Rapport rndh2013

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soins de santé, d'instruction et d'accès au marché du travail. Pour mieux réduire les déficits de développem ent humain dus aux inégalités de genre, les actions de l'Etat doivent être suivies par les populations, ce qui n'est souvent pas le cas, car de nombreux ménages restent encore attachés à des habitudes culturelles, ce qui limite les effets des actions dans la lutte contre les inégalités de genre. A cet aspect, on pourrait aussi ajouter la paupérisation au niveau monétaire de la population, qui a contribué à accroître les inégalités dans certaines régions en augmentant la précocité des rapports sexuels des adolescentes. Selon l'enquête EIS 2005, le taux de précocité des rapports sexuels est de 24%. Dans le même ordre, une enquête dans un lycée d'Abidjan sur 384 élèves âgés de 14 à 19 ans montre que 53,7% étaient sexuellement actifs avec un âge moyen de 14,9 ans. Ces informations sont en adéquation avec le taux d'accroissement de la fécondité des adolescentes dans la ville d'Abidjan (14,6%), taux le plus élevé entre 2002 et 2008. Entre 2008 et 2011, les taux les plus élevés sont ceux du Centre-nord (8,2%) et du Sud (5,8%). Le déficit de santé maternelle, un effet de propagation de l’inégalité de genre Même si dans beaucoup de régions la santé de la reproduction s'est améliorée, elle reste la dimension qui tire l'inégalité vers le haut. En 2002, c'est plutôt la santé maternelle qui a affecté l'indice d'inégalité de genre. Le coefficient de corrélation est de 62,2% contre 4,9% pour la fécondité des adolescentes. Entre 2008 et 2011, le taux de mortalité maternelle est supposé constant faute de nouvelle enquête sur la période. Sur cette période, le taux de fécondité des adolescentes a pris le relais avec un coefficient de corrélation de 70,5%. Dans les deux cas, la santé de la reproduction semble être la variable qui accentue l'inégalité de genre en Côte d'Ivoire. En effet, la santé génésique des filles et des femmes est comparée aux objectifs sociétaux ; on devrait aspirer à avoir aucune mort maternelle et aucune grossesse d'adolescente. La justification est que la maternité sans risque reflète l'importance que la société accorde au rôle de mère. Quant à la grossesse précoce, elle est associée à des risques accrus pour la santé maternelle et infantile. Les mères adolescentes sont également contraintes de quitter l'école et d'occuper des emplois non qualifiés, ce qui accroît la pauvreté monétaire et multidimensionnelle en affectant l'un des indicateurs d'autonom isation à savoir la

proportion de femm es ayant un niveau secondaire et supérieur. Ainsi, le Centre-est où le taux de fécondité des adolescentes (228 pour 1000) est le plus élevé en 2002, enregistre également l'inégalité la plus élevée. Au Nord-est, le taux de mortalité maternelle est la plus élevé en 2002 et est associé à une inégalité très élevée. Ces observations associées aux coefficients de corrélation montrent bien le rôle de la santé de la reproduction dans le déficit de développement humain dû aux inégalités de genre. La participation des femmes dans les instances de décisions politiques, une action à encourager La proportion des femm es dans les instances de décisions politiques reste faible en Côte d'Ivoire. Depuis la législature de 2001, les femmes occupent 8,9% des sièges contre 4,6% et 8% respectivement en 1990 et 1995. Au niveau des autres postes de décision dans les collectivités locales, les femmes sont au nombre de 9 maires sur 1997 et seulement une femme a été élue présidente de Conseil Général sur les 58 départem ents avant le dernier découpage du territoire ivoirien. Plusieurs raisons évoquées dans les sections précédentes peuvent être avancées pour expliquer la faible représentativité des femmes aux instances de décision politiques. L'analyse des données montre que la participation aux instances de décisions politiques des femmes a un effet positif sur la réduction du déficit de développem ent humain dû à l'inégalité de genre. Au Nord-est où l'indice d'inégalité de genre a connu la baisse la plus importante, la participation des femm es aux instances de décisions politiques a augmenté. Au Nord-ouest, l'IIG a augmenté de 3,1% suite à une diminution de la participation des femmes aux instances des décisions politiques de 54,2%. A Abidjan ville, l'IIG a baissé du fait d'un accroissement de 42,9% de la participation des femm es aux instances de décision politique. La corrélation est bien négative entre la participation des femmes aux instances de décision politique et l'IIG. Elle est de -90,8% sur la période 2002-2011 qui est caractérisée par un changem ent de législature avec un accroissement de 10,6% du nombre de femm es à l'hémicycle.

Le déficit de santé maternelle, un effet de propagation de l’inégalité de genre

La participation des femmes dans les instances de décisions politiques, une action à encourager

CHAPITRE II : RALENTISSEMENT DU DEVELOPPEMENT HUMAIN ET MONTEE DES PRIVATIONS


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