Ferhat Abbas L'Independance Confisquée

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'\1'''" M'lM ~n~ dl' ~uC'rTI". nl1d"pt'Od~nl'" ~ procbmh' ''' inilkt ~'J6~ . M~is rit" l"St C'f ",nM/llk PU""11 8dla d·abord. p~r ROlimediC'lI C' el1~uilt. En umlaltt iml"'~t'r If -soci:di Slllr- rt l'II s"nnlt'llanT l'Alt:"rir li. leur pouml. pt'rsonnd. ils ont t·"tr~,t . ... Ul holml"n tt '1r~hl II:' unI: dr" fhollh3d~·. ruhal Abbas anal)!Il' ln diffif1lllh dr 1',\lgtrir ilia lumltre du p~~."" historique. dC' la nllol1is~tiu" . de l'nt*rlel1fC' dl' ta "rhulution pu la loi" CI d~ la luUC' a.m«. I'oll' Ini. Il' pal's prut t"'KI'tr wn ~quilihrr ~n _ I:"u rMrit~~r dt l'Islam. U dimension rc!i/lirusc ('t social". ct la fom"'pt;on liMralr dr 13 dfmocr.die. l in thlOil:nagl' luei.!\' ct ,tn ~...,u.\ Su. rA]I:~rir. Slir Il' tlt.s IIIondr . ~

•"1 m IN!)!) li Tnbl'r (1'('1111' KnbJ'IIt). Frr/,," Abbrts. rtprts du tf IIdr-«" ,lIgr l'. s '1" sl a lit!Ph4 l'''' tI l'Il''' li SIl if,1f d f/l'"d nrll· l'tml'''1 Il's drofl.l dt' 14 romnumnlllë mllSllllllllnt' t'I ",,1Kt' tn 194; /... Manifu lC' allltrltn ./I/olld" rU.1UI.A. t'n l'Ull.....JO/II' ft' f :/. N. t'II 1')5-1 1'1 41'1'11'111 prrsldl'III du (,'.l'./tA. Il d;mls· sltlNllr 41' la p"Slll rll('l" 4 ... l ibsttllblh n1i1l01/4/... consllI"alllr tll 1,6;, ,11I1t l'II " sfdrllcr ,,,,.,.rlllft' par /kil BrUn 1'1 ptlr Rflllmrdlt'rtt, l'frbnl Abbns, qul!l '~Iull rrlirêdr III ('1" pail· IIqllt, a III rlllrgi par 1... pris/drill (:bndll. Il fi pl/bm prlcldtmtl/rnl , I~ JC'unt All:h·iC',l. La Nuil Nluniale'. Au topsie: d 'unt I(IIHI'r.


L'INDËPENDANCE CONFISQUËE

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FER H AT ABBAS

DU MI!ME AUTEUR

Jr~1W

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AlgI'/nI. U Jeune: l'a"luc. l'U o. Ré&!. Garniu ,

1981.

Nui' «>IOII/"/r. Julliard. 1%2 AU'''f'Slt ,rUIW '~"'t, l'Aurore, G"nic •• 19BO. Ûl

L'INDÉPENDANCE CONFISQUÉE 1962- 1978


A la jeunesse a lgérienne

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à la jeunesse du Maghreb

L'Indépendance confisquée 1962-1978 Ferhat Abbas Flammarion Paris 1984

Je vous dédie cc livre: l'our Ijue l'A lgé rie, dans un Maghreb renaissant, sc dc:.'eloppe comme une patrie r:adic:use oU tous tes Algériens, sa ns distinct ion d'opinion, se ront heureux de vi"re, l'our que la famille demeure la cellule sociale, $OUrce d'énergie, d'esprit d'entreprise ct de solidarité I13tionale, Pour que l'Islam, foi de nos pères ct de nos ehouhada, rcste la pierre angulaire $ur laquelle s'~difieront le renouveau et la gr:lndeur de notre

",...

Pour que ,'ous soyez fiers de ootre race et de not re civi l i~t ion, ~n s tomber dans le rac isme ct sans m~priser aucune autre civilisation, l'our Ijue le Mllg hreb devienne une gr:lnde communauté unie par le sang el p;ar la roi de nos aneètres ct s'impose, comme telle, OIU monde c~têrieur, Pour que la cultu re ct la seience assurent ,'otre promotion s.1ns pour autant couper Ics racines qui VOU$ r:lllachent au JlCuple rural ct à ,'Otre milicu social. l'our que "OIlS vous nourrissiez d'humanisme, de poésie, d'alllour ct d'art, Pour que vous soyez des hommes respon.ables et libres, respectueux des droits et des libertés d'autrui, F. A. 7


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AVANT-PROPOS /II~ NKIt~: fWU >.""

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l)cpuÎs le S juillet 1962. l'Algérie est indépendante. ~!Jis aucune loi n'c.1 inlc rI'cnut pour prOlégcr les citoyc:ns CQnlr<: les abus du pouvoir. Le 3 j uillet 1964 il 2 1 h Cllre.~, d ~ policiers. tels des malfaiteurs. escaladère nt ta clôture de ma villa à Kouba (Alger) cl sc pr':scnlè rcnL li ma porte, mi t railJettes au~ poings. J'étais couché. Mon épouse leur oo \',il la porle ct fUI sa isie de frnycu r devant ces hommes armés. Ces policiers. conduits p.u le cornmi~irc ccntr:tl. feu Il amadcchc. \'cn:,iel1l poUl m'arn:tcr cl me conduirç je ne sais ou. Ils n':l\'aicnl aucun mandat d'arrêt. Je ne co nn aissa is ni le commiSS<lirc. ni IIl1cun de ces agenlS. J'ai donc refusé de les sui vre. Après une longue ct pénible discussion. ils c3pim1. Le Cor.an. _"'le 2. _ t:. ,""che _. v. 2U.

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, lèrcl'll. Néanmoins. ils În\'CStircnL la m:llson. I.e lendemain, ct jusqu'au 19 aOÎlt. des policiers en armes CI pM groupes de quatre montèrent la garde, jour ct nuit. au tour de ma demeure. Le 19:1oÎlt, un inspecteur, accompagné de deux policiers, sc présenta 11 8 heures du malin pour m'informer que le commissaire central dé!;irait me voir. Je lcs ai suiyis. Je fus CQnduit d'abord dans un ootiment su r [es hauteurs de Saint·Eugène. aujou rd'hui Dologhine. ensui te à El Biaf, dc\'a m les locaux de la Sécu rité gértêrale. Une aulre \'Ol lure m'emmena d:lns une villa, ancienne clinique désaf· feclée, où je fuS enfermé jusqu'au 30 octobre. Dès que j'cus quiLlé la maison, la po lice sc mil à pcrquisitionflcr c hez moi, au m~pris de la loi. En rouil13nl, clic trouva une Icllrc que mon fils. étudiant de 19 ans, m'avait envoyé il Sétif oU je me trouvais en avril 1964, Il me disait qu'un ami était vcnu m'a,'crtir qu'il t tait question dc mon :mest:uion et que je dcvais prendre mes précautions, Je: n'avais aucune précaution il prc:ndre, Je n'élais mêlé ni de près ni de loin aux événemenls du jour ct n'avai s rien :1 cacher, En découvrent cctte lcmc, la police arrêta mon fils el l'emmena il l'ancienne clinique Roubi où il fui enfermé, lais""nl $:.1. mère en pleurs et dans la désolation , Ma femme avait déjà subi d'autres ~pre u\'es . En 1945, après les tvtncments du 8 mai, clic fut arrê tée ct enferm~e il la pri50n d'E l 1-larF.lc h, a"cc les condamn~es de droit commun. Elle y demeura un mois. Ensuite elle fut dirigée sur I~ camp d'Akbou, une case rne d~saffeClée où étaient détenues des femmes d'origine italienne ct allemande. Après la fermeture de cc camp, en janvier 1946, elle fut plac~e en résidence surveillée 11 RelizallC, alors qu'une telle mesure avait êté supprimé<: par la b'êe de l'état de siègc. 10

Elle n'a été libéré<: que lorsque je te fus moi·mcme. après le 16 mars 1946. Cependant elle n'a jamais élé a ussi malheureuse ni n'a souffert au t:lllt que le jour où la police de Ben Il-clla lui arracha son fils et le conduisit vers une destination inconnue. En l'absence de Ben Bella, notre fils fu t libéré le 24 septembre par Boumediene gr:ice :\ l'inle n 'ention du Dr ,\hmed Francis ct de Cherif Belkacem, ministre de l'Ilduca tion. Il sorlil fortement éprouvé el ph}'siqucmen t affaibli par les condi tions dc 53 dé tention ct les épre uves subies. A El Diar, j'éta is au secret. Mais j'ai su ccpendant que j'avais beaucoup de compagnons dïnfOTlune: le président Fares, l'ancien ministre de la Justice Amar Bcntoumi, le commandant AZ7.edine, le commanda nt Larbi Berrcdjem de la Wila)'a Il , Io:.~ frères de J'ancien ministre des P.T.T. Hassani, les députés Bouah:m Oussedi k, 8r:ahim Me7.houdi, etc. Le samedi 31 octobre il 2 heures du m:ltin, certains d'entre nous furent réveillés. I.e lic ut enan t cha rgé de notre sUr\'eillance nous informa que nous étions libêrés. Nou s nous prl!par;îmcs ct dcs voitures nous emmenèrent su r un e place d'El Biar où le directeur de la Sùreté nationale, N:ldir Yadi, nous attendait. Celui-ci nous fit mettre 10:$ menottes, fit cnc~drcr chacun de nous par deux policiers t3ndis que deux alllres sc relayaien t au volant des \'oitu res qui sc dirigèrent vers le Sud ornnaÎs. Je dois dire quc dès le départ du directcu r de la Sûre té, ct â peine avions· nous fait une centaine de mètres, que le policier responsable de ma voiture m'ôta les mcnOLtes.• Je n'admet~ pas, dit-il, qu'on mette do:$ mcnottes à nOIre pè re ct au père de notre indépendance .• En roule, j'avais cu froid, car j'élais légèrement \·<:Iu. le même agent me remit UTlC chemise plus chaude que la micnne ct m'en re\·<: tit malgré mes protestations. Nous anivames ;\ lléchar vers minuil.

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, Nous rümcs conduils dans dc.~ pii:cc.~ vides. Je rédImai un malclas CI des COl,m;rl ures. Le "'ali' , Rachid "li 1'3ch. Ille les fi l porler. I.e IcrKIc main ,- novembre. et :1 l'occasion de te jour anniversai re. le commi~'\.,1ire de police de la loca lité nous informa que oous êlio!'l.~ ses i'lI'itês CI que nous aviOns droit au couscous tradit ionnel. Nous n'étions plus que qualre: üenlourni. Mczhoudi. Ous:;edik el moi·même. Les aul res délcnus avaient (It dirigés, la nuit même. s ur d'aut res licu~ : 11:: comman· dan l Antd ine à Tamanrasset. le présidenL Fares il Ain Salah. le comm:.ndanl I.3rbi BcrrcdjclIl à AI'lou. Je fis remarquer au commissaire. au cours du rcp:!s, qu'il risquait sa rê"OC<Ition. "El après? me répoodÎt· il. les porles de Dieu son t larg~s .• Nous élioJt~ daM le Sud. oil les nuits sont fr.. khcs. Le même commissaire 4uill:l so n pardessus ct me le donna .• Vous me le rendrez lorsque ~ous serez li~ré., me dil-il. Le lendemain, nous primes la route toujours en di rec tion du Sud, sans savoir où nous allions. Avant d'arr;l'er il ,\drar, le chef ~e I:i Daira ' vint à notre rencontre. C'ét~i t Si Ilelk:!eem Ik nb:,atouchc de Barika dont je eonn:lissais bicn 13 famille. Son accueil fu t trh cordial. A Adr:lr. on nous plaça. Ikm oumi et moi. da ns dcu)( villas jumelles al'ce jardin commun. Cc." là quc nous ,·éciimcs. Hcntou' mi. coléreux ct broyant du noir, ct moi. vil-ant philo:;ophiqucment 13. oû Dieu m'aVôlit «m~ui t . I';ime cn paix ct la conscience tmnquille. Les députés Mezhoudi ct Ousscdik furent dirigé.~ sur TiminlOUn. Nos famill ..."i furent autorisées à nous rendre vilite. Mon épouse fi l plusie urs fois le voyage Algc r-Admr pour me ravitailler et m'apporter ~u linge. Mon fils, mes ne vcux ct nietes vinrent également me l'oir 2. Wall: préfet. J. /Ni,a: .....s-prif«'urc:.

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accompagnés de mon fidelc ami Hadj Djaballah de Blid a. Cest dnns celle villa du Sud quc j"appris la mor t du regreHé Cheikh 1:1 Bachi r Ibrahimi. ancien présidcn t de l'association des Oulémas. Une grande figure de l'Islam disparaissait! Chei kh El Baehi r fut mon co:n:'~gnort de cellulc après mai 1945, il la prison m~1t.t:lLTc de Co nstantine. Il rut a ussi mon pè re spm tuel. La oouvellc du décès de moo ami Abdclui~ Kessous me p-1rvint également! Adror. Aliz Kessous avai t été mon condisciple au çoll~ge de Ski kda. Il avait é té UII grand mi lita nt de la cause algérienne. Il ~irigea avec moi le journal Ct:",!'",!' en 1938. le ~u rllal t:galirl, de"cnu ensuite la Rfpubliqut algf.. rI!'nnf!. de 1944 3. 1954. Je rai beaucoup regrelté. C'est :tussi du rant ma détention que mon :lmi ct collaboro te ur à la préside nce dc l'Assemblée nationa le eonstiwame, I. ueien Angeli. fut e~pu lsé du lerritoire na tiona l. Arrêté dans la rue, la police ne lui la issa même pa~ le droit de se rendre à son domkile poor y prendre ses affai res personnelles. Nous fii mes libérés, Bemou mi fin mai, el nlOi le 8 juin 1965. Ccs événemems se passèrent alors que Ben Bella dé tenait le poul·oir. Mais il ne devai t pas le g.1 rd er longtemps puisqu"il fut arrê lé lc 19j uin.

Lc 10 man 1976. il 71\30, la police frappa de nouveau à ma pon e. C'étai t le commissaire de police de Koubn. accompagné de deux policiers en civil. Il "cnait me sig nificr que j'é tais placé en résidence surveillée dans ma propre villa. Il mïnforma que mon téléphone allai t é tre coupé ct que tOUIC visite était interdite, à l'exception de celle des membres de ma famille. Je lui demandai s'il ava il un mandat motivan t celte mesure. Il n'avai t rien. Jc lui remis alors une protes tati on écr itc dans laque lle je m'é leIJ


vais cotUre ce procédé arbi lraire I/ui porlail allcintc li m~ liberté sans qu'aucune accu§3tion officielle ne soil portée à ma connaissance, Cetle fois-ci. l'Algérie vivait sous 13 férule du colonel Boumediene, de son vr,Ji nom Mohanled Boukharouba, Une $Cmainc plus ta rd, j'appris que nia pharmacie él:lil confisquée el mon compte en banque bloq u ~, Boumediene ne s'inquiéta nullement de savoir si j'avais les nlo)'ens de subl'eniT à mes besoins ct 11 ceu~ de ma famille, lieureusement des amis m'apportèrent leur :lide. Celle si tuation dur:!. jusqu'au 13juin 1977, Cc jour·là, il 22 heures, un inspecteur de police vint m'informer Que la sur veillance policière au tour de ma demeure était levée ct que je pouvais cireulcr librement en Algérie. Mon jmssc port llC me fut rendu qu'après la mort de Boumediene, survenue le 28décembre 1978. Quant li ma ph:umacie, elle ne me sera restituée Qu'en j:tnvic r 1982, J'ai supporté CCI arbitrai rc .~ ns mc plaindre. Je le eonsidér.tis. dans le régime sous lequel nous vivions. ccmme éta nt dans la n:lIure des choses. L'Algérie tout entière n·était·dle pas soumise au bon plaisir du pouvoi r perronncl ct priso nnière de l'au tori tarisme? Lorsque le poul'oir ne repose sur aucune légalité ct encore moins sur la légitimité, ces e~cês sonl prévi· si blcs.

En 1964, je fus arrêté parce que je ne voulais pas suivre Ben Bella dans son aventurisme ct son gau· ehisme effréné, J'ai démissiooné de la ptisidellCC de l'Assemblée na tionale constituante dès le jour oû la Cons titution du pays f~t di scutée ct adoptée en dehors de l'Assemblée Que je présidais ct des députés élus pour cc faire. la discussion ct l'adoption curent pou r cadre une sa lle de cinéma de la vi lle, • Le 14

~hjeslic _. U fut insl ilutionna li~ le parti unique. à l'instar des démocra ties populaires. Ben Bella s'é tai t i m~giné qu e je devenais un olr.;tacle à sa politique. alors que je voulais si mp lement Cllprimer publiquement mon refus de participer à la • soviélisa,!ion. de mon jm}'S, entreprise cngagée ~ nlre la ~olonlé de nOI re peuple. Après ma démission, la radio d'A lge r ct la presse m'injuriè rcnt. Puis Den Alla, qui me remplaça, par la suite, à la présiderlC<: de l'Assemblée nationale cons· tituante, tint une confé rence de prcs.sc au cours de laquelle il annOllÇa ma radia tion du F. L. N. Qui me radiait? !Jen Bella? Ben Alla? Le Bureau poli tiq ue? Ni les uns ni les autres n'avaien t au toritë pour le faire. L'Assemblée nationale? Elle n'avait pas été ccnsultée. Le Comité cen tra l? II n'e~is tai t pas. En vérité, Ben Bella ct Ben Alla s'imaginaient que j'ét:!is un la rbin à leu r scryice, Ce en quoi ils se trompaien t J'u n et l'autre. Nous savons que Ben AlI;1 a pas~ les années de guerre en prison, Abane Ramdane m'a ccnfié qu'a u moment dc son arresta· tion, il tenait en mains une miuaillcllc chargée cl qu'il s'étail bicn g:mlé de s'en servir. Tel fuI le ccmporlcnle nt de notre p r~ tendue • élite ré~0IutiOlln3ire. qui s'est permis de nous juger! A son tour, Boumediene me plaça en résidence surveillée jmrce que j'ava is signé avC(: Cheikh Khei· reddine, ancien yiee·présidcnl des Oulémas, Ben Khedda ancien président du G, I'. R.I\., CI Lahoue l Hocine, ancien secrétaire géné ral du M .T ,L. O.. un appe l au peuple algérien. Âvan t d'êlre diffusé, l'appel rut remis en main propre !l Boumedicne. Nous n'avions pas li nous cacher. Nous affi rmions, au gl1lnd jour. notre conce ption de l'ul'c nir ct notre rerus de subir le pouvoi r pefl\.Onnel ' .

4. Voir. en

anno:~c,

rappel au peuple.

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C'ét:!it no ire d roi t CI !lOlre de"oir, d':IUI:!nl plus que le 1" novembre 1975, d~ns une réunion publique, Boumediene :!vnit annoncé il son :!udiloire qu'i l allai t dote r l'Algérie d'une OOUYl:lle cha rte - la cinquième depuis le ,- novembre 1954 - ct d'une nou" e l1e Constilut ion, que chacun pourrait disc uter. ° Duranl cette pé riode, ava il, il ajouté, le déba t sera ou,'e rt à toutCS 1e.~ opinions, à toules les idées, dans la liberté tota le. ° Nous ayons applaudi à l'annonce de cc débat, e3 r, pour la premiè n:: fois depuis l'i ndépendance, le po uvoir allait enfin donne r ra parole ::IU pcuple. Mais nous dùmes d6ehanter très YÎt e, Je rappellerai a u;( dHenseurs de Boumediene que même son ami Goorges Marchais, tout co mmuni ste ~talin ie n qu'il c.~t , venait de publ ie r un livre où il défe ndait âprement la liberté d'e xpress ion. Il y ée ri yait : Il faui toujours êlll: en larde contre la tentation de substituer ~ l'effort dé mocratique de convic tion, de confrontation et de bataille d'idées. les facili tés de l'au tori té el de réprcssion. C'esl pourqu oi il est n:JlUrcl que nous uprimions not re désaccord :lYCC les mesurcs r~ prcss i\'cs qui 311enlenl :lux libcrta d'opinion, d'nprcssion ou de crt:nion où qu 'clics soient prises. C'est ainsi, par ex emple, que nous ne C3chon~ fUs que nous avons une sérieuse divergence ayec le Parti commu nKte de l' Union 501'iét iquc sur la question de la démocra tie. le respect des libert és indiyiduelles et coI lceti,'es, de: la liberté d'cxpression et de cré:uion, entre aUlres, a pour nous une va leu r uniyerselle ct nous le dtrendrollS parlOUl, chaque fois que cela CSI nl!ees· uire, ct SllIIS restriçtion ',

Il n'ét:lit pas interdil de penser que M:m:hais e ilt le nu le même lang3 ge de ya nt Uoum edie ne et que cc S. GCOfSes Msrcl\.)is. l'"rlfNIJ

t911. 16

l'd" dl"'~III,

Paris. Gru<el,

dernic r se fût COnl'Ç rti a u respect du su rrr.lse IIn;"e r· sel c l a u.\ méthodes d ~mocm t iques pou r asseoir léga lement son pou''OÎr. C'é t:l;t mal le connaÎtre, ,\ peine no ire appe l lui fut,iI re mi s q u'il entm d~ns une gr.. ndc colère. Il déciMa devant $CS ministres qu'il allait nou s faire fusiller,J1 n'admetWÎt pas qu 'il y ait des opposants à oon régim e alors qu 'il détenai t le ' pou"oi r depuis doul:e an nécs. Ma is il ne s'cs t jamais inquiété ni de la façon dont il nous gouvernai t ni de celle donc il ayai t pu déten ir le pouvoi r. Nous n'a yons pas été fu si llés. En taUle modc.~tie je pcnse q ue Ics q ua tre mi lit an ts q ue nous sommes a yions déjà défe ndu l'Algérie alo~ que Houmcdiene n'é tait pas cnCOl'e né. NOIre droit il la parole étai t plus légitime que le sien, L'Algérie n'c.~t pas née ayee son coup d"Ëtat du 19 juin 1965. C'est un vi eux pays ri che de m(l:urs anccstralcs, de tmd itiollS ~c ul<tircs de liberté ct d'une belle civi1i:<;alion. Nous l'a \'on:l défendu eo nue le régime colonial. El si oom inalc ur que filt ce r':gi me, il ne nOlis a pas empêchés de fl3rlcr, de critique r, de revend iquer. C'es t srke ~ 1:1 libt:rté de parole que notre pt:uple :1 pu sc: former politiquement cl s';umer moralement, ct Qu'il cst mont':, enfi n, il l'assaut de la forte resse coIoni:lle c t de ses injustices, I.a parole a ses mira· cles, Notre Prophcte l'a oonfi rmé .• rai é té envoyé, dit,iI, avec J'épée ct le Ve rbe ct fai constaté que le Verbe était plus tronehant que J'épée, ~ le Verbe, c'est J'é ti ncelle d'où jai llissent la lumii:re ct la yér ité, La fl3rolc porte en eUe des forces insond<tbles. Sans liberté de parole, un peu ple ne yit pas. Aprês ma prt:mière dé tent ion d:!1lS le S ud en 1964,1965, d'où je suis reyenu malade, un vieux compagnon de lulle m'avait conse illé de .deteler o. «Tu ;IS aSSCl: fail pou r ton p..-'ys, ferme ta porte aux visi teurs, a rrê te- Ioi, Désormais lU as droil au repoli. Que I c.~ jeun es éd ifi en t l'Algé rie «Imme ils l'cnten·

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den\. • C'était le langage de la rJison. Mais pc UI-()f1 viv re pour soi dans une tour d' ivoi re, dans la qu iétude. quand l'injustice. comme unc lèpre. db'ore lou l le corps social d'un pays? L'aveni r de ccu~ qu i na issent. leu r vic. nous son t aussi précieux que le furent les nôtres. Je crois person nel lement que le droi t de: critiquer CI de d~noncc r l'inj usti ce CSI un droi t impresc ri ptib le CI immua ble. Certes. nu crépuscule de la vic, nos fa rtel> d iminuent CI

IIOU~

ne pouvons

plus agi r comme au temps de la jcuneuc. I\lais nous pouvons toujours témoigne r. L'islam le recomma nde. Cc livre esl un simple témoignage S:IIlS aucune ambi ti on person nell e. Je n'écris pas comme d'autres préparent des coups d'É tal. Je ne convoite ni pouvoir

ni lIonneur. je VcUll seulement dire. devant mon pays. cc que j'ai vu et ee que je pellSC. ear que ls ehc~ns tortue ux l'Algé rie indépendante est-clle arri~. vivre sous un régime tota litai re? Les peuples ne choisissent pas le totali tarisme. Il s'impose li eux par la force ou pa r la TUS<:. et les réduÎ t li l'état de fi gurants. Il fau t que chaque citoyen en soi t conscien t. Ces régimes tra hi ssen t l'avenir, trahisS<:nl la mora le ct ses princi pes. Ils son t en contradiction fondamentale avec l'is lam ct les droiu de l'homme. En démocratie réelle, tous les citoyens partic ipen t eff<:<:tivemc:: nt aux aITaires publiques. Le pouvoir émane de la voloo té de tOllS, libremen t exprimée. Cc dogme a prévalu dans !"islam dès la mort du Proph ète. Le Kha life Abou- Bak r a eté élu p.l r loute la commu nau té musu lmane réunie ct consul tée. El cette règle de l'islam cl de la d~moc ratie a été violée chez nous dès la fin de la guerre de libération par des hommes qu i on t fai t fi des sac rifices de notre peuple. en lui confisq uant sa vÎe toi re. A aucu n moment ces

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"

hommes n'ont pensé il. lu i donner la parole, a lo~ que ) lui seul ,.V-JÎt le droit de légiférer pour le pays. Vingt ans on t passé. Les de u:"! hommes qui on t rusé al'<:<: l'histoire ont été écartés par l'h istoi re. Ben BcII3 a été chassé d u pouvoir pa r le coup d'É tal du 19 juin 1965 perpélré pol r le groupe d'Oudja au bé néfice de IklUmediene, son all ié de la veil le et son min istre de la Défense. Celui-ci l'enferma quato rze ans, sans acte d·aceus;lIion. sans jugement. su r simple· lettre de cache t ", comme sous les rois de Fra nce. Son geôlie r pensai t sans dou te :i tout sa uf il son destin et à 13 mor!. Il fu t emporté en pleine force de l'age p3r une gr:l.ve ct bru tale ma ladie, le 28 décem bre 1978. Ains i sc te rm i n~ l'aventu re de deux hommes qui sc considéraie nt, sa ns raison. comme des surhommes. et q ui on t pris I~ pou\'oi r pa r la ruse et pa r la force. Pendan t que le peuple algérien versai t son sang par flots pou r ouvri r la voie il l'indépendance et la libe rt é, eux sc nourrissa ient du rh'e de i.leveni r des· sultans" d3ns leur p3)"S. On m'a reproehé d'avoi r aidé l' un ct l'au tre. Je dirai dans quelles ci rconstances je rai fait. J'étais loin de soupçonner que les man igances des Ben Bella ct d c.~ lIoum ei.lie ne ava ien t pour but de cond ui re notre pays au pa rti unique ct au pouvoir pc rsonnel. J C'es t dans etlle ignorance que j'ai éte mêlé il leurs all iances. Pouva is-je vraiment avoir le projet de collaborer 3vee des C'J ndidats dictateurs? Je respec te trop le pe uple pour acce pter qu'il soit pri\·e de ~ liberté d'expression ct de ~ participation .lUX aff3 ires de l'Ét;).!. Je suis trop attaché 11 l'islam pou r le troquer contre un nD\l 1'c! ordre social qui a donné partout aille u ~ de~ résu!t3ts si déce van ts. Aux plus ma uva is jours, 11 Adrar, CQmme dans nm résidence surveittée à Kouba. je vivais mon isolement ct ma soli tude sa ns jamais désespé rer dc l'aveni r de la démocrJ tie et d u révcil du pe uple. Toute m3 VIC 19


j'ai \'écu l'isla m d ans so n intensi té ct fèvé de 13 liberté da n~ sa plénitud e, Aucun pouvoir, quel qu'lI SOil, ne peut em prisonne r indéfiniment 13 C(Inscience d 'un homme ou d 'un peuple, Ccrt3ins pe nseront pe ut.etre que Ik n 1k1l3 comme Bou med iene é ta ient mus paf la recherche d u bicn pu blic et la volonté d'a pporter un cha ngement :l l'Al gé ri e, Ma is en réal it é ils n'on t fait, l'un c t l'aut re, que d u paternalislI1t' à bon ma rc hé, en s'appuyant sur une _ ma fi a» de • petits copai ns . prêts ~ se se rvir plutôt qu'à se rvir, Sous le ur régi fll~. le sloga n . Par le peu ple po ur le peuple " est deven u, se lon J'c~p ression e mployée pa r Ha rbi, • Pa r nous CI pou r nous'_, l'our moi. je leur pardonne beaucou p de c hoses. Mais je ne pe ux leur pa rdonner qu'ils aient in trodu il da ns notn: pays les pra liq ues st3liniennes. le oollec, tivisme pa rasi tain: des democratic:s popuiaircs. c t q u' ils aient cha ngé nOI re style de vie, Tous les deu~ on t méC(lnnu l'isla m. Ils mult ipliaie nt leUr!; \'Q)'agcs en U.R,S.S, Ils tenlaie nt aussi de (a ire admet tre au ~ Al géri ens que Moscou ~ tai l déso rmais la nouvelle: Mecque de J'A lgé rie, Celn est· il possible'! Cda est·i l conceya blc? Le pre mie r y reç ut • l'ordre de Lénine ", ré servé au~ mnrxistes flléril<\ nl s. Le second pensait y trouYe r un appui CI une. gloire. qu i rem· place ra it. à ses )'e u~ , t'nd hé~ion de son propre pe uplc, l orsque s'écoulaie nt mes jours sous la suo'ci tlance des mi trnil le ues de Bcn Bella ou dc Bou mediene. il m'arriv:a it de penser:li mon desti n CI a u leu r. Ils onl e hcva ue hé les ch imè res d u pouvoi r, J'ai c ru plus raison nable de respecte r t'hom me, A chac un sa conscience, :li c hac un sa conccption d u Bien CI du Mal. Deva nt les mic ns afnigés ou découragés. j'ai

1

6, Mohamed

Afrique, 1980,

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Ibrbi, 1.. F.L N, M irait t r NldUr/, Jeune

souvent lentr: de leur rendrc espGÎ r en 6'oq uanl les \'C~ si actuels de Victor Hu go: Nous avons tous deul au front UIIÇ couronne , .. Vous des neurs de I)'s d'Ot CI moi de ( h.\'eu~ blJncs, Roi, quand un sacrilège ose: insuhu la yiltre, C'e:u yous qui la vens.?: C'Ç$I Dieu qui Yeng.cT:l l'au t,e '.

Jç nois, en effet, qu'au-dcss li s des mul1i tu des hUnlaines, de le urs actio ns, de leurs ag ita tions, de le urs e:l!c uls. il y a un Ju ge suprême, Quui q u'il e n so it. à chacun sa d CS li néc, ln sagesse commande q uc l'o n gouverne à - lombeau ouvert ". C(InllllC ks cava· liers IT'J,'ersenl le désert, l e pou"oir ne mct pas ;'1 l'abri de la mort. l orsq uc j'étais prësidenl du Gou· ,'erno,:mcnt provisoire, je penS:Jis sau\'cnl :tux com ptes que je deva is rendre au peuplc el à Die u, Je vivais e n parfaitc comm union d'idées ayec nos maquisa rds, Cc n'CSI pas S,1 RS misan que cc u ~-ci SC dtOOmlllèren t moudjahidini' . • les combaunnts de la foi _, C'est l'islam qui a conduil lcurs pas, Leur cr i de guerre é1:lit Allah Akbar!. Die u csl le plus grand", Leur cri d'e spérance éta il a ussi: • Yahia ,., ;,r/IIII/ (m t, l lIuurria • • Que viven t l'islam c t la liberté ! " Cela est si vra i qu'un homme du régime, le I)r Ahmcd Ta lcb 1bmhimi, le confi rme en des terml.-'S inattaquables " Si nous cl1crchons. tcril·il. 13 face cachée qui a allumt l'élineelle de la rb'oIu lion daM L, patrie isla mique à 11'ôI\'ers sa longue histoin:. nous ne trOUY~ r ions pas d':tulrc roo.'C que l' isbn., C'esl lui qui a :trfront.! ln; nombrelu difis qui Ont menacé la eommun~ulç musul· manc d'~ntanl isscmcnt CI donl le Iriom phc spirituel 7, Viel"" Hugo. u ml "Qm~u, &, A l'heure 3Ç!udlc le I)r Ahmed T"lcb

Ibr~h;mi

nI

m!o;,ltc des Arf,i rcs clrangCrCl,

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s'cst poursU I VI ~ft$ cesse: en dépit <k5 eondi tions de troubles eonnues p.1t «Ile eommun3u t~, de: la raiblc:ue de sa foree politique:, de sa division en groupes et colkctivitb. Sans l'i~llm la musulmans ne sc: ser:r.icnt pa~ libérés du colonialisme. Si quelqu'un 3 des doutes à ce sujet, il lui surfit d'ttudie r la rholution algérienne, il ne pou rrp qu'é tre convaincu "l ue c'élait unc révolut ion islami"lue qui S'cSI déclenchée au nom de l'islam, qui a triomphé gr.lee à lui ct que SI:S hommes avaien t pour devise la parole de Dieu le T.à Hau t qui dit: • Ne ' crois surtou t pas que «u ~ qu i sont tués dans la voie de Dieu sont morts: ils iOIIt vivants ct auprà de k ur Sc:igllCUr seront pourvus de biens t • • Si, depuis vingt ans, l' Algérie ne trouve pas Ic chemi n de son fut ur, si elle che rche encore sa voie, si ell e CSlloujours ballonée entre les vents de l'Est ct de rOuest, c'est que le sang des chouhaJa n'a pas pesé bien lourd sur son dCSlin. Ni Ben Hella ni Boume· diene ne l'ont pris en eomple. Cela cependan t étai t important. Ils onl pré tendu que le l'a rti uniqu e, la dictat ure , le pouvoir personnel ct le socialisme sans libcrt fs étaien t seuls aples li !;Ortir l'Algérie de son sous-développement. La revue Rfl"of./lion africaine a osé meme éc ri re à l'époq ue de Den Bell a que le • Coran avai t vie ill i •. Si cc langage n'était pas une erreu r, pi re un blasp hème, çommen t expliquer que /IOtre foi ail conduit les mouJjahidine à la. victoire, ct que nos pè res aient risisté à la colonisai ion CI à ses abus dura nt pl us d'un siècle'! En Algé rie, depuis 1962, l'islam CSt mis en accusalion dans sa pensée et dans ses çomposantes sociologiq ues. Nous ~i vons dans un e atmosphè re de mensonges hab ilement orches trés. Les Algér iens CI les Algé riennes doivent adhé rer au stalinisme totali·1 !J. Dr "h!Md T.kb Ibrahimi. • Qucstiofts el rtpom.c:s , ur le ....:ialisme . (con(ê",nec donnk lors du 14' Kmiroaill' ... , La JlC'nKc

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isLamiq~c1.

j

tl1i re ct accepter le (IOuvoir personnel s'ils \'e ulcnt p.lTticipe r à la vie publique. Être algérien tou t court ne suffit plus pour ètre eÎloyen à pari entiè re. Une nouvclle cllste de pri vilëgiës est née ain si. Comme il y eut pendant la çolonis:Hion, Je premier collège qu i étui t tout, ct le de uxicme collège, qui n'élait rie n, comme il y eut du temps de la Rome païenne dcu~ catégories d'hommes, les pa triciens ct les plébéiens, il y a aujou rd'hui en Algé rie une infime minorité qui bénéficie de tout (Iib<:rté, pouvoir. richesses) ct la grande masse du peuple qui, baillon. , née, surveillée, subi t le matraquage de la propagande officielle ct allend des jours meilleurs. Il faul cspérer qu'il n'y au ra plus de descente en ~ enfer. La foi qui nous a sauvés hier nou s s.l uvcrn demain. L'cspril de sol idarité nationale qu i nous a soudés pou r dé trui re un régime colonial inju~le nous animera de noU\'eau pour édifier une République algérie nne authent iq ueme nt libre, déoorrassée des séq uelles de siècles de servit ude CI des miasmes d'une dicta ture malfaÏS3nte qui n'ose p,asdire son nom. t Il est vrai que les difficultés CI les remous au milieu desquels nous vivons ne nous sonl ~IS prop res. L' indépendance des pe upl es I1fricains CI asia tiq ues est surven ue à une époq ue oû l'u nivers entie r était en mutation. Par leur ampleur el leu r soudaineté, les événements nés de la derniè re guerre mondiale onl surpris tous les peu ples y compris ecu~ des deux superpu issa nces. Trau mat i~e p,ar plus de sept années de guerre, l'Algérie ra été 3utant sinon davantage paf un régime auquel clic ne s'an end ait pas et auquel d ie n'a jamais adhéré. Notre pe upl e ex prime, comme il peu t. une mu NIe el profonde protestation. Que fait ·il'! Il édifie partout des mosquées de ses propres deniers ct multi plie les pèle rinages aux lieux saints de l' is lam. C'est sa maniè re à lu i de dire. non . 11 la

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• soviélis.:nion .. de l'Algérie el aux inésalilé~ sociales CI politiques qui en r~ u l ten l. L'éliq ucu ~ fallacieu se d' État. progressis te .. ne trompe personne. le progrès hunmin I;$ t glob:!!. Il est moral ar.lnl d'être m:llérid. On n'ëdil'ie pas le progrès dans rinjustice sociale el 1'asservi>scmcnt dc l'homme.

J 'éeris cc livre: pour la jeunesse, pour ccux qui nai$l:ie nl à la vic Ct qui n'o nt co nnu ni régime colonial ni gu"rrc d·Algérie:. CI;$ jeunes doivent se prép.ucr au~ res pon$.1 bilités de dem:!in. 1'01011 livre CSI uo message. un hymne il la démocra ti e el aux libertés c:sscntielles de l'homme. Et aussi un hymne il sa dignité. Auosi dirai-je il ces jeunes que vivrç e'est choisir èl'non subi r. Et leur rappeler ce vers de Sophocle daru;AjQ.r: • Ah! Donnez·moi vos vingl ans si \'ous o'en fait es rien! ,. J'ai pa rcouru retape la plus importante de ma vic. Elle fUI une: lutte exalla nte, Sorti d'u n douar misérable. j'ai été confronté à !"injustice:.;\ la misère des pauvres gens. en meme lemps \lu'aux éludes moder· nes. J 'l.i exercé les responsabilités des mandats électifs et enlin celles du pouvoir. A aucun moment, je n'ai trahi mon idéal ni f"illi aux règles fondamentales de la démocratie. Je voudrais que: mes compatriutcs cn portent té moignage. Je ne suis ni fanatique, ni rétrugrade, ni intégristc, Je suis pour un isla m OU\'erl il la seiellCC. à la technique moderne, ouvert su r le monde utéri eur, su r les autrc.s civilisa tions ct les autres eroyan~~s, Un islam dont les premières \'e rtus sonl la gënêrosité du eu:ur el la loléranee . • le:s l:réat un:s humaines sontl.! fam ille de Dieu et celle d'cnt re elles \lui est la plus chère au Seigneur CSI edle qui est la plus uti k il I:!

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famille, .. Cet humanisme exprimé par notre l'rophè te a valeur un i\'ersclle, Le savant Pasteur. par nemple. ne ra pas oublié quand il s'est écrié;. Je ne le demande pas que lle est ta race, ta nationalité ou la rdigion mais quelle CS t ta soofrranee._ Cest pourquoi il faut s'a rmet momleme nt pour pare r aux dangers de la vie. De gra ves menaces pèsent encore su r l'humanité. CI. d'un jour a. l'autre, la tempÇte peut déferler sur le monde, Si ce cataclysme ~ produisait, la jeunesse y résisterait mieux en restan t !idèle à la foi de ses pères. à son enmcinemenl. C'est dire que nous pouvons adopter 13 voie du progrès. sans renier notre origine ct nos s.:!gcs traditi0n5, sans tourner le dos à I"hùilage des ancetres, sans abandonner notre style de vÎe. Cest dans notre passé que nous devons puiscr notre force et nOtre misoo d'ê tre. J'ai vécu l'époque eoloniale §.,1ns peur, sans co mpromission ct sans haine. Je savais que. rAlgcrie frança ise _, telle qu'clle avait été édifiée, n'éta it qu ' une étape dan s l'histoire de l'Algérie. Et qu'un ordre social qui repose uniquement sur la force s'éeroule un jour, de que lque manière que cc soit. Durant mon combat politique la bonnc foi était ma règle. la croyance en Dieu mon soutien, !"islam mon guide, le progrès, 13 liberté et la j ustice sociale mon idéal de tous les jours, J'ex prime l'espoir que la même croyance ct le m':me idéal guidenl nos enfants cl donnent un $CM il leur vie:. Puis.çcnl ces enfanlS marcher vers le changement ct les temps nouveaux sans mutiler l'isl ~ m, sans renoncer 11 la liberté ct sa ns renier leur propre civilisa tion! Alger. mars 1976-mai 1983.


GRANDEUR ET MISÈRE DU F. L,N, Les causes de la subversion

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La deuxième mort des chouhada

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La guerre d'Algérie a pro\'oqué une sorte de métamo rphose ehe7. nos masses populaires, Les témoi ns de celle transformation om exprimé leur étonnement et leur admira ti on, Ils furenl élonnés p;lrce qu'ils ne s'altendaient pas à ce que l' Algé rie, premier pays colonise en Afrique du Nonl, ct colonie de peuplement par sure roil, pii t sc redresser CI réalise r son unité nationale, Ils furent en même temps plcins d'admiration poU T son courage el sa com bat i, vité, Ce double miracle fu I l'a:uvre du F,L.N. Il a été conçu commc un roucmblement de toutes les forces vÎves du pays, sans distinct ion d'opinion, Cimenté par la foi musulmane CI l'espoi r de vivrc libre, le F,L.N. se révéla un excellen t instrument de lu ite, Je dois sig naler que même certains Français d'Al gérie ct de 27


France y adhérèrcnl. Ni la • pacification. mcn~c vigourcusement par l'armée françaisc, ni les tentat ives de division, ni la recherche de la • troisième force. nc purcnt détourner le F.L.N. de son objectif ou briser son élan et son unité. Sa substitution a u CR.U.A. ' a été un acte d'une grande habileté. C'est en tournant le dos à cc qui nous divisait ct en adoptant une form ule d'union générale qu'un avenir de liberté apparut au~ plus incrédules. Contrairement à cc que cert1lins ont écrit, cc changement s'opéra lentement. La préparation de l'insurrecti on s'est faite dans le secret - très peu de personnes étaient au courant de ce tournant de l'histoire, - et, d'ailleurs avec des moycns très faib les. En dehors de la Kabylie ct des Aurès, les maquis.1rds étaient mal équipés, mal armés, mal nourris, insuffisamment entraînés. La défection de certai ns d'entre eu~ augmenta les difficultés de la première heure. Le F.L.N. comprit alors que si l'insurrection ne s'étendait pas au-dclà dc son premier cadre, elle risqua it d'être êtourri:e dès le départ. II lui était donc esse ntiel d'étendre son audience. Il s'adressa à tous les Algériens, militants ou non, ct de toute origine socialc. pour les inviter il rejoindre ses rangs: le soulèvement ne pouvait aboutir i\ l'i ndépendance que s'il devenait l'affaire de tout le peuple. L'enjeu était considérable ct le poids de l'entre· prise très lourd. Aussi le peuple ne s'engagea-t-il pas tout de suite. Il se donna un temps de réne~ion. Il s'in terrogea. Dans un premier temps, l'événement du 1- novembre fut commenté discrètement entre parents et amis sûrs. Peu à peu, il devint un sujet de conversations quotidiennes. D'autant plus que le M.N.A.', se réclamant de Messali, su rgit brusque1. C.R.U.A. : Comité I"I!volutionn.ire pour t'unilé cl r,cli on.

2. M.N .A.: Mouvement Il:'llion.:ll algtrien. regTOUp3nl tes m~ti'lCS.

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ment ct vint créer unc confusion dangere use. Si le nom de Mcssali Hadj 3vait encore une ccrtaine ré so nance auprès du P.P,A. - M.T.L.D.', en revan· che il n·offrait aucune garantic 3U restc de la population. Comment ct pourquoi le M.N.t\. en est-il venu ~ frapper le F. L.N. d3ns le dos'! Le mppelcr permet d'éclairer les origines des conflits qui surgirent ~ l'indépendance. En effet, la crise qui secoua le M.T.L.D. au début de l'année 1954 eut pour C3USC la désignation de Messali Hadj commc président à vic du parti. Le Comité ccnlr:J.1 contesta ce choix et sc sépara dc lui. 1\ partir de cette scission naquit le ) grou[H' des unlra/is/l's ct celui des ml'SSaliSll's. Ces deux groupes ~'engagèrent dans unc violentc lutle intestinc. L'action de l'un ct dc l'autre a été p.1Talyséc sur le plan nation31. Un troisième groupe naquit alors. neutre. sc donnant pour mission de réconcilier les deux fractions ant<lgon istcs ou de passcr ~ l'action sans elles. Cc C.R.U.A. fu t composé, dans un premier temps. de Benboul3id, Boudi3f. Didouche Mourud. Krim Bel· kaccm. Be n M'Hidi ct Rabah Bitat. Ils étaient en lia ison avcc troi s autrcs milil3n ts qui sc trouvaient au Cairc; Khider, Ben Bclla ct le jeune Aït Ahmed. Ayant échoue: dans Icur mission de réconciliatio n. ils préJXIri:rcnt se uls l'insurrection ct passêre nt à l'action le l''novembre 1954. Si les een tra listes. Ben Khedda, Kiouane. Lahouel. Bouda, Hadj Chcrehali, Chawki Mostef3i. Y3zid Cl a utres restèrent un certain temps d3ns I"expeetati"e aV3nt de rcjoindre le F.L.N .. les mc ssalistcs. cu~, ne perdirent pas leur temps. Ils s'empressè rent de lancer 3. P.P.A.: pani du pcuple algérien. crU en 1931 apra ta di:;.sotulion de rtloile nord·africaine. DiSSOlls ~ son tour. it reru;l en 1946 sous le nom de M.T.l.D .. Mou "cmcnt pour le triomphe dei tiben" démocr31;ques.

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un nouveau mouvement, le M.N.,\. ( Mouvement national algérien), en lui attribuan t l"initi:l1h'e de !"insurrection. le M.N.A. rêuniss:aitles vieux cadres du M.T.L. O. restés fidèles tt Messali: Mezerna, Chadly Mekki, qui seront emprisonnés au Caire, Filali Abdellah, Ucllounis • le fameux général », Hocine Mokri, Uelhadi qui se rvit d'appât à la police française pou r l'arrestation du général Salan en avril 1962, Khclifa Ben Amar, Laid Khcffaehe. MOII' lay Merba h, Maroc, Ami r, l:\rbi Oulcbsir, AisMt Abdclli, Memc haou i, etc, ,\uui le M.N,A. eréa·t·il dans l'immédiat la confusion. Il rassembla la majorité des militants M.T.l.D. Il entra en conflit avec le F. L.N. ct se ré~éla dès lors dangereux. l'cndant toute la guerre d'A lgérie ct tout particulièrement du rant les deu~ premières années, cette guerrc fr.l\ricidc priva noire combat de valeureux militants. Ce grand risque pour l'Algérie en IUlle aurait pu être aussi un grand mal heur. Car si les deux antagonistes, le F. L. N. ct le M.N.A .. avaient été d'ég:lle force, l'armée coloniale se $trait contentée de regarder les Algériens s'ent retuer pour gagner la guerre. Mais le renforcement du F. l. N. par tes anciens U. D.M.A. " pa r les anciens eentralistes et les Oulémas ' finit p;lr lui donner une grande aud ience populaire ct inlernationale. Peu ;. peu le M.N.A. pe rdi t pied ct de~int la proie de 1:1 police et de l'armée frJnçaise qui le guellaient ct auxquelles il recourut pour consommer sa perle. Les tragiques é~énemenLS du Il mai 1945 allribués à des irresponsables P.I'.A. étaient en effe t encote 4. U.D. M.A.: Union d~mocr3Liq~c du LI13nifcoLo 31Mricn, MriLièrc du P"'ll"ammc du Ami~ du "",nifesLe ot d.: la libcrt< (A. M .L) fonod< 1»' Abbas. 5. L'AS<OciILioft des Ou\tnus 1"<:gtOIIp.üt des 10mb musul· m~ns ~uLour do. choiks Bon lbdi •. Emb.1rek I:t Mili. &obi, tbrah imi. ctc.

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prése nts dan..~ 1;1 méLlH.li re du peuple, qui ~e mëri;lLl des f:luSSC$ noul·elles. D'autre p.·ut. l:l France n'ét ait pa,; jugée sa ns nuances. Les ouvriers. ay1tnl tml'aillé en métropole, les anciens militants, le peu d'Algériens qu i ava ient été scol"risés savaicnl que I:L Fmncc lit pouv"it être confondue avee la eolonis3tion ct les colonialistes, La guerre eont rc la France n'était donc pas souhaitée pa r tOtis. Non sc ulemcnt notre peuplc mesurait les terribles conséquences d' un eonnit qui embrascr:lit lout le p:!ys, mais il prévoyait que, s'il sëtendail en puiss:an<:C, l'issue en deviendmi l ineer· taine. Il sav:lit que la France élait une grande \ puissance el que Ics moyens dont elle disposait élaient considérables ct largemenl disproportionnés. A lelle enseigne que, dans certaines régions, il avait bien fallu que le F. L N. fil rmi tre la peur des exécutions sommaires pour rallier l'ensemble des populations. Du côlé français on ne fa isait rien, sinon rcnforcer la puissance des colons. C'est dan..~ CCli candilions que la guerre dum plus de sept ans. I.e 6 fé~r i cr t955. le gouvcrnement social iste de Guy Mollet, imitant ainsi celui du Front populaire de 1936, c.1pÎlula devant 11,:$ manifes tations de rues à Alger, manifeslations montées CI mani pulées p:tr les potc ntals coloniaux ct leurs hommes de main. Cc gOUI'ernemenl commit l'erreur de ne pas recourir à la médecine d'urgence, il l'opëration chirurgicale ct au bistouri pour écourter la guerre ct ép.ugner des innocents. Il s'cnlisa dans une guerre de reconquête coloniale. Il remit en honneur la • pacification *, les • r,lIissages. ct la • torture. des siècles dern iers. Le temps passa. Les autori tés civiles CI mili taires franç:lises se consultêrent CI sc réconfortèrent mULUellemenl. A pa rt ir dc 1956, le F.LN. avai t la silUal ion en main. Auc une mesure radicale suscepti, bic d'ouvrir les ~oies de l:l paix par la négociation n'esl Înlervenue. En récusant toute négoci:uÎOl1, cn

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rdusa nl 10lit changemen t, le gouve rnemen t français ct son a rmée :lppon è rcn l de l'cau :lU mou lin de l'insurrection. l'eu!l peu. le clima t changea. La prise de conscience collective vil le jour iiOUS nos ycu~. A p~ rli r du Congrès d e la Soummam. le 20 aoul 1956. le F.L.N. est devenu vi rw cllemcnt m3; lr.:: du terra in. Tou ie l'A lgérie musulmane :l basculé ve rs l'ayeni r. Comme rçants, p3)'$3n$, fonctionnaires, ou\ vriers. étudian ts. femmes. enfan ts. vieillards. riches

pa uvres 0 1'1 \ formé un mcme auelngc. tirant da ns le même sens. A l'a Uen tisme des premiers mois, à la peur. 01'1\ suc~dé r engagement. le mépris du dallgcr cl de la mOrl. U n JlCuple galvanisé a émergé de l'abîme où une colonis..'l!ion séculaire l'avait préeipi té . L'éc rivain algérie n. de langue française. Moulaud Feraoun. témoin du connit, flOt:1 dès la fin

cl

1956 : L'idée d';ndtpcndancc esl devenue pou r noU!< la seule r:I;son de vivre, Nous avons pcut":IrC cu lori de laisser sïncru~tcr en nous cellC idée folle, mais il n'cst pas qucstion de l'en :lTrad..: r'.

Ce témoignage CM ca pita l. Feraoun ne s'es t pas vu a tt ri bu er, comme nous, l'étiquette d'anti- Fmnçais. Il a fai t jXlr!ic de ces inslilulcu~ musulmans qui a vaient choisi d'apprend rc à lire et à écrire a ux petits Algé r k ns. li a é lé le collègue des T:lhrat, Djabali, S i "mmoo r, Scllal, Ma hyou, Bouguermooh, Si H a~ san, Roula, Da li Chaouch, Mak3ci, H addad, Belhadj, Gaid, Bou'arene Hourouib.1 l1 assen, Daoudi, Mcssa i, Sfaxi lounis, etc. Inlassablement. ce corps d'e nse ignan ts s'es t donné, corps ct lime. il sa miss ion d'éd uca teur, sans t rahi r ni son pe uple ni la Fr.mce. Ce: bilan posit if s'insc rit :lU c rédit du F.L. N. Malgré l'incroyable répression, le Front de Libération 6. MooololKl f CDOUft rDI :uIo:lSSiM

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ro.....s. en 1962.

IU tiona le a su mobi liser \es m:I!ISCS contre la rréscnce oolooiale. Il a fait naitre unc profonde solidari té. une fratcrnité chez tous les comb.1t1anIS. • Un pour IOUS. tous pour un • dCI'ient la loi des maquis. Le d6'ouement el Ic.~ s.1crificcs sc sonl multipliés. Loin de moi la pensée de présenler l'insurrection comme un ensemble pMfail. Il s'en faul. J'aura i l'occasion d'en reparle r. Mais, d'une manière générale ct malgré de nombreuses bavures, les chefs on l bien cngagé le: comba t. Le pl us miséT""Jblc d'enlre nous est dCI'cnu un homme forl parce qu'il s'cS! scnti solidaire de tous. I.e commerÇ3n1, le fellah. Ic fonctionnaire, I"ouyrier, le maquisard sal'ent désormais pourquoi its sonl riyés à la mcme l;leh~. El lorsq ue la mon sc présente, chac un l'accep te pafce qu'eUe eSl le prix de la victoire de demain. On pouffail citer dcs milliers d'e~empl~ de bravoure. Je me contcnte de reprod uire le récit d'un soldat fr.lTlçais, d'un. par:l", dont le témOÎgnage ne peul ctre contesté. En 1957, en Kabylie, des paras saulent su r un groupe de partis.1M. La panic est inégale. Les maqui~ards tombenl les uns nprès les aulrC.'. Survient le drame: la mOft d'une jeune infirmii:re et ce lle d'un maqu isa rd. La issons la paro le 3U soldat fronçais: D'une c:lbane eoincte enlre deux hauts blocs de pierre nous d~bu.sqllOns dcux femmes. [)çUl ~una; Ar:lbcs

aux dlC,-euJ noirs, courts ct teintés de rouge!.. . NOIre pel;t M\U$-lieutcnant :IC sait que faire. Ilvoudrail bien profiter de l'occasion pour manifC:Slcr ses qU3lih~S de ehef. .. Ah! il :1 lroul·é. Il s'apprOl:hc de:; deu.t femmes qui l'ignorent el, haussant sa pelite tnille, il les gine rune ~près l'autre! Comme Ç3, p<lu r bien montrer que e'cst lui qui comma~e ... On sc regalde stupUai ls. horriblement gênés. Les deux femmes sc SOIlt changéei en sla tuc:s. pêtrifites de h3inc:. Suffoqu~c p;lr liOn âme, rune enfin sort d'ellc-memc. Qui l'artètcrait1 3J


Que crnindrait·dle encore en ce monde. 11 cene minute N... El de pI~in·p~d. elle enlO: dam; la Irngédie lIu·clle s"esl choisie. Elle sa i.i t par la vcsle cct homme '-lui ra gin~e eillui tient sa vic entre $CS maim;. elle le sait. Elle le s.tisit ct quand. errarte de $On audace. elle devrait rel irer 53 main. elle achhe son gestc. soudain libérée de la peur. de la mort - ct le gifle à iOn tour. cUe. la femme. Illi roffieier. comme il ra gmée dans un immense orgueil ab$olument pur ... • Tue>;·I,,! Mais hlc>;-Ia donc". cric cnfin notre chef d·une ~oix étranglée. Lïnterprète n·htsite pas. Il jettc la fem me i terre ct. d'un pied poK 511r son ,·cntre. la maintient DU sol. le petit lieutenant. tout rouge de col he. n'arrête pas de crie r: • Tucz·la. mai. tuez·la donc: . • L'interprèle tire cill<l b.Jlles 11 ta suite sur te corps de Celte femme éer:l$ée. Deu x b.JUcs en pleine poitrine. puis trois au '·cntre. Elle meurt $38$ . enc r...

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Quel est le nom dc edtc jeune tille~ Qui s'en inquiète aujourd'hui~ La deu xième infirmière a été sauvée. protégée par les paras cU:"l-mêmcs. Le peti t lieutenant n'a plus osé. Mais dans cc drame sanglant. de quel côté était l'honneur ct de quel cilté étai t le déshonncu r~

le comoo t n'en a pas moins continué. ÉCOUlOns encore le récit de cc soldat rrançais :

Il reste en haut un fellagha. Il tire toujours.. Mais IOIIS les autres sonl morts un peu partout. (1;lui<i. pensotlSnous. ne rés istera pas longtemps. Pourtant. l'homme est bicn abrité... On ess.tie tout : mitrailleue. grenade in<:endiaire. lan<:e·roquelle>. Il tire toujours. Ma is nous sommes lanl eClle fois à lui répondre qu·lI la longue on I·andn\. Son tir case. Mort ~ Non! Le voilll qui ~ glisse de la grJnde piCfre sous laquelle il s'était blollÎ... 7. Pi~rrc Lculli~l1 •• SaillI A/klr,l" Ir DrDl"J'!. Paris. ~d. de Minuil. t96l .

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Une b.Jlle a dû louel>cr 53 colonne vertébrale ct il e'l ~ demi paralysé ... On prend finalement l"honune ~ bras 1. corps CI on le sort agonisant. Il a de grands trouS dan$le dos ... II eJpire d3M les pierres. s.tM un mol ... Dans tOUIl:S les régions d·Algérie. dans tOllles les ...·/lQyQs. un vent d'héroïsme souma. L·crreur de la tolonisalion est d'avoir cru que ce peuple était définitivement domestiqué. Des faits d ·armes aussi va leure ux m'ont été rapportés. qui on l pour cadre 13 Casbah. dtlrontla .. ootail1e d·Alger. où des hommes CI des remmes onl préféré mourir plut ôl que de (Xlder. Même cournge dans le b/t'd. Un de mes ne,·e Ul\ c l son compagnon s'éta ient donné pour mOI d'ordre: .. Mourir plulôt que parler m~me sous la lorture ... Ils vivaient dans tlne eaene. dans la région de Tah~r. Il s furent dénoncés '. Arr~tés par les harkis. ils reFusè rent de sc rendre au village. Le lieutenant qui commandait l'opération lenta de les con trai nd re. Mon neveu. Mansour Hocine. ct son compa gnon. Bouhroum Rabah. SC jetèrent su r un harki JlOur s·emparer de son arme au cri de .. ,\lIah 00 Akbar.! Au milieu de la bagarre. ils rurent aootlus par le lieutenan\. Que de railS semblables pourraient être rapportés! A Ighzir Amokrane viY:lit ,\n grand pa t riote. Hadj Amar Djenka!. A~ant la guerre il militait avec les Bouguermouh. les S:t;.i.da CI les Fergane i\ I·U . D .~1..\ . Nous le e ili ons comme exemple de droiture CI de courage. Il fUI déooncé comme militant du F.L.N. Des p:lrns se prëscntèrent chez lui. le 4 mai 1956. cl l'invitèrent 11 les suivre. Il savait cc qui 1"allendai\. Il résista. leur déclarJnt : .. Vous voulc7. me Iuer en me tirant dans le dos? Vous ~oulez m'accuser de délit de 8. Cclui qui les dé1lOnÇ:t. M·Chin Md.~r.k. d.vint. 11 I"indt· pcndancc. membre du F.L.N. " $lXÎ.1tiste. de Ikn Bc1l3. Il ne pouoait lIIi.U1 fai,e !

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rui te? Je n'ai j:lmais tou rne le dos à mes advcrsairc$, ni rui le combat. Tirez pend:'nt que je vous regarde et qucje crie: Vh'e la République algérienrll: ",» Et il tomba criblo! de balles: il avait 7S ans, En ja nvier 1960, lors de la réunion du C.N,R,A, à Tri poli, le regrcu ê coloocl LOifi me rem it un drapeau algérien ensanglan té, • Nous l'avons pris, me dit-il, sur le co rps ,.l'un cholrid, Au cours d'un accrochage, il le tenait bien haut race 11 l'ennemi. MOrl e1!emenl blessé, il se rcp!ia pou r ne P.1S l'abandonncr s ur le tcrr.li n de b3taille. Nous avons r.lmaS$ë Cd emblème national su r lui. Il eSI mort cn Ic tenant su r $(In cœur', • Une p.1Ttie de l'op in ion publique rrançaise Ù:M rerusée à admeurc l'héroïsme de l'Algérie musulmane ct Sol dé term inatiOl1 à aller Jusqu'a u bout dc son comba t. Cerlains on t mcme prétend u que le généra l de Gaulle nous fit • cadeau. de nOITe indépendance et quï! a ura it bradé l'Algérie rra nçaise. La \'é rité est toute autre. Sans doo te, le général dc Gaulle, en grand pat riote frança is, en visionnaire, avait-il fini pa r adme ttre que la Fra nce ne devait plus assumcr le rôle dc dernier. gendarme. de la colonisa ti on et pe rpé tu er e n Algérie un systcnll: condamn ~ pa rtout ailleurs, Cest lit un méri tc que nous devons lui reœnnaltre .• Mic ux que les hommcs de gauche et Ics hommes d' Etat q ui l'ont précédé, il con tribua à me llrc fi n à un drame qui s'étcrnisait. Les Algériens. en se ball ant coura ge usemen t, avaient démOI1IT~ au~ yeux d u monde que la prédominance des Européens. d:ms leur P.l)'!, était désormais finie. Leur révolte é tai t irréversible. Sans dou te ne pouV'Jicnt·ils pas rcmporter une victoire militaire sur l'armée françai· sc. Mais, dès l'instant où le peuple. dans le comb3t, avai t pris conscience de sa personnalité et dc la M

légi timité de sa eause, le SOtt des a rmes im portait peu! Lïnsurrection é tait pas.sée du stade aveug le du terrorisme CI de l'embuscade a u re ru s coll ectif du régime colonial. l.a guerre elle-même avcc ses excès avait rendu plus odieux un tel régime. Cette é'lQl ul ion ne fut ras rapide. Il a fallu s'acc rocher a u terrain, aCCepter ta souffra nce ct la mO rt, subir les assa uts de l'armée frnnçai se. rés iste r dura nt des années. Et de la résis tan ce naquit un grand cha ngement, C'est da ns ee processus de changement ct de brassage des masses que se trouve la grandeur du F. L,N. On aurait tOft, cependant, de prése nter notre luite comme un e marche sercine. Aucune guerre n'est à l'abri dc.~ erreurs ct des abus. Il est toujoors faci le de dénigrer une révo lution et une insu rrect ion. On troo vc toujours des hommes dc ma in pour le rai re. Strge Bromberge r, pour ne ei te r que lui, a mis sa ptu me au se rvice de l'ac til,!n psycholog ique de l'armée rra nç aise pour déverser son liel s ur le F.L.N., duran t notre guerre de libérntion. Son livre. us HrfNllrs 1., porte déjà un titre im propre , l 'homme colonisé qu i prend les armcs pour sc 'i bé rer d'un régime colonial odie ux n·est jamais un rebelle. C'est un pal riolf qui combat pour une juste ) ca use. Certes, une révol ution quelle qu'elle soit n'cst jamais à l'a bri de tra giques e rreu rs, de bav ur.:s regre ttables. De la Révolut ion rrança isc à la révolu· tion bolchevique, de la Résistance rrançaise de s :Innées 1941 à la guerre des partisans de Tito, les uemples abondent dans l'histoire qui montrent que la tibér.u ion des peuples est c hère ment payée au détriment des droits de l'ltomme. Il fau t j uger le F.L.N. dans cette perspective ct sdon celle dîmentO. Serge Brom bcfllcr, 1.1'$ Rrbrllrs "tg/rir,...

"SB. J6

l'~ril.

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sion huma ine. El s' il r311:. it dénonce r, pour notre honneur, pour ~ choohada, pour la santé morale de notre pe uple, certa in es :;u;tio ns q ue jc vais r~l pponc r ct q ui ont terni notre combat. il convien t dc ra ppe ler que souvcnt ces actions ~taicnt le fait d'ind iviù us 'l ui se rëclama.ic nt du F.L.N. plutôt '1 uc de la pan d u F. L. N. lui-mçmc. Certes, nos fa ut es furen t gra ves. I ndépen d ~tm ment d u M.N .A. qui a con tinué it trahir ct i, comba ttrc le F. L. N., les excès dont nou~ nous sommcs rendus ooupables son t des taches noi res da ns l'h istoire du F. L. N. Les morts d ' El Hal ia, la nui t rouge d e la Soummam. les exéc uti ons de /o.l douza, les meu rtres etlcs sévicC$ inuti les sont autan t d'a b us q ui (lUraicnt pu être évités. Un comba t comme le nÎltre aurait pu êl re conduit safl$ dé bordemc nts. l'our les cond amner. il suffit de se rappeler l'histoi re de l'is lam, de co mparer la CQnd uitc des prem iers musulma ns ct la nôtre; Fa it prison nie r pa r les idolâ trcs. trente ans ap rès l'I Iégi re, un musu lma n enchainé \'oit se rapprocher de lui un cnfant, un poignard 11 la ma in. L'enfant terni le poigna rd au prisonnier. l a mè re. croyant son enfan t c n dange r dc mort, poussc un cri d'épouvamc. le pr ison nier ca resse la tê te de l'enfant ct le re nvoie il S3 mère. Il d it à ccl lco(:j;. Croycz-vous donc qu' un musu lma n se venge sur les cn ra nts c t les femmes? • En Algé rie. l'arfrontement a laissé libre cours aux instin cts lcs plus bas. En de no mbreuses circonstan ces, le compor temen t de cer tains e hefs et de certa ins lI1a'luisa rds a été ho rr ible. On a a!'.S:l$.Siné dC$ innoce nts pour assouvi r d'a nciennes ha ines. toul 11 fa il ': lrJngèrcs 11 la lulle pour l'i ndépend ance. On oondamnait ht tarI ure c hez les Français. Mais on la pra tiquai t sur ses prQpres frères. A ct t éga rd . j'ai re çu ùes co nfidcnces tcrrib les. Faut-il e n parle r? Il ser::tit v:l În de les Inire ca r I~t

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l'érité hi~torique fin it toujours pa r s' imposer. Pou r ne pns trop noirci r le tab leau, je Ille conten tcrai de rep rod uire ic i un cos typique rappor té pa r le co lonel BenehériL Cd ui o(:;. a près le Congrès du C.N. R.A. dc Tri pol i (déce mb re 1959-ja nvic r 1960), rr::t nchil le b:l rrage électrifié en T unisie pour rejoind re la Wilaya IV. A rri~é dans la nlt'chru Ouled Said, rég ion de \ Ain Bessam, il d t le témoin de tOrtu res inj ustifiées. Il s'infor me. Voici le réc it qu'il nous en donne: J CmiS""nl le pit(:, je dtpeehc un émii.S:lire aux renseigneme nts. Ce nçtait rien en liOfTl me. LP popul3tion avait éuS C(lMVoqUec pour ~"i Sier ail jugement de Da hma nc. acc usé de tra hi son et de romplicit.! avec l'ennem i [... 1. Sans prê ter la moindre attention 11 ces paroles. dcvenues trop b milihe5 da M le maquis. je me dirigu is ven la deme un: de Mou loud. Au fur et à lIlC$u re que je m'e n approcha is, j'enten da is des hu rle ments de pl us en plus si nistres, des gémÎ5scmen ts sourds aeromp.1gnb d'insulles et d'imprécluions. Quand jc parvi ns devan t la maison de Mouloud. un spectacle dantesque s'offrit il mes ~'cux : un individu était !\lspendu il une cord e par les quatre memb{cs. AUlour de CCI • hé l irop t~re. se tenait une populo tion médu $\!c ct haletante. Chacun applaudii.S:lit saM trop savoir pourquoi. heureux scule:ment de mani fester son apprub3tion il un aete dont il ignorait les lenants el les abou lii.S:lnts. • Pa rle! parle ! csp«c de traim, de lâche! · disai t le juge . • Parle. par le . , répé tait en eho: ur la foule en dél ire, spectacle affrcux d'un hom me livré sa ns défense 11 un juge stupide el il une foule ignare; spectacle il l'image de l'inoommcll$Ut;lblc bêt ise humaine. J'ordonnais im média~ue 1'00 détacha t le prison· nier el qll'on l'en tour'; t de soins vigilants jusqu':\, cc qu' il sc r':loblit dHiniti l'e ment. C'cs t oinsi qu'aprèl! quelques jours je vi s apparaî tre dev3nt moi un homme dans la forte de l'age, au regard frane,:Io la dfma Khc a ltière: qu i me salua avec rClipcçt

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sans doute, mais sans aucune t(lmplaisance ni aucune buscsy, Je œmmençai$ :i l'interroger, • Je ,ui5, me dit,il. copropriétaire par voie d'héritage d'un jardin 3"ee Si Moha med , neveu du ch.cr du Comité local. II y li Il'"' dizaine d'années, nous avions cn&agé un p..-o«s qui y trouve encore en instane<: devant le tri bunal de Blida, Malgré les multiples menaces ct prCS$ions dont fai été l'objet fai toujours rdu$é de céder ma part 11 Mohamed, N'ayant pu obtenir satisfaction p;lr la persuasion, Si Mo/lamed sc décida ces derniers temps 11 fair.: appel a la compélence «lair« de son oncle Kaddwr I,-.J. • Cat ainsi qu'un matin, le jour où vous êtes arrivé, juste 11 temps pour me délivrer. je dCv:Jis faire conl\3issana..,., pu avec le jugement de Dieu ma is a"ee l'injustice da hommes. • Si Kaddour. accompagné de quelques responsables du village, vint me rëveiller de bon matin ct me signifia que j'étais aeeu.sê de haute lrohi~n ct que je devai~ rendre compte de mes actes criminels devant un tribunal rtvolutionnair.: C(lII$titué 11 al erret. Ensuite tOul sc déroula comme dans un rêve a"cc une: ropiditê hallucinantc. En quelques minutes. je fus interrogé. jugé ct condamné ". ' Ainsi parla un malheureux qui a risqué non se ulemcnt de mourir, mais de mourir en • traître. il l'Algérie en lu tte. Il rut $<Iuvé. Le colone l Ikncherir oondarnna Si Kaddour. Mais que de malheureux ronl morts en Kaby lie ct a illeurs ct qui n'curent pas la chanec d'ê tre sauvés, il! ~)tlr~mi1, par un Ikncherif! Même dra.me à Tahe r, au douar Beni-Siar. Un maquisa rd ayant a ppartenu au M,T. LD. à Constantine revint dans son douar d'origine, au milieu des siens, la famille Djcghri. Il devint un bandit de grand chemin e~éeutant ceu~ qui lui refllSaien t de l'argent. Ma is un jour, il s'a ttaqua ~ un collecteur de tl. CoIortcI "hmcd lIcnc:hcfir. S.N.E.I>. t962.

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fonds du l'.LN. Cclui-<:i descendait, périodiquement, du maquis pou r remplir $<1 mission. Il en proritait [!Our aller cmbra~ser réguliè rement sa mère. Djeghri l'attira chez lui pour un diner, le dépouilla de ses fonds c t l'égorgea. Sa mêre, ne le voyant plus venir, s'inquiéta, Elle manIa au maquis pour s'informer. On lui répondit qu'il étai t descendu comme d 'habi tud e. Une enq uête fu t ouverte. On découvrit a lors le crime ct le double jeu de I>jcghri. Celui-ci fUI reconduit au maquis. et là, il fut jugé ct exécuté. Notre révolution a commis de graves erreurs. Elle continuera. il en commettre. même après l'indépendance. La psychologie dc certains maquisa rd s el de leurs chefs a été souvcnt ccllc d·analphabètes. Lorsque l'autorité CSt exc r~e par ccu~ qui ne savent ni lire ni écrir.: ct qui ont peur de 1:1 perdre. lorsque l'exécution des ordres reçus revien t à des hommes plus ignorantS encore, on tTOUVe l'upl ication, dans certains cas. de eruaUlés in util es. En Kllbylie, pa r exemple, ne sera it·il pas juste et honorable aujourd'hui d'élever un monument li la mémoire de toutes les victimes innoccntC!l de la • bleui te _, li 1" mémoire de tOUS ces jeunes officiers et djoullOuds immolés su r l'autel de [a bê tise humai, ne, aprês qu'i ls eurent combattu durant des années sans autre récompense que r llccus.1tion de trahison? Mals qui se soucie maintenant dc leur hon,",u r ct de leur sacril1ce"? On sait comment les guerres commencent. On ne lia it jamais exactement commen t elles I1nissent. Au cours des années de guerre, le F.L.N. est resté égal il lui·même, Son objec tif n'a pas va rié d'un pouce. Il s'agissai t de libérer une lem: du joug d' une nation étmngère et de permettre à un peuple de vivre libre, Il s'agissait de libérer l'Arrique du Nord cl d'édifier un Maghreb un i ct puissan t. Malgré les erreurs ct les

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insurrlSanccs,le F. L.N. a condui t victorie uscmentles opéra tions j usqu'à lïndépendan«. Mais il l'exté rieur, dans les prisons Ct :lUX frontiè. res, ce ux qui ne sc ball:lient pas nou rrissaient d':lutres ambitions. Ils rêvaient déjà 11 d'autres objectifs ct échafaudaient des plans pour l'après·guerre. Dcs in té rêts p<:rsonnels entrèrent en ligne de compte ct mirent fin à la magnifique unité du F.L.N. Celui-ci changera de visage et deviendra un simple instrument ent re 101 mains de quelQu cs·uns.. De ceux·là mêmes Qui n'aV:lient pas te mérite d'a\'oir comball U, des Ben Bella, des Boumediene ct autres embusqués. Le mo l cependant venait de très loin. L'Éloi//' nord-a/ricaint, créée en 1925 par l'émir Khaled à Paris. dev:lit protéger l'émigration nord-africaine de l'emprise du Parti communiste français. Celle émigra tion, dans l'esp rit de l'émir, devai t conserver intacts sa foi religieuse cl son attachement à la terre des ancêtres. Son passage en Europe ne devait être Que provisoi re. Et il en fut longtemps :linsi. Mais peu à peu une sorte d'êvolution se produisit. L'Etoile tomba entre les ma ins de Hadj Abdelkade r ct de Messali Qui, eu x, appa rtenaient au Parti communiste françai s. Par :lilleurs les émigrés syndiq ués il la C,G.T., filiale du même part i, côtoyè rent la elasse ouvrière française ct sc fam iliarisèrent avec des mots comme ~ IUlle de classes ".• bourgeoisie ", • prolétariat ", etc, Lorsque, :i son lour, MCSS:lli se rendit compte du danger, il sc sépara du Pani communiste. Après la dissol ut ion de l'Étoile no rd·a frie:line. il créa en 1937 le l'.P.A., lui donna les mêmes structures Que te Parti communiste français ct pratiqua comme cc dernie r le· centralisme dénlOcratique _. Mais il en fit qua nd même un parti na tionaliSte musulman. Du passage de Messali au Parti communiste rran. çais. le l'.I'.A. en ga rda des t/:lCCS. Il hérita le cul te 42

du ehe:f, le cent/:llisme • démOC/:ltiq ue", le goûl du secret, du double jeu, des restrictions mentalC$. Devenu un p:lrti elandc:5tin, le l'.P.A. mania a\'ee aisance dans la prop:lgande des contre-vérités souven t grossières. Et ~ force de mentir aux autres, ses mi litants en arrivère nt ~ sc mentir ~ eux-mêmcs. Mais c'était un grand parti qui remua lcs masses. Il ne s'emOO rrass..1it pas des moyens. Tous les argumen ts étaient bons. En 1956, au Caire, le colonel Ouamrane: qui ava it appartenu à cc P.I>.A. me: dit un jour: • Je t'obse rve ct tu m'étonnes beaucoup; tU ne: fumes pas, tu ne boi~ pas, tu respectes la religion. Nos chefs nous dis.,ient Que: lU étais un M' Tourni. mang~ant de la viande: de porc, ne (:lisa nt pas le ramadan, buvant du vi n. Ils nous mentuient.» Effectivement, le P.P.A. maniait les mensonges comme le régi me colonial maniait le fouel. Mais nous devons tes lui pardonner parce Que la mission qu'il s'étai t donllée etail lourde ct pleine de d:lngers. Au demeurant. son recrutement éla it illégal ct hétérocli· te:. A côté de srands p:lt rioles Ct de bons musulmans, on )' trouvait des gens sans conviction aucune Ct même des indicateurs de police. Ces ùc rnicrs s'étaient associés à une noble entreprise, m,lis il laquelle ils ne croyaient pas. Idéologiquement, l'islam de:meu/:lit leur foi. Dans les grandes circonstances, ils prê taie nt serment sur le: Coran. Mais un cc rtain nombre d'e: ntre eux commençaient à balbutie:r la terminologie m:l rxiSle ct s'e xerçaient, :lvee plus ou moins de bonheur, il sa dialectique. Le l'. I'.A .. ainsi, n'était pas un p:lrti politique ouve:rt au dialogue. C'é tait plutôt une sec te politiço.religieuse qui lenait de l'esprit ùe zaouia ", de la t2. 2_1,, : _les de: confréries. d'es",;' rc li,ku~. pt", 0\1 moi ....... nipul&s P,1f les aulor'lés (r.u.çaÎSC:S CI wmbanucs PJ' les O.M""","

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solid ari té rrane·maçonnique et de la discipline 5lali· nie nn.: , A l'exception de eeu~ qui ont adh éré ;,u M,N.A" ses milita nts sc sonl bie n battus dur;mt la guerre. Beaucou p sont morts les ar mes il la nlain. Mais its n'avaient pa5 renoncé à le ur appartenance première. A de rares cxceptions, ils sont restés sectai res. Mais a ucune évoluti on ne s'cst fai te ehcz cux. alors qu ' ils voya ient notre peuple. aussi bien milit ants des autres partis oue sans parti, sc mobi liser pour vainc re ou mourir. Détail plus gm"e. les q ue· reli es internes ne s'éta ient pas é tein te$. Un homme comme: Ikn M' Hid i avait prévu le rel our au • passé pou rri _. Au Ca ire, il s'étai t heurté à l'ambition nlOntan!e de Ben Bell:!. Il l'avait apos trophé e n te rmes sé l'è rcs. Plus la rd, dia loguan t a l'ec le colonel Oigcard. quel· ques he ures avant sa mort , il lu i avait déelaré :

LorsqllC nous serollS Libres, il 5(: p:lS5oera des chosc:s lerrib L(:$. O~ oubliera 10ul(:$ Les souffranc(:$ de notre peupLe pour 5(: dispuler Ics place$. Cc 5(:rl La hme pou r le pouvoir. NOlIS sommes en pleine guerre ct certains y pe!l$(nt dfjà... Oui, j'aime rais mourir au combat avant 1:1 lin, A mon arri vée au Caire. en av ril 1956. j'ai élé froppé pa r les désac;oords qui régna ien t a u somme t, Chacun semblniltircr ln couvert ure à soi. Le déto ur· nement par l'a rmée française de l'avion transportant cinq des dirigean ts du F.L.N. de Raba t à T unis, cn octobre, aggrava ees divergences parce qu' il fill\3Î tre des ambitions c her. un grand nombre de militaires, On peut di re, par e.temple, que la mésen tente de ceu.t que nous considérions comme: les • chefs de l'insurrection., transpirant à Iravers les murs du ch.:iteau d'Aul noy, donna des • espérances. à l'é tat, major de l'A.L.N. Celui-ci, se ntant proche la rin des hostilit és, se mit, dès 1961 , à jouer sa propr.: carte ct 44

;i é tablir ~ propre stratégie en vue de I:t prise au pouvoir. Son ~'Onnit avec le G. P.K.A, n'avait pas

d'autres misons. Avant mcme que les accords d 'Évian ne fu ssent signés. Buumed ienc dép..:cha. en secret. l!.outenika au château d'Aulnoy. Sa mission OOfIs;stai t à tTOU\'Cr parmi les cinq prisonniers un éve ntu el all ié. Il s'ad r=1 d 'abord il Boudiar. Celu i-ci dédina l'offre. II condamna l'indiscipline de l'état·major, ct sc refusa il toute ac ti on fractionnelle. lloutenib s'adressa alors 11 Ben Bella qui accepta d 'cirC l' hom me de l'état.major. Celte alliance demeurée secrète ItLla it peser lourdemen t sur l'avenir du p:t)"s. Il faul croire que la stratégie arrêtée p:lr ces deu~ hommes était bonne pu isque, avant mcme not re re tour en Algérie. 3outenik:l disai l il d es llinis tunis iens: • Ret enez bien mon nom, vous entendrez p.'\rle r de moi.. 11 est regrellable que l'on n'a il pas entendu par ler de lui pendant que des hommes de $On âge mouraient.dans les maq ui~: . . . J'ai rencontré pour la premlere fOIS u.oUdl;lr. AI) Ahmcd ct Bi ta t ;', Rabat ;\ leu r li bémtion. après la signa ture des accords d'Êvian. J e conna issais déjà Khider de long ue d:lte CI Ben Bell:t, que j'a.'ais vu au Caire en nvri11 956. On compre nait di rneilement leur mê5(:mentc. Puurquoi ne s'ét aient,il s pas mis d'ac· cord sur 1(:.'1 termes ct le contenu de la proclamation du 1- nOl'embre 1954, pour éd irie r l'avenir? Nous reproduisons une pa rtie de ladite dédaration à l"in, te ntion des jeunes Algériens qui fIC la connaissent p;ts. Le front de I.ibtralion n3lÎ01lalc, sc: d\':gagcant de toulc compromiS$ion possible, offre la possibilité :i 10us les p.ltrÎOIC' DlgërÎcns de loutes l~ couches iIiOCialcs, de tOilS les p;lrlis el mou"cmcnl$ purement a'géricn~, de ~'inté grc r dans la lulle dc libération, s.a1lS nucune aUl re roru;id~ration,

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Pour pfiçisl:r, nous re traçons ci-après les grandes lignes de notre progra nl me politiqu e: a ut : ind~pendallCC nationale par : 1) La res tau ra tion de l' État algé rien, sou\'crain, dé mocratique ct social dans Je cadrc des pri ncipes islamiq" ~

2) Le respect de tou tes les libertés fondamenUiles, $;Ins distinctiOfl de r.lCC CI de confessÎon,

a

En cc ]- no vem bre 1954, tout <!ta it cla ir c t la pattée de tous. Not re comb,l I avai t pour but la destructi on du rég ime colonial ct pour rinalit é l'accession de tous les A lgüie M à 13 dig nité ct 3 U ~ libcrt é$ esse ntiell es dc l'homme. Td lc ëlai t no lrc r<!volulion. Le F,L.N. rcvend iqu ai t a insi les droits de J' homm e tels qu 'ils sont dUinis pa r la cha rte des Na tions u nies 'et la déclarat ion unive rse lle de 19411: 1) la libcrt<! de pensée ct d'e~prC$S ion pa rtout dans Je mo nde ; 2) 13 liberté de consc ience p3 rtou t d 3ns le mon· de; 3) 13 lutte co ntre la rn isbe pa rtou t d3ns le monde ; 4) la libéra ti on de la crai ntc parto ut d3ns le mondc. Celle proc la mation a va leu r de doc tri ne et de programme. Nous pou vions, après les acCOTds d ' ~via n, rentrer en Algé rie et procéd er à un e co nsul t3tion du peuple, r3ire élire libremtnt des re prése n· ta nts ct d onner au pays unc Constitu tion ct d es lois conrorrncs à so n espri t. Le pe uple n'cst,il pas se ul déposita ire de la légiti mit é nationa le ? Il C.~I se ul ha bilité il. choisir ses d iri gean ts ct il. leur d icte r les opt ions pour 1'3ve nir. C'é t3i, le poin t de 'lue de Baudiar c t de Aït Ah me~l. Quand Ben Bel1a e n mai 1962 proposa 1;1 ré union du C. N. R.A., ils s'y o pposè rent, rai~n t

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rema rqu er q ue ce t orga ni sme n'avait plus de rôle à jouer, l'i ndépenda rn::c acquise. Du poin t de 'l ue d u droit, 19 position d e Boudi ar ct de An A hme d ': \a il ina tt aquable. C'était la logiq ue meme. Ma is, cett c posit ion contra ria it bea ucoup ICl; d ~scins de IJe n Bella. Celui-ci entend ai t entrer en Algé rie avec une nouvellc c ha rte dont il a VD it a rrêté le progra mme avec l'accord de Bou medie ne. Pour lui , la réunion du C.N. R.A. é ta it ca pita le. C'était sa se ul e cha nce ca r scul ce t orga nisme pouva it _orlïcial isc r son social isme. et lu i donner, il lui tkn Be lla, un rôle prépondérant à la tête d u F.L.N . C'é tait donc Be n Bell a qui avait rait le c hoix, au eh:itea u d 'Aulnoy, du socinlisme la Fidel Castro. avee la ferme volon té de s'érigcr, il la ra ve ur de p:uti uniqu e, en. p,ltron. de l' Algér ie. Le social isfTle é tait une nouvelle donnéc ajou lée il la proc la ma llon du 1" novem bre. Dura nt la guerre, ' person nc n'cn sourn a mol. Un écriva in 3 cu le cou rage de récri re.

a

Du socialisnle il n'cst jamai.t question dans les pl atesformes plécédenles: décbralion du ." fIO\'cmbre 1954 Cl le Congrès de la Soummam en aoii t 1956. D'ai ll eurs il Tripoli, S3M que b rHérenee au socia lisme scientifique soi t upli cite, on parle surtout de mltional isations cl de réforme: agTll ire qU Î se si tue nt dans une problématique m::llem cnt • soci a li~te 0 . En ]964, par comre, 13 charte d'Alger fern rUérentt explicite au marxÎsme li. Avec l'a ppui de l'é tat-major ct de ses am is personnel s, Ben Bella manœuvra 5i bien q ue le C.N .R.A, sc réun it il Tripoli le 27 ma i 1962, A Tripoli, nous rumes saisis d ' un texte ma l cxpu rgé de son conten u ma r~is te et qui 3vait été préparé par Il , Bruno Étienne, L'AIV' lr. CUItIlUS rI rlvoIlltlo..s. Paris, le Seuil, 1977.

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iiI Fédération de Frunce du l'.L.N,, très m;lrquée par J'extrême ga uche. De la charlc .• bcnbelliSle », réd;. 8« en toule lcitc li Tunis, sur SC$ indiquions, le Congrès adopta les cinq poinls suivanls: 1) le socialisme servira de pbte-forme fi l'action du gou"e rnement ,!lgérien; 2) le: respect des principes de l'islam: J) la subordination de l'industrialisation de J'Algé_ rie fi la salisfacion des aspi r:uions socialt:s des mas, ses: 4) 13 nation31isation des secteurs clefs de l'éco~ mit nationale: 5) la cr,;:lIion d'un parti prépondér:lllt laissan t à l'opposition la liberté de s'exprimer. Le Congrès précisa que ces dispositions n'avaient qu'un eametêre st ric tcment provisoire, ct cc jusqu':) la réunion sur le territoire n"tion.11 d'un congrès élargi aux forces intérieu rcs, lequel congrès dCVllÎt 3voir autorité sur cclui de Tripoli, Jusque,là nous reslons dans le eAdrc des principes généraux, quoiquc beaucoup, p:trm; ceux qui p:!rlaient du • socialisme", ne savaient pits .l U juste de quoi ils parlaient. Cependant, d~s que la formation du bureau poli ti que vint à l'ordre du jour, les di((ieultél surgirent. Les qucstioll$ de: pe rsonnes se posèrent à nOU" ea u avec violcnce, au sein des anciens militants du M.T.L.D. On a beaucoup p,ulé \lu Congr~s de Tripoli. J'y assistais. Cc ne fui en réa lité qu'un vulgaire règlement de comptes, sans honrlCur cl sans grandeur, surtou t lorsqu'on sc rappelle qu'à la mêmc époque, J'O.A$. multipliait les crimes sur le: territoire nalional. Et au momenl où les débats dégénérêrent en injures grossières, Bcn Khedda, président du G. P.R. A.. ct ses ministres quittèrent Tripoli poUf Tunis. C'élait pour eux le seul moycn de • bloque r " les décisions du C.N.R.A. 48

J'/wais dcmandé alors il Boudiaf les raisons du différend qui l'opposai t à Ben Ikll:! .• C'est un homme impossible, me dit-il. \1 veut rester seul el il restera seul. Toi aussi tu le: quineros. " Après cette réunion, un postc ,;metteur ~pp~ rte­ nant à l'étal·major se mi t à diffuser, de la fron tiè re IIlnisienne, des informations incxactes el p:lrtisancs. Le 30 jui n, e ~téd,; pa r ces émissions, le G.P.R.A. rc:.·oqua les membres de l'é tat,major CI prononça la dissolu tion dc cet orga nisme. Celte mesurc, ma nifestation de l'autori té du gOtl\'CfnCmenl, arrivait trop lard, De part et d'"ut rc les positions étaient déjà bien arrêtées. Le F.L.N. éelala, donnant naiS$3nce à deu:c groupes adverses. L'un et l'autre a"aien t des maquisards ik leur disposition. Du côté du G. P.R.A .. les ' '{ilayas Il, Il l. IV ct la Fédér/uion F. L N. de France. Du côté de Ben Bella ct de Boumediene, les Wilayas 1. V, VI et l'armée des frontières aVct 50n puissa nt armement. Face à celle scission de l'A. L N. ct à la lulle d'innuences d';clenchée p:!r la anciens militants du M.T.LD.. ma posi tion de"enait difficile. Je n'avais pas soupçonné qu'i l y eüt, au lendemain de notre victoi re. tant de haine CL tan l d'ambition personnelle parmi cu~. Au demeurant, dcpuis le Congrès de Tripoli d'aoüt 1961, ct après l'éleclion de Ben Khedda il la pr~sidence, les anciens U.D. M.,\ . et les Oulémas étaient pratiquement sur la touche. Devant les membres de l'état·major qu'il avai t réunis, Ben Khedda alla jusqu'à nous tr.:liter d'· opportunistes". C'esl da ns cel étal d'esprit qu'il nous écarla de lOut poste de responsabili té. Aucun dc nous n'a pa rticipé aux secortdes négocia tions d·Évian. aucun dc oous n'a élé déligné pou r siéger à l'exécutir provisoire présidé pa r Fares. Déjà. lorsque je fus désigné comme prélident du G.P.R.A. en septembre 1958, un • cen tra liste ", Bou, 49


ma7.:l, emprisonné à Fresnes ct que le~ autorités françaises, par la suite, aidç rent à ~'évade r. s'e~dama lorsqu'il apprit mon élection: • Abbas. noos le presserons comme on cilron ct après nous le jetlerons! ~ En vérité je n'étais pas dupe des calculs des aUlres ct n'élais en lout C;lS pas à leur ~rviee, ni à celui du M.T. L.D., mais bien au service c:xdusif de mon pays. A le ur sonie de prison. Uen llclla ct son groope sc comportèrent avec nous différemment. Ils sollicilèrem en toute occasion notre appui. A Tunis, Khider, en présen<:e de Boumendjel, du Dr Froncis. de Benguettat ct de moi· mème. fit un long plaidoyer en fneur de son ami. Il nous 3SSUro que Ben Bella, au pou\'oir, ferait appel à toutes les compétences cl à tou tes les bonnes volontês, SMS esprit !XIrtisa n. II ferai t respecter les libertés cs.scnticllcs de l' homme Ct laisserait 11 J'opposition la liberté de s·exprimer. comme l'al'ait d'ailleurs décidé le C.N,R,A. L'état-major, de son cOté, maintenait le con tact avcc nous. Nos relations avec Boumediene avaient toujou/'$ été correctcs grace 11 la présence du commandan t SIim3ne, de son vrai nom Kaïd Ahmed. A l'époque OÙ je présidais le G.P.R.A" j'avais, 11 différentes reprises, pris la défense de Boumediene contre ses adversaires. Il fot le protégé de Boussouf, de Ilcntobbal ct de moi·même. j'avais une bonne opinion de lui. Je le considérais comme un bon musulman ct un bon patriote, ct surtout un grand travailleur, qui savait ti rer le maximum de ses collaborateurs. Nous primes bonne note, sans aut re engagement, des assurunces que Khider nous don na, Den Bellu pouvait bénéficier d'un préjugé favorable. o.:scmparé après la dissolution de l'ét;l\-m;tjor le 30juin 1962, il qoitta Tunis en s'assuran t immédia· tement la collaboration de Boumendjel. Après la réunion de Tripoli. nous nous réunimes 50

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avec les Oulémas se trouvan t à Tunis. Ils étaient d'an ciens élèl'cs de lien Badis, Sur l'esse ntiel nous étion5 d'accord. L'Algérie musulmane al'ec sa euhu- \ re, sa langue, son style de vic, son économie devait resurgir de la dHaite du régime colonial.et renaitre à la vic, sans renier ce que la France ava It scnlé chez nous de progrès scientifique et technique. Nous nous in terdisions un retour en arrière. aux m«urs du Moyen Age. 300 trib.:llisme ct au régionalisme, Je quillai Tunis avec ma ramille le 29 juin 1962, pour être en Algérie le 1- juillet ct participer au référendum sur l'aotod~termination. Nous étions accompagnés de mon regretté nel'eu Ali Bcnabdcl· mOUlllene, de sa femme ct de ses deux enfants, Un jeune Guelmois étai\ au volant de la voiture mise à ma disposition. Juste avant mon dépar l, le eomman· dant t-1cndjeli de l'étal·major me con tacta ~ur m'indiquer le trajet à emprunter. Nous deViOns passer la nuit à la frontière, dans la région du Ker. Boumediene viendruit fi notre rencontre. /1. la rrontière tu nisienne nous fumes hébe rgés dans une mai· son ou le Dr Boodcrba nous rejoignit. Il m'apportait la Jeltre du chef de l'état.major que l'oici :

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RtPUBUOUEIJ.GlRIEHHE F,LN, • A,LN, t'rAT,MAJOR Ct.."'1tRAt. N- ' .65/ f E.M,G.

Au fri.e Abb;u.

AI&ln.:. .Lau ... it ~lt !lb utile de c_mble 1. poinl de b ,i lu~lion. Je m apprc~IS d alileun l prcl>ll", Ja ""'le du Kef '1 •• 1>11 des ptOblCmcs .mprt .... , _ ""nul m·empêche. de ~gl11C' mon polle, Je le "'8"'tle vivemenl cl le d.m.onde d e.CuK. Cc COtU'C!emp:r. le liens. OI'pcllCbnl, m.1jnl.,~.nl que .IU l'Appleln ~ ••joind.e le sol nollOru.1. l ... ppclc. ,,1 Cft ~IIII besoin a.>mbien Il0l''' ~uplc m.I"'IYC d'infOl'lnallons l'nies. combi<:n dupé el myslir~ Il • ~!t cl combien !"immense l"'vail d. d."ific'IlÎon devienl u.,.nt. T. prÛocncc ~n ~Is~ne sera ulu~, j'en .uis 'u., pu IOUl lIDI'c ~uple q~I .... 1 b",n,rec:on.ru..lft ceux qui Onl donnt pOlI' qlK ....."" u hkni el d.~p;!.'''isK ... milt",; il le rkl.me .. , ~~ l IOUS ~poM:Ibles, des explio;,lloll5, NOire de.'oî. n i d «iann II. SOIf de compl'ClMl,e çc q... les nkusil& de la 8.c,,,, DOUJ 0fI1 ~ ce jour dHcndu de fai.e, Je ,I.e d.m.o~ de ....1•• COII$lammeftl en conlael ane_ .. ~, l ,nlerméd,al'" de notfC f.~fC, chef de 1. Wilaya . Je "" dO\lI~ pu. de plus.. que lu reh.~ ..... ainsi l'IU!Ofilt CI le presto", cie celle w.t.y:a. Je profile en OUlrc de Cc que je l'~C''' POU' l'Informe. de 1. siluatlOn conf_ qu i .è"", ~ Co".... nli .... Da tlt .... nls i _ ~nts el l é~,guid& ,[ IM""nl u"" .."mp:og"" de p~s.nd •. I."~nl d.• l~ .11, ~ Ilen Bella .II"E.M.G. pour briguer Je pooI~r. çco;, b",n . ûr .~pqnt de do!ni,,,,mcnl$ el ""_ 1 ,es vwnl i lromper dthWrtmenl le Pcuple, d'où 1. nt'; n"lt de me"'" u... Qmpl&IIC d'upliealion pu la mlilliplic:olioa des C<)fII.cU nec: Ic:s iltmcnl$ UiM du pl)". Je te rappelle en jlSWnl POU ' d·t...:nlu.!! ClMt.. tl 'luc tu au ... ane des r.~ ck COMtlIrn;ft<:. qu'il le.. uule cl r",elueu, pOlI' nous d'i ns;ller ,ur l'aff.ir. du cDfTlm,ndul Sli ....... POU' ras(M1;' combien da"~feu POU' Ie~)'$ K" la prlliq ... ~ Cd mêtho<b liches CI dbhonoranles. Je !crmlllc en le SOU""il.nl """ bonIIC Kntf~.n sor ru.lional cl luIS penuado! q,", le Pcupk 1'0"",,;lIc... comme un pl' concrel v.n la .ecanquete de '" diSl'ilt. Bie.. fnlcmdlcmeftl. Etal·major ~tntral de l'A.L.N. Si,nt: Houmcd iellC A la ...:ille de ta

",nl.~ Cft

_s ,fCl'KXI!'l,.cr ~f\n de f.i",

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Le Icndemnin, nous nous dirigeilmes ve"" I;t fron, tière algérienne. Au liell-dil • El Gualaf Essena'in", mon nmi Mahmoud I-Iakimi nous attendait. J'étai s Irès ému en revoyant un ami el un militanl de la première heure, qui exerça de gr;J. ndcs responsabilil és dans le F.L.N. cl qui fut torluré par les paras. J'ai lr;J.vcrsé 1I\'ec 13 rnçmc émoI ion la fron l ière algérienne. De nombre:ux nmis élaienl ve:nus à ma rencontre, parmi I e.~ucls le rcgre:né e:a pilaine Sfa x; Mohamed Salah. Ils nous re:joignirent iL Tébess<l. Cette journée fuI mémorable. La joie de la foule sc muait en dé lire. A Ain lkid3, je: lui adrC$S3.iS quelque:s mots en présence: de Cheikh Si Belgaeem El Oadaou i qu i prit également la parole, Nous repartîmes l'nprès,midi vers Oalna, en p:l~nt d'abord au P,C. de la \Vibya 1 où le oo1on e l Zbiri nous anendait. Il me fit présenler les armes par unc section de: l'A.L.N. CI nous accompagna jusqu'" Balna où le nouveau prHet, Raha l Abdclatif, nous acueillit ~ la prHec\Ure. Nous rcnlramcs à 22 hcur~$ à Sét if. La population de Sétif rewnnul le: cortège. S.1 joie fut d~bordante. Des hommes \'oulurcnl SOIllevcr ma voilure:. Ils montèrcnl sur le toit. Des femmes poussaient des youyous étourdissants. La ville: de Sê t ir mil une grande villa à ma disposit ion, celle de: M. Audure:lu. Cesl dans Celle: vill3 que je reçus le nol de nits :t mis CI ma famille , Ils venaient de partou l , d'Alger, de Bougie, de Jijel. de ConSlan line, de Batna. de Khenchela, de IJ.ordj Bou Arreridj , Le command:lnl lI uniimi de 13 Wilaya III avait dét3 ehé lin groupe de djounouds pou r assurer la sécurité. Ce: furent des journfcs inoub liables. Financièremenl, j'étais renlré de Tuni~ sans mo)'ens. Ma pharmacie avait é lé saccagée et fermée en 1957. Elle ne me fut d'3ucun secours. Ce: sont mes amis de Sé t ir qui nl'aidèrent en ces premie,.,.

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momenl5. Du I»lcon de la villa, je pris la parole en même temps que le commissaire poli tique de la Wilaya 1. Je dis aux Algériens que le temp.~ de la C"hiku)"u " était terminé et que <:elui de la responsabilité des eito)'cns commençait. Jc dis ég:..!ement a ux Français d'Algérie de restcr ct que leur sécuri té serail assurée. Lc 7 juillet, le président Ben Khedd:1 ct ses minist res n:ntr~rent à Alge r. Au dire des témoins, Alger "éeu t des moments de joie délimnte. Ce rut l'e nthousiasme et l'allégresse. Jamais plus noire peuple ne revivra de pareils moments. Le coloncl Boumediene entr:.. à Sétir avec un bataillon de l'A. L.N. Dès l'indépendanee proclam~e il installa ses djounouds à Bel-Air, dans l'anc ienne eascrnc des C.R.S. Les colonel.s Zbiri Tahar et C h;Îabani Mohamed le rejoignirent. Nous organisâmes un • meeting. en présence du préret Tahar Ladjouzi qui "cnait de remplacer DenOlene. Le colone! Boumediene me dem and:.. 3vee insistance de me rendre à Tlemeen pour que je m'associe à son groupe et à celui ce Ben Bella. L':..rrest:..tion, à Constantine, du commandant Slimanc par le colonel Houdnidcr Salah dc la Wilaya 1J. dit • Saout El Amb", avait acce ntué le désnccord enlrc les [cndanees.• Si tu étaÎ$ pa~ par sa wilaya, ec colonel t'aurait cmprisonné de la même maniè're", me dit Boumediene. 11 me conseilla de rejoindre Tlemcen en p3S.1.3nt par le Sud, où commandait le colonel Chaabani. Je restais cependant indécis, malgré 1'3ppcl du Dr Fmncis de retour à Relizane, sa villc na tale. Il me fit part de sa déc ision de rejoind rc Boumendjel. Cc dernier, chargé du se:rviœ dc presse: du groupe de Ben Bella, était seul â sc débattre au milieu d'un grand nombre de journalistes. S ur ces entreraites je reçus la ~isite du comman14. Chi"")',, :

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~Iild

qucrelles.

dant I-I assa n Mah)'ou1., accompagné de quelques officiers de la Wil aya III qui sc rendaicnt au P.c. dc Zbiri pour s'inrormer. H aS5~n é tait ner~eu~. menaçant, agressif. 11 parlait même de guerre cÎvilc. • Nous sommcs prêts, me dit,il, à nous ballrc contre nos propres fri:res, si cela est néccss.,ire:." C'est à la même époque que le commandant Il3mÎmi menaçaÎt de raire sauter le barmgc de Khermta,1c <:3$ échéa nt. Je leur conseillai ln modération. Le pou~oir n'est légitimc et n':. de ya leur que s' i! cs t garanti par le peuple. Cest à cet Înstant que je pris la déeision de me rendre â Tlemcen. me disant que cClle prise: de position en r~veur du groupe de Ben Belin pou~ait peut-i:tre arrêter l'A lgé ric sur la pente de la guerrc civilc, qui, en cet instant, paraissait imminente et inéyitable. Beaucoup de mes amis m'on t reproché celle prise de position. Je ne crois pas qu'une attitud e d'expectative, à la Poncc l'i lalC, pouvait servir le pa ys. L'Algérie, sortÎe il peine d'une guerre Silns merci qui dura plus de sept anlltes, risqua it d'ê tre • congoli· sée ". Quand le ~t du pays est en jeu. il est indigne de raire des calculs ct d.,j ouer il ]'atlcnlis,e. A. Le colonel Ouam rane éÎai t en visite chey. moi. Nous prîmes ensemble la route d'Oran. Ma ramille et mon ami Haki mi nous a<:compagnaien l. Nous Im\'ersâmes trois wilayas: la l, la IV el la V, sans inquiétude. A chaq ue pesle de contrôlc, les djounouds nous présentaient les 3rmes. Nous p.1ssarncs la nuit à Tiaret, logés à la sous-prérecture. Le lendemain, nous flOUS rendimes à Tlcmcen à la villa Rivaud, poste de commandement de Ben Bella. Boumediene nous accueilli t fraternellement cl chaleureusemen t. L'accueil de Ben Uella fut plus réser~é. Medeghri venail dc remplacer Diefenbake r il la préfecture de Tlemcen. C'est chey. lui que ma famille et moi·mêmc nous riimes hébe rgés jusqu'à ce que

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nous soyons installés dans la villa du secrétaire gern:ral, face 11 la préfecture. Medegh ri itait un garçon cultivé, bien élcvé, courtois. Avant de gagner le maquis. il étai t étudian t en mathématiques il la faculté d'Al ger. En avri l 1946, je me trouvais à SaYda, sa ville na tale, poUf soute nir la lisle U.D.M .A. à l'élection de 1't\s5cmblée constituante. Son ~ fe étai t le responsable de not re .scetion locale. Son fils, Ic petit Mc:dcghri. à peine âgé de 10 ans, vint â moi :....« un superbe bouquct de nCUfS. Je le pris par la main et nous nous rendimcs à la salle où devai t se te nir le meeti ng élcc toral. Au cours de mon exposé, j'ai fÇCOnnu le neveu du gi néml Ca troux, candidat lui aussi aux mêmes i leetions, mais dans le premier collège, à qui je déclara i : • Pourquoi, avec des lois plus j ustes. le jeune Medeghri, ici prisent, ne serait-il p.:Is un jour prUet dans son propre pays"? Les années avaient pas.sé. Medegh ri me dit : • Mc voilà préfet selon tc.~ vetux." • Tu seras probablcment minist re", lui ai-je répondu. Et il le fut. A Tlcmcen, le climat politique n'était p.:IS bon. L'atmosphère dans la villa Rivaud était cellc des so uk s: marc handages, conciliabules, rupture s ~uivics de réconciliations. l'crsonnellement, j'ai tra va illé loyalemen t 5:105 c:tlculs ni arrière-pcnsécs pour la réconciliation ct poUT la sauvcga rde de l'unité nationale, durement aequi§Ç. Les am is qu i sëtaient dép13«5 d'A lge r ct de différentes villes du P.1YS pour me voir reç urent la consignc de travailler pour la modé· rlI tion el l'un ion fraternelle. Le jour où Fares, pr~sidcnt de l'exécutif provisoire. vint il. Tlemce n, tout sem blait réglé. Nous nous rendîmes à Onln. A peine étais-jc installé dans ma chambre d'hôtel quc l'on me demanda. C'était une femme europeenne qui m'attcndait. Elle étai t en pleurs, désc.~ péT« .• Monsieur Abbols, me di t-elle, 56

e'cst Dieu qui l'OUS envoie. Sauve7. l11e5 deux fils. Ils viennen t d'être aTTetés ... Je m'informai: • Qu'ont·ils rai t?" La femme, lOujours en brilles. reprit: • On les accuse d'a"oir appanenu à. I"O.A.S. Mais cc n'cst pas possible. Ils sont si jeun es. 20 ans et 22an5. M. Abba.~, $aul·e7.·Ies.. Je promis d'inten·enir. J'ai demandé 11. voi r le commandant de la place. C'était mon ami le commandant Hckhti. de son vmi nom NemmiclM:. quc j'avais bien connu :lU Maroc. Nous discu tânlCS du cas de ces de u)l; jcullC$ gens et je lui ris di re : • Ne trouvcs-tu pas qu'il y a cu trop de sang d:lns cc malheureux fllYs"? Pourquoi con tinller 11. t uer ~ I.·O.A.S. est vainc ue. Nous sommes vÎctorîeu~. L'heu re est arri vée pour nous d'édifier notre pays autremen t que p.:Ir la violence. Soyons m..gnani mcs. Rd:khe ces deu~ g:l rçons. " Il-ckhti me rassura. Au rond, il fllrtagcaî t mes sentiments, et les deux prisonniers furent relâc hé5. Je l'entre ti ns aussi des massacres qui avaient ensanglanté Oran. Un certain nombre de Français invités 11 assistc r à la cérémonie de la • réconciliation", le S juillct, furent pris sous un fcu croisé parti des toits des maisons par des inconnus en uniforme. Crime gratuit qui ne poU"ait pas rehau sser le prestige de J'A lgérie libre . • C'cst unc affaire troublante, me dit BekhtÎ. Apres le cessez·le-feu ., le 19 mars, les vOyou5 ont pris l'uniforme de l' A. L N. CI ~e sont conduits en bandits de grand chemin. Nous en avons afTcté ct désarmé plu~ de qU:ltre cenIs. Les Fr:mÇ3is nous ont demandé de ne pas les fusiller. M:lis ecs hommes étaient un danger public.· La mère des deux garÇQns libér':s revint me voi r. heureuse. Ses deux enfanlS l':lccomp.:lgnaient. Elle me les priscnta ct me remercia tout en pleurant. Je m'inquiétais dc savoi r s'ils avaient de l'argent pour ,·o)·ager. lb me répondirent par l'affirmative. • Alors prencl. le premier avion et lJue Dieu mus g;Hde .• M

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Bekhti est aujourd'hui ministre des Anciens Moudjahid ine. Il contin ue avec le même dévouement à servir l'intérêt général. à panser les blessures de l'Algérie, à secou rir les veuves de guerre, les orphelins et les inval id es. A O ra n, je ne voyais Ben Bella que raremcnt. Il continuait ses intr igues, ses conciliab ul es secrets avec ses anciens amis du P.P.A. Au même moment, Constantine était le th éât re d'événements gravcs. Le commandant Larbi Bcrredjem \'cnait d'im·cstir la ville au nom du groupe de Tlemcen, de f:lire libérer le commandant Slimane ct d'cmprisonner son propre chef, Ic colonel Uoubnider ct le ministre Bentobbal. Il a fallu J'in tervention de Bitat du Bu reau politique pour faire relâche r les deux prisonn iers. A Al ger, Khider tentait de faire accepter [e Bu reau politique qui n'avait pu être mis sur pied à T ripol i. Au début d'aoû t, un accord fut condu enLTe lui ct Krim d'u ne part. Boudiar et le colonel Mohand-Ou ld-H adj, chef de la Wilaya [Il, d'autre part. Mais cet aeoord ne dura pas longtemps. Le 20 30Ût, sans savoi r pourquoi. les hommes de la zone autonome d'Alger ouvri rent Ic feu sur les djounouds de la Wilaya IV. Il y eut des morts et des blessés. Dans cc oonnit de nombreux civils payèren t auss i de Icur vic. 1...1 route oonduisant a u pouvoir était déjiijonehée de morts. Le grenou illagc de ceux qui prétendaient au leadership était scandaleux. La vic toire arrachée par le peuple éta it tac hée du sang des innocents. On assista à des réoonc il iations spectaculaircs vitc démenties (mT les faits. Le carrousel des arresta t ions ct des libérat ions démontrait le manque de séricux , de pa triotisme ct de oorlYietion des uns ct des autres. Les appétits se multipliaient et se déchaina ient. L'Algérie était comme un animal blcssé entouré d'une meute de loups aig uisa nt leurs crocs. Chacun voulait en 3rracher un

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morceau. Et tant pis si. au bou t du comptc, le pays devait cn pfi tir. L'absence d'une autori té légale. forte ct reoonn ue. avait fait naitre une multitude d'ambitions, toules plus ou moins contestables. Celle situation dura jusqu'à l'entrée des troupes des fronti1:res à Alger. Semant des cadavrcs su r sa rou tc, Boumedienc faisait la .oonquête de J'Algérie _. C'é tait la seule gue rre qu'il fit. L'élection de l'Assemblée nationale constituan te, le 20 septembrc, apporta un léger apaisemenl. La liste des candidats, donc des. élus _, avait été étab li e par un Bureau politique plus contestable ct conte.~té que jamais. Après l'installation de l'Assemblée ct la désigna· tion du premier gouvernement algérien 'pr~sidé par ( Uen Bella, celui-ci rendit officiel le c socrahsme à la Fidel Castro_, au lant dire le communisme stalinien. Que pouvait-il faire sinon oopier et imiter? C'est dans ces circonstances que l'Algérie allait connaître le c benbcllisme _ a près avoi r connu le • mcssalisme~. Pour ooncilier • le di<lble ct le bon Dieu >, nOire président du Conseil nous parla du • soci<llisme spécifique. de l'Algérie. Celle. spécificité - se traduisait ainsi pour lui: l'islam est dans le vrai ' spirituellement ct d<lns l'erreur économiquelllcnt, alors que le marxisme était dans l'erreur spirituellement ct dam le vrai économiquement. Aulant dire que l'islam ct le marxisme étaient touS deux dénaturés ct tous deux tr:lhis. L'amalgame de deux idéologies différente.~, celle de !"islam cl celle du ma rxisme, va conduire notre pays à une p;lr:llysie éoonomique, à une action anarchique. Su r le plan moral, vint la dégradation des mo::urs et des traditions. L'u nit é nationale, si chèrement soudée, était rompue. Notre peuple, qui fut héroïque dans le combat, ne pu t s'opposer li l'arbitr:lire du pouvoir personnel. Il deviendra, au fil des jours, une foule indifféren te.

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sans resson, UI1(: massc étmngèr~ aUll arraire$ publiquc.~_ les dirrieuhés quotidiennes l'occuperont: problèmes de logement, démarches adminÎstr;uh-es, ravi. tailleme nt, etc. les autori tés ignoreronl $CS sou rrrnnccs, ses droits $Cront saeriliés ct les dirrieultés multipliées ~ur son chemin. Comme ravait prévu 13en M'Hidi, personne, parmi ee ult qui le gouvcrnent. n'a eu pitié de lui. Personne ne ~ souvient plus de ce quïl a enduré pendant plus de sept ans de guerre. Alors que Die u 1 nous dit : . l'homme est libre de croire, il est libre de ne P.1S croire", (kn Bella nous força :\ croire fi son • sys tème" sous peine d'être ellelus de Ja nation en lant qu'afrreux. réactionnaireso. lc sa ng des chou. Il3da fut trahi. Pour la deux ième fois, ccs ehouhada moururent sur l'au tel du stal in isme ct du culte de la personBOllité. Ben Della comme Boumedie ne lirent du F.l.N. un instrument de leur pouvoir. • l 'Algé rie rrJnçaise • a été détruite. l 'Algérie musulmane n'a pas été ressuscitée et -l'Algérie socialiste" n'cst pas née. Ce qui a pris n~iSS.lnee e'cst l'égoïsme :I\'euglc. Je particularisme agressif. Ja course aux places CI aux prébendes. le plus forl éemse le plus faible. Nous devenons étrangers Ics uns aux ;nltres. le pa)'s ne sait plus où il va paree que personne ne lui a ouvert le chemin de l'aveni r. l e pouvoir autori taire et policier se contente d'étendre ses sombres ai les sur ce quïl y a de gérll! reux dans nOire société. El, étrange e~ro­ que rie du siècle. un pareil régime S'cst baptisé • régime progressiste '. le progrès. le vrai progras.. ne pourrui t·il pas ~rcodre d'autres chemins sur lesquels !"homme, libéré du colonialisme, aimerait s'engager sans perdre son am.:, sa digni té ct sa liberté'! 1S. Hadilh: paroles du Prophètc recueillkJ el a Ulhcnlifi~es.

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lE SANG DES CHOU I-IADA TRAH I l 'Algérie il l'heure du st:llÎnisme P~r I~ '~"'fU l 1:.' " "'rirl l'A_m~ ~JT rtI ~ditlo-t! SDuf r ( U '1"/ iJ<Ir ID fci. qui fiJN I~ lM". 'lu/ u t«iJOfUrflINlnll ", .. ,urlI~"",,,, III i".riu n III r/l'Mir/.

I.E COllAN ' •

En 1962, Ben Bella, sous J'innuenee d'une rrange ou moins ga uchiste de la Fédération de France du F.L.N., engagea l'Algé rie dans une voie dêjà in~titu!ion nalisée da ns les Républiq ues populaires de l'Es!, à sa voir: parti unique, eentrnlismc di! • démoem tique. ct pouvoir personnel. Je n'ai pu, :lussi bien par conviç!ion que par !cmpc!rament, le suivre dans celte voie el j'ai donné ma démission de l'Assemblée nalÎonale constilu:lnte (cf. Annexe J). Un homme politique doit respeeler un minimum de probi té Întellectuelle. sinon il tombe dans l'aven turisme. En qu inant la présidence de rAsscmbl~e nationale, fai ~eril une longue lettre aux dc putés, qui reste :\ mes yeux une pT(lr~ion de roi encore val~ble: plu~

.. le Coran. JOUrn tc 10J .• Ic lemps", v. I-J.

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Assemblée nationalc constituante

République algérienne démocratique et populaire

Le Président

Alger, le 12 août 1963

POURQUOI JE NE SUIS PAS D'ACCORD AVEC I.E PROJET DIO CONSTITUTION nA6L1 PAR LE GOUVERNEMENT Err LE BUREAU POLITIQUE

Par Ferhat ,\bbas Député de Sétif. Donner une Constitution à la République est un acte d'une extrême importance. [1 requiert notre réflexion, notre mison. notre sagesse. Après l'héroïque combat pour l'indépendance. c'est un autre combat qui s'impose il nous. Le peuple tout entier ct, en premier lieu. ses représentants doivent faire preuve de lucidité ct de CQuragc. La loi du silence que nous nous sommes imposée durant les sept années dc lutte, parce que l'ad"ersaire était au milieu de nous. n'a plus sa raison d'être. I.e silence doit être rompu. Avant d'engager l'avcnir, cclui du pays, celui de nos femmes ct de nos enfants. chacun de nous doit prendre conscience de ses responsabilités pour mieux les assumer. Sinon, il renonce. par un laehe opportunisme. au devoir élémentaire de tout citoyen. A Tripoli, le C.N.R.A. avait déjà été saisi par la

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Fédération de France du F.L.N. d'un projet de Constitution. Oepuis, deux autres projets ont été soumis, en avril dernicr, à la Commission de la Constitution. Le premier émane des frères Bcnabdallah, Mou rad Oussedik., Hocine El Mehdaoui. députés, Bendimered et llenghe1.a1, consuls en France: le second de moimême. Cc sont deux projets qui pouvaient servir de base à des débats. Au moment où la Commission allait commencer ses délibérations, le gou"ernement a fait arrêter ses tmvaux en déclarant qu'il élaborerait lui-même le projet de Constitution. A un mois de la fin de nOtre mandat. cc projet vient à peine de parvenir il l'Assemblée. Par contre. par la presse, par la mdio, par les conférences, dites des cadres. par des décl3rations ministérielles, on tente de l'imposer au peuple. Cetle campagne cst pour le moins singulière. Elle est d'autant plus anormale qu'elle tente de défendre un projet de Constitution qui ne règle aucun de nos grands problèmes. " . C'est pourquoi je me permets de m ~Ievcr leI solennellement contre de pareils procédés. de manifester mon désaccord ct de donner les raisons de cc déS:lecord.

ProclduTe el droit Sur le plan de la procMure ct du droit, l'Assemblee nationale constituante ct législath'e a été élue, sur proposition du F.L.N., a\'ec mandat de doter le pays d'une Constitution démocratique ct populaire, dans le délai d'un an. Détentrice exclusive de la souveraineté nationale, elle est donc seule habilitée 11 connaitre des lois dont

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clic a, concurremment avec le gouvernement. rinilialive. Ces lois, ava nt d'être examinées. doivent être déposées su r son burea u SOus forme de projets ou de propositions. Ces projets ou proposlhons ne son t renduS publics qU'3 près que l' As.scmbléc cn est

de supc r<itQy~ns. Ni d'institutionnaliscr une autorité parallèle. I~ POfl j

orricicllcmcnt s.aisic. Or, le gOuvcrnc ment vient de violer celle règle

fondamentale. Il a soumis à de pretendus Cldres d'un parti qui. cn fail. n'(.!tisle pas encore. un projet de Constitu tion

S,1 n5

que ]'As.semblëe en a il été infor-

mée. Faire: approuver par des militants qui n'ool reçu a ucun mandaI de cel ordre un IcJtlc fondamcnul

re leva nt des atuibu tions men licites des députés. 1

c'cst clicr la confusion et viole r la loi. ~Iu milicr une Assemblée souveraine. qui a toujours apporlé sa collaboration loyale CI $On appui au gouvernement. esl un gesle ex trêmemenl grave. Le procêd~ rel~ye de la nlyslifica tiOfl, de l'action psychologique. En tout état de cause, il laisse cntrc' voir le rôle que l'exfe ulif entend réseryer ou l':gisla· tif. Avant mê me que la Cons ti tution de type prési· dent iel n'ait é té odoptf e par l'Assemblée, avant qu'clic n'ait étf soumise au référendum popul.1ire, nous assistons fi une ac ti on dcstinée fi fai re pression s ur les COnStitu ants CI fi meLlre [e peup[c en condi· ti on, Il en rfsulte que l'Asse mblée nationale cst déjà dépo uill fe d'un pouvoir qu'elle détient, pourtant, du peup[e souyer:ain et du F,L.N , Le Part i, cssaie· t-on de rétorquer - si Parti il y aayait son mot li dire. Or, le Bureau politique a eu plus que son mot li dire, puisqu'i l est l'au teur même du projet. Quant a ux militants, ils ne pouvaient avoi r [li préte ntion d'ê tre consult o!s avant le! dé putës. Ce sont des citoyens comme les au tres. Ils auront à donner leur ayis en méme te nlps que le pe uple par voie de réfé reooum, Quand on ye ut fonder un pani, il n'est pas question de créer une catégorie de privilégiés et

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A propos de ce p-,rti, il est SOUYcn t fait réfé rence à la C harle de Tri poli. Or, li Tripoli, il a été décidé que la reconversion du F.L.N. cn p:lrti politique un iq ue devai t sc raire dêmocrotiquemcnt, par le truc heme nt du C.N.R.A., éla rgi à certains frères choisis p:lrmi Ics comballants de l'intérieur. En aucun cas le 8un::au politique n'a reçu mandat pour mellre en place une organisa tion de celle importance. Duranlla guerre de libér:ation, le C.N. R.A. a jQué il la fois le TÔle de Parlement algérien ct de Comité central du F.L.N , Un Pa rlemen t ayant été élu le 20 septembre 1962, c'est ;"i. cc Parlement que revenai t logiquemeru, à mon avis, la mission de désigner un nouveau Comité central du F.L.N. en rcmpl3ccment d'un C.N. R.A. di sloqué ct dép:lssé. Cc Comi té central, désigné pa r l'Assemblée nationale. a urait cu po ur t.lch c:>: l' d'ê lnoorer les sta tut s du Parti: 2" de délinir notre doctrine ct notrc soda lisme: 3' d'établir un progromme: 4' de rcunir un Congrès n~tional pour discuter ct mtilier les trois points ci-dessus. Ainsi, nou s au rions fai t partic iper effec tivement l'ensemble d u pe uple au~ ass ises du l'artÎ. Et par là même nous aurions donné à cc Pa rti une base démocr:at iq ue e t popu laire. Or, le Ou reau poli tique, de sa seule in itiat ive, s'cst au torISe li faire un trovail qui n'é tait p;!s le sien. Premier résulta t : le diffé rend de Khidcr a~·ec Ben 65


BeIl:I. puis de Ben Bella avec Bitat. Khider évincé. Ritat écarté, le Bureau politique a voolu mettre les bouchées doubles pour placer le pays devant le fait acœmpli. Qui a choisi ces prétendus cadrc.~? Scion quels critères ce choix a été fait? Pourquoi ces militants ~t pas d'autres? Ce tt e cooptation dont bénérieient. cer. tains amis" est pour le moins arbiuaire. Elle aboutît il la formation de la • République des Camarades", con tre Illquelle 10UI Algérien a le devoir de s'éleve r. Le F.L.N. ne doit JXls ctre le p.:trti d'une fraction. mais celui du peuple - de loutle peuple _ de la même manière qu'il l'a été durant la IU1le armée. Sinon il devient un sujet de division ct ne peut fai re qu'un travail fwctionne l. Certains mi litan ts ont conservé la nostalgie dcs anciens partLt ct n'on t rien oublié. On les trouve dans la plus grarKIe partie des postes de responsabilité. Cc retour aux divisions du passé cstla négat ion m':me du F. L. N. Le Parti devant êtrc la • Conscience" et le • Gui, de" de la nation, sa formation doit êue entourée de toutes les garanties. Elle doit être J'œuvre du peuple. du peuple qui Imvaille. celui des ehlunps. celui des entreprÎses, celui des marchands, cel ui des usines, celui des combattants. Or. scion les informations qui me parviennent. les fédéra tions ct les daims sont. dans la proportion de 80 'li. impopulaires. Notre peuple les subi t. Les cadres choisis $Ont en majeure partie dcs budgétivores et dcs profiteur.;. Ils sc désintéressent complê, tement du sorl des masses, Pour imposer silence il ces dernières, ils les traitent par le mépris ct font peser sur clics la menace. Cc sont de nOU\'caux caïds. Nous ne sommes pas encore au stade d'un régime 66

policier. Mais. si nous ne prenons paS gardc, nous y :Irril'erons il brêve échéance. Le F. L.N .. en \:1n l lIue parti unique, s'il n'cst pas une org.:aniS:ttion démocratique. appelée i\ rosscmbJer toutes les énergies créatrices dont notre peuple est riche. ou bicn s'il n'cst pas maniste-léniniste authentique, s'appuyant ~ur une dictature prolétarienne. que pourrait-il être? On peut le prédi re. Il sera condamné, par la nature des choses, 11 évolue r veN des structures rascistes. Est.il pensable que ",:s cadres ac tuels puissc nt contribuer au bicn-i:tre de nos masses paysannes et 11 leur éducation socialiste? L'affirmer semit un leurre. Récemment, à Sétif, un rc.~ponsable fédéral, dont Je trai tement, me dit-un, est de l'ordre de 100000 francs par mois, ct qui. dcpuis, a été révoqué, s'était attribué un appa rtement lu~ueux, unc rerme de 200 hectares ct l'exploitation d'un café· restaur:,"1. 1\ dc r:lres exceptions prh, e'cst de celle manière que sc manifcste le militantisme des pion· nier.; du • socialisme algérien". Les mots sont impuissants il traduirc l'amère réalité. 1\ vouloir agir en dehor.; du peuple. on arrive ~ des résultats diamétralement opposés (IU~ véritables objectirs soci:lliSles ct égalitaires. Oifini' noITP sociolismt' Le socialisme doit ètre synonyme de bonheur et de

libo.:rté. de travail r:llionnel ct de prospé rité réelle, d'cspér:mce et de foi en un avenir meilleur. Pour cela, il n'cst pas nécessairc d'imposer au pays la dictature d'un pouvoir fractionnaire et sans cont role. A Tripoli nous nous sommcs prononcés pour. une orient ation socialiste dans le respect des traditions de IïsI3 m ~.

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Quelles uranl donc les ear:\ctérîstiqucs de cc socialisme musul man? La Consti tution prëscn têc par le Bureau politique est muclle sur çç çhapitrc. Or IlOlre pc::uple doil être informé. Cest lui.même - cl lui seul - qui doit décider sou"craÎncmcn! de son des tin. Oc nos jours. tout le monde sc r~elamc plus ou moins du socialisme. Il est de"cnu le mOI il la mode. Il est donc nécessaire de savoir ce que sera nOire socialisme. Cc 50Cialisrnc a instaurer en Algérie sera-toit le socialisme scientifique marx iste-léniniste, appl iqué dans les p.:1ys communistes. 00 le socialisme çêmocr:ltique CI humaniste? Pour ma pari. fai opté pour le deuxième !\OCia( lismc pl rcc q u'il correspond aux aspirations profondes de nOire peuple. \. Les comma ndemen ts de l'islam. en mali~r(: d'êdu· C3lÎon religieuse. de droit de propriété. de droi t il l' héritage. d'assista nce sociale. eIC.. ne sont pas incompa tibles avec une socié té socialiste. Ilien au contrai re. Sans déroger a ux préceptes de Iïsl3m, sans heurt er les mŒUrs et trad itions de IlOIre peuple, nous pouvons engage r le pays dans une révolution qui aura pour objectifs: 1· l' ind ustri3 li s,1 tion ct l'édification d'une économie di rigée et planifiée. r la n3tion31is,l tion des grands moyens de production et son corollaire, le dé\'cloppement des ooopêra· ti\'es de prod uction et de consommation. JO la limitalion des fortunes ct le contrôle d u capital national privé pour l'amener, par une fiscalité appropriée. il participer au développement du seetcur social iste. 4· la défcnse des conquêtes sociales (allocations fam ili31es, congés payés, sécuri té sociale, salaire minimum inte rproressionnel garan ti) et leu r ex ten· ,~.

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la mobiliSoltion de tOlIl le p!.!uplc au tour de 13 Solinl': loi du trovail. de r crrort. de 13 morole et de l'honnête té. I.e oéocolonialÎsme oc mcnace OOlre pays que si la médiocri té, la pare5SC el la corruption s'y installent. Ainsi délini. cc socialisme, qui tient compte des réalitéS algériennes. est en mesure d'arracher les masses tr.lVailleuses il la mi!;(:re en remelHlIlt notre économie en ma rche. ]] est en mesure d'étend re Ics bienfaits de la \' ie moderne aux populations rurales, restées ail slade du Moyen Age. En créant des richesses 1lOO\'clles, en construisant de noun:aux l'illages, en faisant éclater les privilêges de la fonune par une juste répartition du re\'en u national. il transformer:t, dans un temps trè.~ court, toute 13 physionomie du pays. . ' Je reçoi s ct j.: 1i~ la li tt érature clandestine du Part1 de la révolution socialiste (P,R.S.), Ce parti est procommuniste e t prêcooisc une révolution prolêta· ncnne. N'ê tant pas moi 'mê me m3rxiste. n'étant pas corn· muniste, je ne partage pas celle idéologie. Au demeu· ran! une questiOn sc pose. Es!·ce que les Algériens 3ulhcntiq ucI11ent marxistes pensen! que les condi· tions historique s ct sociologiques SOnl aujourd'hui réunies pour ent reprendre avec de s chances de succès une telle révolutÎon? Est-ce que le prolétariat al~ê· ricn est en mcsu re de prend re le poul'oi r? Où sont $CS cadres, ses techniciens. ses doctrinaircs? Noire ])Cuple ,,'esl pas communÎste , Sincèrement croyant, profondément 3uaehé :w~ traditions 3raoo. \x:rbê:res, il est encore trop loin d'une ré~olution de celte nature, Si elle sc produisait, ell e ne se tmduirait que pa r un • gauchisme. ct un • al'entu risme. d6:!.st~u~ .

Maintenons·nous donc dans la position du· neutro· lisme posi tif. arre lêe à Tripoli, CORSc:T\'ons nos

r"


bonnc:s re13tiOIl$ :wee nos amis de l' Est el de rOu es\. Rendons la pleine l iber t ~ ii. l'expression de [a pensée maniste el au Parti com mun iste. Ne n:jetons pe rSOnrte de la eommunaut~ nat ionale. Mais ne eherehons pas il imposer à notre peuple une id~o[ogie qui n'est pas la sienne, ni à l'into~iquer p.:lr une démagogie faeile. Ne délirons pas. u rfgiml' prfsidl'nlid

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fe pOlll'oir pl'rSonnd

La eonce ntration des pouvoil"$ entre les mêmes mains relève d'une autre forme de d~Jire. l e proje t de Constitution fait du président de la Républiq ue, en méme temps que le çhd de rÉtat. le dld du gouvç rnemcnl el le çhef du P3rt i. Pr:uiquemen t il n'y a p[us de dc moc;ra tie. l 'Assem blée est sous la dépendanee d'un homme qui nomme les ministres el qui, pa r le truehement du Parli. choisit les membres de l'Assem blée nationale, après avoir élé ehoisi lui·même pa r le P3rti. l e dialogue en tre le législatif ct l'exécutif. si fructueux pour le pays, devient un simple monologue. l e peuple est absen t et n'est pas rep résenté. Ses reprc:senlants so nt de si mpl es figurants. • La r~volulion se rait par le peu ple et pour le peu ple. Elle n'esl ni l'œ uvre d'une seule personne, ni celle d'un seul indil·idu. Elle se fera par [ç peuple et pou r lïn l~rit de 10UI le peuple. (rie}. Cc sloga n officiel, 3ffiçhê sur nos murs ct repr is par la radio, es t une con trev~ r it~. [[ masque la ré alit~.

Quant à nOire jeunesse:. elle se ra eondamn~e à ne plus penser. Le régime fabriquera des robots, des opportunistes et des eourtis..1ns. Ass urer le pain au peuple est. çertes, un objectif primordial. lui ass urer

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eçt autre pain qu'est 13 liberté de penste et d'çxpression est également un bicn pre:cieux. l3 jeunesse algériennç çn sera prive:e. La na ture méme des pouvoirs multiples çxç rcés pa r un se ul homme aura pou r çons.:quenee ine:vilable le cul te dç [a personnalite:. Et eel ui qui n'applaudira pas ineonditionnellement le • Mai tre. sera eonside:re: çomme un mauvais dtoycn. L'équi libre des pouvoirs n'cx iste pas. Aucun reCOUI"$ contre les abus d'a ut orité n'cst pre:vu. [[ )" a bicn une disposition du projc t de la Co nstit uti on qui pr~voit que l'Asse mblée nat ionale pe ut vote r . une molion de censure et renverse r le ehef de l'E tat. Celle disposi tion est un non-sens. D'abord il n'est pas souhai table qu'u n çhef d'Êt3t soit renl·ers.:. Il laisserait un vide redou table. Ensuite CI su n ou t, n'ayant pas tte: invesli pa r l'Asse mblée, eelle dernièrç ne peu tie renverse r. Ce n e disposition est donç de pure forme. Elle CSt une simple d:wse dç style. Nous jouons à • pile ou façe • le oor t du pays. Si le çhcf de l'État est un homme s..1ge, modeste el elai rl·oyant. nos libertés se ron t sa uvegardC:es. Sïl a l'étoffe d'un Batista. lc P.l )'S vivra $ous la terreur. Pourquoi donc nOU5 placer, délibérément, dans eelte dangereuse alternative? Autrç inconl'énient d'un Ici rê gime; aueu n Algêrien ne peut, ii. lui seul. porter, 11 bou t de bras . l'Alge:rie. Le fardeau est trop lou rd. Il arrivera que le chef de l'É tal, qui est en même temps eher de gouverneme nt, ne pourra pas tOut ra ire. [[ se dêehargera fat31ement sur son en/our agt d'ulIe partie de ses responsabilit.:s. Des hommes non mandatés par le peu ple, sou vent des étmngel"$ au pays. deviendront ainsi ses véritables dirigean ts. Ils ne manqueront pas d'cxpérimenter. au dé triment de l'intérêt nalional, les théories les plus fantaisistes. Un tel régimç fin ira par engendrer des aetivite:s 11


sub\'crsives, dc~ coups d l~I:1I CI des complots. A \'ouloir un • régime fOrl", on ouvre la porte il la sub\'ersiun et au d~sordrc:.

Un sl.'ul rlgimr : /0 dlm(l('rarir La démocratie seule esl 5;llut:lire. Elle ne signifie pas l'anarchie. Elle ne signifie pas un pouvoir faiblc. Elle s i g~ ific ; le gouve~nemen t du peuple par le peuple. Elle signifie un Etat hiérarchisé. Une bonne Con.titutiun doit !lonnn la parole au peuple. Elle !loit permettre la libre discuMÎOn. Cett e libre discus~ion, loin de nuire :\ la discipline nationa le, permettra de r.:\·éle r des cadres l':llables ct cnrichira les ins ti. tutions de l'État. Un Etat. confisqué. c.~t un Êtat mort·né. Un cher du gouvernement, investi p:1f une Assem. blée nationale SOtlvel'lline CI responsable devant clic, est la scule fOfmule qui com:sponde à notre devise • pa r le peuple ct pour le peuple_. Il est indispensable que le chef du gouve rnemen t soit contrôl~, Il est in!lispensable qu'il renlle des eom pt c.~ au~ représentants lie ln nation. Si nous voulons évi ter les avcntures, il est vital ct S:llutai re d'associer le peuple p:tr 5;l majorité ct par S'l minorité aux amlires publiques. Aux anciens peuples colonisés, nous devons donner J'exemple de la maturité politique CI de la cohésion. Nous devons leur donner l'image d'un peu ple majeur qui gère sainement ct démocr:l1iqucment ses affa;. rc.~ .

Avec la Con~titutiOf1 qui nous est proposée c'est toujours le proyisoire qui du re, ct aucun problême fondamental ne reçoit de solution valable.

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Lo promsal;(J(I d" mandai du dlpllli,r

tsr ""I.' r,ff'U'

Il nous faudra, cepend'lnt, sortir de cc provisoire. Nous avons perdu un tcmps précieux. La querelle dcs frères ennemis doit prendre fin. Donnons le pot.l'"oir au peuple en lui donnanl la parole. Lui seul est le 50uverain juge. Je ne suis pas de ceu~ qui disenl que notre gouvernement n'a rien fail. Il a fail beaucoup, Mais il n'a pas commencé par le eommenccmenl. L'esse ntiel reste :\ faire. Il n'a pas réuni le Congrès du Parti. !l pouvai t. l~ fa ire. Il n'a ~s fait procéder aux élecllons mUniCI' pales. 11 deyai t le faire . Il n'a pas permis la libre diseussion d'une Constitution digne de cc nom. 11 devait aussi le faire. Aujourd'hui, faUie de mieu~, il nous prés~ntc, à la sauveuc, une Constitution squdeuique ct nous demande l'ajournement des élcctions légis13ti\·es. C'est une bute. Le pe uple finÎra ~r e)liger cc qu'on lui refuse. Pour ma part. je ne dérogerai pas à la loi. Mon mandat prendra fin le 20 seplembre prochain. Il n'ira pas 3u.ucl~, paTee que, en loute honnêteté, je consi· dère que nous avons cu tout le temps nécessaire pour accomplir la mission esse nt ielle qui nous a été confiée. Depuis l'indépendance le peuple n'a pas encore étc une seule foi s librement cons ulté. Il est I~mps de le faire participer à la vic publique. 1.' est temps qu'!' rel/ouve son enthousiasme ct sa fol. Cc peuple salI yoteT. 11 l'a hautement prouvé. 11 a surtout Su résistcr, pendant se pl ans. li rune des plus grnndes arm~ du monde. Il a acquis par son héroïsme le drOl1 de choisir ses représentants ct de se donner le gouyerne· ment de son choix. Nous deyons lui fn ire confiance. 73


Et même s'il sc: trompait CClle erre ... r sc:mit moins gral'e de conséq... ences que le fait de le muscler. ct de 11,1; imposer une camisole de force. Il a nu:rité mieux que celle suprême inju re.

• ••

Les députés n'ont P.1S fa it ou pu faire cas dc cctle letlrc pas plus qu'ils ne ticndront compte de celle du Cheikh llachir lbmhimi, un an plus tard. A leur décharge, il faut dire que la plupart d'cntre eux étaient de couragcux comballanlS mais de m':diocrcs législa teurs. Quoi qu'il en soit, l'Algé rie demcu re une tcrre d'Islam. Et à la suite de la ré\'olution de Khomciny cn Iran, cette religion. en pleine mutation sociale, préoccupe un grand nombre de pays. On /Xlrle aujourd'hui du rélteil de l'islam comme on p:ul:lit du temps de la colonisa tion du pa nislamisme. C'est une raison supplémentaire de faire connaitre notre foi dans ses profondeurs ct ses réalités. L'islam est en l'an 1403 de son èrc. Il est la dernière religion monothéiste. Il a été rcvélé cn pleine lumiê re historique au YII' siècle de l'ère chrétienne. Il ne: s'entoure ni de mi racles ni de mystères. Sa pensée est d'être J'héritier de la parole d'A braham ct le successe ur du j udaïsme ct du christianisme, dépouillés des liturgies et des sac rements. I.e musulma n cst placé directe ment facc à Dieu. dans !J. plénilUde de sa conscience, de sa liberu: et de ses rcsponsabilitts. Il est son propre _ pr,; tre ", pouY3nt accompli r tous les actes de la yic rel igieuse. l'oin t d'intermédiaire entrc DÎcu ct lu i. S'il f:li t Ic bien, il lui sc:rJ compté eomme étant du bien, s'il fait le mal, il lui sera com pté commc étant du mal.

"

Plus que Ic judalsmc ct le christianisme. l'islam ~st une relig ion à ciel _ouvert". Le croyan t peut prier partout. même dans la solitude du déscrt. Il peut marier ct entcrrer s.:s coreligionnaires. sans :lutre obligation que celle d'ètre en é\al dc pureté .. Les cinq obligations de l'islam: la profession de foi, ln prière, le jeune. la :a/dU' ct le pèlerinage aux lieux saints, subordonnées 11 l'h)'giène du corps ct 11 ln proprcté de l'environnement, consti luentle lien Spiri, tud de l'hom me avec le Créateur. L'islam ne rorce p::Is la croyance. La 10léf'Jnce est sa prcmi1:re I·crtu. Il ne demande p~s de croire p?ur croi n:. II invite l'hom me 11 la réneXl0n, 11 la méditation 11 la recherche de la vtrité. Il répète sans cesse: che;chcz ct rn isoRnt1.. m':me en matiêre de foi, mêRlC 11 propos du problè me de l'au-rlclà ct de 1:1 résu rrection. Mais l'islam est aussi une ci té terrestre. Au ~euil de la cité, le musulman est avert i. A la pureté de l'ume ct au respeet du dogme, il doit associer l'amou r du tra va il ct de l'erron .• Trava ille iei ·ba~ comme si lU devais viyre éternellement ct préparc-toi à la yie rut ure comme un homme qui doit mourir demai n '. ~ . I.e musulman doi t donc n:eh~reher un premie r bonheur sur celle terre ct l'obteni r par le travai l ct la prod uction. Ca r il est dit" La maÎn qUÎ donne est plus méritoire que celle qui reçoÎ t ". ct aussi :· Allah aime cel ui qui fait son trav:l il avcc soi n. • Sa concçption de l'ëconomie est :lussi éloignée de l'accu mu lation du capital que du collcctivisme. t 'islam est socialcrne ntla "oie méd iane. La communauté musulmane doit être une communauté un ie. égalitai. 2. ZaUr: obIiplion pour \0111 musulm.:1n de don~' ~n"u.t· pII">'rCJ te di .. ~me de « <I,,'it pooIoèd"J. Jladirll.

kM.nt ~ ....

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15


re : la conccnlr.IIÎOI'I ca pila lislc ct la thés.1llrisal ion en

sont c~clues. Le riche il plus de: devoirs que ck d roi ts envers la communaulë. C'est pourquoi l'islam inter] di, ,'usure CI les spécul:uions bou rsières. • L1 tulle de classes ", rondement de la thêoric mar~isle. ne peul pas exister dnn s une société à caractère égalilai re. Lc,~ hommes so nt solidaires les uns des nUlres comme le sont !cs pierres d'un même

édifice. Ils sont cc que sont les cinq objets de la main: le plus pelit doigl il une importance égale à celle du plus grand. Aucune cloison ne sépare les riches des dêshé rÎtës. Cc n'est pas la rOrtunc qui compte. mais les qualitës morales de l'h omme. En Occident. les mariages enlre pcrwnnes de clmiscs socia les d irrércnlcs sont des mésalliances. Dans une pa rtie de J'Asie, Ic.~ castes sociales sont cloisonnées. Ces phénomènes sociaux so nt éu angcrs il l'islam. JTous Id hommes sc valent : Dieu seul est grand. Mais l'incompatibilité m3jeure du marxisme et de l'islam, en dehors de l'athéisme de l'un el de la spi rituali té de l'autre, réside tout spécia lement dans le libéralisme el la tolérance de l'islam, ct le tOlalitarisme et le $Ceta risme du socialisme marxisteléniniste. C'est pou rquoi nos gouvernements, celui de Ben Bella aussi bien que celui de Boumediene. devaient raire un choix. Ou bien ils optaie nt pour le .. ma térialisme historique. qui sc earaett! risc par 13 dielature ct la rorce brut3'e, ou alors pour l'isla m qui exciut toute contrainte... Pas de con trainte en rel igion ..... L'homme CSt libre de croire ct libre de ne pas croi~e ':" ~i celte liberté existe en matière de roi, po urq uOI n eXlstera· t-e lle pas sur le plan politique? Sans doute, la suppression des classes sociales préconi sée par le marxisme cst-ellc séduisan te, mais 4. Le Coran. ...... I1IIC 18.• b voue ., v. 29.

çst-clle réalisable'! En pays socialiste, les hommes ont.ils tous le même ra ns social? L'islanl c.~t au plus prês de la réalitc sociale lorsq u'il 3dme t celle hiér:archic, qu'il eorri se el rédui t, en COnd;lnlnnnt le poul'oir de l'argen t ct l'excès de rÎChc.'>SCs. \1 crée des devoirs suppl~mentllires aux croylmt.~ fOTlun~ !I. La za kât, avec ,;o n eamet~re oblig.1toire. a la même importance que la priè re. Ihns les cireonsta ~ces e.tce ptionnelles. comme la gue rre ou la ram~~c: l'islam, si respeetue u.... par aille urs. de la propnete pri"ée, ordonne impérati vement : .. l'rends une parlie de cc qu'ils possèdent pour sanctifier le urs biens et les purifier ' .• C'est assurément un conlrôle de s rort un es Cl en quelque IIOTie au ssi un prélèvemen t sur le. capital, quand les circonstances l'e~isent . Dans l~ mcme s~ns le Prophète a dit : .. Quand l' hul1lallllé a faIm. personne n'a plus le droit de se r~clamer de la propribé priv';e· . • Et quand l'isla m donne une image de l'incroyant. c'est eneon: il son alt itude vis·il-vis des pauvres qu'i l rait référence: .. A H U vu celui qui traÎt e de mensonge la religion'! Or e'est cclui qui repous~e l'orphelin et qui n'incitc point il nourrir le pauvre ' .• Ainsi la dimension sociale de l'islam a·toCHe existé bien ava nt l'avènement du marxisme. Cette dimension conduit ~ un socialisme il visage hunlain, ct qui sc pr:a tique au stade de la di$u;bllliOtl ct non au stade des ""')"l'IU dl' prodIlC' ÎOtI. C'est le rcvenu national qui doi t être contrôlé cl répart i équi tablement dans la communauté. les moycns de production Tcs tant la propriété de ceux qui les possNent. Pou rquoi? P:lTCe que le droit à la

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S. L<. COQ". IOIIDle 9, • le dts:t""u •• v. 101. 6. /l ad!IA. 7. L<. Conn. IOIIllIle t01, • r UlililC ÇOIIllInle ", v. 1 l J.

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propriété est la meilleure récompense du tr;l"ail ct de l'effort. L'islam respecte le travai l ct le fruit du tf;lvail. l;l société musu lm ane a pour :lssises la liberté d'cntreprise, l'initiative individuellc cl Ic respect de la propriété privée, sources de prospérité géné rale. Et par voie de conséquence, l'islam recommande J'êpargn~ ct condamne Ic gaspillage. Il protège l'hêri tage qUI est la sécurité de l'enfant. Dans la cité, personne n'a le droi t de sc désintérc.~ser du son de son prochain. La solida rité n'est pas se ulement un aetc de portée morale laissé à l'appréciation de chacun, mais un dcvoir strict pou r tou s les membrc.~ de la communauté .• Celui qui s'endort r-,1ssasié, Sllchant que son voisin a faim, n'est pas des nôtres ' .• DaO$ l'islam, la personne humaine est respectée pour elle-même. Aux premiers jours de J'islam, lors du passage d'un corbillard. l'Apôtre de Dieu s'arrêta par respect. • C'est celui d'un juif., lui ditoOn. • N'est-ce pas une âme"!". répondit le Prophèle·.

Quand la menace de 5ub" ersion sc dessine, quand les mar~istes mano::uvrent pour déposer leurs o::ufs dans nOire nid, que faire? l 'isl3m se pose eelte question depuis qu'il a été soumis 11. la domin;llion de l'Occident ct elle s'est posée il. nous. Algériens. d'une façon précise pendant notre guerre de libéralion, alors que nous étions contraints de fornter nos cadres dans les pays communisles. Nous étions donc en contact diree~ et prolongé avec leurs concepts moraux ct socm u~, avec leur mode de pensée, avec leur idéologie. J'ai posé la question au président du Conseil des 8. IIQdilh. 9. Salah AI·Din MUlllldjdjid IL ronupr J~ jusl/~t 1000iQ/~ M /JIa",. Trad. Mcd Ihdj Sadok.

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ministres Kossyguine, alors que nou s étions en délégation à Moscou, en octobre 1960, ct lui.ai demand~ quel devait être notre comportcment SI la menace marxiste sc prêcisai t pour nous. Il m'a, répon?u : • l es gou vernants canadiens nous ont pose la meme question. Je leur ai répondu: si les eom~lunistes vous posent des problêmes, mell.ez-le~ en ~nson. » . J'ai posé la mcme quesllon, 11. l'éktn, ~u Pr~nller ministre Chou En-lai: • Personnellemcnt. JC CroIS que le ciel est vide et que Dicu n'existe pas, me dit,i1. Mais il n'est pas néeess.,1irc que vous adoptiez notre socialisme. L'essentiel est que vous gouverniez en direction des masses. L'islam a été d'un grand apport social. II est respçetablc.» , Je rapporte ces témoignages d'hommcs d'Et:ll éminents pour démontrer que nOlis pollvon.s ~ntrcte' nir les meilleures relations avec les pays soclahstes, ct notamment avcc CCliX qui nous ont aidé s durant notre lutte de libération. soIns pour alitant épouser ICllr idéologie ct adopter leur type de ~iét~ ct Ile gouvernement. Ils ne l'ont pas demande ct l l~ ne le demanden t ]mS. Ne commettons donc pas le crnne de briller de notre propre main cc qui donne un sens à notre ,·ic. On ne piétinc pas facilement ce qui fut gra nd! En 1967, sous Ic règne de Boumediene, dans son nllméro du 9 avr il. le journal A/girie O~IUOlilé publiai t un dessin de Kateb Yacin.c où ,l'ironi.e s,1rcaslique rrisaitl'indécenee. Cc desstn represcntalt deux ruséc.~, une américaine etllne soviétiquc; à leur côté figllrai t le minaret ,. d'une mosquée avec cette légence: La fusée qrlÎ ne Jill/o rr/' (lOS. Pour Kateb to. TOUl d'une m""luéc du haur de laquelle le .ppc1\e au ciroq prihcs quotidiennes.

mu~,ûn

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Yacine:, l'islam se rait-i l donc condamné :i. croupIr dans l'ignorance? A celte époque:, Yacine était chargé de diriger le Théâtre national algérien d'expression française. Kalcb Yacine est un écrivain de laient. Boumediene lui avait confié cette mission, parce qu'il le savaiI mar~islc:

1

c'est encore son droit. Mais prendre lïslam

pour un sujet de déri sion, dans un pays musulman, n'cst ni intelligent, ni é16ganl. ni charitable. r ai ressenti cette légende comme une ginc ct une injure. C'est aussi une injustice car il fUI un temps où la science, qui a présidé à la naissance des fusées, etait enseignée 11 l'Eu rope barba re par les musulman~. Qui nous dit que l'islam ne re viendra pas :i sa gloire scientifique des premiers temps? Mais mon propos n'cst pas 1:'1. TOu le civilisation est ~rissable. Lorsque la civilisation moderne arrivera il son terme, elle entraînera du même coup la disparition des fusées, orgueil présen t des grandes nations, il moins que ces fusées ne soient la cause de s.a mort. Alors, la • fusée qui ne démarre pas", JXlrce que sa "oc;I ti on est sur terre, accom pl ira son destin: appren, dre il l'homme Il survivre Il lui,même par la prière et l'espérance. Quant à la dictature stalin ienne de notre temps et il l'ath6sme des révolutionna ires. il s auront rejoint dans le cimetière des civilisations la mythologie grecque, l'idolatrie de l'Arabie pa'(enne et les dieux romain s, Dieu seul est éternel. El son éternité appelle au respect de l'homme et il. l'amour du prochain.

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III

DEUX DICTATEU RS EN COMPÉTITION i/4 ,... ulrnll~ po~ I'OI,.

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Les accords d'É,';an ctlc t:cs.'~cz-lc-feu proclamé le 19 mars 1962 mirent lin à la guerre d'Algérie. Les gé néraux français cl les ultra.s d'Alger s'étaient comportés t"Omme s' il s procédaient il une nouvelle guerre de reconq uét e coloniale" scm~la.bl~ il celles que nos pèrc.~ ont connues. Elle ~ en dlfferalt que par le matériel sophistiqué employc contre ,110US. ., Celle guerre avait trop duré. El1e avaIt trau~al.I~C notre pays ct meurtri nos eu:u rs. Les accords d ÉVian qui ouvmient la porle sur l'avenir de notre pays n'étaient ni pires ni meilleurs que tous les ,lecords d~ ec ge nre. Ils étaient viables. Il s, ga;J.n ti ssaiellt au s..~: bien notre indépendance que les mterets des FT<lnçals !.lui vivaien t avec nous.

"


Ben Bella et Boumediene les ont eritiqués. Celle eritique ëtait de mauvaise foi. Ceux qui, du côté algérien, les ont négociés - Dahleb, Benyahia, Mastcfai, Malek, Ya7.Îd, Krim, Boussouf o!l Bentobbal ont élë vigilants, coopê rati(s el il la hauteur de leur mission. Les accords avaient prévu un • n~culif provisoire· qui sc situerait entre l'Algérie • d~partcment français. et l'Algérie. pays indépendant _. La mission était de préparer le passage de r une a l'autre. Présidé par Abderrahmane Fares et installé dans la nouvelle ci té administrative de Rocher-Noir, cet néeUlif réunit des hommes des deull communautés. Ils devaient, elllre aut res, préparer le rUërendum de l'autodëterminatÎon. Ces hommes a\'aienl conseience de leur tra vai l, de ses difficultés, de ses pt:rils. Ils l'aceompliront a\'ee beaucoup de tact el d'adresse. Du côté du F.L.N., on complait le Dr Mostdaï, Belard Abdesselam, maître Chentour. le Dr Hami· dou, El Hassar, le pharmacien Bentertifa. Du côté frança is, le Dr Mannon i, une victime de la guerre d'Algérie, le notaire Roger Roth, l'ingénieur Koenig. Les autres membres étaient censés être les sages de groupe: Cheikh Bayoud, Cheikh M'hamed. Le grand mérite de Fares el de Mostefal est d'avoir rencontré Susini, le chef de l'O.A.S., malgré 10US les risques aUllquels ils s'Cl\posaienl. Et ces risques étaient de tout ordre. Celle rencontre fut positive: elle ëpargna à l'Algérie de nouveaux massacres d'innocents et des destructions \'engcresses tellement inutiles. Baugeard. ancien maire de Blida, JacquesChevalicr et Tillé (acilitèrent les entretiens ct !es accords. Les commanda nlS Azzedine et Omar Ousscdik oceupèrent la plaee d'Alger au nom du G.P.R.A. ct de rA.L.N. Eux aussi contribuèrent au maintien de l'ordre, au retour au calme, sceondés par le préfet de 82

police Vitalis Cros et le commandant en chef de l'a rm~c française, le général Ailleret. Le poste de gouverneur général fut supprimé ct re~pl:lcé par celui de hauH.:ommissaire. occupé par Chnsnan Fouehel, un aut re homme de co::ur. Après les terri bles années de guerre, il était dcvenu diflicile de parler de paill CI de rraternité entre les deull communautés ct même enlre les Algëriens de l"intérieur ct de l'extérieur. Il fallait cependant croire il celle réconeiliation nécessaire et la préparer. A l'intérieur du pays, des Hots de résistance o:~i$taienl encore, dans la région de Ain Doucir ct de Bou Saada. Le président de l'e~éeutir provisoire s'employa à les réduire avee le concour.> du préfet de M~déa, M. Mahiou. Dans le périmètre de Ain Doueir ils étaient commandés par le colonel Si Chérif et son armée composée de gOO d;ounouds CI par Abdcll:!.h Selmi, avec le mcme nombre de djounouds, à Hou Saada. Fares obti nt la reddition de l'un et de l'autre. s.ans errusion de s.ang. L'exécutif provisoire prépara le référend.um ~u'iI fiu au ... juillel. Quelques jours avant les clee\lons. mon ami Ihra-Dupont. industriel a la Chiffa, invita les FrallÇais d'Algérie à voter· oui. et à demeurer su r le sol qui les avait vus naitre. Les résultats de la consultation électoralo: furent les suivanls: 5 267 324 • oui • conlre 1g 680 • non • sur 6 328 415 électeurs inscrits. Le 3 juillet, la commission centrale composée de Bcnadjila Ayache, de Hadj Saïd Cherif et de Missoum Sbih constata qu'à la question: • Voulez-vous que l'Algérie devienne indépendante en ~'OOpërant avec la France? les éle..:teurs avaienl répondu: • oui_. A Rocher-Noir, Fares déclar.t : • Le peuple algérien dans la plénitudc de sa souve ra ineté vient de choisir librement son destin .• lIélas. celle sauvera inet~ du peuple sera de courtc durée.

"


A Paris, le général dc Gau lte proclamait l'indépenda nce de t'Algérie en ces termes : f'3r le: r~,réfl:ndum du 8 :lvril 1962, le peuple fr.lI'Ç:I;';:I ap rrouv~ les d~larations gou"ernementalC$ du 19 ma.,; 1962 '1111 prévOient le cas 00 Ic:s populations J lgéri~n~

Çon~u.hé.cs en vertu de la loi du 14 janvier 196] CholSmUent de constituer un État indé~nd3 nt coop6ranI ;l"ee la France, ~n oon5équcnce, les rappollS COIre la France CI ]',\lstne él~nt dbormais fondés ~lIr les condit;()rt$ définie. par les dfcl~rations gOIl"c r~ntenta les du 19 mJ~ 1962, le présIdent de la Répu blique française décbre que .Ia Fra.1lCC rc<:onna it solennellement l"indépendallC<: de 1Algén e.

L'Él~ 1 Soer,l le scrv;l~ut du peuple el non son g~nd3tmc.

Il do;t

s'ap~u)'ct sur le pcu~lc sanslcqucl il n·eSI rien. Nu l gouvernement ne pourf'J opérer la rcçoosiruelÎon s·il n'est aidé par la disci pline des citoyens en général et des mili lanls en paniculier ct :<ans le respect de tous ceux qui vivent sur celte lerre, quelle. que soient leu. origine ct leur confCS$ion. Nous deW)ns assurer la silrclé dcs biens CI la séeurit~ des personnes. En celle circonstance solennelle, ct au nom du G. P.K.A., je tiens il mppeler cc que nous n'avons ce5Sé de déclarer depuis le I~ novembre 1954 ct conccrnJnt Ics Europtcl'lS,:; sa voir qu'ils onlleur place: en AIgt. ie. L'A lgérie CSI llne; République démocf3tique ct sociale. Telle 11 tle la volonlé du peuple. Elle sera ce que le ~uple IlIi·rneme voudr~ qu·elle soit dans la démocr:llie ct la tiberl ~ ...

Fait à Paris le 3juillet 1%2. Signé: Charles de Gaulle. T:Jle fut la conclusion de t'insurrection dédenehée le 1 novcm bre. O n ~ peut s'empêc her de nlédit er sur la v;lnile des en.tre'pr~ses coloni~les. L1 "oi~ du génera l de Gaulle ra ,~~ t ceho à celle du m!u":chal de Bourmonl qui. le ~ JU illet 18JO. nous promellait. sur t'honneur. la Iobe.'t": dans ~a ,dignité Ct le re.~pcct de notre religion. MaIS nou s n cumcs droit qu'à la servitude. .Cependant, la Silu!lliol! en Algérie continuait à.se d c~~der. Les frOntières furent ouvertes !t u~ réfugiés re~I~es au Maroc CI en Tunisic. Au même momcnt,le ~!.u"',el,. le G . I'. ~ .,\ . 3rrivait 11 Algcr. Comme jc t'ai cJà ~cru, .Ben Khedda ct ses mi nislres reçurent un a_ceue.~ ' délirant. . La foule envahit J'aéroport de Dar. EI.O~rda . I.es dJouoouds du colonel Moh and Ould HadJ . assu:-,- ie nt l'ordre. NOire peuplc' ne relrOuvcf'J plus JamaIS ,l'CliC immense jQie qui le dêlivmil des longucs 3 ~necs de lar mes CI de sang. Le préSldenl lien Khedda pri l la parolc:

Paroles pleines de S.'&CSSC, de bon sens ct d'espoir! Si l'Iles al'llienl été ob$crvées, elles auraien t rai t de ootre p:lys une nation moderne qui sc §Crailmobilis~e pour le tr.lv3i1 ct re~ ercic.: de 13 liberté. Dès le lendemain, Il' haul-comlllissa irc de Frnnce, M. Fouchet, et ses collabornteul'll, MM, T ricol, Dours ct le coloncl Ouis, quittèrent notrc pays. M, Jeanncncy, premier amba.~sadcur dl' Fran« en AIgéric. leur suecéd3. L'Alg~rie 'I IIai l aVOÎr deu~ ca pi tales: Algc r ct l1cmccn. Je .sentais confllStment que le malheur nous allcndait el quc celle si luation n'était pas ra ile pour rehausse r le: prest ige de nOire pays ni pour consolider l'unité dl' ootre peuple. Et je me dis.1is que l'Al gérie é lai t vmimen l un pays qui n'avait pas de chance. Le 18jumet, KhemÎSti, chd de cabinet dU"président Fares, 3rriva il l1emccn pour une courIe visite. Il prép~rait s.'ms doute unc rencont re du président de l'exécutif avec Ben Bella, L3 rencontre cUI lieu cffeetivement :'!. Tlemcen le 20 juil\cl. En pr~sencc de Kh ider CI dl' moi·même, F3rC5 dêveloppa les raisons


qui rendaient indispensable la rentrée de Ben Bella à Alger, Il ralla it mettre fin il celle situa tion de fait: un pJys bicé phale ayant deux capi tales. A l'issue de eeue rencontre, Bcn Bella rendit hommage au travail de l'e~éeut ir provisoire dans une déclaration remi se au jou rn al /..t' Monde.Nou~ apportons. dit·i l, OOIre confiance ct nuue 3pp~i li M. hres ct à ses collabor.ueurs ct plus p.1rticulihe_ m~nt au~ me mbres de rexi!etltif d'origine eu ropée nne q UI on t ten u li afrronter tous les obstacles ct à raire confia nce li l'Algérie n(lu"c1le. Qu' ils $Oie nt persuadb que nous ne les OII bl iet(IRS pu.

Il les oubliera avant Que le coq n'ait chanté trois rois! Ben Bella arri va il Alge r le 25 juillet 1962 a"ee ses compagn?ns, il l'cxception de Bou111cndjd, du Dr FranCIS ct de moi· même. Il n'y avait pas de place pou r nous dans l'avio n de M, Ben Bella. Sans doute étions·nous trop lou,lb! Cc jour même, Ben Khedda annonça qu 'il dé missionnait de la pré.s idenee du G. P.R,A. Ben Bella ct le Bureau polit ique s'i nstallè_ rent dans l'immeuble dit. Villa Joly ~ proche du Palais d'É té ct Que Fares le ur avai t aménagé. 1] y se ra arrêté trois ans plus tard. Mais les chefs des Wilayas n'ava ient pas enCQfC renoncé à jouer chac un leur carte. La Wilaya IV fOfÇa la porte de la zone autonome d'Alger pour OCc uper la ville. Les commandants de celte zone. A7.<':edi ne CI Omar OUs;)Cdik , curent la sagesse d'éviter un IIrrrOnteme nt. Apprenant la manœuvre de la Wila)'a IV, host ile au Burea u poli tique ct à Ben Bella, la Wila)'a VI, CQmm:mùée par le CQlonel Cha:lba ni, ct qui, elle, leur i! tait favorable, lit route "crs Alge r. L'a rm ée d'Oujda s'ébranla à son tour ct pénë tra da ns la capiule apr~ un heurt sa ngl.:l nt avec

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les hommes de la Wil.:lya IV, Il r.:llla it agir. Ben Bella réunit !c.~ che rs de wilayas il Roche r·Noi r. Il ob ti nt leu r neutral ité en présence du pré.sident Fares. On dressa alors les listes des candidats aux élections il l'Assemblée CQnstituante sur avis du Bureau politi· q\le ct consultati on des chefs de wilayas. Les élections rurent rillées au 20 septembre 1962. Entretemps un arrrontement mit au~ prises des éléments de la Wilaya IV ct ceux du Bureau politique. A la suite: de quoi on modifia Ics listes ùes eandidau. A la première ré union, l'Assemblée nationale CQnstituante me po rta à 5:1 présidence. Ben Bella fut cha rgé de rormer le premi er gouvernement. Un gou vernement censé être issu de la sou\"eraineté popubin::, ct ainsi composé; président du Conseil : Ahmed Ben Bella; viee-pré.sident : Raba h BitaI ; minist re des Finances: Dr Ahmed Francis; ministre de l'Imérieur: Ahmed Medeghri; ministre de la Défense: le CQlonci Boumediene; ministre du Commerce: Mohamed Kh ob1.Î; min istre des Arraires étrangères: Moh amed Khcmist i; nlinistre des Travau x publics et des Transports: Ahmed Boumendjcl; ministre de l'Industrie CI de le l' Éne rgie: Laroussi Kh clira; minist re de la Just ice: ,\ ma r 8entoorni ; ministre de l' Information: Moham cd Hadj 1131110u; ministre du Travail cl des A rraires sociales: Bachir Boum,na; ministre de rÉùucati on nationale: AMe r· rahmanc Benhamida; mi nistre de l'AgrÎCu lltlre ct de la Réforme agraire: Am ar Ouzega ne; ministre des Anciens Moudjahid ine: Mohamed i Saïd: ministre des Affaires religie uses; Tawfik El Madani; ministre de la Jeu nesse ct des Sports; AbdelalÎ:l: Boutemka: ministre des P,T.T.; MOUlSa HalSan i; ministre de la Santé: Mohamcd Seghir Nekkaehe. Tout sembbi t ren trer dans l'ordre. L'Algérie, ClIhin-caha, s'inst.:llla fièrement dans l'indépe ndance. Le processus aurai t pu être meilleur 81


romme il a urai t pu ci re pire. La guerre civile ava it été évitée de justesse et c'était l'essentiel. Les vagues de fond n'avaient pas déferlé sur le pays comme ~e fut le cas du Congo belge. Cela était très im por tan\. Notre ("!Cuple, en la ci rconstance, fit preuve d'une grande maturité politique. Je ronnaissai$ très peu Ben Bella. Ce que je savais de lui, je l'avais ~ppri 5 par des liers. Je doi$ dire qu'à mon arrivée au Cllire, en avril 1956, il m·ayait accueilli chaleu reuse ment : • Cest le plus beau jour de ma vie, me dit-il. I)OIIr le prouver ma joie, je vais apparaître pour la première foi~ en publie à tes côtés.• Ille fit le jour de ma conférence de prc.'se, le 25 a yril 1956. Khider, aussi, étail à mes côté~. le Dr l amine Dcbaghine, que je connaissais de longue date, me mit en garde eonlrc Uen Bella. Lorsqu'il rut :mcté en oclobre 1956, nous éehange:imes des lenres. Il é tait à la prison de la Santé;t Paris ct moi à Berne. en Suisse. A celle époque, il me rélicitait pour mon trava it et m'assurait de la confiance de tous les frères emprisonnés '. A ,'indépendance, il changea d·attil ud e. Au Caire, en août 1957, lors du lX:uxicme Congrès du C.N .R.A., Abane Ramdane me fit un portrait peu nalleur d u futur président de la République CI son jugement sur lui é tait encore plus désobligeant que cel ui du Dr Lamine : • Ccst Ben Bella, me dit·il, qui déTlOllç:t en 1950 notre organisation spéciale, 1"0.5.; du moment qu'il était arrêté, rien ne dcyait subsiste r a près lui. Cest un ambilieux sans cou rage. Pou r parvenir à ses fins, il passera sur le corps de tous ses amis, Il 1:." sans scrupule. » Et Abane ,jouta. pressentant sa ns doute sa mort proch:tine: .. Je ne sais si j'assisterai à la fin de 13 guerre. Toi, peu t-être. C'est pourquoi je te recommande dè.~ :tujourd'hui trois

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mililanu sinci:res du M.T.LO, : Ben Khedda. Tcmmam CI Oahle b.• I.e même a\·crtÎssemenl me rut donné par Boudiaf. lors dc la de rnière réunion d u C.N, R.A. à Tripoli. en juin 1962. J'ai mis ces jugements sur le compte d·une simple mésentcnte cntre mili tants de C:lraetères dif, rére nts. Cest un phénomène q ui n'est pas rore au sein d·un même parti. Je n'ai donc pas fait état ni lenu compte de ce qui m'a été dit, d'au tant plus que Khider, que je tCn.3is en gronde esti me, m'3SS Ufa du contraire, Nous a.'ons. Ikn Bella CI moi .• rohabité si I"on pc:ut dire, durant huit mois. lui à la présidence du Conseil ct moi à b présidence de l'Assem blée natil)nal" consli tuante, rai donc cu Ic lemps de l':tn~II)'ser. d·obser~er et d'éwdier son comportement. Déjà à Tunis, lorsqu'il s'était &:rié par trois fois: • Nous sommes des Arabes, nous sommes des ,\ ro, bes! Nous sommcs des Arabes! _, j'avais été déçu. Cette profession dc foi n'ë lait qu'à moité \'roie. Historiquement nous somme,~ des Berbères arabisés, dcs Arabo-Bcrbères che1. qui le sang berbère préul)mine, O·ailleurs e'cst notre foi qu i importe ct non la race ~ laquelle nous appartenons. Je roppdais alors:\ Ikll lldla le mot d'un enfanl, qui a exprimé spon ta, némentla réalité algérienne. Nous ét ions en 1922. Je r:tisais mon ser\'ice militaire ct je jouais au football dans t'équipe: de Jijel, Un jour, nous nous déplaç5 mes à Constantine pour di spu ter un match. En cours de route, nous nous somme,~ arretés pour nous reStaurer en pleine çamp.1Snc. Un berger, un enfan t d·u ne dou7.aine d':Innées. éta it debout sur le talus de la rOUie et nous regardait. Un ~quipicr fr;tnçais lui passa un pain ct lui demanda en arabe:. Es-tu arabe ou kabyle1. Et notre berger de répondre sa ns hésitation : -AIIQ nifs/mI. Moi, je suis musulman .• Cette reponse. plus véridique que les 0.

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propos de Ben Bella, ramenait la question il ses vraies d imens iOI\$. Ce 'lui co mpte cn Algérie. ce n'est pas la roce, c'est l'islam. Il est le ciment social ct le dénominateur commun qui efface triba lisme ct particularisme propre.s à notre IXI)·S. C'est le ferment qui a permis à nos masses de résister. duron t cent trente 31\$, lia déstabilisation de I"Alg,;rie et d u Maghreb, ct qui a servi de base a u soulèvement e t à la poursu ite de la lulle a rmée contre les forces impérial istes. La gronde erreur de Ben Hella, c'est d 'avoir tenté de substi tue r à ctt isla m -le socialisme à la Fidel Castro -, au tant d ire le comm unisme stalinien. Sa grande erreur, pou r ne pas di re son crime. a é té de déclencher et de poursuiv re un prOCC5$US de destruc· tion de nOire type de socié té auqueloot re peuple étai t et demeure profondément a tta c hé. A ect ég:Lrd. on peul affi rmer (.ju'a prè5 l'O.A.S,, Ben Bella el après lui Boumediene ont élé les seconds fléaux de l'Algé· rie. Pou rquoi Ben Bella cl Boumedicne ont-ils choisi cc modèle de société? On peut le deviner facilement. C'est pa rce que l'un el l'a utre étaient rongé s pa r l'amou r du pouvoir personne l CI (.ju"ils voulaient col\$erver ce jX)u\'oir il l'ombre d'u n rég ime commu· niste 'lui le leur garant irait mieux que tout a utre ! Un Fide l Castro ou un Brejnev ont plus de pouvoir qu'un mona rque d'un autre âge ct so nt inamovibles. C'est l'a il rait du pouvoir absolu qui a déterminé le choix de nos dirigeants. Installés s ur leur. ubnc ". ils se sont entourés, l'un ct l'autre. de • courlisans" plus prompts à se servi r qu 'à servir. J'ai vu Ikn Bella courir à l'aventure el il l'échec. Il engagea dal\$ ce tte \'oie de la catastrophe tou l le pays, J 'a i ess"yé de freiner ses OUlrJnccs ct ses extravagances. J'ai essayé de le conseiller ct de lui raire entendre rJ ison, dans l"in térê t de l'Algérie musul ma nc et dal\$ son propre int érêt. Peine perdue! 90

Il ét~ i l grisé par sa promotion. Tel un enfant cn posses~ion d'un nouveau jouet, il oubliait les vrais problemes d'un ion et de reconstruction que posait le Po,ys après sept ans de guerre. Entouré d'un e poignée de gauchistes irresponsa· bles, dont la majori té e tait des ét rangers, voire des IIp.:1trides, tournant le dos au~ réali tés a lgériennes et a ux principes de l'islam, le président du COOSti l fit de son • socialisme" un inst rumen l de défense CI de représailles contre ctux q ui pouvaient prétendre au p.:1rl3ge avec lui des responsabilités ct du pou' \ ·OI r .

Il voulait rester se ul , terriblemen t seu l. 11 \"OulaÎI diriger seul ct pa rle r seul. Le rôl e d' • homme rort " de 1',\ lgé rie lui fit perdre la tê te. 11 ne mesurait pas exactement le poids de sa charge. Il enterra les règles de la démoc ratie el confisqua à so n $Cul profi t notre indépendance. Il ignora l'Asse mblée national c, prëférant cons ulter sa • marri a" plutôt que les représe n· tants du peuple. Les dé put és ct même certains ministres pre naient connaissance de ses décrets CI de ses décisions par la presse ou par la radio. Quand un premie r conflil l'opposa à son ami Kh idcr, ils ne vinrent pas devant le bureau de l'A sse mblée . vider. !cur querelle, ils prérérèrcnt l'arbilr3ge de l'ambassadeur d'Égyptc! A Gamal Abdel Nasser. quand il vint en ,\lgérie. il proposa l'union de l'Algérie avec la Ré publique :uabe unie (R.A.U.). Du dr3pe3u algé rien. encore humide du sang des ehouhada, il voula it faire une simple étoilc parmi celles figurant sur le dropeau de la R.A .U.! Qui pouvaÎl le suivre dal\$ cc che min tortueux? A la meme é poque, pour complaire au r aTs. il prononça des paroles injurieuses à rencontre des Saoudiens alors que ceux<i avaient été les premie rs Arabes à souteni r linanciè rement ct fll(jrolemcnt le F.L.N. 9\


Il iMlaura un État policier et OI'ganisa S,1 propre police. Les arrestations rede~inrent a ussi courantes que dumnt la IUlle de libér..tion. Il fit arrctcr IJoudiaf, rcnl'oya dans le Sud, sans raison. Sans instruction, sans procès, sans aucun respect ?a rég"rd de ses anciens compagnons. Boudiaf rapporte en ces termes les conditions de son arrestation: Depui$ le 21 OOUr:lnl il mid i, bcure il laquelle ï~i été enlc..é p:ar un COmm3ndO en voitu re, je me lrou"e dans une maison inoonnue, SOus b boo1ne prde de: quelques 3genls. Jusqu'à cc jour, j'ignore jusqu'au molif de cc <:Ipl qui r:Ippclle étrongement les métloode~ de certains .':gima dHunts, l'our ees raisons el depui ~ mon· arrestation. j'ob5ervc une gr~vc de la faim que je poursuivrai jusqu'au jour où Une solution I~ga le Sl: f3 apportée il mon cas, Dtj.\ mon ét31 de s:.nté, compte tenu de ma tondi tion pbysique, e~ig<: la visi te d'un midcein. Que reslc,t,il à un homme privé de S3 liberté da ns Ics ciroonsl:ln«S obscures et m:oinlenu dans l'ignor:t ncc totale dcs siens? Jeûner, même si la mofl doit en r"sulter, car il n'CSI pire humil iation humaine que d'accepter l'nrbitr:Jirc le plus criant $;l ns réagir (Le 24 juin 1963 ' ). Il en fut de meme du colonel Qthma!)e ct de son épouse, dcpu tes il l'Assemblée nationale. Ils fu rent séquestres d:tns leur appa rtement 3. Oran CI f:ti dû interveni r pour les faire libérer. De mème le colonel Saout El AI"'Jb ct mon r'leVCU Mansour Youcef furent arrelés dans des conditions rocambolesques. Mansour Youeef, secrétaire génér:tl de l'organisme saharien alor~ présidé paT le Or I.'Lmine Khanc, devait rencomTer le samedi IJ juin 1963, a u café uStrasbourg il proximitê du IY.I.lais de juslice, un de ses

,....

2. Mobmcd Bavdiaf, OÛ .... l'Alti',~l libr~irie de l'ttoile,

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parems. 10; com ma nda nt Houderbala de la Wi la)'" Il, ilujourd'hui responsable du l'arti i. Sétif, qui :tvait lui.mcme rende7.·\'ouS avec son ancien colonclll.oubc· nider, dit Saout El Arab. Le colonel cl r>hn$our arri"èrent les premiers. Et, a",tnt que le: eonlll,andam ne les ai t rejoint s, ils étaÎcnt enleYé~ par un cOIn· mando de la police spéciale de Ilen Betta il la tete duquel se trouvait le commiss;Lir~ Ousme r .. f:m~r. qués dans dcu~ \'oitures de plltce oonah:oces, .ls furent détenus da ns une des nombrc:uSC$ ",1I:t5 des bau teu rs d'A lger tra nsformees en lieu de dêten tion clandestine et de tort ure. Informé de celle double arrestation il la présidence de l'Asscmblée nationale, fai imrnéd intetnent télé· phoné au ministre de l'Intérieur, 1\.1edeghri .. T~nu à t'écart, il ignomit 10ul. Les arresl,IUOnS se faLsa,ent 11 son ins u. Mon TIC,'eu fUI gardé cinq jours el rel;khé. Le colonel fut emprisonne quelque te:nl p:'i ct relâché S311S que: la moind re accusation n", fût officiellement portée il son encontre. . En réalité, les complots dont Ile n Bella prétend:lIt se défendre n'existaient que dans son ;'Ilagination matad i.·c. Sur lOu l le territoire S,1 police pen;onnctle empriso nnait, torturai t ct tuait, sans crainte ct S,ms lCrupulc, Khemisti, mini stre des Aff"ires ctr:tngè:r~s, fut assassiné il la porte même de l'Assemblée nall': l 1131c! Il n':!. ppar tenail p3s au eI:!.n d'Oujda qui ava,t poflé Ben Bella au pouvoir, Ben Bella mil il profi t lïne~péricnce des dé putés pour leur confisquer leur pouvoir législ.atif. A auc~n moment, eeu~-ci n'e~ercèrcnt leur droit de: controle lur l'act io n Cl la politique du gouvernemen t. Il fil .insi voter une: Consti tution 11 sa mes ure qu i lui " de cumuler les fonctions de ~ccrét:lire du F.L.N, tr:Lnsforlllé, par ses soin.~, en parti de prc$ide nt du Conseil CI de prêsiden ~ de , chef suprème de l'armée. Le mcca·

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nisme insti tutionne l était simple. Le secrétaire générai d u par ti unique choisissait les candida ts il r Assemblée nationale e t le candidat il la présidenec de la République. L'Assemblée, ainsi élue, désignait le chef du gouvernement. Le cercle étai t fermé. Aucun recours n'était possib le, le même homme étai t il la roi s juge et panic. C'était le régime du pouvoir personnel le plus absolu, la négation même de l"id éal q ui avait arrm nos combattants, la trahison du sacrifice de nos e hou hada. Aucun juriste, a uc un homme de loi n'avait partidpi! à la rida etion de cette Cons titution, blanc-seing pour un candidat il la dictalure. Ben !klla, rort de l'appui de l'armée que lui assurait provisoirement Boumed iene, prenait donc seul loutes les décisions. Le Congrh du F.L.N., don t la réunion devait al'oir lieu avant toute op tion rondamemale, ne s'est p.:1S tenu. Aucune des libertés essentielles de l'homme, proclamées pourta nt dans la déclaration du 1" novem bre 1954, n'a été mentionnée. J'ai démissionné de la présidence de l'Assemblée avant le vote de la Constit ution, n'enten dant pas sortir du régime colonia l pour tomber sous la coupe d'un e dictature ct sub ir le bon vouloi r d'un homme auss i médiotre dans son jugement qu'i nconscient dans ses ac tes. Un certai n nombre de députés, dont [e colonel Ouamrane, en firent autan t. Ma longue Jeure adressée aux dépu tés prédisa it les jours sombres qu i a ttendaient noire pe uple . Mais mon avertissement n'a pas été pris en considération. Les députés dans leur majorité n'avaient pas une idée e~aete de leurs pouvoirs. lis se comportaient il [a manière des • g renouilles qui che rch en t un roi •. Le Canard ~n(hain! éc ri vai t : • Cc n'cst pas un parlement, c'cst une ca$Crne. " Lorsque not re • monarque. eut la situation en main. il s'avis., de riuni r le 15avril l%4lc Congrès

qui avai t é té prévu à Tripoli. Une commission. c hoisie ct réunie p:lr ses soins. deva it désigner les cong rcs.~isu:s. Bien sûr, aucun. historÎ<lue". aucun U.D.M.A., aucun Ouléma ne fit partie de ce fameux Congrès. Le vénérable Chei kh El Bachir Ibrahimi. président de l'Assotiation des Oulémas. envoya au~ congressistes [a [ettre suivan te: Dieu m', lOOQrdé la gr,ice de vivre jusqu'! rind~pc:n­ dance de l'A Ig~rie. Ce jour-l::! , je pouVllis affronter la ~, l'âme en paÎ~, Qlr il me semblait tr.lll$mcurc le n~mbe.tu du combat pour 1.1. dHensc du Y~ritDble islam et de la renaiwnee de la tangue arabe (combat qui fut la r.li!iOn de ma vie) li ceu ~ qui p~nDient en main IÇ$ dcstin~a du pays. Je déeidai, en constquencc, de garder le silence. Aujourd·hui. annivcl"S:lire de la mort de !kn Badis. je me , -0;5 contr:lint de rompre cc silence, car l'heure est Br:lo'c: notre pays gli5Sc de plus en plus vers une guerre civile innpiable, une crise mOr:lle sans précédent et des: dimel/lIés teonomiqucs insurmontablÇ$. Les gouvernants ne paraissent p:u réaliser que notre peuple ;!Spire .vant tOUt il ["u nité. la la pail. Il la prospérité et que [e5 fondements théoriquÇ$ de leur action doio'ent être puisé!; non dans les doctrinc.s ~tran­ gè res. m:Jis dans nos racines arabo-islamiques. L'heure est vcnue oil les respom.."Ibles doivent donner l"cxempk: du sacrifice. où Kules la probité et la competence doivent entrer en ligne de compte. Où l'intéli:t génér.1I doit primer. L'l!C'ufC est venue de fCvaloriser le terme sÎ &;llvaudé de • fraternité. ct de retourner au principe de la consultation si chère au Prophète. L'heure at venue enlin de sonner [e rassemblement de tous les enfants de l'Algérie, Min qu'ils b:itissent ensemble une cité de justice ct de [ibcrtt, une citi où Dieu aura sa place.

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les congrC5Si~tes réagi rent rll\'orablelncnt li cc message. Ils suggér~ren( l'interdiction du Ularxi.~lne dans toute poIitiljue de notre pays. Ben Bella. lui. s'entêta dans ses posi tions et ne rit aucun c:lS de ropinion des autres. Il n'cut aucun respect pour l'homme qui raisait la rierté de rAlgérie musulmane ct qui était haut emen t apprécié dans tout rOdenl musul man pour rétcndue de son savoir CI sa culture. I! le classa p:!rmi les • vieu~ turbans" dép.usés par les événemen\.~. Il est vrai qu'à la même ~poqUi:. Ré'Vlll/ian o/,;('(/illl'. la revue bien.pens:rntc des gauchi~tes, écriva it que le. Coran avait vicilli •. Pour l"llOOneur du Coran, C\:luÎ qui ~e.:rivaÎt celLe ins.:m il~ ne 1'1IVllÎt jamais lu. S'il rllvait lu. il aurait su Ijue la Bible, rÉvangile ct le Coran ne vieillissent pas. Cc sont les civilisat ions humaines Ijui vieill issent ct Ijui disparaissent. A la véril~,le Congrts n'avait pas ballOe Ç()ru\cÎencc. Les congressistes n'ignur.Jient pas que le peuple était absent ct QU'Us ne représcn taiem qu'eux-rnêmc.~ ct leuf$ se ules ambitions. Pour fai re illusion. Den Delill. après aVQir dissous rA s.wciation dc.~ OulémllS, avait rossemblé quelquesuns des (lneiens élèves de Ben Badis sous le contrôle du ministère dit dcs • ~l3bous _. Il en fit un • cle rgé musulman ", fonction narÎs..: ct soum is, dont la mission était de tenter de re,·';tir le communisme d'un burnous bl:tnc de religieux. Comme au ternps de la c.:olonisation. on essayait ainsi de faire de la religion un instrument du pouvoir. :'13is cc • clergé" ne rit rien pour empêcher lkn IJelia de s'e nvole r ,'ers Moscou ct d'y recevoir. l'ord re de lënine", une décoration réser.·é aux héros nmrxi~te$. Au merne momen t, il optait pour la tenu e vestimentaire de Mao Tsc-Toung ct donnait le nom de C he Guevara :i un grand boulevard d'Alger .11011'1 que le nom du martyr cheikh t lH bi Tcbc:ssî c:ta;t rdc:gl,lé ~ une toute petite

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ruelle de Beleour!. Sou~ la direct ion de Ben Bella, la République algér ienne sc comportait comme une femme adultère : mariée publiquement ~ rislam, elle c.:ouchait discrètement dans le lit de Staline. On pouvai t devine r le.: sembre destin qui attend:tit noire.: jeunc....~e! Ben Bella devenu :ai'm' était maître de rAlgéric. Son ambition étai t sa tisfaite. Que lui importait que l'islam soit mutilé, l'Algê rie ;mralysée ct les e.:itoye ns asscOlL~1 l orsque Ait Ahmed ct le CQlonel Moh:tnd Ould Hadj entrèrent en dissidence - ultime reco urs pour SC faire entendre - , Den Bella n'hésita pas à recou rir il l'armée de Boumediene. Il porta III guerre dans la ) mal heureuse Kabylie qui avait déjà été très éprouvée. Dans le Sud, le colonel Ch:îabani. ancien élève de Ben Badis, ne put se résoudre il trahir l'islam, Il entrn lui aussi en disside nce. Captu re, il fut jugé :i • huis clos", S.1nS avoc.1t.~ ct 5.1 nS têmoin5. Condllmnc: à mort, il rut exécuté. Cc ne rut pas un jugement mais un assassinat, contre lequel le colonel Zbiri. chef d'état-m:tjor. protest:t vigoureusemen t, Incap.lblc de juguler, p:t r des lois justes ct appro. priées, le mécontentement qui sc généra lisait, Ben Bella fit régner sur les Algériens une vague de terreur. l e fellah, qu i espérait trouve r, avee.: l'indépendance, un peu plus de liberté ct de joie de vivre, sc heurta à de nouvea ux. ellïds _, les responsables du Parti ct les eadres d' une administration au ssi autoritaire Qu'incompétente, plus rërocc ct plus méprisante que celle du régime colonial. La police parol1èle du chef du gOuvernemen t non seulement procédait :\ des arre~ta tions :lrbitraires, mais pratiquait la torture, rinf:ime ct déshonoran te torture. Arrêté, le Dr Ahmed Taleb Ibrahim; fut

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J. Zarm : cher•

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tOrluré. Le vieux mili tant Mu~tn pha Lakhal le fut au$S;' Et bien d'autres encore. On :1 arrê té le président Fares, l'ancien ministre de la Justice 8cntoumi, les dé pu tés Ousscdik cl MC1.houdi, ks commandants A7.zedinc cl Si Larbi, ainsi que de nombreu ~ militan ts bien conllUS pour leur déYOUcmc nt il la causc publique. La dé lation, la suspicion et le • mouehardage. étaient érigés en systi:me. On appré hendait dans la rue n'imporle qui, pou r n'importe quoi. Qui n'était pJS benbelliste n'était qu'un affreux. réaeti unnai re", un infâme bourgeoi~ eOlltre-révolutionn:ll re. L'arrestation de MClhoudi fut particuliè re ment sca ndaleuse. Melhoudi était député, ancien élève de Cheikh Larbi Te bcssi cl de U~n [bdls. [[ :1\'ait épousé la fille de Chcikh Emb:uck El Mi li, de l'Association des Oulémas. connu pour SI;$ ouvrages sur l'Algérie roma ine. Commandant da ns la Wila y:t Il durn nt la gue rre, il assista au Congrh de 13 Soummam le 20 août 1956. Ern'oyé à l'ex térieur, il a été mon di recteur de cabinet à la présidence du G. P.R.A.; ap rès l'indépenda nce, sous Boumcdiene, il fut ambassadeur au Caire. Il fut invité pa r le président de la Républiquc, avec les autres députés au Palais du Peuple. Au cours de la réce ption, Ben 8ella, tout en conversa nt fam ilièrement avec son hôte, J'en tmin e dans les jardins du Palais. Là., il le livre il. ses policiers. Très spectaculaire fut le cas de Kh ide r, son am i et son supporter. Dans un prcmie r temps, Ben Bella se sépa ra dc lu i ct l'éloigna des affai res publiques en le renvoyant au ûi re. A son rctour il le priva de son poste de respoM:lble du Parti. Khider décida de se reti rer en Europe. Avant son départ il passa me voir à Kouba et me mit au courant de cc lIui sc tramait con tre lui. Je lui fis d'a mers rep roche~, ca r il m'avait trompé sur la nature de l'homme. Vin rent ensu ite les 98

pé ripéti es du trésor du F.L.N., la condnm nation à mort de Khidcr, sa vie en exil jusqu'au jour où il fut lâchement assassiné à Madrid. Mon tour deY:lit arriver. Je fus arrét é, ainsi que mon fils comme je l'ai déjà rcla té. Le: présidcnt de la République - présidc nt du ConseÎI - sce:rétaire général du Parti. pcM:lit·il vraiment que l'on pouvait gouverner saÎnement un pa)'S avec de pareilles méthodes? S'imaginait-il qu e l'a ppui de l'armée était suffisant pour accomp lir les t("tehes essentielles ct éno rmes qui attendaient le pays, pour cond uire le peuple vers un dcstin meilleur? A l'tJXKlue où je lui prodiguais mes consei ls, je n'ai pas manqué de lui rappeler le mot de Napoléon I ~ : • On peu t tOU t faire avcc les baïonne:ttes, sauf s'asseoÎr dessus .• Ben Bella. a$S uré du sout ien de l'armée dcs frontii:res. ne tenai t aucun compte: de l'opinion publique. Or. pour avoi r des cha nces de durer. un ordre social doit nécessairertlCnt re:poser sur le consensus populaire. Au début de l'an née 1965. il réalisa cependant qu'il ne dispos.."1i t d'aucune force réelle, Quand on mange Ol"ec le diable. il farl/ s'/trlller Itune longue cuillère. dit un proverbe. Le chef de l'État, avee so n égocc:ntrisme rorcené, ne dispos.1it plus d'aucun allié. Il ne pouvai t donc opposer aucun c force aux jeuncs loups d·Oujda. La voie était étroitc. Faisan t rout e avee la seule armée dcs frontières, le risque étai t gmnd de devenir son prisonnie r, D'a ulant plus qu'il aY:lit brisé. pa r ses fa ules et ses répre$Sions succcssivcs. le ressort populaire d'où pouvait venir, le cas échéant, la défense de la légali té. En faisant le vide autour de lui. il ava it fait le jeu de ceux qui. depuis longtem ps. con\'oitaient le pouvoir. Quand il te:nta de limiter leur emprise. il était déjà trop tard. Le chat Boumediene ava it piégé la so uris Ben Bella. A ma libération, le 8 juin 1965, la prise du pou voir

"


par les militaires était en marche. Le prétute1 Ben Bella projetait de cllanger 50n ministre des Affai res ':trangeres. Ses pr~roSalives. définies par la Constitution. l'y autOl"isaienl. ~ Iais Boutenika entendait être un • ministre inamovible. parce qu'il avait négoci~, 11 Aulnoy, l'accord entre Ben Bdla Ct Boumediene. Celui-ci, nec l'appui de Kaïd Ahmed, 8outenika. ct la complicité des colonels Tallar lbiri, Sard Abid. Abbes, Drain, Yahiaoui, Chabou, • fran chit le Rubicon., Dan~ la nuit du 18 au 19 juin le president de la Répu blique fUI réveillé 11 2 heures du matin ct a rr~té. l'our Boumediene les réves échafaudés à Ghardi, maou et à Oujda. et probablement déjà au Nador, devenaient une réalité. ~f3is si la prise de pouvoir venait à échouer, un avion était déjà prét à décoller de Boufarik avec Boumediene et Boutenika il so n bord. Au préalable, le colonel ct son complice s'étaient réservé un budget tres confonable de l'autre cùté de la Méditerranée. L'armée, qui a pour devoir la défense de la Constitution ct de la légali té, a failli 11 sa mission. Elle livrait le pays:i une au tre dictature. la dictature d'un clan au mépris des droits Oe 10UI un peuple CI de ses idéaux, CI en violation d'une Constitution que ce même dan avai t adoptée. Ben Bella fut stquestré avec un petit nombre d'acolytes: Ben Alla, l'Iarbi, le Dr NekkaelK:, Zallouane. Ni l'Asscmblée nationale. ni l'armée ni 13 police, ni le Parti, ni les organisations diles de masse, hier encore si prompts â applaudir, ne réagirent. Les plumitifs de la presse, de la radio et de la télévisiun qui n'avaient cessé de chanter, il longueur de journcc, les qualités, les mérites CI la réussite du • surhomme· rentrèrent leurs stylos ct leurs micros, ct sc turenl. Les bâtisseurs du • socialisme à la Fidel Castro.,

,

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les • miliciens. sc hàtèrent de rejoindre le camp du nou,'eau • maître. de l'Algérie. Et Ben Bella con nu t p<:lul:1Il1 quatorze ans la • Bastille. de Boumediene, bicn plus longtemps que les prisons françai ses. I.e coup d'Êtat aVOlit été pa;.~ible précisément p-uee que. durant Irois ans., l'armée avait constitué I~ Jeul corps organist de l'Etal. Tout le reste: Parti. Asscmblées. élues .., admini:nr:lIion, préfabriqué par le pouvoir personnel. était maintenu il rétat embryon, naire. $;]n5 consistance. sa.ns respons.lbilité, afin que l'opinion publique ne s'exprimaI p-1S. Ben Bella, une foi s tlébarrassc! tic ses anciens amis et tle~ • bourgcois. 'lue nous étions, s'en prit alors au clan d'Oujda dont il su pportait mal la présence ct la menacc. Voulant diminuer leur innuencc. il mit :\ profi t un voyage de Boumediene li Mosco u pour lui retirer le commandement de l'aTlllée. Il nornm:a le colonel Zbiri cher d'état-major des armées. l'lus tarti, par des mesures \·ex:atoire.~, il amena son min ist re de !"Intérieur, Medeghri, à démissionnn. Il lui ava it retiré la tulelle des prëfeelUres ct de la police, Ct rattaeha le ministère à ]:a présidencc. Kaïd Ahmed. autre homme d'Oujda ct ministre du Tourisme, abandonna 11 sun tour sa ch.Hge. Pour faire contrepoids à la men:ace de l'armée, nen Bella créa les • milices populaire~ • que les gauchistes animèrent de Jeu r littéralure pseudo-marxiste. En di-ee mbre 1964. Ben Bella remania son mlms' tère. Il prom ut Boumediene à la vice-présidence du Conseil, avec rarrièrc-pcn..~fe de lui soustr:lire le ministi: re de la DUcnse CI de lui enlever tout contrôle sur l'armec. Il ~'a t1ribua enfin le portereuille des Financcs, cclui de l'I nformation ct celui du l'Ian. Au mois de mars 1965, il CSS:lya dc sc concilier les dirige'LIlts de l'Union générale des travailleurs algé, riens (U.G .T.A.) avec lesquels il avai l cu des fric' tions. En avri l. l'insurrection de la Kabylie étant 101


termLllee Cl les chers condamnés, il commua la condam nation 11 mort de AH Ahmed ct du comm:LIIdant Moossa en peine de prison, avec l'idée de les libé rer ct l'espoir de reconstituer autour de lui une sorte d'union nationa le, L'élargissement du président Fares, du commandant Azzc:dine, des dépu tés Bentoumi, Mezhoudi, Oussedik, du commandant Si Larbi, le mien, êtait dicté paT le souci de reconsti tuer autour de lui une forcc ::Iyant des racines dans le pa)'li. Après avoir brisé l'union nationale formée dans le comba t, il pensa lu reconstituer pour y puiser un second sournc. La grande presse intern:llionale, dans l'ignorJnce des dirticultés internes ct du mécontentement populaire, ne cessai t de vanter ses mérites ct ses réa lisations plus spectac ulaires que rcntables. Il ne faut pas oublicr que la réputation de Ben Bella avai t été faite par l'Égypte, la Fmnce ct le Maroc. A l'intérieur du pays son nom n'était pas plus coonu quc celui des autres. historiques_, Le: 22 juin 1965, Alger allait deveni r capitale du ticrs mon de. Les Afro-Asiatiqucs se préparaient à tenir une conrérence au • Club des Pi ns », construit au bord de la mer pou r y reccvoir les inv ités de Ben Bella (ooût de la con.~truetion: 15 milliards d'anciens fmnes). Le chef de l'État esptnlil ai nsi recevoir un..: nou\'cl le conséemtion, acquérir un nouveau prestige ct a\'OÎr une audience mondiale. Il pensait enfin, la confére nce terminée, pouvoir fra ppe r un grand coup ct li moger, sans Iw::u rts, cer tains de ses min istres qui s'imaginaient être inamovibles, tels Boumc<liene ct Boutemka. Mais ses adversaires le devancl:rcnt ct cc: rut lui qu'on limogea. Je me trouvais alon il Sétif. Le commandant Benallia rra ppa 11 ma porte 11 5 heures du ma tin ct m'apprit l'arrestation de Ben Bella, On découvrit d3n5 la chambre du président de la Répu· bliq ue un véritable tré.~or : plus de deu;( milliards 102

d'ancie ns rnln es en pièces d'or et en deyises étnlngères. Cai5$(; noire ou deniers de la cor ruption? Il cst étra nge qu'une chambre 11 couehcr, fût-<:lle prêsidenticllc:, devienne une succursale du Trésor public. Rares furent eeu~ qui déplorè rc nt l'arrC$lation de Ilen Della. E;(primant le sentiment des communistes, Fidel Ca.~tro accus:! lJoumedienc d'être l'. cnncmi du [)Cu pIe et un agen t de l'impérialisme _. Celle accusa· tion ne l'empo;eha pas de devcnir, 4udquC$ mois :lprès, un ami de r .. ennemi du peuple », Pour les nasséricns, le drame ful ressen ti comme un malhe ur. Le président Nasser délégua à Algcr le maréc hal Ameur pour suggé rer la mise en résidence surveillée de son am i au Caire. CCIIC proposit ion fut rejctée. L'immense majori té des Al gérie ns se con ten ta d'cnregistrer passivemc nt CCIIC nouvelle révol te du Krui!. Comme au tcmps des janis.o;,'\ires, l'. Odjaq. se disputait le trône. Le 19 juin ecpendant, Boumediene accusait publiquement le régime instaure: par Oen Bclla ; Le pouvoir personnel. aujourd'hui consacré. IOUles les instilutions nationales Cl régionales du Par ti Cl de l'État se trouvenl à la merci d'un seul homme qui C(Inlèrc les resporuabil itë$ à sa guise, fai l cl dUait, sclen une lactique mals3ine cl improviste, les org.1 nismes dirigUnl', impose les options et les hommes selon l'humeur du momcnt, les caprices ct le bon lllaisir. Tout ccla élait C;(aCI, et Ic j ugemen t fan judicic ux. Malheureusement Boumediene, installé au;( leviers de oommande, en fit de même, Son comportement dans l'e;(ercicc du pouvoir ne différa aueunemcnt dc celui tle so n prédécesseu r. Le pouvoir changea de mains, mais le système deme ura itlen tique. l..3 légali té ig norée, l'Assemblée 103


nationale éca rtée, Boumediene désigna un • Conseil de la Révol ut ion. de 25 membres (don t dOU7.c colonels), composé comme suit :

PrisiJe,rl: Houari BoUMEOIENE Mrmbrt! : - Colartel ABto Said, _ Colonel BEllIOUCHET Abdcllall, _ Colone l Mohamed BEN AIIM ED AbdeighanÎ, - Colonel UENCIIEIUF Ahmed, - Colonel BENDJEOto Chadli, - BEN IIAOJ)Qy Houhadja r, - BENSAlEM Abdcrrahm:Ule, - Colonel BoU8NIOER 5.,la h, - I~UI)JIlNAN E Ahmed, - BouMAZA Bachir, - BOUTEfI.tKA Abdelazi1., - C W2111F Belkacem, - Colonel DRAIA Ahrncd, - KAlU Allm ed, _ Colonel KHAT1S Youeef. - MAI1SAS Ali, - M EUEGl t ll1 Ahrned, - MENDJEU Ali, - Colonel MOHAMMEDl Said, _ Colonel Mohand Ould HADJ, - MOULAY Abdelkadcr. - SOU FI Salah, - TA ISI Larbi, - Colonel Y AlI!AOUI Mohamcd Salah, _ Colonel Zn lRI Ta ha r. Habileme nt , Boumediene neutralisa les anciens chefs de maquis en les compromettanl dans d l:S affaires com merciales ct autres. Aux membres du Con:;cil de la Révolut ion. il n'auribull aucune respon·

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sabil ité. En fait celui-ci n'étail qu'une eou "erlUre, un .. Iibi pour couy rir l'exercice de son poo"oir pcn;on. ncl. Lorsque, li la ~uile d'é\'éncmen ts ou de péripélics, cc Conseil perdit ~ue(e:;S;"emenl un ce rta in nombre de titulaires (ll.oun13·t;J., Mah~~, colonel Zbiri, colond Abbes, colonel Khal ib, Mcdeghri, colonel Molland O uld Hadj, (olonel Saïd Abid. Ka'id Ahmed, Che rif !klk:!.cem, commandant BenS:l lem), Boumediene ne le! remplaça pas. Ceux qui rcsti:rcnt furen l de si mpll:S l'igurantS. Ils siégèrenl, mais ne dClibérèrent p-1S. Ainsi aucun des changements annoncês le 19 juin ne fut conc rélisé. Le fameux _livre bl:rne. annon~-ç à grand renfort de r:ldiu resta 1cUre mor te. Le proci:s de Ilen !klla, la d..:nlOCf:lti. ! s,1lion de~ in~ti tutions, 1:r l'in du • pouvoir personnel., sê"èremen t con.d~ll1nê p-". Bounl~d ie~e I~i.m':nle, la liberté d'tXpresslon, la rntsc en a pplu;:lIlon du sur. , frage unÎvcrsel, rien de ee quc le peuple allend:,i t ne yil le jour. Cc qui étai t reproché :'1 Be n Bcll3 fut maimellu cl aggr:lvé. L'habileté de Il.oumediene fut d'avoir su meure l'armée :1 son service, lout en restant dans l'ombre le 19 juin. J'a i commeneê:'l ":erire cc li~re li l'époque où je me trouvais en ré~idenœ sur~ei1lce. Je le deuinais li Boumediene. Depuis il est mor\. Je le regrelte car j'aut:1is vou lu étaler devant ses yeux les insuflïsances ct les mérails du pouvoir personnel. Ikn Bella éliminë, LWumcdiene sc proçl3ma • chef d'État _, faisant l'i li la fois des rormes juridiques el dc~ inst itutions du pa~ s. La lêg:llit": mise de côté, les mœu rs de 13 jungle prirent force de loi. La porte $'ouYr:li \ sur l'arbi\t:1ire et l'absurtle. Personne n'avait supposé que Hou me· dienc, aneien éli:\'e d'El '\"I:har, au Caire, pou"ail abando nne r la voie de l'islam ct de la liberté pour 105


celle du totalitarisme sialinien. Durant quatorlc ans. il exe rça un potI\'oi r sa ns pariage. Il déve loppa le pouvoir pcrnonncl clic culte de la personna lité. qu'il avait condamnés chez son prtdéccsscur, à un de gré

Ici qu'i l n'y avai t pas un seul jour oû la presse, la radio, la télévision ne partaient de

$CS

mérites. de ses

réalisations, de ses réussitcs, de ses qU:llité$. Ses ooIlabomleurs ct ses ministres n'existaient pas. Lui seul créait. lel un dieu. En 1975, pressé par les dirncultés. Boumediene voulut régularise r le • cofIÇubinagc» qu'il avait contmc té avec l'A lgé rie. Le , - novembre - date ann ive rsaire du premier sa ng versé pour b. liberté - , il annonçai t qu e Je pays alla it cuc: d Olé d'un e Cha rle cl d'une Constit ution el que des éteçlÎOns libres all3icnt avoir li eu. Con lm ircmcnl à sa déclarat ion. le peuple fui mis cn préscnœ du fait accompli. Ses servic::es çonfeç tion· nèrent une Charte c::t une Constitu tion à sa mc::surc::. La première, qui se voulait socioirrromnwllis/e dans un • c::adre mus ulman., é ta it un texte où foisonnèrent les çontr.ldic::tions. Uf)(: mixture indigeste. Quant à la Constitution, elle ~tait le • cimetière. dcs libertls publiqucs et de 13 sou vçT3 inçt~ nationale. Lcs mots, sa ns doute, on t un sens diffé rc::nt sçlon que l'on se trouve en lerre de libcrt~ ou en lerre de dîc::talure. Chacun sa it q u'en (:Cite lin du xx' sièc::le, les meilleures çonquêtcs de l 'human it~ demeurent les droits un iversels de l'homme ct les libert~ s fondamen· tales du dtoyen. Ces conquêtes sont un rayon de lumihe dans t'histoire des hommes. Elles on t une telle rorc::e CI une telle valeur que même les r~gimes totalitai res et oppresseurs s'en r~c::Iamcnt. Ma is il cst vroi, çomme le dit de La Roc:: hdou(:3u ld, que /""' .l'hypoc:ris ie est l"h ommage que le vjçe re nd il ~ vçrtu •.

;(06

Évidemment la Cons titution de Boumedi ene fa it SOU\'enl rëfércnce à la li berté. Elle p roc lame, entre autTl.'S : A flId f J9: Lcs libertés fondamentales CI les d roi ts de l'homme ct du citoycn $On t garan tis. Tous les citoyens son t égau~ en droits et en devoirs. t lrlide 45 ." Nul ne peUl ct re tenu pou r çoupablc s i c::e n'est en vertu d' unc loi dûment promul· g uée, antérie urement à l'acte inçrimi·

"'.

A flidf <16 ." Au regard de la loi, toute pe rsoonc est

présum ée innocen te jusqu 'à l'établissement de s., c ulpab ilité par une juridic_ tion réguliè re. CI avec:: tou tes les gara nlies uigées par la loi. Artide SI: Nul ne peut ê tre poursuivi, arrê té ou délcnu que dans d es cas dé tnminés pa r la loi et $C lon les formes qu 'elle a presc::rites. AflIdc SJ : La libe rté d e conscience el d' opin ion est inviola ble. Dès lors nous pouvons nous in terroge r. Après la promulgation de celle Cons tituti on, à quel artic le de loi le pouvoir pouvait-il se référer pour mainten ir la séquestta tion de Ben Bella ct notle mise cn résidence forcée? Qu i a ':tabli la cu lpabilité de l'ancie n présiden t el 13 nôtre? Au demturant qui s'en CSt soucié et qui sc soucie de l'applic::ation de la loi? Montesq uieu disait qu'arrivant dan s un pays, il ne demandait pas qu'clic en était la loi. mail s; fa foi)' !tall oppfiqlJie. Où est la loi en A lgérie~ Où cn estoOn de son appli ca tion~

Je c::herchc vainement 11 comprendre. L, vic CI la libcrt~ des multilUdcs humaines ne devtaic nt-elles pas être sac::técs pour tous les hom mes au pouvoir? Cc.~ rnultitudes so nt fait es de c ha ir, de san g ct de

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oourrranccs ct ne sont pas une p;ite à modeler qu 'on peut pétrir :\ Ivkln té. Si les colonels qui ont permis â Boumediene d'oe<:uper la première place furent d'authcn tiques combattants, lui ne com ba ttit que le peuple algé rien, Il le mit il. genou~ en le dépouillant tic ses libertes ct de ses biens. A I"égard de certains réfractaircs, il utili~ la corruption. Ses conseillers lui apprirent que, dans les démocra ties populai res, c'est le secrétaire gé néral du Part i qui détient h, première place. Ne pouva n! occuper « postc, Boumedie ne le supprima et le remplaça parcelui de" responsable de I"apparcil du Parti . qu"!1 confia il un de ses partisans. Le F.L.N. était dejà un parti sans 'mie. [1 devint un organisme sans tête. le rcndel-vous des. bras cassês ~ ct des .Iaissés·pour-compte". Ben Relia disait déjà que le F.L.N. était constit ue d'all/h f'll/iqlll's clwuilles. Ce qui sc multiplia avec Iloomt:diene. Le pouvoir personnel ct le culte de la personnalite s'affirmère nt, le coIlcctÎ\' isme marx iste s·aC<.'Cntua, booscula ct étouffa la cité musulnlUne ct le monde du travail. créant un immense désa rroi dans les ma.o;scs musulmanes. A tous les échelons ùe la vic publique le peuple est absen t. I)r~~ entre le fonctionnement ct le militaire, cc peuple vit en • liberté sur~eillée" . l.es éJections ne sont que vastes mascaradcs. t 'Algérie nage dans le menoonge, l'aventurisme ct le fal·ori· tisme. Le trône cst dans la vase. Le seandale d'une telle si tuati\ll1 devint si évident qu'un membre du Co nseil de la Révulution sc rebi ffa . Le colonel Ta h:l r Zbiri, le vaillant comb':lIIant dc,~ Aurès, qui avait été promu eher d'état·major des Armées, r:lppe la à Boumediene que, s,ll1.'llcs colonds. il ne serait pas cc qu'il c,~t ct qu"!1 devait pu conséquent gou l'efrler en prenant l'a \'ls de 10U$. Zbiri ne convoitait rien. Il voubit se ulement contraindre Boumediene :' respeete r la parole donnée. En mai

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1967, il protesta contre le projet ù'arres tat ion du Ilr6ident de r"sscmbl~c,le comma nd ant MendjeH '. U ne cessa pas de récl~l mer 13 Tiunion du Conseil de la Révolu tio n. Au lieu de réunir le Conseil. Boume· diene mano::uvra pour isoler Zbiri. I.e I ~ novembre 1967, marquant sa désapprobation face fi l'attitude du chef de rËtat, le chef d'état·major n'assista ~s DUX cüémonies orfi eielles: il mon tra;! que, sans le ret our;' d<:s méthodes démocraliqucs. il sc dcsolidarfsc rait de Boumediene. Celui-ci ne l'entendait pas 3in~i. Le systèm e devait rester tcl qu"!1 étail Coû te que coùte. L'affrontcment inévitable CUI lieu dans la ré gion de Moulaia CI d'El Mfroun. Le colonel ZbirÎ. qu i s'était dépl3cé avec ses chars d'El Asnam vers Blida. pris so us le feu de Mig pilotés ~ r des aviateurs russes. rut contraint d'abandonner la partie. En 1959, le colonel Lamouri tenta un coup d'Él at contre le G.P.R.A.; il fut arrêté el exécuté. Le colonel Boumediene J)l"ésidail le tribu nal qui ordonna re~~eu tion. Comment ne s'en est-il pas soUI'cnu avant d'organiser lui-mê me un coup d'Etat? Le 26 av ril 1968, les am i~ du coloncl Zbiri avaie nt fai lli lui raire payer cher sa double lrahison. celle de Ben Bella puis celle du Conseil de la Révolution. Camouné so us l'uniforme de l'A.N.P., un cornmando pénétra dans le palais du goul'ernement où siégeait le Conscil des ministres. La s':a nce venai l d'être levée. Boumediene sonit par une petite porte, alors que ceux qui se disposaient à l'exécuter entraien! par la porte princi pale. L'allen!at Ccooua. Dans la rue, Boumediene fut reconnu p:!r deull guetteurs placés par le command o. Au moment où il mon tait dans s.a voiture les deux hom me~ ouvrirent le feu . II fut légè rement blessé.

1

~.

iL Filllro IilliTl';,r du 4-10 août 1969.

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~a

violence a ppdle la yiolenee. Par son coup d'Eta t Boumediene a donné il la na lion un mauvais exem ple. Il a OUyerl 1:'1 porte au " bandi tisme poli li. que ' . Quant aux él ites dont la responsabili té est Irès lourde. les uns se sonl mis il. sefyir l'État. sans autre engagement; pour les autres, il :'1 s urri aux maîtres de l'heure de IC$ envoyer mange r au r:itclier pou r obtenir leur approbation. Après le 19 j uin. une délçgalion du Parti \'cnant de Cons lan ti ne fut reçue par le nouveau prës iden t. • Voyez·yous. leur d it·iI, ce fauteu il où je suis assis? Il faudra me tu er pour me l'arracller.• Q ui oserai t dire. après ces propos. que lloumediene, toulle temps de la guerre d'A lgérie, n'a pas nourri une seule pensée : prendre le pouvoir? Il ten ta, il diffé ren tes repri5CS, de j usline r son comporteme nt, en disan t par exemple: • Aujourd'Ilui qua nd on pa rle de la ~ ré~ lulion - e t de l"islam. moi je dis qu'il n'y a pas de con tradiction.' En 10UI êtat de ca use. il y a une contr:tdiction majeurc : l'islam rcpose sur la digni té et les libe rt és de I"lI0mme: la révolution prônéc par Boumediene repose su r l'autoritarisme et l'abscm:c de loutc liberté. Ut où il n'y a pas de liberté. il n'y a ni soc::ialisme ni islam. El il di ra aussi que le F.L.N . de 1954 eSlle mcme que celui de 1965 : • J'entends pa r parti: le par li d u Front de Libération nationa le (F.L.N.) qui existe depuis 1954. qui a permis la réalisation de l'indépendance nat ionale ainsi que tous nos projets. particu lièrement depuis 1965 '" Regrellable ct injuste confusion! Le premier F.L.N. était un front qui a su réaliser l'Union nationale, qui a su la consolider par le sang de n05 martyrs. Il a mobilisé notre peuple dans sa totalité pour arrdcller son indêpendance. Aucune réfêrcnce 5. t'/ MwdJahld, 27 ma" 1978.

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n'd été faite au socialisme stalinien. Le second F.L. N. ) c" le part i de ceux qui ont piégé le pe uple ct qui vj.·en t d3ns la vase de la corruption. du lucre ct des prébendes. Aucune comp:iraison entre les deux rormat ions n'cst possible. Ooumediene di", encore fa propos du parti unique: • Il ne s uffit pas de proclame r la nécessité d'un part i unique comme instrument dc développement rapide dans les pays du tiers monde 1.. .). Encore faut· il lui garantir les conditions indispensables il sa réus$ite, à son déve loppemen t ct il sa continuité qu i sc résume dans sa démocrat ie interne'.• Jlar CClle déc laration, Boumediene apportait deux r~ux témoignages. Il évitait de nous di re que le peuple n'a jamais proclamé la nécessité d'un pa rt i unique. Dans cc domaine, il n'a jamais é té consulté. Le parti un ique lui a é té imposé par ceux qui voulaient régner sur ce pays. En second lieu, la • démocr:tt ie interne. est une simple clause d e style, un mytlle. une imposture. Elle n'ex iste nulle part en pa)'~ totalitaire. Boumediene était bien placé pour le 5II,·oir. sino n commen t explique r son coup d'Ëtat du 19 juin? Pourq uoi la. démocratie interne. n'a·t-e ll e pas jou~ son rôle cc 19 juin? En vérité Boumediene sc gargarisai t de mots vides de sens deyant un auditoi re qui ne pouvai t pas répondre. La • démocratie interne. n'est pas la démocratie. C'es t la soumi!.sion, la médiocrité ct le mépris de l'homme. A son tour, le colonel Yahi;J.oui. responsable de l'appareil du Parti. dira un jour qu' il y avait deux libertés: 10 Iibtrli ,üll" et la /ibmllom,rllr. C'CSt 111 le langage stalinien qui est repris par notre colonel. En rtalit~ il n'y a qu'une scule liberté ct elle est indivisible. C'est celle qui consiste 11 dire que· Mi· 6. El Maudjahld. 27 ma" 1978.

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<.las, le roi Midas a des oreilles d':îne· $a"-, se retrouver en prison. Cest celle qui çon$iste?l dire que Yahiaoui dl!bite dcs sou isc:s S3ns avoir ensuite la police sur le dos. Une rl!"olu tionnaire authentique, Ros~t lu xemburg, çon temporaine de ll!nine ct uéeutl!e par les Allemands pour ses con" ietions m~lrxistes, a ..ai t une au tre co nceptio n de hl libe n é. • La liberté, a\':t it-clle dit, réservée au~ se uls partisans d'un gouvernement, aux se uls membres d'un parti. russent-ils aU$$i nombreux qu'on voudra. cc n'cst p:u la liberté. La liberté. c'est toujOUT$ la li be rtl! de celui qui pense au trement. • Cette opinion a I!tl! confirmée réeemment pa r le secréta ire gënél111du Pa rti communiste français,. La liber té, écrit Gcorgcs Marchais, c'cst la possibilité donnée:\ ch:lque homme de se réaliser pleinement, d'organise r sa vic selon ses goûts, sa personnalité humaine. d'intervenir effecti" ement sur la vie de son entrep ri se et de son pays, el cela dans une société fondée sur des rapports confiants ct fralernels entre les hommes. Cette libe rté, pleine et entière, ne peut exister qu'à la condition de cesser d'être le privi lège de quelques'uns pour devenir Je bie n de tous. C'est le chemin du progrès humain',. Lorsque Ics hommes parlent ce langage, peu importe 13 couleur de leur peau ct leurs opinio ns, lb sont respecw.bles. On peu t débattre a,'ec eux de 1011$ les problèmes puisque, en dernie r ressort, c'cst le peuple qui tranche et qui fai t son choix. Celle liberté conditionne toule évolution. Le tie rs monde est l'équivalent du ti ers ëtat français d'avant la Révolution. Il est le deveni r en puissance. la potentialité de la nation. Si le pouvoir ne le libère pas, il se libérera lu i-même un jou r. Or, en Algérie le 7. GCOfE'" Marchais. Of'. til,

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pouvoir personnel est. p~ r définition, hostile à celte libéra tion. Pour se maint enir, il bloque Ie.~ rouages de rÊt:u démocra tique, 1)3ns le meilleur de.~ cas, il rait <.lu fQlunalismr. 11. l'excmple du régime colonia l. Ecoutons encore Boumediene dans sa • dialectique· : • l cs pcT$On ne.~ que [a révolution a reje tées CI qui se permCHent de critiquer, d'in~ul ter notre pays. affirment que ric n ne va plus chez nous.' Faut-il souligne r [a contradiction? Pour r:lire son coup d'État du 19 juin 1965, il a bien rallu que Iklumcdiene ai t trouvé des raisons de cri tiquer. ait jugé que rien n'allait pl us. Si, ce jour-là, la critique était légitime. pou rquoi ne le sernit-clle pas sous son règne'! Crit iquer n'cst pas insulter son pays, 1)3ns le plus mauvais des cas, c'est proclamer que le pouvoir n'est pas;l sa place el qu'il cond uit le (l.l}"S 11. la ca tastrophe. Ceux qui éme Uen t celle opinion restent dans ta logique de notre guerre libéra trice. l.orsque 13 • ré, ,·olution. stalinienne de Boumediene les rcjelle. c'cst tout il leur honneur. Cette· révolut ion. n'était pas au comba t, Elle est aujourd'h ui au pouvoir parce qu'elle a usurpé une souveraineté obtenue pa r le sang d c.~ :lutres ct qu'clic a trah i le S<icrifiee des cho uhada. Je ne reprocherai pas au~ communistes de dérendre leur opinion, c'cs t leur droit ct leur de,·oir. Cc dont je me plains, e'cst le fait qu'un croyant libéral ne pui5se plus dércndre la sienne alors que nous sommes en pays mU5ulm:tn, ,\ l'époque oû Ben Bella occup:t;t la rune politi, que, Boudiaf interrogea un rc.~ponsab lc du Parti communiste :![géricn. Celui-ci lui répondit: • Pour nous communL~tes, le 5<!ul ra it que Ikn Bella se procbme socialiste, même si !;CS décisions ne s'insè, rent dans aucun plan de transformation dficacc, nous nous engageons :\ le souteni r, car nous considé, rons que dans celle voie, tôt ou lard, il sera obligé de tenir ses promcsscs ou il disparaîtra $()lIS la poussée 113


des masses impatientes de profiter des b<,;nériecs de cc.~ mesures ' . • Je comprends très bien que les communistes aient une stratégie ct qu'ils la mellent en application. Mais ils doivent sc persuader que les masses musulmanes rcsterom toujours farouchement réfractaires au collectivisme stalinien. Et si, un jour ou l'autre, ta liberté d'e~pression reprenait droit de cité dans te pays, les communistes redeviendraient ce qu'il s ont toujours été en Algérie, une minorité insignifiante.

.

.'

Pour l'instant, et après vingt ans d'indépendance. nous sommes encore dans le tunnel. On comprend que Boumediene, qui n'a pas fait la guerre, voulait effacer le souyeni r des terribles années de la gucrre ct nos propres souffnmces, I l déclara à des journalistes: • J'ai dit que les mOTlS étaient morts. qu'ils étaient poussière. J',li dit qu'il fallait penser aux vi"ants aYant de penser aux morts'.• Comment peut-<ln séparer tes morts des vivants? La. cité n'cst-clle pas pétrie du souvenir des morts et du labeur dc.i vivants1 C'cst le sang de nos martyrs qui doit servir de mortÎer à l'édification de la nation, Les m,If1}'rs ne sont pas que poussière. Ils forment avec eeu~ qui naissent un amalgame qui donne vic au présent et façonne l'avenir. LC.i chouhada sont des sentinelles que l'histoire a placées sur notre route pour nous montrer le bon chemin. Et, dans toute dictature. les peuples sont perdants quelle que soit l':lSsistanee que leur apJXlTle l'État. Un peuple assist': cesse d'être responsable. Or la 8. Mobamcd Boudi3r, Où ''Il" l'AIKü/~' op. d r. 9. Ania Fm ncos ct J.·P. ~réni. UnAlgùirn _,m~ dl~n~,

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respons.lbilité du citoyen conditionnc l'effort. LïnstiIlIt cur qui fait les de,'oirs des élèves ne les instruit IKI5. Ccst â l'é lève de faire ses devoirs au prix d'cfforts et même d·crreurs. L'crreur sc corrige au fil des jours. a lors que l'irresponsabil ité dei; élèvcs ct dc1 ci toycns conduit !t la paresse CI .'i l'abrutissemcnt. 1 Les malheurs des Algériens proviennent de cc que Ben Bella ct Boumediene ont fait des options el des choix en dehors tl'cux, lc.~ oblig~nl à subir un sys teme iliserétionnaire. Pendant notre gucrre de libération, c'était ,'1 ce peuple de choisir S:l I·oie. Ceux qui l'on~ priv,~ tle la p~rolc, qui l'ont cmpèeh~ d'cxercer ses responsabilités, al'ec l'arrière-pensée de 4 vivre comme des rois. Cl de • régner. sur l'Algérie, ont commis une faute grave. Unc raute dont nos cnfants supporteront les conséquences. C.lr le jour viendra où, à l'exemple des Polonais, ces enf:lnts descendront dans la rue pour réclamcr leur liberté ct leur pain.

no"m~

Pui s. Stock.

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IV L'ARBRE ET LE FRU IT

Commen t le pouvoir rcrsonncl C<ltnouflc ses

~c hccs

UJ moillolU" qui onl po'" r."id~ lin hou, "",J.nl I~", IQine dan. la f"';" PROVEKO ~ ALGl'.KIf.N .

m,nult . j'«a,lr,QI J~ mU .IBM' aux qui. salIS droil. s',nflrnl J""'Rudl '"' ItIU.

LI! CORAN.'

L'Algérie, oolon ie rrançaise, était une Icrre en voie de modernisation en pleine évolution. M~lhcu rcusc, ment. les Algériens musulmans. tenus il. l'éca rt, aba ndon nes à le ur tri ,IC sor t. dcmcura icm , dan s le ur grande majorité. plongés dans 13 mi sè re Cl allaches à

des mœurs d'un autre

~ge.

En 1962, a lors que fétais prêsidcnt de l'Assemblée nationale co nstitu an te, j'ai reçu un gra nd nombre de diplomates étr;lngcrs, en partiçulicr ccux des pays commu ni stes c t des pays ambcs. Tous êl;licn\ e n ;ldmiralion deva nt l'infrastructure ct la richcsse de nutre pays. Un min istre syricn , M. Salah Bilar, qui \"cnait de visiter la Mit idja ct la rég ion d'Alger, ne 1. l.e Conn, sourale 7," 1.. limbes ", Y. 146.

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tarissait pas d'êloges: • L'o: uvre de la France, me dit·it, est admirab le! Si la Fl':lnce était re.~téc vingt ans de plus, dlc aUl':lit fait de J'Algérie J'équivalent d'un fXI)'s europÇen .• Je lui ris rem:lrque r que rA lgê rie. dont it adm irai t la ri chesse, l'équipement ct l'évolution, n'avait pas été à nous. Elle avait été entre les mains des seuls Européens. Rares étaient ccu~ des nôtres qui avaicnt accédé il la richesse ct au bien.(:tre. Et beaucoup plus rares encore ce u ~ arri vés il la direction des affai res publiques. Il me répondi t: • El main tenant. ~u'al1e7.'\'ous faire? Cc pays est en pleine pl'05périté. ht es·vou s en mesure de le gérer? Vos respomabil ité$ sont très lou rdes .• J'ai répl iq ué: • Être algérien cl n'ctre rie n en Algérie a été une des e:luses princip:llcs d" notre comb:lt. C'cst une injustice insuppor table. La Fmncc ne faisait rien ou peu de chose pour 13 supp rimer. C'est pourquoi notre peuple a pris les armes. • Sommes-nous capables de gére r notre patrimoi· ne? La qucstion essentielle n'est p:1s là. L'indépen· dance ne se j ustifie p:lS (l.1r la eap:lcité d'un peuple;'\ l'assu rer. Elle est avant tout le droit d'un peuple li ctre lui·même, il reconqu,;r; r son identité et sa. dignité._ • l es autrcs problèmes se poseront après. - Mon ve rre est petit, mais je bois dans mon verre -, discnt lcs paysans ue Fra nce. A notre tour, nous disons: - Notre pays cst sous-développÇ. mais c'est notre jXI)'S. Je suis un sous-développé, mais je vis d:ms mon fXIys -. Le ministre sy rien êtait sans dou te si ncè re. Son propos traduis:tit unc certaine inquiélUue. La coloni· sation étai t morte, ce qu 'elle avai t abandonné dans notre pays représentai t un lIetif considérable. Corn· ment allions-nous le préserver. l'en rich ir ct le conve r· 118

tIr au prori t de nos masse"? Celles. préciSl!ment. qui nVAient le plus souffert du rég ime coloni:ll et de la guerre. Au nom de quelle idéologie allions·nous remobiliser 1Çl; énergies et le5 compé tences et donner , notre p.:1)'$ une promot ion nou\'elle? Tel était le problème dans toute 5.1 simplicité. Une .ronde ent rep rise nous nltendait. Comme tOuteS les .ronuÇl; en treprises, elle requ éruit l'union et l'lIuhé· .ion de tous. On ne mobilise pas les peuples au tour de . Iop ns ere u ~ et in intelligibles. Il convient de le ur par· 1er le langage que nos fellahs pouvaient comprendre. J'ai en mémoire l:l dêclUr'J.t ion que le président l'ri mlin a fa ite (n mai 1959, lo rsque les ultra s d'Alge r s'apprêtaient il renverser lu IV' République rrançaise pour lui substituer un pouvoir fOrl. susceptible de leu r conse rver leur" colonie". Lorsqu'on prend le pouvoir. dit·il. j'estime qu 'on n'a pas le droit de déguil\Cr sa pensée. de tmi ter ue scs inlentioos par prétéri tion. Il faut proclamer sa doctrine. C'est une question d· oonnétc té. On ne conduit pas des hommes su r le champ de b;ltaille 3 \"c( des rdtrictions mentales. Voilà le langagc qu'au lendemain de la guerre on aurai t dû tcnir il notre peuple durement éprouvé. Il étai t en droit d'Cire rc:spc:eté cl honnêtemen t informé. Cc droi t ii ~voir et à accepter, il lui revenai t par les 5.1cririccs surhumains qu' il avai t eonsc: nl is. Pourqu oi faire violence et l'éga rer dans ue.' chemins in conn us? La C(Jnseience et le bon se ns commandaient de s'en tenir aux forces qui avaient ~O' i de ferment à notre insurrection: l'islam et l'amour de la libe rté! Ne uevaient·ils pas ucmeurer les assises du renouvea u? Notre t:iche étai t lourde. Elle ne pouvait être menée à son terme qu'avec le concours de tous. La Seconde Guerre morKlia le a rem is en q ucstion bien des valeurs ancienn.es. Aucun ordre $OCial n'a pu 119

1


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la prem ière voie. La référence raile pa r Be n Bella et ses amis au • socia lisme li la Fidel Castro· ne: lai5$c: aucune 1!quivoque, Cuba es t, en erret, une marche guerriè re du communisme, une renêtrc de Moscou ouvene sur l'Amêrique du Sud. Le P.1ys se construit se lon le dogme mauistc-Iéninistc. Cc dogme est devenu le • catéchisme. de la société cubaine. Nous pouvons schématise r les deux concepts !-OCiau~ ct politiques de l'islam ct du mauisnle: - pour l'isla m : croyance en Dieu, C réateur du monde, respect de la propriété et de l'entreprise privées, respect des libenés essentielles de l'hom me, respect de sa dignité, harmonie de la !-OCi':té par la zakâ t ct la Tipartition équitable du revenu nationa l, liberté de l'homme; _ pour le m:müsme; n~gation de Dieu ct luue contre les religions rév':lécs, suppre$.~ion de la propriété privée, confiscation des moyens de production, suppression des libertés publiques. luite des classes, diclature prolétarienne, Dans les deu~ schémas. les injonctions SOllt liées entre elles comme les anncaux d'une même ehaine. Si l'un des anneaux sc rompt, la courroie de tr.snsmis· sion s'arrete. Tout l'ense mble idéologiquc sc trouve: bloqué. L'engage ment de l'Algérie dans les str uc turcs économiques copiées sur les pays commun istes rester.! incffiC3cc ta nl que le p;lYS n'aura p;lS basculé lout entier dans l'id éologie marxiste, Le rera·t·il ? J'espère pour ma part que cette voie sera abandonnée en cours de route pour permctlre il l'Al gé rie de sc concevoir dans sa pl~lIitude ct de rerairc son unité mornle. spirituelle, économique el sociale. Et ccci se rail la meilleure des deux solu tions parce qu 'elle est conrorme à IlOt re conception du Maghreb uni, préconisé par les conrérences de Tanger et de Tu nis en

1958.

'24

IX toute mamere, oous devons sortir des COIItra· dielions. Faut·il rappeler que. dumnt la suerre, l'A,L.N. :\Vait établi un oorrage infmnch issable con· Ire IJ part icipation des communistes à flOtre combat. I..o rsque l':tspirant communiste Mai llot et Maurice I.aoon, de Sidi Okb.l, vou lu rent rejoindre la W ila~3 IV avec leur ehrsemcnt d'armes,!e colonel Ouammnc qui la commandai t leur fit savoi r qu'ils ICf1Iient les bienvenus, mais se ulement à titre indivi· duel. Eux tenaient ,L conserve r leur couleur politique. Celte condi lion ne rul pas acceptée. Ils constituèrent alors le ur propre maqui s. Privés du concours de la population, ils rurenl yile neu tr.slisés par l'armée rrunçaise ct mi~ hors de comb:!\. L'A,L.N .. symbole de loutes les couches sociales. n'a pu combattre et durer que parce que les possé. dant s, les indésirables. bourseois. d'aujourd' hui, l'ont ponée à bout de bras. Cc sont les proprié taires terri ens, les fellahs. les commerçants, les membres des proressions libéruleli qui l'onl oourrie, c.aehée. soustraite à la répression de l'armée française. Elle a v~eu au milieu des uns ct des autres. El il fau t dire que ces propriétaires, ces fellahs, ces commerçan ts, ces membres des profCSSÎQns libémles ont souvenl p:a)'t de lcur vic l'aide ct le sou tien qu'ils ont :lpporlés ll'A.L.N, Après la victoire, lous ee u~ qui SOfll restés loin des champs de bal,tille sc son t in gêniés à dé fo rmer !a II:tlUre de notre lutte en lui collant de fausses l! tiquelles. Mais l'histoire n'a pas dit son dernier mOi. Pour [cs genémtions il venir. notre unité nat ÎQnalc resle1'3 l'arme essentie lle qui a conduit Il; pays il son Indépendance. C'est celle unité qui a fini par avoi r nison du mylhe de l'. Algé rie frnnçaise •. Sans ceLte unité, ricn n'aurait été possible. Ccux qui se prennent aujoord'hui pour des • hé· ros., des :ufm. sc trolllfi:!:nt, comme Ilen Ilella ct

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Boumediene sc sont trompés. Ccst une chose que d'allumer un incend ie, C'CSI autrc chose q ue de ralliser durant plus de sept ans pnr des sacrifices quotidiens. Ccst une chose de raire la g uerre de Ghardimaou, d'Oujda ou d'un chateau de France. C'cst autre ehose que de s'Cllposc r personnellement ct quotidiennement :\ la torture, au napnlm, nux • d~lit:s de fuite., il. la mon. Pou rq uoi le nier? Celui qui n'a pns comballU peut,il guérir les bl essures de ceu~ qui ont cté au centre du combat? l'union nationale n ~té notre rorce au combat. Elle devait être le fondement de la rcslauration de I"Algérie musulmane. Trahir pour se scrYi r, ce n'CSI ~s serv ir. En octobre 1945, à la suite des événements du 8 ma i de la mêmc année, je me trouvais il la prison militaire de Constantine. Je panagc:lÎs ma cc\lule avec le Cheikh El 83ehir Ibrahimi. qu i fut, avec les Chdkhs /Jen Badis ct urbi Tebessi mon guide spi rituel. Nous rc:çiimcs, un jour, la visile du gêll1':ral Duyal, responsable avec le colonel Bou rdi1:1 de la sanglante répression d:lns les régions de Sétif ct de Guelma. Le général nous demanda si nous avions besoin de que lque chose. Je lui répoodis un peu vivement:. Mon gén6al, nous n'avons besoin que de liberté .• Après so n déparl,le Chdkh El Baehir me reprocha ma vivaei lé : Quand les cO'énernenu /lOIIS dcp.usent, me dit·il, nous devons y faire race BVee cal me CI p:uienee. I~n pareille eir<"OnstallU. Dieu nous dit :. Il vous arri~er:J de dbirer une <.:hose alors qu'elle est un mal pour VOliS. 11 vous IIrri"era de haïr une çhosc: alors lIu'elle CSt un bien pour vous . •

"6

Et il poursuivit:

I}ans la lulle menée contre le r~gime colonial, nous lI'"OnS rcspecté I~ loi fl'1lnçaisc . Mai s puis.que le dl'1lme esll~ ct qu'il a fl'1l ppl: durement 005 rrères, eomidéroosle collime le présage de jOIl~ me illeu rs. comme un bien. l e Gng des innocentJ fer:J mûrir nos probltmC5 cl h:iterJ leur solut ion. mîeu~ que nou~ ne le femn s nous-mémcs. 1] fa ut donc: continuer à agir ct :\ persé, vérer. Le Chei kh El Bachir Ibrahim i e~prim:lit là une dcs règles de I"islam: • Ne jamais renoncer lorsqu'il S':lg;! dc défendre <.:e qui est just~ .• En d'autres c irconstances, en mars 1956, le Cheikh urbi Tcbcssi vint me voir 11 mon domicile de la rue d u Docleur,Trolla rd, :'t Alge r. Il était aCCQm p.lgné de deu~ membres de l'Association ûes Oulémus: le Cheikh Khcirrcdinc d le Cheikh Abbe.~ Ben Cheikh El Hocine. Je me préparais ~ la demande du F.l.N., à rejoindre, au CaÎre. la délégat ion cxtérieure de la Révolution. Je ne sais ~i nous nous reve rrons un .four. me dit Cheikh I..arbi Tebcssi. Alors je te rCOJmmande de ne jamais oublicr que l'Algérie ClOt mlfllulmane. C'at au nom de l l'islam que les Alsériens se b:ulent CI acceptent de mou rir. Ne reviens sur celle terre qlle si elle est libérfe. Et qU)nd I"hcure de La reconstruction du pays sonnera 11 l'horlO8e de Dieu, mellet. l'is lam au centre: de l'Cdifice ct Dieu O'OIlS aidera. Je pense que le président de l'Association des Oulémas, Cheikh Ibrahimi CI son vice· président, le Che ikh urbi Tebessi. ont traduil ln pensée secrète CI profonde de notre peuple. On peut alors imaginer le désarroi de cc même peuple lorsque, après la guerre de libér.llion, le pouo'oir rengagea dans la ,'oie du

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parli un ique, du collectivis me ct de la suppression dcs li be rtês essentielles de l'homme, Qu i [>Cut nier que le pays rêcl, celui des Ben Bndis, des Ibrahimi, dcs brbi Tebessi, edui des masses musulmanes, celui de nos manuels leolaires. celui dcs ehouhada, \'enait d'être m)'Stiriê ct ignominieuscmen t trom pé'! Je sais bie n Que cc P-1 )'S n'a pas pu expr ime r ct mani fester son indign:ltion. Le pouvait·il'! E~ténué par une longue el douloureuse guerre, subme rgé p.u un pouvoir perso nn el bien orehesué, il S'C.~I laissé circonvenir. El depuis, il sc débat comme un animal pris au lasso. Il est certai n que ce jXuple ne peu t admcttre qu'i l a combattu pou r cou rber la tête SOIlS une d icta ture nouvclle ct se .... ir de tremplin ;i des lhéories q ui lui son t étrangère,~, S'il a po:rdu mome n· tanément le courogc de se défendre eonlre le nouvel impérialisme idéologique qu i l'assai ll e, il n'en con· serve pas moins, au fond du ca:ur, l'espoi r de sorti r, un jour ou l'a utre, du tunnel. Il espère ret rou\'er b route droi te ct lum ine usc tracée pa r 50Il histoire. Tel est le tragique problème d'une indépendance qui a été confisquée.

••• J 'étais président dc l'Assemblée nationale consti· tuan te lorsque Ben Bella suspendi t la publication du journal communiste Alger , lpuhficQ;/I. Ct interdit le Pa rti communiste algérien (P.C.A). Je lui fis oble rver q u'il porlait a tt ein te 11. la liberté d'cxpression ct sc privait d'une opposition souvenl constr uclivc ct utile. L'isla m nous recommande d'ctre torémnlS. En efret, les hommes du P.C.A., les Alleg. Bac hir Hadj Ali, La rbi IJouhali. étaient d'authenlÎques mar~istes. Ils étaient prudents ct 5.waient tirer la so nnette d' abrme qu,tnd le gouvernemen t s'êga rai t dan s de fausses voie s. El, chose eJ;sentielle, ils n'im128

p,o~lsalcnt p;as. 1-1:lbitués :i analysc r les problèmes ~tgéricns SOIlS l'angle rc~olutionnaire, ils n';I~aient

nul besoin d'alle r i\ Cuba che rcher dc.~ wlu tions p<Jur le socialisme algérien. A mon oblervution, Ben Bella me répondit: • Les communistes me gcnent. puisquc je me propose de fai re aussi bien qu'cu~ . · Il n'cntre pas dans mes vues de dércndn.: des structures capitalistes. En Europe. ces struct urcs ne sont plus dUcndables dans leu r cont c~te a<;tucl. Elles doil'enl évol uer, De lOute manière, la co ncentration capitaliste s'esl effondrée en Al gcrie a~ee la défaite du régime colonial. Mais il demcure une grande conru~ion dans l'esprit de nos d irigean ts. Lorsque Ikn Bella vou lai t introduire da ns 13 societé musul· mane la notion de IUHe des classes, il dCI'ait sc rendre parfai temen t compte qu'il paslmit i\ ellte du vrai problème. celui de la mobilisation du peuple p<Jur qu'il produise davantagc cl vive mkux. Un peuplc n'est ri chc que de son propre Ir.l vai l. Sans doute dira-t-il qu'il a supprinlé le khammassa/' , Mais en réa lité, il a lraosformé tous les p;ayS,1OS cn • kh .. mmas. de l' État, Tous les ouvriers ont. cté fonction nari sés, tous émargent a u budge t de l'Etat. ta burea ucratie étend ses ten lacules sur le pa)'s ct le Ira \'ail s'en ressent. Celui qui n'est pas motil'''; pour trava ille r ne trayaille p;as. Et b COIISt ruction d u socialisme n'cst plS un stim ulant assez fan pour mobilise r nos trav:til!curs cl nos pa)'~aM. En l'érité, le changement demande 1:1 participation de lou tes les catégories socialcs y compris de eclles qui s'opposen t au régime. C'est dans la mc.~ure où la parole est donnée au peuple que le renouvcau imer· vient. Une opposition éclairée, c'cs t le • gendarme. des hommcs au pou~oir. C'es t dans l'act ion CI p." l, KhammalSOI : Iysl~mc de r.rmage oilles ou.riers (HamnraJ} perçoivent 1. tinqu;~me de la riroll •.

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l'aelion diversifib:: que les peuples YOnt de l'avant c l sc:: perfectionnent. Un gOuvernement qui SC refuse :l admeure une opposition ne peut voi r ses erreurs. Je rai déjà dit, je eonsid~re le socialisme stalinien comme une utopie. C'est une voie étroite et contre nature. En 19 17, la r~votul ion ru sse n'a été possib le que parce que le tsa r Pierre le Grand av:!;t :!ccomplÎ précédemment une grande Œuvre de modernisation. Sans les ouvriers des arsenaux de eonstruclion de Saint,Pétersbourg, sans les centres industriels créés pa r cc IS3r, Lénine n'aurai! p3S pu mobiliser les masses. Cette mobilisation fu i difficile, car la conscience révolutionnai re ne préexiste pas chez l'homme. Elle se créc. On ne nait pas communiste comme ra dit Kh rouchtchev. Le socialisme de Lénine, en [917, échappait à l'entendement des Russes. Il a fallu des années de terrible répression ct de tue ries nombreuses pour les contraindre il sc:: plier il la discipline du nouvel ordre social CI il le subir. Le CŒur n'y étail pas. Il n'y scm probablement jamais. Quant à nous, nous pouvons nous demander quels sont les Algériens qui ont été convertis au • nw.tériali~mc hi storique.? Combien son t-Ils eeu~ qui ont abandonné l'islam pour le marxisme? En rail, après Ben Bella, Boumediene étai t scul. Il rut le chef d'État le plus impopulaire. L'armée seule le souten3il 11 bout de bras. Les Algériens. eux, n'aspirent qu'à yivre dans un Éta t de liberté ct de libre entreprise. Boumediene en avait conscience. C'est pourquoi le pouvoir personnel qu'il exerça ne pouvait sc mainteni r que par la rOrçe. Il a gouverné par la peur. Son action n'était pas rationnelle. Il supprima la propriété privée pour les uns, et la cautionna pour d'autres. A telle enseigne qu'une caste de nQU\·c.aux riches esl née. une caste \ 130

qui sc moque du socialisme ct du chef de 1'[;.13.1 lui· même:.

Depuis rindépendancc:. l'Algérie rompu: des mil· tionl\3i rcs CI même des milliardaires. Beaucoup plus

qu'au temps de la colonisation. Celte classe de oouvcaUll riche s f:lit fuir les capiwull à l'étranger. oppauvrit le pays. affaibli! la monnaie. Un homme d'affaire! suisse m':!. confié que tes nouveaux milliar-

d:lircs, possédant des comptes dans les banques suisses, é l3icnt des Algériens. El si on ajoute Que ces Algériens sont da ns la major ité des cas des amis personnels du chef de l'É I:;J.I. on aura \00\ dit de t'6::hcc de l' Algérie socialiste:. Des familles de condition modeste ont été dépouillées. PH contre Je pouvoir ferme le5 )'eu.\ sur !cs spécula tions CI les fortunes mal acquises. Par impui S3nce, il 5'«( établi un modus "Ï\'l'ndi cnlre 1 pou\'Qir cl le monde des a rraires: • Laissez-moi 1 pouvoir et je vous laisse la spéc ula tiOll el Ics rich ses_. Et l'austérÎté? Elle est réservée au petÎ peuple, aux fOllCtionnai res_ aux enseignants_ au~ magistrnts, aux ouv ri ers, aux cadres subalternes de l'Étal. Je rcprochais un jour il un ancien responsab le de l'U.D.M.A. son eomporlement peu conforme il l'éthique politique. Il me répondit :. L'Algé rie est de"enue un immense: gâteau. Pourquoi n'en prendrnis-je pas ma paTt? Le militantisme d'autrefois n'a plus sa mison d'itre puisque l'e~emple vient d'cn hau t. Cest trop octe de se priver quand tout le monde se serI.· Cc misonnemcnt démontre, à l'évidenee, que l'immo-rutilé s'est insl~lllée dans le pays ct qu'clic s'étend pou r atteindre toul le corps social. 1 De temps en temps, cc socialisme provoque un SC3.ndale. Celui-ci est alors vite é touffé. Dans l'affaire des • Galeries algé riennes". entre a utres, la j ustice n'a retenu que le pelÎt gibier. Aucun· gros bonnet.

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n'a été irtquié té. DaM la 'l'cnte du • Grand Bon Marché". c'CSt un haut ronctionnaire qui a cau tionné ropér:l1ion. A l'heure où j'écris, l'affaire de la S.O.T.R.A.W.O. pa ssionne le public, en particul ie r le public de rOranie. IXpuis quelque temps rcnqu~tc CSt au point mort. La justice hésitc à jeter ses filets, de p<:ur de rame::ner de gros poissons. A ce:: suje t, El Moudjahid. journal gou,·crne::me::nta l, ée::rit : Ou simple dtlit de g:upillage de:: deniers de rÊtat 3U e::rime économique dans son im ';gra lit ':. il y 11 plusieurs voics qui y acçèdent. l 'Mfairc: qui sc Juge en cc momc:nt il Oran ct qui semble alimenter 1c5 con'·ers:a· tiOM _ l"arruire S.O.T.R.A. W.O. pour ctre plus préeis C>.t un exemple du genre. Cela commence par de la bagatelle. puis un jour son auteur est pris dans I"engre, nage. Il ne peut plus reculer. JI s'enfonce da'·ant3ge dans l"illégalit':. Quelque chose a chang': dans son uislen\:C. Fatalement. il s'inscrit en liste des marginaux de la société, ce que le peuple obstr\"e ayec un mélange de curiosité CI de dégoût, ct montre du doigt. A cause de I"origine de ces fonunes rapides el insultantes qui n'onl même pas la pudeur d'être discrèles. Ce qui donne Krieus.:ment ~ rén ,;ch ir .ur le sentiment d·im_ pu nilt qui anime ces gens. Posons dOlK le problème en termes de généra lita pour ne pas innu~r sur le cours dt I~ justi«. Commençons par faire un certain nonlbre de rem~rqucs qui paraitront peu t":trc surprermntes mais qu"il con. ,·ienl de >1OUligner. l'nfraire S.O.T.R."'.W.O .. au 'lade OÎI en sont les choses - ampleu r du prtjudice. compli· cités Cl romplais.anccs da1\$ les appareils d'c~écut ion dt t'administr.tlÎon ct de 13 mcntalitç qui s'est instaurée - . \:Cite affaire qui n'csl pas la première ni la dClni~rc. il fnu t le rCC(lnnaitre, ,'est surtou t (n'a)"OM pu peur des mots) le proeh de b COf"rUpllon dom les phénomi:nes des tru cteu rs handicapent l'érieu5Cmcnt le fonclKlnne'

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ment de certaines instilutiuM publiques el dérnobilÎs.:nl 10:5 travailleurs int~gres ct qui. malgrt toot, !orarlfT inlONr Iru' loi aaflS la rho/ul/Of! II

IfJ

di' igtllnlJ.

El le rédHe::teur d'El MOIuljahid ajou te a,·cc un cer lain couruge auquel nous ne sommes plus lIabi· lués :

(': utnnt de ces principcs. la justiee ne doit pu s'en tenir cHelS, mais aun; s'a tt aquer au~ causes. ne p.:!S se satisfaire des simples rompaI"SCS, m:lis a,·oi r le counge d·allcr :lU fond des choses en n·ha itanl pas sur les coupables, 100' les coupables quelles que lOient leur position sociale ou leur responsabilité dans le J)r~judice. 1:8ffaire S.O.T.R.A.W.O. indique que ce ph~n.omène de COfruption guene n·imporle qui (elle a troM form,; un jeune ""dTe universitaire dynam ique ct travailleu r en esclave de l'~rgent . en malfaiteur el finalement lui a bri~é son existence it tout jamais) insuffis.1mmen t armt dans l'c~erci<< des responsabilités, notamment celles qui consÎ>tcnl à manipuler dCl! marchts d·État de plusie urs diZllines de milliers de di n:l.ts. EUe dfmonue que les institu t ions. ICl! ç:,dres et les trnvait1eurs en géntnl doi~nt ':trc prottgés de ceue faune: de courti · s:lns qui ne s'e nl}),urnssc nt ]XlS des moyeM pour .. eni r il bout de leu r désir d'enriclliS5C:ment . au~

Les masses popu laires ne sc ront aueunc illusio n. Pour ln ru meur publique cc procès est déjà t louffé. El il l'a été. Quc sont de::vcnucs les grandes \·CrlU S qui ont cond uit le peuple algé rien au combat"? Son ci\"isme, son ~bnégation, 53 di scipline. ~n solidaril ~, sa frate rnité on l fondu comme neige au solei l. Un individuali sme forcen~, aiguillonné par les ~mb i lions el l'app"'t du gain, mène le pays à l'aventure. l'ills oos compa!riotes onl vécu dans la misere, plus ils aspi rent à

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s'tnrÎchir rapidcment ct de 10utC.~ Ic.~ faÇQns jlOur écrtlstr leurs voisins, O:ws les m;jqui~ on exécutai t un maqui~rd pour le délourncmcm dc 100 fr:mcs. Aujourd'hllÎ on ü,;lournc des million.~ !i.1ns êlre inquiété: mieu~, on devient un bon cadre dt rÉtat. Gér:ud C hal innd CI Julielle ""inees on l parfaitement ~Iisi It mécanisme de I"enrichissement et des inégalit6s socinlcs qui cn résul tcnt. Ils écri"cm: Sur le plan social. on constate 1'al'«ntU31ion des inégali tés, CdleHi k tmduik nt jl:Ir un r~nforeemcnt et un enrichiuemenl de certaines c13$SCS urOOÎRC$, notamment ta bourgcoisie administr3 li•..: (ci.-ile el militaire), qui tirc sa puilo53T1tt ct ses privilèges de la parlicipation au pouvoir d't tat, ct la bourgeoisie non ~tatiquc (meKantilc, induMrieUc ou d'affaires), souvent lice aux milieu~ dirigeants de l'armée ou de l'adm inistration, A 1'autre utro!mi t~ de l'échelle sociale, la grande mas!>C de la popubtion, compostc de paysa.ns S.1ns terre, de paysans pauvres uu du sous-prolétariat urbain, v<Jit son n;"cau de vic stagner sinun régresser ct dépendre de l'argent envoyé par les tr:lvailleurs ~migrés en Europe', Un féodalité d'argent pèse déjii, de tout son poÎüs, Sur le dcstin de l'Al gérie. Le gou\'ernemcntlui-mémc donne le mauvais exemple. Il a oublié que le travail con~tructif sc fait dans la méditation ct la discrétion. Or à peine sommcs-nous sortis des Structures coloniales que nous voulons nous offrir en e~emplc au~ autres peuples ct leur donner des leçons. Le pouvoir personnel est plus a llcntif à une politique de • prestige. qu'à la solution des vrais problèmes. Oësormais ,\Iger sc ve ut le IXntre attractif du tiers monde. Et pour jouer cc rôle, le gou,'erncment 2. G. C~IÎ3rod

ct J. M'!IC'eS.

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1972.

ne l6sine pas sur Ie.~ dépenses. 11 y a cn r<;rmanence une interminable procession üe chefs d'Etat ct de ,Jélégations de touS ordres en Algérie. Ll'S invitations sc multiplient. Le palais des Nations, con~truit pour les besoins de la ca use, accueil"; congrès sur congrès: Congrès des ministres des Affai res étranSÎ:'r~ des ministres du Commcree, des avocats, des archItectes. Quand ce n'esl pas celui des médecins sponifs! Tous, :i lour de role, sont les hôtes de l'Al gérie. Ce son l ces invitations cl ces dépenses rast ueuSC$ qui ont ,'alu li ItOtre ministre des Arraircs étrangê res l'honneur de présidcr l'asse mblée de rO.N.U. CI ;1 Ho umediene celui de présider l'Organisation des pays non al ignés. Pour les mémcs raisons de prestige, l'Algérie ne cesse d'envoyer 11 l'étranger cl dans touS les coins du monde ües délégations de tout genre, aussi imporlantes que possiblc, nos ministres ct ce rtains hautS cadres de l'Ét;lt étant de"cnus dc véritables globe-trottcrs. Avec les sommcs (normes dépenséc.~ dans ces périples, on pou~ait construi re:. c~ don t nous avons le plus grand bcsolrl: lycées, hOPt j taux, barrages, routes. logemcnts, Je parlerai peu d u luxe insolcnt qui entoure la construction de nos édifices publics ct de nos ministères. Ces bf,tisses rivalise nt avce celles des pays les plus riches. Quant à l'installation des bureau~ de nos l' .. O.G .. de nos fonctionnaires c t de nos ministres, elle constitue tout simplement une insulte 11 la misère de nos popu13tions. l'uisque nos dirigeants \'wlcnt imiter la Russie révolu tionnaire, qu'ils sc comportent, au moins, comme les premiers dirigeants russes. Lorsque je me suis rendu 11 Moscou, en 1960, j'ai visité le bureau de travail de Lénine ct rapp:mcmcnt où il V(cut. C'est moins qu'un logement d'ouvrier de 13 régioo parisienne. La Russie sovi~tiquc s'est c0nstruite dans cet appartement plus que modcste. S i nous recherchons ües e~emples dans nOIre

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propre histoire, nous retrouverons la même simplicité ChCl, lcs premiern khalirles de lïsl3m, ceu~ qu i furen l les bâ tîsseurn d'El Oum;l E1lsI;lmin, l;l oommunn uté musulmane, A titre d'e~emple, un f3it historique m~rile d'êt re mention né, Une femme is raê lÎte avai t él~ spoliée par le gouvernement de Dnm~ s d'un termin lui appa rtenant. Le gouverneur \'oulait y construi re une mosq uêe, On consei1l:_ !I celle femme de sc rendre à Médine pour se plaindre a u khalife Omar, Elle trouva celui-ci en Irain de rc.~taurer le mur de son jardin comme un simple ouvr Îer, Elle eut peine à croire que e'ét3itl~ le chef tou t-puissant d'un empire qui s'éll:ndail déjà jusqu'aux Indcs , Le khalife, interrompant son tra va il, reçut sa plainte, Il rédigea sur-le-champ un m css~ge a u gouverneur ct le lu i remit. Dès réception de cc mcss.1ge,le goul'erneur de Damas exécuta Ics ordres du khalife et restitua le terrain à so n propriétaire, La simplicité des hommcs d'tH" est un exemple précieux pou r les citoyens, En vé rité, le pouvoir en Algérie n'est pns avare des den iers publies, II bruie la chandelle PoU les deu~ bouu. Parce qu'il a hérité des richesses ama5Sécs en dehors de lui, il ~'imagine pouvoir dépe nse r S.1OS comple r. Pa rce qu 'il a dëpouillé dc Icurs biens un gmnd nombre d'Algé riens, Boumcdicne s'im;lgine disposer d'un ;lcquis inépuisnble, Simple illusion d'un \ homme qu i ne oonn3Ît pas la valcur de 1'3rgent ct 11:5 méri tcs d u l;lbeur, L'Algérie ne peut pas être riche tant que sa popu l3tion est Po1uvre. Une polit ique sage, exem plaire, renlable, consistemi t, dumnt plusieurs décennies, !I enmyer la misè re, l'ignomnœ, Pour l'heure. 60% de noire: populalion ne mange pas il $3. faim, C<lUche!l même le sol. habite dc.~ gourbis, Nos enfants oontinucnt. en grand nombre, ii aller pieds nus, à être mal ct iMurrisammcnt habiltês, il être mal noun is.

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Ne pe rdons jamais de yue qu'il faul d'abord ,"aine re celle misère, Nous y p:!T\'iendrons en )' pcn~l!lt toujours, l'ortons le fcr rouge Iii où les plaies ~uppu rcnt. Certaines réalisations faites à cc jou r sont valables. Mais ellcs soot tellement vanlée.~ par le syst~me. exploitées par la presse, la mdio, I;L têlévision \lu'ellcs rinisscnt par être nussi ennuyeuses que des pan neaux publici taires, ,\ force de pratiquer l'autosati sfac tion, le p()lwoir croit qu'il fail des mir:_· clc.~ alOfS qu'il engage $(lUV~nl de grosses dépensc~ supc rnues. Celle nutosatisfaction ne ellche-t-cllc pas en réalité une faillite? Je voudrais rappeler un souveni r. Au C(lUI'$ d'une de ses conférences. parlant de l'invasion de l'Empire romain par les barbares, le Pr E, F. Gaulicr nous dit que les Germains ont d,;truit l'Empire. .sa1lS le ,'oulo;r; • Ils sc comportêrent. nous di t-il, comme les enfants devant un réveil tn mouvement. Curieux, ils veulen t oonnaitre son mécanisnle ct le démooten t. Mais ils ne peu\"ent plus le remonter! • A l'indépendance de l'Algérie, il s'cs t p;lssé quelque chose d'analogue. Grisés par le pouvoir personnel, les Ikn Bella ct aut res on1 dêOl(lOu: les rouages de l'Algérie uistante, Ils n'ont pas pu les remonte r ni leur s ubslituer ccu,\ d'une Algérie libre ct encore moins ceux d'une Algérie socialiste. Ils ont camouné leu r incnp,Lcité ct leur ignorance derrière dcs improvisations auss i spectaculaires que C'.J tastroph iques. L'opinion publique ayant é té étouf· fée, il ne S'CM trouvé personne pour corriger leurs erreurs, La dictature est ainsi fail e. Elle dialogue ave<: elle-même et sc donne tics satisfecit. Aucune note di seo rdantc, C'es t le système où • tout vn bicn~, Puis un beau matin. le pays apprend qu'un coup d'É tat a sanc tionné, durant la nui t, un règlement dc comptes, A lui seul, cc coup d'Étal est un aveu que tout n'allait pas si bicn, Mais qui accuse qui'? Qui 111


sera le juge et qui sera jugé? Dans un conflit de cet ordre, l'Assemblée natiunale se devait d',lrbitrer, Un large débat public pou vait situer les respon~bililés Cl éclairer le pays. Il étai! Solns doute illusoire de parler de "oie légale au moment oU le • banditisme politiq ue. fais.1il son apparition. Lorsque les loups sc dis ~lent le • cadavre • de l'Algérie, la raison du plus fort s'érige en loi. Le critère de too le promotion ne peut alors èlre que le coup de f«ce. Un loup ne s'entoore pas d'a utres loups.. La maladie congénitale de notre passé hisl«ique fa ÎS:l it Surraee. Le pouvoir pe~ncJ, la trahison. la violation de la ConstitutÎOll écrile ont toujours été les premiers ohs tacles il J'unilïeation du pays.. Les règles de la démocra tie qui nous avaienl permis de comballre le régime colonial étaicnt désormais bannies de l'Algérie. Nous avions une élite et des hommes Compétents. Ils furent écartés, persécutés. Je suis personnellement alle rgique il toute dictature. Le droit il la parole est aussi précieux que le droit au pain. La liberté d'expression, le droit de criliquer son t synonymes de vie. L'/!duc:lIion des citoyens ne peut sc faire que dans le contexte démocratique. Conlïsquer la liberté, en fain: un monopole du pouvoir, c'est revenir il J'époque où un héritier du Roi Soleil disai t : • C'est légal parce que je le '·eux .• J'a i déjà dérendu longuement ct ~vee vivacité la liberté et J'islam. Le lecteur voudra bien m'cn excuser ct considérer que ce livre a été écrit en partie lorsque la police g3 rd ait mon domicile. Le régime policier m'irrite. Il n'est p3$ normal que. dans une Algérie libérée du colonialisme, nous vivions encore sous un régime de contrainle. " y 3 eu des ré:alisa tioru heureuses me dil.an. Je ne le nierai pas, mais aVCe J'avis du peuple elles auraienl ëlé mieux conduites. Au demeurant. lorsqu'on arrive au stade de 13 pra tique, la Ihéorie Clil souvent pnse

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en défaut. Cc qui compte cn pareille ma tière. e'cstla ré ussi te. l'crlïc:u:ité. On jugc l'arbrc a ses fruits. on Juge une Œuvrc il ses résultats. Or. d'une maniè~e gtnérale. ils sont décevants, et ils auraient été l~e!l­ leurs si le pou~oir s'~ t3it conC(:rté 3"CC les represen.,nts authentiques du peuple. Voltaire :1 laissé le mot;. 11 Y a quelqu'un qui a plus d'esprit que M. de Voltaire, C'CSI M. tO\Il·1c·moodc. • OÛ cst·il, ehc1. nous ce • M. tout·le·monde·? Il a été tuë par le sy~tèmc implanté par eCrLains hommes. Et commc personne ne peul prouver s.'l supëriorîlë sur Ic reste des Algëriens, ni j uslilïer son • infaillibi, lité., Ic pays sc trouve privé d'ullC large pa rticipation des CÎto)·ens. L-Algé rie 3 des hommes compétents parLOUl, dans l';ldmi nisualion. dans les pror~ions libérales, parmi lcs commerçants ct chez les agT1eulteurs. Mais ils so nt. étou rrés. !Xlr le favoritisme ct le népotisme, d'où leur découragement et leur inertic. Les 1Il:1uv:liscs institu ti ons créent Ics mauvaises sociët':s. l'homme fait les lois. mais les lois aussi font l'homme ct cet cngren!lge sc trouve répercuté dans les dirrérentt$ ac tivités. En c~:uninant c.;crtaincs d'cntre elles. VO)'On5 comment le pouvoir s'y prend pour tromper tout le monde. L'AGRI CU LTURE Du temps de la coloni~ltion . l'Algé ri e ëtait plutôt un pays agricole. Elle était m:re de sa production. Nos gou vernan ls n'onl pa~ su lui conserver sa prospëritc. Ils se sont déoorrassés des bl:lles terres en l~ ;Clanl comme os à rongcr :. l'autogcsI.ion. sans a~OIr rien prévu ni ricn préparé, comme 51 les dORlallles erUS ct emretenus seientilïquement par les colOl'lS pouva ie nt durer CI progresser entre les mains des 139


gem; sans eXJ}l:nence. Ils eroyaicnt fairc du socialisme, alors qu'i ls n'ont mis en place qu'unc burcauel":l tic pesantc. Ils on t paralysé, par une réglementation abusive, l'initiative des e.lploitants. Le résultat fut l'effondrement de b production agricole, Les ouvricrs sc prctèrent mal il l'ex]>érienee. Beaucoup de terres sont restées en frichc. Les comité s de gestion, désignés en principe pa r les tr3vailleurs, se comportent cn nouvcaux propriétaires. Désabusé et dérouté, 1" • ouvrier-fonctionnaire' s'cst mi s alors il tricher ct so uvent il ne rien faire. De leur coté, une administra ti on inco m]>étente ct uni: bureaucr~ t ie parasitaire n'ont ricn trouvé de mieux que de s'enrichir au détriment ,Je l'ouvrier ct de l'État. Les Jmsse-droits et le dé so rdre sc multiplièrent. Lc.~ salai res irrégulièrement payés, injustement bas, ne correspondaient pas au travail dem an dé ni a u e<1\> t de la vic, L'a utogestion sc transfor me en • autoconsom, mat ion _. Pour supp léer à un salai re de f'lm ine. l'ouvricr sc paie en nature, en détournant à son profit une partie de la production. Les comités de gestion, dès leur création, s'accommodèrent de celte si tu ati on. Conscients de l'inefficaci té du sys tème, chacun ten ta de se servir au maximum, depuis les responsa bles. élus" jusqu'au pl us modeste trayailleu r, Il nous faut ra ppeler que celle autogestion avait été suggérée à Den Bella par un trot skis te. Il fu t l'auteur des fameu:.: décrets du 29 ma rs 1963 qui livraient les meilleures terres à une autogestion improvisée. La vérité est que J'autogestion est un éc hec cclatant. Aucune coordination n'a jamais ex isté entre le travailleu r ct le ministère dont il dépend . Les semences, les engrais, les pièces de rechange, tout ce dont le tr.lvailleur :1 un besoin urgent lui arrive al'ee des mois de retard. Les ré coltes elles-rncmes son t. bra-

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dées". Il est in!e rd it de les l'e ndre au plus offrant. Il faut obligatoi rement les céder à un organisme d'État. Ceue année, par exemple, les comités I"endaient le kilo de harico!s yeTIS ;1 un dinar. On le retro uvai t chc1. le ùctaillant ;1 10 di nars. Dans quelle poche est allée la diffcrenee. alors qu'il n'y a pas cu d'intermédiaire'! Qui peut alors s'é tonne r du défici t permanent de l'autoges tion qui grève, depui s 196J.1e budg~t.d.c l'É!~t? l'our le seul exercice de 1976-1977 . \:c de~,c!l a été de l'ordre de 784788854 dinars. Et rEtat pré!end dÎ>tTÎbuer des • ~néfices~. Cc chiffre dan s sa sécheresse CSt plus éloquent que Ics meilleurs tableaux statis!iques et mensongers affichés par le pou'·oir.

Lu ril"o/lllion ograir e La ear,lctéristiq ue du rég ime es! demeurée l'inefficacité accompagnée de la • fuite en ~vant -, La • rCI'olution agrairc _, /OOUfO ('::irlll"o. que rûll 1I0US rabâche depuis des années, en estl"illustration. Avant d'avoir troUI"C ulle formule sa ti sfaisante pour l'exploitation des terres récu]>érées sur la colonisation et q ui son t les mCÎlleures. le régime s'est empressé de mutiler ou de supprimer la propriétc pri"ée, en expropriant sans rai so ns les fellahs. sa ns teni r comp te du f:lit q ue ceLle propriété coul·rait 60 % de nos besoins de consommation. L'erreur de Boumediene est d'~l'oir cru que la propriété du fellah algérien était aussi impor!ante en s uperficie q ue dans ce rt ains Jm)'s musulmans. En Ir,IIl, en Égypte ct en Irak, pa r cxemple.les domaines pr il'cs de 500 à 100 000 hectares Ile sont pas ra res. On sait que le chah d"lran a offeTl il la réforlll~ agraire plus ùe 500 000 hectares de bonnes te rres lUi appaTlen:lIlt. En Algérie. la colonisation a ruiné .I~ propriétc indigène il un point tcl que b terre a ete

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coostammenlau e<:nlre du drame colonial. Sa perle a provoqué dans le C(l:ur du fe ll a h une plaie inguéris. sable. Aussi bien sa reconquête fut-clle b pass ion domin3nte tout au long du siècle dernier. Expropri é, l'Al gérien s'est obstiné li de meurer sur 53 lerre, e n tan t que sa larié. A force de privation CI d'économiOi il a pu, quelquefoiS, racheter cc qui fut b terrc de ses

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Cc process us s'cs t aecenlué à parlir de 1914, a u moment où beaucoup de s nôtres Ont été recrutés pour aller 1r.:lVailler en Fra nce. 115 fu rent environ 150000. Il s ont acce pté d'être mal nourris. mal logés, pour ~conomisc r CI e nvoye r le maximum d'a rgen t c hez eux, Beaucoup sont morts e n France. Certai ns sont revenus malades, pou r mou rir c hcl eux. Mais tous furent soutenus par l'espoi r de ra cheter un lopin de terre, une pai re de bctufs, une monture , Et c'cst ainsi qu'à P'lrtir de la guc rre 191 4· 1918. la • propriété indigène . sc reeonstitU:I, au grand déses· poir dcs colonialistes. Il faut li re à cc sujet les articles de La Dlpiche algérienne ct ses récri minat ions. Cette propri~té n'atteint que très rarement le grand domaine. Scion les stat ist iqu es publiécs avant 1IO"em· bre 1954, les terres cultivables sc déco mposa ie nt de la mani~re suivante. Cha les colorIS, 3 millions d' hecta res de bonnes te rres é taie nt ai nsi répa rt is: 3 % des colons possé. daient moins de 10 hecta res. 5 % cultivaient de 10 à 50 hectares, 16 % exploitaient de 50 li ]00 hectares et 76 % plus de 100 hcetares, Chez les colons, la concentrat ion de la p ropriété rurale s'é tait dol1-C ré alisée. Le gros propriétai re avai t remplacé le petit colon. Chc: Ics musulmans, la proprié té sc répa rtissai t dans une proport ion inverse : 76 % possédaient moins dc 5 hectares, 16 % culti vaie nt entre 5 et 10hec142

tares. 5 % exp loi taient de 50 11. 100 hectares ct 3 % sc ulement plus de 100 hectares. LI révolu tion agr.lÎre dont le régime fa Ît chanter les bie nfai ts ct Ic.~ mé rites a ux enfants des écoles a dol1-C été une opération néga tive ct injuste. Négative, pa rce qu'clic a privé le pay~ de 60 % de sa production ct que l'étendue des terres réc upérées a u détriment du rellah est dérisoire , Injuste parce que eClle terre avai t élé perdue pM le re llah UTIC première fois, ct recon quise li la force du poignet. La mison,la moralc ct le droit co mmandaient que cc fellah conscrv:Ît sa terre. En [9.54, 1'A.l.N. a évolué en toule sécurité au milieu de ces paysa ns. Sans les paysans :Iccroc hés:i leur te rre, les maquisards n'auraie nt pas pu surv ivre. Aujourd'hui nous n':Lvons presq ue plus iJe fcll ahs. La réfo rme ag r:lire a provoqué un dême in eme nt mortel. Toule I:t population rur:tlc émigre vers les villes, laissant les lerres inc ult es. CCI exode, à 1:1 rec herche d'un emploi, est le phé nomène le plus ma rquant de l'après·guerre. La loi qui , inslÎtuant la révo lut ion agrnire, a dépou illé le rel la h plus systé ma tiq uemen t 'lue ne le fit la coloni sa tion, est scé lérate, d ictée par la haine de Iloumedienc con tre les posséd a nL~, co ntre CC U K q ui aÎma ientla terre ct tTOuvaicntlcur bonheur il la tra vaÎ lle r. Il :1 ass.1s~ iné l'agriculture et tué l'efrort personnel. La prod uction agricole s'en est vÎte ressentie. Les produits de première nêces.~it é sc sont ra ré fiés, l cs pri x ont mon té en n èc he. Ils sont actue lleme nt les suivants; pommc.s de terre 2,5 à 5 F le ki lo, toma tes 6 à 1] F, salade g5 il 12 F, choux·neurs 5 11. 8 F. oignons 3 il 4,5 F, carott es J ft 5 F, navets 3 il 7 l' le P.1quc l, cé leris 3,5 it 5 F, a rtichauts 6 :'1 10 F, poivrons 20 à 30 F, or:tngcs 2,5 li 4 F, clémentines 3 à 5 F, pommes 7 à 20 F, viande de mouton 65 il 75 F, vi:lnde de vea u 45 il 5.5 F. poul et] 6 11 22 F. o:ufs 0.60

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il 1.20 F pièce. l'QIlget 35 il 55 F. merlans 40 il 70 F. ere\'wcs 35 il. 60 F. t a qua lite de la production a dégénéré. les beaux légumes ct les beaux fru its sont dev~nus r:lfe~ su r les marchés. Pa rfoi~, des prod uits de premiêre nécc-'iSité disparai~sent. Il faut faire b Ijueue pour être servi, il moins de les acheter :lU marché noir, ou d·i:tre un • grnnd • du régime; on reçoi t alors les produits il domicile. On a manquë plusieUfll fois de pommes de terre, d·oignons. d'ail et. rrn:mc dorant leor ,,:;,ison. de tomates, de n:t\'ets, de salade. etc. Une telle situation dans un pays essentielle me nt agricole est déplorable. La farinc cst :!-OUvent rationnée aux boulangers en al1endant l'arrivée de batea ux ct il cst difficile parfois de trouver de 1;, semn ul e. Les 1railcments ct salaires étant bloqués depuis 1968. le salaire journalier de l'ouvrier, enlre 1963 et 1915, est passé dc 1 F il 12 F : on peut mClourer la détrcs.~ des masses laborieuses. Il falbit alon; pr.:s de deux journées de travai l ;l un ou\'rier pou r achete r un kilo de viande de moUlon. La cOllllllt"frialisariun tirs fruits ('f MgllIIl.'S

Le système de la commereialisation de s produits agricoles, pl usieurs fois mooifié, est devenu très compliq ué, un \'éri table labyrinthe. Avant la réforme, les halles des gtandes villes, créées en 1935, répon· daient a ux besoins des consommateurs. Les manda· tai res réceptionnaient la marchandise, livrée par les grands ct les petits producteurs eh.:'que jour entre 15 heures ct 18 he ures. Ils reprenaie nt le tmv;!i l il 2 heures du matin po ur la ve nl e :tUX commerç;t nlS dêtaillants. te Ira vnil sc poursuivait dans la matinée jusqu'à 10 heures environ. Les gnandes villes étaient ainsi rovitailll!es régulii:rcment ct des camions ~ r· taient ,lU peti t jour, dans lou tes les dircdions, pour

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desservir Ic$ populations de l'intérieur. Le mandata ire percev:lit une commission de 6 % sur les borderea ux de vcn te, sur la'"l ud le il payait ses collllborateurs ct ses impôlS. Souvent. il faisai t des avances a ux petits agriculteurs pour les soust raire a ux prc ts usurai res. Le matin. la vente aux détnillants s'effectuait;\ crédi t pou r pe rmellre (lU X pe tit s co mme rçant s des '"luan ie rs pauvres de s'approvisionner dans de bonnes conditions. L'écoulement de la marehllndise perissable se fa is.1it d:!ns les meilleut'$ délais. Que reproc her il. cc systè me qu i fonctionnait con\'enableme nt ct donnait salisfaction au consommateur? On a prétend u qu'il favorisail l'enrichissement des mandat aires, ct le gouvernement, donc, 11 voul u innove r. Par une lettre du 12 a~ ri l 1914, le wali d'Alger, en 3ccord avec le mini sLre de l'Agriculture Cl dc 13 Ré\'olution agra ire, supp rima purement Cl simpleme nt les mandatai res, sans se so ucie r de leur son. Il les • in~it :l à ecsscr tou te act ivité eommereiale le 30 ayril 1914. terme de rigueur~. A ee Ue date, les lIalles centmles de tOU les Ics villes fe rmèrent Ic ut'$ portes. A Alger, les ouy riefli communaux s'em pressèrent de pavoiser la grille d'entrée, comme s'ils venaient d'expulser des. milliardaires para s itaires~ . Boumediene lui 'm~me déclara qu e celle opé raI ion était un • ac te réyolu tionna ire_. On oubliai t '"lue les manda taires étaient tous dcs travailleurs, qu'aucun d'entre e ux n'étai t rielle, que duro nt la gue rre ils firent le ur devoi r ct que certains pe rdirent leur fi ls a u m:t'"luis. Mesure CI situa tion absurdes, d'a ulant que les jeunes plumitifs qui les calomnièrent n'avaient m~me p;!s tonnu la gue rre. Les mandataires rurent remplacés par un organisme national, la C.A.C.O. M. (Coopérative agricole de la commercialisation). Pour 13 ville d'Alger un autre organisme fut créé aux Pin.... Ma ri limes près de la foire d'Alger, pou r permettre à ce ux qui potJyaicnt

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5) rendre de se r:witailler, en faiS:l ntla queue. Cet l'O. F.L.A. (Omee de.~ fruits et légumes d'Algérie), prélève une commission de 15 % pour le se ul fait d'ouvrir ses lOCaux aux producteurs. Cette réglement at ion ~'a"é rant lente et couteuse. le gouvernement créa, dès octobre 1974, un autre orga nisme de commereialiS3tion : t3 Coopêrative des fruits ct légumes (C.O. F.I!.L.) en liaison a"ec la C.A.P.C.S. (Coopêrati"e agricole polyvalente communale de service), el coiffêe elle-méme par la C.A.C.O.M., qu i devie nt, ai nsi, l'organe moteur. Elle achète la ma rchandise aux domaines aulogêrés, aux coop.:rnli"es des anck:n5 moudjahidinc cl des villages socialistes. Elle prélèvc une marge bértéficiaire de 15 % sur le prix du kilo. fixé pa r la mercuriale mensuelle des bureaux du mini~t(:rc de l'Agriculture: elle livre ensuite 1,1 march~lndise il la C.O.F.E.L. En plus le nouvcau syslème, véritable spoliateur des travailku rs, stipule que chaquc wilaya doit centraliscr sa production. avec interd iction de la laisse r sorlir du pêrimè tre de son tcrri toi re administratif. Les gendarmes de la route ont pour mission de surveiller ccs. nouvellcs fron ti ères. ct de saisir tou te marchan· dise ci rculan t sa ns a utoris.ation d'une wilaya à une au tre. Lorsque la production s'accumu le da ns les stocks de l'une d'clics. celte-<:i en propose la vente aux autres wilayas. Quand le marché est conclu ct que la marchandise arrive sur le marché de détail. elle est déjà avariée et bonne à jeter. Est-ce cela la • révolution.1 TOUl est conçu pour paralyser le rnvitaille· ment, spolie r les travailleurs de la terre et brouiller les cartes afin que les intén:ssés ne comprenncnt plus rien fi rien. La morale de celle si tuation est dans un de nos proverbes : • Quaoo la cigogne voolut embrnsser son fils. elle l'aveugla. _ Mais CCI enchaînemen t, celle mult iplicité d'orgao rg~lnisme,

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nismes, de réglementations. perlllenent à des parasites de tr:lfiquer hontcusemenl et de s'enrichir rapidement. Depuis t'avenemcnt du président Chadli lIendjedid. he ureusement lou t cet arsenal de réglementa t ion~ a été simplifié. Depuis. les produits commencent fi ré:lpp;lTllÎtre Su r les mar<:hés. Motlheureusement les pr;'r. ne baissen t pas. INDUSTR IES ET SOCltTÉS NATI ONA LES

Avant notre indépcooafl(:e, l'Algérie é tait en "oie de développemen t industriel. Çà ct là, une ind ustrie. 5QUvcnt complémen t:,ire de celle de la Fr-Jncc, s'impbn t;Lit, partic ulièrement aulour des villes du lilloraI. L'option du pouvoir ré\'olu tionnai re a donné la priori t~ il lïndustrialis.1tion au détrim ent de l'agriculture. Oan~ un premie r temps. le gOU"crnement na tionalisa l'industric pril'ée exiSlan te. Dans un dcuxieme temps, il implant:! un certain nombre d'unités industriell es dont deux ou trois dans le tcxtile. None ancien ministre dc l'I ndustrie. M. Abdcsselam Bdlid, un pnysa n racé. prudent et lucide. a négocié adroitcmen t la récupération des hydrocarb ures. Un excellen t résultat pour lequel il doit être félicité. t-.his, pou~~é par le pouvoir personnel. il donn ,. fi la Son:ttraeh les dimen sions d'un État dans J'Ét ~l\. Celle socié té eOIll[lte ,; dlc scule plus de 70000 fonctionnaires. l'uis il multipl ia la création des sociétés bénéficiant du monopole de l'État. en sacrifiant le secteur privé dont t'apport étai t pourtant d'une grande utilité pour le p:tys. Ces iooustries, confiées à des directeu rs sans formation - ni technique, ni commercialc - , ont fonctionné à • tombea u OUI'Cr! _. Sans ra ide financière de J'État elles seraien t en f"itlite permanente. Chaque exe rcice acc use un déficit imprCS5Îonna.nt. 147


Le tableau ci-dcs§Ou~ indique, en milliers de dinars, les déficiL~ pour I"~nnée 1976. États lies défici15 de I"exercice 1916 ENTREPRISl:,S I NDUSTRIE

OtflCITS I\U 3 1.12.76

SONlTEX SONACOME SNe l SNER I SON IPEC S NMC SONI\REM

19 165000 0 1\

6371 000 DA 10273 000 DA 3 SO I 000 DA Il 720000 DA 72 7U 000 DA S6 824 000 0 1\ 261800000 01\ 7 S41000 DA 8171000 DA 153000 DA

SNS

SN MtTAL SNLO SNI\T TOTAL

45& 235 000 DA

• 1 01\ : tnviron 1 F.

La Sonntrach, la S.N. Sempae, la Sonie, la SonelgOl, la Soged ia ct la Sonc1ee son t bénUieiaires. La S.N. Sempac tire ses bénéfices du fait que l'Ornce des eér~a les lu i eêde le blé à un prix inférieur:t u prix d'achat. Le seu l complexe sidé rurgique d'EI Hadj:H compte un déficit de 178000 000 de dinars, soi t 38 % de la loto.lité du déficit. QU3nt au déficit du groupe commercial de la S.N.S .. il est de 156 095 000 di· nars, soit 34 % du défieil 10131. Dans les autres ministêres, les sociélé:; nationales Ile se porte nt guêrc:: mieux. Le ministère des Travaux publics ct de 13 Reconstruction 3 créé des sociêtés nalionales pour exécuter les travaUlI COfIfiés autre(ois. par voie d'adjudication, aux entreprises prh·ées. 148

Le ré~ultat de celte substilUtion CSt négatir. il sc traduit par des ehnrges nouvelles pour l'État: ct Ijuand il y a malfaçon, le rccours au ministëre CSt inopérant, puiSljue la responsabilité illCOmbc à une société nalionale Ijui appartient il l'Élat. C'est ainsi Ijuc les dcficits d'exploilation s'accumulent, Le table3u ci-dessous chirrre ces déficits pour la même année 1976. ENTREPR ISES TR-IVAUX l'U81.JCS

CAOAT SONATIM SOR ECA L SORt:CSUD SOItECCOR C I,\ SONAG IITEIt SOt'lAT tTE CHTP OTI\ L

I)(;.FICIT AU

ll.I2.I976 7700000.\ 01\ 2152000 DA 322000 DA )%8000 DA 2431 000 DA 5111tOOO DI\ 5932000 DA t78000DA

1) t98 000

loi 1aH 000 01\

Les sociétés nationales re levant du rninistêre du Commerce ne so nt paS plus rentables. L~llr dcfieÏl s'e~plique difficilement puisqu'clles jouissent du Olonopolt d'importation et Ijlle Ics pri~ d'ach31 sont majorés il la "ente d:lOs bicn d.;s cas de plus de 300 'h, A la place de nos P.-D.G. • nationaux ~, n'importe quel commerçant gérerait micux les aUai· res ct obtien.drail une rc::nlabililc normale. Même si tuation pour Ic tourisme d'É ta t : la Sonatour a subi un déneit, pour l'ellercice 1976, de 2808000 dinars. La lare princip:!le de not re tourisme réside dans 1., manière de rcce'·oir. Le gou\'er· l'Cment a rait un gros erron dans çc seclcur. il a beaucoup conslruit, le littoral a été mod ilié. r.13is lorsque le louriste arrive, il cst mal nourri: dans les 149


ENTItEI'RISES ENTHEPHISf; S NATIONALES ONAFEX ONACO

OF" 0:-.11\8

DtrK1TS AU 31.12. 1<)16

3273000 DA 31&770000'\ 6.& 422 000 DA 97110000,0. Il 3 283 000 OA

ehambres, l'hygiène CI le conFort sont à pcine passables: le pcrsonnel manque de tenue, il est Froid el boudeur comme un jour sans pain: les di slraetions sont nres. Le Sud a él~ s:leriFié: peu d'hôtels sont équipés eonvenablemenl. Mais si nous voulons que l'étranger vienne ehu. nous sc dislraire, nous devons lui ré,~erve r un bon accueil ct lui préparer un environnement digne d'un grJnd pays. Pour sorlir du sous-développement, la Formai ion de nos e~ld res condi tionne loul progrès réel. En nmlière d'induslriolis;!tion, pa r exemple, le syslème de • l'usine clef en main", Fabriquée à rélranger, installée par des élrangel"l5, fonctionnant sous 13 surveillance de respon.\;lbles étrangers, pronle surtout aux étrangers. Nous devons procéder ao trement. Au Japon ct en Chine, 1ïndus1ri~11Îs;!tion a été précédée pM la rormation des techniciens. Par e:teml'le, aprb leurs études, les in~énieurs japonais élaient envoyés en Europe ou aUI EI'lIs·U nis œmme si mples mal"lO:uvrcs. U, ils gravis.'l.:tient tous Id échelons depuis celui d'ou vrie r spéci .. li~ jusqu'à celui de directeur d'usine. Cc SOnt des hommes de cette trempe qui ont bâti le Japon moderne. Fail de leur pays la troisième pui."-1ncc du monde, CI qUÎ

''''

sonl en train d'aider la Chine nouvelle il devenir une grande puiss.1nee. C'est une crreur de croire que le scul mot de • socialisnte. garantira 13 réussite, Elle sc prépare avec la partieipalion de toutes lcs couches sociales, dans l'enthousiasme. Une option n'cst "alable que si clic lraduil les aspirations prorondes Ct légitimes des masses Ct qu'elle provoque leur adhésion. Il esl incontestable que le pouvoir a fail de belles choses. Mais cn agissa nl sou\·crainement. en reFusant la critique CI le con trole d'assemblées élues librement par le peuple, il s'cst coupé dcs mas.~ ct s'cst transrormé en pou\"oir • discrétionnaire _, Il Fail cc qu'il \'eui ct uti lise n'importe qui pour ra ire n'importe quoi. Aucun critère dans le choix des hommes. D'où la valse des P.-D.G. CI celle des milliards!... On cannait le mot de Figa ro : • On cherchait un çalcul:lteur, cc fut un danseur qui l'obtint .• l.es postes de responsabililé sont allribués à des amis, ~ des parents. Le népolisme eSI pratiqué parlOul. Et quand, par hasard, une entreprise CSI confiée à un dirigcanl déterminé il en assurer la bonne gestion cl la renlabilité, il est vÎle rempl~eë . La règle est de gaspiller h:.~ deniers publics. Et plus on gaspille . mieux on eSI considéré. l.a renlabilit~ des im'estissemenls est ignorée. Elle de~rait c:lre une règle inviolable. L'Algérie productive sc doit de travailler pour l'Algé rie pauvre. Une politique de vases œmmunieants doil pouvoir ni"eler les inégalitcs socialcs. le luxe affiché p;lr cerlains, çà CI I~, est une offense à la misère dc..~ aUlres. l es œntrastes sonl déprimants pour ne p,as di re scandaleul.

15'


marché arabe des LES FI NANCES Les lina nces de l'Algérie reni:tent la mauva ise ges tion des entre pri ses nati onalisées. Nou~ Yiyon~ un perpétuel d':séq ui tibre linancie r. Après la guerre du Kippour, ou celle du Ramadan, qui a provoq ué la hausse du pétrole, beaucoup de gens ont cru 3. un enric hi sseme nt inespé ré des pays producteu rs. Ce fut un sim plc mirage. Un journali ste, aya nt pose la que stion 3 nOtre ministre des Finances, reç ut la r':ponso: su ivante: La crise du pétrole, cootmin:rncnt il cc qu'un l'Ji n peuple pense, n'cst pas unc bonnc aITaire pour rAlgé. ric. A,·et l"in03 tion. le jeune 1!131 avail d ~jà perdu 3U débu t de celle ~ n ~e le tiers du triplemen t de recelles obtc nu en 197)·1974 à la fa"cur de la tu crl"<! du Kippour. 'Alors que tes rccellcs ~ trolihes pl afonnen t ceue ann« en vakur nominak, poursu it Smaï! Mab,out, on ne peut enmyer la montée des im po r1~t ions. Elles augmentent, du fa it mcme de la croissance en bouk de neige, I(.~ besoi ns induit s par l'investi§scmenl. qu' il s'lIgi= de ciment, de coton ou de produits sidérurgi· ques. Le prollr~s des investi=mcnls en tmine. d'autre part, Ulle amé lior.l1ion du pouvoir d'achat et une demande Jccrue des biens de (Onsommation, qui ne peut être en(()fe couverte par la production nationale. la p'lft;.eipation aetrue de l'Algérie au commerce intcrnational se produit dans une eonjonelu re Irès défavor:tble. Rés ultat : en 1975, l'Algfric eon naitra Ic plus grand d~ rK"il commercial de $3 jeune hi>loirc (5,4 milliards de franc.) ct redevient un pays emprunteur. • Nous auroM besoin celle année, dit le ,rand arge ntier algérien, de deu~ milliards de dollars qu'il faudra (Ouv,it par un appel plus s)"Slématiquc aux crédits fourni~urs ("oil:"l nos uport ateu rs prévcnus !), p:lr des empru nts, su r le

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c~pitau 1 , CI

par des

eO!1tf~ts

inte r·

• • Nous s.,,·ons bicn, dit enCOre Smail M~hroug, que noIre crédit est fait de noI re gestion , Nous a"ons donné du mou aux ent reprises l'an dernier. dans Il période d'euphorie. Celle année nou~ r~~errons les écrous. nous nous occupons de la produc(i";I~ des enlfcpriK>', . gu u"e,nemcnI3U~ ,

l.a produc l ion des entreprises prh'ées qu i jouait, le rôle de SQu pape de sûrcté, corri geant les défaillances dc.~ secteurs nJlion~ l isés, est menacée par rattÎtlllle démagogi que de ce rt a in s responsables s)'ndic:lu~ qui ignorcnt rintérê l géné ra l. I.c code du tmv~iI dc rAlg~r ie est destiné il mobil iser les ma$.'lCS laborieuses en "ei llant su r le urs inl': rêts, l' lais ce llc bonne loi, capa bic de régler les conOils sociaux, rc.~' e lell re morte, p.:a r mauyaisc roi délibtrce, ou pM calcul inavouê. Oans les entrep rises et mêmc da ns cerlaines fcrme~ aUlogérées, les ouvriers se mettent en grève s.1ns raison. Ils a TTelenl le Ir.lvail sans préavis ct S:ln.~ ror muler de revendica· lions. Ni l'inspecteur du t r.jyai!. ni le syndica t, ni l'administ ration ne son l averlis; d'où une perl e sèche de la production. Ccst Ic ré.~u ll :ll d'ulle conlradic tion dans r :ollÎlude des pouvoirs publi cs: ils poussent l'ouvrier:\ reven, diqucr CI il ne ri en faire, ct en même lemps dcman· dent il la dircClion de t'en t reprise dc prod uire d~ya n· tage, La sit ua tion anarchique q ui çn résu lt e freine le lravail. L'Al gé rie tral'~ilte pe u. I.c tr.lY:LÎI eS I del'en u une t~lTe, 1:0 spécub tion ct Ics détournements Ilnç vertu. PJr manquç do.: conscience profc~ionnel1e la terre rCStç en friche , les u~incs tourn ent au r:llcn ti. L'Alr,érie pros perc s'~loir,ne , engloutie pa r un ch3n· r,emcnt précipité ct para lysan t.

ju~qu'i<.:i.

153


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nuisibl~s qu~ I~

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Pour arrê ter J'hémorragie fin:lnti~re, combler le nmnq ue 11 gag ner ct ~quil i brer le budgel. faire face 11 ln pénu ri e, le • pouvoir rc,'olu ti onnai rc. sc tourne vers quat re sources d'éeOll(Hllie ct de profi t : l'austérité, la fiscalité, les hydrocarbures, les emprun ts inte rna tiona ux. L'Étnt rai t dcs économies en rédu isan t au min imum IC$ d~penses, Le blocage des t rai temcnl~ ct des salaires sc tradui t ici p:lr le mOl austérité. Mais, comme je l'ai déjà dit, celte austérité ne frappe pas tout le monde, Magistrats. enseignants, polieicrs, au togestionnaires. tous cc:: ux qui poflent lç poids des se rvices publics perçoivent des trai temenl anormaux, L'État algf rien est le plus mauvais des pal rons. Tandis qu' il dépense sans compter pour sa politiq ue de prestige, nos fonctionnaires ne savenl pas comment termincr leur fin de mois. C'est une absurdi té. Lorsque le fonc tion naire est se ul li f!lire des sacrifi· cc::s, lorsq u'il est témoin du gaspill!lge et des dépenses inutiles, son civisme se transforme en amertume. Certains journalis tes pa rlen t d ~jà de prévaricat ion ct de bakchich. de corruption en Algérie. Qui pourra it s'en étonner lorsque le trnitemen t ne suffît pas à assurer le pai n :1UX enfa nts? Présom ptueux, l'É tat socialiste se glorifie d'a\'oir lUé le eaïda t ct le khamma5§!l t. La vérité est que tous les fonctionnaires sont soumis au régime du khammass:u. Depui s le haut fonc ti onnai re, le hnu t magistra t, J'enseignant. l'employé jusqu'à l'ouvrier agricole, tout un chacun es t exploité au maximum, SlIns contrepa rt ie. Quant au caïdal. il neu rit 11 tous les échelons. Si le eiloyen ne me t pas la m:lin à la poche, quand il doit demande r quelque chose, les portes de l'administra tion sc ferment dcvant lui. 154

Le n13uvais $31:lire fai t le m!luvais fonetioona ire. L'indignité. telle une ma ladie: honte usc. ronge l' Alg'':· rie libre. L!I lisea l it~, a,·e ugle. s,1Uyage, a ltucin t 13 cote d'ale rte. Le taux d'imposition va jusqu'à 70 à 80 % du revenu imposab le. Bea ucoup ont cc.<;sc leur activité, fermé leurs commerces ou Ic urs enlreprises. Les cultu res familiales, l'arti$3nal sont moribonds. Notre p<:uple ab.:lndonne son esprit d';niti:l t;\'e pour se convertir en fonc tionnaire. CeUe reeon\'crsion correspond aux vues du poU \'oi r révolutionnaire. elle e~ t pour lui un moyen sûr d'exerecr, su r le pays, une pression économique ct polidè re ct de tenir en laisse l'ensemble de la population. Le y(J:u du pou\'oir est que ch.aq ue citoyen soi t, pou r vivre, tributai re de l'Eta t. Les richesses du sous·sol saharien constituent r unique chance de l' Algé rie. Grâce à la commereialis.1· tion des h)'drocarburcs, l'Algérie parvient :"\ ~qui!i­ brer son budget. ~hi s le pétrole cl le gaz ne sont pas des de nr":es reoouvelables. ct on peut soit les économiser pour couvrir les besoins énergétiques de noIre fut ure industrialisation, soi t vendre plus pour. dans J'immédia t, donner la priorité à l' indust rialisa tion ct aux produits de consommation $3ns trop s'émouvoir de cc qu'il adviendra lorsque nos usines seron! il meme de tou rner. Le gouvernement algé rien a choisi eeUe de uxième solution. Ainsi l'Algérie de 1975 es t devenue l'auxi· liaire du C'Jpil~lisme inlerna tionaL Non seulement elle vise 11 s,1lisfaire les besoins énergétiques des nations industrielles mais elle va jusqu':) finnncer, elle·mème. les investissements nécc!'S.:lires à cette opération. Nos réserves en hydrocarbures ne dureront pas indéfiniment. Dans une Ircntaine d'années, lorsque l'Algérie posséder~ son industrie, il nou s faudra acheter ailleul"$ les sourec.~ d'énergie que 155


nous ne possédc ron~ plus. Les p~rcnls ;wrnm mangé le raisin VC rt ct ~ enfants auronl mal au,\ dents.

l 'Algérie:l peu travaillé ct beaucoup emprunté. NOHe dClle: ex térieure ~sl Cil cu ntinue ll e augmenta_ lion. Nous hypot héquons l'aveni r de nos enfants. En 1978 ce lle dcHe exté rieu re é tail ùe l'ordre de 20 millia rds de doUMS CI Il milliards • décais..~ ", w il un 101al de 14 milliHds de rranc.~. La moitié de cc~ 20 milli:uds est duc ;i des banqu es C'Xlérieures: 3 milliards à des pays é tra ngers, 5 millia rd s 600 mil. lions :HU fourn isseurs.. La deite représente 40 % du revenu nation al alj:éricn '. Pour un jeune Étal c'est beaucoup ifOp! Nos di rigea nts on l opté pour le capitalisme d' ËIOlI.

Nous Qui llons les ril'cs de noIre cilé musulm;mc poo r no us ave nturer sur des rivages inconnus. Une poignée de crypl<rcommun ls tcs nous y condui l. Elle lenle d e grerrer le c<tur de Lé nine s ur le corp~ du k h~lîfc Oma r. Dans son aveuglemen t, cUe ne pcrç<lit pas les phénomènes de reje t ct la fièvre mo rtelle à luquclle elle nOU$ expo5C. Mais notre socialisme n'csi pas du soc ialisme. C'es t un simple: capilali.fllll' d·trar. d'au. tan t plu.\ indficacc CI anarchique qu'il échappe au cont rôle du peuple.

A RRt:TF.R LA OI1MOGRAI·I1IF. GALOPANTE

L'on di l nOi re pays mieux loti que bc:lUCOU p d'au tres du tiers monde. Mais . au ssi r~\'orisé qu'il soi t pa r la na lure - je ne p.1r le p:ls des hommes, hél:ls! - , il ne ~ède q ue des ressources lill1 it~cs. C'est pourq uoi la démogJ;Jphie algérienne doil êlre }. R.pporl 3nnue! de la f13nquc mol\dialc.

15'

s.3gcment planifiée. II esl du devoir de tout dirigea nt d'êlre conscie nt de celle vêrité. L'emballement de notre l:lux d'accroissc me nt démog T3phiqu e depuis l'indé pe ndan ce - 3,8 % re préscnle un dange r drT3yant pour notre pays. II annihi le aussi tôt tout errort de développemcnt, car il est l'un des plus forlS au monde, Toutes les réalisa, tions soci~conomiqucs ou cult urelles, tous Ics sae ri, lic.:.~ consen ti s pour l'éd ucat ion, aussi giga ntCliqucs soien t,ils, se ront dépassés si eeHe démog raphie débridée continue à su bme rger le pays. Je n'ai pas été surpris de voir dcs homrne~ inslallés a u pou~oÎ r, p." simple ambit ion, oublier de pose r le problème démographique. Depuis l'indépendance, nou s a vons perdu de tr~ précieuses années. dc manière irrép:tr.lble. Les 3nnëe.i soixante fure nt en cc doma ine celles de l'inconscience et d u ch loro fOllne. Lcs annêe5 soi x:t.nte-<lix , celles d e la ruite en a vanl. à la suile d 'une percept ion encore confuse d'un da nger déjà pré,~enl. Les a nnées quaIre-vi ngt, ce lles de l'angoisse de ... nl un problème devenu aveug13nt CI a ujourd'hui presq ue insol ub!e_ Ca r même sÎ on définit maintena nt une politique de comp res.~ioll démograp hique ct qu 'e lle e.~t a ppli· quee, il raudT:1 plusie ur:s gené rations pour modifier la tendance. Et pend:wt cc temps, liI, la surch a uffe du 13U:\ de erois.sarw:c démogrnrhique cont inuern $CS ravagl:S. La presse m'appprend que le préside nt C hadli se préoccupe sé rieusem ent de ce prob!ème. Dieu fnsse qu'i l puisse re p:lrer ce qui pa T3Ît i1éjà irrépaT3ble, car l'hérilage est sur ce poin l, comme pour tant d'autres, Ifts lou rd ... On affirme habitue llement que l 'e~ am en de cc problè me nous introd uit dans un cercle vicieux, d'où les pièges poli tiqu es ne son t pas abscnt~. J'en sui~ conscient el je sais que l'Occident a perdu peu à

'"


peu le sens des valeurs humaines pour le prix de 50n m a téri~liSl11e, et que, repu, il trou'"e à bon compte dans 13 s urpopul3t ion du tiers monde les causes de 13 faim et de b malnutrition: misère CI faim tlisp;.raÎtraienl de nos pays si nous pr"liquions le nllllhusian;snle démographique comme nous le conseille p;!ternellcmenl nos • am,s ~ d'Ocdtlent, ,\u conlraire la cause fondament,,1e de la démographie gllopanle CSI el reSle le sous-développement, il n'y a poinl d'luire \'érité, Noussommcs proliriques j parce que nous sommcs sous-dé\'ek>ppës el non pas sous-dÇveloppés parce que proliriqucs, En 1975, â une conférence de rO,N,U, sur la populltÎOn, le délégué du Vatican rappelai!, en m~surant ses paroles, que les • problèmes démogrn, ph'qucs du monde sont davan lagc dus à réguïsme dcs riches qu'à la fécondité des pauvrcs _. Certes le \ sous-développetncn tlllimente la surpopulat ion. Toute poli tique de • dégraiss:lge. démographique suppose un nive:l U c ulturel, économique, social. poli tique el mental surtisa nt pour qu'clic soit com prise, acceptée ct appliquée correctement ct s.1ns traumatiser les c,royance." Or il ne peut exister que dan s un pays IIbbé d'une surpo pulation démentielle. Voil:i le cer, cie videux: pour se développer, il f3ut maîtriser la pression démogrnphique, el pour la vaincre il faut euc déjà développé. L'Algérie n'cst pas le pays des mullitudcs innombrablC5 ct faméliques d'Asie. Par r.lpporl au tiers monde, eUe est en assez bonne position ëconomique, malgré rexploil:lIion coloniale et ses éehcçs depu is l'indépendance, IX cc point de vue, on peut artirmer qu~ rAlgêrie cst très proche non seulement géogrnph.quement mais même économiquement des foyers de dévelOflpcmen l eu ropéeos. De ce fai l, elle n'cst p;ts irrê méd iablement eadenassêe dans le cerele 1~8

vicieu~ que je viens de décrire. En d'au tres termC5, je

crois mon pays capable, dans ses Slruclurcs socioculturelles aussi bicn que dans la mentalite de ses cito)'e ns. d'affronter, les )'eux ouverts, le grave problhte démograflhique, Quel est donc l'obstacle? On laisse dire que c'cst I"isla nl. Voilà une infamie de plus conlre unc religion de tolêr.. nce et de progrès humain. L'isfalll . • Ia s.oumission à Dieu., rel igion de liberté, n'a jamais signifit I1s/isfam, e'cst,à-dire la ea pitulalion cl la rtsignat ion, Le Cornn ne prescrit pas de faire des cnfantS sans se prêoecupcr des condilions d'existence qu'on esl en devoir tic leur assurer. Jadis, on prêscnla it complaisamment le musulman comme ligolt par le fatal isme. fi, qui voudra-t-on faire croire qu'cntre une famille de huit enfants sans Mueation, sans logement décent Ct 5.1ns 3venir et une autre de trois enra!lts, mieux nou rris ct mieux éduqués, l'islam prHértrait la première et nous l'offrira;t comme mod èle? Il ne s'agit P.1S, bien sii r, de prescrire un contrôle des naiSSllnces et un planning familia l qui en vicndraient il lég itimer les interruptions de grossesse e'cst-à-dire des meurtres organisés. Il faut nu con· Imire respecte r la vic donnée p.1r Dieu, en lui 8amntissant tes conditions matérielles ct morales pour son dêvcloppement et son plein épanoui~mcnt. On doit préconiser un êehclonncment des natSSllnCcs, Icur espacement planifié dans chaque foyer en fone· lion des moyens de chacun, de manière à briser la spimle inrernnle de la démographie galopanle ct de la course pour le bien-<:\Te moral ct malêrieL Dans les. condilions aetucl1C$, le bicn-<:trc relatif ne peut mllraper la procréalion débridée Cl nous apercerons le ..tsullal attrislant de celle course déscspérêe, a~ee le délabremen t physique CI mor.. 1 du pa)'S, le dë:sor-

1

159


drc matérialisle, le dérèglement de toutc une soç;été qui se clochardise. Aux premicrs temps de risbm, un compagnon demanda au Prophète s'il était n~cessaire, pour sa sicu r;té, d'anaeher 53 chamelle pour la nui t, ou de la recommander simplement il Dieu. Le l'rophète ré pondit: • Allaehe-Ia ct puis recommande·la à Dieu.• Le père de famille qui veut avoi r des enfa nts doit d·abord prévoir les moyens d'ass urer leur séc urité ct ensu ite les recommande r à Die u. Telle est I::! morale de l'islam. L'EDUCATION NATIONALE

Le problème est d'un autre ord re. Le pouvoir a réalisé li\. un enfort très louable, et fait une grnnde promesse au pays - 5COiarise r tous les enfanl~. II a donné au peuple le goiit de l'instruction. Mais dans \ un pays à la démogrnphie galopanle, l'orrre res te en deçà de la demande, dans cc domaine comme dans tan1 d'autres. A la renlrée scolaire de 1974, dans la seule ville d'Al ge r, on a dû faire face li 600 000 nouvelles inscriptions. Or aucune classe primaire n'a été construite. D'où le système illusoire de la double vacat ion (deuil. heures de classc le malin, deuil. hcures l'aprèsmidi) ct dans cenains quartiers, li forte densité 5COlaire, la triple vacation. D'où les hornires ineom· patibles a\"Ce un bon équilibre de r enfa nt cl une saine pêdagogie. Le retard dans la constru ction scolaire. toujours pour la wilaya d'Alger, est considérn ble. Pour rensei gnemen t primaire, il es t de 978 c l;lssc.~ ct de 29 1 logements, sur 1 952 classes CI 614 logements prévus dans le programme. Dans l'enseignemen t moyen, aucun C.E.M. nouve au n·a êté cons truit depuis

Q60)

1" • •\I!~e scolaire 1971- 1972. Dans renseignement

\!Itldaire. sur trois lycées inscrits au premier Plan '1II,ldl ien na1. deuil. seulement o~t reçu un commencc· lU~nl d'ell.écution. La supprcss.on des écoles matc ri Mlles CI des garderics d'enran ts li aggf'd\'é 1" situai Il,,n QUllnt il la qu alité de l'enseignement. le. bo~ In"it uteur d'autrefois s'est vu remplacé par un Inst,tut eur. un moni teu r ou un instru cte ur d'un nivcau Inférie ur. La form,lIion péd:lgog ique des uns ct des lutrcs es t nellemcnt insuffisan te. Oc plus, les classes IOnt surchargées, avec 45 ou 50 élèves .. ct. même doYan ta ge. D'autre pari. la double Vllcallon Impose 'Ull. mai lres un supplém ent d'effort, ct les êlèves, eull., passcnt bea ucoup de leur temps'" courir de la ma ison a. l'école ct viee vers.1. A.·cc de telles conditions de travai l. il n·est pas possible de faire mieux ct les résuh ats de ~n d'~nnée ne pc:u\"ent ètre que dc«vants. Pour 1entree en sixième ( ' ''année moyenne), les résultaiS furent pou r 1975. 1976 de 20440 admis sur 49 JJ2 inscrits. mal· gré le faible niveau des épreu'·cs. Le no":,bre d~~ non.admis augmente d· annce en :Innée. Ces Jeunes: a ca use de leur âge. ne sont recrutés nulle part. ds envahissent les c.~3Iie rs d'immeubles. les places pu bliques, les rues, endroits des plus naei.fs. Dans les I)'cécs, le passage d3.n s le deu~,èmc cyc1~ pose des problèmes plus complexes. OHie,el1en~e~t. ,1 se rai t d.1ns les conditions suiva ntes: 30 % des ele \'cs, les meilleurs. sont admis il passer en seconde ~ur décision du conseil de clllSSC. Les ll utres sont admiS il passer selon le ni\·eau scol:li re. selon l'âge et surtout selon le nombre de places disponibles, ou redoublent. Lcs non.admis sont orientés vcrs la formation profes. sion nelle. quand elle e~iste, mais la à 20 % sont rendus il leurs parents. Qui s·étonncrll alors de les retTOuve r sur les bancs

Q",


des

trib u nau~

correctionnels? Dans le journal El Moudjohid, on relève des chiffrcs rél'élatc urs, dans la rubrique. police. ; - Le 15- 16 septembre 1914, sur 56 délits. 3 1 sont commis par des jeunes de moins de 22 ans. - Le ().7 oc tob re, sur 35 déli ts. 20 >o nt impUlés 11 dc.i jeunes de tout âge. - Le 15 octobre 1974, sur 42 déli ts, 18 sont l'O:uYre de eeue même jeunesse. Bien entendu, El MOIli/jI/Md ne peut pas tout dire. Il est 13 pour na 11er le régi me. non pour le critiquer ct dire la véri té. Le rassemblement de ces jeunes. leur l désœuvrement ct le chômage oonstituent un grave d~lOgcr; la délinquance pour aujou rd'hu i ct le crime pour dema in. Si le gouve rneme nt savai t compter ct s'il n'avai t pas don né à son • socialisme .. un caraelhe dognml i· que ct autoritaire. les sommes jc téc~ par les fenclres, en faveur d'u ne :lgrieuh ure qui se refus~ it â jouer le jeu ct pou r faire face au tmin de vic fastueu~ de l' tl~'' , aumient élé mie ux employéOll dans les cons· truetions scolaires et dans l'ouverture des canlines que la ~i t uation précaire de nos populations rend si n~cessaires. Ces sommes gaspillées à tort ct à tr~v<!l"S pouvaient être util isëes au profi t de not re enfance ct de notre équipement. UNE INFOR MATION OR II!NTËF..

L'informa tion objective a élë remplaeëe par les slogans ct par une propag3nde mensongère. Le pe u· pIc est laissé dans l'ignorance la plus comp l~te dcs é~nemen ts, de leurs causes, de leurs répercussions. Les échecs sont présenlés oomme dcs réussitcs, la presse ne sai t que vanter des succès îmaginairc:i!. l'our notre gouvernement lout CSt pour le micu~ dans le

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UlCllteur des mondes jusqu'au jour OÛ un él'énemcnt dnwmtique vient tou t démentir. Pourquoi I~umc' dleue a· t·iI détrôné Den Iklla? Pourquoi l'a-t-il tenu cmpri:sonn-é? Nous ne le sa\'on5 pas ct nous ne le .allrons jamais. Les dessous de l'affaire sont restés dpns l'ombre et ln vérité d~lns le puits. Pourquoi, 11 IOn tour, Je colonel Zbiri c.~ t·i l entré en connit avec Houmcdie ne? L'opinion publique sc con tente d'échafauder des hypothèses sans poul'oir donner a ll ~ fnits leur signification réclle. Qui a assassi né Khidc r 11 Mndrid? J>ourquoi notre gouverncmenL n·a· t-il pas e\ig.!; du goul'ernemcnl espaSnoltoute la lumière sur cc crime? Qui 3. tué Krim Iklkaeem il Fmncrort ? Aulant de questions qui restent sans réponse. Ahmed Medegh ri, ancien ministre, s'cst • suici· dé •. Qui a pous.~ cc jeune rllinistrc, dyn~mique ct Irn ....Jilleur. :1 mettre fin il ses jours? Il venait de rccc" oir M. Ponia to....ski, ministre de l'Inté rieur du gouvernement français. Rien ne laissait présager sa fin prochaine. nous restons en plein mystère. Kaïd Ahmcd a ét.!;, dans rë tat-major de l'A.L.N .. le bros droit de Boumediene, du rant la guerre de li!x: r:uiOl1, son ministre des Fin:lnces durant plusieurs années et le re sponsa ble de l'appareil du Parti. II a été prése nt le jour du coup d'Etat du 19juin 1965. Quelles r:aisons l'ont poussé :i aoondonner son poste ct 11 sc réfugier il l'étrnnge r? Pourquoi un autre homme de confiance du chef du gouverneme nt, Cherif UelkaCCIII, a-t·iI • démissionné. de son poste ministériel? Le peuple a droi t 11 la ,-ërité. L"inrornl:ltion pc rme l la IXInnai5S3nce. Un peuple mal. ou pas du 101lt. infor· mé, dans un pays soumi ~ :IU parti uniljue CI il la censure. s'enferme daM un cercle de eonlrcv~ r i l és gro»iè res ct fi"it par admettre l'inadmissible_ On est en droil de sc demander si.• au concept colonial. nourri de mensonges. ne s'est pas substitué un concept plus prodigue de contrevérités.


A deux reprises, depuis nOtre indépendancc, nous sommcs enlré~ en eonnit ;l\'ec un pays frère. Nos cnfants meuren t. dans un tcrritoire lointain. s:rns \lue nous sachions eucterllc nt les causcs de ce drame. Rien n'est plus nmi gean t qu' un e gue rre frat ri cide. Pourquoi et il quelle fin celle gue rre a·t-elle été d~crenetu;e? Elle a eoût~ S millbrds par jour à l'Algérie. Le (lOuvoi r autoritaire dialogue avec lui·même. D~ns les réunions que le ellef du gouvernemen t tie nt avec ses ministres, la déli béra tion se réd uit au monologue. rI n'est permis à personne, il aucun minist re. dïnterrogcr et encore moins de form uler des çritiques, l:J. règle cst d'appro uver, LA J USTtCE La j ustice est un f:u::te ur prioritaire de l'équilibre psychologique des peuples, Au lendemain de Jïndé· pcndance, grJcc au volontariat des avocats ct de nombreux autres auxiliai res de la justice. I"admi nis· trJtion judiciaire a pu fonctionner d'une maniè re satisfais.,nte, Depuis 1966, l'organisation judiciaire a été copiée su r l'organ isa ti on administrat ive. Il a été crié IScours d'appel ct, depuis 1974, un e trentaine d'autres cours, Le nombre des j urid ictions ne cesse de croitre sans nécessité, alors \lue lçurs açlivi tés ne cessent de diminuer comme l'a reconnu le min is tre de la Justice dans son discours d'ou ve rture de l'année judiçiaire 1976- 1977, Cette si tualion parJdoxale abouti t il un véritable gaspillage de deniers publics ct de cadres, Le prétexte pour justi fier ce dél'cloppement de l'a ppareil j udiciaire est le dési r de ra pproc he r la justice du justiciable, Cet objectif n'a pas été ath;int, 164

Fn modifinnt la competence territoriale des tribu· Il:IUX, on est ané i, rencontre du résultat recherçhé. Ainsi les justiciables de Tabl~, t , par excmple, qui sc rendaient il Blida ou il Alge r, so nt obliges dçwrmais de comparaître deva nt le tribunal de ~1 édéa, l~lIeunc route directe nc les relie li cc dld-heu de l'ilia)';" , l.c~ greffïcrs, devenus des fonctionnaires, ne ,déh. vn:nt qu'au comptc·g()tJlI~ Ic~ doçumenlS ct ptèc~s demandés, les huissiers. supprimes, ont étc remplaces po,r des age nts du greffe, Il en résuhc que , les décisioM de justice ne sont que rarement exee u· t ~es, , La na tionalis:.tion des études notari:des ne s'exphque pas davantage, Elle a cntrain~ le départ du personnel com pétent ct la fe r nlc t~rc de nomb re,uses étu des. Elle a paraly5<Ï les transaC\LOI1§ ct le tr~vad ~u noiaire, Les eito)'ens, ne p:,T\'en:,nt plus a fa,rc dresso;r le urs cont rats, préfèrent établir des actes sous seing pril'é, ;,1,1 détri ment du Trésor, ~vant l:l, r,Uor. me, I\;s droi ts cl taxes s'élevaient il plUSIeurs milliards d'anc iens fmncs, A celle pe rte, il faut aP.-ttcr les dépenses de fonctionnement auxquelles l'Etat est désormais assujetti. Dans son ensem ble, le personnel judiciaire, ma l rémunéré, se ra réfie. Les nouveaux lice nc iés en droi t préfèrent trayai ller dans les sociétés natio~~lcs plu l ô~ que de deyeni r des magistrats, Quan l a, ceux qUI cntrent dans la magistrature. un ce rtain nombre d'entre CUl( succomb~ fi lu corru ptiOn ou au déeouT;!ge menl. Le ur sit uation n~~Ie n'est guère plus br!l. lante. Les nominations el l'avalK:emenl des mag.s· trats sont fonction non poin t de la valeu r profes.~ion­ nelle, mais de leur doçilité ou des appuis dont ils peuvent bénéfiçjer auprès de personnalit6i ciyiles ou tnilitair~s. Lc.~ décisio ns de justice, elles, sont rendues souvent sur instru ction du ministhe de la Justice ou sur interven tion. La Chancellerie dispose, d'après la

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loi. des magistralS d u parquet. Mais, en pl us, elle a dépouillé les magis trn ts du siège ct de lïnstruction, de leu rs a tt ributions régala, en les soume ttant à diverses pressions. Les d roi ts de la défense ne son t pas mieux trait é.~. r ar une ordonnance d u 26 se ptembre 1975. le mini stre de la J ustice mi t Je barrea u so us 5.1 tutelle. L'avOC':11 ne peut plus dénoncer I c.~ abu s. la viola. tions de la loi ct les scandales. Ainsi le droit de la défense. un droit rond~me ntal de l' homme, .se trouve pratiquement supprimé en Algé rie.

Bemem d'horn ire on a voulu simple ment ct bêtement • s inger. l'Europe $a ns raison e t sa ns avantage. En revanche. BourJH:diene a voulu sc singu lariser de l'Europe pou r le repos hebdomadaire. Celui-ci n'a pas élé prtvu p~r l'islam. Dieu n'a pa~ créé le monde e n si x ;O UI"5 pour sc repose r le septième. La notion de reF et du temps n'existent pas l o~q u'il s'ag il de l'Etre é ternel. Le vendredi. jour de prière en commun, est un jour comme les a utrc:s. Il est dit dans le Cora n :

o croyants! Quand CSI fait ra ppe l ~ l'oniee du jour de vend redi, nlors prcsscl·VQIJ5:i l'ap pel dc I)ieu el 13isscz 10111 négoce. C'est mieux polir vous. si vous Soa l·ez..

IIORA IRES DE TRAVA IL ET REPOS HEBDOMADAIRE L~ changement du jour de re pos hebdomadaire, celUI des hornires de travail rclel'ent de la même elllral'agarw:e que la supprcs.siOll dC$ hallcs centralc:s. Chacun sait qu'en p,a)'$ musu lman. la journée 5C pa.~ au ry~hme dc:s cinq prières; li l'aube (fadjr). au mi li eu du JOu r (dohr). au déc lin du soleil (asr). au couche r du soleil (m oghreb). ii ln nuit tombée fic ha). Lorsqu'on avance l' heu re de deux heures sur l' heure G.M.T .• COmme cela a été rait. la prière de /2 h tombe fi 14 h 30, au moment où les eroyanLS som à. ~ur travail. De même. e n temps norma l, la de rn ière pnère de la journée sc fait â 20 h 30 environ. AI'cc le e,hang~men t d'horaire , il faut a tt endre 22 h 30 pour 5 acqUitte r de son obliga tion. D'où l'im possib ilité de dormi r avant 23 h pou r les vieillards c t les ouvriers. Cc q ui es t ca tastrophiq ue, surtout pour ceux qui doivent 5e lever tôt pour reprendre le travai l. Avance r l'heure ne repose sur aucun impératir. Nous sommes au p:l)'$ d u soleil ct de la lum ie re . Nous n'avons auc une économie d 'écla irage à raire. A vec ce cha n.

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Puis. quand l'office est achevé. 3101"5 t1i sperg7.-\"llus sur lerre CI travaill ez à gagner les biens malëriels que Dieu donne par s.a gr.ice CI rappelez·vous Dieu SOIIven\. Pcut"':lre r~u!lSire7.·vous ' .

De cc l'erse l, il risulte q ue le$ mus ulmans trava illen t le vend redi il l'exception de l'he ure consacrée à la priè re. Ce n'est donc pas un jour fé rié. Le repos hebdomadaire fixé a u dimanche a ses :w~ntages. II permet au père de fam ille de consacrer cc jour·là aux sie ns, sans pou r ce la sacrifier le jour de pri~re en commu n. Et comme nous so mm es J'. Occident .. du monde musul man CI que nos rclations avec J'Europe: son t u C$ importan tes.. nous 3,'on5 cinq jou rs de la sema ine:i eons:aere r à ces rda tions., alors qu'en fixant au jeud i el au vendredi le repos hebdomadaire, il ne res te que trois jours francs. le lundi, le mardi ct le mercredi. pour les éc ha nges avec le monde européen. Cc changemcnt relè,'c de la plus haut e fantaisie ct de la plus vu lgai re démagog ie. C'est une . imbécillité. qui s'aj oute à tan t d'autres. commises par le pouvoir personnel. 4. 1..c Conon. _"'le 62 . • le

~ndro:di.,

v.

' ·to. 161


L,\ MEDECI NE GRATUIT~

Celle mesure démagogiq ue et ooü teus.: a ':: t': mise en pratique, il y a quclquc.~ ann~es, avec 1<1 même improvisatÎOll que la rcvohHÎon aSr:li re, Nou\'dle décision i rr~néehîe, elle n'apporle aucune solu tion mtionnelle au problème posé et coûte cher au p:I)'S, sa ns profit pour pcrson/lC.l'itléc est certes s'::néreuse Ct d'une gr:lnde portée sociale. Mais dans co;; domaine CI: n'cst pas de générosité qu'il s'agit, mais de soins à donner aux malades dan~ les meilleu res conditions possibles. la m';decinc gm tuite est conditionnée p.:1r trois facteurs: le mal:ldc, le médecin O;;t l'hôpital. le malade doit el re discipliné CI éduqué. II ne doit p<lS surtout pas êue un malade im:,gin:cire qu i vient encombrer les s.1Ih:,~ de consultations pour le plaisi r dc se faire c~aminer, de sc f;l;re délivrer une ordon. nanee cl de repartir :lVcç tics médicarnCI1IS Qu'il n'utiliser:! peul..ctrc p;IS. Cc phél'lOllI\:ne est observe quotitlienncnlent à l'hôpital Mustapha comme dans tou s les hôpitaux gr;ands ou petits du p:lys. L'édue:uion du public doit être entreprise à paniT de J'école pour !'e nfant, ct lIU moyen des mllss nledill pour les adultes. Celle éducation aurait tic; preceder ra misc en appliclilion tic 1:\ métleeine gratuile. I.c m;ltade surtout <lur:li l dc; posséder la • e:lTle mêdicll' le· pour l'empêcher tic faire le tnur dc_~ médecins et des hôpi laux, p.:1r fois pour échapper à ~ tr:lVllÎl, Celle métlecine requiert un grand nombre de médecins, EUe esl pra!i(ju~e dans 1e.~ h6pilaux où le nombre dc m31;ld~ hlt'pitalisés cst crf,..,.yanl, et dans les J'IIlI)'c1iniques où les cOI1~Uh:llIlS se bouscolent. A"cç 1;, mCdcçinc gratoile, ces hôpitaux sc sont transfnrmés cn • foire;<;. à malades. Dans ccr!:tins ser vi ec.~, le nHlbde demandant un rendeZ'I'Ous pour

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une simplc consullation. doit :l1!endre 6 à 8 mois. O,lns de Iclles conditions un médecin consciencieux, (ruelle qoe soit s.a bonne vulonté, ne peu t faire de la bon ne médecine. la n:forme esl donc 1I11ée à l'cncon· tre de l'intérêt du malade. Noos manquons d'hôpi· IlIU~. de dispc ns.1irc.', de sa lles de visites. Nous manquons de personnd paramédical qualifié. 11 en r~sllite que nO)!; médecins n'ont jam~is autont trJ· vllillé el que les mal3des n'ont jamais été aussi mal soignés, A Pékin, les Chinois m'ont dit: • l'airc moins et faire mieu~ .• Nous. nous \'Ou lons faire beaucoup à la rois, ct tr~s vile. le résultat est que, comme l'on dit vulgairement, nous d ~p laçons beaucoup de vent, sans profi t pour Ic pays, Ct nous ouvrons la porle il des pr:!!iques nnarchiques.

LE SCANDA LE. DES PIMRMACIES SANS

l'HARMAÇIl~N

A l'indépendance de 1',\lgéric, la majorité des phllrmaciens (rançais avaient q uillé le p.:lys, aoofloo donnant leors officines. Il nou s f:l1l:lille5 rouvrir dans l'intérêt du public. l'oree nous a été de les cOllfier aux préparJteurs qui avaien t étc le5 3ux ili:ti res des ph:umacicns, Ces hommes étaient e~pé ri mentés CI (jualifiés. Mais de toutc évidence cclle nlesure éta it une soluti on provisoirc_ Entre· temps le gouvernement :\\'ait créé une $OCiélé cha rgée de la commercialisation dcs produi ts pharmaceutiques; la Ph(lrm u('i~ (('IIfW//' a/g(rri(,lIIr~. Cct orsanisme devai t pOtJf\'oir aux besoins en médi· caments ct en matériel médical des hôpitaux, des dispensaires ct des pharmaciens. Qui trop cmb ra~, mal '::Ircinl. La Pha rmacie ccn lrale fui déboTdée CI mise dans l'impossibilité d'assurer eHic3cement son

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rôle. Sa

rut longLCmPl' dimcî le. sinon catastrophique: détériorolÎon de produits, gaspillage. mauvais choix de rournjs.~urs. ctc. En outrc. In P.C.A. s'appropria les pharmadcs déclarées· bien V:Icant", Elle les (xploi ta à son prurit. Enfin, clic sc mil à creer d'autres pharmacies d;\ns les \'1IIcs CI villages mai s S:lns ph;lTmadens. CCrlcs. l'intention était louable: :lssurcr la distribution des médiçamenl$ dans ks coins les plus recula du pays. Mais pourquoi en «Infier la gérance à de jeunes apprentis. parrois inc~périll1cntës. cl qui s ur· tout n'appréhendent pas leur rôle soc;o-édu~ lif dans le domaine de la sanie: publique. alors que nous possédons de nombreux pharmaciens sans orficincs1 Celle situation est scandaleuse. Contrairement ~ ce que pensent CC riains. le méd icament n'est par un article d'épicerie. C'est un produit actif et dangereu~ . Il ne doi t ctre manipu lé que par des personnes qui en conna isse nt sa composi tion cl son mode d'action. l e ph arm acien a fa it des études dans ce sens. 11 peut dès lou conseiller errieace rnent le malade e t parfois mcme le: prescripteur. Faui-il rappeler que la plupart des laboratoi res ph:lrmaceu· tique:s $O nt dirigés, dans le reste du monde, par des chimistes ou des pharmacie ns? la Faculté mixte: de médecinç c t de pharmacie d'A lge r forme environ 40 il 50 pharmaciens par an, Que devie:nnent,ils? Apr~ le service nationa l CI le service ca'il, ils sc heurte:n t à une concurrence dêloya le de b Pharmacie centrale. Ils hésitenl à s'i nstaller, Ils e ntrent alors dan s les sociétés nationales ou les hôpitaux. oû ils sont mal uti lisés, En effet, Ics pharmacies dites d'Etat sont r~vitai11';es en pri()rité alors que les pharmacies privées ne rcçoivcnt que parcimonicusement leurs commandes. De plus, fisc:!., lement. les agence:s de la Pharmacie centrale sont largemcnl favorisées.

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ge.~lion

UNE DIPLOMATIE CONTRA I RE: A NOS INTERI'!rS

Au lendema in de noire: indépcnd:mee, l' Algé rie al'ait soulevé l'admiration de nos a mi s ct même de nos a dl·efSaires. Son combat fut hérôique:. Des e:ncou, rage:men ts cl des marques de sympath ie flOUS arri l'aient de toutes parIS. Cette période fut de cou rIe: du rée. La course au pouvoir, l'ostracisme, l'installat ion d'un régime totalitaire ont fai t perdre il l'Algérie ses li bertés ct ses a mis. Le pouvoir absolu enivre. On eonnait le mot de Lou is X IV:. Quand on peut tout ce que l'on veut, il est dirfici le de vouloir cc que l'on doit.. Le de ..oir de nos diri gea nts n·était·il pas de respecter le sang encore e h,lud de nos ehouhada? N'était,il pas de promou,'oir une Algérie OOIII'el1e, entretenant de bons I";lpports de voisinage ctlidèlc il lOI communauté maghrébine? Le Maghreb uni n'a-t-il pas été un objcclif ronda me ntal du F. L.N .? Depuis 1962, il n'en a rien é té. Nous sommes devenus les a mis dc,~ Ét<lts communistes et les ennemis de nos voisins, Fidel Castro étant fIOtre • cousin •. Ainsi se développa notre dépendance: visà-vis des États de l'Est ct particu lièrement de Mos· cou. Très vite, le pouvoir tourna le: dos à la solidarité historique du Maghreb. Le: monde arabe: qui doit raire race de:puis 33 ans au tragiq ue problème palestinie n en connait désormais un autre, celui du Saharn occ idental. Cc poignard pla nté dans le dos de la communauté mag hrébine est la plus sca ndaleuse des aventures. C'est un crime per~tré conlTe: l'unite ella pai~ nord·africaines. La décolonisat ion dans le Sud aurait dii se faire dans les mêmes conditions que: d<lns le Nord. Il n'y a

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de vr:tie gr:l ndeur pour nous ct pour nos .'oisi ns que dans l'un ité d u Magh reb. Mu lt iplie r les ~ t ats ne sera jamais un remède efficace il nos mau:t, El encorc moi ns fairc la guerre ct no us c ntrctuer. l' ar ses contradic tions nagran tes. la dipl oma tie de Boumediene fait sca ndale. Le re SpeC t du pr incipe des • na1Îo na l it ~s" e ~t à sens uni qu e. NOlis l'a,"Ons vu . il y a quelqu es années. réconcilier l'Irak ct l'Ir:m su r le dos des Kurdes. Or. les Ku rdes, s' ils sont musulmans, ne sont ~s pou r nutant des Ara bes ou des Iraniens. Leur na tiona lisme peut sc j ust ifier. Boumedie ne a dOl!(: tra hi leu r d roi t au respect de la pe rson nal ité. Et il le réclame pou r des Maghrebins scmblab les 11 d'a utres M agh r~ bins. Même compo rteme nt vis-à·vis dc la Somalie lorsq ue ccllC dern ière a te nté de récupé rer II ne province soma lienne. de sa ng. de langue. de religion. Boomed iene n'a dit mot pour ne pas peine r l'impfria lisme russe ct I! thiopien. Pas da ~a nt:lge il 1'1 ':1 conda mné lïn te r~en t ion é trangère: da ns l'affaire: de l'A ngol:l. Enfi n, quand le Pak ista n orie nta l, S!!p.1 rl! pa r 1 700 km du Pa kistan occidental. demanda. pa r la ~oie du suffra ge un i~eI"$ÇI , son droit à l'autonom ie inter ne, 1J.0umcd ie ne se mngca d u côté du Pakistan occide ntal pour la lui reru~c r. QU'C$t<e 11 d ire? On r&lame l'a utoo,,;te rmina tion pour les Sa hraouis ct on le refuse pou r le Ba ngladesh? Nous sommes en pleine poli tique dc Gribouillc. El que dife de son si lcnce sur le prob lèmc dc r Érythrée? L'i mpf rialismc éthiopien de vie nt légi time, dès lors quï l reçoi t la bénédic tion de Moscou et dc Cuba. Dans ce cas particulie r, 1:1 posi tio n dc r U.R.S.S.. hier DUX côtés des Ér), thrëens. CSt caracté ristiq ue de la s ubordin ation des droits des ge ns a ux in térêts p3rt icu li ers de l'idéologie des grands. Da ns les problèmes du Moyen·Orien t. l' alli tude de Boumediene m:lnque. pour le moins, de sé rieux ct de modestie. Nous n':I~ons pas de leçons :i donner a u

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prc,~iden t &ld~ te.

il la S yrie. à 1:1 Jordanie, a u:t l':l lcst i nien~. Le problemc de la P:llesti ne esl a ..... nt tou t celui des Palestin iens. Nou$ sommcs cenes .<.Ol idairc.~ dc le ur t'IUSC, mais n'a~ons p.1s le d roi t de leur dicter leur cond uite. El qua nd Boumediene a alLi~é u n ine~ n die au Magh reb. qu'il a fa it to cr des Algérie ns pour unc c~usc qui n'CSI pas la leur. qu'une partie de nos richesses ~ son t envolées en fu mee dans les sa bles du S:l ha ra . commen t a·t·il pu ~rler de l'u nité de la _ nation :lrab<:". a lors quïl n'a p.1s été ca~ble d'Œuv rer pour fairc l'unité d u Magh reb? Il veut. sem ble·t·iI. dans la question du Sahara occidc nt a l, sou t~ni r le droi t il J'autodé tcrmin tion d'une popu lati on. Il es t permis de lui dema nde r de respecter, d'~lbord. cc dro it c hcl Ics Algériens eu ~­ mêmes. a uxquels il n'a pas donné l'occasion de sc dçtcrmine r sur les. options. de leur pays, a uxquels on a refuS!! la liberté dc c hoisir démoc ratiq uement leur rçgime ct qu i n'on t même pas le d roi t d 'cxpression ni de rçon ion. Comm ent Iloumedicnc peu t·il dans ccs condi tions se poser e n champion de la liberté des pe uples'! Lorsqu'on e~erce chc? so i un pouvoir absolu. il est indécent de sc poser en champion d e la li bcrtç che7. le "oisin. Qua nd un système poli tique échoue lamentablement ct qu'i l men<: tout le pays a ux pi tes d irrlCultés. les dirigea nts remplace nt I":lnalysc objc:eti" e ~r le bluff,

Oô son t uonc Ics acq ui s de la révo lu1ion? Guerrc à notre fron tiere. fiasco économ ique, fi:1sCO soc ia l. fi:1sco politique, fiaKO d iplomatique. L'çchcc est IOtal ct ua ns tous les domaines. L'Al gerie de Bourncd iene,:" rexemple de la grenoui lle de la fa ble qui sc veu t aussi grosse q ue le ba:uf, sc nourri t ct s'cnnc de 173


bourrabcs de cr,ine et de slogans. Le mensonge finit par la LUer. Alors sur ces cendreS doil ren~i tre 1 ~1IJ:I;r;(' ,ùlfp. celle des ehouhada, celle d'un peup le a"ide de ~avoi r c t de libcrlè. Un peuple fondamentalemen t aU3ché il. la spiritualité de !isla m ct Il son concept social. Un peuple qui aspire ,1 ne plu~ courber l'éc hine pour g3gner son Po,in. Certes, la fa im cst une déchéan ce. une cala mité, mais l'humi liation en cst une autre. Si .t près Sol guerre de libé ration, nOire peuple, qui fui v~ill3nl ct courageux, n'a pas acquis la possibilité de rompre a\'Ce la • se rvilité . e t le droit de vivre se lon ses propres options, si ce peuple s'est laissé devenir la proie des imposteu rs et des p:tr,lsites qui vivent sur son dos, cela signifie·l·il 'lu'il est prédestin é :\ vivre sous le joug'! Est<e là une mal':dicIÎon qui pèse sur nous de puis 13 haule An tiquité? Et mème si cene malédic lion él:;üt r':elle, devrni t-on se résigne r à l'accep ter S,lRS réagir? Ce n'est pas dalill not re nalure. Alors agissons comme si nous étions d:ms ce monde pour vivre libres. La loi du plus fort est lOujours provisoi re. Interrogeons·nous. Après unc aven ture qui dure depuis 1962, le provisoi re demeure encore. L'avè nement du prés ident Chadli Bendjedid est-il le commencement d'un e ère nouvelle'! Pour ra 't-il effacer les erreu rs de ses deux préd~ccsse ufl\ "! Est-il une promcssc CI une espérnflCC? l.' histoire des prochaines années nous le dir.l.

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v I)ÉMENCE ET - IN FA ILLIB ILITÉ . DU POUVOIR PERSONNEL Quand Ben Bella expl ique ses erreurs Iii, d,'Oluri(Nt I~ pou,"(]j, 'UI~ l{)uj(!U" oux mD/lU du "lu • •dlf, QI,... G€OR(i1iS DANTON. R~SlIIU~' DU" loill I~u" dim~n,I(IfI1 ~"mol ..... /mpllq,,~ 10 rlll"N"~ o~ .. "rln_ âpQ~Jf llmoiru : dMM'.I (f' ""ni~,s IQ ""roIr. c'rlllN'_IIf~ Il .... IIX qui ""11011

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SI.IIoIANE Cm : LKII (r«I~ur

de

l'u nÎ"'Ol;I~ d'Alser).

L'a rbit raire, la bureaucr:Uie, Je gaspillage, le nérotisme sont la maladie pernic ieu$C des peuples sousdéveloppés c t particulièrement de ceux qui so nt soumis au Plrli unique. Qua nd celle ma ladie alteint un pays. clic le submerge cl fin il pa r ga ngrene r tOU I le corps social. Celle nwl~die :1 été inoc ulée :l notre glorieux Plys p:lr llen Delta CI aggravée par BoUill ed iene. La my"S tifieation dont l'Algérie a ét': vic lime a pour origine le prétendu congrès du C. N.KA., r~uni en j uin 1962. à T ripoli, après les accords d'Évia n. En abordant, Pl r calcul, des problèmes qui n'él:.ient plus de leur ressor t c t en adoptant une orientation el une

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pse udCH,:harte, les congre:>:iistes, 11 peine un<.: SI)j~:In­ tai ne, ou fi guraient plus de prétentieu~ que d'honnê, tes hommc.~, ont fr ustré le peuple de sa victoire en ignoran t S(S droits., ses ~urflllnccs ct ses s.le rificc:s, Les prétent ieux don t je parle, au"i incompêtents qu'ambitieux, voul urent :IS5urer \cUT :Ivenir CI sc réserver des places, Certains de nO$ çoloncls - eeu~ que le re grell é Abane trailait de simples assassins ct qu elq ues congressistes earc......aienl le rêve de del'enir des hommes d'É tal sans passer pa r la caution du peuple, Ce dernier, qui :l\'aÎt supporté tou t le poids de la gucrre, se trouva piégé avanl mcme d'accéder à l'indépendance, Si ce peuple tard e encore li ouvri r les yeu~ sur celle usurpa tion, il dénoncer et briser Ic.~ idoles, c'est p.l rcc que dans les pays solls-dc"cloppés 1:1 ligilimir! du pouvoir res le une notion "b!;tr:tite, N'importe qui peut faire n'importe qu oi, II peul même Sc proclamer empereu r ct régner sur le pa)'s, l).o kassa l'a fait. D'aut res pouvaient le fai re, J'ai sou"enanee d'un arlicle de I.'t.d/Q d'AIgu en 1925 au moment ou 13 F r:tnce s'i nstalla en Syric, Le ;ournatisle disait que si. il Damas, on arrêtait un homme de la rue, CI qu'on lu i demandai l quel était le régime de so n choix: monarchie ou Républiq ue , il répon~b it sa n~ hésiter: la monarchie .., Et si on lui dema nd:lit : • 00 prendre le roi? Il répondai t aUiiSi 5:lM hésiter : • Moi, • De fait, les musulmans en général Cl Ic.~ Ar:t bes en particulier, soumis dep ui s des siècles au rég ime du sultana t, ont perdu le sens de la d':moc ratie Cl l'intérê t pou r la délibér.l tion, En Algérie, ccpc ndanl. les notions démoct:l tiques préexistaicn t dans l1(lS djtmûu$', Che)': un gr:tnd nombre d'enlre nous , dlcs co mmençaient il entrer d:,ns nos mœu rs, inspirées pa r les principes enscigné.~ dans les écoles, Et cela

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d'autant pl u~ que les féod :,lités • indigi:n~'j;. qui ~ partageaient le pays furent é\iu,inêcs par la colonisation flllnçai se, Durant un siècle d-"x;cupat iufl, on assisla au phénomène d'un nivellement par le bas, I.es chefs de tribus disp;lrllrenl. La société ~lgérienne mu tiléc cl briséc donna naÎssaoce 11. une mul titude de petitcs gens acc rochés désespo!ré mcnt 11. la terre, A l'I:C les intellectuels qui les guid aient. ils relevère nt le gan t Cl s·~ lI aquè rent. en 195 ~ , au rêgime colonial. En génêllli le ur rormation, comme je rai expliqué, ':laÎt fondée su r la liberté ct l'égalité des homnll."S, ()jen que mascarades, les nombreuses consuha ti ons çlcclUr:,Ic.~, depuis la loi de 1919, familiarisi:rcllI un grand nombre d'Algériens au jeu du libre choix des reprêscntanl$, Il est vr:l i, cepe nda nt, que chez nos paysa ns le culte d u • guide. restail, pa r alavi.~me, une notion conc rète, Mais le • guide" n'est p.'\s le • mait re ", C'cst pourquoi, il l'indépendance, cn 1962, rabsenec d'un<.: forte • conscience publillue· permit loutes le.'i :lVcnlurcs.. 1.:1 oôtre commença le jour oû Ocn Ilclla ~ rcru:;:!. il procéde r il des ~leetiuns libres d'où pouv(,ienl sortir des forces populaires nouvelles Cl des hommes nouveaux . Il prëféra s'armer du parti unique ct SC con tenter de l'appui de l'armée des fron tiè res, pendalll que ses pa rt isans se jetaienl comme des vaulours su r k s biens ab.'\ndonnés pa r les colons, Les vT3is dêrnocr:ltc.~ furent él im ines ct écaTt':s du pouvoir, jour après jou r, L' il tat ma nqua d'assises popu lairc.~ Cl dêmocratiques, Et le jour où Ikn Bella rul arbitllliremen t arrêté, il oc trouva personne pour le dHend re, protester, prendre son P.1rti. ni même le plaindre, Le nouvc:w • monarque", malgré l'e ngage ment pris dev~nt ceux qui le porti:rent au pouvoir, ne respecta pas davantage les règles de b délllOCr:t tic, Il ne fu t même pas conscienl de sa tr:thisun ct du 171


mauvais exe mple qu'il venait de don ner au pays. En violant la Constitu tion il laquelle il avait p.lrticipê, il s'cst mis au-dessus de la loi. Détail aggravant, il fit de son coup d'Êta! une date historiquc commc ~'iI invitait ses admillistr~s à. recourir au mcme proc~d~ pour se débnrasser dcs hommes en place. Quel CQn traste avec l'empereur Napol~on, parce qu'il étai t un génie, passa toutc sa vie à faire oublicr le 18 Brumaire '. Le ~ bonapartisme ",de Boumed ~ne, sans gé nie ct sa ns gloire, eut des conséquences gra\·es. Il dOllna naissance ehcz les militaires il des • maréchaux d'Empire. et chcz les civils à dcs • barons. du régime. L.1 démocr.!.tie, au lieu d'avance r, recula. Les droits de l'homme, la dignité du citoyen furent emportés par le vent de l'Est. Notre peuple ne méritait·il pas un autre dcstin que ~ passage du culte de Ben Bella il cdui de Boume' die ne? Ne méritait,il p:lS de récup!!re r sa liberté ct sa dignit é? Du tcmps de la colonisation, cc peu plc a pu ct su trb souvent cxprimer s.a volon té. Il a su notamment util iser le bulletin de ,·otc. S'il y a eu des élus U.D.M.A. ct M.T. L.O. dalls dive rses asse mblées, nous le devons à s.a clairvoyance. Le recours cn 1948 aux élections fra uduleuses li la Naegelen, cst, en un se ns, un hommage qui lui fut rendu ct un témoignage de son OOur:lge ct dc sa dét ermination 11 choisir librement ses représen tants, malgré toutes les sortes de pressions qui s'cxerçaient contre lui. Cela es t si vrai que, en avri l 1955, alors que le pays étai t en guerre, les élcetions aux conseils généraux conlirme ront la volonté de votre peuple de vivre libre. L'U. D.M.A. avait reç u le feu vert du F. L.N. pour prése nter des candidats et expose r le processus qui 2. Jou . d. co.p d'Étal du tt.rat 8oIIIIpa'IC _If<: k Oir.:cloi re, lUqUei lVCttda le Comulat pu is l'Empire.

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nous a conduits à recourir à la violence. Partout les candidats de notre parti furent élus malgré 13 présence de l'armée et le sou tien de l'administra tion à ses propres candidats. Furent élus: Ali Benadelmoumene 11. El Kseur; Mostcfaï, ~na t eu r, il Colbe rt, Ic Or Ahmcd Benabid, le futur médecin du colonel Ami rnue he ct tlt: la Wilaya III , à Rordj Rou Arreridj : Seddik Bcnhabyles à Fedj M1.ala ; Abdelk rim Nouri 11 Souk Ahras: El,Hudi Djemamc à Jijel. Seul le sii:ge des Auri:s, là oil la gue rre avai t empêché le déroulement norm al des élections, avai t été altTibué 11 un candidat administratif. Ce succès de nos c~ndi­ da ts étai t un test. Il indiquait clai remen t les aspira· tions de notre peuple. !!st·il nécessaire d'indiquer que tous nos élus partageaien t les options du F. L.N.? Apri:s la guc rre, au co urs de laquelle il a fai t preuve de bc:;I!JCOUP de courage. aprê.~ sa glorieuse vi.ctoi re , voilà cc peuple re tombé au rang de • peuple mineur", ine;t pablc de gé rer s,1inemenl so~ p.:mi· moine n.:u ional ct de I:onstruire librement un Etal. Cc peuple. enfa nt » a vécu terrorisé, comme s'il avai t des pa rents indignes. Je voudrais dire iL mon tour que viv rc, c'est s'instr uire ct s'arm cr pour mi eux lutter. L' indirfé· rence est sœu r de I:!. n~ . Rien n'cst plus mérit oire que de dénoncer le Mal ct de le combattre. Il ne se rt • rien d'accumuler des diplômes, de bâ tir des villas ct des châteaux, si la majorité de nous-même demeure da ns dcs taudis et vit de privations. Pour nous donner bonne conscience, ne tournons pus si vite la page de la colonisation ct I:clle de l~! , uern:. La colonisa tion C(lmme la guerre on t I:!.issé ehel les plus humbles d'entre nous des plaies ouver· les qu'il nQus faut gué rir. Pour pouvoir le fa; re, faut-il encore parler, discu ter, écrire ct ouvrir \a voic aux :::,;remèdCS ct il la guérison, Nos prem iers diri ont abusé de noln: silence. :

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J~ ne nie p~s les fil ll~i l-il aborder

difficultés de la t:ichc l11~is encore nos problèmes ave c sérieu:c., ct SUrlout ;i la lumière de l'imérêt génér.J.1. La. gr~ndc majorite des Français al':lit Quillé le P:')'S. L''''sériç êtait pril'ée de cadre., au ssi bien sur le pbn économique qu'administrJtif, Il nous était impossible de remplir ce vide par du iIIcllres s:ln~ saboter le pays tout entier, Nous étions pres'iés. Raison de plus pour • aller douccmem ~ et IlQUS donner fe temps de former de nouveau:c. cadres vabbles, :!Yant d'él:Hgir le terrain de IlOtre action. Aprês 1'0.1\ .5., Ben Ben:, donna le coup de gr.iee au:c. cadres frnnçais pour les relllplJcer p~r des coopo;rants venus de l'E.~t il. la recherche d'un bun salaire, du soleil ct de la liberté, dont ils ét:,icnt sc vrés che1. eu~ . Ces coopérnnts ne connaissaient pas nos problcml!5, Dans beaucoup tic sec teu rs ifs furen t ineompetents ct souvelll plus r.leistes que les colons, J';ti tiré la SOllneLte d'alarme et j'ai conseillé li Ben Bella de 53uveg:mler l'intérêt de tous a\'anl de satisfaire des intérêts personnels, En 1980 j'a i rappelé Illa posi ti on, il. l'ég:ml des Franç:lis d'All)éric, dans un livre', Ce rt ains de mes compatriote~ m'en ont fai t. amicalement, le reproche. Mc suis-je donc trompé en recommandant de tourner le 0.10$ au:c. ranca:ur,o; ct au:c. ressentiments, ct de ne penser Ilu'à lu tmnsform:uion prugressive du p:lyS? Alors que j'éta is président de l'Assemblée nation:lle constituan te, j'ai reçu la visite d'un CQlon dc t'Omnic, M. L... Il me déclam: • J'ai \:rê,: un beau dOUlaine pl:lnté d'orangers, d'oliviers ct de vigne, Une parlie es! r,;servée li la production du bit. J'aime cc domaine CQnlme si l~! lerre m'av:l;t donnê un enrant. la qucslion d'argent ne $e pose plus pour J. A"lopJ/t d'"nt l''urr _

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I~urorr.

l'aris, Ga.nier.

moi. Je veu~ $eulement que mon domaine ne meure pas, ~i$sc~-moi encore di:c. :lnS, le temps de former un personnel \:apable de le gérer el ensuite je partirai .• Sa proposition me parut digne d'intérêt et j'ai tenu il. en parler au président du Conseil. Ben Bella rcfUs,1 de le recevoir sous préleMe llue 53 proposi ti on n'était pas conrorme à l'idéologie socialiste. Le colon quiua Je pays et son domaine tomba en ru ine au détriment des ouvriers ct de t'Algérie. Tout le long de mon itinéraire politique, j'ai pensé et agi en ronetion de l'intér,;t général ct p:lrlieulièrc, ment des Întérel$ des p.luvres gens. de ceu:c. qui ne pouvaient sc défendre par leurs propres moycns. A l'époque de ma jeunesse, quand nous étions quelques, uns à nous baure contre le racisme colonial, beau, coup d'intellect uels musulmans élaient plus allentifs il. leur carrièrc ct a leur avancement qu'au:c. problèmeS sociaux, poli tiques ct humains que posait 1:1 colonis:alion. Dans t'Algérie indêpendantc, on re' trouve cdte même catégorie d'intellectuels. De même qu'ils ne sc sont p;l$ op~s au régime colonktl. ils ne s'opposent pas davantage :l la • dicto, turc stalinienne., introduite chez nous par deu:c. ambitieu:c. 53ns gloi re d se pe rmettent de eriliquer notre passé! J'ai sous Ic~ yeux un manuel $COlaire. Cc manuel reprend ce que j'ai écrit en 1936, pour le déformer, Bien mieu:c., on mc rapporte que des enseignan ts arabisants osent enseigncr à leurs élhes que Ferhat Abbas n'a pas comballu le régime colonial, Pourquoi s'indigne r? Le régime colonial ava it Ses . indigènes de service o. Le pouvoir stalinien a ses • laquais. ct ses • plumitifs,:, ~ Réccmment un de nos ministres de la CulluTe, en visite en Turquie, 1'3.ppelait ce que j'avais écrit à l'époque oû je erOis,lis le fer avec les tenants du

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régime ooloni:II, Cc mm1stre ignorait ccnainement no;> conditions de IUlLe il une époque Ol! lui-même se taisail. Et puisqu'il a ,'oulu remuer les ccndres du passê,je vcu~ bicn lui rçpondrc: il cst cxact que pou r défendrc noIrc droi l il l'égalité avec les Fro nçais d'Algé rie, j'ui écrit que la • pa trie Icrritori~lc. était une nOlion élr:lngère il lïslam, El par "oie de oon.~uence il l'A lgérie musu lmane, Chacun de nous connait le mOI de Oantoo: • On n'emporte p;ls la te rre dc la p;l trie à la semelle de ses sou liers, " En Isla m. ce ll e p.1trie terriloriale n'e~ iste pas. O:IOS le monde musulman, on emporte. la terre de S.1 p.1Irie il la semelle de ses souliers", parce q ue celle patrie es t spiritualit':, cu lt ure ct civilisation. Elle n'a point de frontière ct llC rcconnait ni race ni territoire, l'anoul où le mue7.1.in appelle les croyan ts à la prière, le musulman CSI chez lui, A l'époque de la grandeur de l'islam, un musulman pouvait se rendre de Cordoue il Bagdad sans autn! passepon que sa roi. Le prophète condamne la référe nce au territoire, en nous dis,1n t : • Apprenez vo;> gén~alogies CI ne dites pas commc les Nazaréens, 'lui, lors'l U'On leur demande d'où ils son t, répondenl de tel village." Et la vi c d'un homme illos tre comme Ibn K h~ldun est on témoignage vivant de l'un il'cr, sa lité de l'islam, . Né à Tu nis, il a été ministre à Damas, hOmme d'État au Caire, ministre il Tunis, conseiller royal à Tlemcen. Où cst sa patrie au sens territorial du terme? Elle n'cst nulle pan CI partoul, Elle sc Silue 1;1 où CSI EI-Qun/o El Islon/io, Aj,je donc lorI d'êlre musulman autant 'lu'Algé rien? Ce n cs le monde musulman S'CSt modifié au con· tact de l' Europe coloni~le. Agre$Sé de tOU les parts. il a perdu ses l'ertus premiè res. Il s'est hérissé, lui aussi. de rrontiêres, SOU l'en t infranchiSS:lblcs. Mais cc chan, gement ne consl itue pas un progrès s ur le passé, il es t

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une régression et p:trticulièrement lorsque l'on pense .i rUnilé du Gmnd Maghreb, Dans Je même article j'ai employé 3ussi celle phrnsc: • La FrJnee, C'CSI moi". Les gens oc mau, vai:ôe foi ct eeu ~ qui ne corln3isscnl pas les nuances de la langue rf',1nçaisc onl donné de mon arlicle une in terprétalion très éloignée de la vérilé. Pour que le lecteur soit juge: de ma pensée et de mon écrit, voici le Jlnssage incriminé: Six millions de mllSu tm:ms vivent sur œlle lerre devenue lkpuis ccnt aM rr:lnçaÎSc, logis dans des laudis. pieds nus, saM vêlements cl saM p:lin. Oc œlle mullÎtutk d'affamés, nous, nous '"Ou lons raire une société moderne p:l r récole, la dUcnsc du p:lysannal. l'a!.~istantc iSOCialc. EsI.il d'aulrc politique coloniale plus r~conde7 Ne l'oublions pM, s.1n~ l'~m3ncjp:ltion des indigènes il n'y ~ pas d'''lgérie rronçaise dllr:lblc. La France, C'<:!l~ m~, p:lrce que moi je suis le nombre, je suis le soldat. JI: SUlS l'ou~ricr, je suis 1'3rti~ n, je suis le consommateur, Écarte r nIa C(1l1aborntion, mon bicn"':trc CI mon tribut ii rauvtc commune <:!lt une hérésie grossière '. Il élail donc fad le de comprend re quc le. moi. en question ne m'~t3it pns personl1el. C'éta it un • m~i. collectif. J'ni s il1lplement dit que si le peuple ;llgéTlCn ne sc reconnai5S:lÎt pas dans l'œuvre de la France, elle reslerni t précaire ct fragil e. Ai.je donc 1f',1 hi l'islam ct les intérêls de nOUe pays en apostrophant en ces termcs Je journal U '{('//Ips'! Il faul croi re que j"a~ais raison puisque r • Algérie française", édifiée pa r Ics colons, sans nOtls el au mépris des in térêts de nOire peuple, ne résista pas au tem ps. Les tcnants de r • Algérie fr.ançaisc" n'onl .. , }ou",.1 E,.w.ft du U fénicr (9)6. Répon$C au jounQt l i T~,.

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pas élé tn mesure dt m~Îlrise r le rulur. Ils ~l~ie n t si dominalturs q u'ils se son l en rermés dans leu r dom i. natiun. Ils vivaienl 3U milieu dt nous salIS nous voir. Sourds et avtugles, ils n'ont pas tntcndu ni Jl("rçu celle imme nse clame ur q ui maniait des tntraillcs de la terre des a ncc t re.~ pour réclama justice cl libert é. Ils on t cr u qu'ils nous aV~lient domes tiqu és pour des sil:cles. t eu r ~ule réponse à nos appels étaienl le gendarnle Ct la répression. lis onl rermé les yeux su r l'eMCnticl CI surtou t manqué de pré\"O)'ance. C'cst dan~ ces condi ti ons cl m~lgré nos ave rtissements que I::J vague de rond du 1- nO\'embrc 1954 les surpri l e t les subm ergea. Ils durent q uitt e r le pays. Ben Bella ne rut P'I! pl us cI~lirvoy~lIl t . Comme les colons. il a vou lu meH rt l"isla m • sous cloche. cl ignore r les droits de l'homme. El à son tour, il du t s'en alle r. Qu·a·t·i! laisse de son héri tage sinon un a rriêre.goii l de cendrcs comme si, à partir de 1962, un nouve l incendie ovai t détrui t notre IXlyS ? C'est dans ces cooditions que l'avènement du président Chadli Bendjedid a été considéré commc un bol d 'ol)'gènc pour le !XI )'!. I::t chatun sa il qu'une dt ses prtmièrcs mtsurcs a été 13 libération de Ben Khedda, de Cheikh Khdr<.:ddine cl dt /-I ocine Lailoual. Il fi l réto bli r des passeports diploma tiqu es pour Ren Khedda cl pout moi·méme. Il se préoccupa aussi du sorl de Ben Bella. Il le lira du cachot où Boumed iene l'avait l3issé moisi r. Dans un premit r temps il lui permit de s'ins t311e r il M'Sila thet ses bcaul·paTl;nlS. Quand il rut revenu à Al ge r. il le tmi ta comme un ancien chef d't t3t. 11 lui attribua un logement. lui a ccorda le droit à une pension CI lu i lit remell re, il lui tt il so n épouse. des passepOTlS diplomaliques. Le président Chadli Ikndjedid a f3it mieux. Il a supprimé r3utoriSOltion de sortie pour les Algériens qui voyngent hors du territoire national. Une tT:lcas.

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se ric dt moins pour l1()S compatriotes. Les fe llahs CI les dirige3nts des fermes aut ogérées commercia lisenl. déso rmais. leurs récoltes sous Icur propre telpons..1bη lité. Le P.1)'$ est déjà mieux r3vitaillé. Les relation s avec I~ Fr:lnce se sonl amél iorées. El te n·e.~t pas pe u de chusc, Iorsqu'on pense qu' un million des nôtres vivent de l'aulTt côté dc 1;1 Médi· terr.m!:e. cn deÀOf"S des relalions économiques qui lient les de ux pa}'1i, unt sorte de g rerfc humaine s'cst ope rée. à tC!..P.<'i nt que l'rançais ~t J\ lgé rien s sc tro.u~ ....... \'cnt simuhJnerncnt chel cux en h a nce CI en Algéne. 1~ En te qui conctrne le pal1Î- unique, le présidem innova. Ou lemps de Ikn Ucl la ct de Bournedie nt qu i. CUl. s'en réela maient oonstam ment. ec parti ':t:1 it resté il l'é ta t de f3ntOme. Cc qui k ur :1 pe rmis d'tlcrcer un pou\'oir absolu, sans controle. Le prési· dent a donné vic 3U Parti. en tréan t un nouvtau Comitë central du l'.LN . et un Bu re au poli tique. CtS deux org.1 nismes sc réunissent c t dé libêrtnt. Aidé par Cherif Messa.adia, mcmbre du Rure3 u politique ct responsable du 1'3 rti. le president a fô\il un gr:lnd pas vers la consult ation démoc rotique. I.e pcuplt sou haite que le préside nt ailk plus loin ct rétablisse: le.~ li bertés =nticlles de !"homme. L'Algérie nt sc porter:l que mieul c t le IXlrti q ui gouvernera se ra issu de la volon té générale. Cette démocr:ll isa tion ne sera pas rôlcile. La. bureaucra ti e - la rloml'rlklalura, disent les Russesqui fest ÎnstJllét a rbi tra iremen t au levie rs d e com· mande depuis vingl-<1eux ôlllS ne voudr3 p3S être oontrolét ni céder 13 place. EUt refusera toute rérorme ct tout changement profond jusqu'au jour où le drame frappera dt nouvea u à not re porlt. Cc nouveau drame n'cst pas $Ouhai t3ble. Mais il dcvien· dr:l une fatal ité de not re hiSloire si notre peuple oontinue il. subir un régime totalitaire ôluquel il reSle éuange r. La véritable r6'0lution algérienne consiste

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à libérer les nl:l..~ses populaires et à !eur eonrier les responsabilités qui sont les leurs et celles de tout citoyen à part entière. A l'heure actuelle le prési dent C hadli ten te de donner un cours nouve,]u à la politique. Déjà il renooe de bonnes rdations a\"(:c la Tunisie ct le Maroc. Il reprend à son eom pte les décisions adoptées, en 1958. par le F.LN. aux conférences de Tanger et de T unis. La sagesse de not re président est à la haute ur de ses respollS;l bili tés. En 1963, e n tant q ue président de r Assemblée na tionale constituan te, j'avais conseillé ii Ben Bella la eré:llion d'Urie Assemblée consultat ive maghrébine. composée de députés libyens. tunisiens. ;llgériens. marotains et mauritaniens. Ceue AliSemblce pouvait délibé rer sur 1<:$ problèmes communs aux cinq fXIys du Maghreb. Be n Bella éca rta ma proposi tion. En cc tcmps·là il préfé rait l'amitié de Fidel Castro il la création du Gmnd Maghreb. Il tourna le dos au Maf(Jeet à la T unisie, traitant le présiden t Bou rguiba de • bourgeois. vendu aux A méricains. Sans doute les mesu res prises par le présiden t Chad li Bendjedid laissè rcnt -e ll es ind ifrérent Ben Bello. Li béré, dans un premier temps, il semb la réa li ser ses erreurs prem ihes. II sc rendi t chez le pré,~iden t Ben Khedda et lui deman da de fXIrdonner le comportement qu'il eut à son égard. /1 se rendit également aux lieux S-liin!S d e l'islam e t fi t son premier pèlerinage. Devoir qu'il s'était bien gardé de faire au temps où il é tai t il la tê te de l'État ct qu'il frayai t a\'cc Moscou el Cuba. Il présen ta d<:$ excuses aux Saoudiens pou r 1<:$ propos malveillants qu'il avai t tenus cont re eux. en 1962. en présence d u présidenl Gamal Abdc] Nasser. en visite à Alger. A tout e erreur, miséricorde! Nous avons pensé que les quator/oC années de détent ion avaien t con tribué il innéchi r son orient;l tion pol it iq ue ct idéologique. l cs

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Interviews donnél!.~ il l':,trice Barrat des Norll·t'lles IIIIÙoir,'$. 11. J)~niel Junllua ct Paul !Jalta du journ:!.1 1.... M O/rd,'. celle confiée nu journa l Le M Ulin le laissaient présager. Oc n Uella s'cst ren du ensuite à Pa Tis. En découvmnl 13 vraie France, il a é lé: de son accuei l. Nous n'en attend ions en avons . 1 du parti unique meme en Algé rie. pour i droit de s·exprime r. Son na tional isme, a·t-i l di t, ne fut. q u'un bouclier opposé au colonia lisme .rran· çais ". 1ll~l is au fond de lui·même, il répud Ie le nation.1 Iisme. II croit en l'islam plus q u'au socia lisme qu'il. considè re $.1 ns avenir" ..11 a eonscillê le dialogue ct la réconciliation de l'Elat d ·ls,.....ël avec les l'alestinicn.~ et enfin a préconisé le pardon ,lU M.N.A. ct aux Algeriens anciens harkis. l' crsonncl lClllcnt j'~lppI3udis volontiers il cette autocritique. méme si elle esl tardive. Ben Bella condamne aujourd'hui ce qu'il a adoré hicr ct adore cc qu'il a condamné. A la suite de son au tocrit iqu.c et de ses nouve lles positions, dc ull de ses anciens proches coll:.bom te ul"lI, tou~ deux de tend ance marxiste, Moh:.mcd lI arbi ct Il ocine Zahouanc. se sont émus ct lui ont a dre ssé, le Sjuillel 191:11, une leure OUI'e rlC oil ils di senl nOI,lmment: N'avez.vous pu déclaré au journaliste du MOlin qui pos:iit la qUÇ$lion. que le • socialisme QI un.: idrotosic sans :wenir". Mais que racontez·vous S. Ahmcd? Que s'csl·il donc passé ? Quoi qu'il en ,;o;t. ~e résuhal est 111 : il p:lrail né;ccssaire dans \IOlfe SIrdléBIC actuelle de faire si1enœ sur \"O!fe aspecl. &:Iuchiste. CI au contraire de dialo&uef avec Ccl, intêgfismc. religieux qu; cn\"Q\itc aujourd'hui tes masses en mat de juslicCl .ocialc.

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Que ll arbi CI Zahouane sc soienl fa it, sur l'homme, au lant d'illusions que lIloi,même, il n'y a rien '-"elonnanl. Il esl bien vrai qu'en sonant de son tr.lgique isolement, l'ancien pré5ide nt de la Republique a lgérienne parle de l'isl am e l de la liberté en des termes nouvea ux, Nous a\'ons alors pensé q u'il ava it fini par mesurer la di mension de$ erreurs commises alors qu'i l détc, nai t tous les pouvoirs, En insti tua nt le parti uniq ue c t cn prona nt un socialisme S3ns liberté, il aY:li t fait du sta linisme, Du mernc: coup il ava it par,d ysë les forçes populai res monlan tes.. II s'é t:lit ainsi privé du seul oppui solide su r lequel pouvaient rc~r ct son autorité <:t le del'enir de l'Algé rie, En reflls:ln t la coopérut ion al'ee les \'ruis représen tants du peuple, il s'étai t lui,mi:mc eondamné à l'isolement ct ét~tit '-'even u une proie facile pour ses advc rS3ires. Mais le journal SatU fronlitrt du 26 mars 1982 nous a mon tré l'ancien chef d ' Éiattcl qu'il a lOujours cté, I. 'image d u musu lman magnan ime qu'i l veut donne r de lui,même n'cst pas créd ible. Il "e ut pa rdonner à tou t te monde, emTe :llItres :lUX har kis, m:lis il n'oublie P.1S, en revanche, de réserver sa hargne fi certains anciens cilmbaltants d u F.l. N, qui menè ren t le même comba l que lui, Sans no urrir les mêmes ambitions. Il leu r 311rÎbue surtout la cause de ses échc~'S.

Nous ad mellOns \'Olonticrs que Ren Ilclla puisse se considérer comme un • César. déchu. Ma is il aurait dû a lors, à l'exemple de l'empere ur Auguste, • renUer en lui,méme. pour di:couvrir les causes de ses déboires. C'cût été plus res~t:'lblc que d'insulter les mOrl$, à commen.,:çr par Ab.1ne Ramda nc, qui a eu le grnnd mêritc d'otg:lniscr ra tionnellemcn t noire iru;urrcction en lui don n~n t l'homogénéité, la coordirl:ltion CI le:; assiSC:i populai res qui lu i c taiem ncccssaires e t

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Ilui oo t assuré la \';eloire. Pour !Jen Bclla, ceHe bar.e populai re fut une crreu r, II écrit: Eh bicn ~ Fc,h ~ t Abœs a élé propulsé ,,"cc Boumendjel. cl 3"«; Froncis. 3insi que tOUle une équipe, ainsi que le cournnl ecnlr:llistc qui élaÎt opposé :\ Masali. JI' croîs que cc eour~nt ét3it d3nteTCUK, Entre Ics d.cux mon choiK 3 été r3il, j'él3Îi pour Il: cou ra nt m~"ste. T3nt que j'avais l'cspoir que MCS5<Ili viendrai t a>'Ce nous pour r~ irc 13 révolutÎun. Or ils sc sont trou ...és en m:USC au scin des OI'g~nismcs dirigC:tnls cl c'est justement çux qui I<Ont :tllb rJ;TC I;J. pai" 3Vec les FronÇ:t;s, 1':t.~'C que ,' banc n'3 ;Jm:lÎS rait p;lflie de l'O,S. {O.g:tn;S:tlion sptcialc J, parce qu'il n'a ;am3.is participt ~ un eomilé eent r~l, il n'" lroul·é .icn de m'CUA à fane 'lue de r~ire ,·c ni r la - racaille ", je dis bicn 13 • racail: le _. pol itique, je n'a i pas d'autrC5 mOI~ a dire, touS les rHormi~lcs. Voili!, pour mui, la faule d·Ab:!nc. Soit! Nous lIOnlrnes de la • racaille •. Ilen BeHa, $Cul. eSI gmn'-' seigneur. Il est bicn déplowblc qu'un ancieo chef d'État, faute d'envergure morale et politique, en arrivc il. sombrer, ainsi. dans la vulgarilé. Je v(lis ccpc nd 3nt tenler de répondre il un réqu isitoi re inspiré par le soul'enir obsessionnel de S3 déehé~tnce.

qu 'i l a él~ pressent; pour revenir au pouvoir. Qui a pu le solliciter pour cc rctour~ Il doit $avoir qu'il esl définitivement éliminé. L'Algérie ne revicndm plu.~ en arrière, <lU X :'Innées 1962·1965. :i ., l'époque où Ben lIel1~, par ses positIOns I]utranc"res, KS cxtrav:lgnnccs, a permis le coup d'Et3t de Ilou· mcdicnc. Si, en ces lemps,là, il avait eu la S3gessc cl le bon seM politique de grouper aUlOu r de lui ses compagnons de routc.les lJuudi3f.1cs ,\'it Ahmcd, les "rim, Ic.~ Bitat, et d'autres hommes connus du

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pr~leod

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peuple, Ilou mediene, cet inconnu des Algériens, n'autait p<lS osé tenter son coup d'État. Aujourd'hui il est trop tard, - le cas de Messal i ct du M,N,A. soule"é ic i par Ben Bella mérite d'être me ntionné, Qui ne con naît Messali en Algérie? En ta nt qu'homme, il a été courageux ct tenace, Polit iq uement, 5.1 première forma tion a été communiste, Ses ana lyses, au début , faisa ient réf~rcncc ;\ celle doctrine, Mais il a vite abandonné le marxisme pour l'idéal ar:lbo-islamiq uc , En 1943, il é tai t au bagne de Lambèse, J 'ai obtenu sa libération en uigea nt qu'il soit entendu par [a Commission des réformes er~~e par le gouverneur gé néral Peyrou ton, ;\ la suit e de la publication du .. Man ifeste d u pe uple algérien ... En sortant du bagne, il a pas.sé sa pre miè re nuit d'homme libre da ns mon appartement à Sé tif, Je peux donc p:trler de lui en cOnna isfoa nee dc cause. J'ai constitué, cn 1944, le mOUI'cment des Amis du manifeste ct de la liberté (A. M.L.), après avoir cu un long entretien a,'cc lui. Messali n'é tait pas hostile aux réformes, ni :'t l'évolution de l'Algé rie par étapes. Mais il était convaincu que la France refuserait tout c hangement p;lree qu'elle était prisonnière du ~ys­ tême colonial tel qu'elle l'a va it maintenu tout le long du siêcle. Pourtant il ne s'opposa pas li ma rel'endi· cation d'une République algé rie nne fédérëe à l:t Républ ique frnnçaise. Pendant toute celle periode, j'ai ass umé toute~ les responsabilités, Son pani étai t interdi t Ct lui en résidence surveillée. J'a i donc agi seul e n son nom ct au mien. Et lorsque , le 8 mai 1945, l'adm in istr.ltion colon iale mit fin à l'ac ti vité des A.M. L., j'ai été seul à supporter les CQnséquencl:.\ des tragiques événemenlS dc Guelma et de Sétif. Et e'est par miracle que je n'ai pas é té fusillé pour des émeutes fomentées à mon insu, par le régime colonial lui·même, avec la

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complici te de ce rtains p.P,A, A Sétif ct à Guelma les colo ns onl crié; • Abbas au poteau!· Les l'. P.A .. ~ux. ava ien t pris leur précaution ' . Dès 13 format ion des AM ,L. qui rcgrOOp;lient mes am is politiques ct le P.p.A .. je savais que le r.lssem· blcmen t de ces deux mOUl'ements compor tait des risq ues que j'avais acceptés, Il faltait 11 celle époque alle r au-devant des événements ct vivre dangereusement. Le moment était fa\'or.lble a u changement. En 1954, le processus révol utionnaire se dêvclopPl au trement. N'ayant p;ls pu s'e nt endre a\'cc lui, les mem bres du C. R.U.A. onl écnrtê Messa li. Le 1- M> \'cmbre le surprit. D'où 5.1 réac tion anti·F,L.N. ct la rormation du M,N,A, Aujourd'hui Ben Bella pla ide la cause de Messali ct celle du M,N.A, Mais, enfin, qui a conda mné Messa li en 19541 Et qui a ou\'ert les hostilités conue: le M.N.A.? Qui a fait em prison ner :lU Caire ses représentants, t-.l eleghna ct Chadli Mekki, sinon Ben Bella lui·même? II a fallu atialdrc la tonsti tution du G.p.R.A., en 1958, pour que ces deu~ militants soie nt li bë rés. sur notre dcm~lI1de. l es cc:ntralisles,les U.D,M.A. Ct les Oulém,ts n'ont aucune responsabili té dans ce dram e fratricide ct douloureu x. En 1962, il l'époque où je présidai s l'As.sc:mblée nationa le constituante, j'ai été de ceux q ui récla, maie nt un passeport algé rie n pou r Messa li. Den Bella s'y es t opposé, mais Mes5.1li ct les sie ns finirent pa r ob tenir leur passeport. En dfel, en 1975, maitre l:>CSehezcllcs, avocat parisien bien connu pour sa sympat hie (m'ers les Al gé riens, rendit visite à noire am bas5.1dcUf â Paris, M, Moh:lmed 8 edjaouL le brilla nt défense ur de nos comp:ltriotes, et en particu· lier de M es.~a li, expliqua que lui ct ~a familk ne S. t a plupul ok Ic~ .. cbers 'YlIi~nl ~lt .... nifoul ;O" dll .- m:li It<l S,

a,l'itn

Iorl; d. b

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dispoI'aienl, m;, ls ré de,; de'm,"de~ renoul'clées depuis 1962, d'aucune pi~ee uidenlilé a lgér ienne. Il pria r;lmba~sndeur Bedj;ooui dc lui fnire délivrer des P.lpiers a lgériens a la fois pour S:t lisfaire une dem .. nde légitime el pour lui cp;lrgner rhumil;at;on dc dCI'oi r quémander des pas.scpons :i un p,;lys élrange r. NOire ambaSS-;ldeur ma rqu .. sa surprise que, Lre;7.e ans après I"indépend;mee de rAlgérie, un hornrne qui a luu é pour lidemilé de son p:t)'S n'a;t ]las réussi, p.1r;odo~alemenl, il obtenir une identit': pour lui-même. li é lail en cffCI c lair que J';oelion politique de Messali il 1.1 tête du M.N.A. ne pouvait crracer ni faire oubl;';'r les années de IUlle ct les souffrances endurëes dur.JnL dcs années pour la cause 31gérienne, être un prétex te pour lui re fuse r un pas..~port. L'amb.ls..~deur priL donc liniLiat;l'e d'établir les passeports demandés cl en informa Boumediene. Celui-ci approu .., cell e init ia li,·c. l'lus tllTd , lorsque Messal i tomba malade, un proche de sa famille, le Pr Am:!li Solri, yinl :llerlcr notre amb.:ass.ldeur en se faisanL l'interprèl e dc la fumille du malade. Celle-ci souhai ta it rapatrier r nncien présideTII d u P.I'.A. pour qu'au moins il rcnde Ic dernier soupir dans son pays. l a aussi le colone l lloumcdiCIIC. saisi par l',,mbass<,deur Bcdj;loui. ne fil a ueull<: dirrlCullé pour donner son ac(.'Ord. Cependant, la famille renonça à transfércr le malade cn Algé rie, sur les conseils de ses médecins trailants qui pcnsaiclI Lqui l ne pourrai! rccc I'oir loin de Paris les soins spécia lisés qu 'exigcai t son état de san té. Messa li nM.luru, il l'aris le 3 juin 1974. dan~ une clinique du V' arrondissement. II rut cllterré. selon son vœu. à Tlemcen. sa ville na lalc. Si lien Bell a aY;lit fail preuve de compréhension ct de générosité de cœu r cn 1963. la rin de Mess.1li ;Iurail pu se produire d:lIls d'autres COfIdilion$. JI est 192

VJ;n a ujourd'hu i de sc recudllir sur sa tombe qu~nd, de son vivant. on s'es i refusê, alors Qu'on en a vai , la possibil ité. d'illuminer ses vieu~ jours d'un peu de joie. En ce qui concerne les ancicns mcssalistes, Bcn Ikl13 semble ignorer qu'i ls onl déjà êté rêhabilités. Chaùl i Mekki, pour ne citer que lui. est un haut fonctionnaire de l'ÉducatiOn nationale. El c'est bien a insi. M:lis dire 'lue le M.N .A. pouvait coexister avec le F.L.N. CI mencr su r le lerT3in le m<:me combal que lui CS Lune abcrT3tion. Celle analyse des faits démon· tre l'indigence inte ll ectuelle du prétendu. révolutionnaire". Nous ne :;amInes p,;ls en PalCS Line oû les plus importantes forces combaLlan les vivent hors du Ler· rÎloire national. Elles peuvent donc se concerter et coordonner leur combat. En Algérie, les forecs vives de lillSurrCClion étaient, il nntérieur. réparties sur un yaste territoire. Il éW;L esse ntiel, ;ndi~pcnsable. qlle l'unité dcs moud· jahidine ct celle d u commandemenl soient rêalisec:s. L'insurreclion ne pouvaiL p:t.~ cLre bicéphale sans compromettre son succès. Lors de !"indépendance, malgré l'u nilé du F.L.N. ct de l'A.L.N .. l'Al gérie a été menacée d';In:lTchie. Si nos forces eombnltantes avaient ~ Ié soumises il deux é tats-majors CI il deux formalions de combattants, c'était, il coup sûr.• la congolisation" de notre pays. Le malheur n·aur:l;t pas mallt!uê dc nous fr.l.pfll:r. - Quant il ln nlOTl d'Ab.lIle Ramd a ne CI à celle de mon nCI·cu. AII.:loo3 Abbas. clics on l été Ioules deu:( des .:lS53.ssinaU eT3puleux, motivés pa r lu haine que les analphabl:les vouaient il ccux qui s,1vnicn t lirc et écrire. la jalousie CI l'cnyie onl été les deux maladies de l'insurrection algérienne. Elles sc SOnt . hélas! répandues dans 10US les maquis, CI cela n'étai t pas nouveau, car, au cours de son hisLoire. le Maghreb a toujours décapité S3 société en supprimant ses clites

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J'IOUr rcx:ommcnccr du début. C'es. pourquoi il a S'"gné, sans jam~is prllgresser. Mai~ le: crime ~ •• oujours aceompagné de l'hypocrisie. Les colonels 'qui ont conduit Abane à la mor. , comme on conduit une: bête: à rabaltoir, lui ont réscr.i dans le journal El Moudj(lhid, du 29 ma; 1958, unc omisen funèbre digne d'lin gmnd héros. On as.~ssinc I;'tehement un compagnon de route, ensuite on l'encense. Aujourd'hui une des plus belles rue.~ d'Alger porle le nom d'Abane. Oe sen cô.é le gou•..:rnement vient de IKIptiscr de SOfI nom un des plus b!:;lUll pétrolien algér iens. Autant d'honneur que S($ assassins ne connaitronl p:lS! Un au tre inte lleewel a railli subir le même sorl qUI; le resrcllé Abane. Il s'agil de Mohlmed Harbi, aUaché lU cabinet de Krim , ministre d es Affaires cxu!rieurcs. Celui-ci l'accu~ de tenir des propos mall'cillan\S ct subvcnifs cl prit Il décision de rcn."()"er aux frontières pour ê tre j ugé. Nous savions cc quc ccla youlait dire. Le colonel Kan m'aler ta. J'eus al'ec Krim un long entret ien c t je nnis rar le calme r. " sc contenta d'envoycr Harbi en mis.~ion, en Afrique noire. Mon neveu avait fait son devoir d'Algérien, en ravitaillant en médicaments ct en argc nt la 2' 1.one du F,l.N. A l'indépendance, ceux qui avaicnt rcçu ses dons purent témoigner. La haute commission des 6. Cc .mm<: fUI l'",uvre du lriymvi"'l - K.im. Doo ...... r. Bcntohl1. Ca trois colorl(ls pellA;"nt dtil ~ impo5<"' leu. dictalu.e .u. la d~lt8at ion ult.ieure du f .LN. CI. pa. ,"Oie de constqUCII<:C ...... la . tvolulion alt:t.ienr.c. A a: IIIOmmt·tl, je m<: trou,,,if;' MO<ILrcu~. 31it~' b JUile d'un K"'~ ~ccident d. voilure su"cnu au ~l3roc d:lns ru· ....... A~ne m. l<1tpllo..:. d~ Tunif; pou r pr.ndre d. mes lI0II'.., ..... 1\ m'annonç:a >:II vi.ile • son .. tOUr de R~~I. Il fYI ~s.sa..,c;nl il son retour l TllOUu. le:< circonstaftCCl de sa mort nie fu.enl conLé<:s par Mebri el ~r le colonel Che.i f Mahmoud qui tiSQt~. impllis$.:lnl, , $1/1 fin.

espagnol •.

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anciens moudjahidine le rc:habilita ct lui allribua le titrc dc Chahid. J'ajou tc que CCUl! qui on t ordonné son exécution occupent aujourd'hui de h:lutes ronetions lucratives. J'ajoute encore quc tuer un innocent, père dc quatre enfants en bas age', pour sc venger d'un ancien adversaire politique es t contraire a la loi musulmane, à toute morale ct au~ grands principes au~que ls Be n IkUa sc réfère aujourd·hui. Lor§q ue Ben Bella prétend que mon neveu a été • liquidé • pour mef(J;r~ /Q;r/', il dit une con trc véri té gm;s ihc. l'ourquoi me faire taire pu isq ue, dès le 1" novembre 1954. l'U.D.M.A. avait pris la défense du F.l.N .? La raison in\'oquée par Ben Iklla est pour le moins C:llomnieusc. Si le maTlyr Oma r El Kama était toujours vivanl, il aurait pu dire, aujourd'hui, qu'a rartir de janvier 1955, j'é tais en reblion a"ec nos moudjahidine ct qu'en avril de la même année, il a C<If1duit chez moi Ic regrellé Abane et le coloncl Ouammnc pour un échange d'idées CI pour me dCf11anùer des seCOUf!i nmtéric1s que je leur ar[lO rtais. Le colon el Ouamrane peut cn témoigncr. Le grand mérite de l'action d'Aban e est, préc isément. d'avoi r mobilisé le peuple pour un même comba t. 11 :1 élé un coordinateur intelligent ct désintéressé. Il a vite compris que J'insurrection ne devait pas rester la • propriété des révolut ionnaires. du C.R.U.A., sous peine d'êt re étouffée. Le Congrès de la Soummam, qui fut son œuvre, donlll à ecUc insurrection une dimension nationale. Ceu~ qUe Ben Bella appelle .Ia raC:lillc., Ics peti ts, les eomballants 7. Son

par son père, le capilaill<: 7..cbiche, se de ses enfants. Ccn .. i. après da ~ tudcs SlIph;"ures. Ott_penllous des rOfK:lions Itonon.blcs. Si leu. père ~pOII$C. aid~.

ClCll>UCflI ll'td~ca\ion

tui, cn-c:ore de a: monde il SC"';t n •• d. ses .nr~n1S comme.il: le $II;'

moi·même.

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anonyma, entr(:rent dans la bnt"ille sans arrière. pen~e el sans calcul. Ce sonl eux qui 3ssurercnt 3U F.L.N. sa llieloire. La cenlmlisles, les U.D.M.A. ct la Oulémas sonl fie~ du rôle qu'ils onl joue:, fien. d'3vo;r r;tllié la • I1Icllilte. populaire pour le combat libérntcur, Aucune rau$SC analyse ne peUl enlamer leur mérile ni celui du ma lheureux Ab.,ne. - Il n'esl pas ae«plablc que Ben Bella accus;; les centralisles, les U.D.M .A. el les Ouléll1.:ls de son isolement, S'il est resté seul, c'est p.uce qu'il a maoo:uII/'é pour le reste r. En 1962, il poul'ail aussi bien rormer un gouvernement d'union nat ionale alite la pa rticipation de ses compagnons de prison. Qui a écarté ceux-ci du poI.Illoir? Ce ne sont certainement pas les cen tralistes, ni les U. D.M.A., ni les Oulémas. Au moment où il a ordonné l'enlèllem.:nt de Boudiar. j'ai protesté en tant que pr6iuent de l'Assemblêe nationale, Mais Medeghri, alors minislte de l'Inté· rieur, qui avait reçu ma protestation, ignorailtout de cct enlèvement. En vérité, Ilen Bell:1 s'est trompé sur son propre com pte. Il n'avait aucun mérile particulier pour représenler l'Algérie en guerre ct la gouve rner après son indépcndnnce, Sa renommée a c:lé criée de toutcs pièces par les f:gyptiens, les Français CI les Muroeains, C'est leur presse qui l'a monlé en épingle et en 3 f3;t une· vcdcl1c". Les Frnnçais, par exemple, nprès le détournement de l'avion qlii IrnnS]lOrtail nos ne:gocialeurs de Rabat il Tunis, om parle: de l'avion de • Ben Bella ". lis aurnicnl aussi bien pu parler de l'avion de Khider, de Boudiar ou d'Ai\ Ahmcd. Cclle publicité lui a donné l'illusion qu'il était au-dessus des autres. Ce fut unc da causes de sa raillite politique. Si Sen Bella 3vait êté guidé par un pur ",'triotisme, si son em'crgure poli tique :l\'ait été de taille et s.a personnalite: plus solide, il aurnit pu 1%

répondre il. l'élan et il l'attente du peuple. Il aurail su trouller 1:\ voie de b solidari t ~ nationale ct de la eoopêJ';l tion a,'cc 1c5 forces populaires, Mais, faute de s:woir goo"erne r ou de s.woir ~pprendre à gouverner ~vee les aut rC$. on devient démagosue. Est..(!e les c.:ntr.l listes, les U.I) .M.i\. uu les Oulémas qui ont contr~ int, par exemple, Ait Ahmed à créer le· Front des forces socialistC5. et il reprendre le maquis flOur conquérir son droit à la parole? Par a ille u~. est-ce les centralistcs. les U.D,M,A, ou Ics Oulém:\s qui onl mobilisé notre :\rmée contre cclle m:llheureuse Kaby· lie <lui av:lit déjà tellerrn:nt souffcrt pendanl la gue rre? Son exécrnble politique ne s'aH\;ta pas là. Pour éteindre l'incendie de [a Kaby lie. Ilen 8<.;lta n'avait rien trouvé de mieux que d'ntlumer un aUlre incendie :\ la rront iè re marocninc, Esl-ce les centralistes, la / U.D.M,A. ou les Oulémas qui lui ont suggéré celle dil'cr$ion criminelle? l.c colonel Ch:iabani, ancien élèlle de l'institut Bcn Ibdis, a été sca ndalisé p,1f le rêgimc prosoviétique que Ben IIcHn avait imposé au pays, 1':lrcc qu'il l'a dit ~ h:lule ct intelligible voix, Ben Belta l'a fait arrê ter cl ass.1ssincr par ses sbires. Ce crim e 3·t·il été eomUlis par les centra listes, les U.D.M,A, ou les Oulémas? En vérité, dans le journnl San:f jrQnlii:rt Ikn Betb a remué les cendres de ses méfaits. Ne valail·i! [las mieux sc Inire ct 13issc r les morts dormir en paix'! Ben licita donne pour orisine nu différend qui l'opposa il l'état.major au G. P.R.A. l'affaire de l'avia teur frJnçais tombé en tcrritoi rt tunisien. ContrJiremcnl à s.a version cet avion n'3vait participé li :lueun bonlbardemcnt il la frontière tunisienne. Nous élions très loin de l'affaire de Saliet·SidiVouee r, C'était un avion de reconnaiss:lIlce qui a commis l'imprudence de s'a pprocher lrop près dc 197


nOlrc camp d'cnt raÎnement, \:ommandé pa r Ic capi, t:line IIcnabdelmoumcnc. Celui-ci fit ouYrir le feu. L'aYion fut touché et tomba en n,lmmes ap rès que son pilote cut saute en parachute. L'incident CSI suryenu à l'i ntl!rieur du territoire tunisie n. Que Bourguiba ait voul u récupé rer ccl aviateur n'a rien d·ctonnant. Il nous le réclama, en él.:ha nge des grands servkcs qu'i] nous rend;,it chaque jour. le G.P.R.A. donna son accord. Nou$ donnâmes l'ordre au chef d'état'major de nous rcmcure le prisonn ier. Il nous opposa un refus C:l tégorique Ct mcnaça de le fai re exécuter. l e G.P.R.A. en délibér:l ct envisagca de faire arreter Boumediene, avec, s'il le fallai t. l'appui de l'a rmée tunisie nne, CQmme cela s'étai t produit pour l'arres ta· lion du colonel Lamouri en 1958. C'e.~t :\ ce moment que fai pris sur moi [a respon.sabilité de reneOn trCf Boumediene et de lui faire entendre raison. J'ai toujours été cont re [es solutions exucmes. Les minist res me donn èrent un délai dc vingt-quat re heures pour troul'er une so[u· tion !XIcifique :\ celte arr"ire. Je me suis rendu de nuit à Ghardimaou. Boumediene rn 'auendail. Il dél'cloppa ses argumcnts, je lui opposais les miens. La di sc ussion dura jusqu'à 2 heurc.~ du matin. En fi n de co mpte, Boumediene céda. Cc qu'il faut voir dans cc conflit, ce n'cst pas le cas d'un aviateur. Le sorl à rése rver au prisonnier n'était qu'un prétexte. Nou~ étions dans la dernière phase de la guerre d' Al gé ri e. L'état·major ct son chef vou· laient n'C$urer leu r force (3ee à celle du G.I'.KA. Il ne déplais.,i t pu à llou rncdicne de nous mClITe à genoux. Il jouait déjà son propre jeu et espé rai l conquérir le poul'oir en se servant de l':,rmëc des frontières, de l'armement et de l'argent que nous lui avions fournis. Il est inutile de chercher ailleurs les misons de SOlI au it ude. t 'affai re de l'aviateu r prë fi·

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Burai! d'une manière ée13tante cc qui devait sc passe r en j uillet 1962 et le 19 j uin 1965. _ Et j'en arrive à re.~scn tiel ct ~ l'actualité: le problbne de l'orien tation poli tique du pays ct celui du parti unique. lien Bella, me dit-<ln, cst dêsormais installé cn Europe. Il préside 13 Commission musulmane des Droits de l'homme. Grand bien fasse il celle Commission! S'il s'cst rcconl'erti !l lïslam ct s'il sc révèle un chaud p.:lrtiSln des drui ts de l"homme. nous en sommes très heureux. Mais autan t que je m'en souwie nne, il n'cn a p.:ls toujours été ainsi. car on ne peut oublie r que, da le début de l'Algérie indcpendante, il s'es t jeté dans les bras du marx iste Fidcl Castro, ~ tclle enseigne que Mœcou en a fai t. en t3nt quc cher d'État. un ami pril'ilégié. Les ee nlralistcs, les U.D.M.A., les Oulémas ont été étrangers il l'În:;li tu tion du pMli unique, cc !XIrti qu i a ai dé à supprimer LOUle liberté d'expression. la vérité est quc lien 1Ic1la a êté le démolisse ur de l'union nation~le réalisée durant les eombals. S'il avait su un ir au licu de désu nir, le sort de l'Algérie aur;rit pu êlre différen t. S'il av,Lit donné la p;rrole au peuplc, s'il 3va it respecté Ics droits de l'homme. s'il aV3it (lppelé le peuple au Iravail ct à l'effurt pour répare r Ics ruines de 13 guerre et former les eadre.~ qui manquaient terriblem ent, "Algé.ric n'3urait pas connu de d6>illusions ni de coup d'Etat . • L'histoire a toujou rs le dernier mot·. pour reprendre 13 propre expression de Ilen Be1l3. ~13is nous ajoutons que, 1'. ordre de Un ine. et la • médai lle militaire. qu'il a gagnée il Cassino sous les ordres du général J uin n'ont pas, dans le destin de l'Algérie, le poids d'une sc ule goulle de sa ng de fIOli ehouhada. Voilà ce que retiendra notre histoire. les élucubra tions de l'ancien président de 13 Républiq ue ne cha ngeront rien à 1,\ vérité. ~'''Igérie nou\'elle es t

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née ",uand le s.ang des maquisards a coul':. El c'est une lourde erreur dc l'atLr ibue r t. l'O.S. ou au C. R.U.A. Certes, ils ont pris lïnili:lIil'c d':lIlumer le feu . Mais J'ince ndie n'a pu se prop;!ger que gr:ice à l'adh ésio n dcs masses, à l'ac tion des intcllcctuels ct ;i Icu l'$ sacrifices, CI C'CSI pa rce que la • racaille", e·eM·à-<lire le peuple, le maq ui sa rd inconnu, est entré dans le com bat que la victoi rc a élé possible. Il faut croirc que les vr:lis combauams p!.!nsaie m autrement que Ben Bella. Au Congri:s de la Soum· ma m. du 20 aoùl 1956, les orricie l'$ cl rc.~ponsablc::s du F.l. N. m'ont dés igné, avcc d'au tr.:s U. D.M.A. ct d'aunes cent raliste s. pour siéger au Conseil national de la révolution algé rien nc (C.N.R.A.). En 1957, ces mêmes rcsponsablcs réunis :Ul Caire m'ont élu mcmbrc du Comitë de coordination cl d'exécution (C.C.E.), de mçme qu'ils avaie nt élu :IU Congrès de la Soummam deux centralistes. Ren Khedda ct Dahlab. memb res de cct orga nisme. A la même époque, j'eus la miss ion de p.1 rçou rir l'Amérique du Sud. l'Asie ct une partie de l'Europe pour expliquer les raisons de la guerre d·Algérie. Je l'aiaecomplie sans me dépa rt ir de ma mod':ro tion. car celle-ci, en p;!n:îlles dreon.~l anccs. es t supérieure fi la violence. Ben Bella m'a fé lici t': des résu hats obtenus ' . En 1958, le C.C. E. m'a placé ;i 13 prësidence du GClUver nemenl provisoi re de l:! Républiq ue algé rie nne (G.P.R.A.). Le Congrès du C.N.R.A. m'a maintenu à cc poste de responsabi lité jusqu'à août 196 1. Ce sont là des témoignages de confiance que les injures de Ben Bella ne peuvent ternir, A l'i ndépendaocc mes collègues m'oot j'IOrté à la préside nce de J'Assemblée nal ionale çonstitua nte. C'est ~ parti r du jour oÏl les droi ts de l'homme ct les libe rtés ~ nt icllcs du eiloyen ont élé violés pnr une 8. VDÎr

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~nM.e

II.

Constit ut ion 101 3Ii t ~ire, êlaborée dans un cinéma jXlr de~ acol)·tes de Ben Iklla, que f:l i donne: 111:1 dêmisSion. Je sais que beaucoup de choses n..: vont pas bien en Algérie ct je l'ai éçril. Je sais que la démocratie CSt ab:.ente ct que les droits de l'homme sont méçonn u ~. Mais cc que J'opinion nationale ct interna tionale doi t savoir, c'cs t que [len Bella. premier présidenl de la R':publique, CSI le seul CI indéniable reSj'lOnsable de la situa tion de j'IOurrissel\lenl où il a engagé le pays. C'es t Ben Bella qui a éliminé l:! dêmocr:ltie ct la libert'; de nOlfe P.1yS. Et du meme cou p il arrêta un éla n rénova teu r.

••• Un pays soumis depui s un siècle au ré~irne çolonial se heur te il de grandes difficultés lorsqu'il accède i\ l'indércndance. Mais renlplace r une coloni!'1lion p.1 r une au tre forme d'(ll iénalion êehnppc 11 l'entendement. Sous J'occ upa tion fr,lnçai se, nous avons été sous la menace d'un danger mortel. Cc danger a été r/'liropfonisarioll de notre P:Qs. AÛ lcmps de Bcn Bella et de Bo umediene no us avons été sous 1:1 mcnaee de la sOI·ifriso/iQlI. e'est-à-<lire d'une autre forme d·· européa nis,1 Iion . de L' Algérie. Chacun sai t que le dessein a"oué de la eolonis,1tion fronçaisc, celle de ses g':néraux CI de ses hommes politiques. a été d'implanter en Algérie" ;i 5 millions d'Européens CI de nous domestique r pour des siècles, comme cela s'est fai t po ur les No irs de l'Afri que du Sud. Nous dûmes subir le poids de celle criminelle entreprise. Ce fut pou r nous urie lon!ue tr:tl'el'Sie du désert. ,\ u régi me du sa bre pratiqué par les gênér-,lux succo:da le - talon de kT. des communes mixles et des territoires du Sud, l'ind igéll:l t. les tribuna ux répro,:ssifs, les trib unaux mililai res. le code forestie r, les l'\.lUrS crim inelles, cte.

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J'ai été témoin, en pa.rtic, de cette période. la condition de l'indigène était si misémble que l'homme se conrondait quelquefois :avec la bête. l'humiliation était notre lot. En 1912j'ai vu un jeune administrateur de commune mi~ te gine r un vicill3rd, Cdui<i courba la tête CI s'e n alla. Les Inrmes coulaient sur sa barbe blanche , J'ni vu bic n d':lutrcs choses qui appelaient à la révolte. Nous vivions entre les brimndes ct Ics injustices. Mâh les cnlrëj;ilscs humaines les mieu~ conçues $On t so uvent déjouées par le cours imprévis ible de l'histoire. La France n'avai t pas d'enr:lnts à envoyer en Algérie cl malgré l'appert des étranKers nous n'avon s pas été submer, gés. Les 5 millions prévus sc sont traduits en un ehirrre dérisoire. 900000 Européens environ. y com, pris les Juirs d'Algérie naturnlisés rrnnçais. De leur côté, les mu sulmans, au lieu de dépé rir devant l'œuvre coloniale comme les visionnaires colonialistes l'al'aient prévu, survécurent et progressè, rent. Ils surent s'adapter aUll n.)lJvelies conditions de vie, r~ce à un régime qui leur était hosti le. C'cst ainsi que l'Algérie échappa au péril dont elle avait été men:lcée. Mais comme en Arrique du Sud, les Européens détenaient tout le pouvoir, Ils avaient en ma in tous les leviers de commande et agissaient au gré de leu rs intérêts, ignornn t les droilS du peuple colonisé. Avant l'insurrection du 1" novembre 1954, ce peuple, aidé par quelques libërnu~ rrançais, tenla pacifiquement d 'ouvri r une brèche dan s le bastion colORiai. En contournant les obs tacles. il avait choisi le terrain du droit, pour IUller ct eomballre les lois qui l'upprimaient. Ce chemin de la rel'endiea tion pacifique rut également long, Il s'échelonna su r plusieurs générations. Ourant plusieurs déeeRni es, les musulmans revendiquèrent, mais en \/;lin, le droit de VIVn: dans leur IXlyS, {I l'égalité avec les Fra nçais

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résidents, Des hommes surgi rent de 10US les miiieull pour protester Ct conteste r, .comme , le Dr Moussa, ou M'hamed Ben Raha1. Victor Splel, m:lnn, Djilali Taleb, Ali Sab, S:l rer, Kaïd Hamoud, maître l-I3dd ou d, Lamine Lamoudi, lIadj Ammar, Khclef, l'émir Khalcd, le Dr Bcndjclloul, Tahrut, Z~nna ti. les Oulémas (Cheikh Ben Radis, Cheikh Ibrahim;' Cheikh El Okbi, Cheikh El Mili, Cheikh urbi Te bcssi), Allaoua Ben Loonissi,le Dr Bentami, ttc .. rurtnt des militantS valeureux, Leurs noms méritent d'être connus, Déjà au debui du siècle, lorsqu e, en 1903, le Cheikh Abdouh, l'éminent proresseur d'El Azha r, vi sÎta l'Algérie, il provoqua chez les élites musulma' \ ncs de l'époque de grandes control'erses sur le sort de l'Algé rie et le devenir de l'islam. Dans la revue Studio fslan/ica. Rachid Bcnehcrocb' résume ces contrm·erst$. Je reproduis ce résumé pnrec qu'il démont re que depuis des déecnnies l'opi, nion musulma ne en ,\lSérie était atlentivc à cc qui se pas,'i.lit il travers le monde ct cherchait il sortir nOIre peuple du ghe llo colonial.

socia u~

l a première tendance group.:!it des Cheikhs, irr6'~rcn, cicusc:mcnt surnommés les· cnturban~', rC3pc:CtuCUx de la tradition a rabo-i~lamiquc dont i~ n'admellaicnt l'êvolution que daM dcUl domaines : su r le plan reli, gieu~, ils d~oonç3ient les innova tions impies (Md"). les sUJ'ICrstitions CI k: culte des ja;nlS ct, en ce qu; concerne l'cnsci"ncment, ils preconisaient une rHorme des mcthooes appliqu oXs dans IC!> 1Muias ct les ~coIes cor:aniques. Sur ces deu~ point.s, ils étaient d'accord a"ee le Cheikh Abdouh. Parmi les plus représentatifs, il con~ient de citer : M oh~med Ben Za~our ct Mohamed lIouqandouT1l, 9. I(~chjd Bcnchencb est le lils du P, MQhuncd Iknchencb de L1 faculté des !cUles d'All er.

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Mupht i Male kite ct tI ~nafite d·A tg.:r: Abdet Ihm;d BensmJ)'a. ,\bddkad cr El Madjdjaoui. Mohamcd Saïd Ibn Z:l kri , tou. trois professe urs de ta médersa ,. officiclle d'Atget: Ali Ilen El Hadj Mou~, eonscrv:&. teut du s;ln<;tuaire de Sidi Abdcrrahma ne El T:i.albi. La 5«'000ç tendance étail rel'n!scnt':e p;lr un cert~in n<)mbre d'intellectuels qui, ayant pris I:t mCliure de leur modcrn il t , éta ient décidés à juuer le jeu de leur temps ct cr<lyaicn t en l'avenir de l'islam. Ils f'\'ll5<Iient que Ie.~ valeurs qu'ils i nC3.r"'1i~nt - l'iden tité ;t rabo- i$lamique, l'i nitiative, la foi dans le progrès _ Wl"rc>poodaient aux aspiro1iollS du f'\'uple alg':'ien. CClle C(l1IÇ~ption d·un i JI ~m rén<),·é trndui t le S(lUci Cl l'cspoir de ec~ hommes devant la poss ibilité d'accéder 11 la eivilÎl;:l lion d'aujourd·hui, de jouir de $ÇS bienfaits. s.J1lS rellOncer pour autant ~ k: urs intimes CO<Ivio,;rioru; de musulmans st ricu mais ~dairh En ce~" ils étalcnt encore plu proches de Cheik h Abdouh. Les plu s importnnts d'cntre eu~ étaient Moh3mcd ]jen Mustaphn Den El Khoudja, plus connu sous le nom de famille de Chei kh El K ant~ 1 ou le surllOm dc Cheikh AI Mdattb.:!, im~m il la mosquée S:!fir d·Alter; Ibn Dali o\13"moud [kn AI Ih dj Kah houl. rédacteur du ;oorll3l ofli<;iel 1:."1 MufuC"hrr ct "'OUdUfl"l" à la grnndc mùS<.]uéc d'A iller; MU S1aphn AI Charclmli. professeur 11 la médersa d',\lge r, Abd RCU."lq AI Achtef, radi à la ",ohok",o " fn3lékite d'Algcr: M<:Ih~med Ikn Chencb, professeur à la méde1$3 el cha rgé de C'OtI~ à l'~'colc des leures d·Algcr (futu re faculté). L.a 1 roi~ième tendance C(lmp renai1 dcs IIQta bles ct dcs per:oonnllitÇs ~ v/.llu écs de forma I ion ; nl~8 r~ I~ ment occi· denta le, l cs uns étaient p:trtisans de l'ns.similation t<:ltale, Ic$ autrcs faiSlltcnt cam p:tgnc en fa.·eur de libertés plu' élend ues cl de l'aecès dcs musulmans au~ emplois p"blics, Tous rel·cndiqu3;cn t le dhcl0pf'\'ment de r;n~truc1 ion frnnçaisc CI du progr~ soc ial. 10. (,çoIc ooruiquc, I I. " ....;BRinl ,digieuL 12. Tribv.ut,

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Pol itiquement enllagé, ce ttOUf'\' rcprhcntai t 13 \en· dance fran cisée CI e'est al·ce trois de ses porte·parole que le Cheikh aurn Une vive di scussion. l'atmi les plus ac ti fs, on ci tera Bclkaccm 1lcntami. mMccin: Ahmcd Houderb.:!, avocat à la cour d'apf'\'1 d' Alger: Ahmed llen Drihmat. inte rprè1e militaire en Tl:trn;tc, lOlOS trois de statu t civil français ; ~Iamd a n lIo urkaib , lI ammoild 1I0ualem, notables algét<lis. Mais, cn 1903, ces te nd:tnces n'é taient pas \elle· ment e n guerre les unes ave<: les au tres, Rac hid Iknchenc b fai t observe r que. pou r tOuS, la langue est un des ~ Iéments pri vi lég ié s de la civilisa tion arabo-islamique, son image de marque, ga runle il la fois de son originali té et de son :luthenticité; bref la langue , C'CSI la national ité " C heikh Abdou h se tiendra su r la réserve. Une se ule fois, il porla la co ntradiction il Ahmed Ben Brihm:l t .• [1 reprochera, écril Rachid Iknchcneb, à son interlocut eur ct à tl'"Jvers lui, a u~ évolu és de renoncer à leur pcr.sonnalité cl leur ide nlit;: (dhâfi",o) en c hercha nt avec les Européçl1$ d 'Algé rie une assimilation impossible. 11 es time en dfet que les mu su lmans algérie ns ne «! ro nt jamais des ci toyens fran çais à pa rt cn ti ère, même s'i ls nbandonnaie n t Jeur slatut civil personnel . • Mais <;ctlc troisiè me tendance ne fut pas sui vie. Ceu~ que nous .1"'011$ appclfs les • naluralisés. ne dépassè rent pas, en un sièc le, le chiffre de dix mille: âmes. 53ns les meUre en qU3f:lntuinc, 1.1 soc::iélé musulmane désapprouvait ehc"!. tux .. abandon du Slat ul personnel mus ulma n. En 1912. le: 5C rvice militai re: obligatoire rut imposé ~ tous les Algériens musulmans. Et la guerre de: 19 14-1918 vint accélércr la marchc de l'histoire. Trois cent mille: musulmans a lgé ritns t rove:~rcnl la Méditerronée:. la découve rte d 'un monde difrérent de celui de: la colonic. aussi bicn sur le plan du cont~ct M

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humain que sur le plan de l'ordre !KlCi.1I, provoqua le réveil des masses colonisées. L'indîs~ne. élcl'é nu r:tnS d'un homme en méuopole. ,cru$;l de plus cn plus de rel'c nir à $;1 coodi lion de s ujcl dans son p.:lys. Dès la nn de la suerre. l'émir Khalcd pclÎI-riIs de l'ém ir Abdelkader. CI a ncien omcier de l'armée frJnçaÎsc. a crislallisé autour de lui le m()\JI'cment rcvendic:nir d es mu sulmans. 1~lu conseiller sénér;!1 CI délégué nn:mcicr, 11 ~Iaborail en 1922 un prog ramme de poliliquc indig~nc en di~ poinls. D'une grande modération, il aurJi l pu circ le point de départ d'un changement progressif du s)"5tême colonial en Algérie. Le voi-

ci: 1) Reprtscnlalion 3U Parlement, fi proportion épie 31'ec les Europtcns d·Algtrie. 2) Suppression pleine e' entiere des loi~ ct mcsurcs d'exception, des ttibunaux de réprcSliion. des ~"Ours "imirn:lles ct de la su rveillance adminislr:Llil'e, avec applÎcatioa pure: CI simple d .. droil com ..... n. J) Mêmes eha'ges ct mêmes d,oits que les F",nç3;~ en ce qui concerne le service milimire. 4) Açassion pour les indigènes algériens à 10U5 les grades civi ls ct militaires, salIS 3Ulrc distinc tion qu<: «Ile du mérite ct des Côlpacitt5... 5) Application int/:grale au~ indig/:nes de la loi sur 1ïnstruction publique obli83wire. al'ec lib<.:rté de l'enseignement. 6) Libert/: de: prçSSç ct d'as.socialion. 7) AppliCôltion au culte musulman de: la loi de ~para­ tion de I"Égl i!iC ct de l'El at. 8) Amnistie gfnfmlc. 9) Application aux indigenes dc:s lois S(l(:iales CI ouv,,/:~.

10) Liberté absolue pour les ouvriers indigi:œs de sc: rendre: en Fr:Jnee.

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A un cerlain ~gard c' vu 5.1 popularité, sa mod~· mtion et le nombre d'élus qu'il avait groupés ,lutOUr de lui. l'émir lI uroit pu être l'interlocu teur souhait able ct valable. Les colons pouvaient fa ire al'ec son programme un grand pas en avan' d;tn s la voie du renouveau algé rien. L:l • grosse colOfiisation. ne ra pas compris. clic uigca son départ en exi l en 1(2). t.'émi r ne rcparu' qu'une seule foi$ en France. En 1924, il cau,ionna à Paris la création de l'Étoile nord·africaine destinéc, dans $On e:spri!. à $Oustr.sire les émigrés nord·africains fi t'emprise du commu· nÎsme. Après son départ en exi!. les jeunes intcllccluels ct les élus indépendants prirent la relève. Lc mouvement revendica tif s'accentua d'année: en année. Il cspérni l un changemen t à l'occasion des fêtes du «llIenairc de l'Algérie fmnçaise. Elles n':tpportèrent rien aux musulm:lL1s, CI au contraire renforcèrent I:! puissance des colons. La mc:tropole: avait mis à la diSpo$ition dc la colonie 1SO millions de francs dest inês aUl( o:uvrc.~ sociales d es _ indigêncs _. Les colons refu sè rent cc crédit sou~ prétexte qu'il portait alleinte à l',tutonomie financière de l'Algérie. l)ç son côté le gouI'crllCment gênéral dépensa beaucoup d'argent pour raire défiler fi Alger ct dans les grandes ~illl!S d'Algérie les soldais de Uugcaud et de Saint-Arn;tud reSliuscÎtés. don' la vue mi, ;IU d~poir les maSlies mu su lmanes. Cc ccnlcnaire. fê,é par la colonie: fr:a nçaisc:, fut le début de l'cntrée cn action de deux organisations musulmanes de combal. A Paris l'Étoile nordafricaine passai t entre les mains de Messali Hadj. Celuiool;i romp.:lÎt al'ee le Parti eonlmunistc r r:ançais ct orien'a les émigrés algériens vcrs l'idéal ar:aooislamique cl !"indépendance de l'Afrique du Nord. Ou l'Ôté tunisien e' marocain. les étudiants pa,ta2{)7


geaient le rnëIDe idéal. Le Néo-I}estour M US la di rection de Bourguiba en tra it en scënc, CI les é tudiants marocains sc regroupaicnl derrière le jourIlal L ~k(;on mQrocQ;n~ qui donna nai~<:"1nee pa r la sui te :'lU parti de l'Istiklal. En Algçrie, sur le plan religieu~, :lpparaissait l'Association des Oulémas, pré s id~e par le Chei kh Abdclhamid Ben Badis. Elle sc réclamait du réformisme de Cheikh Abdouh. qui avai t dée13ri: L'islam est ClIp:lble de s-adapter au~ eonditions de la vic moderne:: le mU$ulman yiYMI dans un pays occidenta l 011 pl acé SOIIS rautorité d'une pui:>San<.:e ehrfticnne peut emprunte r â ses Yoisin.~ non mu~ulmans leur maniçre de viv re en public dunl la mesure où aucu n interdit dogl1l~lique ne s'y oppose. Ainsi le port de la coiffure ct du CO$tume européens lu i cst permis. COmme CSI licite l:I. consommation de la viande d'une: OCle J.3cril"iéc p;ar un boucher chrétien ou juif.. _ L'islam n'c${ pas une: religion rigée, mais unc religion ou"crte, dynamique, tournée plus "crs l'a''enir <tue n:rs le p:lssé. L',\ssoc iation des Oulémas ne tnrda pas à entrer en eonmt avec le conservatisme étroi t des conrré ri es re ligieuses, soutenues ct subvcntionnër:s par le gouve rnement général de rAlgérie ::tuque! la création des médersas libres, l'enseignement de l'arabe, le renouveau religieux ne plaisaient p;as du tOUt. Un secrétaire de préfecture d'Alger, Michel. en\'oya rrn:me unc circulaire à ses subordonnes oU il tentai t de démont rer, Il r~ide de lextes coraniques, que les Ou lémas ét:'lient des hérétiques CI tes confréries re li gieuses des su nit es. Je n'ai pas manqué de relever son ingérence dans une matière qui n'étnit p~s de son ressort, dans mon écrit intitulé: Un lIouvtau cammtnlalfur

dtl Corail .- • Sidi Michel •.

Nous étions il la ,"Cille de l'année cruciale de 1936,

(,.8

celle du Front popula ire cl du projet Blum-ViollelLe. En Algérie. e'cst l'année du • Congrès musulman. groupant les Oulémas, les élus indépcndant~, les membres de l'enseignemen t, les militants socialistes ct communistes, le' foncti onnaires, les ngrieulteurs ct les commerçan ts. Il appuya le projet de loi déposé p3 r le gouvernemen t tenda nt il accorder la c itoyenneté fronçaisc 11 60 000 Algé rie ns qui conservaient leur 5t:ltut musulman. l es Oulémas, Ijualifiés de fana tiques, adhérè rent sans rtscrve à cc proje t. Pour le dêrendre Ct montrer sa bonne foi, le Cheikh Den Ibdis n'Msita p-'s il. diclarer, après moi et au nom dc tous les congre~,i~t cs : • Je suis satisfai t de.' réformes promises pM le gou"e rn emcnt Ill um,Viol1cLle, en atlend~nt que le suffrn ge uni vcrsel so it réalisé pour tous, pcrmcll~nt l'intégrntion, pure c t simple, de la collectivité musulmane dan s la gr.tnde famille rranÇ:IISC ...

!'aisa nt celle déclaration a u nom du Congrès musulman, le Cheikh Be n Badis faisai t une nclLe dêmareation entre la .. patrie s pirituelle .. dont il "oulait :Issurer rintégritê en Algéric ct la .. p:lt rie poli ti que .. qu'il laissait au second plan. Aus~itôt la .. grosse colon isa ti on. se mobit iS:l. Ses parlementai res à P:lrÎs assiégèrent le gouvernement. Elle dressa contre eetle réforme, bien anodine en "êrhê, un b.:lrragc inrranc hissablc. Le projct ëchoua. Pour nous, cet échec sonBa le glas de la politique d'intégration c t s::ms doute celle de 1:'1 coexistence pacifiljue!.les Fr:lnçais ct des musulmans en Algérie. Vingt ans après, c'est la guerre d'indépendance. l e peuple algérien sc mobilisa il so n tour. pour arracher S3 libcrtê. Entre-temps les peuples aV:'lÎen l conn u la Seconde Gucrre mondiale. Dura nt cette guerre, le général de Gaulle, chef de la France libre, vint en Algérie ct tenla de sa tisfai re les revendie;,tions des musu lmans 209


en prom ul guant l'ordon nance du 7 maTS 1944. Celte ordonnance reprC",lit en grOc\ les disposi tions du projct IJ lum ·Viollcltc de 1936. Les temps avaient changé. Pour les Algériens lïntégr:lli on ét~it morte. IUsormais C(';uJ\-<:; revend iq uaie nt la reconnaissance de leur propre nation3li t': cl l'indépendance de leu r p;ays. C'est éple ment le 14 maTS 1944 que fai créé à Sé tir Je moul'ement des AmÎs du lIIonif~sl .. f'"f d.. la fi/N", (A.M. L.). Ce mou"ement é lait destiné à con trecarrer les mesures pr ises p;ar 1"000donn:lllee du Générnl ". Les colons, de le ur côté, s'op~re rl\ égalemc nt à 13 poli tique du Générn l. L'un dc ux, ~1.A bbo, expri. ma, sans détour, leur opin ion. JI conria un journal de " a ris 1:, décl3mtion suiv:tnte, au nom de la Fédér:uion des mai rcs ù'Algéric:

a

Nous sommes las de ces ridieules hi stoires d'cleetions imJiaencs. Si nous avoni réussi une fois le tour de force de les orien,er 11 MOlrc gré, nO\ls ne pouvons loujours rccomme neu . Il f~u' en rioir, Nous ne vou lo ns plus dc s ou\"CTnements empreints d'un sc ntimcnt 31isme périmé, mais des homm es furts qu i sachent faire respeCter nos droits en monlr~n t I:t force, Cl. éI'cntudlemcnl, en s'en servant. En 1936. j'ai saboté Je projet Blu m.ViollCIIC ct le gOIl"crnemenl a capitul~ devant moi. Que le gênénl de Gaulle avait·iI besoi n de sc mcler â nou"cau de ceHe hi~toirc1 l'lus on en donne aUJ\ Arabes cl plus ils en ~cl3menl ! Cro)'~~moi, je sais commenl les maler "! l'cndant ce temps les tirailleurs 31gériens sc rouvraient de gloi re e n h alie ct cn Alsace. Ils a vaie nt é té tl . Cc qui fit «rin , un jou".... list~: • f crht Abbu est '" ","ul p~trnacicn qM' n'~imc lU' k:s "nlon..... nca . • 14. Jour~tl'lJrl'·P,rJH du 7 mlIi 1941.

2"

mobi\isé~ pour dëliv rer la France de l'occup:tli on n,17ie sans tlue le ur ~"Ond ilio n politique n'ail élé changee. Ils fe nl rercn l aprh l'armistice e n AI",éric pour IIssister le 8 Ola i 1945 au~ m:usacrcs des IeUTS, Le géneral de Gaullc re"int a u pouvoi r en 1958. Il sc trou l'a en pré.~nee d 'un grand mOUI'ement de Fr:mça is d 'A lgt rie récl am ant. leur tou r, \ï nté",ra, tion pour $!luvegardef leur. colonie". Mais depuis 1 9 ~4 le Génér31 avai t eu le temps dc mëdi ter. En juill et 1% l, a prh Irois :années de pouvoir, il dédarait devan t des offic iers réun is i'I Metz :

a

1 ~bis il reste 1"Alaérie. Il ~t ...·~i qu'à ee sujel nous :wons perdu du lemps. Nous nous sommes laÎlo...e dépasser pa r les b·énements. Nous n'a"oni pas pris ~uattd il rallait les mesu res généreu!lC$ et l ogiqurJ qui auraient été néccss"i.es. Alors nous 3"Ons cu su r les

bras celle guerre d· Algérie. l'cu après, il faisait ce eonst~t d'échee: • L3 francisation de 1'/\l lléric, possible \'o iI3 quarantc ans. ne l'e~ ' plus a ujou rd'hui .• Les hommes qui Ont défendu l'intégration, e'est·à· dire l'éga lité des droits et de s devoirs e ntre musul· man s ct França is, n'ont pM tra hi la cause de notre peuple_ Ils ont pensé que la Frnnce étai t s uffisam· ment rÎche et puissante pour !IOrlir de l'ornière mO)'en:ige usc 11;5 paysans algér iens CI leur rCSlituer leu r liber,é ct leuf d igni té, dan s le respect de leur foi. Il s ont acculé par leur action la colonisation dan s ses derniers retrançhe mcnlS CI d é\'oilé ses desseins impé· rial i~t es. Si « Ile intêgrnlion avait été faite, loyale· ment faite, l'Algérie aurait ê\'oI ué l'e rs lïndépend:lnce sa ns effusion de sang. Not re peuple êmancipé et libéré des contrain tes coloniales n'aurai t pas manq ué d 'in Ouence r la poIitiquc de la France en Tun isie,

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au Maroc ct dallS le Moyen-Orient. Le cours de l'histoire. d~ns celle pnrLie du monde. nurnit pu être différenl. Mais les colons éta ient si forts Quïls ont cru pouvoir maintenir le ur dom ination pour toujou rs. Faux enleul qui les obligera 3 quiller le pays. Le • socia lisme stalinien _, mis en place par Ben Bella el pratiqué par Boumediene. a p.1ru l)'lié révolutÎon de I"Algérie. Quel est te devoir de s Algêrien.~? A certains égards l'lOS problèmes son l encore ceux d·hier. Après la colonisation mQliri,.lI,. et répressive Qui nous :1 privés, durant un ~ièçJe. de nI»' moye ns d'ui~tence cl de nOire dignil é d·homme. nous nous sommes Ifouvés face il une coloni s:llion idfofogiqul'. aussi ré pressi"e que la prem ière, ct q ui a "oulu violer notre ame el asservir notre conscience. Ce.'1 toujours I"Europe qui. sous prélexle de nous apporler la scknee el le progrès. veu l nous faire perdre IlOtre :lulhenlicité. Alors nous nous posons une question. L'A lg~ rie pou rra· Hlle. un jou r. être elle·mcme ct sc hisser.;1 1:l force de ses bras, au rung d'une g rande nation. sans renie r son p.1ssé. sa cu lture. sa civi lisation. les lib<:rI~s humaines et l'égalité des hommes~ l'ourra·toCHe COlIS' liluer. avec les pays \1lisins. le Grand Maghre b donl la formation est la meilleure image de notre gra n· deur? Ce problème est capi tal pou r nous, comme il l'es t pour tout le tiers monde. Nous sommes appcles à le résoudre en tenant compte des forces qui sc p.uln· ge nt le monde. Ou aller et ou chercher la technique qui nous est indiSpellS.1blc, sa ns tomber sous rhéS':" monie du dollar ou de l'idéologie marxiste? ,\ceepte r une de çes deux innucnces, c'cst relomb<:r dnns un néocolonialisme aussÎ pernicieux que la colonisntion elle·même. Reste l'Europe occidentalc. Elle :aussi est mcn~eée

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du 1I1\:l1le péril. EUe ;Iu~~i • n Olle. entre rilltraction dcs État~.lInis ct edle de l'U.I{.5.S. Mais ~i celle Eur.1fIC fIOuvai t surmonter cc qui ln divise pour s' unir, si clic fIOu"ail erf~c~r les séquelles d'un n;,tiun;l lisll1e étroi t, non seulement clic échappcr:li t il IJ f:llalité dï:tre dans un clan plutôt qu'un 3utre, m~i., devicndrait pour nous le meillcur partenai re. C"Cl'1 "ers celle Europe, que nOU5 connaissons bien. ou bea ucoup des nôtrcs ,·ivent. que nnus pour· rions aLors nous tourner pour a ..."quérir cc que nous n"tvons pM ct ilPprendrc cc que nous ne s.wons P;IS encore. Nous y g"gne rion.~ notre évolut ion ct nos lib<:rté$.

• •• Mnis laissons le pnsso: aux juge ments des historicns CI l'''''enir 3 çcux qui le feront, ct revenons au présent. En juillet 1962. il Y avait deserrcul'$ il ne pns commc llre. Tous les peuples son! respectables. Cha· cun d'cux a sa pcrr.onnalité. Les lois qui les coneer· nent SOfte nt dc.~ 3sscmblées délibérantes, comme ln vçll,; tation émerge du so l de leurs pays. ElIcs doivent exprimer leur identité pnrtie ul ièrc. Ren lklln ct, "près lui, Boumedicne n'ont p-1S suivi cette loi de la "'tture. Ils ont inHOOuit et impose chez nou.~ les mœurs. les ~logans démngogiqucs CI les rites hérités du SU<.:Î~lisme st:lli nien, ct donc un régime basé sur la superposit ion des deux easl c.~ socin les. Une minori té d·hommc.~ libres, citoyens à p.1n entière, nous gouve rne ct no u~ administre, ma is la ma5.<;(; des e itoycns est ...·..mtrainte au silence. Ils ont aÎnsi proVOQué un grand choc psychologique ct un dés:lrroi très gr:lve dans l1(lS popula tioos. chez nos paysitnS ct dans nutre jeunesse. AillSi les 6'éoc ments de T i1Î.()UZOU attribués au bcrbCrisme CL ceux de Iko Aknoun. dont les auteurs


.'enlient des étudiants intégrisles, ne sonl que des con"ulsions sponldiqucs d'un peuple comprimé ct pri,'C: de !iOfl droit ;) la p;lrole. Celle absence de: liberté uplique au ssi. en partie, la grande émigf"Jlion des Algériens en Europe CI l'impossibilité de l'Algérie de coordonner son c:conomie ct de lui donne r l'es.Wf désirable. Sortirons-nous du lunnel? Il raul le croire. L'Algéric s'édifie malgré Ics mauvais bergers qui l'ont conduitc sur des ehemins ténébreux pour asservir notre p;l)'S3nnerie comme elle rUI asservie pa r la coIonis.'tion rrançaise. Cependant tout n'a p.u élé détruit. Déjà des cadrcs valables sont aux levie rs de commande. I.cs erreurs se corrigeront en cours de rou te. Nous avons un beau pays, ne l'oublions pas. Ma lgré la tyrannie subie, il nous reste le soleil ct sa luminosité_ beau ciel bleu qu'aucune dictat ure nOa pu confisquer. Notre pays est plein de couleurs ct de rcnds. Il rait bon vivre au milieu d'un peuple aussi hospilalier que généreux. Les contrastes qui u istent entre le Tell ct ses montagnes neigeuses, les hau ts p1ateau~ ct leurs grnndcs plaim:s, ct le Sahara ct so n sable d'or, nous donnent l'impression de posséder troi s pays dirrérents ct cependant si com plément:LÎres. Le Sahara, à lui seul, CSI une richesse: incomparable. Le ~h.ab, m Golea, Ouargla, Tamanrasse t. Djanet, avec leurs immensi tés sablonneuses, so nt pour le vo}'ageur un enchan tement, Cest la science qui nous pe rmeHrn de sortir du sous-développement. Cest par clic que l'Algé rie nouvelle pourra s'édifier. Et aussi par le développement du sens des responsabili tés ct p;lr le réveil dc la conscience politique. Le t f"~vai l personnel ct l'esprit d'cntreprise sont les garants du succès économique. L'élalisme ne condui t qu'à la paresse, au gaspillage cl il IïrrcsfIOn!':lbilité : l'Étal est le plus mauvais des 214

p;,If<)nS! l.'homme ne travaille ct ne tnlvai\lc bicn que SIl esl m01;"é par la réussite ct le ~uccè.., de cc qu'i l ent rc('Jrcnd. Il serail dangere ux d'oublier que b meilleure riches.~c d'u n pays, e'esi le Ir:lvail de ~es citoyens, l'obis si la science a son donlaine, la morale a le sien. Et ceux des honllnes qui élhent la science au rang d'un Oieu, ceux qui veulenl détruire Ic..~ rcli· gions révélées cl ignorer la morale d'Abraham s'engagenl d:1R5 une \'oÎe sans espé ra n<:e. Quel sens donnenl·ils à l'existence humaine? En celle l'in de siècle, ln conlcstati on est P;lrLOUI. Toul est remis en ca use: la ramille, 13 mor::le. la j ustice. Ic..~ religiOM. L'alcoolisme. Ics drogues ct d'autres néaux suppléen t les \'ale urs d·hier. DeS enrants sonl assassines sous le prétexte y'ass urer 11 la femme la liberlé de concevoi r. Ln délinquance ct le crime courenl les ruc.<>, El les États 1ëgifërenl pour encourager celle dégradation des mU'Ufli, Ils protègent les assassins ct assassinent les innocents. Au mi lieu de cellc terllp.:le soule\'ée p.lr de~ eoneepts nouveaux, l'humanité est secouée d'inqu iétude cl de doute. L'ho mme a peur de lui·même, Pourra-t-il trouver remède au~ mythes CI aux utopies qui rcnlr:linent ..-ers un avenir plein d'incertitudes? Aur.t-t-il le cournge CI la volont': de relllonler il ses r.tcines ct regarder vers les hauteu rs ot. sournc l'Espr it, vers le mont Sinaï, le mont des Oliviers ct le mont Arara? Il y redécouvrirait le sce ret de son exislence CI sa raison de vivre, Peut"':1re retrouvera· t·il aussi le vérilable sens de sa mission sur terre, c'est-;j-dire respecler la vic, partager son pain ct vivre en paix avec ses semblables. Tooi le reste n'esl que folie des hommes.

'"

1


ANNEXES


ANNEXE 1

A moo\ .cIOII . d'une mission en Am~riquc I"ine CIl l'O. N.U" f~ilc en compagn,e de Kioo~ne CI de lIoci"" T.,ki, Ben Belli

m'~cril

,

Pa,i$, 1. 15 dtamb,e 1956, Cbc, f,c~ I.e r""e Bou.... ndjel nous ~)':Inl ~"p,is 1001 relOU" ~ profil~ de: ccu. nu,1\,fi'llK oca~ion pou' l'ée,ire ces '1"el, qua molS.

To.n d'~bord, nous vou,; r~licitons pou. le ~sn;;"1Ye lra",,1 que """. '"nez d. r~;,c, cl qyi PC'fTI(Ufli rJ'sbo«lc. li di./;awÎOn de noire '1ye.,ion, !on dy mois proch~in, av"" 10$ mti11eures

chances de 'uech. NO\l< ~von, .pp,i. (Ombie .. V()l'e "1'011 ~yp.b dO$ rth" rn~.ocain. cl lun"'en. surlOul ru, dt,e.rni,.,.,., I. dans leu. p.ise de ~il ioo 'lui, indtpcndammen' de SIIn effi,.ci,~ su, le ph .. des Nalions un' .... çompotle en .1I.,.mèmc une pmmtUeuse "ption 4u.nl .u de...,ni. nord " r.ie"n. Quanll nous..i r.,,,mure 'lui JIOU.' cS! arr,,'« a boul.,,,rsé prov;so;tcmcnl '1uclq"" pcu notre plan d'.clion !tI, le pbn u téri"." clic ÇOmpotIC, cornpl. I""u du conlUlc poIiliqu d . ... IeqIKI la ~V<! ... mcDls fonl pbcéc, des a.."nl.;tICS poIillq<>eJ irwl<!n~bla donl nous d".tiOM li'e' 1. nu"mum d. profit, l:cucRlicl al d'tubl" .... li3' - suivie: qui 110111 pcIIIICllrait l'écllan,e d',dtcs ind"pc_blc 1ooet"'"1 IQUJ les prab!l;mcs rond ..... a'.ux qui ne m:aroq""l'I)IIl PlU de Ile pote. Jo b~ •• échtancc. Le 'lui nous a.t .cludle", ..., appl''1ué pcrmel f.cile, "",nI 100' échan", ... ,,;.te d'idées 'OOch"lle!' p.obl~mes dont la JQlut,oo .equ'e',lan' l'économie du temps que r",i. da r~re!' habil" •• 10 dooncr leu. oyis, NOIr. arreslalion pos.c cerl.iM pfQbl~mes d'o.g:tnisa"on de

ri"....

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l'.elion à l'oxtüi.ur, Nou. >OIIImes con.aifll:u~ qu'~ cet erret, et dan. la rraternitt el la ccncoroe qui doivent prt,ider à notre action dans celle ph:ose , i capi tale pour l'avenir cl. notre patrie, vou, réal;«re7. la formule la plul erfiea..., pour vOIre t .. vail. No .... ne ""'na;........ pas t.. projet. immédiat. d"ct; v;té, mai, flOu. peruons qu'un cont,el sénéral de t(>US 10< fKres intél'1:S.<6 ,'impo«, pour qu'" la lum i.re des dernie .. événemenl' cl œmpt e lenu de nos objeclif., vo .... f=; ...~ une redi. tribution mlionnelle d.. taches! P""r nos objectif. les pl .... immédials, lous 1.. frhes ici >ouliSl\Cnl la ntees.ilé cl l'urgence de la tourne.; d"",, 1.. pa)', seandina\'C~ "",Iheurcusement repon,;e à Ca uSe de to .... ces dernie .. "'\il'lCments; de m~me que cclle en Amérique du Sud du Kcrllaire séné .. 1 de la ligue cl de Djamali, avanl que ne vienne 1. discu",ion de notre arr.ire, Par .illeu", nous suUé", ... une intervention aupr~ des Ét~lJ .robe. pour une iniliative qu'ils le .. ienl «!p:lfément ~uprès du .ult.n pour lu i m.nifC-'ler leur ..,Iidarité dan. le dirférend aVec 1.1 Fralltt, cl qui rencouroserail à plus d' int"'nsige.""" au momenl OÙ sa pœilion paraÎl de plu. en plu. contrebalancée par le jeu in.pirt uniquemenl par le. occc.. ité. de strattgie intttie ure meno!< par l'Isliklal. Inulile de YOIlS dire que nous entendons que VOUS dégasiez IOUle vot,.. aclion l Cc sujel de l'él6nent personnel qui ne nous préoccupe que d.ns 1. mel ure où IIOUS tirions tout l'a\·~"ta&e pos>ible lur le plan po!itiqu~, Que te di,.. , che, fr~re, sinon que Il0\l< se",ns Ire. heureux de 'eccvoir de te5 fIOuvelie •• insi que ...,n", que tu pourr:.U fIO .. communiquer looeh,nt les fKres .e trou vant a vcc loi à l'exl6tieur, ct le prions de {.. ",mellre IIOl re salul le plus fralernel ~ M.d.me. Les journaux nous onl prêl~ le. déel3rat ions les plus exl",va!"nt .., comme ccl. s'ent~nd" Quoique nous conn.aissons lr~ bien 1.1 visi!>ncc de fIOtre peupk el le peu de crédil qu'il • <corde ! la o;;ImelOic pourrie de celle .ini51r. presse, nous avOn< dkiM d'intenter d .. procè. pour diffamation l quelques joo,t'""u x d'Algérie. Tou. 1.. rKres se joigll<:n t à moi poor l'embrasser affeclu eu" semenl,

ANNEXE Il

Aprês le CongKs de I~ Soummam, des di,·ergen= "ppa.u" rent p,"nli les membres de la l)êlogal ion exlé,ieure, A Tuni .. .\,"hS3~ ,'élail oppo!it au oo1ond Ouam"Il<:, J 'ét.;s inquiel cl j'a; r.it part aux priwnni... de mes inqui<tude<,

Pari., k 31 M.ombre 1956, Cher fKre, Nous "vo,", bien ,eçu la lellre pleil\C d'i"~ui<tude devanl la dClérioralion avancée d. eert.ines .ituation. dont celle de la Tunisi., In ul ile de te dire que flOU' rcu.:ntons 1. méme inqui~lude , M. u il n'y a pa< 11 SC kurrer, il sem;1 inUlile et dangereux de pt<ndrc 11 notre comple, maintenant, celte politique de 1'3ut'u" .he qui a fait si grand mal 3u ' seno d'.n face, Nou . . .timons, 3U contro;"" que le mol c, t tots facile l r~""bcr aCluellement cl que C''''I le momenl le plu. propice pour ccla, Le d~n8er n'est pas de dire que c~n"in .. décuions pri... par 1. Consrèl. ~I ~ujell .. â ""ulion, mais bicn, devinant le mal en pui...,nce qu'elles contiennent en elles-mêmes, de sc réfugier dans une 100' d'ivoire, cOmme noire cas à nous ici , aVcc la rerme conviClion que flOUS ne sc", ... p:1.< aneinu par le • écl.bou S$u,,, inévi tables de dem.in. Le mal n'esl pas de dire frall<:bcmcnt que 1. dé<.:i.ion ~'<)n.'<:O~ront Lamine', entre autre< Mc uioM, , .. ponsable des ae tivilés politiques cl milil.irc:s ~ rcxlérieur, esl su"'cptible !.

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Il ,',,,, "" Dr L>oni .. 0.1>0,," ...

221


d·.lre préjudiciable à l'aclivité de ces deu. br.lncbe-<. m~is bien .Ior< quo cclle échéance p3r.1iloS.~"1 d·un. é.idenee cri,ntc. de nous dire. nDU< avons lOUjoUr< 13 """,ibilil< de dire domain quand 1... coo.... auroni lourné mal irrémédiablemenl: nous no sommeS su~ro responsabl ... puiloljuc cc <onl d'aulre. qui onl pd. pareiUe déci,ion. T u me conn.is _ , pour .. ,."ir que J3Si",i loujour< a.ec Ioyaulé. Je te rends justice: d·~.oir. tout au Ions do Ion aClivilé a"ec flOUS. élé aus.<i bonncle que loyal. Nous avons &:';1 il Tunis cl ~ Mabsas cl 3U. deu. f.-<-res en.O)·'" d'Alger pour les in.iler 11 une col!3boration indi.pensa· bic. Nous .VOftS &:ril il Alsor .• u nom de lous lC$ frèrC$ ici: on .uo de lC$ f.ire re"enir sur certaines déei,loftS malheureuses OOnl cclle rdati •• 1. r... ""nsabilil': de L:tmioc. Je le dis lrès franehemenl il. cc dornier d.ns 1. leur. quo j. lui ad........: aujourd'hui môme aveC le f.-<-re Iloumendjc1. J·i nsi~I •• en l'.djurant (raterneUem""I. de ne voir daftS celle prise de posilion qui" élé un "éritablc ca. de conscience pour nouS IOU. quo noIre souci d'hiter une décision préjudiciable à noire aClivilé ~ur le pl.n e .. térieur. Je ne lermine",i pu ""-ns le diro que tous les frère. d'ici eslimenl contrairemenl à nos ,ugsc>lioftS roI3li,·.. ~ 1. toumee d.ns r... payslÇ3ndina,·c. que la prbcnce urgente li Now York de.ient qua,i indispensable. m.inleMnt quo nouS "'011< ,ur place une délégation du M.N .A. T ou. IC$ f.-<-,cs loC joisnent i moi pour . OU< o.,bra... r fmlorneUemcnt. AllM~D 8~N Hf.I.l.A.

ANNEXE III

Aiser. le 13 .0ÛI 1963.

a

l'.$. : NOln: dern~ro V.zid l.I C<I<lIi".....

222

'UU"""'" n·... bic" enlendu

.....,bl. que li

A M ... dame, 01 M""ieur< 1", Députés. Mombrc d. rAssemblée n31'onale conslilu.nle Aiser MOI cher< colli:!\uCl. En m;!.(ln de divergencC$ de poinlS de Yue ~ur la procédure d'org:tnisatlon définili,·o de.< pouvoir< publics en Alsérie. 01 de mon désaccord fondamenl31 Sur la n3lure de Ces POU,."ifS. j'"i l"hoflncur cl le resrci do ,'ous remellre m3 dém'ssion de président de vOire A_mbléc. En rernerei"",. une foi. de plu •• de la confiance que '."us m'a,·er. témoiSnée cl quo lai es,")'. de mériter. je '"ou, prie de croire. cher< coU"su ... en mOI IoCnlimen" fralernellemenl dé,·r)Ués.

,'OU'

Sisnt: Ferh31 ABBAS.

m


le".in OÙ s'Uffron'erOlll les Supe.-GrlInds au Ml.imen' de nos ,nl,;re1> CI .le 1.1 1'"" lb"" Je "",...Je. I:i=&< qlK: nous orf,e I~ "",11le", eusc flOPubtion d'Antob d&hiréc en' ,e p"" RII"'<S cl p..,.Amtritains dcvro;I _ 1 iMi,e. la .<,neo'on. NIXI. indépendance 1'\31Î(rn;tle cl CC' Krai l .Iors 13 '"ptll" a "K le principe de non-;,Ii&ncmcnl. clef de ' .....1< de 1101'" poIiliqlK: in'c . ... 'ion;>le dcpuis plul de , 'inSI

a

rcro.ÎOn< notre

,"'le. peuples m:rrocain et alg~ricn furenl ANNEXE IV

API'EL AU PE UP LE AlG!!RIEN '! En moi ... de quotorn: aM. l'AIg<!rie '"" trou'.. POU' b. foil Cft ronOit av« le peupk ff~re ma~in. Parmi nos soldau ct /lM en'a nts. les uM sont prilOnniers ou blcs!i5 cl 1.. aulres sonl mortJ p.ns que I~ rcsporu.abilil~ de IIOtre peuple

dcu~itlM

lit ftt u..,sb;:.

mans. ceux cIcs

I-broe1 iM. le In,' ement irod;goc inni~ de n;tl ion~lil~ mal'Ol:ai"" e,pulsn d'Algérie, le dnme cl le d&arroi des popuillions nomad .. de Saguia El Ilom.,. cl Oued Ed Ihb montrenl que Cc «>fInil. Mjl cu ra! 5CS ra>'l'($, Ikmain CC coonil ,isque de SC ,~..tnliscr cl de plonge, IOU le l'Afrique du NO}!'d d'M un b~in de .. ns. lei hinel qu'il engendrera rompromcUtOtlI l'un ion du MJgh,eb arabo-isiami· que : .spen...., de 110$ peupl.. cl (orodemenl de notre l'''JOpe,il~ ct de ~re bi.~lre . H.he II 1. guc,nt! Nous lançoM un appel lU> te.ponsablC$ alg~riens cl aU I , cspon ... bles marocains. :llOUIIeS ni'·e3u •• pour que l'lOS deull'"\"I (Closenl d'~tre un l implc pion dans l'tchiqu,e r inlcrMI~I. Hahe ~ la guc,,..! .u nom de la f"'lunitt musulmane cl de III J.(IIidaritt humaine. les ,uenes modell'cs DC peuvenl dé"uire en un jou' le lra ... il de plusieurl ,én~ .. lions, Elles Onl ccué d'ô' ... d .. soIUlions •• lIblel pou, l'lOS problème .. Y recourir c'eSl acecpler le $Uicitle çoIl«lif. l'Afrique du Nord dc>'icnd",il un _~.u Nos

l nos

fr~ rel

'Pr<' •

1. " - le 1tcI.... j"11Id .... q.. "" III ",.;. •• , "md.~ ... ddlrilMll. ,"" 10 ..... ~ a l I<! .. pria .. d,IT...! da .... po)'\, pot la ..... d. _ _ _ . . . . _ . " " _ _ l(.oiii A"-d, Je "' ................ ,_ _ ........ I<! ...... '" CI _, - .... _~

124

unt$ d ~n; le comba, pou. le", ind~pe"""fICC, 1" oc peu" en' '"" !'bip r a"iourd'hui :\ III poIilÎl!uc dOl pi ••. Ou.. nt plu. de .cp! .ns. III T unisie ct le M..,,. _lOtIt apporl<' leu r appa i oomt.nl ct po:osi,if. l'ingr:ui 'udc "', la muque dl'>' peupl~ f.ibtr:s. le peuple a'8~rien CS I ~~ •. fort J'IOII' rendre le bien pour le bien el .rnrmer ... loOIiduilt m~gbrtbinc.. Rc.lom objeclif. ct rb l" l(:$, Ce'lC$. _1 JOmmes 'crmc:s pour .. u .....,. dc, nol ... IOU ve",i"",t n:uionalc ct rin lë&lil~ de notre 'e"i' o..... m"i, il n·.n "" 1'"1 moi", vrJi que d'oulfes lâches i",ptrieu""," nous IOlIici'cnt. FaUle d·i"'tilu tion. rtm .l,bien n'.. is,t pu. Il fo,,' le CI';"I. l 'A1Shie a'. r- de C..... til .. tion ai de loi>. Elle vil d".. le provi>Oi.c, I.e temps a t "eng d'y meUre fin. Le coup dÙ" du 19 juin I9fiS dev.il rél3blir notre peuple dan< son enti~ ... 1OU"craillCl~. Sc:I 'u leu,," ont """damll<!.... ns blui ....... t. le pou",,"r personnd pu 1. pnx:bmalion ,g;"""IC: Le """ ..... , pc.-n" aujourd·h.i """"'cr<!. 1"" ' .. le. 1.,.,i,.,..... ... , ........ cl r<!gion.oleo du P.Mi cl dt '·!Otal .. Il ... ,'cn, ~ 1. m,,,'; d'on ocu' 1Iotn/IM: k:s .... _bilil~ ' . . . . _;..,. fait ., déf.i, ....... " .. , .., ........ bai ... CI i .........olc ... "'FI....... di'''''.''I .. impooc le> . . . . . CI la. Ioom ...... oc ..... rllll ..... , d. Ieo pûioi•.

".i....,n,..

"""""III. ""prim.., ,.

IltIu! CC coup d'!!ta, .... ricn rt~. le culte de 1. pc",," ... tité al loujoo .... n honnc~ r. l c pou,,,,;. pcrsonncl s'UCI"CC sa ... ronltillc. Il di,f'OIIoC 1I0Il g•.! du <k1tin de not ... pa)'•• de """ ''''''IOU'CCS, du budget. Il impose à no.; enfanu un ~)'S'~me ~~"calir de .... choj., Il _s IOUnlCl ~ une id&Jlogic hoslile >'Il.u... mor.1cI el spi.ilucllcl de l'i.lam. CCI iû~m poli' Içqucl un million CI demi d'Algériens """Is. Il "" ,"",,1 juge du m.inlien de la l'''i. OU de t. guer .... le pcuplc o'cs, janui. ronsultt: ... ~ plus d·ailleu ... 4ue'" ...poII' ",bics algt. icM. y romp.i. les membres du Conseil d. la r<!,'OIulioor. A OCH ... tpo<lUC "n IcI pou,"';. est un , ,,,"ch'onhme.

1".

son,


La oolulion de nos problèmes inlernes aussi bien qll'exlernes P'" l'exercice de la souvc",inel~ popul.ir•. Il ne 5'agil pas de .ooloir imposer.u p.ys une chane n.tion.1e COmme proje!!e de le f.i,e le présidenl du Coru;eil de 1. Révolulion. • fin d'ill>tilulionn.liser son pou >Xlir. Une >c .. le voie ,esle ouve rie pour 1. conreclion de eeUe eh~rle" un dtb:ol public, ll'6:helle JI.] I;"'JI.] le. d'une Aw= m blée no t ionale coru;t i1"' nt e et SOU yc rai ne . et sarIS pour 'Ulanl p,éjuge r de l'option _i.li.te du Jl3J$. >cin de cene Assemblée que le. représcnlanls Cc>! lib,..,menl m.nd31b Jl3r le pellple pou,ronl I",dui", daru; les textes les légilim"" aspiralio .... de 1. n.tion . Toole 'ulre ch.rte cI.blie da .... le secret des .nlichmbres du pou>"Oi. ne pourrai l ':1re que nulle el fIOn '""nu e, Algériens, AI,gtriennes ! Le "'gime coIon'. 1 conlre lequel nous JIOU$ &Ommes rnobilists nous a~3il humi lib. Il nous lva;1 ;n lerdil dan. noire propre p.1)" l'e,e,c,cc de 1. sou.era;nelc nMion.le en IIOIJ.< limil.nt .ux problcm. . . Iimenl.ires CI économiques. Depuis notre indépenducc. le «gime du pou>uir personnel nou •• conduil' progressivemenl 11 1. meme condilion de .ujets, saM liberl. et sans dignilé. Cetle lubordina ' >on at une in,uhe à la nalure même de l' homm<: cl de l'Algérien en ,,:miculier. Elle esl une .neinte i sa persan ... lit •. Ce" pourquoi des hommes. milil.nl' de bonne >"Olon'é. se sonl reneon l~ pour déDOnce r ccl él.:01 de ch""", el metlre fin à l'indignation qui nous frappe. Ils "ppellenl 1.. Algéric", il lUller ptlM(:

.11

.. •

Algériens. AI,gtriennes Les fri:res Ferh.t Abh:!s. Ben)'ooeef ben Khe<ld3, Cheil: h Milhnled Kheireddine cl Hoxine l",houc! sont en résidence )",,,,,illee depuis 1. publication de ce manifesle qui ren.le 1.. préoccuJl3tions el les a,pi",tio", du peuple algé,ien . Un Comilé de dUc ..... cl de solidarité a été connitué pour quc ccs mili\anlS de première heure continuenl ~ s'e~primer libremenl. Dês demain """"Iiluez 11 voire 100' des comilés régionaux ct des comitb 10<::1.. pour reproduire. dirru,er cl expliquer ce manir•• te, K ATD Am.tED '.

.11. ,

L De faire élire pa. le peuple, libremenl coMullé. une Aw=mbh!e no lionale cQn1liluanle cl souverain • . 2. De m<:llre fin.u sysl~m<: tot.lit3ire acluel et d'éle>'er des b-orrihes légal.. contre toole velléilé de cc genre. 3. D'ctabli, les libenb d'expression et de pens.œ pour le"'1"el1es le peuple algérien" t.nt comb'llu. 4, D'(Cu vre r pour un Maghreb .robe un" islamique cl f.-:ller ...!.

Alger. mars 1976. FER IiAT "BaAS" ancien président du Coo>'crnement provisoire de 1. République ~ Igé.icnne. CIlElkli MOIiAMED KIl ElltEDOINE : .ncien membre du Conseil fl3lion.1 de la révolulion 31gé rienne. Bf:NYOUCEF BEN KU EOIJA" .ncien prtsident du Geu>'c'nement provisoire de la République alMrienne. HOCt NE ' .... HOUE\.. , ancicn sec"'laire général du Parti du peuplo algé.ien el du Meuvemenl pour lc triomphe des libertés démocroliques, ancien reprt.<cnt~nt du F. L.N . i l'c'Iériell',

226

Ro-..,.

l. 1.< .-m.odanl K.1d Aho>od ... ""'" .0 I<m: 4',,11 l 1< 6 mon 1911. tl rOI loIo.ont l rIO,,' ... oill< ........ p.,., •.• .-0;, PlI .mp«h<' I<a _bt<01 ....... d. """,.",.040., do: 1'_i'Ol"'" l .. d<nHh. 6< .... ... 1< ....1; do:r"J<' 1., r~"""luL Le rt~ ').....;q... do: Il00_,", '" ...""" ..1' Ml... po< LI po;' do> ........

m


TABLE


Avant·propos. .... . ... .. ................ . 1. Grandeur cl misi:re du F.L.N.

9

1.4'$ ('m'.ffS dl' la .Wb\'(.'T.lùm ou 1.0 111'1I.fihlll' m(Nt dl's rhfm llfula .........

21

Il. I.e sang des ~houh:ld:l tr:l hi L:Algiril' à rhturl' du .llalli/#ntl' ......

61

III . Deux dictateurs en compétition ... .. .. .

SI

IV. L'a rbre: e:1 le fruit COmmtfl/ II' POlll'OjT prTsomll'1 rOIl/lmfll'

us v.

àhf('s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

D~menee

ct

inraiHibili l ~

117

du pouvoir pero

sonne l Q l/alUl

B f'lI

Brlla t .fpliqut

.1".1

urru,s . .

175

Annexes ,. VIlTf! df! Brll Brl/a à Fahol Abbas. Ijdùl'mbrr J9j(j . . . ..... ... ... ..... 1. VIlTI' dl' Brn /klla à Fl'rlrat Abbas. JI dùrmbrl' 19j(j . .... ............. . J. /.rll rl' dt' Fl'rlralAboo.1 au."I' f)lpulù dl' l'Assl'mblil' lIa/itmalt' C'"fm.l /iluantt" du IJ ovrÎI 196J ... .............. .. . ... 4. Appt'I 011 fH'l/ple ols:lrirn. mars 1976

2 19 22 1

223 224



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