Arquitectura popular dominicana

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dictature décapitée. Le schisme produisit une université privée, qui apporta son appui absolu au gouvernement en place. Par ailleurs, avec le soutien institutionnel hémisphérique, des gestions culturelles s’organisèrent immédiatement pour venir au secours de la zone coloniale de Saint Domingue et, occasionnellement, aux rares monuments de ce type, isolés dans le reste du territoire national. La corporation qui regroupait les architectes, ainsi que les ingénieurs et géomètres, échoua dans son essai de créer un pôle d’attraction pour la classe professionnelle des architectes. Politisée, elle émanait de l’université et s’étendait à un plus grand nombre de professionnels. Culturellement, ces derniers ne réussirent cependant pas à capitaliser leur travail solitaire, dans une société dominicaine alors troublée. Le Bureau du Patrimoine Culturel (Oficina del Patrimonio Cultural) fut créé en 1967, ce qui permit de valoriser les recherches jusqu’en 1971 quand, un matin des premiers jours de juillet, un séisme d’intensité moyenne fêla les structures physiques des monuments coloniaux. Il s’avèra que les voûtes et les murs des grands temples furent affectés, nécessitant de rapides interventions de sauvetage. L’expérience fut un défi enrichissant qui, même si elle généra des critiques, du fait de l’expulsion de groupes sociaux traditionnellement identifiés comme habitants des secteurs intervenus, stimula d’autres domaines académiques. C’est ainsi que s’ouvrit une nouvelle matière dans l’université étatique en 1973, celle de la Restauration (et conservation) des monuments. Le directeur du département était l’architecte Manuel Salvador Gautier (Doi), qui introduisit le jeune architecte Teódulo Blanchard Paulino. L’initiative créa une effervescence étant donné que les cours sortirent des salles universitaires pour se rendre aux monuments et à leurs espaces contigus. C’est ainsi que se produisit le « Premier Séminaire National de Conservation et Restauration de Monuments », du 8 au 12 Octobre 1974. Les certificats de participation furent signés par l’ingénieur José Ramón Báez López-Penha (Moncito), dans sa fonction de Président du séminaire, et par l’architecte Eugenio Pérez Montás, dans sa fonction de Secrétaire Exécutif. De ce séminaire naquit le Comité Dominicain du Conseil International des Monuments et Sites (ICOMOS pour ses sigles en anglais).

Deux mois plus tard, et avec l’expérience accumulée en sept années de travail, l’Organisation des Etats d’Amérique (OEA) sponsorisait avec le gouvernement dominicain, le « Premier séminaire interaméricain sur les expériences de conservation et de restauration du patrimoine monumental des périodes coloniales et républicaines », du 2 au 8 décembre. Cette foisci, le docteur Ulises Pichardo, en représentation de la OEA, s’intégra au groupe des participants du premier séminaire indiqués plus haut. Ceci fut la clé qui ouvrit les portes de l’historicisme en République dominicaine, étant donné que les universités commencèrent à redécouvrir les détails ornementaux, les formes, les structures, les espaces et les arguments employés dans l’architecture depuis les temps coloniaux (et encore aujourd’hui). Ceci encouragea également l’apparition de nouvelles bibliographies se référant au panorama de l’architecture dans notre pays. Tel est le cas, pour donner un seul exemple, du livre La Arquitectura Contemporánea en República Dominicana2, de l’architecte Rafael Calventi. Dans sa sélection d’oeuvres, l’auteur énonce un nouveau chemin pour chercher un nouveau langage architectonique, et qui inclut trois aspects : premièrement, « le contextualisme », un mouvement qui cherche l’intégration formelle de l’architecture au paysage naturel existent ; deuxièmement, le « nouvel éclecticisme », qui cherche la beauté universelle, avec des éléments formels de l’architecture du passé mais en marge de son origine, abstraite et détachée du milieu physique et culturel ; et troisièmement, le « régionalisme vernaculaire », « qui, avec les formes de la tradition architectonique ou vernaculaire, introduit des espaces néocoloniaux ou d’autres concepts spatiaux du passé, enrichis de variantes adaptées au climat tropical.» Cette redécouverte élargit la base interprétative de l’architecture qui s’appliqua dans des projets liés aux nouvelles propositions touristiques, qui commencèrent à border les côtes dominicaines, dans le but de créer des solutions attractives, et permettant de capter les ressources, pour un développement cependant improbable. On a même vu surgir le mythe du « victorien » qui occultait la réalité de l’ « antillais », « antillais » signifiant cette union ombilicale de formes qui bordent l’écume des mers caribéennes, reliant les espaces géographiques. Tandis que Architecture Populaire Dominicaine

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