Panoram Italia Vol 5 No 2

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Arts and Culture

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musica - musique - music

Par Gabriel Riel-Salvatore

L’auteur-compositeur Vinicio Capossela était de passage à Montréal en mars dernier pour présenter son spectacle Solo Show et pour faire la promotion de son dernier album Da Solo. elui qu’on surnomme le Tom Waits italien en était à sa troisième visite dans la métropole où il a livré un concert parfois doux, parfois explosif, mais jamais ennuyant. Sa performance s’est déroulée à l’Astral dans une ambiance feutrée et bon enfant à l’image da sa musique, à cheval entre blues, jazz, grassroots et folkrock débridé. Christopher, un magicien excentrique tatoué de la tête au pied, accompagnait Capossela et sa troupe de bohémiens durant la prestation. Sur scène ou juché sur des échasses, se transformant en ventriloque alcoolique ou en pignata humaine, le prestidigitateur contribuait à donner par ses frasques burlesques une atmosphère de freak show au spectacle. La mise en scène du Solo Show évoquait ainsi l’univers créatif de Capossela qui explore abondamment l’imaginaire et le fantastique dans sa musique. Grand amateur de Fellini, c’est un peu en hommage à ce grand homme du cinéma que le spectacle est né. L’univers du cirque au cœur du film La Strada fascine Capossela, aussi influencé par la musique de Nino Rota, compositeur des trames sonores des films de Fellini. Les paroles de Capossela qui écrit souvent ses chansons comme s’il s’agissait de petites histoires, sont très imagées et se prêtent justement à des mises en scène théâtrales. La beauté du théâtre révèle-t-il « c’est qu’on peut le faire avec peu de moyen. Mes chansons sont facilement transposables sur scène. C’est un aspect sur lequel je travaille beaucoup. Je cherche à donner un spectacle, pas uniquement un concert. » Capossela a aussi composé la musique du film

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Le monde fantastique de Vinicio Capossela

10 inverni de Valerio Mieli, mais affirme vouloir plutôt mettre des films dans ses chansons que de faire des musiques de film. Présenté par certains tabloïds étrangers comme « la plus grande rock star italienne », Capossela se définit plutôt comme un chansonnier qu’une vedette rock, puisant entre autres son inspiration chez des auteurs-compositeurs comme Luigi Tenco et Renato Zero. En effet, sa musique n’a rien à voir avec celles de Vasco Rossi ou de Negroamaro, les Axel Rose et Simple Plan italiens. Sa musique métissée rappelle les mélodies de Paolo Conte, la poésie de Léo Ferré, l’univers glauque de Tom Waits avec l’énergie de Manu Chao. Capossela se dit aussi très touché par la musique populaire traditionnelle italienne comme les fanfares de village et les rythmes endiablés de la tarantella qu’on retrouve souvent dans ses pièces. Les mots occupent aussi une place importante dans sa musique. « J’entretiens un rapport très ’fantastique’ (fiabesco) avec la musique. C’est toujours une fête pour moi. Mais, le vrai travail consiste toujours à faire ressortir la langue. Et la langue italienne est très forte et possède une musicalité particulière, accessible même en dehors de l’Italie. L’Amérique a un grand sens du spectacle, mais notre culture apporte un côté fantastique en plus. » Amoureux des mots, c’était pour lui une progression toute naturelle que de se mettre à écrire. Son premier roman intitulé In clandestinità : Mr. Pall incontra Mr. Mall, publié en mai 2009, explore à travers la prose et la poésie le difficile chemin de la clandestinité et de l’affranchissement au quotidien, composé de victoires et de défaites. Capossela s’est aussi aventuré dans l’univers de la fable avec “Il Gigante e il Mago”, un conte de Noël qui a été diffusé sur Radio Rai2 le 25 décembre 2009. Le lien qu’il entretient avec l’enfance et le fantastique est également perceptible dans plusieurs de ses chansons comme Il Paradiso dei Calzini, Santa Nicola et Il Gigante e il Mago. Sans doute une façon pour lui de maintenir en vie son cœur d’enfant et de rester sensible au fantastique, voire même de subjuguer son instinct de paternité, lui qui n’a toujours pas d’enfant. Avec Da solo, Capossela présente un album plus mélancolique par rapport à ses albums précédents, laissant transparaître une atmosphère intimiste à la fois triste et réconfortante. « Da Solo est une façon d’affronter les grandes choses de la vie, de me mettre à nu. C’est un disque qui parle de l’essence de l’homme dans une perspective historique, géographique et anthropologique. Je me sers de la musique pour reproduire l’état émotif qui entoure ce dont je souhaite parler », explique Capossela qui ne se sent ni préoccupé ni optimiste quant au monde d’aujourd’hui, mais qui tente tout simplement d’en faire partie. v

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