pléthore de ses EPs parce que son signe de berger était de toutes manières buriné en vous, et que vous saviez intiment qu’il rassemblerait ses ouailles. Quelle joie ivre, quelle traversée spirituelle, dès lors, de reprendre contact avec sa grâce à travers ces Peel Sessions, qu’importe qu’il prétende qu’il délivre ses morceaux sans objectif (‘Jolly One (2/15) ‘). Heureux Bonnie Prince Billy qui a vu l’obscurité mais qui, traquant ses stigmates jusque dans une reprise de ‘The Cross’ (Prince), dans l’ambivalence captivante de ‘Death To Everyone’ (« and since we know /an end will come /it makes our living /fun ») nous laisse plus que jamais troués par l’intensité frêle de sa lumière. (alr)

Breakbot ‘Still Waters’ Ed Banger

Surfaces plastiques, couleurs unies et criardes, courbes en bord de piscine. Revival volontaire d’un fantasme, ‘Still Waters’ est factice d’un bout à l’autre. Plastic people en chefs, Thibaut Berland et Irfane sortent ici leur second album sur Ed Banger, maisonmère de la French Touch. Breakbot aborde le genre sous l’angle de la romance pub pour papier glacé, gouttes d’eau dans la moustache incluses, aidé par le chant d’Irfane et Yasmin Shahmir. Tout y est clinquant et lisse, l’oreille n’a prise sur rien ou si peu. Au risque de leur faire plaisir, cet horizon formica évoque Georges Michael encadré par Chromeo. Pour les amateurs de soul-ripolin, ‘Man Without Shadow’ et ‘All It Takes’ pourraient accompagner une ligne de coke et un Martini. Pour les autres, trop sage pour devenir un plaisir coupable, ‘Still Waters’ ne décolle que lorsqu’il devient littéral, comme sur le morceau-titre, quasi-parodie de tout ce qui a précédé, où l’abus de vocoder et de vulgarité kitsch devient enfin excitant. (ab)

John Cale ‘Music for a New Society’ Domino/V2

De tous les albums de Cale, ‘Music for a New Society’ demeure un des plus méconnus, largement ignoré lors de sa sortie en 1982, n’ayant pas atteint le même succès commercial que ‘Honi Soit’ paru l’année d’avant, peu cité par rapport à ses autres disques fétiches tels ‘Paris 1919’ ou ‘The Academy in Peril’. Il y a peu, Cale avait pourtant entrepris de l’exécuter intégralement live, comme pour lui donner une seconde vie. La présente réédition sur Domino offre non seulement une remastérisation, mais également un nouveau mixage – discret mais réel – des pistes. Plus fondamentalement, à le réécouter près de trente-quatre ans après sa réalisation, le disque n’a que peu souffert des affres du temps. Largement composé live en studio par Cale, il reprend, en prises souvent brutes, des chansons d’ambiances très diverses. Le chavirant et chaviré ‘If You Were Still Around’ et l’élégiaque ‘Close Watch’ ou encore l’énigmatique ‘Chinese Envoy’ en sont peut-être les pièces majeures tandis que d’autres comme le décousu ‘Risé, Sam and Rimsky Korsakov’ en clôture restent périphériques. Trois titres bonus sont inclus. Heureuse résurrection. (et)


Choir Of Young Believers ‘Grasque’ Ghostly International

Voilà un disque en désordre qui glisse entre les mains comme un serpent psychédélique. Les Choir Of Young Believers ne savent pas faire simple. Le collectif danois créé par et autour de Jannis Noya Makrigiannis, expert ès compositions planantes et envolées lyriques, n’a pas besoin de rugir pour se faire entendre, cultivant la longueur plutôt que la fulgurance. Comme un résumé des charmes et épouvantes qui nous attendraient plus tard, ‘Grasque’ démarre peinard et finit en gros bouillon. Et si par moments le collectif a une fâcheuse tendance à sombrer dans une forme d’emphase liturgique et de mièvrerie agaçante, le reste du temps il s’en tire avec les honneurs, réussissant à faire oublier ces faiblesses grâce à une belle qualité d’écriture et des arrangements aux accents soft rock pas foncièrement désagréables. Et entre le jazz ambient et enfumé de ‘The Whirlpool Enigma’, la pop scintillante et eighties de ‘Gamma Moth’, ou encore la soul moderne de ‘Cloud Nine’, Jannis Makrigiannis flirte surtout avec un R&B aérien, éthéré et langoureux. Ne vous étonnez donc pas d’y entendre le croisement improbable entre Georges Michael et Sade. (gle)

Dalton Telegramme ‘Sous La Fourrure’ Autoproduction/This Side Up

Je me souviens d’un soir d’été 2014. Dans un festival bucolique du côté de Ferrières. Il y avait les gars de Mountain Bike, Noa Moon, The Feather, Moaning Cities. C’était l’ambiance fête au village, plus de monde backstage que sous les deux chapiteaux tristounets, beaucoup d’alcools différents, de mélanges foireux. Un état proche de Calcutta. Après une assiette de pâtes savamment détournée du catering, on m’avait forcé à zigzaguer jusqu’aux pieds des Dalton Telegramme. Là, avec des potes – Balimurphy, les souffleurs d’Human

________________

( LIVE )

Sound System, le chanteur d’Old Jazzy Beat Mastazz –, ils donnaient un concert spécial ‘O’Brother’ (le film des Coen), avec plein de reprises de la BO entre leurs propres morceaux (ceux qu’on retrouve ce premier disque, comme ‘Tequila’, imparable tube à boire) et je m’étais laissé aller à quelques pas de danse. Tout ça pour dire qu’on n’écoutera jamais cet album de country-folk-cowboy chez soi – au premier degré, il est tout de même peu inspiré – mais que ces gars savent s’y prendre pour rendre une soirée mémorable. Ça n’est, finalement, pas négligeable. (lg)

Yves De Mey ‘Drawn With Shadow Pens Spectrum Spools/Dense

Le titre a valeur indiciaire, il renvoie à la chimérique tentation de mettre le son en images. Un penchant que l’on pardonne bien volontiers à Yves De Mey (pas de lien direct avec le compositeur contemporain Thierry De Mey) quand on mesure le chemin qui a été le sien pour dessiner, croquer, sculpter les sons sans jamais se départir de cette inclinaison à vouloir leur donner forme à travers des manœuvres sinusoïdales et des ondulations acrobatiques. Ses nombreuses apparitions sur les labels Semantica, Opal Tapes, Modal Analysis, Sandwell District ou encore ses propres Archives Intérieures en témoignent avec brio. D’ombre il est aussi question. Dans le choix des atmosphères d’abord, lesquelles semblent réticentes aux lumières vives et inclinent à la trace plus qu’à l’éclat. Mais aussi dans le tatillon travail en retrait et en intérieur que l’Anversois s’impose, véritable orfèvre de studio. Ce double vinyle publié pour le label frère des Editions Mego est d’excellente facture, il atteste de la qualité d’un travail qui a pris de la maturité et de la bouteille. Mention également pour la magnifique pochette signée par Yann Binet. (et)

________________

DMA’s ‘Hill’s End’ I Oh You/Infectious

Sensation australienne, le trio DMA’s était attendu au tournant pour son premier album. Particulièrement en Angleterre, où les trois kékés à casquette évoluent comme des poissons dans l’eau, faisant un carton à chaque nouveau single. Pas surprenant : DMA’s sonne comme R.E.M. s’ils avaient grandi à Manchester dans les années 90 plutôt qu’à Seattle dix ans plus tôt. C’est dire si on nage dans un rock tout public. C’est pourtant loin d’être dégueu et pour tout nostalgique de brit-pop nerveuse et de ballades solides, depuis Oasis à The La’s en passant par les Stones Roses, il y a de quoi se repaître. Merde, le temps de ‘Step Up The Morphine’, j’ai même cru que Gavin Clark était revenu d’entre les morts. Enregistré pour l’essentiel dans la chambre du batteur-devenu-chanteur Tommy O’Dell, ‘Hill’s End’ se fraie sans problème un chemin vers les ondes et la presse, tout auréolé de la traditionnelle success story musicale. L’intelligence des DMA’s est de proposer un rock frais plutôt que neuf, accrocheur plutôt que novateur, à l’inoffensivité intemporelle. Bien ouej, gro. (ab)

n’aboutira jamais à un délice du roi. Pas ici, on se laisse porter par le résultat. Étonnant et bien moins revêche qu’escompté. Où de profondes traces des pionniers de l’electronica subsistent. Le bonjour du BBC Radiophonic Workshop, de Daphne Oram & co. Un voyage interstellaire aux accidents contrôlés. Une renaissance. Vite que je me regarde dans le miroir. Un monologue, on vous disait. (fv)

Eléphant ‘Touché Coulé’ Sony

La pop francophone légère a encore de beaux jours devant elle. Eléphant – un gars, une fille, des harmonies chouchou à la crème – sort son premier album, qui est aussi le premier album du printemps, celui qui annonce toutes ces choses cycliques qui s’enchaîneront jusqu’à l’automne : électropop criarde, cuites, sexe sans lendemains, amourettes fébriles, festivals bordéliques, crêtes de coq, tout ça. Avec de beaux slows synthétiques qui tuent (‘Le Tour Du Monde’, ‘On N’était Pas’). On abrège mais, pour de vrai, ce disque est vraiment chouette. Il faut l’écouter fort, danser bébête et oublier. (lg)

Emilie & Ogden

Driftmachine

‘10000’

’Eis Heauton’ Hallow Ground

Secret Cit y Records

Un mystère. Linguistique d’abord. Ce titre, ‘Eis Heauton’, un terme grec pour une conversation avec soi-même. Technologique ensuite. Une musique électronique où trois des quatre tracks n’ont pas été composées par le duo allemand, mais sont le fruit d’une auto-génération technique. Le rôle de Florian Zimmer et Andreas Gerth ? Paramétrer leur système modulaire et le laisser faire l’essentiel du boulot. Présenté de telle manière, on pourrait croire que c’est simple. Qu’il suffit d’être un geek des machines pour produire un disque. C’est vrai. En partie. C’est surtout trompeur. Balancer une tonne de crasses chimiques au four préchauffé à 220°

Combien peut-il exister de dryades harpistes à frange brune et inflexions mutines sur la planète indie? A-t-on le droit de se laisser berner / bercer quelques secondes ou plus par un clone quasi-parfait de Joanna Newsom avec le même ravissement que pour la femme-enfant alpha? Projetée sur le devant de la scène sans doute plus vite qu’elle ne l’avait prévu car remarquée par Taylor Swift – la faute à une reprise vaporeuse de ‘Style’ – Emilie Kahn trouve elle-même la meilleure parade (mi-culottée mi-balle dans le pied) à nos questions existentielles : « I’ve got nothing new / to offer you / Just my body and my soul / And if that is not enough

Moderat

in concert

PR ES ENTS

rone-music.com

Moderat III

Out on April 1st

Visual Direction by Pfadfinderei

ANCIENNE BELGIQUE SAMEDI 23/04/2016 TICKETS : 02 548 24 24 • PROXIMUSGOFORMUSIC.BE •

VENDREDI 30.09.2016

mercredi 04.05.2016

FOREST NATIONAL

ancienne belgique

TICKETS : PROXIMUSGOFORMUSIC.BE • LIVENATION.BE

t ick e t s : abc oncer t s . be · pr oxim us g ofor m us ic . be


18

for you / Well I think that you should go ». Il n’y a plus qu’à souhaiter que la demoiselle – à qui l’on accordera, écriture sensible et belle assurance dans le jeu aidant, le droit de faire des gammes et la présomption d’innocence – trouvera prochainement ‘Une chambre à soi’. De quoi, cette fois, provoquer chez nous un trouble où n’interviendrait aucun ventriloque. (alr)

Essaie Pas ‘Demain Est Une Autre Nuit’ DFA

L’été dernier, Hey Mother Death roulait des rythmes motorik sur sa ‘Highway’, disque vénéneux aux beats minimaux, blafards. On était touché à mort par ces morceaux rachitiques, par leur invitation à une danse famélique, miséreuse. Mais on n’explique pas pourquoi, aujourd’hui, un album quasiment similaire jusque dans son spoken word franco-anglais ne nous fait presque aucun effet. ‘Demain Est Une Autre Nuit’ a certes la couleur glauque des petits matins interlopes, des cernes de la mort sous les lunettes opaques, mais ce disque manque du truc en plus. Dans ses instants les plus lumineux, ‘Retox’, le duo montréalais passe même pour du Visage – devenir gris – à peine remis au goût du jour. Demain, une autre nuit, peut-être. (lg)

Fandango Live ‘Kerkom,Texas’ Fandango Music

Si Wim Wenders se remettait à faire un roadmovie, en noir et blanc, avec cet immense décor cinématographique que sont les routes du Brabant Flamand, ce disque des studios Fandango (sis à Kerkom, à quelques encablures de Leuven) en serait la parfaite bande originale. Disciples des guitares laconiques et nonchalantes de JJ Cale et Ry Cooder, Dirk Lekenne et Luk de Graaff travaillent comme matières premières le blues et le country avec une grâce qui ne se préoccupe ni d’urgence ni de modernité. Récitant leur bréviaire avec une application toute lisse mais jamais dénuée de passion, c’est un véritable disque-catalogue de l’americana qu’ils nous proposent ici. Bien sûr chaque accord de slide guitar est aussi imprévu qu’un cactus à la sortie de Flagstaff. Bien sûr, à côté du toucher ultra-sensuel de Cale et de Cooder, tous les gratteux de la terre semblent avoir du plomb dans les doigts. Cela n’empêche toutefois jamais Fandango Live de recapturer l’âme du blues, cette quête universelle et inlassable d’apaisement, de salut, de rédemption. Ni d’accoucher d’un disque gorgé de clichés qui plaira même à ceux qui détestent le blues et la country. (gle)

William Fitzsimmons ‘Charleroi: Pittsburgh Volume 2’ Grönland

Au risque de décevoir certains de nos lecteurs, le second volume consacré aux grands-mères du singer-songwriter à poils n’est pas dédié à Charleroi, Belgique, mais bien à Charleroi, Pennsylvanie, ville d’origine de Thelma, la mère biologique de son paternel. Ni William ni son père ne l’ont véritablement connue : atteint de la coqueluche, papa Fitzsimmons fut confié encore bambin à un hôpital où il séjourna de longs mois. Erreur de communication, sa famille le crût mort, tandis qu’aux archives on le déclarait orphelin. Adopté par un de ses médecins, il pensait ne plus jamais entendre parler de sa famille d’origine. Ce n’est qu’en 2015 qu’un contact fut rétabli, hélas trop tard pour re-

Cavern Of Anti-Matter ‘Void Beats/Invocation Trex’ Duophonic UHF Disks

Derrière ce patronyme pas très avenant se cache Tim Gane, cerveau des Stereolab, rejoint ici par le batteur initial de l’illustre relique des 90’s, Joe Dilworth, ainsi que le synth wizard - on ne pourrait donner tort à leur bio Holger Zapf. On imagine sans encombre le trio dans son laboratoire à expérimenter quelques bizarreries durant de longues nuits noires londoniennes. Et donc, forcément, ‘Void Beats/Invocation Trex’ n’autorise pas l’écoute distraite, il exige un abandon total pour un trip viscéral. On n’entre pas dans les treize minutes de ‘Tardis Cymbals’ comme dans un bus de la STIB. : c’est un voyage sans escale, sinon rien. Mais quiconque s’armera de courage, guettera le moindre soubresaut d’une loop tentaculaire trouvera forcément son bonheur : des cavalcades kraut à la Neu!, des virées spatiales à la Boards Of Canada, et des têtes connues, beaucoup : un Spacemen III par ci, un Mouse On Mars par là vous avez dit cosmique? - jusqu’à l’apparition fugace de l’échassier Bradford Cox qui en fout plein les mirettes sur les deux minutes (désen)chantées de ce disque, parce que moi y a savoir faire de la pop, tu vois. Ça pue la maîtrise sans pour autant être pédant, même que ‘Pantechnicon’ délierait les nœuds de cravates un jeudi soir place du Luxembourg. Balèze. (am)

images à l’appui, de l’extraordinaire engouement des artistes s’étant associés au projet, partageant un héritage musical – et parfois spirituel – avec l’ex-Beatles. On retrouvera avec bonheur des tubes de ceux-ci comme ‘Here Comes The Sun’ et ‘Taxman’, écrits par Harrison mais aussi ses propres chansons millésimées comme ‘Art Of Dying’, ‘What Is Life’, ‘Got My Mind Set On You’ ou l’intemporel ‘All Things Must Pass’ qui clôt le disque, histoire de dire que s’il faut tourner la page c’est parfois pour mieux s’en remémorer. (et)

Goudi ‘Midnight Fever’ Goudimusic

Autrefois actif au sein de SpeakingT et Flesh&Fell, Pierre Goudesone a donné un nouvel élan à sa carrière en 2009, se lançant dans un projet solo sous le nom de Goudi dont ‘Midnight Fever’ est le troisième album. Accompagné de musiciens inspirés, il nous livre un disque assez varié et accrocheur dans un registre rock crépusculaire et hypnotique. Quelque part entre Daan et Iggy Pop, Goudi possède une voix puissante de crooner baroque et torturé, laquelle s’associe parfaitement à des mélodies au parfum cold wave/gothique 80s totalement assumé. Souvent dark, comme sur le bien nommé ‘Black heart’ ou encore ‘Desire’, l’album peut se montrer par moments simplement rock, comme sur le très catchy ‘Let’s spread love’ qui conviendrait parfaitement à Iggy ou encore avec le single ‘Dock of the bay’. (pf)

voir Thelma, décédée quelques années plus tôt. William la raconte et se raconte à travers elle (« I was a part from her », scande-t-il) en six chansons aux arrangements simples et à l’émotion immédiate. A son habitude délicat et feutré, en incessant besoin de se construire en famille, il s’invente Thelma, la trace en croquis prudents, l’habille de pudeur et de respect. Le ‘Carrie & Lowell’ de Sufjan Stevens brille aux coins des paupières, œuvre jumelle de cœur. (ab)

l’est envoyé dans le casque. Et c’est reparti pour un tour. Du côté de Throbbing Gristle. Ça étonnera les peureux du grand Karlheinz. Ça ravira les fans du superbe bootleg ‘Live in Porto’ de Coil. Les frontières sont transpercées. Sans tomber dans le crossover cheap. On reconnaît le son grinçant des Zeitkratzer. Le timbre subliminal de Haino. La musique intransigeante de Stockhausen. En un fondu enchaîné. Irremplaçable. (fv)

Reinhold Friedl

‘Soundtrack To A Music that Never Was’

Guerilla Toss

Statique Magique

DFA/Pias

Formé voici dix ans, Gentlemen Of Verona a dans un premier temps évolué dans un registre garage rock qui l’a amené à se produire un peu partout en Europe. Ayant l’impression d’avoir fait le tour de la question, le trio belge s’est remis en question en 2013 et a redéfini les contours de sa musique de façon radicale. Si l’on retrouve l’énergie et l’urgence des débuts, l’univers du groupe lorgne désormais du côté d’un rock hanté et volontiers crépusculaire, entre western, musique lyrique et rock primitif alla Link Wray. Plusieurs titres dégagent quelque chose de fort et de désespéré, la chanteuse Debby Termonia affichant un charisme doom digne de Siouxsie. La richesse de la palette sonore de l’ensemble et l’enregistrement brut – l’album a été produit dans les mêmes conditions que dans les 60s, insufflent une dimension mystérieuse et envoûtante à ce disque conçu comme une bande son de film imaginaire. (pf)

Ayant sorti un premier EP acclamé par la presse l’an passé, Guerilla Toss revient avec un premier album qui confirme les attentes qu’on avait placées en eux. Complètement déjanté, le groupe présente son disque comme une approche cathartique influencée par la tragédie et la beauté, visant à une renaissance de l’âme par le biais de la spiritualité et de la thérapie psychédélique. On ne sait pas ce que nos amis ont pris comme substances mais le résultat est assez sidérant et complètement barré. Entre post punk déjanté, hip hop déviant, post hardcore halluciné et drum’n’bass zarbi, Guerilla Toos balance des compos surréalistes et assez uniques. Si l’on a parfois du mal à suivre le groupe dans ses délires, on est par contre souvent transporté par des compositions dont le potentiel dansant est indéniable. Par exemple, ‘Diamond girls’, avec sa rythmique post funk, est tout bonnement génial. Surprenant et excitant ! (pf)

’Kore’

Zeitkratzer + Keiji Haino ‘Stockhausen Aus den sieben Tagen’ Zeitkratzer Productions

Un engament. Une vocation. A la tête des incontournables Zeitkratzer depuis leur fondation, c’était en 1997, Reinhold Friedl développe parallèlement un univers solo intrigant. Si on n’est toujours pas fan de son ‘Inside Piano’, la donne change radicalement à l’approche du présent ‘Kore’. Hommage à Iannis Xenakis, voilà pour l’obituaire, Friedl reprend la baguette de l’ensemble berlinois, en live. Captées en janvier 2013 à Hambourg, les compositions du chef allemand balancent à la face du public, on paierait pour voir sa tronche, une immense décharge grinçante. D’un dynamisme à la fois débridé et libertaire, la douzaine de musiciens enchaîne les sauts périlleux en marge de la fureur et du fracas, tout en demeurant parfaitement lisibles et aériens. De l’autre côte de la Manche, on appelle ça un tour de force. On ne va pas se cacher, on avait adoré les deux précédentes collaborations de Zeitkratzer et de Keiji Haino. Et bien, les revoilà, sur une musique de Stockhausen, le très grand. On le sait, le nom du compositeur allemand fait encore peur, près de dix ans après sa mort. Sous les doigts de l’ensemble berlinois, qui plus est enrichi de la voix unique du Japonais, tout s’éclaire. D’autant que Reinhold Friedl & co. nous avaient déjà proposé le même ‘Aus den sieben Tagen’, sans Keiji Haino. C’était en 2011, on avait adoré. Sans trop se souvenir pourquoi, juste que le moment était génial, à tel point qu’aujourd’hui encore, on pourrait vous retrouver au mètre près l’endroit où on se

Gentlemen Of Verona

George Fest ‘A Night To Celebrate The Music Of George Harrison’ Hot Records/BMG

George comme George Harrison, Fest comme festival. L’idée est simple, c’est celle d’un hommage, un tribute décliné tout au long d’une belle soirée de fin septembre 2014 au Fonda Theatre de Los Angeles réunissant des pointures telles Ben Harper, Norah Jones, Brian Wilson, Ian Astbury (The Cult), Perry Farrell…, mais aussi les groupes américains Jamestown Revival, Cold War Kids, The Flaming Lips, Heartless Bastards aux côtés de d’autres musiciens moins célèbres. On épinglera par ailleurs la présence du fils Harrison, Dhani, qui apparaît sur plusieurs morceaux et qui avait épaulé son père sur son album posthume ‘Brainwashed’. Le dvd qui accompagne ce double cd témoigne,

‘Eraser Stargazer’

Charlie Hilton ‘Palana’ Captured Tracks/Konkurrent

Que les choses soient claires : Charlie Hilton n’est pas la sœur cachée de Paris. Sale nouvelle pour les tabloïds et les coquins de tous poils. Mais qu’ils se rassurent : Charlie aime aussi poser en maillot de bain, se rouler dans la dentelle et s’afficher au balcon en petite tenue. En marge de cette carrière de modèle, la jolie brune s’est révélée en chanteuse. Après avoir posé ses lèvres derrière tous les coups de Blouse (deux albums en trois ans pour le groupe de Portland), l’artiste s’affirme aujourd’hui en solitaire sur un disque vaporeux et langoureux. Produits par


concerts March

Th

3

[PIAS] NITES: Témé Tan BE + Few Bits BE + Sarah and Julian DE

Fr

4

[PIAS] NITES: M o n e y UK + FEWS SE/US + Amber Arcades NL

Sa

5 12 15

Nomods + Soul L’Art BE

Sa Tu April

We

6

KaS Product FR + Onmens BE Vök IS + Sonøren BE Black Box VI: bepotel + Dolphins Into The Future

FrJazzeux curated by LEFTO & Lander Gyselinck Sa 8-9 with Dorian Concept AU + Sons Of Kemet UK + Pudding oO BE + more Tu Tu Fr Fr Fr

12 12 15 22 29 18

2016

LLEE G RA GR RA AN ND GRAND M MI MIX

AVR.

scène de musiques actuelles TOURCOING

Scout Niblett UK The KVB UK + Dear Deer FR

> MARS

The Black Marble Selection + Pauw + Nixie (dj)

ME + GRAND GRA BLANC 10.03 FAIR : LE TOUR : LA FEMME

Hangman’s Chair FR + Hemelbestormer BE

UNCO+MPLAIDA AIDAN KNIGHT 12.03 HALF MOON RUN 13.03 PETITE NOIR + GRIFON

Mad About Music: Wolvennest

May

We

MARS

Bohren & Der Club Of Gore DE

beursschouwburg

! COMPLET

ET !

19.03 BLUES PILLS + WHITE MILES 24.03 AFTERWORK AVEC BON VOYAGE ORGANISATION 25.03 THE INTERNET 29.03 FESTIVAL LES FEMMES S’EN MÊLENT : U.S. GIRLS + GEORGIA + ALDOUS HARDING 30.03 COSMIC TRIP TOUR : BIRTH OF JOY + LAST TRAIN + WEIRD OMEN + DJ LORD BARNABY STREET WEISSMULLER 31.03 SAGE + DRALMS + FARAO

> AVRIL 02.04 FESTIVAL LA SAUCE JACK : THE MOUSE OUTFIT 06.04 MONIKA (GRATUIT ABONNÉS) 10.04 TRICKY PRESENTS 'SKILLED MECHANICS' RFCOMPLET ! 12.04 NADA SURF

13.04 CULT OF LUNA + SINISTRO + MOLOKEN 15.04 GET WELL SOON 19.04 LES PARADIS ARTIFICIELS : ALICE ON THE ROOF + KAZY LAMBIST 21.04 LES PARADIS ARTIFICIELS : VALD + GEORGIO 22.04 LES PARADIS ARTIFICIELS : PERTURBATOR + CARPENTER BRUT

+33(0)3 20 70 10 00 - WWW.LEGRANDMIX.COM

LES PRODUITS DE L'ÉPICERIE


20

Jacob Portrait (Unkown Mortal Orchestra), les onze morceaux de ‘Palana’ se prélassent sur des couches synthétiques délavées et quelques guitares pop sixties. Dans les oreilles, tout ça pétille un peu comme une mauvaise parodie de Broadcast. L’ennui l’emporte jusqu’au moment où, surprise, le bon Mac DeMarco et l’increvable Jarvis Taveniere (Woods) viennent à la rescousse de ‘100 Million’, ultime béguin d’une amourette sans lendemain. (na)

Hugo ‘Avalanche’ Hot Puma

On risque d’encore s’attirer les foudres du boss de chez Hot Puma mais on s’ennuie aussi ferme à l’écoute d’Hugo que d’Orwell ; ‘Avalanche’ est un disque au financement participatif qui ne doit probablement sa vie – comme trop souvent dans ces cas-là – qu’à la famille et aux potes mécènes. Le gars remercie dans les crédits tous ceux qui le nourrissent : Hot Chip (vraiment ?), A-ha, The Blue Nile, Sheller, Daho, Tobias Jesso Jr, Maupassant même. Mais il oublie l’essentiel : Laurent Voulzy. On pense au copain du bouclé bidon quasiment sur les trois quarts des titres. On tient donc le cœur grenadine, le rockollecteur wallon (« Je sais / Michel Houellebecq, Paul McCartney / Présent passé, j’ai mélangé »...). Entouré de Jérôme Mardaga et Jérôme Danthinne, Hugo balance donc dix titres pop, radiophoniques, pas forcément désagréables mais sans les refrains qui rendent imparables les titres de, au hasard, Antoine Chance. (lg)

The (Hypothetical) Prophets ’Around The World With…’ InFiné

Un disque de légende. Dont tellement peu avaient entendu parler que seuls deux de ses titres étaient parus sur une compilation en 2004. Vingt-cinq ans après la sortie initiale de 1979, on avait peine à y croire. Avant une renaissance définitive en 2016. Où on se dit que ça n’a pas vieilli d’un pouce. Ils étaient fortiches du clavier, le Frenchie Bernard Szajnet et l’Angliche Karel Beer. D’autant qu’ils s’étaient planqués sous les pseudos de Joseph Weil er Norman D. Landing. En nous faisant croire à un pastiche soviétique de Kraftwerk, c’était bien vu (et commercialement suicidaire). D’autant que c’est très drôle. Ou carrément caustique. Dadaïste aussi. Si l’ombre de Ralf und Florian plane, en russe svp (‘Back To The Burner’), que dire des échos à la Cabaret Voltaire (‘I Like Lead’) ? Ils te foutent la patate, mon vieux. Même si à la première écoute, tu te demandes où tu es tombé. Si on ne se fout pas de ta gueule. Puis, tu piges l’ironie du propos. Ces gars-là, ils te dézinguent toute l’histoire de la pop. A la moulinette, les harmonies vocales des Beach Boys. En lambeaux, la synth pop d’avant Depeche Mode. Et si ce coquin de Felix Kubin avait gardé l’objet secret sous son matelas ? On ne serait pas étonné. Sa mère. (fv)

Wendy James ‘The Price of the Ticket’ Cobraside

Apparue au mitan des années 1980, la blonde Wendy James a donné son corps à Transvision Vamp, ersatz britannique de

Cross Record ‘Wabi-Sabi’ BaDaBing

En intitulant son album ‘Wabi-Sabi’ – ce concept japonais qui révère l’authenticité, s’efforce d’être dans l’acceptation de l’imperfection et de l’impermanence – Cross Record s’autorisait de facto aussi bien l’éclat le plus pur que les plus crevassées des anfractuosités. Le pari aurait pu les mener au casse-pipe, si entre le couple yin yang de base – Emily Cross pour la voix d’éther, Dan Duszynski pour la guitare rugueuse – n’était venu s’immiscer le liant extra-fluide de ce cher Thor Harris (Musclor percussionniste des Swans). Tout à fait le genre d’invité surprise qu’on rêverait de voir bousculer la léthargie autistique de Mazzy Star, dont Cross Record partage l’art de délaver les iris. Tout à fait la personne adéquate pour faire de ‘Two Rings’, mantra déchirant, un morceau splendidement ancré par la boucle de ses marimbas ou d’’High Rise’ une explosion inquiète. Pas folle mais hérissée cette ‘Wasp in A Jar’ à trois têtes, et s’aventurant sur le terreau âpre du ‘Dry’ de PJ Harvey, on en vient à l’apprécier davantage lorsqu’elle pique que lorsqu’elle effleure, comme dans ‘The Depths’ ou qu’elle se dissout dans l’absinthe acidulée et bruitiste de ‘Basket’. Juste une giclée de ‘Lemon’ et on tient là l’amertume idéale ! (alr) Blondie. Amoureuse du guitariste Nick Christian Sayer, l’Anglaise a flambé au sommet des charts avant de voir son groupe partir en fumée. La chanteuse s’est alors affirmée en solitaire et, surtout, en célibataire. Après une collaboration fructueuse avec Elvis Costello en 1993 (sur ‘Now Ain’t the Time for Your Tears’) et un épisode passé inaperçu (‘I Came Here to Blow Minds’, en 2011), Wendy James fête aujourd’hui son demi-siècle en se roulant à poil dans un canapé duveté. La vision a de quoi affrioler quelques petits coquins. Premier à faire de l’œil à la jeune quinqua : Glen Matlock, bassiste des Sex Pistols et ami des punks (Iggy Pop, The Dammed, etc.). Dans la foulée, c’est Lenny Kaye qui veut aider la belle femme à se relever. Le guitariste de Patti Smith a toujours aimé les causes perdues. Bien excité par cette affaire, le batteur Jim Sclavunos (Grinderman, Nick Cave and The Bad Seeds) claque des cymbales et cogne du fût pour capter le regard de la couguar. Entourée par ces trois gentlemen, Wendy drague le micro et embrasse le rock’n’roll sur la bouche. En treize morceaux au charme rétro(actif), ‘The Price of the Ticket’ confirme le savoir-faire de ses protagonistes et impose l’aura d’une femme fatale. Une voix éternelle. A ranger précieusement entre les meilleurs albums de The Limiñanas, Holly Golightly et The 5 6 7 8’s. (na)

The James Hunter Six ‘Hold On’ Daptone

On aurait tendance à l’oublier mais tous les disques de chez Daptone ne sont pas forcément excellents. Et si l’on n’a pas fini d’abuser, plus d’un an après sa sortie, de ‘Burnt Offering’ du colossal Budos Band, un combo qui réinventait littéralement la soul et le funk, on n’en fera pas autant de ‘Hold On’, quatrième essai non transformé de la clique à James Hunter. Ce disque est cool, bien foutu, sans réel temps mort, mais vraiment, un tel mimétisme avec les stars momifiées Ray Charles ou Sam Cooke ne présente qu’un intérêt somme toute mineur. Le parfait best of de l’été 62. (lg)

Jack and The’ ‘Melody Cycle’ Hot Puma

Mais qui sait, peut-être que le boss de Hot Puma nous remerciera pour ceci : au début

des années 2000, quelques potes d’Edimbourg se rassemblent autour du songwriter Riley Briggs et montent un de ces petits groupes indie, chevrotant, marqué à vie par les premiers albums pop rétros et mélancoliques de Belle & Sebastian et des High Llamas. Ils décident bêtement de s’appeler d’après le nom d’une ville où le grand-père du songwriter en question possède une caravane. L’ennui, c’est que la ville est déjà mondialement connue pour sa distillerie et son classique douze ans d’âge, doux et malté au palais. Aberfeldy sort donc un premier album somptueux, long en bouche lui aussi, avec des singles dingues, acclamés, puis retombe progressivement dans l’oubli. Aujourd’hui, en écoutant Jack and The’, on pense immédiatement au groupe écossais. Pour le son. Et pour l’avenir similaire qu’on peut hélas lui prédire. Son leader, un Français exilé à… Edimbourg, s’est entouré de dix-huit musiciens – cuivres, cordes, vibraphone, sitar, piano – pour accoucher d’un disque magistral mais voué à n’être célébré que par quelques nostalgiques des sixties, de Burt Bacharach, de Divine Comedy et de la pop de chambre. On peut penser aussi à des Mermonte moins exaltés. Tout est régulièrement superbe, arrangé divinement, à mille lieux des canons 2016, avec un vrai sens du refrain et de la mélodie. L’affaire se termine sur une sorte de fanfare triste, ‘Minimalist Life’. On aimerait tellement l’inverse pour ce magnifique disque. (lg)

Meilyr Jones ‘2013’ Moshi Moshi/Pias

Pourquoi l’excentricité pop du Pays de Galles, ça vous gagne : fig. 3, ex. 189 (voir cas précédents et connexes : Gruff Rhys, Cate Le Bon, H. Hawkline). À dada sur le drôle de disque du pas franchement dadais Meilyr Jones (ex-Race Horses), on n’a plus été à même de dénombrer toutes les fées, baroques, burlesques et cinglées, qui avaient pu s’incruster à la baby shower de ce nouveau ‘Passionate Friend’ souvent grandiloquent, rarement cuistre. En lui, tête-épaules-et-genoux-pieds, on retrouvait de la plume ironique et arty d’Eleanor Friedberger mâtinée des entrechats de Jarvis Cocker

(‘How to Recognise A Work of Art’ et son refrain tubesque « It’s a fake, of that there’s no mistake»), de la flamboyance outrancière de Roxy Music – vous en connaissez beaucoup des types qui s’octroient un orchestre de 30 personnes sur un premier album, citent Shakespeare comme ils respirent et sèment des (instruments à) vents guillerets à tout va ? – ou de la non-peur du ridicule (voire de la ringardise) des Sparks. D’’Olivia’ et ses accents russes à l’ultra-sibyllin et désabusé ‘Don Juan’, c’est à un art tout fellinien du décorum qu’il nous confronte, à un goût assumé et jubilatoire de la discontinuité esthétique qu’il nous rend accro. (alr)

Kel Assouf ‘Tikounen’ Igloo

Sans avoir l’air d’y toucher, depuis le début de l’année, Igloo Records a sorti deux disques plutôt géniaux. Le premier, Antoine Pierre, chroniqué le mois passé, rendait un fameux coup de jeune au jazz quand le deuxième, celui-ci, dérouille le blues touareg. Pas vu venir non plus. Grosse claque itou. Apparemment, le groupe aurait déjà sorti un premier album en 2010, pareillement chez Igloo, mais on serait complètement passé à côté. Kel Assouf, qui signifierait en tamasheq Ceux de la Nostalgie, est un parfait exemple de mixité, d’ouverture à l’autre. En douze titres, l’ensemble belgo-nigérien balance un rock du désert qui n’a rien à envier aux originaux Tinariwen ou Tamikrest. Mieux, ils s’en démarquent réellement et trouvent leur propre singularité sur des morceaux au charme vénéneux (le ralenti, montant en puissance ‘Lab’) ou hypnotique (‘Layla’, ‘Lehiyet’). Et quand les guitares ferraillent entre elles, c’est presque magique (‘Medden’). Paradoxalement, on n’éprouve aucune nostalgie là-dedans. On ne ressent que l’envie de mecs qui veulent viser la lune. (lg)

Lushlife ‘Ritualize’ Western Vinyl/Konkurrent

Rappeur de Philadelphie, Lushlife s’est toujours dandiné entre la culture hip-hop et les traditions de la pop alternative. Aujourd’hui, il synthétise ses passions musicales sur ‘Ritualize’, disque hybride et protéiforme, équipé de pneus tout-terrain. Côté production, déjà, Lushlife évite l’égo trip en refilant les instrus aux bons soins du trio electro CSLSX. Ensuite, le rappeur ouvre la porte à des collaborateurs totalement improbables. Ariel Pink (assez impressionnant dans son rôle de figurant ectoplasmique), Marissa Nadler (en lévitation sur le beat percussif d’‘Integration Loop’), I Break Horses ou RJD2 répondent à l’appel du flow. Au micro, Lushlife débite des punchlines en suivant méticuleusement les plans édictés par Ghostface Killah. Jamais à côté de ses pompes, le rappeur convie aussi ses pairs (Killer Mike et Deniro Farrar) pour claquer deux gros morceaux (‘This Ecstatic Clut’ et ‘Incantation’). Sur le fond, Lushlife tient aussi la forme. ‘The Waking Word’, par exemple, cause Holden Caulfield, Mark David Chapman et John Lennon. En fin de parcours, le titre ‘Burt Reynolds’ donne envie de se laisser pousser la moustache et de faire des cascades en bus. Bon, évidemment, avec autant de monde à bord, ‘Ritualize’ part un peu dans tous les sens. Mais si on prend l’ensemble comme une compilation éditée par une seule et même entité, ça passe comme un mail dans une boîte de réception. (na)


DIJF SANDERS

04.03 05.03 12.03 19.03

Cactus Club - Bruges Museum Night Fever - Bruxelles Trefpunt - Gand De Studio - Anvers

08.03 10.03 09.04 09.04 03.06

Bang! - Bruxelles Club 27 - Edegem Little Waves @ C-Mine - Genk Instant Karma - Oostende Volta @ Beursschouwburg - Bruxelles

GLINTS

KURT VILE & THE VIOLATORS

09.03 Handelsbeurs - Gand 09.07 Les Ardentes - Liège 10.07 Cactus Festival - Bruges

IMARHAN

09.03 Handelsbeurs - Gand

OAKTREE

10.03 19.03 30.04 07.05

AB - Bruxelles De Studio - Anvers Downtown Festival - Ieper Electric Blue - Sint-Niklaas

SO PITTED

11.03 Homeplugged - Bruxelles

SCOTT MATTHEW

18.03 4AD - Diksmuide 19.03 Kunstencentrum België - Hasselt

LIESA VAN DER AA

26.03 Les Femmes s’en Mêlent - Charleroi

MICAH P HINSON

30.03 Botanique - Bruxelles

ELEFANT

31.03 Trix Café - Anvers 30.04 Volta @ Vooruit - Gand

RAPE BLOSSOMS

05.04 Muziekodroom - Hasselt 14.05 Jakhals - Desselgem

DIIV

07.04 Botanique - Bruxelles

WILLIS EARL BEAL

09.04 More Music @ Concertgebouw - Bruges

SCOUT NIBLETT

10.04 Arenbergschouwburg - Anvers 12.04 Beursschouwburg - Bruxelles

THE KVB

12.04 Beursschouwburg - Bruxelles

K-X-P

13.04 Nijdrop - Opwijk 13.08 Yellowstock - Geel

KIMYA DAWSON + LITTLE WINGS

13.04 Maison des Musiques - Bruxelles 23.04 Arenbergschouwburg - Anvers

DOPE DOD

15.04 Vk*- Bruxelles 16.04 Reflektor - Liège

April 8th & 9th, 2016

CHANTAL ACDA

ed. resp. Xavier Vieuxtemps, DRF asbl, rue St-Monon, 33, 6940 Durbuy

16.04 UFO 5/7 - Menen 13.05 Ha’Fest - Gand

NONKEEN

22.04 Muziekodroom - Hasselt 23.04 KERK - Gand

BRIQUEVILLE

23.04 Pacrock - Pont-A-Celles

THE AGGROLITES

29.04 Groezrock - Meerhout

SX

30.04 AB - Bruxelles 03.07 Rock Werchter - Werchter 30.04 Volta @ Vooruit - Gand

04.05 Minard - Gand 05.05 De Roma - Anvers

more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be

ch

-5€-

de

de

fr

fin

irl

Le Bal des EnragEs Pentagram fr

us

Battle Beast Moonsorrow Enthroned Do Or Die Leprous Ithilien fin

be

STADT + RAKETKANON

GREAT LAKE SWIMMERS + MARY LATTIMORE

Eluveitie Powerwolf Equilibrium Mass Hysteria Korpiklaani Primordial fin

be

no

be

Serenityau the arrsfr Komahbe Exuviatedbe Hangman’s Chairfr Voyageraus Mondo Dragus

Silence Is The Enemybe Temneinfr LAdy CarnAgebe Cosmogonlu

durbuyrock durbuy rock.be be

IANTS ÉTUD 8 ANS 1 E & -D

fAcebook.com/durbuy / /durbuy rock

WWW.AERONEF-SPECTACLES.COM AVEC L’AIDE DU MINISTRE-PRÉSIDENT, DE LA MINISTRE DE LA CULTURE ET DU PRÉSIDENT DU PARLEMENT DE LA FÉDÉRATION WALLONIE-BRUXELLES, DU MINISTRE-PRÉSIDENT, DU MINISTRE DE L’ENVIRONNEMENT DE LA WALLONIE, DU MINISTRE DU TOURISME ET DU COMMISSARIAT GÉNÉRAL AU TOURISME DE LA WALLONIE, DE WALLONIE-BRUXELLES INTERNATIONAL, DE WALLONIE-BRUXELLES MUSIQUE, DE LA DÉPUTATION PROVINCIALE DU LUXEMBOURG, DE LA VILLE DE DURBUY ET DE LA LOTERIE NATIONALE.

DRF2016-AP RIF RAF.indd 1

19/02/16 12:28


22

The Magnetic North ’Prospect Of Skelmersdale’

DIIV

Full Time Hobby

‘Is The Is Are’

Un nom étrange pour un groupe qui l’est moins. Il renvoie à la ville nouvelle de Skelmersdale, projet urbain foiré non loin de Liverpool qui héberge le mouvement de Méditation Transcendantale. Aucun risque de planer au-dessus du flot avec le second album de The Magnetic North. Gentiment acidulée, un poil folk moderne, la pop du trio anglais balance quelques chansons aussi bien troussées qu’elles sont vite oubliées. Au rayon des bonnes affaires, la voix juvénile de Hannah Peel exprime un romantisme charmant, il se balade sur un fragile oripeau de soie, autant dire que pour l’amplitude on repassera. Seule au micro ou en duo avec son partenaire masculin Erland Cooper, elle essaie de restituer l’étrange atmosphère censée régner dans la ville. L’idée est excellente, d’autant qu’elle a le chic de s’accompagner d’extraits sonores des infos de l’époque, au début des sixties. Le gros hic, c’est qu’avec des arrangements aussi niais, entre Belle & Sebastian peu inspirés et Divine Comedy sans ambition, on n’y croit pas une seconde. (fv)

Captured Tracks/Konkurrent

La Maison Tellier ‘Avalanche’ At(h)ome

Il y a toujours à picoler et à grignoter sur les albums bancals de La Maison Tellier. Pour une chanson exaltante, souvent trois qui ennuient. Ou à tout le moins, laissent indifférent. Avec ‘Avalanche’, cinquième opus du groupe de « rodéo pop », ça n’est pas tout à fait pareil. Le ratio tire enfin vers l’équilibre, ce qui au final donne un disque réellement classieux. Et plaisant. Avec son lot de mélancolie facile (la nostalgie de ceux ont été adolescents durant les nineties et qui considèrent cette époque crasseuse comme le golden age, ‘Haut, Bas, Fragile’), quelques punchlines bien troussées et d’autres qu’on peut voir venir à des kilomètres, des arrangements souvent beaux (ces cuivres, ah, ces cuivres). Certes, on n’irait pas s’enterrer toute une vie sur un bout d’atoll avec ça mais une semaine à Essaouira, oui oui, ça ira. (lg)

Steve Mason ‘Meet The Humans’ Double Six Records/Domino/V2

Le très agité du bocal ex-rouage majeur du Beta Band nous avait gratifiés il y a deux ans du double et disparate ‘Monkey Minds In The Devil’s Time’, traversé de conscience politique et de soubresauts personnels. Il semblerait qu’a contrario, le grand leitmotiv de ‘Meet The Humans’ soit de retrouver la formule de la joie et de la communauté. Comme Mason n’est pas – doux euphémisme – un joyeux drille de nature, cette quête du davantage ‘Alive !’ paraît par moments comme forcée, gorgée de mantras comme une méthode Coué à destination du chanteur lui-même. Si ‘Another Day’ a un groove qui ferait sans doute gigoter Matthew E. White, ‘Run Away’ transpire encore la blessure ouverte et ‘Through My Window’ cherche dans les limbes une présence humaine libre de toute entrave. Lorsque dans ‘Planet Sizes’, au poignant « The universe makes me cry » répond le plus optimiste « The universe is mine », on se dit que c’est clairement dans cette ambivalence à nu qu’on affectionne l’Écossais. Qu’on préférerait ne pas le voir davantage prendre errance dans la house de ‘Words In My Head’. (alr)

« DIIV, c’est le groupe du mec qui s’est fait coffrer avec Sky Ferreira ? ». Too much too soon, tout le monde a été pris de court dans cette histoire, à commencer par Zachary Cole Smith lui-même. Subitement effrayé de se contempler dans le miroir et d’y voir, aux dires de la plupart des faiseurs de rois de la presse musicale, la nouvelle star de l’indie-pop planétaire. Donner une suite à ‘Oshyn’ – coup d’essai, coup de maître – n’était pas chose évidente. Et bien c’est au moment où on ne s’y attendait plus – après un passage par la case ‘faits divers’ et tabloïds – que DIIV bande ses muscles pour conjurer ses errements addictifs. Et signer un grand disque plein de panache qui mélange et triture les tourments hérités de Cure (‘Valentine’, ‘Yr Not far’), la fougue sonique de Sonic Youth (‘Under The Sun’, ‘Mire (Grant’s Song)’) et la catatonie mélodique de Neu!. Certes, là où leurs aînés inventaient un langage, Smith et sa bande ne font que de la rhétorique, aussi virtuose soit-elle. Car le gang de Brooklyn n’a toujours pas vocation à changer la face de la musique en dynamitant ses fondations. Plutôt à ravaler la façade d’une noisy-pop rétrofuturiste en remettant du shoegaze à tous les étages. Double-disque aussi roboratif que passionnant, ‘Is The Is Are’ enchaîne les compositions instinctives et brutes reposant sur la répétition motorik et sur des lignes de guitares entremêlées à la voix traînante de Smith. Sans éviter la faute de goût ponctuelle (‘Blue Boredom’ sur lequel Sky Ferreira tente vainement de se la jouer Kim Gordon) ou une propension à s’écouter jouer. Mais pas de quoi entamer le caractère foutrement addictif de ce disque. (gle)

Guido Möbius ‘Batagur Baska’ Shitkatapult

Remarque liminaire patronymique : vous ne confondrez pas Guido Möbius avec Dieter Moebius, ce dernier, récemment décédé, ayant été membre de Cluster et d’Harmonia. Avec Guido, on reste en Allemagne et à la lisière du kraut rock sans jamais vraiment y pénétrer. Éditeur musical pour d’autres (Trabant Echo Orchestra, zeitkratzer…), Möbius est aussi un musicien pluriel. Il décrit sa démarche comme un jeu entre la friction et l’harmonie, le son et le bruit et la balance constante entre la mélodicité et la dissonance qui tient sa musique en alerte. De fait, dès la plage éponyme en ouverture, on est saisi par les contrastes rythmiques et le chant cambodgien du chanteur Prak Chum. Plus loin, ce sont les synthés qui prennent des apparences de percussions et la basse qui n’en finit pas de rebondir. Le disque offre des ambiances morcelées, hachées mais aussi des parties chantées très variées. Il rejoindra sans conteste une loggia au cabinet des curiosités de l’underground berlinois actuel. (et)

Motorpsycho ‘Here Be Monsters’ Stickman Records

Actif depuis la fin des années 80, Motorpsycho a récemment passé la barre des vingt disques. C’est pas rien. Leur nouvelle semence, ‘Here Be Monsters’, constitue une énième preuve que les norvégiens ne s’endorment pas sur leurs chaises percées. Bien sûr, on trouvera quelques guitares un peu troisième âge au détour de l’une ou l’autre héroïque incontinence, mais qu’importe : Motorpsycho rendrait presque agréable le prog, ce genre ampoulé et prétentieux, trop souvent corrélé à une passion pour les jeux de rôle et un ton pédant dès qu’il s’agit de bières spéciales. Rassurezvous, sur ‘Here Be Monsters’, les vikings aux cœurs mous bradent leurs bottes noires de Satan, troquent même leurs chemises noires panthère contre de suaves motifs floraux : un mistral pop semble mener leur frégate à une île déserte peuplée d’irréductibles yéyés, en témoignent les refrains du cocktail ‘Lacuna/ Sunrise’ (hommage à Sabbath?), émouvants

comme un film de Tom Hanks, les chœurs seventies du très enjoué ‘Spin, Spin, Spin’ ou encore ‘Big Black Dog’, charmant pot de départ qui nous donnerait envie d’adopter fissa deux petites chauve-souris égarées sur une pochette finalement pas si monstrueuse que ça. (am)

Mystery Jets ‘Curve Of The Earth’ Caroline/Universal

Mystery Jets appartient au torrent indie rock, ce terme un peu bâtard qui désignait jadis une bande de gosses tirés à quatre épingles, boudinés dans des slims noirs et des t-shirts Zara taille six ans maculés de fausses traces de bière. C’est ça le rock, mon pote ! « Je je suis Libertines, je suis une catin » chantait alors une Kate Moss aujourd’hui toute fanée, à l’instar des ses acolytes de toujours Pete et Kele qui, 20 kilos dans les jumelles, inspirent un profond sentiment de pitié. L’époque Amour, Gloire & MySpace semble loin et se voit remplacée par une solide gueule de bois à la quelle n’échappent pas vraiment les Mystery Jets. Recyclés à la sauce hipstouille, ils tentent une pirouette à la Alex Turner en piochant dans le songwriting classique à l’anglaise, très en vogue en cette triste époque. Et vas-y que j’te glam, que j’pique des tics à Lennon - et si on arrêtait de fouiller les tombes, les gars ? ‘Curve Of The Earth’ ressemble à ces avis nécrologiques rédigés en avance, généralistes, bien torchés mais dénués du moindre sentiment honnête, si ce n’est le vénalité. (am)

Nada Surf ‘You Know Who You Are’ Cit y Slang/Konkurrent

Il y a vingt ans, jour pour jour, Nada Surf sortait ‘High/Low’, un premier album auréolé d’un joli succès médiatique. Sous les lauriers se cachait surtout un tube : le bien intitulé ‘Popular’. Ce single était à la fois une aubaine et un sacré morceau de chewinggum incrusté sur la semelle d’un groupe qui, au fond, avait mieux à proposer qu’un enchaînement accalmies/tourments adolescents. La formation new-yorkaise va finalement passer toute sa carrière à corriger le tir. Plutôt Death Cab for Cutie/The Notwist que Nirvana/Dinosaur Jr., Nada Surf s’est affir-

mé à la pointe de mélodies brodées sous un soleil couchant, entre nostalgie d’un amour adolescent et refrains au cœur battant. Après quatre ans d’absence, l’album ‘You Know Who You Are’ vient creuser cette veine mélancolique où la chanson se siffle sous des airs doux-amers. Avec ce disque, Nada Surf ne signe pas sa meilleure performance, mais procède avec application à une nouvelle démonstration identitaire. (na)

Nawather ‘Wasted Years’ M & O Music

Estampillée de timbres colorés de la poste tunisienne, l’enveloppe est arrivée sans crier gare à la rédaction. Dedans y était glissée un cd carte de visite d’un combo tunisien au nom inconnu s’étant donné pour mission de fusionner métal et musique orientale. A la première écoute, on a souri, les yeux rivés sur une pochette dessinée montrant un shaman flanqué d’une princesse portant dans ses mains un sablier démesuré sur fond de tempête de sable et de tapis berbère. A la deuxième, une fois la sensation de kitsch mise au placard, on a trouvé que l’exercice n’était pas aisé et qu’il fallait oser le faire, un peu comme si Rammstein partait à la rencontre de Faudel ! A la troisième, on a éprouvé une sensation proche de l’écœurement. Au final, c’est cette hybridité sans retenue, cette décomplexion totale que l’on retient. Nawather est un petit printemps arabe à lui seul. (et)

Palehound ‘Dry Food’ Heavenly

Un an déjà qu’on goûtait au doublé burritos/Red Star à la Todd’s Mansion, Austin, TX. Un an qu’on découvrait la confiserie magique d’Exploding In Sounds. On se souvient parfaitement de l’enchaînement à faire tomber les pellicules de Lost Boy ?, Pile, Dirty Dishes et Celestial Shore en moins de trois heures de temps. D’être liquéfié, de ne pas en revenir. Quelques heures plus tard, pendant qu’on regardait nos pieds à un gig déprimant d’Alex G sur une scène sponso par une marque de croquenots l’Amérique... - Palehound jouait chez l’ami Todd, et sûr qu’on se serait mieux marré avec cette joyeuse cour des miracles white trash. On aurait été attendri par les déboires d’Ellen Kempner, cette petite ricaine génération Y de 21 ans, élevée au Shady Lane de Pavement. On se serait dit, tiens, ça ressemble fort à du Speedy Ortiz. Peut-être parce qu’elles partagent le même producteur. Peut-être aussi parce que dans un Boston fantasmé, David Berman enseigne Dinosaur Jr au cours de musique tandis que Kim Gordon apprend la basse à des meufs à l’académie du coin. Comme étourdi par la bifle monumentale que représente le trio ‘Molly’, ‘Healthier Folk’ et ‘Easy’, on se dit que la réalité est à un cheveu, rose de préférence, tant les hymnes de cette sulfureuse relève s’abreuve à l’intarissable source de mélancolie nineties qui, vingt ans après, n’en finit pas de briser des petits cœurs. (am)

Alain Pierre Tree-Ho ! ‘Aaron & Allen’ Spinach Pie Records/Igloo

Dès les premiers instants, on est saisi par la limpidité du jeu de guitare ciselé et dentelé d’Alain Pierre. De prime abord, il sem-


ble caboter en eaux claires, évitant remous et ressacs. A y tendre l’oreille de plus près, on aperçoit les chenaux qu’il emprunte pour mieux déployer ses appareillages, faisant montre d’une même dextérité avec les cordes à nylon qu’avec celles en métal d’une douze cordes à laquelle il a souvent eu recours. A la batterie, c’est son fils Antoine qui l’accompagne, titulaire du Sabam Jazz Award de 2015 pour jeunes talents. A la basse, Félix Zurstrassen, copilote d’Antoine dans plusieurs projets, complète le trio avec un son rond et vif. Estampillé jazz, ce disque déborde largement du genre auquel il est assigné et devrait plaire aussi bien aux amateurs du label ECM (Pat Metheny et Ralph Towner pour les influences) qu’aux audiophiles aimant la guitare pure. Mais, c’est peut-être live que le TreeHo s’appréciera dans la pleine mesure de ses capacités. (et)

Poliça ‘United Crushers’ Memphis Industries/V2

Tu t’y reprendrais une fois, deux fois. À la troisième, casque étanchéifiant tes oreilles, tu laisserais à nouveau ce qu’il y a d’effréné, de tapi, d’animal ou d’anxieux dans la musique de Channy Leanagh prendre l’ascendant. Tu déciderais, pour les besoins de ta projection fantasmatique, qu’elle serait le temps de ce disque Jessica Jones. Vulnérable, morcelée mais irradiant une force aux barrières non éprouvées. Tu construirais mentalement, dans le décor d’un mois d’été à la crudité hasardeuse, de hauts buildings de verre aux arêtes tranchantes, dont les ombres concasseraient les rêves de tous ceux qui chercheraient à s’y caparaçonner. ‘Top Coat’ tracerait des lignes garance qui chercheraient à s’évader de Minneapolis, Gotham, Sin City sans demander leur reste mais s’évanouiraient à flanc de précipice. Il n’y aurait plus qu’à espérer fondre nous-mêmes sur la menace, femmes, mères, casse-cou et casse-cœurs, et voir notre insécurité viscérale s’effriter en miettes. (alr)

Pop. 1280 ‘Paradise’ Sacred Bones

Il est de ces albums qui évitent les détours et vont droit au but. ‘Paradise’ est de ceux-ci. Avec ‘Pyramids on Mars’, la pre-

Money ‘Suicide Songs’ Bella Union/Pias

Commencée dans les squats de Manchester, l’histoire de Money est traversée de tensions, d’addictions et autres dysfonctionnements psychologiques qui font froid dans le cortex. Toujours là en dépit des circonstances, le trio s’active aujourd’hui dans la banlieue londonienne. Si le groupe revient en grande forme, il n’a pas complètement assaini la situation. Disons qu’il a pris ses problèmes à bras-le-corps pour en faire un disque honnête: un truc qui ne plaisante pas avec l’anxiété et les sauts d’humeur. Baptisé ‘Suicide Songs’, le deuxième album des Anglais poursuit la route entamée avec le très bon – mais discret – ‘The Shadow of Heaven’. En neuf chansons, le groupe s’enfonce un peu plus encore dans les ténèbres. Humainement et esthétiquement, Money entrevoit la noirceur du monde au croisement de deux constellations aux sensibilités extraverties : Mercury Rev (pour la picole, les bastons et ces mélodies qui ruissellent comme des rivières de diamants) et Perfume Genius (pour la confusion sexuelle, l’émotion sensuelle et des morceaux qui semblent avoir pique-niqué en enfer pour mieux croquer le paradis). ‘Hopeless World’, ‘I’m Not Here’, ‘You Look Like a Sad Painting on Both Sides of the Sky’, ‘Suicide Song’ ou le final ‘A Cocaine Christmas and an Alcoholic’s New Year’ viennent frapper l’empreinte de Money. Alors, clairement, ces mecs n’ont pas le moral. Pourtant, on tend à les aimer de plus en plus fort. C’est grave, docteur ? (na)

The Prettiots est la nouvelle signature du label Rough Trade, structure habituellement fréquentée par des gens formidables (Jeffrey Lewis, Alabama Shakes, Parquet Courts, Micachu & The Shapes). Ici, on voudrait nous faire passer Avril Lavigne pour Kimya Dawson, The Pipettes pour The Raincoats. Ou comment prendre nos vessies pour des lanternes. Derrière les douze morceaux de l’album ‘Funs Cool’, on croise le ukulélé-so-2007 (« Allo, S.O.S. Soko ? ») de Kay Kasparhauser et les lignes de basse ultra mollassonnes dispensées par Lulu Landolfi. Les deux New-Yorkaises ont des dégaines de motardes gothiques et des voix de championnes du monde de marelle. C’est assez flippant. Mais l’habit ne fait pas la nonnette et encore moins la chansonnette. Sur ce disque, tout est affaire de mélodies naïves et ensoleillées, de refrains dégoulinants comme une glace au colorant fuchsia. (na)

Radical Face ‘The Family Tree : The Roots – The Branches – The Leaves’ Net t werk/V2

mière plage, on est immédiatement plongé dans une ambiance apocalyptique et inquiétante, façon rock de crypte réminiscent des moments les plus tordus des Virgins Prunes. De paradis, il ne sera jamais question sur cet album claustrophobe marqué par l’angoisse et le pessimisme. Entre post punk malsain et techno industrielle, ce quatuor basé à Brooklyn ne cesse de dénoncer les pièges de la vie moderne caractérisée par l’emprise de la technologie lobotomisant les masses. Politique et inquiétant, ce message se décline sur des titres chaotiques et prophétiques assez puissants dans leur dénonciation. ‘In silico’, ‘Chromidia’ ou encore ‘USS ISS’ résonneront dans vos têtes comme autant de mises en garde saisissantes. Flippant. (pf)

Porches ‘Pool’ Domino/V2

Dans notre groupe des mélancoliques anonymes, nous accueillons ce mois-ci Aaron Maine. Sous la cagoule de Porches, ce new-yorkais pourrait n’être au premier abord qu’un de ces énièmes indie kid qui

aurait revendu ses guitares pour s’acheter des platines et un laptop dernier cri. Mais au contraire, il se révèle ici en artisan sensible qui déploie des qualités insoupçonnées d’orfèvre en groove émotif. Écrit et enregistré en autarcie dans l’appartement de Manhattan qu’il partage avec sa compagne Greta Kline, alias Frankie Cosmos, ‘Pool’ est un intriguant recueil de chansons synth-pop bipolaires qui revêtent des parures faussement cheesy pour mieux dissimuler leur tristesse intérieure, et inversement. Immersive et contemplative, la musique évolue constamment entre deux eaux, fascinée par l’énergie potentielle de la dance mais volontairement plombée de pensées mélancoliques. Ramassé et cohérent, le disque ne se disperse jamais, Aaron Maine travaillant toutes les nuances d’une palette de couleurs somme toute réduite mais jamais réductrice. Car si toutes ces nuances de gris en feront fuir beaucoup, ce ‘Pool’ déborde d’idées lumineuses. Sur lesquelles, certes, tous les papillons de nuit viendront se cramer. (gle)

The Prettiots ‘Funs Cool’ Rough Trade/Konkurrent

Mauvaise blague du mois, voire de l’année,

Il y a un peu plus de deux ans, nous vivions dans l’expectative : qu’en seraitil de chacun de nous, mendiants ou princes, voleurs de poules ou honnête marmaille une fois déposés dans le grand grimoire des mondes ? Ben Cooper, tendron à la carrure de bûcheron de Jacksonville, mi-Sufjan Stevens pour le cœur transi miColin Meloy pour le mousquet à histoires, avait commencé à esquisser une vaste entreprise généalogique en trois volets (‘The Roots’, ‘The Branches’ plus désormais ‘The Leaves’ et l’addendum ‘The Bastards’), extirpant les confidences de famille des placards, alignant cousins réels ou rêvés, faisant parfois couler le sang dans les arrièrecours sur fonds d’instrumentations épiques ou nacrées. Depuis, notre propre rythme de marche nous a emmenés dans quantité de villages, vers d’autres provisions sur des tables amènes et nous avons peut-être plus de mal qu’alors à nous extasier aussi affectueusement sur la moindre empreinte laissée sur la terre rouge, sur le petit dernier au nez froid et à la langue vive, sur les anecdotes patinées par des mains calleuses. Mais quiconque se délesterait du superflu, poserait ses malles pour un moment, trouverait ici toute la franche chaleur de souvenirs durables, à chérir. (alr)

KEEP CALM GO EDEN AND

Sa

19

22/19/16€

MARS 2016

Sa

26

21/18/15€

MARS 2016

Ve

20

16/13/10€

MAI 2016

WWW.EDEN-CHARLEROI.BE


24

Red Zebra ‘The Beauties Of The Beast’

Mothers

Starman Records

‘When You Walk A Long Distance You Are Tired’

Sioen

‘Too Good To Be True : 20012016’ Kabron/Universal

Twee best-of uit Vlaanderen. À ma gauche, l’horripilant Sioen qui compile sans complexes ses « meilleures chansons niaises », à savoir quinze titres qui feraient passer le dernier Puggy pour une nouvelle signature Sub Rosa. Quinze ans plus tard, ‘Cruisin’ prend de plus en plus des allures de bouse froide et sèche que même Philippe Katerine n’accepterait pas dans sa célèbre collection d’étrons surgelés. Allez hop, in de vuilnisbak ! Plus intéressant, à ma droite, une sélection de vingt titres dans la carrière de Red Zebra (entre 80 et 83), porte-étendard méconnu de la cold-wave noire-jaune-rouge. Comme il est toujours de bon ton dans ces musiques dépressives, l’ambiance est apocalyptique et donne envie de s’enfiler la corde au cou dans le quart d’heure sur une aire industrielle. L’intérêt est plutôt historique et nous rappelle qu’au-delà de Sandra Kim, le plat pays fut une belle pépinière d’artistes de niche, que ce soit dans le postpunk, la new-wave ou, plus tard, la new beat. Musicalement, on regrettera un peu les ficelles visibles depuis le sommet de l’Atomium. Un disque à réserver aux nostalgiques pour qui l’Ancienne Belgique, ça évoque le souvenir de soirées froides à Anvers plutôt qu’un piétonnier au Boulevard Anspach. (am)

Replaced Music ‘Wildcard’ The Answer Belgium

Lorsque sort le mythique ‘In a bar, under the sea’ de dEUS, Michel Pelckmans a une révélation. dEUS, Moondog Jr. Zita Swoon...Voilà des noms qui comptent pour Michel et ses comparses qui délivrent un très bel album aux ambiances souvent mélancoliques et introspectives. Si l’on excepte le plus pop ‘I just can’t wait’, le reste de ‘Wildcard’ est des plus sombres, que ce soit sur l’hypnotique et scandé ‘180 degrees’ ou sur la ballade désolée et superbe ‘Death of a salesman’. Fort à l’aise dans la composition de titres lents et prenants, Replaced Music est également très convaincant lorsqu’il met les guitares en avance sur des compos plus rock indie comme ‘Motorcycle’, ‘Rain of stars’ et ‘Floor show’. Un album fort et touchant. (pf)

Resonance ‘Resonance’ Estrella & Agua Music

Précédemment épinglé dans ces pages, Quentin Dujardin n’est pas seulement un guitariste hors pair, il s’avère aussi un compositeur talentueux et éclectique. Resonance est son dernier projet aux côtés du chanteur français Samuel Cattiau et du violoncelliste espagnol Matthieu Saglio. Cet album est avant tout le résultat d’un cheminement éclairé et mûr, à la fois un voyage à travers l’Europe et son histoire musicale et la révélation d’une voie plus intérieure, donnant à des textes anciens une nouvelle résonance. Ainsi trouve t-on repris ici des fragments de John Dowland, Purcell, Roland de Lassus ou Guillaume de Machaut ainsi que d’autres moins connus, un

Wichita/Pias

On se souvient de cette sentence balancée par Nicolas Alsteen dans le chapeau de son interview d’Angel Olsen en février 2014 : il y a un avant et un après Angel Olsen. Et là, à l’écoute de Mothers, on ne peut que lui donner raison tant on pense quasiment tout le temps à elle sur les huit titres somptueux de ce premier album. Il y a donc bien un après Angel Olsen et on est en plein dedans. Débarqué d’Athens en Géorgie (cet éternel berceau de l’indie-pop), Mothers est à la base le projet solo d’une certaine Christine Leschper, étudiante en art, bordée gamine aux Sufjan Stevens, Joanna Newsom et compagnie tristoune avant de s’intéresser plus tard à toute une frange de math rockeux et d’artistes noiseux. Le résultat est dingue. De l’ouverture ‘Too Small For Eyes’, qui passe progressivement d’une simple mandoline aux arrangements de cordes ultra mélancoliques au conclusif ‘Hold Your Own Hand’, puissance plaintive d’un morceau de post-rock bavard qui va crescendo, on se prend tout dans la gueule, émerveillés. Et puis ces guitares, mon dieu, ces guitares. Jamais vraiment propres. Toujours totalement déchirantes (énormes ‘Lockjaw’, ‘Copper Mines’). Et s’il y avait un avant et un après Mothers ? (lg) répertoire explorant deux périodes distinctes s’étalant entre le XIIème et le XVIIIème siècle. Le chant contre-ténor de Cattiau est magistral, régnant. Riche dans ses tessitures, il s’accorde parfaitement avec le jeu brillant et tempéré de Dujardin. Entre les deux, le violoncelle de Saglio donne les graves et ajoute parfois une étonnante profondeur. Enregistré dans la vénérable église de Mont-devant-Sassey, le disque transcende par ses qualités acoustiques et l’économie des moyens déployés pour son agencement. Ici, nulle manipulation digitale, nul artifice. Pas de parade, pas de saccade. Le miracle de ce retour dans le temps tient dans l’intemporalité de son propos. (et)

Kai Reznik ‘Scary Sleep Paralysis’ At ypeek Music

Il porte un nom qui fleure bon la Mitteleuropa. Mais il vient de France. A la base de Belfort, avant un déménagement à Paris. Où il a multiplié les engagements, entre musiques pour courts métrages et compilations. Ses musiques électroniques, pour confidentielles qu’elles soient, nous parlent. Entre déploiement dark et flux rythmés, une brassée d’atmosphères explosées qui renvoient à une ambient techno louchant vers le gothique. Ce n’est pas macabre, ce n’est pas drôle, ça s’enroule autour d’un fil pour amateurs avertis. Ils ont dans leur collection une flopée de vieux disques qu’ils n’écoutent plus vraiment, du genre de ceux que la scène belge des années 90 pouvait sortir, dans une lointaine foulée de Front 242, l’inspiration en moins, l’amateurisme en plus. Aujourd’hui, ils retrouvent quelques saveurs de café noir amer, ils s’agitent en se rappelant leur jeunes années, ils oublient que trop torréfié, le breuvage laisse un étrange arrière-goût. Et que les années 2010, ça peut être bien aussi. (fv)

Rhodes ‘Wishes (deluxe edition)’ Sony Music

On ne sait pas trop d’où vient Rhodes. Mais, sur la pochette de son disque, il affiche un air de chien battu qui donne envie de lui balancer une croquette. Avec cette tête de labrador à la diète, on ne s’attendait pas forcément à faire des galipettes. L’écoute des douze morceaux de ‘Wishes’ vient confirmer l’impression esquissée en noir et blanc sur la pochette : une voix translucide, des larmes de crocodile, un mur de lamentations et des refrains calibrés pour faire chialer tou-

te la bande FM. Un single en compagnie de Birdy (‘Let It All Go’) vient d’ailleurs assurer au garçon un statut de nouveau copain de la nouvelle star qui a vu l’homme qui a vu Elton John déguisé en Donald Duck. (na)

School Of Seven Bells ’SVIIB’ Full Time Hobby

Il était un groupe américain autrefois quatuor. On se souvenait avec une pointe de nostalgie de son premier essai ‘Alpinisms’, on avait fait semblant d’y croire. Puis est venu le stade du duo. L’idée de transformer l’essai synth pop pour conquérir les charts, de profiter de la très jolie voix de Alejandra Dehaza, entre ombre portée et lumière pop. Oser des lignes de basses qui ressuscitent des souvenirs enfouis, genre Level 42, rien que pour ça on leur en veut à mort. Tendre un miroir où l’école des sept cloches se mirerait dans Beach House, faire semblant d’oublier qu’à défaut de Victoria Legrand et Alex Scully, on y voit la fée Carabosse nous concocter une soupe au teint de formol. D’un goût tellement douteux qu’on vomit. Quoi? de l’euro dance ? Comment? de la new wave de supermarché? Faudrait pas nous prendre pour sept cloches. (fv)

Silver Snakes ‘Saboteur’ Pelagic Records/Cargo

Après le split de Cathedrals, Alex Estrada a mis sur pied les Silver Snakes, formation qui a d’abord évolué dans un registre purement hardcore avant de se fixer pour objectif de synthétiser les influences de groupes comme Nine Inch Nails, Ministry et Godflesh. Le résultat est des plus convaincants puisque ‘Saboteur’ est sans doute le meilleur album du groupe, associant de façon assez originale (post) hardcore, industriel et doom. Si le côté lourd est fort présent (notamment sur ‘Dresden’ aux riffs massifs), cela n’empêche cependant nullement l’opus d’être très accrocheur, un peu à la manière d’un groupe comme les Deftones qui associe à merveille envolées mélodiques et sonorités abrasives. Parmi les morceaux les plus convaincants, on citera ‘Devotion’, ‘Glass’ et ‘Raindance’ qui sont particulièrement catchy. (pf)

Troye Sivan ‘Blue Neighbourhood’ EMI

A peine débarqué de son youtube natal, Troye Sivan est une pop star. C’est indénia-

ble. Le minet laiteux pond des hymnes electro-pop tout en douceur souffreteuse qui suscitent l’enthousiasme d’Adèle et Taylor Swift ; ses grands yeux malins vibrent de sincérité ; sa soul givrée est un pur produit d’aujourd’hui. Du Sam Smith en plus – hum ! – arty. Ça fait l’affaire à 14 ans, un jour de pluie. Faut dire que tout est calibré pour faire vibrer le minot : un chant comme un baiser du bout des lèvres, des mélodies r’n’b aux chœurs éthérés sur beats & piano, ces paroles autobio à l’homosexualité chuchotée, très garçon-d’à-côté… Autant de maîtrise dans l’image qu’on renvoie, ça fout un peu les boules. Sérieux, en dehors de mon aversion naturelle pour le style pop dégoulinant, tout cela est si balisé dans la recherche d’équilibre entre détachement et émotion que Troye donne l’impression de retenir ou de cacher quelque chose. Aussi maîtrisé que soit l’album et aussi addictives que soient ‘Heaven’, ‘Youth’ et ‘Lost Boy’ (je plaide coupable), ce que j’entends en premier dans ‘Blue Neighbourhood’, c’est le savoir-faire d’un jeune loup qui a déjà tout compris au star-system : son site officiel vend des bougies parfumées attitrées aux morceaux ! (ab)

Slalom ‘Wunderkamera’ Lado ABC/Dense

Trio polonais de formation récente, les membres de Slalom se sont connus au sein d’une dj team qui jouait la carte lounge aventureuse lors de nuits classieuses. Musicalement, le trio aligne des guitares et une basse, des synthés et une batterie puissante. Il pratique un post-rock motorisé aux allures robotiques qui n’est pas sans rappeler ce que des groupes comme Trans Am ou Salaryman faisaient dans les années 90. Parfois, il ajoute des sons samplés qui évoquent l’univers des jeux électroniques. Plus rarement, il recourt à un chant féminin en extra. Paru sur le label varsovien Lado ABC qui est un des plus créatifs de Pologne (Felix Kubin, Deerhoof…), le disque est un bon aperçu de cette nouvelle scène locale en pleine ébullition. (et)

Sofia Mustang. ‘Back To Nowhere’ Ce combo girondin aime à se voir tantôt comme une fanfare gitane de l’Ouest, tantôt tel un mariachi rock band de l’Est, n’hésitant pas à estampiller sa musique d’americana à l’européenne. ‘Back To Nowhere’ est son premier album, en grande partie autoproduit et habillé comme une planche de bd. Une douzaine de chansons pleines de vie, brassant moult influences oscillant entre la férie des cuivres et la sensualité non feinte du chant d’Elodie Carrier. Quoique leurs atouts soient pluriels, leur ton est un rien trop naïf que pour attiser notre curiosité. Qu’à cela ne tienne, Sofia Mustang devrait rallier à lui dans un avenir proche un public qui ira grandissant. (et)

So Pitted ‘Neo’ Sub Pop

Abrasif, viscéral, méchant et convulsif, ‘Neo’ est le genre d’album qui castagne sec et ne laisse aucun survivant sur son passage. Les titres sont brefs, violents et vont à l’essentiel, tels des uppercuts qu’on n’a pas le temps de voir venir. Voilà un disque qui bastonne pendant 28 minutes sans offrir le moindre répit, y compris lorsque le tempo se ralentit sur des compos qui sont à la limite plus dérangeantes que le reste (‘Feed me’, doom au possi-


03 03

12-20 MAART 2016

WO

16 CHRIS POTTER QUARTET • DRIFTER 17 MATTHEW HALSALL POMRAD • GILLES PETERSON DAVE HOLLAND TRIO

DO

ZA

03 03

ZO

03

PASCAL SCHUMACHER QUARTET FT. VERNERI POHJOLA

VR

18 THE JAMES HUNTER SIX • OMAR ANDRÉ BRASSEUR & BAND 19 SUBMOTION ORCHESTRA BRZZVLL • STUFF. 20 STUFF. • NEVE & TYPHOON

MEER

BELPOP BONANZA PRESENTS

REBIRTH::COLLECTIVE

B-JAZZ INTERNATIONAL CONTEST • BART MARIS • BLACK FLOWER HIJAZZ • YVES PEETERS GUMBO • MELAERTS & DELTENRE THE ORANGE MOON • SOUTH QUARTET • JAZZ MOVIES • QUIZ EXPO • RADIO SCORPIO LIVE • EN VEEL MEER


26

ble). Résolument punk et hardcore avec aussi une touche de grunge, voire de rock gothique, ce trio originaire de Seattle signe un début remarquable. Si les comparaisons avec la scène grunge seront inévitables vu l’origine du groupe et son label, on songerait plutôt à Rage Against the Machine pour la rage brute et Jesus Lizard pour l’approche dissonante et chaotique. Glauque et violent, sans rien inventer, ‘Neo’ parvient à méchamment nous secouer. (pf)

The Sore Losers ‘Skydogs’ Excelsior/V2

Je veux les croire sincères, nos Sore Losers. Ne fut-ce que pour m’avoir électrisé l’échine avec leur second album, ‘Roslyn’. Le quatuor flamand y faisait preuve d’un sens de l’écriture blues-rock à la fois accessible et exigeant qui compensait – voire justifiait – une production léchée. Quand ils déclarent tenir ici leur album « le plus dangereux », car écrit et enregistré en toute hâte en compagnie de Dave Cobb (Rival Sons, Chris Stapleton, Shooter Jennings, etc.), mes oreilles frémissent d’impatience. Fort de cette déclaration, difficile de discerner d’où vient la semi-déception de ‘Skydogs’. De sa rapidité d’exécution ? ‘Got It Bad’, ‘Dirty Little Pretty Thing’ et ‘Nightcrawler’ sentent l’empressement et ça leur sied plutôt bien. Nerveux, secs, ils déboîtent comme il faut. A l’inverse, l’urgence peut se faire brouillonne sur les titres plus faibles comme ‘Don’t Want It Here’. Plus problématique est le soin apporté à des titres ronflants comme ‘Emily’ et ‘All I Am’, qui laisse craindre une évolution plus pop et grand public, assez typique de nos voisins flamands. Alternant réussites et anecdotes, ‘Skydogs’ est une expérience frustrante dont on ne sait quelle facette est prémonitoire. Croisée des chemins pour les Mauvais Perdants ? (ab)

Spidergawd ‘Spidergawd’ Crispin Glover Records

‘Spidergawd’ est le genre de super groupe dont on est en droit d’attendre des merveilles. On y retrouve deux membres de Motorpsycho, à savoir Bent Sæther à la basse et Kenneth Kapstad à la batterie ainsi que le chanteur Per Borten (Cadilac). Musicalement parlant, Motorpsycho nous a toujours séduit de par la façon dont il a su jongler avec les styles, passant du prog jazz au psyché avec un talent inégalable. On était curieux de découvrir la voie qu’allaient suivre Bent et Kenneth et c’est avec un réel plaisir qu’on s’immisce dans ce hard old school teinté d’influences blues, boogie et fuzz. S’il y a bien un qualificatif qui vient à l’esprit à l’écoute de ce disque, c’est qu’il a le sens du groove. La section rythmique est incroyable, les riffs puissants et l’ajout de touches de sax sublime. Tout est ici terriblement excitant, avec comme point d’orgue le monumental ‘Empty rooms’, soit un délire psyché jazzy dont les 14 minutes sont tellement inspirées qu’on est déçu lorsque cela se termine. Très, très bon ! (pf)

De Staat ‘O’ Caroline/Universal

Le clip ‘Witch Doctor’ et sa procession hallucinée a fait de De Staat une sensation

Savages ‘Adore Life’ Pop Noire/Matador/Beggars

Savages ne sera pas le feu de paille que certains prévoyaient. Vibrant d’une rage folle mais stérile, ‘Silence Yourself’ brûlait toutes les cartouches d’un groupe dont l’univers musical, bien qu’excitant, semblait condamné à se jeter contre les murs d’une cellule de béton. C’était sans compter la détermination des quatre rockeuses. Certaines collaborations auront mis la puce à l’oreille des plus attentifs : fougue expérimentale avec Bo Ningen, escapade atmosphérique en compagnie de A Dead Forest Index… Savages avait d’autres cartes à jouer. Sur ‘Adore Life’, la rage initiale se teinte de sentiments troubles et d’une palette musicale plus complexe, à l’image de la vie et des relations sur lesquels se penche l’album. Si la fureur de vivre est toujours présente, le doute s’immisce, perturbe les sens et les émotions. « Is it human to adore life ? » Posée le temps de la magnifique ballade qui donne son titre à l’album, cette question habite d’un bout à l’autre le chant de Camille Berthomier, alias Jehnny Beth, transformant son timbre Siouxsie en d’autre inflexions vocales, tantôt théâtrales, tantôt feutrées, pas loin de Patti Smith et même de Nico sur ‘Mechanics’. Choisissant ses références avec précaution, Savages redéfinit la féminité en musique, la pose en égal de l’homme en choisissant de ne jamais la mettre en avant, brandissant l’identité sexuelle et ses questionnements tout en rejetant l’outrance sexuée qui colle aux basques des icônes pop. Beth, cheveux courts, pommettes larges et anguleuses, toute de colère rentrée et pétrie de désirs, est le fascinant visage sur lequel tous, hommes et femmes, pouvons nous projeter. De sensation post-punk éphémère, Savages devient avec ‘Adore Life’ un véritable groupe de rock, de ceux dont on attend avec impatience ce que l’avenir lui réserve. (ab)

en ligne et a consolidé ses hordes de fans. Monsieur Loyal à la harangue gutturale, Torre Florim a conduit son groupe sur les voies d’une énergie binaire aux vertus martiales et contagieuses au long de trois albums. Alléchant teaser, l’EP ‘Vinticious Versions’ avait annoncé en 2014 un revirement prometteur, entre retro-spaghetti et Beastie Boys sur fond de basse assourdissante. Malheureusement, ‘O’ met fin à la fête. De Staat bascule dans une (a)version clinquante et nacrée qui pâtit d’un manque de substance et condamne ses nouvelles compositions à un sentiment de répétition. Si l’énergie est toujours présente, elle s’espace dans un électro-rock sans surprise, à l’image d’un Ok Go dont on attend toujours le morceau qui justifie l’aura de sympathie. ‘Blues Is Dead’ rejoue à ‘Witch Doctor’ en mode 8bit, ‘Time Will Get Us Too’ voit Florim singer Damon Albarn sans trouver d’accroche et le single ‘Peptalk’ ne décolle jamais. A court d’idées neuves, De Staat troque le gilet sans manches contre la veste à paillettes. Mauvaise pioche : cette fois, les coutures sont visibles. (ab)

Submotion Orchestra ‘Colour Theory’ Counter Records/Ninja Tune

En décembre 2014, ‘Alium’ avait été une petit bouffée d’air frais portée par la voix enjôleuse de Ruby Wood. Pour leur quatrième album, les six membres restants sont obligés de réfléchir leur trip-hop avec une autre charpente, la belle limitant ses passages en studio pour cause de maternité. En résulte un ‘Colour Theory’ tourné vers certaines redéfinitions sonores, tant dans la spatialité que dans le détail. En terme de production, c’est du petit lait : complexe, pointilliste, soigné et molletonneux, le Submotion Orchestra nouveau s’écoute au casque pour profiter de sa myriade d’ornements synthétiques. En terme d’interprétation, ‘Colour Theory’ n’évite pas toujours la surenchère vocale : on retrouve la Ruby sur quatre morceaux parfois démonstratifs (dont ‘Illusions’, le plus casse-burnes du disque) et trois guests masculins se glissent dans les espaces vacants avec plus ou moins de légèreté. Passé maître dans l’équilibrisme, le Submotion frôle à plusieurs

reprises les limites de la décence, pour mieux se rattraper aux branches de l’inventivité la seconde d’après. ‘In Gold’, à ce titre, interrompt son refrain juste au pic de l’irritation pour le faire suivre d’une série de glitches impromptus. Casse-gueule, mais gratifiant. (ab)

Traktor ‘Mean Business’ Atlas Rec.

Pendant que de sinistres nostalgiques s’entretuent futilement sur les hypothèses d’un retour plus ou moins probant d’At The Drive-In, Omar Rodriguez tape la carte tranquilou avec Frank Black, style cigares et bourbon dans un casino d’El Paso. Faut vraiment être con pour miser sur un cheval aussi boiteux : nous on préfère twister l’esprit léger sur du Traktor. ‘Mean Business’ vous rappellera l’adulescence redoutable de ‘Relationship Command’, la grandiloquence nerveuse du ‘Wildlife’ de La Dispute. De l’émotion toujours dans le rouge. Un peu sous le charme, vous irez peutêtre voir Traktor dans un petit club bien paumé en Flandre, un bled genre Arschot, et vos applaudissements enflammeront forcément leur courroux. Sur le retour vous vous prendrez un grand sachet de frites sauce mammuth et vous vous direz ah qu’elle est belle cette jeunesse en zieutant d’un regard spleenesque trois fricadelles en manque d’affection. Et c’est vrai qu’elle est belle, cette jeunesse, quand elle gueule comme ça. (am)

Tue-Loup ‘Ramo’ Dessous

La dernière fois qu’on est tombé amoureux de Xavier Plumas, c’est sur ‘Souvenir Hanté’, la merveilleuse chanson du trop rare Thomas Belhom (Tindersticks, Calexico,...). Il y chantait des ellipses, des fragments. Il y a moins d’évidence, d’immédiateté sur le dixième album de son propre groupe mais toujours une élégance au-dessus de la moyenne. C’est, encore une fois, un superbe recueil de pop française à l’ancienne. Richement arrangé (cuivres, pianos, orgues, synthétiseurs). Avec de fort jolis textes. Très légèrement

moins inspiré dans sa deuxième partie mais pas suffisamment pour qu’on n’y revienne pas, le cœur léger et souffreteux, en bouffeurs insatiables de mélancolie; ce nouveau disque étant apparemment né sur les bords du Tage à Lisbonne (‘Tejo’), gage d’une saudade authentique. (lg)

Ed Tullett ‘Fiancé’ Monotreme Records

Il partagerait le vénérable vestiaire des archanges et leur falsetto, gratifierait Bon Iver d’une nouvelle auréole pour ‘Hinnom TX’, ou Local Natives de quelques impalpables plumes. Assoirait une liturgie austère où ne manquerait guère que l’encens, instaurerait un joug de beats d’une malignité diaphane. Se poserait pourtant d’emblée en anti-rédempteur, conscient du délabrement déjà avancé de nos volontés. « Build me on yourself » entre ses lèvres n’aurait clairement rien de ces ex-voto de pacotille qu’on épingle distraitement au mur mais, bousculé par notre convoitise dévote, rendu ‘Saint’ malgré lui, il irait jusqu’à l’immolation dissonante pour nous donner à tâter toute l’ambivalence d’un culte à son égard. Le jour du Jugement Dernier, nous, versatiles fidèles cruellement en manque de chair et de sang, choisirions d’aller désormais nous recueillir dans d’autres chapelles. (alr)

uKanDanZ ‘Awo’ At ypeek Music/Dur et Doux/Buda Musique/ Bigoût Records

Drôle d’affaire. Enfin, pas tant que ça. Un peu d’imagination suffit pour y voir très clair. Et surtout se rendre compte qu’on n’est pas là pour se tirer l’élastique du slip-kangourou : un quartet de blancs-becs, un authentique enragé originaire d’Addis Abeba au micro et voilà uKanDanZ (mais c’est pas forcément la musique idoine), soit un croisement sauvage united colors of Sonic Youth, Morphine et ce jazz éthiopique rugueux que Getatchew Mekurya pratique depuis dix ans avec le groupe de post-punk The Ex, loin des sirupeuses joliesses mélancoliques et vibraphonnantes de Tesfa Maryam Kidané ou Astatké, donc. ‘Awo’ fait beaucoup de bruit : les guitares sont pleines de noise, les cuivres totalement véhéments et le malade qui chante met sa vie sur le tapis. Ce rythme fou ne baisse pratiquement jamais durant trois quarts d’heure. Gros, gros tapage. (lg)

United Sounds Of Joy ‘United Sounds Of Joy’ Bronze Rat Records

Parfois, il en faut peu pour qu’un disque assure sa place dans une caboche trop pleine de musique. Pas de pot pour ‘United Sounds Of Joy’, projet londonien de deux ex-Dream City Film Club, qui risque bien de trouver asile dans une caisse déjà couverte d’une belle couche de poussière. Au premier contact, on est pourtant charmé par ces chansons aux airs de contes maléfiques, cette moiteur contagieuse et ces guitares aux reflets de pleine lune. Moins expérimental qu’un Mount Eerie, ‘United Sounds Of Joy’ arpente davantage les terres des Tindersticks, influence qu’ils ne pourraient nier tant la voix de Michael Sheehy s’approprie les tics bien connus de Stuart Staples. Seulement ici, on n’a pas forcément envie d’élire domicile dans sa cage thoracique à la moindre vibration de corde vocale: on se sent plutôt envahi d’une désagréable sensation de déjà vu, à son comble sur le final ‘Free To Fall’, morceau de


Various

bravoure singeant un 16 Horsepower à qui l’on aurait confisqué les bouteilles d’alcool et l’ésotérisme. Dommage. (am)

Wall Of Death ‘Loveland’ Innovative Leisure

La notice biographique prête au groupe une ribambelle d’influences : Pink Floyd, The Black Angels, Spiritualized, King Crimson et Tame Impala parmi d’autres. De quoi donner simultanément le tournis et le vertige et inquiéter l’auditeur déjà inondé de groupes aux filiations plus ou moins loufoques ou avérées. Las, bien qu’attachés aux clichés et aux sonorités vintage typiques de la galaxie shoegaze/néo-psyché nourrie au 13th Floor Elevators et aux Pink Floyd originels, les parisiens de Wall Of Death cultivent heureusement une identité qui leur est propre. Une personnalité sonique que le charismatique Hanni El Khatib s’attache à peaufiner sur ce deuxième essai made in Los Angeles. Plus posé et plus calme que son prédécesseur, ‘Loveland’ affine le propos sans l’affadir. Le groupe se plaît même à prendre le contre-pied d’un genre ultra codifié pour emmener son rock lysergique dans des contrées moins fréquentées où le psychédélisme et le prog-rock se subliment mutuellement. Usant de la réverb’ et du fuzz avec une parcimonie dont feraient bien de s’inspirer nombre de leurs collègues, le trio propose ici dix titres régulièrement impressionnants, à commencer par les trois premiers morceaux, qui se posent là. Inévitablement, ça peine parfois un peu dans les côtes après, mais sans jamais perdre en urgence ou en efficacité. (gle)

M Ward ‘More Rain’ Bella Union/Pias

« The Portland water that’s swilling cold /And it swills my body, but not the soul » s’amuse le truculent Michael Hurley. Pas de raison non plus que la météo marécageuse de sa ville d’adoption boursoufle démesurément l’humeur de M. Ward, qu’elle le fasse changer brusquement de cap. ‘More Rain’, titre détrempé, est donc juste le signe qu’après le plus tapageur ‘A Wasteland Companion’ ou les M&M’s de She&Him, il nous faudra d’abord glisser avec plus de retenue sur ces nouvelles pistes pour les apprivoiser, ‘Slow Driving Man’ et ‘I’m listening (Child’s Theme)’ – comme un aparté tiède chez Antoine’s dans le French Quarter – en tête. Peut-être pas un ‘Phenomenom’ capable de faire entendre raison au rappeur B.o.B. sur la rotondité de la terre, mais l’air de rien un cru chabadabada plutôt confortable de ce confiant et croonant ‘Little Baby’, décidément jamais à court d’élégance et toujours capable de s’entourer de beau linge plus ou moins ancien (Peter Buck de R.E.M., kd lang ou encore Joey Spampinato du New Rhythm and Blues Quartet). (alr)

Andrew Weatherall ‘Convenanza’ Rot ters Golf Club

Andrew Weatherall n’a jamais eu les honneurs du succès international. Dans le milieu de l’électro british, il est pourtant une légende vivante, l’un des façonneurs de l’ombre des années 90 ; j’en veux pour preuve le ‘Loaded’ de Primal Scream qui porte son

‘Soul Sok Séga’ Strut

Mince, une autre dinguerie de chez Strut. Le label anglais spécialiste des vieux souks à danser mort jeté au rhum agricole frappe encore un grand coup avec ce ‘Soul Sok Séga’ – rien que le titre, déjà, vaut son pesant de bananes plantains – à proprement parler ahurissant. Mais où vont-ils les chercher ? Pendant septante bonnes minutes, on s’envoie donc du séga, une musique-danse développée entre les dix-septième et dix-neuvième siècles par les esclaves débarqués d’Afrique de l’Est et de Madagascar et rendue complètement pop, funky, rock entre 1973 et 1979 par leurs arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-petits-enfants détraqués de la calypso. Rien à jeter mais quelques merveilles à écouter en priorité, chantées en créole évidemment : ‘Manuel Bitor’ par John Kenneth Nelson, ‘La Vie en Badinage’ – ce programme – par Marie Josée & Roger Clency, l’incroyable ‘L’Amour Artificiel’ par Coulouce ou l’absolument zinzin ‘Mo Parrain’ par Christophe (pas celui qui avait dessiné sur le sable), ‘Mone Lasser Dire Toi’ par Harold Berty ou encore ‘Nouveau Venu Dans l’Endroit’ par Ramone (aucun lien de parenté avec Dee Dee & cie). Merveilleux. (lg)

empreinte de a à z. Producteur et remixeur acharné, Weatherall était alors aux commandes de Sabres Of Paradise et Two Lone Swordsmen, dont tout amateur qui se respecte se souvient la larme à l’œil. Fusion de Paul Giamatti et Alan Moore, la bête est de retour avec ‘Convenanza’, après des années d’absence consacrées au festival du même nom dans l’enceinte de Carcassonne. Neuf nouveaux morceaux écrits en compagnie de la fidèle Nina Walsh, choriste sur les Sabres, pour un tourbillon de madeleines soniques ; ‘Frankfurt Advice’ ressuscite les noms enfouis de Shamen et Renegade Soundwave, ‘Thirteenth Night’ rêve des nuages cotonneux de The Orb, ‘The Confidence Man’ et ‘Kicking The River’ sont des serpents psyché-funk éclos sur les braises chaudes de Red Snapper et Primal Scream. ‘Covenanza’ n’est pas pour autant un travail tourné vers le passé : Weatherall s’y réinvente, abordant l’écriture sous forme de chansons qu’il entonne d’un ton détaché de Mark E Smith en sortie de cure. Emballé dans de luxuriants arrangements tels que trompettes free façon Père Ubu et bourdonnements d’insectes électro, ‘Convenanza’ échappe aux étiquettes d’usage comme le faisaient autrefois les expérimentations d’Ultramarine. Ce qui n’est pas un mince compliment. (ab)

Whocat ’Blueprints’ Whocatmusic

Faire exception à la règle, démarrer en plage 3. Nommée ‘Fishy Five’ et repérée par le grand Gilles Peterson himself. Il l’a passée plusieurs fois dans son émission sur la BBC. On comprend pourquoi. Dynamique et catchy, elle envole ses volutes jazzy (ah oui, la contrebasse, on en veut) sur un poil de carotte un chouia reggae, ça fait le boulot dans les tympans. Ça swingue, ça catche, ça vrille. C’est très bien chanté, aussi, elle a de quoi ensorceler une foule, cette Sara Moonen. Même si, faut être honnête, ça manque parfois de poésie. Ou d’ambition. De ce velours dosé à la perfection par une Mélanie De Biasio. En prime, ça regarde souvent vers le passé. Les grands noms du be pop. Ou le New York des années 50, Woody Allen devrait adorer. Dez Mona itou, parce que ça sonne aussi de notre temps. Et que, ouais, c’est vraiment très bien joué. Ah, le solo de trompette de Laurent Blondiau sur ‘Citizens’, merveilleux. La guitare de Benoït Minon, aussi, sur ‘Blueprints’, limite qu’elle en fait trop. Et si tout cela manquait d’un poil de liant ? (fv)

Wild Nothing ‘Life Of Pause’ Bella Union/Pias

Fuyant le rabâchage créatif, Jack Tatum a le surplace et la répétition en horreur. Mais son art se soucie assez peu des bruyantes révolutions. Plus délicat, il se loge dans l’exercice du ciselage des plus fins écrins pour ses compositions. Et c’est donc de relecture et de subtils glissements davantage que de rupture stylistique qu’il sera question ici. A l’image de sa pochette, ‘Life Of Pause’ propose une belle et étrange collection de titres dream-pop à l’esthétique retro-cool. Sans jamais privilégier la démonstration à l’émotion, le multi-instrumentiste a étoffé son orchestration et ses textures, les truffant de détails plus ou moins saillants (les polyrythmies au marimba de ‘Reichpop’), voire inaudibles à l’oreille nue (des chœurs si discrets que seule une écoute au casque peut révéler). Pour cet héritier du meilleur de Sarah Records (The Field Mice principalement), l’élégance est de rigueur et la rigueur a de l’élégance : des guitares futées s’abouchent avec des mots affûtés mais timidement débités. Si le talent mélodique du beau Jake reste régulièrement imparable (‘Life Of Pause’, ‘Whenever I’), l’ensemble gagne cependant en efficacité ce qu’il perd en vulnérabilité. Peut-être parce que l’Américain s’est livré à un travail méticuleux sur les arrangements (aux synthétiseurs, omniprésents). Mais si Jack Tatum n’a pas encore enregistré le chef d’œuvre dont il est certainement capable, ce ‘Life Of Pause’ l’en rapproche à grands pas. (gle)

Working For A Nuclear Free City ‘What Do people Do All Day’ Melodic

Ce quatuor a beau être originaire de Manchester, ville du spleen pluvieux dont est issue la crème du rock dépressif, il n’en est pas moins utra pop et optimiste dans son approche. Hyper énergique, insaisissable, résolument fun, la musique de Working For A Nuclear Free City a toujours été difficile à cataloguer vu qu’elle prend des détours inattendus, flirtant tantôt avec une pop ensoleillée, tantôt avec de l’ambient

pastorale. Cela fait 17 ans que cela dure et l’on ne s’en plaindra pas à l’écoute de cet album qui annonce le printemps avec des pépites lumineuses comme ce ‘Good as gold’ qui fleure bon la pop sixties californienne, la magiquement catchy ‘Stop everything’ ou encore le joliment foutraque ‘Bottlerocket’ dont les percus sont tout simplement irrésistibles. Fun, fun, fun ! (pf)

Xixa ‘Bloodline’ Glit terhouse

A regarder quelques clips de leurs prestations live, déjantées – chapeaux, cravates de cowboy, cactus fluorescents (voir le jouissif ‘Cumbia Del Paletero’ ) –, on se dit qu’il ne faudra pas rater le groupe sur scène s’il passe dans le coin (à cette heure, quelques dates en Allemagne et aux Pays-Bas fin avril). D’autant plus que les deux gusses à la base du projet ne sont pas vraiment des illustres tartempions. C’est que, parallèlement à leur récente passion commune pour la cumbia et le psychédélisme péruvien des seventies (ils citent, et on les croit, ‘The Roots Of Chicha’ chez Barbes Records, mais on rajoutera ‘Back To Peru’ chez Vampisoul), ces mecs officient carrément dans l’officine officielle d’Howe Gelb. Inutile de préciser que l’influence de Giant Sand et Calexico s’entend à des kilomètres mais, en insufflant à leur rock désertique cette touche d’exotisme Machu Picchu post-Beatles et ce soupçon de blues saharien (Iyad Moussa Ben Abderahmane de Tinariwen joue et chante sur ‘World Goes Away’), Brian Lopez et Gabriel Sullivan parviennent à proposer un truc suffisamment singulier pour s’inscrire dans la durée. Et puis, mince quoi, ‘Pressures Of Mankind’, on dirait du Arno qui reprend du Gogol Bordello, c’est dire si c’est cool. (lg)

Your Friend ‘Gumption’ Domino/V2

Que nous donne-t-on à entendre là de si amical? Un garçonnet, chemisette et moches lunettes? Une demoiselle futée en diable! De celles, un peu farouches, qui, à la façon d’une Nona Marie Invie (Dark Dark Dark) ou plus encore de Jana Hunter (aujourd’hui Lower Dens), se fichent foncièrement du plumage si le ramage tient le la. À moins qu’il ne s’agisse là d’une ambiguïté clairvoyante. D’un refus de trancher, au départ, non seulement entre le X et le Y, mais entre les genres musicaux, folk abrupt, dreampop spectrale ou electronica touffue en drones et sons glanés. « Patience and I’m shaking another body ». Depuis un premier EP ‘Jekyll / Hyde’, la mue de cette native de Lawrence – un bled connu pour ‘Supernatural’ et un épisode sanglant de la guerre de Sécession – s’est accrue. Dans ces textures dont elle s’attife, dans cette gangue d’effets flottants ou griffus dans lesquels elle drape son timbre toujours à la lisière et qu’on pourrait craindre inféconds, surgissent pourtant autant d’aurores boréales au point d’extinction que d’extases à mille tentacules. Autant d’exquises petites morts qui, espérons que vous en conviendrez, ne nécessitent ni tutu poudré ni révérence. (alr)


28

mardi 08 mars Bang!: GLINTS, FACES ON TV @ BAI_, Bruxelles AIDAN KNIGHT @ AB, Bruxelles !!!, STEREOLAB; CATE LE BON @ Botanique, Bruxelles MÄÄK QUINTET @ Ferme du Biéreau, Louvain-LaNeuve FUN LOVIN’ CRIMINALS @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux MACKLEMORE & RYAN LEWIS @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux THE ABYSSINIANS @ Kulturfabrik, Luxembourg LOU DOILLON @ Splendid, Lille, Fr

mercredi 09 mars CECILE MCLORIN SALVANT @ AB, Bruxelles STEFAN DIXON @ Huis 23, Bruxelles GRAND BLANC, WHISPERING SONS @ Botanique, Bruxelles LA CÉCITÉ DES AMOUREUX, ELLE & SAMUEL @ Reflektor, Liège ROBIN SCHULZ @ Trix, Antwerpen

jeudi 10 mars Bang!: WIM REYGAERT, DIRK HENDRIKX, KRIS DANE, ... @ BAI_, Bruxelles OAKTREE, AMYN; GREGORY PORTER @ AB, Bruxelles JOZEF DUMOULIN, NINGLINGSPO @ l’An Vert, Liège UTZ @ GC Elzenhof, Bruxelles YANIS, WE ARE MATCH @ Reflektor, Liège GOLDEN ORIOLE, ZOHO, FEROMIL @ Magasin4, Bruxelles ULTRADANCE, PETULA CLARCK, (RUN)SOFA, BLONDIN @ Rockerill, Marchienne KENNETH LE BOULENGE @ Salon, Silly MACKLEMORE & RYAN LEWIS @ Sportpaleis, Antwerpen BIBLES @ Trix, Antwerpen THE ABYSSINIANS, UPHILL SOUND @ Vk, Bruxelles ZAZ @ Forest National, Bruxelles NINA HAGEN @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux FEU! CHATTERTON @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux VON PARIAHS, BOMBAY @ Aéronef, Lille, Fr LA FEMME, GRAND BLANC @ Grand Mix, Tourcoing, Fr

vendredi 11 mars QUENTIN DUJARDIN @ l’An Vert, Liège HAMZA @ Botanique, Bruxelles SO PITTED @ Homeplugged, Bruxelles GUIZMO @ Reflektor, Liège NO ONE IS INNOCENT, ROMANO NERVOSO

@ Maison du Peuple, Flémalle PAROV STELAR @ Forest National, Bruxelles MAYBESHEWILL, SPEAKING IN ITALICS @ Vk, Bruxelles KODALINE @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux MARIA GADÚ @ Kulturfabrik, Luxembourg

samedi 12 mars SOUAD MASSI, JAWHAR @ AB, Bruxelles ANTOINE PIERRE URBEX @ l’An Vert, Liège MACHINE GUN, PANDORA’S BOX @ Atelier Rock, Huy MUZIEK DE SINGE, SUPER SKA @ Belvédère, Namur KAS PRODUCT, ONMENS @ Beursschouwburg, Bruxelles JACOB BELLENS, LYENN @ Botanique, Bruxelles NO ONE IS INNOCENT, ROMANO NERVOSO @ CC René Magritte, Lessines OVERMARS @ L’Entrepôt, Arlon BODDIKA, DE SLUWE VOS, DOWN UNDER invites NICOLAS LUTZ @ Fuse, Bruxelles LL BURNS, GARAGE DOOR TRAUMA @ Hangar, Liège MOUNTAIN BIKE, LE PRINCE HARRY, CHARNIER, REGAL, ... @ Magasin4, Bruxelles MUSE @ Palais 12, Bruxelles THOMAS DE POURQUERY & SUPERSONIC @ Reflektor, Liège ETIENNE DE CRECY, THE BABEL ORCHESTRA, FABRICE LIG, ... @ Rockerill, Marchienne TERRAKOTA, GROOVALICIOUS, DJ MUKAMBO @ La Tricoterie, Saint-Gilles OWEN CAMPBELL @ La Truite d’Argent, Houffalize ALEK ET LES JAPONAISES @ Vecteur, Marcinelle MUTINY ON THE BOUNTY, PAUS, MARGARET CATCHER, ... @ Aéronef, Lille, Fr HALF MOON RUN, AIDAN KNIGHT @ Grand Mix, Tourcoing, Fr SABATON ; SCORPIONS @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux

dimanche 13 mars DEFEATER, BREAK EVEN, KIDS INSANE @ AB, Bruxelles FOIRE AUX INSTRUMENTS DE MUSIQUE D’OCCASION @ Atelier Rock, Huy MUSE @ Palais 12, Bruxelles SAULE, LA CECITE DES AMOUREUX, CELENA-SOPHIA, ... @ Salon, Silly HUGH COLTMAN @ Aéronef, Lille, Fr PETITE NOIR, GRIFON @ Grand Mix, Tourcoing, Fr THE WANTON BISHOPS, WILD RACCOON @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr

lundi 14 mars THE NEIGHBOURHOOD, MOTHXR;

COASTS @ AB, Bruxelles NOTHING BUT THIEVES, STAL @ Botanique, Bruxelles

mardi 15 mars Leuven Jazz: BLACK FLOWER @ At The Bebop, Leuven IT IT ANITA, THE GURU GURU, HYPOCHRISTMUTREEFUZZ; DEAFHEAVEN, MYRKUR @ AB, Bruxelles VÖK, SONOREN @ Beursschouwburg, Bruxelles ARABROT, GURA @ Magasin4, Bruxelles MUSE @ Palais 12, Bruxelles ZAZ @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux

mercredi 16 mars Leuven Jazz: CHRIS POTTER QUARTET, DRIFTER; MELAERTS & DELTENRE @ 30CC/Schouwburg; De Libertad, Leuven KEL ASSOUF @ AB, Bruxelles GENTLEMEN OF VERONA @ Monk, Bruxelles MUSE @ Palais 12, Bruxelles THE INTERNET, NATURE HEATEN @ Vk, Bruxelles

Leuven Jazz 12-20 mars Toutes salles, Leuven

jeudi 17 mars Leuven Jazz: DAVE HOLLAND TRIO, PASCAL SCHUMACHER QUARTET ft VERNERI POHJOLA; MATTHEW HALSALL THE GONDWANA ORCHESTRA, POMRAD, GILLE SPETERSON @ 30CC/Schouwburg; Het Depot, Leuven Bang!: BISMUTH @ BAI_, Bruxelles SIVERT HØYEM, JONAS ALASKA @ Botanique, Bruxelles MEHMET POLAT TRIO @ De Buren, Bruxelles STONED JESUS, MARS RED SKY, BELZEBONG @ L’Entrepôt, Arlon RECORDERS @ La Madeleine, Bruxelles MONSIEUR TOTO @ Salon, Silly TMGS @ Trix, Antwerpen LOUISE ATTAQUE @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux

vendredi 18 mars Leuven Jazz: THE JAMES HUNTER SIX, OMAR; SOUTH QUARTET @ Het Depot; De Appeltuin, Leuven BURAKA SOM SISTEMA, ALO WALA; FEDER, COMPUPHONIC @ AB, Bruxelles LES MUTANTS MAHA & LAU NAU @ Les Ateliers Claus, Bruxelles RÜFÜS @ Botanique, Bruxelles HELLUVAH, DE INTRONS @ Brass, Bruxelles NARGAROTH, NOCTEM, CONCEIVED BY HATE, ... @ L’Entrepôt, Arlon MAJID BEKKAS AFRO-ORIENTAL JAZZ TRIO @ Ferme du Biéreau, Louvain-LaNeuve

STUFF. © Alexander Popelier / Rinus Van De Velde C’est dans une dizaine de lieux que le Leuven Jazzz prendra ses quartiers. Au programme : expos, projections, jazz quizz, mais aussi, comme de bien entendu, une belle brochette de concerts dont Chris Potter Quartet et Drifter pour ouvrir les festivités, le 16. Le lendemain, embarras du choix avec Pomrad, Dave Holland Trio ou le Pascal Schumacher Quartet. Nous épinglerons Matthew Halsall & The Gondowana Orchestra : adoubé par le toujours très influent DJ et producteur Gilles Peterson (également présent feat. Earl Zinger), Halsall, étoile montante de la scène jazz britannique, accueille dans ses improvisations méditatives les spectres de Miles Davies et de John et Alice Coltrane, y ajoutant son phrasé propre, un groove teinté de cool planant ou de hard-bop contemplatif. Suivront encore The James Hunter Six et Omar, figure de la scène neo-soul britannique, André Brasseur & Band (lire le portrait que lui consacre notre Sounds & Sites page 4), le septet Submotion Orchestra, BRZZVLL. Le dimanche sera consacré à la scène belge avec, entre autres, Stuff., Neve & Typhoon, Rebirth Collective (où le bigband de Dree Peremans rend hommage à Billy Strayhorn). www.leuvenjazz.be


MARTINE DE KOK @ Huis23, Bruxelles ABD AL MALIK @ La Madeleine, Bruxelles PANTEROS666 @ Reflektor, Liège VESSELS @ Rotondes, Luxembourg

samedi 19 mars Leuven Jazz: STUFF., BRZZVLL, SUBMOTION ORCHESTRA; ... @ Het Depot; 30CC/Minnepoort, Leuven [PIAS] Nites: FLUME, SALUTE, VESSELS @ Palais 12, Bruxelles NICOLA TESTA; HAYDEN JAMES @ AB, Bruxelles HOWLING OWL, OZY MAN DIAS @ l’An Vert, Liège HUGO, ORWELL @ Atelier Rock, Huy FLAT EARTH DAY: TOO NOISY FISH, BART MARIS & LOOPS, BRUNO VANSINA, HET SERPENT, FLAT EARTH SOCIETY & MAURO PAWLOWSKI @ Bozar, Bruxelles RADIO FEMME FATALE; PLANETE CONCRETE, EDH, ... @ Brass, Bruxelles JEREMY UNDERGROUND @ Le Cadran, Liège BLACK BOX REVELATION, LA JUNGLE @ Eden, Charleroi BW & ROSCOE @ Ferme du Biéreau, Louvain-LaNeuve EL DELICUENTE @ Rockerill, Marchienne LES HURLEMENTS D’LEO, KOUZY LARSEN @ Salon, Silly JOE JACKSON @ Trix, Antwerpen JORIS @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux BREAKBOT, WOODINI, DABEULL, PARA ONE, DJ PONE @ Aéronef, Lille, Fr BLUES PILLS, WHITE MILES @ Grand Mix, Tourcoing, Fr

dimanche 20 mars Leuven Jazz: STUFF., REBIRTH::COLLECTIVE; NEVE & TYPHOON; THE ORANGE MOON; HIJAZ; YVES PEETERS GUMBO; BART MARIS @ 30CC/Schouwburg; M-Museum; CC Oratoriënhof; Stuk, Leuven THE SISTERS OF MERCY, LSD ON CIA @ AB, Bruxelles HEART OF WOLVES, NASTY CANDY & COCO LIPSTICK @ Brass, Bruxelles MGLA, AOSOTH, DEUS MORTEM @ Magasin4, Bruxelles LIANNE LA HAVAS @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux

lundi 21 mars THE SISTERS OF MERCY, LSD ON CIA, LA YEGROS @ AB, Bruxelles NATHALIE MERCHANT @ Cirque Royal, Bruxelles THE KVB, AWIR LEON @ Aéronef, Lille, Fr

mardi 22 mars Bang!: XL-AIR @ BAI_, Bruxelles BARONESS; SIRIUS PLAN @ AB, Bruxelles THE WANTON BISHOPS @ Kulturfabrik, Luxembourg LOUISE ATTAQUE @ Aéronef, Lille, Fr

mercredi 23 mars JETT REBEL @ AB, Bruxelles ROVER @ Botanique, Bruxelles KONOBA, STOPLIGHT @ Ferme du Biéreau, Louvain-LaNeuve BOULEVARD DES AIRS @ La Madeleine, Bruxelles BLACK BOX REVELATION @ Reflektor, Liège GENERAL ELEKTRIKS, GUTS @ Aéronef, Lille, Fr

jeudi 24 mars BRDCST: COCAINE PISS, STEVE IGNORANT’S ‘Slice Of Life’; MICHAEL PRICE TRIO, INNERWOUD; TSEMBLA, PAK YAN LAU @ AB, Les Archives de a Ville Bruxelles Bang!: THE VAN JETS (acoustic set), THROES AND THE SHINE @ BAI_, Bruxelles BONY KING @ Candelaershuys, Uccle BAZOOKA, JACK OF HEART @ Madame Moustache, Bruxelles DJ KRUSH @ Reflektor, Liège BON VOYAGE ORGANISATION @ Grand Mix, Tourcoing, Fr

vendredi 25 mars BRDCST: GOGO PENGUIN, POMRAD, DE BEREN GIEREN; VISIONIST, LOTIC, M.E.S.H.; JOAN SHELLEY, BROEDER DIELEMAN @ AB; Huis23, Bruxelles Bang!: WOODWORKS: PIERRE ANCKAERT, STEFAN BRACAVAL @ BAI_, Bruxelles JOACHIM BADENHORST, JEANYVES EVRARD, RIUICHI DAIJO, PASCAL NIGGENKEMPER @ Les Ateliers Claus, Bruxelles RUN 88.1 @ Belvédère, Namur JESS GLYNNE @ Botanique, Bruxelles MURDOCK, NEXUS & TIGHT, DIEGO TORRES, ... @ Le Cadran, Liège MACHIAVEL @ Cirque Royal, Bruxelles THE CESARIANS, GÂTECHIEN @ Magasin4, Bruxelles GENTLEMEN OF VERONA @ Taverne du Théâtre, La Louvière GUILI GUILI GOULAG, LE CRABE, MISS TETANOS UND SRI.FA ft STEPHEN O’MALTINE @ Vecteur, Marcinelle LEE SCRATCH PERRY, ZENZILE @ Aéronef, Lille, Fr THE INTERNET @ Grand Mix, Tourcoing, Fr

samedi 26 mars BRDCST: MONNIK, BARST, DAGHRAVEN, DIRK SERRIES @ AB, Bruxelles

Les Femmes s’en Mêlent: ALDOUS HARDING, LIESA VAN DER AA, THE LIMINANAS @ Eden, Charleroi KÖLSCH @ Le Cadran, Liège ZENZILE, LIFE OF AN OWL IN ALASKA, WE STOOD LIKE KINGS @ Magasin4, Bruxelles BERNARD DOBBELEER, GLOBUL @ Rockerill, Marchienne IRINA @ Kulturfabrik, Luxembourg

BRDCST Festival

24-27 mars Ancienne Belgique, Bruxelles

dimanche 27 mars BRDCST: BATTLES, MBONGWANA STAR, PAUS, FIRE! Ft MATS GUSTAFSSON; KAITLYN AURELIA SMITH, MATHIEU SERRUYS @ AB; Bruxelles ORGUE AGNÈS, REV GALEN @ Les Ateliers Claus, Bruxelles MR OIZO @ Le Cadran, Liège GORGUTS, PSYCROPTIC, DYSRHYTHMIA, NERO DI MARTE @ Magasin4, Bruxelles MARIAH CARREY @ Forest National, Bruxelles MICAH P.HINSON, JONO MCLEERY, @ Aéronef, Lille, Fr MATT CORBY @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux AMORPHIS @ Kulturfabrik, Luxembourg

lundi 28 mars ENTER SHIKARI, MODESTEP, HACKTIVIST; FLEDDY MELCULY, ‘WAT DE FOK’, GOE VUR IN DEN OTTO DJ SET @ AB, Bruxelles

mardi 29 mars SCOTT BRADLEE’S POSTMODERN JUKEBOX; FOX, MUTINY ON THE BOUNTY, SAY YES DOG @ AB Bruxelles MATT CORBY @ Botanique, Bruxelles ANDY MCKEE, OWEN CAMPBELL @ Aéronef, Lille, Fr Les Femmes s’en Mêlent: U.S.GIRLS, GEORGIA, ALDOUS HARDING @ Grand Mix, Tourcoing, Fr

mercredi 30 mars ROBERT GLASPER EXPERIMENT @ AB, Bruxelles NO MONEY KIDS, THE GLÜCKS, RINCE-DOIGT @ Atelier 210, Bruxelles GENERAL ELEKTRIKS, DANIEL GRAZ; MICAH P.HINSON @ Botanique, Bruxelles UNDERWORLD @ Cirque Royal, Bruxelles AND ALSO THE TREES @ L’Os à Moëlle, Bruxelles THE 1975 @ Forest National, Bruxelles BIRTH OF JOY, LAST TRAIN, WEIRD OMEN, DJ LORD BARNABY STREET WEISSMULLER @ Grand Mix, Tourcoing, Fr SCOTT BRADLEE’S POSTMODERN JUKEBOX @ Splendid, Lille, Fr

jeudi 31 mars LÅPSLEY @ AB, Bruxelles STUCK IN THE SOUND

Battles © Grant Cornett On peut toujours compter sur l’AB pour nous mitonner des événements exquis qui ouvrent grand les fenêtres. Après le Domino, voici BRDCST - hommage à Trish Keenan et ses comparses d’’Ha Ha Sound’. Des moments gratuits avec des intervenants précieux à la Huis 23, un apibar, les albums du mois Rough Trade ne sont que les appetizers d’une programmation éclectique. Jeudi, on oscillera entre punk (Cocaine Piss + Steve Ignorant (Crass)) et filles-electronica (Pak Yan Lau + Tsembla). Vendredi s’esquissera en future jazz (Gogo Penguin, Pomrad, De Beren Gieren), folk (Joanne Shelley, Broeder Dieleman ) ou électro (Visionnist, M.E.S.H, Lotic). Belle promesse d’apothéose foutraque le dimanche avec l’explosivité joyeuse de Battles, la street énergie du septet congolais afrofuturiste Mbongwana Star (anciens du Staff Benda Bilili), la contagion rythmique de Paus et les brandons expérimentaux de Fire ! boutés hors-limite par le saxophone de Matt Gustafsson. Jubilatoire, non ? Programmation complète : http://www.abconcerts.be/fr/agenda/cycles/ brdcst/88/


30

@ Botanique, Bruxelles A BOY CALLED VIDAL, BERNARDINO FEMMINIELLI @ Madame Moustache, Bruxelles LES INNOCENTS @ La Madeleine, Bruxelles SAGE, DRALMS, FARAO @ Grand Mix, Tourcoing, Fr IBRAHIM MAALOUF @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux

vendredi 01 avril Festival Broken Necks: BABY FACE NELSON, REDNECK BRASS BAND, THE REDEMPTION’S COLTS, LEONHARDT, THE BLUE EYED BANDITS, S.S.WEB, … @ L’Entrepôt, Arlon AT THE DRIVE-IN, LE BUTCHERETTES @ AB, Bruxelles ANIMAL COLLECTIVE, GFOTY @ Botanique, Bruxelles LEN FAKI @ Le Cadran, Liège KYGO @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux

samedi 02 avril DE MENS @ AB, Bruxelles SPAGGUETTA ORGHASMMOND, GUILI GUILI GOULAG, RRAOUHHH!, VLADIMIR PLATINE @ Botanique, Bruxelles ANTOINE PIERRE URBEX, JEANPAUL ESTIEVENART, TOINE THYS, STEVEN DELANNOYE, BERT COOLS, ... @ Kulturzentrum Jünglingshaus, Eupen DJ’S MICH vs BRAM BLACK BOOTS, ALEXANDERRR TECHNASIA, THE BABEL ORCHESTRA, FABRICE LIG, ... @ Rockerill, Marchienne-au-Pont ISOLA, GARCIA GOODBYE @ Salon, Silly JOHNNY CLARKE @ Vk, Bruxelles MACHIAVEL @ Wex, Marche-en-Famenne LES SHERIFF, BURNING HEADS, PKRK, TOXIC WASTE @ Aéronef, Lille, Fr THE MOUSE OUTFIT @ Grand Mix, Tourcoing, Fr

dimanche 03 avril CHE SUDAKA @ AB, Bruxelles BRYSON TILLER @ La Madeleine, Bruxelles ARROWS OF LOVE, SLOVENIANS @ Magasin4, Bruxelles U.S.GIRLS @ Trix, Antwerpen BOJAN Z & JULIEN LOURAU, STEFAN ORINS TRIO @ Aéronef, Lille, Fr

lundi 04 avril ELIANE ELIAS @ AB, Bruxelles HOOVERPHONIC @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux A PLACE TO BURY STRANGERS, SVPER, RAPE BLOSSOMS @ Aéronef, Lille, Fr

mardi 05 avril BRING ME THE HORIZON, NEW DATE, DON BROCO

@ AB, Bruxelles NASHVILLE PUSSY, FRAU BLÜCHER & THE DRÜNKEN HORSES @ Magasin4, Bruxelles

mercredi 06 avril HOOVERPHONIC; WARHOLA @ AB, Bruxelles BORN RUFFIANS, CRISTOBAL AND THE SEA @ Atelier 210, Bruxelles BEPOTEL, DOLPHINS INTO THE FUTURE @ Beursschouwburg, Bruxelles NADA SURF, FAREWELL DEAR GHOST; JENNYLEE @ Botanique, Bruxelles RICARDO DONOSO, ENSEMBLE ECONOMIQUE, ... @ Magasin4, Bruxelles BIG UPS @ Vk, Bruxelles MONIKA @ Grand Mix, Tourcoing, Fr QUINTRON & MISS PUSSYCAT THE CHIKITAS @ Aéronef, Lille, Fr BRING ME THE HORIZON @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux

jeudi 07 avril JAMES MORRISON @ AB, Bruxelles DIIV, THE BESNARD LAKES; STEVE MASON @ Botanique, Bruxelles RANDOM HOUSE @ Chat-Pitre, Bruxelles CHARLES BRADLEY & HIS EXTRAORDINAIRES @ Cirque Royal, Bruxelles THE BODY, FULL OF HELL, SUNKEN @ Magasin4, Bruxelles AMANDA BERGMAN, ASTRONAUTE @ Trix, Antwerpen MEATBODIES, DOUBLE VETERANS @ Vk, Bruxelles ATZE SCHRODER @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux FAT FREDDY’S DROP @ Aéronef, Lille, Fr

vendredi 08 avril IBRAHIM MAALOUF; THE SHEEPDOGS @ AB, Bruxelles Jazzeux curated by LEFTO & LANDER GYSELINCK with DORIAN CONCEPT, AU SONS OF KEMET,… @ +9/04-Beursschouwburg, Bruxelles GAVIN JAMES, FARAO - DRALMS @ Botanique, Bruxelles SATAN @ Magasin4, Bruxelles MODERAT @ Cirque Royal, Bruxelles VOLTA FINALE @ Rockerill, Marchienne LAKE STREET DIVE @ Trix, Antwerpen CHVE, projection de ‘BACKSTAGE’ de MarieXXME @ Vecteur, Marcinelle

samedi 09 avril Rock’n’Trolls: SKARBONE 14, ATOMIC SPLIFF, THE

ZIPHEADS, WONDER MONSTER, CORBILLARD, … @ Leuze-en-Hainaut Durbuy Rock: THE ARRS, KORPIKLAANI, ITHILIEN, MASS HYSTERIA, DO OR DIE, LE BAL DES ENRAGES @ Le Sassin, Bomal-sur-Ourthe, Durbuy HUMO’S ROCK RALLY : THE VAN JETS, MEURIS, COMPACT DISK DUMMIES @ AB, Bruxelles ISOLA, BEAUTIFUL BADNESS @ Atelier Rock, Huy GIANT SAND JASON LYTLE; SHARKO; CHOIR OF YOUNG BELIEVERS @ Botanique, Bruxelles KENNDY’S BRIDGE @ Reflektor, Liège MELODY GARDOT; DIIV @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux DIIV @ Rotondes, Esch/Alzette, Lux

More Music! 6-9 avril Concert Gebouw, Bruges

dimanche 10 avril Durbuy Rock: TEMNEIN, SERENITY, MONDO DRAG, EXUVIATED, HANGMAN’S CHAIR, KOMAH, VOYAGER, BATTLE BEAST, LEPROUS, EQUILIBRIUM, ... @ Le Sassin, Bomal-sur-Ourthe, Durbuy HXC SUNDAY MATINEE @ Belvédère, Namur DAMIEN JURADO @ Botanique, Bruxelles QUINTRON & MISS PUSSYCAT, SPAGGUETTA ORGHASMMOND, .. @ Magasin4, Bruxelles FOR THE RECORD FAIR @ Trix, Antwerpen TRICKY @ Grand Mix, Tourcoing, Fr

lundi 11 avril TRICKY @ AB, Bruxelles MYSTERY JETS @ Botanique, Bruxelles

mardi 12 avril BRIAN FALLON & THE CROWES @ AB, Bruxelles SCOUTT NIBLETT; THE KVB, DEAR DEER @ Beursschouwburg, Bruxelles GET WELL SOON; BASIA BULAT @ Botanique, Bruxelles BEHOLD! THE MONOLITH, CHRCH, GRIMMSONS @ Magasin4, Bruxelles CŒUR DE PIRATE @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux NADA SURF @ Grand Mix, Tourcoing, Fr

mercredi 13 avril HOLLYWOOD UNDEAD, ATTILA; MICHAEL GIRA @ AB, Bruxelles BLACK MOUNTAIN; STEREO TOTAL, MAURICE DE LA FALAISE @ Botanique, Bruxelles ADMIRAL FREEBEE, VISMETS @ Cirque Royal, Bruxelles KIMYA DAWSON, LITTLE WINGS @ Maison des Musiques, Bruxelles JACK & JACK @ Trix, Antwerpen

Kode9 À la recherche d’un festival printanier entre songwriting et electro qui vous chamboule la tête ? More Music ! est l’expédition qu’il vous faut ! Ouverture le mercredi 6 avec Daan et son comparse Peter De Bruyne aux images. Le dandy anversois est le curateur d’« A Track » avec des courts métrages d’animation de Rudy Trouvé et le beau projet photo se jouant des genres de Géraldine Jacques. Parmi les musts à épingler, une pétillante programmation autour de nos chouchous danois Efterklang le vendredi 8 : première belge de leur opéra ‘Leaves’, projection de ‘Pyramida’ et d’’An Island’ de Vincent Moon et concert de leur fantastique nouvelle mouture Liima avec le percussionniste Tatu Rönkkö. Le samedi 9 il faudra jouer à pile ou face entre les glaciers d’Emiliana Torrini revus par les expérimentateurs The Colorist, les errances célestes de Willis Earl Beal, la spirale chaotique de Xiu Xiu ou une soirée sous les flèches pointues de Kode 9, Darkstar et Rival Console. Quelle abondance ! Plus d’infos : http://www. moremusicfestival.be/2016/




Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.