Paris Montmartre, juin 2016

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DEPUIS

1987

« Aller à l’idéal et comprendre le réel » (Jean Jaurès)

MICHOU

60 ANS DE BONHEUR À MONTMARTRE... POUR ALAIN JUPPÉ : N°13.103 2è trimestre 2016 ISSN 11 53-0618

Donia Kaouach et Pierre-Yves Bournazel

LA SOCIÉTÉ « LE VIEUX MONTMARTRE » Une belle épopée de 130 ans

MYSTÈRE BALMER ÉRIK SATIE

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édito

À PARTAGER …SANS MODÉRATION ! Il y a 60 ans, un jeune homme venu d’Amiens entrait dans un petit établissement inconnu de la rue des Martyrs dans le 18e arrondissement. Et petit cabaret est devenu grand… Bon anniversaire, à toi, cher Michou ! Tu incarnes la fête des nuits parisiennes, et le meilleur de l’esprit heureux et généreux de Montmartre (lire pages 32 à 41).

trouvent dans PM : socialiste ou capitaliste, universaliste, régionaliste, anarchiste, abstentionniste ou je m’en-foutiste, et d’autres « istes » ont eu l’occasion, un jour ou l’autre, de s’exprimer dans Paris-Montmartre, au fil des rencontres, interviews, rubriques ou tribunes. Jusqu’à faire parfois jaillir quelques étincelles au sein de l’équipe, ou auprès de certains d’entre Il y a 130 ans, un groupe de jeunes passion- vous très chers lecteurs. nés d’art, d’histoire et de culture s’unissait au nom de l’amour de Montmartre et de sa Cette liberté de ton et d’exsauvegarde. pression fut pour moi, dès la Et Petite association est devenue grande… création de PM, un principe Bon anniversaire au « Vieux Montmartre » qui fondateur et fondamental ; a traversé le XXe siècle avec un bel esprit c’est pourquoi j’entends – la chevaleresque, et qui a obtenu de haute lutte chose me parait raisonnable – la protection du site et de son patrimoine, et pouvoir m’accorder aussi cette la création d’un musée devenu l’un des plus même liberté et continuer à charmants de Paris (lire pages 26 à 31). vous faire part de mes convictions, mes idées et mes choix dans cet édito, chose Il y a près de 30 ans – cet anniversaire-là que vous appréciez je le sais, même si vous sera célébré bientôt – avec quelques jeunes n’êtes pas toujours d’accord avec moi, bien artistes de la place du Tertre, nous lancions sûr ! Beaucoup d’entre vous me disent qu’ils une « feuille » d’information culturelle et artis- aiment ma franchise, ma manière « d’abattre tique montmartroise, d’expression libre et mes cartes » sans tricherie, de parler vrai, joyeuse. « avec mes tripes ». Simplement parce que Petite feuille est devenue « Paris-Mont- je n’ai aucune capacité de dissimulation. martre »… et quelque part enviée… Alors, comme vous le savez, et je l’ai déjà Dans ce magazine né de la passion d’une dit ici, j’affirme avec force et conviction mon équipe de bénévoles, la pluralité des convic- soutien sans réserve à Alain Juppé. L’avoir tions est de mise, une exigence même, sans observé à l’œuvre à Montmartre et dans le que l’essentiel soit menacé. Car « ce qui 18e, m’a permis de découvrir et d’apprécier nous unit est plus important et plus fort que ses qualités de grand homme d’état et sa ce qui nous divise ». Rassemblées sur ces capacité à bien tenir la barre. piliers fondamentaux que sont la liberté et Nous nous trouvons à un tournant de notre le respect mutuel, toutes les opinions se re- histoire commune, face à la tentation du

repli, de la désunion, des déchirements voire des violences. Nous avons urgemment besoin de courage et de réformes bien expliquées et efficacement conduites. Et nous avons, aussi, besoin de nous retrouver unis dans le respect mutuel et les valeurs communes face à l’abdication de l’espoir chez tant de nos concitoyens. Il faut plus que jamais à la France un homme d’état sage, rassembleur, expérimenté, capable de réconcilier les français avec un projet d’avenir, de tracer le chemin et de garder le cap en ce climat de tempête. Voilà pourquoi je crois utile de témoigner sincèrement et simplement de mon engagement avec Alain Juppé pour la France*. Chers amis lecteurs, ce droit de s’exprimer est aussi le vôtre, à condition que nous le fassions tous dans le respect sincère des uns et des autres, sans ostracisme ni agressivité, en faisant preuve d’un esprit d’échange constructif. Vous pouvez nous communiquer vos ressentis, vos pensées et suggestions, nous les livrerons dans les pages de ce magazine que nous avons toujours autant de plaisir à faire naviguer avec vous « sur la Grand mare des canards ». Alors, partageons tout cela… sans modération ! Midani *www.alainjuppe2017.fr

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Paris-Montmartre 2 è trimestre, juin 2016

MONTMARTRE SES ANCIENNES VOIES PUBLIQUES ET « LIEUX-DITS »

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MYSTÈRE BALMER

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4 ROUES SOUS 1 PARAPLUIE LA SOCIÉTÉ « LE VIEUX MONTMARTRE » UNE BELLE ÉPOPÉE DE 130 ANS MICHOU 60 ANS DE BONHEUR À MONTMARTRE… DADA IL Y A UN SIÈCLE, EN PLEIN CONFLIT MONDIAL, UNE BOMBE EXPLOSE LE JOURNAL D’UNE PETITE MÔME DE PIGALLE

1987

« Aller à l’idéal et comprendre le réel » (Jean Jaurès)

MICHOU

60 ANS DE BONHEUR À MONTMARTRE...

N°13.103 2è trimestre 2016 ISSN 11 53-0618

sommaire

DEPUIS

LA SOCIÉTÉ « LE VIEUX MONTMARTRE » Une belle épopée de 130 ans POUR ALAIN JUPPÉ : Donia Kaouach et Pierre-Yves Bournazel MISTÈRE BALMER Xxx x xxx xxxx Le mouvement DADA

REGISTRE DU COMMERCE Paris B 420 740 045 RÉDACTION ET PUBLICITÉ 13, place du Tertre, 75018 Paris Tél. 01 42 59 19 99 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Midani M’Barki midani1@free.fr

DIRECTEUR ADJOINT ET RÉDACTEUR EN CHEF Jean-Manuel Gabert gabert.jeanmanuel@neuf.fr

RÉGIE PHOTO Jacques Habas, Tél. 06 17 55 57 37 RÉDACTION Jean-Paul Bardet, Linda Bastide, Alexandra Cerdan, Catherine Charrière, Michèle Clary, Marie-France Coquard, Michel-A. Daguet, Roger Feuilly, Jean-Manuel Gabert, Jacques Habas, Alain Haimovici, Christine Haydar, Grégoire Lacroix, Sophia Mezières, Midani, Jean-Marc Tarrit et Hervé Valade-Chassing. PHOTOGRAPHIES Jacques Habas, Midani, Viola Schiviz. ILLUSTRATION Eric Boldron, Janbrun. DÉPÔT LÉGAL 2e trimestre – juin 2016 RÉGIE PUBLICITAIRE Michèle Dura 06 43 57 74 94 email : pmparismontmartre02@gmx.fr

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Le dessin du trimestre par Janbrun « La Roque en rires ! »

C’est le titre de cette exposition fleurant bon les vacances, qui accroche aux cimaises un florilège de dessins et caricatures de notre ami Janbrun, le maître montmartro-universel de l’esprit loufoque. A ne pas manquer, cet été, si vous avez la chance de passer du côté « La Alric, Roquepour en rires ! » aux de la Roque mêler C’est le titre de cette exposition les vacances, qui accroche aux cimaises un effluves florilège revigorants defleurant la bongarde dessins et caricatures de notre ami Janbrun, le maître montmartro-universel de l’esprit loufoque. rigue un subtil dosage de drôlerie A ne pas manquer, cet été, si vous avez la chance de passer du côté de la Roque Alric, pour mêler aux effluves revigorants de la garrigue un subtil dosage de drôlerie étrange et étrange et poétique. poétique. Ce parfum original etet artistique est signé… est Ce parfum original artistique signé…

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LA VIE DU VILLAGE

PM 13-103

PROJET ARTISTIQUE DE L’ASSOCIATION ENTRAIDE SCOLAIRE AMICALE L’ E.S.ARTISTES « QUAND JE SERAI GRAND…REGARDS SUR LES MÉTIERS DU 18e »

Projet artistique de l’Association Entraide Scolaire Amicale : L’ E.S.Artistes « quand je serai grand….regards sur les métiers du 18e »

L

’antenne de l’ESA (Entraide Scolaire Amicale) du 18e, en partenariat avec la mairie, a proposé aux jeunes suivis par des bénévoles de leur faire découvrir la palette des métiers implantés dans leur arrondissement : boulanger, médecin, luthier, architecte, avocat, styliste, etc. Il s’agissait d’éveiller leur intérêt en leur demandant d’aller à la rencontre des professionnels et d’en faire une restitution journalistique, sous forme d’interview du professionnel choisi par l’enfant : moment d’échange et de découverte partagé, prise de photos et rédaction d’un article. Ces réalisations ont l’objet d’une exposition qui se tiendra à la mairie du 20 au 25 juin.

L’antenne de l’ESA (Entraide Scolaire Amicale) du 18e, en partenariat avec la mairie, a proposé aux jeunes suivis par des bénévoles de leur faire découvrir la palette des métiers implantés dans leur arrondissement : boulanger, médecin, luthier, architecte, avocat, styliste, etc. Il s’agissait d’éveiller leur intérêt en leur demandant d’aller à la rencontre des professionnels et d’en faire une restitution journalistique, sous forme d’interview du professionnel choisi par l’enfant : moment d’échange et de découverte partagé, prise de photos et rédaction d’un article. Ces réalisations ont l’objet d’une exposition qui se tiendra à la mairie du 20 au 25 juin.

Association Reconnue d’Utilité Publique-Apolitique et non confessionnelle Agréée Jeunesse et Education Populaire et Ministère de l’Education Nationale

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UNE DIVINE ÉPOPÉE SUR LA BUTTE MONTMARTRE

P

assionnée par les monstres, la mythologie, les contes et les légendes, Prune Lichtlé est montmartroise depuis toujours. C’est donc tout naturellement qu’elle a planté sa caméra Place du Tertre et autour du Sacré-Cœur pour son courtmétrage Psyché ou la divine épopée. Quand la poupée Psyché s’évade d’un sex-shop de Pigalle, elle entraîne dans sa course étoilée une flopée de personnages excentriques qui tentent de la détourner de sa quête d’amour. Mais tel épris qui croyait prendre, ils ignorent que l’Amour en personne est sur leur route… Le talent étant aussi de savoir s’entourer, c’est au directeur de la photographie et éclairagiste de théâtre, André Diot, l’homme aux quatre « Molière », que Prune a confié la tâche de faire rayonner sa Psyché. Si vous avez le goût de l’aventure et une tendresse particulière pour Montmartre, il est encore temps de soutenir ce projet dans sa fabrication en devenant co-producteur, sur le site http://beta.proarti. fr/collect, et avec l’amical relais de notre rédaction… Christine Haydar

Au premier plan, André Diot. Derrière lui, Prune Lichtlé et sa joyeuse équipe d’ambianceurs montmartrois, ici très concentrés.


LA VIE DU VILLAGE

PM 13-103

BNI NOTRE BUTTE

L

lancement du groupe BNI Notre Butte, qui rassemble des chefs d¹entreprise du XVIIIe arrondissement*, a eu lieu en décembre dernier à la Crémaillère, dans une ambiance très montmartroise. Aujourd’hui, le groupe a 6 mois et il compte 36 chefs d’entreprises et 36 métiers différents. Les membres de BNI Notre Butte se rencontrent tous les jeudis matin à la Mascotte, de 7h à 9h, pour échanger du « business » par la recommandation. Un moyen aussi agréable qu’efficace de développer son activité. Un sujet important pour l’économie locale sur lequel nous reviendrons prochainement. e

*Il existe des groupes BNI dans le monde entier.

INESTA REND HOMMAGE À ALDO

C

À ce titre, et au nom des pouvoirs qu’il s’était conféré, Maître Inesta a solennellement remis en main propre un exemplaire dédicacé de son ouvrage à son héros principal, présent en chair et en os, droit sorti aurait-on dit de l’imaginaire de l’auteur. Monsieur Aldo semblait aux anges, heureux de pouvoir se déplier un peu des pages du livre, pour retrouver le pavé montmartrois – ce pavé où il fait régulièrement jaillir une fantaisie poétique semblable à celle de son auteur fétiche (mais non fétichiste, malgré le choix des Dessous). JMG *284 pages, rare exemple d’accouplement abouti entre ouvrage d’historien et fantaisie débridée, paru aux éditions Edilivre.

Photo Fabienne Coriat

’était l’un de ces moments historico-montmartrois comme on les aime : le 3 juin 2016, à 19 heures, en présence d’une foule émue, massée devant la charmante devanture des Dessous de Montmartre (lingerie fine, 8, Place Charles Dullin), l’écrivain Pierre-Luc Inesta, chef de file et seul adhérent du mouvement Dacadada – école artistique faisant le lien entre l’énergie Dada et la pensée de Pierre Dac, mais à l’envers – a rendu hommage à son ami Aldo, figure de la Butte dont il a fait le personnage principal de son récit historico-loufoque « Les Bûchers de Montmartre »*.

La Biennale d’arts plastiques de la République de Montmartre, qui se tient traditionnellement au mois de juin, est programmée pour les 5 et 6 novembre prochains, avec la participation de très nombreux artistes montmartrois. L’invité d’honneur en sera le grand peintre Marko Stupar.

Un hommage sera rendu à cette occasion à l’artiste Jean-Pierre Serrier, l’un des tout premiers peintres à s’être installés sur la place du Tertre. Bien évidemment, vous aurez plus d’informations sur cet événement artistique dans le prochain Paris-Montmartre.


LA VIE DU VILLAGE

PM 13-103

1 mai er

ANNE HIDALGO ANNONCE LA RENAISSANCE DE LA CITÉ DES ARTS

L

a traditionnelle cérémonie de remise du muguet par la République de Montmartre à la Maire de Paris s’est déroulée dans une ambiance très chaleureuse. La convivialité et la bonne humeur n’ont pas empêché d’évoquer des dossiers importants : ce 1er mai 2016 s’est avéré très riche en annonces, à commencer par la renaissance de la Cité des Arts de la rue Norvins, l’attribution du nom de Francisque Poulbot à un établissement scolaire, ou encore le partenariat avec Air France et l’invitation au Congrès Mondial des Villes Francophones à Québec...

Dans son discours Alain Coquard, 11ème Président de la République de Montmartre a, notamment, déclaré : « Fidèle à cet exemple, la République de Montmartre offre à partir de cette année des visites de Montmartre aux enfants des écoles du 18ème, de Paris ou d’ailleurs, encadrés par leurs enseignants. Elles se terminent par une collation offerte par Patrick et Luc Fracheboud les patrons de la Bonne Franquette. La présentation est faite par Jean-Manuel Gabert, Président de la Société du Vieux Montmartre, rédacteur en chef du magazine Paris-Montmartre et … véritable encyclopédie montmartroise. Air France a souhaité établir un partenariat avec la République de Montmartre : nous travaillons ensemble au rayonnement de Paris et de la France dans le Monde. C’est ainsi que dès le 1er juin je conduirai une délégation à Tokyo pour dire aux

japonais, avec Air France et Atout France, qu’ils sont les bienvenus et que nous les attendons avec chaleur et amitié.

Je vous ai bien entendu et je suis entièrement d’accord avec vous pour que le travail s’engage vraiment. L’an dernier, le Collectif des Associations Montmartroises, regroupant 25 associations, a soumis le projet dans le cadre des budgets participatifs que vous avez créés de faire de la Cité des Arts la Villa Médicis de Montmartre (voir encadré p.9). Celuici, bien que retenu, n’avait pas été directement proposé aux votes des parisiennes et des parisiens. Il a été déposé à nouveau cette année. La Cité des Arts de Montmartre doit sortir de sa torpeur et devenir un lieu de rayonnement de Paris et de la culture française dans le Monde. Madame la Maire, nous souhaiterions que vous engagiez le processus de renaissance du site exceptionnel du patrimoine de la Ville de Paris qu’est la Cité des Arts de la rue Norvins. Nous ne vous demandons pas de décider immédiatement

d’un financement à attribuer mais simplement d’ouvrir la concertation pour définir un projet au service des artistes résidents et un lieu d’échanges avec d’autres créateurs et avec le public. Sachez que les montmartrois seront à vos cotés pour réussir ensemble. Nous vous renouvelons l’invitation à rencontrer avec nous sur la Butte ceux qui perpétuent l’esprit montmartrois rebelle et généreux. Nous souhaitons vous recevoir, lorsque votre emploi du temps, que nous savons très chargé, vous le permettra, pour visiter ensemble ces joyaux que sont les vignes du Clos Montmartre, la Cité des Arts et quelques

autres lieux magiques et envoutants. » Après avoir reçu, sous les roulements de tambours, le muguet des mains de jeunes Poulbots, Anne Hidalgo s’est réjouie de cette cérémonie toujours chaleureuse en déclarant : « La République de Montmartre véhicule à la fois une tradition, un esprit français mais aussi une modernité, ce que je trouve fort dans la capacité de la République de Montmartre à passer les épreuves du temps, les valeurs de solidarité, la liberté, ce côté frondeur très parisien, très montmartrois. C’est la liberté, l’envie d’être soi-même, de ne jamais se perdre, de sauvegarder


LA VIE DU VILLAGE

PM 13-103

dirige et qu’on puisse ensemble aboutir sur ce projet. » Et de conclure : «Juillet 2017 : c’est le 400ème anniversaire de la fondation de la Ville de Québec. Nous pourrions ensemble construire une délégation avec les P’tits Poulbots et la République de Montmartre. Pour la Présidente de l’Association Internationale des Villes Francophones que je suis, une délégation de la République de

Il faut souhaiter que la Cité des Arts devienne le nouveau phare de la création artistique à Montmartre pour le rayonnement de Paris dans le monde.

LA CITÉ DES ARTS Il s’agit de l’un des sites les plus remarquables de Montmartre : un domaine composé de bâtiments anciens, dont l’ancienne ferme du Point de vue, au milieu de vastes jardins compris entre les rues Norvins, Girardon et de l’Abreuvoir. En 1948, alors que le site mis en vente était menacé de destruction, Paul Yaki, président du Vieux Montmartre, et Claude Charpentier obtinrent l’achat du domaine par la Ville et son aménagement en cité d’artistes. En 1970, de nouveaux ateliers sont construits le long des murs mitoyens de la rue Girardon, sans empiéter sur le jardin. C’est dans cet ensemble que la Cité Internationale des

Arts loue 37 ateliers à de jeunes artistes contemporains. En 2015, la Société le Vieux Montmartre a présenté au Collectif des associations un projet « Villa Médicis Montmartre » comprenant une nouvelle rénovation du bâti de la cité, devenue indispensable, une replantation du petit bois côté rue de l’Abreuvoir où les coupes d’arbres ont été nombreuses, et un aménagement de la Villa Radet en pôle artistique et culturel comprenant des salles d’exposition ouvertes au public (entrée place Dalida). Le Collectif Montmartre a fait de ce projet l’une de ses priorités.

Michèle Clary

Photo Frédéric Loup

son âme. Il y a une dimension très humaniste dans ce que porte la République de Montmartre et pour moi l’humanisme est quelque chose de très important aujourd’hui… » Sur le projet de la Villa Médicis de Montmartre : « Je vous ai bien entendu et je suis entièrement d’accord avec vous pour que le travail s’engage vraiment. Avec la nouvelle équipe de la Cité des Arts qui la

Montmartre serait la bienvenue pour porter haut et fort ce message dynamique, ce message qui vous est tellement singulier. Vous le faites vivre avec merveille tout au long de l’année. Merci d’être ce que vous êtes. Merci de donner cette force à Paris. » La cérémonie s’est poursuivie autour du verre de l’amitié, Anne Hidalgo prolongeant sa participation pour dialoguer avec les participants et se prêtant de bonne grâce aux photos.


LA VIE DU VILLAGE

PM 13-103

DES VANDALES ONT ARRACHÉ LA PLAQUE DÉDIÉE À

BERNARD DIMEY

LINDA BASTIDE PLEURE LA SECONDE MORT DE SON AMI

D

ANS une nuit froide de ce printemps 2016, quelques salopards armés d’outils efficaces, silencieux, ont volé la plaque de bronze, où, jovial, de la tendresse au bord des yeux, on pouvait, en tendant bien l’oreille du cœur et de l’amitié, l’entendre depuis 35 ans, chanter en chœur avec ses amis. Il remontait tous les jours cette rue Germain Pilon, qui était aussi la mienne : lui au N° 13, au fond de la cour aux grands murs blancs, et moi au 17, dans la petite maison rouge, aux murs bas, le long du trottoir. Il caressait mes chats en passant : « Y’a rien à bouffer chez tes bestioles, mais elles sont sympas ! » et il entrait en face dans le bar du Gerpil, à qui personne ne pardonne d’avoir changé de nom, qui avec le Lux Bar étaient ses lieux de poésie. Il nous a quittés, à 50 ans, le 1er juillet

pleins de chagrin, larmes au bord des yeux, nous étions nombreux à boucher la rue, du boulevard jusqu’aux Abbesses, quand, à l’automne, la plaque en bronze a été scellée dans le mur du 13. Le sculpteur nous offrait notre poète barbu, jovial et tendre. S’ils étaient passés par là, Henri Salvador, Reggiani, Patachou, Aznavour, Gréco, Michel Simon, Mouloudji, auraient chanté en la regardant : « J’aimerais tant voir Syracuse », ou « Poèmes voyous », « Mon Emplacement vide après la profanation de la plaque de Bernard Dimey truc en plumes », « Je ne dirai pas tout », « Je finirai 1981. Tout l’été, les comédiens de la Butte ma vie à l’Armée du salut », ses « Poèmes à hurlaient dans les rues, en riant, sa célèbre bretelles » ou « Je vais m’envoler ».et tant question : « Ivrogne, et pourquoi pas ? » d’autres, composées par celui qui avait des Notre grand poète nous laissait orphelins : chimères plein la tête. nous étions tous les enfants de ses rêves d’amitié, les compagnons de ses solitudes. Dans une nuit froide de ce printemps Nous, de Montmartre et d’ailleurs, cœurs 2016, quelques salopards armés d’outils

La plaque en bas relief disparue

efficaces, silencieux, ont volé la plaque de bronze, où, jovial, de la tendresse au bord des yeux, on pouvait, en tendant bien l’oreille du cœur et de l’amitié, l’entendre depuis 35 ans, chanter en chœur avec ses amis. Moi, sa petite voisine de tant et tant d’années, je lui ai dédié un poème. Le voilà, pour lui et pour vous, sorti de mon « 13 pas sur les Pavés bleus de Montmartre » * Une rue porte son nom, quelque part, loin de chez lui, du côté du périphérique, c’est bien, mais je souhaite ardemment que la Mairie du XVIIIe, ou celle de Paris, qui ne sont sans doute pas au courant de cet acte de vandalisme, offrent à Bernard Dimey une nouvelle plaque en pierre sécurisée, pour combler le trou désespérant laissé par les voleurs sur le mur de sa maison, afin que les voyous assassins de poètes disparus ne puissent plus nous l’enlever. *Editions FLAM

Linda Bastide


LA VIE DU VILLAGE

PM 13-103

Hommage

À BERNARD DIMEY Il traîne dans la rue son enfance malade, ses amours buissonnières sa majesté de saltimbanque… Aller retour d’un coin de ciel, du Gerpil au Lux Bar, où se remplissent ses verres de la déraison… Du Gerpil au Lux bar, où son âme donne à boire aux sanglots des copains, où sur le papyrus d’une Clio des rues, il pose le crayon de ses rêves, il pose ses rimes vers nulle part, il pose ses chansons vers le soleil de minuit, il pose ses mots de poète qui dort seul dans le noir, quand toutes ces choses, étranges à ne plus rien savoir, ont cassé tous les verres, ici, au Gerpil, où tout est tranquille, dans le petit matin qui revient toujours.

Rue Germain Pilon par Elisée Maclet

Bernard Dimey


HISTORIQUE

PAR JEAN-PAUL BARDET

– M O N TMA R T R E –

SES ANCIENNES VOIES PUBLIQUES ET « LIEUX-DITS »

Rue Girardon, entrée du Château des Brouillards autour de 1900

V PM 13-103

L’ancien village de Montmartre, partie intégrée du dix-huitième arrondissement, autrefois comprise entre le mur des Fermiers Généraux et l’enceinte bastionnée de Thiers, auquel appartient la Butte, est un des arrondissements du “Grand Paris d’Haussmann ” dont le nom des rues a été l’objet des plus nombreux changements. Paris-Montmartre, le magazine auquel vous êtes fidèle, et moi, nous vous proposons, en se limitant au strict périmètre de la Butte : du sud au nord, des boulevards extérieurs (ouverts sur l’emplacement de l’enceinte des « Fermiers Généraux », construite de 1782 à 1784 sur proposition du contrôleur général des finances Charles Alexandre de Calonne : «Le mur murant Paris rend Paris murmurant », détruite en 1860, à la rue Caulaincourt ; d’ouest en est, de la passerelle Caulaincourt à la chaussée de Clignancourt, de dresser une liste quasi-exhaustive, des principales anciennes voies publiques, encore présentes ou non en 1860, avec leurs anciennes ou leurs nouvelles dénominations.


VoiesPubliques Lieux-dits

HISTORIQUE

PM 13-103

LES QUARTIERS DES GRANDES CARRIÈRES ET DE CLIGNANCOURT EN 1860

U

ne fois que vous aurez minutieusement consulté la liste des rues qui ont été effectivement l’objet des plus importants changements, lu et étudié les commentaires que nous avons associés aux principales d’entre elles, nous vous invitons à suivre, à l’aide du plan, sur le terrain, le circuit que nous avons imaginé ci-dessous :

Partant de la barrière de Clichy (Place Clichy), empruntez sur la droite le boulevard de Clichy. Après avoir passé la rue du cimetière du Nord (avenue Rachel), montez sur votre gauche la rue de l’Empereur (ex rue du chemin neuf, aujourd’hui rue Lepic) jusqu’au carrefour rue des Dames / rue de l’Abbaye (rue de Maistre / rue des Abbesses), que vous emprunterez sur votre droite, en direction de la place des Abbesses et des rues Durantin et Ravignan (ex rue du Chemin Vieux !). C’est sur cette place que s’élevait la seconde mairie de Montmartre. En quittant la place des Abbesses, soit vous vous engagerez dans la rue Antoinette (rue Yvonne Le tac), soit vous poursuivrez votre chemin en direction de la Chaussée des Martyrs (rue des martyrs) et continuerez par

la rue des acacias (rue d’Orsel). Dans le premier cas, vous atteindrez le bas de la rue du Télégraphe (rue Chappe), dans le second cas vous rejoindrez, en remontant sur votre gauche, la rue Léonie (ancienne et courte section de la rue des Trois Frères) la rue du Télégraphe que vous remonterez. Un peu plus haut, sur votre gauche, prenez la rue Berthe, qui se prolongeait par la rue du Poirier. Vous voici arrivé au chemin vieux (rue Ravignan). De là, en le remontant, rejoignez la rue des Moulins (rue Norvins) qui mène à la place du Tertre. Sinon, vous pouvez aussi descendre la rue des brouillards section de la rue Girardon), une partie de la rue des Fontaines ainsi appelée de 1843 à 1867, (rue de la Saussaye, puis rue des saules), sur le flan nord de la butte, ce qui vous mènera rue des ruelles Saint-Vincent. Face à vous, à gauche l’enceint du cimetière Saint Vincent ouvert le 1er juin 1831, par les soins du maire de Montmartre en place, M. Bazin et béni par le curé de SaintPierre M. Ottin, en face la guinguette « Le rendez-vous des voleurs », puis « Le cabaret des assassins », c’est que s’installera quelques années plus tard le célèbre et toujours vaillant cabaret du « Lapin Agile ». Tournez à droite, pour rejoindre la rue Saint-Denis (rue du Mont-cenis) que vous gravirez. Arrivé au sommet, l’église Saint-Pierre de Montmartre vous accueillera, après avoir croisé au passage le lieu où se trouvait la maison de Berlioz, les rues SaintJean (rue Cortot) et des Rosiers (rue du Chevalier de la barre). Descendez la rue Neuve Saint-Paul (rue Saint Eleuthère), pour retrouver la rue du Télégraphe. Sur votre gauche, la rue Tardieu vous mènera place Saint-Pierre (ex place Piémontési), où se tenait, à proximité le vieux marché de Montmartre, remplacé en 1868 par la halle du nouveau marché (rue Ronsard, rue Charles Nodier). De là, la rue Virginie (rue Steinkerque) ou la rue de la carrière (rue Seveste) vous permet de retrouver le boulevard

Rochechouart puis rejoindre votre point de départ en empruntant successivement le boulevard des Martyrs, le boulevard de Pigalle et le boulevard de Clichy, tous trois réunis en l’unique boulevard de Clichy actuel ! QUARTIER DES GRANDES CARRIÈRES Lieux-dits : Le Champ à Loup, Le Champ Marie, Le Chemin des bœufs, Le Cherche feuille, Les Clauys puis Les Cloÿs, La Fontaine du But, La Fontaine Saint-Pierre, Les Grandes Friches, Les Hautes Malassis, La Hutte aux Gardes, Le Poteau, Les Ruelles, La vache Noire… QUARTIER DE CLIGNANCOURT Lieux-dits : Le Beau Mur, La Charbonnière, La Croix Moreau, La Maison Blanche, La Maison Rouge, Les Portes Blanches, Les Rapines, La Remise de La Chapelle, Les Torlettes, Le Boqueteau des Ilettes… QUARTIER DE LA GOUTTE D’OR Lieux-dits : La Butte des Couronnes, les Cinq Moulins, Le Hameau de la Goutte d’Or… QUARTIER DE LA CHAPELLE Lieux-dits : Le Clos Merdret, La Croix de l’Évangile, Les Plantes Rigault, Le Ponceau, Le Pré Maudit, La Tournelle ou Les Coudraux…


HISTORIQUE ARTISAN

1- LA RUE DE L’ABBAYE, LA RUE DE LA CURE ET LA PLACE DE L’ABBAYE Ancien sentier, la rue des Abbesses s’est appelée, jusqu’en 1867, rue de la Cure entre la rue de l’Empereur (rue Lepic) et la rue du chemin vieux, rue de l’Abbaye pour le reste. Prolongement de la rue des Dames du quartier des Batignolles, cet ancien chemin conduisait à l’abbaye d’en bas des Dames de Montmartre selon le tracé correspondant de nos jours aux rues Ganneron, de Maistre et des Abbesses. La rue de l’Abbaye doit son nom fait qu’elle fut tracée sur une partie des terrains ayant appartenu à l’ancienne abbaye bénédictine des Dames de Montmartre, fondée en 1155 par Louis Legros et sa femme AdélaÏde de Savoie. Profa-

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Seine. Le maire est M. Véron. En 1860, la mairie de Montmartre devient, en raison de l’annexion de la commune intramuros au “Grand Paris d’Haussmann”, la mairie du XVIIIe arrondissement. Elle demeurera à son emplacement jusqu’en 1892, remplacée par une nouvelle mairie, construite dans un style néo Renaissance, par l’architecte Marcellin Emmanuel Varcollier, élève de Baltard, place Jules Joffrin (ex-place Sainte Euphrasie). La première pierre fut posée le dimanche 16 décembre 1888, jour de l’inauguration de la passerelle Caulaincourt, en présence du préfet de la Seine, M. Poubelle. Notons que le dernier maire de Montmartre, le baron Michel de Trétaigne sera le premier maire du XVIIIe arrondissement.

Elysée Montmartre

née, pillée, les religieuses dispersées, les biens confisqués, l’abbaye disparaît à la Révolution. Succédant à Catherine de La Rochefoucauld-Cousage, Marie de Montmorency Laval, en sera la 46ème et dernière abbesse. La place de l’abbaye devient en 1867, la place des Abbesses. La première mairie de Montmartre, installée place du Tertre occupera diverses adresses : passage de l’Élysée des Beaux Arts (rue André Antoine), petite rue Royale (rue Houdon)…pour finalement s’installer dans un bâtiment spécialement destiné aux services municipaux (un hôtel de ville et deux écoles, l’une pour garçons, l’autre pour les filles). La mairie, bâtie place de l’abbaye, considérée comme la seconde mairie de Montmartre, est inaugurée le 3 mai 1837 par le comte de Rambuteau, préfet de la

2-LA RUE DES ACACIAS - LA RUE D’ORSEL - LE SIÈGE DU « LIBERTAIRE » ET LE BAL DE L’ÉLYSÉE MONTMARTRE 2-a / La rue d’Orsel n’est autre que l’ancienne rue des acacias, qui joignait la chaussée des Martyrs à la chaussée de Clignancourt. C’est en 1873, qu’elle prit le nom du promoteur Joseph Orsel, acquéreur, comme bien national, de trois lots provenant de terrains de l’abbaye des Dames bénédictines de Montmartre. Les nombreuses maisons bâties sur ces terrains, éloignées du village de Montmartre, constituèrent « Le village d’Orsel », dont la rue principale était cette rue des acacias. Au 15 de la rue d’Orsel, le journal anarchiste « Le Libertaire » y possédait son administration et sa rédaction, comme le prouve le recto et le verso de l’entier

postal reproduit ci-contre. Plus précisément, à la lecture de la correspondance située au verso, vous pouvez voir qu’il s’agit d’une demande d’abonnement à la revue « Les Temps Nouveaux », une autre revue anarchiste. Sous une forme qui a souvent varié, Le Libertaire est l’une des plus anciens titres de la presse de langue française. Le premier titre Le Libertaire est apparu aux Étatsunis, où son créateur, Joseph Déjacque (écrivain et journaliste anarchiste) était venu se réfugier après le coup d’état du 2 décembre 1851, de Napoléon III, « Napoléon le petit », comme le qualifiait Victor Hugo. Le premier numéro parut à New York le 9 juin 1858. Sa parution sera éphémère, trois années seulement. Le titre renaîtra en France, en novembre 1895 sous la direction de Sébastien Faure et Louise Michel. Le « Nouveau Libertaire » succède alors à deux hebdomadaires anarchistes : La Révolte de Jean Grave et Le Père Peinard d’Émile Ponget. Le Libertaire apportera en 1897, son soutien en faveur de la révision de la condamnation du colonel Dreyfus, et s’en trouvera victime en 1899. Sa parution, interrompue durant six mois, reprendra avec une nouvelle rubrique : « Les Grèves ». Une bibliothèque anarchiste, ouverte en fin de semaine, est présente rue Robert Planquette à Montmartre ! 2-B /.LE BAL DE L’ÉLYSÉE MONTMARTRE Le bal de l’Élysée Montmartre, ouvert en 1830 boulevard de Rochechouart possédait un accès rue des Acacias. Son succès en fit très vite un dancing à la mode où, pour mieux satisfaire une partie de sa clientèle, l’établissement se dota dès 1860 d’un décor luxueux, propre à plaire et à attirer la bourgeoisie naissante sous le Second Empire : un vaste salon, un restaurant confortable, une salle de jeux complètent le dancing. 3- LA RUE ANTOINETTE – LA RUE YVONNE LE TAC La rue Antoinette, ouverte en 1843, sur une partie des terrains de l’Abbaye des Dames de Montmartre, l’abbaye dite d’en bas, dont l’entrée se trouvait à l’angle de la place de la Mairie. Elle reliait la place de la Mairie (place des Abbesses) à la rue Léonie (ancienne section de la rue des Trois Frères). Elle a porté, jusqu’en 1879, le nom de rue Marie-Antoinette, prénom de la femme de l’un des propriétaires qui l’ont percée. Depuis 1968, la rue Antoinette est rebaptisée rue Yvonne Le Tac, du nom


HISTORIQUE

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Liste des principales Voies Publiques avec leurs anciens et nouveaux noms ANCIENS noms

NOUVEAUX noms

Abbaye (Rue et Place de l’) Rue et Place des Abbesses, 1867 Abreuvoir (Chemin de l’) Rue de l’abreuvoir Acacias (Rue des) Rue d’Orsel, 1873 Acacias (Passage des) Supprimé, il joignait la rue des Acacias à la rue de la Carrière Amélie (Rue), de la rue de l’Empereur à la rue Florentine Rue Puget, 1864 Marie Antoinette (Rue) puis Antoinette ouverte en 1843 Rue Yvonne Le Tac, 1968 Arcade (Passage de l’) Passage des Abbesses, 1873 Arcade (rue de l’) Rue Androuet, 1864 Barrière Clichy (Place de la) Place Clichy, 1864 Bastien (Rue) Rue Durantin Barthélemy (Rue) Rue d’Orchampt Batignolles (Grande rue des) Avenue de Clichy (de la place Clichy à l’avenue de Saint-Ouen) Bénédicte (Rue) Rue Gabrielle (de la rue Chappe à la rue Drevet) Beau Mur (sente du) Rue Diard Bœufs (Chemin des) Rue Marcadet (de la rue du Ruisseau à l’avenue de Saint Ouen, 1856 Brouillard (Rue des) Rue Girardon, 1867 Carrière (Rue de la) Rue Seveste Chapelle Franciade (Rue de la) Grande rue de la Chapelle, puis de La Chapelle Chasseloup-Laubat (Rue) Projet abandonné d’une rue allant du square Saint Pierre à la rue Lepic Château Rouge (Rue du) Rue Clignancourt (de la rue Ramey à la rue Championnet) Château Rouge (Rue du) Rue Poulet, 1847 Chaussée Clignancourt (Rue de la) Rue de Clignancourt (du boulevard à la rue Muller, et rue Ramey Chemin neuf (Rue du) Rue de l’Empereur, route départementale n°15, puis rue Lepic Cimetière Montmartre (Rue du) Avenue du cimetière du Nord, puis Avenue Rachel Constantine (Rue de) Rue Myrrha Croix du But (Rue de la) Rue des brouillards, puis Girardon Cure (Rue de la) Rue de l’Abbaye, puis rue des Abbesses Dames (Chemin des) Rue de Maistre Dames (Rue des) Rue de Maistre, entre la rue Lepic et la rue des Grandes Carrières) Dejean (Rue) Rue Doudeauville Empereur (Rue de l’) Rue Lepic, 1864 Florentine (Rue) Rue Coustou, 1864 Fontaines (Rue des) Rue de la Saussaye, rue des saules Fontaine Saint Denis (Impasse de la) Impasse Girardon Fontenelle (Rue de la) Rue de la Barre (de la rue Ramey à la rue de la Bonne) Hortense (Rue) Rue de l’Impératrice, puis rue Lambert Impératrice (Rue de l’) Rue Lambert Lalande (Rue) Rue Lambert, entre la rue Labat et la rue Bachelet, 1877 Léonie (Rue) Rue des Trois Frères (entre la rue Drevet et le rue d’Orsel, 1868 Luc Lambin (Rue) Rue André-del-Sarte, 1880 Mairie (Rue de la) Rue Lavieuville, 1867 Manoir (Rue du) Rue Hermel Marché (Cité Cité d’Orsel Martyrs (Chaussée des) Rue des Martyrs, 1868 Martyrs (Boulevard des) Boulevard de Clichy (de la rue des Martyrs à la rue Houdon, 1864) Masson (Passage) Rue Bastien, puis rue Durantin Moulins (Rue des) Rue de Norvins (entre la rue des Saules et la rue Girardon, 1868)

ANCIENS noms

NOUVEAUX noms

Moulins (Petite rue des) Rue de la Mire, 1877 Nation (Rue de la) Rue de Sofia Neuve Labat (Rue) Rue Simart (du bd Barbès à la rue de Clignancourt) Neuve Pigalle (Rue) Petite rue Pigalle, puis rue Germain Pilon, 1864 Neuve Saint Paul (Rue) Rue Saint Éleuthère (entre la rue Foyatier et l’ancienne rue du Pressoir) Neuve Véron (Rue) Rue Audran, 1864 Notre Dame (Rue) Rue Saint Rustique, 1867 Orsel (Village) Village créé vers 1802 entre la butte Montmartre et les boulevards extérieurs Piémontési (Place) Place Saint Pierre Pigalle (Boulevard) Boulevard de Clichy (de la rue Houdon à la rue Lepic, 1864) Poirier (Rue du) Rue Berthe (entre la rue Ravignan et la rue Drevet, 1873) Poissonniers (Boulevard) Boulevard de Rochechouart (entre la rue Clignancourt et le bd Barbès) Pressoir (Cour et rue du) Rue du Pressoir, puis rue Saint Eleuthère Procession (Chemin de la) Rue Saint Denis, puis rue du Mont Cenis Rosiers (Rue des) Rue de la barre, puis du Chevalier de la Barre Route Royale n°1 Rue de La Chapelle Route départementale n°13 Avenue de Clichy et avenue de Saint Ouen Route départementale n°15 Rue de l’Empereur, puis rue Lepic Route départementale n°35 Rue de Clignancourt et rue Ramey Royale (Petite rue) Rue Houdon Saint André (partie de la rue) Rue Ronsard, 1875 Saint Denis (Rue) Rue du Mont Cenis, 1868 Saint Jean (Rue) Rue Cortot, 1864 Saint Pierre (Passage) Passage de Clichy Saint Vincent (Ruelle) Rue Saint Vincent Sainte Marie (Escalier) Rue Sainte Marie Sainte Marie (Place) Place du Calvaire Sainte Marie Blanche (Impasse) Impasse Marie Blanche Sainte Marie Blanche (Rue) Rue Constance Saules (Passage des) Rue Darwin Saussaie (Rue de la) Rue des saules Télégraphe (Rue du) Rue Chappe, 1867 Théâtre (Cité du) Cité des bains, puis Cité Dancourt Théâtre (Place du) Place Dancourt (1869), puis place Charles Dullin Théâtre (Rue du) Rue Dancourt, 1867 Traînée (Rue et/ou impasse) Rue de Norvins (de la place du Tertre à la rue des Saules, 1868) Trenette ou Traînée voir ci-dessus Trois Frères (Escalier) Rue Drevet, 1867 Vertus (Boulevard des) Boulevard de La Chapelle Vieux chemin (Rue du) Rue Ravignan, 1867 Vinaigriers (Rue des) Rue Christiani, 1864 Virginie (Rue) Rue de Steinkerque, 1877 Cette liste, comment ne pas la compléter par l’évocation de quelques anciens « lieux-dits » de l’arrondissement, tels qu’ils figurent sur d’anciens plans cadastraux, toujours présents dans les archives (Voir La Société d’Histoire et d’Archéologie Le Vieux Montmartre, rue Cortot, n°12). Malheureusement, ils sont souvent oubliés, parfois même ignorés, car comme ils sont en majorité situés en dehors du périmètre de la Butte, il est souvent difficile de les localiser de façon précise. De ce fait, la liste proposée ci-dessous, donnée à titre indicatif, ne peut être qu’approximative.


HISTORIQUE

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Place des Abbesses

de cette institutrice, résistante, déportée, décédée en 1957. Yvonne Le Tac a été la directrice de l’école de filles située au n°7, devenue collège Yvonne Le Tac. Au n°9 se trouve le Sanctum Martyrium lié à la légende de Saint-Denis. 4- LA RUE DE LA CARRIÈRE La rue de la Carrière joignait le boulevard Rochechouart à la place St Pierre. Ainsi nommée, car elle menait à l’une des importantes carrières de Montmartre, comblée aux environs de 1860. Elle porte depuis l’année 1868 le nom de rue Seveste en hommage à la fa-

mille Seveste : Pierre Jacques, le père, artiste de théâtre de vaudeville, Jules et Edmond ses deux fils, surnommés les « Frères Seveste ». Grâce à un privilège acquis en 1817 auprès de Louis XVIII, pour avoir participé à l’authentification des restes de Louis XVI, les « Frères Seveste » furent autorisés à ouvrir plusieurs théâtres “hors barrière”, ce qui était jusque là interdit : le théâtre de Montmartre (1822), devenu le théâtre de l’Atelier ; le théâtre des Batignolles (devenu le théâtre Hébertot) ; les théâtres de Belleville et de Montparnasse.

5- LA RUE DU CHEMIN NEUF, LA RUE DE L’EMPEREUR, LA RUE LEPIC Encore vague chemin de terre, en ce jour de 1809 où Napoléon vint à Montmartre visiter le télégraphe optique Chappe, installé sur le chevet de l’église SaintPierre. Arrivant de la capitale, Napoléon, contraint d’emprunter l’unique accès à Montmartre qu’était le chemin vieux, en si mauvais état et si escarpé dut terminer son ascension à pied. Accueilli à son arrivée, en l’église Saint-Pierre, par son curé, Caire de Blazer, ce dernier ne manqua pas de lui faire part de l’intérêt pour sa paroisse, de posséder d’autres accès, commodes et en bon état ! Reconnue comme route départementale n°15, la revendication sera doublement satisfaite deux ans plus tard. C’est ainsi que fut ouverte la rue de l’Empereur dans sa section « Place Blanche – rue de la Cure » et rue du chemin neuf de la rue de la Cure à la rue des Moulins, sections qui seront réunies en une unique rue de l’Empereur en 1852. En même temps le chemin vieux fut aménagé. Entre temps, le projet de rebaptiser la rue de l’Empereur rue David D’Angers, en raison de sa situation dans ce quartier dit des sculpteurs, sera abandonné au bénéfice de rue Lepic (général d’Empire) en 1864. 6- LA RUE DU CIMETIÈRE MONTMARTRE La rue du Cimetière Montmartre, encore appelée avenue du cimetière du Nord,

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HISTORIQUE

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permettait l’accès, depuis le boulevard de Clichy au cimetière dit de Montmartre (ex Champ du Repos). Depuis 1899, elle porte le nom de la grande tragédienne Elisa Rachel. 7- LA RUE FLORENTINE La rue Florentine, ouverte vers 1840 joignait le boulevard de Pigalle à la rue de L’Empereur. Rebaptisée, en 1864, rue Coustou, elle honore, à nouveau, dans ce quartier dit des sculpteurs, le souvenir de Guillaume Coustou, auteur des « Chevaux de Marly » que l’on peut contempler à l’entrée des Champs Élysées. L’ancienne rue Amélie qui rejoignait la rue Coustou depuis l’entrée de la rue Lepic porte actuellement le nom du sculpteur Pierre Puget. Entrée du cimetière Montmartre

dont les antres profonds fournissent à Paris l’orgueil de ses plafonds ». La direction des eaux de Montmartre possédait encore ses bureaux, début du 20ème siècle, rue du Chevalier de la Barre, puis passage Cottin voisin.

Rue Lepic

8- LA RUE DE LA FONTENELLE La rue de la Fontenelle reliait la chaussée de Clignancourt à la rue des Rosiers. Elle correspond donc, aujourd’hui, à la section inférieure de la rue du Chevalier de la Barre. Elle doit tout simplement son nom à la présence d’une source naturelle importante et d’une fontaine. Tarie dans la seconde moitié du 18ème siècle, c’était une des nombreuses sources que l’on pouvait trouver sur la Butte : La Fontenelle bien sûr, La Bonne Eau, La Fontaine du Buc, La rivière Saint-Denis, qui ont toutes progressivement disparues en raison des affaissements de terrain consécutifs au mauvais entretien des anciennes carrières de gypse abandonnées de Montmartre. Ne disait-on pas, comme le mentionnait Émile Gigault de Labédolière, que c’était à Montmartre que l’on extrayait le plâtre le plus parfait ou encore : « Sans Montmartre, Paris ne serait rien. Il y a plus de Montmartre dans Paris que de Paris dans Montmartre » « L’œil voit d’abord ce mont,

9- RUE DE L’IMPÉRATRICE La Rue de l’Impératrice, a porté plusieurs noms : Rue Hortense (1843), rue de l’Impératrice, rue Lalande jusqu’en 1877. Elle occupait la section de l’actuelle rue Lambert, comprise entre les rues Labat et Custine. Dans ce périmètre, autrefois appelé Cité de Clignan-

court, la rue de l’Impératrice, les rues Bachelet, Lécuyer, Nicolet, Biron, voisines, n’étaient encore, au nord-est de la Butte, en 1860, que des chemins ou des sentes. A l’angle de la rue Biron (rue Labat) et de la chaussée de Clignancourt se trouvait un petit boqueteau dit des Ilettes, une entrée des carrières et un cabaret, La cuve renversée, ancienne cantine des carriers. La majorité des rues, citées ci-dessus, portent le nom d’anciens propriétaires. à suivre... Jean-Paul Bardet


À LA RENCONTRE

J

ean-François Balmer

préserve un mystère. Qui peut se vanter de bien connaître ce comédien multi-facettes, habité par le bonheur de jouer ? Il a la modestie princière, et sa réserve teintée de bonhomie laisse parfois surgir un rire d’enfant malicieux. Acteur à l’état pur, il affirme volontiers ne pas être un artiste, lui qui l’est de toute sa fibre. Il suffit de voir comme on l’aborde avec chaleur et respect pour comprendre que le public a perçu, au-delà de ses formidables interprétations, l’homme authentique, aux valeurs solides, celui dont on voudrait être l’ami. Rencontre chez lui, dans son village de Montmartre, sur une terrasse dominée par le profil gravé du roi Henri IV, qu’il a incarné sur les planches.

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Pompidou. N’est-ce pas un défi pour un acteur ? C’est surtout un plaisir. Incarner un personnage historique n’est pas anodin, cela exige une responsabilité réelle pour un acteur. Il faut pour une fois s’informer, lire des biographies… J’étais content de jouer Louis XVI qui me semblait un rôle de comédie, le gros roi un peu benêt. Puis j’ai compris que c’était l’inverse de ce que je croyais. Alors, c’est vrai que la critique ou le public peuvent être surpris… Claude Chabrol a imputé à « mon » Louis XVI l’échec du film* qui reste le plus gros bide du cinéma français ! «Tu as remis en cause la thèse officielle, le cinéma français va te le faire payer!» m’a-t-il dit. C’était quand même un peu exagéré… Quoi que ( !…)

Vous êtes de ces acteurs qui mènent de front une carrière au cinéma, au théâtre et à la télévision. Comment abordez-vous Chacun connaît des artistes français ces univers différents ? qui s’installent en Suisse, l’inverse étant Les rôles, je les prends pour moi, je les rarissime, voire un peu surréaliste. Êtesparle à la première pervous hors normes ? sonne. Je n’entre pas Juste un brin surréaliste, peut « dans la peau du personnage », être… Depuis mes éternités, la la peau c’est la mienne. Il faut capitale littéraire de la Suisse amener le personnage vers française, c’est Paris. Pour ma Mais c’est très soi. C’est 50/50. Mais c’est part, j’ai gagné une bourse sur difficile, le très difficile, le théâtre. Il faut concours pour entrer au Conserchaque soir faire croire aux théâtre. Il faut vatoire de Paris, et la bourse a gens que c’est la première été renouvelée pendant trois chaque soir fois que vous jouez pour eux. ans. Alors, dès réception de faire croire aux C’est pourquoi j’ai souvent dit, mes premiers cachets de coméen choquant un peu, que je gens que c’est dien, j’ai demandé à payer mes n’étais heureux que lorsqu’un impôts en France, pour « remla première fois spectacle se terminait. Alors, bourser » un peu. Mais je ne que vous jouez finie la peur, on peut de nousavais pas comment faire et je veau respirer normalement. suis allé consulter un avocat. En pour eux. C’est vraiment plus simple au m’écoutant, il a implosé : « Vous cinéma et à la télévision, une êtes suisse et vous voulez payer fois l’image entrée dans la vos impôts en France ! Eh bien, moi, les déments, ça me fait peur ! Tirez-vous ! boîte, ouf, c’est fini ! Allez, passez à la caisse ! » Pour cette consultation expéditive, il m’a assommé : 2000 Francs, Vous détestez faire « l’animacteur » juste pour me faire bien entendre que j’étais un - selon votre mot – sur les plateaux télé, comme si vous considériez cela comme con… – une découverte pour moi ! Bref, j’ai toujours payé mes impôts en France. une trahison de votre profession… Mais j’aime la Suisse, cette chaleur, cette Ce n’est plus l’interprétation, seule compte la gentillesse, une fraîcheur préservée. Je suis né à 25 km de la frontière, je suis un homme de lisière. Je possède les deux passeports, bien que, par principe, je sois plutôt contre… Mais ce n’était pas toujours facile, le passeport suisse, vous savez ! En 1985, j’ai tourné Concerto Barocco. Je prenais l’avion tous les deux jours pour relier Paris et Prague. Nous étions 25 passagers, dont visiblement 24 étaient des hommes du KGB. Eh bien, j’étais médiatisation. De l’eau de source des monle seul à être fouillé à la frontière : un soi-disant tagnes, le métier d’acteur s’est recyclé en une acteur, de nationalité suisse, se rendant tous multinationale des eaux gérée par des actionles deux jours à Prague, j’étais l’objet de toutes naires, petits comptables. Alors désormais les suspicions ! J’avais envie de dénoncer les chacun a sa chance. C’est celui qui se montre vrais espions ! Après cela, je me suis décidé le plus qui gagne. Et moi, ça ne m’inspire pas… à obtenir un passeport un peu plus anonyme Je continue de faire ce métier comme on le – je pense à Romain Gary en prononçant cette faisait avant. L’acteur, en quittant le costume, glissait de la lumière à l’ombre – en attendant phrase monstrueuse… de resurgir sous une nouvelle forme … On n’allait pas faire le « show » à la télé, on ne quéEt voilà comment on en vient à incarmandait pas un rôle, on était sollicité. Question ner les grandes figures de l’histoire de « après vente », je fais le service minimum ! France, d’Henri IV à Louis XVI ou même

Je reconnais aisément que « c’est pire qu’un crime, c’est une faute »… Que pensez-vous des « engagements » des comédiens, leurs prises de position sur les sujets de société ? Je m’inclus généreusement dans l’affirmation que les propos des acteurs n’ont jamais été très intéressants. Sur ce point, on peut quand même me reconnaître que j’emmerde bien moins le monde que beaucoup d’autres ! L’acteur est-il vraiment devenu simple produit marchand, dans la société marchande ? Bien sûr, comme tout le monde. Je pense qu’il y a eu deux révolutions dans l’ère moderne : la pilule contraceptive et la balise Argos. La balise Argos ? C’est une fin d’un monde. Depuis cette invention, tout s’est inversé, c’est l’homme anonyme, marchant dans la rue qui est devenu un « voyageur solitaire ». Le navigateur nouveau type est repéré, balisé, badgé et sponsorisé. C’est la mort de l’aventure. L’adieu à jamais à Tabarly ! De même que l’acteur, à l’origine, est un paria, un explorateur de lisière. Faire le choix de ce métier à risques, ce métier de crève la faim, ne pouvait émaner que d’une volonté aventurière, apte à défier les convenances. Mais aujourd’hui, dans une famille, tout le monde rêve de devenir comédien-star ! Le rebelle est devenu un privilégié du système, qui se paie le luxe de le juger ! Mais on ne peut pas être juge et partie ! Jouer, pour vous, est-ce un besoin vital ? Je n’ai pas d’avidité à exister comme acteur, je suis trop ambitieux et exigeant !... Je voudrais faire une ou deux grandes interprétations. J’estime mériter un grand rôle, un « Mister Turner». C’est un vrai gâchis de ne pas me donner un de ces grands rôles ! Tant pis pour eux ! En fait, avec votre passion intacte, on pourrait vous définir comme un jeune comédien qui fonctionne à l’ancienne ?

MYSTÈRE C’est vrai que je n’ai jamais été et ne suis toujours pas blasé ; et j’ai toujours l’impression de débuter ma carrière. Dois-je consulter, docteur ?

Propos recueillis par J.-M. Gabert

*Dans La Révolution française, film de Robert Enrico et Richard T. Heffron (1989).


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A LA RENCONTRE

Photo Jacques Habas

BALMER


TRIBUNE

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En attendant la publication d’un entretien spécial avec Alain Juppé, que nous espérons réaliser pour le numéro de septembre, voici trois témoignages de citoyens exposant les raisons de leur engagement pour Alain Juppé et de leur soutien à son projet pour la France. Si le cœur vous en dit, dans un esprit de respect de l’autre et de volonté d’échange constructif, vous pouvez vous exprimer vous aussi dans cette rubrique, avec vos idées et propositions pour la France, en assumant et signant vos propos. Au plaisir de vous lire. Midani

LA FRANCE... EN A BESOIN Non, il n’est pas du genre à chatouiller les pieds, Taper fort dans le dos pour devenir copain, Tout promettre gratuit et puis se défiler C’est pour ça qu’avec lui, je me sens assez bien.

La disgrâce venue, frappé par l’injustice, Il quitta le pays pour passer quelques mois Essayer de trouver la vie réparatrice A sa morosité, bien loin au Canada.

Il est vrai qu’une époque assez droit dans ses bottes Il lui manquait parfois le sourire naturel Qui, contraire au bâton, mais comme la carotte Vous attire vers lui comme le fait le bon miel.

Quelques années avant il devint Girondin En remplaçant Chaban, amenant sa jeunesse Et transforma Bordeaux en un bref tournemain Lui redonnant ainsi toute sa hardiesse !

Le plus doué d’entre nous comme l’appelait Chirac Arraché à ses Landes pour monter à Paris Calculant bien plus vite qu’un ordinateur Mac Avait la politique vraiment faite pour lui.

En pleine Hollandie, s’apprêtant au suffrage Calmement, sereinement, il s’engage aux primaires Car la qualité de l’homme c’est aussi parfois l’âge Dont l’expérience acquise peut être corollaire.

Passionné des belles lettres, en grec comme en latin Diplôme de l’Ena et de Sciences Po Paris Inspecteur des finances, puis d’autres maroquins De l’hôtel Matignon fit sa capitainerie.

Espérons qu’à la France qui en a bien besoin Il applique avec nous ce qu’il fit à Bordeaux Et proposer enfin de plus radieux demain Redonnant sa fierté à notre beau drapeau ! Martin de Roquefeuil

LA GRANDEUR NE SE DIVISE PAS, DISAIT LE GÉNÉRAL DE GAULLE

C

e sens du rassemblement et de l’intérêt général, je l’ai retrouvé chez Alain Juppé.

Sa démarche politique n’a qu’un objectif ultime : redonner à la France la place qu’elle mérite en rassemblant les français dans leurs combats communs sans se jeter dans la brèche béante de la division. L’amour de la France le porte plus que tout : « Il faut croire en vous, croire en votre pays » nous rabâche-t-il en permanence. L’obsession d’une France solide, riche et diverse ne le quitte jamais. Juppé incarne pour moi celui qui « fera le job », sa connaissance de la France et des institutions, sa fermeté, son sens de la modération et de la mesure, le distinguent et de loin. Notre pays a besoin d’être apaisé, il a besoin d’un leader qui place l’intérêt général

au dessus de tout, d’un homme d’Etat qui donne le cap, qui apporte des solutions à la fois réalistes et innovantes, d’un Président capable, qui a le courage politique de prendre les décisions qui s’imposent. Faire campagne avec Juppé, c’est avant tout de la méthode et de la rigueur. Pas d’effusion mais du réalisme face à la gravité de la situation. Pas de politique spectacle, exit les « chicayas politiciennes ». Le candidat nous demande de faire appel à notre « raison plus qu’à notre passion ». C’est une énorme entreprise au service de la France. Il faut aimer la France pour bien la gouverner, la comprendre et vouloir avant tout la servir et non s’en servir et c’est ce projet qu’incarne Alain Juppé. Donia Kaouach


TRIBUNE

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ALAIN JUPPÉ, LE PLUS PRÉSIDENT D’ENTRE NOUS !

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ace à un gouvernement incapable de réformer notre pays, face à un président qui, obnubilé par son rôle d’équilibriste au sein de son propre camp, a abaissé la fonction de chef de l’Etat, la France ne peut se permettre de reconduire cinq années de « hollandisme ». Nous assistons à un règne finissant très inquiétant, vécu comme un calvaire par de nombreux Français. Devant une société française en proie à des divisions, devant une montée des extrêmes et des errements populistes, qui a permis au Front National d’atteindre un niveau inédit, notre pays doit retrouver le chemin du rassemblement. Ce sont ces deux impasses de l’immobilisme et de la radicalisation que nous devons absolument éviter en 2017. Alain Juppé est l’homme du rassemblement. Il possède cette qualité indiscutable d’homme d’Etat capable de parler à tous les français. Fixer un cap, porter une vision claire, présenter un projet concret et financé aux français, c’est l’engagement qu’a pris Alain Juppé au cours de cette campagne : tout dire avant, avec sérieux, avec sérénité, pour tout faire après. Cette volonté de réforme et ce discours de vérité sont les conditions pour redresser collectivement notre pays. Le temps n’est plus aux fausses promesses et aux discours démagogiques qui n’apportent aucune solution. Il nous faut un « faiseux » plutôt qu’un concours de « diseux ». La formidable réussite d’Alain Juppé en tant que maire de Bordeaux témoigne de sa capacité à transformer concrète-

ment les choses sur le terrain. Il en fait une ville innovante et dynamique sur le plan économique et de l’emploi, une ville attractive sur le plan culturel et du rayonnement touristique, une ville exemplaire sur le plan écologique et durable. Cette réussite d’une ville où il fait bon vivre représente un espoir pour la France. C’est fort de sa stature d’homme d’Etat et de son expérience d’homme de terrain qu’il a choisi de se présenter devant les français. Un seul mandat pour agir. C’est par cet engagement qu’il pourra à la fois gouverner en homme libre, dégagé des arrière-pensées électorales, et faire émerger une nouvelle génération qui veut libérer les énergies. Transmettre, être un « passeur », l’ambition dégagée d’Alain Juppé s’inscrit dans un désir de faire profiter à la jeunesse de sa longue expérience. Cette volonté de transmission, c’est aussi la marque de sa fidélité et de sa constance. Une fidélité au 18ème arrondissement dans lequel il revient souvent avec plaisir. Une fidélité en amitié également, que j’ai pu mesurer au fil de nos rencontres. L’attachement qu’il

porte à la capitale et le lien précieux qu’il a conservé avec les habitants témoignent de la relation de proximité qu’il sait créer avec nos concitoyens. Homme d’Etat, homme de terrain, homme de transmission, homme de fidélité, Alain Juppé a su créer une alchimie personnelle avec les français qui fait de lui le plus Président d’entre nous. Pierre-Yves Bournazel


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À VOS PAPILLES

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CAFÉ ROZELL,

UNE CRÊPERIE PAS COMME LES AUTRES, ÇA VOUS DIT QUELQUE CHOSE ? «Rozell», «billig», «gnon», «spanell» et autres termes de professionnels sont choses courantes en cette crêperie nouvelle génération. Son enseigne ? «Café Rozell», du nom de l’instrument qui permet d’étaler la pâte à crêpe ou à galette sur le «billig», la galetière ici signée Krampouz, le spécialiste mondial du genre qui est présent dans 150 pays. Le «gnon», lui, est le tampon avec lequel on frotte le «billig» avec un mélange de saindoux et d’oeufs, le «lardiguel» ; le «spanell», la spatule avec laquelle on retourne crêpes et galettes. Sur les contreforts de la Butte Montmartre, les Bailly, Jhis et Jack, viennent de s’installer aux abords de la place des Abbesses. Ces originaires de Nogent-le-Rotrou dans le Perche - où ils tenaient le «Café Saint-Pol» -, et après une expérience hôtelière à Paris («Le Bonne Nouvelle» dans le 2e), jouent ici la carte de la qualité suivie pour une reconversion réfléchie depuis des mois. Origine des produits - farine complète de blé noir sans gluten du Moulin de l’Ecluse à Pont-L’Abbé et farine de froment bio, saumon fumé Safa, cidre artisanal Kerné, jus de pomme bio, jus de légumes frais, confitures bio, crème Chantilly maison, café espresso Illy de Trieste -, courte carte (six galettes, une dizaine de crêpes), une sélection de vins à l’ardoise, un cadre tout beau tout neuf avec du mobilier en bois (avec une toute petite

terrasse), tout ici est mitonnée aux petits soins. Au programme, un beau dimanche de début mai, autour d’une bonne bolée, la galette au beurre salé, la nordique, avec le fameux saumon fumé bio de Safa, la crêpe au caramel au beurre salé, celle au jus de citron ou une autre au chocolat et amandes. Cidres brut, bio ou artisanal pur jus, voire même vins ou coupe «Rêves de bulles» de Clément Weck,

vigneron alsacien, viennent en contrepoint des préparations. Jhis est maîtresse de ses trois «billigs» alors que Jack répand la bonne parole pour conseiller un public qui, déjà, s’annonce curieux et ravi. Un nouveau lieu de belle convivialité ne cèdant pas à la facilité touristique et se veut gourmand et de belle nature. Allez-y de notre part. Bon appétit et... large soif ! Roger Feuilly www.toutnestquelitresetratures.com roger.feuilly@orange.fr

Rozell Café 24, rue de la Vieuville Paris 18e. Tél. : 01 49 25 30 47 Ouvert du mardi au dimanche. M° Abbesses.


ENTREPRENEUR À PARIS

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ROUES SOUS 1 PARAPLUIE PAR CATHERINE CHARRIÈRE

UN CONCEPT ORIGINAL ALLIANT LUXE ET CONVIVIALITÉ

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les croyait disparues du paysage français. La toute dernière est sortie d’une chaîne de montage au Portugal en 1990. Les revoici à l’assaut de la capitale et des routes de vacances bordées de platanes. n

Avec leurs couleurs vitaminées, une forme arrondie à nulle autre pareille, elles font sourire sur leur passage. Les 2CV de « 4 roues sous 1 parapluie » ont du peps à revendre !

UNE IDÉE ORIGINALE « 4 roues sous 1 parapluie », c’est la définition donnée, en 1935, par Pierre-Jules Boulanger, patron de Citroën, pour la conception d’une voiture populaire. Aujourd’hui c’est une flotte de quarante 2CV et de deux DS, une centaine de chauffeurs souriants et cultivés, le tout orchestré avec élégance par Florent Dargnies, fondateur de l’entreprise, il y a 13 ans. Son pari : tenter l’invraisemblable. Autrement dit, allier service haut de gamme et voiture populaire, mais aussi concilier

une voiture ancienne avec les technologies douces de l’avenir. Il fallait oser… En 2002, son diplôme de commerce en poche, le jeune homme emprunte la voiture familiale, une 2CV Charleston grise et noire, et fait cap sur Berlin. Un parcours qui lui permet de mesurer le capital sympathie de la 2CV. L’avenir est devant lui. Il hésite un temps à s’engager dans la Marine nationale, mais opte finalement pour une flotte plus terre à terre et la création de sa propre entreprise.

CRÉER UN MOMENT UNIQUE Le concept est simple : des balades en « deudeuche », à Paris ou ailleurs, avec chauffeur privé et visite commentée. « Notre mission, c’est vraiment que les gens passent un moment inoubliable dans la voiture et que, trois ans plus tard, ils s’en souviennent encore », explique Florent Dargnies. Des excursions qui s’adressent aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises avec une gamme très variée et un service à la carte : de la balade parisienne au Rallye ParisCannes en passant par des mariages et enterrements de vie de garçon. Avec des prestations comprises entre 60 et 4 000 €, il y en a pour toutes les bourses. D’ailleurs, les clients viennent de partout et ils en redemandent. En tête, les Français, suivis de près par les Anglais et les Chinois. L’an dernier, ils ont été vingt mille à s’offrir un tour en décapotable Citroën. ET L’AVENIR ? Florent Dargnies ne cache pas ses ambitions. « Mon projet, c’est que mes 2CV deviennent aussi incontournables à Paris que les gondoles à Venise ! » Et ce jeune chef d’entreprise voit déjà loin. Il rêve aujourd’hui de gérer un musée ou un théâtre, toujours dans le même esprit : sous le signe de la culture et de la convivialité.

www.4roues-sous-1parapluie.com


ENTREPRENEUR À PARIS

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ENTRETIEN

AVEC FLORENT DARGNIES, PRÉSIDENT DE « 4 ROUES SOUS 1 PARAPLUIE »

VOTRE CONCEPT EST ORIGINAL, COMMENT VOUS SITUEZ-VOUS SUR LE MARCHÉ ? Nous avons sur Paris un positionnement qui est à la fois haut de gamme et convivial. Grâce à la 2CV qui est un cocon assez génial, mais aussi haut de gamme parce qu’il y a un chauffeur privatif. Ce que je souhaite, ce n’est pas du luxe froid, mais une véritable qualité d’accueil. QUE DEMANDEZ-VOUS À VOS CHAUFFEURS ? Tous les chauffeurs doivent, bien sûr, être de bons conducteurs, mais aussi avoir une vraie valeur ajoutée sur Paris. Nous voulons que les gens partent avec plus de connaissances qu’ils n’en avaient en entrant dans la voiture. Mais c’est aussi le lieu d’un échange particulier qui peut aller jusqu’à une vraie rencontre.

VOUS FAITES AUSSI DES TRANSFERTS… Oui, souvent la balade part de l’hôtel. On va dans des hôtels très luxueux. Ca peut être le Crillon, le Georges V, le Peninsula. Mais on peut aussi aller chercher des clients dans le camping du bois de Boulogne. Et ça, c’est la 2CV. AVEZ-VOUS ÉGALEMENT DES CLIENTS FRANÇAIS ? Oui, c’est même la première

nationalité. Il y a des gens qui viennent de province et qui découvrent Paris. Mais on a aussi beaucoup de Franciliens ou de Parisiens qui choisissent des parcours insolites. On est alors plus dans le domaine du loisir, du cadeau, que du tourisme pur. UN PROJET QUI VOUS TIENT PARTICULIÈREMENT À CŒUR ? Oui, en mai dernier, nous avons organisé la 4e édition de « La Route des Villages ». Parti de Paris, ce rallye d’exception est arrivé pendant le Festival de Cannes. Il est organisé en partenariat avec « Les Plus Beaux Villages de France », et pourrait être l’équivalent de la route 66 en Harley Davidson aux Etats-Unis. L’idée est de faire découvrir le patrimoine vivant comme la gastronomie, l’artisanat, mais aussi un art de vivre à la Française. A chaque étape, on est accueilli par le maire qui nous fait une visite du village suivie d’un apéritif. Cette année, il y avait 25 participants venus spécialement des Etats-Unis, du Canada et d’Australie. A PARTIR DU 1ER JUILLET 2016, LES VÉHICULES IMMATRICULÉS AVANT 1997 SERONT INTERDITS DE CIRCULATION À L’INTÉRIEUR PARIS. COMMENT ALLEZ-VOUS NÉGOCIER CE VIRAGE ? Il était question de dérogations pour les professionnels du tourisme. Mais je n’en sais pas plus. On s’est préparés en homologuant une 2CV élec-

trique. Paris se veut, depuis des années, exemplaire sur le développement durable et nous, en tant qu’acteurs touristiques, on a fait un vrai choix. On a beaucoup misé sur cette voiture. Et s’il le faut, on convertira nos véhicules. AVEZ-VOUS, POUR CELA, BÉNÉFICIÉ DE SUBVENTIONS DE LA PART DE L’ETAT OU DE LA MAIRIE DE PARIS ? C’est la région Île-de-France qui nous a aidés en subventionnant notre projet. Son soutien a certainement permis de crédibiliser le projet et d’obtenir l’accord de Citroën. Et je leur en suis très reconnaissant. CHAQUE VOITURE EST PERSONNALISÉE Oui, elles portent toutes un nom. Marguerite est verte, Antoinette est rose. James est jaune et fait partie d’une série limitée que Citroën avait sortie

pour le film de James Bond « Rien que pour vos yeux » avec Roger Moore et Carole Bouquet. QUELLE EST LA DURÉE DE VIE D’UNE 2CV ? Je ne peux pas vous répondre parce que la plus ancienne est encore en service. Elle s’appelle Huguette et date de 1968. La 2CV est une voiture quasi increvable. Il n’y a pas d’électronique, ce n’est que de la mécanique. Vous pouvez tout changer et quasiment les refaire à neuf. UNE DERNIÈRE QUESTION : QUEL VÉHICULE CONDUISEZ-VOUS ACTUELLEMENT ? Une Citroën moderne. J’ai longtemps roulé en 2CV, mais avec des enfants... J’ai une C4 Picasso. Propos recueillis par Catherine Charrière


PATRIMOINE

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LA SOCIÉTÉ « LE VIEUX MONTMARTRE » PAR MARIE-FRANCE COQUARD

Une belle épopée de 130 ans

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association s’inscrit sous le signe de combats altruistes et de travaux de titan. Quel chemin parcouru depuis sa fondation au mépris des obstacles, des guerres, de l’absence de moyens pour parvenir à un rayonnement désormais international ! La naissance de la Société d’Histoire et d’Archéologie « Le Vieux Montmartre » a eu lieu le vendredi 21 mai 1886. Un compte renPromenade juin 1887, Coll LVM du manuscrit émouvant, à la fois modeste et ambitieux, en atteste. Leurs idéaux sont nobles : l’amour du vilUn archéologue, un peintre, un homme de lage unique qu’est Montmartre, le refus de lettres s’en reviennent de la Commission sa destruction avec l’inquiétude que suscite des Bibliothèques Populaires par les rues son rattachement à Paris depuis 1860. Une ensoleillées de Montmartre. Tous craignent détermination militante les habite. Enthoupour son devenir face aux appétits immobi- siastes, généreux, bouillonnants d’idées liers qui s’annoncent déjà. novatrices, ils n’ont pas d’autres moyens Tels les mousquetaires, ils décident d’or- que leur volonté de se battre sur le terganiser une véritable résistance et sans rain, entendons-nous, celui attendre, organisent le 4 de la Butte. juin une première réunion Moulin galette bal, Coll LVM L’audience va très vite s’acqui se tient à l’hôtel restaucroitre, bientôt 150 membres rant le Rocher Suisse, rue vont s’associer pour défendre Lamarck. Neuf montmartrois Montmartre, sa richesse y participent. architecturale, historique, Rapidement l’idée va faire la créativité exceptionnelle un chemin enthousiaste. d’artistes, peintres, écrivains, Dès le 26 août 1886, par poètes, illustrateurs, caricatudécret du Préfet de Police, ristes, musiciens. A partir du est créée « une société 1er janvier 1887 on décide de savante intitulée la société se retrouver un vendredi de d’histoire et d’archéologie du chaque mois dans la grande XVIIIe arrondissement ». S’y salle de la Mairie de l’arrone joindra bientôt le IX arrondissement, alors située au dissement, soit le « Bas Montmartre ». 14 place des Abbesses. Cette Société Savante est l’initiative de Outre une volonté de préservation du patriquelques passionnés d’horizons divers moine, un souci de pédagogie et d’ouvermais tous amoureux du village de Mont- ture démocratique mobilise les fondateurs martre. Le petit groupe de pionniers est qui veulent offrir la possibilité d’un accès très attaché à Montmartre et à son patri- à la culture pour le plus grand nombre. moine, plus particulièrement ses trésors Rappelons qu’à cette époque la troisième archéologiques. N’oublions pas les vestiges République rend l’école publique, laïque et du temple romain bâti sur l’emprise de obligatoire, crée bibliothèques et cours du Saint-Pierre de Montmartre et de l’Abbaye soir. Royale des Abbesses de Montmartre. Un sceau est créé pour devenir « l’emblème ette

des armes de la Société » qui se donne comme ambition de montrer combien Montmartre a le pouvoir d’inspirer des artistes. Une véritable effervescence artistique règne sur la Butte depuis la fin du XIXe siècle. C’est un poète épris de souvenirs, un peintre dont l’imagination crée un chef d’œuvre, des chansons qui courent les rues… Objectifs ambitieux et courageux : « Tout ce qui rappelle un souvenir, une date, une heure de joie, tout sera fouillé, étudié, conservé. » Dès la création de la Société on publie en moyenne 4 bulletins par an mais leur impression coûte cher à une association qui dispose de peu de moyens. On va donc organiser des tombolas et faire appel à la générosité de donateurs. On conserve là où l’on peut les pièces archéologiques, les tableaux ou les livres que l’on recueille. Toutefois, il faudra attendre qu’un local puisse les abriter pour que dons et legs se multiplient. En 1897, un projet de musée pour préserver « les curiosités archéologiques » est déjà proposé comme un vœu pieux. Pourtant, contre vents et marées, il verra le jour. En attendant, de nombreuses visites sont organisées pour les enfants des écoles communales du 18ème arrondissement afin de leur faire découvrir et aimer ses quartiers. En 1892, une salle dans la toute nouvelle mairie du 18ème, place Jules Joffrin, est mise à disposition. Les collections se développant, la société déménagera à plusieurs reprises, de la rue


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d’Orsel à un pavillon de la cité des Fusains, Kléber Rossillon qui gère plusieurs autres République de Montmartre a choisi le Préébauche de petit musée qui, un jour, devien- sites touristiques. sident pour organiser des visites de Montdra grand. Ce jour arrivera enfin, en 1960… Une convention tripartite est adoptée martre qu’elle offre aux enfants des écoles On ne rappellera jamais assez le combat de le 30 avril 2011 entre la Ville de Paris du 18ème et leurs enseignants ayant à cœur l’architecte urbaniste montmartrois Claude propriétaire des locaux, la Société Saint de conserver l’esprit et la connaissance de Charpentier. Ce fut un précurseur dans la Jean-Saint Vincent et l’association d’Histoire lieux exceptionnels. sauvegarde des centres villes historiques. et d’Archéologie « Le Vieux Montmartre » Le Président du « Vieux Montmartre » est enEn 1949, avec le concours dont l’appellation n’a jamais touré d’un Conseil de 17 membres, d’une du Président de la Société changé depuis sa création vingtaine de bénévoles qui apportent leur « le Vieux Montmartre » Paul en 1886. concours, leurs compétences et donnent Yaki, ils obtiennent l’insDe très gros travaux sont de leur temps sans compter. Un travail giLeurs idéaux cription de Montmartre à réalisés et s’étendent sur gantesque est effectué quotidiennement l’inventaire des Monuments plusieurs années avec le afin de conserver, stocker, mettre à dissont nobles : naturels et légendaires. souci de garder l’âme de ce position, développer des richesses d’une l’amour du village Les combats acharnés de lieu. Rénovation de grande grande diversité encore insoupçonnables unique qu’est Charpentier et Yaki éviteampleur, certes, mais au pour beaucoup. ront entre autres la desplus près des origines afin Les collections composent le patrimoine de Montmartre... truction du manoir dit de de conserver son carac- la Société « Le Vieux Montmartre ». Elles Rosimond (comédien de la tère montmartrois unique. sont le témoignage de la vie de ce village troupe de Molière), dont l’arCette restauration va impo- que reste Montmartre en dépit de son rattachitecte assurera la restauration. C’est dans ser le transfert des collections, des docu- chement à Paris en 1860. Elles relatent son cette charmante « maison de campagne », ments. Il s’agira de les stocker dans les histoire artistique, historique, religieuse, que s’installe enfin le nouveau musée du meilleures conditions hydrométriques de ethnologique, sociale et folklorique. Vieux Montmartre, dans ce cadre magique température et de sécurité. Ce seront les Plus de 6000 œuvres d’art et 100 000 doet légendaire du 12 de la rue Cortot. C’est entrepôts spécialisés LP ARTS de la Cour- cuments constituent le fonds d’une Société un immense soulagement pour la Société neuve qui vont l’assurer. Petit à petit, quand savante d’environ 400 sociétaires. Elle est qui, depuis sa création en 1886, cherchait désespérément un lieu où s’établir et exposer ses collections. C’est donc le 21 juin 1960 que le Président Paul Yaki inaugure le Musée, émanation de l’Association, tandis que Claude Charpentier en devient le Conservateur. Victor Perrot, ancien Président de 1914 à 1934, a alors 95 ans. Fier de ce nouveau musée qui permet enfin de présenter les collections au public, il fait don de sa splendide collection de porcelaines de Clignancourt, une fabrique qui a produit des pièces admirables y compris pour la Cour de Louis XV et Louis XVI. Aujourd’hui, vous pouvez admirer ces porcelaines dans deux vitrines, Alain Larcher, Jean-Michel Bück et Claude Bena accueillant un chercheur témoignages d’une belle activité artisanale importante à Montmartre. En 1967, la Société est reconnue d’utilité publique. les travaux s’achèveront, en mai 2015, la reconnue comme unique par sa longévité En 2003, les collections de la Société du plupart des collections reviendront dans les et son dynamisme. La richesse impresVieux Montmartre obtiennent le label Mu- réserves de l’Hôtel Demarne. sionnante des collections est pourtant sée de France. essentiellement le fruit de dons, de legs, 2008 : la Ville de Paris ne souhaite pas d’achats, de dépôts comme l’enseigne du L’ASSOCIATION À LA TÊTE D’UN renouveler le bail, l’état des bâtiments s’est Lapin Agile peinte par André Gill, d’associabeaucoup dégradé. Elle projette de récupéFORMIDABLE PATRIMOINE tions ou d’institutions telles que le musée rer l’ensemble des locaux. Le succès natioCarnavalet. Peintures, sculptures, meubles, nal d’une pétition de soutien et le témoi- Depuis 2014, c’est Jean-Manuel Gabert affiches, dessins, lithographies, photogragnage filmé de nombreux artistes célèbres, qui préside aux destinées de l’association. phies, presses d’atelier du graveur Delâtre, démontrent l’attachement de tous à ce Mu- Reconnu de tous comme l’un des meilleurs du dessinateur Poulbot, porcelaines présée, où se cristallise l’âme de Montmartre. spécialistes de Montmartre tant sur le plan cieuses, des œuvres de Steinlen, Valadon, Un an plus tard, le principe de la séparation historique qu’humain, il est l’auteur de plu- Utrillo, Utter, Emile Bernard, Willette et tant entre l’association dite Société d’Histoire et sieurs ouvrages parus aux éditions de la d’autres, tous ces trésors sont conservés d’Archéologie « Le Vieux Montmartre » et Belle Gabrielle, conférencier créateur de sous un plastique spécial, classés, réperle Musée est décidé par la Ville de Paris. visites à thème pour le Syndicat d’initiative. toriés sur des rayonnages spécifiques, L’association demeure propriétaire de ses Notre rédacteur en Chef du magazine Paris- numérotés. L’hydrométrie, la température collections. L’extension, la rénovation et la Montmartre y a rédigé d’innombrables ar- sont surveillées dans des réserves aussi gestion du Musée sont confiées à la so- ticles et dossiers. Renouant avec la tradition sécurisées qu’un coffre-fort répondant aux ciété Saint Jean-Saint Vincent présidée par des fondateurs du « Vieux Montmartre », la normes dites « muséales ». Mais faute de


PATRIMOINE

place suffisante, les œuvres les plus imposantes telles que de grosses pièces de mobilier, des sculptures, des bibelots se trouvent encore entreposées dans des stockages annexes du 17ème arrondissement. Propriétés de la Société du Vieux Montmartre, depuis son origine, les collections

Percement de l’avenue Junot sur l’ancien maquis par Alfred Renaudun collection Le Vieux Montmartre

sont placées sous la responsabilité du Musée qui assure leur entretien, leurs restaurations, leur préservation, leur classement et leur surveillance. La conservatrice Sassia Oomes y veille jalousement. Sachez également qu’aucune pièce ne quitte les réserves sans l’autorisation de l’association, en l’occurrence celle de son Président.

ALAIN LARCHER LE VICEPRÉSIDENT RESPONSABLE DES ARCHIVES Ce montmartrois, né rue Dolfuss, dont la famille vit toujours rue Ordener et rue du Mont-Cenis, est sollicité dès 2010 pour apporter son expérience au nécessaire archivage des pièces. Il organisait depuis de nombreuses années des visites de Montmartre, des repas conviviaux au célèbre Clocher de Montmartre tenu par Chantal

Soirée Chat Noir, Photo L. Passot

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Brérot. De plus, sa carrière de responsable des perceptions internationales à la SACEM et contrôleur des producteurs de disques l’ont amené à fréquenter des artistes. A la faveur de contrôles des disques Déesse, il rencontre Bernard Dimey, Mouloudji, Nougaro. Il se souvient de soirées fort animées

mais indispensables à la conservation du papier dont on connait la grande fragilité. Enfin, vient le temps de la compilation et de l’intégration informatique. Ainsi la composition de chaque boite sera numérisée au fil du temps. Suivons Alain Larcher sur les trois lieux où

Le 12 rue Cortot avant le musée, Aquarelle d’André Utter, collection Maréchal

avec Dimey, dont il devient un bon copain. Elu au Conseil d’administration en 2013, Vice-Président en 2014, Alain s’est attaqué à l’énorme tâche qu’est l’archivage. Responsable des archives et de l’accueil des chercheurs, il travaille avec une équipe de 5 bénévoles tous aussi passionnés. Ils reçoivent les chercheurs, les renseignent, leur apportent les documents puis les reclassent tout en participant à la restructuration des archives. Dans un premier temps, le travail consiste à déterminer les différents types de documents, les classer ou les reclasser. Pour des raisons de disposition et de surface des espaces, il faut scinder les documents en plusieurs classements clairement identifiés et aisés à consulter. Ensuite, sont à créer des éléments permettant l’archivage dans les conditions les plus optimales, des boites adaptées avec des protections particulières. Ce sont ces fameuses pochettes Mylar fort coûteuses

Peinture de Francisque Poulbot, Coll LVM

se trouvent plus de 100 000 pièces d’archives et de documentation. Les archives sont divisées en trois secteurs principaux afin de permettre de recevoir, quel que soit le jour, plusieurs demandeurs simultanément en s’appuyant, bien entendu, sur la disponibilité des bénévoles. En rez-de-jardin, près de l’accueil du musée, la salle Claude Charpentier est dotée d’une imposante et superbe maquette historique du site de Montmartre réalisée en 1956 par Georges Folmer à la demande de Claude Charpentier. Elle a servi d’armature à l’exposition consacrée à la protection du site de Montmartre. Propriété de l’association, elle a dû subir quelques restaurations avec le concours d’un mécénat. 500 documents appartenant au Vieux Montmartre ont dû être scannés pour illustrer le mur « Valadon raconte son époque » qui défile de façon permanente. Vous tournez sur votre gauche, vous ouvrez une petite porte et vous trouvez Alain Larcher au milieu du local principal là où sont classées les « boites noires » dont Il a procédé à l’archivage. On lui doit pas moins de 207 « boites noires » de grand format et fort lourdes. Archiviste est aussi un métier physique… Un vrai trésor est conservé dans ces classeurs très souvent demandés. Ils contiennent des pièces originales dessins, croquis, lettres, revues relatives à de nombreux artistes et personnalités montmartrois ou ayant à un moment ou un autre de leur vie fréquenté notre Butte Sacrée. Des boites spéciales gardent les nombreuses plaques de zinc du fabuleux théâtre d’ombres du Chat Noir. Vous attend aussi une collection d’une richesse exceptionnelle sur la chanson française, petits formats, partitions


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originales de compositeurs célèbres, interprètes des opéras ou opérettes qui constituent notre belle histoire musicale. Des milliers de chansons sont à votre portée classées soit par titre, soit par compositeur, soit seulement regroupées. Des chercheurs font ici d’incroyables découvertes notamment en compulsant des ouvrages consacrés aux caricaturistes, affichistes, dessinateurs nombreux à Montmartre, de Poulbot, Willette, Steinlen à Janbrun et Eric Boldron aujourd’hui. A côté des dessins, des lithographies, des gravures, des affiches patiemment classés par Alain Larcher, il a fallu également beaucoup travailler pour mettre à disposition des journaux originaux tels « le Courrier Français », « le Chat Noir » , « Gil Blas » ou « L’Assiette au beurre  » ainsi que des dizaines d’autres connus ou moins connus. Ici vous découvrirez, les ouvrages, tous impeccablement rangés, sur Montmartre, son histoire, ses origines, ses fêtes mémorables. En fait, tout ce qui concerne l’extraordinaire richesse de ce village unique. Le deuxième point d’accueil se trouve juste au-dessus au premier étage. S’il est accessible, il n’est pas encore tout à fait finalisé dans son classement. Traversons maintenant le magnifique jardin avec ses arbres fruitiers, ses parterres de plantes rustiques. Une impression de province, un charme magique vous enveloppe. Dans cet environnement paisible, vous ne savez plus très bien où vous vous trouvez. Pourtant, c’est bien ce Montmartre en dehors du temps et de l’effervescence touristique qui s’offre à vous. Dans l’hôtel du Bel Air, se situe le 3ème lieu d’archivage au dernier étage du musée, soit au niveau des locaux administratifs de l’association. Il est surnommé « les boites grises ». Leur nombre dépasse les 200 et contient des documents plus petits ou plus confidentiels sur des événements festifs, des personnalités montmartroises ou des artistes. Egalement des cartes postales, des photos dont une grande collection de portraits de danseuses mais aussi des plans de Montmartre au fil des siècles, les cirques, l’histoire religieuse, les écoles et une multitude d’archives montmartroises des plus diverses et des plus surprenantes très souvent consultées. La curiosité est ici quotidiennement au rendez-vous tant au niveau des équipes que des consultants. Une partie des bibliothèques dédiées aux livres et documents sur la peinture en général est entreposée à cet étage ; si le local est accessible il n’est pas complètement finalisé actuellement dans le classement exigeant que s’impose notre archiviste et ses collaborateurs bénévoles. Il faut rappeler

toire. Ils sont écrivains, étudiants, historiens, professeurs, conférenciers ou bien ce sont des hommes et des femmes qui souhaitent retrouver des traces de leurs ancêtres ou tout simplement enrichir leurs connaissances personnelles. Le mardi est le jour de réception des chercheurs, sur rendez-vous dans la grande majorité des cas. Toutefois, des aménagements sont tout à fait possibles pour ceux qui se déplacent de province, voire de l’étranger. Accueillis avec un café pour faire patienter en attendant le classeur, la boite ou le document recherché. Et c’est la joie indescriptible de la découverte qui se lit sur les visages. S’y ajoute l’incomparable odeur du papier, des vieux manuscrits, une véritable madeleine de Proust ! Claude Charpentier devant la maquette de Folmer La recherche, quelle qu’elle soit peut s’étaler d’une demi-journée à pluque le fonds bibliothécaire de l’association sieurs semaines ou des mois quand il s’agit comprend quelques 4000 ouvrages ! d’articles ou de rédaction d’ouvrages. Alain L’archivage représente un énorme travail Larcher tient à ce que les contacts avec les pour rendre les archives accessibles à tous. chercheurs soient des plus chaleureux, des De plus, les équipes ont à cœur d’améliorer plus montmartrois. Certains tissent des sans cesse les conditions de préservation liens entre eux et échangent des informations, des conseils. « Le Vieux Montmartre » se veut un centre de recherches, de ressources ouvert et à disposition de tous ceux qui le souhaitent.

Beaucoup de chercheurs français ou étrangers d’horizons très divers, viennent travailler à la Société du Vieux Montmartre à la recherche d’un lieu, un événement, un personnage, une histoire.

ISABELLE DUCATEZ DIRECTRICE DE LA SOCIÉTÉ « LE VIEUX MONTMARTRE »

et de présentation au public comme aux chercheurs dans une perspective de diffusion aussi bien nationale qu’internationale.

L’ACCUEIL ET L’ACCOMPAGNEMENT DES CHERCHEURS : UN ASPECT IMPORTANT DES ACTIVITÉS Beaucoup de chercheurs français ou étrangers d’horizons très divers, viennent travailler à la Société du Vieux Montmartre à la recherche d’un lieu, un événement, un personnage, une his-

Ancienne Secrétaire Générale de l’Association de 2004 à 2011, après un parcours artistique et culturel, un intermède d’un an à la Société Saint Jean-Saint Vincent, Isabelle Ducatez a retrouvé ses fonctions de Directrice de ce Vieux Montmartre dont elle est l’unique salariée. Directrice aux multiples fonctions, elle assure la gestion administrative, les relations extérieures avec les instances telles que la DRAC et la DAC. Elle collabore avec la Directrice et la Conservatrice du Musée pour la préparation des expositions mais aussi leur accrochage, décrochage et participe activement aux activités les plus diversifiées. Elle s’occupe particulièrement de la diffusion du fonds tout à fait exceptionnel de dessins d’enfants réalisés pendant la guerre 14-18.

Isabelle Ducatez


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Isabelle Ducatez assure la gestion de la photothèque, le scannage des photos, leur envoi, leur règlement. Autre responsabilité : la recherche de mécènes et de sponsors pour concourir au montage des expositions temporaires, au financement de nouvelles acquisitions d’œuvres ou d’ activités de nature à contribuer au rayonnement de l’association et du Musée.

LE BULLETIN Dès sa création, les fondateurs ont choisi de publier un bulletin pour accorder force et crédit à la nouvelle Société Savante. Depuis 1886, Le Vieux Montmartre, en dehors d’interruptions dues aux deux guerres mondiales, n’a pas cessé d’éditer régulièrement les bulletins. Désormais numérisés par la BNF Gallica et en ligne accessibles à tous dans le monde entier, ils permettent d’apprécier l’importance de toute son histoire. Rédactrice en Chef du Bulletin, Isabelle Ducatez veille à ce que soient relatés les nouvelles du musée, les conférences du Centre Culturel, les exposés, les collections appelées hors les murs pour des expositions en France et à l’étranger, et les achats d’œuvres, les dons et legs. Elle reçoit également les donateurs. Récemment, un fonds important sur le funiculaire vient d’être déposé pour rejoindre les collections. Hélène Guillon, petite fille de François Gabriel, photographe montmartrois qui a eu son studio photographique pendant 40 ans rue Muller, a fait don de photos à l’association. Outre l’enrichissement de son fonds, cela indique la confiance que l’on accorde au « Vieux Montmartre ».

LE SITE INTERNET Il présente de façon complète et détaillée les actualités du Vieux Montmartre, ses publications, ses expositions, ses conférences, ses lectures.

LE CENTRE CULTUREL DU VIEUX MONTMARTRE Michèle Trante, Vice-Présidente du Vieux Montmartre, est la Directrice du Centre Culturel, qui représente un volet important des activités de l’association.

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Le Centre culturel est très apprécié des adhérents comme des amis de l’association. Michèle Trante remplace Chantal Bodère qui créa « la Feuille » du Vieux Montmartre en 2013, illustrée par Alain Letoct. Cette publication trimestrielle de 4 pages en ligne est également envoyée par voie postale par les bénévoles. On y trouve un programme très riche et diversifié. Que de recherches, de manutention et d’envois pour offrir, en moyenne, 2 à 3 activités par mois proposées en accord avec des conférenciers et des compagnies de professionnels reconnus ! Les tarifs restent accessibles à tous. Michèle y veille avec beaucoup de vigilance. Nombre d’activités sont souvent gratuites pour les adhérents. Avec un petit budget, elle réussit des prouesses pour organiser des conférences, des spectacles, des visites d’expositions et de sites, des concerts de haut niveau ou encore des lectures d’auteurs. Des partenariats positifs ont été établis avec Les Amis du Musée d’Orsay, le Musée de la Vie Romantique, le Ciné 13, la Compagnie Lire Autrement et plusieurs autres organismes. Sachez qu’un conférencier coûte de 150 à 180 € de l’heure et une location de salle de spectacle revient au moins à 1 000 € avec la nécessité de retenir les salles plusieurs mois à l’avance tels le Studio 13. La salle Poulbot au Musée est mise à disposition par le Musée suivant des plannings très précis conformément à la convention. Chaque année, aux beaux jours, la soirée Concert dans les jardins attire une véritable foule. On y savoure avec émotion le privilège d’assister à des concerts au milieu d’une nature luxuriante sur le sommet de la Butte, sans oublier le buffet délicieux, servi avec dévouement et générosité par les bénévoles eux-mêmes. Vous remarquerez, en effet, que ce sont bien souvent les élus et les bénévoles de l’association qui servent le pot de l’amitié, rangent tables et chaises après les manifestations pour permettre des soirées magiques, dont on ne se lassera jamais.

sionnants souvent inédits, concernant des peintres, des écrivains, des courants artistiques. En 1967, la première exposition sur Poulbot organisée par Jean-Claude Gouvernon, ancien Président du Vieux Montmartre, a été inaugurée par André Malraux alors Ministre de la Culture. Elle a remporté un succès tel qu’il a fallu la prolonger. Depuis 2011, les expositions présentées au Musée et faisant appel aux collections du Vieux Montmartre sont réalisées en partenariat avec les deux entités, le Vieux Montmartre et Saint Jean - Saint Vincent. La République de Montmartre a mis en dépôt ses affiches de Poulbot « au Vieux Montmartre ». Elles ont été longtemps exposées à la Bonne Franquette avant de reprendre le chemin des réserves.

LE VIEUX MONTMARTRE FÊTE SES 130 ANS A l’occasion de la célébration de ses 130 années de travail inlassable, le Vieux Montmartre expose son histoire à travers des actions diversifiées afin d’élargir davantage son audience auprès de nouveaux publics. Les artisans de ce grand moment qui marquera l’histoire du Vieux Montmartre

Les membres du bureau du «Vieux Montmartre» en 1902

LES EXPOSITIONS De multiples expositions apportent au Vieux Montmartre son aura particulière. « La guerre des crayons » qui expose des dessins d’enfants de l’école Sainte Isaure pendant la guerre de 1914-1918 a remporté un succès tel qu’elle a dû être prolongée. Aujourd’hui, elle se déplace en France et prochainement aux USA. Isabelle Ducatez suit les prêts des œuvres en France et à l’étranger. 106 expositions ont mobilisé l’association de 1960 à nos jours, sur des thèmes pas-

Mairie du XVIIIè arrondissement, Coll. LVM


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Photo : Jean-Pierre Ducatez, Graphisme : Christophe Arnaud

sont à féliciter : Jean-Manuel Gabert son Président, Chantal Bodère sa coordinatrice, Claire Arasse, Christophe Arnaud, Jean-Michel Buck, Catherine Charrière, Emmanuelle Diethelm, Isabelle Ducatez,

Stéphanie Gorceix, Alain Letoct, Patricia Nébenzahl, Isabelle Pépin, Yvette Renoux, Catherine Rousseau, Eric Sureau, Jean-Marc Tarrit, Michèle Trante, Yvette Vouhé. Jean-François Balmer est le parrain de cet événement phare. Le comédien connu et apprécié des montmartrois n’a pas hésité à engager sa notoriété pour soutenir la célébration d’un Montmartre qu’il aime, lui aussi, passionnément. Un film documentaire est en cours « Montmartre sauve Montmartre », initié par Pascal Drapier. Mais aussi un bulletin Numéro Spécial « Montmartre notre histoire » et un Journal-Affiche numéro «O» est annoncé au 2ème semestre 2016. Innovant car déplié, il se transforme en affiche et révèle de belles illustrations.

L’ÉVÉNEMENT MAJEUR À NE PAS MANQUER ! Une grande exposition en collaboration avec la

Mairie du 18ème va rendre hommage au courage des fondateurs qui ont marqué la riche histoire de la Butte d’hier, tout en se tournant vers l’avenir.

Au fil des ans les dons, legs, achats constituent un enrichissement permanent à l’écoute de Montmartre qui suscite l’étonnement des chercheurs euxmêmes. Les visiteurs du monde entier qui découvrent, au Musée, les plus belles pièces du Vieux Montmartre sont tous admiratifs de leur importance et leur qualité. La Société « Le Vieux Montmartre » accompagne et devance les débats de demain par des conférences, des colloques, des concerts, des publications. Toute l’équipe travaille bien souvent dans l’urgence mais avec une motivation, un enthousiasme passionnés et de constants échanges mutuels. Elle agit toujours pour la sauvegarde et l’embellissement de la Butte, en lançant récemment le beau projet « Cité des Arts – Villa Medicis Montmartre », qui mobilise la République de Montmartre et le Collectif des associations (voir page ….). La réussite de cette Société unique tient dans la combinaison subtile de deux volontés : celle de rester fidèle à son histoire alliée à celle de se projeter en permanence dans l’avenir ; Œuvrer dans les pas des fondateurs afin que ce réservoir de collections, de documents et d’idées innovantes soit une ouverture sur Montmartre, le plus mythique des quartiers de Paris, mais aussi sur le monde. Marie-France COQUARD

La société d’Histoire et d’Archéologie des IXe et XVIIIe arrondissements de Paris « le Vieux Montmartre » 12 rue Cortot - Paris 18è contact@levieuxmontmartre. com Tel : 01 42 57 68 39 Site internet : www.levieuxmontmartre.com wikipedia Facebook : www.facebook.com/le-vieuxmontmartre BNF : site Gallica

POUR FETER SES 130 ANS, UNE EXPOSITION A LA MAIRIE DU XVIIIème MONTMARTRE ! NOTRE HISTOIRE Du 4 juillet au 10 septembre 2016 Temps fort de la rétrospective des 130 ans de la Société d’Histoire et d’Archéologie « Le Vieux Montmartre », ce rendez-vous incontournable retracera son histoire à travers un parcours historique et ludique pour tout public, dans le hall central de la mairie du 18ème. - Des panneaux évoqueront la vie politique, religieuse, sociale, artistique, festive et rebelle de Montmartre avec des facettes inédites de cette Butte pourtant mondialement connue. - Une scénographie originale présentera le Moulin Rouge, une colonne Morris, et le visiteur marchera… sur un immense plan du 18ème . En parallèle à ce parcours inédit : - Un docu-fiction « Une vie à Montmartre » sera projeté en permanence. - Une conférence « MONTMARTRE, NOTRE HISTOIRE » , le 6 septembre à 19 heures, dans la Mairie du 18ème par le Président Jean-Manuel Gabert avec le témoignage d’invités, dont Gilbert Fleury, peintre et ancien collaborateur de Claude Charpentier. - Deux projections du film « Montmartre », le 21 juillet et le 9 septembre à 19 heures à la Mairie du 18ème. Réalisation de Philippe Cochinard sur un texte de Jean-Manuel Gabert. COMMISSAIRES D’EXPOSITION : Isabelle Ducatez et Eric Sureau CRÉATION : Christophe Arnaud COORDONNATRICE DES « 130 ANS » : Chantal Bodère


SPÉCIAL MICHOU

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michou

60 ANS DE BONHEUR À MONTMARTRE….

I

nimitable,

inimitée, inégalable jamais égalée, la star toute blonde, toute bleue, fête, le 18 juin, ses 85 printemps et les 60 ans de son cabaret mythique célèbre dans le monde entier. 2016 met le bleu à l’honneur avec deux fois plus de raisons de faire couler le champagne et briller les plus scintillantes paillettes. D’aucuns annoncent déjà sur facebook une petite plaisanterie qui fera sourire celui qui les manie avec virtuosité : Michou fête ses 145 ans !

Un destin fascinant Michel Catty, modeste p’tit gars de Picardie, est né le 18 juin 1931 à Amiens dans cet avant-guerre difficile, de mère ouvrière et de père inconnu. Sa grandmère, qui ne sait ni lire ni écrire l’élève avec un amour qu’il n’oubliera jamais. Vous ne pouvez pas dire que le ciel s’annonce bien bleu pour celui qui fera pourtant son emblème de cette couleur de rêve.

Petits boulots, ouvrier dans la confection, vendeur de journaux à la criée, à 17 ans le p’tit Ch’ti décide de monter à Paris rien qu’avec une valise et son courage. Le joli garçon blond qui aimait jouer à la poupée, déjà « mi-coquin mi-coquette », sent bien qu’il n’y a pas d’avenir pour lui à Amiens. Alors, Gare du Nord, rue de Dunkerque, Place Blanche, rue Lepic puis rue des Martyrs, il est serveur, plongeur puis reprend en 1956 un minuscule bar appelé « Madame Untel ». C’est là, au 80 de cette rue des Martyrs, entre Pigalle la noctambule canaille et la Butte bohème des artistes, que tout a commencé et s’est enchainé. Il n’en bougera plus. Malgré sa flamboyante réussite, Michou ne se laissera pas griser par les paillettes du show bizz, ni le monde des peoples. Avec intelligence, il refusera de se développer ailleurs. Si le succès a vite dépassé Montmartre, Michou est resté fidèle au village. Pas de succursales et de rappeler : « j’ai eu la sagesse de ne pas faire ma Régine ». Certes, il a fait des tournées avec ses Michettes à Montréal, Tokyo, Munich, Haiti, Berlin etc... mais il martèle : « Michou c’est 80 rue des Martyrs, un point c’est tout ». Observateur implacable, esprit toujours en éveil, Michou s’avère rapidement un gestionnaire hors pair qui sait anticiper, créer, se renouveler dans la continuité. Derrière le sourire amical toujours juvénile et charmeur, derrière le regard bleu, narquois, pétillant de vie, ne nous y trompons pas c’est une personnalité volontaire, perfectionniste et exigeante. Derrière la protection de ses lunettes bleues se cache un homme sensible ; mais sachez aussi que même lorsqu’il blague, rien ne lui échappe. Michou voit tout et sait toujours qui est qui. Attentif, disponible pour ses innombrables amis, ses collaborateurs dévoués, ce qu’il aime par-dessus tout c’est, chaque jour, dans ses établissements préférés de la Butte, retrouver ses amis autour d’un ou… plusieurs verres et les lever au plus important à ses yeux bleus : l’amitié.

Michou en Brigitte Bardot


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Le spectacle du cabaret dans les années soixante-dix.

Michou, un Poulbot d’Amiens

Michou à Montmartre Une vraie histoire d’amour

clients raffolent de ce style canular et en redemandent. On chante et on parodie d’abord pour un quart d’heure. Clin d’œil du destin : un journaliste est dans la salle. C’est Edgar Schneider qui travaille pour Jours de France et va publier un article enthousiaste : « Quand Paris se travestit ». Ce sera, désormais, chaque jour que Michou donnera un spectacle – d’abord pas plus d’une demi-heure, sinon il faut payer la SACEM et il n’a pas un sou. Le bar devient le « Cabaret chez Michou », lancé le 13 juillet 1956. Idée de génie, Michou attrape une perruque blonde, un canotier, un tutu blanc, parodie Brigitte Bardot et minaude le célèbre « Coquillages et Crustacés » en dévoilant lui aussi d’admirables longues jambes. Et bien ça y est ! Lui aussi devient une star. L’affiche de Michou en Brigitte Bardot est toujours en bonne place dans le Cabaret. Michou’s Folies a déjà le logo créé par Jean-Michel Fonteneau. C’est le fameux visage rieur à la bouche en cœur, aux cils en carton noir démesurés qui figure inchangé sur la façade, le programme, le menu. C’est à Jean-Michel Fonteneau et Loulou Gasté que l’on doit en

1978 le « Moi, j’suis Michou » : la chanson culte a été écrite sur un bout de nappe et a fait le tour du monde.

Petit déjeuner sur sa terrasse

Mi-figue mi-raisin, mi-fille, mi-gamin, mi-morue, mi-pingouin, Moi j’suis Michou. Mimosa, militaire, mijaurée, milliardaire, mironton, mirontaine, Un peu folle, un peu fou. Milord à Miami, Milady à midi, mi-chatte, mi-souris, Moi j’suis Michou.

Michel Catty, désormais Michou, a été immédiatement apprécié de la propriétaire du 80 rue des martyrs. En 1956, il devient le gérant du petit bar. Depuis toujours, il est naturellement chaleureux, blagueur même quand il a un coup de blues. Il se fait beaucoup d’amis dans une atmosphère très gaie, sans jeu de mots ! Le déclic : un jour de Mardi Gras, l’ambiance est au gag. Alors, pourquoi pas ? Avec Lucien le barman et Eugène le teinturier d’à côté on s’amuse à se déguiser et à chanter. Maquillages, déguisements attirent d’autres copains. On prend des pseudos incroyables : Miss Glassex pour Michou, La grande Eugène, Phosphatine pour Lucien. Bientôt complétés par Miss Paic, Paulette Harpic etc. Les Débuts du cabaret, carte publicitaire


SPÉCIAL MICHOU

Je suis un beau joujou qu’on met sur ses genoux Qu’on couvre de cailloux , qu’on emmène à Capri. Mon corps est un bijou dont vous êtes jaloux Mais je suis votre ami, moi j’suis Michou.

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légendaires tenues au Marché Saint-Pierre et confie à ses tailleurs le soin de les faire sur mesure. Montmartre l’adore, que dis-je, le vénère, comme sa muse, comme un dieu des nuits blanches qu’il habille en bleu, pour

coussin bleu brodé Michou. Immédiatement, des mains se tendent pour des autographes et les appareils photos crépitent. Michou s’y prête volontiers, souriant, chaleureux, blagueur : « Soyez discret, j’ai couché avec lui ». Un peu avant 20 heures, à quelques mètres de là il part retrouver son cabaret qui l’attend pour une soirée de rêve dont il détient le secret. Nimbé de lunettes bleues, veste d’un bleu brillant électrique, il affiche une apparence quasi irréelle au point que dans la rue, on l’arrête, presque incrédule pour « me demander tout le temps si je suis bien le vrai Michou ». Ou encore pourquoi vous vous habillez en bleu ? « Depuis que je suis sorti avec un schtroumpf ! » répond-il le plus naturellement du monde.

Mais quelle belle carrosserie !

Michou et sa chère grand-mère devant le Sacré-Coeur

Liza Minnelli Aznavour et Brialy

Oui, j’ai bien dit, cette chanson a fait le tour du monde à partir du petit cabaret de 80 places, avec une scène de poche de 3 m2 !

la fête qu’il fait pétiller chaque soir tout en participant activement à la vie montmartroise.

Il fréquente tous ses potes de Montmartre, Marcel Aymé, Gen Paul dont il possède aujourd’hui une vingtaine de toiles, mais aussi les truands de Pigalle Jo Attia, François Marcantoni avec lesquels il fait bon ménage, une sorte d’estime mutuelle ? On le voit souvent trinquer avec Bernard Dimey qui le baptise « la belle du 18 juin » !

Ministre de la Nuit de la République de Montmartre, ministre des insomniaques, il est présent à ses manifestations, intronisations, vœux à la Mairie où il est, à chaque apparition, ovationné.

Il continue de choisir les tissus de ses

Chaque jour, vous pouvez le rencontrer à la terrasse de la Bohème puis, tel un rituel, à la Mascotte. Dimanche compris, il arrive à 18 heures, s’assoit à sa table sur son

La star adulée est un homme fidèle à lui-même et aux autres et ne cesse humblement de remercier Montmartre « Ce merveilleux village » et ses Montmartrois qui ont adopté le beau petit blond venant de Picardie. Le p’tit Quinquin d’Amiens aime toujours retourner sur la terre de son enfance bien qu’il soit devenu le plus célèbre Poulbot de Montmartre, « village » qu’il aime passionnément et où il habite un splendide appartement décoré de magnifiques œuvres d’art, le tout patiemment constitué à partir de chambres de bonne. Quelle vue sublime sur un tout Paris à 360 degrés depuis sa terrasse ! Avec sa forme d’humour subtil, arme la plus sure face aux moqueries, cette autodérision avec laquelle il s’est toujours protégé, il annonce y posséder sa résidence secondaire. Il veut parler de sa tombe, elle aussi toute bleue « la plus belle maison du cimetière », au cimetière Saint-Vincent, près de son ami Doudou Carlier, patron du célèbre restaurant Le Beauvilliers. A la suite d’une bringue bien arrosée, les deux amis ont décidé de ne jamais se séparer et ont donc acheté deux concessions mitoyennes ! Il ajoute en passant devant l’église SaintJean, tout près de chez lui : « C’est ici qu’aura lieu mon dernier concert. Tout est déjà organisé ». Pour l’instant, chaque soir il a hâte de retrouver son cabaret :


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« J’aime tellement ce moment que j’attends toute la journée pour retrouver non pas des clients, je ne prononce jamais ce mot, mais des amis. Le jour où je ne pourrai plus y aller, la vie ne m’intéressera plus. » Pas de Michou sans son légendaire Cabaret et plus de Cabaret sans Michou, n’estce pas au fond ce qu’il souhaite ?

Michou’s Folies Une soirée au Cabaret « chez Michou » Une façade rose et bleue qui a bien peu changé depuis la création du cabaret le 13 juillet 1956. Sans un centime en poche, élevé à la dure école de la vie, Michou a créé ici une institution unique et internationale. Voilà 60 ans et plus qu’il se bat, avec son courage, son intelligence, son immense charisme, son écoute des autres et des modes et disons-le un physique plus qu’avantageux. D’un petit bistrot de quartier, Michou, avec sa dizaine de Michettes, a fait une PME qui compte 32 salariés, 32 petites abeilles bleues. Il peut être légitimement fier d’être le seul à être resté totalement indépendant : « Je suis une pièce unique, le dernier d’une espèce, le dernier dinosaure ». Il n’est pas 20 heures. Sur le trottoir, la foule se presse déjà, impatiente, joyeuse. Certains ont retenu depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour tout oublier hormis le plaisir de vivre et, le temps d’une soirée, venir faire la fête chez Michou. Le monde entier veut venir s’installer dans l’une de ses 80 places et Michou, le magicien, y parvient… Tous les murs de l’entrée sont entièrement tapissés de photos de Michou entouré de personnalités les plus célèbres. Un véritable musée : des stars du show bizz, des amis, des peintres, des politiques, des business men et women . Ne cherchez pas à les compter. Michou en possède plus de 4000 ! Au passage Jean-Claude Brialy, Belmondo, Annie Cordy, Jean-Jacques Debout, Bernard Tapie, Jacques Chirac, Bertrand Delanoé, Sophia Loren, Florence Foresti, Bernadette Chirac, Mireille

Fanfaron de la Fanfare

Mathieu, Bernard Dimey, Eddie Barclay, Henri Tisot, Bourvil, Jo Dassin, Sophia Loren, Brassens, Nana Mouskouri, Darry Cowl, Jean-Luc Lahaye, Jeanne Moreau, Michel Drucker, etc… Salle comble sept jours sur sept dans ce cabaret pas comme les autres. Avant le spectacle, chansons de Léni Escudéro à Mick Micheyl en passant par Michelle Torr. Vous êtes accueillis par des Michettes prévenantes et déjà maquillées. Fait rarissime, ce sont elles qui prendront votre commande en tablier bleu siglé Michou, vous serviront à table avant de vous épater sur scène.

Rayonnant, le maitre des lieux est là pour recevoir chaque personne avant la revue. Bon enfant, il se prête aux photos avec un sourire charmant accompagné de clins d’œil dont il a le secret du type « Entrez, j’accepte les hétéros », ou « Je crois bien que j’ai flirté avec votre grand père », aux jeunes filles « Ne venez pas ici pour me piquer mon mec » ! Bref, le ton est donné : coquin, sans prétention ni vulgarité. La star internationale, le monument Michou ne se prend pas au sérieux. Et arrive le moment, chaque soir, tant attendu où Michou monte sur la scène. N’oublions jamais qu’on vient ici, avant


SPÉCIAL MICHOU

tout, pour voir Michou. Brushing platine parfait, manucuré, tenue impeccable bleue de la tête aux chaussettes. Il ne s’autorise qu’une tache, le rouge de sa légion d’Honneur. Très applaudi, il offre ses blagues fétiches : « ça va les hétéros ? Merci mes amis, d’être là. Vous ne le savez peut être pas mais je suis Michou ». Sa formule culte : « Surtout, ne dites pas à ma mère que je suis homosexuel, cela lui ferait trop de chagrin ».Vous l’imaginez, le public est conquis. Il enchaine : « C’est un copain qui demande des nouvelles : ton fils est toujours militaire ? J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle : la mauvaise, c’est que ton fils est homo… La bonne ? Hier, à la caserne, il a été élu la reine du muguet ! » Son art parfaitement maitrisé de l’autodérision met tous les rieurs de son côté. Il ouvre le satin de son emblématique veste bleue et crânement : « regardez ce corps,

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veux vous donner un dernier bon conseil : Ne soyez jamais vieille ! » Sous les applaudissements, ce véritable génie populaire lance le célébrissime « Quelle belle soirée ! » Et la salle enthousiaste de lui répondre en cœur : « Youpi ». On commence par un diner délicieux dans l’esprit de notre belle tradition gastronomique française. Michou, ce n’est pas seulement un cabaret, c’est aussi un excellent restaurant. La flamiche picarde comme le cervelas pistaché aux lentilles lyonnais sont à l’honneur. Il faut dire que le Chef des Cuisines n’est autre que Louis Le Roy, dit P’tit Louis, plusieurs fois étoilé et auteur de cinq ouvrages. Quant à Michou, il a été promu, en 2015, académicien de l’Académie Nationale de Cuisine. Quelle référence ! Deux menus au choix : le Paris et le Michou composés exclusivement de produits frais, un rapport qualité prix très étudié avec boissons comprises. Un exemple : Le verre de vin de 16 cl à 15 ! Quel autre

Pour terminer : « Avant le spectacle, je

On échange avec ses voisins qui vous confient : C’est notre anniversaire de mariage, c’est celui de nos enfants, c’est pour mes quarante ans, c’est la réunion de notre Comité d’Entreprise. En prime d’un spectacle unique, il y a le plaisir d’être ensemble pour partager une soirée inoubliable. Les photos souvenirs avec Michou sont proposées accompagnées d’un « Je suis heureux que vous soyez avec moi ce soir » écrit de sa main. Adorable, le chanteur du cabaret Grégory Martel offre une farandole d’hommages dédiés à Michou. Autour de 23 heures, les lumières s’éteignent. Que la fête commence ! Place aux Michettes avec des enchainements parfaits sur des rythmes époustouflants. Les Michettes ne sont pas des travestis. De plus, Michou n’accepte aucune Michette transexuelle opérée. Ce sont des transformistes, c’est-à-dire des artistes aux performances acrobatiques consistant à passer le plus vite possible d’un personnage à l’autre avec la même justesse de trait, le même talent qui laisse le public enchanté et admiratif.

cabaret parisien en fait autant ?

Carmen, la Callas, Sylvie Vartan, Adèle, Stromaé, Chantal Goya, Céline Dion, Line Renaud, Mylène Farmer, Madonna, Mireille Mathieu, Edith piaf, Cher, Liza Minnelli, Chantal Ladesou alias Oscar et des tas d’autres sont là, absolument irrésistibles. Et la caricature est parfois plus vraie que nature.

Bien sûr, il y a du champagne. Michou a toujours aimé le champagne au cours d’une vie très remplie et bien arrosée. Tout le monde le sait. « C’est mon bain de jou-

C’est drôle, c’est burlesque, quelquefois loufoque, c’est la fantaisie un peu folle à l’état pur, c’est unique, c’est chez Michou. Jamais provocateur, jamais méchant,

Annie Cordy Michou et le Manneken

il a beaucoup servi » ou bien « J’ai dit à un ami, c’est ton anniversaire, je veux te faire un cadeau : mon corps. Sa réponse : T’as rien de plus récent ? »

vence. Et vous tous aussi, vous l’aimez. Sinon comment expliquer que le cabaret Michou soit un des meilleurs clients des vignerons champenois ? »


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Photos Jean Rozier

LES VEDETTES DU SPECTACLE ACTUEL


SPÉCIAL MICHOU

jamais vulgaire. Bref, Michou, c’est le talent d’un virtuose qui fait salle pleine chaque soir depuis 60 ans. Sachez que c’est le fruit d’un énorme travail quotidien. N’oublions pas que c’est Michou lui-même qui choisit ses artistes et veille à tout, jusque dans le moindre détail. Que de fois il est descendu pour suivre leur habillage, leur maquillage avant l’entrée en scène. A minuit passé, les Michettes reviennent sur scène, se présentent avec des noms de fleurs, de la pivoine au magnolia, et entonnent en guise d’au revoir : « On vous le dit avec des fleurs, on ne se fera pas prier pour vous offrir notre bouquet ». Chapeau à Oscar, le directeur artistique de la Revue !

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Michou au grand cœur Chaque troisième jeudi du mois, un rendezvous immuable. Michou invite à déjeuner les personnes âgées et défavorisées de son cher 18ème, la maison de retraite est à trois maisons d’ici. Il offre l’apéritif, le repas et le spectacle. Louis Le Roy, son Chef étoilé, est au piano. Les artistes se produisent tous bénévolement. Le service est également assuré par des bénévoles. Personne, à part Michou, pour donner autant. Modeste, il évoque le souvenir de sa grand-mère Elise à laquelle chaque déjeuner est dédié : « Je fais cela en pensant à elle. Du reste, j’adore les petites vieilles ! » Et toujours son armure : « D’ailleurs, j’en

suis une maintenant ». Mais non, cher Michou , ce n’est pas l’âge qu’on a qui compte mais ce que l’on est capable d’en faire. En la matière, ton incroyable énergie, la vivacité de tes réparties, ta gaité contagieuse en font pâlir d’envie plus d’un. Juste et droit, un prince au cœur sur la main. Le succès ne l’a pas changé. Il aime être aimé tout simplement, comme nombre d’entre nous. Un homme qui suscite la sympathie et qui ne dissimule rien : « J’aime être populaire, c’est le plus beau cadeau que la vie m’ait donné. Lorsqu’on m’arrête dans la rue, c’est tellement le bonheur, alors oui, je suis peut être un peu cabot… »

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Michou le passionné des réseaux sociaux A l’écoute du monde et de ses amis, Michou ne garde jamais son portable bleu loin de son oreille. Mais ce que vous ne saviez peut être pas c’est que Michou est véritablement « addict » de la communication via les réseaux sociaux. Chaque matin, avant l’arrivée du coiffeur, en robe de chambre, la tablette à la main, il est déjà sur sa page facebook : www.facebook.com/Michou-Officiel en France et dans le monde. Il a lancé le bleu facebook. C’est un instagrameur, un youtubeur, un facebooker. Bref, on n’arrête ni Michou, ni le progrès ! Il participe à la création du label TV Rockland, une télé web en direct sur internet. Objectif généreux, une fois de plus, puisqu’il s’agit de promouvoir des auto producteurs, des créateurs, des artistes indépendants. Le lancement aura bientôt lieu chez Michou. Aujourd’hui, c’est Michou déjeunant avec son copain Jean Paul Belmondo, Hier c’était un autre événement médiatique, Michou dans une publicité pour les yaourts. Avec en sus des replays, des inédits tels Michou en 1956 devant son cabaret tout nouveau affichant « Soupers » ou bien la superbe plastique de Michou nu dans un paysage de rêve. Chaque jour, ce sont 26 000 visites sur son facebook. Des centaines d’articles de presse lui sont consacrés. Pas mal, la Une de ARTIKART « les vieux branchés attaquent ». Mais aussi ce Charlie Hebdo après les attentats de novembre 2015 dans lequel Coco lui a dédié une page : « Paris Michou est une fête » avec un Michou « Paris Debout. Touchez pas à Michou ». Sachez en confidence que Michou, gouailleur en toutes circonstances, a répliqué : « Mais si, moi je veux qu’on me touche !!! »

J’aime les filles... de St. Tropez !

Bon anniversaire Michou Les émissions de TV, les interviews non stop ne se comptent plus. En produits dérivés, il envisage, O schocking ! un « godemichou », bleu, bien sûr. Un beau cadeau d’anniversaire que ce CD collector de 5 chansons à l’initiative d’Alain

Turban. Notre chanteur montmartrois en a composé les paroles et la musique tout en préparant son Olympia pour septembre 2016. Les bénéfices iront aux P’tits Poulbots de la Butte. Il y a 5 ans, pour les 80 ans, c’était le « 80 rue des Martyrs ». Alain Turban a également fait une superbe chanson pour Grégory Martel : « S’il faut


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Chut ! François Soustre s’y emploie. Sortie annoncée pour fin 2016 / début 2017. Toujours en verve, Michou nous met en garde : « Je ne vous livrerai pas ma vie sentimentale car il faudrait 3 tomes ! » Bel anniversaire, Michou… Et Youpi ! Le CD anniversaire de Michou : Michou et Annie Cordy chantent «85% d’amour et 60 ans de cabaret» (paroles et musique Alain Turban) : vendu exclusivement au profit des Petits Poulbots.

le dire avec des fleurs ». Entre légèreté et larmes aux paupières, c’est ça aussi Michou. « Il t’en a fallu de l’audace Pour faire l’amour avec Paris Entre Paris et Saint Tropez Le Sacré-Cœur est orphelin Quand tu t’en vas un peu trop loin » « 85 % d’amour et 60 ans de cabaret ». Michou et Annie Cor-

dy font un duo exceptionnel, une amitié de 60 ans bouleversante d’émotion sur les paroles et la musique d’Alain Turban. «L’histoire que tu as choisie, c’est de nous aimer à fleur de peau Tu as eu des années de velours Depuis 60 ans, tu fais la cigale dans le quartier Montmartre t’aime en bleu»

Marie-France COQUARD

chante avec tendresse Annie Cordy. «J’étais un vrai titi, un petit gars de Picardie J’étais garçon serveur, j’en ai vu de toutes les couleurs Voilà ma vie…» lui répond Michou d’une voix pleine de vie et de sensualité. Une biographie se prépare.

Chez Michou www.michou.com Montmartre, 80 rue des Martyrs 18ème 01 46 06 16 04


SPÉCIAL MICHOU

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MICHOU : LE GÉNIE DU PEUPLE AUX COULEURS PRINCIÈRES…

S

i, selon la formule de Pierre Lazareff, notre Arsène Lupin national, héros français par essence, est un véritable anarchiste déguisé en aristocrate – et non l’inverse, alors notre Michou national est un authentique titi déguisé en dandy, et surtout pas l’inverse… Un « Ch’titi » à l’élégance et aux valeurs de gentilhomme, qui nous offre son histoire en cadeau, le roman d’un non-tricheur : d’abord et toujours le gavroche amiénois redessiné poulbot, l’authenticité populaire jamais trahie, et ensuite seu-

lement les vestes bleues du prince des nuits parisiennes, et les jolies bulles qui sans jamais se lasser font le voyage de la terre au ciel, de la solitude qui gèle à l’amitié qui réchauffe. Ne vous y trompez pas, celuilà n’est pas un cru « showbiz », mais un millésime précieux. Par ses déjeuners spectacles offerts aux aînés, il nous rappelle cette évidence oubliée que le bien doit se vivre comme un rendez-vous joyeux, un bonheur intime et non une grand-messe médiatique célébrée par des pleureuses en

promo. Michou, c’est le bien pour le plaisir de le faire, c’est l’élégance de cacher ses emmerdes et ses détresses, car celles-là ne se partagent pas. Question de style. À l’impudeur généralisée, le prince en son royaume oppose la pudeur de son sourire et sa gaieté inoxydable, camouflant derrière ses lunettes en aquarium le passage des nuages de la mélancolie. Voilà l’homme : un vrai, un dur, un tatoué au-dedans par les visages aimés disparus au-dehors. Et la volonté de se tenir debout, de faire vivre

coûte que coûte la fantaisie et l’amitié, pour que le spectacle continue et que l’enchantement de vivre et de rêver s’impose encore et toujours, contre les barbaries qui montent, qui montent… Alors Michou déambule dans son village montmartrois : comme une hirondelle il fait le printemps et repeint à son passage les murs, les arbres et les cœurs en bleu, incarnant, tout simplement, le génie du lieu. Jean-Manuel Gabert

tant et le dernier témoin d’une culture extrêmement mouvante de cette géographie des lieux marqués par la vie interlope, magnifiquement décrite par Francis Carco dans « Jésus-laCaille », et par Jean Genet dans « Notre-Dame des Fleurs ».

comme une pièce de théâtre dans son cabaret de la rue des Martyrs. Toujours prêt à affronter ses ennemis sans défaillance dans « ses Nuits fauves », séduisant son public par sa générosité et sa sensibilité, il incarne avec « panache » le dernier dandy romantique souriant et mérite à cet égard que son nom soit donné de son vivant à une place, qu’une statue de bronze moulant ses fesses soit placée quelque part sur la Butte afin que les touristes du monde entier puissent avec gentillesse caresser la « fesse cachée » de Montmartre, comme ils le font pour la poitrine du buste de Dalida. Pour terminer, citons cette maxime d’Oscar Wilde : « Il faut soit être une œuvre d’art, soit porter une œuvre d’art. »

LE BLEU MICHOU PAR JACQUES HABAS

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e mythe de Michou dispose de quelques objets cultes précieux chargés de pouvoirs magiques, des objets rituels et sacrés qui sont des fétiches en quelque sorte, sans aucune maniaquerie : c’est l’éternel et fameux costume bleu qu’il porte à chaque sortie, qui le rend si beau, si séduisant, comme un geste de mode bleu, une seconde peau, un bleu Michou célèbre dans le monde entier, aussi célèbre que le Guide Bleu. Notre spécialiste de la couleur, Michel Pastoureau l’affirme, le bleu est la couleur préférée des français, il fait rêver, sécurise, rassemble, c’est le symbole de la paix. Michou, c’est aussi une belle tête blonde qui attire la lumière, la coupe de cheveux est toujours en forme, impeccable, abondante, stylisée, technique, en forme d’art, symbole de force et de jeunesse – un casque d’or posé sur son crâne au millimètre près. Les lunettes à la coloration bleu dégradé accentuent l’esthétique Pop Art du visage. Le bleu étant un symbole liquide, il est associé à la coupe de champagne fétiche de Michou qui lui donne une contenance virile, tout en le projetant

avec ses bulles magiques dans un décor de rêve. Il est probable que le personnage s’amuse à être un dandy qui cultive le flou artistique, un dandy baudelairien fait de simplicité, mais qui s’impose par son esprit et son humour. On pourrait à la façon d’Oscar Wilde s’inspirer du « portrait de Dorian Gray », affirmer la modernité absolue de la beauté, en se souvenant que Michou fut dans sa jeunesse l’un des plus beaux garçons de Paris. Signe des temps modernes, notre Michou national participe de lui-même à la construction de son propre mythe, en se projetant comme une œuvre d’art qui s’expose quotidiennement dans la galerie à ciel ouvert que constitue le quartier des Abbesses. C’est un tableau que s’arrachent les Parisiens, les provinciaux en goguettes, tout le monde veut la photo à ses côtés, il fait la pause ici et là, se multiplie, se copie, se dédouble, se métamorphose sous l’objectif. C’est une forme d’art qu’il cultive dans sa manière singulière d’être au monde, dominé par son style et son esprit très vif. Il est le signe, le représen-

Les bobos, qui ont vampirisé la richesse artistique phénoménale de ce passé montmartrois tout récent, n’ont rien à proposer, absolument rien, que le vide, dans cette nouvelle géographie totalement aseptisée par les élus ; il n’y a plus que des histoires de crèches et de poussettes, c’est à dire la plus plate banalité du monde pour assassiner mille fois Pigalle et Montmartre. Saluons et disons joyeux anniversaire à notre dandy montmartrois qui a fait de sa vie un spectacle, en la jouant

Jacques Habas


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IL Y A UN SIÈCLE, EN PLEIN CONFLIT MONDIAL, UNE BOMBE EXPLOSE

DAA S

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i les critiques d’art sont généralement confrontés à l’analyse de mouvements artistiques relativement aisés à circonscrire, Dada est à l’évidence complexe, polymorphe, universel et individuel, tout en s’inscrivant dans le contexte international de la Grande Guerre et des quelques années qui la suivent. Ce qui frappe dans Dada, c’est la foisonnante énergie déployée par ses protagonistes, simultanément peintres, dessinateurs, collagistes, photographes, poètes, théoriciens, éditeurs, cinéastes expérimentaux et créateurs de «happenings» avant l’heure. Dada fut une comète qui impacta la pensée pendant une dizaine d’années mais dont la queue est encore visible de nos jours. Les horreurs de ce conflit ô combien meurtrier, auquel certains protagonistes du mouvement participent, quand d’autres choisissent l’exil, cristallisent un mouvement de révolte contre les valeurs de la civilisation. Il dénonce la bêtise, l’embrigadement aveugle et le rôle des puissants qui, par le jeu des alliances et des intérêts militaires et industriels, ont plongé le monde dans le chaos. Si la première guerre mondiale est une déflagration, Dada en est son corolaire sur le plan poétique et plastique. Il prône le nihilisme, le rejet profond de la culture bourgeoise, de la raison, de la logique et des traditions artistiques qui ne

Sophie Taeuber-Arp, Tête Dada, 1920

PAR JEAN-MARC TARRIT

sont le fruit que de l’apprentissage. Il prêche la spontanéité conceptuelle, l’ironie provocatrice de la dérision et le retour à l’homme originel, libéré des entraves, des préjugés et des à priori forgés par la société. Bref, sur ce dernier point, les prémices de ce que l’on appelle aujourd’hui la « théorie du genre ». Conséquence directe de la guerre, Dada est un mouvement intellectuel dans lequel l’écriture occupe une place prédominante et on oublie trop souvent l’importance des écrits de Francis Picabia, Hans Arp ou Kurt Schwitters, pour ne retenir que leurs œuvres plastiques présentes dans les plus grands musées. Ce souffle libertaire fut largement inspiré par Nietzsche dont les Dadas sont de fervents lecteurs. Hugo Ball lui consacre un essai, Picabia lui fait de nombreux emprunts et Max Jacob affuble Tristan Tzara du surnom « Tzara-Thoustra ». Dans cette nébuleuse à la fois destructrice et créatrice qui trouve son apogée en France, Montmartre occupe une place essentielle, les acteurs majeurs de ce mouvement ayant habité la Butte avant, pendant et après Dada. D’après les historiens, Dada naît de façon formelle à Zurich en 1916 où se retrouvent des réfugiés de toutes nationalités. Toutefois, avant cette naissance « officielle », des ruptures protodadaïstes s’étaient


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déjà produites à New-York comme à Paris, avec Ubu Roi d’Alfred Jarry, joué en 1901 au cabaret des Quat’z’Arts à Montmartre et le ballet Parade réunissant Diaghilev, Picasso, Cocteau et Satie. Que penser également de l’Exposition des Arts Incohérents, organisée par Jules Lévy à la Galerie Vivienne, en 1883 ? Les Hirsutes, Fumistes et autres Hydropathes, regroupés au Quartier Latin puis au Chat Noir après sa création par Rodolphe Salis en 1881, ne sont-ils pas les précurseurs de Dada ? Caran d’Ache, Alphonse Allais et Charles Cros n’ont-ils pas nombre de points communs avec l’esprit Dada ? Et Sapeck (1854-1891), de son vrai nom Eugène Bataille, ne réalise-t-il pas en 1883 une Mona Lisa fumant la pipe très iconoclaste, préfigurant étonnement celle de Duchamp de 1919, dont il dit : L.H.O.O.Q. ?

1916. Pour la petite histoire, il est très vraisemblable que Lénine ait fréquenté le cabaret, voisin de son appartement, lors de son exil à Zurich. Une galerie Dada est ouverte en 1917 mais, malgré un succès

Dada, malgré la guerre, va très rapidement s’internationaliser. En Allemagne tout d’abord, autour de Richard Huelsenbeck, de retour à Berlin

Quels que soient les antécédents, Dada, qui ne s’appelle pas encore ainsi, commence à se faire connaître dès 1915 à Zurich lorsque Hugo Ball et Richard Huelsenbeck, poètes et écrivains allemands, publient des tracts très provocateurs au titre plutôt sobre de Manifeste littéraire. Début 1916, Hugo Ball et sa compagne Emmy Hennings, poète et danseuse, fondent le Cabaret Voltaire en lieu et place d’une ancienne boîte de nuit. L’appellation est choisie par Ball, par ailleurs traducteur francophone, en raison de son admiration pour l’auteur du Dictionnaire philosophique et pour son plaidoyer anticlérical dans L’affaire du Chevalier de La Barre en 1766. Après des annonces publiées dans la presse zurichoise invitant « les jeunes artistes et écrivains dans le but de créer un centre de divertissement artistique », le Cabaret Voltaire est inauguré le 5 février. Dada est officiellement créé le 8 février 1916 par Tristan Tzara, Picabia revenu des Etats-Unis et de Barcelone, Hans Arp arrivant de Montmartre et Sophie Taeuber sa future épouse. Notons que Hans (Jean) Arp, originaire de Strasbourg annexée, eut trois ateliers sur la Butte, rue du Mont Cenis puis, 1, rue Gabrielle, le long du funiculaire, et enfin, aux Fusains, avec sa femme, au milieu des années vingt (1). Personne ne sait de façon certaine qui est à l’origine de ce « mot écrin » dénué de toute signification. Les historiens l’attribuent généralement à Tzara, bien que d’autres en revendiquent la paternité. Toujours est-il qu’il apparait imprimé pour la première fois dans l’unique numéro du journal Cabaret Voltaire en mai

Kurt Schwitters, Merz Gurnfleck,1920

incontestable, ferme très rapidement ses portes, le propriétaire Hugo Ball quittant, à la suite de désaccords violents, le mouvement naissant. Tzara, leader incontesté de Dada-Zurich, crée le premier numéro de la revue DADA en juillet 1917 et publie en 1918, dans DADA 3, sur une simple page, le Manifeste Dada. Il convie à un « grand travail destructif, négatif à accomplir. Balayer, nettoyer… », où tous les dégoûts dadaïstes sont évoqués. Il y aura vingt-deux autres manifestes, tout aussi brefs, au cours des années suivantes.

après son escapade zurichoise. Dada-Berlin publie la revue Der DADA dada siegt ! et organise la Première Foire Internationale Dada en 1920. À Berlin, Dada compte des personnalités importantes parmi lesquelles : • Raoul Hausmann (1886-1971), plasticien et poète, principal animateur de Dada-Berlin, auteur de poèmes phonétiques et de collages, qui ne supporte pas les toiles « peintes à l’huile et au vinaigre », • Hannah Höch (1889-1978), sa compagne,


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DADA

Jean Arp, Oiseaux dans un aquarium, 1920

plasticienne connue pour ses collages à l’abstraction géométrique et pour ses photographies détournées, • George Grosz (1893-1959), de son vrai nom Georg Ehrenfried Groβ, peintre et dessinateur, aux toiles désenchantées dont les thèmes rejoignent parfois ceux d’Otto Dix, ce dernier participant également à l’aventure Dada, • Johannes Baader (1876-1955), auteur de photomontages dont presque aucun ne subsiste, • John Heartfield (1891-1968), de son vrai nom Helmut Herzfelde, fondateur des Éditions Malik en 1914, réputé pour ses photomontages qui font de lui l’un des pionniers du design graphique et publicitaire, • Hans Richter (1888-1976), peintre et cinéaste qui participa à Dada-Zurich, célèbre

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Francis Picabia, La Sainte Vierge, 1920

pour ses œuvres abstraites animées et pour son film Rêves à vendre de 1947, grand classique du cinéma surréaliste, réunissant Max Ernst, Fernand Léger, Marcel Duchamp, Man Ray et Alexander Calder. À Cologne, Max Ernst, démobilisé, retrouve Hans Arp arrivant de Zurich et, avec Theodor Baargeld (1892-1927), peintre et poète, fonde l’éphémère Dada-Cologne et publie la revue Der Ventilator. Enfin, à Hanovre, Dada a la particularité d’être incarné par une seule personne mais pas des moindres, Kurt Schwitters (1887-1948) qui réalise d’exceptionnelles œuvres au moyen de divers matériaux de récupération. Schwitters s’approprie son propre territoire Dada en créant MERZ, mot apparaissant dans un collage aujourd’hui disparu, découpé dans la marque Commerzbank. Par la suite, il réalisera de nombreux dessins Merz, les Merzbild. Aux États-Unis, un trio célèbre émerge à New-York : Marcel Duchamp, Francis Picabia et Man Ray. Duchamp habita Montmartre de 1904 à 1908, successivement aux 71, 65 et 73, rue Caulaincourt(2). Quant à Picabia, son ami de toujours rencontré sur la Butte, il eut son atelier au 60 boulevard de Clichy, mitoyen de la Villa des Platanes, puis au 15 rue Hégésippe Moreau, dans la célèbre Villa des Arts (3). Les deux amis montmartrois

Raoul Hausmann, l’Esprit de notre temps, 1920

se retrouvent à New-York pour l’Armory Show de 1913 où ils exposent Nu descendant l’escalier n°2 pour l’un et Danses à la source et Procession à Séville pour l’autre.

Duchamp habita Montmartre de 1904 à 1908, successivement aux 71, 65 et 73, rue Caulaincourt Duchamp et Picabia s’installent à New-York en 1915, créant avec Man Ray la revue 291 et contribuant ainsi à la diffusion d’un esprit proche de Dada, sans pour autant savoir ce qui se mettait simultanément en place à Zurich. La première exposition de la Society of Independent Artists, initiée par Duchamp en 1917, fit date. Ce dernier se voit en effet refuser par le Comité, malgré le principe d’accrochage « sans prix ni jury », son readymade Fountain (Urinoir) signé du pseudonyme R. Mutt, inspiré du nom d’un fabricant de sanitaires…. Alors, Duchamp est-il véritablement Dada ? Il s’en défendra des années plus tard mais est, en tout état de cause, en empathie avec le mouvement.

Cf. Paris Montmartre n° 13.99, 2e trimestre 2015, Quizz de J.M.T. Cf. Paris Montmartre n° 13.97, 4e trimestre 2014, Quizz de J.M.T. (3) Cf. Paris Montmartre n° 13.100, 3e trimestre 2015, Quizz de J.M.T. (1) (2)

George Grosz, Le coupable, 1919

à suivre... Jean-Marc TARRIT


PAROLES ET MUSIQUE

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PATTIKA EN RÉCITAL, DU PIXEL THÉÂTRE AU GIBUS CAFÉ

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n juillet, le spectacle de Pattika « Chansons de Paris » se poursuit sur la scène du Pixel théâtre, rue Championnet. Retour dans le 18ème donc pour un voyagehommage en chansons à la capitale, chansons d’hier, classiques aux couleurs ravivées, et chansons d’aujourd’hui, celles de Pattika, qui touche un public de plus en plus nombreux avec ses propres titres. La chanteuse-comédienne a le secret d’allier la sensibilité et la puissance expressive, l’énergie scénique et l’intériorisation poétique, l’humour et

l’émotion. Un récital habité d’un bout à l’autre par sa personnalité et sa sincérité, en complicité avec le pianiste François Debaecker. A ne pas manquer : Pattika se produira sur la scène du Gibus Café, le 27 juillet, à 20 heures. Les SAMEDIS 9 et 23 JUILLET à 17 h au Théâtre Pixel et MERCREDI 27 JUILLET à 20 h au Gibus Le Gibus Café 127 rue Saint Maur, 75011 Paris

Sophie Sara, Mathieu Sempéré et Ariane-Olympe Girard

L

’église Saint-Denys-dela-Chapelle était pleine à craquer le 21 mai pour le concert choral, et a accueilli beaucoup de monde pour le concert instrumental du lendemain. Le public était venu assister au mini-festival Vivaldi, donné par la Chorale des Abbesses, sous la direction de Mathieu Sempéré, ténor surdoué du groupe des « stentors », (que les Français ont découvert avec l’hommage qu’il a rendu dans tout le pays à Luis Mariano), avec le Qua-

tuor « Les Miroirs », la soprano Française Ariane-Olympe Girard, l’une des plus belle voix d’Europe, Sophie Sara, mezzo Soprano, remarquable tragédienne lyrique. Vivaldi, qui avait tant besoin de présence féminine d’élite pour créer et exécuter ses concertos, était aux anges ! Les deux belles sopranos présentes pour ce concert d’église ont donné le sentiment le plus profond de leur art et du sien. La Venise théâtrale et baroque est venue à nous, spirituellement portée

VIVALDI AUX ANGES AVEC LA CHORALE DES ABBESSES par la Chorale des Abbesses, comme un chœur harmonieux, généreux, fort expressif, avec un sentiment de musique angélique donné par Jeyran Ghiaee à l’orgue et clavecin. Il ne fait aucun doute que les artistes que nous avons applaudis à tout rompre lors de ce concert Vivaldi, représentent ce qui se fait de mieux en France en ce moment. Le travail, le talent et la passion sans doute… Ils font preuve d’une vitalité extraordinaire, et méritent plus que nos encouragements. Les

Quatre Saisons ont repris des couleurs chatoyantes avec le Quator « Les Miroirs » déjà cité – bravo à Caroline Lartigaud, violon, à Mathieu Lamouroux, alto, à Oleg Gribincea, violon, et à Li Guo, violoncelle. Nous attendons avec impatience les prochaines représentations de tous ces artistes ; ils nous apportent beaucoup et nous en avons grand besoin en ce moment. Jacques Habas


LE LES FEUILLETON MONTMARTROIS DE PARIS-MONTMARTRE SONT LÀ

PAR CHRISTINE HAYDAR

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LE JOURNAL D’UNE PETITE MÔME DE PIGALLE Montmartre, été 1954

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e jour où j’ai décidé de changer Hortense travaille rue Chaptal. Passé la de famille, il pleuvait à verse. pharmacie qui fait le coin, juste après la Des fois, j’aime bien la pluie, boulangerie, c’est son bout de trottoir à mais trop, c’est trop. Purée, quel déluge ! J’ai eu beau courir tout le long du chemin, ma robe d’été en piqué blanc me colle à la peau comme de la confiture à une tartine. Mes ballerines blanches aussi ont l’air de sortir d’un naufrage et mes nattes sont bonnes à tordre. En plus, je crève de faim. J’ai tout le temps faim. Vite me sécher, et après je goûte. Je grimpe les six étages quatre à quatre. Merde. La porte est fermée à clé. Mais je sais que ma mère est là. On a un code. Quand elle a une cliente, elle accroche à la poignée le petit panneau « Ne pas déranger » que mon père a chouravé dans un hôtel le jour où il avait fait un cacheton à Nice. Simone la maigrichonne, je me suis dit, t’es encore bonne pour le palier et t’as même pas un foutu illustré. Eh oui, je m’appelle Simone. Ils m’ont pas loupée mes vieux. Et encore, j’ai eu du pot. Ils hésitaient entre Simone et Janine. Je viens juste d’avoir mes onze ans, et depuis que ma mère fait voyante professionnelle, ma bon dieu de vie est encore plus compliquée. Elle croit qu’elle a un don depuis l’histoire du maquereau d’Hortense le Christine-Simone mois dernier. Hortense, elle vient de Martinique. C’est la meilleure copine de Loretta, la loca- elle. C’est pas un bon coin, mais les autres taire qui crèche au fond du couloir de droite. étaient déjà pris et à Pigalle, ils sont très à Comme métier, elle fait pute, elle aussi. cheval sur les portions de trottoir. Comme

c’est pas un bon coin, elle gagne pas beaucoup. Alors Sauveur, qui vient aussi de Martinique et qui la protège, lui fout des dérouillées comme c’est pas permis. Je sais que ça paraît un peu compliqué, mais je l’ai entendue le raconter à Loretta un jour qu’elle était venue pleurer chez elle avec un œil de toutes les couleurs gros comme un œuf de poule. Elles sont venues boire un café à la maison pour se changer les idées et ma vieille leur a tiré les cartes. Elle a dit à Hortense qu’elle voyait un homme tout noir – tu m’étonnes ! – le roi de pique, ou peut-être le valet, je me rappelle plus, qu’il était un danger pour elle, mais qu’elle allait en être bientôt débarrassée. De quoi lui remonter le moral, à Hortense. Je sais pas si elle l’a cru mais elle est repartie pour la rue Chaptal toute ragaillardie. En tout cas, ça n’a pas traîné. Une semaine après, Sauveur s’est pris deux pruneaux dans le citron en sortant du Balto. Trucidé sans bavures. Un don, ma mère, tu parles. Un foutu règlement de compte, oui. Voilà ce que c’était. Pour la remercier, Hortense lui a apporté trois paires de bas en nylon mousse Hélanca qui n’ont jamais besoin d’être raccommodés. Depuis, elle lui amène ses copines. Mais le vrai déclic, c’est le jour où j’ai eu mes onze ans qu’elle l’a eu. Il y a une semaine, le 4 juin 1954. Un vendredi. D’habitude, les filles apportent du parfum, ou des bas… Ma mère en a tout un stock. Une fois, elle


LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE

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a eu une combinaison en satin beige de chez Adry, avenue de l’Opéra, et une boîte de poudre « Moment Suprême » de chez Jean Patou. Mais sa hantise, à ma vieille, c’est les provisions. Alors elle demande plutôt de l’huile, du sucre ou du café. Sous mon lit, il y au moins quinze paquets de Mokarex. Bref. En s’asseyant, Hortense a dit : - J’ai pas eu le temps de passer chez l’épicier, madame Bobinet, ça vous dérange pas si je vous paie en argent ? Ca lui a ouvert des horizons, à madame Bobinet. Elle était tellement chamboulée qu’elle

D’habitude, les filles apportent du parfum, ou des bas… Ma mère en a tout un stock.

a rien pu voir dans les cartes. Hortense a payé quand même. Le lendemain, ma mère est allée chez le papetier du boulevard de Clichy se faire faire des cartes de visite. Elle voulait mettre : Voyance à domicile : 500 francs. Le grand jeu : 700 francs. Rita Bobinet. 53 rue Pigalle. 6ème étage. Le papetier, qui est un homme

d’expérience, lui a déconseillé de mettre son vrai nom. C’est comme ça que ma mère est devenue Madame Rita… Et moi, je suis bonne pour le foutu palier. Ca peut plus durer. La rage au ventre, je vais m’asseoir à ma place habituelle, sur la dernière marche, à côté des WC. J’ai les pieds gelés. Je fais valdinguer mes ballerines. Mes orteils sont fripés comme de la peau de tortue. J’ai beau fouiller dans mon cartable, j’ai rien pour m’essuyer. Je devrais apprendre ma leçon de géo, mais j’ai vraiment pas la tête à ça. Avec mes nattes qui me coulent sur le dos, ma robe trempée et mon estomac qui gargouille tellement j’ai faim, c’est pas le moment. Du temps passe. Mais qu’estce qu’elles foutent, nom de dieu ! J’ai froid. J’irais bien me sécher chez Loretta, mais elle est en bas à attendre le client. Comme pute, elle marche très fort, Loretta. Pourtant, elle est pas terrible avec ses cheveux blondasses, son indéfrisable, ses jambes arquées comme le marmot de la concierge qu’a commencé à marcher trop tôt, ses yeux de vache et ses grosses lèvres peinturlurées à mort. Je comprendrai jamais les bonshommes. Moi, je la trouve moche, mais bon. Chacun ses goûts. En tout cas, elle manque pas de savoir-vivre. Chaque fois que je fais une course pour elle, elle me fait un petit cadeau. C’est comme ça qu’elle dit : « Je vais te faire un

Scène de rue à Pigalle

Bas Helanca

petit cadeau, Simone. » L’autre jour, je suis allée lui chercher ses bas chez la remmailleuse, eh ben elle m’a carrément filé deux cent balles ! Je les ai pas encore entamés… Je les garde pour une grande occasion. En attendant, je me les gèle. Je commence à grelotter. A tous les coups, la cliente a demandé le grand jeu. Ma mère lui en file pour son oseille. Ma petite Simone, j’ai pensé, t’as vraiment pas une vie marrante. Et j’ai commencé à m’apitoyer sur mon sort. On n’a pas le droit de faire ça à une petite fille. C’est vrai. En plus, à force d’être assise sur ce fichu parquet, j’ai le derrière en marmelade. Le tapis rouge avec les barres dorées ne va pas jusqu’aux chambres de bonnes. Il s’arrête au cinquième. J’ai marché de long en large pour me réchauffer mais mes dents claquaient sans que je puisse les en empêcher. Je suis retournée m’asseoir. J’étais sûrement la petite fille la plus malheureuse du monde. Et si je poussais un long cri de

bête blessée à l’agonie ? Peutêtre que quelqu’un s’occuperait enfin de moi ? J’ai essayé d’apprendre ma leçon, mais le cœur n’y était pas. Le soleil a percé à travers les nuages. C’était juste un orage d’été. J’ai eu envie d’aller m’asseoir sur notre minuscule balcon sous les toits et de me vautrer sur le gros pouf marocain qu’on a acheté au marché aux puces. J’étouffe ici. Je sens que je vais craquer. Il faut dire que je suis hypernerveuse, comme petite fille. C’est le docteur qui l’a dit. C’est peut-être parce qu’on vit à quatre dans une piaule de quatre mètres sur cinq ? Tout d’un coup, ce palier est devenu une foutue prison. Les barreaux de l’escalier auxquels je me suis agrippée ceux d’une bon dieu de cellule. Je crois bien que je vais le pousser pour de bon, mon long cri de bête blessée à l’agonie. J’ai rabaissé les yeux sur mon livre. La Loire est le plus long fleuve de France. Elle prend sa source à 1408 mètres d’alti-


LE FEUILLETON DE PARIS-MONTMARTRE

tude au mont Gerbier de Jonc… Elle peut bien prendre sa source où elle veut, la Loire, pour ce que j’en ai à foutre. Je me demande combien de temps je pourrais tenir sans respirer si je poussais mon long cri de bête blessée à l’agonie. T’as qu’à faire un essai, j’ai dit. T’es dingue, j’ai répondu. Tu vas ameuter tout l’immeuble. Quand même, c’était tentant. Alors, j’ai fait un essai silencieux. Je me suis levée comme un chacal sur la montagne quand il hurle à la lune. J’ai pris une grande respiration, j’ai ouvert la bouche, et j’ai poussé un long cri de bête blessée à l’agonie, mais sans le son. J’ai tenu assez longtemps. Quand j’ai commencé à étouffer, j’ai fait un demi-tour sur moi-même pour essayer de durer encore un peu. C’est là que j’ai vu monsieur Martinaud, l’employé municipal à la retraite, qui me regardait. Il était devant sa porte entrouverte, ses clés à la main. Il portait un pantalon en velours côtelé lie-devin et un blouson en toile beige. Je me suis rappelé que c’était le jour de sa belote au Coq Hardi. Il me regardait comme si j’étais une foutue cinglée en train de piquer sa crise et il en oubliait de refermer sa porte. Moi, j’ai refermé la bouche, humiliée à mort. J’ai rien dit. Il y avait rien à dire. Il devait se demander ce que je foutais là, pieds nus, avec ma robe et mes cheveux trempés, en train de gober l’air du palier

comme une qui s’asphyxie. D’un geste machinal, il a remonté ses bajoues, il a passé la main dans ses cheveux blancs coupés en brosse, et il a dit : - Qu’est-ce que tu as, ma petite Simone ? Tu ne te sens pas bien ? - Si, si, ça va, monsieur Martinaud. Je m’amusais. J’ai ramassé mon cartable et mes ballerines et je me suis engouffrée dans le couloir qui mène à la maison. J’aime autant vous dire que cette fois-ci, cliente ou pas, ma mère allait m’ouvrir. Juste quand j’allais défoncer la porte à coups de pied, j’ai entendu la clé tourner dans la serrure… La mère Bobinet a tenu le battant ouvert pour laisser sortir sa cliente. - Au revoir, madame Boisvert. A la semaine prochaine, même heure. - C’est ça, madame Rita. Au revoir. M’apercevant, elle a ajouté : bonjour, toi. Dis donc, tu es dans un état. Tu ferais mieux d’aller te sécher, ma grande. Sans blague. Elle a trouvé ça toute seule, madame Rita. En guise de réponse, j’ai éternué un grand coup. Le temps qu’elle traverse le palier sur ses talons aiguilles j’étais déjà à poil. J’en ai rajouté dans le frisson et le claquement de dents pour que ma mère se sente coupable. J’ai mis du lait à bouillir pour mon Banania et je me suis frictionnée de haut en bas avec de l’eau de Cologne. Ca m’a fait du bien.

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Juste quand j’ai été rhabillée, l’anti montelait a commencé sa sarabande dans la casserole. Enfin, j’ai goûté. J’étais en train de beurrer ma sixième tartine quand ma mère a lancé : - Essaie de ne pas trop traîner, Simone. J’attends une nouvelle cliente dans cinq minutes. Il vaudrait mieux que tu ne sois pas là. J’ai rien dit. J’ai poussé un grand soupir. J’avais pas envie de marcher dans les rues, et retourner sur le palier, pas question. Plutôt crever. Alors, j’ai fini de goûter, je suis allée près de la porte, j’ai descendu l’échelle qui monte au grenier, je suis montée et j’ai tiré l’échelle pour qu’on vienne pas me déranger. Ma vieille me regardait faire. Elle a dû voir que j’étais pas à prendre avec des pincettes. Elle a fait aucune remarque. Elle avait pas intérêt. J’étais en pénitence, d’accord. Je pouvais au moins choisir mon cachot… A suivre… CHRISTINE HAYDAR 06 68 66 32 64 christinehaydar@gmail.com

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À DÉCOUVRIR

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LA DAME AUX CAMÉLIAS

UN SON & LUMIÈRE GRANDIOSE À MONTFERMEIL

L

saison 2016

23,24,25,30 juin et 1,2 juillet CHâTEAU DES CèDRES 01 41 70 10 60 www.la-dame-aux-camelias.fr

Son & Lumière est un événement culturel majeur dans le département de la Seine-SaintDenis au point d’être devenu aujourd’hui l’un des plus beaux spectacles franciliens de l’été. Avec La Dame aux Camélias, le Son & Lumière propose un show de grande qualité : des décors grandioses, des costumes d’exception, des projections vidéos en 3D mapping, une bande son d’une qualité optimale et plus de 180 figurants bénévoles qui ont répété pendant deux ans pour donner à voir un spectacle féerique, mis en scène par Glenn Mather, d’après le roman d’Alexandre Dumas fils. e

Les 23, 24, 25 et 30 juin et 1er et 2 juillet Château des Cèdres : 4, rue de l’Église 93370 MONTFERMEIL Horaire : 22h - Durée : 1h20 Site accessible aux personnes à mobilité réduite dans la limite de deux personnes par soirée. Retrouvez le Son & Lumière sur www.la-dame-aux-camelias.fr et sur Facebook Informations et réservations au 01 41 70 10 60


1866-1925

FIGURE DE STYLE

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ÉRIK SATIE

Le métronome immobile

I

l y a 150 ans naissait le créateur le plus original de Montmartre, qui n’avait que faire des dogmes, conventions et autres paradigmes issus du conservatoire et de la tradition musicale. Érik Satie a joué à cache-cache toute sa vie durant pour déjouer toutes les pistes qui auraient pu le saisir un instant, avant qu’il ne s’extraie de la pesanteur. C’est donc d’un extraterrestre que vont surgir toutes sortes d’inventions musicales, comme la musique répétitive (il s’agit d’une phrase musicale à répéter 943 fois), la musique d’ameublement, « qui fait partie des bruits ambiants », la musique objective (désincarnée), et toute une série d’œuvres pour piano qui portent des noms de danse. Les grands chorégraphes, de Massine à Roland Petit, ont admis que la musique d’Érik Satie pouvait être dansée. Celui que Debussy appelait « Monsieur le précurseur », a réalisé, sans en être conscient, une révolution copernicienne dans le son et le mouvement, des préoccupations de toute une vie, articulée autour d’une obsession, la «  musique immobile  ». Un concept et une vision que John Cage adopta tout en étant fasciné par la vision esthétique musicale de l’artiste. Satie a ouvert la voie à tous les courants musicaux d’avant garde et séduit jusqu’aux surréalistes qui avaient une aversion pour l’art musical.

MONSIEUR LE PAUVRE Satie eut avant Cocteau, on ne sait comment, l’intuition de ce que le cake-walk allait révolutionner la musique. Cela se passait au Nouveau Cirque, en Octobre1902, dans un spectacle de pantomime nautique, la revue « Joyeux Nègres » réalisée par deux stars de la Belle Epoque, Fottit et Chocolat : le célèbre clown noir qui apportait

le Cake solennel, une danse américaine reprise au Casino de Paris en 1917, dansé par Gaby Deslys et Pilcer et qui préfigure la pénétration du jazz en

Le grand succès de la revue du Moulin Rouge, « Tais-toi, tu m’affoles », a beaucoup influencé les chroniqueurs des bals et les peintres d’avant-garde de cette époque, ce « Mystèrious Rag » de l’américain Irving Berlin, dansé au Moulin Rouge, influencera Cocteau et Satie et quelques artistes en rupture avec toutes les valeurs du moment. Picabia, Man Ray et Duchamp, dont le « Nu descendant un escalier » fera scandale, les idées de destruction font tache d’huile en Europe avec les gestes « Dadaïstes », la poésie sonore, le délire verbal, la poésie sténographique de Picabia, ses dessins mécanistes deviennent la référence absolue Dada – sur une de ses toiles on peut lire « Érik Satye », pour bien souligner que l’esprit Dada colle parfaitement à l’humour et a la provocation de Satie, qui présidera le grand tribunal Dada de la Coupole, une manifestation qui marquera les esprits par sa violence et les bagarres sur scène entre Tzara et Breton qui souhaitait la mort de Dada.

au « gentilhomme cabaretier » Rodolphe Salis, comme « Érik Satie, gymnopédiste », et fut engagé comme chef d’orchestre, joueur d’harmonium et second pianiste au théâtre d’ombres du Chat Noir. Il fréquentera le Divan Japonais et écrira dans son journal. C’est dans cet épicentre mondial de l’esprit qu’il rencontrera son compatriote honfleurais, Alphonse Allais, ce monument de la littérature aphoristique qui le dénommera « Esotérik Satie ». Il est surnommé également « Monsieur le pauvre », depuis qu’il cultive le style bohème, avec barbe et cheveux longs. Satie est engagé comme « tapeur à gages » à l’Auberge du Clou, il joue « ses Airs à faire fuir » et se fait traiter de « mystique andouille » par la critique. Lui-même porte un jugement « satierique » sur la musique « commerciale » diffusée dans les boutiques et les cafés, il fulmine contre cette « dufayelisation » musicale qui enlaidit froidement notre pauvre vie.

Satie s’entourera toujours d’artistes peintres, Picasso, Braque, Picabia, Derain, Duchamp, « sans Satie, je ne sais Érik Satie pas ce que je serai devenu », déclara Derain. C’est ainsi que France, sans oublier l’influence Satie put en fin de vie trouver à la même époque de la fanfare le couvert et un peu d’argent d’un régiment américain, les pour tenir un semblant de vie Hellfighters dirigée par James mondaine et rentrer à pied à Reeses (Jim) Europe. Influencés Arcueil. Satie utilisera égalepar cette nouvelle mode les ment, dans une de ses pièces deux chansonniers de la Lune pour piano de 1913, la nouvelle Rousse, Dominique Bonnaud et danse à la mode, le « Tango », Numa Blès, passèrent une com- arrivé en France en 1907. mande à Satie d’un intermezzo Voila un personnage taillé pour américain pour leur revue « incarner l’esprit montmartrois, Dévidons la bobine » en 1904. venu atterrir dans un âge d’or Satie s’inspirera encore de la de la fumisterie logée au Chat musique américaine pour une Noir où il croisera en décembre partie de son ballet « Parade », 1887 la fine fleur des chanà une époque où le cake-walk sonniers, poètes hydropathes, (marche du gâteau) était rem- cymbalistes, hirsutes, voisins placé par le rag-time (temps des artistes incohérents. Satie, déchiré). âgé de 21 ans, s’était présenté

Son ami, futur ennemi, se nomme Debussy, il a un rond de serviette au domicile de ce dernier, et ils se retrouvent à la librairie de l’art indépendant, rue de la Chaussée d’Antin, haut lieu littéraire du symbolisme et de l’ésotérisme, fréquenté par Mallarmé, Toulouse-Lautrec, Pierre Louÿs, Villiers de l’Ile-Adam, et l’incontournable Joséphin Péladan qui s’autoproclame « Sâr Mérodak Péladan », c’est à dire « grand Maître », en 1891, de l’ordre de la Rose-Croix Catholique du temple et du Graal… Ce dernier proclame haut et fort que seul l’art peut sauver ce monde décadent et il organise des soirées dédiées aux BeauxArts dans la galerie en pleine vogue de Durand-Ruel. Satie plonge dans la marmite socialiste-occultiste jusqu’au cou et devient Maître de Chapelle

LA MUSIQUE À GENOUX


FIGURE DE STYLE

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Rose+Croix. En mars 1892, il peut enfin jouer ses musiques devant les vingt mille visiteurs du premier salon de peinture de la Rose Croix. Satie reconnaissait lui-même faire de la « musique à genoux », une musique religieuse zen, aux accents mélancoliques, écrite durant son idylle avec Suzanne Valadon, une passion de six mois notée par Satie – du 14 Janvier au 20 Juin 1893, date d’une rupture ou il demande aux gendarmes de le libérer de cette femme envahissante, dans une autre version il aurait déclaré l’avoir défenestrée et peut-être tuée. La provocation était alors la seule issue pour ce solitaire masochiste marqué par les échecs. En 1893, suite à un petit héritage, il dotera l’église métropolitaine d’art de Jésus conducteur, d’une revue « Cartulaire » : il veut « édifier dans la métropole de cette nation franque, qui pendant tant de siècles se prévalut du glorieux titre de Fille aînée de l’église, un Temple digne du Sauveur, conducteur et rédempteur des peuples. Nous en ferons le refuge où la catholicité et les Arts, qui lui sont indissolublement liés, croîtront et prospèreront à l’abri de toute profanation ». Du haut de la rue Cortot, loin des créanciers, la vue s’étend « jusqu’à la frontière belge » déclare Satie, familier du Lapin Agile, où il rencontre Jules Depaquit, le futur maire de la commune libre de Montmartre, et Roland Dorgelès. Le Grand Parcier est à cette époque en guerre avec les notables de la vie artistique, on croirait entendre Artaud, et le dévastateur humoriste Jacques Vaché. Des harangues virulentes contre Octave Mirbeau, Lugné-Poe, contre Alfred Valette du Mercure de France, Alexandre Natanson directeur de « La Revue blanche » et Henry Gautier- Villard, plus méchant que lui – Satie le traite de « brucolaque », Willy lui rétorque « pou mystique », ils se croisent dans un théâtre, se chamaillent et les coups de canne pleuvent jusqu’à la venue des gendarmes.

L’EXILÉ D’ARCUEIL Satie traversera une période étrange en s’installant à Arcueil dans un coin perdu (il occupera une chambre que venait de quitter Bibi la Purée), parmi des usines et des terrains vagues : il s’isolera, changera son style musical, deviendra le « Velvet gentleman » de Montmartre, en portant un costume de velours côtelé jaune moutarde, s’adonnera

à la boisson, se fera appeler Monsieur Sadi, se plaindra des mouches franc-maçonnes venues l’envahir, écrira de « rudes saloperies » pour le caf’ conc’, s’ennuiera à mourir de chagrin, s’en prendra à Dieu, « un salaud comme il n’y en a pas beaucoup ». Reste son ami Debussy en pleine gloire avec Pelléas et Mélisande, un chef-d’œuvre qui doit beaucoup à Satie (Jean Cocteau). En réponse au succès de Debussy, Satie crée les « Trois morceaux en forme de poire »,

en 1909, aura une influence décisive sur la carrière de Satie en l’élevant au rang de « père de la musique moderne ». On retiendra les danses d’Érik Satie, qui était en réalité une valse chantée, interprétée par « la reine de la valse lente » de la Scala et de l’Eldorado Paulette Darty. En 1913, Satie écrit la seule pièce de théâtre de sa vie « Sept toutes petites danses pour le piège de Méduse », coécrite avec l’humoriste Jules Depaquit, fin 90. Une œuvre considérée au-

« Une soirée chez Frédé : le Lapin Agile » par A. Grass-Mick / 1906. De gauche à droite : Georges Pioch, Tiret-Bognet, Poulbot, Roland Dorgelès, Romain Rolland, André Warnod, Érik Satie et Jehan Rictus (collection particulière).

une merveille de jeunesse, de vitalité, ce qui ne l’empêchera pas de retourner à l’école à trente-neuf ans, en s’inscrivant à la Schola Cantorum, pour amorcer un nouveau départ, pour en finir avec sa réputation d’autodidacte. Etrange personnage que ce Satie déguisé en fonctionnaire comme sur les photos, avec faux col, chapeau melon et parapluie, élevé au rang d’officier d’académie pour mérite civique auprès des enfants d’ouvriers d’Arcueil qui ont reçu des cours de musique. Satie est à cette époque membre du soviet d’Arcueil, membre du parti radical-socialiste, membre de l’internationale ouvrière, anarchiste, communiste, rosicrucien, et pleurera à la mort de Lénine. Le rôle joué par Maurice Ravel au sein de la société musicale indépendante créée

jourd’hui comme une anticipation du théâtre Dada des années vingt et du théâtre de l’absurde des années cinquante. Universel, Satie l’était avant l’heure en ouvrant son esprit aux rythmes des pays lointains, en évoquant des saltations antiques, les « Gymnopédies », son œuvre la plus jouée, qui signifie « enfant nu », désignait des danses en l’honneur d’Apollon que les enfants de Sparte dansaient dans le plus simple appareil. C’est tout le symbole de la musique de Satie, une musique qui « va toute nue » selon la formule de Cocteau. Joyeux anniversaire, Monsieur le précurseur ! Jacques Habas


DÉCOUVERTES

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LE COUP DE CŒUR DU PRÉSIDENT

Brice Moyse, président de l’association des commerçants Lepic Abbesses, nous livre son coup de cœur pour une pâtisserie montmartroise et son salon de thé, La Bossue. Bienvenue à Montmartre !

LA BOSSUE

Photos : Emmanuel Boccara

La Bossue est une pâtisserie-comptoir-salon de thé sur la butte Montmartre, dédiée aux gâteaux de voyage (financiers, cakes, madeleines, biscuits…) et aux tartes aux fruits de saison, faits maison avec amour et humour, à partir d’ingrédients de qualité, à déguster sur place ou à emporter.

LA LEGENDE DE LA BOSSUE QUI EST LA BOSSUE ? La Bossue est une mascotte, un personnage, qui incarne tout ce qui se fait de mieux en matière de grand-mère. Elle serait née au début du 20ème siècle. D’abord fermiers dans le Loiret ses parents seraient venus à Paris pour ouvrir une épicerie. C’est sur la butte Montmartre qu’elle aurait donc grandi, au milieu des épices, des confitures et des pâtes de fruits. Elle aurait eu trois maris et cinq enfants, beaucoup d’amis, beaucoup d’amants, et surtout quatre membres dans sa clique : Christiane, Paulette, Annick et Monique. Son premier mari, un soldat lorrain de Commercy, serait tombé sous soncharme en goûtant ses madeleines (avant de tomber au combat, dans les Ardennes). Elle aurait alors entamé une carrière d’hôtesse de l’air, sillonnant le monde à la découverte de pâtisseries exquises «C’est à New York que j’ai découvert les kèkes et les couquises» ! Et c’est dans un cockpit qu’elle aurait rencontré Pitt, un pilote anglais qui ne jurait que par la bourse et par ses financiers. Trois enfants plus tard, qu’elle élèvera seule (son mari pilote ayant été emporté par un crash boursier), La Bossue aurait été quelques temps danseuse de cabaret. Au Moulin Jaune, on venait voir les jolies filles, mais surtout manger ses fameux sablés vanille. Elle aurait fini par épouser le patron du cabaret qui lui donnera des jumelles qu’elle nourrissait chaque jour de tartes aux mirabelles.

Aujourd’hui, La Bossue coulerait des jours heureux sur la butte Montmartre, ne perdant pas une miette de la vie qui s’y presse et veillant sur les gourmands du 9 rue Joseph de Maistre. POURQUOI LA BOSSUE ? Certains disent qu’elle le serait devenue à force de monter les marches de Montmartre. D’autres pensent que ce surnom lui vient de la bosse des madeleines qu’elle cuit le matin. On dit aussi que c’est une référence à son chignon, qu’elle porte fièrement haut perché, comme une coquetterie d’un autre temps. En fait, personne ne sait vraiment... Existe-t-elle seulement ?

QUI SE CACHE DERRIERE LA BOSSUE ? Caroline et Martin, jeune couple d’heureux Montmartrois et leur pâtissier musicien Joseph. Après un début de carrière dans la protection de l’environnement, Caroline a

tout plaqué pour se reconvertir dans la pâtisserie. Un CAP et de nombreux stages plus tard, elle ouvre La Bossue, pâtisserie dont l’icône est largement inspirée de ses grands-mères. Anciennement journaliste sportif, Martin a raccroché crampons et crayons pour rejoindre le vieux comptoir en bois de La Bossue. Sa citronnade et son chocolat chaud sont déjà bien connus des Montmartrois. Joseph est le pâtissier de La Bossue. Au cours de ses 10 premières années dans des grandes maisons de pâtisserie, il a toujours trainé ses pieds et sa batterie dans les rues de Montmartre. Il n’est pas rare de le croiser avec son groupe rue Durantin.

Petit déjeuner – Déjeuner Goûter – Brunch le weekend Mercredi – Vendredi : 9h - 19h / Samedi – Dimanche : 10h30 - 19h La Bossue 9 rue Joseph de Maistre 75018 Paris 09 81 72 65 59 contact@labossue.com


PAROLES ET MUSIQUE

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ALAIN TURBAN OLYMPIA 2016 « Mes années 80 et plus…»

C

’est en 1978, en pleine période disco, que la carrière d’Allain voit le jour, avec Quatrième dimension et le non moins célèbre Santa Monica. Puis, dans les années 80, on retrouve notre Poulbot dans les hits avec On s’écrivait Annie, Mystique, De l’autre côté de la vie, Jean d’ici Jean d’ailleurs, Le paradis c’est l’enfer, Go homme… La perpétuelle évolution artistique de cet artisan de la chanson française fait de lui un auteur-compositeur et homme de scène inclassable. Il a participé à l’épopée de la grande tournée Age Tendre 2010-2011 et a offert « La Légende de Montmartre » en 2013 à l’Olympia. D’Allain à Turban, en passant par Turbanovitch, son étonnant parcours humain et professionnel a donné naissance en 2015 à un premier livre intitulé « Un taxi dans les étoiles », paru chez Grrr…art édition. Le deuxième tome vient de sortir : « Variété citron pressé ». Le « taxi driver » du Paris by night des années 70 y est devenu chanteur… Turban, survitaminé, passe au mixer les pépins et peaux de banane du show-biz. Il nous concocte un cocktail bien dosé, acidulé certes mais jamais amer. L’arbre Alain continue de produire ses pommes musicales savoureuses, garanties sans pesticide…

Photos : Patrick Carpentier

SON NOUVEAU SPECTACLE, LE 11 SEPTEMBRE PROCHAIN, À L’OLYMPIA, s’intitule « Mes années 80 et plus… » : il s’agira d’un récital rétrospectif de sa carrière artistique, des débuts disco jusqu’aux titres les plus récents. Une nouvelle façon de fêter ces presque quarante années de bons et loyaux services à la chanson française. Le livre « Variétés citron pressé » vient de donner naissance à une nouvelle chanson – un clip est disponible sur You tube. Rendez vous à l’Olympia le 11 septembre 2016 www.alainturban.com Contact mail : ponymusic@orange.fr et Facebook Le chanteur début des années 70

Le chanteur années 80

Le chanteur années 90


LES CIMAISES

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NAISSANCE À MONTMARTRE DE LA FONDATION

LORENZO PADILLA

QUESTIONS À LORENZO PADILLA

Lorenzo avec Jean-Pierre Bel, président d’honneur

L

a Fondation Lorenzo Padilla, du nom du peintre d’origine cubaine né à Matanzas en 1931, a été inaugurée officiellement le 12 avril 2016 à Paris, au sein de l’Hôtel Particulier Montmartre. A cette occasion, de nombreuses personnalités, ainsi que la présidence d’honneur et ses membres s’étaient réunis autour du grand artiste Lorenzo Padilla afin de fêter l’événement dans le cadre d’une réception festive et éclectique alliant les rythmes et les couleurs cubains à la magie des nuits montmartroises.

MISSIONS ET OBJECTIFS

La fondation Lorenzo Padilla a pour vocation de venir en aide aux artistes peintres cubains et de participer à la sauvegarde du patrimoine picturale de Cuba. De plus, grâce aux fonds collectés, la fondation organisera des expositions à travers le monde, principalement dans les lieux les plus reculés de la planète. Une bourse d’étude sera créée pour permettre aux jeunes peintres talentueux d’accéder aux grandes écoles d’art internationales. La récolte de fonds est aussi destinée à acheter du matériel (peintures, toiles, et toutes autres fournitures), afin d’aider les artistes et les écoles d’art les plus démunis. Une première action a été menée en mai 2016 à Matanzas, Cuba, à l’école des Beaux-Arts de la ville. À l’occasion de ses expositions personnelles, Lorenzo Padilla mettra en avant des artistes inconnus, qui auront été préalablement présélectionnés par la fondation.

POURQUOI AVEZ-VOUS CRÉÉ UN MUSÉE D’ARTS À MATANZAS ? Lorsque j’étais étudiant, je devais me rendre à La Havane pour contempler des œuvres originales car il n’y avait pas de musée à Matanzas. C’est pourquoi J’ai voulu doter ma ville natale d’un musée d’art, que j’ai alimenté avec mes propres créations et mes collections personnelles, 800 gravures originales dont quelques Rembrandt et les Lorenzo dans son atelier cadeaux qui m’avaient été faits par tous mes amis peintres. J’ai aussi alimenté le musée avec des œuvres originales d’art fait pas la guerre. Je n’ai pas eu la chance de africain car je suis très sensible à la culture recevoir l’aide de quelqu’un pour « me lancer », alors je veux donner cette chance aux autres. afro-cubaine. Je souhaite qu’il devienne le plus grand Musée Après la révolution cubaine, j’ai reçu une au monde dédié à tous les artistes inconnus ou bourse. J’étais révolutionnaire de la première heure. Et je le suis toujours ! Par le pinceau, je oubliés de la planète. veux aider mon pays : c’est mon arme. Avec cette Fondation, nous allons présenter ET POURQUOI MAINTENANT CRÉER UNE des expositions dans les coins les plus retirés FONDATION ? de la planète : l’art, c’est pour tout le monde. Petit, j’ai souffert du manque … Alors, je me Mon petit-fils, David Padilla et son épouse, suis juré d’aider les artistes les plus démunis, Marie, m’aident dans cette quête. Ils sont très principalement à Cuba, en France et à l’inter- engagés. Tout comme mon frère Pedro Padilla. Je veux lui dédier la force de la fondation, ainsi national. L’art est nécessaire dans le monde, il permet qu’à Gracia, ma défunte épouse, mon inspirade respirer et de rapprocher les peuples. trice : elle me manque tant mais elle est touL’homme qui fait de l’art ou qui s’y intéresse ne jours dans mon cœur. orenzo PADILLA est né LMatanzas, le 18 septembre 1931 à Cuba.

A l’âge de dix ans, il suit des cours de peinture à l’Académie de Tarasco à Matanzas. Quelques années plus tard, il entre à l’école des BeauxArts où il termine ses études en 1957 avec le titre de professeur de dessin et de peinture. De 1951 à 1958, il obtient plusieurs prix des Beaux-Arts. En 1959, le Gouvernement lui attribue une bourse pour aller étudier les arts primitifs flamands au Prado à Madrid.

Deux ans plus tard, il s’installe en France, à Paris, où il réside depuis. Il fréquente La Coupole, à Montparnasse, rencontre Von Dongen, Zadkine, Foujita et sa femme Fernande Barrey, puis devient une figure remarquée de la vie artistique montmartroise. En 1990, Lorenzo Padilla a obtenu le titre honorifique de « hijo distinguido de la cuidad de Matanzas » à Cuba et est devenu, en 2003 Membre Honorifique de l’Université Fernando Ortiz à Cuba. 2005 : Médaille de la distinction pour la culture nationale de Cuba.

ainsi qu’à Gracia, ma défunte épouse, mon inspiratrice : elle m 2012 fondation, : Médaille du Sénat tant mais elle est toujours dans mon cœur. français. 2015 LORENZO : octobre : Grand PADILLA (encadré) Prix Lorenzo PADILLA est né le 18 septembre 1931 à Matanzas, Cuba. d’honneur GemlucArt Monaco A l'âge de dix ans, il suit des cours de peinture à l'Académie de Tarasco à Quelques années plus tard, il entre à l'école des Beaux-Arts où il termine 1957 avecpatronage le titre de professeur de dessin et de peinture. sous leen haut de De 1951 à 1958, il obtient plusieurs prix des Beaux-Arts. 1959, le Gouvernement lui attribue une SAR laEn Princesse Caroline debourse pour aller étudier les a flamands au Prado à Madrid. Deux ans plus tard, il s'installe en France, à résideet depuis. Il fréquente La Coupole, à Montparnasse, rencontre Von D Hanovre sous la présidence Zadkine, Foujita et sa femme Fernande Barrey, puis devient une figure re de la vie artistique montmartroise. de Monsieur Jean-Pierre En 1990, Lorenzo Padilla a obtenu le titre honorifique de « hijo distinguido de Matanzas » à Cuba et est devenu, en 2003 Membre Honorifiqu Pastor.cuidad l’Université Fernando Ortiz à Cuba.

2005 : Médaille de la distinction pour la culture nationale de Cuba. Mail : français. 2012 : Médaille du Sénat 2015 : octobre : Grand Prix d’honneur GemlucArt Monaco sous le haut pa contact@padillaandco.com SAR la Princesse Caroline de Hanovre et sous la présidence de Monsieu Pierre Pastor. www.fondationlorenzopadilla.org Mail : contact@padillaandco.com www.fondationlorenzopadilla.org www.lorenzopadilla.com www.lorenzopadilla.com


LES CIMAISES

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LA GALERIE FLESSER (SUÈDE) EXPOSE TROIS PEINTRES MONTMARTROIS

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célèbre galerie suédoise animée par Lajos Flesser présente à nouveau à son public de la petite ville de Bastad, connue pour son tournoi international de tennis, trois peintres montmartrois : Midani, Fathi Rebaï et Serafedino, régulièrement invités à exposer dans sa galerie, auxquels se joindra un autochtone, l’artiste Bengt Olson, sans doute le plus parisien des peintres suédois. a

Durant tout l’été, les œuvres de Rebaï, Midani et Serafedino occuperont donc à tour de rôle les cimaises de cette belle galerie tenue par un grand ami de Montmartre. Si jamais vous passiez par la Suède cet été – une destination originale – n’hésitez surtout pas à venir faire un coucou à Lajos Flesser, qui vous accueillera avec le plus grand plaisir.

ART ET MÉDECINE À GAMMARTH (TUNISIE)

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’était une première des plus originales : dans le cadre d’un colloque professionnel s’adressant aux médecins généralistes de Tunisie, où intervenaient entre autres brillants conférenciers le docteur Mohamed Ghannem fameux cardiologue franco-tunisien, le docteur Hichem Zidi avait convié cinq artistes de Montmartre afin d’ajouter à ce congrès médical une dimension culturelle et artistique. Cette approche originale consistant à conjuguer la science et l’art, a été très appréciée par les participants ainsi que par le public du Carthage Thalasso Gammarth. Les cinq artistes montmartrois – Tjoa et Jean-François Bardez, Fathi Rebaï, Viola Schiviz et Midani – ont présenté des œuvres réalisées pour cette occasion, et Rebaï, le caricaturiste de l’équipe, a pris autant de plaisir qu’il en a donné en croquant les médecins à la chaîne sans faire monter la tension… Une très belle expérience à renouveler autant que possible.

Sommarens utställningar på Galleri Flesser Konstnärer från Montmartre Fathi Rebai 2 juli - 14 juli M’Barki Midani 16 juli - 28 juli Bengt Olson 30 juli - 11 augusti Serafedino 13 augusti - 25 augusti

Galleri Flesser Köpmansgatan 59, S- 269 33 Båstad Tel. + 46 708 444603


VOYAGE, VOYAGE

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A BODRUM ESCAPADE SOUS LE SOLEIL DE TURQUIE

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n petit port plein de charme

au bord de la mer Égée, dans un écrin à la fois montagneux, floral et végétal. La péninsule de Bodrum se situe sur la côte égéenne montagneuse, la végétation méditerranéenne y est particulièrement luxuriante au printemps, pour les « accros » de la Marche de magnifiques sentiers la sillonne. Elle est baignée par de nombreuses petites et grandes baies. Les villages aux maisons blanches glissent harmonieusement, en se lovant, en pente douce vers la mer. Bodrum, la capitale de cette région est une des stations balnéaires phare des côtes turques. L’urbanisation contrôlée respecte encore la beauté sauvage de cette presqu’île, mais pour combien de temps ? On peut déjà constater quelques dérives ! Pitié, Messieurs les politiques, attention au bétonnage excessif qui risque de tuer la poule aux œufs d’or… La ville blanche, le Saint-Tropez Turc, n’a pas Bardot mais Hérodote, célèbre historien géographe natif de ce lieu, un peu moins fun et glamour que notre star ! Pour être à proximité de tout ou presque, l’hôtel « Voyage Bodrum » est idéal, avec ses planches qui évoquent Deauville, la vue sur le château Saint Pierre et le cœur de la ville, là, tout à côté.

UN PETIT TOUR DANS LA VILLE On s’engouffre dans des ruelles colorées et odorantes, avec pour point de repaire le fameux château Saint Pierre datant du XVe siècle. Une superbe forteresse qui domine la ville. Il faut

absolument visiter le château et assister au festival international de danse, dernière semaine de juillet et début août. On arrive naturellement sur le port où se

Monieur Erdogan, président de Mondial Tourisme

côtoient barques de pêcheurs, yachts (caïques de bois) conçus sur place, et autres canots. Entre le 16 et le 24 octobre se tient une grande manifestation à la fois sportive et festive : « l’international Bodrum cup yacht race ». Pourquoi ne pas naviguer à la demande, sur ces luxueuses

embarcations, pour aller à la découverte des îles turques ? En fond de décor, Kos, île grecque à quelques encablures, se visite aussi à partir d’une navette quotidienne. Les plages, toutes à proximité, attendent les amateurs de baignade et de « bronzing ». Le soir, la vie nocturne reprend ses droits, la ville s’anime et s’illumine avec ses boutiques, bars, restaurants et boîtes de nuit, ambiance musicale et festive dans toutes les rues. On compte des dizaines de lieux pour faire la fête, beaucoup plus que de mosquées, qui, elles, sont très discrètes et pourtant là, tout à côté. Tout ce petit monde cohabite en harmonie. RETOUR VERS LE PASSÉ Les amateurs de vieilles pierres ne seront pas déçus. Alexandre le Grand et les romains sont passés par là en laissant leur empreinte par de nombreux vestiges dans toute la région. Par exemple, le théâtre grec au cœur de la ville, où se déroulent festivals de danse et de musique ; les vestiges du tombeau Mausolée d’Halicarnasse, l’une des sept merveilles du monde antique et ancien nom de Bodrum. Mausolée où reposait le roi de Carie. On peut voir aussi, sur la colline, une série de moulins à vent fièrement dressés dont certains sont, hélas, en ruines. À quelques jets de pierres, Labrauda, sanctuaire Carien de Zeus. Un magnifique site rocheux à 750 m d’altitude, en pleine nature. Magique ! Ne pas manquer le site archéologique de Milet avec son théâtre, ses bains romains de

Faustine, le temple de Serapia. À Didymes, le temple d’Apollon, le Bouleutérion et le théâtre de Priène, un des mieux conservés de l’époque Helléniste. DÉCOUVRIR LA GASTRONOMIE TURQUE Chacun peut trouver son bonheur dans les établissements de Bodrum. Côté occidental, les restaurants séduiront les plus traditionnels, côté oriental, les amateurs d’originalité aimeront aller à la découverte. Restaurants chics, bistrots, gargote ou étal pour manger sur le pouce, le choix satisfera tout le monde. Du kebab au börek, de l’houmous au dönner, il faut goûter. Goûter aussi la courge farcie, la confiture de bergamote, la soupe aux lentilles corail et pois chiche, les aubergines à l’huile d’olive. Pour ceux qui adorent le poisson, « le yacht club Bodrum », le « Sait » sur le port dans la marina. Quant aux vins turcs, ils gravissent les échelons des meilleurs vins à l’image internationale. C’est seulement depuis 1923 que la viticulture est légalisée en Turquie – ce qui a donné naissance au « centre de recherches vinicoles » en 1929. Blanc, rouge et rosé, ils accompagnent fort bien les mets turcs. Le Quattro Kirmizi, un rouge


Organisé par Mondial Tourisme, en collaboration avec Désirée Belaïche, et avec la participation d’adhérents de l’AFJET (Association Française des Journalistes Ecrivains de Tourisme), une délégation d’une trentaine de journalistes des medias audiovisuels et de la presse écrite est partie en Turquie à la découverte des côtes de la mer Egée, précisément à Bodrum, le Saint-Tropez turque. Ce fut pour nous une très agréable surprise de découvrir une Turquie et des Turcs complètement à l’opposé de l’image qu’on tente de nous inculquer en Europe, et particulièrement en France. Les raisons de géopolitique mises à part, j’ai du mal à analyser et comprendre ce rejet ambiant de la Turquie de l’Union européenne, alors que le pays se situe en partie en Europe, et que sous l’égide

puissant et aromatique, l’Angora, en blanc ou rouge, le Kabatepe, blanc, rosé et rouge et même du « champ’ » !!! Pour vous remettre de ces pérégrinations culturelles et gourmandes, allez vous resourcer au « Golf Tennis club de Bodrum ». Pour faire un par-

de son guide historique K Attaturk il a accompli une transformation totale pour se fondre dans le moule européen. En tout cas, nous avons rencontré un peuple accueillant et d’une modernité exceptionnelle qui pourrait servir d’exemple à beaucoup d’autres. Le confort et la classe des hôtels se situent au meilleur niveau, et nous gardons d’excellents souvenirs de cette visite de cinq jours. A conseiller à tous les amateurs de beaux sites, belles plages et lieux historiques, n’hésitez pas à faire un détour vers la Turquie et cette région de Bodrum, où nous avons apprécié plus que jamais le bienfait des voyages et des échanges humains. Merci à tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette escapade. Midani

cours, pour passer un moment au milieu de la verdure, ou pour prendre un verre au club house. N’oubliez pas de ramener des loukoums. Un délice « turkish delight » qui donnera envie à tous de prendre un vol pour la Turquie. Gérard Colombani

DE PARIS À BODRUM, VOYAGE D’UN ÉVENTAIL En Asie, l’éventail figure la dignité royale et symbolise l’envol de l’oiseau, le prestige et la légèreté, valeurs naturelles des Mandarin Oriental, qui l’ont choisi comme logo. La marque à l’éventail est rare, une seule adresse en France, à Paris, et une seule en Turquie, à Bodrum, chacune étant invitée à créer son propre objet pour traduire sa singularité. L’éventail réalisé par la Maison Lesage pour le Mandarin Oriental Paris est en dentelle brodée de velours, cuir glacé, strass anciens, perles et papillons de couleur, en hommage à la Haute-Couture. La pièce unique créée par Antonio Citterio pour le Mandarin Oriental Bodrum est en lamelles de bois couleur mandarine et soleil, rassemblées par un cordage avec une pampille évoquant la mer et la mythique amulette turque marine, turquoise et blanche qui protège et apaise.

Posé sur les hauteurs face à la mer, dans un environnement exclusif de six cents hectares dont plusieurs plages privées, le Mandarin Oriental Bodrum est une escale intense et délassante. Le lobby est ouvert sur l’horizon et la piscine à débordement plonge dans la mer. Les suites du rez-de-chaussée sont prolongées par une terrasse avec piscine et jardin privatifs. On peut descendre silencieusement à la plage en voiturette électrique. Le spa propose des soins turcs et thaïlandais, avec l’arrivée de cinq masseuses formées à Bangkok et dispose – outre les cabines simples ou doubles – de deux cabanes en teck pour des soins en extérieur, ouvertes sur la mer. Les restaurants de l’hôtel ont leurs propres potagers, vergers et mandariniers, dans la nature alentour. Service griffé Mandarin Oriental, pour donner à vivre un petit bout de paradis. Isabelle Brigout www.mandarinoriental.com

OÙ DORMIR ? Le Mandarin Oriental, pour les amoureux de solitude et de sensation de bout du monde. Bodrum +90 252 311 1888 Le Sianji well being, loin de bruits de la ville avec la mer à ses pieds. Bodrum +90 252 382 8217 Le Swissotel : Dans une baie calme et tranquille. Bodrum +90 252 311 3333 Le Voyage bodrum: à 10 minutes du centre ville. Bodrum +90 252 316 44 43 Comment s’y rendre : Turkish Airlines. Des vols au départ de Marseille, Paris, Nice via Istanbul et direct en saison Le plus simple : Mondial Voyage Voyage à la carte. Promotion de printemps, à partir de 990€ pour une semaine « all included » (vol hébergement, buffet tout au long de la journée. www.mondialtourisme.fr Tel : + 33 142 468 328


ENTRE COUR ET JARDIN

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LE COURS VALMONT FAIT DES PETITS ! ENFIN UN COURS DE THÉÂTRE, CHANT ET DANSE… POUR LES 6 / 12 ANS À MONTMARTRE INTERVIEW Hervé Valade-Chassing : Paolo Domingo, nous vous avions interviewé lors de la création du Cours Valmont. Aujourd’hui, le « Petit Valmont » semble pointer son nez. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Paolo Domingo : Après avoir dispensé des cours de chant, de danse et de comédie aux adultes depuis maintenant trois ans, nous avons décidé de créer un module pour les plus petits et nous l’avons appelé « le Petit Valmont ». A l’image des cours pour adultes, nous souhaitons proposer une formation artistique pluridisciplinaire destinée aux enfants de 6 à 12 ans. Où se dérouleront ces cours et quelle est votre politique pédagogique ? Cette année, nous avons posé nos valises au Tremplin Théatre à Montmartre, où nous dispensons nos cours adultes tous les

« LE PROJET POUTINE »

samedis matin. Dés septembre, nous proposerons des cours destinés aux enfants, tous les mercredis, de 14h30 à 16h30. Notre volonté est d’initier les plus petits au chant, à l’expression corporelle et à la comédie, au travers de jeux ludiques, tout en leur inculquant cette notion de rigueur qui est, à nos yeux, indissociable de l’enseignement artistique. La bienveillance dont nous faisons déjà preuve auprès de nos élèves adultes reste, bien évidemment, au cœur de notre action. HC : La notion de « cours pluridisciplinaires » revient régulièrement dans vos propos. C’est quelque chose d’important à vos yeux ? Primordial ! Nous avons, en France, un vrai problème avec le fait d’être multi-casquettes. On a souvent tendance à croire, à tort, qu’en se positionnant sur plusieurs domaines artistiques à la fois, on se disperse et on

Une pièce écrite et interprétée par Hugues Leforestier, auteur et comédien, avec Nathalie Mann, mise en scène de Jacques Decombe, propose de nous révéler « tout ce que nous voulons savoir sur l’homme, sans que nous ayons osé le demander ! ». L’auteur s’appuie sur diverses bibliographies comme : « La Russie selon Poutine » d’Anna Politkovskaia (Gallimard, 2006) ou « Poutine, l’itinéraire secret » de Vladimir Fedorovski (Édition du rocher, 2014) ainsi que différentes vidéographies dont : « Le président qui venait du froid » d’Anja Bröker (2004), « Mister Vladimir et docteur Poutine » de Paul Michell (2011) ou « Raids financiers à la russe »

arrive à rien. Je pense tout à fait le contraire. Pour moi, jouer la comédie, chanter, danser, faire de la peinture, de la sculpture, ne sont que des moyens différents d’exprimer son potentiel artistique. On peut se contenter d’une seule forme d’expression ou bien les cumuler. On pourrait comparer la chose à la pratique des langues vivantes. Certains n’en parlent qu’une, d’autres sont bilingues, d’autres encore n’hésitent pas à faire l’apprentissage de plusieurs langues. Je me reconnais d’avantage dans cette dernière catégorie.

à la traîne. Ceci étant, depuis quelques années, nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir faire évoluer les choses. En travaillant plusieurs modes d’expression artistique, avec les enfants, au sein du « PETIT VALMONT » c’est ce que nous comptons faire. Et qui sait ? Peutêtre que les générations futures seront plus à même d’apprécier, à sa juste valeur, un artiste pluridisciplinaire.

HC : En résumé, c’est une formation à l’image des anglosaxons que vous prônez ? Réponse : Parfaitement ! Tout n’est pas à imiter de l’autre côté de la manche, loin de là, mais il faut bien reconnaître cette intelligence-là aux Anglo-saxons. Ils ont compris depuis bien longtemps l’importance du pluridisciplinaire. En France, nous sommes un peu

« LE PETIT VALMONT » A partir du 14 septembre 2016 au TREMPLIN THÉÂTRE 39, rue des Trois-Frères 75018 Paris Tous les mercredis de 14h30 à 16h30. Inscriptions et renseignements sur coursvalmont.com ou au 06 11 60 66 02

de Alexander Gentelev (2014). Le théâtre des « Béliers » nous présente ici un spectacle image d’un théâtre du réel qui est l’occasion de se poser des questions : Considéré par les plus grands médias comme l’homme le plus puissant de la planète, qui est en réalité Poutine ? D’où vientil ? Comment ce modeste ancien fonctionnaire du KGB est-il devenu, si rapidement, le patron que nous observons ? Que pense-t-il ? Quels sont ses objectifs ? Pourquoi les russes, à priori peu adeptes de sa politique, lui sont-ils si favorables à près de 80 % ? Hugues Leforestier tente d’apporter des réponses. Pour cela, l’auteur utilise une rela-

Propos recueillis par

Hervé Valade-Chassing

tion imaginaire entre Poutine, au sommet de son pouvoir, et une procureure générale, une opposante, qu’il contraint à dévoiler ce que serait un dossier à charge. Une procureure qu’il aurait connue dans le passé… Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu ! Avec ce spectacle interrogatif et instructif, nous avons passé un moment intense aux « Béliers », où les habitants de notre arrondissement sont toujours accueillis de façon privilégiée par la nouvelle troupe. Le spectacle, d’une durée d’une heure, est donné en semaine, du mercredi au samedi à 19h15 et le dimanche à 17h30. Jean-Paul Bardet Théâtre des Béliers Parisiens 14 bis, rue Sainte Isaure 75018 Paris Téléphone : 01 42 62 35 00


ENTRE COUR ET JARDIN

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NESTOR

LE BRAS DROIT DE DAVID MICHEL

Photo Alain Marouani

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plus célèbre ventriloque des années 1960, 70 et 80, c’est bien David Michel. Cette célébrité, il l’a partagée avec Nestor, une marionnette pas comme les autres, que David a créée en 1952. La famille s’est depuis agrandie et se compose d’une quarantaine de marionnettes. Avec son titre « à la pêche aux moules » en 1975, il remporte un immense succès. A son actif, plus de vingt 45 tours au nom de Nestor, le pingouin. Les enfants l’adorent, et les parents aussi ! Plus de 60 millions de peluches et produits dérivés sont vendus. C’est la « Nestormania ». Puis, c’est l’horreur, Nestor a disparu… Il a été kidnappé ! David Michel est obligé d’annuler tous ses passages sur scène et plateaux télé, car Nestor, composé de 900 pièces environ, est un modèle unique. Personne ne prend au sérieux cet enlèvement et encore moins la demande de rançon de 10 000 francs. Et pourtant, tout est vrai. Sur le conseil de son attaché de presse, Fabien Lecoeuvre, David fait passer un message à la radio : « - Si, Nestor e

est restitué, aucune plainte ne sera déposée. » Quelques semaines après, ils se retrouvent. Nestor est sain et sauf, tout est bien qui finit bien ! Nestor à partagé l’affiche des plus grands comme : Claude François, Mike Brant, Joe Dassin, Serge Lama, Gilbert Bécaud, etc. Sans oublier ses passages à Montmartre, dans les cabarets célèbres de la Butte,

Chez ma cousine ou la Grange au bouc (ce dernier, disparu, était installé dans une ancienne étable au décor rustique, rue du Chevalier-de-la-barre). Alexandra Cerdan

David-michel.com nestor.tv

INTERVIEW Alexandra Cerdan : L’art de la ventriloquie s’apprend-t-il ou est-ce inné ? David Michel : Les deux. Il faut aussi beaucoup travailler, 4 à 8 heures par jour d’entrainement. A.C : Nestor a-t-il un avis sur le réchauffement climatique ? Avec la fonte de la banquise arctique, qui menace de nombreuses espèces animales, se sent-il concerné ? D.M : Bien sûr et cela ne date pas d’hier. Nestor voulait donner ses droits d’auteur

pour sauver deux couples de pingouins de la marée noire en Bretagne, mais la maison de disques n’a pas suivi… A.C : Avez-vous d’autres marionnettes ? D.M : Oh oui ! Une quarantaine, avec la copine de Nestor, Anna. A.C : Avec Nestor, vous formez un beau duo. Avez-vous déjà relevé le défi de conduire un trio, une marionnette à chaque main ? D.M : Mais oui, avec Nestor à une main et à l’autre Anna.

Un duo de choc avec moi au milieu. A.C : Le disque de Nestor « à la pêche aux moules » fut un énorme succès. Pouvez-vous nous raconter cette aventure ? D.M : Il s’agit de deux chansons différentes qui existaient déjà. J’ai utilisé le texte d’une chanson pour l’adapter sur la musique de l’autre chanson. Cela a donné ce tube musical. Pour les droits d’auteurs, j’ai tout reversé pour la recherche contre le cancer. Deux chambres anti-microbes ont été créées à l’hôpital de Villejuif.

A.C : Les enfants ont découvert Nestor dans les années 70, depuis ils ont bien grandi. Sont-ils toujours aussi fidèles ? D.M : Je le crois. Ils sont toujours agréablement surpris de retrouver Nestor sur une scène, ou dans un cabaret. A.C : Quelle est votre actualité ? D.M : Je suis toujours en activité, des galas même en Tunisie. Je partirai faire une tournée au Québec au printemps 2017.


LES PATATES DE GREG

PAR GRÉGOIRE LACROIX

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Des patates qui parlent, on en connait tous... mais reconnaissez que celles-ci ont bien plus d’esprit ! Rubrique signée par Grégoire Lacroix, de l’académie Alphonse Allais.

24 juin

Jean parle des artistes avec de très grands mots On le croit passionné par tout ce qui est beau Mais quand la cote monte on le voit à Drouot Bazardant sans regrets ses plus jolis tableaux. Moralité : C’est normal, il aime l’art, Jean.

29 juin

Pierre est petit, c’est presque un nain Il est très vif et très malin Et je me dis avec raison Il ferait bien sur mon gazon. Moralité : Ce serait un Pierre dans mon jardin.

29 juin

Il est fana de grec ancien Il a traduit tous les bouquins. Fana de temples et de vestiges Il veut tout voir jusqu’au vertige. Moralité : C’est un accro Paul.

3 juillet

Ce grand cheval anthropophage Dévore Thomas à coups de dents. Tu veux le sauver du carnage Mais c’est trop tard, il est dedans. Moralité : Laisse Thomas dans l’étalon.


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Exposition permanente des œuvres de

19 juillet

Arsène est un acteur de cinéma sérieux Il trouve cependant qu’au théâtre c’est mieux. Moralité : Il préfère l’art-scène Arsène.

Viola Schiviz et

Midani M’Barki Sur rendez-vous 59 bis, rue du Mont-Cenis 75018 Paris Tél. : 06 78 78 90 84

6 septembre

Quand Bertrand a vidé son litre de bon vin Il s’allonge apaisé et il se sent très bien. Moralité : C’est un Bertrand-kil.

4, place du Tertre - 75018 Paris Tél. : 01 46 06 71 73 www.cadet-de-gascogne.com

Cadet de Gascogne


LES NOUVELLES DU CIEL

Prévisions de Sophia Mézières parues dans les précédents numéros de Paris-Montmartre : « Ce sera aux alentours de mars/avril/mai 2016 que les événements européens et mondiaux vont se décider, avec des manifestations et une paralysie du système. Pour le climat, l’eau et le feu seront en action d’où d’importantes montées des eaux, cyclones et autres vagues cataclysmiques.» (ParisMontmartre numéro 13.101 du 4e trimestre 2015). « C’est sous un climat extrêmement instable que le printemps s’installe. L’opposition Soleil/Jupiter, particulièrement active, risque d’occasionner des conflits avec l’autorité (crise patronale, sociale et judiciaire). C’est dans un véritable chaos que le gouvernement actuel devra se réorganiser.» (ParisMontmartre numéro 13.102 du 1er trimestre 2016). A vous de juger...

Voici « Vos Nouvelles du Ciel » de l’été 2016 Comme annoncé dans le précédent Magazine du Paris Montmartre, le Printemps a connu une vague de mécontentements. Un vrai Tsunami... Ce déferlement de haine et de violence se poursuivra hélas durant une partie de l’été, surtout au mois de Juin où les grands cycles planétaires viendront mettre de l’huile sur le feu. Sophia Mézières www.sophia-mezieres.fr

a Bélier du 21 mars au 20 avril

Pour vous, l’été se décomposera en trois phases. De juin jusqu’au 12 Juillet, ce sera un peu compliqué dans votre vie personnelle et professionnelle. Un sentiment d’être à bout de souffle, épuisé par tant d’efforts et de conflits. La seconde phase, de Juillet à Août, sera beaucoup plus dynamique et vous permettra de mieux rebondir face aux événements qui se présenteront à vous. Vous serez rechargé à bloc. Enfin, à la fin de l’été, il faudra vous arranger pour ancrer dans la matière vos rêves et vos espoirs. Le jaune, rouge, bleu seront vos couleurs de l’été.

b

Taureau du 21 avril au 21 mai

Vous débuterez l’été en mode câlins. En effet, sous les bonnes grâces de Vénus, votre planète, vous pourrez être extrêmement tactile, ce qui ne sera pas pour déplaire à votre partenaire. En revanche, côté finances, avec l’opposition Vénus/Pluton, vous devrez composer avec les divergences du Zodiaque. Sur le plan social, vous aurez l’occasion de nouer des alliances sincères et durables. Période où vous ressentirez le besoin de partager avec les autres ! Arrangez-vous pour porter des couleurs très vibrantes, comme le rose, violet et blanc.

c

Gémeaux du 22 mai au 21 juin

Préparez-vous à connaître des remous du côté du Zodiaque. Les dissonances de votre planète, Mercure, ne vous faciliteront pas la tâche. Rien n’ira plus et il faudra faire preuve d’une extrême vigilance pour éviter les arnaques et autres tromperies. La vitalité sera fragilisée. Alors, pour vos vacances, faites une cure d’oxygène. Pour le mois d’Août, la tendance du ciel vous permettra de repartir de plus belle grâce à de belles propositions professionnelles. Le bleu, le rose et le mauve vous iront à merveille.

d

Cancer du 22 juin au 22 juillet

La Nouvelle Lune du 4 Juillet se fera dans votre signe et cela pourra donner une activité cérébrale extrêmement importante. Dans votre secteur, pas moins de quatre planètes s’opposeront à Pluton, ce qui causera pas mal de perturbations. Bénéfique pour les artistes, cette configuration volcanique sera contrariante pour les autres. Les bonnes choses viendront du Sextile Soleil/Jupiter. Cette tendance donnera de l’optimisme et un enthousiasme contagieux. Portez les couleurs qui vont du bleu pétrole au jaune soleil !

e

Lion 23 juillet au 22 août

Un été qui sera tout sauf calme et paisible. Les contrariétés du Soleil en opposition à Pluton viendront bloquer vos finances et cela paralysera vos investissements. Vous aurez tendance à vous révolter contre tout, car ce sera une période où vous remettrez systématiquement tout en cause. Votre obstination et votre entêtement n’arrangeront pas les choses. Heureusement, tout s’arrangera dès le passage du Soleil dans votre signe fin juillet. Portez des couleurs apaisantes, comme le jaune safran et le pastel !

f

Vierge du 23 août au 22 septembre

i

Sagittaire du 22 novembre au 21 décembre

j

Capricorne du 22 décembre au 20 janvier

Cet été, deux secteurs pourront connaître le succès : vos finances et votre travail. En Juillet, le Soleil donnera toute sa pleine puissance et vos amis seront réellement votre famille de cœur. La période sera un véritable festival et vous aurez à provoquer la chance. Cette tendance apporte un réel épanouissement et une élévation personnelle. Ainsi, loisirs et farnienté seront de la partie. Tout cela vous prédisposera à vivre un bel été 2016. Faites davantage confiance à vos ressentis et portez des couleurs qui donnent de l’assurance comme le jaune, le bleu et marron.

Ami Capricorne, cet été vous pourrez avoir à rendre des comptes à l’administration. Au travail, vous pourrez ressentir une certaine forme de lassitude, gare à la déprime. Côté finances, la température subira les fluctuations de vos humeurs compulsives. Vos comptes bancaires vont jouer au yo-yo ! Evitez également toutes opérations boursières, car les indicateurs seront au rouge. En amours, de vieux démons pourront ressurgir. Le mois d’Août sera magique. Portez des teintes qui apaisent, comme les violets et les bleus.

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L’été 2016 vous sera extrêmement bénéfique, vu la belle configuration de Jupiter dans votre signe en Juillet. Pour le mois d’Août, cela se compliquera légèrement, pour ne pas dire brutalement. Ah les fameuses préoccupations existentielles ! Votre corps sera en vacances, mais votre esprit, lui, sera ailleurs. Vous devrez régler vos conflits intérieurs. Que ce soit en amour, pour votre travail ou pour vos finances, évitez de fonctionner par emportement. Ne portez pas non plus les rouges trop vifs, préférez les teintes plus nuancées, comme le vert et le jaune.

Durant la première partie de l’été, arrangez-vous pour faire la paix en vous. Votre nature carrée pourra être à l’origine de bien des tensions et ce sera dans votre vie de couple, que vous aurez à redéfinir les codes de conduite. Dès la fin Juillet, c’est sous le fil du rasoir que vous allez vibrer, en offrant un parfum de liberté à vos histoires de cœur. Côté professionnel, vous devrez marcher sur des œufs, car la période sera plutôt houleuse. Portez du Jaune, verts et bleu à toutes les occasions !

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Balance du 23 septembre au 22 octobre

Cet été, vous pourrez concilier les vacances et la gestion de vos finances. En effet, durant cette période estivale, vous pourrez peut-être étudier un investissement immobilier excessivement rentable. De plus, vous élargirez vos connaissances à travers des cercles influents. Ce sera la cerise sur le gâteau ! Dès le mois de juillet, vous pourrez échanger des courriers avec plusieurs administrations. Côté sentimental, à vous toutes les fièvres amoureuses de l’été. Pour capitaliser votre pouvoir de séduction, portez du rouge, du blanc et du noir.

h

Scorpion du 23 octobre au 22 novembre

Les mois de juillet et d’Août vous rendront bien surprenant en amour. Amant extraordinaire, vous démontrerez beaucoup de petites attentions et de sensualité. La tendance du ciel vous aidera à guider vos actions pour atteindre vos objectifs. Dans votre travail, cet été vous devrez faire appel à votre flair et à votre expérience pour gérer une situation imprévue et compliquée. Vous serez comme le Phénix : vous allez renaître de vos cendres. Début Septembre, une bouffée d’oxygène va vous soulager d’un immense poids. Portez du gris, du noir et du blanc.

Verseau du 20 janvier au 18 février

Poissons du 19 février au 20 mars

Vous serez très efficace en choisissant les priorités financières à traiter. D’ailleurs, vous ne laisserez rien au hasard. Ce sera une très bonne période pour finaliser un accord. Côté cœur, cet été, les rencontres seront idéales pour faire chavirer vos sens en expérimentant de nouvelles sensations. Pour les couples, de vives tensions seront présentes et vous pourrez avoir à jouer aux acrobates pour sauver une situation à bout de souffle. Portez les blanc, gris et bleus pour rehausser vos humeurs.

Vos Nouvelles du Ciel sont rédigées par Sophia MEZIERES, Astrologue Conseil. www.sophia-mezieres.fr


COUPS DE CŒUR D’ALAIN

PM 13-103

COUP DE CŒUR CINÉMA

C’est l’été de tous les dangers ? Pas tout à fait. Quoique... Le nouveau film réalisé par Diastème (alias Patrick Asté) est la bonne surprise cinématographique de l’été. Le scénario est original, le ton est juste, l’humour et la musique sont réjouissants et le casting est impeccable, Patrick Chesnay en tête ! Une belle comédie qui mérite de ne pas passer inaperçue. A découvrir en salles dès le 13 juillet 2016.

UN FILM DE

DIASTÈME

PHOTOS : MATHIEU MORELLE

C

’est l’été. Les familles migrent et se recomposent. Laura, 14 ans, et Joséphine, 18 ans, partent en juillet avec leur mère dans le Sud, puis en août chez leur père en Bretagne. La cohabitation entre ados et adultes ne manque ni de tendresse, souvent non-dite, ni d’exaspération, parfois bruyante… Car les filles ont leurs secrets, qui n’ont pas grand-chose à envier aux problèmes de leurs parents et de leurs beaux-parents.

PATRICK CHESNAIS PASCALE ARBILLOT THIERRY GODARD

ANTOINE REIN ET FABRICE GOLDSTEIN PRÉSENTENT

Alain Haimovici ALMA JODOROWSKY

JÉRÉMIE LAHEURTE LOU CHAUVAIN ALI MARHYAR

LUNA LOU

DE DIASTÈME ADAPTATION ET DIALOGUES DIASTÈME ET CAMILLE POUZOL IMAGE PIERRE MILON, A.F.C. MONTAGE MATHILDE VAN DE MOORTEL MUSIQUE FRÉDÉRIC LO SON JEAN-MARIE BLONDEL THOMAS LEFEVRE THIERRY DELOR CASTING MICHAËL LAGUENS DÉCORS SAMUEL DESHORS , A.D.C. COSTUMES FRÉDÉRIC CAMBIER 1 ASSISTANT RÉALISATEUR LAURE MONRREAL , A.F.A.R. DIRECTION DE PRODUCTION MARIANNE GERMAIN DIRECTION DE POSTPRODUCTION CHIARA GIRARDI RÉGISSEUR GÉNÉRAL VINCENT PIANT , A.F.R. UNE PRODUCTION KARÉ PRODUCTIONS EN COPRODUCTION AVEC FRANCE 3 CINÉMA AVEC LE SOUTIEN DE LA RÉGION PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR EN PARTENARIAT AVEC LE CNC EN COPRODUCTION AVEC UMEDIA ET EN ASSOCIATION AVEC UFUND EN ASSOCIATION AVEC LA BANQUE POSTALE IMAGE 9 A PLUS IMAGE 6 AVEC LES PARTICIPATIONS DE CANAL+ FRANCE TÉLÉVISIONS D8 VENTES INTERNATIONALES FILMS DISTRIBUTION PRODUCTEURS ASSOCIÉS ANTOINE GANDAUBERT NADIA KHAMLICHI GILLES WATERKEYN MARTIN METZ PRODUIT PAR FABRICE GOLDSTEIN ANTOINE REIN SCÉNARIO

ER

Copyright photo : Diaphana

«JUILLET AOÛT»

COUP DE CŒUR EXPO

« ÂMES GRECQUES » Photo © Nikos Aliagas

L’EXPO PHOTO DE NIKOS ALIAGAS

L

’animateur vedette de TF1 connait bien notre quartier : il a en effet commencé sa carrière dans une radio associative à Montmartre, à deux pas de la rue Lepic ! Mais, parallèlement à sa carrière télévisuelle, Nikos Aliagas poursuit depuis toujours un travail photographique personnel. Dans ce monde qui bouge si vite, il veut capter un instant significatif, un regard, un mouvement, un détail. Une rencontre avec un homme ou un lieu. Ces instantanés, il les a faits d’abord pour lui. Puis est venue l’envie de les partager. Après les grands formats montrés à la Conciergerie dans l’exposition « Corps et âmes », Nikos Aliagas va plus loin et présente une quarantaine de superbes tirages

sur la Grèce. Sa Grèce, une Grèce éternelle. Des hommes fiers de leur passé, de leur histoire, de leur pays. Des lieux chargés d’émotions. S’il a choisi d’appeler cette exposition « Âmes grecques » c’est que chaque cliché cherche à révéler l’intime et l’indicible, en privilégiant toujours l’émotion authentique. A découvrir sans plus attendre jusqu’au 14 septembre 2016, à La PHOTO12 GALERIE 14, rue des Jardins Saint-Paul Paris 75004. A noter : l’exposition est organisée au profit de l’International Foundation for Greece. Alain Haimovici


HOMMAGES

PM 13-103

NATHALIE PASTERNAK

Nathalie au Parvis des Droits de l’homme, et photo en cœur avec son époux Jean-Pierre.

L

e 14 mai, l’Ukrainienne Jamala a remporté l’Eurovision avec une chanson évoquant le drame tatare de 1944. Difficile de ne pas songer au peintre Gazi dit « le tatare », devenu l’ami d’Utrillo, qui avait restauré à Montmartre le culte de NotreDame de Beauté, patronne des artistes. Encore plus difficile de ne pas songer avec émotion à notre amie Nathalie Pasternak. Elle nous a quittés le 4 janvier dernier, à l’âge de 50 ans, après un long combat contre le cancer, combat que nous lui avons vu mener avec un indicible courage et une rare dignité dans l’épreuve. Ce courage n’avait d’égal que sa passion à défendre les couleurs jaunes et

bleues de sa chère Ukraine, qu’elle mêlait volontiers à celles du drapeau de Montmartre lui aussi gravé dans son cœur. Présidente fondatrice de l’association Ukraine-Art, Nathalie était aussi président et porte-parole du CRCUF (Comité Représentatif de la Communauté Ukrainienne en France). En mars 2013, elle avait eu la joie d’être décorée de l’ordre de la Reine Anne de Kiev, et avait aussi reçu le prix Grigori Orlyk. Passionnée par les rencontres humaines et les échanges entre cultures, elle avait conduit une délégation du syndicat d’initiative de Montmartre à Kiev en 2012, pour signer avec l’association « initiative descente saintAndré » un accord de coopération culturelle,

Photo montage de Marielle-Frédérique Turpaud

L’ENGAGEMENT ET LE COURAGE

artistique et touristique. Elle s’était impliquée avec fougue dans les actions du Collectif associatif, notamment le grand projet Cité des Arts-Villa Medicis. On retiendra de cette femme d’exception sa grande culture, son engagement perpétuel pour la cause ukrainienne, dont elle était sans conteste l’une des figures les plus marquantes, son amour des autres et de la vie, et sa passion pour Montmartre qu’elle faisait découvrir aux artistes pendant les manifestations culturelles. Deux mots viennent à l’esprit lorsqu’on pense à Nathalie, toujours présente parmi nous : l’engagement et le courage. JMG


HOMMAGES

PM 13-103

ROBERT DAGO

I

l s’est éteint le 3 mai, à l’âge de 90 ans, ce malicieux et talentueux peintre, au caractère bien trempé, dont beaucoup de montmartrois se souviennent comme de l’une des figures marquantes de la place du Tertre. Baroudeur dans l’âme, il avait trouvé refuge à l’île de Saint-Martin, aux Antilles françaises, dont il était devenu là aussi une grande figure – avec sa belle gueule de corsaire digne d’un roman de Stephenson ou plutôt de Mac Orlan, car Montmartre avait marqué sa vie dès son plus jeune âge. « L’Anar’tiste », comme il se définissait joliment, avait suivi un parcours difficile de héros de roman : ce petit orphelin, enfant de l’Assistance Publique, découvre à l’âge de 10 ans une famille inattendue, dans cet incroyable univers qu’était alors la place du Tertre. L’art entre comme une bourrasque dans sa vie de gavroche voué aux pavés. Même s’il exerce d’abord tous les métiers – cycliste, boxeur ou légionnaire (le « Quai des brumes », vraiment !), il ne lâchera plus les pinceaux à partir des années 60. Dès lors, Dago expose à Montréal, Philadelphie, New York, Mexico ou Bruxelles. À Paris, il exerce un art aujourd’hui disparu, celui d’affichiste de cinéma, et il oeuvrera sur le plus grand

écran du monde, celui du Gaumont palace de la place de Clichy. L’ancien cycliste devient ensuite le peintre officiel des jeux olympiques de Sydney et travaillera plus de 10 ans pour le Tour de France. Mais la place du Tertre restera longtemps son port d’attache, sur l’île montmartroise où les marins immobiles ont pour nom Bernard Dimey, Marcel Aymé ou Jacques Brel. Tenté par la mer, son embarquement en 1967 sur le Pen-Duick-II de Tabarly, l’emmène en direction des Marquises. Il s’attachera à la Martinique pendant 25 ans avant de choisir une petite île, Saint-Martin dont il fera son dernier port. Il demeure pour nous l’une de ces grandes figures de la Butte, fils du pavé qui avaient tout vu, tout expérimenté et qui, malgré les embûches de la vie, gardaient une énergie et une passion de créer intactes. Libertaire épris de liberté, peintre de grand talent, il a produit une œuvre puissante, expressive et colorée – on lui doit l’une des belles affiches de la Fête des vendanges. Il était de ceux qui incarnent l’esprit de Montmartre contre vents et marées, défiant le cyclone du mercantilisme qui assaille la colline. JMG

LE DESSINATEUR SINÉ A REJOINT SON CACTUS, AU CIMETIÈRE DE MONTMARTRE

L

e mercredi 11 mai 2016, au cimetière de Montmartre, ils étaient venus nombreux pour accompagner le dessinateur Siné (Maurice Sinet) jusqu’à sa drôle

de tombe en forme de cactus (le premier projet, un doigt d’honneur, lui avait été refusé… mais le cactus en garde la mémoire) : plusieurs centaines de personnes selon les organisateurs, (50 selon la police…). Le virulent caricaturiste avait 87 ans. Son éviction de Charlie Hebdo avait fait grand bruit en son temps ; on l’avait accusé d’antisémitisme, ce dont il s’est toujours défendu, accrédité dans sa défense par sa première épouse, décédée le même jour que lui, et dont l’urne l’a rejoint dans cette tombe. Le 30 novembre 2010, le tribunal de grande instance de Paris condamnait Charlie Hebdo pour préjudice moral et financier à l’encontre

de Siné. Selon le jugement : « il ne peut être prétendu que les termes de la chronique de Siné sont antisémites… » L’exclu de Charlie avait alors fondé son propre organe de presse, Siné Hebdo. Les obsèques se sont déroulées au son d’un orchestre de jazz, qui a tenté une version jazzy de L’Internationale, malgré l’absence flagrante de prolétaires dans l’assistance. En effet, sous les trombes de pluie, on reconnaissait les proches de Siné, Philippe Geluck, Guy Bedos, Gustave Kervern, Christophe Alévêque qui a levé un verre de vin en lançant : «Il nous avait demandé de ne pas être tristes, on fait ce qu’on peut». Le comédien et cinéaste Benoît Delépine a parodié Malraux : « Entre ici, Bob Siné, avec ton terrible cortège». Un ancien délégué CGT a invité la foule

à chanter Et tout le monde déteste la police, retrouvant ainsi les fondamentaux d’une pensée subtile, abandonnée pendant un temps à la suite du massacre de Charlie Hebdo, lorsque les anars s’étaient aperçus qu’on avait parfois besoin d’un flic près de chez soi… Qu’en aurait pensé Siné ? En tout cas, le dessinateur au vitriol faisait partie de ces esprits « poil à gratter », indifférents aux pensées uniques de leur temps, anars « au grand cœur » qui font partie du paysage français, lointains descendants d’André Gill et de l’esprit Chat-Noir. Les larmes du ciel et les roses rouges ont plu sur la tombe du vieux râleur réticent au décès, qui avait fait graver sous son cactus tombal : « Mourir ? Plutôt crever ! ». JMG


« Aller à l’idéal et

Fête de Parution

réel » comprendre le

(Jean Jaurès)

DEPUIS 1987

LA FAMILLE DUBOC

ALAIN JUPPÉ AVEC LES JEUNES À MONTMARTRE

DOSSIER SPÉCIAL

: LA MASCOTTE

MICHOU ET THIERRY

CAMPION

LE FUNICULAIRE BIENTÔT RÉNOVÉ

LES PATATES DE

GREG

Argent

NICK MALLEN

2016 er N°13.102 1 trimestre

ISSN 11 53-0618

Art ROGER FEUILLY XVIIIe

Artistes

LES OUBLIÉS DU

GENEVIÈVE DE FONTENAY

E

ncore une excellente soirée festive pour la parution du précédent numéro de ParisMontmartre, qui a eu lieu au début du printemps, au restaurant La Bonne Franquette. Vous étiez très nombreux à prendre part à cette soirée, durant laquelle vous avez pu applaudir

Midani, Jean-François Legaret et Pierre-Yves Bournazel

Pattika, Martine Leclercq et Nick Mallen

Alexander Son et sa pianiste

Indhira, Mireille Leboucher et Christine Haydar

Isabeau et Alain Letoct

de nombreux artistes exceptionnels : les chanteuses et chanteurs Elaine Kibero, Pattika, Indhira, Alain Turban, Alexander Son, Nick Mallen. Merci à Luc et Patrick Fracheboud pour leur accueil toujours aussi chaleureux.

Alain Coquard, France Fannell, Thierry Campion, Ghislaine Campion et Marie-France Coquard

Janbrun et Félix Beppo

Au premier plan, Nicole Galley et la famille Mallen

Bulletin d’abonnement à Paris-Montmartre DEPUIS

1987

« Aller à l’idéal et comprendre le réel » (Jean Jaurès)

Abonnement : 20 e, (30 e hors CEE) et abonnement de soutien à partir de 50 e. Chèque à l’ordre de Paris-Montmartre. Bulletin à remplir en lettres majuscules et à retourner à Paris-Montmartre 13, place du Tertre, 75018 Paris Nom : Prénom :

MICHOU

N°13.103 2è trimestre 2016 ISSN 11 53-0618

60 ANS DE BONHEUR À MONTMARTRE... LA SOCIÉTÉ « LE VIEUX MONTMARTRE » Une belle épopée de 130 ans POUR ALAIN JUPPÉ : Donia Kaouach et Pierre-Yves Bournazel

Adresse : E-mail :

MISTÈRE BALMER Xxx x xxx xxxx Le mouvement DADA

Tél : Date :


e qui donne des couleurs à vos nuits blanches L’Hommm Bernard Dimey

Votre Soirée Soirée Dîner Spectacle à 20h30 dinner and show 8.30 pm

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