" Congo, le Renouveau"

Page 7

Fridolin Kasweshi,Ministre des Infrastructures

F

lieux sans oublier le côté sécuritaire de ce travail. De meilleures routes, cela signifie aussi un meilleur contrôle de notre territoire”, explique le ministre. “Nous avons défini un réseau prioritaire de 30.000 km et un réseau ultra-prioritaire de 17.000 km. Pour parvenir à nos fins, comme l’Etat n’a pas le moyen de tout financer sur son budget, nous avons

“Le défi du XXIe siècle” trois types de financements. Le premier, c’est le trésor public, nous avons ensuite une intervention des bailleurs de fonds internationaux en bilatéral ou en multilatéral et, enfin, des partenariats public-privé. Ici, il s’agit essentiellement de concessions pour certains tronçons jugés rentables. Les investisseurs privés se paient ensuite via un péage et assurent aussi la gestion de l’axe routier”, poursuit M. Kasweshi. Les chiffres avancés démontrent à souhait l’étendue de la tâche. En 2006, sur les 59.000 kilomètres gérés directement par le ministère des infrastructures, 4,5% étaient considérés comme étant en “bon état”. Fin 2011, le chiffre atteignait les 15% et montait même à 20% un an plus tard. Dans ce contexte, la Route Nationale 1, est l’axe privilégié. La N1 doit relier à terme le port de Matadi, dans le Bas-Congo, à Lubumbashi, la capitale du Katanga, “Aujourd’hui, sur cet axe qui passe par 6 provinces, nous sommes arrivés à la frontière entre le Bandundu et le Kasaï occidental”, explique le chef de cabinet du ministre. “Pour arriver jusqu’à Tshikapa, nous disposons de fonds européens et de la Banque africaine de développement (BAD). L’objectif final est de relier

Une explication qui justifie pleinement le discours du ministre Kasweshi qui a dans sa compétence, notamment, la gestion des routes d’intérêt général et des routes structurantes. “Ce réseau représente 159.000 kilomètres de routes nationales et provinciales”, explique-t-on dans son ministère. Sur ces 159.000 kilomètres, le ministre des infrastructures en gère directement 59.000. “Nos objectifs, c’est de relier entre eux les grands centres économiques, les grands chefsRépublique Démocratique du Congo

ETAT DU RESEAU ROUTIER D'INTERET GENERAL DE LA RDC (58 129 KM : RÉSEAU NOMINAL)

Ministère de l'Aménagement du Territoire, Urbanisme, Habitat, Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction Cellule Infrastructures ICAINE CENTRAFR REPUBLIQUE

(31 DECEMBRE 2012. SOURCES : OFFICE DES ROUTES) SOUDAN

9 RP41

Zongo ! .

RN

. !

Gbadolite

23

RN

! .

UN

RN

Libenge

4

! .

Bondo

. ! RN26

CAM E RO

24

. !

. !

Gemena . !

. ! . !

RN 6

! .

. ! Aketi

. !

Buta

! .

Isiro

! .

Aru

. ! Bumba

. !

! .

Basoko

! . RN22

. RN8 !

. ! Bikoro

! .

! .

Opala

! .

Kiri

RN7

31

! .

Kikwit

! .

! .

Idiofa

. !

. . ! ! . !

. !

.! ! .

! .

Popokabaka

RN2

. !

RN7

Mweka

. !

Luebo

. !

. !

BU

Kongolo

. !

Kaniama

ue ntiq

! .

. !

. !

Manono

RN34

RN 39

ika

RN 1

. !

Kamina

! .

Lubudi

R

! . ! .

Mutshatsha

. !

Kolwezi

. ! 38 . !

N

1

. !

Kipushi

S6 0

3

Bon (8 631,7 km soit 14,8% du RRIG de la RDC dont 6 786,2 km de RN)

. !

Moyen (5 903,1 km soit 10,2% du RRIG de la RDC don 4 190 km de RN)

Non connu (31 814,7 km soit 54,7% du RRIG de la RDC dont 3 634,4 km de RN)

Likasi R

Kasomeno

Lubumbashi . !

ZAMBIE

Kasenga

.N36 ! R

! .

Sakania

BIE

RN

Etat du RRIG de la RDC (58 129km) au 30 septembre 2012

. !

M ZA

Dilolo

Pweto

. !

. ! RN39

! .

ny nga

Atla

. !

5

an O cé

. !

Mwene Ditu

Ta Lac

RN

! .

RN33

Luiza

! .

Mauvais (11 779,5 km soit 20,3% du RRIG de la RDC dont 6 281,8 km de RN)

Kalemie

. Kabinda !

RN2

Katanga

LA

. ! Fizi

Mbuji Mayi

! .

GO

Uvira

R N5

! .

Kasongo

! .

Kananga

. !

! .

AN

27

! .

. !

2

Tshikapa

! .

Lusambo

RN

! .

Kasai Oriental

DA

. ! Mwenga

RN35

! .

41

R

Kenge

20

! . N1

. !

AN RW

Walungu

. !

Kasai Occidental

RN

Matadi

. !

! . Mbanza Ngungu . !

. . ! !

. !

. ! . !

Bulungu

RN

Boma . Moanda ! ! .! .

. !

Madimba

. !

! .

Sud-Kivu . !

42

Luozi

! .

Maniema

Lodja

RN

12 RN

! .

. ! Bas-Congo

RN16

Tshela

Kindu

Shabunda

Bukavu

RN40

1

! .

. !

! .

! . Masi Manimba

Rutshuru

Goma

I

. !

801

19

Bandundu

. !

! .

. !

RN

Lomela

Oshwe

Bagata

. !

Masisi

4 31

RP

! .

RN

Kinshasa RN

! .

. !

! .

. ! ! .

R

RN9

Bandundu ! .

Walikale

. !

! .

RN17

. !

! .

3

. !

Punia

RN

Mushie

Nord-Kivu . !

P

Inongo

. !

! .

! .

Lubutu

Ikela

! .

. ! .! ! .

. !

Ubundu

RP527

RE PU B

! .

Beni! .

. !

. ! . !

. !

RN

! . . !

Boende

Ingende

7

! .

. ! Bafwasende

RN4

33

LIQ

! .

. !

. !

Mbandaka

Kisangani

RN27

RN

UE

DU

. !

Isangi

. Yangambi ! . !

RN

CO

GA B O

N

NG

O

Fleuve

. !

. !

Bunia

NDA

Basankusu

. !

Mambasa . ! ! .

TANZANIE

o

Banalia

RN44

g on

! .

Mahagi

OU G A

Equateur C

! .

0

Orientale

ND

! .

RU

Lisala

RN25

. !

RP

. !

43

ECONOMIE

ridolin Kasweshi ne chôme pas. Sa carte de visite explique en grande partie cette activité débordante. Le ministre Kasweshi, un des plus anciens ministres en place en RDC, a dans ses compétences l’Aménagement du territoire, l’urbanisme, l’habitat, les infrastructures, les travaux publics et la reconstruction. Un ensemble cohérent pour autant de défis majeurs dans un pays en pleine reconstruction. Tous les aspects du ministère sont cruciaux pour le pays. Mais s’il fallait ressortir un élément du lot, ce serait incontestablement la reconstruction du réseau routier. Un eneju majeur dans ce pays où, le manque d’investissements et les conflits ont mis à mal des milliers de kilomètres de voiries pourtant cruciales pour toute l’économie. “Comment motiver un agriculteur à produire s’il sait que sa production ne sortira pas de son exploitation faute de voies praticales”, explique le représentant d’une coopérative du Bandundu qui, aujourd’hui, a retrouvé le sourire avec la réfection de la Nationale 1 qui a remis Kinshasa à moins de six heures de son exploitation. “il y a encore deux bonnes années, c’était impossible d’envisager de commercialiser nos produits dans la capitale”, se souvient-il. “Il fallait plus d’une semaine pour faire le trajet. Du coup, une bonne partie de nos terrains ont été rendus à la nature. Aujourd’hui, nous avons recommencé à exploiter pratiquement nos 120 hectares et nous envisageons de nous étendre. La demande est là. Elle a toujurs été là. Ce qui a changé, c’est le retour d’une route en bon état. C’est déterminant”,

12

République Démocratique Démocratique du du Congo, Congo, le le renouveau renouveau République

0

100

200 Km

Echelle : 1:7 589 230

²

Réalisation : Unité SIG de la Cellule Infrastructures, (février 2013) Sources : OR 31/12/2012, CI et RGC

Un milliard de Congolais

B Lubumbashi, soit 3.300 km, mais pour y parvenir, nous avons encore besoin de trouver d’autres partenaires. Mais nous sommes optimistes, dans 3 à 5 ans, nous disposerons d’une ossature qui permettra de relier tous les chefs-lieux du pays.” Mais la RDC le sait trop bien, il ne suffit pas de construire, il faut aussi entretenir ces tronçons synonymes de reprise de la vie économique. C’est notamment pour répondre à ce besoin qu’a été créé le Foner (le fonds national d’entretien routier). Un organisme qui a mobilisé de septembre 2009 à novembre 2012, des recettes de l’ordre de 235 millions de dollars dont 98% proviennent de la redevance sur les carburants terrestres et 2% des droits de péages sur le réseau non concédé. Avec ces ressources, le Foner a financé les projets et travaux d’entretien routier à hauteur de près de 207 millions de dollars. “C’est un outil essentiel mais pas suffisant. Il faut une appropriation des axes routiers par les populations locales”, poursuit-on au ministère. “Ce n’est pas un væu pieu, les populations locales comprennent qu’elles ont besoin de bonnes routes pour développer leur business. Si nous avons des axes prioritaires, nous avons aussi mis à la disposition de chaque province des entreprises privées qui vont faire de l’asphaltage. Toutes les provinces, même les plus petites, disposent désormais de ce service. Aujourd’hui, la plupart de ces sociétés privées sont étrangères. Nous n’avons pas le choix. Ce sont des appels d’offre publics et la plupart des entreprises congolaises n’ont pas les moyens d’y souscrire. Mais, là aussi, on voit que les choses sont en train de changer avec la renaissance de Safricas.” Chaque année, la RDC investit entre 300 et 400 millions de dollars dans ses infrastructures. Un investissemnt crucial qui doit participer à la relance économique de ce géant du continent africain qui a une belle carte à jouer tant les routes actuelles sont encombrées. Le projet de port en eau profonde de Banana, dans le Bas-Congo est aussi un élément essentiel du futur de ce pays quand on voit l’engorgement des ports de Dar es Salam (Tanzanie), Mombasa (Kénya) ou même Pointe Noire (Congo Brazzaville). Les études progressent; les candidats à la construction jouent des coudes pour trouver une place dans ce projet pharaonique qui devrait d’ailleurs s’accompagner d’un autre travail d’art, le pont qui doit relier Kinshasa à Brazzaville. La position centrale de la RDC l’a rend incontournable pour le développement d’un continent inévitablement appelé à se développer.

eaucoup de Congolais parlent aujourd’hui d’un pays semblable à un train à deux vitesses. Dans le premier attelage, la première classe, on retrouverait Kinshasa et le sud-Katanga, Le reste du territoire, à l’exception de la route qui va de Matadi à Kinshasa, serait relégué en seconde classe. “Toutes les provinces ont des axes prioritaires”, répond le ministre Kasweshi, qui reconnaît toutefois que la capitale a profité de quelques privilèges. “Kinshasa est notre capitale et donc aussi notre vitrine. En plus, il y a eu des événements (comme le sommet de la Francophonie en octobre 2012) qui nous ont obligé à faire des efforts plus rapides pour Kinshasa.” La capitale de la RDC connaît aujourd’hui une urbanisation galopante. Plus de dix millions de Congolais vivent désormais dans cette ville province et toutes les études statistiques sont d’accord sur un point : cette urbanisation n’est pas prête de se terminer. Selon ces études internationales, la population de Kinshasa double tous les 15 ans. Il faut donc s’attendre à ce la ville accueille près de 25 millions de Congolais en 2030 et 50 millions avant 2050. Les mêmes études, portées au niveau de l’ensemble du pays, annoncent que la République démocratique du Congo sera le pays le plus peuplé du continent africain à l’aube de 2100, avec une population qui devrait avoisiner le milliard. Au niveau de l’ensemble du pays, la population double en effet tous les 20 ans. Partant du chiffre de 65 millions de Congolais en 2015, ce qui est déjà en déça de la vérité, le pays devrait ainsi compter 130 millions d’individus en 2035, 260 millions en 2055, 520 millions en 2075 et donc plus d’un milliard de Congolais à l’aube du prochain centenaire. Un développement démographique qui n’ira pas sans poser de solides défis à l’ensemble du pays. En mai dernier, de passage devant le Sénat, le ministre Kasweshi a été interpellé sur certains désagréments rencontrés dans le centre de Kinshasa en période de pluie. Le boulevard du 30 juin, flambant neuf, n’étant pas épargné par ces soucis. En guise de réponse, le ministre avait déjà pointé l’urbanisation galopante de la capitale qui “fait que le réseau d’assainissement du boulevard du 30 juin ainsi que d’autres avenues de Kinshasa est devenu inadapté. Il faut aussi expliquer que des constructions anarchiques ont bouché une grande partie du réseau d’égout.” Du coup, après avoir résolu le problème de circulation lié à l’état et à la largeur du boulevard, le ministère s’est attelé à planifier la construction de nouveaux canivaux et l’élargissement des conduites existantes. Le travail ne manque pas dans la capitale et l’évolution démographique ne devrait pas faciliter la tâche des services du ministre Kasweshi dans les prochaines années.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.