Revue Multiprise #21

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21 Juin 2011 - Trimestriel - Gratuit - I.S.S.N. : 1778-9451

Courants artistiques en Midi-Pyrénées



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Edito

Sommaire

Hiiiiiio vrrrrriii (larsens) Amis Hiiiiii sportiHiiiifs bonjour ! Profitons de la mi-temps de cette année 2011 pour procéder au tirage de la bourriche : Eeeeet : le numéro vingt-et-un, je répète, le numéro vingt-et un. Le possesseur du ticket gagnant remporte le filet garni offert par Cochonou. Prière de venir retirer le lot à la buvette. La buvette du 17 où seront peut-être accoudés les diverses teams qui composent en partie ce numéro dédié aux collectifs : l’atelier du chemin Pujibet, la Mobylette, ou bien encore Da Mental Vaporz. DMV fait doublement parler d’eux, tant artistiquement que politiquement en s’exposant à Toulouse avec Dran : à l’heure où notre chère ville s’apprête à voir disparaitre l’incontournable GHP, qui a, rappelons le, retourné la rue de la halle au poisson, rassemblant plus de deux mille personnes à l’occasion de son dernier vernissage, nous vous proposons de suivre le match et sa préparation. Une immersion dans les vestiaires du DMV, l’équipe de mercenaires venus de partout pour transformer peut-être, un dernier soupir en second souffle... que nous devrons retenir lors de l’entrée dans

4 Le Printemps de Tarbes L’art à la rencontre du public : Dérapage contrôlé .....................................................................................

7 Gilles Barbier - Le Terrier Au Pavillon Blanc, Colomiers .....................................................................................

8 DreamTime, « HabitéR. » Exposition à la grotte du Mas d’Azil .....................................................................................

12 Aïe et coups Exposition de Véronique Barthe à la Chapelle St-Jacques ..................................................................................... .....................................................................................

Dossier L’art est un sport collectif

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14 De Lapujade à Pujibet

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17 100TAUR Court-jus .....................................................................................

le sous-terrain de jeu ariégeois. Pour cette troisième

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rencontre du « Temps des rêves », Pascal Pique et Caza

Tempera mental .....................................................................................

d’Oro invitent dix concurrents pour la difficile confrontation avec l’underground azilien. En cette fin de saison, à l’ouverture du grand mercatto, où le temps des finales sonne les consécrations et les déceptions Jackie-Ruth Meyer nous offre une analyse sur la situation des centres d’artrainement et leurs possibilités de recrutement. Tout au long de ce numéro, nous découvrirons des équipes qui, chacune à leur manière, tiennent leur poste dans le paysage artistique de la région. Intuitant ainsi que la création est elle aussi un sport collectif et que pour que le jeu soit beau, nous allons devoir tous nous serrer les coudes.

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MC

Couverture : Cadavre exquis de RebReb, Darkimey et MoloMolo As de coeur, technique mixte, 2011

24 Fondation œuvre collective pour un 1% .....................................................................................

26 L’Odyssée Siphonophore Collectif La Mobylette à Lieu-Commun ..................................................................................... .....................................................................................

28 Voleurs de temps Carte blanche à Jacky Ruth Meyer .....................................................................................

30 Plan de gestion des risques 2 Dessin d’un trou à l’aide d’un anti-bic .....................................................................................

32 Gilen Branchement en série .....................................................................................

33 Rallonge .....3


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Le Printemps de Tarbes L’art à la rencontre du public : Dérapage contrôlé Expositions, performances, rencontres Jusqu’au 2 juillet 2011

Omnibus, laboratoire de propositions artistiques contemporaines à Tarbes, dont nous avons le plaisir de suivre les évolutions au fil des numéros de Multiprise, a concocté une série d’événements qui lui permettent de sortir de la vitrine de l’avenue Barère. « Trente artistes s’installent sur le site de l’Arsenal à Tarbes pour une exposition surprenante, entre ordre et désordre. Sensibles ou ludiques, caustiques et même parfois provocatrices, les œuvres présentées sont pour la plupart réalisées pour l’occasion, en accord avec l’espace donné, transformant un ancien symbole de la production industrielle en fabrique d’imaginaire...», voilà comment Erika Bretton présente l’accroche du programme de la nouvelle expérience développée par Omnibus. Un projet d’exposition collective, une carte blanche de la mairie et c’est Dérapage contrôlé qui prend vie. Omnibus œuvre, le temps d’une exposition collective, à façonner un nouveau profil à un patrimoine industriel trop longtemps en friche en lui offrant de nouvelles fonctions et en lui accordant de nouvelles valeurs : le bâtiment 116 du site de l’Arsenal. Cette nouvelle expérience porte ses fruits : le pari d’agrandissement de la vitrine est tenu. Ainsi, ce sont plus de 350 personnes qui ont répondu à l’appel du 13 mai, jour de vernissage. Les œuvres ont été, pour la grande majorité d’entre elles, créées pour le lieu et l’occasion, offrant la preuve d’une volonté de réinvention de la part des artistes. Ceux-ci se sont évertués à redonner à voir et à percevoir différemment les objets et les concepts qui peuplent notre quotidien. Utilisation de l’architecture du lieu pour les uns, composition dans du mobilier urbain - en l’occurrence une cabine téléphonique - pour d’autres, ou bien incrustation de mots-sculptures dans les parois, ou encore confection de piles ou de 4 .....

tas, les dérapages sont nombreux et restent le plus souvent sous contrôle. Ne prenons qu’un exemple, tant ils peuvent être nombreux : celui de Projet H une œuvre développée par le Collectif DF. Un corps de film plastique captif et en mouvement nous fait face. Le procédé de bondage, clin d’œil suggestif à des pratiques érotiques qu’un puritain pourrait qualifier de masochistes, accentue le caractère vivant de l’installation. Pensée et créée bien avant la catastrophe de Fukushima, cette œuvre, tout en excitant la curiosité, réveille une crainte ancestrale, celle de l’élimination de la Vie par une menace invisible, une terreur qui serait par exemple générée par un insignifiant atome dont le seul tort serait d’avoir subi, du fait de l’homme, une manipulation nonmaîtrisée. Les 1500 mètres carrés de l’exposition du bâtiment 116 sont accessibles au public les après-midi, du mercredi au samedi, jusqu’au 2 juillet. Pendant cette même période, la vitrine de l’avenue Barère est occupée par une installation de Guillaume Poulain et de nombreuses performances et rencontres ponctueront l’espace temps jusqu’à la fin du printemps. L’école d’art de Tarbes, le site d’Omnibus, le bâtiment 116 et même le pub Le Celtic seront les terrains d’accueil de manifestations dédiées à des conférences, des performances, des projections de vidéos et de films, un spectacle vivant, un jeu très spécial de la Wouakatchie et enfin une soirée musicale expérimentale de clôture. Avec Dérapage contrôlé, Omnibus inaugure une nouvelle manière d’entrer en contact avec le public. Son rôle de médiateur est ainsi parfaitement rempli. Ordre et désordre ont engagé un dialogue nourri. Je ne puis résister, en guise de conclusion, à souligner mes propos par une citation de Paul Claudel, citation qui s’applique merveilleusement au contexte de ces événements : « L’ordre est le plaisir de la raison : mais le désordre est le délice de l’imagination ». Didier Skorupa


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Françoise Maisongrande, La princesse au petit pois, 2011

Carl Hurtin, Porte voix, 2011

Germain BerdiĂŠ, Sillage, 2011

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Gilles Barbier - Le Terrier Pavillon Blanc, Colomiers. Du 15 juin au 27 août 2011 Terrible Terrier, stupéfiante sculpture de presque six mètres de haut, cabane sous l’arbre, espace creux, boyau douillet, bulle de terre… L’oeuvre date de 2005. Elle n’a pas été montrée depuis sa première exposition dans les caves du Domaine Pommery à Reims1. Elle s’invite aujourd’hui au coeur du Pavillon Blanc, à l’occasion de l’exposition inaugurale du centre d’art de Colomiers dans ce nouveau bâtiment2. Et le spectateur n’a qu’une envie : trouver le précieux sésame pour comprendre l’œuvre et y entrer.

Première piste possible, demander de l’aide aux lecteurs de Kafka qui y verraient là une tentative de représenter la construction souterraine, à la fois abri et piège, de la créature mi-humaine mi-bête imaginée par l’auteur pragois dans sa nouvelle éponyme. Aux yeux de ces lecteurs, le narrateur de l’histoire reste presque entièrement indéfini. Il est impossible de le classer dans une espèce quelconque. À mi-chemin entre l’homme et la bête, il dispose d’un odorat très aigu, vit dans un souterrain qu’il a creusé sans aucun outil, s’alimente de petits animaux qui vivent dans le terrier, mais est par ailleurs capable de réflexion abstraite et d’émotions. Cette indétermination prive le lecteur des points de repère habituels d’une narration. Comme le narrateur, constamment occupé par un travail herméneutique consistant à localiser le bruit qu’il entend, le lecteur est obligé de chercher du sens dans le récit. De là découle la seconde piste : convoquer la bande dessinée, médium maintes fois utilisé par Gilles Barbier pour tenter de découvrir le sens de l’œuvre. Dans la bande dessinée contemporaine, l’action n’est plus seulement issue de la succession des cases, une seule case peut contenir en elle toute une histoire. L’œil doit s’attarder sur elle, la déchiffrer, démêler les signes qui la constituent. Ainsi, l’intérieur du terrier qui nous est dévoilé en coupe est une bulle, « une niche pour le langage »2 dirait Barbier, faite de galeries souterraines, de vivres entassés, de tunnels d’explorations, une accumulation de choses qui attisent l’imagination, qui sont autant de pistes à suivre pour comprendre ce qui se joue dans cet espace clos comme une case. De cette 6 .....

seule image naissent des dizaines d’interprétations. Telle la créature hybride qui a construit cette cachette, nous déambulons donc dans l’obscurité, nous tâtonnons, nous revenons en arrière, nous construisons des réseaux pour comprendre. Mais finalement, que l’on soit tenté de demander de l’aide aux lecteurs de Kafka ou aux architectes un peu fous, aux spécialistes de la bande dessinée ou aux psychanalystes rêvant de structure cérébrale tangible, on renonce vite à l’analyse tant on préfère tourner autour de l’œuvre, rester pour une fois un peu plus terre à terre et se souvenir de toutes ces questions insolubles qu’enfant on posait aux adultes qui faisaient mine de ne pas entendre, ou pire, de ne pas comprendre. Est-ce Alice qui est trop petite ou la porte trop grande ? Comment Pinocchio s’éclaire-t-il dans la baleine ? Comment vit-on exactement dans le ventre d’un loup ? Que peuvent bien manger les animaux dans l’arche de Noé ? Alors on tourne autour du terrier. On se rappelle que Kafka n’a jamais fini l’écriture de cette nouvelle, que toutes les fins sont donc hypothétiques et ouvrent un champ immense pour l’imagination. On se rappelle également que ce qui nous plaisait lorsqu’on était petit ce n’était pas de connaître la formule pour ouvrir

Gilles Barbier, ST (Le Terrier), 2009, gouache sur papier, 6 éléments : chacun 123 x 189 cm © Gilles Barbier / Galerie G-Ph. & N Vallois


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Gilles Barbier, Le Terrier, 2005, technique mixte, 600 x 400 x 350 cm © Gilles Barbier / Galerie G-Ph. & N Vallois

ou fermer la caverne d’Ali Baba mais de pouvoir voir, enfin, ce qui se cachait vraiment dedans. Tourner autour du terrier, c’est assister à ce dévoilement. Première œuvre exposée dans le nouveau centre d’art de Colomiers, Le Terrier préfigure à merveille les dizaines d’autres qui lui succèderont, où les spectateurs chercheront à déchiffrer, décortiquer, comprendre ce qu’ils voient, mais où, comme chez Gilles

Barbier, les œuvres ne se définissent ni comme critiques, ni comme peintures du monde, ni comme problématiques, mais comme autant de fictions qui aident à donner sens au réel. Amandine Doche 1

L’idiotie : expérience Pommery #2, 2005

(commissaire J.-Y. Jouannais), Domaine de Pommery, Reims 2

Gilles Barbier, édition Carré d’Art de Nîmes & JRP Ringier

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Jean-Luc Favero, SkullSculpt, 5 x 5 m, 2011. Production les Abattoirs/FRAC Midi-Pyrénées & Casa d’Oro, résidence d’artistes, Le Mas d’Azil © Photo : André Morin

DreamTime, « HabitéR. » Grotte du Mas d’Azil, Ariège. Du 27 mai au 2 octobre 2011

Habiter le toit de la maison DreamTime est le titre choisi pour les expositions collectives organisées chaque été dans les grottes du Mas d’Azil. Il se réfère à ce que les Aborigènes appellent « Temps du Rêve ». Un état germinal du monde qui précède la formation de la terre, une mémoire des origines accessible par le truchement de rituels. Dix artistes ont été conviés à rêver le temps des premiers habitants de la grotte. En une époque de « désenchantement de l’art », la résurgence du mythe dans la création contemporaine est fréquente. Peut-être parce que le mythe a cette capacité de structurer un rapport au monde fondé sur sa démesure, où la fascination et la crainte s’articulent en des récits ambivalents. Une ambiguïté qui garde toute sa pertinence pour penser l’état de notre monde dont les contours instables 8 .....

subjuguent autant qu’ils inquiètent. D’où venons-nous, où allons-nous… Armés de casques de spéléologues, les artistes s’engagent dans les chambres, plateaux et galeries de la grotte du Mas d’Azil pour sonder ses cavités, se connecter aux bouches d’ombres creusées par une rivière dont on entend partout le murmure. Dans les entrailles de la terre Un crâne de squelette réalisé par Jean-Luc Favero dans la Galerie Monumentale marque le seuil d’entrée de la grotte. Le visiteur pénètre cette boîte crânienne de quatre mètres d’envergure pour se retrouver en face d’un crâne humain exposé. Une analogie se met en place par cette relation de contenu à contenant. Elle télescope la forme du crâne, « container premier de l’esprit », à celle de la grotte ainsi décrite comme espace à la fois physique et mental. C’est tout le sens du titre (et de l’orthographe) donné à ce troisième volet de Dreamtime, « HabitéR. » : les artistes habitent la grotte autant qu’elle les habite. Ils quittent le


........................................................................................................................................................................................................................... « white cube » amnésique et lisse pour entrer dans un « dark hole » mnémonique et chargé. Ils passent d’une histoire de l’art à une histoire de l’homme. Habitée pendant 50 000 ans, la grotte du Mas d’Azil fut un centre important de la région pour le marché du silex. Nécrophorus, une pièce réalisée par le tandem d’artiste Magali Daniaux et Cédric Pigot, rappelle cet affrontement des hommes à la matière. Elle se compose de deux gros blocs massifs en cristal de sel. D’épaisses chaînes en acier fixées aux blocs (de 220 kilos) relient des bracelets de force en cuir. La polysémie de la pièce tient au fait qu’il s’agit de sel, un minéral employé dès le Néolithique pour conserver les chairs du gibier. Son titre évoque aussi les pratiques mortuaires de l’Egypte ancienne qui employait le carbonate de sodium pour momifier le corps des rois et les préserver du pourrissement. Nécrophorus évoque les défis prométhéens de la technique face à la fragilité humaine, une rivalité audacieuse avec le divin, la transgression d’un ordre naturel qui donne vie et la recycle. Inversement à cet effort d’arrachement à la matière par lequel l’homme maîtrise progressivement la nature, Chiara Mulas aborde la grotte sous l’angle, fusionnel et régressif, du « retour à la Terre Mère ». Tendue dans une cavité, une toile écran est le réceptacle de sa performance filmée. Nue et peinte en rouge sang, couleur renvoyant à l’idée de sacrifice rituel comme à l’intérieur du corps, l’artiste évolue dans les anfractuosités de la roche. La grotte devient l’espace de projection d’un grand corps mythologique, de ce « ventre-cerveau » que représente pour elle le Mas d’Azil. L’exploration symbolique des entrailles de la terre prolonge aussi l’histoire de cette partie de la grotte où l’on découvrit autrefois des sanctuaires. Génératrice et sustentatrice de ce qui vit, la Terre Mère est aussi celle qui avale les vies parvenues à leur terme. Par delà nature et culture Partant des reliefs accidentés du site, Myriam Mechita a agencé ses pièces de façon à dresser les contours d’une dramaturgie mystérieuse. Une cascade de chaînes se déverse dans l’éboulement rocheux.

Myriam Mechita, Les tremblements de l’enfer ou My name is nobody, installation mixte, 2011 Production les Abattoirs/FRAC Midi-Pyrénées & Casa d’Oro, résidence d’artistes, Le Mas d’Azil Courtesy : Nosbaum & Reding Art contemporain, Luxembourg © Photo : André Morin

De l’autre côté du gouffre, des formes cristallines scintillent sur un promontoire autour duquel apparaissent les dépouilles argentées de chevreuils décapités, comme jetés en pâture à d’obscures divinités chtoniennes. De chatoyants filets de perles s’échappent de leur cou mutilé, assimilant le sang versé à une matière précieuse. Le brutal et le merveilleux se télescopent dans ce scénario sacrificiel de la dépense et de la perte. Il évoque ces dons rituels ou potlach qu’étudia l’ethnologue Marcel Mauss. En saccageant ses biens, l’homme primitif s’élevait de sa condition d’homme, liée à la valeur d’usage des objets, pour entrer dans un ordre supérieur de dépense et s’approcher du divin. La pièce de Mechita tire sa dynamique d’un jeu de forces contradictoires où les éléments s’enchaînent et se déchaînent à la fois. D’un point de vue psychologique, elle évoque les mécanismes passionnels d’aliénation .....9


........................................................................................................................................................................................................................... par une personne ou par un lieu et le recours à une forme d’exutoire pour s’en délivrer. Sur une paroi de la Salle du Temple, contrebalançant cette relation tumultueuse au site, apparait le tracé lumineux et aérien d’un dessin réalisé par une main invisible. Il s’agit de la reproduction d’une peinture rupestre de la grotte du Mas d’Azil, inaccessible au visiteur. Charley Case et Thomas Israël l’ont dupliquée à l’aide d’une palette graphique pour la replacer dans le circuit de l’exposition, la faire renaître dans le regard des visiteurs. La révélation de cette forme occultée a la portée, symboliquement forte, d’un dialogue phénoménologique avec le passé. Une idée que synthétise cette phrase des artistes : « grâce à toi je suis, grâce à moi tu restes ». Elle peut aussi se référer à l’hypothèse du préhistorien Jean Clottes selon laquelle les images pariétales seraient suggérées à l’homme primitif par la forme même du rocher. Il ne ferait en ce sens que matérialiser les contours d’une vision produite par la roche pour la dévoiler. Le dessin représente une silhouette hybride d’homme superposée à celle d’un animal. Des ramures de cervidé prolongent le profil humain, en référence possible à ces « animaux alliés » que séduisaient les chamans pour gagner leur sympathie. De par son renouvellement périodique, la ramure du cerf symbolisait pour eux le cycle de la vie et de la mort, la puissance régénératrice d’une nature infatigable. La confrontation de l’homme à l’animal se poursuit avec les images animées de danseurs que Delphine Gigoux-Martin projette sur les parois de la Salle Mandement. Pour réaliser ces dessins animés, elle a demandé à un danseur de mimer des postures animales. Les indices de leur différence et de leur proximité apparaissent dans ces étranges chorégraphies. Elles évoquent les danses animalières que réalisaient les chamans pour transformer un rapport conflictuel de prédation en un dialogue possible entre congénères. « Le problème de notre nourriture, c’est qu’elle est faite entièrement d’âmes » expliquait un chaman à un anthropologue. Réalisée par Elsa Sahal, la céramique intitulée Cul/Jambes joue également sur un glissement zoomorphique de l’anatomie humaine. Son caractère érectile renvoie possiblement à un 10 .....

moment décisif d’évolution de l’homme devenu bipède. Mais l’artiste céramiste a donné à sa paire de jambes l’aspect pachydermique de pattes d’éléphant, comme un rappel ironique de notre posture antérieure, sur quatre pattes. Ses Autoportraits en forme de grotte sont des céramiques pleines d’étrangeté. Leur forme organique se confond aux promontoires rocheux qui leurs servent de socle. Elles semblent être revenues du « white cube » pour retrouver leur matrice. Dans cette obscurité des origines, on contemple les jeux subtils de brillance et d’opacité qui animent ces pièces régressives. Elles semblent livrer des autoportraits de l’artiste-créateur en proie à la matière, à une exorcisation de ses méandres intérieurs. La poésie des objets Réalisée par le tandem Daniaux & Pigot, une maisonnette clairement identifiable amorce un retour à la civilisation. Elle reprend la forme de cabanons, disséminés dans toute l’Asie du sud-est, destinés à recueillir des offrandes populaires aux esprits pour se placer sous leur protection. Déjà exposée à Moscou et à Nice, son contenu varie en fonction du contexte géographique où elle s’inscrit. Une constante de l’installation : la réplique miniature de la chaise couverte d’un bloc de cire réalisée par Joseph Beuys. Hommage est fait à cet artiste chaman qui fit de la fonction prophylactique des objets un thème récurrent de sa réflexion esthétique. Un diffuseur d’odeurs sollicite régulièrement nos narines par ses effluves subtiles, éveillant de la sorte notre sens le plus animal. La maison semble si bien avoir trouvé sa place que les artistes en ont supprimé les pilotis. La voici bien rivée au sol, face à une partie dégagée de la grotte qui s’ouvre sur une vue de route goudronnée longeant la rivière. Digne d’un roman d’anticipation, ce panorama de début ou de fin du monde s’accorde à la tonalité de leurs pièces. Exposés dans une galerie bordée d’ossements, leurs crânes d’animaux à la surface enduite de peintures employées pour les carrosseries de voitures de luxe offrent un contrepied insolent aux traditionnelles Vanités. Epargnés du jaunissement et des craquelures irrévocables, saisis dans le lisse, ils sont promis à la jeunesse éternelle.


........................................................................................................................................................................................................................... Sophie Dubosc protège également un os de mammouth de sa dégradation irréversible en réalisant sa copie en bronze. Son exposition dans une vitrine paléontologique, à côté de l’original, cristallise l’écart temporel qui nous sépare des premiers hommes. Ainsi transposé dans la grotte, le dispositif muséal rendrait presque mélancolique. Il souligne notre relation ténue au passé via ses vestiges fragiles et rares ; la tentative de recomposer, à travers eux, quelques pans de nos origines. Exposées dans le voisinage de la vitrine, des silhouettes humaines réalisées en cire prolongent cette impression de reconstitution incomplète. Ces corps vulnérables et amoindris aux membres délicats provoquent un sentiment ambigu de malaise et d’empathie. L’une de ces Figure bras jambe lie une jambe fléchie à un bras replié dont la main tâtonne le sol. Elle évoque tout autant une attitude cérémonielle que la posture, rampante et craintive, d’une créature aveugle. Réminiscence de la peur archaïque du noir qui est celle de

notre enfance ? Obscurantisme d’un monde contemporain oublieux de ses origines, où tout se conjugue au présent ? Ces corps monstrueux, et pourtant si humains, évoquent aussi l’idée, inquiétante, de mutation de l’espèce. On ne sait finalement rien sur les devenirs possibles de notre constitution physique, si ce n’est que notre apparence actuelle est totalement transitoire. Chez Dubosc comme chez Daniaux & Pigot, le mélange de données archaïques et futuristes a pour effet de replacer le présent dans une temporalité élargie à celle de l’univers et de ses possibles mutations. Les oeuvres contemporaines trouvent toute leur place dans cette grotte où surgirent les images d’une humanité naissante. Elles établissent un dialogue, un contrepoint, un mélange de temporalités qui ne peut laisser indifférent. Les artistes semblent s’être laissé happer par ces cavités pleines d’une obscurité prolifique, ou gagner par cette « lumière antérieure à celle du soleil » dont parlait Roger Caillois. L’imagination serait-elle la vraie demeure de l’humanité ? Marguerite Pilven, mai 2011

Magali Daniaux & Cédric Pigot, Phii, Installation plastique, sonore et olfactive. Acier composite et bois avec le soutien de Mane, 2010-2011 Courtesy : Galerie Eva Hober, Paris © Photo : André Morin

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Aïe et coups

Exposition de Véronique Barthe Centre d’Art Contemporain Chapelle St-Jacques et dans la ville de Saint-Gaudens, jusqu’au 4 septembre 2011

Journal de bord Notes pour faire le tri. D’une histoire à une autre… « Ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est-il ? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, l’infra-ordinaire, le bruit de fond, I’habituel, comment en rendre compte, comment l’interroger, comment le décrire? Interroger l’habituel. Mais justement, nous y sommes habitués. Nous ne l’interrogeons pas, il ne nous interroge pas, il semble ne pas faire problème, nous le vivons sans y penser, comme s’il ne véhiculait ni question ni réponse, comme s’il n’était porteur d’aucune information. Ce n’est même plus du conditionnement, c’est de l’anesthésie. Nous dormons notre vie d’un sommeil sans rêves. Mais où est-elle, notre vie ? Où est notre corps ? Où est notre espace ? » Georges Perec, « Approches de quoi ? » in L’infra ordinaire, éd. Seuil 1989

Géographie du coeur Je n’y comprends rien. C’est fini. Les mots chuchotés s’étriquent. L’espace amoureux se réduit en peau de chagrin. Je freine l’avenir, j’avise et n’estime que l’hostile. L’étreinte m’étouffe, mon espace de respiration semble modifié. Je voulais te conquérir, mais ça n’a pas marché. Acculée, lasse de cette quête, il me faut consigner obsessionnellement. La collecte des mots est une voie à suivre pour saisir la présence du passé sans la nostalgie. J’ai aimé ce temps où les choses étaient plus paisibles. Je dois aujourd’hui organiser la confusion, prouver l’inutilité de la détresse. Je déploie les outils, envisage la fragile bataille. Stratégie, ordre de marche. Il me faut à nouveau reconquérir mes territoires. Chaque espace de ma peau ne se trouble plus de ton souffle. Les mots s’installent et posent l’effacement de l’histoire. Le rouge, le blanc, le blanc, le rouge, l’alliance profite à cette effrayante croisade. Les à-plats, cinglants ou sourds, supports des mots s’affichent, 12 .....

manient le paradoxe, émettent une lancinante et entêtante complainte, précisent le ton, l’intensité d’un instant comme une note de bas de page qui apporte l’information nécessaire à la compréhension d’un tout. Je tremble de me voir faible. Cartographie « Habiter ailleurs » Le système de production des oeuvres incite à chasser l’inutile. Chaque image peut être reproduite à l’infini et me laisse la possibilité d’élaborer un processus de modulation spatiale. Les images flottent et prennent place dans l’espace public. Je regarde la ville autrement. J’imagine cette addition d’éléments produisant le paysage. J’apporte, ce jour, des pièces constitutives du puzzle. Je propose un voyage qui installe la rupture, envisage le déplacement comme point de vue. Les distances parcourues favorisent alors la circulation des idées. Je dessine un labyrinthe ordinaire, j’établis le plan d’une ville sans carte. Les mots frappent et prennent place. Je ne développe ni le bon ni le mauvais goût, j’établis un espace pour les mots. Le paradoxe d’une cartographie à usage unique et universel. L’esquisse du plan de route nous suggère d’apprivoiser les rond-points, nous met en garde contre la difficulté de l’entreprise : « Rien ne nous frappe. Nous ne savons pas voir. » Je crois que je ne savais plus voir. Les sentiments s’effritent et les mots restent. Je veux lever la tête. J’estime ce parcours tel un espace de réappropriation personnel, une invitation à habiter ailleurs. « J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ des sources : Mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison où je serais né, l’arbre que j’aurais vu grandir (que mon père aurait planté le jour de ma naissance) le grenier de mon enfance empli de souvenirs intacts... De tels lieux n’existent pas, et c’est parce qu’ils n’existent pas que l’espace devient question, cesse d’être évidence, cesse d’être incorporé, cesse d’être approprié. L’espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner, il n’est jamais à moi, il ne m’est jamais donné, il faut que j’en fasse la conquête. » Georges Perec , Espèces d’espaces, éd. Galilée, 1974 (p.122)

Valérie Mazouin


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Véronique Barthe, exemple d’affiche et vue de l’exposition

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De Lapujade à Pujibet Borderouge. C’est dans ce coin de la ville que je me rends si je désire faire monter cette légère tension que procure l’anti géolocalisation. Tout semblait si simple lorsque je consultais le plan d’accès sur ce bon vieux Mappy... J’ai bien peur que la panne d’imprimante ne fasse tourner la bourrique pendant des heures dans les rues si semblables du quartier... Je traine mes sabots regardant les plaques à la recherche d’un nom de rue qui titille ma mémoire. Hi Han, Hi Han, fais-je en voyant la carotte s’éloigner. Je suis déja passé ici. Enfin, je crois. Mais c’est où !!!! ? Oh ! Mais que vois-je ? Pujibet, voilà qui murmure à mes grandes oreilles de canasson. Je presse le pas pour n’avoir pas l’air d’un gars slow et me retrouve très vite devant l’entrée du Théâtre de la Violette, au beau milieu du chemin Pujibet. Le hangar tout en longueur s’avère être un des pôles de création artistique de notre chère bourgade. Laissez moi vous dresser un rapide plan d’occupation du bâtiment. Côté cours, nous avons l’atelier de Marco (Clean Graphics pour les initiés). Artiste sérigraphe et bricoleur hors pair, il est depuis longtemps l’inséparable de Dran et l’ensemble de ses mètres carré et de son savoir faire ont été indispensables pour faire monter les blancs en neige colorés lors de la préparation du DMV show à la Galerie de la Halle aux Poissons. C’est d’ailleurs dans ces locaux que s’est préparée la maquette de la couverture de votre gratuit préféré. Marco a fait appel à l’équipe constituée de RebReb, Darkimey et Molo Molo pour la création du visuel et nous offre des impressions sérigraphiées lors de la soirée de ce vingt-et-unième numéro. 14 .....

En me décalant sur la gauche, me rapprochant inéluctablement du jardin, mes naseaux s’emplissent des effluves de solvants, liants, acides et autres encens. Aucun doute. Cest bien ici que je voulais me rendre. L’intention est très simple. Aller voir des artistes dans leur lieu de travail. Il n’y a là rien de bien original mais c’est une des missions de Multiprise que de rendre compte du paysage créatif de la ville, sans forcément attendre que l’actualité officielle ne nous y pousse. C’est donc l’occasion de montrer dans nos pages, faisant ainsi déborder la rubrique des courts-jus, le travail de cinq jeunes artistes regroupés sous un toit commun pour l’exécution d’une démarche personnelle. Une manière individualo-collective de se livrer à la création artistique. Nous restons donc fidèle à notre ligne éditoriale en vous proposant une immersion photographique dans l’univers de 100taur, Judith Bassu, Sophie Bacquié, Nadia Ehrmann... Dans ce dossier dédié aux équipées artistiques, nous rendrons compte également de l’exposition Colonial Jelly de « la Mobylette » à Lieu-Commun et bien entendu de la probable dernière exposition de GHP. Mais aux vues du franc succès populaire de cette dernière, tous les espoirs sont permis, aussi, je vous invite à signer la pétition pour le maintien de ce lieu indispensable : http://www.petitions24.net/soutien_a_la_galerie_ghp

et rejoignez vous aussi l’équipe de ceux qui veulent que ça continue. FCR


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Vues d’atelier 15 .....


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Vue d’atelier

Vue d’atelier

Judith Bassu, Sans titre, acrylique sur toile,2010

Nadia Ehrmann, Le balcon des Délices 16 .....

Sophie Bacquié, St Henry III, techniques mixtes, 2011, 130 x110 cm


100TAUR Ci-dessous : Monstres, eau-forte sur zinc, tirage sur papier, 17,5 x 23,5 cm

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Roger délivre t-il angélique, 100 x 150 cm, acrylique et spray sur toile



Dead cow, 120 x 90 cm, mixmedia sur toile


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Tempera mental Depuis 2006, Multiprise s’est fait l’echo de la programmation de l’espace GHP, qui a apporté une bouffée d’air frais à la région. L’annonce de la fermeture définitive le 31 juillet 2011 de ce lieu incontournable de la vie toulousaine, est teinté de profonde tristesse. Aussi pour finir en beauté et fracas, l’artiste Dran revient en force dans sa ville natale avec son collectif graffiti DMV, Da Mental Vaporz pour l’ultime exposition à l’espace GHP. L’ heure est à la fête, c’est la première fois en dix ans que tous les membres de l’équipe DMV avec Dran, Bom.K, Sowat, Brusk, Lime, Kan, Iso, Blo et Jaw sont rassemblés en un seul lieu. Venus depuis Paris, Berlin, Lyon et Marseille, l’excitation est à son comble. Pour ceux qui ne connaitraient toujours pas Da Mental Vaporz, voici un petit historique : 1999 : Bom.K & Iso forment le collectif Da Mental Vaporz. 2000 : Arrivée (du Sud de la France) de Kan sur Paris, entrée dans le crew. 2003 : Intégration de Jaw & Gris suite à un festival de galère. 2004 : Festival Funky Chicken de Montluçon, Brusk rentre dans le crew. Dans la foulée, il embarque son pote Dran dans l’aventure DMV. 2009 : Après des années de lobbying, Sowat rejoint le crew. Blo lui emboite le pas la même année. Ainsi qu’une citation de Sowat sur l’esprit DMV : « Lorsque nous étions plus jeunes, novices, des toys, notre horizon mental s’arrêtait à : le square près de l’école, les murs de la voie ferrée juste derrière, le dépôt de train du quartier et les rues autour de chez nous. C’est là que nous avons découvert le graffiti, là que nous avons fait nos premières armes dans la peinture. Plus qu’une pratique artistique, le graffiti est avant tout une histoire d’égo, de rivalités et de compétitions. Logiquement, nos idoles étaient avant tout des adver-

saires. Et nous avons peint, peint, peint et repeint pour les approcher, les égaler et enfin, ne plus avoir à nous comparer à eux. Mais si le graffiti est le premier mouvement artistique mondial issu de la jeunesse, créé et porté par des adolescents, que fait-on passé la trentaine ? Est-ce qu’il faut ranger ses bombes ? Baisser les bras ? Rentrer dans le rang ? Il nous a fallu ouvrir les yeux et élargir le scope de la compétition. Il ne s’agit plus maintenant d’égaler les pionniers du mouvement, mais bien de défier les piliers de l’histoire de l’art. Et s’il faut se couper l’oreille et l’envoyer par la poste à une ingénue pour y arriver, donnez-nous votre adresse, l’un d’entre nous s’en chargera. » 21 .....


........................................................................................................................................................................................................................... Préparatifs Bonne ambiance dans « l’Atelier aux supers pouvoirs » que Dran partage à Toulouse avec un autre graffeur reconnu internationalement, Tilt. Entre deux toiles, des tournois de baby foot se succèdent et stimulent l’esprit de compétition. Les règles du jeu sont interprétées différement suivant les régions, ce qui génère de bons fous rires. Echanges d’idées, de conseils et dialogues, les DMV se déchainent et les oeuvres s’enchainent. L’alchimie du groupe est sans pareil et rien ne leur résiste, même pas le barbecue. La tablée ressemble à s’y méprendre à une mise en « Cène », avec les apôtres. Mais qui a mangé toutes les brochettes ? Un mur de parpaings bloque l’entrée de l’espace GHP, signe de sa fermeture prochaine le 31 juillet. Qu’importe, le tonnerre DMV a frappé d’un coup de maître avec un crayon 2B géant qui transperce le toit de la galerie, après avoir bien sûr gribouillé les murs extérieurs. Sorti des entrailles de la terre, un poulpe s’est frayé un chemin à travers une plaque d’égout et une tentacule armée d’un spray marque fièrement les lettres DMV sur la vitrine. Une voiture garée à proximité a aussi succombé aux couleurs vibrantes de l’équipe, sous le regard ahuri des passants.

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........................................................................................................................................................................................................................... L’expo Le show comporte des installations in-situ, peintures, dessins et sérigraphies illustrant les différents styles de chacun, ainsi que des oeuvres collectives. On y retrouve l’humour noir de Dran, les lettrages de Sowat, Lime et Iso, les personnages de Bomb-K, Jaw, Blo et Brusk, ainsi que le graffiti pointilliste de Kan. Tout en conservant leur propre style et identité, les neuf membres du collectif rassemblent leur talents pour créer des oeuvres à couper le souffle : - Un « Exquisite corpse » DMV se réveille, tel une divinité sacrée avec un soleil chakra de Dran au centre canalise l’énergie débordante et déferlante du groupe. - Sur un gazon derrière un grillage jauchent des spray cans multicolores, signe de leur récent passage. Un train composé de neuf wagons, illustre chacun des styles individuels tout en montrant l’esprit collectif. Pour la soirée de célébration, trois tonnes de bière Grolsh ont alimenté une foule à perte de vue dans la Halle aux Poissons. En effet 2500 personnes venues de Toulouse et d’ailleurs, comme ces collectionneurs anglais, ont fait la fête jusqu’à minuit, sous le rythme d’un live DJ. Le DMV show dure jusqu’au 31 juillet 2011, tout en évoluant car d’autres événements sont prévus, mais tout se prépare dans le plus grand secret... Alors retournez y régulièrement. Butterfly

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Fondation

œuvre collective pour un 1%

Non, « Fondation » n’est pas le titre de l’œuvre. Ce travail n’existe pour l’instant qu’à l’état d’un projet concourant pour le 1 % du lycée technique Gallieni à Toulouse. Ce n’est pas non plus une œuvre collective mais le travail de l’artiste Jean Denant. Si le collectif est convoqué ici, c’est par la commande publique. Ce projet est en compétition avec deux autres. C’est donc nous, la communauté, par nos impôts directs ou indirects qui participons au financement de ce travail. « Fondation », œuvre collective pour un 1 %, est le titre de ce texte qui tente de définir les nombreux paramètres d’un projet en cours, sans toutefois en envisager ses aspects techniques mais en restant au plus près de l’intention de la projection.

Le travail artistique de Jean Denant se situe toujours dans un mouvement perpétuel rappelant le flot imparable d’une lutte en marche. Le champ lexical marxiste est totalement adapté à ses projets. Ici le mot travail n’est pas employé comme une coquetterie langagière du jargon pailleté de la fresh critique. L’artiste mène une œuvre basée sur deux points cruciaux : la passation de la mémoire au sein d’un système en profonde mutation et la possibilité ou non de bâtir encore des utopies sur des bases aux fondamentaux trop souvent maltraités. C’est dans ce mouvement plastique reliant ces deux points que se crée une construction symbolique bâtie à l’aide des matériaux les plus fragiles comme les plus innovants. Une œuvre qui se joue du monument en en saisissant la portée tout en en relativisant l’impact par un traitement à la solidité précaire. Une sorte d’anachronisme apparait dans la distorsion entre les matériaux au process novateur utilisés pour représenter des objets en état de décrépitude. Cette lutte en émergence contenue dans le travail de Jean Denant s’extirpe des espaces qu’il aménage entre la planéité et le relief, entre le récit et ses transcendances. Depuis son planisphère martelé au mur, empreinte d’une cartographie figurée comme une cicatrice dans la brique ou la pierre, œuvre monde, interprétation de la projection de Mercator centrée sur le continent où l’artiste la réalise. Au fil des années, il disperse sur le globe ses représentations manuelles, frappées à même les cimaises des salles d’exposition ou les murs des villes. 24 .....

Une succession de mondes en soustraction. Ici se jouent une grande maîtrise du geste et une revendication courageuse d’un beau fragile et discret qui revêt toute sa puissance dans une tautologie où le sujet et sa représentation dialoguent sans cesse. Maintenant, zoomons pour nous rapprocher de la terre et de ses habitants. Si aujourd’hui, entraîné par la spirale infernale des délocalisations, le monde ouvrier, le prolétariat, devient plus intellectuel que manuel, le secteur économique de la culture dépasse le secteur automobile. Les intellectuels précaires, nouvelles masses exploitées, remplacent les ouvriers en voie de disparition. Surdiplômés, sous payés ou sans emploi, nous sommes loin d’un lumpenprolétariat avec son absence de conscience de classe. Il a pourtant fallu attendre la révolution de jasmin pour enfin voir cette jeunesse se révolter contre la soi-disant fatalité des systèmes libéraux et leurs dérives variées. Si la culture de la révolte a été profondément ancrée dans la classe ouvrière, elle l’est beaucoup moins aujourd’hui, prisonnière d’un système basé sur la concurrence et la disqualification des brebis galeuses. Nous le savons, l’être humain et ses civilisations sont aussi fragiles que le cristal et peuvent se briser au moindre choc. C’est désormais acquis, la représentation de l’homme contemporain passe par la technologie. Cela fait longtemps que la science-fiction n’est plus la description exagérée de ce que nous vivons. Notre réalité a largement dépassé son imagination catastrophiste. Les robots peuvent maintenant fabriquer notre devoir de mémoire. Demain, celui qui déterrera nos objets du quotidien sera confronté à de sérieux problèmes de lecture pour découvrir au plus profond de ces débris de plastique, les 0 et les 1 sensés révéler ce que nous étions. L’œuvre est discrète, cachée, elle est sous terre. Elle est humble dans sa posture. Nous la foulons de nos pas, mais ambitieuse dans ses visées, elle convoque dans le même temps mémoire et futur. Pensé pour être dans la cour du lycée, un sol de verre dévoile et protège une excavation qui fait émerger ce qui ressemble à des vestiges d’outils. Un bras de pelleteuse mécanique, anthropomorphisme évident,


........................................................................................................................................................................................................................... gît sur le côté. Étrange paradoxe que de retirer du limon l’outil fait pour creuser, va-et-vient troublant entre celui qui creuse sa propre tombe et celui qui déterrera le corps avec cette même pelle. Le crépuscule hanté de notre ère industrielle moribonde donne aux artistes la possibilité d’asseoir deux postures : une ironie feinte ou naïve, ou tenter, en évitant toute complaisance, d’irriguer notre pensée par un travail de mémoire à dessein prospectif. L’implantation du travail de Jean Denant au sein d’un établissement d’enseignement endosse cette responsabilité avec subtilité. À l’endroit même de la transmission et de la formation, ces outils du bâtiment et des travaux publics réapparaissent dans un geste simple qui montre et représente dans le même temps. En évitant l’écueil de l’érection de l’œuvre et sa compétition avec l’ouvrage architectural, il parvient, en dissimulant son objet, à faire tenir à ces vestiges représentés, un discours pontifiant. L’œuvre n’est pas à la parade, elle se terre et se déterre dans un même élan. Si un 1 % est implanté aujourd’hui au lycée Gallieni, c’est qu’il a été détruit

le 21 septembre 2001 comme beaucoup d’autres bâtiments de ce quartier toulousain par l’explosion de l’usine chimique AZF. C’est un lycée où sont enseignés les métiers de l’automobile et de la robotique. Jean Denant a toujours mis en scène une violence sourde presque invisible. En 2008 avec Cache misère, un stand de vente immobilier en Placoplâtre bleu piscine, il pointe du doigt la fragilité des bulles spéculatives et en particulier celle de l’immobilier et de ses empires reposant sur les facilités de crédit. Oeuvre décor, elle se pavane dans sa presque magnificence, colorée et lisse, d’un côté grise et de l’autre inachevée. Comme pour les outils de l’excavation, ses dimensions ne sont pas à l’échelle, la porte est trop petite pour laisser pénétrer le moindre client. Ici aussi nous avons à faire à une pièce sous dimensionnée, une maquette, certes de 4m par 4m, mais une maquette. Le procédé de 3D numérique utilisé accentue l’origine même de la fin de ce qui y est représenté. Ces vestiges éparpillés du monde du travail actuel s’extirpent difficilement d’un magma à la régularité filaire

Jean Denant, projet 1 % du lycée technique Gallieni 25 .....


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L’Odyssée Siphonophore

Jean Denant, projet 1 % du lycée technique Gallieni

angoissante. Sur la dalle transparente, le regardeur foule des fouilles mises à jour et conservées telles quelles. Traces pétrifiées, laissées à l’endroit exact de leur découverte. Une imprimante en trois dimensions reproduit à plus petite échelle des outils manuels au destin incertain. La gangue dont ils s’extirpent est de la même matière, le sol et les outils forment un tout, la mémoire est figée, révélée, conservée. C’est là toute la difficulté. Vestiges d’une civilisation qui n’est pas encore ensevelie mais au devenir incertain. Ceux qui visitent Pompéi sont saisis par la solennité de l’endroit. La gravité qui s’en dégage et la proximité troublante que nous pouvons ressentir avec les victimes d’une catastrophe naturelle vieille de près de 21 siècles, prouvent la force de ce témoignage visuel. Jean Denant a choisi de mettre en place ce travail reposant sur l’hypothèse d’un jeu de mémoire confronté à un lieu marqué par à un événement violent mais fort d’une mission éducative positive. Cette sculpture publique est une œuvre collective dans sa réception. A la fois propriété de tous et de chacun et tout particulièrement des élèves et des personnels qui sont la vie du lycée. Ce réceptacle mémoriel veut faire prendre conscience de l’importance du devoir de transmission et de l’attention que nous devons porter à la mémoire prolétaire en train de s’étioler. L’œuvre ici n’est ni monument, ni commémoration, mais elle a l’ambition à travers notre regard, de devenir outil de mémoire. Manuel Pomar 26 .....

Colonial Jelly est une exposition du collectif La Mobylette présenté à Lieu-Commun (du 12 avril au 14 mai 2011) dans le cadre du Festival Empreintes Numériques #5, de l’évaporation de la notion d’auteur avec : Marie Baur, Benjamin Charles, Marie-Johanna Cornut, Gregory Cuquel, Estelle Deschamp, Collectif DOP, Regis Feugere, Yann Grolleau, Benoit Menard, Marie Morel, Armand Morin, Samir Mougas, Bruno Petremann, Amandine Pierne, David Renaud, Julien Rucheton, Mathieu Simon, Fabien Saleil, Julien Tardieu, Jeanne Tzaut. L’exposition mêle une sélection des œuvres existantes du collectif à celles d’artistes invités et fait suite à une résidence de création à Lieu-Commun. Dans l’ignorance totale du nom Colonial Jelly, je parcours en diagonale le dépliant sur l’exposition. De ma lecture se dégage les mots : siphonophore, profondeurs abyssales, ordre animal, embranchements d’organismes, colonies d’individus, reproduction, chasse, digestion, propulsion, super organisme… Un champ lexical presque issu de la science-fiction offrant l’opportunité d’une réflexion et d’un dialogue autour du vivant, de l’existence de l’individu dans le groupe, lié à l’inimaginable, à l’invraisemblable … La découverte commence sur le mur présentant le titre de l’exposition et sur la forme qui l’accompagne : lettrage blanc se chevauchant sur fond noir, rythmé par l’alternance des contrastes, accentué par l’italique des caractères qui dynamise l’ensemble. Le texte vibre. L’effet d’optique est immédiat, trouble ma lecture et la statique de la composition. Posée au sol, comme un avant-goût, une extraction de ce qui va suivre, Drill, une sculpture de Julien Rocheton semblable à un bourgeon prêt à éclore. Sa structure architecturale, une ossature faite de pleins et de vides, rappelle la perfection des proportions ordonnées par la nature. Rapidement, l’œil plonge vers les pièces suivantes, celles de Bruno Petremann. Deux formes organiques, sombres et jumelles, morphologiquement inabouties,


........................................................................................................................................................................................................................... comme sorties tout droit du néant. De leurs socles triangulairement parfaits et blancs, elles jaillissent frontalement dans l’espace comme en pleine naissance, expansion, construction. J’ignore leur consistance. Leur texture semble molle et gluante. Il n’en est rien. Leur surface est lisse, rigide. Ces excroissances semblent figées dans leur développement, comme une trace du vivant. Mais les reflets de lumière qui ruissellent sur leurs courbes, cet éclat travaillé sur la matière noire, annonce déjà une parenté avec la luminescence du siphonophore. L’exploration se poursuit à l’étage et ma vision va prendre une toute autre dimension. Je quitte un univers de dualité minimale et presque originel, pour accéder à un ensemble organisé, multi-couleurs, multiformes, multi-médiums, et surnaturel. « Présence de mort au rat », une consigne prescrit de ne pas toucher aux œuvres et m’indique que je ne suis plus dans un contexte de genèse, mais dans l’interaction des possibles du vivant, allant jusqu’à l’acte de mort. Le paysage proposé est construit et régi par le diktat de la forme géométrique de cette colonie où les œuvres dialoguent à travers différentes perspectives. Peu à peu, je m’immisce au cœur du système, faisant l’expérience d’un rapport global : je laisse l’ensemble de la composition m’envelopper de façon presque tentaculaire. Puis, semblable à un procédé d’auscultation, chaque pièce vient à moi, m’interrogeant et déclinant individuellement sa fonction, son esthétique. De ce contact original, fait de va-etvient et de jonctions improbables, je m’attarde plus particulièrement sur les œuvres de Benoit Ménard dont Shining, mandala anamorphique raticide, la Clé ,pièce de bois traversante, I don’t wanna be a part of this, œufs d’autruche sonores en suspension dont les titres à peine perceptibles sont immortal rites - Morbid Angel, Chemical Warfare - Slayer, Cocaïna - Thunderdome ; sur l’ensemble des 5 stéréolithographies du Collectif DOP (L’attaque du train, L’explosion, La mission de reconnaissance, Le plan diabolique, Le voyage initiatique) ; sur Einstürzende Neubauten 1 la tour d’argile et de bois vouée à s’effondrer d’Estelle Deschamp et Mathieu Simon ; sur

Enfiler des perles, pièce composée de 23 000 perles et Quiet Corner, une accumulation de protections auditives fluorescentes se laissant tomber du mur d’Amandine Pierne ; sur les formes géométriques en acier de Samir Mougas : Warning Object et Les Formes du Vide et enfin sur l’énigmatique escalier sans titre de Julien Tardieu. A L’issue de cette plongée dans l’espace, de ce dialogue atypique, je refais lentement surface, me libérant doucement de ce super-organisme, gardant en mémoire le questionnement des artistes sur la nature de l’instance créatrice et la place de l’œuvre personnelle au sein du mouvement commun. C.B.

Vue de l’exposition à Lieu-Commun Crédit photo : C.B.

Bruno Petremann, Sans titre, 2006, résine polyester Crédit photo : C.B.

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Voleurs de temps « Le probable est la désintégration. L’improbable, mais possible, est la métamorphose. » Edgar Morin

Drôle de printemps. Les valeurs de liberté, de justice, d’humanité sont courageusement affirmées par des populations que nous pensions aveuglées et figées dans le temps par la soumission à d’abusives règles sociales, économiques, religieuses et culturelles, garantissant la pérennité des pouvoirs absolus qui les ont édictées. Dans les pays où ces valeurs ont historiquement fondé les modalités de développement politique, intellectuel et social, tout semble pris dans la glaise d’une impossibilité à imaginer un avenir différent de celui tracé par l’idéologie économique dominante, alors même que sa folie destructrice est manifeste. Nous vivons un moment extraordinaire où la mondialisation, entreprise en réalité dès le XVe siècle avec la découverte des Amériques, aboutit à la généralisation d’une conscience planétaire et à l’activation d’un réseau d’échanges culturels, techniques, politiques et économiques d’une potentialité immense. Au même moment les systèmes dominants menacent chaque recoin de la planète d’un retour à la barbarie, sous ses différentes formes, ou même d’une disparition générale, violente et définitive de notre civilisation, voire de la planète elle-même. Ici, comme ailleurs, nous vivons avec ces enjeux, ces possibilités et ces menaces. Nous en mesurons les opportunités et les conséquences au quotidien, à toutes les échelles de la société, dans tous les domaines d’activités, dans la sphère publique et privée, dans notre rapport aux autres, à soi, au monde. Et nous constatons régulièrement notre degré de soumission à des processus que nous savons inepteset dangereux, mais que nous croyons malgré tout opérationnels et inéluctables, justifiés par les modèles économiques et bureaucratiques, le conservatisme ambiant, l’immobilisme généralisé, l’individualisme de masse, le désenchantement idéologique, la concurrence et l’instabilité permanentes ... La liste est longue, les pièges refermés sur chacun. 28 .....

Phoebe Meyer, Nuage de lait © Photo : Phoebe Meyer

Dans les centres d’art, lieux d’expérimentation artistique et culturelle, nous sommes confrontés de plein fouet à ces problématiques, intensifiées par notre fragilité constitutive. Ce sont des lieux créés, dans les années 80, pour l’art et les artistes, pour leurs formes émergentes, par la croyance à la nécessité de la distance critique à l’égard de la société et des pouvoirs en place, à la possibilité de projeter l’avenir, de développer l’imaginaire et la sensibilité, d’avoir un haut niveau d’exigence dans la transmission, dans la relation au public, pour une dynamique artistique et sociale renforcée. Il semblait alors possible de créer un ailleurs, hors du marché et de la réserve de l’élite internationale de la haute bourgeoisie, à l’abri de la pression démagogique et événementielle, pour relier le passé, le présent et le futur, pour exposer largement


........................................................................................................................................................................................................................... à la vivacité de l’intelligence, à la liberté sans limites de la pensée, à la création permanente, au désir d’intensité, au sens des formes et à la profondeur des contenus. Ces valeurs sont en baisse, elles ont peutêtre même déjà disparu dans les motivations des pouvoirs et des organisations qui permettent l’existence de ces structures. Aujourd’hui notre présence est déterminée par des évaluations gestionnaires forcément quantitatives et impropres à estimer les raisons et les formes de notre activité. Au mieux, on considère que nous avons, à la marge, un rôle à jouer dans l’attractivité du territoire, ce que nous acceptons avec l’espoir vain que des dividendes, indispensables à la poursuite de nos missions, nous soient restitués pour ce service économique et médiatique, à défaut de motifs plus profonds. On discerne aisément les facteurs de destruction en marche, la petite échelle des centres d’art les restituant comme une maquette de l’ordre général. Il y a la pression constante de la suractivité obligatoire, l’envahissement des devoirs bureaucratiques et médiatiques, l’urgence permanente, le désarroi consécutif aux injonctions paradoxales des pouvoirs, l’appauvrissement régulier des moyens, l’exigence de résultats mesurables, en complet décalage avec nos missions et avec nos possibilités amoindries, le dédain des valeurs qui nous fondent, l’incertitude chronique qui nous oblige à nous focaliser sur les moyens de survie au détriment de la réflexion et de stratégies de longue durée … Depuis les années 80, une énergie considérable, dont l’incidence sur le développement de la société et des individus qui la composent a été considérée comme négligeable, a été mise en œuvre sur tout le territoire français par ces structures. Elles ont toujours été obligées de batailler sur tous les fronts, pour ne pas disparaître dans l’indifférence générale, consécutive à la façon dont les instances réactionnaires de tous bords ont verrouillé leur développement et leur visibilité, faute d’en comprendre le potentiel ou d’en souhaiter la répercussion sociale. Les modifications actuelles de nos fonctionnements et de nos objectifs ne sont pas induites par ce qui nous caractérise, notre capacité de transformation à l’image des mouvements de l’art et de la société. Elles sont le résultat d’une application

brutale de décisions économiques et idéologiques, qui ne laissera survivre que les plus forts, c’est-à-dire ceux, pour les plus rares, qui sont soutenus par les pouvoirs les plus éclairés ou ceux qui sont les plus disponibles à rompre avec ce qui fait notre raison d’être, ceux qui servent les lieux dominants, ceux qui accepteront de se soumettre à des principes dont on connait la vacuité culturelle et l’ineptie temporelle. Il n’y a plus de lieux ni de temps pour le débat d’idées. «Stop Eject»* est le moyen par excellence, quand la vitesse et la densité de l’activité indifférenciée conforte l’oubli généralisé, pour écarter ce qui gène la reproduction du même. Mais en réalité notre situation est intéressante. Débarrassés de la croyance en notre possibilité de développement, nous n’avons plus grand chose à perdre. Prenons le risque de l’avenir, en pariant sur la force des seules armes dont nous disposons : la proximité avec les artistes et les œuvres, leur capacité critique, leur humanité généreuse, leur liberté inventive. Desserrons les freins qui nous entravent, par lesquels nous croyons sauver nos ressources alors qu’elles s’amenuisent sans cesse. Plutôt que de mourir à petit feu, prenons le risque de vivre intensément, par tous les moyens, même les plus infimes. Souvenons nous que nous sommes du même bord, malgré nos différences, que nous partageons des valeurs essentielles, que le monde est en crise, qu’il faut en prendre soin. Des chemins inattendus peuvent s’ouvrir, des rencontres improbables se produire, des possibilités nouvelles se créer. Les artistes occupent constamment les espaces devenus interchangeables et les requalifient. Ils dérobent le temps emballé et reproductible, promis à l’effacement permanent, comme d’autres volent les poules. Ils l’explorent à la marge, dessinent de nouvelles dimensions, riches de métamorphoses possibles. Jackie-Ruth Meyer. Albi, mai 2011

* Le Grand Accélérateur. Paul Virilio. Galilée 2010 29 .....


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Plan de gestion des risques 2 Dessin d’un trou à l’aide d’un anti-bic Laur, qui était de jour et se préparait normalement à aller se reposer, était entrée furieuse, ses pas avaient résonné lourdement sur le métal de l’escalier dans un crescendo abusif, elle fondit sur eux en faisant trembler devant elle une feuille de format A4 imprimée sur une face, presque entièrement froissée par ses doigts nerveux. - Guinolle !! sa te serais arrivé à quelqu’un de ta famille sa m’étonneré ke tu joue encore a afficher des photos tel ke cell si. Pauvre France !! Alors qu’il était si directement visé, Guinolle jouait l’attitude détachée de celui qui peut se tenir à la fois dans et en dehors du débat. Son regard s’était immobilisé sur Rasha qu’il regardait, rougissant un peu, avec un air de lassitude complice. - Hum ! Le manque de compréhension et d’humour de certains... j’espère qu’ils vont réellement se suicider !! Rasha tendit la main vers Laur, tout en continuant à fixer Guinolle, elle lui donna le papier qu’il se mit à observer avec un intérêt très surjoué. - ça se voit qu’il est vivant, il est pas assez pâle. Laur avait mis ses poings sur ses hanches, elle penchait le haut de son corps en avant et tendait la tête en fronçant les sourcils. Elle portait son pyjama violet et avait enfilé par dessus le manteau gris de la compagnie. Ses cheveux blonds encore mouillés par la douche avaient été réunis rapidement par un gros élastique argenté. Quelques mèches fuyaient de-ci de-là cette coiffure brutale. Sa bouche s’ouvrait et se fermait comme celle d’un poisson qu’on sort de l’eau. Des mots avortés s’en échappaient en onomatopées convulsées. - Sa vous fai mare de metre des photo come sa putin moi à votre place jorai onte sai in vraix mito pffffffffff vous fete pitier !! Guinolle s’était pris en photo dans sa cabine en train de mimer une pendaison. Son corps massif garnissait presque entièrement l’espace restreint de son placard à vêtement tant et si bien que la corde qu’il avait 30 .....

accrochée à un cintre pendouillait stupidement sur son épaule avant de former un noeud grotesque autour de son cou. On ne voyait pas bien s’il était pris de fou rire ou s’il tentait une sorte d’imitation étrange de l’étouffement. Il en avait fait un tirage et l’avait collé dans les vestiaires. Devant l’immobilité congestionnée de Laur il voulut tenter une conciliation honnête. - ça fait maintenant quatre ans que je fais du théâtre, dans une petite association, et je me suis véritablement pris d’amour pour cet art, ainsi je me suis mis en tête d’en faire mon métier et je travaille dur pour avoir le talent suffisant. Angelo avait peu avant pris position sur le transpalette. Tout en écoutant distraitement, il tanguait de gauche à droite, il tournait machinalement la roue en actionnant le bras mécanique et en vacillant sur ses jambes, ses mouvements suivaient à rebours les oscillations du bateau, son regard se portait aléatoirement sur Rasha, sur la feuille A4 que tenait Rasha, sur les chaussures de sécurité de Rasha, sur le fond de la cale derrière Laur et Rasha. - C’est vrai que de toute façon la vie est tellement nulle pour tant d’entre nous qu’il vaut mieux en finir vite fait bien fait. Laur était choquée, ses sourcils dessinés se hissèrent formidablement jusqu’à disparaître dans les rides de son front. Son corps bascula vers l’arrière, elle releva le menton dans une position de défi. Les autres regardaient comme au travers d’elle, ils la contemplaient comme on considère le générique de fin d’un téléfilm allemand au moment où les noms des participants défilent mollement sur la dernière image figée. Un néon crépitait, faible et jaune sans rien modifier à la lumière acide des quatre-vingt-seize autres. Les rangées de containers édifiaient au-dessus de nous le camaïeu monumental d’une monstrueuse couverture. Depuis deux heures on se planquait là pour faire une partie de nos heures de nuit à l’écart du venin autoritaire de Rodrigue. Picola Naine


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Gilen, SĂŠrie Les Gilens (extraits) Technique mixte, 2011

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09 | Caza d’Oro. Résidences d’artistes 15 rue du Temple 09290 Le Mas d’Azil – 05 61 69 59 17 - www.cazadoro.org Grotte du Mas d’Azil, DreamTime 3 HabiteR avec Jean-Luc Favero, Chiara Mulas, Myriam Mechita, Elsa Sahal, Sophie Dubosc, Delphine Gigoux-Martin, Magali Daniaux & Cédric Pigot. Jusqu’au 2 octobre 2011

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| Le VRAC à Millau VITRINE : Hôtel de Tauriac, rue Droite / place des Consuls, 12100 Millau. Au pied du Beffroi, face à l’Office de Tourisme et à la Place Des Consuls. GROUT et MAZEAS du 1er juillet au 15 septembre | Galerie Sainte Catherine 5 place Sainte-Catherine 12000 Rodez – 05 65 46 69 63 François Monchâtre, Les gens d’en face Du jeudi 30 juin au dimanche 18 septembre 2011 | Musée des Beaux arts Denys-Puech Place Clémenceau 12000 Rodez – 05 65 77 89 60 Virginie Barré - Pierre Malphettes - Bruno Peinado Sans titre. Jusqu’au 18 septembre 2011 | L’atelier Blanc Chemin de la rive droite 12200 Villefranche de Rouergue 06 30 53 37 92 - atelier.blanc@wanadoo.fr Ouvert du jeudi au dimanche de 14h à 19h ou sur rdv les autres jours. Richard [ Buddy ] Di Rosa, Partage formel Du 9 juillet au 25 septembre 2011

| Galerie Exprmtl 18 rue de la bourse 31000 Toulouse 05 62 27 26 92 www.exprmntl.fr | Centre culturel Bellegarde 17 rue Bellegarde 31000 Toulouse. 05 62 27 44 88 www.centrebellegarde.toulouse.fr | Galerie du Château d’Eau 1 place Laganne 31300 Toulouse – 05 61 77 09 40 www.galeriechateaudeau.org Claude Nori Géométrie du flirt Jusqu’au 11 septembre 2011 | Galerie Lemniscate 23 rue Edouard Dulaurier 31000 Toulouse - 06 79 65 33 94 www.galerie-lemniscate.com No secret for the spyche avec Emmanuelle Le blanc, Eloy Morales, Guy Reid Jusqu’au 10 septembre 2011 | Galerie Sollertis 12 rue des régans 31000 Toulouse – 05 61 55 43 32 – www.sollertis.com Sylvie Réno, Frédéric Clavère & Lionel Scoccimaro, Mauvais genre. Jusqu’au 2 juillet 2011 Visions extraordinaires Katia Bourdarel, Alkis Boutlis, Karine Rougier Du 7 juillet au 17 septembre | Lieu Commun 23-25 rue d’Armagnac 31500 Toulouse – 05 61 23 80 57 - www.lieu-commun.fr | Musée des Abattoirs 76 allées Charles de Fitte 31300 Toulouse – 05 62 48 58 00 www.lesabattoirs.org Chefs d’oeuvre modernes et contemporains. Jusqu’ au 21 août 2011

| Château de Taurines, Centrès Damien Deroubaix, My Journey to the stars 8 juillet – 15 octobre 2011

| PAM (Plateforme de l’Art de Muret) La Théâtrerie, 1 square des combattants d’AFN 31600 Muret – 05 34 63 98 19

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| PDF. Point de fuite 06 18 70 63 01 - associationpointdefuite@gmail.com www.pointdefuite.net Courtoisie. Exposition dans des cours intérieures d’hôtels particuliers toulousains. Artistes : Sylvain Auburgan, François Daillant, Sabrina Geckeis & Clémentine Rettig, Marie Morel, Bertrand Parinet, programmation non définitive. Ostal d’occitania, musée Paul Dupuy, Hôtel Rességuier, Foyer des jeunes travailleurs, Hôtel de la Mammye, Hôtel Thomas de Montval, Hôtel Dumay Musée du Vieux Toulouse, Hôtel de l’Archeveché lieux non définitif, Toulouse. Du 30 juin au 10 juillet du jeudi au dimanche de 11h à 19h

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| BBB. Centre régional d’initiatives pour l’art contemporain 96 rue Michel Ange 31200 Toulouse – 05 61 13 37 14 - www.lebbb.org Caroline Bach, David Mozziconacci, Sébastien Taillefer, Et le travail ? Jusqu’au 9 juillet 2011 | Ecole des Beaux-Arts de Toulouse 5 quai de La Daurade 31000 Toulouse - 05 61 22 21 95 www.esba-toulouse.org | Chapelle Saint-Jacques. Centre d’art contemporain Av. du maréchal Foch 31803 Saint-Gaudens 05 62 00 15 93 – www.lachapelle-saint-jacques.com Véronique Barthe, Aïe et Coups jusqu’ au 4 septembre 2011. | EDF Bazacle 11 Quai Saint-Pierre 31000 Toulouse - 05 62 30 16 00 La ville fertile, vers une nature urbaine Cité de l’architecture et du patrimoine Jusqu’au - 24 juillet 2011 | Espace des Arts 4 place Alex Raymond 31770 Colomiers - 05 61 63 50 00 | Espace Croix-Baragnon 24 rue Croix-Baragnon 31000 Toulouse – 05 62 27 60 60 www.mairie-toulouse.fr Appartement 5000€ Benoît Cailliet/Camille Platevoet/Zhao Chenglon,g Arts visuels/Galerie | Espace GHP 11 descente de la halle aux poissons 31000 Toulouse - 05 61 52 67 08 www.espaceghp.com | Fondation Espace Ecureuil pour l’art contemporain 3 place du Capitole 31000 Toulouse - 05 62 30 23 30 www.caisseepargne-art-contemporain.fr Jeanne Lacombe 24 juin au 3 septembre 2011

| La Fabrique Fabrique culturelle de l’université de Toulouse II le Mirail. 5, allée Antonio Machado - 05 61 50 44 62 www.ciam-univ-toulouse2.fr | Maison Salvan 1, rue de l’ancien Château 31670 Labège - 05 62 24 86 55 www.maison-salvan.fr Piet Moget Peintures Jusqu’au 25 juin Jean-Paul Labro, Résidence intermédiaire Du 1er juillet au 10 septembre | L’Usine 6 impasse Marcel Paul - Zone Pahin 31170 Tournefeuille 05 61 07 45 18 - www.lusine.net

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| Centre de photographie de Lectoure 5 rue Sainte-Claire 32700 Lectoure - 05 62 68 83 72 www.centre-photo-lectoure.fr L’été photographique de Lectoure 2011. Du samedi 23 juillet au dimanche 28 août 2011 avec Izis , Manuela Marques, Tres, Pol Pierart, Ivan Pinkava, Silvana Reggiardo, Awen Jones Ronald Curchod, Anne-Sophie Emard., Anne-Marie Filaire

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32 (suite) | Abbaye cistercienne de Flaran 32 310 Valence sur Baïse - 05 62 28 50 19 David Altmejd. Oeuvres de la collection les Abattoirs / Frac Midi-Pyrénées Jusqu’au 11 mai 2012

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| Maison des arts Georges Pompidou. Centre d’art contemporain Route de Gréalou 46160 Cajarc – 05 65 40 78 19 - www.magp.fr Parcours d’art contemporain en vallée du Lot Histoires non encore racontées José Arnaud-Bello / Santiago Borja / Jonathan Hernández Du 4 juillet — 4 septembre 2011 | Maisons Daura, résidences internationales d’artistes Le Bourg. 05 65 40 78 19 - maisons.daura@wanadoo.fr - www.magp.fr | Les arques Le presbytère - 05 65 22 81 70 - www.ateliersdesarques.com La promenade / Lara Almarcegui, Dominique Ghesquière, Susanne Kriemann, Gitte Schäfer, Katrin Sigurdardottir. Comissariat : Eva GonzalesSancho Du 5 juillet - 5 septembre 2011 Vernissage le 2/07

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| Le Parvis. Centre d’art contemporain Centre Leclerc Le Méridien – route de Pau 65420 Ibos – 05 62 90 60 82 www.parvis.net Hippolyte Hentgen, Les ritournelles. Intervention murale permanente. ARCHIVISIONS # 1 Poétiques urbaines Oeuvres du Frac Midi-Pyrénées | Omnibus – Laboratoire de propositions artistiques contemporaines 29 avenue Bertrand Barère 65000 Tarbes - 05 62 51 00 15 www.myspace.com/laboratoireomnibus Dérapage contrôlé Exposition, performances, rencontres Jusqu’au 2 juillet 2011 | Image/imatge, promotion et diffusion de l’image contemporaine 15, rue Aristide-Briand 64300 Orhez. 05 59 69 41 12 - www.image-imatge.org

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| AFIAC. Association Fiacoise d’Initiatives Artistiques Contemporaines 2 rue du Colombier 81500 Fiac – 05 63 34 32 09 – www.afiac.org ANARCHISATIONS CONSPIRE AUJOURD’HUI / INSPIRE DEMAIN Avec : Christian Ruby (philosophe) / Pablo Garcia / Mehdi-Georges Lahlou / Thierry Boutonnier / Mathieu Beauséjour / Laurent Pernel / Estefania Penafiel Loaiza / Docteur Courbe / Magali Daniaux & Cédric Pigot. Du Vendredi 24 Juin 18 h 30 au Dimanche 25 juin 21h | Le LAIT. Laboratoire Artistique International du Tarn Box des Moulins - 41 rue Porta - 81000 Albi tel : 05 63 47 14 23 MJC Albi - 13 rue de la république - 81000 Albi Tel : 05 63 54 20 67 www.centredartlelait.com

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| La Cuisine Centre de création d’art et de design appliqués à l’alimentation 3 place du monument aux morts, 82800 Nègrepelisse – 05 63 67 39 74 Lieu d’exposition : Médiathèque de Nègrepelisse, 200 rue de la piscine. www.la-cuisine.fr Projet de design - Aménagement du Bois de Montrosier à Nègrepelisse. Matali Crasset Du 10 septembre au 5 novembre 2011 | Musée Calbet 15 rue Jean de Commère 82170 Grisolles – 05 63 02 83 06 www.museecalbet.com Exposition : « Tout, vu de là, était différent, et c’était un premier sujet d’amusement. » Du 10 juin au 3 juillet 2011 Un atelier artistique de Babeth Rambault


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contact@revue-multiprise.com william@revue-multiprise.com www.myspace.com/laboratoireomnibus www.ville-colomiers.fr www.cazadoro.org www.lesabattoirs.org www.lachapelle-saint-jacques.com www.sophiebacquie.com kinder-k.jimdo.com www.nadia-ehr.com 100taur.free.fr www.lamobylette.org www.lieu-commun.fr www.myspace.com/jeandenant www.damentalvaporz.com butterflyartnews.com www.centredartlelait.com picolanaine@gmail.com www.gilen.fr

Réalisation de ce numéro : | Comité de rédaction Directeurs de publication associés : Paul Ferrer, William Gourdin Rédacteurs en chef associés : Didier Marinesque, Fabien Cano | Rédacteurs intervenants : Didier Skorupa, Amandine Doche, Marguerite Pilven, Valérie Mazouin, Corinne Bojados, Manuel Pomar, Jacky Ruth Meyer, Picola Naine | Graphiste : Thomas Deudé t2d@donoteat.fr | Communication : Anaïs Renner anais@revue-multiprise.com | Remerciements : Murielle Edet, Marie Dura, Thierry Tallard, Jean-Marc Lacabe et Thérèse Pitte, Nicolas Gout, Magali Gentet, Mélanie Fauré, Ji Jun, Marco, Mr Supa, Pwik Masta La revue Multiprise est soutenue par la

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