Revue de Presse - Bernard Corbel

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Entretien avec le psychologue Bernard Corbel-Casablanca Bernard Corbel, psychologue à Casablanca, nous livre quelques clés de compréhension et d’action afin d’aider une personne traversant un deuil. Fémina : Que traverse une personne endeuillée, dès le décès du proche ? BC : La personne, dans un premier temps, nie d’abord le décès : « Il ou elle m’entend, il est là, il écoute… ». Puis vient le temps de la colère : « Pourquoi est il parti ? Pourquoi m’a-t-il fait cela ? ». Et enfin la phase de dépression survient. L’endeuillé aura alors un besoin impératif de parler, de raconter la personne disparue. Mettre des mots sur une histoire est très important, car cela va permettre de l’apaiser. Le premier conseil que je donne est donc de permettre à la personne de raconter son histoire. Fémina : Comment doit réagir la personne qui l’écoute ? BC : La personne en face ne doit pas chercher à apporter des solutions, elle doit écouter sans juger. La personne qui traverse le deuil va, en parlant, trouver elle-même les ressources intérieures pour faire son travail de deuil. Il faut aussi faire parler du proche disparu, mais aussi de l’évènement à l’origine de la disparition. En retour, « l’accompagnant » au deuil doit la ramener ici et maintenant : que comptes-tu faire maintenant, comment te sens-tu, que te poses-tu comme questions sur le sens de la vie, etc. Il est en effet parfois culpabilisant d’être encore en vie, alors qu’un être aimé a disparu. On se pose alors naturellement des questions sur le sens de la vie, sur la place qu’on occupe en tant que vivant. Fémina : Quel est le principal piège dans lequel la personne endeuillée peut tomber facilement ? BC : Le poison du deuil, c’est d’être inhibé. Quand on est plongé dans la douleur, quand on a trop d’angoisses, on n’agit plus, on ne veut plus rien faire. La dépression frappe alors et il est vital de bousculer cette inhibition par de petites actions concrètes. Actions autour du deuil comme aller au cimetière, faire un album photo, se recueillir, etc. Mais aussi d’autres actions très simples, comme partir en montagne, faire un break, sortir marcher, partir se reposer dans un autre lieu…Tout ceci peut aider à soulager l’angoisse, à revenir dans l’action et dans le présent. Fémina : Selon vous, n’importe quel proche de la personne en deuil peut lui venir en aide ? BC : La personne qui écoute doit être capable d’écouter de manière courageuse et totalement altruiste, sans ciller, sans émettre d’émotions parasites. Par exemple, si le récit de la disparition est douloureux, s’il comporte des détails morbides ou désagréables à entendre, la personne qui écoute ne doit surtout pas grimacer, ou donner un commentaire désagréable. Car, à ce moment-là, les paroles prononcées par la personne souffrante lui reviennent directement, comme un boomerang, et de manière très nocive ! Il faut accueillir et accepter tous les mots du deuil. Il faut aussi surtout éviter d’apaiser exagérément, en lançant par exemple : « sèche tes larmes ! », « Arrête de pleurer, ça ne le fera pas revenir… », etc. Les pleurs permettent de faire sortir la souffrance, de l’exprimer. Des gens peuvent jouer ce rôle difficile d’accueillir ces paroles douloureuses, par amitié, par tendresse. Mais si on ne se sent pas capable d’écouter de manière neutre et empathique, et d’avoir une stabilité émotionnelle à l’écoute de l’autre, il faut orienter la personne vers un psychologue sans hésiter. Fémina : Quel est le conseil primordial que vous adresseriez à une personne traversant un deuil ? BC : Le deuil est un moment très difficile à traverser, il vous faut être patient envers vous-même et envers les autres. Vos proches ne comprennent pas toujours ce que vous ressentez. Entourez-vous de personnes avec qui vous vous sentez bien et à qui vous pouvez vous confier. Il est nécessaire d›exprimer son chagrin et son désarroi, les garder pour soi est un poids trop lourd à porter. Fémina : Pensez-vous que la religion puisse venir en aide aux personnes endeuillées ? BC : En effet, la survenue de la mort d’un proche nous fait nous questionner sur le sens de la vie, sur « l’au-delà » pour les croyants. Les patients croyants que j’ai pu rencontrer m’ont raconté que leur foi les apaisait. En effet, la foi en Dieu, et de manière générale, pas uniquement pour le deuil, rassure, apaise. Mais il faut tout de même rester vigilant. Quand on croit qu’on peut se sortir de son deuil tout seul, avec sa foi religieuse comme unique accompagnement, on est dans une croyance toxique ! Les petites phrases comme « Avec le temps, ça passera » sont très nocives et étouffent le processus de deuil. La personne colmate sa souffrance, mais elle restera présente et s’exprimera plus tard sous une autre manière. Il faut que la souffrance sorte, s’exprime. Fémina : Y a-t-il des particularités du deuil marocain qui rendent différent le travail du deuil dans notre société ? BC : En effet, étant d’origine française, j’ai pu constater qu’ici au Maroc, la mort est souvent « expédiée ». Par exemple, à l’hôpital, j’ai vu une fois une mère être autorisée à se recueillir sur le corps de sa fille décédée…en moins d’une minute ! Alors qu’il est fondamental de pouvoir se recueillir sur le corps de la personne défunte, on « arrache » souvent ces moments aux endeuillés en pensant écourter leur peine, ce qui est erroné. Ce n’est pas un bon départ, car quelque soit la religion, le recueillement est primordial.



LE MATIN EMPLOI • LUNDI 31 DÉCEMBRE 2012

RESSOURCES HUMAINES

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Conférence-débat : « La perception et son exploitation dans la recherche marketing », cabinet Immersion

La perception au cœur du marketing A l’occasion de l’inauguration de son nouveau siège social, le cabinet Immersion, spécialisé en recherche et étude marketing, a organisé, le jeudi 20 décembre une conférence-débat autour du thème « La perception et son exploitation dans la recherche marketing ». Animée par Dr Bernard Corbel, psychologue clinicien, cette manifestation a été l’occasion pour les participants, dont la majorité opère dans le marketing, d’échanger et de Le Matin Emploi : Quelle est votre définition de la perception ? Bernard Corbel : La perception est un mot qui prête à confusion, tant il a l’air de supporter un concept objectif et précis. On devrait plutôt parler de perception humaine ce qui déjà serait plus juste : la perception humaine est faillible, modulable, car le cerveau humain est un grand interpréteur : il ne fait que cela, les illusions perceptives en font la démonstration, tout événement est interprété en fonction des automatismes acquis antérieurement, au pire je ne perçois pas un évènement non programmé préalablement comme pouvant exister.

que la perception elle-même. Conditionner et hypnotiser ou simplement suggestionner peut se faire dans le cadre de campagnes de publicité bien conçue, pour cela on fait rêver et on parle un langage spécial qui est proche de celui du mode de fonctionnement de l’inconscient.

{Tant qu’il y aura des hommes, il y aura des gens pour en faire rêver d’autres, fusse sous le prétexte de vendre.}

D’après vous, comment les connaissances sur les perceptions peuventelles être appliquées au marketing ? Les connaissances en question relèvent plus des mécanismes de conditionnement et d’hypnose qui interfèrent avec la perception plutôt

Quels sont les champs d’application et les limites de cette approche ?

Il n’y a pas de limites et les champs sont infinis... Tant qu’il y aura des hommes, il y aura des gens pour en faire rêver d’autres, fusse sous le prétexte de vendre. En fait on vend du rêve et l’étal n’est que le lieu de la concrétisation de ce rêve. On peut comparer le processus avec les personnes qui ont une compulsion d’achat, car elles se sont auto-hypnotisées au point qu’elles sont persuadées sur l’instant qu’elles vont se faire un grand plaisir en achetant.

partager leurs expériences autour de cette question ainsi que d’approfondir leurs connaissances sur les mécanismes liés à la perception et à la recherche marketing. Quelle est donc la définition de la perception ? Comment les connaissances sur la perception s’appliquent-elles sur le marketing ? Quels sont les champs d’application et les limites de cette démarche ? Éclairage avec Dr Bernard Corbel, psychologue clinicien.

Pensez-vous que les résultats des recherches marketing orientées «Perception»’ mènent automatiquement à avoir recours au marketing sensoriel ? Le marketing ou plutôt la publicité ne peuvent que s’intéresser aux dimensions sensorielles, car c’est aux sens qu’est attachée la notion de plaisir. Le plaisir est à la base du rêve et son désir est à l’origine de la motivation et donc de la motivation d’achat. La dimension actuelle est le marketing olfactif qui consiste à proposer une odeur en lien avec les messages et le rêve secret qu’ils comportent.

Peut-on réellement agir sur la perception des individus pour induire un acte d’achat ? Bien entendu, il est possible d’agir sur la perception puisque, comme on vient de l’exprimer, la perception brute n’existe pas, tout est affaire d’interprétation et l’on peut travailler sur l’interprétation. On interprète le message en fonction de son envie et de son désir intérieurs. En effet, par le choix de messages et d’images adressés à la sensorialité des prospects, il sera possible d’agir sur la perception..., en ayant recours, le plus souvent, au Marketing sensoriel.

Finalement, pensez-vous qu’aujourd’hui, tout marketeur en plus de sa formation en sciences économiques doit avoir recours à une formation en sciences humaines et sociales ? Je ne sais qu’elle doit être la frontière entre les deux disciplines, mais

l’heure est à l’interdisciplinarité et l’on peut parler d’équipes plutôt que de personnes. Quoi qu’il en soit, il faut bien se cultiver dans le domaine de l’autre pour pouvoir communiquer valablement avec lui. ❚ Interview réalisé par Selma Alami Laaroussi

A propos du cabinet Immersion est un cabinet expert en analyse comportementale orientée marketing. Immersion est à l’affût de toutes les nouveautés en matière d’investigation et d’exploration comportementale des marchés (techniques projectives, synergologie…), le cabinet a développé le principe de l’immersion marketing© afin de pousser la re-

cherche qualitative vers de nouvelles sphères. Orienté business, le cabinet a su, de par son expérience, fournir les systèmes décisionnels d’informations et orientations opérationnelles. Immersion combine en effet les disciplines de la psychologie comportementale, la sociologie, la synergologie et le marketing.









10 Éducation

LE MATIN // Vendredi 17 janvier 2014

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Jumeaux

Un physique, deux personnalités distinctes

EXPLICATIONS Bernard Corbel,

psychologue individuel, du couple et de la famille à Casablanca

«Les jumeaux ne sont pas des humanoïdes répliquants...» Éduquer des jumeaux est-il plus difficile que d'éduquer deux frères et sœurs du même âge ?

L'arrivée de jumeaux demande une certaine organisation.

Les jumeaux posent à tous les mêmes interrogations. Comment réussir leur éducation alors que chaque geste est dédoublé ? Comment respecter le lien gémellaire et favoriser l'individualité de chacun ? Bernard Corbel, psychologue, répond à nos questions.

E

ntre la naissance et deux ans, les jumeaux sont dans une phase dite de «fusion gémellaire». «Quand un bébé a faim, l'autre aussi, quand l'un pleure, l'autre également... Un bébé en soi est déjà une épreuve, mais deux c'est à la limite des forces. Les biberons, les langes, les bains et les nuits qui n'en finissent pas d'être entrecoupées», indique Bernard Corbel, psychologue. Bien souvent, les parents nourrissent et changent leur progéniture en même temps, même si l’un ne réclame pas à manger où ne ressent pas le besoin d’être changé. «Face à une surcharge de travail, les parents n’ont d’autre possibilité que de procéder ainsi», poursuit la même source. À partir de deux ans, lorsque les enfants commencent à envahir

un peu plus leur environnement et développer leur langage, les parents vont les positionner dans une phase dite de «complémentarité», en leur attribuant des caractéristiques propres, qui se complètent. Parfois, certes, de manière un peu caricaturale : l’un est plus doux, l’autre plus violent ; l’un est gentil, l’autre plus agressif ; l’un aime le sucré, l’autre le salé, etc. On parle alors d’un rapport de dominant à dominé. «Il faut leur apprendre qu'en fonction des activités l'un est peut-être le plus fort, mais que c'est l'inverse dans d'autres», conseille notre spécialiste. À partir de six ans, une première phase d’autonomie apparaît. De par la scolarité notamment, les enfants vont véritablement être considérés

comme étant à l’origine de demandes spécifiques, avec une personnalité bien distincte. La seconde phase d’autonomie survient au moment de l’adolescence, autour de 12-13 ans. «À partir de douze ans, les deux jumeaux devraient être bien différenciés dans leurs personnalités et dans leurs amis», explique le psychologue. Malheureusement, certaines familles ne franchissent pas ces différentes étapes, et l’on voit parfois des jumeaux qui, à 12-13 ans, voire à l’âge adulte, sont encore en pleine fusion et totalement incapables d’envisager leur vie l’un sans l’autre. Les jumeaux sont nés avec ce lien, qui leur est propre. Il faut leur permettre de vivre avec tout en développant, à travers ce lien, leur propre individualité. C’est un lien qui est extrêmement intéressant, notamment dans le contexte scolaire. L’entrée en CP par exemple est une étape très anxiogène pour l’enfant. Les jumeaux, eux, peuvent se rassurer mutuellement et immédiatement s'ils sont dans la même classe. La séparation est un évènement de vie qui ne doit jamais être imposé. Il faut la préparer et y préparer les enfants. «Ils ont besoin l'un de l'autre, les séparer aura en principe des conséquences graves. Donc on doit leur apprendre à se différencier, mais sans pourtant leur infliger des séparations cruelles», affirme notre spécialiste.

Aime-t-on ses jumeaux de la même façon ?

Il y aura toujours des différences, et c’est d’ailleurs ce qui terrorise un grand nombre de parents de jumeaux. «De nombreux parents croient que les jumeaux ont besoin des mêmes objets et comme on a peur de faire des différences, peur que les enfants s'imaginent que l'on en fait, alors on risque de se cantonner dans le réflexe du dédoublement», prévient notre spécialiste. Tout parent aimerait avoir une relation identique avec chaque enfant, mais c’est impossible. Heureusement d’ailleurs, car c’est ce qui va permettre au jumeau de développer sa propre personnalité. Pourtant, certains parents restent attachés au mythe de la fusion, et maintiennent leurs enfants dans ce mythe, en les habillant de la même façon, en leur achetant les mêmes jouets, etc. «C’est comme si on déguisait les deux enfants avec le même vêtement. Pourtant les enfants ne sont pas des poupées, en particulier après deux ans ; les jumeaux doivent commencer à se différencier. Il faudrait les inciter à choisir leurs vêtements, leurs jouets et autres accessoires», conclut-il finalement. Les parents doivent être très vigilants face à cette notion de fusion gémellaire ; si elle dure trop longtemps, elle peut entraîner d’importants problèmes sur le plan du développement de la personnalité des deux enfants. n Priscilla Maingre

Oui, des jumeaux représentent une difficulté très importante pour le couple et surtout pour la mère, bien sûr. Un bébé en soi est déjà une épreuve, mais deux, c'est à la limite des forces. Les biberons, les langes, les bains et les nuits qui n'en finissent pas d'être entrecoupées. Quand un bébé a faim, l'autre aussi, quand l'un pleure, l'autre aussi... Même pour une maman au foyer, il lui faut totalement se réorganiser, car les mamans souffrent et parfois la dépression guette. Ce sont les deux premières années qui vont être particulièrement dures. Ce n’est qu’à l’entrée en crèche que les mères connaîtront un peu de repos bien mérité.

Comment faut-il s’y prendre ?

L'aspect le plus important de l'éducation est celui de la gémellité. Tout d'abord, les parents devront accepter qu’il y a deux bébés à la fois et qu'il n'est pas vraiment possible d'établir une relation spécifique comme on pourrait le faire avec un enfant unique. Deuxième difficulté, si ce sont deux jumeaux homozygotes, l'un tendra à se positionner en dominant et l'autre en dominé, ce qui n'est pas souhaitable. Il faut leur apprendre qu'en fonction des activités l'un est peutêtre le plus fort, mais que c'est l'inverse dans d'autres. Il n'empêche qu’ils ont besoin l'un de l'autre. Les séparer sans ménagement aura des conséquences graves. C’est pourquoi on doit leur apprendre à se différencier sans pourtant leur infliger des séparations cruelles. À six ans, l'école permettra une séparation plus nette puisqu’ils ne sont pas placés dans la même classe. Enfin à partir de douze ans les deux jumeaux devraient être bien différenciés

dans leurs personnalités et dans leurs amis.

En quoi sont-ils différents des enfants «normaux» ?

Dans le cas des enfants «normaux», les parents opèrent une différenciation naturelle entre leurs enfants. La différence tient, je crois, dans la complexité, la charge considérable du dédoublement de chaque action pour s'occuper des bébés et les deuils à faire : aussi bien de la relation unique à un seul bébé que dans l'autre sens, à faire le deuil d'une entité unique appelée «les jumeaux».

Q ue p en s ez-vou s de s parents qui habillent leurs jumeaux de la même façon ?

Le risque pour les parents est de jouer avec cette fascination en maintenant des rituels de dédoublements, comme si on déguisait les deux enfants avec le même vêtement. C'est peutêtre que l'on a peur de faire des différences et c'est un nouveau deuil qu'il convient pourtant bien de faire puisque les enfants ne sont pas des poupées et que progressivement, en particulier après deux ans, les jumeaux doivent commencer à se différencier. Il faudrait les inciter à choisir leurs vêtements, leurs jouets et autres accessoires.

Quels sont les pièges à éviter avec des jumeaux ?

Le piège est de croire que les jumeaux ont besoin des mêmes objets et comme on a peur de faire des différences, peur que les enfants s'imaginent que l'on en fait, alors on risque de se cantonner dans le réflexe du dédoublement. Attention, les jumeaux, aussi ressemblants soient-ils, ne sont pas des humanoïdes répliquants... Donc on évitera de les considérer comme deux répliques de la même chose : ce sont deux personnes ; demain deux personnalités à part entière, même si elles ont des traits en commun.

Parole de coach avec Imane Hadouche

Il n’est pas étonnant que l’on nomme l’adolescence «l’âge ingrat» Évidemment, cette période de vie a été nommée ainsi pour d’autres raisons aussi liées aux changements physiques qui surviennent à la puberté, mais cela colle bien au ressenti de beaucoup de parents vis-à-vis de leurs adolescents : «l’ingratitude». Arrivé à l’adolescence, votre enfant entrera en conflit avec toute figure d’autorité, même le modèle parental, et se fera entendre en se rebellant et en imposant sa volonté. Ceci n’est pas étonnant, puisqu’il est en train de se chercher et s’affirmer, et il s’affirme par la négation et l’opposition. Et ne pensez pas que vous êtes un cas isolé, tous les parents traversent ce passage obligé avec leurs adolescents, avec une différence peut-être au niveau de la communication et du degré de rébellion.

S

i votre adolescent défie votre autorité, en mettant votre patience à rude épreuve, et que cette situation vous effraye ou vous met en colère, essayez simplement de décider de reprendre le contrôle de la situation au lieu de subir ou réagir.

Comment réinstaller votre autorité parentale ?

1. Gardez votre calme en toute situation : même si à l’intérieur vous avez peur ou vous êtes très en colère. Quand votre adolescent vous défie, essaye de vous provoquer, ou pique

une crise de rage, essayez de garder un ton et une expression très neutres, même si à l’intérieur vous ragez ou vous tremblez, donnez-lui l'impression que vous avez le contrôle de vous-même et de la situation, et qu’il ne peut vous faire rentrer dans son jeu. S’il se rend compte qu’il peut vous faire réagir, c’est que ça marche, et il n’hésitera pas à le refaire souvent. 2. Traitez la situation immédiatement : arrêtez l’escalade des mots et des reproches, et évitez les glissements vers les scènes parent-enfant, marquez la limite en disant à votre adolescent que

vous vous occuperez de ce problème dans une minute. Allez dans votre chambre, respirez, prenez le temps de vous calmer, en lui laissant aussi le temps de se calmer. De cette manière, vous marquez clairement que vous êtes celui qui contrôle la situation. Revenez ensuite avec des propositions ou une décision définitive et informez-le. 3. Ne cédez pas, et restez cohérents : faites savoir à votre adolescent que vous n’avez pas peur de le mettre en colère ou de refuser certaines demandes. Ne le laissez pas vous entraîner vers des argumentations ou des disputes. Prenez une décision, installez une règle, informez-le, et dites-lui les conséquences s’il ne coopère pas, et partez. Quand vous avez installé une règle, restez cohérent et ne cédez jamais, ne cédez pas à ses colères, menaces, supplications, séduction… la clé, c’est la consistance. 4. Recadrez votre adolescent : faiteslui clairement savoir qui est le parent, et expliquez-lui que sous votre toit, les chefs de famille sont papa et maman, et certainement pas un(e) adolescent (e) de 14 ans. Il est pris en considération, et a toute sa place dans les décisions et les échanges, mais ce n’est pas lui qui commande, ni qui fait vivre la famille à son rythme et à sa guise.

5. Faites le deuil de l’enfant parfait : l’autorité est aussi installée par l’amour. Beaucoup de parents élèvent ce qu’on appelle «l’enfant parfait» et qui est une image irréaliste de l’enfant modèle qu’ils souhaitaient avoir, tout en mettant la pression à leur enfant pour coller à ce modèle. C’est souvent pour cela que beaucoup d’adolescents commencent à se définir en se séparant de leurs parents, et en s’affirmant avec force et violence, ils sont simplement en train de montrer à leurs parents qui ils sont réellement, ce modèle que les parents refusent de voir et d’adopter. Aimez votre adolescent pour ce qu’il est, comme il est, et arrêtez de vouloir faire de lui «l’enfant imaginaire» que vous aviez en tête. 6. Commencez par des petits pas : ne cherchez pas à réintégrer votre autorité de manière violente et d’un seul coup. Faites-le petit à petit. Commencez par prioriser les domaines où vous sentez que votre autorité est bafouée, et installez des règles dans un domaine à la fois. 7. Ne vous laissez pas intimider et ne vous sentez pas abattus ou blessés par les propos et les attitudes de votre adolescent. Montrez-lui des limites claires et expliquez ce qui est appro-

A l'adolescence, l'enfant entre en conflit avec toute forme d'autorité : il se cherche.

prié et ce qui ne l’est pas, sans rentrer dans son jeu. Même s’il vous dit qu’il «vous déteste» il n’en est rien en réalité. Mais économisez vos attentes en cette période délicate. Dites-vous que c’est passager. 8. N’allez jamais avec votre adolescent au point du non-retour. Gardez toujours une certaine distance qui permet de préserver des rapports respectueux et courtois. Évidemment, apprenez-lui que s’il veut être respecté il doit aussi vous respecter et respecter vos limites. Mais ceci est valable pour vous, respectez-le, et respectez ses limites. La bonne nouvelle, c’est que votre enfant est en train de devenir adulte. Ce que vous considérez aujourd’hui comme de l’ingratitude ou de la rébel-

lion, c’est simplement la manifestation de sa personnalité qui se définit et s’affirme. Accompagnez-le avec amour et compréhension, c’est une période difficile pour lui aussi. Communiquez avec lui sans l’envahir, et ne faites pas l’erreur de vouloir être son ami, vous êtes le parent et vous devez le rester, même s’il ne se l’avoue pas, vous restez son modèle. N’hésitez pas à installer des règles et des limites claires à propos de l’essentiel tout en restant flexible pour les détails, ces limites sont des repères dont il aura besoin pour construire ses valeurs d’adulte, et c’est rassurant pour lui de savoir que vous êtes quelque part «le responsable» en famille. n H.S.


« toute vérité est-elle bonne à dire»: osez tout dire et tout entendre. «Oser tout dire et tout entendre», cette formule paraît poser l›existence de deux personnes en communication et s›autorisant un franc parler. Mais beaucoup de personnes au profil hypomane vont s›autoriser leur parole sans demander avis, plus que ne peut en entendre le destinataire, et cette parole ne sera pas heureuse mais fautrice de trouble. Souvent une personne qui croit à son franc parler est une personne blessante et une personne qui ne maitrise pas ses paroles ni ses émotions. Comme si toute parole exprimée aboutissait nécessairement au bien être. Le destinataire de la parole luimême doit, dans la plupart des cas, être mûr pour recevoir celle-ci. Certes, dans des conditions normales, Il est clair que, côté affirmation de soi, de se sentir capable de parler d›un sujet qui nous trouble avec la personne en cause, cela peut être un plus. Mais il convient de se poser la question de la maturité (qualité) du discours que l›on peut tenir. En vérité, une part essentielle du travail avec un psychothérapeute est de rendre la parole à une personne, ce qui signifie une parole réussie, une parole qui atteint son but libérateur, et non pas une parole qui va être regrettée ensuite, ou pire qui vous revient en boomerang. La question ne devient plus de poser la problématique comme le fait de dire, mais le fait d›être capable de bien dire. Sentir au fond de soi que sa propre parole est forte et saura atteindre son but, de lancer une prise de conscience chez l›autre et obtenir en retour (pas forcément sur l›instant mais à moyen terme) un bienfait partagé, cela demande des réitérations et des éclaircissements. Paradoxalement, la parole libératrice en profondeur est une parole neutre, précise et sans fards, mais sans détonations émotionnelles ! Et cela ne s›obtient pas,sans efforts préalables, le sujet, comme en ascenseur est descendu et remonté plusieurs fois dans son système émotionnel pour le comprendre et le circonscrire afin de trouver la mélodie juste de cette parole qui lui tient à cœur. Est ce mentir que de ne pas tout dire? La morale, qui ne peut faire que des généralisations, classifie la gravité des mensonges et note que le mensonge par omission existe et le classe parmi les moindre. Mais il s›agit d›une vision non systémique : le système demande la participation du destinataire de la parole. Dans certains cas l›omission aboutit juridiquement à une faute grave ! En principe, une personne saine est une personne qui ajuste le niveau de détail de son discours à son interlocuteur, y compris par l›art des métaphores (fournir des images de ce que l›on veut dire), afin que les destinataire puisse comprendre à son niveau ce qu›il peut, sans forcing. Pour vous en convaincre vous ne parlez pas de sexualité de la même manière à un jeune enfant qu›à un adulte, pour autant vous ne cachez pas. Certaines choses sont si difficiles à dire que parfois il faut choisir un psychologue pour expliquer au destinataire la chose qu›il doit entendre. Le mensonge est il le propre de l›homme , ou bien le cultive t on dès l›enfance ? L›éducation trop sévère produit des dégâts plus que des résultats. La sévérité (qui veut faire la justice sans se soucier d›être juste) crée le mensonge qui survient pour contourner la peur qu›elle induit. Mentir est une fuite lorsque fuir physiquement est impossible. Le problème est que le mensonge place le menteur dans une position artificielle dans


laquelle ses émotions d›amour sont court-circuitées. Le menteur abonné à sa propre pratique deviendra aisément un manipulateur, c›est à dire qu›il va cultiver l›art de mentir pour atteindre son but, y compris à mentir par omission. Il va jouir de son pouvoir sur l›autre au lieu de son bien être avec l›autre. La pa role pleine, partagée avec un être capable de la recevoir favorise le bien être avec l›autre. Pourquoi choisit-on de se taire? ou de ne pas tout dire? Vous pouvez choisir de vous taire parce que vous sentez que vous ne maîtrisez pas vos émotions (excès de colère, de peur, de tristesse, ...) ou tout simplement parce que vous estimez que de parler alors que vous le pourriez va néanmoins rendre la situation plus complexe ou plus dramatique ou parce que vous prédisez des réactions fortement négatives ou punitives de votre interlocuteur, que vous redoutez ses réactions. Combien de partenaires dans la vie, parents, hiérarchiques, conjoints, etc., sont si vitupérants et si peu capables de compréhension et d›amour ? Combien, en effet, bloquent votre dire ? Quand faut-il se taire et quand faut-il parler? Sujet très délicat à généraliser. L›art de la prise parole inclut, en plus de la qualité de ce que l›on a dire, l›aptitude à choisir le a de faire ce qu›il rêverait lui faire, c›est à dire qu›il ne pourrait pas prendre en compte le réel de votre situation. Trouver quelqu›un qui ne vous jugera pas, ne conseillera pas mais se limitera à clarifier la situation serait une chance exceptionnelle. D›un autre côté, la notion de bon moment inclut la prise en compte du bon moment pour l›autre : peut-il recevoir, encaisser, mon dire ? Estce le bon moment pour lui ? Sait-on tout dire ? sait-on tout entendre? Nous avons beaucoup expliqué ci-dessus cette notion essentielle d›aptitude à prendre la parole mais avec une parole dite «pleine» c›est à dire capable de véhiculer les images et les émotions nécessaires à sa compréhension en profondeur. Une telle parole est en principe l›aboutissement du travail de psychothérapie. À noter que selon mon propos une thérapie n›est plus seulement une thérapie par la parole sur la base de son pouvoir libérateur, mais est aussi une thérapie de la parole du sujet... Existe-t-il une seule vérité? La vérité n›existe pas, il faut se référer à la parabole soufi des aveugles et de l›éléphant chacun touchant un bout de l›animal et croit pouvoir le décrire dans sa totalité. La vérité, comme la réalité, est toujours soumise à l›interprétation et à la subjectivité. C›est pourquoi on pourrait être tenté de dire «à chacun sa vérité» ou «chacun voit midi à sa fenêtre». Cela provient de l›impossibilité que nous avons à circonscrire un événement sans sombrer dans l›omission. Il faut la précision du raisonnement scientifique pour s›en approcher. Un fait est un moment dans un processus, et le processus est un aspect d›un système. Si je dois me décider sur la base d›un fait extrait de son contexte qui lui donne sens, il est plus que probable que je vais commettre une erreur. Par exemple, dans une société corrompue, il n›est pas possible de méjuger une personne sur la base d›un fait de corruption... On ne peut pas accuser les autres de commettre des fautes qui sont égales ou moindres que celles que l›on commet soi-même. Si l›on peut tout dire, peut on tout entendre? Il y a de fortes chances pour que celui qui arriverait à «tout» dire serait aussi celui qui pourrait «tout» entendre... Il y a comme nous l›avons relevé une sagesse incommensurable à prendre la parole pour autant que celle-ci soit pleine. En fait, prendre la parole, et que cette parole ne soit pas celle d›un fat ou liée à une crise d›hypomanie, exige les mêmes qualités intérieures que celles requises pour une écoute de qualité. Cela demande une part appréciable de développement personnel, sinon cette écoute qui prétendrait pouvoir tout entendre sans pour autant y être prêt intérieurement s›appellerait, pour moi, de la manipulation. L›âge est-il un catalyseur de vérité? Cette question méritait d›être posée car par tradition nous nous accordons à considérer que «l›ancien» possède une plus grande sagesse et que dès lors il soit possible de se confier à lui tout autant que d›entendre sa parole. La parole de l›ancien serait alors plus encline à se faire porteuse de vérité et ses oreilles pourraient bien être plus aiguisées, de sorte qu›elle filtrent la parole reçue en quête de vérité. Ceci dit, le sage discerne avec plus de bonheur entre vérité et illusion qu›entre vérité et mensonge. Quand aux anciens ils sont plus ou moins doués pour la sagesse mais il est vrai qu›ils en disposent souvent davantage que leur entourage immédiat.


La jalousie maladive Comment se développent les comportements obsessionnels ? L›origine de la jalousie semble apparaître lorsqu›on est enfant par rapport à la fratrie et à la notion de territoire et la compétition pour être le (la) préféré (e) du parent convoité. se développe alors la jalousie pour le frère ou la soeur qui bénéficie de l›amour des parents. Pour les adultes, le cadre de la jalousie devient sexuel et nous retrouvons néanmoins le même schéma. Dans une société patriarcale intense la jalousie est quelques fois démultipliée : il y est fait une injonction selon laquelle les hommes doivent contrôler leurs femmes parce que les femmes sont supposées incapables de gérer leurs fantasmes, leurs émotions, et leur désir sexuel. Cette croyance engendre une exacerbation du sentiment de jalousie masculin et incline à la surveillance et au contrôle. Du côté des femmes, le même système patriarcal incluait la polygamie : l›homme y était supposé pouvoir posséder plusieurs femmes... Il n›y aurait donc pas de quoi être tranquille en tant que femme. Dans quelle mesure la jalousie amoureuse est-elle acceptable ? La formation d›un couple constitue biologiquement une expérience forte de la nature et l›instinct y veille. Cela déclenche des réactions normale de jalousie. Du reste, certaines femmes n›hésitent pas à provoquer subtilement la jalousie de leur partenaire afin de mesurer leur attachement amoureux. Notre position est que seuls l›amour (émotion-sentiment) et la confiance sont les garants de la fidélité. Pas d›amour serein sans confiance... La jalousie maladive se guérit-elle ? La jalousie pathologique survient lorsqu›un des partenaires soupçonne l›autre de tromperie et que manifestement il s›agit d›un faux, le partenaire lui sait très bien ce qu›il fait ou ne fait pas. Il faut savoir que la tendance obsessionnelle ou paranoïaque repose sur la collection d›indices faibles (non significatifs pour des personnes non soupçonneuses) mais qui deviennent très significatifs pour ces personnalités, du reste, aucun argument ne peut vaincre des idées obsessionnelles. Sur le plan individuel il faut se pencher sur les questions de jalousie infantile pour comprendre les réactions adultes. Quelle attitude avoir face à un partenaire jaloux ? S›il en est encore temps, fuir car la fuite peut faire réfléchir le partenaire abandonné qui ne manquera pas à essayer de faire retour. La jalousie pathologique (donc non sérieusement fondée) crée un cadre de vie qui devient un enfer. Si c›est trop tard pour fuir, ne pas discuter, ne pas se prêter aux justifications demandées, rester silencieux et poser des actes. Quitter le partenaire et se rendre quelques heures ou quelques jours dans sa propre famille. Si on n›est pas mariés bouder pendant plusieurs jours à chaque occurrence.


«Serials Lovers» (dragueur/euse en série). 1/ Comment expliquer le besoin de séduire en permanence tout et n›importe qui ? La séduction est un processus basé sur l›expérience de l›amour naissant : il s›accompagne d›une surproduction de dopamine cérébrale (et d›autres hormones) associées au bonheur. Qui n›a pas connu cette sensation euphorique de se découvrir aimé(e) en retour de celle où dont justement il espère l›amour ? Certaines personnes font aussi l›expérience de se trouver (encore) plus désirables dans cette phase. Chaque fois qu›une personne se sent aimée, sa cote d›amour auprès d›autres conquêtes potentielles s›accroît. La tentation de renouveler les hormones de bonheur est grande. 2/ Ce phénomène s›observe-t-il davantage chez les plus jeunes ou aussi bien chez les plus de 40 ans ? La question est bien posée car l›adolescence est typiquement une période d›essai de la vie amoureuse. Les passions de jeunes peuvent être particulièrement courtes. Le fait est que la période permet à l›individu de se tester dans son aptitude à conquérir des partenaires et ainsi de se garantir une vie affective projetée sur la vie. Les sensations sont particulièrement intenses et les succès et échecs risquent de s›inscrire encore profondément dans les personnalités. Après la quarantaine l›angoisse de fin de vie commence à agiter les âmes tandis que la pulsion sexuelle est encore très forte. Le désir de conquête correspond à un besoin de prolonger la vie en soi, et symboliquement dans une descendance. Séduit et être séduit donnent un sentiment de deuxième chance, de commencer la vie au lieu de la terminer en quelque sorte et permet au cerveau de considérer ces années comme une jouvence. 3/ Reste-t-on dragueur(euse) après s›être marié ? Le côté dragueur (eues) de la personne est plus ou moins élevé selon la structure de la personnalité. Il en découle, je pense, une continuité du caractère. Celui qui a été ne tardera pas toute la vie pour redevenir conforme à ce qu›il perçoit comme étant sa nature. La même personne peut avoir des valeurs élevées et nourrir ainsi une tension interne élevée. En principe c›est en ayant des enfants que les adultes s›assagissent, en quelque sorte, s›occupent de l›éducation et donc de l›avenir de leurs enfants, le problème semble ressurgir lorsque les enfants grandissent ou que les parents s›en éloignent... 4/ Derrière ce désir de conquête se cache-t-il un problème psychologique particulier (problème d›image, estime de soi) ? Sur le plan psychologique l›assurance du bonheur renouvelable par les conquêtes répétitives est une garantie contre le risque d›abandon et de solitude qui inversement fait si mal et est opposé au principe vital. Mais pour autant le donjuanisme en tant que tel, c›est à dire une volonté particulière plus ou moins dénuée de sentimentalisme et poursuivant ses buts sans respect pour l›autre, constitue une déviation psychologique. En fin de compte, je crois que le donjuan se met à l›abri de l›angoisse en précipitant ses conquêtes dans l›abandon potentiel. Il peut même s›agir de séduire pour laisser tomber, se venger en quelque sorte de l›autre sexe en le punissant et en lui faisant subir des humiliations, dont la pire est l›acte final : l›abandon. 6/ Quelles sont les conséquences sur les personnes piégées par ses dragueurs(euses) en série ? Le donjuanisme est une tentation perverse puisqu›il conduit ses adeptes à instrumentaliser ses conquêtes, la personne séduite se trouve manipulée et potentiellement livrée à un risque d›abandon élevé. La perversion peut s›accroître lorsque le séducteur est porté à jouir de la situation quand l›être délaissé est prêt à tout pour ne pas perdre son amoureux(se) et qu›il est aussi séduit par la domination machiavélique. Le risque maximum est atteint lorsque le séducteur est un pervers narcissique, c›est à dire une personne qui est dénuée de compassion et excitée par la domination. Un film porta si bien à l›écran ce jeu trouble et destructif, il s›agit de Neuf Semaines et Demi. Dans ce cas les victimes de la séduction du séducteur sont aussi ses proies... L›humiliation et l›abandon réunis dans une même expérience constituent des blessures extrêmement dévastatrices.


1. Que pensez-vous de la qualification de «bon coup» attribuée à des partenaires sexuels ? Cette expression argotique provient d›un langage de chasse, éventuellement militaire. Tirer un coup est le fait d›une arme. Par extension, le bon coup, est la femme ou l›homme qui méritent - d›après le locuteur - que l›on fasse l›amour avec, sous entendu «parce que je l›ai testé(e)». Il y a dans l›utilisation de cette expression une attitude haute et un certain mépris, une certaine effronterie et une manière de s›affirmer militairement comme un conquérant tout en reconnaissant à la victime un don particulier pour faire jouir. La première partie cachée de la signification n›est pas toujours perçue, chacun l›employant par mimétisme. Finalement si je suis qualifié de «bon coup» c›est que donc l›on m›attribue un don pour faire l›amour et pour procurer du plaisir, mais dans cette définition il y a l›idée restrictive «juste pour la baise», rien d›autre. Je suis en somme un parfait objet sexuel. 2.D›où vient la représentation du sexe comme performance ? Quelles sont ses limites ? Pourquoi a t-on du mal à penser un rapport «réussi» autrement que comme un rapport où l›on jouit ? La représentions du sexe comme performance provient de la masculinité, c›est elle qui a imposé sa représentation dans toutes les dimensions de la vie selon l›idéal masculin et donc aussi dans la question de l›amour. On peut lui opposer l›érotisme et dire que le discours de la performance est opposé à celui de l›éros et que l›éros est surtout une


question de féminité. Derrière le fait de crâner avec le discours de la masculinité dévoyée par l›exclusion du féminin, il y a l›idée omniprésente que «tout s›achète» : on trouvera toujours à vous vendre de la performance sous forme de produits ou de services quelque soit le domaine. Le sexe est vraiment dégradé dans la représentation d›une une performance sportive dont l›illustration est typique dans le film porno de base. A notre avis, le sexe s›anoblirait dans une représentation de l›intime, du caché, du flou, de l›immersion dans un univers de sensations infinies de don réciproque et de paix. Faute de représentation adaptée, on peut, en effet, avoir du mal à se représenter la réussite du rapport sexuel autrement que comme un rapport où l›on doit jouir sinon c›est raté. Dans le discours de la performance, on est binaire : c›est réussi ou non, et si oui ou est l›orgasme ? Dans la représentation traditionnelle, l›orgasme est au masculin, pour la femme, on l›ampute de cette capacité, et d›une façon encore plus archaïque on la mutile car son plaisir à elle est particulièrement mauvais, c›est hachouma. 3. La compatibilité des partenaires est-elle déterminante pour un bon rapport ? Comment définir cette compatibilité ? Peut-elle être complètement naturelle ? D›où vientelle ? Tout un chacun s›accorde à penser qu›il doit y avoir une alchimie, on pourrait dire une biologie de la rencontre. En fait, elle est le produit de facteurs qui doivent concorder. Cette concordance échappe à la conscience des protagonistes et s›impose, ce qui lui donne un caractère miraculeux au travers du coup de foudre. Parmi les facteurs en présence, comme le moment dans la vie, le lieux, les gens, le facteur culturel, nous y ajoutons le facteur imaginaire comme essentiel. En fait, une grande partie de l›attraction repose sur des facteurs auto-érotiques de sorte que ce n›est plus «ce que le partenaire est» qui me fait jouir, mais «ce que je crois qu›il est». Si on bande les yeux d›une personne et qu›on l›amène dans une rêverie érotique, on pourra la faire jouir intensément avec un partenaire lambda qui n›a rien à voir avec le réel au-delà du bandeau ! En boite de nuit vous pouvez être victime de la même rêverie, finir la nuit avec un(e) partenaire et avoir un choc au réveil malgré une nuit de rêve. Alors la compatibilité, dans ce cas, est de l›ordre de la rêverie et de l›imaginaire, du reste, ne dit-on pas de l›amoureux qu›il est aveugle et inversement ne croit-t-on pas que le retour à la réalité peut être décevant ? À noter que cette théorie de l›imaginaire ne s›oppose pas du tout à une théorie biologique de sécrétion d›hormones et de phéromones qui seraient, selon nous, produites par la transe et non l›inverse. Certainement, il reste que des personnes possèdent des caractéristiques érotiques universelles dans une culture donnée, et que ces personnes sont alors qualifiées de bombes sexuelles, tient, nous revoilà dans un discours militaire !



18 Éducation Curiosité

Comment répondre aux questions embarrassantes de ses enfants questions qui les taraudent. Sur le quotidien, ce qu'ils voient à la télévision ou à l'école... et il n'est pas toujours évident de leur répondre ! La question peut être troublante, embarrassante, voire compliquée ou crue ! C’est normal, elles sont spontanées, posées sans distinctions de ce qui peut être embarrassant ou ne l’est pas. Alors, qu’il vous parle de sexualité ou de pauvreté, répondez naturellement. Et surtout sans aucune gêne ! La vérité ne choque pas si elle est dite naturellement. Votre enfant attend seulement une réponse claire, franche et complète. Il demande de la science et du sens, pas du technique. Si vous restez trop évasif, il fera sa propre interprétation… parfois éloignée de ce que vous avez voulu lui transmettre !

Ne jamais se défiler !

Pour les jeunes enfants, les adultes savent tout et ne se trompent jamais.

Comment fait-on les bébés ? C'est quoi le paradis ? Les enfants ont le don de poser des questions auxquelles on ne sait pas toujours répondre. Les conseils de Bernard Corbel, psychologue.

D

ès que l’enfant sait s’exprimer, il n’hésite pas à poser toutes les questions qui lui traversent l’esprit. C’est l’époque des «pourquoi» et des «comment». Très jeune, il cherche à attirer l’attention de l’adulte auprès duquel il se trouve. «Pourquoi tu fais ça ?» «Pourquoi tu prends ça ?» il l’interroge sur ses moindres faits et gestes. Par ce questionnement intempestif, l’enfant cherche surtout à pa rticiper au x activités de cette grande personne à laquelle il s’identifie. Connaître les in-

tentions de l’adulte n’est pas sa priorité.

À partir de trois ans

Puis, viennent les «vrais» pourquoi. Ceux qui posent des questions existentielles, en quête d’une plongée au centre de l’univers. L’enfant cherche ainsi avec passion à vérifier les idées qu’il s’est créées grâce à sa part poétique et imaginaire. Une époque parfois épuisante pour les parents et les éducateurs… À cet âge, les enfants n'ont de cesse d'interroger leurs parents sur des

LE MATIN // Vendredi 4 avril 2014

www.lematin.ma

Pas question cependant de faire l’impasse sur la réponse. «Je ne sais pas», «tu es trop jeune» et «laissemoi tranquille» ne sont pas des réponses appropriées. Toute question mérite une réponse. Laisser votre enfant seul avec ses interrogations risque de le déstabiliser. Il compte sur vous, son papa et sa maman, pour l’éclairer. En effet, pour les jeunes enfants, les adultes savent tout et ne se trompent jamais. Si vous esquivez une question, il pourra croire que des sujets ne peuvent pas être abordés ou doivent lui être cachés.

Comment y répondre

Pour répondre aux questions des enfants, il convient de poser en premier lieu un principe de compréhension : «je comprends que tu me poses cette question. Tout le

monde à un moment ou à un autre a envie de savoir». Deuxièmement, il faut situer où en est intellectuellement l'enfant : «et toi, pourquoi justement tu me poses cette question ? Qu'est-ce que tu crois ? Quel est ton avis pour le moment ?» Écouter les explications de l'enfant avec attention et respect, sans jamais le rabaisser, ce n'est vraiment pas le moment ! Enfin, lui fournir des réponses authentiques, mais dans son langage à lui et à son niveau de représentation. On peut utiliser des métaphores (pour faire un bébé, c'est comme si le papa donnait une petite graine à la maman, la clé est d'utiliser une formulation utilisant «comme si»). Lorsque votre enfant vous pose une question, commencez par lui demander ce qu'il en pense lui. Et partez ensuite de sa croyance pour lui répondre. De manière générale, ne fuyez pas la question. Si sa demande vous prend de court, n'hésitez pas à lui dire que pour l'instant, vous n'avez pas trouvé comment lui expliquer et que vous lui direz demain. Et surtout, tenez votre promesse ! Évitez de vous contenter d'un «c'est trop compliqué» ou «je ne sais pas» qui ne sont pas des réponses satisfaisantes. Soit vous arrivez à simplifier rapidement, soit vous prenez le temps de réfléchir et reprenez la discussion le lendemain. Quand vous ne savez vraiment pas, faites-vous aider d'un livre sur le sujet. Enfin, sachez que souvent, la première question d'un enfant témoigne d'une vraie curiosité, mais que les suivantes ne sont parfois que des demandes destinées à attirer votre attention. Dans ces cas-là, indiquez «tu as le droit à trois "pourquoi" aujourd'hui. Je te répondrai demain.» n Priscilla Maingre

EXPLICATIONS Par Bernard Corbel Psychologue à Casablanca

«Tous les sujets doivent être abordés quel que soit l'âge de l'enfant» Faut-il y répondre ou ignorer les questions embarrassantes des enfants ?

nous l'avons dit, en adaptant notre niveau de réponse aux capacités de compréhension du petit et à son niveau actuel de représentation de la chose en question. Il arrive que l'adulte soit désarmé devant certaines questions dans lesquelles il ressent ses propres limites. Il faut donc bien chercher à comprendre l'enfant, chercher d'autres questions ou autres formulations pour le même sujet avec lui. On peut aborder une réponse nuancée de type «certains croient que... et d'autres pensent plutôt que... pour ma part j'imagine que...» «Les scientifiques nous apprennent que...» Il est possible de dire à l'enfant «ta question me paraît si importante que je vais y réfléchir, et t'y répondre demain (il est indispensable de tenir sa promesse).

Est-ce normal ? Pourquoi posent-ils toutes ces questions ?

Après les questions opératoires et à partir de 3,5 ans, l'enfant commence à poser, nous l'avons dit, des questions d'ordre philosophiques. Les questions les plus fréquentes portent sur l'amour, la procréation, la mort, la croyance en Dieu, le bien, le mal, la vérité et le mensonge, la justice et l'injustice, la richesse et la pauvreté, la guerre et la paix, être amoureux ou pas, le mariage et le divorce... Que du pain sur la planche pour les parents et les éducateurs ! Idéalement, les parents et les éducateurs devraient se documenter (Internet ou libraires) sur ces différents thèmes qui, de toute façon, rejailliront plusieurs fois à différents âges et correspondant à une maturation psychologique et intellectuelle de l'enfant. Les adultes ont tout avantage à pouvoir être là au bon moment avec les bonnes explications pour leurs enfants ou ceux dont ils ont la charge. Souvent, l'enfant se souviendra de ces explications pendant des années, voire toute sa vie.

Ignorer les questions des enfants est une attitude néfaste : l'enfant se sent rejeté et sa pensée reniée. Le silence traduit le choc chez l'adulte et renvoie à la notion de tabou sur l'objet de la question. Donc l'enfant subit à la fois une humiliation due au manque de considération envers sa personne et une initiation aux «interdits» psychologiques, les interdits de dire. C'est dans cet univers psychique silencieux que les fausses théories dangereuses pour la santé et les impulsions comme la curiosité malsaine sont élaborées, c'est-à-dire que l'enfant cherchera des réponses dans des comportements transgressifs autant qu'il les dissimulera.

À l'âge de 2 ans et demi, les questions portent sur des opérations ou des tâches que réalisent les adultes. L'enfant se situe dans l'univers des actions et cherche à acquérir un savoir opératoire. Dès que possible, il le transfère dans ses jeux ce qui le fait rêver tout en lui permettant une intégration. Son intelligence est en pleine construction. Plus tard, ses questions portent davantage sur des concepts et des abstractions qui renvoient à des préoccupations de plus en plus philosophiques. Non seulement ces questions sont normales, mais surtout elles sont indispensables au développement sain de la petite personne qu'est l'enfant. Son humanité et son intelligence y sont aux aguets.

Y a-t-il une limite d’âge pour aborder certains sujets ?

Tous les sujets doivent être abordés quel que soit l'âge de l'enfant, comme

Quelles sont les questions les plus fréquentes ?



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