Divinités mediatiques

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édito En regardant cette petite boite à image, cette petite boite à pensée préfabiquée qu’on appelle télévision, je suis tombée sur une publicité pour le café. Le sex-symbole des années 2000, celui qui fait craquer ménagères et adulescentes et qui n’a d’autre nom que Georges Clooney, se faisait escroquer par l’ange Jonh Malkovitch, échangeant la vie du pauvre mortel contre des capsules nesspresso. L’histoire du personnage celeste rendant visite aux humains, son interaction dans leur vie, son côté un peu corrompu... le concept de l’offrande, de la boisson divine... Tous ces éléments m’ont immédiatement évoqué la mythologie greco-romaine. De fil en aiguille, je me suis mise à penser aux figures médiatiques que représentent Malkovitch et Clooney, puis à toutes ces énormes stars du showbuisiness... Créatrices par leur jeu d’acteur ou leur expressions artistiques, innaccessibles pour nous le peuple, vénérés par des milliers de fans, sujets aux potins, dictant la mode, la façon d’être...Toutes ces icônes des médias sont-elles, finalement, si différentes des divinités antiques? Ce mémoire a pour objectif de mettre en lumière les ressemblences qui existent entre la mythologie antique (principalement greco-romaine et

biblique car il s’agit d’un héritage qui a longtemps perduré dans nos sociétés européenne) et le monde médiatique d’aujourd’hui. L’analyse se concentrera sur les stars people seulement, pour plusieurs raisons: premièrement car le but n’est pas de réécrire Mythologies de Roland Barthes, deuxièmement parce que l’étude des stars en elles-même suffit à établir une corrélation avec le folklore religieux et enfin troisièmement car il ne s’agit pas d’écrire une thèse mais d’être succint et efficace. Le professeur Joseph Campbell, à l’origine de la création de la chaire de mythologie comparative au Sarah Lawrence College (New-York), écrivit, dans son essais Puissance du mythe :« Q: Que se passe-t-il lorsqu’un homme devient légendaire? (...) Jonh Wayne est-il devenu un mythe? R:Lorsqu’un individu est devenu un modèle de vie pour les autres, on peut dire qu’il est entré dans le domaine de la myhologie» Je proposerai ainsi aux lecteurs une analyse découpée en plusieurs parties thématiques, établissant des analogies qui paraîtrons, de prime abord alors, peut-être assez improbables. Ces adéquations, précisement, ne cesseront de poser la question suivante: Que peut-on déduire de cette déification des célébrités de la société, si toutefois ce phénomène existe?

Photographie: David Lachapelle, Jesus is my Homeboy,


SOMMAIRE

Photographies (de gauche à droite) : Pierre et Gilles, La madone au cœur blessé, 1991- David Lachapelle, Birth of Vénus, 2009, Dieu égyptien Thot, environs

LE LIEN AVEC LE CIEL

L’OBJET DE CULTE

LES POTINS

LES LIEUX SACRÉS

1// Étymologie du mot dieu

7// les scandales 8// Le parainage 9// L’égérie

LA TRANSMISSION DES MYTHES

17// De la relique à la statuette

18// Le repère inaccessibles 19// Le lieu de culte

L’ÉTERNEL COMBAT CONTRE LES FORCES DU MAL

10// du rituel au buzz

20// Le manichéisme 21// Les blockbusters américains

LES DOGMES

LES ARCHÉTYPES

13// Les doctrines du XXIème siècle

LA POPULARITÉ 14// La multiplicité

22// 22// 23// 24// 25//

Les attributs Marilyn Monroe et Aphrodite Michael Jackson et St Michel Lady Gaga et Dionysos Les dieux de la guerre

LES PRIVLEGES

16// L’alimentation 16// l’argent et la magie

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LE LIEN AVEC LE CIEL

étymologie Le mot «dieu» et ses équivalents dans les autres langues romanes (Dio, Dios, etc.) viendrait du latin deus , lui-même issu de la racine indo-européenne reconstituée deiwos . Cette racine signifie «lumière du ciel ou du jour» et provient de la base linguistique dei- , «luire, briller». D’autre part, la civilisation sumérienne, la toute première civilisation de l’histoire de l’humanité, désignait ses divinités comme étant des «êtres venus des étoiles».

De la même manière, la plupart des religions considère que leur dieu ou leurs divinités proviennent du ciel. Or l’anglicisme star, utilisé pour parler des célébrités, fait également référence au domaine céleste... Le rapprochement sémiologique est-il suffisant pour établir une équivalence sémantique? Non bien-sûre, mais il faut bien un début à tout.

La toute première civilisation de l’his ses divinités comme étant des «êtres JANVIER / MÉMOIRE D’AVA / PASCALINE LIARD / 4


toire de l’humanité désignait venus des étoiles» Michel-Ange, détail du Plafond de la Chapelle Sixtine, JANVIER / MÉMOIRE D’AVA / PASCALINE LIARD / 3


LES POTINS

Un peu moins des trois quart de la commu-

nication effectuée autour des idôles de notre société passe par ce qu’on appelle prosaïquement les potins. C’est le besoin de se raconter et de vivre des histoires, de les expérimenter, de les créer, de s’en souvenir, qui nous distingue principalement des animaux. L’être humain, insasiable par nature, ne peut se contenter de sa propre histoire de vie, il est donc naturellement poussé par l’envie de suivre le cours des évènements biographiques de ses congénères, plus particulièrement de ceux qui mènent une vie hors du commun: les célébrités. Rêver, se projeter, envier, critiquer, tel est le destin de la comère qui sommeille en chaqu’un de nous. Or il se trouve que les dieux de l’olympe sont réputés pour, malgré leur caractère omniscient et leur présumée «sagesse divine», être des personnages «à potins», aux traits de caractère étrangement très humains. Voyeurisme, adultère, parjurage, vengeance...telles sont les passions qui animent hommes et dieux grecquoromains. Pour être plus précis, la mythologie grecque nous est parvenue grâce à un vaste ensemble de textes dont les plus anciens sont les épopées d’Homère et les poèmes d’Hésiode, principalement la Théogonie, mais aussi par les arts picturaux comme la céramique. L’ensemble de ces sources présente des généalogies et des récits qui forment un système doté d’une cohérence limitée. Les mythes grecs témoignent de la représentation que les anciens Grecs se faisaient du monde. Néanmoins, le statut de la mythologie grecque est complexe, car elle dépasse le cadre de la religion. Les personnages et les événements mythiques rapportés par la tradition étaient pour les Grecs, du moins dans leurs grandes lignes, des réalités historiques relevant d’un passé lointain, et servaient donc de base de travail aux historiens antiques.

de nombreuses incohérences. La quantité de production, par exemple, qui est complètement disparate: en effet, les créations grecques se chiffrent peut être en centaine alors qu’aujourd’hui, à travers le globe, des tabloïdes aparaissent tous les jours... sans parler du style: effectivement, Homère se retournerait dans sa tombe s’il apprennait qu’on comparait ses écrits lyriques au journalisme de «bas étage» des paparazis. Néanmoins, ce rapprochement demeure intéressant puisqu’il nous permet d’établir des analyses sur des concepts universels, des concepts qu’on retrouve donc chez les grecques de l’antiquité mais aussi dansnotre civilisation moderne. A ce propos, l’écrivain Bill Moyers nous dit: «nous créons de nouveaux mythes mais (...) tous les mythes dont nous parlons aujourd’hui prennent naissance dans le passé.» Ainsi, les mythes modernes seraient, nonseulement en adéquation avec ceux du passé, mais ils constitueraietnt également le fruit de leur évolution et de leurs diverses mutations. Afin d’étayer toutes ces réflexions théoriques, voici quelques exemples.

Pouvons-nous alors considérer que les poèmes des grecques soient apparentés, de manière peut-être un peu facile soit, à la presse people? Bien évidemment, cette analogie se heurte à

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les scandales On ne compte plus les scoops peu flatteurs qui alimentent les potins sur les V.I.P. N’apellent-on pas d’ailleurs les tabloïdes aussi Presses à scandales? De Britney Spears chauve au téton dévoilé de Janet Jackson, les vedettes nous en font voir de toute les couleurs! Les dieux de lOlympe avaient également leurs propres dérapages. En effet, l’adultère n’épargnait pas les divinités....

Une des histoires les plus répandues est celle d’Aphrodite, déesse de l’amour et de la beauté qui avait été mariée, à son grand malheur, au dieu Héhaïstos, le forgeron le plus laid de l’histoire de l’humanité. Aphrodite commenca alors à avoir une liaison secrète avec Apollon, le séduisant dieu des arts, du soleil et de la guérison (oui oui, rien que ça!) Hephaïstos, suspicieux et guidé par la jalousie installa un piège à base de filet. Les deux amants furent ainsi immoblisés et toute l’Olympe pu venir attester de la tromperie. Saturne dévorant l’un de ses enfants, par Francisco Goya, peinte entre 1819 et 1823 directement sur les murs de sa maison appelée la Quinta del Sordo (« ferme du sourd ») dans

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le parainage Lorsque Cécrops bâtit la capitale de son royaume, une dispute s’éleva entre Athéna et Poséidon pour la possession de l’Attique. Pour affirmer ses droits. Poseidon, d’un coup de son trident, fit jaillir du rocher de l’Acropole une source salée. Selon d’autres traditions, c’est un cheval, symbole de guerre, qui apparut sous le trident de Poseidon. Athéna, à son tour, fit germer sur l’Acropole un olivier, symbole de paix et d’abondance. Appelés à trancher le différend, les dieux, sur le témoignage de Cécrops se prononcèrent en faveur d’Athéna, et elle donna à la ville le nom d’Athènes. C’est ainsi qu’Athèna devint la gardienne, la protectrice et la paraine d’une cité.

La composition de cette oeuvre suit la forme d’un triangle qu’Athèna-Minerve surplombe. Vêtue d’un bleu apaisant, elle apparaît, triomphante mais humble, gracieuse mais puissante car elle fait de l’ombre à poséidon qui la regarde d’en bas. Malgré son trident et son cheval, il semble battre en retraite face à la magestueuse déesse de la sagesse.

Dispute de Minerve et de Neptune au sujet d’Athènes d’après Noël HALLE (1748) Musée du Louvre

p h i l a n t h r o p e s

D

e nos jours, peu de célébrités s’investissent dans le parrainage de villes comme on pu le faire Athéna mais aussi l’acteur Brad Pitt. En 2009, touché par les dégâts engendrés par l’ouragan Katrina, la star créa la surprise en s’engagent auprès des sinistrés de la Nouvelle-Orléans. Plus largement, de nombreuses célébrités mettent à profit leurs fortunes dans les actions humaitaires.

Michael Jackson a par exemple donné plus de 400 millions de dollars à des œuvres caritatives. Il s’est battu toute sa vie contre la famine dans le monde, la pauvreté, les guerres ou encore contre le réchauffement climatique. En 2000, il a même été reconnu par le Guiness des records pour avoir soutenu le plus d’actions caritatives que les autres artistes et personnalités (39 œuvres caritatives soutenues)...Sacré Michael!

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l’égérie

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epuis

l’Ere industrielle, un concept complètement inédit est apararu dans nos société: l’entité de l’entreprise. Aujourd’hui, les «personnalités», au lieu de s’associer à des villes ou d’aider des associations vont préférer créer un partenariat avec de grandes marques (c’est plus rentable!) Ainsi, ces dites marques ont chacune leur représentant médiatique: Chuck Norris pour Word of Warcraft, Madonna pour H&M, Jude Law pour Channel, Georges Clooney pour Nespresso... Les marques mettent de plus en plus leur égérie sur le devant de la scène. En témoigne l’outil Adoscope de TNS Media Intelligence qui a recensé, en 2007, 4 015 créations intégrant une personnalité (contre 2 663 en 2004-2005 et 1 172 en 2002). Une donne que les stars ont appris à négocier et rentabiliser face à des marques de plus en plus séduites par cette association. Et pour cause, « les célébrités sont devenues des réponses globales aux problématiques locales des marques », lance Maxime Hibon, directeur de Havas Celebrity Consulting. Ces dernières l’ont bien compris : les people sont non seulement des relais d’influence, mais aussi des accélérateurs de notoriété, et donc de ventes. « Une publicité utilisant un people sera davantage médiatisée. On parlera donc plus de la campagne, et forcément plus du produit », explique Maxime Hibon (propos reportés par le magasine e-marketing.fr).

Ci-dessus, une photographie de David Lachapelle représentant la rapeuse américaine Lil Kim dénudée, dont le corps est tatoué de la marque Louis Vuitton. Nous sommes donc en présence de l’ultime association de la star et de la marque. En effet, la célèbre chanteuse ne se contente pas de promouvoir le produit: elle le devient! La mise en scène est brillante: le sujet joue avec perfection sur le procédé de bissection-symbolisante, à savoir la

rencontre de deux éléments conventionnellement liés par analogie: la peau mate du modèle et la couleur du cuir Vuiton. On peut également souligner le fait qu’on retrouve le même rafffinement dans l’objet Louis Vuiton que dans le corps de cette jeune femme.

Lil Kim devient un sac Louis Vuiton JANVIER / MÉMOIRE D’AVA / PASCALINE LIARD / 9


du rituel

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LA TRANSMISSION DES MYTHES

au buzz A

utrefois, les mythes étaients transmis à travers (outre l’écriture, luxe que très peu de civilisations ont pu se payer pendant et avant l’antiquité) la danse, la cérémonie ou l’art rituels.

Ainsi, chez les Indiens navajo d’Amérique, les peintures de sable, le chant, la prière, la danse et les rituels s’associaient pour faire revivre des légendes complexes, dont on se souvient non pas pour leur contenu en soi, mais pour leur pouvoir guérisseur. De même, les histoires du Temps du Rêve des Aborigènes australiens sont transmises non seulement par les mots et

Ci-contre, logos des principaux résaux sociaux et plateformes de partages de la toile. Décontextualisés pourraientils évoquer des symboles chamans ou religieux?

Notre monde moderne, qualifié d’ «ère de la communication» par de nombreux sociologues et philosophes dont le professeur François Jost, spécialiste en sciences de l’information, n’a jamais été aussi versatile. La multiplication des médias, des moyens de communication, d’échange d’informations, de sauvegarde de données, de plateformes de partages, de modules d’apprentissages etc. nous permet d’acquérir une certaine omniscience, à condition de réussir à s’y retrouver; perdu au beau milieu de ces jungles virtuelles qui bombardent le pauvre petit internaute que nous sommes d’informations toutes plus inégales les unes que les autres... Avant, les mythes passaient par la tradition orale, par des rituels sacrés...Ils étaient précieux. Aujourd’hui, on ne peut plus parler de

transmission mais d’harcèlement ou de gavage. Nos figures mythologiques modernes correspondent aux gagnants d’une compétition médiatique latente. A qui aura le plus de vues sur Youtube, de commentaires sur Myspace, de followers sur Twitter, de j’aime sur Facebook, de ventes à la fnac, de spectateurs au Parc des Princes, de spots publicitaires à la télé... Le pire c’est que le nombre de personnalités ou de stars du buzz augmente de manière exponentielle.

«A l’avenir, chacun aura son quart d’heure de célébrité mondiale.» ANDY WARHOL Le leader du pop art avait si bien vu juste! Les brebies déçues par la monotomnie de leur vie accourent sur les pateaux de télé-réalité, dans l’espoir d’être... Recconnus? Admirés? De rentrer dans l’histoire!? D’acquérir un statut, un niveau de vie suppérieur?...

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LES DOGMES

« Ne soyez pas prisonniés des dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui» Steve Jobs dans un discours à Stanford en 2005 Belle phrase, beau concept mais aujourd’hui il est tellement difficile de vivre en accord avec soi-même, libre dans sa tête et dans son corps. Après le monopole des cerveaux par l’église, c’est au tour des médias de nous imposer toutes sortes de «way of life» auquels nous nous devons de nous soumettre, sous peine de nous marginaliser et donc de nous auto-exclure de la société. Trouver le bon équilibre n’est alors pas vraiment évident.

Christ pantocrator, mosaïque de la Basilique Saint-Apollinaire-le-Neuf à Ravenne.

«Aimes ton prochain comme toi-même»: ce dogme christique a traversé un millénaire et a trouvé sa réactualisation avec le mouvement hyppie mené par Les Beatles, Jimi Hendrix, Jefferson Airplane et tant d’autres.. Il est amusant de déceler autant de ressemblances entre Jonh Lennon et Jésus Christ.. Tout d’abord on peut citer leur coupe de cheveux et de barbe, ensuite il y a bien évidement ce message de paix et d’amour qui a

taversé le monde et enfin le signe de la main que font tous les deux ces icônes du «Bien». Sauf que dans le cas de Jésus, les deux doigts levés signifient la double nature humaine et divine alors que dans celui de Jonh c’est le bien connu signe du «V», popularisé pendant la seconde Guerre Mondiale. Ce signe a eu de nombreuses significations (la victoire, les oreilles de lapin, la promesse scout...) mais celle qui restera dans les mémoires et biensûre celle de la paix (et de l’amour!)

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les doctrines du XXIème Les révoltés

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n peut considérer la fameuse maxime « Sex, drugs and rock ’n’ roll » de Ian Dury comme une doctrine nouvelle, s’opposant à toutes les valeurs religieuses du passé. Symbole de la jeunesse, de la rebellion contre l’ordre établit, cette maxime est pratiquement rentrée dans les moeurs. Aujourd’hui, les ado qui se préservent pour le mariage, qui n’écoutent pas de rock et qui n’ont jamais essayé le moindre psychotrope se font rares!

Les icônes de la chasteté

A

rtémis, déesse de la chasse, de la lune et de la chasteté représente la droiture, la jeune fille de bonnes moeurs. Entre l’enfant sauvage et la femme épanouie, cette sculpture grecque de 330 ans avant J.C, nous dévoile LE modèle de vertus par exellence: proche de la nature (caresse sur la biche), déterminée (sourcils froncés), instruite et débrouillarde (compétences dans le domaine de la chasse, de la forêt et de la nuit), mystérieuse (lien mystique avec la lune), candide et authentique (on la voit marcher pieds nus et son déhanché, sa posture n’est pas sophistiquée)...

O

n retrouve les mêmes idéaux chez les stars dites «Disney» telles que l’étaient à leurs débuts les chanteurs Britney Spears, Justin Timberlake, Christina Aguilera, Christina Milian et Ryan Gosling, découverts «grâce» à (ou à cause de...) l’émission américaine All New Mickey Mouse Club (1990). e spécimen actuel joue le rôle de la starlette Hannaah Montana et se prénomme Miley Cyrus. Adulée par les demoiselles prépubères et tenue de d’entretenir l’image de la jeune fille modèle, cette nouvelle Artémis semble pourtant être sur la pente du «côté obscur» puisqu’elle aurait apparement posé «dénudée» en 2008.

L

Ci-contre, un extrait de l’épisode de South park «Les Jonas Brothers». La série satirique y critique l’industrie Disney qui, sous des revendications chrétiennes et de bonnes moeurs (pour gagner l’’approbation parentale) vendrait en réalité aux enfants et jeunes ados du «sexe» afin d’améliorer leurs ventes. Cette stratégie commerciale, peut-être un peu exagérée reflète tout de même la réalité de notre société: le seul dogme, la seule valeur, encore d’actualité aujourd’hui est celle de...l’argent!

CE QU’EN PENSE...

« On voit évidemment que toutes les religions ont emprunté tous leurs dogmes et tous leurs rites les unes des autres. » Voltaire, De l’acoran et de la loi musulmane

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LA POPULARITÉ

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Comme dans l’enfer de Dantes (...), les peoples appartiennent à plusieurs cercles, qui ne communiquent pas: celui, en premier lieu, des élus, figures internationnales dont la qualité essentielle serait de cumuler les qualités (...) et d’être remarquables dans leurs moindre faits et gestes (Madona, les Beckham, les Monaco, feu Lady Di, etc); à quoi succède le cercle, plus humble mais rassurant, des figures domestiques ou nationales, de Jonny Halliday à Claire Chazal; viennent ensuite le cercle des transitionnels, surgis d’une actulité quelconque, télévisuelle souvent, destinés à s’évanouir avec elle (Loana, Madame Déco de M6), celui des réprouvés, objets d’une chronique négative (...) (Samir Nacri, JeanLuc Lahaye), celui des «justifiés» enfin, au sens religieux, personnages innatendus, vieux, moches (...) (la baronne Brandstetter, Massimo Gargia, Mme de Fontenay, etc)

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Patrick MAURIES, extrait de Nouvelles mythologies , «Les peoples»

multiplicité

D

ans la mythologie grecque, il existe ce que l’on appelle les divinités mineures, les plus famillières étant les nymphes et les satyres. On en compte un grand nombre, leurs rôles sont divers. On peut citer par exemple les Hamadryades, divinités des arbres, les Néréides, de la mer ou encore les dieux fleuves comme Achéloos. Ces immortels sont peu connus et moins importants que leurs homologues olympiens, néanmoins leur rôle n’est pas à négliger. Les Hespérides sont, par exemples les sous-divinités qui gardent les pommes d’or qu’Héraclès doit voler, les Moires déroulent le fil de la vie, tandis que les Muses inspirent les arts. Ces divinités ont souvent un lien de parenté avec les olympiennes , si elles ne sont pas leurs progénitures (souvent d’ailleurs illégitimes, chimériques etc). ans Aspect de la vie religieuse en grèce, Madeleine Jost explique qu’en grèce antique, les divinités olympiennes étaient communes à toutes les cités (bien que leurs noms et leur légendes propres pouvaient subir des variations); en revanche, chaque village et chaque région avait son lot de divinités ou de héros personnels.

D

C

ette construction mythologique rejoins complètement le concept de cercles de célébrités que développait Patrick Mauries précédemment. Si l’on suit le shéma de pensée traditionnel, tout élément mythologique est né de l’imaginaire humain. Ce qui revient à dire qu’il est soit né du néant. On peut transposer ce principe de création sur la notoriété des stars. Certaines «stars», comme Justin Bieber par exemple (plus de 42 000 000 fans sur facebook) ont été crées de toute pièce. Leur talent est classique mais ils ont bénéficié d’une médiatisation incroyable et sont devenus, plus que des divintés, des produits de consommation à part entière. Quoi qu’ils en soit, le plus souvent, les peoples naissent peoples, un peu comme un dieu en engendre un autre.

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Simon Vouet, The Muses Urania and Calliope,

«les peoples appartiennent à plusieurs cercles»


LES PRIVILÈGES

l’alimentation

L

es dieux olympiens avaient pour coutume de manger de l’ambroisie et de boire du nectar. Une alimentation raffinée comme pourrait l’être celles des stars du showbuisiness, rafolant du trio caviar champagne et cocaïne.

L’agence de publicité WW Communication a developpé une campagne pour la marque de champagne LaurentPerrier. Le procédé créatif de cette publicité repose sur la mise en abîme du produit. Dans le champagne, il y a des bulles et dans chaque bulle il y a du champagne. Il s’agit d’une sorte de redondance hyperbolique. Mais c’est surtout le ton qui est intéressant; en effet, l’affiche exploite un registre cosmogonique, entre l’univers du conte et celui del’astonomie, deux éléments reliés fortement à la mythologie.

l’argent et la magie L

a magie permettait aux dieux de légitimer leur suppériorité. En soi, la magie sert simplement à obtenir de manière systématique tout ce que l’on désire. La ressemblance avec l’argent est frappante. Les stars, richissimes, peuvent posséder tout ce qu’elles désirent et passer au dessus des lois (humaines). Les scandales aux sujets des adoptions suspectes voires ilégales de Madonna, Angelina Joly, Sharon Stones etc. sont de bons exemples.

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L’OBJET DE CULTE

de la relique à la statuette

L

es reliques (du latin reliquiae, « restes »), sont les restes matériels qu’a ou qu’aurait laissés derrière lui un personnage Saint en mourant : soit des parties de son corps, soit d’autres objets qu’il a ou avait, pour les croyants, sanctifiés par son contact. La conservation et la vénération de ces restes (vêtements, vaisselles mais aussi ossemments et même ampoules de sang) sont une pratique en vigueur dans plusieurs religions. Cette mode a débuté pendant le moyen-Âge en europee du moins et est encore d’actualité aujourd’hui, surtout en Italie, en Espagne et en Amérique du sud. Parmis les anecdotes comiques, ont peu citer les prétendues reliques de la croix en bois de Jésus Christ: parmis les croix recensées, on arrive à en accumuler plusieurs tonnes... e la même manière, on retrouve dans des ventes privées ou sur ebay de nombreux objets ayant appartenus le plus souvent à des icônes du cinéma ou de la chanson. Les fétichistes s’arrachent pour des sommes faramineuses la cuvette de toilette de Jonh Lennon (adjugée à 11 600 euros en 2010 d’après lepost. fr), une mèche de cheveux de Elvis Presley à 11 840 euros etc... n peut considérer que la relique du pauvre est le simple autographe, qu’on peut parfois avoir gratuitement, bien qu’en fonction du degré de célébrité, cela devient de plus en plus difficile. a religion, comme le showbuisiness ont sucité de nombreuses productions artistiques. On ne compte plus le nombre de statues ou de peintures à la gloire de telle ou telle divinités. Dans notre monde moderne, on retrouve cette pratique avec une ribambelle de figurines ou de produits dérivés. Le musée grévin apparaît alors comme le sanctuaires des célébrités «canoniséees»

D

O L

Statue de 8 mètres réalisée par Seward Johnson. La statue installée à New-York reprend la posture et la tenue de l’actrice dans le film Sept ans de réflexion (Seven year itch). Elle ne restera que jusqu’au printemps 2012. Figurine de 50 centimètres en résine de Gainsbourg (pour la maudique somme de 200 euros)

Tournidols datant de 1968. Ces petites figurines étaient à placer au milieu du vinyle. En mettant en marche le tournedisque, les têtes suivaient la rotation du disque. De gauche à droite: Claude François, Sheila, Hervé Vilard, Pétula Clark, Claude Aufray.

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LES LIEUX SACRÉS

le repère inaccessible

H

ollywood signifie le bois de houx mais aussi le bois sacré.

Le houx possède, d’ailleurs en soi une conotation religieuse. En effet, si la tradition à Noël est de décorer la maison avec du houx, c’est parce que la Bible raconte que les parents de Jésus Christ, pour échapper au roi Hérode, se cachèrent derrière un petit buisson de houx, lequel les camoufla de manière magique (et donc divine). Hollywood est donc en résumé un bois sacré, jumellé à une ville appellée Los Angeles (Les anges).

U

ne montagne sacrée...

Le mont olympe était considéré par les grecs comme le domaine de leurs dieux. Lieu complètement innaccessible à l’époque (le mont olympe est la plus haute montagne de Grèce, avec un sommet à 2 917 mètres), il sucitait le mystère tout en inspirant poètes et artistes antiques. Visiter Hollywood est tout à fait possible, en revanche, son accès réel, son intégation, semble réservé à une élite, ce qui rejoins à nouveau le mythe de l’Olympe.

La mythologie grecque est loin d’être la seule à imaginer un repère divin inaccessible. C’est même un concept récurrent dans les religions du monde entier. La grande différence à prendre en compte, c’est que la plupart des mytholgies considèrent que l’ascention au royaume divin est possible. Après sa mort, l’Homme retourne auprès de son dieu. Le Paradis des religions abrahamiques, le Walhalla des vikings (à ne pas confondre avec l’Asgard repère divin semblabe à l’Olympe), le Dilmun des sumériens, le champs de roseau égyptien, sont les exemples les plus connus.

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les lieux de culte E g l i s e s , c y n ag o g u e s , m o s q u é e s , t e m p l e s. . . C h a q u e r e l i g i o n p o s s è d e s o n p r o p r e l i e u d e c u l t e.

après Campbell, le temple des Dstars du showbusiness est la salle D ’

de cinéma.

Cette remarque est êxtremement pertinente. En effet, le laps de temps d’un film, les acteurs incarnent des personnages imaginaires qui, à l’instar des pièces religieuse de tragédies antiques (à l’époque la religion était indissociable des arts et de la vie citoyenne), nous permettent de purger notre besoin de catharcis. Nous vivons et évacuons ainsi nos passions de manière saine, comme l’explique Aristote dans deux de ses ouvrages La poétique et La politique.

’une manière plus imagée, on peut parler du concept d’avatar. Ce mot vient d’Inde et signifie l’incarnation dans un corps. Les dieux mythologiques avaient souvent l’habitude de se transformer en animaux ou en humains pour interagir avec les mortels (le plus souvent pour séduire de jolies jeunes femmes mais ce n’est pas le sujet). Or la spécificité d’un acteur réside à sa capacité à transformer sa propre identité en quelqu’un de totalement différend. C’est d’ailleurs pour cela qu’on parle «d’endosser un rôle» ou «de se fondre dans la peau».

Dans la lancée des analogies, on peut aussi dire que les chambres d’ados aux murs remplis de posters sont des autels et que aller à Hollywood boulevard c’est un peu comme faire un pèlerinage religieux: on se receuille sur les étoiles gravées dans le sol pour rendre hommage à ses stars divines préféres.

Confrontons la cathédrâle de Notre Dâme de Paris avec le cinéma Le grand Rex. Devant nous se dressent deux édifices imposants, constitués de plusieurs strates ou étages, lesquels reposent dans les deux cas sur des systèmes de pilliers et de voûtes. D’un côté on peut admirer des scènes

de vie bibliques, de l’autre on peut observer des affiches de films. Au final le fond est le même: nous raconter des contes symoliques. Nous verrons dans la prochaine partie à quel point le cinéma repose sur le symbole et en quoi le symbole a rapport avec la mythologie.

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L’ÉTERNEL COMBAT CONTRE LES FORCES DU MAL

le manichéisme L

e paradis et l’enfer sont des concepts religieux qu’on retrouve fréquemment à travers le monde. Si dans certaines croyances il n’y a pas la notion d’âme récompensée à sa mort, la conceptualisation des notions de bien et de mal est systématique dans la mythologie. Certaines divinités en effet sont considérées comme symboliquement bonnes et d’autres mauvaises. Parmis les «mauvaises», on peut citer Baba Yaga, la sorcière canibale russe ainsi que son équivalent masculin Koshechei l’Immortel, qui enlève les jeunes filles et peut

se transformer en dragon, la sorcière finlandaise Louhi femme aigle à griffes en forme de faucile, Susanoo, le dieu japonnais coléreux, tous les démons du folklore chrétiens: Belzebuth, Lucifer, Lilith la reine des succubes et qui serait en réalité la première femme d’Adam: ne voulant pas se soumettre à l’Homme, elle fut chassée du jardin d’Eden et Dieu créa Êve...

Loki (aussi appelé Loptr et Hveðrungr) est un dieu fripon de la mythologie nordique. Il est le fils du géant Farbauti et de Laufey. Loki est le père de plusieurs monstres ; le serpent Jörmungand, le loup Fenrir, et la déesse du monde des morts Hel. Menteur, jaloux, instable et meurtrier, ce dieu apparaît comme un personnage plutôt malveillant voire maléfique.

Fredrik Sander, Loki incite Höd au

Sur l’illustration réalisée par Fredrik Sander, Loki, se tenant derrière Höd, le fils aveugle d’Odin, abuse de sa confiance ou de son handicap en l’incitant à tuer...le dieu qui se trouvait être son propre frère, Baldr. Les traits de Loki sont marqués, ses sourcils froncés, ses épaules sont voûtées, comme celles d’un brigand. Sa position physique explicite son emprise sur Höd: ses bras l’entourent d’une manière assurée. L’une de ses mains est posée sur l’épaule du dieu aveugle, ce qui pourrait signifier «je suis ton ami, fais-moi confiance», l’autre lui guide le bras: «suis mes conseils». Symboliquement, cette histoire représente le concept de manipulation, la naïveté étant représentant par un non-voyant.

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les blockbusters américains É

videmment, l’intérêt d’amener le sujet sur le bien et le mal n’est pas d’établir un tableau comparatif des actions plus ou moins positives ou négatives des célébrités. Nous parlions précédement du cinéma comme étant une sorte d’évolution (athée) du temple, ainsi que du film, comme étant une actualisation du conte symbolique mythologique. ’est par leur jeu d’acteur que les vedettes du cinéma peuvent incarner ce combat entre les forces du bien et les forces du mal, concept hérité de toutes les mythologies du monde. ans l’ouvrage «Les héros sont éternels» (The Hero with a Thousand Faces en anglais) publié en 1945, Campbell expose sa théorie du monomythe, affirmant que tous les mythes suivent les mêmes schémas archétypaux. George Lucas a déclaré s’être appuyé sur les idées de ce livre ainsi que d’autres travaux de Joseph Campbell, pour écrire l’histoire de la saga Star Wars (et plus particulièrement celle de l’épisode IV qui correspond exactement au schéma campbellien). L’ouvrage était connu au sein du Nouvel Hollywood, notamment de Scorsese et Coppola.

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lus récemment, Christopher Vogler, un écrivain et producteur de film hollywoodien, a rédigé un mémo de sept pages désormais légendaire, Un Guide pratique du héros aux mille visages, basé sur le travail de Campbell. Le mémo de Vogler été développé dans un livre (publié en 1992 et remanié en 1998), The Writer’s Journey en Français : Le guide du scénariste. Il aurait servi ensuite de base à de nombreux films hollywoodiens dont le Roi Lion de Walt Disney. uoi qu’il en soit, avec ou sans l’influence de Campbell, tous les blockbusters aux scénarios épiques tels que Matrix, Harry Potter, le Seigneur des anneaux, les adaptations des comics etc. s’inscrivent dans la lignée du shéma mythologique. C’est parce que les enjeux de ces histoires sont universelles qu’elles ont eu autant de succès: elles réveillent en nous quelque chose de profond. Les acteurs qui incarnent les héros de ces péripéties acquièrent alors un double statut «divin»: ils combinent l’archétype de leur rôle cinématographique à leur célébrité personnelle qui, en soit servait déjà de modèle. C’est pour cela que les stars de cinéma sont très certainement les stars les plus adulées.

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Ci-contre un poster du premier opus du film X-men, réalisé par Bryan Singet et sorti en 2000 (inspiré par le comic book marvel éponyme, créé par Stan Lee et Jack Kirby en 1963). Tous les caractères archétypaux sont représentés dans ce visuel. En effet, de gauche à droite nous avons: Charles Xavier, le sage humaniste, Tornade, la sobre, Crapaud, le bouffon, Cyclope, l’arrogant, Magnéto, la matière grise grandiloquente, Jean Grey, la femme modèle, Mystique, la perfide, Malicia, l’adolescente chaste et mal dans sa peau, Dent de Sabre, la brute et Wolwerine, le loup solitaire. L’accroche du film nous dit: «Croyez-en une poignée, craignez les autres». Elle fait référence, bien-sûre, aux mutants, personnages principaux de l’histoire. Une fois encore, nous retrouvons ce système de valeur manichéen: les bons mutants, guidés par le sage professeur Xavier qui défend la fraternité de l’humanité dans l’adversité...et les mauvais mutants, larbins du puissant et sombre Magnéto qui ne voit le monde que comme une jungle où l’on n’a que deux choix: tuer ou être tué. On peut considérer que ces deux leaders, qui jadis étaient d’ailleurs amis, sont les deux symboles de la réaction face à l’horreur, métaphorisée par la douleur de la seconde guerre mondiale à laquelle ils ont tous deux survécus. L’un a évolué en transformant sa souffrance en désir de création et de paix alors que l’autre s’est replié dans ses blessures et dans ses peurs. JANVIER / MÉMOIRE D’AVA / PASCALINE LIARD / 21


LES ARCHÉTYPES

les attributs D

ans toutes les religions polythéistes, les dieux ont chacun leur spécialisation propre. Parmis les thématiques que l’on retrouve le plus souvent, il y a les astres avec par exemple pour la branche de la lune: Artémis, la déesse grecque, Igaluk, le dieu inuit, Thot le dieu égyptien etc. Pour le soleil, on repertoriera: Râ le dieu égyptien, Shamash, le dieu mésopotamien, Amaterasu, la déesse Japonnaise, Inti, le dieu des Incas, Mithra, le dieu des romains païens... e dernier, méconnu à tord est pourtant à l’origine de la célèbre fête de Noël. Mithra était associée au solstice d’hiver, nuit la plus longue de l’année à partir de laquelle les jours commencent à s’allonger. La religion émergeante chrétienne, afin d’optimiser son prosélytisme, intégra cette fête païenne du solstice (dont la date était érronnée faute de technologie: 22 décembre au lieu du 25) en la faisant correspondre à la naissance du Christ.

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i-contre, Inti le dieu précolombien du soleil est recouvert d’or, de pierres semi-précieuses et de décorations à motif. Les incas croyaient que l’or était la sueur du soleil.

Marilyn et Aphrodite D

eux archétypes de la beauté, deux femmes fatales qui sucitent à la fois le plaisir de la chair, et celui de l’amour spirituel, exprimé par la pureté et la chasteté de leur beauté. Paradoxallement, aucune ne reflète la stabilité amoureuse: en effet, Marilyn Monroe se maria trois fois, eu des liaisons secrètes notemment avec J.F.K et tomba fréquemment amoureuse. La vie sentimentale d’Aphrodite fut de la même manière plutôt tumultueuse: elle trompa sans relâche son mari Héphaïstos avec principallement Apollon mais aussi Hermès, Poséidon, Dionysos et de nombreux mortels. Destin tragique du symbole du fantasme masculin?

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i-contre, l’incontournable Andy WARHOL, Marilyn Monroe, 1967. Cette sérigraphie réalisée par le leader du Pop-art nous fait voir une Marilyn haute en couleur saturées, omnipésente et répétitive, un peu comme s’il avait voulu représenter le sentiment de l’obssession.

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De Comontes, Saint Michel terrasse le dragon, XVI°

i-dessous photo de David la Chapelle Archange Michael, exposition American Jesus à la gallery Paul Kasmin (2010). La référence à Saint-Michel terrassant le dragon est probante. Michael Jackson est ici représenté comme Le saint par excellence: grandes ailes d’ange, écrasant humblement le démon rouge-sang et dont un serpent, symbole du mal, s’enroule autour de sa jambe. L’hyperbole de la victoire de Michael Jackson le bon contre le mal illustre à merveille à la fois le concept de déification des stars et l’esprit manichéen, imprégné jusqu’à la moelle dans la culture américaine. L’icône de la pop incarne cependant des valeurs plutôt paradoxalles. En effet, de par ses actions humanitaires nombreuses et son hégémonie culturelle et fédératrice, Monsieur Jackson apparaît comme l’abbé Pierre de la musique. Cependant, son image personnelle reste très controversée: entre les puritains qui vont voir d’un mauvais oeil son goût pour les mises en scènes malsaines (comme par exemple celle de son clip Thriller ), les rumeurs sur ses suposées tendences pédophiles et le mystère sur son changement de couleur de peau ainsi que sa progressive défiguration maladive, Michael Jackson ne semble par faire l’unanimité. Pour en revenir

Saint Michael Jackson rapidement à Thriller, voici ce que dit la «préface» de ce clip: «Due to my personnals convitions, I wish to stress that this film in no way endorses a belief in the Occult. Michael Jackson» (En raison de mes convictions personnelles, je tiens à souligner que ce film n’approuve en aucun cas une croyance en l’occulte. Michael Jackson). Pourtant les paroles ainsi que les scènes du clip, tournées comme un film d’épouvante avec deux mises en abîme, témoignent d’une fascination pour les «forces du mal». C’est d’ailleurs pour avoir tourné Thriller que le roi du moonwalk se fit excommunié par les témoins de Jéhova, église à laquelle il appartenait. ichael Jackon, figure médiatique très ambivalente de la génération 80 représentera toujours les extrêmes: le noir et le blanc, l’enfant naïf et la performance hors du commun de l’adulte, l’occulte et le divin, le crimminel et le philantrope... Quoi qu’il en soit, la stars de la pop mérite entièrement l’adjectif qualificatif divin, aux vus des palaces qu’il a fait construire et le nombre de larmes qu’ont versées ses fans à sa mort...

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Lady Gaga et Dionysos D

’une manière un peu plus subtile, nous pourrions établir un parallèle entre Dionysos et Lady Gaga. Dionysos est le dieu de la vigne, du vin et de ses excès ainsi que du théâtre et de la tragédie. Dionysos est aussi nommé Pyrigénès, Pyrisporos, «né ou conçu du feu», c’est-à-dire de la foudre. La foudre est le principal logo de Lady Gaga. Tous deux sont réputés pour aimer festoyer et se désiniber. Lady Gaga sucite auprès d’un public fanatique une vrai fascination. Parrallèlement, de nombreuses rumeurs circulent sur internet. Ces «urban legendes» prennent source principalement des analyses que certains internautes

En effet, en grèce antique, il existait un culte spécial de Dionysos mais il avait lieu seulement entre initiés, c’était un culte à Mystères. Le regroupement de ces initiés porte le nom de thiase. Les thiases pratiquaient un culte caché et initiatique, souvent dans des cavernes et la nuit, au cours desquels on initiait les nouveaux membres du thiase, et qui officiaient dans la dimension ésotérique de la résurrection du dieu deux fois-né. On manque de sources pour savoir ce qui s’y passait exactement, mais ces cérémonies secrètes et nocturnes ont perduré jusque sous l’empire romain. Elles comportaient des sacrifices, mais aussi des délires dus à l’ivresse ou à la consommation de drogues végétales, et des excès de toutes sortes, notamment sexuels. Un scandale retentissant a fait interdire ces cultes par un sénatus-consulte en 186 av. J.-C.

font de la communication qu’elle entretient à travers ses clips et ses shootings. Voici par exemple, deux photographies parmis une dizaine au moins, dont les codes et les signes culturels évoquent clairement le démon «Baphomet». Ajoutez à ces costumes glauques le témoignage d’une femme de chambre de l’hôtel Intercontinental de Londres qui affirme que la chanteuse a pris «des bains de sang» dans sa chambre...et vous êtes témoins de la naissance d’un nouveau mythe. Le côté sombre et mytérieux de Lady Gaga fait alors écho aux cultes secrets du dieu dionysos.

Ci-dessus, (détail d’une) fresque,peinte vers 70-60 av. J.-C., retrouvée dans ce que les archéologues appellent la Villa des Mystères, découverte à Pompéi. Pour beaucoup de spécialistes, cette oeuvre représente l’initiation au culte de Dionysos.

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les dieux de la guerre A

rnold schwarzenegger, Sylvester Stallone, Chuck Norris...autant de starlettes de série B qui sont finalement devenues mondialement adulés. Ces acteurs constituent de véritables icônes guerrières: des muscles, des armes ultra perfectionnées, une machoire serrée, un regard déterminé, une voix rauque. C’est le cliché masculin poussé à son extrême. Ce stéréotype est tellement exploité qu’il y a quelques années, un phénomène social s’est développé sur internet, autour de la figure de Chuck Norris. En effet, la vedette de Walker Texas Rangers est devenu le sujet d’une nouvelle vague de blague dans laquelle l’acteur apparaît comme indestructible et omnipotant mais la force de ces boutades est leur jeu systématique avec des éléments culturels extérieurs. Voici quelques exemples de l’humour «Chuck-Norrien»: «Chuck Norris a déjà compté jusqu’à l’infini. Deux fois.», «Google, c’est le seul endroit où tu peux taper Chuck Norris...», «Certaines personnes portent un pyjama Superman. Superman porte un pyjama Chuck Norris.», «Chuck Norris ne se mouille pas, c’est l’eau qui se Chuck Norris.» «Un jour, Chuck Norris a perdu son alliance. Depuis c’est le bordel dans les terres du milieu...», Chuck Norris peut encercler ses ennemis. Tout seul.» etc.

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vous avez dit L

orsqu’il écrivit il y a plus d’une cinquantaine d’années les mytholgies de sa société, Roland Barthes expliqua dans la préface que le but de son essais était double: d’une part il souhaitait établir une «critique idéologique portant sur le langage de la culture dite de masse» et d’autre part il voulait analyser les «systèmes de signes qui rendent compte en détail de la mystification qui transforme la culture petite-bourgeoise en nature universelle». Le problème réside dans le fait que ses analyses se focalisent essentiellement sur la sociologie (ici critique de la société de consommation qui transforme la culture en marcchandise populaire) et la sémiologie (ici études des codes symboliques dans la culture). Le concept de mythe est alors dénaturalisé puisque ses facettes essentielles ne sont pas abordées. En effet, le mythe est avant tout un conte spirituel et cosmogonique qui tente d’expliquer la nature de l’être humain et de son environnement grâce à l’utilisation de métaphores. Aussi, il est alors primordial de faire remarquer que nos archétypes modernes sont dénués de toute spiritualité. Ce qu’il leur reste c’est le fanatisme et les dogmes qu’ils sucitent, l’aspect justement purêment matériel de toute religion. En effet dans la plupart des démocraties modernes, l’Eglise et l’Etat sont séparés et d’une manière générale, le carthésisme est devenu une convention sociale. Ainsi, cette constatation nous permet de mettre en évidence que les archétypes sont

à la fois universels et intemporels et à la fois sujets à des mutations à travers l’évoltution de l’humanité, s’imposant alors, au même titre que l’art, comme le reflet de la société. Aujourd’hui nos divinités sont donc laïques car notre société est athée. Charles Baudelaire a écrit « La mythologie est un dictionnaire d’hiéroglyphes vivants. » Cela rejoint le concept de «mème», inventé par Richard Dawkins en 1976, à utiliser pour parler d’éléments culturels reconnaissables (un concept, une habitude, une mode etc). La particularité des «mèmes» est leur ressemblance avec les gènes, sauf qu’ils seraient comparables à des réplicateurs, responsables de l’évolution des cultures et de certains comportements animals. Ainsi, nous pourrions dire que les stars people sont bien comparables à des divinités qui elles-mêmes sont des archétypes lesquels sont eux-même ce que Richard Dawkins appelle des «mèmes». En d’autres termes, les divinités médiatiques sont donc la conséquence des mutations des «mèmes» archétypaux.

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JANVIER / MÉMOIRE D’AVA / PASCALINE LIARD / 3 Charles LE BRUN, Hercule terrassant Diomède, 17ème siècle


Bibliogr Ouvrages: Puissance du mythe, Joseph Campbell et Bill Moyers, éditions flammarion 1988 Aspect de la vie religieuse en grèce, Madeleine Jost, édtions SEdES, 1992 Les grecs ont-ils crus à leurs mythes?, Paul Veyne, le Seuil, 1983 Mythe et société en Grèce ancienne, Jean-Pierre Vernant, le seuil, 1974 Dieux, mythes et héros, Neil Philip, éditions gallimard, 1999 Mythologies, Roland Barthes, éditions du Seuil, 1957 Le mythe de l’individu, Miguel Benasayag , éditions de la Découverte, 1998 Nouvelles mythologies, reccueil sous la diection Jérôme Garcin, éditions du seuil, 2007

Sites internet: http://www.louvre.fr/ http://mythologica.fr/ http://www.dictionnaire-mythologie.com/ http://fr.wikipedia.org (articles certifiés, bibliographies complètes)

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raphie

Giovanni Battista TIEPOLO, Pégase, milieu du XVIII siècle

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«Le mot «mythe» vient du grec muthos, qui signifie «récit ou fable». Parfois, ce terme est employé à tord pour désigner une idée fausse (...). Mais la mythologie est looin d’être constituée de mensonges, elle repose au contraire sur des vérités humaines très anciennes. Ainsi, chaque culture a sa propre version de la création de monde, de l’origine de l’humanité, du sens de l’existence, et l’a exprimé à travers les mythes. En fait, la mythologie interprète la religion en la racontant sous formes d’histoires. Mais, tandis que la croyance religieuse est souvent très simple dans son essence, la mythologie peut être extrêmement complexe. En effet, les mythes explorent davantage qu’ils n’expliquent car ils expriment la quête par l’esprit humain d’un équilibre entre les forces de création et de destruction, entre la vie et la mort.»

Neil Philip

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