Peter Mertens • speech ManiFiesta 2014

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Discours de Peter Mertens à ManiFiesta 2014

le plan cactus Un aiguillon pour un renouveau social, écologique et démocratique


Discours de Peter Mertens, président du PTB, à ManiFiesta, samedi 20 septembre 2014, Bredene

« Impossible n’est pas français. Construisons notre propre histoire. Créons notre propre plan. Parlons notre propre langue. » Peter Mertens

président national du PTB

Un plan ambitieux pour un renouveau social, écologique et démocratique Bonjour ManiFiesta, Bonjour, dans ce pays aux neuf Parlements, aux deux rois et même trois reines, aux dix provinces mais quand même onze gouverneurs, et surtout… au nouveau gouvernement de droite. Un gouvernement de droite qui, sous ses habits, amène de sombres nuages. De sombres nuages. D’austérité. De régression. « Nous devons faire preuve de courage », dit Charles Michel, des libéraux francophones. Il s’agit du courage de former un gouvernement de patrons, il s’agit du courage de former un gouvernement de la minorité pour la partie francophone du pays. Il s’agit du courage de se liguer avec tous ceux qui considèrent les gens et la planète comme de simples engrenages dans leur course au profit maximal.

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Quel est ce courage, qui fait payer les petits et n’ose pas toucher aux grands ? Quel est ce courage, qui fait travailler les gens plus longtemps, jusqu’à leurs 65 ans, et leur retire encore de 100 à 300 euros de pension ? Quel est ce courage, qui se plie devant les diktats européens et impose un régime d’austérité à toute la population, alors que l’on refuse d’instaurer un impôt sur la fortune pour la petite couche supérieure ?


Quel est ce courage, qui impose un plan de délestage aux villes et communes belges parce que, après dix ans de libéralisation, il est désormais impossible d’assurer l’approvisionnement en électricité ? Et quel est ce courage, qui fait qu’on claque les talons devant l’OTAN et, qu’en pleine crise, on commande à l’industrie militaire américaine 40 avions de guerre au coût hallucinant ? Pour 6 milliards d’euros, une somme qui permettrait de faire disparaître la pauvreté dans notre pays, et qui permettrait de faire encore bien d’autres choses. Non, chers amis et camarades, le vrai courage, c’est tout autre chose. Le vrai courage signifie : se dresser face à l’injustice. Le vrai courage signifie : développer soi-même une vision pour sortir de la crise, et ne plus être le paillasson des grands patrons, des lobbys du nucléaire et de l’industrie militaire. Le vrai courage signifie : s’adresser aux responsables de la crise.

par leur orientation sexuelle. Ceci est la fête de l’unité. La fête de Malika de Schaerbeek, d’André d’Alost, de Céline de Bastogne. Ceci est votre fête. Aujourd’hui, ici, nous sommes plus de 10 000 !

Deux démocraties

Lorsque, il y a quatre ans, avec Solidaire et Médecine pour le Peuple, nous avons organisé pour la première fois ManiFiesta, personne ne croyait plus qu’un jour plus de 10 000 personnes se rassembleraient pour un festival de solidarité. C’était l’année après la chute des banques. Et on nous a dit alors qu’il fallait intervenir rapidement, sinon toute l’économie s’effondrerait. C’était une question de survie collective. Aujourd’hui, plusieurs questions s’imposent. A-t-on parlé de responsabilisation lors de la chute des banques, et a-t-on alors exigé que ces banques puissent se redresser toutes seules ? A-t-on demandé aux banquiers de suivre des formations à Le mouvement du courage l’Onem pour prouver qu’ils savaient faire leur boulot ? La bonne nouvelle : dans notre pays, il existe un mouvement Leur a-t-on alors parlé de travail d’intérêt général obligatoire ? Il de gens courageux. Un contre-mouvement, qui se dresse face s’agissait tout de même de gens qui avaient amené la société au à l’injustice. Et une partie de ce mouvement est aujourd’hui bord du gouffre ? présente à ManiFiesta. National et international. Tout le monde connaît la réponse. On ne leur a rien demandé du Sur ce podium ont pris la parole, entre autres, Michel Meyer de tout. la FGTB, Stefaan Vanthourenhout de la CSC, Wouter Hillaert de Non, on leur a donné de l’argent. Beaucoup d’argent. la plateforme Hart boven Hard, la célèbre militante des droits Les banquiers européens ont reçu une injection de 1 600 milciviques aux États-Unis Angela Davis, et bien liards d’euros pour s’en sortir. sûr Fadwa Barghouti, de Palestine. Ils sont devenus les plus gros allocataires du Ce qui les relie, c’est la solidarité. Ce qui continent. Le vrai courage nous relie, c’est la solidarité. Dans ce pays, on impose aux gens qui Ils méritent un tonnerre d’applaudissements. doivent vivre d’une allocation de plus en plus signifie : se Aujourd’hui, beaucoup d’Angela et de de conditions. On doit être disponible, suivre dresser face à Fadwa sont présents. Femmes et hommes des formations, on ne doit surtout pas être porte-parole de la petite et de la grande trop exigeant. l’injustice. résistance. Mais toujours de la résistance Et celui qui ne satisfait pas à ces conditions sociale ! est sanctionné. Regardez autour de vous. Pour une classe de personnes, il y a très peu Ceci est la fête de la solidarité. de soutien, beaucoup de conditions et de dures sanctions. Ceci est la fête de ceux qui ont le soleil dans leur poche, comme Pour une autre classe, il y a beaucoup de soutien, aucune condion décrivait Julien Lahaut à son époque. tion et aucune sanction. Ceci est la fête de ceux qui ne se laissent pas diviser. Oui, nous vivons dans un pays où il y a deux démocraties. Ni par la langue qu’ils parlent à la maison. Ni par le lieu où ils Et ce ne sont pas les démocraties du nord et du sud du pays. sont nés. Ni par leur prénom, par leur religion, par leur sexe ou C’est la démocratie de celui qui a beaucoup d’argent, et la

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démocratie de celui qui n’en a pas. Et le mur entre les deux devient de plus en plus haut. Ce mur, nous devons l’abattre.

Notre propre vision Cette année sera celle de la résistance sociale. Avec, comme symbole, le cactus : sympathique et piquant. Qui porte les épines de la résistance et de l’indignation. Mais l’indignation ne suffit pas. Nous ne pouvons pas juste rejeter la vision dominante. Nous avons besoin de notre propre vision des choses. Sur ce que le monde pourrait être. Sur ce que le monde devrait être. Nous avons besoin de notre propre langue. Pas de la langue de la bourse, mais de la langue des gens. Nous avons besoin de notre propre « nous ». Non pas un « nous » étriqué ou nationaliste. Et pas non plus un « nous » de beaux parleurs, un « nous » du genre « nous sommes quand même tous dans le même bateau ». Nous avons besoin d’un « nous » empli de fierté. Nous sommes les créateurs de richesse. Nous sommes ceux qui, par notre travail, créent la richesse mais en recevons de moins en moins en retour. Sans travailleurs, pas de richesse ! Un « nous » des 99 %. Nous avons besoin d’une vision propre, d’une langue propre, mais surtout d’un projet propre. Une alternative que nous construisons ensemble. Un plan d’avenir. Un plan radical, car « la radicalité n’est rien d’autre que prendre le problème à la racine », comme l’a dit Angela Davis.

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Les épines du cactus sont le symbole de la résistance sociale et de l’indignation, mais elles sont tout autant les aiguillons du renouveau social, écologique et démocratique. D’où notre plan, notre Plan Cactus. Avec Raoul Hedebouw, député PTB à la Chambre, j’ai présenté ce plan à la presse. Avec ces épines, nous voulons crever les ballons de l’austérité que les négociateurs gouvernementaux lâchent jour après jour. Nous travaillons à une alternative à la politique asociale du gouvernement de

droite. Un ambitieux plan d’investissements qui donne aux gens une place centrale, et non au profit maximal des multinationales et des multimillionnaires. Un plan d’avenir, avec trois leviers forts : le renouveau social, le renouveau écologique et le renouveau démocratique.

Le renouveau social

Le renouveau social est plus que jamais nécessaire. Car ce que nous vivons aujourd’hui, c’est la démolition sociale. Cette semaine, j’ai entendu aux infos l’histoire terrible de Frank Van Den Bleeken. Cet homme est ce qu’on appelle un « interné ». Quelqu’un qui a des problèmes psychiatriques et qui se retrouve en prison par manque d’institution de soins adaptés. Il n’a aucun accompagnement psychologique, aucun soin médical adéquat. Cette semaine, Frank Van Den Bleeken a demandé l’euthanasie. Parce qu’il ne voyait plus d’issue à ses souffrances. Parce qu’il n’a jamais reçu les soins dont il avait besoin. Et Frank n’est pas le seul. Il y a aussi des personnes âgées et lourdement handicapées qui demandent l’euthanasie parce qu’elles n’ont pas les moyens financiers de se payer des soins. C’est la faillite du système des soins. La faillite d’une société qui économise à en mourir. La seule chose qui compte encore, ce sont les chiffres de rendement et l’output économique. Le commerce a tout infiltré. Dans certaines maisons de repos, on ne tient plus compte de la qualité des soins, mais on calcule le nombre de langes et le nombre de minutes que le personnel peut consacrer à un patient. Comment peut-on encore prétendre que l’on se soucie des plus faibles de la société, quand des personnes handicapées restent pendant des années sur des listes d’attente, et doivent finalement aller en justice pour obtenir leur droit à des soins ? Comment peut-on encore prétendre que les soins de santé sont un « droit », quand les gouvernements tant flamand et wallon que fédéral à venir veulent imposer de Maintenant, nous nouvelles économies au secteur ? Comment peut-on encore prétendre que avons besoin de les soins aux personnes sont essentiels renouveau social, pas à une société, alors qu’on laisse toujours

de recul social.


plus ce secteur aux chasseurs de rendeRenouveau écologique ment du libre marché ? Outre le renouveau social, il est grand Le marché ne se soucie pas de l’intérêt temps d’un renouveau écologique. D’ailgénéral, le marché n’est pas centré sur leurs, pour le climat, cela fait longtemps la consultation et la participation des qu’il n’est plus minuit moins cinq, mais citoyens, le marché ne part pas de la minuit cinq. solidarité, qui est la base d’une société En 2013, sur notre planète, la concentradigne. La chasse au profit mène à la tion de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et les océans sélection, où c’est celui qui a le plus gros portefeuille qui peut se a augmenté à une vitesse jamais vue et a atteint un nouveau payer des soins. record. La quantité de CO2 est aujourd’hui supérieure de près de Et c’est pourquoi, chers amis et camarades, il faut arrêter d’écomoitié à ce qu’elle était en 1750, avant que l’homme commence nomiser dans le secteur des soins. Parce que cela mène à des à produire à grande échelle. drames. Donc, que plus personne n’ose prétendre que la crise climatique Ce dont nous avons besoin, c’est d’un renouveau social au lieu n’existe pas ! d’un recul social. Nous devons investir dans les maisons de Allez dire ça en Afrique, où le désert ne cesse d’avancer et où les repos, dans les crèches, dans les soins de santé mentale. Ça, sources d’eau s’assèchent. c’est le progrès. Ça, c’est une politique sociale. Allez dire ça en Asie, où les paysans pauvres observent le Le renouveau social, c’est aussi investir dans un enseignement ciel avec anxiété, parce que les pluies de la mousson se font de qualité et accessible à tous. Il faut arrêter d’économiser dans attendre. l’enseignement, car nous détruisons notre propre avenir. Allez dire ça aux Philippins, où l’ouragan Dans notre pays, l’inégalité ne cesse Hayan a fait des milliers de morts. d’augmenter. Et le plus grave, c’est que Savez-vous ce que dit la célèbre activiste notre enseignement reproduit cette inéNaomi Klein ? « Oubliez tout ce que vous galité. Génération après génération. Que Nous devons savez sur le réchauffement climatique : le notre enseignement exclut tout un groupe changer maintenant, problème, ce n’est pas le CO2. Le problème de jeunes, qui ont déjà décroché dans s’appelle : capitalisme. » Mais elle ajoute : notre société avant même d’avoir 18 ans. avant que le climat « Il y a cependant une bonne nouvelle : Et ça, c’est terrible. ne change tout. nous pouvons aussi saisir cette crise du Tout comme il est terrible que l’on veuille climat pour transformer notre système rendre l’enseignement supérieur encore économique qui est un échec et en faire plus cher. Avec des frais d’inscription quelque chose de radicalement meilleur. » jusqu’à 1 100 euros. Seul celui qui a déjà beaucoup d’argent Naomi Klein a tout à fait raison. Nous devons changer, maintepourra encore faire des études supérieures. Et ainsi, l’origine nant, avant que le climat ne change tout. sociale ou la richesse deviennent le critère pour le niveau C’est pourquoi il nous faut un renouveau écologique, parce que d’études. Comme au dix-neuvième siècle. l’on ne peut pas continuer comme ça. Au lieu de démolir notre enseignement, il faut au contraire y Les 200 plus grands monopoles de l’énergie dans le monde investir davantage. Plus d’écoles, avec plus d’accompagnement investissent chaque année 650 milliards de dollars dans la et des classes plus petites. Un enseignement où chaque enfant recherche de nouvelles sources pétrolières, au lieu d’investir a sa place. Un enseignement dont chacun peut sortir avec un dans les technologies durables et l’innovation écologique. diplôme. Un enseignement avec une infrastructure de qualité, et Les géants de l’énergie ont lancé de nouvelles centrales au une large vision pédagogique. Ça, c’est le renouveau social dont charbon au lieu de construire des parcs d’éoliennes. nous parlons. Investir dans l’avenir, dans des services collectifs Nos gouvernements achètent des millions de mètres cubes d’air développés, dans une sécurité sociale forte, dans la culture, pur en Pologne, au lieu de travailler ici à la qualité de l’air. dans les emplois et les salaires.

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leur sécurité sociale réduite et démantelée. Mais on jette la richesse aux multinationales et aux multimillionnaires comme jamais auparavant. C’est le socialisme pour les riches, et le capitalisme pour nous. La question n’est pas de savoir si cela est équitable. La question est : combien de temps cela peut-il encore durer ? » Et la réponse est : non, cela ne peut plus durer. Cela ne peut plus durer que 85 personnes sur cette planète possèdent autant que les 3,5 milliards des autres êtres humains. C’est une quantité d’argent obscène dans les mains d’un minuscule nombre de gens. La planète ne peut se permettre le luxe de laisser une telle concentration de richesse dans les mains de quelques personnes. Cela ne peut plus continuer que les gouvernements font des restrictions dans les services publics, pour offrir des milliards en cadeau aux multinationales et aux multimillionnaires qui croulent sous l’argent. Cela ne peut plus durer qu’il y ait près de 600 000 chômeurs dans notre pays ; que la pauvreté augmente chez les jeunes, chez les familles monoparentales, chez les personnes âgées ; alors que, de l’autre côté, le nombre de multimillionnaires dans notre pays a encore augmenté de 12 000 en un an. En pleine crise ! Ce n’est apparemment pas la crise pour tout le monde. Le renouveau démocratique commence par la remise en question du statu quo, par le refus de cet enrichissement inadmissible de quelques-uns aux dépens d’une masse d’autres. Le fisc connaît le salaire et l’épargne de tout travailleur jusqu’au moindre centime. Mais les fortunes de l’establishment restent protégées. Mais qu’en est-il, au juste, de ces fortunes ? Tout projet démocratique commence par établir la carte exacte de ces fortunes. Ce n’est pas par hasard qu’une des premières mesures de la Révolution française a été l’établissement d’un cadastre des fortunes. Mais, en Belgique, 225 ans après la Révolution française, il n’existe toujours pas de cadastre des fortunes. Il est temps que cette tâche élémentaire de démocratie soit effectuée, et qu’un inventaire des richesses soit dressé dans notre pays. Si la résistance Établissons la carte de la richesse. Et activons cette richesse, pour à nouveau sociale ne résolvait investir dans la société, au lieu de la rien, il n’y aurait cacher dans des paradis fiscaux. Le renouveau démocratique, cela signifie alors pas de sécurité

Et Electrabel et compagnie prolonge de dix ans l’exploitation des réacteurs nucléaires Doel 1 et 2, au lieu d’investir dans la production d’énergie verte. Pour Electrabel, c’est le profit qui compte, pas les gens ou l’environnement. Le marché ne résoudra pas la crise climatique, et les multinationales non plus. Nous devons leur reprendre le gouvernail de la société. Le renouveau écologique, c’est : investir dans des entreprises d’énergie publiques sous contrôle démocratique, au niveau local et national. Nous remplaçons le chaos du libre marché par le développement planifié d’un système d’énergie durable. C’est : miser sur la recherche scientifique pour des technologies et transports écologiques et des sources d’énergie durable, indépendamment des intérêts des entreprises privées et des mécanismes de marché. C’est : œuvrer à un réseau de transports publics moderne, dense, fiable et à un prix abordable. Investir dans l’isolation et l’économie d’énergie. Et oser penser à la mobilité écologique, en favorisant le transport par train des marchandises ou des routes adaptées aux cyclistes. La résistance sociale, cela veut dire aussi : défendre une politique du climat socialement juste. Demain a lieu la People’s Climate March, la marche citoyenne pour le climat, la plus grande marche qui ait jamais eu lieu, dans 150 pays, également en Belgique, à Bruxelles. Et l’an prochain, des militants de toute l’Europe se rendront à Paris, où se tiendra la énième conférence sur le climat. Ce sera une grande mobilisation, et nous y serons, et j’espère vous aussi. Parce que l’avenir de la planète est trop important pour être laissé aux mains du marché et des multinationales. Comme à Copenhague en 2009, nous ferons entendre à Paris : « Change the system, not the climate ! »

Le renouveau démocratique

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Dans notre pays, la démocratie mérite bien une révision en profondeur. Car comment peut-on encore parler de démocratie quand c’est l’élite financière qui tire toutes les ficelles ? Comme l’écrit le jeune auteur britannique Owen Jones dans son nouveau livre, The Establishment : « les plus pauvres voient

sociale.


Activer les fortunes Un plan ambitieux pour un avenir social, durable et démocratique est impossible sans une réforme fiscale drastique. Au lieu de faire porter la crise à la population, ce sont les épaules les plus fortes qui doivent porter les charges les plus lourdes. Et cela commence par une taxe des millionnaires, un impôt sur la aussi que nous décidons nous-mêmes de notre avenir. Ce n’est fortune de ceux qui sont richissimes. Dans son ouvrage Le Capital pas le cas aujourd’hui. au XXIe siècle, l’économiste français Thomas Piketty consacre un Pouvez-vous donner votre avis ? millier de pages à l’analyse de l’inégalité criante. Et sa concluEt ce que vous dites change-t-il réellement quelque chose ? sion ne laisse pas de place au doute : « La seule solution est un Pouvons-nous exercer une influence sur le cours des choses ? impôt mondial sur la fortune. » Et il ajoute : « Si l’on veut que cela Telles sont les questions autour desquelles devrait tourner une avance, il faut commencer par son propre pays. » démocratie. Eh bien, nous voulons que cela avance. Et vite. Et puis, je vous demande, à vous. Dans notre Plan Cactus, outre une taxe sur la fortune, nous Quel est le caractère démocratique du Pacte européen qui proposons encore d’autres mesures. interdit quasiment à tous les pays de faire Nous parlons de justice fiscale pour de grands investissements publics ; qui défendre un impôt juste sur les entreprises. les oblige à détruire leur tissu social et Aujourd’hui, les 1 000 entreprises qui font Nous sommes les culturel pour économiser ; un pacte qui n’a les plus gros bénéfices paient à peine 6 % jamais été soumis à la population ? d’impôt. Nous voulons qu’elles paient le créateurs de richesse. Quel est le caractère démocratique de taux d’imposition normal de 33,99 %. Sans travailleurs, la décision de libéraliser le marché de Nous soutenons une tolérance zéro pour la pas de richesses. l’énergie ; ou de celle de faire entrer la grande fraude fiscale. Car aujourd’hui, la poste en bourse et de la privatiser ? Quel justice conclut des arrangements avec les large débat public y a-t-il eu avant ces fraudeurs, en leur permettant d’échapper à décisions ? un procès contre un payement minime. Et quel est le caractère démocratique des négociations qui se Nous défendons une taxe sur la spéculation, car aujourd’hui les tiennent en ce moment, dans le secret complet, sur un grand spéculateurs en bourse ne paient aucune taxe sur les profits accord de libre-échange transatlantique avec les États-Unis ? qu’ils réalisent. Quel caractère démocratique a l’élaboration d’un tel pacte Nous voulons enfin un fonds d’énergies vertes. Car aujourd’hui, secret qui a de lourdes conséquences sociales, écologiques et il est grand temps que l’on supprime intégralement les bénéfices démocratiques, et dont la population ne sait pour ainsi dire rien ? usuraires d’Electrabel et que l’on investisse nous-mêmes dans la Non, chers amis et camarades, cela n’est pas démocratique. Les production d’électricité durable. peuples d’Europe devraient avoir le droit de se prononcer sur les La patience, c’est fini. C’en est assez ! traités et pactes qui déterminent nos vies. Ça, c’est le renouveau démocratique. Pour ne pas considérer le Résistance sociale peuple comme un ennemi, un opposant, un électeur qui noircit « Faire la grève ne résout rien, a récemment dit Bart De Wever. juste une petite case tous les quatre ans. On n’échappera de toute façon pas à l’austérité. » La démocratie, c’est une véritable participation, une consultation Si la grève ne résolvait rien, monsieur De Wever, il n’y aurait et un contrôle sur les entreprises publiques. La démocratie, c’est aujourd’hui pas de sécurité sociale, pas d’assurance-maladie et protéger les droits syndicaux, renforcer le monde associatif et pas de congés payés. faire en sorte que la justice soit accessible. Ça, c’est le renouTout ce que nous avons aujourd’hui, tout notre progrès social, veau démocratique.

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Ceci est le mur. La pensée s’arrête ici. Les explications gisent, épuisées, au sol. Le pays est malade. Il n’y a pas de remède. Cela tient à la pluie, cela tient au soleil. Peut-être si nous honorions à nouveau les dieux… Peut-être avec un nouveau leadership fort… Peut-être si nous travaillions jusqu’à en crever… Peut-être si l’on punissait vite et fort… Ceci est le mur. Derrière habitent les seigneurs. Peut-être ne faut-il y percer qu’un trou.

protest parade dimanche

19 Octobre 14H gare du nord

BRUxelles Renforcez #larésistancesociale

Défendez une société basée sur la solidarité et sur une juste répartition des richesses. Prenez une carte de membre du PTB (20 €/an). Vous pouvez aussi collaborer à l’un de nos nombreux groupes de base. Envoyez un SMS « membre » + vos nom et adresse au 0473 876 018, ou un courriel à ptb@ptb.be, ou inscrivez-vous sur www.ptb.be.

19 octobre : ProtestParade

Participez à la Protesparade et exprimez votre mécontentement de manière créative. Apportez votre propre calicot ou instrument de musique.

Envoyez votre histoire à Marco et Raoul

Ces économies aveugles vous mettent en rogne ? Envoyez votre histoire à Raoul Hedebouw et Marco Van Hees, les parlementaires du PTB à la Chambre. raoul.hedebouw@ptb.be marco.vanhees@ptb.be

Hérissez-vous !

Prenez un selfie avec le cactus et faites entendre la voix de #larésistancesociale sur Twitter et Facebook. Pour plus d’infos et de l’inspiration : www.ptb.be/protestparade

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Compte n° BE05 0011 1514 8675, BIC : GEBABEBB de Fonds de soutien PTB, bd M. Lemonnier 171, 1000 Bruxelles

Peter Mertens

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président national du PTB

ptb.be

é.r. : Marie-Rose Eligius, bd M. Lemonnier 171, 1000 Bruxelles.

nous l’avons arraché de haute lutte, par la résistance sociale. Parce que les « sans-dents » – il faut oser le dire – ont montré les dents et ont mordu dans la lutte sociale. « Cela semble toujours impossible, disait le regretté Nelson Mandela, jusqu’à ce qu’on l’ait fait. » Abolir l’esclavage était « impossible ». Jusqu’à ce que les Français l’aient fait, après la Révolution française. Interdire le travail des enfants était « impossible », jusqu’à ce que le mouvement ouvrier de ce pays décide que c’en était assez et retire les enfants de la mine et des usines textiles. Supprimer l’apartheid était « impossible », jusqu’à ce que l’ANC fasse abolir la ségrégation raciale en Afrique du Sud. Rien n’est impossible. Nous sommes dans une profonde crise sociale, écologique et démocratique. Faisons entendre notre propre vision, forgeons notre propre plan, parlons notre propre langue. Renforçons la résistance sociale. Aujourd’hui, nous sommes plus de 10 000 à ManiFiesta. Dimanche se déroule à Bruxelles la marche citoyenne pour le climat. Lundi, la plateforme Hart boven Hard, regroupant une cinquantaine d’organisations socioculturelles flamandes, remettra sa Déclaration de septembre alternative au gouvernement flamand. Le même jour, dans trois villes, à Gand, Bruxelles et Anvers, auront lieu des soirées de débats et de réflexions contre l’austérité imposée par le gouvernement flamand. Mardi, les trois syndicats organisent une action d’avertissement sur la place de la Monnaie, à Bruxelles. 5 000 militants syndicaux sont prévus. Entre-temps, en Flandre, les étudiants font circuler des pétitions contre l’augmentation des frais d’inscription dans l’enseignement supérieur. Et le PTB apporte lui aussi sa pierre à la résistance sociale croissante. Je vous invite à marcher avec nous à la Protestparade, le dimanche 19 octobre à Bruxelles. Une protestation créative et combative contre la casse sociale et la folie de l’austérité. Mais surtout : pour un renouveau social, écologique et démocratique. Cela peut changer, et cela doit changer ! Je conclus avec un poème de Charles Ducal, qui a reçu le titre de « poète national ».


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