Arquitectura popular dominicana

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plus souvent, les portes sont complétées d’un « tragaluz », jusqu’à la hauteur des « soleras ». Cet élément a de multiples fonctions : il facilite l’entrée de lumière vers l’intérieur, et il permet en plus de faire sortir l’air chaud produit par la haute pression générée près du toit. Les habitants racontent avec nostalgie que d’antan, dans des régions retirées où l’électricité n’existait pas, le « tragaluz » servait à s’orienter la nuit, grâce au reflet de la lune, quand on devait utiliser la salle de bain ou la lettrine situés à l’extérieur de la maison. Le « tragaluz » joue aussi le rôle très important d’élément décoratif de la maison. Une autre caractéristique importante est la coupe horizontale des portes à une hauteur qui en général n’excède pas les 1.40 mètres, qu’elles soient simples ou doubles, ce qui les divise ainsi en deux parties, et qui permet de fermer la partie inférieure, en empêchant ainsi (quand la maison se trouve dans une zone rurale) l’entrée gênante d’animaux, de volailles ou de reptiles, et en dotant aussi l’intérieur d’une certaine privacité, étant donné que la partie supérieure reste ouverte et permet l’entrée de la lumière et du vent, comme le permettrait une fenêtre. Quand la maison se trouve en ville, fermer la porte inférieure sert à éviter l’entrée de passants, et en même temps, permet le contrôle visuel sur les événements de la rue. L’architecte Leopoldo Ortiz fait référence au nom donné. dans notre folklore, aux dames de Bani, « mujeres de ventana » (les femmes de fenêtre), dont l’origine se réfère à la beauté singulière qui les caractérise, mais de la ceinture vers le haut, étant donné que leur torse reste visible pour les passants, au-dessus de la partie inférieure de la porte sectionnée. – Fenêtres. Certains constructeurs appellent les fenêtres « porte coupée », ou ils appellent les portes « fenêtre allongée ». Cette double dénomination est très facile à comprendre quand on observe attentivement le système qui caractérise les portes et les fenêtres où l’on peut voir comment l’espace laissé entre les « parales » pour la formation de la porte est de la même taille que l’espace réservé pour la fenêtre. Il suffit de fermer l’espace entre le « durmiente » posé à même le sol et le « quicio » (seuil) de la fenêtre, qui n’excède jamais 1.20 mètres de hauteur, pour qu’une porte soit convertie automatiquement en fenêtre. Tous les autres éléments qui interviennent dans la construction des fenêtres sont similaires à ceux utilisés dans la construction des portes. – Couleurs. La couleur, grâce à la peinture, est l’une des principales traditions qui caractérise la maison populaire dominicaine,

Poètes, peintres, architectes locaux et étrangers, ont manifesté leur émerveillement pour ce spectacle de rythme, de lumière et de vitalité qui émane du paysage. On n’a pas souvent étudié ce phénomène de la couleur des peintures avec la rigueur requise. Les types de peinture qu’on trouve sur le marché, étant donné que c’est un produit industriel, sont confectionnés en fonction de leur base : acrylique ou huile. L’usage de l’une ou de l’autre base dépend du type de matériel qu’on va peindre. Il est difficile de trouver des applications de base acrylique sur des murs construits avec des matériaux d’origine végétale, comme le bois, le carton et les fibres., étant donné que la peinture à l’huile aide à mieux les préserver de l’humidité et des insectes. La peinture à base d’acrylique s’applique sur les matériaux les plus durables et lavables, comme les parpaings et le « calicanto ». Les couleurs positives sont les préférées, bien qu’avec l’ampliation de la gamme de couleurs dans l’industrie nationale, elles commencent à être remplacées par des couleurs pastel. Il existe deux raisons élémentaires pour lesquelles on ne peint pas la maison : premièrement, pour des raison économiques et deuxièmement, pour les caractéristiques du matériau à peindre. Dans le premier cas, le manque de ressources économiques ne permet pas de réaliser cette activité, et le matériau reste donc tel quel. Dans le second cas, quand on a utilisé des bois précieux pour les portes et les fenêtres, on préfère en général un vernis ou une laque à la peinture, pour laisser apparentes les propriétés du matériau. Parfois, la technique ne tolère pas l’usage de la peinture, comme c’est le cas du « tejamanil », car les murs construits avec des matériaux végétaux sont revêtus de paille et de terre et acquièrent la couleur de l’entourage. La plus grande richesse chromatique se trouve à l’extérieur des maisons. En général, on emploie plus d’une couleur, bien qu’une couleur prédomine toujours sur les autres. Les détails sont mis en valeur par une nouvelle couleur. Les « cubrefaltas », « faldones » (pignons), et les « tragaluces », se neutralisent avec le blanc ou sont complémentaires. L’usage de la peinture peut avoir plusieurs finalités, qui interviennent simultanément. La constante est qu’on l’utilise pour embellir la maison, pour mettre en valeur un élément par rapport à un autre ou dans la superficie et elle sert aussi à l’entretien du bois. Finalement, le maintien des traditions et des rituels dans l’usage des couleurs constitue une valeur en soi. C’est le cas de certains habitants de la région Est, comme dans San Rafael Architecture Populaire Dominicaine

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