Lettre au pcf

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Paris le 3 avril A la direction exécutive du PCF

Objet : réponse à la lettre de votre CN du PCF du 2 avril

Cher-e-s camarades, Nous avons reçu la lettre de votre Conseil National concernant les élections européennes. Elle nous a stupéfiés. Comme vous le savez, le Parti Communiste et le Parti de Gauche avaient convenu lors de notre réunion du 17 janvier, confirmée par écrit, de se présenter ensemble aux élections européennes. L’une des conditions était que la répartition des têtes de liste soit faite selon le schéma suivant : 3 têtes de listes pour le PC, 3 têtes de liste pour le PG, et une tête de liste pour notre partenaire commun du FDG, Ensemble. C’est en application de cet accord que le Parti de Gauche a fait une proposition unitaire, votée par ses Conférences régionales le samedi 29 mars. Logiquement, cette proposition reprend la structure 3-3-1 convenue préalablement entre nos deux partis. Nous avions également pris la précaution, concernant les premières places des listes, dont celles éligibles, de faire une proposition globale qui avait reçu l’adhésion ou au moins l’accord de nos autres partenaires du Front de Gauche au cours des négociations. Votre décision de Conseil National en date du 2 avril constitue déjà un refus de cette proposition largement partagée. Ainsi, le Secrétariat National du PG, réuni le 2 avril au soir, n’a pu que constater l’échec, à ce stade, des négociations permettant de se présenter ensemble aux élections européennes. En effet, le schéma de répartition adopté par le PC est tellement déséquilibré qu’elle constitue une négation du Front de Gauche.


Celui-ci ne peut se concevoir comme une alliance autour d’un seul parti. Plus largement, au moment où le PS est en passe de perdre son rôle central, la refondation de la gauche ne peut s’imaginer sur de telles bases. Nous n’avons pas co-fondé le FDG pour en arriver à une situation qui le rendrait inefficace et inutile. Nous avons voulu que ces élections européennes soient l’occasion justement du nécessaire rééquilibrage du FDG après des législatives où 80 % des candidats étaient communistes, des municipales où lorsque nous avons fait accord 90 % des têtes de listes étaient communistes et alors que nos groupes parlementaires à l’assemblée nationale comme au Sénat sont à quasi-totalité communistes et qui plus est totalement autonomes de nos instances de coordination du FDG. Ce rééquilibrage est d’autant plus nécessaire que ces Européennes surviennent après des élections municipales où le Front de Gauche a été incapable de proposer une stratégie commune. Nous avons raté là une grande occasion de représenter dès maintenant une alternative pour la gauche et le pays alors même que, comme nous l’annoncions, l’enjeu de ces élections a été national et que les listes conduites par le PS ont été lourdement sanctionnées. Politiquement, notre alliance en a été affaiblie et dans bien des villes nos équipes militantes ont été profondément divisées. Pour relancer le FDG, pour rassembler nos militants, ainsi que que toutes celles et ceux très nombreux qui au sein du Fdg n'appartiennent à aucun parti, dans une campagne commune importante pour notre pays mais aussi pour notre combat à, l’échelle de l’UE avec notre candidat Alexis Tsipras à la Présidence de la commission européenne, il fallait donc une proposition équilibrée et respectueuse de chacune des forces du Front de Gauche. Ce n’est pas le cas de votre proposition. Vous revendiquez en effet choisir quatre têtes de liste dont les trois meilleures régions du pays (Ile de France, Sud-Est, Nord en plus du Centre). Alors que le PG menait la campagne dans 3 régions en 2009, cette fois-ci ce ne serait plus le cas que dans 2, le sud-ouest et l'est où tout le monde s'accorde à dire qu'il est le plus difficile pour le FdG d'obtenir un élu. Ainsi, dans votre actuelle proposition, l'élargissement du FdG ne peut se concevoir qu'à condition que le PCF maintienne toutes ses positions. En conséquence vous voulez obtenir du PG, à qui déjà en 2009 vous aviez demandé de se présenter dans les régions les plus difficiles et qui n'avait eu un élu dans le sud-ouest que par la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, de renoncer à avoir d'autres élus en en cas de résultats au niveau des sondages actuels. Votre proposition est d’autant plus inacceptable qu’elle rompt, nous l’avons dit, avec les accords que nous avons passés entre nous lors de notre réunion bilatérale du 17 janvier. Si nous procédons ainsi comment continuer à construire le FDG ? Sur quelles bases de confiance ? Cela ne concerne pas que les élections : ce même jour, vous nous aviez donné votre accord quand à la présentation de listes du FDG au 1er tour des Régionales et Cantonales. Ce que vous savez fondamental pour poursuivre ensemble le FDG après l’épisode des municipales. Vous nous l’avez répété récemment dans un courrier signé par Pierre Laurent. Si entre nous les accords ne valent rien qui nous garantît que vous tiendrez ceux-là ? Dans une négociation aussi importante pour l’avenir du Fdg, toutes les forces du Front de Gauche ont bougé pour essayer de trouver un accord sauf vous. Votre proposition est en effet exactement celle avec laquelle vous étiez entrés dans les négociations voici


plus d’un mois. Pire, vous avez même reculé ! En effet hier matin, avant votre CN, vous nous avez fait une proposition par la voix même de Pierre Laurent (1 Sud-Ouest, 1 Centre, 1 Est, 2 dans le Sud-Est et 2 dans l’Ile de France). Elle est évidemment beaucoup moins bonne que celle, légitime, que nous proposons mais toujours animé de l’esprit de déboucher sur des listes du FDG, nous vous avons écrit que notre BN du 5 avril l’examinerait si elle nous était faite. Comment dans ces conditions voulez-vous trouver un accord avec vos partenaires ? Ce qui nous conduit à nous demander si vous le voulez réellement tant cette proposition est inacceptable sur le fond comme sur la forme. Sur la forme, tout cela s’apparente à un fait accompli. D’ailleurs nous apprenons par ce même courrier le lancement de la campagne par un meeting d’Alexis Tsipras à Paris le 11 avril, veille de la grande marche unitaire du 12 avril. Vous décidez ainsi tout seul du lancement de campagne sans consulter aucun de vos partenaires alors que nous nous voyons toutes les semaines en coordination du Front de Gauche. De plus, par ces annonces unilatérales, vous prenez ainsi le risque de fragiliser la candidature d’Alexis Tsipras en France. Enfin vous annoncez dans le même temps une conférence de presse de Pierre Laurent, diffusée sur Internet, sur le sujet des élections européennes ce jeudi 3 avril à 11 heures. Après plusieurs semaines de négociation que nous avions convenu ensemble de ne pas rendre publique, nous concluons évidemment que vous allez annoncer ce matin les éléments contenus dans votre courrier. Vous nous conduisez donc également à rendre public notre position. Ce soir aura lieu comme prévu notre dernière conférence régionale en Ile de France qui sera saisie des propositions sur la table dont la vôtre. Samedi notre BN va prendre une décision définitive. Entre temps nous espérons fortement, au nom du Front de gauche et des urgences politiques de l’heure, que vous reviendrez vers vos partenaires avec une proposition plus équilibrée à présenter à nos instances de direction et à même de trouver un accord. Il est encore temps.

Pour le SN du Parti de Gauche : Eric Coquerel Pièce jointe : la résolution adoptée le 29 mars par notre SN après nos conférences régionales


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