Arquitectura popular dominicana

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tramway tiré par traction animale parcourait le trajet de Santa Barbara à Guibia, en passant par le « Parque Independencia » où se trouvait, dans le « Fuerte de la Concepción », un terminal secondaire. Les rues « Isabel La Católica », « El Conde », le tronçon « Palo Hincado » face au « Parque Independencia », étaient des voies de jonction. Une autre innovation fut celle du ciment qui entra par le port de San Pedro de Macoris et commença à être utilisé aux alentours de 191056. (Voir thèse de Delmonte et autres, UNPHU). L’intervention militaire nord-américaine de 1916 s’ajuste au panorama européen, où la Première Guerre Mondiale ne parvient pas aux villes mais se livre dans les campagnes lointaines et pour la première fois, dans les airs. Cette guerre touche la République dominicaine qui ne peut pas échapper à l’influence d’une économie de guerre qui l’affecte indirectement. Postérieurement, la Seconde Guerre Mondiale la touche également, étant donné que la mer des Caraïbes est utilisée comme front de blocage et de persécution des approvisionnements et des équipements maritimes entre les groupes en conflit, qui étaient traqués par les sous-marins allemands. Cependant, le gouvernement se renforça grâce à l’économie de contingence de guerre qui lui fut bénéfique car le pays avait un appareil productif qui pouvait générer la commercialisation de produits industriels, comme le sucre de canne, par exemple. Les événements politiques ayant eu lieu entre 1947 (expédition frustrée de Cayo Confites), 1949 (débarquement échoué de Luperón), 1959 (débarquement multiple par Constanza, Maimón et Estero Hondo) et 1961 (exécution du dictateur Trujillo), mettent fin à la conduite hégémonique de la chose publique, et font place à une courte période de turbulences et d’instabilité sociale, qui conduit à son tour aux émeutes des gouvernements putschistes successifs (entre 1961 et 1965), à la non reconnaissance du premier gouvernement élu par votation libre (décembre 1962-septembre 1963), à d’autres gouvernements illégaux, et à une nouvelle intervention militaire nord-américaine (1965). La décapitation de la longue dictature de 31 ans qui avait subjugué la société dominicaine, rendue possible par l’élimination physique du dictateur, commença à ouvrir amplement des fenêtres à peine entre ouvertes par l’exile politique forcé des premiers citoyens qui durent abandonner le sol de la patrie pour des raisons de conscience. Des airs de liberté entreraient par ces fenêtres.

La maison: éléments originaux de son corps composé dans un processus de résistance La persistance de l’éloignement des services sanitaires du corps habité pour des raisons compréhensibles d’hygiène, et l’expulsion amicale de la cuisine à l’extérieur, pour empêcher que la fumée des fourneaux n’entre dans le corps de la maison, sont des normes de conduite héritées par la maison urbaine qui relèguent autant que possible ces deux activités à des espaces retirés et/ou quasi externes ou latéraux extrêmes, dans les nouvelles propositions d’habitat, individuelles ou collectives. La « zonification » des pièces traverse le temps et les habitudes, et se maintient comme le produit d’une expérience qui transcende les traditions et sépare les espaces intimes des espaces sociaux. C’est ainsi que le séjour et la salle à manger restent ensemble et les chambres s’en remettent à un corps rectangulaire qui s’unit par des ouvertures de passage ou des portes intérieures qui créent de longs couloirs de liaison, des couloirs presque virtuels, qui s’articulent par sécurité et protection, aux chambres des adultes dans leur intime relation avec celles des enfants. Les bois autour des maisons constituaient un aspect naturel qui était vital pour le contrôle du climat intérieur. Les projections d’ombres facilitent un confort d’ambiance, une ambiance qui acquiert par extension les caractéristiques de la tropicalisation de ses espaces. Une pergola ouverte des quatre côtés pour son intégration et ventilation, complète - dans la maison rurale les composants spatiaux formels de la maison vernaculaire qui précède la maison populaire urbaine. En général, cette pergola était un espace de transition entre la maison et la cuisine. Les colonnes de bois recouvertes des plantes grimpantes, constituent (encore) les éléments structurels de la pergola, et c’est ainsi qu’un lieu se convertit en unificateur : le plus visité et utilisé. Il se constitue ainsi en un pivot social, un grand séjour informel. Cependant, depuis le début du XXème siècle principalement, les bois entrent dans une phase de nette détérioration. Toutes espèces d’arbres sont coupées de manière indifférenciée et le déboisement est systématique, principalement pour laisser de l’espace à la semence de monocultures dans des latifundios et minifundios. C’est par exemple à cette époque que furent dévastés les bois sauvages de la région de l’Est pour faire place à l’industrialisation du sucre. L’activité constructive se réduisit significativement jusqu’au milieu du siècle, ce qui, ajouté à Architecture Populaire Dominicaine

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