Q-zine Issue/numéro 7 - July/juillet 2013

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live/vivre

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love/aimer

passion



Numéro 7 juillet 2013

Le numéro sur les “autres”

inside à l’intérieur articles / features Bonnie Sepora

Les étiquettes sexuelles 08

Sexual Labels 09

Daniel Ekine

LGBTI and our others 14

LGBTI et nos autres 15

Boikanyo Sekokonyane

I Have This Fear 18

Je vis avec cette peur 19

Stéphane Ségara

What Do You Think of Effeminate Men? 24

Que pensez-vous des hommes efféminés? 23

Tai Rockett

Comment la quantifier ? 29

Canvassing Invisibility 28

Mbinu Adamu

Né comme ça ? 37

Born What Way? 36

Xulaye Cleo Quentaro

Les fragments d’une vie: La page Facebook de Cléo 43

Fragments of a Life: Cleo’s Facebook Page 42

Frank Malaba

A travers mes yeux africains 51

Through My African Eyes 50

John McAllister

L’asexualité “partielle” 55

“Partial” Asexuality 54

Jack Priest

Le spectateur bi 64

Bi-Stander 65

Mariam Armisen

“On danse ce qu’on est ! 76”

“We Dance What We Are!” 77

Lesetse Bakgobi Ma jeunesse “gaie” et insouciante 87

My Gay and Carefree Youth 86

Shepherd K Chisala Concernant le

On Ageing 93

vieillissement 94

poem / poème Stephanie Leitch

F Word 72

La lettre F 73

contes / short stories Anthony Phaladi

Le passage du temps est impitoyable 99

Zdena Mtetwa-Middernacht A Painting of Time 104

Age Is relentless 98

Une peinture des temps 105

Zdena Mtetwa-Middernacht From the Top Deck 108

Depuis le balcon 109

fashion / mode Judicael Wahouie

Pop Rock à l’Ivoirienne 58


Issue 7 July 2013

The “Others” Issue

editor’s note

Diverse forms of sexuality and gender identity have always existed in Africa. The so-called traditional African values now being used to marginalise and discriminate against LGBTI Africans are nineteenth-century European imports. Ironically, this colonial hangover has forced LGBTI Africans to look outside the continent for inspiration too. The growth of an organised LGBTI movement in Africa has been modelled on similar movements in Europe and America – from organizational structures down to nomenclature. Our intentions have been good. Both sides, African queers and our allies abroad, have meant well, but the effects have not always been what we desired. From a distance, the African LGBTI movement may look united by a shared vision of recognition, but a closer look reveals a collection of diverse communities with different needs and aspirations. Most queer Africans are not actively involved in the movement, but everyone’s lives are affected by the actions, cultures, labels, and politics of LGBTI activism. As individuals try to find a place for themselves within their communities, many find it difficult to maintain their right to individuality. Some do not fit the “norms” constructed by others, leading to marginalisation within their own queer communities. Welcome to Q-zine’s special issue on some of these LGBTI “others.” This seventh issue of African’s only magazine of LGBTI arts and culture takes a peek into the stories of African queers who reject some of our own norms and who feel “othered” or marginalised as a result.

En Afrique, diverses formes de sexualité et de l’identité de genre ont toujours existé. Malheureusement, de nos jours, les soit disant valeurs traditionnelles qui sont utilisées pour opprimer, marginaliser et discriminer les personnes LGBTI sont en faite une importation coloniale datant du XIXe siècle. L’ironie du sort est que cette gueule de bois coloniale a amené les LGBTI Africains à chercher des références en dehors du continent. La croissance de l’activisme LGBTI en Afrique a été modelée sur les mouvements similaires en Europe et en Amérique – à tous les niveaux, depuis les modèles de structures organisationnelles jusqu’au nomenclature. Nos intentions étaient bien placées. Les Africains queer et nos alliés occidentaux ont voulu bien faire, mais les résultats n’ont pas toujours été ce que nous souhaitions. De loin, le mouvement LGBTI africain peut sembler uni par une vision commune pour la reconnaissance et le respect de nos droits humains, mais un regard plus attentif révèle une collection de diverses communautés ayant des besoins et des aspirations distincts. La plupart des Africains queer ne sont pas impliqués activement dans l’activisme ou le mouvement LGBTI; néanmoins, la vie de chacun peut être potentiellement touchée par les actions, les cultures, les étiquettes et la politique de l’activisme LGBTI. D’un autre coté, tous les jours et partout en Afrique, des individus essaient de trouver une place au sein de leurs communautés, mais beaucoup réalisent très vite les difficultés de maintenir leur droit à l’individualité. La plus part ne se retrouvent pas dans les “normes“ établis par d’autres, conduisant à la stigmatisation et la marginalisation au sein même de ces communautés. Bienvenue sur le numéro spécial de Q-zine sur les “autres“ au sein du mouvement LGBTI Africain. Cette 7ème édition du seul magazine panafricain des arts et de la culture LGBTI vous apporte les histoires des africains queer qui rejettent les normes de leurs communautés et qui sont considérés comme “autres” ou marginalisés par la suite.

We hope you enjoy reading their brave and revealing stories.

John McAllister, Lead Editor Jackson Otieno, Guest Editor

Nous espérons que vous prendrez plaisir à lire ces histoires courageuses et révélatrices. John McAllister, Rédacteur en chef Jackson Otieno, Rédacteur invité pour ce numéro

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Numéro 7 juillet 2013

Le numéro sur les “autres”

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idea . expression

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Issue 7 July 2013

The “Others” Issue

contributeurs/trices Mbinu Adamu

John McAllister

est le pseudonyme d’un graphiste kenyan qui vit actuellement au Royaume-Uni.

est le rédacteur en chef fondateur de Q-zine.

Mariam Armisen sait jongler avec différents chapeaux dont certains sont : Co-coordinatrice de Q-zine, sa Rédactrice en Chef Française, l’une des ces traductrices, son webmaster, etc. Quand elle est fatiguée d’être celle qui harcèle toute l’équipe de la rédaction, elle part jouer au photographe ou à la journaliste. Lesetse Bakgobi est un étudiant en gestion immobilière Shepherd K Chishala travaille comme pair éducateur
 à l’ONG Friends of Rainka en Zambie Nadia Beugré, danseuse, chorégraphe et interprète Ivoirienne. Artiste engagée, Nadia utilise la dance pour aborder les sujets qui lui tienne à coeur, parmi eux, la marginalisation Daniel Ekine est un auteur et parolier Nigerian qui habite actuellement à Boston. On peut écouter sa plus récente chanson, “Making Me Want Me,” à http://www. youtube.com/watch?v=gPwugAxP3Ko Stephanie Leitch

Zdena Mtetwa-Middernacht est un jeune écrivain de Zimbabwe qui, inspirée par Nelson Mandela, est bien résolue à renouveler l’image d’Afrique dans le monde. Anthony Phaladi est un jeune écrivain de Botswana qui étudie la gestion et enseigne l’Anglais en Chine. Jack Priest est un militant des droits de l’homme bisexuel à Kenya. Xulaye Cleo Quentaro habite à Facebook. Tai Rockett est un/une jeune noire, de genre non-conforme originaire de la Californie. Il/elle utilise l’écriture et la performance artistique comme outils de développement des communautés et des identités personnelles. Stéphane Ségara vient de Burkina Faso. Il dit: Je n’a pas l’ambition d’être un écrivain, si ce n’est de célébrer ma différence en marquant par écrit, mes faits et gestes quotidiens et les gens qui l’habitent.

est une activiste et artiste conceptuelle à Trinidad. Elle a adopté récemment le titre “artivist.” Son oeuvre utilise l’activisme et l’art de spectacle pour porter sur les questions d’egalité des sexes.

Boikanyo (“Bobo”) Sekokonyane

Frank Malaba

est assistant social et chanteur montant à Gaborone, Botswana.

est un acteur, écrivain et militant des droits de l’homme. Il a été formé au théâtre et à la télévision à Amakhosi Theatre à Bulawayo, au Zimbabwe, où il a obtenu son diplôme. Frank est licensié comme directeur et producteur de télévision du Media Village à Cape Town (2007).

est un étudiant en littérature et théologie à l’Université de Botswana. Bonnie Sepora

Judicael Wahouie est un jeune styliste freelance de 21 qui vit et travaille à Abidjan, en Côte d’Ivoire. En plus de la couture, Judicael commercialise également ses dessins.

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merci à toutes et tous...


Numéro 7 juillet 2013

Le numéro sur les “autres”

contributors Mbinu Adamu

Zdena Mtetwa-Middernacht

is the pseudonym of a Kenyan graphic designer who currently lives in the UK.

is a young Zimbabwean writer living in Belgium. She is determined to change the world’s perception of Africa as a dark continent.

Mariam Armisen juggles with hats, a few of which include being the Co-coordinator of Q-zine, its French Editor, Translator, Webmaster, etc. When tired of being the person who annoys the editorial team, she plays journalist or photographer.

Anthony Phaladi

Lesetse Bakgobi

is a bisexual human rights activist in Kenya.

is a student in at Lim Ko Kwing University in Gaborone, Botswana

is a young Motswana writer currently teaching English and studying management in China. Jack Priest

Xulaye Cleo Quentaro

Shepherd K Chishala

lives on Facebook.

is a peer educator with the NGO Friends of Rainka in Zambia.

Tai Rockett

Nadia Beugré is a dancer and choreographer from Cote d’Ivoire. An activist as well as an artist, she uses dance to tackle the issues closest to her heart, especially marginalization of “others.” Daniel Ekine is a novelist and songwriter. Originally from Nigeria, he now lives in Boston. Check out his latest song, “Making Me Want Me” at http://www.youtube.com/ watch?v=gPwugAxP3Ko. Stephanie Leitch is a social activist and conceptual artist in Trinidad and has recently embraced the title artivist. Her work focuses on issues of gender equality through performance and organizing. Frank Malaba is an actor, writer and human rights activist trained in theatre and television acting through Amakhosi Theatre in Bulawayo, Zimbabwe. He graduated as a television director and producer from Media Village in Cape Town in 2007.

is a black, genderqueer, California native who uses writing and performance as tools for community and identity development. Stéphane Ségara is from Burkina Faso. He says: I don’t have the pretension of being a writer, just that I like to mark my difference in writing by celebrating my daily life and the people who inhabit it. Boikanyo (“Bobo”) Sekokonyane is a student in English and Theology at the Unversity of Botswana. Bonnie Sepora is a social social worker and upand-coming singer in Gaborone, Botswana. Judicael Wahouie is a 21-year-old freelance fashion designer who lives and works in Abidjan, Côte d’Ivoire. In addition to his design work, Judicael also markets his fashion illustrations.

thank you all from...

John McAllister is the founding lead editor of Q-zine.

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Issue 7 July 2013

The “Others” Issue

Available in print or as an e-book at: http://www.amazon.com/Tales-of-My-Skin-ebook/dp/B005XB5ZS8

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Numéro 7 juillet 2013

Le numéro sur les “autres”

Les étiquettes sexuelles

C

haque fois qu’un mec flirte avec moi, il finit toujours par me demander à un moment ou à un autre, parfois indirectement, mais le plus souvent sans détour, si je suis passif ou versatile. J’en ai l’habitude mais n’empêche que cette question me met toujours mal à l’aise. Il m’est parfois arrivé d’être approché par des mecs qui me disent, droit dans les yeux, que je serais bien à pénétrer. Une fois, un mec s’est même permis de me dire que je ressemblais à quelqu’un qui aimait bien se faire “piler.” N’est-ce pas étrange qu’une personne ne sachant rien de moi pense qu’elle a le droit de me coller une étiquette? Pourquoi est-ce que le collage d’étiquettes sexuelles semble

être le jeu préféré de la plupart des gays? Et pourquoi est-ce que chez les gays noirs que ce type de jeu semble avoir une plus grande importance ? Actifs, exclusivement actifs, actif oral, actif-passif, versatile, versatile-actif, versatile-passif, exclusivement passif, passifs viriles, etc., tant d’étiquettes toutes aussi dénigrantes les unes les autres. Je dis dénigrantes parce que généralement lorsque les gays africains adoptent ces étiquettes, ils mentent. Autrement dit, beaucoup d’entre nous vivent dans un état de déni. Je n’ai aucun problème avec le fait qu’un mec décide de se coller une étiquette sexuelle, du moment qu’il est honnête avec 8

les raisons de son choix. Mais j’ai un problème quand les gays et bisexuels africains utilisent ces étiquettes pour se démarquer de ce qu’ils considèrent comme leur inférieurs. Quand nous nous enfermons dans cette logique selon laquelle, se laisser pénétrer par un autre homme fait de nous un “passif” et nous enlève une partie de notre masculinité, nous intériorisons inconsciemment ces valeurs religieuses et sociales qui ont justement servies à nous opprimer depuis des décennies et qui n’ont plus leur place dans la vie d’un gay ou d’un bisexuel en ces temps modernes. Si vous faites un tour sur Gaydar. co.za ou Adam4Adam.com, vous trouverez un nombre disproportionné de profiles qui


Issue 7 July 2013

The “Others” Issue

Sexual Labels

W

henever someone flirts with me, they sooner or later, sometimes indirectly but more often just straight out, ask me whether I am top or bottom or versatile. I’m used to it, but it still makes me uncomfortable. I’ve even had guys come up and tell me I look like I might be good at “receiving.” Once I was even told I looked like I’d enjoy being “pounded.”

TOPS, TOTAL TOPS, ORAL TOPS, VERSATILE TOPS, VERSATILES, VERSATILE BOTTOMS, BOTTOMS, TOTAL BOTTOMS, POWER BOTTOMS … and all kinds of deranged derivatives. I say deranged because usually when African gay men refer to themselves using their label du jour, they are lying. Simply put, a lot of us are living in a state of denial.

When we delude ourselves into thinking that being penetrated makes us “passive” or less of a man, we internalize religious and socially constructed values that have been instrumental in our oppression over the years. These values have no place in the lives of healthy black gay and bisexual men in 2010.

But visit Gaydar.co.za or Adam4Adam.com and you will I have no problem with anyone’s find a totally disproportionate number of black tops. If 90 Isn’t it strange that someone chosen sexual label, as long percent of us are tops, then who doesn’t know a thing about as they are being honest and who is “getting pounded?” me should need to pin a label have adopted the label based on me right from the start? on what actually gives them Being the inquisitive black man pleasure. I do have a problem that I am, I decided to perform Why is sexual labelling the when African gay and bisexual a simple test. I created a profile favourite social game of most men use labels to distance on Adam4Adam and I labelled gay men? And why do black themselves from the bottom of the fictitious character “Total gay men seem to take it to the totem pole (pun intended). Top.” I called him Tumo, gave another level? 9


Numéro 7 juillet 2013

Le numéro sur les “autres”

nous aimons nous faire baisé. Nous percevons les passifs comme étant plus “gays” que les actifs et certains passifs Curieux que je suis, j’ai décidé commencent à se voir comme de faire un test simple. J’ai créé n’étant rien d’autre que de un profil sur Adam4Adam, sur Bien sûr, je n’ai pas été surpris simples réceptacles de bites. Ils deviennent “exclusivement - ceux-là à qui la bite J’ai precisé que celui qui aura la chance de passifs” ne sert à rien d’autre qu’uriner. À mon avis, ni les mecs décrocher un rencard avec Tumo devrait “uniquement actifs” (c’est-às’apprêter à “se faire péter la rondelle.” dire ces actifs qui ne savent pas ce qu’est un baiser et n’osent faire des fellations), lequel j’ai indiqué que j’étais par le résultat de mon expérience. ni les mecs “exclusivement “uniquement actif.” Je l’ai J’ai eu à faire du counselling passifs” (à qui çà ne pose aucun baptisé Tumo, lui ai associé un envers les gays et bisexuels problème de ne jamais être énorme pénis et pris la peine auparavant, alors je suis bien sucé) ne sont sexuellement ou de préciser que celui qui aura la conscient des problèmes psychologiquement normaux. chance de décrocher un rencard que nous avons avec notre Les hommes noirs qui se avec Tumo devrait s’apprêter à sexualité. Dès notre bas-âge, présentent comme étant “se faire péter la rondelle” (c’est on se fait appelés “tapettes,” uniquement actifs, tout en étant ce genre de phrases absurdes “pédés” et j’en passe, des dans le déni, posent un énorme qui sont courantes sur ce type insultes comme pour nous problème à notre communauté. de sites). Si vous ne trouvez rien rappeler que nous ne sommes de dérangeant dans cette phrase, que des créatures abominables Si vous ne pouvez admettre au fond de vous que vous aimez c’est que vous avez peut-être destinées à bruler en enfer. Ce besoin d’aller voir un psy. n’est donc pas étonnant de voir être pénétré, vous êtes moins susceptible d’être prêts pour que beaucoup d’entre nous Que pensez-vous qu’il s’est finissent par intérioriser tout cela des rapports sexuels protégés. passé? Chaque fois que Tumo et en arrivent à se détester eux- Lorsque vous êtes obsédé se connectait sur le site, de par l’idée de vous coller une mêmes. Une réalité que très nombreux profils estampillés étiquette d’actif tout en ayant souvent, nous masquons dans “uniquement actifs” n’arrêtaient l’alcool et la drogue. honte de vos désirs profonds, pas de le contacter, certains et qu’il vous arrive de rencontrer le suppliant presque pour Et puis, il y a l’émasculation quelqu’un qui vous fasse vibrer se faire défoncer par son des hommes noirs provoqués le rectum, signe annonciateur membre disproportionné. Ils lui par le racisme et toutes ses d’une envie folle de se faire envoyaient leurs mensurations conséquences sur l’appréhension défoncer ; alors vous êtes et en demandaient tous après de la psyché masculine africaine, également plus susceptibles du “hard.” Quelques uns qu’il s’agisse des homosexuels de vous laisser aller à des demandaient à se “faire inondé” ou des hétérosexuels. La choses plus dangereuses et (mais ça c’est toute une autre perception sociale que l’on se néfastes telles que la cocaïne, histoire). fait des hommes en Afrique est la méthamphétamine ou basée essentiellement sur une toute autre chose dans le Mes chers frères gays, bisexuels exagération et une surévaluation genre. La prochaine chose et autres hommes ayant des de leur masculinité : le machisme qui vous arrivera par la suite, rapports sexuels avec des est tout simplement la norme ici. sera probablement vous faire hommes, nous sommes tous défoncer et pisser dessus. malades et avons besoin d’aide. Il n’est donc pas surprenant qu’il Notre déni profond a atteint une soit si difficile pour beaucoup Plus tard, vous ferez une dimension psychologique qui d’entre nous d’admettre que fixation dessus : vous êtes un se disent actifs. Si 90% d’entre nous sont des actifs, alors qui “se fait piler?”

frôle le malsain. Que c’est triste que nous ne soyons plus en mesure d’être honnêtes avec nous-mêmes et encore moins avec nos frères gays.

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Issue 7 July 2013

The “Others” Issue

him a very large penis and let it be known that anyone lucky enough to hook up with Tumo should be prepared to “get your back blown out” (because that’s the kind of crazy talk I often see on the site). If you don’t see the crazy in this, please talk to someone.

deep seated denial has taken us, psychologically, to a very unhealthy place. It is a sad day when we can’t even be honest with ourselves, let alone with other fellow black gay and bisexual men. Of course, I wasn’t surprised by the result of my social

brought on by racism and all the things this has done to the African male psyche, gay and straight. African men are socialized to exaggerate and over-value their masculinity; machismo is the norm. So it’s no surprise that it should be so hard for many of us

Why is sexual labelling the favourite social game of most gay men? And why do black gay men seem to take it to another level? What do you think happened? Every time Tumo logged on, numerous other “total tops” would gather round and practically beg to feel him inside them. They thirstily sent their digits, and most wanted raw sex. A few wanted to “get flooded” (but that’s a whole other topic). My African, gay, bisexual and men-seeking brothers, we are sick and we need help. Our

experiment. I have counselled many gay and bisexual men, so I am fully aware of the issues we have with our sexuality. From an early age, we hear “sissy,” “faggot,” and other hurtful words, along with judgments about being “abominations” who are destined to go to hell. No wonder so many of us end up in a place of shame and self-loathing (often masked by alcohol and drugs). And then there is the emasculation of black men 11

to admit that we like getting fucked. We see bottoms as weaker and “gayer” than tops, and some bottoms start seeing themselves as nothing but passive receptacles. They become “total bottoms” – the ones who have no need for their dicks to even be touched. In my opinion, neither “total” tops (i.e. tops who don’t even suck) nor “total” bottoms (who don’t mind never being sucked) are sexually or psychologically whole.


Numéro 7 juillet 2013

Le numéro sur les “autres”

actif. Mais curieusement, votre corps vous dit le contraire. Et parce que vous êtes un actif et qu’une certaine “Mojita” vous a dit que les actifs ne peuvent pas attraper le VIH, vous ne vous êtes jamais fait dépister. Quelques années plus tard, allongé sur un lit d’hôpital, on vous annonce que vous êtes atteint de SIDA (pas seulement infecté par le VIH, mais déjà

ses propres factures par la suite et vous enculer à votre tour lui aussi. La plupart des mecs “ uniquement actifs “ ont juste une plus grande bite, une allure plus masculine et tout ce qui va avec. Comme pour toutes ces autres choses que certains mecs qui se disent exclusivement actifs affirment ne pas faire comme

Les histoires de honte ou de douleur au sujet de la pénétration ne sont pas les seuls mythes en circulation. atteint de SIDA). Tout cela parce que vous ne pouviez pas accepter que, comme beaucoup d’hommes - comme la plupart des gays et même certains hétéros - vous aimez être pénétré, parce que c’est sacrément bon. Bien sûr, il y en a qui ne ressentent pratiquement pas de douleur, les amoureux transis et ceux qui ont tout simplement de nombreux blocages par rapport à tout ce qui se passe en dessous de la ceinture et ne tirent jamais un grand plaisir à se faire pénétrer. Quatre-vingt dix pour cent de la douleur est psychologique et vient des histoires avec lesquelles on vous a bourré le crane. Cependant, les histoires de honte ou de douleur au sujet de la pénétration ne sont pas les seuls mythes en circulation. En voici un autre qui est tout aussi néfaste. Être un actif ne vous rend pas forcément plus viril que votre partenaire qui peut accepter souffrir de se faire prendre quelques minutes, puis payer lui-même

simplement que vous avez envie d’enculer ou de vous faire enculer ce soir ? Cela ne vous reliera pas systématiquement à une étiquette dont vous ne pourrez plus vous défaire. Qu’y’a-t-il de mal à ce que deux africains s’aiment et couchent ensemble, chacun voulant à la fois se faire plaisir et satisfaire l’autre, tout en sachant que leur masculinité ne sera pas compromise à cause de ce qu’ils ressentent ou font? Être honnête avec vous-même et envers vos amants est une preuve de force et de respect de soi - et qu’y’a-t-il de plus “viril” que cela?

sucer une bite, etc. – cela voudrait tout simplement dire Relevons le défi ensemble, gais qu’il ne trouve pas votre sexe et bisexuels d’Afrique! attirant. Si tout ce que vous pouvez faire c’est vous faire Par Bonny Sepora sucer et puis défoncer un trou, alors je suis désolé de vous le dire de cette manière mais, sachez que vous n’êtes pas “un bon coup.” Il existe des gadgets sexuels qui procureraient plus de plaisir que vous à votre partenaire. Je terminerai en répétant simplement que toutes ces étiquettes sont fausses. Pire encore, elles nuisent à notre capacité à entretenir des relations à long terme. Et il ne s’agit pas uniquement de mon point de vue ici, car des études l’ont prouvé. J’aimerais que vous y pensiez plus sérieusement, que vous preniez un moment pour réfléchir à l’étiquette sexuelle que vous utilisez. Cela représente-t-il vraiment qui vous êtes et ce à quoi vous voulez que l’on vous associe en tant que gay ou bisexuel africain? Soyez honnête avec vous-même. Qu’y’a-t-il de mal à dire tout 12


Issue 7 July 2013

The “Others” Issue

Black men who present themselves as total tops, but are in denial, pose a huge problem to our community. If you can’t admit to yourself that you like being penetrated, you are less likely to be prepared for safer sex. When you are fixated on

straight men – you like being penetrated, because it feels damn good. Of course, there are some who have a very low pain threshold, are impatient lovers, or just have too many hang-ups about

Neither total tops nor total bottoms are sexually or psychologically whole. labelling yourself as a top and ashamed of your bottoming desires, but happen to meet someone who makes your rectum twitch, the most usual coping mechanism is to get high. You are also more likely to go for harder stuff such as cocaine or meth or anything else that is on the table. Next thing you know, you are getting banged out raw and flooded. Later you block it out; you are a top, and it never happened. And because you are a top and some “mojita” told you that tops can’t get HIV, you never get tested. Fast-forward a few years, and you are lying in the ER being told you have AIDS (not HIV, but AIDS). All because you couldn’t admit to yourself that like many men – like most gay men and even some

do, like sucking dick etc. – that just means your sex is boring. If all you can do is get your dick sucked and then bang some hole, sorry to break it to you but you are not “good in bed.” There are sex toys that will give your partner more pleasure. I will finish by just repeating that these labels are all fake. Worse still, they harm our ability to sustain long-term relationships. And this is not just my view, it is backed up by research and data. I would like you to think about it, to take a moment and really think about the sexual label you use. Does it truly represent who you are and what you want as an African gay or bisexual man?

Be honest with yourself. What’s wrong with simply saying you feel like topping or bottoming tonight? It doesn’t tie you down to a label you can’t live up to. “down there.” They never get What’s wrong with two African to fully enjoy being penetrated, men loving each other and not realizing that 90 percent of having great sex, both willing the pain is psychological and and wanting to please the comes from the myths you have other, safe in the knowledge been fed. that their masculinity is not being compromised by anything But stories about the shame they feel like doing? Being or pain of penetration aren’t honest with yourself and your the only harmful myths in lovers shows strength and selfcirculation. Here’s another that respect – and what could be is just as harmful. Being a top does not make you any manlier more “manly” than that? Let’s than your fellow black man who get it together, African gay and bisexual men! can take the initial couple of minutes of pain, pay his damn By Bonnie Sepora bills, and feed your hungry ass too. Most total tops are only a bigger dick, a more masculine dude, and a few blunts or beers away from throwing their own legs in the air. As for all that other stuff that some total tops say they don’t 13


Numéro 7 juillet 2013

L e n u m é r o s u r l e s i“nanuot rveast ”e u r s / t r i c e s

LGBTI and our Others

H

i, my name is Daniel Ekine, author of the book Gay, Black, African, Genderqueer and Proud. To the unique and worthy reader, I would like to say, first and foremost, thanks for your patience. LGBTI and “Others”: the expansion of the gay community keeps growing so much I’m practically confused and lost myself. I am genderqueer and utterly “other” with pride. My style and personality are an absolute blur between femininity and masculinity. You can never see either a female or a male dressed like me. Would I say that we, as a community, feel so lost in our minds that we can’t fully comprehend sexuality in general. Sexuality is a way we express our emotions and should not be categorized in marginalized boxes. Growing up in brutal and bigoted conditions

has made us disoriented. So much sio that that we now unconsciously categorize ourselves into Gay, Lesbian, Bisexual, Transsexual, etc. It would be wise to take a look at our heterosexual counterparts. We would discover that they have just one category for themselves straight - and nothing more. Do we not know that these categories of ours can make a religious bigot feel they are superior to us? Having so many labels can give a bigoted straight man a sense that we are not a community but just a collection of ever-growing acronyms. This only makes us even more segregated and confusing for someone trying to understand where they fit in with their sexuality. Don’t we know that, with this ever-growing acronym, a religious bigot can say, “the bible says there is only one way to the truth and there are many ways to the road of 14

falsehood,” thereby referring to theirs as the right way and ours as the way of falsehood? On several occasions I have been asked what my “type” is. I get lost for words because there is no particular type that I’m attracted to. I tend to be attracted to people on a mental level and if the emotional chemistry is perceptible. Isn’t that what love and sexuality should be? And if that’s the case, why are we so quick to place someone in a category? Does that not tell us that sexuality should be about love in a mental realm and not something based on physical looks? I visit dating websites and find profiles with caveats saying: NO FEMS, NO FATS, NO BLACK, ONLY WANTS STRAIGHTACTING, NO ACCENTS, etc. That some people segregate even based on the origin of an accent seems ludicrous


Issue 7 July 2013

The “Others” Issue

LGBTI et nos autres

S

alut, je m’appelle Daniel Ekine, auteur du livre Gay, Black, African, Genderqueer and Proud. J’aimerais tout d’abord remercier profondément le lecteur passionné pour sa patience. LGBTI et les “autres”: la communauté gay ne cesse de s’agrandir, j’en suis presque perdu moi-même.

hermétiques. Je pense que le fait d’avoir grandi dans des conditions sociales brutales et intolérantes nous a désorientés, au point que nous nous autocatégorisons aujourd’hui comme gay, lesbienne, bisexuel-le, transsexuel-le, etc.

Il serait sage d’observer nos homologues hétérosexuels et nous découvririons qu’ils n’ont qu’une seule catégorie Mon identité de genre est pour eux tout seuls -hétéronon-conformiste, tout à fait et rien d’autre. Est-ce que différent, et j’en suis fier. Mon l’existence de ces catégories style et ma personnalité sont ne ferait pas croire à un un mix entre le féminin et le religieux fondamentaliste qu’il masculin. Vous ne verrez jamais est supérieur? Avoir autant un homme ou une femme d’étiquettes donnerait à un habillé comme moi. Je dirais hétéro intolérant, un sentiment qu’en tant que communauté, que nous ne sommes pas une nous sommes tellement communauté solidaire mais confus que nous avons du plutôt un ensemble d’acronyme mal à chercher à comprendre toujours plus long. Cela nous la sexualité humaine dans sa marginaliserait encore plus et globalité. La sexualité est un embrouillerait n’importe quelle moyen d’exprimer nos émotions personne qui est en quête de sa et nous ne devrions pas les propre sexualité. Est-ce que cet restreindre dans des boîtes ensemble d’acronymes toujours 15

en expansion ne permettrait pas à un fondamentaliste de dire, “la Bible dit qu’il n’y a qu’un seul chemin vers la vérité”, et ainsi considérer leur chemin comme le meilleur, et le nôtre damné? Plusieurs fois on m’a demandé à quel genre j’appartenais. Je m’y perds avec les mots parce qu’il n’y a pas de “genre” particulier qui m’attire. J’ai tendance à être attiré par l’intellect d’une personne et si l’attirance émotionnelle est perceptible. Après tout, n’est pas ca l’amour et la sexualité? Et si c’est le cas, pourquoi sommes-nous si pressés de mettre les gens dans des catégories? Est-ce que cela ne prouve pas que la sexualité est basée sur l’amour et les affinités plutôt que sur le physique? Je vais sur des sites de rencontres et je vois des profils aux mises en garde disant : PAS DE GARCON MANQUE, PAS DE GROS, PAS DE NOIR,


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Le numéro sur les “autres”

to me. How can people be OUT and PROUD, yet remain so insecure in their sexualities that they make others feel bad about themselves? Believe me when I say that staying IN THE CLOSET is a situation but coming OUT OF THE CLOSET is a process with different stages. I see coming out of the closet as a system that I refer to

I will proudly say I am an “OTHER” and wouldn’t change a thing. We’re regularly judged in our everyday lives, and yet we ourselves segregate from within. My therapist advised me to go out to a gay club in Boston, for the first time, for a transsexual seminar to support my LGBTI community. I walked into the

How can people be OUT and PROUD, yet remain so insecure in their sexualities that they make others feel bad about themselves? as the ‘TEN STAGES COMING OUT SYSTEM.’ Why bother if a gay person dates a bisexual? That shouldn’t matter! The question should only be, “Are they in love with each other?” Most people fail to realize that, as humans, we are created with inborn instincts of love and acceptance, not of segregation. That is the reason why, when we are young and tender, we never care about the differences between us. We grow up to find out from our society that differences matter. Let’s consider the case of someone who’s skinny, feminine, hairy and young. Now tell me, where do you place such a person? Do you say that person is a twink feminine gay bear and sugar baby? I don’t think so. In such a progressive scientific and technological era, we, as a community, should have realized the true idea of love and acceptance which has no room for marginalization or ostracism whatsoever.

club and realized everyone stood in a bunch of cliques. I found myself standing alone in the middle of the club and was shoved about by other transsexuals. I knew right there that being the OTHER was completely me but, in that sick context, depressing. The only action I could take was to make an early departure. In conclusion, I would say we are a community which has been and still is being bullied, tortured, ostracized, rejected, killed, raped, jailed and chased. We have a better understanding of what it’s like to be the OTHER and the OUTSIDER. In our own ways we are all the OTHER and the OUTSIDER, so why make others go through more of that feeling of NEGLECT and FOREIGNESS? We are a community. Oneness is the only successful weapon in our fight, as a minority, for equality. By Daniel Ekine 16


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The “Others” Issue

SEULEMENT DES MECS A l’APPARANCE HETERO, PAS D’ACCENT, etc. Le fait que certaines personnes fassent de la discrimination sur l’origine d’un accent est pour moi ridicule. Comment les gens peuvent être LIBRES et FIERS, tout en manquant autant d’assurance sur leurs sexualités qu’ils ont besoin de mettre les autres si mal à l’aise? Croyezmoi, rester DANS LE PLACARD est une situation difficile mais en SORTIR est un processus qui comporte plusieurs étapes. Je vois ce processus comme un système que j’appelle le “SYSTEME POUR SORTIR DU PLACARD EN 10 ETAPES.” Quel est le problème si un homo sort avec un bi? On s’en fout! La seule question devrait être : “Sont-ils amoureux ensembles?”

avec la constante avancée scientifique et technologique, nous, la communauté LGBTI, nous devrions avoir réalisé le véritable sens de l’amour et de l’acceptation, et par cela écarter tout risque de marginalisation et d’ostracisme. Je cocherais donc fièrement la case “AUTRES” et je le resterai toujours. Nous sommes jugés régulièrement, tous les jours, alors pourquoi se discriminer soi-même. Mon thérapeute m’a conseillé pour la première fois d’aller à un club gay à Boston, pour un Séminaire Transsexuel soutenant ma communauté LGBTI. J’y suis allé et j’ai vu que les gens étaient en cliques, par groupe d’appartenance. Je me suis retrouvé tout seul au milieu du club et j’ai été ignoré

Je cocherais donc fièrement la case “AUTRES” et je le resterai toujours. La plupart des gens ne réalise pas que nous, humains, nous sommes faits naturellement d’instincts d’amour et d’acceptation, et pas de discrimination. C’est la raison pour laquelle quand nous sommes jeunes et tendres, nous ne faisons jamais la différence entre homme et femme. Nous grandissons pour apprendre de la société existante que nous sommes différents. Prenons comme exemple une personne mince, féminine, poilue et jeune. Dites-moi, où rangez-vous cette personne? Est-ce que vous diriez que cette personne est un jeune gay ours efféminé? Je ne crois pas. Dans cette époque

par les transsexuels. Je me suis senti encore plus seul dans ce club que chez moi. Et pourtant je n’étais ni “gros” ni “Juif” pour me sentir si malvenu. Je savais qu’à partir de là, l’ayant vécu, être dans cette catégorie “AUTRES” me correspondait parfaitement. La seule chose que je pouvais faire c’était de tranquillement rentrer chez moi. Pour conclure, je dirais que notre communauté est rejetée, torturée, ostracisée, tuée, violée, mise en prison et chassée. Nous comprenons donc davantage ce que c’est que d’être AUTRE et MALVENU. Dans un certain sens nous 17

sommes tous les AUTRES et les MALVENUS, alors pourquoi faire vivre à d’autres ce sentiment de négligence et de mépris? Nous sommes une communauté et le combat pour les droits de tout autre acronyme devrait être effectué dans l’unité. La solidarité est l’unique arme efficace dans notre lutte, en tant que minorité, pour l’égalité.

Par Daniel Ekine


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I Have This Fear

I

have this fear and it keeps my legs shaking. My heart beats faster when I think about it. If you were in the same shoes with me, would you feel different? Could you hope to make it in an environment like this one, so unaccommodating and hostile? If you are wondering what I am talking about, read on for all the gory details. And while you do, keep one question in mind – How long is it going to take for us feminine guys to be accepted in “normal” gay culture? Example: I meet this guy on Facebook. He goes through all my pictures and tells me how good-looking I am, etc., etc. He promises me heaven and earth. I’m not surprised. I know myself, and though I don’t want to brag, it’s true I am cute. At least that’s what my mum always told me!

We make an appointment to meet in person at a local park around 5 in the afternoon. He arrives first and texts me where he is. Of course, he is a straightacting guy, dress shirt and black pants. I’m in a very tight bootleg and a muscle top, and I’m a little shy and embarrassed, since this is our first meeting. As I approach, he is seated on a tree stump, pretending to be busy with his cheap phone. When he finally looks up at me, his expression is priceless, although it is meant to hurt me. He gives me that look that says “I have to rush, I forgot I had another engagement!”

Anyway, it happens all the time. Straight-acting guys are fascinated by femme guys like me, but when it comes to acknowledging their feelings, they make excuses and run away. Believe me, I’m used to the fact that the society I live in has a set of stereotypes, expectations, and standards of what it means to “qualify” as a man. Men are rough and crude. They watch sports and action movies, obsess about their muscles, get off on porn.

I grew up soft and fragile. I’m interested in pretty clothes and nice accessories. I watch Well, I never talked to him again. rom-coms, and porn turns me off. I like the company of girls. I even went home and blocked him on FB. I told myself I didn’t You can imagine the crap I got give a damn. He was nothing to growing up. write home about in any case. My dad tried as hard as he could to give me the skills and

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Je vis avec cette peur

J

’ai cette peur qui me fait trembler en permanence. Mon cœur se met à battre plus vite à chaque fois que j’y pense. Si vous étiez à ma place, vous sentiriezvous différent? Penseriez-vous pouvoir mieux vous en sortir dans un environnement aussi inhospitalier et hostile que le mien?

parcourt toutes mes photos et me dit à quel point je suis beau, etc., etc. Il me promet ciel et terre. Je ne suis pas surpris du tout. Je me connais et, sans vouloir me vanter, c’est vrai que je suis mignon comme mec. Du moins, c’est ce que ma mère m’a toujours dit quand j’étais jeune!

Nous nous fixons un rendezvous (pour nous voir en Si vous vous demandez ce à quoi je fais allusion, lisez la suite personne) dans un parc du de mon histoire pour connaitre coin, aux environs de 5h de l’après-midi. Il arrive le premier tous ses détails incisifs. Et pendant que vous lirez, gardez à et m’envoie un texto pour l’esprit une question - Combien m’indiquer l’endroit où il se trouve exactement dans le de temps nous faudra-t-il encore, nous les efféminés, pour parc. Bien sûr, il a une allure nous faire accepter et nous faire d’hétéro, vêtu d’une chemise et d’un pantalon noir. Moi, vêtu une place dans la culture gay d’un pantalon très serré et d’un dite «normale»? t-shirt assez ample, je suis Voici mon histoire. Je rencontre un peu timide et embarrassé, un mec sur Facebook. Il car il s’agit de notre première rencontre. 19

Alors que je m’approche de lui, il est assis sur une souche d’arbre, et fait semblant d’être occupé par son téléphone tout minable. Quand il lève enfin son regard vers moi, je n’accorde aucune importance à ce mépris vis-à-vis de moi qui se lit sur son expression et qui vise sans aucun doute à m’anéantir. Il me lance ce regard et me dit: «Je dois y aller maintenant, j’avais oublié que j’avais un autre engagement!” Eh bien, je ne lui ai plus jamais parlé. Je suis même allé jusqu’à le supprimer de mes contacts et le bloquer sur FB. Je me suis dit que je n’en avais rien à foutre de lui. Il n’était pas le genre de personne sur lesquelles on devrait s’attarder, de toute façon. Trop noir et trop maigre pour moi. En tout cas, cela arrive tout le temps. Les mecs


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attitudes a boy child is expected to have, but it never worked. I got all sorts of manly abuse, physically as well as verbally, from him, but nothing could change me. There was nothing I could do. I knew I’d been born this way. In school I got more abuse, but I was determined to get the education I not only deserve but that I am entitled to according to the UN Declaration of Human Rights. I did not let the insults and humiliations bring me down. I had been through all that since childhood, so by the time I got to high school – where gender expectations were even stronger and the penalties for not conforming even harsher – I still looked soft and girlish on the outside, but on the inside I had become as tough as nails. Here is the strategy I came up with. It works perfectly. Whenever people try make fun of me, I just laugh my lungs out. Then I ignore them.

my sexuality, unlike theirs, is obvious.

public names like “sissy” and “queen” are my daily bread.

The guy in the park is typical of what I experienced. I have met a lot of different straight-acting guys, with different personalities in all kinds of ways, except they all agreed on one thing – looking down on me because I’m femme.

I don’t blame them for being attracted, of course. I have a figure identical to that of a girl, and I am tall and slim with a beautiful long back and … well, you get the picture.

Strangely enough though, being femme doesn’t stop the same straight-acting guys from coming on to me! They are okay with fucking me, just not being seen with me. In private I’m their “sweetheart” and “doll,” but in

When will this ignorant world understand we are born this way and different by nature?

But I won’t let myself be used and then let go. And after a lot of disappointments, I finally Those that don’t just shun me or run away try to lecture me on met a guy who loves me for who I am. We’ve been together what to wear and not to wear, how to walk “properly” and talk almost two years now, but that does not change the fact that with a deep voice. They tell me we femme guys in Botswana they were born gay, but they can’t accept that I was born gay remain a marginalised minority within a minority. and femme.

What I did not expect was to find the same attitudes among so many straight-acting gay guys. I never knew any other gay boys when I was growing up. I only realized there was such a thing as a gay community when I entered the university and started dating for the first time. That’s when, to my amazement, I started experiencing discrimination not just from the straight world but from other gay men. At first I could not believe that guys who would have been shunned themselves, if only people knew they were gay, would have the nerve to shun me just because 20

By Boikanyo Sekokonyane


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gays aux allures d’hétéros sont bien fascinés par des mecs efféminés comme moi. Mais, quand vient le moment d’assumer leurs sentiments, ils trouvent toujours des excuses et s’enfuient.

À l’école, j’ai été victime de plus d’abus, mais j’étais déterminé à acquérir de l’éducation car, non seulement je le mérite, mais aussi c’est un de mes droits fondamentaux en vertu de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Je ne Croyez-moi, je suis habitué au me laissais pas abattre par les fait que la société dans laquelle insultes et les humiliations. Je je vis fonctionne selon des les subissais déjà depuis mon stéréotypes, des attentes et des enfance alors, au moment où je normes sur lesquelles elle se suis arrivé au secondaire - où base pour “qualifier” ce qu’est les attentes sociales en matière un homme. Un vrai. Les vrais de genre étaient encore plus hommes sont rudes et bruts. A fortes et où les réprimandes la télévision, ils ne regardent que pour non-conformismes au du sport et des films d’action, codes sociaux étaient encore sont obsédés par leurs muscles plus rudes - j’avais toujours une et tous accros aux films porno. apparence douce et féminine à l’extérieur mais, à l’intérieur J’ai grandi en étant mou et j’étais devenu aussi dur qu’un fragile. Je m’intéresse aux roc. jolis vêtements et accessoires sympas. Je regarde des Voici la stratégie que j’avais comédies musicales et le mise au point. Et elle fonctionne

que j’ai commencé à faire des rencontres avec des mecs. C’est alors que, à mon grand étonnement, j’ai commencé à éprouver de la discrimination, non seulement de la part des hétéros, mais également de la part d’autres gays. Au début, je n’arrivais pas à croire que des personnes qui auraient pu être elles-mêmes victimes de discriminations si seulement leur entourage savait qu’ils étaient homosexuels, auraient le culot de me fuir juste parce que ma sexualité, contrairement à la leur, sautait aux yeux. Le gars que j’ai rencontré récemment au parc est l’exemple-type de ce que j’ai vécu. J’ai rencontré plein de gays aux allures d’hétéros, ayant tous des personnalités différentes certes, mais avec un point en commun : ils me

I grew up soft and fragile. I’m interested in pretty clothes and nice accessories. I watch rom-coms, and porn turns me off. I like the company of girls. porno me dégoûte. J’aime la compagnie des filles. Vous pouvez donc imaginer le calvaire que j’ai pu vivre en grandissant. Mon père a essayé du mieux qu’il le pouvait, de me faire acquérir les aptitudes et les attributs dont devrait disposer un vrai garçon, mais sans succès. Il m’a infligé toutes sortes de souffrances dont pourrait être victime un homme, tant des violences physiques que verbales, mais rien ne pouvait me changer. Je n’y pouvais rien. Je savais que j’étais né comme cela.

toujours parfaitement aujourd’hui. A chaque fois que les gens essayent de se moquer de moi, je ris encore plus fort qu’eux, puis je les ignore. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’était de retrouver ces mêmes attitudes chez les gays aux allures d’hétéros. Je n’avais jamais rencontré d’autres gays pendant mon enfance et mon adolescence. J’ai n’ai d’ailleurs eu connaissance de l’existence d’une certaine communauté gay que lorsque je suis entré à l’université et 21

regardaient tous de haut, juste parce que j’étais efféminé. Ceux d’entre eux qui ne se contentent pas juste de m’éviter ou de s’enfuir essayent de me donner des leçons sur ma façon de m’habiller, ce que je devrais porter ou pas, comment je devrais marcher “correctement” et parler d’une voix grave. Ils me disent qu’ils sont nés gay, mais ne peuvent pas accepter que je sois né gay et efféminé. Curieusement le fait que je sois efféminé ne les empêche pas venir vers moi! Ils n’ont aucun


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problème à coucher avec moi, juste qu’ils ne veulent pas être vus en ma compagnie. En privé, je suis leur «amie», leur «poupée», mais en public, des appellations comme «tapette» ou «pédale» sont mon lot quotidien. Je ne les blâme pas d’être attirés par moi bien sûr. J’ai un visage identique à celui d’une jeune fille, et je suis grand et mince avec un beau derrière bien rebondi et... enfin, vous voyez de quoi je parle. Pas besoin de vous faire un dessin.

A mon grand étonnement, j’ai commencé à éprouver de la discrimination, non seulement de la part des hétéros, mais également de la part d’autres gays. Mais je ne me laisserai pas utilisé, puis jeté comme une vieille chaussette. Et après plusieurs déceptions, j’ai enfin rencontré un gars qui m’aime comme je suis. Nous sommes ensemble depuis presque deux ans maintenant, mais cela ne change rien au fait que nous, les mecs efféminés, au Botswana, demeurons une minorité marginalisée au sein d’une grande minorité. Mais, quand ces ignorants finirontils par comprendre que nous sommes tous nés comme nous sommes, différents par nature? Par Boikanyo Sekokonyane

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Que pensez-vous des hommes efféminés?

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icro trottoir au sein de la communauté MSM de Ouagadougou, Burkina Faso, sur la perception que les autres se font des hommes efféminés Jean, 25 ans, Etudiant en Droit : Bon, moi je pense que les hommes efféminés devraient faire l’effort de l’être moins parce qu’ils s’exposent au lynchage, aux insultes, etc. Personnellement, je n’ai rien contre eux mais je préfère ne pas les fréquenter parce qu’ils ne sont pas discrets. Si tu t’hasardes à te mettre chaque fois en leur compagnie, tout le monde saura que toi aussi tu es gromo. Karim, 35 ans, membre dirigeant d’une association de prise en charge des MSM (Prévention VIH) : Ah non !!!! Je ne supporte pas les “follasses”! Ils pensent que c’est en se déguisant comme des femmes qu’ils vont arriver à trouver des mecs ou draguer les mecs qu’ils veulent. C’est honteux pour eux et leurs familles. Moi je pense que quand on est gay, on est attiré par de vrais mecs et non pas des copies de femmes. Ils n’ont rien compris à ce que c’est que d’être gay. Coco, 29 ans, Fonctionnaire : Aaaah! Ne me parle pas des folles! Il y a des gens qui pensent qu’on est en Europe. Ils osent se promener en

ville avec de gros sacs, des tenues de femmes, avec des déhanchements de Beyoncé. Pfff, comme si on se croirait à Paris ou New York! Comment peut-on se permettre de s’exposer de la sorte?! Je crois que les efféminés sont la honte des gays. Aly, Gérant de buvette : Merci pour votre question. Sincèrement, je ne pense pas qu’il est bien d’être efféminé. Vous savez l’homosexualité est mal acceptée encore ici, donc tout le monde devrait vivre caché et discret. Il faut éviter d’être plus maniéré que les femmes elles-mêmes! Sinon c’est absurde! En plus quand tu es trop maniéré, on ne te respecte pas. Je pense aussi que la plupart des gays trop maniérés sont des prostitués. Ibrahim, Consultant GRH : Ecoute, je pense qu’autant qu’on ne choisit pas son orientation sexuelle, on ne choisit pas également d’être forcément efféminé. Je reconnais que certains gays se forcent de l’être, mais il y a d’autres qui sont tout naturels! Personnellement, j’ai un ami qui, dans ses tenues de mecs, sans même faire de geste, juste à le regarder on croirait voir une femme. Il a tout le potentiel d’une femme. Peut-on dire que celui-là fait exprès? Il ne s’en rend même pas compte. Je pense donc qu’on devrait faire l’effort de moins les stigmatiser. 23

Maxime, 23 ans, Etudiant en Sociologie : Les Dashas ! Il faut avoir peur de celles-là! Quand elles sortent, le monde s’incline. Elles sont belles, mais elles sont dangereuses. (Rires…) personnellement, je pense que c’est bien de faire son cinéma devant le monde mais il faut rester discret. Moi j’aime bien les regarder passer mais je ne veux pas de leur amitié. Parce qu’elles peuvent t’exposer. Ceux sont des gens qui n’ont pas honte pour leur réputation, qui se laissent aller, qui n’ont pas pitié de leur famille. Ça ne sert à rien d’être efféminé. Quand tu l’es, tout le monde te fuie. Melvine, 28 ans, Enseignant du secondaire : Nous savons que les gays sont très vulnérables ici, mais les personnes efféminées le sont encore plus. Parce que les gens, surtout les membres de la communauté gay n’ont pas compris que ces personnes sont des entitées à part entière du groupe et qu’elles-mêmes souffrent de leurs apparences efféminées. En fait, elles ne savent même pas qu’elles le sont et c’est à force de stigmatisation et de rejet des autres qu’elles finissent pas se faire une carapace. Personnellement, je pense qu’aussi bien que nous avons une orientation sexuelle différente, aussi nous devrons comprendre qu’il y a d’autres


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What Do You Think of Effeminate Men?

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ox pop in the MSM community of Ouagadougou, Burkina Faso, on their attitudes towards “effeminate” members of the community. Jean, 25, law student: Well, as far as I’m concerned, effeminate men should make an effort to be less effeminate. They are putting themselves at risk of being insulted or even lynched. Personally, I have nothing against them, but I prefer not to hang around with them because they are not discreet. If you risk being seen in their company, everyone will know that you are also “gromo.” Karim, 35, director of an MSM organisation: Oh no, I can’t stand the queens! They think that by pretending to be women they are going to

pick up any guys they want. It’s shameful for them and their families. To me, a gay man should be attracted by real men, not copies of women. The queens don’t understand anything about being gay. Coco, 29, civil servant: Ah, don’t talk to me about these queens. They think we are in Europe and they can get away with parading themselves around town all dolled up and swaying their hips like Beyoncé. It’s as if they think we are in Paris or New York ! How can I allow myself to be associated with that kind? These femmes are a disgrace to gay people. Aly, bar manager: Honestly it is not good at all to be effeminate. As you know people take a dim view of homosexuality here, and so 24

we need to be secretive and discreet. Above all we have to avoid acting more like women than women themselves! It is absurd. If your mannerisms are too feminine, no one will respect you. I think most gays who are effeminate and over the top in their mannerisms are prostitutes. Ibrahim, Consultant GRH: Listen, I think that, just as we don’t choose our sexual orientation, we also don’t choose to be effeminate. I know that some gays just pretend to be femme, but there are others who are just naturals! Personally, I have a friend who, when he is dressed like a woman, even without behaving like one, you would believe he is a woman just from looking at him. He has all the natural


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qui une façon bien différente d’exprimer leur sexualité. Et il faut respecter ça. Dans la dynamique de cette même thématique, nous avons tendu notre micro, à des personnes qui s’identifient très efféminées, pour savoir quel regard les autres membres de la communauté LGBTI portent sur eux, en l’occurrence les MSM. Dimi, 19 ans, Elève : Ce n’est pas facile d’être une personne efféminée. Moi-même je ne fais pas exprès de l’être dans mes gestes. Ceux sont mes amis qui me font souvent la remarque, comme quoi, j’ai

Clarence, 28 ans : Les gens me regardent de manière bizarre. Il y a certains que je fais marrer et d’autres qui me regardent avec dédain. Mais j’avoue que tout ça m’est égal. Au début, c’était trop pénible parce que je faisais l’effort de toujours faire comme les autres garçons, mais je n’étais pas bien dans ma peau. Je m’étais même lancé dans la musculation. Mais j’ai fini par m’en lasser. Actuellement c’est moins dur car j’essaie de ne pas trop prêter attention aux regards et aux dires des gens. Sinon, je vais en mourir.

Aaaah! Ne me parle pas des folles! Il y a des gens qui pensent qu’on est en Europe. des attitudes de femme. C’est un peu dur parce que les autres me toisent. Ils se disent que s’ils me fréquentent, tout le monde va se douter de leur orientation sexuelle. Je sais qu’il y a des gens qui ont plusieurs fois évité de me tendre la main en ville parce qu’ils avaient peur qu’on les regarde autrement. Mais aujourd’hui je me suis fait une raison, et même si ça me fait mal de voir des “amis” me fuir, je sais que je ne peux pas me forcer pour être ce que je ne suis pas. Alors, j’avance! Pourvu que ceux que j’aime aussi ne me tournent pas le dos. Sinon, j’aurai le cœur déchiré.

Tous les prénoms utilisés ici sont des pseudos car les personnes interviewées n’ont pas voulu se décliner sous leur vrai identité. Mais leur âge et leur profession sont exacts.

Propos recueillis par Stéphane Ségara

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qualities of a woman. Can we say that this is deliberate? He’s not even aware of it. So I think we must make an effort to avoid stigmatizing the femmes.

aware of their manners, but having to face stigmatization and rejection by others, they eventually end up building a thick skin. Personally, I think

But these days I have come to terms with this, and even though it makes me feel bad to see my so-called “friends” running away from me, I know

The gay community should understand that these people are an integral part of the community. Maxime, 23, Sociology student: These Divas! We must fear them! When they are out on the streets, the whole world bows. They are beautiful, but dangerous (Laughs). Personally, I think that it may be great to show off, but you need to be discreet. I enjoy watching the femmes strut their stuff, but I don’t want their friendship. They would expose me. They are people without shame or any concern for their reputation, who indulge themselves, who have no pity for their own families.

that just as we have a different sexual orientation, we have to understand that there are others who have a different way of expressing their sexuality. We have to respect that.

that I can’t force myself to be someone I’m not. So I move on! Let’s hope that the ones I love will not turn their backs on me. Otherwise, my heart will be broken. Clarence, 28:

People act bizarrely when they To do justice to our topic, we see me. There are some who extended the microphone to men who self-identify as femme. laugh and others who stare at me with contempt. But I confess We wanted to know how they it’s all the same to me. At first, felt about the way they are it was too painful. I tried to act treated in the LGBT community, like other guys, but I wasn’t and more specifically, by the comfortable in my own skin. I MSM community. even took up body-building. But

We need to be secretive and discreet. Above all we have to avoid acting more like women than women themselves! Being effeminate is useless. Everyone shuns you. Melvin, high school teacher: We know that gays are very vulnerable here, but the effeminate ones are even more so. People, especially members of the gay community, don’t understand that these people are an integral part of the community and that they suffer due to their effeminate ways. In fact, they are not even

Dimi, 19, student: t’s not easy being an effeminate man. Personally, I do not deliberately have these manners. It’s my friends who tell me I behave like a woman. It’s a bit tough when people stare at me. They tell me that if they hang around with me, everyone will question their sexual orientation. I know there are people who won’t shake my hand in town because they are scared that others will look at them differently after that. 26

I ended up getting tired of the pretence. Nowadays it’s less hard; I try not to take any notice of people’s dirty looks and gossiping. If not, I would die. Names were changed at respondents’ request to protect their privacy, but the ages and professions are accurate.

Responses collected by Stéphane Ségara


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Canvassing Invisibility

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ulticultural and multiracial, Corinna Nicole is an artist who understands inter-sectionality. She was raised in and near Neu Ulm, South Germany, until the age of eight, after which she made the twenty-one hour-flight to America, finding herself in the warm, humid arms of Huntsville, Alabama. With an African-American father and a German mother, Corinna stood out like a hangnail as a child. She was often the only biracial student in her class and at first spoke only German, except for a few commonly used words in English. To add to her marginality, she came out as queer in high school. Navigating her multiple identities has given her the strength to speak up against invisibility and oppression.

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Comment la quantifier ?

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ulticulturelle et multiraciale, Corinna Nicole est une artiste qui donne tout son sens au mot “l’intersectionnalité”. Elle a grandi dans le Sud de l’Allemagne jusqu’à l’âge de huit ans, quand elle embarque dans un vol de 21h jusqu’en Amérique, où elle trouve refuge dans la chaleur et l’humidité de la ville d’Huntsville, en Alabama. Avec un père Afro-américain et d’une mère Allemande, Corinna se distingue des autres jeunes de par son métissage. D’ailleurs, il lui arrivait souvent d’être la seule élève métisse dans ses classes, en plus du fait qu’elle ne parlait qu’allemand. Comme pour ajouter à sa marginalité, elle fit son coming-out au lycée. Surfer sur la vague de ces multiples identités, lui a donné la force de pouvoir s’ériger contre le manque de visibilité et l’oppression dont font face les personnes queer. 29


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It wasn’t until college, when she switched her major from graphic design to visual arts, that Corinna found her voice. She received her BA in Art from the University of Montevallo in 2008. Before graduating, Corinna was asked to have a solo exhibition at the school’s gallery, at which she boldly displayed over 20 pieces dealing with taboo issues such as interracial couples, gay/lesbian relationships and colorism. In search of a place to hone her talents and a city that would further allow her to push the envelope, she stumbled across the San Francisco Bay Area, where so many queer politics and subcultures flourish. Her artistic skill and vision landed her at the University of California, Berkeley, where she went on to gain her MFA in Art

Practice. This was only the beginning. For the past two years since graduating from UC Berkeley, Corinna has worked intensely with several Bay Area-based nonprofits and communitybased organizations around Queer visibility. Art and politics go hand and hand. Historically, we have seen how art has helped inspire political movements and expand consciousness-raising. Corinna\s art, exquisite in form, is not merely an artistic expression; it is a plea, a request for very necessary conversations around invisibility and emerging identities. “The only way to combat hatred, phobia and violence against

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non-straight bodies is to create awareness. This is my life work, activism, and passion. I can’t imagine myself in any other career. Nothing else will keep my attention. Queer folks all over are speaking out and up for each other, and I am proudly a part of that dialogue. My art is a part of that struggle.” In person Corinina is reserved and humble, but her art speaks volumes against injustice and does not shy away from difficult topics. Her bold and fierce projects will no doubt usher in a generation of Queer and LGBT folks that are ready to be seen and celebrated.

By Tai Rockett


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Il lui a fallu attendre jusqu’à son entrée dans une école d’art, pour qu’elle renonce à ses études en conception graphique et se lance dans les arts visuels, où elle trouva sa voix, obtenant ainsi sa Licence en Art à l’Université de Montevallo en 2008. Avant son inscription en Master, Corinna fit la requête de pouvoir exposer ses œuvres dans la galerie de son école d’art. Une exposition au cours de laquelle, elle afficha audacieusement plus de 20 de ses œuvres traitant de sujets aussi tabous que la thématique des couples interraciaux, les relations entre personnes homosexuelles et les questions raciales. En quête d’un espace pour parfaire son talent et d’une ville capable de la stimuler au point de l’amener à repousser ses propres limites, elle

s’installe dans la baie de San Francisco, lieu de prédilection et véritable laboratoire de la culture homosexuelle et queer des Etats-Unis. Son talent et sa vision artistique particulière la mènent par la suite jusqu’ à l’Université de Californie à Berkeley, où elle obtient son Master en Beaux Arts (Master of Fine Arts). Et ce n’est que le début de son ascension.

pouvait contribuer à inspirer des mouvements politiques, les aider à répandre leurs idéologies et parvenir à atteindre les consciences.

Son art, exquis en forme, n’est pas seulement une expression artistique. C’est surtout une sorte de plaidoyer, une invitation à un dialogue nécessaire sur la condition des identités diverses et émergentes et leur problème de visibilité. “La seule façon Depuis de ces deux dernières de lutter contre la haine, la années, Corinna travaille avec plusieurs associations de la baie phobie et la violence envers les personnes à sexualités de San Francisco, surtout les diverses est de sensibiliser associations communautaires les gens. C’est le travail de dont le focus est la lutte contre ma vie, le militantisme et la l’invisibilité des personnes passion. Je ne m’imagine pas queer. Art et politique sont faire autre chose. Rien d’autre intimement liés, cela ne fait n’est susceptible d’attirer mon aucun doute. D’ailleurs, attention. Les personnes Queer l’histoire nous a prouvé à s’expriment de plus en plus un plusieurs reprises que l’art 31


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peu partout dans le monde et je suis fière de faire partie de ce dialogue, d’être un maillon de la chaine. Mon art fait partie de ce combat,” affirme-t-elle. Sur le plan personnel, elle est plutôt réservée et humble,

mais son art est éloquent et à travers lui, elle s’érige contre l’injustice et ne se défile pas quand il s’agit de parler de sujets sensibles. Ses projets audacieux marqueront sans aucun doute, l’avènement

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d’une génération de personnes Queer et LGBT prêtes à être à s’affirmer et s’émanciper.

Par Tai Rockett


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Born What Way?

M

y friend Cege says he was born gay. He tells me I must have been “born this way” too. He says he knew he was gay as far back as he can remember, which was when he was about three and used to follow the family’s buff gardener everywhere. He shows

This is surprising. Nowadays he is as straight-acting as can be. So was he “gayer” when he was five than he is now?

We didn’t have a gardener in my family. We didn’t have a garden, So maybe we were both born come to think of it. There was liking men and I just do not only a straggly patch of maize remember, or I took longer to become aware of it for whatever reason. Who knows? What I am sure about is that neither Cege nor I were gay until we chose to be. Sure, Cege knew he was attracted to men when he was very young, and I caught on a bit later, but did that make us gay? I mean, isn’t there a lot and sukumawiki behind the more to being gay than just house, which my mother looked that? after. I do have a picture of me The problem with the idea that when I was probably six or we are all born gay (or straight) 36

In the end, maybe it all comes down to words. me a picture of himself when he was five. He is pouting and holding one hand on his hip in a sissy way.

seven, holding a doll. But I don’t remember having any crushes on men or other boys until, well, until I met Cege. We were sixteen.


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Né comme ça ?

M

on ami Cege affirme qu’il est né gay et selon lui, je devrais être “né comme ça” également. Cege dit qu’aussi loin qu’il puisse se souvenir, il a toujours su qu’il était gay. Il dit se rappeler que déjà à l’âge de trois ans, il prenait du plaisir à suivre le jardinier de la famille et à admirer ses muscles. Pour donner encore plus de poids à son argument, il me montra une photo de lui quand il avait cinq ans, sur laquelle Il faisait une de ces moues et posait avec un déhanchement exagéré, en vraie chochotte. Tout ceci était surprenant. Aujourd’hui, il a l’air aussi hétéro qu’un hétéro puisse l’être. C’est

à se demander alors si à l’âge de cinq ans, s’il était “plus gay” qu’il ne l’est de nos jours? Ma famille n’a pas de jardinier, en faite, a y réfléchir, nous n’avions même pas de jardin. Derrière la maison, nous avions ce petit bout de parcelle aride, parsemé de maïs et sukumawiki, dont ma mère s’occupait. J’ai une photo de moi quand j’étais probablement six ou sept ans, sur laquelle je tenais une poupée. Mais je n’ai aucun souvenir de béguin pour d’autres garçons ou une attirance particulière pour les hommes, jusqu’à ce que, eh bien, jusqu’à ce que j’aie rencontré Cege. Nous avions seize ans. 37

C’est possible que tous les deux sommes nés avec cette attirance sexuelle pour les hommes; peut être que je ne m’en souvenais pas, ou alors, pour une raison quelconque, j’ai pris plus de temps pour m’en rendre compte. Qui sait? Ce dont je suis sûr, c’est que ni Cege ni moi étaient gay jusqu’à ce que nous ayons choisi de l’être. Bien sûr, Cege savait qu’il était attiré par les hommes dès son tendre âge, et moi, cela a pris un certain temps, mais est-ce que cela fait nous des “gays?” Je veux dire, être gay n’est-il pas plus complexe que ça? Le problème avec l’argument que nous sommes tous


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is that when people talk about “gayness” or “homosexuality” - or even “sexuality” - they

For me, being gay is so much more - so much better - than just feeling attracted to people of the same sex. are lumping together a lot of different things. Liking men – okay, wanting to have sex with men - is one thing; liking musicals, making camp jokes, and spending a fortune on moisturizer are something else. A man can like men, and even have sex with men, without being gay. And without being “in denial” either.

liking dick “gay” if you want to. But for me, being gay is so much more - so much better - than just feeling attracted to people of the same sex. If it were not, being gay wouldn’t be much fun, if you ask me. What makes it fun is all the other stuff. The social, cultural stuff. The language and stories. The music. The poses and roles. The jokes. The attitude. The style. The stuff we create. The irony and defiance we throw back at a hostile world. The friendship and solidarity I feel as a black African walking into a gay bar in Seattle or Prague or an LGBTI workshop in Tokyo or São Paulo come from this, not from some gene I was born with. I did not choose to love men. I do choose to be “gay.”

By Mbinu Adamu

I suppose sexual feelings for your own sex can be genetic and that we can be born with them, even if, like me, you are a slow learner. Such feelings are simple and instinctive. But how can something as complex and mixed, as social and cultural, as a sexual identity have a biological cause, or be “caused” in any straightforward sense at all? In the end, maybe it all comes down to words. You can call 38


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nés gay (ou hétéro), c’est qu’en parlant “d’être gay” ou “d’homosexualité” - ou encore de “sexualité” – nous faisons l’amalgame avec beaucoup de choses. Etre attiré par les hommes –bien ; vouloir avoir des relations sexuelles avec d’autres hommes - est une chose; aimer les comédies musicales, et dépenser une fortune dans les soins de beauté en est une autre. Un homme peut être attiré par des hommes, et même avoir des

Peut être que l’on peut appeler sucer une bite, “gay”. Pour ma part, être gay est plus complexe.

relations sexuelles avec eux, sans pour autant être gay. Et sans non plus être “dans le déni”. Je suppose que les attirances sexuelles envers une personne du même sexe peuvent avoir une source génétique et que nous pouvons naître avec elles, même si, comme moi, l’on peut êtes un peu “lent à s’en rendre compte.” Ces sentiments sont simples et instinctifs. Mais comment peut-on affirmer que quelque chose d’aussi complexe et mixte, qui comprend autant l’aspect social 39

que culturel, comme l’identité sexuelle, peut simplement être justifié par une cause biologique, ou être “causé par” ? Ou alors, peut-être que tout se résume à des mots? Peut être que l’on peut appeler sucer une bite, “gay”. Pour ma part, être gay est plus complexebeaucoup mieux - que d’avoir une attirance sexuelle envers des personnes du même sexe. Si cette complexité n’existait, être gay ne serait pas amusant, si vous me le demandez. Ce qui le rend intéressant, c’est tous les autres trucs. L’influence sociale, le côté culturel. La langue et les histoires personnelles. La musique. Les démarches et les rôles. Les blagues. L’attitude. Le style. Les choses que nous créons. L’ironie et le défi que nous renvoyons à ce monde hostile. L’amitié et la solidarité que je ressens en rentrant dans un bar gay entant qu’un Africain noir, que ce soit à Seattle ou à Prague, ou quand je participe à un atelier LGBTI à Tokyo ou à São Paulo, font tous partie de cette expérience, et non pas seulement le fait que je suis né avec certains gènes. Je n’ai pas choisi d’être attiré par les hommes. J’ai choisi d’être “gay”.

Par Mbinu Adamu


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L e n u m é r o s u r l e s i“nanuot rveast ”e u r s / t r i c e s

Fragments of a Life: Cleo’s Facebook Page

A

re we friends on Facebook? If not, here is what you missed in my life in the past two weeks.

Xulaye Cleo Quentaro Kale.... oba like u should stop stressing my mom.....if you have any zibs wit my transition come deal with me personally... annoying relaz and I hear mbu friends... just sending me fb requests to stalk me and see how different I look... just so they can get more lugambo... if you want a tourist attraction to gape at try the mountain gorillas... I’m really running out of patience with you and when I do... to hell with actin all civilised with you... because you are hypocrites… green snakes in green grass... all these years

looking for a flaw to pin me, then over... just so you know my being trans is not flawed... it just makes me all the more special.... n yeah, I accepted your friend requests just to spite you... and I know you are reading this.....

But messing with my MOM… Is taking it to another level...it’s making it personal... So woe unto anyone who treads that path, for they will surely come to know the wrath of a mutooro transgirl...

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gal, but why don’t they always attack us, why do they always go for the parents? as if that would change us. Ugandans Ugandans Ugandans

friend likes this.

Friend Two baby girl welcome

to UG, people make it their business to ply on other people’s lives, keep your head up girl words won’t change who you are

Xulaye Cleo Quentaro I don’t care what they say to mi... I’m openly trans in UG... i know the consequences of that... 42

Friend Two that’s de spirit

Friend Three its People’ Not

Just Ugandans. And They Always Pick on The Weaker Part Of You.....Confront Them And Tell Them Asap or else. You see what those villagers were trying to do to Kisule’ RIP mom....Poor Old Lady.


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Les fragments d’une vie : La page Facebook de Cléo

S

ommes-nous amis sur Facebook? Si non, voici ce que tu as raté de ma vie pendant ces deux dernières semaines.

Xulaye Cleo Quentaro Kale.... oba tu dois arrêter de stresser ma mère..... si tu as n’importe quel problème que ce soit avec ma transition, viens le régler avec moi personnellement... c’est vraiment énervant et j’ai appris que les amis de mbu... m’envoient des demandes d’amis FB juste pour me traquer et voir à quoi je ressemble ... juste pour avoir plus de lugambo...si vous voulez une attraction touristique devant laquelle rester bouche bée, allez y voir les gorilles de

montagnes... Je perds vraiment patience et quand ce sera fait... au diable les manières civilisées avec vous... parce que vous êtes des hypocrites… des serpents verts dans l’herbe verte... toutes ces années à chercher un défaut pour me clouer... juste pour que vous sachiez, ma transsexualité est sans défaut... ça me rend juste encore plus spéciale.... et oui, j’ai accepté vos demandes d’amis juste pour vous emmerder... et je sais que vous lisez ceci.....

Aime · · Partage Les amis qui ont aimés ce poste:

Ami Deux : Ma puce,

bienvenue en Ouganda, les 43

gens en font leur passe-temps de se mêler de la vie des autres leurs affaires, gardes la tête haute ma chérie, les mots ne changeront pas qui tu es

Xulaye Cleo Quentaro : Je

m’en fous de ce qu’ils me disent... Je suis ouvertement transsexuel en Uganda... je connais les conséquences... mais s’en prendre à ma MERE… c’est atteindre un autre niveau... ça devient personnelle... Alors malheur à tout ceux qui foule ce chemin, parce qu’ils connaitront certainement la colère d’une fille transsexuelle de mutooro... Ami Deux : c’est ça même ma puce, mais pourquoi ne nous attaquent t-ils pas toujours, pourquoi doivent-ils toujours


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Xulaye Cleo Quentaro shared Xulaye Cleo Quentaro’s photo. Undergrad first year....it’s been forever...am blown away looking at this now..

Friend One woooow!

Friend Two Friend Three

Incredible hot tomboi

Xulaye Cleo Quentaro Yeah,

yeah, yeah...was looking through ma old pictures... then I fell upon these ones... I can’t believe I once used to look and dress like this... huh!?

Xulaye Cleo Quentaro I would

to make people happy...then u are bound to believe the act and the lie for the reality n truth... but I know better now. Can’t act all my life pretending to be what I aren’t because it is easier or safe...or just to make other people happy, because in the end I can’t make everyone happy...in the end hard as I tried, I failed. people called me gay yet I wasn’t, in the end I was leaving a huge lie n it was eating me up....in the end it is my life. I had to live it not let others define it...I am not perfect. wasn’t before, won’t be after...but so are all my friends. But I love u none the less...so if u feel the same about me...if u were for real...then suck it up n deal with it or bust....I would understand...some friends are for right now n some friends are forever

Friend Seven

Cleo, facts r bitter but that’s what I feel of him from my heart, I lv him soooooo much

Xulaye Cleo Quentaro Sorry... he isn’t here any more

Xulaye Cleo Quentaro

date him...though...i like

They say the grass is greener on the other side but they Friend Five The transition is didn’t finish the saying… the amazing! Congratulations. grass is greener on the other side because there is someone Friend Six Wow! over there watering their lawn! Xulaye Cleo Quentaro Thanks So water your side and quit scrambling for other peoples friend five watered lawns. The grass Friend Seven I prefer him, darn might also just be deceptively u! looking greener because you are looking from a distance. I Xulaye Cleo Quentaro Vince. suggest you look closer and I know how u feel. I guess I see the brown patches in miss him sometimes as well....u that green lawn...and jus as spend the whole of your life an advice...better the devil u acting out something u aren’t know than the angel u don’t.. 44

That angel might be flawed or more grotesque in ways that you can’t fathom.no body is perfect... not even you. That’s the essence of relationships... family, friendships, lovers and marriage...because it is in those relationships that all of us together in our flawed nature come together to complement each other and make our strengths stronger and our weaknesses dimmer...think about it.... yours truly Cleo Xulaye Cleo Quentaro I know what it’s like to finally have something worth having and to believe deep down in a place you never look that u don’t deserve it...but our pain is our fuel....people like us either kick ass or get our asses kicked...but it’s a choice...and that choice is ours...no body defines our worth but us.... unless we let them Friend One Very true. Xulaye Cleo Quentaro Ok, so am transitioning and there have been some juicy details added to my appearance but that’s all there is to it! It’s no big deal, am no tourist attraction to gape at, am still the same ordinary person n not an object for your sexual release or a juicy piece of cake to take a bite from! So if I take the courtesy to invite you over to my humble chambers, please have the respect for whatever sort of friendship we share and return my humble gesture not with sexual advances but with mutual sentiments such as I extended... And as much as I have cultivated formidable rapports with sex workers, and have a deep utter respect


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s’attaquer à nos parents? Comme si cela allait nous changer ? Les Ougandais, les Ougandais, les Ougandais

Ami Cinq : La transition est

Xulaye Cleo Quentaro :

Ami Six : Wow!

Xulaye Cleo Quentaro

incroyable! Félicitations.

Désolé...il n’existe plus

Ami Trois : c’est tout le monde, Xulaye Cleo Quentaro : Merci Ils disent que l’herbe est plus

verte de l’autre côté, mais ils n’ont pas fini le dicton ... l’herbe Ami Sept : C’est lui que je est plus verte de l’autre côté préfère, sois maudit! parce qu’il y a quelqu’un la bas qui arrose sa pelouse! Donc, Xulaye Cleo Quentaro Vince arrose de ton côté et arrêtes de : Je sais ce que tu te ressens. te bousculer pour les pelouses Je suppose qu’il me manque arrosées des autres. L’herbe aussi des fois....Tu passes toute verte peut aussi être simplement ta vie à prétendre être ce que tu trompeuse parce que tu Xulaye Cleo Quentaro a n’es pas pour rendre les gens regardes de loin. Je te suggère partagé une photo de heureux...alors tu es obligé de de regarder de plus près et tu Xulaye Cleo Quentaro. croire l’acte et le mensonge de verras les taches brunes sur Première année d’universitaire.... la réalité et de la vérité...mais cette pelouse verte ... et juste maintenant je sais mieux que ça fait longtemps...je suis comme conseil ... mieux vaut le quiconque. Je ne peux pas époustouflée quand je regarde diable que tu connais que l’ange me comporter ainsi toute ma cette photo... que tu ne connais pas... Cet vie, prétendre être ce que je ne ange pourrait être imparfait ou suis pas parce que c’est plus grossièreté que tu ne pourras facile ou plus sure...ou juste imaginer. Aucun corps n’est pour rendre les autres heureux, parfait... pas même pas le sien. parce qu’à la fin je ne peux pas C’est l’essence des relations... rendre tout le monde heureux... la famille, l’amitié, l’amour et finalement aussi fort que j’ai le mariage ... parce que c’est essayé, j’ai échoué. Les gens dans ces relations que nous m’ont qualifié de gay bien que je nous assemblons tous dans ne l’étais pas, en fin de compte nos natures imparfaites pour je vivais un gros mensonge et nous compléter mutuellement et ça me rongeait....finalement renforcer nos atouts et réduire c’est ma vie. Je dois la vivre nos faiblesses...penses-y .... et ne pas laisser les autres la Sincèrement Cléo définir...Je ne suis pas parfaite. Je ne l’étais pas avant, je ne Xulaye Cleo Quentaro Ami un: Woooow! le serais pas plus tard...mais Je sais ce que c’est que d’avoir ainsi sont tous mes amis. Mais Ami Deux : Invraisemblable enfin quelque chose qui vaut je t’aime quand même...alors Ami trois : garcon raté sexy la peine et de croire tout au si tu ressens la même chose à fond de soi, dans un endroit où mon égard...si tu es sincère... Xulaye Cleo Quentaro : alors accepte le ou casses-toi.... l’on n’a jamais regardé, qu’on Oui, oui, oui...je fouillais dans Je comprendrais...certains amis ne le mérite pas ... mais notre mes vieilles photos... et je suis souffrance est notre carburant sont temporaires et d’autres tombée sur celle-là... Je n’arrive sont pour toujours .... Des personnes comme nous pas à croire que je ressemblais bottent le cul ou bien se font à ça et avais l’habitude de Ami Sept : Cléo, la vérité botter le cul ... mais c’est un m’habiller ainsi... huh!? est amère mais c’est ce que choix... et ce choix est le nôtre je ressens pour lui dans mon ... personne d’autre que nous Xulaye Cleo Quentaro : cœur, je l’aime tellement ne définit notre valeur.... sauf si Je sortirais avec lui...bien nous les laissons faire que...j’aime 45 pas seulement les Ougandais. Et Ils s’attaqueront toujours à votre côté le plus faible..... Confrontes les et dis leur de se méfier ou Sinon. As-tu vu ce que ces villageois essayaient de faire à la mère de Kisule ? RIP....Pauvre Vieille Femme.

ami cinq


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and appreciation for their line of work, am sadly not one myself... so keep your cheap quid, cheda, dymes (whatever you call it) to yourself... I will be glad to make reference of a very lovely lad who might take your proposition more kindly... As for our relationship, It¬ seriously remains wrecked pending salvage… If you are Willing to make amends, we r friends and that’s priceless enough for me... don’t trample on it and ruin it! Friend One wrecked pending salvage...nice. Title for a book perhaps? Xulaye Cleo Quentaro Yeah, I think so to. Xulaye Cleo Quentaro shared a status. “CELEBRATIN’ TRANSGENDER PEOPLE OF COLOUR,OUR STRUGGLES, OUR DREAMS, OUR ASPIRATIONS IN GRACE” Watch this space Xulaye Cleo Quentaro Get in shape! I know, I am, fab up!... watch your inbox, or phone... any tyme from now

people born with one testes and Xulaye Cleo Quentaro Naye Lenon, u know I ain’t a lesbian one ovary? Xulaye Cleo Quentaro i know... we need to teach our docs Friend Three Where are you that this lecturer doesn’t know about hermaphrodites and androgeny? What crap. Xulaye Cleo Quentaro @Friend Three .. Was at Makerere university which is a famous university in the region...and I was one of my m MSc classes in medical biostatics and epidemiology...and the guy goes like gender is a binomial discrete variable...u re either male or female, and nothing in between...ma ears were bleeding...it took all my energy to restrain from a confrontation Friend Three Why bite your tongue? Why not at least afterwards go up and introduce yourself? Xulaye Cleo Quentaro

In Soroti heading deep into Kasilo, Serere... Missed Itesoland... I still insist the hottest guys are Iteso... ‘been listening Xulaye Cleo Quentaro to some radio station about them dissecting the Mukula In a MSc medicine lecture incident and how it applies and this doc Is talking about to the whole of Iteso; past, gender being male or female present and future. And I quote, with no in-betweens. As an “not all prisons have walls, we example of a discrete variable.... have been in a developmental I am shouting inwardly, “I am and democratic prison for the transgender and in your class!!!” past 30 years... And though Am I that invisible? And you ask Mukula has been released, an why the transphobia!? They are enemy has very many tactics, teaching us wrongly… giving you bread crumbs while incarcerating your relatives from Friend One He is not phobic, he behind is ignorant Friend One dont molest the Friend Two Even from a strictly girls please biological point of view that isn’t true. How do they explain 46

Friend One hahahahaha Friend One straight>?#4$ NICE Xulaye Cleo Quentaro Stop it,lol! Xulaye Cleo Quentaro Excerpt from a poem to my first boyfriend from my autobiography: I¬ remember when we first met, it was butterflies! Boo, do you remember how we shivered when we touched? Dancing under the silver moonlight your body close to mine, swaying with the warm African breeze? My body in your arms... looking into your warm eyes that said this was one for the ages? How we first kissed and time seemed but to linger on forever? I now wonder how we could throw all that away just because of our pride. How we could throw away this; that kings fight for; this that heaven kissed earth for; this that surpasses all logic and transcends the universes; this that is timeless and invincible! How could we throw away this love?! Friend One Romantic Xulaye Cleo Quentaro Yeah, I know. Can’t believe I kept it this long but I actually loved him. To think he never even got to read it. I guess if he gets a copy of my book, he will. Xulaye Cleo Quentaro Ma birthday is coming up. This one is very special coz its Cleo’s first birthday! I am really speechless as to what I should make of it. I want it as personal, as memorable and as crazy as I


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Ami Un : très vrai. Xulaye Cleo Quentaro Ok, alors je fais ma transition et il y a quelques détails croustillants qui ont été ajouté à mon apparence, mais c’est tout! Ce n’est pas grand-chose, je ne suis pas une attraction touristique à contempler bouche bée. Je suis toujours la même personne ordinaire et non pas un objet pour votre fantasme sexuelle ou un morceau de gâteau juteux dont vous pouvez avoir une bouchée! Donc, si je vous invite par courtoisie dans mon humble chambre, s’il vous plaît ayez du respect pour la quelconque d’amitié que nous partageons et retourner mon humble geste non pas avec des avances sexuelles mais avec des sentiments mutuels... Et bien que j’ai cultivé des rapports formidables avec les travailleuses du sexe et ai du respect et de l’appréciation profond absolu pour leur travail, Je ne suis malheureusement pas une moi-même ... donc gardez votre petit quid, cheda, dymes (n’importe comment que vous l’appelez) pour vous ... Je serai heureuse de vous orienter vers une très belle jeune dame qui pourrait accepter votre proposition plus gentiment ... Quant à notre rélation, elle reste sérieusement détruite en attendant un sauvetage ... Si vous êtes prêt à réparer votre tort, nous sommes amis et ça c’est assez précieux pour moi ... ne la piétiner!

Ami Un : détruit en attendant

un sauvetage...sympa. Le titre d’un livre peut-être?

Xulaye Cleo Quentaro : Oui, Je pense bien.

Xulaye Cleo Quentaro a partagé un statut “CELEBRONS LES PERSONNES TRANSGENRES DE COULEUR, NOTRE LUTTE, NOS REVES, NOS ASPIRATIONS DANS LA GRACE” Surveillez cet espace

Xulaye Cleo Quentaro Me mettre en forme! Je sais, Je suis fabuleuse!... surveillez vos boites de messagerie, ou vos téléphones... à tout moment à partir de maintenant

Xulaye Cleo Quentaro Dans un cours de médecine et ce docteur parle du sexe comme étant masculin ou féminin sans entre-deux. A titre d’exemple d’une variable discrète .... Je criais intérieurement: «Je suis transgenre et dans votre classe!” Suis-je aussi invisible? Et vous demandez pourquoi la transphobie? Ils nous enseignent à tort...

Ami Un : Il n’est pas phobique, il est ignorant

Ami Deux : Même d’un point

de vue strictement biologique cela n’est pas vrai. Comment explique-t-il le cas de ceux qui sont nés avec un testicule et un ovaire?

Xulaye Cleo Quentaro :

je sais...nous avons besoin d’éduquer nos docteurs

Ami Trois Où prends tu ce

cours où le proof ne sais rien des hermaphrodites et de l’androgynie? Quelle connerie.

Xulaye Cleo Quentaro @Ami Trois… J’étais à l’université de 47

Makerere qui est une université célèbre dans la région...et c’était l’un des cours pour mon Masters de médicine bio statique et épidémiologie...et le gars dis que le sexe est une variable binomiale discrète... tu es soit male ou femelle, et rien entre les deux...mes oreilles saignaient...Il m’a fallu toute mon énergie pour éviter une confrontation Ami Trois : Pourquoi mordre ta langue? Pourquoi ne pas aller te présenter plus tard?

Xulaye Cleo Quentaro Je suis à Soroti et je vais dans le Kasilo profond, à Serere… La terre Iteso, tu me manques... J’insiste toujours que les mecs les plus sexy sont Iteso... J’écoutais une station radio où ils discutent de l’incident de Mukula et comment ça affecte tout Iteso; son passé, son présent et son future. Et je cite: “ce ne sont pas toutes les prisons qui ont des murs, nous avons été dans une prison développementale and démocratique pendant ces 30 dernières années... Et bien que Mukula ait été relâché, un ennemi à plusieurs tactiques, il te donne des mies de pain pendant qu’il emprisonne tes parents dans ton dos.

Ami Un : Ne moleste pas les filles s’il te plait

Xulaye Cleo Quentaro : Naye Lenon, tu sais que je ne suis pas une lesbienne

Ami Un : Hahahahaha Ami Un : Hétérosexuelle>?#4$ BIEN


Numéro 7 juillet 2013

Le numéro sur les “autres”

can have it! Any thematic ideas? Should my family be there, the lovely, beautiful Agabas from fort portal? Speeches? Should I make it part of my documentary? Ideas are welcome…

life, do the needful, put a ring on it... I think by years-end have to get this girl Cleo leashed because she’s so on fire right now. Xulaye Cleo Quentaro

I’m loving my transition! First it was this so gay so fem Kamudini, Loro and now guy except when I “drag” to entering Lira... Too bad am just unmask Cleo. Then there was here for work and ain’t gonna the androgyny, feeling and fan up for ma Lira boys. Won’t appearance of being half male get a chance to freak em’ out n half female, that ambiguous check out ma juicy booty. Sorry gender stats was even hard for boys, your massive billabongs me because I didn’t quite know will have to wait. But can I just what I was or what to expect to say that the boys be so hot be called even without makehere! And Lira town is beautiful... up. Now this trip! If it’s proved I love it already!!! anything, it’s that my ambiguity is fast fading away and that Xulaye Cleo Quentaro Was Cleo is here to stay whether I just thinking; all my campus want her to or not. Am dressed girlfriends are almost married off, in very masculine clothes for my with baby bumps or bouncing trip but everywhere I go people toddlers... I think am finally have been all calling me “sister”, inspired! So to all the guys in my “Madame”, “she” and the rest of Xulaye Cleo Quentaro

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the pronouns. It was confusing but staring at ma naked body this morning I got the point. Who am my lying to? It’s Cleo I see, make up or not, boldly, beautifully, gracefully staring back. Got to deal with it Xulaye Cleo Quentaro updated her profile picture. Like · · Share 6 people like this. Friend Seven u look cute baby... Xulaye Cleo Quentaro Thnx guys!!!


Issue 7 July 2013

The “Others” Issue

Xulaye Cleo Quentaro : Arrêtes ça, lol!

Xulaye Cleo Quentaro Extrait d’un poème de mon autobiographie pour mon premier petit ami: Je me souviens de la première fois quand nous nous sommes rencontrés, c’était comme des papillons! Chéri, te souviens-tu de comment nos deux corps avaient tremblé lorsque nous nous sommes touchés? On Dansait sous la lune argentée, ton corps près du mien, se balançant avec la brise chaude africaine? Mon corps dans tes bras ... regardant dans tes yeux chauds qui disaient que ce moment était une perle ? Comment nous nous sommes embrassés pour la première fois et le temps semblait s’attarder pour toujours? Je me demande comment nous pourrions jeter tout cela juste par fierté. Comment pourrions-nous jeter cette chose pour laquelle les rois se battent, cette chose pour laquelle le ciel embrassa la terre, cette chose qui dépasse toute logique et transcende l’univers, cette chose qui est intemporel et invincible! Comment pourrions-nous jeter cet amour?

Ami Un : Romantique Xulaye Cleo Quentaro :

Oui, je sais. Je n’arrive pas à croire que je l’ai gardé aussi longtemps mais en réalité je l’ai aimé. A penser qu’il n’a jamais eu l’occasion de le lire. J’imagine que s’il obtient une copie de mon livre, il le vera.

de Cléo! Je suis vraiment sans voix à propos de ce que je devrais en faire. Je le veux aussi personnel, aussi mémorable et aussi fou que je puisse l’avoir! Des idées thématiques? Ma famille devrait-elle être là, les adorables et beaux Agabas de fort portal? Des discours? Devrais-je le faire partie de mon documentaire? Toutes les idées sont les bienvenues…

Xulaye Cleo Quentaro

genre ambigu était encore plus difficile pour moi parce que je ne savais pas vraiment ce que j’étais ou comment espéré être appelé même sans maquillage. Maintenant ce voyage! Si ça a prouvé quoi que ce soit c’est que mon ambiguïté s’estompe rapidement ; et que Cleo est là pour rester que je le veuille ou non. Je porte des vêtements très masculins pour ce voyage mais partout où je passe, les gens m’appelaient “sœur”, “madame”, “elle” et le reste des prénoms. C’était déroutant mais en regardant mon corps nu ce matin, j’ai compris. A qui suis-je entrain de mentir? C’est Cléo que je vois, avec ou sans maquillage, hardiment, admirablement, gracieusement. Je dois l’accepter.

Kamudini, Loro et maintenant on entre dans Lira... C’est dommage que je sois la juste pour le travail et que je ne puisse pas m’amuser avec les mecs de Lira. Je n’aurai pas la chance de les allumer et de faire admirer mes fesses juteuses. Désolé les garçons, vos billabongs massifs vont Xulaye Cleo Quentaro a mis devoir attendre. Mais pourrais-je à jour sa photo de profile simplement dire que les mecs sont si sexy ici! Et la ville de Lira Aime · · Partage est belle... Je l’aime déjà!!!

Xulaye Cleo Quentaro

6 personnes aiment.

Ami Sept : tu es toute belle Je pensais tout haut : mes chérie... copines du campus sont Xulaye Cleo Quentaro : Merci presque toutes mariées, avec les amis!!! des bébés ou des gamins énergiques... Je pense que je suis finalement inspirée! Alors à tous les mecs de ma vie, faites le nécessaire, mettez une bague dessus... Je pense que d’ici la fin de l’année je dois tenir cette fille Cléo en laisse parce qu’elle est en feu en ce moment. Xulaye Cleo Quentaro

J’adore ma transition! D’abord c’était ce mec si gay, si efféminé sauf quand je me déguisais Xulaye Cleo Quentaro pour révéler Cléo. Puis il y avait l’androgynie, se sentir Mon anniversaire approche. et apparaitre moitié homme Celui-là est très spécial parce que c’est le premier anniversaire moitié femme, cet état du 49


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Le numéro sur les “autres”

Through My African Eyes

I

am an African. I love Africa and all the redemptive things about it. It has cradled me from birth and taught me all the values that I hold dear and have shaped me to this day.

service announcement on statesponsored media. We are all encouraged through the media to get tested periodically and not to be afraid of the virus.

Sixteen is the age when most males from any culture or background are confronted with the threshold of imminent manhood. In my case, I was not only dealing with my ever-

After days of agonizing, I finally took the plunge and booked that bus ticket and made my way to the only man who I thought would understand me.
 There have been many things that have scarred this beautiful continent of mine including war, genocide, female circumcision, colonization, greedy presidents, drought and disease; HIV in particular.
In my continent, EVERYONE is either infected or affected by HIV. There isn’t a quarter of an hour that goes by without an HIV/AIDS public

I was 16 in 1998 when I became a witness to AIDS for the first time in my family. My father, who had been very absent from my life, finally made himself available after years of serving in the military in what was Yugoslavia at the time, and numerous other countries, as a peace keeper.
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changing and raging hormones, but my latent homosexuality as well. I knew that I was not going through a phase.
I needed my dad to tell me everything would be fine and that I was not a freak. In order to achieve this and be at peace with who I am and what I was going through, I had to travel 558 kilometers from Bulawayo to Mutare (where he lived) by bus.


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The “Others” Issue

A travers mes yeux africains

J

e suis africain. J’aime l’Afrique et tous les éléments rédempteurs qui la constituent. Ils m’ont bercé depuis ma naissance et m’ont inculqué toutes les valeurs qui me sont chères et ont fait de moi qui je suis aujourd’hui.

sans que soit diffusée sur un média étatique une publicité du service public sur le sida. Nous sommes tous encouragés par les médias à se faire dépister régulièrement et à ne pas avoir peur du virus.

Comme vous devez le savoir, à 16 ans la plupart des garçons, peu importe la culture ou le passé, sont à l’aube de leur transformation pour devenir un homme. Il se trouve qu’à cet âge-là je ne devais pas seulement gérer mes intenses

Je ne devais pas seulement gérer mes intenses et inconstantes hormones, mais aussi mon homosexualité latente. Beaucoup de choses ont marqué ce beau continent qui est le mien, y compris la guerre, les génocides, la pratique de l’excision, la colonisation, les dirigeants cupides, les sécheresses et les maladies; particulièrement le sida. Sur mon continent, TOUT LE MONDE est soit infecté, ou affecté par le VIH. Pas un seul quart d’heure ne passe

J’avais 16 ans, en 1998, quand j’ai été témoin du sida pour la première fois dans ma famille. Mon père, qui a été très absent dans ma vie, avait enfin pu se rendre disponible après des années de service militaire dans des opérations de maintien de la paix dans ce qui était à l’époque la Yougoslavie, et beaucoup d’autres pays. 51

et inconstantes hormones, mais aussi mon homosexualité latente. Je savais que je ne traversais pas une phase. J’avais besoin que mon père me dise que tout irait bien et que je n’étais pas un monstre. Et pour entendre cela, je devais parcourir 558 kilomètres en bus de Bulawayo à Mutare (où il vivait).


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Le numéro sur les “autres”

After days of agonizing, I finally took the plunge and booked that bus ticket and made my way to the only man who I thought would understand me.
When I arrived at his flat, I could not believe the reality that I was confronted with. The man who had been so powerful, who had trained martial arts students

I could not do much to make a difference. My Ndebele culture did not allow me, as a young person, to speak out about sex. It still is taboo to speak about it, although things are slowly changing with the introduction of the ever-evolving and growing global village.

My father died on the 25th of June 1998. It is not fair to say he only died of AIDS. My people’s fear and denial killed him as well. and was the strongest man I knew, now had discoloured skin and massive boils under his armpits. He looked so vulnerable, had lost most of his body weight and spoke in a very soft semi-whisper.
I did not know how to relate to him. He was so different to the man I had come to see and who I had the intention of confiding in. It seemed he had bigger things to deal with than my battle with sexual desire for men
 In 1998, Zimbabwe was illprepared to deal with the reality of the HIV pandemic, and the people were not helping themselves either. They blamed a lot of the deaths on witchcraft and jealous relatives who were intent on killing their more successful rivals. I saw it all.
What hurt the most was that

My father died on the 25th of June 1998. It is not fair to say he only died of AIDS. My people’s fear and denial killed him as well. Had he been exposed to ARV treatment and support groups, he would be sharing in my life right now. Thank goodness my mother never contracted it, as they were divorced by then.
 I guess HIV becomes more real when it knocks on our doorstep and attempts to befriend you or become a part of your family. It is here to teach us how to live anew. It brings the dawn of a new birth and a more conscious existence, both for the infected and the affected. Let us do this together: educate, console, love and embrace all who are affected and infected. By Frank Malaba 52


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Après des jours d’agonie, j’ai enfin fait le grand saut et j’ai réservé ce ticket de bus qui m’a amené vers le seul homme qui pouvait me comprendre. En arrivant enfin chez lui, , je ne pus en croire mes yeux. Cet homme qui avait été si puissant, qui entrainait des enfants en arts martiaux et qui était l’homme le plus fort que je connaissais, avait maintenant une peau

Le virus du VIH devient plus réel quand il frappe à votre porte et tente de faire partie de vos amis ou de votre famille. décolorée et des énormes boutons sous ses aisselles. Il semblait si vulnérable, il n’avait que la peau sur les os, et parlait en murmurant à moitié. Je ne savais pas comment m’y prendre. Il était si différent de l’homme que je pensais venir voir pour me confier. Il m’a paru évident qu’il avait des problèmes plus importants que ce que je traversais entre mon attirance pour les hommes et mes hormones folles.

la réalité de l’épidémie du VIH et les gens ne s’entraidaient pas non plus. Ils mettaient la faute sur la sorcellerie ou sur la jalousie des familles qui voulaient tuer leurs rivaux les plus prospères. J’ai tout vu. Ce qui blessait le plus est que je ne pouvais rien faire pour changer les choses. Ma culture Ndebele ne me permettait pas, en tant que jeune, de parler de la sexualité. C’est toujours tabou, mais les choses changent doucement grâce à l’évolution et la prise d’importance de ce “village global.” Mon père est mort le 25 juin 1998. Il n’est pas seulement mort du sida, la peur et le déni de mon peuple face à une tentative d’éducation l’ont également tué. S’il avait pu bénéficier de traitements et de groupes de soutien, il ferait toujours partie de ma vie aujourd’hui. Heureusement ma mère n’a jamais contracté le sida, ils étaient divorcés. Je suppose que le virus du VIH devient plus réel quand il frappe à votre porte et tente de faire partie de vos amis ou de votre famille. Il est là pour nous apprendre à revivre. Il éveille nos consciences, autant chez les personnes infectées que chez celles affectées. Rassemblonsnous et éduquons, consolons, aimons et embrassons tous ceux qui sont touchés par le virus du sida. Par Frank Malaba

En 1998, le Zimbabwe n’était pas préparé pour faire face à 53


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“Partial” Asexuality if we’re honest, we’ll also admit that the lives of a lot of gay men do revolve around getting off.

I

n the popular imagination, being gay is all about sex. For a lot of straight people, all two guys need to have in common is being gay and “you’re perfect for each other.” And let’s face it, for quite a few gay men, it’s all about sex too. Not in quite the same way of course – we know there’s much more to our sense of identity than just a craving for dick, but,

And why not, you ask? After all, being gay is part of the “sexual revolution,” isn’t it? And the sexual revolution is just one part of a larger revolution against all kinds of tyranny. Sexpositivity and life-positivity and freedom and peace are all linked together, and “gay liberation” has been right at the centre of the equation, so we should never be ashamed to celebrate and enjoy our sexuality to the full. In fact you could almost say we have a duty to do so. But what about gay guys who, for one reason or another, just aren’t all that interested in sex? For one young African gay man, who thinks of himself as “asexual,” (though he doesn’t like to use that word), being gay but uninterested in sex is “a constant challenge” – but in relation to the gay community, not the larger society. Pako, a gay activist in Gaborone, Botswana’s small and easy-going capital city, is “exhausted” with trying to explain what he calls his “partial asexuality” to other gay men. It’s hard enough dealing with the general public’s ignorance about homosexuality, he says, but explaining his preference for “emotional closeness” rather than sexual intimacy to other gay men feels “like going back in time to when people didn’t even understand what the world ‘gay’ meant.” 54

Pako identifies strongly as “gay.” Ever since he realized early in high school that he was attracted to other men, he has been completely comfortable with the idea of being “sefonti” (in the local slang), thoroughly at home in local and international gay culture, and totally open about his sexuality with his family and friends. Open, that is, about his gay sexuality. Not his asexuality. He remains “uncomfortable with the label ‘asexual’ as a public avowal.” Not because of stigma but just “exhaustion with explaining.” Pako hastens to add that he has “no feeling of being looked down on or discriminated against” within the gay community because of his lack of interest in sex, nor does he in any way think of his “partial asexuality” as a disorder or an abnormality, rare as it may be. If there were an asexuals’ liberation group, he says, he would be “a member, not a participant; my basic selfunderstanding is gay.” But can asexuality really be a sexuality? Isn’t it rather the absence of sexuality? For Pako, sexuality is not about sex. It’s about attraction, yes, and desire, just not the desire for sex. It is still sexual desire, in the sense that it is directed towards individuals because of their sex, in Pako’s case, other men – he has never felt attracted to women – but “you don’t feel the arousal. You have


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The “Others” Issue

L’asexualité “partielle” sont entre-liées, et la “libération gay” a sa raison d’être dans cette équation; donc nous ne devrions jamais avoir honte de célébrer et profiter pleinement de notre sexualité. En fait, vous pourriez même dire que nous avons le devoir de le faire. Mais qu’en est-il des gays qui, pour une raison ou une autre, ne sont tout simplement pas du tout intéressé au sexe?

L

a majorité de l’opinion publique n’associe le fait d’être gay qu’avec le sexe. Pour beaucoup d’hétéro, tout ce que deux hommes gays ont en commun, à par le faite d’être gay, est que, “vous êtes parfait l’un pour l’autre.” Et avouons-le, pour certains gays, être gay, c’est aussi le sexe. Pas tout à fait de la même manière bien sûr - nous savons qu’il y a plus de dimensions à notre d’identité collective que juste une envie de bite, mais, si nous sommes honnêtes, nous admettrons également que la vie de beaucoup gays tourne autour du sexe.

Pour un jeune gay Africain, qui se considère comme “asexuel”, mais qui déteste cette appellation, être gay mais sans être intéressé par le sexe est “un défi constant”, vis-à-vis de la communauté gay, pas de la société en général. Pako, un jeune militant gay de Gaborone, cette petite capitale du Botswana où il fait bon vivre, est “épuisé” de constamment expliquer ce qu’il appelle, son “asexualité partielle» à d’autres gays. Selon Pako, il reste assez difficile d’avoir à

Et pourquoi pas, demanderiezvous? Après tout, être gay fait partie de la “révolution sexuelle”, n’est-ce pas? Et la révolution sexuelle fait partie d’un vaste mouvement contre toutes les formes de tyrannie. Sexe-positive, vie épanouie, liberté individuelle et la paix 55

faire face à l’ignorance de la société sur l’homosexualité, mais, dit-il, essayer d’expliquer sa préférence pour “l’attirance émotionnelle” plutôt que l’intimité sexuelle à d’autres gays c’est, “comme remonter dans le temps au moment où les gens ne comprenaient même pas ce que le monde ‘gay’ signifiait. “ Pako s’identifie sans question comme “gay”. Depuis qu’il a réalisé très tôt à l’école secondaire qu’il était attiré par d’autres hommes, il a toujours été à l’aise avec l’idée d’être «sefonti” (dans l’argot local), parfaitement à l’aise dans la culture gay, tant au niveau local qu’international, et totalement ouvert sur sa sexualité avec sa famille et ses amis. Ouvrez, à propos de sa sexualité gay. Pas son asexualité. Il reste “mal à l’aise avec l’étiquette ‘asexuelle’ comme


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sex almost as a duty because you’re in a relationship with someone,” but the attraction, the desire, is for the other’s “personality, not their sexual organs.” Pako readily admits that this causes problems in his relationships, which so far have all been with men who want a lot more sex than he does. But the fact is that he simply does not enjoy sexual intimacy except on rare occasions that he can’t account for. Yet when this happens, he says, he is “completely into it” and does not feel any sense of contradiction. Pako says he has masturbated only twice in his life. The first time was in junior high school, and he did it simply because he was horny. His penis “felt like it was going to explode” and he jerked off purely for the physical relief. He admits this feeling still happens “occasionally,” but he has learned to cool himself off with a piece of ice!

For this reason, Pako strongly endorses the idea of being “born this way,” even though he admits that he doesn’t care if it is actually true “scientifically.” It’s important because it gives “a sense of hope and pride.” It “takes away the stigma,” and so “you don’t have to think about it as science or genetics, you relate to it emotionally.” And, Pako insists, it applies to asexuality too. A person experiences asexuality as something that is “as deeply a part of you as being gay or straight.”

By John McAllister

Why not just do what comes naturally (even if rarely)? Pako explains that masturbating makes him feel bad – not morally, but emotionally. There is a feeling of “disassociation,” he says, a sense of “what am I doing?” The same feeling often hits him when he has sex in a relationship out of a sense of duty. For Pako, the bottom line is simple enough. “No one can ever understand someone else unless they have experienced what that person has experienced and had the same feelings as that person.” 56


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un aveu public.” Pas à cause de la stigmatisation, mais juste part pure “épuisement d’avoir constamment à s’expliquer.” Pako s’empresse d’ajouter qu’il n’a “pas de sentiment d’être méprisé ou stigmatisé” au sein de la communauté gay en raison de son manque d’intérêt pour le sexe, ni qu’il ne considère, en aucun cas cette sexualité comme un trouble ou une anomalie, même si elle rare comme pratique sexuelle. S’il y avait un “groupe de la libération des asexuels,” dit-il, il serait “un membre, pas un participant; à la base, ma sexualité est gay.” Mais peut-on vraiment considérer l’asexualité comme une sexualité? N’est-ce pas plutôt l’absence de sexualité? Pour Pako, la sexualité n’est pas que le sexe. Il s’agit d’attraction, oui, et de désir, mais pas le désir pour le sexe. Curieusement, peut-être, il y a toujours le désir sexuel, dans le sens où il est attiré par des personnes en raison de leur sexe, dans le cas de Pako, d’autres hommes - il ne s’est jamais senti attiré par les femmes - mais “vous ne vous sentez pas une stimulation sexuelle. Vous avez des relations sexuelles presque comme un devoir parce que vous êtes dans une relation avec quelqu’un “, mais l’attraction, le désir dont il parle, c’est envers la “personnalité, pas leurs organes sexuels” de la personne qui vous attire. Pako admet volontiers que cela pose des problèmes dans ses relations, qui jusqu’ici ont tous été avec des hommes qui voulaient plus de sexe que lui. Mais le fait est qu’il n’a

tout simplement pas profité de ces instants sexuels, sauf en de rares occasions qu’il ne peut pas expliquer. Pourtant, quand cela arrive, dit-il, il est “complètement immergé” et ne se sent pas du tout en contradiction. Pako dit qu’il s’est masturbé que deux fois dans sa vie. La première fois, c’était à l’école secondaire, et il l’a fait tout simplement parce qu’il était excité. Son pénis “senti comme s’il allait exploser” et il s’est branlé purement pour le soulagement physique. Il admet ce sentiment arrive encore “à l’occasion”, mais il a appris à se rafraîchir avec un morceau de glace! Pourquoi ne pas simplement faire ce qui lui vient naturellement (même si rarement)? Se masturber selon lui fait qu’il se sent mal dans sa peau - non, il explique, moralement. Émotionnellement. Il y a un sentiment de “dissociation”, dit-il, un sentiment de “qu’est ce que je suis entrain de faire?” Le même sentiment qui le frappe souvent quand il a des rapports sexuels dans une relation par pur sens de devoir. Pour Pako, la chose est assez simple. “Personne ne pourra jamais comprendre son prochain à moins qu’elle aille vécu ce que cette personne a vécu et a ressenti les mêmes sentiments.” Pour cette raison, Pako a accepté aisément l’idée d’être “né de cette façon”, même s’il admet qu’il ne se soucie pas si c’est réellement vrai “scientifiquement.” C’est 57

important car cela donne “un sentiment d’espoir et de fierté.” il “enlève le stigmate”, et si “vous n’avez pas à penser à l’explication scientifique ou génétique, vous vous-y connecter émotionnellement.” Et, Pako insiste, que ce raisonnement s’applique à l’asexualité également. Une personne éprouve son asexualité comme quelque chose qui, “fait aussi profondément partie de vous comme le fait d’être gay ou hétéro.”

Par John McAllister


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Pop Rock à l’Ivoirienne

Baby Doll: Petite robe légère faite de mousseline de soie / Lightweight dress made of silk mousseline

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Belle en rose: Ensemble composé d’une jupette taille haute et d’un body en tricot / Outfit composed of a highwaisted mini-skirt and a knit bodysuit

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Short: Ensemble composé d’une culotte et d’une marinière et ceinture nattée en pagne et tricot / Outfit composed of shorts, a spaghetti-strapped blouse, and a braided belt made of jersey

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Robe Manteau: Robe manteau d’été faite en pagne / Summer dress-coat made of African cloth

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Femme Fatale: Robe noire faite en skaye imprimé décoré / Black dress made of printed skaye

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Contact Judicael Wahouie Création Prêt-à-Porter Création accessoires Création de couture Commercialisation des dessins de mode Email : farotfarot91@yahoo.fr Tel : +225-03-81-98-35 / 5824-45-13 Facebook : Wahouie Judicael Photos Vice Versa Studio

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Le spectateur bi

C

omme c’est incroyable la variété de personnes qui vivent dans cette ville. Egalement incroyable le fait que nous pouvons ne rien remarquer, si nous ne prêtons pas attention ... Ma dernière année au campus débuta en Novembre 2010. Je m’étais promis que si je finissais, j’aurais réalisé quelque chose d’important dans ma vie. Une réalisation de grandeur importante qui repondrait à mes propres attentes, pas celles des autres. Quoi qu’il en soit, ça devait être assez signifiant pour provoquer ces moments intimes, quelques années plus tard, quand vous vous retrouvez à sourire tout seul en vous rappelant de certaines choses, heureux, même si vous ne

l’aviez jamais partagez avec quelqu’un. Cela faisait quelques semaines que j’avais rompu avec ma copine, et j’étais aussi déboussolé qu’elle. Sheila

Africaine avec des fesses et des jambes pour lesquelles l’on pourrait facilement tuer; c’était facile à imaginer que n’importe quelle robe sexy lui ira à merveille. Un chef dans la cuisine, la parfaite

Me voici une fois de plus, célibataire, et commençant ma dernière année était tout ce qu’un homme (hétérosexuel) pouvait désirer. Belle avec une peau d’ébène douce et soyeuse, un sourire magnifique et des pommettes merveilleuses. Cette beauté 64

compagnie à chaque fête, une sexologue dans la chambre. Pour couronner le tout, elle était attentionnée et intelligente. Elle est si bien que je me demandais ce qu’elle a bien pu trouver a un


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Bi-Stander

I

for, yet she could fit perfectly into any sexy dress you could think of. A chef in the kitchen, a PR genius at every party, a sexologist in the bedroom. To top it all, she was caring and My final year on campus began A few weeks had passed since smart. She had it so together in November 2010. I promised I broke up with my girlfriend, that I had to wonder what she myself that, when it was over, and I was as baffled as she saw in a flaky “artistic type” like I would have done something was. Sheila had been everything me. really significant for myself. It any (straight) man could wish Everyone thought I was mad had to be something grand, and for. Beautiful with smooth silky letting her go, me included, not for others to see but just dark skin, a gorgeous smile, but it wasn’t the first time I was for me. Whatever it was, it had wonderful cheekbones. African to be enough to ignite those body with booty and legs to kill blowing my chances. It had happened before with Rita. And a few others. All great for a while, all scuttled, when put to the test, by me. t’s amazing how many different kinds of people live in this city. It’s amazing how blind we can be to this variety if we don’t pay attention …

moments in the future when you remember something and just break into a private smile, content even if you never share it with anyone.

So here I was, single and starting my last year on campus. 65

So here I was, single and starting my last year on campus. I could finally live like the typical senior in any


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Les samedis, la fête se déplaçait habituellement à Peacock. Selon notre avis, Peacock était Tout le monde, moi y compris “Emirates”, était située dans un cran au-dessus de votre pensait que j’étais fou de la l’aile gauche du troisième étage coin régulier de Nairobi. La laisser partir ; malheureusement, de Jamhuri Hall, assez éloignée déco était principalement faite ce n’était pas la première fois du bureau du surveillant qui était de drapeaux des différentes que je laissais mes chances au rez-de-chaussée. Mal payé, équipes Kenyanes et Anglaises passer. Rita a été la première, grinché et vieillissant, il nous de Manchester à Mathare United, des maillots de AFC Leopards à AFC gunners encadrés sur aux murs, un grand écran plasma, et surtout des prix des boissons alcoolisées défiant toute concurrence. Peacock était notre clinique pour les gueules de bois dans l’après-midi et la deuxième phase de nos fêtes de week-end. En plus des ignorait plutôt que de se taper jeux vidéo sur l’écran plasma, et d’autres ont suivi après elle. trois étages juste pour nous dire il y avait surtout la musique Toutes merveilleuses au débit, de baisser la musique. bruyante de DJ Karris. mais très vite chiffonnées après Les fêtes étaient à la hauteur Et voilà Devin. un temps à ma compagnie. de toutes fêtes de campus. La première fois que j’ai Me voici une fois de plus, Certaines nuits, comme s’en remarqué Devin, c’était le soir célibataire, et commençant ma vantait Omosh, au moins cinq où Omosh, par le plus malin dernière année universitaire. Je d’entre nous s’envoyaient des esprits, avait fait une blague pouvais enfin vivre l’étudiant en l’air. Les meilleures nuits, sur les lesbiennes et comme typique en dernier cycle de c’était Anne ou Debbie qui exemple, avait montré une n’importe quelle université du s’embrassait une fille, ce qui silhouette élégante solitaire monde. Il était temps pour un nous excitait. Cela arrivait à depuis l’autre bout du bar. J’ai nombre illimité de “SDA.”* presque chaque que Jonas, suivi le mouvement d’Omosh l’ami gothique de Keegan se Je fréquentais un groupe de joignait à nous du premier étage pour y voir un homme mince, gars idéals pour ce projet. Nous avec ses copines renifleuses bien soigné, bien habillé .... Bien partagions le même emploi du sûr, il sa tenue était complétée de crack qui avaient une temps scolaire, vivions dans le d’accessoires de bon goût et bizarre combinaison d’être même dortoir. Chaque vendredi des groupies et effrayantes. il portait des grandes lunettes soir, nous faisions la fête dans avec un cadre épais, une Cependant elles étaient la chambre que je partageais casquette militaire verte, et avait toujours sexy et c’est tout avec Keegan et que nous avions ce qui comptait ; c’était un une manière métro sexuelle qui baptisée “Emirates”, car nous pourrait être considéré comme signe que nous serions sans étions tous les deux supporters doute tous chanceux ce soir«féminine», mais de là à penser d’Arsenal, l’équipe de foot. qu’il était une fille? Bien sûr que là. Les partouzes n’étaient non! pas inconnues, mais il y avait Outre Keegan et moi, dans une règle sous entendue qui notre groupe, il y avait Omosh, Je me mis à le dévisager, interdisait deux mecs à la fois. Edu, Jesse, Ska, Costa, et Kip. et il me renvoya un regard Ca faisait «gay», et mais cette Oh, et deux camarades filles, interrogateur du genre, logique ne s’appliquait pas à Anne et Debbie, qui étaient une partouze avec plus de deux «Quoi? Tu vois quelque chose considérées comme des “ d’intéressant»? Je retournai filles. toqué “type artistique” comme moi.

garçons” parce que, eh bien, plus sur ce sujet plus tard.

La première fois que j’ai remarqué Devin, c’était le soir où Omosh, par le plus malin des esprits, avait fait une blague sur les lesbiennes.

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university in the world. It was time for unlimited SDA.* I ran with a group of guys who were ideal for that project. We shared the same academic schedule, lived in the same hall, and partied together every Friday night in the room I shared with Keegan, which we dubbed “Emirates” because we were all Arsenal supporters too. Besides me and Keegan, there was Omosh, Edu, Jesse, Ska, Costa, and Kip. Oh, and two female classmates, Anne and Debbie, who were considered “boys” because, well, more on that later. Emirates was on the left wing of the third floor of Jamhuri Hall, a safe distance from the custodian’s office on the ground floor. Aging and underpaid, he happily ignored us rather than climb three flights of stairs just to tell us to turn the music down.

Debbie make out with a girl, and afternoon and our weekend party phase two in the evening. that drove us crazy. Between games on the plasma This almost always happened screen, and sometimes over top when Keegan’s Goth friend of them, there was slamming Jonas came up from the first music from DJ Karris. floor with his rock-head, cracksniffing female buddies who had And there was Devin. an odd twist of being extreme groupies and scary at the same The first time I noticed Devin was when Omosh, not the time. sharpest of minds, made some They were always sexy though, joke about lesbians, then gestured towards an elegant and that’s all that mattered; figure sitting alone on the other it meant all of us would side of the bar as a case in probably get lucky that night. point. Threesomes were not unheard of, although there was an unwritten rule; they could never I followed Omosh’s gesture involve more than one guy. This and saw a slim, well-groomed, neatly dressed … man. Sure, was “gay,” though for some he was loaded with accessories reason, two girls wasn’t. and wore big, thick-frame On Saturdays, the party usually eyeglasses, a jungle-green army cap, and had a metrosexual moved to Peacock. Peacock manner that could be was a cut above your regular considered “feminine,” but to Nairobi local in our learned think he was a girl? Hell no! opinion. Featuring flags of different Kenyan and English teams hanging from the ceiling, By this time I was staring, and he was giving me back a from Manchester to Mathare

By this time I was staring, and he was giving me back a look that said something like “What? You see something interesting?” The parties were all you could imagine as far as campus house parties go. On a good night, as Omosh boasted, at least five of us had to get laid. On a great night, we would see Anne or

United, framed jerseys on the walls from AFC leopards to AFC gunners, a large plasma screen, and – most importantly – rockbottom booze prices, Peacock was our hangover clinic in the 67

look that said something like “What? You see something interesting?” I broke eye contact and pretended I hadn’t (seen something interesting). I tried to refocus on my crew, but my


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de drague que j’avais vu lors d’un festival, quelques semaines auparavant ; dans l’un des films, un groupe de losers essayait Les paris étaient monnaie vainement d’obtenir l’attention courante pour nous. Ils servaient d’une femme sexy, chacun avec à faire couler la boisson chaque une phrase aussi ringarde que fois que nous sortions et tout le l’autre. Je m’attendais à un monde connaissait les règles. grand NON. J’avais pensé à tout. Je savais Je me rappelais de Tony, un qu’ils allaient tous être réticents Il pouvait sentir que j’étais nerveux, “Salut à toi aussi” ditcamarade du lycée qui aimait et qu’au moins l’un d’eux dirait il sarcastiquement d’une voix me faire des gestes suggestifs. sûrement: “Pourquoi ne vas-tu rauque douce qui n’était ni C’était éprouvant de prétendre pas en premier puisque c’est masculin ni féminin. Je devins que je ne les remarquais pas, ton idée ?” un peu plus confiant. “Désolé. car ils avaient cet effet sur le Feignant l’hésitation, je me levai, Salut, moi c’est Jay”. Il a juste battement de mon cœur, je n’ai vidai le contenu de mon verre souri et prit son paquet et le jamais voulu connaître la raison. de Tusker, pris une profonde briquet. Pendant qu’il ouvrait le Je me suis mis à me souvenir inspiration et je déclara à tout le paquet, je me tournai vers ma des cuisses lissantes de Mwangi monde : “Souhaitez-moi bonne table. Tout le monde regardait dans les coulisses du théâtre, chance! “ En me le souhaitant intensément. “Alors c’est au moment des changements tout bas. ton groupe cette bande de de costumes. Le sourire qu’il ne manquait jamais de me lancer, comme pour me dire qu’il n’y a n’avait rien de mal à le dévisager. J’était conscient de certaines sensations que je mettais sur le fait d’être puceau et que sortir avec une fille allait les faire disparaitre. vite la tête. J’ai essayé de me reconcentrer sur mon équipe, mais mon esprit était resté de l’autre côté du bar. Ce visage, peu importe le manque d’expression dans le regard qu’il m’avait lancé, avait ouvert une porte dont j’étais vaguement conscient de l’existence.

Mais Sheila et Rita et toutes les autres, aussi belles et aimantes qu’elles avaient pu être, et aussi fou d’elles que j’étais, n’avaient pas “effacé” ces sensations.

tous ceux qui auront échoué, deux tournées aux frais de celui qui s’abstiendra.

Ce samedi, j’ai décidé de faire connaissance avec ces sensations refoulées.

Je me dirigeai vers la table à l’autre bout du bar. Plus je m’approchais, plus son attirance devenait évidente, Ce samedi à Peacock, j’ai et ma nervosité augmentait. décidé de faire connaissance Lorsqu’ il se rendu compte ces sensations refoulées. que je me dirigeais vers sa table, il essaya de cacher Après m’être rassuré que tout son anticipation en jouant le groupe pensait que le gars au nonchalant, mais le léger en question était une fille et mordillement sur ses lèvres tout en gardant mon propre trahissait la peur ou l’excitation avis, je proposai un défi. Je les ou les deux. Arrivé à sa table, je suggérais de draguer une “lesi” souris en montrant des yeux le et prouver qu’ils ont ce qu’il faut paquet de Dunhill Lights placé pour obtenir le numéro d’une à côté de son verre de bière et lesbienne et peut-être même dis de la façon la plus désinvolte l’amener sur la piste de danse. possible, “ Puis-je en avoir un?” Le prix, une tournée aux frais de C’était exactement la phrase 68

chahuteurs, hein?” Demanda-til en me tendant une cigarette et offrit de me l’allumer. Je l’ai mise sur mes lèvres et me penchai en avant plaçant naturellement ma main doucement sur la sienne pendant que j’aspirais. Pendant que la lueur rouge de la flamme de la cigarette avançait rapidement, je le fixais droit dans les yeux à travers ses lunettes; il ne pas lâché du regard non plus. Ce geste avait ce mélange de sentiments, à la fois nouveau et familier, qui provoquait une nouvelle émotion, mais avec laquelle je me suis senti tellement en


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mind stayed on the other side of the bar. That face, no matter how blank a stare it gave me, had opened a door I had only been dimly aware of before. I remembered my high school deskmate Tony, who liked to make suggestive gestures at me. It was taxing to pretend I didn’t notice.

something about it. After confirming that everyone else thought the guy was indeed a girl, and without revealing my own “opinion,” I suggested a dare. I dared them to try and hit on the “lesi” and prove they had what it takes to get a lesbian’s number and maybe even get her on the dance floor. The

the more nervous I became. When he realized I was walking towards his table, he tried to hide his anticipation by playing nonchalant, but the slight nibble on his lips betrayed fear or excitement or both. When I reached his table, I smiled as I pointed with my eyes at the pack of Dunhill Lights placed beside his glass of dark

I put it to my lips and leaned over, naturally placing my hand gently over his as I inhaled. As the flame got sucked in, turning the tip of the cigarette into a red glow, I looked straight into his eyes and he into mine. They always made my heart pound, but I didn’t want to know why. I remembered Mwangi’s smooth thighs when we changed into our acting costumes in drama club rehearsals, and the smile he gave me whenever he caught me staring at them as if to tell me it was okay. I didn’t think it was, though again I wasn’t sure why.

stakes, a round of drinks from anyone who tried and failed, two rounds from anyone who wanted a “pass.” Dares were common with us. They served as way of keeping the drinks flowing whenever we went out, and everyone knew the rules. I had thought it through. I knew they would all be reluctant and that at least one of them would surely say, “Since you came up with the idea, why don’t you go first?”

I fought such sensations, telling myself it was only because I was Faking hesitation, I stood up, still a virgin and that going with a drained the contents of my girl would take care of it. glass of Tusker, took a deep breath, and said to everyone, But Sheila and Rita and all the “Wish me luck!,” then silently to others, beautiful and loving as myself, “Am gonna need it.” they had been, and as into them as I was, had not “taken care” I made my way to the table of it. on the other side of the bar. The closer I got, the more At the Peacock that Saturday appealing he looked, and afternoon, I decided to do 69

frothy stout and said in the friendliest way I could muster, “Can I kindly have a drag?” This was exactly the pick-up line I had seen in a movie at the European Film Festival a couple of weeks earlier, where a group of losers were vainly trying to get this hot woman’s attention, each with a cornier line than the other. I expected a huge NO. He could sense I was nervous, “Hi to you too,” he crooned sarcastically in a soft, husky voice that was neither masculine nor feminine. I grew a little more confident. “I’m sorry. My name is Jay, hi.” He just smiled and reached for the pack and a metallic lighter sitting on top of it. As he opened it, I turned to look at my table. Everyone was watching intently. “So that rowdy bunch


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contact. A ce moment précis, j’ai réalisé que je n’avais pas à faire un “choix” entre les gars et les filles, ou à supprimer une partie de moi pour l’amour de l’autre. J’avais déçu Sheila et Rita et les autres parce que je pensais que ça devrait être tout ou rien, mais pourquoi? *** Le lendemain soir, je marchais dans la CDB sur mon chemin de

à la maison, supposais-je. Ils étaient pressés de traverser la circulation, mais assez calme pour suggérer qu’ils n’avaient pas de compte à rendre à quelqu’un pour un retard. Et ils semblaient bien se connaître. Ils étaient à l’aise l’un avec l’autre. Assez confortable pour se cogner les épaules pendant qu’ils partageaient une blague et un sourire intime.

sur moi et je me surpris à sourire. Je tenais un morceau de leur bonheur. Tout d’un coup, une promenade décontractée en soirée s’était transformée en l’une des expériences les plus étranges que j’ai jamais eu. Je levai la tête et tout le monde souriait. Au début je pensais que c’était juste une illusion, mais cela continua dans la rue suivante, et celle d’après. Je dois être en

A ce moment précis, j’ai réalisé que je n’avais pas à faire un “choix” entre les gars et les filles, ou à supprimer une partie de moi pour l’amour de l’autre. retour en direction du campus. Il était environ 19h30. Je n’étais pas pressé, alors je déambulais nonchalamment, profitant de la ville pendant la nuit, les lumières jaunes des feux de circulation, la circulation lente, les vapeurs d’essence mélangée au poulet et curry frit. Les éclats de rire occasionnels au-dessus des bruits urbains et les bavardages alcooliques depuis les balcons de bistrots. J’appréciais Nairobi de nuit, la ville que j’aime, celle qui résiste pour devenir l’une des mégapole.

Alors que je les regardais disparaître dans la foule, je me demandais s’ils étaient un couple d’amoureux ou juste de bons amis, mais cela n’avait pas d’importance. C’était simplement magnifique. C’était comme s’ils avaient un accord, un protocole d’accord pensaisje, dont les termes étaient simples: se rendre mutuellement heureux dans ce moment présent.

train de perdre la tête, pensaisje, j’ai des hallucinations. Si ce n’étaient pas les passants qui souriaient, c’était les gens assis sur les bancs du Conseil Municipal ou les chauffeurs de taxi hochant la tête aux sons de leurs radios. Le bonheur était immense, et je me retrouvai tout d’un coup avec une larme aux yeux. Je ne pouvais expliquer cet état d’extasie et cela me rendit triste parce que qu’il était pas profond. Une larme en suivi une autre. Je pleurais de joie d’un œil et de douleur de l’autre.

Ils étaient chanceux. Après tout c’est Nairobi, l’une des villes les plus animée d’Afrique, et nous En traversant la rue de l’hôtel étions en pleine semaine, quand *le sexe, la dope, l’alcool Hilton, au niveau du trottoir de la le stress lié au travail est à son International Life House, j’ai failli apogée. presque heurté un couple qui Leur bonheur doit être venait de l’autre de la direction Par Jack Priest opposée. Un couple qui rentrait contagieux car il s’était déteint 70


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is your crew, huh?” he asked as he handed me a cigarette and offered to light it. I put it to my lips and leaned over, naturally placing my hand gently over his as I inhaled. As the flame got sucked in, turning the tip of my cigarette into a red glow, I looked straight into his eyes through the clear glasses and he into mine. There was a mixed feeling of newness

interesting but never seemed to understand. I was enjoying Nairobi by night, the city I loved and would not change to be like any other in the world.

All of a sudden a casual evening stroll turned into one of the strangest experiences I ever had. I lifted my head and everybody was smiling.

As I crossed the street from the Hilton to the International Life House pavement, I nearly bumped into a couple rushing in the opposite direction. A couple heading home, I reckoned. They were in a hurry to get through

At first I thought it was just a coincidence, but it continued into the next street, and the next. I must be losing it, I thought, I’m having hallucinations. If it wasn’t the people walking past, smiling, it

That face, no matter how blank a stare it gave me, had opened a door I had only been dimly aware of before. and familiarity about this, an excitement that I had never faced up to but felt so in touch with. In that moment, I realized I didn’t have to make a “choice” between guys and girls, or suppress any part of me for the sake of the other. I had let Sheila and Rita and the others down because I thought it had to be all or nothing, but why?

the traffic but relaxed enough to suggest they didn’t have to answer to anyone for being late. And they seemed to know each other well. They were comfortable with one another. Comfy enough to bump shoulders as they shared a joke and to smile freely while looking each other in the eyes.

was the people sitting on the City Council benches or the drivers nodding their heads to their car radios. The happiness was overwhelming, and suddenly I found myself shedding a tear. I couldn’t explain why I was happy and that made me sad, because I knew the happiness wasn’t within me. One tear was followed by another. I was crying tears of joy from one eye and tears of sorrow from the other.

As I watched them disappear into the crowd, I wondered *** whether they were a romantic couple or just good friends, but The next evening, I was walking it didn’t matter. It was what it through the CBD on my way was, and it was beautiful. It was * sex, drugs, and alcohol back to campus. It was around like they had an understanding, 7:30. I was in no hurry, so I just an MoU, I thought to myself, in strolled casually, enjoying the which the terms were simple: By Jack Priest city at night, the yellow street keeping each other happy in the lights, slow-moving traffic, petrol moments they shared. fumes mixed with fried chicken and curries. Occasional peals Their happiness must have been of laughter above the smooth contagious because it rubbed urban grooves and alcoholic off on me and I found myself chatter from pub balconies. The smiling. I felt like they had given otherworldly coziness of coffee me a piece of their happiness. house gatherings that I found 71


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F Word

H

ave you ever heard the term political lesbian?

Typically associated with Radical Feminism

And crumbled so many forms of Gay sympathizers, or allies as patriarchy so we could be free they are politically referred to, have coined the phrase you To earn the same as a man if we can’t help who you love did the same work

A form of sexual militarism to prevent rape and disease from entering our bodies

Carry a case of sexual harassment to a court of law if your boss was a sexist jerk

And the black and blues that so often accompany women’s intimate relationships with men

To make decisions about your own body like how many children you were going to have

This of course does not mean that every feminist is lesbian or every lesbian feminist

And when you were going to have them

In fact the most manifest expression of equality between straight and gay women is in their rejection of the dreaded F word The same F word that granted them the right to vote in the 1960s

And who you could fuck in the privacy of your own bedroom But somehow to be feminist is the punch line of unintelligent jokes And to be a lesbian is marginally worse 72

But somehow to be feminist is the punch line of unintelligent jokes


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La lettre F

A

vez-vous déjà entendu l’appellation politiquement correcte, Lesbienne ?

Typiquement associée au féminisme radical Une forme de militantisme sexuel qui lutte contre les viols et ces maladies qui tentent à vouloir envahir le corps féminin

Cette même lettre qui pourtant dans les années 60s, leur donnait l’accès au droit de vote Cette même lettre qui a émietté tant d’aspects du patriarcat afin que nous puissions être libres

Mais de toute façon être traitée de féministe est devenu une blague facile des gens inintelligents Et être traité de lesbienne n’est que légèrement pire

Les supporteurs des gays, ou bien les alliés comme leur appellation politiquement correcte, ont inventé cette Et ces marques bleues et noires phrase, «On ne choisit pas qui qui si souvent accompagnent De pouvoir poursuivre un cas de l’on aime» les relations intimes des femmes harcèlement sexuel en justice si avec les hommes votre patron s’avère être un con Peut-être que cela venait d’une bonne intention sexiste Bien sûr, cela ne signifie pas que chaque féministe est lesbienne Etre maîtresse de propre corps, Mais sachez que nous ne ou chaque lesbienne féministe et de pouvoir décider le nombre sommes pas les objets de votre d’enfant que l’on souhaite avoir regard puritain En fait, l’expression la Oui nous aimons, mais ai-je plus manifeste de l’égalité Et quand les avoir besoin de vous rappeler que entre les hétérosexuelles et La liberté de pouvoir baiser qui nous baisons également ? homosexuelles est leur rejet de l’on veut tranquille dans l’intimité la lettre F tant redoutée de chez soi 73 Nous permettant d’avoir des salaires égaux à ceux des hommes pour le même travail effectué


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And maybe it comes from a good place But we are not the objects of your puritanical gaze Yes we love, but need I remind you that we fuck too De-sexing our sexuality seems to benefit no one but you Lesbians like the taste of pussy and gay men like to take prick I know I know I know how difficult it is for some of you to stomach it And maybe that kind of content is not for these spaces And I should leave it for open mic nights in Zanziban and Sky Bar And in those spaces where straight poets like you aren’t allowed So let’s continue preaching to the choir Them and Us Divide and Rule Don’t you see that we are all educated fools I am a feminist and lesbian too And I can assure you that I’m not confused I’m what the real revolutionaries call liberated and free by Stephanie Leitch (Copyright 2013. All rights reserved)

Ne voyez-vous pas que nous sommes tous des imbéciles instruits ? 74


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Dénaturer notre sexualité ne semble profiter à personne d’autre que vous Lesbiennes aiment autant le goût de la chatte que les gays celui d’une bite Je sais, je sais, je sais combien il est difficile pour certains d’entre vous de concevoir ça Et peut-être ce genre de contenu n’est pas pour ces espaces là Peut être que je devrais laisser ce genre de propos pour des soirées «open mic » à Zanziban et Sky Bar Ces espaces où les poètes hétéros comme vous ne sont pas autorisés Donc, nous allons continuer à prêcher à des convertis Eux et nous Diviser pour mieux régner Ne voyez-vous pas que nous sommes tous des imbéciles instruits ? Je suis une féministe et lesbienne également Et je peux vous assurer que je ne suis pas confuse Je suis ce que les vrais révolutionnaires appellent, libérée et libre

Par Stephanie Leitch (Copyright 2013. Tous droits réservés.)

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“On danse ce qu’on est !”

U

n tête-à-tête passionnant avec Nadia Beugré, danseuse, chorégraphe et interprète -ivoirienne. Artiste engagée, Nadia utilise la danse pour aborder les sujets qui lui tiennent à cœur, parmi eux, la marginalisation. Ceci est un extrait de notre conversation.

Q-zine: Parle-nous de ton parcours de danseuse chorégraphe. Nadia Beugré: De 1999 à 2007, je faisais partie d’une compagnie féminine de danse, la Compagnie Tchéché, qui est la première compagnie de danse féminine ivoirienne. J’ai 76

rencontré Béatrice, la fondatrice, au moment où toutes les deux, nous nous questionnions sur la place des femmes dans la danse contemporaine Africaine. Béatrice a ainsi décidé de créer une compagnie de danse féminine et m’invita à la rejoindre. C’est comme ça que débuta notre collaboration qui nous amena d’Abidjan à Dakar.


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“We Dance What We Are!”

A

n exciting conversation with Nadia Beugré, an Ivorian dancer, choreographer and performer. A committed artist, Nadia uses dancing to address issues dear to her heart, including marginalization. This is an excerpt of our conversation.

Q-zine: Tell us about your career as a choreographer. Nadia Beugré: From 1999 to 2007, I was part of a female dancing company, the Tchéché Company which is the first Ivorian female dancing company. I met Beatrice, the founder at a time when both of 77

us were questioning ourselves about the role of women in contemporary African dance. Beatrice has then decided to create a female dancing company and invited me to join her. This is how our collaboration that brought us from Abidjan to Dakar began.


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Mon premier solo important, “Espace vide” était un hommage à Béatrice. Nous travaillions à la production d’une pièce solo que je devais mettre en scène. Malheureusement en 2007 Béatrice nous a quitté soudainement. Je suis partie d’Abidjan pour aller à Dakar afin de suivre une formation en outillage chorégraphique à l’Ecole des Sables de Notre Mère à Tous à Toubab Diallo. Pendant cette formation, je décidai de continuer le solo, que j’ai intitulé “Un Espace vide: Moi”. Ce spectacle parlait d’une transition, de comment je m’adaptais aux réalités de la vie, comment me ressaisir du choc de la perte d’un être cher et combler ce vide à travers la danse. Il y a trois ans je me suis envolée pour suivre une autre formation, cette fois-ci au Centre Chorégraphique National de Montpellier. A l’époque, il y avait quand même une certaine image des danseurs Africains, et quand ils ont vu débarquer une Nadia Beugré (rires), j’avais l’impression que les autres artistes s’attendaient à ce que je porte des raphias ou quoi (rires)… ils ont été choqués. Depuis lors j’évolue un peu partout et cela va faire bientôt cinq ans que je me produis en solo et signe mes propres pièces. Q-zine: Qu’est ce qui t’inspire? NB: Ce qui me pousse à créer c’est tout ce qui est caché, tout ce qu’on ne voit pas ou choisit de ne pas voir. Je m’inspire de tout ce qui est marginalisé à commencer par moi-même. Quand je marche dans la rue, je 78


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le sens dans les regards. C’est par rapport à mon propre vécu. On danse ce qu’on est. Q-zine: Et quand tu es sur scène, qu’est-ce qui te traverse l’esprit? NB: Les deux premières minutes, je suis dans la prière, dans la méditation, et puis ça s’ouvre. C’est bizarre, j’ai comme l’impression que je suis chargée d’aller délivrer un message, comme un griot […], je me sens habitée. C’est difficile à définir ce que je ressens, je sais seulement que je ne me pose plus de questions. Je ne suis pas sur scène pour faire plaisir, bon d’accord, c’est dans la tête de tout artiste de plaire, mais j’essaye d’éviter ce genre de pensée sinon ça pèse et tu n’es plus là pour transmettre quelque chose, mais pour plaire, faire une démonstration. Alors que pour moi la danse c’est un plaisir, c’est une thérapie. Que l’on me donne une heure ou juste quelques minutes, je suis contente. Je me dis que c’est le moment de donner, de partager, d’interpeler. Avoir cette possibilité est pour moi un plaisir. Q-zine: Parlons de ta dernière pièce, “Quartier Libre”, d’où t’est venue l’inspiration? NB: Il y a eu beaucoup étapes en ce qui concerne la conception de « Quartier Libre ». Pendant ma formation à Montpellier, tous les élèves devaient créer une pièce; j’essayais de trouver de la matière, mais j’avais rien. Je ne voulais pas créer une pièce juste pour faire plaisir au prof. 80


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My first important solo, “Empty Space” was a tribute to Beatrice. We worked to produce a solo piece that I was to perform. Unfortunately, Beatrice suddenly passed away in 2007. I left Abidjan to go to Dakar for a training on choreographic tools at Ecole des Sables de Notre Mère à Tous in Toubab Diallo. During this training, I decided to continue the solo piece which I titled “An Empty space: Me”. This show was about a transition, how I adjusted to the realities of life, how to recover from the shock of losing a loved one and fill that void through dance. Three years ago I flew to attend training, this time at the National Choreographic Center of Montpellier. At the time, there was still a certain image of African dancers, and when they saw a Nadia Beugré (laughs), I felt like the other artists expected to see me in raffia or something (laughs) ... they were shocked. Since then I have moved around and it will soon be five years that I have been performing solo and signing my own pieces. Q-zine: What inspires you? Note: All that is hidden, everything that we do not see or choose not to see drives me to create. I am inspired by all that is marginalized, beginning with myself. When I walk down the street, I feel it in the looks. It is in relation with my own experience. We dance what we are. Q-zine: And when you’re on stage, what goes through your mind?

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Note: The first two minutes I am in prayer, in meditation, and then it opens. It is weird, I have a feeling that I am responsible for delivering a message, like a griot [...] I feel inhabited. It is hard to define what I feel; I just know that I do not ask myself any more questions. I am not on stage to have fun, okay, it is in the head of every artist to please, but I try to avoid this kind of thoughts if not it weighs and you’re not there to transmit something anymore, but to please, to do a demonstration. While for me dance is fun, it is a therapy. Whether you give me an hour or just a few minutes, I’m happy. I tell myself it is time to give, to share, to engage. Having this possibility is a pleasure. Q-zine: Let’s talk about your latest pièce, “Free Neighborhood”, where did you get the inspiration? Note: There were many steps involved the design of “Free neighborhood”. During my training in Montpellier, all the students had to create a piece; I was trying to find the material, but I had nothing. I did not want to create a piece just to please the teacher. Then came an American teacher, Mark Tompkins, who was to create a piece inspired by a musical from materials that students would provide. So every day we watched a Broadway musical. Whenever I was watching the TV, I fell asleep, I was bored. Then one day, the performance of a set captured my attention, despite the fact that the scene lasted only few minutes, three at most. What stayed with me after his performance is the


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Puis est arrivé un prof américain, Mark Tompkins, qui devait créer une pièce inspirée d’une comédie musicale à partir des matières que les élèves allaient lui fournir. Donc chaque jour nous regardions une comédie musicale, à la Broadway. A chaque fois que j’étais devant la télé, je m’endormais, je m’ennuyais. Puis un jour sur l’écran, la performance d’un figurant m’a scotchée, malgré le fait que sa scène n’ait duré que quelques minutes, trois tout au plus. Ce qui est resté avec moi après son passage sur l’écran c’est la prise de conscience du fait que les spectateurs font rarement attention aux figurants, ils sont considérés comme des éléments du décor. J’ai donc décidé d’interpréter cet homme, ce figurant qui m’avait captivée. J’ai commencé à réfléchir sur la forme de mon interprétation. Comme je l’ai dit au début, on danse ce qu’on est. Par là je veux dire que tout le monde a un bagage, on connaît notre parcours, nous portons plein de choses en nous, voilà. En plus, je me pose des questions à savoir jusqu’où peut-on être libre sans piétiner l’autre. En bref, « Quartier libre » traite de la question de la liberté. Par Mariam Armisen

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realization that the audience rarely pays attention to extras, they are considered as part of the stage set. So I decided to interpret this man, this set who had captivated me. I started thinking about the shape of my interpretation. As I said at the beginning, we dance what we are. By that I mean that everyone has a baggage, we know our journey, we carry lot of things in us; that is it. In addition, I wonder how far we can be free without trampling on others. In short, “Free neighborhood” addresses the issue of freedom.

By Mariam Armisen 83


Appel à contributions

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Le numéro sur les “autres”

La mode et le style «Queer » Africain Variation de mo et faux- hawks, tatouages, piercings, slims, bottes, nœuds papillon, ascots… L’effet de la mondialisation a réussi à populariser et à universaliser les symboles gays, comme le drapeau arc-en-ciel et la marche de la fierté. Au niveau local, on voit de plus en plus que cette globalisation ne se limite pas qu’aux symboles; le style, la mode, la coupe de cheveux et d’autres modes de représentation des personnes queer se trouvent également affectées par cette «internationalisation». Localement, quel est l’impact du mouvement mondial LGBTI sur les constructions des identités queer à travers le style, les coupes de cheveux et la mode? Comment estce que le style et la mode faisaient partie de l’auto-expression des Africains queer avant la récente explosion du militantisme LGBTI sur le continent Africain? Comment, quand, et pourquoi ces significations ont évoluées? Comment le style, la mode et les cheveux peuvent être utilisés pour dé-construire l’idée que l’homosexualité est “non africaine?” Comment les Africains à travers la mode arrivent-ils à exprimer leurs réalités dans un contexte social qui nie leur existence? Question plus pertinente, y a-t-il une mode queer africaine?

Ce 8ème numéro de Q-zine, le seul magazine d’art et de culture LGBTI de l’Afrique, vise à susciter la réflexion, l’analyse et le débat sur les idées passées et actuelles à propos du style et de la mode par rapport aux diverses façons d’être queer Africain. Nous nous intéressons à la façon dont les LGBTI Africains utilisent les arts de l’auto-représentation pour subvertir les identités et / ou créer des modes de communication autant au sein des communautés homosexuelles qu’avec l’extérieur. Nous voulons explorer l’évolution de la mode queer sur le continent, l’influence de la «mondialisation gay» sur les identités locales et la diversité des idées de style, de beauté, images du corps ainsi que de l’expression de genre entre africains. Nous sommes également intéressés à savoir comment l’appropriation des styles queer occidentaux alimente idée selon lequel l’homosexualité est “non-africaine”.

Nous vous invitons à proposer vos opinions, essais, critiques, photos, reportage photos, peintures, poèmes, nouvelles ou autres contributions sur ces thèmes où d’autres questions portant sur le style, la mode, les cheveux, et d’autres formes d’auto-représentation dans le contexte de la culture queer Africaine. Nous vous prions d’envoyer vos contributions aux co-rédacteurs en chef, John McAllister et Mariam Armisen à mkonommoja@gmail.com ou mariam@qayn-center.org

La date limite pour contribuer: Le 15 août 2013 84


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My Gay and Carefree Youth

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rom as far back as I can remember, I was the perfect son and brother. I did all that was asked of me. I was even said to be my mother’s “purse” because I went wherever she did. My mother raised me. I know who my father is, but the only faint memory I have of him is of a time in a store with him to buy trainers, or should I say he got me trainers; what I actually wanted was soccer boots. Quite odd, because I now hate football, I can’t stomach more than ten minutes of it. I should mention that all this happened before I was even eight years old. Of course, I grew up with the usual insecurities of not having a father around. I lied to my

classmates, friends and, even worse, to myself about having a father. I wanted him to have a cool job. I told some people he was Head of Intelligence for the Botswana Defense Force. I told others he was Chargé d’Affaires (which I pronounced Charge De Fairs) at the Botswana Embassy in “DC.” At least that one explained why he was never around. Naturally, my mother found out about my lies, and I got a mouthful. I realize now that these were the beginnings of many lies I was to tell, both to strangers and to myself. I went to a private school in Botswana for my primary education at a time when hardly any “natives” could afford to send their kids to private 86

schools. For that, I will forever be grateful to my mother. At the time, though, it was tough. Let’s just say I survived primary, but the lies didn’t stop. Junior high school was worse. The lies got more intense and ridiculous. Anybody who had a brain must have known from the first word that I was lying. By now the lies were not just about my father, but about my whole family. I met a couple of people from my previous school who were fairly well off, and the groups of friends they attracted were the “cool kids.” I wanted to be part of them, so I lied about my mother being more than just a secretary. I lied about being rich (a lie that turned up recently on Facebook on a secret


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Ma jeunesse “gaie” et insouciante

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ussi loin que je puisse me souvenir, j’étais le fils et le frère parfait. Je faisais tout ce qu’on me demandait, on disait même que j’étais le sac à main de ma mère car j’allais partout avec elle. C’est ma mère qui m’a élevé. Je sais qui est mon père. Dans les vagues souvenirs que j’ai de lui, je suis dans une boutique où nous achetons des chaussures de sports ou dois-je dire, il les choisit pour moi mais ce que je voulais en fait, c’était des chaussures de foot. C’est assez bizarre car aujourd’hui, je déteste le foot. Je ne peux me résigner à regarder plus de dix minutes de ce sport. Je dois ici mentionner que tout cela est arrivé avant que je n’atteigne l’âge de 8 ans. Bien

sûr que j’ai grandi avec les insécurités habituelles qui sont le résultat d’un père absent. Je mentais à mes camarades de classe, amis et pire encore, à moi-même au sujet de mon père. Je voulais qu’il ait un job épatant. Je disais à certaines personnes qu’il était le chef des renseignements des forces armées du Botswana. A d’autres, je disais qu’il était le chargé d’affaires (je prononçais d’ailleurs mal ce mot) à l’ambassade du Botswana, à Washington. Au moins, ce dernier mensonge, expliquait pourquoi il n’était pas avec nous. Naturellement, ma mère s’est rendue compte de mes mensonges et elle ne m’a pas ménagé. Je me suis dès lors 87

rendu compte que cela n’était en fait que le début d’une longue série de mensonges, aussi bien pour les autres que pour moi même. Au primaire, J’ai fréquenté une école privée du Botswana. C’était le temps ou tous les locaux pouvaient se permettre d’envoyer leurs enfants là-bas. Pour cela, je serais toujours reconnaissant à ma mère. Pourtant, ce n’était pas facile. Alors, disons juste que j’ai survécu à l’école primaire. Et mes mensonges n’ont pas disparu. L’école secondaire était pire encore; les mensonges sont devenus plus intenses et ridicules. Celui qui avait un peu de jugeote pouvait dire des mes


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page created for my former classmates). I lied about my mother being married to a white man. Still, I somehow survived junior high school too. Amidst being teased about being a chronic liar.

beginning to realize that all this time I have been fighting with myself, and possibly with a habit that I may have picked up very close to home.

When I was in first-year university, my mother called me into my room to ask me if I was gay because people were Not to mention being gay, which talking. Foolishly, I told her the apparently was obvious to truth, without knowing that this everyone but myself. My best would be the beginning of a lies were the ones I told myself new nightmare. about being “normal”. As usual, no one else believed me. I won’t go into details. Can you say spying, harassing my Senior High School! Where friends, calling in the exorcists? do I begin? I suppose that’s

can monitor me and harass the few friends I still have left. Otherwise she has cut me off – well, what would we talk about anyway? Not talking is an improvement actually. The end of my university life came when I couldn’t concentrate at school because I was too busy dealing with her non-stop emotional abuse. Thanks, Mom. Ironically, the only thing that keeps me going now is a substitute “father” I have found who encourages and takes care of me (no, it’s not what you’re

My best lies were the ones I told myself about being “normal.” As usual, no one else believed me. where most of my self-discovery began. Senior high was where I met my now best friends, and it was also when I stopped lying to myself about my sexual feelings and came out of the closet, though only to those best friends. Funnily enough, the other lies seemed to subside at the same time.

Well, now I’m out of school (we call it “FD” here, for “Fail and Discontinue”), hooked on antidepressants, dumped by most of my friends (who got tired of being harassed and interrogated by Mom) and totally dependent on the same family that hates who I am and wants to “cure” me.

I met a few teachers who believed in me and thought highly of me. I started seeing my first psychologist and thinking seriously about how to repair my life. I’m sure by now you realize I have been able to get away with murder.

I have been to three different psychologists in the last few months. I wonder where they got their degrees. One told me I am killing my mother. Another asked me why I don’t keep my sexuality a secret “like everyone else,” and the third one suggested I pray to Jesus to be healed.

Or have I really? You see, I finally came out to my mother and my family, and I’m

My mother provides food and accommodation, mainly so she 88

thinking). Just good advice, some history lessons, and a feeling of belonging somewhere. I don’t foresee any reconciliation with my real family any time soon, but getting my new “dad” has made me realize I can make my own gay family, so I’m starting to gather a few close friends around me, “brothers” and “sisters” who accept me for who I am, the way families should. And one day I hope to be living with a gay lover, starting another family, even being a parent myself. Why not? Families are created, not given, aren’t they? By Lesetse Bakgobi


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premiers mots que ce n’était pas vrais. A ce stade, ce n’était plus seulement au sujet de mon père, mais au sujet de toute ma famille. J’ai rencontré quelques personnes de mon école précédente qui venait de bonne famille et leur entourage était des gens cool. Je voulais être l’un des leurs. Alors j’ai menti au sujet de ma mère. Je ne disais pas qu’elle n’était qu’une simple secrétaire, mais plutôt que nous étions riches. ( Ce mensonge m’a rattrapé récemment sur une page secrète de facebook créer par mes anciens camarades de classe.) J’ai aussi dit que ma mère était mariée à un homme blanc. Je ne peux vous dire comment j’ai fait, mais j’ai aussi survécu à l’école secondaire. Malgré le fait qu’on se moquait de moi parce que j’étais un mythomane.

où commencer? Je peux dire que c’est à partir de là que ma propre découverte a commencé. C’est en ce moment que j’ai rencontré ceux qui sont maintenant mes meilleurs amis. C’était aussi à ce moment que j’ai arrêté de me mentir au sujet de mes désirs sexuels. Je suis sorti du placard mais seulement pour mes amis. Mais le reste des mensonges a survécu à cette époque de vérité.

Je n’entrerais pas dans les details. Mes amis ont été épiés, harcelés et on a même fait appel à un exorciste.

J’ai rencontré quelques professeurs qui croyaient grandement en moi. j’ai commencé à voir mon premier psychologue et à penser sérieusement à reprendre ma vie en main. Vous avez compris qu’à ce stade, j’avais pu échapper au suicide. Vraiment?

Je suis allé voir trois psychologues différents ces derniers mois. Je me demande où est ce qu’ils ont déniché leurs diplômes. L’un m’a dit que j’étais en train de “tuer ma mère”, le deuxième m’a demandé pourquoi je ne gardais pas ma sexualité secrète comme tout le monde et le troisième m’a dit d’implorer Jésus de me guérir.

Eh bien maintenant, je ne vais plus à l’école, je suis dépendant des antidépresseurs, rejeté par la plupart de mes amis (qui en avaient marre d’être harcelé et interrogé par ma mère) et aussi totalement dépendant de la même famille qui me hait et essaie de me “guérir”.

J’ai finalement dit à ma mère et à ma famille que j’étais gay. Et j’ai commencé à me rendre Ma mère m’héberge et me compte que pendant tout ce temps, je me battais contre moi- donne à manger. Plus pour qu’elle puisse me surveiller et Et je ne mentionne pas le fait même. harceler les quelques amis qui d’être gay. Ce qui apparemment

C’était le fruit de mon imagination innocente. Ce fut l’ultime plaisir. était connu de tous sauf de moi. Mes meilleurs mensonges étaient ceux que je m’étais crées pour me convaincre que j’étais « normal ». Comme d’habitude, personne ne me croyait. La deuxième moitié de l’école secondaire… Par

Quand je me suis retrouvé en première année d’université, ma mère m’a appelé dans sa chambre et m’a demandé si j’étais gay car les gens en parlaient. Tout bêtement, je lui ai dit la vérité, sans savoir que cela était le debut d’un autre cauchemar. 89

me restent. Sinon, elle m’aurait coupé les vivres. Donc, on parlait de quoi ? Oui, j’ai abandonné l’université quand je ne pouvais plus me concentrer parce que je devais gérer toute la violence émotionnelle de ma mère.


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Merci maman ! (ironie) La seule chose qui me permet de survivre c’est un substitut de “père” qui m’encourage et prend soin de moi. (Ce n’est pas ce que vous penser). Il me donne juste de bons conseils, des leçons de vie et une impression d’appartenir à quelque chose. Je ne vois aucune réconciliation en vue avec la famille. Mais le fait d’avoir ce nouveau “papa” m’a permis de réaliser que je peux créer ma propre famille gay. Donc, j’ai commencé à réunir quelques personnes autour de moi. Des “frères”, des “sœurs” qui m’acceptent pour ce que je suis. Comme une vraie famille devrait le faire. Et un jour, j’espère vivre avec un amoureux gay, commencé une autre famille et peut-être être parent moi-même. Pourquoi pas? Les familles sont crées n’ont pas donné. Vous êtes d’accord avec moi ?

Par Lesetse Bakgobi

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Resilience is a resource guide that explores questions of gender identity in East Africa. It presents information about health, legal issues and selfdetermination alongside the personal writings and images of intersex, transgender and gender non-conforming Kenyans. The first of its kind, Resilience both informs and creates a snapshot of ITGNC lives, dreams, and sorrows. To order copies of Resilience, please write to Jinsiangu at info@jinsiangu.org, or visit us at www.jinsiangu.org.

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Resilience, est un guide de ressources qui explore les questions de l’identité du genre en Afrique de l’Est. Il présente des informations sur la santé, les questions juridiques et l’autodétermination d’un coté, et de l’autre, des écrits et des images personnelles de personnes intersexe, transgenre et de genre non conformes du Kenya. Le premier recueil de son genre, Resilience informe en tant qu’il présente un instantané de la vie, des rêves et chagrins des ITGNC du Kenya. Pour commander des copies du guide, veuillez écrire à Jinsiangu: info@jinsiangu.org, ou visitez le site de l’organisation: www.jinsiangu. org.


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On Ageing

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eing queer and young and non-conforming in a socially restrictive environment, as is the case with most African cultures, is often mistaken for a glamorous rebellion. How many of us have taken a minute to think about ageing among the LGBTI community? Or do we stupidly comfort ourselves in delusions of eternal youth?

LGBTI elders less likely than straight elders to access crucial social services and other public benefits. If we cared to notice, we would find that LGBTI elders often wait until they are in a health or financial crisis before seeking help. The tendency to hide the real issues they are facing for fear of prejudice or discrimination eventually leads to them receiving substandard care when they eventually open up.

As much as young LGBTI persons share in their fair amount of challenges, I would like to use this article to highlight Notably, most elderly LGBTI some of the challenges faced people do not have children to by the elderly members of the take care of them. Looking at LGBTI community. the socio-economic problems The most evident is that LGBTI that have ravaged the African elders lack traditional family continent, it would be difficult support and are more reliant on for them to be taken in by their informal support systems than extended families. their gender-conforming and On the other hand, even where straight counterparts. Fear of discrimination and abuse make their extended families are 93

LGBTI elders are shunned in the straight community for being gay, and in the LGBTI community for being old.


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Concernant le vieillissement

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tre queer, jeune et avec une identité du genre non-conforme dans un environnement socialement restrictif, comme c’est le cas dans la plupart des cultures africaines, est souvent confondue avec une rébellion glamour. Combien d’entre nous ont pris une minute pour réfléchir sur le vieillissement au sein de la communauté LGBTI? Ou devons-nous bêtement nous enfermés dans le délire de la jeunesse éternelle? Bien vraie que les jeunes LGBTI font face à de nombreux défis dans leur vie, cet article vise plutôt à mettre l’accent sur certains des défis auxquels sont confrontés les personnes LGBTI d’un certain âge en Afrique. Le plus évident est que les personnes LGBTI âgées manquent de soutien qui existe au sein des familles

traditionnelles et sont plus dépendants des systèmes de soutien informels, contrairement à leurs pairs hétérosexuels. La peur de la discrimination et de la violence fait que les personnes LGBTI d’un certain âge sont moins susceptibles d’accéder aux services sociaux et autres avantages publics disponibles aux membres de leur génération. Si nous prenons la peine de le constater, nous apprendrons que les personnes LGBTI âgées attendent jusqu’à ce qu’elles soient dans un état de crise, que ce soit vis-à-vis de leur santé qu’au niveau financier avant de demander de l’aide. Leur tendance à minimiser les vrais problèmes auxquels elles sont confrontées, par crainte de préjugés ou de discrimination font que quand elles demandent enfin de l’aide, ces personnes

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finissent par recevoir des services médiocres. Egalement, la plupart des personnes LGBTI âgées n’ont pas d’enfants qui pourront prendre soin d’eux. Si l’on considère les problèmes socioéconomiques qui ravagent le continent africain, il est difficile pour eux d’être pris en charge par leur famille élargie. D’autre part, même si ces familles sont financièrement en mesure de prendre soin d’eux, il y a toujours la stigmatisation au sein des familles et des communautés où vivent ces familles et où la personne LGBTI avait été rejetée dans sa jeunesse et étiquetée comme un “paria”. Les autres alternatives en ce qui concerne leurs services, soins et logements restent les quelques maisons de retraite et les centres d’accueils qui


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financially able to allow them in, there’s always the stigma within the families and communities from which the once youthful

Les personnes LGBTI âgées manquent de soutien qui existe au sein des familles traditionnelles et sont plus dépendants des systèmes de soutien informels, contrairement à leurs pairs LGBTI person was rejected and labeled an “outcast.” The other alternative for shelter and care would be the few oldage homes and drop-in centres that are mostly run by churches and other charity organizations. Even there, if their sexual

preferences were known, they would face rejection. It is fear of such treatment that forces most elderly LGBTI people to go back into the closet or in extreme circumstances. This impacts the quality of their lives. It limits the scope of discussion they can engage in. It becomes impossible for them, except for a rare circle of elderly queers, to reminisce and talk about “good old days” in terms of relationships and love life. What we must keep in mind, though, is that ageism affects most other communities as well. For LGBTI elders, the same community on which they have depended throughout their lives for support, safety, love and affirmation is the very community that turns its back on them, just as society in general shuns its ageing and senior members. The result: LGBTI elders are shunned in the straight community for being gay, and in the LGBTI community for being old. The youthful LGBTI individual must not run away from the fact that they need the elderly. Our lelders have vast knowledge and wisdom to share, and it would be wise to talk to them about the challenges that come along in life such as with love, sex and health issues. It wouldn’t hurt to spare a little time with the elderly, rather than spending all your time with some of the young gossipy and dramatic folks... To conclude, I would like to make a passionate appeal that we practice equality, provide inclusive materials and create 95

a welcoming environment for elderly LGBTI folks.

By Shepherd K. Chishala


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sont pour la plupart gérés par des églises et d’autres organisations caritatives. Même là, si leur orientation sexuelle vient à être connue, ils risquent le rejet. C’est la crainte de ces traitements qui amènent la plupart les personnes LGBTI âgées à

de l’autre, par la communauté LGBTI pour être vieux. Les jeunes LGBTI ne doivent pas négliger le fait qu’ils ont besoin les personnes âgées. Nos ainés ont une vaste connaissance et cette sagesse qui vient avec l’âge; il serait

Nous devrons penser à passer plus de temps avec nos ainés pour échanger avec eux, plutôt que de passer tout le temps entre les potins et les drames. retourner dans le placard ou dans des circonstances extrêmes, à même envisager le suicide. Ces défis affectent sévèrement la qualité de leur vie sur plusieurs points; par exemple ils limitent la portée des sujets de leurs discussions, car il devient impossible, sauf dans un cercle rare d’homos âgés, de se remémorer et de parler des “bons vieux temps” en termes de leurs relations et vies amoureuses passées.

judicieux d’avoir des dialogues avec eux au sujet des questions amour, les défis liés au sexe et à la santé qui viennent avec l’âge. Nous devrons penser à passer plus de temps avec nos ainés pour échanger avec eux, plutôt que de passer tout le temps entre les potins et les drames qui sont si fréquent dans certains milieux de jeunes LGBTI. Pour conclure, je voudrais lancer un fervent appel pour la pratique de l’égalité, la création d’espaces accueillants et les distributions de matériel inclusives à nos ainés.

Ce que nous devons toujours garder à l’esprit est que le vieillissement affecte tout le monde et les personnes LGBTI ne font pas l’exception. Pour les LGBTI âgés, la même communauté vers laquelle ils se sont toujours retournés pendant Par Shepherd K. Chishala toute leur vie pour trouver le soutien, la sécurité, l’amour et l’affirmation – c’est cette même communauté qui leur tourne le dos, tout comme la société hétéro qui fuit ses vieux membres. Ce qui en résulte est que d’un coté, les LGBTI âgés sont rejetés par la société hétérosexuelle pour être gays, et 96


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Age is Relentless

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ge is relentless. There is no running away. It lurks around every corner, waiting to remind you that your time is limited. You struggle to ignore it, but after a while, you wear down, you cannot keep lying and so you just give in.

I am sprawled across the bed. He is lying beside me. My mind races. “What the hell am I doing here?” As the answer begins to form, I brush it away and tilt my head for one last look at his sleeping, perfectly toned body, begging to be caressed.

Today I turn 81. My bones are weak and brittle, my skin sags and droops like the shoulders of a sullen schoolboy. My mind has been stripped of its memories. Except for the one I am about to share with you. When age in its relentless fury steals it from me, I shall cease to live.

My fingers twitch as I resist the urge. I am lucky to be in the same bed as this body.

Mark has been dead for four months, but the memory of meeting him for the first time is the only thing that keeps me going.

I live in a superficial world; a six-foot-two “stocky” man like me does not bag a hunk like him everyday. I make a mental note to go on a diet and stick to it. I want his body in more senses than one. My thoughts drift to the issue of new year resolutions. This year will be the year I find love … Mark, I remember, that’s what he said his name was. Mark 98

who now lets out a moan as he adjusts his sleeping body to a more comfortable position and ends up naked, facing the ceiling, one large hand, streaked with dried cum, draped across his well-chiseled chest. He is going to wake up any moment now. I slide quietly out of bed and rummage around for my clothes. I will spare us the awkward, early-morning smalltalk that follows these types of encounters. I sense that my night with Mark was just one of a series of mistakes I made yesterday. The memories knock gently at my consciousness, but either I am refusing to let them in or they are too shy to enter because I do not remember anything clearly.


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Le passage du temps est impitoyable

L

e passage du temps est impitoyable. Il n’y a pas moyen d’y échapper. Il se cache dans les moindres recoins de votre vie, en attendant de vous rappeler que votre passage sur terre est limité. Vous tentez de l’ignorer. Mais, au bout d’un certain temps, vous vous rendez à l’évidence que vous ne pouvez pas l’ignorer pour plus longtemps. Donc, vous vous y faites. Aujourd’hui, j’ai 81 ans. Mes os sont fragiles et facilement cassables, ma peau se fripe et s’affaisse comme les épaules d’un écolier maussade. Mon esprit a été dépouillé de ses souvenirs. Excepté ceux que je m’apprête à partager avec vous. Lorsque l’âge, dans sa fureur implacable me les volera aussi, alors je cesserai de vivre.

Mark est mort il y a 4 mois aujourd’hui, mais le souvenir de ma première rencontre avec lui est la seule chose qui me maintient en vie. Je suis au lit. Il est couché près de moi. Mon esprit vagabonde. “Bon sang, qu’est-ce que je fais ici?!” Quand le semblant d’une réponse commença à se former, toute de suite je la balai et incline ma tête pour mieux regarder Mark dormir, son parfait corps musclé, ne demandant qu’à être caressé. Mes doigts se contractent alors que je tente de résister à cette envie. Je suis chanceux de partager le même lit que ce corps. Je vis dans un monde superficiel. Un homme, haut comme trois pommes et 99

“trapu” comme moi, ne tombe pas sur un canon comme lui tous les jours. Je me dis qu’il va falloir que je fasse un régime et que je m’y tienne. Je veux son corps et ceci, au sens propre comme au figuré. Mes pensées deviennent du coup mes résolutions pour le nouvel an. Cette année sera l’année où j’ai trouvé l’amour ... Mark, je m’en souviens bien, était le nom qu’il m’avait donné. Il émet un gémissement alors qu’il change de position et fini par se retrouver nu, sur le dos, sa grande main, recouverte de sperme séché, posée sur sa poitrine parfaitement sculptée. Il va se réveiller d’un moment à l’autre maintenant. Je me glisse doucement hors du lit et fouille mes vêtements. Je vais nous


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My T-shirt is trapped under Mark’s body. I tug at it as softly as I can, but sometimes things do not go as planned. Mark stirs and begins to open his eyes.

I have to go, my friends must be worried sick about me and I have this group discussion at, er, two that I have to prepare for. So I guess I’ll call you.”

I yank the t-shirt free, no use being discreet now. It is, for lack of a better word, “unwearable.” Even at arm’s length it emits a strong odor of stale semen and sweat. Dried blotches of both are passionately splattered across it like the work of a drunken artist intoxicated by the inspirations of his muse.

This exit strategy has never failed … until now.

I pull it over my head anyway and head for the door. “Hey, are you leaving already?” comes a hoarse voice from behind me. Exactly what I was trying to avoid.

“Cool, what’s it on? Mind if I tag along, I’m sure I can help. I told you I’m doing my Master’s in international trade. You’re an undergrad right?” The lost puppy wants to follow me home. “Okay, sure thing!” The words roll off my tongue, ignoring my head’s orders to run, run fast, get the hell away from this psycho. He kisses me on the cheek and dashes into the bathroom to get ready. I slump on the bed, amazed at myself.

Mark coughs as I turn sheepishly to face him. He rubs his eyes and stares at me. I feel like a burglar caught red-handed How could I fuck up so bad? The lost puppy is following and stand frozen by the door. me home to help me with an “I had a great time last night, but imaginary assignment. I have to go, I have class at 8,” I get up and walk to the I lie, stupidly. Who has classes on a weekend? He smiles, then, bathroom door. I can hear the shower running. Mark is still stark naked, he gets out of whistling. “Zippity-doo-dah, bed and walks up to me. zippity-yay …” My heart pounds. I think, “Is he, is h-, no no he is going to do it. “Mark, Mark? Can you hear me?” Damn he did it – shit!” I try my best to return the kiss but my “Yeah…” nerves betray me. He stops and “My group mates just texted. looks me deep in the eyes. The meeting is postponed to I close mine in response. “Isn’t next week, turns out most it obvious what’s wrong? I just of them can’t make it this woke up in your bed and all morning.” I can remember is that your I beam with pride. This is the name is Mark and you have a perfect out. It nullifies his reason very nice dick,” I scream inside to come home with me, plus it my head. “Nothing, just a little tired,” is what comes out of my is open-ended, so should I need to get out of another puppy mouth. moment, I just have to say the Before he has time to respond, meeting was rearranged again. I add, “Look it’s getting late and 100

I did not anticipate what he says next. “That sucks, when will you guys have the meeting then?” “Er…” I think fast, and then panic “I’m not sure, well, I gotta go, see ya …” “Doesn’t matter, just gives us more time to spend together,” he shouts back, turning off the water. “Do you wanna go out and grab breakfast?” I stop in my tracks. Did I miss something? He’s acting like we’re in a relationship. What’s going on? “Er … I think I better just head home. I feel grimy, and this T-shirt is gross. Besides I need to take a nap and, er, be in my own space.” (Jesus!) The bathroom door opens. Mark is dripping wet and wearing a Peanuts towel. Snoopy grins at me from crotch height, over the caption “Hello, little friend!” Mark looks at me quizzically, or is that a hurt expression? “You told me you hated your bed. The mattress is hard and lumpy, remember? And your place is tiny and cramped. There IS no space. That’s why we came here!” “When did I say that?” “Yesterday. Don’t you remember?” Then he grins, seeing through me, understanding my fear, forgiving it. I relax and grin back, as Snoopy drops to the floor … I have to try to remember, remember. By Anthony Phaladi


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épargner ces mini-conversations matinales gênantes qui suivent généralement ce type de rencontres d’un soir. J’ai le sentiment que ma nuit avec Mark fait juste partie d’une série d’erreurs que j’ai fait hier. Des souvenirs frappent doucement à la porte de ma conscience, mais soit je refuse (inconsciemment) de les laisser entrer, soit ils sont trop timides pour entrer, parce que de toute façon, je ne me souviens plus de rien. Mon T-shirt est piégé sous son corps. J’essaye de le tirer le plus discrètement possible, mais parfois les choses ne se passent pas comme on le souhaite. Mark bouge et se met à ouvrir les yeux. Maintenant, je tire librement le t-shirt ; nul besoin d’être discret. Il est, à défaut d’un meilleur mot “importable”. Même au bout du bras, il émet une forte odeur de sperme vicié et de sueur. Des tâches séchées qui semblent

fixement. Je me sens comme un voleur pris la main dans le sac. “J’ai passé un bon moment hier soir, mais je dois y aller, j’ai cours à 8h”, fis-je bêtement. Un mensonge bien sur. Qui a cours le week-end? Il sourit, puis, toujours nu comme un ver, il sort de son lit et se dirige vers moi. Mon cœur bat la chamade. Je me demande “vat-il… oh non il va le faire. Putain ! Il l’a fait. Merde!” Je fais de mon mieux pour lui retourner son baiser, mais mes nerfs me trahissent. Il s’arrête et me regarde droit dans les yeux. Je ferme les miens en réponse, “N’est-ce pas évident ce qui ne va pas? Je me suis réveillé dans ton lit et tout ce dont je me souviens, c’est que ton nom est Mark et tu as une très belle bite”, me disais-je dans ma tête. “Rien, je suis juste un peu fatigué” est tout ce qui a pu sortir de ma bouche. Avant qu’il n’ait le temps de réagir,

en commerce international. Tu es encore étudiant au premier cycle, n’est ce pas? “. Et du coup, ce chiot perdu voulait me suivre à la maison. “Okay, c’est sûr!. Les mots me sont sortis de la bouche tous seuls, ignorant les ordres de courir que lui intimait ma tête, de m’enfuir, foutre le camp, fuir ce psychopathe. Il m’embrassa sur la joue et entra dans la salle de bain pour se préparer. Je m’effondre sur le lit, surpris par moi-même. Comment ai-je pu me foutre dans un tel pétrin? Ce chiot perdu est désormais sur le point de me suivre à la maison pour m’aider à faire un devoir imaginaire. Je me lève et marche vers la porte des toilettes. Je peux entendre couler la douche et Mark siffloter. “Zippity-doo-dah, Zippity-yay ...” - “Mark, Mark? Tu m’entends?”

Mark est mouillé et porte une serviette de Peanuts avec Snoopy au niveau de son entrejambe me souriant avec en légende “Bonjour, mon cher ami!” avoir été éclaboussées avec passion. On aurait dit le travail d’un artiste ivre. Je le porte quand même et fonce vers la porte. “Hey, tu t’en vas déjà?” fit une voix rauque derrière moi. Zut, justement ce que je voulais éviter. Mark tousse alors que je me tourne timidement vers lui. Il se frotte les yeux et me regarde

j’ai ajouté: “Regarde il se fait tard et je dois y aller. Mes amis doivent être morts d’inquiétude et y a cet exposé à préparer. Alors euh… je t’appelle plus tard”. Cette stratégie de fuite a toujours marché ... jusqu’aujourd’hui.

- “Ouais ...” -”Mes camarades avec lesquels je dois travailler viennent juste de m’envoyer un texto. La séance de travail est reportée à la semaine prochaine, car la plupart d’entre eux ne sont pas disponibles ce matin.”

“Cool, tu en es sûr? Parce que je suis sûr que si je sais de quoi Je souris fièrement. Çà, c’est il s’agit, je pourrais t’aider. Je t’ai la meilleure. Je me dis qu’il va annuler sa venue chez moi. Et, dit que je préparais un Master 101


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vu qu’il est ouvert, je pourrais, si je veux m’en aller, prétexter que la réunion a été de nouveau ramenée à aujourd’hui. Mais, je ne m’attendais surtout pas à ce qu’il dise par la suite : “ C’est nul. A quand est programmée votre prochaine séance de travail, alors? “

“Quand ai-je dit cela ?” “Hier. Tu ne t’en souviens plus?”. Puis il sourit, voyant à travers moi, comprenant ma peur et me pardonnant en même temps. Je respire et lui souris à mon tour, pendant que Snoopy tombe par terre ... Je dois essayer de me souvenir, me rappeler la suite.

“Euh ... Je pense que c’est Par Anthony Phaladi pour bientôt dans tous les cas». Puis, pris de panique, je lui lance : « Je ne suis pas sûr, eh bien, je dois y aller. On se voit ... “ “Ça ne fait rien. Çà nous permet de passer plus de temps ensemble alors” répondit-il en fermant l’eau. “Tu veux qu’on sorte pour prendre le petit déjeuner?” Je suis stoppé dans mon élan. Ai-je manqué un épisode? Il agit comme si nous étions déjà en relation. Que se passe-t-il? “Euh ... je pense que je ferais mieux de rentrer à la maison. Je me sens sale, et ce T-shirt est affreux. D’ailleurs, j’ai besoin de faire un petite sieste et, euh…, ma maison me manque déjà.” (Jesus!) La porte des toilettes s’ouvre. Mark est mouillé et porte une serviette avec Peanuts avec Snoopy au niveau de son entrejambe me souriant avec en légende “Bonjour, mon cher ami!” Mark me regarde l’air pensif or est-ce plutôt un air dubitatif ? Je m’interroge. “Tu m’as dit que tu détestais ton lit. Que ton matelas est dur et grumeleux. Tu te souviens? Et ta maison est petite et exiguë. Il n’y a pas d’espace. C’est pourquoi nous sommes venus ici!” 103


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A Painting of Time

T

he moon when it is a quarter gives its light. When we look close enough we can see the full moon in the background like a child waiting to be born, a song waiting to be sung, a match

waiting to light a fire, something that is and yet is not. It is in the passage of time that the absent becomes present and the unknown is born. It is also in the passage of time that the present become absent and the 104

existing, like autumn leaves, fall away and die. Words are just words that, at some point or another, every wise man has attempted to define. The same goes with time for there are endless proverbs,


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Une peinture des temps

L

a lune, c’est quand elle est à son quart qu’elle donne sa lumière. Lorsque nous la regardons plus attentivement, nous pouvons voir la pleine lune en arrière-plan comme un bébé qui attend de naitre, comme

une chanson attendant d’être chantée, comme une allumette qui attend pour allumer un feu, comme cette chose qui semble être, mais pourtant n’est pas. C’est avec le passage du temps que l’absence devient 105

une présence et que nait l’inconnu. C’est également lors du passage du temps que le présent devient une absence et, ce qui existe, comme des feuilles d’automne, finissent toujours par tomber et mourir.


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endless quotations, poems, philosophies on time. Yet none of them satisfy all the world, for one man’s life, thoughts and passions can never be the same as another’s. Yet, what difference is there between time and life?

my tears in alphabet. I’ll paint my love for Anthony, I’ll paint his heart, I’ll paint his life, I’ll paint his time.

The first star appears, bright and gentle as my Anthony’s eyes when they were filled with tears. They said “I’m sorry”, they said “save me”. The next star appears while I am still looking at the first one, then the next and the next after that. I can’t stop them any more than I could Is time not the only thing that stop the blood flowing from the livings have, or have not? Anthony’s wrists. I can’t stop Is to run out of time not to run them any more than I could stop out of life? A part of me says Anthony’s time from running it is, until I look up at the trees out of his clock. I can’t stop waving slowly as if to dance them no more than I could save gracefully, mocking me, belittling Anthony’s life. My tears begin to me with their height. A part of flow endlessly as the stars have me says it is until I see the sun now filled the sky. They say “I’m shining, knowing that it will set sorry”, they say “I loved you”, and rise again tomorrow, and they say “How could you?” My I will still be sitting here beside body shivers from the sobbing Anthony’s grave, mourning and from the cold. My skin feels alone. And nature will not rough as sand and the wind will stop, no, the trees will not stop not forgive me. It rages on, it waving for a second and the hurls and whimpers until it starts sun will not stop shining at least to fade from my ears. to acknowledge Anthony’s exit. When I leave the graveyard I My eyes are heavy, my hand is will dip my feet in the running weary, I can’t write anymore. stream and it will cool them as I open my eyes now. There if to console me, as if it cares are no more stars in the sky for me. But I know that it does but I cannot see the sun. The not because when my time runs trees are as still as British out, the same stream will not guards, still as if listening to stop flowing to mourn me, just me breathing. In the stillness I as it is not mourning Anthony. hear nature weeping, mourning, I hear nature acknowledging Just as I predicted, the sun is Anthony’s exit. I hear her and setting. The trees are waving a I am grateful. I stand up and little more, maybe not dancing the tears won’t flow from my this time but beckoning eyes anymore. I know that from frantically, stripping me of the now on, the tears will flow from comfort of the heat and leaving the inside where no man can me cold. As cold as Anthony’s reach. No man but the memory face when he was possessed of Anthony’s laughter and with anger, that anger that made Anthony’s sparkle, the memory him cruel. Cruel enough to want of Anthony’s time and how too to destroy me, cruel enough to soon it ran out. leave me broken, cruel enough to slit his own wrists and lie in I won’t cry those tears alone; that cold bath just to destroy I cannot define his time alone. me. I will paste it on a blank paper and on that paper I will paint 106

By Zdena Mtetwa-Middernacht


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Les mots ne sont que des mots, qu’ à un moment donné ou à un autre, tout homme sage a tenté de définir. C’est la même chose avec le temps car il y a des proverbes, des citations, des poèmes et des philosophies sans fin sur le passage du temps. Pourtant, aucun d’eux ne peut satisfaire le monde entier; parce que la vie d’un homme, ses pensées et ses passions ne peuvent jamais être les mêmes que celles d’un autre. Pourtant, quelle différence y a-t-il entre le temps et la vie? Le temps n’est-il pas la seule chose que les vivants ont, ou n’ont-ils pas? Etre à court de temps, n’est-ce pas être à court de vie ? Une partie de moi me dit que oui, jusqu’à ce que je regarde les arbres qui s’ondulent lentement comme dans une danse gracieus, se moquant de moi et me dénigrant depuis leur hauteur. Une partie de moi me dit que oui, jusqu’à ce que je vois le soleil qui brille, sachant qu’il va se coucher et se lever encore demain, et je serais encore assis près de la tombe d’Anthony, en faisant seul mon deuil. Et la nature ne va pas s’arrêter, non, les arbres ne vont pas s’arrêter d’onduler même pour une seconde et, le soleil ne va pas s’arrêter de briller du moins pas pour marquer le départ d’Anthony. Quand je quitterai le cimetière, je tremperais mes pieds dans le ruisseau et qui va les refroidir, comme si c’était sa façon de me consoler, comme s’il se souciait de moi. Mais je sais que quand mon tour arrivera, le même ruisseau ne va pas s’arrêter de couler pour lamenter mon départ, tout comme il ne l’a pas fait pendant le deuil d’Anthony.

Comme je le prévoyais, le soleil est entrain de se coucher. Les arbres s’agitent un peu plus, peut-être pas pour une danse cette fois-ci, mais plutôt pour me montrant frénétiquement du doigt, me dépouiller du confort de la chaleur et me laisser un regard froid. Aussi froid que le visage d’Anthony quand il était possédé par la colère; cette colère qui l’a rendu cruel. Assez cruel pour vouloir me détruire ; assez cruel pour me laisser en morceaux ; assez cruel pour s’ouvrir les veines et s’allonger dans ce bain froid juste pour me détruire. La première étoile apparait, lumineuse et douce comme les yeux de mon Anthony quand ils étaient remplis de larmes. Ils disaient : “Je suis désolé” ; ils disaient “sauve-moi”. La prochaine étoile apparue pendant que je regardais encore la première, puis une autre et une autre après celle-là. Je ne peux les arrêter, pas plus que je ne pus arrêter l’écoulement du temps d’Anthony. Je ne peux les arrêter pas plus que je ne pus sauver la vie d’Anthony. Mes larmes commencent à couler abondamment comme les étoiles qui ont maintenant rempli le ciel. Elles disent : “je suis désolé” ; elles disent “je t’aime” ; elles disent : “comment as-tu pu?”. Les sanglots et le froid font frissonner mon corps. Ma peau est rugueuse comme le sable, et le vent ne me pardonnera pas. Il sévit, se jette et gémit jusqu’à ce qu’il commence à s’effacer de mes oreilles. Mes yeux sont lourds, ma main est fatiguée, je ne suis plus en état d’écrire. J’ouvre les yeux maintenant. Les étoiles 107

se sont plus au ciel ; je ne vois pas le soleil non plus. Les arbres, toujours majestueuses, ressemblent maintenant aux Gardes Britanniques, rigides comme s’ils m’écoutaient respirer. Dans le silence, j’entends la nature endeuillée qui sanglote. J’entends la nature reconnaitre le départ d’Anthony. Je l’entends et je lui suis reconnaissant. Je me lève et mes larmes ont cessé de couler. Je sais qu’à partir de ce moment, mes larmes ne couleront que l’intérieur, là où aucun être homme ne pourra les atteindre. Aucun homme, sauf les souvenirs du rire d’Anthony, les souvenirs du temps d’Anthony, de ce temps qui s’est vite écoulé. Je ne ferais pas que pleurer le passage du temps d’Anthony. Je le collerais sur une feuille vierge et sur cette feuille, je peindrais mes larmes en alphabet. Je peindrais mon amour pour Anthony. Je peindrais son cœur. Je peindrais sa vie. Je peindrais son temps. Par Zdena MtetwaMiddernacht


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From the Top Deck

F

rom the top deck I could see down below, people dancing in that lit darkness, happy, laughing, eyes glowing. Some were in groups, some were in pairs, but no one was alone, no one but me. I saw him dancing with her, their arms around each other,

they looked so happy together, now to think of it, they made a beautiful couple. But then again, he made a beautiful couple with anyone, he furnished them like a golden vase in an empty room, or a blue rose on an empty thorn. Then just like the rose dies, I watched him leave her

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to go outside, he didn’t return for a while. Later I saw him walk in again, looking around like a knight who had lost his shield. I assumed that he was looking for her, hunting her down the way he had once hunted me. I knew what would happen if he found her, he would embrace


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Depuis le balcon

D

u haut du balcon je pouvais voir ce qui se passait en bas, les gens qui dansent dans cette obscurité éclairée, heureux, souriants, les yeux brillants. Certains étaient en groupes, d’autres étaient en couple, mais personne n’était seule,

personne d’autre que moi. Je l’ai vu danser avec elle, leurs bras entrelacés. Ils avaient l’air si heureux ensemble, maintenant à y repenser, ils formaient un beau couple. Evidemment, car il formera un beau couple avec n’importe

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qui; il les décorerait comme un vase d’or dans une salle vide ou une rose bleue sur une branche morte. Juste quand la rose se fane, je le regarde la laisser pour aller au dehors, où il resta pendant un certain temps. Bien plus tard, je le revois qui cherchait autour de


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her and dance with her like the night would never end. But the sun would rise and when it set again in the morrow, she would be standing here where I was, on the top deck, watching him like I was watching him now, wondering how it feels not to care for anyone but yourself, to go through your days like a wave, caressing every rock in your way and moving on, to make the stars cry and not feel the rain.

The world is too big for us to see everything. I could see what was below me but I hadn’t seen what was behind me...some more vultures, lions, waiting to pounce, they were everywhere. It was a never-ending story. It was then that I realized how much a part of this world I am.

I arrived home at three in the morning and was up by nine. The first thing I did was read my old letters... Wherever I wander, if ever I soar, my heart draws That’s the problem with beautiful closer to my loved one much people. When they smile more. Time may bring agony they look like they are in love to a mind that will grow. But because their eyes glow. But remember my darling that I do maybe it’s not just the beauty, love you so. If the birds cease maybe it’s the darkness. It to sing and the stars stop to makes everyone beautiful shine. And the honey once because it hides the deceit in sweet now tastes like old brine. their eyes and the slyness in If the star we once knew won’t their smiles. The noise drowns give us a sign. Remember my the mockery in their laugh and darling, you were once a true covers the truth of their hearts. love of mine. When I return home even against my own will. I watched the young men Tell me my dearest that you’ll standing across the curtain, wait for me. That you and I once seven or eight of them. They again the seasons shall see. looked like beautiful models. Promise me my beloved, to still One who was new to this remember me. I had waited setting would never have and remembered and had guessed that they were vultures, been forgotten. Dear Anthony, no, lions, watching the way can’t you see that the stars are their prey moved before they weeping? Set me free so I can attacked. I watched another feel the rain. walk over to greet them. They were friends! Of course they were friends. They say birds of the same feather flock together. By Zdena Mtetwa-Middernacht He took his place in the line as the eighth or ninth member. Who were to be the hunted? Not I, for I was standing on the top deck observing their game, I may have been their prey once upon a time but not anymore. Someone tapped my shoulder from behind and presented me with a drink. He said I looked bored, like I could use some company. 110


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lui comme un chevalier en quête son bouclier perdu. Je présumai qu’il la cherchait, la traquait comme il l’avait auparavant fait avec moi. Je savais ce qui arriverait s’il l’a trouvait, il l’embrasserait et danserait avec elle comme si la nuit était sans fin. Mais le soleil se lèvera et quand il se recouchera le lendemain, elle serait là, sur le balcon, là où je me, et l’observerait comme je le fais actuellement, tout en songeant comment on est-ce que l’on doit se sentir, quand on a l’habitude de ne penser à personne d’autre que soimême, passer son temps comme une vague caressant chaque rocher sur son chemin, qui fait pleurer les étoiles mais sans jamais sentir la pluie? Tel est le problème avec les personnes belles. Quand elles sourient, on a l’impression qu’elles sont amoureuses de vous parce que leurs yeux brillent. Mais peut-être que ce n’est pas la beauté des lumières, mais plutôt celle de l’obscurité? Il rend tout le monde beau car il cache le mensonge de leurs yeux et la ruse dans leurs sourires. Le bruit noie la moquerie dans leurs rires et couvre la vérité de leurs cœurs. Je regarde les jeunes hommes debout à travers le rideau, ils sont sept ou huit. Ils ressemblent à des top modèles. Une personne étrangère à cette scène ne devinera jamais qu’en faite, ce sont des vautours, et non des lions, qui étudiaient le déplacement de leurs proies avant de se lancer à l’attaque. Je regardai une personne marché vers eux pour

les saluer. Ils sont amis! Bien sûr qu’ils sont amis. Ne dit-on pas que les oiseaux de même plumages volent ensembles ? Il prit sa place dans à côté d’eux, devenant le huitième ou neuvième membre. Qui allait être la nouvelle proie? Pas moi, car je me trouvais sur balcon à observer leur jeu, j’ai peut-être été leur proie une fois, mais pas ce soir. Quelqu’un tapota mon épaule et me tendu un verre. Il dit que j’ai l’air de m’ennuyer, comme si j’avais besoin d’un peu de compagnie. Le monde est trop grand pour que l’on puisse avoir les yeux partout . Je pouvais voir ce qui se passait en dessous de moi, mais pas ce qui était derrière moi… d’autres types de vautours, des lions, tous prêts à bondir, ils étaient manifestement partout. C’était une histoire sans fin. C’était là que j’ai réalisé combien je fais partie de ce monde. Je suis renté à la maison à trois heures du matin et j’étais à nouveau debout aux environs de neuf heures. La première chose que j’ai faite était de lire mes vieilles lettres ... Où que j’aille, chaque fois que je m’élève, mon cœur se rapproche encore plus de mon bien-aimé. Le temps peut apporter de l’agonie à un esprit qui évolue. Mais rappelles toi mon bien-aimé que je t’aime tant. Même si les oiseaux arrêtent de chanter et que les étoiles cessent de briller. Et que le miel une fois doux, a maintenant un goût de saumure. Même si l’étoile que nous avons connu ne brillera plus pour nous. N’oublis pas mon bien-aimé que tu as été une fois mon véritable amour. 111

Quand à contre cœur je rentre chez moi, rassures moi mon bien-aimé que tu m’attendras. Qu’ensemble et une fois de plus, nous verrons les saisons passées. Promets-moi mon chéri, que tu te souviendras de moi toujours. J’ai attendu, me suis souvenu, mais j’ai été oublié. Cher Anthony, ne voistu pas que les étoiles pleurent? Libères moi pour que je puisse sentir la pluie.

Par Zdena MtetwaMiddernacht


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photos / art Ina Sesgor Cover & pp. 14, 15, 38, 39 S.E. Studio pp. 3, 93, 94, 95, 96 Camomilas pp. 8, 9, 11 Mariam Armisen pp. 16, 17, 48, 104-105, 106, 108-109, 110 Kriss Szurlatowski pp. 18-19 John McAllister pp. 20, 22, 24, 25, 50, 51, 54, 55, 56, 90 Corinna Nicole pp. 28-29, 32, 33, 34, 35 Tai Rockett pp. 30, 31 MasterOrganizing pp. 36-37 Xylayo Cléo Quentaro pp. 42, 43, 44 eternalegacy p. 52 nothingmatters p. 53 Vice Versa Studio pp. 58, 59, 60, 61, 62, 63 Andrew Regan pp. 64-65 libbie_2007 pp. 71-72, 74, 75 DR pp. 76-77. 78. 79. 80, 82-83

editing / rédaction Lead editor/Rédacteur en chef John McAllister (Botswana) Guest editor/Rédacteur invité pour ce numéro) Jackson Otieno (Kenya) QAYN liaison/Contacte de QAYN: Mariam Armisen (Burkina Faso) Art director/directeur artistique: Kago Tlhomelang (Botswana) Editorial team/Equipe de la redaction: Maram Armisen (Burkina Faso) Abdou Bakah Nana Aichatou (Niger) Philippe Menkoué (Cameroon/Cameroun) Okunle Oginni (Nigeria) Alice Vrinat (France/Belgium) Brian Doe (USA/Senegal) Administratiive backstopping & social marketing Waithaka Kamau (Botswana/Kenya

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