HippiK numérique numéro 57

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< LA CHRONIQUE D’ALLISON >

LES AMOURS CACHéES DU ROBERT PAPIN

O Allison parle des courses avec amour, tendresse et passion. Vous pouvez aussi retrouver toutes ses chroniques à l’adresse suivante : andtheyreoff.overblog.com

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n ne s'emmerde même plus à immortaliser de quelques agiles coups de pinceau les pigments colorés des casaques devenues grandes car désormais titrées. Finis les fiacres, les chevaux d'attelage qui s'ébrouent, les jeunes pur-sang qui s'émoussent, les départs à la corde tressée, le tintement de la cloche aussitôt oublié dans le nuage de cris d'amours. Il n'est même plus du meilleur label. Le vieux sprint a pris de l'âge, le dépôt au fond de la bouteille en verre n'est plus que fossile d'un ancien excellent CHÂTEAU BOUSCAUT, du bon cru 1929, que l'on décidait quelques années plus tard d'associer la dégustation avec l'anachronique tranche de COEUR DE LION, tandis que la COQUE DE NOIX se faisait dure sous la dent. Les histoires d'amour n'ont pas manqué sous les étoiles discrètes de ces après-midis d'été. Combien d'étoiles filantes masquées par l'éclat solaire qui soulignait au grand jour l'intégral beauté de l'amour ? Combien de relations réelles, souhaitées sous l'apparition des sillages aussitôt mirages ? Combien de baiser fous éteints par la brise naissante et l'étoile dorée disparue de l'autre côté de la boule vivante ? Il en avait vu, des histoires d'amour, le Robert. Mais s'il devait n'en retenir qu'une, ce serait la sienne. Née en 1892, selon la légende, jamais terminée. Il ne se souvient pas réellement de son nom de jeune fille. Cela pourrait être CLARET, CLAIRETTE, ou CLAIRET. Ce pourrait être tout autre chose aussi, mais il était certain sur un point, c'est qu'elle s'appelait OPHELIA. Douce OPHELIA, éprise du COMMANDEUR, du jeune SWEET WILLIAM, de la saisissante juvénilité qui s'extirpait de chaque onde d'énergie propulsée. L'étalon, encore prude, avalait le sprint comme la demoiselle, elle qui dénichait à quelques pas du poteau ces mots d'amours qu'il lui avait enfouis bien des années plus tôt. Le FILS DU VENT ne soufflait qu'en ligne droite, au delà du kilomètre, s'allongeant parfois même d'une centaine de mètres supplémentaires, emporté par son élan, ramenant jusqu'à Maisons-Laffitte quelques souvenirs de ces voyages au dessus de la mer. La MOUSSE DE MER, comme échantillon rivalisant avec la mousse écumante et enragée des bébés pur-sang hébétés, puis DEAUVILLE, la ville-même, le cheval-même devrais-je dire, qu'il apportait ses foulées normandes jusqu'aux racines de la pelouse chic et parisienne, faute de trouver sa place

Hippik # 57


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