Jean Luc PARANT

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edizioni roberto peccolo livorno

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Jean-Luc parant

t exte s d e s cri t t i d i Sandro Ricaldone J e a n -L u c P a r a n t P h i l i pp e B e c k Kristell Loquet


n. 57 JEAN-LUC PARANT luglio-settembre 2007 juillet-septembre 2007 Ce catalogue est publié à l’occasion de l’exposition Catalogo edito in occasione della mostra n. 309 alla Galleria Peccolo piazza della Repubblica, 12 57123 Livorno Copyright degli Autori Realizzazione e stampa: Debatte Otello srl - Livorno


Sandro Ricaldone

Sandro Ricaldone

Dici di aver cominciato a scrivere quando ti sei accorto che non vedevi i tuoi occhi.

Tu dis avoir commencé à écrire quand tu t’es aperçu que tu ne voyais pas tes yeux.

Mi viene da chiedere se, allora, hai provato paura. Mi viene da chiedere perché gli occhi che disegnavi all’inizio degli anni ’60 – occhi stesi ad asciugare, occhi con le corna, occhi stiracchiati, occhi compressi da una molla – fossero occhi tormentati. Mi viene da chiedere se vedere sia già una forma di pensiero. Mi viene da chiedere se vedere sia un altro modo di toccare ciò che non puoi raggiungere.

J’ai envie de te demander si tu en as éprouvé de la peur. J’ai envie de te demander pourquoi les yeux que tu dessinais au début des années 60 – yeux étendus, yeux séchant au soleil, yeux cornus, yeux étirés, yeux comprimés par des ressorts – étaient des yeux tourmentés. J’ai envie de te demander si voir est déjà une forme de pensée. J’ai envie de te demander si voir est une autre façon de toucher ce que tu ne peux pas atteindre.

Dici che quando abbiamo gli occhi chiusi abbiamo egualmente gli occhi aperti. Dici che quando abbiamo gli occhi aperti abbiamo lo stesso gli occhi chiusi.

Tu dis que lorsque nous avons les yeux fermés nous avons également les yeux ouverts. Tu dis que lorsque nous avons les yeux ouverts nous avons aussi les yeux fermés.

Dici di aver modellato le boules perché non vedevi la tua testa, perché non vedevi a cosa somigliavi.

Tu dis avoir modelé des boules parce que tu ne voyais pas ta tête, parce que tu ne voyais pas à quoi tu ressemblais.

Mi viene da pensare che le boules si siano staccate dal tuo corpo perché volevano moltiplicarsi. Mi viene da pensare alle boules come ad una materia creata dai gesti. Mi viene da pensare alle boules come un tutto pieno che è anche un tutto vuoto. Mi viene da pensare alle boules come a involucri creati per nascondere il senso. Mi viene da pensare al destino delle boules. A come il caso le ordina. A come il peso le deforma. Mi viene da pensare che hai pubblicato il tuo grand livre presso le Editions de la Différence e che le boules sono la differenza ripetuta centinaia e centinaia di volte.

Il me vient à penser que les boules se sont détachées de ton corps parce qu’elles voulaient se démultiplier. Il me vient à penser aux boules comme à une matière créée par les gestes. Il me vient à penser aux boules comme à un tout plein qui est en même temps un tout vide. Il me vient à penser aux boules comme à des enveloppes créées pour cacher le sens. Il me vient à penser à la destinée des boules. À la façon dont le hasard les dispose. Au poids qui les déforme. Il me vient à penser que tu as publié ton Grand Livre aux éditions de La Différence et que les boules sont la différence répétée des centaines et des centaines de fois. 3


Mi viene da pensare alle boules come arnesi fatti per rotolare e che stanno fermi. Mi viene da pensare alle boules come a bulbi che non fioriscono. Mi viene da pensare alle boules come sillabe di una frase ininterrotta. Mi viene da pensare alle boules come un habitat indifferente. Mi viene da pensare alle boules come pietre d’una piramide a sfera. Mi viene da pensare che basterebbe ritagliare le boules per farle diventare dei libri.

Il me vient à penser aux boules comme à des outils faits pour rouler et qui se seraient arrêtés. Il me vient à penser aux boules comme à des bulbes qui ne fleurissent pas. Il me vient à penser aux boules comme aux syllabes d’une phrase ininterrompue. Il me vient à penser aux boules comme à un habitat indifférent. Il me vient à penser aux boules comme aux pierres d’une pyramide à sphères. Il me vient à penser qu’il suffirait de découper les boules pour les faire devenir des livres.

Dici che possiamo leggere, scrivere, disegnare perché siamo lontani, così lontani che ci basta posare la mano sulla pagina che leggiamo per renderci conto che non c’è nulla sotto la mano senza i nostri occhi.

Tu dis que nous pouvons lire, écrire et dessiner parce que nous sommes loin, si loin qu’il nous suffit de poser la main sur la page que nous lisons pour nous rendre compte qu’il n’y a rien sous la main sans nos yeux.

Ma dici anche che i libri sono leggibili perché li possiamo toccare.

Mais tu dis aussi que les livres sont lisibles parce que nous pouvons les toucher.

Questo mi ricorda che i libri sono prima di tutto materia, nella loro etimologia, corteccia. Sono piante: papier, papyrus. Oggi pasta di legno. Colla. Gesso. Inchiostro. Forse già nella loro oggettualità implicano un mondo: un sopra, un sotto, una direzione, l’aperto, il chiuso ecc. J. L. Nancy dice: un livre livre - il délivre, il libère … Un libro, come le boules, fa parte di una serie infinita.

Ceci me rappelle que les livres sont avant tout matière, dans leur étymologie: écorce. Ils sont des plantes: papier, papyrus. Aujourd’hui, pâte de bois. Colle. Craie. Encre. En tant qu’objets, ils impliquent la description d’un monde: dessus, dessous, avant, arrière, ouvert, fermé, etc. Jean-Luc Nancy dit: un livre livre – il délivre, il libère… Un livre, comme les boules, fait partie d’une série sans fin.

Cos’è allora la biblioteca? Un libro di libri, com’era stata pensata da Apollodoro e da Fozio? O forse un’estensione delle tasche dove tutto si mescola: fogli, monete, penne, chiavi, pastiglie alla menta? Forse una wunderkammer per stupire i visitatori con minerali screziati, uova di struzzo, animali esotici impagliati? Un’ossatura per le nostre flebili certezze? Un deposito di risposte che suscitano le nostre domande? Un’arca per fare naufragio o per salvarci dalla catastrofe?

Qu’est-ce alors qu’une bibliothèque? Un livre de livres, selon l’idée d’Apollodore et de Photios? Ou peut-être une extension de nos poches où tout se mélange: feuillets, monnaies, plumes, clés, pastilles à la menthe? Ou encore une Chambre des Merveilles pour étonner les visiteurs avec des minéraux bigarrés, œufs d’autruche, animaux exotiques empaillés? Une ossature pour nos faibles certitudes? Un dépôt de réponses qui suscitent nos questions? Une arche pour faire naufrage ou bien nous sauver de la catastrophe?

Mi viene da credere che questa sia una strana intervista.

Enfin il me vient à penser que cet entretien est un bien étrange échange.

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Jean-Luc Parant

Jean-Luc Parant

Quando mi sono accorto che non vedevo i miei occhi, ho scoperto che ciò che scrivevo lo scrivevo con i miei occhi che non vedevo. Ho scoperto che erano essi che scrivevano, che scrivevano parole intoccabili, senza toccare la carta della pagina. Poiché sotto la mia mano che traccia le parole, se le parole possono apparire grazie al tocco della mia mano, esse possono anche scomparire dietro di essa. Come il sole bruciante e troppo lontano per essere raggiunto scompare davanti alla mia mano tesa nel cielo. Le parole si scrivono con gli occhi, se no noi non potremmo rileggerle con essi, ma soltanto decifrarle con le mani. Se la mano tracciasse davvero i segni sulla pagina, - toccandoli con la mano – i segni ci toccherebbero rileggendoli. I nostri occhi hanno cominciato a vedere ciò che essi non vedevano quando hanno cominciato a toccare ciò che non era toccabile. Essi hanno cominciato a vedere quando hanno visto quello che le mani non potevano raggiungere, quello che il corpo non poteva avvicinare come il fuoco. Gli occhi hanno allora sostituito le mani per il lontano, come le mani nella notte sostituiscono gli occhi per quello che è vicino. Se gli occhi sono le mani del lontano, le mani sarebbero gli occhi della prossimità. Se le mani sono occhi per l’oscurità, gli occhi sono delle mani per la luce.

Quand je me suis aperçu que je ne voyais pas mes yeux, j’ai découvert que ce que j’écrivais je l’écrivais avec mes yeux que je ne voyais pas. J’ai découvert que c’était eux qui écrivaient, qui écrivaient des mots intouchables, sans toucher le papier de la page. Car sous ma main qui trace les mots, si les mots peuvent apparaître grâce au toucher de ma main, ils peuvent aussi disparaître derrière elle. Comme le soleil brûlant et trop éloigné pour être atteint disparaît devant ma main tendue dans le ciel. Les mots s’écrivent avec les yeux, sinon nous ne pourrions pas les relire avec eux, mais seulement les déchiffrer avec les mains. Si la main traçait véritablement les signes sur la page, – la main les touchant – les signes nous toucheraient les relisant. Nos yeux ont commencé à voir ce qu’ils ne voyaient pas quand ils ont commencé à toucher ce qui n’était pas touchable. Ils ont commencé à voir quand ils ont vu ce que les mains ne pouvaient pas atteindre, ce que le corps ne pouvait pas approcher comme le feu. Les yeux ont alors remplacé les mains pour le lointain, comme les mains dans la nuit remplacent les yeux pour le proche. Si les yeux sont les mains du loin, les mains seraient les yeux du près. Si les mains sont des yeux pour l’obscurité, les yeux sont des mains pour la lumière.

Quando mi sono accorto che non vedevo i miei occhi, ho anche sentito che non potevo toccarli. I miei occhi erano nello stesso tempo invisibili e intoccabili come essi fossero nello stesso tempo così vicino nella notte e così lontano nel giorno. Ho capito più tardi che gli occhi toccavano quello che le mani non potevano toccare, come le mani vedevano quello che gli occhi non potevano vedere. Come se le mie orbite

Quand je me suis aperçu que je ne voyais pas mes yeux, j’ai senti aussi que je ne pouvais pas les toucher. Mes yeux m’étaient à la fois invisibles et intouchables comme s’ils étaient à la fois si près dans la nuit et si loin dans le jour. J’ai compris plus tard que les yeux touchaient ce que les mains ne pouvaient pas toucher, comme les mains voyaient ce que les yeux ne pouvaient pas voir. Comme si mes orbites touchées par 5


toccate dai miei occhi rendessero i miei occhi intoccabili e vedenti, e come se i miei occhi scappando via dal mio viso volessero nello spazio, per sempre inafferrabili.

mes yeux rendaient mes yeux intouchables et voyants, et que si mes yeux s’échappaient de mon visage ils voleraient dans l’espace, insaisissables à jamais.

Ora che tu hai aperto questo libro, hai anche aperto i tuoi occhi e i tuoi occhi scorrono sulle sue pagine come se i tuoi occhi fossero sempre su una superficie in pendenza quando leggono le parole e le frasi, e come se i tuoi occhi fossero sempre rotondi come delle biglie per potere rotolare e spostarsi il più velocemente possibile nello spazio intoccabile. Ora che hai aperto i tuoi occhi su questo libro, i tuoi occhi si sono lasciati trascinare dai segni stampati sulle pagine; i segni, vedendoti arrivare diritto su di essi, si sono piegati per evitarti, per non farti inciampare sulle righe e per permettere che i tuoi occhi rotolino senza saltare le pagine fino alla fine del libro. In ogni libro, ci sono migliaia di segni che si riuniscono per creare dei cammini sulle pagine, segni che si dispongono in ordine fianco a fianco senza toccarsi per fare nascere dei ponti sui quali i tuoi occhi passano per attraversare il libro fino all’ultima pagina. Ponti che attraversano il mondo per imparare le lingue che gli uomini parlano. In ogni libro ci sono delle piste dove gli occhi scivolano e procedono così velocemente che succede loro di saltare una riga per arrivare più velocemente in un altro paese.

Maintenant que tu as ouvert ce livre, tu as aussi ouvert tes yeux et tes yeux glissent sur ses pages comme si tes yeux étaient toujours sur une surface en pente quand ils lisent les mots et les phrases, et que tes yeux étaient toujours ronds comme des billes pour pouvoir rouler et se déplacer le plus vite possible dans l’espace intouchable. Maintenant que tu as ouvert tes yeux sur ce livre, tes yeux se sont laissé entraîner par les signes imprimés sur les pages ; les signes, en te voyant arriver droit sur eux, se sont penchés pour t’éviter, pour ne pas te faire trébucher sur les lignes et pour permettre que tes yeux roulent sans sauter les pages jusqu’à la fin du livre. Dans chaque livre, il y a des milliers de signes qui s’assemblent pour créer des chemins sur les pages, des signes qui se rangent côte à côte sans se toucher pour faire naître des ponts sur lesquels tes yeux passent pour traverser le livre jusqu’à la dernière page. Des ponts qui traversent le monde pour apprendre les langues que les hommes parlent. Dans chaque livre il y a des pistes où les yeux glissent et avancent si vite qu’il leur arrive de sauter une ligne pour arriver plus vite dans un autre pays.

Ora che tu hai aperto gli occhi su questo libro, i tuoi occhi sono in questo libro, più grandi che mai. Le righe dove i tuoi occhi scorrono e brillano sono le linee che delimitano tutte le parti della terra sulla quale sei appena arrivato per scoprire un nuovo mondo; la terra sulla quale sei appena atterrato con i tuoi occhi soltanto, come se tu la guardassi da molto lontano e come se essa rimanesse intoccabile davanti alle tue mani. Come se tu fossi così lontano da essa che ti bastasse di posare la mano davanti alle parole che leggi affinchè queste parole spariscano davanti a te come il sole del quale tu ti nascondevi la vista dietro la tua mano tesa davanti a lui nel cielo.

Maintenant que tu as ouvert tes yeux sur ce livre, tes yeux sont dans ce livre, plus grands que jamais. Les lignes où tes yeux roulent et brillent sont les lignes qui délimitent toutes les parties de la terre sur laquelle tu viens d’arriver pour découvrir un nouveau monde; la terre sur laquelle tu viens d’atterrir avec tes yeux seulement, comme si tu la regardais de très loin et qu’elle restait intouchable devant tes mains. Comme si tu étais si loin d’elle qu’il te suffisait de poser la main devant les mots que tu lis pour que ces mots disparaissent devant toi comme le soleil dont tu te cachais la vue derrière ta main tendue devant lui dans le ciel. Les mots sont ta lumière, le mot Yeux est ton

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Le parole sono la tua luce, la parola Occhi è il tuo sole. Tu leggi ma le parole ti illuminano, la parola Occhi ti abbaglia. Fa notte tutto intorno ai libri, se no le parole non sarebbero della luce che illumina le pagine ma fuoco che le brucerebbe. Hai aperto questo libro per fare la notte attorno a te e fare il giorno nelle tue mani che girano le sue pagine. Fa giorno nelle tue mani, lampi passano e attraversano la tua lettura, tu avanzi nel cielo, cammini sotto il cielo blu, c’è il sole nei libri. Seguimi, non voglio scomparire davanti a te, salvami con i tuoi occhi. La tua vista è la sopravvivenza di questo libro. La vista è la sopravvivenza di tutti i libri. Ho bisogno dei tuoi occhi posati su questo libro, ho bisogno di tutti i tuoi sensi riuniti qui in essi affinchè tu possa toccare e godere delle parole, udire e sentire le frasi, gustare questo testo con i tuoi occhi come con la tua bocca. Quando l’uomo avrà riunito tutti i suoi sensi nei suoi occhi, quando egli avrà sufficientemente letto e concentrato la sua vista sugli spazi più piccoli, i suoi occhi aspireranno tutto il suo corpo in essi per leggere i libri con tutti i suoi sensi, per toccarli, udirli e sentirli, gustarli e goderne con tutto intero il suo corpo; e l’uomo potrà partire molto lontano con solamente i suoi occhi, egli potrà allora percorrere gli spazi più grandi e fuggire via tutto intero nell’infinito. L’uomo legge i libri, impara con i suoi occhi a entrare con tutti i suoi sensi negli spazi più piccoli per introdursi nel mondo che ha egli stesso inventato e potersi salvare dall’universo che esplode tutto intorno a lui e dove egli è arrivato con il suo corpo tutt’intero. L’uomo legge e tutti i suoi sensi si concentrano nei suoi occhi per entrare tutt’intero nei libri e vivere altrove che nel mondo dove tutto frana e scompare. L’uomo legge per vivere là dove niente si muove e cade, dove tutto resta intatto perché intoccabile nello spazio infinito che proiettano i suoi occhi davanti a lui.

soleil. Tu lis mais les mots t’éclairent, le mot Yeux t’éblouit. Il fait nuit tout autour des livres, sinon les mots ne seraient pas de la lumière qui éclaire les pages mais du feu qui les brûlerait. Tu as ouvert ce livre pour faire la nuit autour de toi et faire le jour dans tes mains qui tournent ses pages. Il fait jour dans tes mains, des éclairs passent et traversent ta lecture, tu avances dans le ciel, tu marches sous le ciel bleu, il fait soleil dans les livres. Suis-moi, continue, le soleil brille, je veux faire briller le soleil. Suis-moi, je ne veux pas disparaître devant toi, sauve-moi par tes yeux. Ta vue est la survie de ce livre. La vue est la survie de tous les livres. J’ai besoin de tes yeux posés sur ce livre, j’ai besoin de tous tes sens réunis ici en eux pour que tu puisses toucher et jouir des mots, entendre et sentir les phrases, goûter ce texte avec tes yeux comme avec ta bouche. Quand l’homme aura réuni tous ses sens dans ses yeux, quand il aura suffisamment lu et concentré sa vue sur les espaces les plus petits, ses yeux aspireront tout son corps en eux pour lire les livres avec tous ses sens, pour les toucher, les entendre et les sentir, les goûter et en jouir avec son corps tout entier ; et l’homme pourra partir très loin avec seulement ses yeux, il pourra alors parcourir les espaces les plus grands et s’échapper tout entier dans l’infini. L’homme lit les livres, il apprend avec ses yeux à entrer avec tous ses sens dans les espaces les plus petits pour s’introduire dans le monde qu’il a lui-même inventé et pouvoir se sauver de l’univers qui explose tout autour de lui et où il est arrivé avec son corps tout entier. L’homme lit et tous ses sens se concentrent dans ses yeux pour entrer tout entier dans les livres et vivre ailleurs que dans le monde où tout s’éboule et disparaît. L’homme lit pour vivre là où rien ne bouge et ne tombe, où rien ne brûle et ne se consume, où tout reste intact parce qu’intouchable dans l’espace infini que projettent ses yeux devant lui.

(Traduzione Maria Bruno)

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Bibliothèque en terre: les livres de la vue

Musée d’art moderne et contemporain Strasbourg, 2006 vue de l’installation vista dell’installazione

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Les Bibliothèques idéales

détail d’installation particolare dell’installazione

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Disgressione e Parafrasi o –Perifrasi.

Digression et Paraphrase ou –Péri.

A proposito di Parant

A propos de Parant scritto da Philippe Beck

par Philippe Beck

Parant fa disgressioni. Infinitamente, ostinatamente e giustamente, vicino alle realtà. Vicinissimo ad esse. O con sollecitudine. (E non con visioni, fantasmagorie o disperazione cerebrale.) La Disgressione ( ne parlo come di un personaggio dietro le quinte), o disgressione ( i nomi propri erano scritti con l’iniziale minuscola secoli fa), è l’arte di mostrare che il secondario apparente, che ci appare secondario, con forza o autorità, è l’ordinario inqietante. Il secondario apparente, è l’oggetto dei vedenti. Il Nostro oggetto. Così l’autore è fenomenologo senza saperlo e sapendolo. Descrittore della legge ordinaria dei vedenti. Egli si muove parallelamente al cerchio dell’ordinario, pieno di stelle banali. Donde la reputazione di eccentricità e di ostinazione. Egli coltiva il biasimato. Tanto meglio. Parant perifrasa l’ordinario in maniera stupefacente. Ne fa la prova generale e quasi infinita. Egli rifa le frasi delle intenzioni quotidiane classificate come X o Y. Gli umani, il corteo dei qualunque, presi nel brutto finito, praticano un infinito inconsapevolmente. Uno dei nomi dell’infinito, plurale, è: gli Occhi. Un collettivo pratica dell’infinito senza saperlo. Collettivo di ateologi divertiti. Parant, con la sua cortesia e la sua ostinazione, la sua leggendaria potenza, ripete all’insieme dei deviati l’intensità delle loro intenzioni. La ripetizione è scandita per frasi, con tatto, più costantemente di Tarkos, che l’ha letto da vicino e con talento. Per questo fraseggio pertinente, per queste volute a spirali finite e infinite, per questo conato infantile e adulto, ben strutturato: Salve!

Parant digresse. Infiniment, obstinément et justement, près des réels. Auprès d’eux. Ou avec sollicitude. (Et non par visions, fantasmagories ou désespoir cérébral.) La Digression (j’en parle comme d’un personnage dans les coulisses), ou digression (les noms propres étaient minuscules il y a des siècles), c’est l’art de montrer que le secondaire apparent, qui nous paraît secondaire avec force ou autorité, c’est l’ordinaire préoccupant. Le secondaire apparent, c’est l’objet des voyants. Notre objet. Ainsi l’auteur est phénoménologue sans le savoir et le sachant. Descripteur de la loi ordinaire des voyants. Il tourne parallèlement au cercle de l’ordinaire, plein d’étoiles banales. D’où la réputation d’excentricité et d’obstination. Il cultive le reproché. Tant mieux. Parant périphrase l’ordinaire étonnamment. Il en fait la répétition générale et quasi infinie. Il refait les phrases des intentions quotidiennes reléguées en X. ou Y. Les humains, la suite des chacuns, pris dans le mauvais fini, pratiquent un infini inconsciemment. L’un des noms de l’infini, pluriel, c’est: les Yeux. Un collectif pratique de l’infini sans le savoir. Collectif d’athéologiens divertis. Parant, avec sa courtoisie et son entêtement, sa puissance de légende, répète à l’ensemble des détournés l’intensité de leurs intentions. La répétition est phrasée, avec tact, plus constamment que Tarkos, qui l’a lu de près et avec talent. Pour ce phrasé pertinent, ces volutes finies et infinies, ce conatus enfantin et adulte, équipé: Salut!

(Traduzione Maria Bruno)

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Les Bibliothèques idéales

détail d’installation particolare dell’installazione

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Kristell Loquet

Kristell Loquet

J. L. Parant Biografia Selettiva

J. L. Parant Biographie Sélective

Nascita di Jean-Luc Parant il 10 aprile 1944. JLP nasce a Tunisi in Tunisia, paese che egli ritiene avergli trasmesso i suoi paesaggi del deserto, i suoi odori di sabbia, la sua luce abbagliante: quegli elementi sempre sensibili nelle sue opere.

Naissance de Jean-Luc Parant le 10 avril 1944. JLP naît à Tunis en Tunisie, pays dont il pense qu’il lui a transmis ses paysages de désert, ses odeurs de sable, sa lumière ensoleillée: ces éléments toujours sensibles dans son œuvre.

Nascita dei primi disegni e quadri di occhi nel 1962. I primissimi, prima di essere disegni “di occhi”, furono disegni “di soli”. Chiamiamo dunque “disegni di soli” quelle serie di immagini che egli stesso intitolava: piana di soli, soli sospesi, passeggiata di soli, sentieri di soli, soli a molle, schiacciamento di soli, estensione del sole, catena di soli, soli gonfiati, soli appesi, sole del mio cuore o sole innamorato, soli appiattiti, il viaggio del sole, soli schiaccianti, sole freddo (tela grigia), la morte del sole (tela nera), sole che uccide, l’ingoiatore di soli, soli tesi, soli artificiali…. JLP, passando dalla dimensione del sole che è compresa tra le dita nel cielo alla dimensione del globo oculare che sta tra le dita del viso, sostituì i suoi disegni di soli con disegni di occhi, secondo il medesimo susseguirsi evocato prima, dove la parola “occhi” ha preso il posto della parola “soli”. Poiché questi disegni giravano attorno allo stesso tema, quello degli occhi, dei quali JLP si era appena reso conto che egli non vedeva i suoi propri occhi (vera e propria rivoluzione copernicana nella scala del suo pensiero e vero punto di origine della sua scrittura), furono allora gli schizzi o il lavoro preparatorio ai suoi primi quadri di occhi che egli espose per la prima volta nel 1963. Questi, rilievi di cera che percorrono o invadono la superficie

Naissance des premiers dessins et tableaux d’yeux en 1962. Les tout premiers dessins, avant d’être «d’yeux» furent «de soleils». Appelons donc «dessins de soleils» ces suites d’images qu’il intitulait lui-même: plan de soleils, soleils suspendus, promenade de soleils, chemins de soleils, soleils-ressorts, écrasement de soleils, étendue du soleil, chaîne de soleils, soleils gonflés, soleils pendus, soleil de mon cœur ou soleil amoureux, soleils aplatis, le voyage du soleil, soleils écrasants, soleil froid (toile grise), la mort du soleil (toile noire), soleil tuant, l’avaleur de soleils, soleils tendus, soleils artificiels… JLP, passant de la taille du soleil qui tient entre les doigts dans le ciel à la taille du globe oculaire qui tient entre les doigts sur le visage, remplaça ses dessins de soleils par des dessins d’yeux, selon la même suite évoquée plus haut, où le mot «yeux» a pris la place du mot «soleils». Ces dessins tournant autour du même thème, celui des yeux, dont JLP venait de se rendre compte qu’il ne voyait pas les siens propres (véritable révolution copernicienne à l’échelle de sa pensée et véritable point d’origine de son écriture), furent alors les ébauches ou le travail préparatoire à ses premiers tableaux d’yeux qu’il exposa pour la première fois en 1963. Ceux-ci, reliefs de cire parcourant ou envahissant la surface des toiles ou des tableaux, 13


delle tele o dei quadri, presenteranno il loro volume sempre più grande. La cera occuperà ben presto tutto lo spazio del quadro ma anche tutto il suo retro, designando maggiormente, proprio per questo, quelle opere come dei volumi dispiegantisi al suolo come le superfici dispiegantesi sui muri.

présentèrent leur volume toujours plus grand. La cire occupa bientôt tout l’endroit du tableau mais aussi tout son envers, désignant par là même ces œuvres davantage comme des volumes se déployant au sol que comme des surfaces se déployant sur les murs.

Nascita delle prime palle di cera nel 1968. I quadri in volume lasciarono naturalmente il posto alle palle che essi avevano fatto sorgere dal loro ventre. Queste si svilupparono secondo un principio semplice ma caro a JLP: l’accumulazione. Accumuli sotto forma di franamenti caotici rinvianti ad una sorta di nascita continua ed esplosiva del mondo. Accumulazione resa tanto più sensibile dall’apparizione di nuove palle fatte di tutt’altra materia: le palle di terra.

Naissance des premières boules en cire en 1968. Les tableaux en volume laissèrent naturellement la place aux boules qu’ils avaient fait surgir de leur ventre. Celles-ci se développèrent selon un principe simple mais cher à JLP: l’accumulation. Accumulation sous la forme d’éboulements chaotiques renvoyant à une sorte de naissance continue et explosive du monde. Accumulation rendue d’autant plus sensible par l’apparition de nouvelles boules faites d’une tout autre matière: les boules en terre.

Nascita delle prime palle di terra nel 1982. La loro quantità non smetterà di aumentare fino al 1985 quando esse raggiungeranno il numero nello stesso tempo titanesco e magico di 100 001. Queste 100 001 palle verranno presentate al momento della mostra al Museo d’Arte Moderna della città di Parigi nello stesso anno. Poi viaggeranno di città in città e di mostra in mostra, sia sotto forma d’installazioni in mezzo ad opere lì già esistenti (come nel bel mezzo delle collezioni del Museo delle Belle Arti di Toulon, nel 1986), sia come sistemazioni in mezzo ad altre opere di JLP, sia come singole accumulazioni: le palle offrendosi sempre nella loro “insistenza” a occupare lo spazio. Contrariamente alle palle di cera che rimangono accumulazioni caotiche, le palle di terra, hanno talvolta trovato una sistemazione ordinata: esse si sono allineate in strisce, si sono designate nella loro ripetizione, classificate per dimensioni o per colori. Trovando JLP l’ordine di una cosmogonia altrettanto visiva che letteraria a partire dal disordine degli accumuli e dalla grande quantità di opere o di frasi prodotte, questo “dispendio di energia”, come egli si compiace di definirlo.

Naissance des premières boules en terre en 1982. Leur quantité ne cessera d’augmenter jusqu’en 1985 où elles atteindront le nombre à la fois titanesque et féerique de 100 001. Ces 100 001 boules seront présentées lors d’une exposition au Musée d’art moderne de la ville de Paris la même année. Puis voyageront de ville en ville et d’exposition en exposition. Soit sous la forme d’installations au milieu d’œuvres existantes (comme au beau milieu des collections du musée des beaux-arts de Toulon en 1986), soit comme installations au milieu d’autres œuvres de JLP, soit comme accumulations seules: les boules s’offrant toujours dans leur «insistance» à occuper l’espace. Contrairement aux boules en cire qui demeurent des accumulations chaotiques, les boules en terre ont parfois trouvé un ordonnancement: elles se sont alignées en bandes, se sont désignées dans leur répétition, classées par tailles ou par couleurs. JLP trouvant l’ordre d’une cosmogonie tout autant visuelle que littéraire à partir du désordre des accumulations et de la grande quantité d’œuvres ou de phrases produites, cette «dépense d’énergie», comme il se plaît à la nommer.

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Nascita dei primi ritratti di palle nel 1991. Come se JLP avesse avuto bisogno di ritrarre le sue opere, in uno sprofondamento abissale vertiginoso, affinché esse guadagnassero in esistenza e realtà, potendo allora prendere, attraverso il disegno, cioè la rappresentazione, tutte le dimensioni. Dal più vicino al più lontano (ossia dal più grande al più piccolo), le palle di JLP sono entrate in giochi di prospettive, prospettive già iniziate con gli allineamenti delle palle di terra precedentemente sottolineati. Passando dal più vicino al più lontano dalle mani, le palle di JLP hanno anche percorso il cammino dal più lontano al più vicino agli occhi, cioè il percorso dal toccabile al visibile. Le palle di cera e di terra, create pienamente di materia e di volume, hanno così lasciato il posto alla loro rappresentazione: tanto attraverso i loro ritratti che attraverso i loro disegni simbolici, quelli delle palline che JLP traccia sulla carta con l’inchiostro di china e che egli pazientemente numera. E se JLP numera tutte quelle palline che accumula finanche sulle sue carte da brutta copia (minuta) (i manoscritti dei suoi testi), il fatto è che per lui la scrittura è per prima cosa un conto. Non ha forse, egli, contato il numero di segni contenuti dalla parola “jour” (giorno) e dalla parola “nuit” (notte) per rendersi conto che essi erano uguali? I suoi disegni a quattro mani riflettono quell’equilibrio o quella uguaglianza che JLP intende mettere in opera costantemente: disegni realizzati con la mano sinistra ad occhi aperti, o con la mano sinistra ad occhi chiusi, o con la mano destra ad occhi aperti, o con la mano destra ad occhi chiusi entrano così in un confronto con l’essere presentati fianco a fianco oppure si confondono accavallandosi. Disegni dal numero di palle esattamente uguale si mostrano nella loro dissomiglianza e nella loro fluttuazione. Altri tracciati di palline si insinuano e invadono i contorni di forme d’animali all’origine di un vero e proprio bestiario fantastico. Poiché gli animali hanno un reale significato nel lavoro di JLP.

Naissance des premiers portraits de boules en 1991. Comme si JLP avait eu besoin de portraiturer ses œuvres, dans une mise en abyme vertigineuse, pour que celles-ci gagnent en existence et en réalité, pouvant alors prendre, à travers le dessin c’est-à-dire la représentation, toutes les tailles. Du plus près au plus loin (soit du plus grand au plus petit), les boules de JLP sont entrées dans des jeux de perspectives, perspectives déjà initiées par les alignements de boules en terre soulignés précédemment. Passant du plus près au plus loin des mains, les boules de JLP ont aussi parcouru le chemin du plus loin au plus près des yeux, c’est-à-dire le parcours du touchable au visible. Les boules en cire et en terre, tout en matière et en volume, ont ainsi laissé la place à leur représentation: tant à travers leurs portraits qu’à travers leurs dessins symboliques, ceux des petites boules que JLP trace sur le papier à l’encre de Chine et qu’il dénombre patiemment. Et si JLP dénombre toutes ces petites boules qu’il accumule jusque sur ses papiers de brouillon (les manuscrits de ses textes), c’est parce que pour lui l’écriture est d’abord un compte. N’a-t-il pas compté le nombre de signes contenus par le mot «jour» et le mot «nuit» pour se rendre compte qu’ils étaient égaux? Ses dessins à quatre mains reflètent cet équilibre ou cette égalité que JLP tient à mettre en œuvre constamment: des dessins réalisés de la main gauche les yeux ouverts, ou de la main gauche les yeux fermés, ou de la main droite les yeux ouverts, ou de la main droite les yeux fermés entrent ainsi en comparaison en figurant côte à côte ou bien se confondent en se chevauchant. Des dessins au nombre de boules strictement égal se montrent dans leur dissemblance et leur fluctuation. D’autres tracés de petites boules se glissent et envahissent les contours de formes d’animaux à l’origine d’un véritable bestiaire fantastique. Car les animaux ont une réelle signification dans le travail de JLP. 15


Nascita degli animali naturalizzati in mezzo ai franamenti nel 1997. Gli animali, già presenti prima di questa data nei disegni o quadri di cera di JLP, in seguito alla loro comparsa nei suoi testi fin dal 1988 (L’Adieu aux animaux –L’Addio agli animali, edito da Christian Bourgois in quello stesso anno ne dà testimonianza), appaiono sotto forma di animali naturalizzati, questi provenienti direttamente dalla importante collezione personale riunita da JLP, o da collezioni pubbliche o private esistenti a integrarsi, per il tempo di una mostra, all’opera dell’artista. E se gli animali hanno tanta importanza e tanto posto nel lavoro di JLP, è che la natura della loro visione dà un punto d’appoggio o di inciampo alle teorie sulla visione umana elaborate da sempre dallo scrittore. Se gli animali possono vedere soltanto là dove il loro corpo può andare, secondo JLP la facoltà degli uomini è quella di proiettarsi con i loro occhi là dove il loro corpo non va. Vedere attraverso un buco della serratura sarebbe così come una incapacità animale priva di senso, ma al contrario una capacità umana sensata e sensazionale. Sensazionale nel senso di un’impressione prodotta su tutti i sensi. Poiché, per JLP, gli occhi umani riuniscono tutti i sensi: non soltanto la vista, ma anche il tatto, l’odorato, il gusto e l’udito. I nostri occhi vedono, toccano, sentono, gustano, e intendono il mondo che ci circonda. Quando tutto passerà attraverso gli occhi, quando l’uomo non avrà più bisogno di toccare, di sentire, di gustare e di intendere, è perché ci saranno nei suoi occhi tutti i sensi e che egli potrà percorrere l’infinito con essi. L’uomo sarà interamente nei suoi occhi, secondo JLP. Egli potrà andare ovunque senza essere toccabile né visibile. Se vedere attraverso un buco di serratura è proiettarsi là dove il nostro corpo non va, cioè riunire i nostri sensi, aprire un libro e percorrerlo è proiettare il nostro pensiero al di là di esso stesso, è “illimitare” il proprio orizzonte. Per JLP, aprire un libro è fare quel primo passo verso il nuovo mondo che l’uomo ha inventato per salvarsi dall’universo infinito che esplode incessantemente. 16

Naissance des animaux naturalisés au milieu des éboulements en 1997. Les animaux, déjà présents avant cette date dans les dessins ou les tableaux de cire de JLP, à la suite de leur apparition dans ses textes dès 1988 (L’Adieu aux animaux, édité par Christian Bourgois cette même année en témoigne), apparaissent sous la forme d’animaux naturalisés, ceux-ci provenant directement de l’importante collection personnelle rassemblée par JLP, ou de collections publiques ou privées existantes s’intégrant, le temps d’une exposition, à l’œuvre de l’artiste. Et si les animaux ont tant d’importance et de place dans le travail de JLP, c’est que la nature de leur vision donne un point d’appui ou d’achoppement aux théories sur la vision humaine élaborées depuis toujours par l’écrivain. Si les animaux ne peuvent voir que là où leur corps peut aller, selon JLP, le propre des hommes est de se projeter avec leurs yeux là où leur corps ne va pas. Voir à travers un trou de serrure serait ainsi comme une incapacité animale dépourvue de sens, mais au contraire une capacité humaine sensée et sensationnelle. Sensationnelle au sens d’une impression produite sur tous les sens. Car, pour JLP, les yeux humains réunissent tous les sens: pas seulement la vue, mais aussi le toucher, l’odorat, le goût et l’ouïe. Nos yeux voient, touchent, sentent, goûtent et entendent le monde qui nous entoure. Quand tout passera par les yeux, quand l’homme n’aura plus besoin de toucher, de sentir, de goûter et d’entendre, c’est qu’il y aura dans ses yeux tous les sens et qu’il pourra parcourir l’infini avec eux. L’homme sera entièrement dans ses yeux, selon JLP. Il pourra aller partout sans être touchable ni visible. Si voir à travers un trou de serrure c’est se projeter là où notre corps ne va pas, c’est-à-dire réunir nos sens, ouvrir un livre et le parcourir c’est projeter notre pensée au-delà d’elle-même, c’est illimiter son horizon. Pour JLP, ouvrir un livre c’est faire ce premier pas vers le nouveau monde que l’homme a inventé pour se sauver de l’univers infini qui explose sans cesse. Constituer une bibliothèque très personnelle,


Costituire una biblioteca personalissima, fatta di libri propri, fabbricati da sé, è allora inventare dei baluardi contro la scomparsa («È la sola minaccia, la scomparsa!») per citare Alberto Giacometti. Nascita delle prime biblioteche del tatto nel 2000. Esse occupano a partire da questa data un posto essenziale nelle ricerche di JLP. Non soltanto perché egli colleziona i libri fisicamente o letteralmente: la sua biblioteca conta più di 30.000 volumi, ma anche perché egli ne fabbrica, di un genere nuovo, poiché sono libri molto più toccabili che visibili. Dei libri del tatto o della notte, cioè utilizzabili in caso di notte totale come delle parole in rilievo sotto le mani, libri fatti di pagine di brutta copia (minuta) o di pro-memorie incastonati o contornati dalla cera, ma anche, e più recentemente, dei libri di terra cotta, incisi da incavi e da rilievi, ancor più e davvero accessibili alle mani. Le palle e gli scritti sugli occhi, la notte e il giorno, il tatto e la vista, la terra e il sole, il volume e la superficie, l’animale e l’uomo, il vicino e il lontano, il grande e il piccolo, il corpo e la testa… tutti questi temi cari a JLP procedono appaiati e ci informano su un essere nello stesso tempo doppio e unificato: doppio perché egli è altrettanto artista quanto scrittore (in un puro equilibrio), e unificato perché egli è così riconciliato con se stesso come lo sono tra di loro quei temi contrari che egli rimette di continuo in gioco e in accordo attraverso la sua opera. JLP fa entrare quei temi in giochi di apparizioni e di scomparse per mostrarci che le forme, in apparenza eterne, sono invece molto mobili. Questa permanenza o questo ritorno costante su un debole numero di soggetti universali dice bene la fluttuazione costante degli uni in rapporto agli altri. All’interno di quale sapere figura l’uomo? Tale è la domanda che si fa e ci propone JLP, e alla quale la sua opera tenta di rispondere.

faite de livres à soi, fabriqués par soi, c’est alors inventer des remparts contre la disparition («C’est la seule menace, la disparition!», pour citer Alberto Giacometti). Naissance des premières bibliothèques du toucher en 2000. Celles-ci occupent depuis cette date une place essentielle dans les recherches de JLP. Non seulement parce qu’il collectionne les livres physiquement ou littéralement: sa bibliothèque compte plus de 30 000 volumes, mais aussi parce qu’il en fabrique, d’un genre nouveau, car ce sont des livres touchables davantage que visibles. Des livres du toucher ou de la nuit, c’est-à-dire utilisables en cas de nuit totale comme des mots en relief sous les mains, des livres faits de pages de brouillon ou de pensebêtes enchâssés ou cernés par de la cire, mais aussi, et plus récemment, des livres de terre cuite, gravés de creux et de reliefs, encore plus véritablement accessibles aux mains. Les boules et les textes sur les yeux, la nuit et le jour, le toucher et la vue, la terre et le soleil, le volume et la surface, l’animal et l’homme, le proche et le lointain, le grand et le petit, le corps et la tête… tous ces thèmes chers à JLP avancent par paires et nous renseignent sur un être à la fois double et unifié: double parce qu’il est tout autant artiste qu’écrivain (dans un strict équilibre), et unifié parce qu’il est aussi réconcilié avec lui-même que le sont entre eux ces thèmes contraires qu’il remet sans cesse en jeu et en accord à travers son œuvre. JLP fait entrer ces thèmes dans des jeux d’apparitions et de disparitions pour nous montrer que les formes, en apparence éternelles, sont au contraire très mouvantes. Cette permanence ou ce retour constant sur un faible nombre de sujets universels dit bien la fluctuation constante des uns par rapport aux autres. À l’intérieur de quel savoir l’homme figure-til?Telle est la question que se pose et nous pose JLP, et à laquelle son œuvre tente de répondre.

(Traduzione Maria Bruno)

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Les Bibliothèques idéales

détail d’installation particolare dell’installazione

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Autoportrait, 1997

technique mixte sur toile tecnica mista su tela - cm. 74 x 54

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L’Espace, 1990 (15)

technique mixte sur bois tecnica mista su masonite - cm. 21 x 131

La Mer, 1990 (14)

technique mixte sur bois tecnica mista su masonite - cm. 21 x 131

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Le Ciel, la Terre et l’Eau, 1990

technique mixte sur bois tecnica mista su masonite - cm. 21 x 131

Le Ciel – La Terre – La Mer, 1990

technique mixte sur bois tecnica mista su masonite - cm. 21 x 131

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L’Eau, 1992 (1/3) La machine de l’eau

technique mixte sur bois tecnica mista su masonite cm. 23 x 27

L’Air, 1992 (2/3) La machine de l’air

technique mixte sur bois tecnica mista su masonite cm. 23 x 27

La terre, 1992 (3/3) La machine de la terre

technique mixte sur bois tecnica mista su masonite cm. 23 x 27

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Thonon–les-Bains, 2006

détail d’installation particolare dell’installazione

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Bibliothèque, 2006

exposition: Thonon–les–Bains vue de l’installation vista dell’installazione (images: Michélle Bernaud)

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Thonon–les–Bains, 2006

detail de l’installation particolare dell’istallazione


Triptyque aux yeux, 2004 vu de loin (1/3) technique mixte sur bois tecnica mista su masonite cm. 60 x 52

Triptyque aux yeux, 2004 vu d’un peu plus loin (2/3) technique mixte sur bois tecnica mista su masonite cm. 35 x 30

Triptyque aux yeux, 2004 vu d’encore plus loin (3/3) technique mixte sur bois tecnica mista su masonite cm. 16,5 x 14

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Boule

cire et collage cera e collage - cm. 33 x 27 x 28

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De l’infime à l’infini, et retour, 2000 technique mixte sur bois tecnica mista su masonite (3 parti) cm. 34 x 91 - cm. 21 x 58 - cm. 14 x 38

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Sybille, 1991

technique mixte sur bois tecnica mista su masonite - cm. 16 x 64,5

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Le grand petit homme vu de trÊs près, 1998 technique mixte sur 4 toiles tecnica mista su 4 tele - cm. 298 x 65

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Projection des yeux, 1993

technique mixte sur bois tecnica mista su masonite cm. 21 x 51

Projection des yeux, 1993 technique mixte sur bois tecnica mista su masonite cm. 21 x 47

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Projection des yeux

technique mixte sur toile tecnica mista su tela ovale - cm. 65 x 87

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Petite bagnole, 1991

technique mixte et collage sur fer–blanc tecnica mista e collage su latta - cm. 21 x 11 x 11

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Boule, 1985

collage de papiers collage di carte - Ă˜ cm. 30 ca.

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Les machines à voir, 1993 les éléments: L’eau, la terre, l’air et le feu

technique mixte sur 35 petite plaquettes de bois - cm. 16 x 16 chaque tecnica mista su 35 tavolette di masonite - cm. 16 x 16 cad.

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Jean-Luc Parant

NĂŠ en 1944 Ă Tunis, Tunisie. Nato nel 1944 a Tunisi, in Tunisia. Vive e lavora a Buis-les-Baronnies, Francia.

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Expographie sélective Selezione di mostre 2007 Galleria Peccolo, Livorno, Italia Chapelle du Méjan, Arles, France Galerie Actéon, Bruxelles, Belgique Galerie Ô quai des arts, Vevey, Suisse

1994 Galerie Thomas Babéor and co, San Diego, États-Unis Musée d’art contemporain (exp. coll.: Chimériques polymères), Nice, France

2006 Chapelle de la Visitation, Thonon-les-Bains, France Chapelle Saint-Savinien, Melle, France Musée des Abattoirs (exp. coll.: Donation Daniel Cordier), Toulouse, France Musée d’art moderne et contemporain, Strasbourg, France Galerie Lara Vincy, Paris, France

1993 Centre de Création Contemporaine, Tours, France

2005 Musée Denys Puech, Rodez, France Galerie Artcurial, Paris, France 2004 Musée Rimbaud (exp. coll.: Dix-sept artistes à 17 ans), Charleville-Mézières, France Musée des Beaux-Arts et de la Tapisserie, Beauvais, France Abbaye de Saint-Philbert de Grand-Lieu, France Galerie Lara Vincy, Paris, France Musée d’art contemporain, Lyon, France Galerie José Martinez, Lyon, France 2003 Domaine départemental (exp. coll.: Singuliers voyages), Chamarande, France 2002 Hôtel Beury, L’Échelle (Ardennes), France Espace Écureuil, Toulouse, France 2000 Galerie de France, Paris, France Palais des Papes (exp. coll.: La Beauté), Avignon, France 1999 Centre international de Poésie, Marseille, France 1997 Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie, Paris, France

1992 Galerie 121, Anvers, Belgique 1991 Centre Georges Pompidou, Paris, France Biennale de Lyon (exp. coll.), France 1990 Institut Français, Naples, Italie Galerie Montaigne, Paris, France 1989 Galerie du Jour/Agnès B., Paris, France 1988 Centre d’art contemporain (exp. coll.: Les années 70), Meymac, France 1987 Galerie Pascal de Sarthe, San Francisco, États-Unis 1985 Musée d’art moderne de la ville de Paris, France Musée d’art moderne, Villeneuve D’Ascq, France Musée Municipal, Toulon, France 1982 Musée des Beaux-Arts André Malraux, Le Havre, France 1978 Galerie L’Hermitte, Saint-Lô, France 1976 Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence, France 1975 Galerie Obliques, Paris, France 1974 Chapelle de Pujols (exp. coll.: Le plein et le délié), France

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