HippiK numérique numéro 55E hippik 55

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< LA CHRONIQUE D’ALLISON > LE RAtING DU CœUR

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n mois s'est écoulé depuis le dernier relevé officiel. Au début du mois de juin, AMERICAN PHAROAH retenait toutes les attentions. À la télé, Jimmy Fallon avait annoncé sa victoire dans le Kentucky Derby quelques semaines plus tôt. Une intuition qui lui aurait été soufflée par un petit chiot -paraît-il- et qui allait se concrétiser au-delà de toutes les espérances. Du haut de son Rating 128, American Pharoah avait du mérite. La veille de la fermeture des enveloppes, il avait fait crier une planète toute entière et trembler le crayon sur les bouts de papier. La triple couronne, légende à la WAR ADMIRAL, exploit à la SECREtARIAt, était tombée. Enfin ! Les vents violents qui ont soudainement secoués les pruniers de notre continent venaient de Belmont, et du pays tout entier. Un soupire de soulagement, unis par centaine de milliers, dans un bienvenu apaisement. ZENyAttA, BARBARO... l'Amérique avait besoin d'un leader, d'un souvenir. D'un MAN O'WAR, d'un SEABISCUIt, d'une RUFFIAN, de quelque chose de grand mondialement. Du plus beau des diamants.

Allison parle des courses avec amour, tendresse et passion. Vous pouvez aussi retrouver toutes ses chroniques à l’adresse suivante : andtheyreoff.overblog.com

tandis que le grand pays s'animait bien heureux quotidiennement au réveil de son crack, il a connu un levé plus difficile hier. Car même le plus grand exploit américain n'a pu rivaliser avec l'aura planétaire du suprême derby d'Epsom. Le plus grand derby du monde, la plus grande épreuve intragénérationnelle, cette course qui sacre le meilleur poulain d'un pays père des pur-sang du monde entier. Cette course, distributeur de crack, car son tracé ne laisse que les dieux s'exprimer. John Gosden touchait enfin un nouveau roi pursang. Un grand, car l'histoire a bien heureusement voulu que la distance classique soit encore une référence en matière d'adoubement. Le grand homme chapeauté, élégant et charismatique, soulevait les coupes en or de Chantilly, d'Epsom et du Curragh. Les champions s'appellent GOLDEN HORN, Jack Hobbs et Star of Seville. Le premier est en tête du classement mondial, car il peut encore faire rêver. American Pharoah a bouclé ses valises aussitôt les empreintes des Belmont Stakes effacées. Le spectacle est fini, le numéro a été réussi, mais d'inédit, il n'y aura pas. S'il venait à s'entraîner sur la pelouse, et s'il venait à concourir dans le Prix de l'Arc de triomphe, il serait considéré absolument par tous. Car en Europe, le futur est sûr, il est brillant. Golden Horn ne fait pas encore l'unanimité, mais il est impossible de ne pas ressentir sa qualité. Dur, musclé, mystérieux, presque inattendu. Porté par un Dettori survolté, phénix aux milles envols, aux milles tas de cendre surmontés, oubliés, piétinés, le poulain sombre marche sur les traces de l'illustre SEA tHE StARS, et n'a pas peur des combats. Visant la lune d'un certain ciel d'octobre, le poulain de Cape Cross apporte à son père de nouvelles grandes émotions. Les flèches d'or, tressées et lancées par maman, dévalaient ses veines et poussaient ses foulées. Au début de mois de mai, AMERICAN PHAROAH était encore loin de l'exploit, et GOLDEN HORN n'existait même pas. SHARED BELIEF était le prince noir des épreuves américaines, surmontant l'éternel regret CALIFORNIA CHROME, et s'appropriait enfin ce titre de meilleur trois ans qui aurait

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Hippik # 55


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