Ulisse n.15

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204 Ascoltando Le fleuve di Yves Bonnefoy Le fleuve Mais non, toujours Dřun déploiement de lřaile de lřimpossible Tu třéveilles, avec un cri, Du lieu, qui nřest quřun rêve. Ta voix, soudain, Est rauque comme un torrent. Tout le sens, rassemblé, Y tombe, avec un bruit De sommeil jeté sur la pierre. Et tu te lèves une éternelle fois Danse cet été qui třobsède. À nouveau ce bruit dřun ailleurs, proche, lointain; Tu vas à ce volet qui vibre… Dehors, nul vent Le choses de la nuit sont immobiles Comme une avancée dřeau dans la lumière. Regarde, Lřarbre, le parapet de la terrasse, Lřaire, qui semble peinte sur le vide, Les masses du safre clair dans le ravin À peine frémissent-ils, reflet peut-être Dřautres arbres et dřautres pierres sur un fleuve. Regarde ! De tout tes yeux regarde ! Rien dřici, Que ce soit cette combe, cette lueur Au faîte dans lřorage, ou le pain, le vin, Nřa plus cet à jamais de silencieuse Respiration nocturne qui mariait Dans lřantique sommeil Les bêtes et les choses anuitées À lřinfini sous les manteau dřétoiles. Regarde La main qui prend le sein, Et reconnaît la forme, en fait saillir La douce aridité, la main sřélève, Médite son écart, son ignorance, Et brûle retirée dans le cri désert. Le ciel brille pourtant des mêmes signes, Pourquoi le sens A-t-il coagulé au flanc de lřOurse, Blessure inguérissable qui divise Dans le fleuve de tout à travers tout De son caillot, comme un chiffre de mort, Lřafflux étincelant des vies obscures ? Tu regardes couler le fleuve terrestre, En amont, an aval la même nuit Malgré tous ces reflets qui réunissent Vainement les étoiles aux fruits mortels.

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