Arquitectura popular dominicana

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d’agir sur le milieu physique, sa réaction face à ce milieu, son adaptation, car ce travail met en valeur sa personnalité. Ainsi, la réponse physique qui surgit comme résultat final, obtiendra la marque tangible de la personne dans sa singularité, avec ses caractéristiques particulières, qui rendent unique chaque homme ou chaque communauté et/ou groupe de personnes. Mais comme cette réponse est fortement encadrée dans l’esprit des habitants, dans les exigences que dicte la tradition, ces dernières font que le constructeur est à chaque instant influencé par ces facteurs tels que le groupe ethnique ou anthropologique auquel il appartient, le niveau de développement atteint, le patrimoine culturel qui d’une manière ou d’une autre a formé partie de la constitution de ses idées, et de la formation des connaissances qui lui ont permis de construire le travail. Tout cela fait que n’importe quelle innovation suit un processus lent de symbiose avec les éléments traditionnels. Cela a quasiment été une norme des spécialistes d’assumer des formes déterminées, qui résistent fortement aux changements. Il s’agit de continuer à appliquer une technique constructive qui débouche en un fait normal de nature similaire aux exemples qui l’entourent. L’oeuvre terminée répond à un schéma qui se répète généralement dans la zone et qui sera utilisé par le constructeur même, ou sa famille. Les qualités esthétiques ne se créent pas spécifiquement pour chaque œuvre, elles s’inscrivent dans la tradition et se transmettent de génération en génération. Ce respect pour la tradition donne lieu à un contrôle collectif qui agit comme discipline. Ainsi, l’architecture populaire se convertitelle en un immense réceptacle où confluent les facteurs les plus divers, ce qui en fait, peut-être, le résultat presque parfait de la faculté à façonner, dans le temps, les éléments essentiels et les aspects contingents de sa communauté. Ceci démontre que loin d’être quelque chose de vieillot et d’obsolète, la tradition contribue en fait au développement intégral et soutenu d’une communauté, car elle s’empare précisément du respect de l’œuvre de ses antécédents, en évitant que le constructeur ne prenne des décisions en marge de cette réalité. Les décisions qu’il peut prendre sont celles qui signifient toujours un enrichissement par rapport au préétabli, en prenant en compte que « la modernité ne signifie pas toujours vitalité et que le changement n’est pas toujours une amélioration45» 352

Architecture Populaire Dominicaine

Architecture précolombienne et coloniale Sont considérées « primitives » toutes les réalisations d’œuvres de caractère constructif qui n’ont aucune ressemblance avec une œuvre antérieure. On les a ainsi définies pour leurs objectifs, formes et modes de conception, et parce qu’elles sont le résultat de la nécessité inconsciente de refuge, de protection et de sauvegarde instinctive. Ce sont des réalisations spontanées, qui ont suivi les modèles logiques de conduites normées par l’environnement naturel, pour la survie, qui les a ensuite marquées, indépendamment de leurs proportions, de leur taille (échelle) et du type de matériel utilisé. Avec les avancées conquérantes ibéro-européennes dans la seconde île en taille de l’Archipel (maintenant connu comme l’Archipel des Antilles) plusieurs conceptions se sont affrontées concernant les nécessités de logement : celles des premiers aventuriers, ayant essentiellement des nécessités de protection et donc une attitude catégoriquement fermée, et la tradition constructive des habitants originaires, qui peuplaient les terres où ils arrivaient, avec une manière très essentielle de coexister, sans préjugé et vraiment ouverte. La conception urbaine et architectonique des explorateurs ou « découvreurs » a voyagé durant environ trois mois à bord de fragiles embarcations et n’a été mise en pratique que l’année suivante, moment auquel les fondations réalisées dans la Isabella (au nord-ouest de l’île Hispaniola) démontrent leur volonté de permanence, déjà sous la forme de conquête et de colonisation. Dans le territoire insulaire primait une manière de construire qui n’était pas liée à la pudeur de la privacité individuelle, mais à la nécessité de protection contre les facteurs naturels, principalement les pluies, les vents et le soleil intense. Avec l’exemple de la nature à leurs alentours, les natifs traduisaient en expérience constructive l’usage de branches et de troncs d’arbres et réinterprétaient le rôle des racines pour consolider leurs huttes. Les structures végétales donnaient un soutien logique à leurs constructeurs. Les noms que les conquérants ont adoptés pour les typologies de logements trouvées, sont le résultat d’un exercice ingénieux de perception phonétique de leur part. Cette manière expérimentale de construire était primitive dans son essence et dans son contenu, et les conquistadores ont pu les comparer avec les expériences visuelles qu’ils avaient eues


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