Entrepreneurs d’origine latinoaméricaine à Montréal : un portrait et des besoins Sébastien Arcand (HEC Montréal) Victor Armony (UQAM) Pierre-Jean Darres (Professionnel de recherche)
HEC Montréal 11 septembre 2014
Plan de la présentation ´ Remerciements ´ Point de depart et objectifs généraux ´ Principaux résultats ´ Recommandations ´ Conclusion et ouverture
Un grand merci… ´ À Saul Polo, pour son intérêt et son appui ; ´ Aux membres de la direction de la CCLAQ ; ´ À Emploi-Québec (Claude Harvey) pour sa volonté de mieux comprendre la réalité des entrepreneurs latino-américains et pour mieux cibler leurs besoins dans l’offre de service ; ´ À mon collègue et collaborateur, Victor Armony, ainsi qu’à Pierre-Jean Darres sans qui le questionnaire en ligne et l’analyse des données n’auraient pu avoir lieu; ´ À mon collègue Luis Felipe Cisneros et à toute son équipe de l’Institut d’entrepreneuriat Banque Nationale-HEC Montréal. ´ À ma conjointe…
Point de départ ´ Un intérêt d’étudier l’intégration socio-économique des immigrants et des minorités ethnoculturelles dans leur ensemble ; ´ Un intérêt d’étudier les pratiques économiques de ces mêmes individus en lien avec les pratiques économiques qui prévalent au Québec ; ´ Mieux comprendre les phénomènes qui favorisent ou freinent l’intégration et les pratiques économiques des membres des minorités ethnoculturelles
Objectifs généraux et spécifiques ´ Recherche s’inscrivant dans un projet plus vaste visant et s’intitulant Stratégies d'intégration des professionnels immigrants issus de l'Amérique latine : entre réseaux ethniques et interculturalité 1)
Cerner les liens entre structures d’accueil (politiques migratoires, état du marché de l’emploi pour les travailleurs issus de l’immigration, vivacité des réseaux communautaires, etc.) et stratégies identitaires et professionnelles ;
2)
Comprendre comment les individus négocient leur entrée sur le marché du travail et comment ils construisent des réseaux sociaux leur permettant de se maintenir dans ce marché et d’y progresser de manière verticale (mobilité au sein des organisations) et horizontale (mobilité en fonction de l’obtention d’emplois jugés plus près de leur formation initiale obtenue dans le pays d’origine) ; Cette étude permet de faire la lumière sur un groupe peu étudié jusqu’à présent dans le contexte québécois, soit la population latinoaméricaine issue des travailleurs qualifiés.
3)
Objectifs spécifiques aux entrepreneurs ´ Établir un profil sociodémographique ; ´ Identifier les perceptions et les appartenances des entrepreneurs ; ´ Établir les besoins de ces entrepreneurs en matière de formation et d’accompagnement dans leur projet entrepreneurial.
Profil de l’échantillon « entrepreneur » ´ Parmi l’ensemble des répondants au questionnaire en ligne (459), 70 entrepreneurs d’origine latino-américaine y ont répondu et 29 ont participé à l’un des 4 groupes de discussion menés au cours de l’année 2013.
´ Âge d’arrivée au Canada et âge actuel
Moyenne
Écart-type
Minimum
Maximum
Médiane
Âge à l'arrivée
15.4
8.9
1
39
14
Âge actuel
25.2
8.2
16
50
23.5
Présence d’entrepreneurs dans la famille directe
44% 56% Oui
Non
VOLONTÉ ENTREPRENEURIALE INITIALE
37%
63%
Oui
Non
Les raisons qui ont poussé à l’entrepreneuriat Volonté Personnelle
Choix forcé
Pour être autonome
7
À cause de la difficulté à trouver un emploi
6
Par opportunité
5
Par nécessité
1
Pour de meilleurs revenus
4
À cause de la discrimination envers les non francophones
1
Par principe
1
Pour rencontrer de nouveaux défis
1
Un projet réfléchi et désiré pour une majorité
TAILLE DES ENTREPRISES Moyenne
Écart-Type
Nombre d'employés
2.15
2.28
Chiffre d'affaires
$143,251
$254,099
Nous sommes en présence de petites, voire de micros entreprises
AIDE AU DÉMARRAGE
Oui 26%
Non 74%
Peu d’aide obtenu au départ
RAISONS POUR LESQUELLES LES ENTREPRENEURS N’ONT PAS REÇU D’AIDE
4%
8%
17%
Pas besoin Pas cherché Pas trouvé 71%
Pas d'historique de crédit
Estiment ne pas avoir besoin d’aide
Néanmoins des besoins… ´ BESOINS SPÉCIFIQUES DANS LA GESTION D’ENTREPRISE
Besoin en embauche de personnel
Besoin en rétention de personnel
Besoin en formation de personnel
Besoin en amélioration des processus de gestion
Besoin d'obtention d'information sur le monde des affaires au QC
Moyenne
5.1
4.7
6.9
7.3
6.9
Écart-Type
2.8
3.1
2.6
2.5
2.8
*Sur une échelle d’importance de 1 à 10
Les données via groupes de discussion ´ Se lancer en affaire, d’abord un choix personnel ; ´ Le regard sur l’aide à l’entrepreneuriat : entre l’identification à une communauté et l’identité entrepreneuriale.
Fierté pour le chemin parcouru en tant qu’immigrants mais volonté de se faire reconnaître comme entrepreneurs avant toute chose
Recommandations (Accompagnement) ´ Les entrepreneurs rencontrés ont des profils divers et œuvrent dans des secteurs diversifiés. ´ Par conséquent, une approche individuelle par mentorat devrait être privilégiée par rapport à une approche de formation de groupe ;
´ L’identification des ressources disponibles et mobilisables par l’entrepreneur devrait faire partie de toute forme d’intervention en service conseil ; ´ Favoriser l’aide à la croissance plutôt qu’au démarrage d’entreprise : ´ Les services conseils aux entrepreneurs devraient insister pour que les entrepreneurs apprennent à s’entourer de collaborateurs (internes comme externes) possédant des compétences complémentaires à celles que possède l’entrepreneur. L’idée ici étant de favoriser la collaboration plutôt que de renforcer l’idée, très ancrée, selon laquelle un entrepreneur doit être capable de résoudre seul tous les problèmes auxquels il fait face ; ´ Revoir les critères de qualification pour recevoir l’aide à la croissance ;
Recommandations (Formation) ´ Les entrepreneurs québécois d’origine latino-américaine ayant, selon eux, une connaissance approfondie de l’entrepreneuriat, les services conseils à offrir devraient mettre l’accent sur : ´ La gestion des opérations quotidiennes d’une entreprise (dotation, rétention, comptabilité, gestion de la croissance, etc.), et ce en dépit de ce qu’ils disent…
´ À l’instar de toute autre micro entreprise, l’apprentissage du « métier » d’entrepreneur se fait au fur et à mesure des expériences vécues. Par conséquent, les entrepreneurs ont souvent de la difficulté à synthétiser et analyser des informations disponibles et à les utiliser à leur avantage. ´ Les services-conseils devraient donner une formation à la collecte et au traitement des données et informations spécifiques à un secteur d’activité précis ;
Recommandations (Documentation et information) ´ Sur une base volontaire, constituer une banque d’information sur les entrepreneurs membre de la Chambre de commerce latino-américaine du Québec (CCLAQ) ; ´ Favoriser le réseautage entre entrepreneurs d’origine latino-américaine et entrepreneurs québécois d’origine canadienne-française en fonction des secteurs d’activité de chacun ; ´ Tout en ciblant la communauté latino-américaine, il pourrait être pertinent de ne pas insister, dans les communications avec les entrepreneurs, sur leur appartenance à cette communauté. L’identification à la grande communauté des entrepreneurs étant souvent privilégiée à l’appartenance ethnoculturelle ;
´ Produire un guide des services d’aide aux PME qui regrouperait l’ensemble de l’offre de services disponibles au Québec. Une sorte de guichet unique sous forme de document PDF facilement accessible via Internet ; ´ Compte tenu de leur manque de confiance à l’égard des institutions gouvernementales, il pourrait être pertinent d’envisager la mise sur pied d’un service conseil en collaboration avec un organisme près de la communauté latino-américaine ; ´ Problématique liée aux démarches administratives ET à la comprehension de la documentation ; ´ Comme collaborateur, nous pensons naturellement à la Chambre de commerce latino-américaine du Québec (CCLAQ) comme partenaire potentiel pour cette offre de service ; ´ Insister sur les histoires à succès (consolide le relationnel et permet d’atténuer les obstacles posés par la présence d’une économie hautement structurée et organisée).
Synthèse ´ L’amélioration des services conseils à offrir aux entrepreneurs, toute origine confondue, passe nécessairement par la recherche d’un équilibre entre les spécificités inhérentes à des entrepreneurs issus de l’immigration, de surcroît latino-américains dans le cas qui nous occupe, et des besoins en formation et accompagnement que tout entrepreneur pourrait avoir ; ´ Le meilleur moyen de trouver cet équilibre passe par une approche hybride qui, tout en mettant de l’avant des apprentissages collectifs à travers des formations de groupe par exemple, fait également une large part aux apprentissages individuels grâce à du mentorat personnalisé ; ´ Nous croyons que cette approche hybride est en adéquation avec les résultats de notre enquête et se veut aussi l’approche la plus réaliste et la mieux adaptée dans la mesure où ce type de service conseil s’inscrit dans un contexte sociétal hautement diversifié.
Conclusion ´ Étant majoritairement en phase de croissance, l’aide à fournir devrait être liée à cette caractéristique. Se disant compétents pour mener à bien leur projet, ces entrepreneurs font partie de ce que la littérature sur le sujet nomme des « entrepreneurs d’opportunité » ; ´ Le plus gros défi de l’intervention réside dans le fait que les entrepreneurs rencontrés entretiennent une certaine méfiance à l’égard des institutions québécoises, notamment celles qui pourraient leur venir en aide avec leur entreprise ; ´ Cette enquête devra être approfondie sur plusieurs points. Elle demeure néanmoins un point d’ancrage pour réfléchir à l’entrepreneuriat : ´ Au sein de la communauté latino-américaine du Québec ; ´ Au sein des minorités ethnoculturelles ; ´ Au sein de la société québécoise et aux services offerts aux entrepreneurs (accompagnement, formation, financement, etc.).
Merci et Gracias!