Respect mag 37

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N°37

PRINTEMPS-été 2013 / N°37  •  www.respectmag.com

FOCUS

FEMMES DU xxi e SIECLE

Décryptage Les dessous du féminisme Enquête La ville appartient-elle aux hommes ?

L'interview respectable de

Claudia

Tagbo « Le mot “diversité” ne fait pas partie de mon vocabulaire ! »

GRATUIT



Courriel : redac@respectmag.com Internet : www.respectmag.com Respect mag est une publication trimestrielle éditée par Presscode pour l’association Insertion et Alternatives

ÉDITO

Directeur de publication : Jean-Marc Borello, jmb@groupe-sos.org

Emmanuel Mosson

Éditeur : Gilles Dumoulin, gd@groupe-sos.org Fondateur : Marc Cheb Sun Directeur de la rédaction : Emmanuel Mosson, emmanuel.mosson@groupe-sos.org Rédactrice en chef adjointe en charge du Web : Maral Amiri, maral.amiri@respectmag.com

darnel lindor

80, rue de Paris CS 10025 93108 Montreuil

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N° 37 / PRINTEMPS-ÉTÉ 2013 / GRATUIT

Directeur de la rédaction

C

omme les beaux jours, le nouveau RESPECT MAG s’est fait attendre ! Le 37e numéro du magazine de la diversité et du « mieux vivre ensemble » est enfin arrivé, dans une formule printemps/été, préfigurant la nouvelle mouture annoncée pour l’automne. Et parce que la société évolue, RESPECT MAG doit aussi évoluer sans renier ses huit années d’existence. Nous avons souhaité vous proposer une version plus dynamique, plus audacieuse et plus accessible car la diversité, c’est l’affaire de tous, sur tous les supports média. Un magazine bien ancré dans son époque, à découvrir également sur le site respectmag.com et sur la nouvelle application RESPECT MAG.

Coordination éditoriale : émilie Drugeon, emilie.drugeon@groupe-sos.org Secrétaire de rédaction : Magali Jourdan, magali.jourdan@presscode.fr Rédacteurs : Stéphane Burgatt, Ludovic Clerima, émilie Drugeon, Mélanie Klein, Marie-France Makutungu, Olivia Villamy

Ce numéro 37 est consacré aux femmes : quels changements pour elles au xxie siècle ?

Direction artistique : François Bégnez, francois.begnez@presscode.fr

Pour tenter d’y répondre, plusieurs articles et rubriques, à commencer par L’INTERVIEW RESPECTABLE de Claudia Tagbo. De son enfance en Afrique puis en Lozère, à son passage au Jamel Comedy Club et ses spectacles, l’humoriste et comédienne nous livre son expérience de l’intégration, de la discrimination mais aussi son point de vue sur la place des femmes dans la société. En bonus, elle vous dévoile sa playlist idéale et son coup de cœur associatif.

Maquettistes : Sophie Baugas, Françoise Gorge, Martin Laloy, Floriane Ollier. Stagiaire : Peggy Moquay Photographe : Darnel Lindor, Stéphane Burgatt Les médias du Groupe SOS  Direction générale : Valère Corréard Communication et partenariats : Stéphanie Veaux, stephanie.veaux@groupe-sos.org

Dans le FOCUS, un décryptage passionnant sur les dessous du féminisme. Après les combats et les grandes avancées du xxie siècle comme l’égalité civile et l’égalité politique, où en est le féminisme aujourd’hui ? Sert-il vraiment la cause des femmes ? Et dans une société de plus en plus urbaine, quelle est la place des femmes dans nos villes ? C'est le sujet de notre enquête. Enfin, vous découvrirez les parcours d’Hapsatou Sy et Lucie Décosse, qui ont fait de leur différence un atout, l’une dans la réussite entrepreneuriale, et l’autre dans la réussite sportive.

Développement : Pierre Pageot Ressources : Laetitia Nettelet Régie publicitaire : Mediathic / Respect éditions Alassane Sow, responsable commercial alassane.sow@groupe-sos.org 01 56 63 94 57 Sara Caramel, sara.caramel@groupe-sos.org 01 56 63 94 56 Relations presse : Stéphanie Veaux, stephanie.veaux@groupe-sos.org Manon Fuseau, manon.fuseau@groupe-sos.org

RESPECT MAG n°37, c’est aussi l’actualité de la diversité et du mieux vivre ensemble, l’AGENDA des rendez-vous à ne pas manquer (festivals, expositions, concerts…) et L'EXPO VIRTUELLE de Mihoub Aouail, artiste en devenir.

Abonnements : Philippe Morlhon, France Hennique abonnements@respectmag.com - 04 96 11 05 89

Bonne lecture !

ISSN : 1763-5829. Dépôt légal à parution Impression : Imprimé en France par CPI France-Aubin Imprimeur, 86240 Ligugé Tous droits de reproduction réservés. Les articles publiés n’engagent que leurs auteurs. Photothèque : Thinkstock

Avec 10 000 salariés et 300 établissements, le Groupe SOS est une des premières entreprises sociales européennes. Depuis près de 30 ans, il met l’efficacité économique au service de l’intérêt général. Il répond ainsi aux enjeux de société de notre époque en développant des solutions innovantes dans ses cinq cœurs de métier : jeunesse, emploi, solidarités, santé, seniors. Chaque année, les actions du Groupe SOS ont un impact sur plus d’un million de personnes.

© darnel lindor

Délégation générale Groupe SOS  102, rue Amelot 75011 Paris Tél. : 01 58 30 55 55 - Fax : 01 58 30 55 79 www.groupe-sos.org

Votre magazine est en mouvement ! Nous avons souhaité mieux prendre en compte vos attentes ainsi que les enjeux contemporains qui imposent à la presse de se repenser. Notre appartenance au Groupe SOS, entreprise sociale, nous a permis d’envisager ce défi sous un angle nouveau et innovant. RESPECT MAG devient donc gratuit, pour tous, partout. Pour un média constructif, direct et engagé dans toutes les diversités de la France, il fallait briser la barrière du prix, mais il fallait aussi repenser la diffusion. Ainsi, en plus du magazine en point de dépôt ou en boîte aux lettres, une version numérique sera disponible en 3w et sur les stores, en format enrichi. Je tiens à saluer et remercier Emmanuel Mosson, directeur de la rédaction, et son équipe, qui ont relevé ce défi : faire évoluer un média utile, responsable et rayonnant pour le plus grand nombre. Désormais, il vous appartient d’en écrire l’histoire. Valère Corréard Directeur général des médias du Groupe SOS


Sommaire 6

L’INTERVIEW RESPECTABLE

de Claudia Tagbo

# 37

FIL INFO

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14 FOCUS

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FEMMES DU xxi e SIECLE 14 Décryptage Les dessous du féminisme 21 Portrait Lucie Décosse, une femme en or 22 Enquête La ville appartient-elle aux hommes ? 28 Rencontre Hapsatou, la Sy reine

VIRTUELLE 32 L’EXPO de Mihoub

Hapsatou Sy

28

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36 AGENDA

On vous aura prévenu !



FIL INFO

VIDÉO

égalité hommes-femmes en entreprise Le point de vue d'Armelle Carminati, directrice générale Monde pour le capital humain et la diversité d'Accenture

en vidéo sur respectmag.com

En exclu sur le web

La BD au service de la cause gay

Sortie le 3 mai Prix : 20  €

Le collectif Projet 17 mai (date de la journée mondiale contre l’homophobie), emmené par les dessinateurs Pochep et Silver, s’illustre dans une BD engagée. Avec 92 pages d’illustrations aux histoires déroutantes et humoristiques, ces artistes invitent à une réflexion du traitement de l’homosexualité et de la transexualité en France. La maison d’éditions “Des ailes sur un tracteur”, à l’origine du projet, s’engage à reverser l’intégralité des bénéfices à l’association SOS Homophobie. Marie-France Makutungu


Moins de couleurs sur nos écrans En un an, le pourcentage de « non blancs » a reculé de 3 % sur nos télévisions. Un constat amer du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et de la présidente du groupe sur la diversité, Mémona Hintermann (photo ci-dessous) : « C’est accablant de faire chaque année le même constat. Nous sommes face à une situation d’urgence. » La différence entre vouloir et pouvoir est ici flagrante. Si l’ancien grand reporter de France 3 assure que le CSA est « une tour de contrôle », elle n’en reconnaît pas moins que le conseil « ne peut pas aller plus loin […] pour punir les groupes audiovisuels ». La télévision est-elle un juste reflet de notre société ? Négatif, selon Mémona Hintermann qui élargit son constat au handicap : « Théoriquement toute entreprise devrait y dédier 6 % de son personnel. Aujourd’hui, on est à 0,8 %. J’ai rencontré presque tous les patrons de télévisions. J’ai observé beaucoup de mauvaise foi chez certains. » Pour amorcer une prise de conscience, la télévision française devrait se demander si elle « dépasse l’image de l’homme blanc valide », conclut la présidente du groupe de travail sur la diversité. Mémona Hintermann est devenue conseillère pour le CSA en janvier 2013. A ce titre, elle a démissionné de France Télévisions. Ludovic Clerima

Le gouvernement épinglé Le think-thank République & Diversité a publié un « baromètre du gouvernement » sur son site Internet, en partenariat avec quatre associations. L’occasion d’évaluer l’action de chaque ministère pour la lutte contre les discriminations, selon quatre critères liés à l’origine, au genre, au handicap ou à l’orientation sexuelle. Un an après l’élection de François Hollande, le bilan est mauvais. En matière de racisme, seuls quatre ministères sur 15 décrochent la moyenne. Manuel Valls écope même d’un -10/20 assorti de l’appréciation « plus fort que Guéant, plus fort que Besson ». En cause, son opposition aux récépissés pour lutter contre le contrôle au faciès ou encore sa politique de démantèlement des camps de Roms. Olivia Villamy

© Manuelle Toussaint

En savoir plus sur www.republiqueetdiversite.fr

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© Darnel Lindor

L’INTERVIEBW RESPECTA LE

Claudia Tagbo

« Le mot diversitE ne fait pas partie de mon vocabulaire » A 40 ans, Claudia Tagbo est le nouveau phénomène de la scène humoristique française. Révélée par le Jamel Comedy Club, elle est aujourd’hui invitée régulière d’Arthur dans “Vendredi tout est permis” sur TF1 et “Ce soir avec Arthur” sur Comédie. Ses sketches ne s’éloignent jamais trop de son quotidien : être une femme, ronde et noire… Rencontre avec une artiste « crazy ». Petite, comment avez-vous vécu votre arrivée en France ? J’avais presque 13 ans. On part d’Afrique [Côte d’Ivoire, NDLR], on arrive en Lozère parce que le paternel a choisi ce coin-là. Je ne me sentais pas perdue parce 8 RESPECT MAG n°37

que j’avais ma famille, mais un peu déboussolée quand même. Après, comme nous étions des gens qui nous exprimions bien et comme nous n’étions pas cannibales… Tout est allé très bien ! Là où il y a vraiment du racisme, c’est quand on arrive

dans une plus grande ville, comme Alès, où ils ont déjà des noirs. Mais en Lozère, à Chanac, ils n’en avaient jamais vu, donc ils découvraient ; et nous aussi on découvrait : le pelardon, l’aligot ! C’est une forme de racisme de dire « je n’aime pas

l’aligot » ! (rires) Après quand on voit qu’il n’y a que ça à manger, on force le palais, donc ils ont fait de même ! Au début ils sont un peu sceptiques, ils entrouvrent les rideaux, puis un jour ils finissent par te donner le porte-monnaie pour aller


La PLAY-LIST DE

ILLUSTRATION © PEGGY MOQUAY - www.peggymoquay.com

CLAUDIA tagbo

Fela Kuti Lady

Erykah Badu Window seat

à écouter ici !

Jill Scott My petition

chercher du pain, ça veut dire que voilà, c’est conquis ! (rires) En montant sur Paris à 19 ans, vous pensiez réussir comme comédienne ? Il y a un truc que personne ne pourra m’enlever, c’est que j’avais envie d’y arriver. Je suis comme un fox-terrier ! J’ai une copine qui en a un, elle l’a suspendu à une branche, il a dû y rester quatre heures sans lâcher. Je suis comme ça, je serre les dents, je me dis : « Ce n’est pas grave, on va y arriver », et quand la branche se casse, je l’ai toujours dans les dents (rires). Je ne sais pas si j’ai réussi, en tout cas j’ai arrêté les petits boulots de serveuse, vendeuse, ouvreuse, tout ce qui est en –euse ! (rires) Je vis de mon métier depuis 2007, ça

Le coup de pouce

Claudia est marraine de l’APIPD (Association pour l’information et la prévention de la drépanocytose) Créée en 1988, l’APIPD mène « un combat pour la vie ». Ses membres actifs et ses bénévoles aident les personnes atteintes de cette maladie génétique – qui se caractérise par l’altération de l’hémoglobine, la protéine assurant le transport de l’oxygène dans le sang – dans leurs démarches administratives et les soutiennent avec une permanence téléphonique et un accueil sur rendez-vous. L’objectif de sa présidente Jenny Hippocrate-Fixy est de diffuser l’information le plus largement possible sur cette maladie qui reste « entourée de tabous, de discrimination » car elle ne touche principalement que des personnes de couleur noire. Première maladie génétique en France (25 000 personnes en sont atteintes), la drépanocytose a été reconnue « priorité de santé publique » par l’ONU en 2008. Permanence téléphonique à partir de 19 heures au 01 40 10 02 49 www.apipd.free.fr

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© John Wax

L’INTERVIEBW RESPECTA LE

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© John Wax

« En fait, j’ai eu plus de problèmes parce que j’étais ronde que parce que j’étais noire »

ne fait pas si longtemps que ça. Il y a des gens encore qui ne me connaissent pas comme humoriste. J’ai travaillé avec des réalisateurs qui ne savaient pas que je faisais du One [Woman Show, NDLR]. J’avais joué dans des séries, des films et ils étaient restés là-dessus. L’Olympia, c’était un rêve ? Je ne m’étais pas imaginée aller jusque-là. J’ai fait déjà une première partie d’un autre artiste. Mais quand on m’a dit : « Tu as l’Olympia les 18 et 19 janvier 2014 », j’ai juste eu l’impression que c‘était super loin et j’ai hâte d’être au 17 au soir. A l’heure où ils changeront les lettres, je serai là, devant, à attendre, ça c’est sûr ! Comme une petite fille, comme quand il y avait les cadeaux de Noël et que j’attendais devant le sapin ! D’ailleurs, ça reste un rêve parce que je ne l’ai pas encore fait !

mon papou qui m’a mis devant la glace en disant : « Tu veux des taches de rousseur ? Ma chérie, les taches de rousseur ne sortiront jamais sur ta peau ». On me dit souvent : « ça doit être difficile parce que tu es noire. » Non. En fait, j’ai eu plus de problèmes parce que j’étais ronde, et j’ai entendu des phrases aussi violentes que « Vous êtes trop présente à la caméra » ! Ma couleur de peau, en tout cas, si tu veux bloquer dessus, ce sera tout seul ! (rires)

Femme, noire et ronde… Oui c’est moi ! J’ai envie de dire femme, ronde et après noire. D’abord je suis une femme, je suis ronde. La couleur vient après, parce qu’elle est là, je ne peux pas la cacher. Par contre demain je peux maigrir ! (rires) Je serai toujours femme, enfin je crois, parce qu’un jour je peux changer de sexe ! Mais je serai toujours noire.

Comédienne, c’est plus difficile quand on est une femme ? Dans une société comme la nôtre, c’est toujours plus difficile pour une femme ! Même pour être chef-cuisinier ou chef d’entreprise. On doit se battre plus, parce que pendant que Monsieur sort et met juste sa jacket et son trousers, nous on met la jacket, le trousers, le mascara, les talons, on fait le ménage et on repasse le trousers du gars, on prépare sa pochette ! (rires) Et dans le milieu artistique, c’est difficile pour tout le monde. Après, dans ma vie personnelle, j’ai l’impression qu’une femme qui a beaucoup de bagou, qui n’a pas peur, ça peut déstabiliser… Mais comme toutes les filles, j’ai envie de me marier, d’avoir des enfants.

…Triple discrimination ? La plus grosse discrimination, elle vient de soi. J’ai réalisé que j’étais noire à 9 ans. Grâce à

Que pensez-vous des mouvements féministes ? Ce sont des veilleuses, comme la servante dans un théâtre,

cette petite lampe qui reste toujours allumée. Les féministes nous alertent, c’est essentiel qu’elles soient là, pour se battre. Je pense à Simone Veil par exemple et aussi à Simone Signoret, oui, c’est une féministe pour moi. Qu’est ce que signifie la diversité pour vous ? La diversité, oh la la ! ça dépend de quoi on parle ! A midi, il n’y avait pas beaucoup de diversité dans mon assiette, il y avait des frites mais pas de légumes, donc il n’y avait pas de diversité ! Non, sans rire, là, c’est une femme qui m’interviewe et c’est une femme qui répond, donc j’espère que les hommes vont lire, que ce sera diversifié (rires) ! Je ne sais pas, c’est un mot qui ne fait pas partie de mon vocabulaire, je coupe court, j’ai pas le time ! (rires) Si vous étiez rédacteur en chef de Respect, qui inviteriez-vous pour le prochain numéro ? Je voudrais inviter la chanteuse américaine Jill Scott, parce que j’aimerais bien lire une interview d’elle ! Bonne chance !

Claudia en quelques dates 1973 Naissance à Abidjan en Côte d’Ivoire 1986 Arrive en France, à Chanac, en Lozère, et s’installe trois ans plus tard à Alès, dans le Gard 2001 Premier film diffusé à la télévision : Fatou la Malienne de Daniel Vigne. Claudia y joue Hawa 2006 Fait ses débuts dans le stand-up au Jamel Comedy Club 2010 Intègre l’émission Ce soir avec Arthur sur Canal + puis sur Comédie, et un an plus tard Vendredi tout est permis sur TF1 Janvier 2014 Sera sur la scène de l’Olympia

Propos recueillis par Mélanie Klein

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FIL INFO

Le mariage gay dans les deux hémisphères La Nouvelle-Zélande est devenue, mi-avril, le premier pays de la région Asie-Pacifique à légaliser le mariage homosexuel. Les “Kiwis” sont les 13e à adopter la réforme, juste avant les Français… les incidents en moins ! S.B.

Libérez une femme battue ! Sur le pont des Arts à Paris, connu pour ses cadenas symbolisant l’amour de milliers de couples, certains verrous contrastent. Ils emprisonnent un cœur noir représentant une femme victime de violences. « Unlock a woman », l’opération de l’association Ni putes ni soumises est symbolique. En scannant un code sur chaque cœur avec son téléphone mobile, il est possible de faire un don via Internet et d’obtenir la combinaison pour le déverrouiller. L’argent permet de financer des opérations comme la construction d’appartements relais, qui accueillent les femmes victimes de violences conjugales. Stéphane Burgatt

Mariage légal Union civile Aux Etats-Unis, le mariage n'est légal que dans certains Etats ou villes

www.unlockawoman.com

www.idahofrance.org

NIMES

AMIENS

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PARIS

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Quelles sont les meilleures villes gay-friendly en France ? Amiens et Paris, ex æquo, arrivent en tête de la lutte contre l’homophobie, au baromètre annuel de l’Idaho (acronyme anglais de la Journée mondiale contre l’homophobie). Au fond de la classe, les cancres désignés par un comité de militants associatifs sont Nîmes, Boulogne-Billancourt et Courbevoie. S’ajoutent sept autres villes où « la mairie ne fait rien contre l’homophobie », dénonce l'association. S.B.

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Ces villes où il fait bon vivre gay

© Stéphane Bu

Journée mondiale contre l’homophobie

Marseille, Fort d'Entrecasteaux

Le patrimoine comme outil d’insertion Jeunes en marge, chômeurs de longue durée, repris de justice ou adultes en reconversion professionnelle font l’objet d’attentions de la part de la Fondation du Patrimoine. Soutenue par des subventions publiques, cette dernière va engager plus d’un million d’euros sur l’année 2013 pour permettre leur réinsertion, par la restauration d’espaces verts, de voies ferrées, de peintures murales voire même de châteaux. S.B.



FOCUS

U FEMeMES D E L SIEC XXI

Décryptage

Les dessouS du fEminisme émergence d’une nouvelle génération de militantes, dissensions sur la religion et la prostitution… Les féministes ne seraient-elles finalement pas les premières à discriminer l’« autre » ?

J

e ne suis pas féministe mais… » Cette dénégation commune serait-elle à l’image de ce qu’est le féminisme aujourd’hui, un courant rétrograde dont on aurait un peu honte de faire partie ? « La représentation des féministes, colportée par les médias, est une image de la contreféminité : forcément lesbiennes et poilues, qui veulent du mal aux hommes », constate Justine Rocherieux, coordinatrice Ile-de-France du Mouvement du nid, association luttant contre les causes et les conséquences de la prostitution et pour l’égalité femmes-hommes. « Lors d’un repas ou d’une soirée, quand je dis quel est mon travail, ça part en débat. Moi, j’assume très bien, mais derrière, les discussions ne s’arrêtent pas là, tout le monde a une opinion, voire des certitudes. » Des certitudes 14 RESPECT MAG n°37

bien ancrées dans la tête des gens, comme « la femme n’est pas l’égale de l’homme, ils sont complémentaires » ou encore « s’il n’y avait pas eu mai 68, nos enfants ne seraient pas dans la rue ». Des propos parfois violents. « A la différence de l’anticapitalisme et de l’antiracisme où “l’ennemi” peut être loin de soi, le féminisme s’intéresse à l’intimité », poursuit Justine Rocherieux. Féminisme 2.0 Ce désamour envers le féminisme historique a conduit de jeunes femmes à créer de nouveaux mouvements, plus jeunes où les minorités sont représentées. C’est « la troisième vague ». La première, celle des Suffragettes au début du siècle au Royaume-Uni, se battait pour le droit de vote des femmes. La deuxième, celle

des années 70, pour le droit à disposer de son corps. Celle-ci participe à la mise en lumière des minorités, souvent doublement discriminées. Une nouvelle génération qui mise sur le féminisme 2.0. « Travail, humour, patience », c’est le credo d’Osez le féminisme (OLF), créé en 2009. « Dans le choix du nom de notre association, on a réfléchi à quelque chose de “pêchu”, dynamique, expose Julie Muret, la porte-parole, on est allé voir les autres [associations féministes, NDLR] et on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas de mouvements de jeunesse. » La figure du féminisme, longtemps incarnée par l’intellectuelle universitaire se réinvente. « Nous n’avons pas de divergences sur le fond avec les autres, mais nous avons nos propres moyens d’actions. » Le site viedemeuf.fr, lancé par OLF, permet à



FOCUS

U FEMeMES D E L SIEC XXI

toutes personnes de dénoncer le « sexisme ordinaire qui se retrouve dans tous les domaines de la société » Ainsi, que ce soit sur le site, ou sur les réseaux sociaux, on y retrouve des anecdotes pouvant faire sourire ou grincer des dents : « Impolitesse. Aujourd’hui, je rote dans la rue, le garçon m’accompagnant me regarde et me dit « Mais ! Tu ne peux pas faire ça ! » Ah et pourquoi ? « Parce que t’es une fille ! » Et tout simplement parce que c’est impoli ça ne t’es pas venu à l’esprit ? #viedemeuf ». Mais pourquoi autant d’associations différentes pour une même cause ? « On demande aux féministes d’être d’accord sur tout, mais ce sont des mouvements intellectuels, avec des désaccords, des réflexions. Le syndicalisme représente la cause des ouvriers et pourtant il y a bien plusieurs syndicats », estime Fatima Ezzahra-Benomar, secrétaire générale des Effrontés et auteur de Féminisme : la révolution inachevée». « C’est un indicateur de la bonne santé du mouvement », complète Ismahane Chouder, coprésidente du Collectif des féministes pour l’égalité (CFPE). « On a beaucoup d’objectifs, on doit donc se mobiliser sur des priorités propres à chacune des associations. De ce point de vue, c’est une richesse mais on peine à faire des passerelles. On y arrive sur

Les grands succès du féminisme en France 1944 : La France accorde le droit de vote aux femmes. 1965 : La femme peut désormais travailler sans l’accord de son mari et avoir un compte en banque à son nom. 1972 : L’égalité salariale entre les hommes et les femmes est inscrite dans le Code du travail. 1975 : L’avortement est autorisé grâce à la loi Veil. 2000 : La loi sur la parité instaure un quota de femme dans les représentations politiques.

des événements comme la Marche mondiale des femmes, et encore… » Féministe islamophobe ? Le Collectif des féministes pour l’égalité (CFPE) est né à la suite des débats sur le port des signes religieux dans les établissements scolaires en 2004. Un débat qui a marqué le mouvement. « C’est sûr que ça a changé. Le fait qu’il y ait tellement de féministes en faveur de cette loi qui vise des jeunes filles et les prive d’éducation, c’est sexiste ! », s’indigne Christine Delphy, auteur et chercheuse au CNRS depuis 45 ans dans le domaine des études féministes. « Elles se sont rangées sur une espèce de consensus raciste général », estime-t-elle. Un racisme affiché qui a frappé Ismahane Chouder de plein fouet. « Lors de nos premières mobilisations, comme le 8 mars 2005, on était prises à partie violemment par les autres femmes. Elles nous accusaient d’avoir scindé le mouvement et ne nous attendaient pas sur un terrain comme la commémoration de la loi Veil. » Des femmes voilées qui se battent pour leurs droits, dix ans après, les associations féministes n’y croient toujours pas, même les nouvelles. Chez Osez le féminisme, le débat est toujours en cours. Sans vouloir prendre position sur la question du voile, Julie Muret considère que « le féminisme religieux est un piège. Il entérine l’idée que les hommes et les femmes n’ont pas le même rôle dans la société, qu’ils sont complémentaires. Il ne cherche pas vraiment à changer les choses mais plutôt à promouvoir l’émancipation à l’intérieur. Ce n’est pas une bonne base. » Un avis partagé également par Fatima Ezzahra-Benomar : « On ne peut pas nier que [le foulard] c’est un instrument de domination et de culpabilisation du corps. Je n’incrimine pas celles qui font ce choix [de le porter] mais je ne vois pas comment elles peuvent être féministes ». Et de compléter : « Nous, on est dans les quartiers et on se bat pour ne pas abandonner les femmes, victimes d’excision ou de mariage forcé. Si pour ne pas froisser on ne disait rien, on les laisserait dans leur galère ». Femmes prostituées et femmes voilées, même combat ? Du côté de Ni pute ni soumise (NPNS) qui a pris une part très active dans le débat sur la laïcité à l’école en 2004, « on ne lutte pas contre le voile mais contre la politique qu’il y a derrière. Les salafistes cherchent les failles. Là où la laïcité n’est pas applicable, ils sont là », affirme Asma Guénifi, présidente de l’association. NPNS a bénéficié d’une médiatisation importante avec sa « Marche des fem-


Quel regard portent les autres féministes sur les Femen ? Ces jeunes femmes aux seins nus prennent d’assaut les médias français depuis six mois, manifestant dans les rues de Paris pour dénoncer les violences faites aux femmes. « Je crains qu’elles n’attirent l’attention sur un point de vue visuel plus que sur le fond. »

Julie Muret, porte-parole d’Osez le féminisme

« Notre combat, c’est se réapproprier son corps et non pas l’exposer, mais à chacune sa vision. » Asma Guénifi, présidente de Ni pute ni soumise

PHOTOS © mélanie klein

Ismahane Chouder, coprésidente du Collectif des féministes pour l’égalité

« Il y a des idées sur lesquelles on se rejoint. Après… la nudité ne sert pas toujours les ambitions féministes. »

Photo ci-dessus : Les Femen se retrouvent tous les samedis dans leur QG au Lavoir Moderne de Paris, un théâtre fermé, pour un entraînement physique. Au programme : crier les slogans de manière agressive, prendre la bonne posture afin de ne pas se faire déloger par les policiers. Ci-contre : Meriam a rejoint les Femen France il y a trois mois. En France depuis cinq ans, elle veut se battre pour toutes les violences faites aux femmes dans le monde et notamment dans son pays d’origine, la Tunisie.


FOCUS

U FEMeMES D E L SIEC XXI

Défendre l’égalité hommes-femmes et la laïcité, mais pas en stigmatisant une catégorie de femmes

mes contre les ghettos et pour l’égalité ». Si le but est louable, le fait de cantonner cette dénonciation aux banlieues populaires et aux maghrébins focalise l’attention sur une partie de la population déjà fortement stigmatisée. « NPNS instrumentalise la voix des femmes pour porter un discours raciste contre le “garçon arabe”. Quand on se retrouve ensemble sur un même terrain, comme lors de l’Assemblée des femmes du Forum social mondial, elles nous ignorent totalement, une parfaite indifférence », proteste Ismahane Chouder (Collectif des féministes pour l’égalité). « Bien sûr que l’on défend l’égalité hommesfemmes et la laïcité, mais pas en stigmatisant une catégorie de femmes », affirme de son côté la coprésidente du Planning familial Carine Favier. Le Planning se distingue également des autres courants féministes sur le sujet de la prostitution. « La domination masculine vise toutes les femmes, les prostitués entre autres, mais la pénalisation du client n’est pas une bonne chose », explique Carine Favier. De quoi s’attirer les foudres de la grande majorité des mouvements féministes qui prônent l’abolition pure et simple du système prostituteur. « La prostitution c’est compliqué. Les Etats-Unis sont prohibitionnistes, les Pays-Bas et l’Allemagne par exemple sont réglementaristes, la France est 18 RESPECT MAG n°37

abolitionniste depuis la loi Marthe Richard en 1946 », rappelle Christine Delphy. « Il s’agit de reconnaître les prostituées en tant que victimes, pas de les infantiliser, s’insurge Justine Rocherieux. Et puisqu’elles sont victimes, la société doit les protéger ». Le Mouvement du nid, dont elle coordonne les actions en Ile-de-France, soutient les personnes prostituées dans leurs démarches sociales, administratives et judiciaires. Ces femmes sont bien souvent dans des situations de grande détresse : « La grande majorité n’a jamais “décidé” de se prostituer et subit de grandes violences auxquelles s’additionne la précarité ». Pour la plupart des féministes, le choix de certaines femmes de se prostituer ou de se voiler ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt car le féminisme est avant tout un projet de société. Les hommes aussi sont féministes Une société où il n’y aurait plus de système patriarcal, « non pas contre mais avec les hommes », assure Emmanuelle Barbaras, auteur de Les hommes féministes (éd. Les points sur les i). « C’est important de leur donner la parole. C’est vraiment aux hommes de faire changer la donne, il faut les mettre en face de leur responsabilité. » Son livre présente 25 portraits d’hommes de 20 à 80 ans qui portent les valeurs féministes. « Dans les années 70, les féministes avaient besoin de se rassembler entre elles, mais aujourd’hui c’est important que le féminisme soit mixte, pour casser les clichés. » Les associations féministes se sont d’ailleurs de plus en plus ouvertes à l’autre sexe. 10 à 15 % d’hommes sur les 2 000 membres d’OLF, « presque la moitié » selon Asma Guénifi compose NPNS. D’autres associations comme La Barbe ou le Collectif des féministes

pour l’égalité restent unisexes. « Ce n’est pas un choix sexiste mais pour garantir une liberté de parole », se défend Ismahane Chouder. De leur côté, les hommes fondent aussi leur collectif à l’instar de Zéro macho qui lutte contre la prostitution. Et les femmes handicapées alors ? Les dernières oubliées des associations féministes sont finalement les femmes handicapées. L’association Femmes pour le dire, Femmes pour agir (FDFA) s’est lancée sur ce créneau depuis 2003 en proposant un travail d’écoute, d’orientation et de lutte contre l’isolement. « C’est compliqué de rentrer dans une association quand on est handicapée. Les lieux sont souvent inaccessibles et il n’y a pas de traductrice en langue des signes par exemple », explique Anne-Sarah Kertudo, vice-présidente de FDFA. Pourtant, les femmes handicapées « sont doublement touchées, notamment par les violences, qu’elles soient conjugales ou en établissement spécialisé ». Elles ont organisé en avril dernier un forum national sur la citoyenneté des femmes en situation de handicap, où plus de 800 personnes se sont pressées. « On se mobilise, on est en train de préparer un guide à l’intention de toutes les associations pour leur donner les clés. Il ne s’agit pas d’exclusion ou de discrimination de la part des autres associations, c’est toute la société qui n’est pas préparée, on ne peut pas leur jeter la pierre ». Leur jeter la pierre ? Le féminisme est à l’image de la société, tout simplement. La femme, comme l’homme, est multiple. Mais toutes ces mouvances ont un même but, celui de défendre la cause des femmes, et non de LA femme. Mélanie Klein

Et ailleurs en Europe ? Insolite

La Suède va très loin avec la notion de « neutralité sexuelle ». La région du Söderland étudie en ce moment une proposition de loi pour interdire aux garçons de faire pipi debout.

Risqué

Ni Pute ni esclave en Belgique prône le slogan « La liberté ou l'islam, osez choisir ! ». Lancé par le parti extrémiste Vlaam Belang, ce collectif illustre l'analogie qui s’opère depuis quelques années en Europe entre les nouveaux populismes d’extrême-droite et des mouvements féministes.




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voulaient qu’on sache d’où on vient, mes deux sœurs et moi. On me pose toujours la question : vous êtes de quelle origine ? » Aujourd’hui, Lucie s’est engagée dans la campagne de lutte contre l’orpaillage illégal, lancée par le WWF pour sauver la forêt amazonienne et le jaguar. « Je me suis investie et ça me tient à cœur. »

illustration

presscode,

d’après une

photo de l’agence

Crescendo

FOCUS

portrait de lucie décosse

Une femme en or La femme du xxie siècle, c’est aussi la sportive. De grandes championnes font vibrer le cœur des Français. Parmi elles, Lucie Décosse. A 31 ans, la judoka est triple championne du monde, quatre fois championne d’Europe et depuis l’été dernier à Londres, championne olympique.

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ur le tatami je suis une femme de combat, en dehors c’est plus difficile, je n’ai pas le temps », confie la jeune femme. Être athlète lui prend toute son énergie. D’ailleurs Lucie Décosse repart pour un nouveau combat et une médaille au Mondial de Rio (26 août1er septembre 2013). Sa défaite au Tournoi de Paris en février dernier, après dix médailles remportées dans cette compétition, l’avait énervée, sur le coup. Aujourd’hui, elle relativise : « Je suis une compétitrice mais ce n’est pas un drame non plus de finir troisième et pas première. » Ses doutes sur ses capacités aux prochains mondiaux se sont vite estompés. « J’ai vraiment envie de décrocher le titre, j’en suis largement capable. »

Une femme reconnue Elle a été élue « Femme de l’année 2011 » (Prix RTL/Marie-Claire), « un honneur » pour elle mais surtout une fierté que le sport soit ainsi mis en lumière. « Ça fait plaisir que parmi d’autres femmes qui avaient réussi dans leur domaine, ils aient choisi une sportive. » Pour elle, le traitement médiatique entre les sportifs et les sportives est différent. « Ce n’est pas plus difficile pour une femme mais c’est un environnement qui est beaucoup plus masculin. Même si ça change un peu. » Au 1er janvier, la Fédération française de judo compte 26 % de femmes parmi ses licenciés, un chiffre en constante progression. Quant aux commentaires sexistes, « il y a tout le temps des remarques comme quoi ce ne serait pas du « vrai » sport », déplore la judoka. Pour autant, « il y a de la place pour tout le monde, surtout dans le judo. Quand on commence enfant, c’est mixte ». Et la médaillée de conclure : « Finalement dans le sport, c’est moins compliqué qu’en politique, car on te juge sur tes résultats. Tu es championne ? Tu es championne. On ne peut pas te l’enlever sous prétexte que tu es une femme ». Mélanie Klein

Dates clés Ensuite, c’est sûr, elle arrête. Elle prend le large. « Après 15 ans de haut niveau, où toute ma vie a été dirigée par le sport, j’ai envie de prendre du temps pour moi et d’encaisser l’arrêt de ma carrière ». Au programme, des voyages mais « pas en touriste avec un sac à dos ». Non, ce que souhaite la judoka, c’est transmettre. Elle ira donc là où elle est invitée, pour des stages, des démonstrations, en commençant par Tahiti à l'automne prochain. Et peut-être aussi sur l’île de la Réunion. Une femme métisse L’outre-mer français, Lucie Décosse le connaît bien. C’est en Guyane, département d’origine de sa mère, « son pays », que la judoka a remporté sa première médaille d’or. Elle y vit de 13 à 16 ans. « Mes parents

1981 Naissance à Chaumont, Haute-Marne 2000 Premier titre mondial décroché en junior en Tunisie 2002 Premier titre de championne d’Europe sénior en Slovénie 2005 Premier titre mondial au Caire en moins de 63 kg. Elle sera par la suite deux fois championne du monde des moins de 70 kg 2012 Première médaille d’or olympique à Londres

RESPECT MAG n°37 21


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Investir le mobilier urbain et l’espace public en dansant ! La chorégraphe Isabelle Maurel s’est entourée d’une cinquantaine de jeunes femmes, en clôture des 10 ans du Parcours filles-femmes organisé en mars dans le 11e arrondissement de Paris par le Comité métallos, à l’occasion de la Journée de la femme.

enquête

La ville appartient-elle aux hommes ? De la drague agressive à l’absence de toilettes publiques, les femmes sont-elles bienvenues dans la ville ? Si l’espace public semble mixte au premier abord, en réalité, à l’heure de la parité, il « souligne avec éclat la différence des sexes ». (1)

C

ompter les personnes arrivant dans un café ou un bar et noter s’il s’agit d’hommes ou de femmes. L’expérience peut paraître anecdotique, mais pour Chris Blache et Pascale Lapalud, cofondatrices de l’association Genre et ville, il s’agit là de démonstrations empiriques prouvant l’absence des femmes dans l’espace public. « On s’est aperçu que la maladie était avancée », ironisent-elles. Sur les bancs, dans les parcs, dans les beaux quartiers ou les arrondissements populaires, la sociologue et l’urbaniste font le même constat. « Bien sûr, on croise des femmes dans la rue, mais combien ? Et que fontelles ? La plupart traversent l’espace, passent, portent [les courses, les poussettes, NDLR], c’est-à-dire des actions relatives au domestique, et rares sont les femmes qui s’arrêtent », 22 RESPECT MAG n°37

affirme Pascale Lapalud. L’association défend l’idée que la ville serait un univers d’hommes : construite, pensée et occupée par eux. « Dans les sociétés occidentales, on a le sentiment que la ville est émancipatrice et les rues faites pour tout le monde, explique en écho Sylvette Denèfle sur le site metropolitiques.eu. Une vision “genrée” de la ville, c’est cesser de considérer que les services sont offerts de façon indifférenciée à l’ensemble de la population. » Aménagement urbain Plus d’éclairages, plus de toilettes publiques, trottoirs adaptés aux poussettes, allées dégagées… De petits détails nécessaires à l’amélioration du vivre ensemble, selon les adhérentes de la Maison des femmes de Montreuil (SeineSaint-Denis). « Comment peut-on être fière d’être

une femme, alors qu’elles ne sont ni prises en compte ni valorisées dans l’espace public ? », se demande Roselyne Rollier, présidente de l’association. « Il n’y a pas nécessairement de disparités entre hommes et femmes, répond Louise Montout, urbaniste spécialisée dans les questions de genre. Je pars du postulat que l’espace public est créé de manière mixte, mais que les femmes s’auto-censurent dans son utilisation. » La faute au poids de l’éducation, selon elle. Se réapproprier la ville, devenir actrices de leur environnement. C’est justement l’intention des « marches exploratoires », une expérience née au Canada dans les années 90. « Les marches exploratoires ont été pensées principalement par et pour les femmes, pour déconstruire les stéréotypes de genre tout en construisant des solutions d’intérêt général, dans la mesure

© comité metallos

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3 QUESTIONS À… Vincent Cespédès

Philosophe, auteur de L’homme expliqué aux femmes (éd. Flammarion)

« Les femmes doivent se mettre en guérilla » Que faire pour que la ville soit mieux partagée ?

Le problème c’est que les hommes réalisent un véritable hold-up de l’espace urbain, et la femme est forcément une proie. Il faut y voir une immense faute citoyenne. Alors l’étape obligatoire c’est le combat, car la rue est une arène, un territoire de chasse. Les femmes doivent se mettre en guérilla (60 % des hommes s’écrasent quand une femme hausse le ton) puisque leurs homologues masculins n’ont aucun intérêt à leur laisser plus de place dans la ville : ils y laissent libre cours aux instincts et aux frustrations.

Didier Pruvot © Flammarion

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où, lorsque les femmes ne sont plus exclues, l’inclusion profite à tous », est-il noté sur Le guide pratique des marches exploratoires : des femmes s’engagent pour la sécurité de leur quartier (éd. du CIV). Concrètement, de petits groupes de femmes parcourent ensemble des sites urbains : « L’occasion de se demander pourquoi avoir peur et si cela est justifié », dixit Roselyne Rollier. Car la problématique liée à la sécurité est loin d’être négligeable. « Harcèlement de rue » L’expression a fait le tour d’Internet en août dernier, avec la médiatisation du documentaire “Femme de la rue”, réalisé en caméra cachée par Sofie Peeters. On y constate les remarques à caractère sexuel, proférées à son égard dans les rues de Bruxelles. « Les auteurs de ces insultes sont souvent des personnes désœuvrées, qui n’ont pas grand-chose à faire et dont la drague est l’occupation principale », analyse Virginie Vilar, auteur du reportage « Harcèlement de rue » diffusé en avril dans Envoyé spécial sur France 2. « Aujourd’hui, une femme dans l’espace public ne se sent pas libre de ses mouvements », explique-t-elle. « Je ne me sens pas à ma place », confiait-elle justement à la caméra, en arrivant sur une esplanade de la ville de Mantes-la-Jolie (Yvelines). Une impression partagée par nombre de femmes, qui évitent

A Madrid, Paris et dans d’autres villes européennes, des « taxis roses » sont réservés aux femmes

alors certains lieux, développent des stratégies (pas de regard frontal, pas de jupe, pas de maquillage, etc.) ou même, s’interdisent les sorties. L’Insee révèle que 14 % des femmes se sentent en insécurité dans leur quartier, contre 7 % des hommes. Le chiffre monte à 18 % pour les femmes de moins de trente ans (2). La ville de Montréal a tenté une expérience à ce sujet en collant des affichettes « Women friendly » sur les devantures de certains magasins. A Madrid, Paris et dans d’autres villes européennes, des « taxis roses » sont réservés aux femmes. « C’est à double tranchant : si cela évite aux femmes de se faire agresser tant mieux, mais le problème n’est pas pris à la source. Le travail de réveil

Comment agir sur ce phénomène de domination que vous décrivez ?

Je prône une urbanité démocratique, or aujourd’hui, il y a des interdits implicites qui empêchent le fonctionnement d'une réelle démocratie. En France, il y a quelque chose de très machiste, qui provient d’une sorte de latinité patriarcale et sexiste. Dans les pays anglo-saxons, les femmes se sentent plus libres. Il faut que la France trouve sa propre élégance, sa propre façon d’accueillir les femmes dans la ville.

Il faut sensibiliser au fait que l’espace urbain appartient à tout le monde. Pour cela, réhabiliter une forme de galanterie relationnelle me semble urgent, car il y a un gros problème au niveau de la sociabilité urbaine. Il faut comprendre qu’une femme qui est en sécurité, cela permet la joie de vivre, la vraie rencontre. Nous avons tous à y gagner. Propos recueillis par Émilie Drugeon

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© comité metallos

Comment créer les conditions d’une bonne ambiance urbaine ?

Le 24 mars à Paris, l’urbaniste Pascale Lapalud et les participantes du Parcours fillesfemmes : des femmes dans la ville, proposaient de rebaptiser la place Roger Linet du nom de la résistante et syndicaliste Suzanne Masson. « Elle donnait des cours aux ouvriers, juste à côté d’ici, impasse de la Baleine », précise Joëlle Morel, présidente du Comité métallos.



FOCUS

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© paule kingleur / paris label

des consciences est essentiel », indiquent les fondatrices de Genre et ville. Insultées, sifflées, agressées… Quelques « tentatives de séduction en milieu urbain » sont recensées sur la plate-forme « Paye ta shnek » (un mot d’argot désignant le sexe féminin) qui en disent long sur le harcèlement quotidien que subissent les femmes.

« Souvent les pictogrammes n’ont pas de genre, ils sont donc automatiquement masculins », souligne l’artiste Paule Kingler, du collectif Paris Label. Transformer un cycliste en cyclette, détourner la signalétique urbaine pour faire de l’espace public un espace ludique, est l’objectif de l’artiste qui compte bien « récidiver ».

Changer d’imaginaire « Tout est fait pour penser que la femme est une proie et que l’homme est un prédateur », alertent Chris Blache et Pascale Lapalud. Elles donnent pour exemple les « Conseils aux femmes » du ministère de l’Intérieur, qui note qu’« en raison de leur sexe et de leur morphologie, les femmes sont parfois les victimes d’infractions particulières. » Ces militantes du groupe d’action féministe La Barbe, ont interpellé la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, qui s’est engagée à faire retirer ces propos du site Internet. Contre toute attente, l’Insee nous apprend d’ailleurs que la plupart des agressions n’ont pas lieu dans la rue, mais chez soi (3). « Nous ne sommes pas

sortis de cette représentation religieuse : la femme est au foyer, dans le gynécée, analyse Louise Montout. L’idée de la femme protégée, à l’intérieur, véhicule une image victimisée que les femmes elles-mêmes intériorisent. » Autrement dit : la rue serait un danger pour les femmes, dites naturellement fragiles et vulnérables. Comme pour veiller au changement d’imaginaire, 12 « femmes remarquables » (Danielle Mitterrand, Silvia Monfort, Annie Girardot…) ont été mises à l’honneur, donnant leurs noms à des rues de Paris (4). Émilie Drugeon (1) C’est ce que déclare l’historienne Michelle Perrot dans « Le genre de la ville », au sujet de la cité au xixe siècle. In : Communications, 65, 1997. L’hospitalité. p. 149-163. (2) Insee, ONDRP, enquête « Cadre de vie et sécurité », 2011 (3) Les violences faites aux femmes, Insee Première n°1180, février 2008 (4) A l’occasion du 8 mars dernier, a indiqué Mehdi Thomas Allal, chef de cabinet de Fatima Lalem, adjointe au maire de Paris chargée de l’Égalité femmes-hommes.

Micro-trottoir

La ville est-elle un univers d’hommes ?

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Seïf Zliaa, 30 ans, pâtissier, Paris

Coline Lorent, 23 ans, étudiante, Paris

© émilie drugeon

Salim Khelif, 50 ans, commerçant et étudiant, Créteil

© émilie drugeon

© émilie drugeon

Jean-Luc Renault, 50 ans, commerçant ambulant, Limeil

« Je trouve la ville plutôt mixte, mais cela dépend des quartiers. Même en tant qu’homme, on ne se sent pas à l’aise partout. Ce serait quoi une ville adaptée aux femmes ? »

« Je ne sais pas si la ville est pensée pour les hommes, mais elle a tendance à être masculine. En France, la femme est chez elle à 20 heures, les bistrots sont donc un milieu d’hommes. »

« Pour moi, la ville n’est pas hostile... En tout cas je m’y sens à l’aise. Si on prend l'exemple des transports, les Vélib parisiens, avec leurs petits paniers et la forme du cadre, sont plus adaptés aux femmes qu'aux hommes ! »

© darnel lindor

« Pas spécialement, la ville est paritaire. Elle n’est pas plus menaçante pour une femme. Par contre, il y a vraiment un problème de toilettes publiques ! »



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© Ludovic Ta

illandier

FOCUS

rencontre

Hapsatou

la Sy reine Lumineuse, charismatique. Hapsatou Sy a créé une enseigne à son nom, mêlant soins esthétiques et conseil en image. Des salons « où toutes les beautés se rencontrent », cités en exemple de réussite entrepreneuriale. Portrait d’une femme audacieuse.

B

usiness woman, c’est ce que je voulais faire étant petite ! », plaisante Hapsatou Sy. La médiatique entrepreneuse a tracé son chemin avec grâce, ténacité et une envie de « conquête du monde », comme elle l’avoue 28 RESPECT MAG n°37

volontiers. La jeune femme de 32 ans se souvient de l’été 2005 et de son premier salon de beauté sur l’île Saint-Louis au cœur de Paris, “Ethnicia”. « C’était le bon moment, raconte-t-elle. Il y avait un besoin évident de reconnaissance de toutes les

beautés dans un seul et même lieu. » Pour éviter tout amalgame communautariste, l’enseigne adoptera finalement le patronyme de l’élégante patronne en 2012. Plus question de « participer à des débats où je devais justifier que la femme noire existait


enfin. Ethnie ne signifie pas noir ou métissé, cela veut dire rassembler des valeurs de respect, de partage, d’ouverture d’esprit. » « J’ai vu trop grand » On décèle de la fierté lorsque, perchée sur ses (très) hauts talons, Hapsatou Sy évoque ses origines sénégalaise et mauritanienne, ses sept frères et sœurs, ses études. « J’ai mis un homme au monde », se plaît à dire son père. Passée d’un bac pro de secrétariat à un BTS en commerce international, elle « se rapproche de [son] rêve » : « être indépendante et libre ». Avec aujourd’hui 14 salons dans toute la France, l’entrepreneuse peut se vanter d’un chiffre d’affaires de 6,8 millions (2011), ainsi que d’une jolie popularité. Quelque

quant sa rencontre avec Jermaine Jackson sur la chaîne D8. « J’avais l’impression qu’il y avait un bout de Michael [Jackson, NDLR] qui swinguait avec nous et ça m’a fait un bien fou ! » L’émission en question c’est Le grand 8, qu’elle co-anime avec Laurence Ferrari, Audrey Pulvar, Roselyne Bachelot et Elisabeth Bost. Un défi pour Hapsatou Sy, qui n’est pas familière des codes télé. Même avec Oprah Winfrey pour modèle. Mais la jeune femme croit en elle et les projets foisonnent, comme étendre l’entreprise à l’international. « L’important pour un entrepreneur, c’est d’avoir envie de changer le monde par son action. » Et l’important pour elle ? Continuer à faire passer un message de société : « c’est possible ». Émilie Drugeon

peu ternie dernièrement. En janvier, Hapsatou Sy a mis un terme au projet « 100 femmes ont décidé de changer de vie », initié en 2010. Ce programme de franchise solidaire visait à proposer une formation et des aides spécifiques à des femmes qui souhaitaient se lancer dans l’entrepreneuriat. « Le plus difficile a été de prendre la décision de se mettre en redressement judiciaire », confie la chef d’entreprise. Une polémique a suivi sur Internet, les franchisées reprochant tour à tour méthodes de management ou ambitions excessives. « J’ai vu trop grand », confesse Hapsatou Sy. Avant d’ajouter : « La responsable c’est moi ; la coupable, je ne suis pas sûre. » L’international « Il faut avoir un moral d’acier quand on est entrepreneur. » La fonceuse cultive espoir et optimisme, avec « interdiction de râler ». Peut-être aidée par son penchant pour le chant et la musique, et ses coups de cœur du moment, Alex Hepburn, Faada Freddy, Imany… Aussi, la mélomane pétille en évo-

© Ludovic Taillandier

L'important pour un entrepreneur, c'est d'avoir envie de changer le monde par son action

Dates clés Avril 1981 Naissance à Chaville (92) Octobre 2010 Prix Rising Talent – Women’s Forum Juin 2011 Lauréate du Prix Trofémina, catégorie Business Novembre 2011 Sélectionnée pour représenter l’entrepreneuriat français au G20 Yes Mai 2012 Jury de l’émission L’inventeur 2012 sur M6 Septembre 2012, Devient l’une des animatrices de l’émission Le Grand 8 sur la chaîne D8


étienne Hoarau sur l'altiplano, la plaine d'altitude de Bolivie, à 4 000 m d'altitude.

VIDÉO

7 000 km à vélo malgré son handicap Il a parcouru le continent américain, des Etats-Unis au Chili avant de se lancer dans un périple, en béquilles, de Moscou à Pékin via le transsibérien. Frappé dans son enfance par le syndrome de Little, caractérisé par des raideurs des jambes, rien ne prédestinait étienne Hoarau aux grandes aventures. Il raconte ces improbables moments dans son livre :  à contre-pied, où le ton se fait cocasse. « Je m’apprête à repartir à vélo. En montant dessus, […] je me casse la figure. Une dame qui me demande s’il est “bien raisonnable de faire du vélo dans mon état”. J’imagine que si je lui disais que j’ai traversé comme ça l’Amérique, elle me regarderait avec suspicion. » Du livre est née sa maison d’éditions, Mille regards. Certainement son aventure la plus périlleuse. Stéphane Burgatt www.milleregards.fr

Conseil d'un Prix Nobel aux jeunes entrepreneurs européens Retrouvez le Professeur Muhammad Yunus, économiste et théoricien du microcrédit, Prix Nobel de la paix 2006 EN VIDÉO sur respectmag.com

© UP CONFéRENCES

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© éditions Mille Regards

FIL INFO


38%/, 5e'$&7,211(/

« N’ayez pas peur de nous. Il n’y a plus de tensions ici ! » C’est le cri d’alarme de Jalila, tisseuse de tapis à Béja, dans le nord-est tunisien. A la reconquête des touristes perdus, elle s’est rendue ce printemps à Marseille, avec d’autres artisans et le ministre du Tourisme tunisien. Objectif, enrayer la crise de confiance des Français. Avant la révolution de jasmin, plus d’un touriste sur sept était français. « Les gros clients d’hier sont les grands absents d’aujourd’hui », regrette Rachid, un tisseur de Tunis. « Soyons optimistes, tempère Mohamed Ali Chihi, consul de Tunisie à Marseille. La croissance du pays redécolle, on vise 4 % en 2013 et d’ici un an, le tourisme retrouvera son rythme de croisière. » Selon le ministère du Tourisme tunisien, après une fréquentation plombée au premier trimestre par l’assassinat de l’opposant politique Chokri Belaid, la courbe serait repassée au vert depuis le mois d’avril. Stéphane Burgatt

Pourquoi la mixité est-elle un enjeu fort pour Bouygues Construction ? ȏ Nous exerçons dans un secteur d’activité traditionnellement

masculin. C’est pourquoi, nous devons nous interroger sur la place que nous accordons aux femmes dans notre entreprise.

ȏ En effet, les femmes sont de plus en plus nombreuses © Stéphane Burgatt

parmi les jeunes diplômés qui nous rejoignent, et de plus en plus présentes dans les prises de décisions, y compris chez nos clients et partenaires. La complémentarité qu’elles apportent est une richesse indéniable.

Quelle est votre politique et votre ambition en matière de mixité ?

Portraits des artisans tunisiens à retrouver sur respectmag.com

En exclu sur le web

ȏ Depuis 2010, j’ai engagé une réflexion sur le sujet de la

mixité : la représentation des femmes à tous les niveaux de l’entreprise, la valorisation de leur place et la gestion de la parentalité pour tous.

ȏ Notre plan d’action consiste notamment à sensibiliser nos

3 525

C’est le nombre d’entreprises signataires de la Charte de la diversité en entreprise. Ces sociétés s’engagent à lutter contre toutes formes de discriminations et à mettre en place une démarche en faveur de la diversité. La Charte exprime la volonté d’agir des entreprises pour « mieux refléter dans leurs effectifs, la diversité de la population française ». Mélanie Klein www.charte-diversite.com

managers, accompagner nos collaboratrices à potentiel, favoriser le développement de notre réseau de femme et renforcer notre communication sur le sujet en interne pour lutter contre les stéréotypes.

ȏ Je souhaite également que les femmes soient mieux

représentées à tous les niveaux, et particulièrement aux postes opérationnels et dans les fonctions de management. Il ne s’agit pas de satisfaire à quelques quotas, mais plutôt de s’ouvrir à la richesse que les femmes peuvent apporter à l’entreprise et de garantir une équité parfaite dans l’accès à tous les postes, avec pour objectif de gagner en performance.

ȏ De plus, en améliorant la condition des femmes, on améliore

aussi la condition des hommes, et je suis convaincu des bénéfices qu’apporte la mixité, tant en interne qu’en externe.

Jean-Manuel Soussan, Directeur des ressources humaines de Bouygues Construction


LLE L’EXPO VIRTUE

Olé Chador (2011) Pastels tendres Format 50 x 70 cm

L’œuvre de Mihoub est une explosion de couleurs et de formes. « J’essaye de créer une composition sans faille, sans pour autant me soucier de l’esthétique, une fois que le geste est fini, il y a comme une énergie libérée. Mon corps est le premier outil d’expression, et moi j'en suis le dernier responsable. »

MIHOUB

STE en PARCOURS D’ARTI Algérie en 1976. Un mois plus tard, il part vivre e

Les œuvres de Mihoub sont à découvrir sur respectmag.com du 21 mai au 30 septembre

En exclu sur le web

32 RESPECT MAG n°37

Oran en s-Avignon, petit villag Mihoub Aouail naît à enfance à Morières-le son se pas tures Il ts. en par cisco, en quête d’aven France avec ses part pour San Fran il , fois, 01 ère 20 mi En . pre la nce r Fra du sud de la Il a 26 ans et pou ens, lo Coehlo L'alchimiste. éri Pao Alg de re les r liv le Pou s. par é ise pir et ins le cul entre deux cha ais j’av , le nce enu Fra dev n s « E Francisco je sui il se sent français. is, un étranger. A San nça tes Fra tou les s r sou pou t et l’ar du de j’étais un ven Il tombe amoureux i boit des verres de vin ». découvre le “marrocan-frenchie” qu es de San Francisco. Il eri gal ses reu mb no du les t ran , écrivain et fondateur ses formes. En parcou l’instar d’André Breton A lic. sse déc lai un , me je ste e, ali cré courant surré instinct. « Quand je laisse guider par son apparaître. mouvement, Mihoub se sure, je vois des formes me à et fur au et re, libè se i puise son inspiration guider par l’énergie qu nse, un ballet. » Mihoub da e un me création com st c’e Pollock, adeptes de la Une composition; Dalí ou encore Jackson ro, propre Mi me son s com dan tes e ag rtis auprès d’a ier verniss organise son prem seul ». t il , ven 03 sou e 20 pos En j’ex e. is né ma sponta xpose rarement, « J’e : ns  tio osi Son t. exp tan es au utr r rage pas pou jardin. Suivront d’a er, Mihoub ne se décou loy r le pou er s pay yen à mo pas es t utr Si cela ne suffi besoins par d’a rà de créer et subvenir à ses deu ter ven s rrê sui s’a je , ais vie jam ma ne credo, nd paradoxe de de son art. « C’est le gra is j’y reviens ne pas être dépendant nd le pas sur mon art ma pre ça s foi par s, lot bou de up uco côté, j’ai fait bea via Villamy ent ancré en moi. » Oli toujours, c’est profondém



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Pas de révolution pour la laïcité Le retour du débat sur les signes religieux pousse le président Hollande à une réaction législative : un nouveau texte devrait être présenté d’ici l’automne. Le projet de loi concernera les seules crèches associatives, financées sur fonds publics. Comme pour la loi de 2004 sur les signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires publics, le virage s’annonce serré. La trajectoire est surveillée par le Conseil constitutionnel – la Constitution garantissant la liberté religieuse. L’annulation en mars dernier, par la Cour de cassation, du licenciement d’une jeune employée de crèche qui avait refusé de retirer son voile avait divisé l’opinion publique. Stéphane Burgatt


Š DARNEL LINDOR

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La religion peut-elle être source de tensions dans l’entreprise ? Le point de vue de Patrick Banon, directeur de l’Institut des sciences de la diversitÊ et Êcrivain. En vidÊo sur respectmag.com

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ParitĂŠ en entreprise : le gouvernement sanctionne ! Deux entreprises ont ĂŠtĂŠ sanctionnĂŠes pour non-respect de la loi de 2010 visant Ă garantir l’ÊgalitĂŠ salariale entre hommes et femmes, pour les structures de plus de 50 salariĂŠs. La nouvelle a ĂŠtĂŠ annoncĂŠe par Najat VallaudBelkacem, ministre des Droits des femmes Ă l’occasion de la JournĂŠe internationale pour l’ÊgalitĂŠ des salaires, cĂŠlĂŠbrĂŠe le 25 avril. L’une des entreprises siĂŠgeant en Aquitaine ĂŠcope d’une amende de 8 500 ₏. L’autre, en Ile-de-France, a reçu une amende de 5 000 ₏ soit 1 % de sa masse salariale Ă payer jusqu’à ce que la loi soit appliquĂŠe. Marie-France Makutungu

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DANS LES PROCHAINS NUMÉROS : S�������� 2013 : Le respect au lycÊe N������� 2013 : Handicap, une jeunesse en mouvement

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AGENDA

A ON VOUSU AUR PRéVEN !

jusqu’au 31 juillet / PariS

Pour une vie meilleure

LEs 6 ET 7 JUILLET / Carentoir (Morbihan)

Le handicap sous les feux de la rampe Pour la 13e année consécutive, le festival Handistars fait monter des artistes handicapés sur les planches. Au programme, danse, chant, théâtre, poésie, mimes et percussions pour le plus grand plaisir de tous. Pour venir les applaudir, rendezvous le samedi 6 et le dimanche 7 juillet à la ferme du monde. www.lafermedumonde.com

Cinquante photographies de Gérald Bloncourt sont exposées à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration à Paris jusqu’au 31 juillet. En 1964, l’artiste découvre l’existence du bidonville de Champigny et se lie d’amitié avec ses habitants. Dès lors, il n’aura de cesse de photographier le quotidien de ceux qui vivent en marge, des camps de l’Abbé Pierre à Noisyle-Grand en passant par les rues de Lisbonne où la révolution des œillets ébranle la dictature de Salazar, Gérald Bloncourt met son art au service de son engagement. Entrée libre au Palais de la Porte Dorée. 293, av Daumesnil. 75012 Paris

Marseille

un dialogue entre l’art, la prison et la sociEtE

« In love we trust » C’est le titre de la 15e édition des Solidays qui se déroulera du 28 au 30 juin 2013. De nombreux artistes feront vibrer la pelouse de l’hippodrome de Longchamp, les Nantais de C2C, Lilly Wood and the Prick, Wax Tailor ou encore le rappeur Kery James seront de la partie. Comme chaque année, les bénéfices du festival seront reversés à des associations de lutte contre le sida, raison de plus pour aller en profiter. Billetterie en ligne : www.solidays.org

© lieux fictifs / j. cesarini

DU 28 AU 30 JUIN / PARIS

Dans le cadre de MarseilleProvence 2013, l’association Lieux Fictifs investit la friche de la Belle de Mai avec son projet Frontières dedans/dehors. Le projet s’articule autour de trois événements, une adaptation cinématographique autour du texte de Bernard-Marie Koltès interprétée par 27 prisonniers des Beaumettes et habitants de la ville de Marseille, une exposition de films courts réalisés par des détenus et une conférence européenne autour de la question de la création artistique comme moyen de réinsertion des détenus. Infos et réservations : www.lafriche.org


Seniors cherchent accompagnateurs pour les vacances Ils sont âgés, souvent isolés mais n’en ont pas moins le droit aux vacances. Les seniors peuvent compter sur les Petits frères des pauvres pour leur proposer un ailleurs. La fondation dispose de 18 maisons de vacances en France. A la

mer ou à la campagne, plus de 2000 personnes en ont bénéficié l’été dernier. Pour que ces parenthèses restent possibles, les besoins en bénévoles sont constants. Pour participer : 0 825 833 822 (0,15€/min) ou www.petitsfreres.asso.fr

DU 5 AU 26 JUILLET / Avignon

© Kiripi Katembo Siku

L’Afrique mise A l’honneur L’Afrique s’invite à la 67e édition du festival d’Avignon du 5 au 26 juillet, sous l’impulsion de Dieudonné Niangouna, artiste associé du festival et originaire de Brazzaville. Avec la présence d’artistes comme Faustin Linyekula, Qudus Onikeku ou Brett Bailey, mais aussi la création de spectacles liés à l’Afrique comme la pièce de Milo Rau Hate radio, qui revient sur le génocide des Tutsi au Rwanda. Réservations sur www.festival-avignon.com


AGENDA

A ON VOUSU AUR PRéVEN !

DU 5 AU 7 JUILLET / Reims

le 8 juin / PariS

© cinésourd-CDO 2011

C’est bon signe !

Peut-on être féministe et musulmane ?

C’est la question à laquelle l’Institut des cultures d’Islam tentera d’apporter une réponse lors d’un brunch littéraire. Pour rompre avec les stéréotypes associés aux femmes musulmanes, Marie Poinsot, rédactrice en chef de la revue Hommes et migrations, vous invite à débattre sur les formes de participation politique de ces femmes. Réservations : 01 53 09 99 84, infos sur www.institut-cultures-islam.org

Le succès d’un festival ne se mesure pas au nombre de décibels, la preuve avec le festival Clin d’œil, qui depuis 2003 vise à promouvoir la diversité artistique de la communauté sourde et malentendante. Pendant trois jours, le festival ouvre un espace accessible aux sourds comme aux personnes entendantes, grâce à des rendez-vous autour du théâtre, de la danse, de l’audiovisuel, de la peinture ou encore de la sculpture. Rendezvous du 5 au 7 juillet au Centre des congrès. www.clin-doeil.eu

jusqu’au 2 juin / PARIS

Dessine-moi l’Afrique Initier les enfants des pays africains à la création artistique, c’est le projet porté par l’association Ecole d’art au village. Depuis mai 2009, des ateliers de création sont organisés dans 15 pays d’Afrique et en France. Plasticiens, peintres, photographes et architectes mêlent dessins d’enfants et photographies. Les œuvres sont exposées jusqu’au 2 juin à la Dorothy’s Gallery, 27 rue Keller dans le 11e arrondissement de Paris, les mercredis et samedis de 13h à 19h et le dimanche de 16h à 19h. Renseignements : www.dorothysgallery.com

LES 7 et 14 JUILLET & 18 et 25 août / PARIS

Ateliers de cuisine du monde Cet été, le parc de la Villette à Paris propose des ateliers de cuisine du monde, auprès de chefs expérimentés. Vous pourrez approfondir votre connaissance de la cuisine vietnamienne (le 7 juillet), africaine (le 14 juillet), argentine (le 18 août) ou encore indienne (le 25 août). 30 euros l’atelier de 3 heures, 20 euros avec la carte Villette. Réservation sur www.villette.com

Du 10 au 20 juillet / Marseille

Europride 2013

Cet été, Marseille, capitale européenne de la culture 2013, accueille l’Europride. Du 10 au 20 juillet, la cité phocéenne sera le théâtre de nombreuses manifestations : expositions d’art contemporain, concerts, conférences et marche des fiertés pour défendre les droits de la communauté LGBT. Plus d’une quarantaine d’associations établiront leurs quartiers au sein du village associatif à la Friche de la Belle de Mai. Renseignements sur www.europride2013.com

le 12 et 19 juiLLET / Aix-en-Provence

© sophiepecresse

Opéra pour tous !

38 RESPECT MAG n°37

Depuis 2007, le festival d’Aix-en-Provence organise des projections gratuites de ses productions. L’occasion de découvrir les grands classiques de l’opéra, en plein air. Cette année, rendez-vous à Marseille, Aix-en-Provence, Vauvenargues, Draguignan, Aubagne, Eguilles, Rousset, Istres, Toulon et Pertuis, vendredi 12 juillet pour la projection de Rigoletto de Verdi, et vendredi 19 juillet pour la projection d’Elektra de Richard Strauss. www.festival-aix.com




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