HippiK numérique numéro 50

Page 1

5 fois plus de chroniques, les 50 couvertures...

Version numérique

K

Hippi

# 50 - 05/06/2015

Le monde des courses comme vous ne l’avez jamais vu

Numéro

anniversaire

50

Thierry JarneT : « Mes 50 à Mo i... »

aUTeUiL - LongchaMp - aU fiL des coUrses - Usa - angLeTerre...


www. c a s a c o l o u r s . c o m SUPPORTEZVOSCOULEURS! Casacol our svousof f r el apossi bi l i t éd’ af f i cherf i èr ementvoscoul eur sdepr opr i ét ai r ehi ppi que. Por t ecl és,bout onsdemanchet t es,par apl ui e,décl i nezvot r ecasaquesurt outunpaneldepr odui t s. Por t ecl és

Enl ai t onmas s i fr hodi éav ecmous quet onet anneau Li v r éenéc r i n

30, 00€

Bout onsdemanchet t es

Par apl ui e

Enar gentmas s i f925/ 1000r hodi épour év i t ert out eox y dat i on Sy s t èmeàbas c ul e Li v r éenéc r i n

Madei nFr anc e Bal ei neenac i eràhaut et eneurenc ar bone,gagede s ol i di t éetdef l ex i bi l i t é Ouv er t ur es éc ur i s ée Ti s s upol y es t erav ect r ai t ementi mper méabi l i s é Poi gnéeboi s-Pos s i bi l i t époi gnéec ui r

120, 00€

120, 00€

Mugs

Madei nFr anc e Vendupar6pi èc esmi ni mum

72, 00€

St i cker sàvoscoul eur s Lotdedi f f ér ent est ai l l es

75, 00€

Ser vi cedet abl e Madei nFr anc e

Bi ent ôtdi sponi bl eàl avent e

CASACOLOURS-2022,r out eduBr èvedent-14130BONNEVI LLELALOUVET FRANCE Appel eznousau:+33( 0) 762984242 Emai l:i nf o. casacol our s@gmai l . com


50

k

Hippi

Edité par Panoramic Communication Images Investissements Gérant : Guy Bidorini Adresse : 34, rue Kléber 92300 Levallois Perret Tel : 0177635594 contact@hippik-mag.fr

TOUR DE pISTE par

Eddy Eyrignoux

Directeur de la publication : Eddy Eyrignoux e.eyrignoux@hippikmag.fr redaction@hippik-mag.fr Réalisation : Stéphane Désenclos Ont participé à ce numéro : Guy Mislin et Allison Nicolleau. Relecture : Guy et Marc Bidorini, Allison Nicolleau Photos : Panoramic, Federico Pestellini, Michael Baucher, sauf mention spéciale Magazine exclusivment disponible en version numérique Toute reproduction ou utilisation des textes et photos sans autorisation sont interdites.

UnE CERTAInE fIERTé

I

l y a un an pratiquement jour pour jour, nous avions l'idée de refaire vivre le magazine hIppIk sur le web. Après une jolie expérience «papier» de 5 numéros, nous avons voulu prolonger l'aventure pour continuer de porter notre regard sur le monde des courses. Un regard différent à travers notamment de magnifiques photos. Mais pas seulement. Avec hIppIk, si les chevaux restent les rois des hippodromes, les jockeys ont la place qu'ils méritent. Celle de véritables sportifs de haut niveau qui réalisent chaque semaine des exploits sur des pur-sang élevés, travaillés, «réglés» avec une minutie chirurgicale. Il y a plusieurs façons de regarder les courses. plusieurs façons aussi de les

aimer. Depuis 50 numéros maintenant, soit un an, hIppIk se veut être une vitrine pour les courses hippiques. C'est avec beaucoup de fierté que nous vous présentons, pages 10 et 11, les 50 couvertures d'hIppIk, témoins de notre passion commune. De notre envie de partager ces beaux moments avec vous. > Si vous êtes passionné d’hippisme, venez nous rejoindre. Dans le but d’étoffer sa rédaction Hippik recherche des étudiants en journalisme (ou autre du reste), désireux de se lancer dans le grand bain, sous la forme d’un stage ou autre collaboration. Merci d’écrire à e.eyrignoux@hippik-mag.fr

Le 19 juin 2014 sortait le premier numéro d’hIppIk, avec en couverture l’interview exclusive de Grégory Benoist, vainqueur du prix de Diane. Après lui, pratiquement tous les plus grands jockeys et drivers se sont succédé en couverture du magazine, livrant à chaque fois une part méconnue d’eux...

Hippik # 50

03


< ZOOM >

Les courses comme si vous y étiez... difficile d’être plus proche de Niquos -(Kevin Nabet) ici dans le Prix Jean Victor à Auteuil. on compre cheval et le jockey font corps. ils ne sont plus qu’un.

04

Hippik # 50


< SOMMAire > # 06 SpéciAl n°

end toute la minutie du franchissement d’obstacle. A ce moment précis, le

L’iTV «50» de Thierry Jarnet

50

«ce sera bientôt mon âge»

# 12 prix du jOckey club NEW BAY et Cheminaud nouvelle stars

< eT AuSSi >

P.16 : la rentrée de TrÊVe P.18 : exploit uS ? P.20 : en direct d’Auteuil P.24 : Au fil des courses... P.34 : les chroniques d’Allison cAdeAu : 5 chrOniqueS en + ! Hippik # 50

05


NUMéro

50 interview «Spécial 50» à Thierry Jarnet, jockey de TrÊVe qui va bientôt fêter  son demi-siècle...

Thierr

«50 ? Comme 50 ans qu 06

Hippik # 50


ry JarneT

ue je vais bientôt avoir... » Hippik # 50

07


NUMéro

50

« J’espère fêter mes 50 ans à cheval »

o

n ne présente plus Thierry Jarnet. S’il est moins médiatique que Christophe Soumillon, le jockey de TrÊVE (entra autres) possède l’un des plus beaux palmarès, avec notamment des victoires dans les deux derniers Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (il a remporté cette course à quatre reprises dans sa carrière et visera un cinquième titre, toujours avec TrÊVE, en octobre prochain). Alors qu’il va doucement sur ses 50 ans (il en a 48) il était le jockey idéal pour fêter avec nous ce numéro symbolique correspondant quasiment à un an d’existence. Pour l’occasion, il s’est plié au jeu « des 50 ».

« La vie a augmenté avec l’euro. aujourd’hui, un billet de 50 euros est devenu l’équivalent d’un billet de 50 francs à l’époque. » La preuve que le prix de la vie a augmenté avec le passage à l’Euro, même si on nous dit le contraire. Il suffit de regarder le prix d’une baguette de pain par exemple. Quelle image as-tu des courses hippiques dans les années 50 ? Une image bien plus belle que ce qu’elles sont aujourd’hui. Il faut dire qu’aujourd’hui, le milieu ne va pas très bien. Le « Turf » a connu de belles années, il y a un peu de nostalgie en pensant aux courses à l’époque. Tu te souviens quel cheval gagnait l’arc de Triomphe il y a 50 ans ? (Il réfléchit…) Non, je ne vois pas. Sea BirD… Bien sûr, je connais. Mais je ne mets pas spécialement une date dessus… J’ai beaucoup entendu parler de ce cheval comme d’un crack, un vrai champion. D.R.

Pour commencer Thierry, que t’inspire ce chiffre : 50 ? Quelque chose d’important ! J’ai 48 ans, je vais bientôt fêter mes 50 ans, alors j’y pense forcément. et tu te dis quoi ? Je me dis que je suis de plus en plus proche de la fin de ma carrière, mais qu’elle n’est pas encore au programme. Je suis épanoui dans mon métier, j’ai la chance de monter de très bons chevaux... Je prends pas mal de recul, je ne me sens absolument pas vieux. Justement, tu t’imagines à 50 ans ? Ça va arriver vite ! Je m’imagine exactement

comme maintenant. J’espère bien les fêter à cheval. C’est difficile de programmer le jour où on va arrêter… Il faudra peut-être un événement particulier… Que je n’ai plus envie, que l’on ne me confie plus de bons chevaux. Tant que la passion sera là, je continuerais à monter. Tu te souviens de ta 50ème victoire ? Absolument pas… Je ne suis pas quelqu’un qui pense à ce genre de choses. Je ne fais pas de comptabilité… Je me souviens de ma 2000ème parce qu’elle a eu lieu dans des circonstances un peu spéciales, mais c’est tout. C’est à dire ? C’était lors d’une course à Saint-Cloud avec un cheval qui nous appartient avec mon épouse. Je ne savais pas que c’était la 2000ème. Une fois la ligne d’arrivée passée, les commissaires de course sont venus me voir pour me féliciter. Finalement, ça tombait plutôt bien ! Un billet de 50 euros, ça représente quoi à tes yeux ? Moi qui ai connu le franc, je dirais que c’est beaucoup et pas beaucoup à la fois. Si on le change en francs, ça fait plus de 300 francs, un belle somme, mais aujourd’hui, un billet de 50 euros est devenu l’équivalent d’un billet de 50 francs à l’époque.

08

Hippik # 49


D.R.

Ta chanson du TOP 50 préférée ?

« Je ne suis pas franchement TOP 50. J’aime un peu tout, la musique classique, Michel  Sardou, Charles aznavour... ».  Je ne suis pas franchement ToP 50… J’écoute beaucoup de musiques différentes, surtout de la musique classique. Et des chanHippik # 49

« Je regrette la disparition du Concorde. J’ai eu l’occasion de voler dedans, c’était fabuleux. Cette avion supersonique était une grande avancée pour la technologie aérienne ».  teurs à texte. J’aime beaucoup Michel Sardou par exemple. C’est un nom qui me vient à l’esprit, mais il y en a d’autres. Aznavour… et dans les chanteurs plus récents ? J’avoue que je ne retrouve pas ce que j’aime. Il n’y en a pas beaucoup. Aujourd’hui, on pense d’abord à crier, puis on fait des arrangements musicaux dessus... Sur les 50 dernières années, quelles avancées techniques t’ont marqué ? Il y en a eu beaucoup… Je dirais dans notre façon de nous déplacer, notamment dans le domaine aérien. Je regrette d’ailleurs la disparition du Concorde. J’ai eu l’occasion de voler dedans, c’était fabuleux. Cette avion supersonique était une grande avancée pour la technologie aérienne. et dans le monde des courses, l’avancée technologique qui t’a marqué ? Tout ce qui touche à la sécurité. En 50 ans, on a énormément évolué de ce côté là, avec principalement ces dernières années, la mise en place des « lisses » en plastique. Il y a encore beaucoup à faire, car tous les hippodromes n’en sont pas encore équipés, et comme jockey, il y a encore des hippodromes sur lesquels on n’a pas trop envie de courir. C’est une avancée importante, mais il faut continuer. Propos recueillis par  Stéphane Désenclos 09


NUMéro

50

10

L’aventure hiPPiK en

Hippik # 50


50 couvertures

(

# %#

"

#

.

%"# #

() 1

/

Hippik # 50

!% #, # ()

%& "$%" #***

- 05/06/2015

Version numérique

& %#

0 & '

# &%

+ *** -

/

/

/

***

11


NEW BAY et les nouvelles 2015 semble bien partie pour être une année exceptionnelle aussi bien pour l'obstacle que pour le plat ! Il ne se passe pas une semaine, en effet, sans que les exploits, les éclairs de classe, l'avènement de nouvelles stars ne viennent enchanter nos yeux envoûtés par le spectacle offert par les courses à ce niveau de perfection. Dimanche dernier, NEW BAY et le désormais incontournable Vincent Cheminaud, ont littéralement crevé l'écran !

12

Hippik # 50


t Cheminaud s stars

Hippik # 50

13


KARAKTAR et SILVERWAVE inexistants ment de l'emballage final. Vincent Cheminaud, lui, ne se posait pas ce genre de questions quand il a lancé son cheval dans la montée de Chantilly et que celui-ci est venu comme dans la Poule remonter tout le peloton en une formidable accélération, pour aller clouer le bec à l'Irlandais HIGLAND REEL, alors que WAR DISPATCH prenait une belle troisième place devant l'étonnant PIMENT ROUGE (Christian Scandella jubilait après la course!) et SUMBAL ! Des deux autres favoris, KARAKTAR et SILVERWAVE, il n'était plus question quand le sprint a été lancé... Le premier s'est montré très tendu durant le défilé et a glissé dans le tournant final, ne pouvant se rééquilibrer à temps, et le second n'a pas pu accélérer comme il l'avait fait dans le Prix La Force... POULE D'ESSAI, LIGNE ROYALE !

à 21 ans, Vincent Cheminaud  remporte le Jockey Club  un an après le Grand Steeple Chase de Paris !

C

hantilly a vécu en ce dimanche 31 mai de l'an de grâce 2015, un événement historique. Un crackjockey d'obstacles de 21 ans, vainqueur l'an dernier du Grand Steeple-Chase de Paris, a remporté le Prix du Jockey-Club un an plus tard alors qu'il n'est encore qu'un apprenti en plat ! Vincent Cheminaud est donc entré dimanche dans la Légende des courses, mais n'oublions surtout pas son formidable partenaire, ce NEW BAY qui a éclaboussé de sa classe la ligne droite de l'hippodrome des Condés devant une foule subjuguée ! Tonnerre d'applaudissements au retour des brillants lauréats... Déjà dans la Poule d'Essai des Poulains, avec un très mauvais numéro dans les stalles de départ (le 14), le fils de DUBAWI avait effectué une ligne droite de toute beauté pour venir sous la monte énergique de son jeune jockey, le ci-devant Cheminaud, s'emparer d'une magnifique deuxième place, au point que certains en avaient fait le vainqueur moral de cette Poule d'Essai, enlevée par MAKE BELIEVE, compagnon de box de ce NEW BAY dont on n'a peut-être pas encore fini de parler ! Cette fois, le poulain entraîné par le Maître André Fabre, avait encore tiré le 13 dans les stalles ! Or, un JockeyClub, à de rares exceptions près, barde du début à la fin et mieux vaut ne pas se retrouver trop loin de la tête au mo14

Depuis la réforme de 2005 et la réduction très controversée de la distance du Jockey-Club de 300 mètres, les lignes qui conduisent à la grande épreuve de Chantilly pour poulains de 3 ans (que d'aucuns continuent d'appeler le « derby français »...) ont complètement changé. Foin du Noailles, du Greffulhe, ou du Hocquart, qui ne tarderont pas à subir le même sort que le premier nommé, à savoir une rétrogradation en groupe III,.. Non, désormais, pour remporter le Jockey-Club, il faut avoir brillé dans la Poule d'Essai, devenue la ligne royale, le tremplin majeur. NEW BAY, 2ème de la Poule, n'a-t-il pas devancé HIGLAND REEL qui y avait fini 6ème pour sa rentrée ? SHAMARDAL en 2005 première année de la réforme, avait montré la voie aux milers. Derrière lui, se sont engouffrés dans le palmarès les LOPE DE VEGA, LAWMAN, LE HAVRE, INTELLO... La modification sensible du programme classique des poulains conduit à une métamorphose aussi sensible de notre futur élevage. La France a pris le parti de ne plus produire des chevaux de distance classique, les étalons français les plus en pointe engendrent des chevaux, mâles et femelles, tournés en priorité vers la vitesse, ou réussissant sur la distance intermédiaire mais guère au-delà... Pour espérer gagner l'Arc de Triomphe, il faut se tourner vers les étalons étrangers ayant fait leurs preuves sur 2400m, les GALILEO, SEA THE STARS, et autres MOTIVATOR, tous des vainqueurs du derby d'Epsom au printemps de leurs 3 ans, et le dernier est l'exemple-type de la réussite, depuis que sa fille, TRÊVE ne cesse d'émerveiller les foules... Cela dit, ne boudons tout de même pas

notre plaisir après le superbe succès de NEW BAY, qui a offert à son entraîneur un 4ème Prix du Jockey-Club et à son jeune jockey un premier groupe I, et quel groupe I ! Il faut qu'un homme comme André Fabre et qu'un propriétaire comme le Prince Khalif Abdullah, aient décelé très vite le potentiel d'un Vincent Cheminaud pour lui confier leurs meilleurs éléments dans des classiques du niveau groupe I ! L'histoire est belle et rien que pour cela, nous dirons que ce Jockey-Club 2015 est peut-être d'un grand millésime... Hippik # 50


MANATEE CONFIRME Le Grand Prix de Chantilly, groupe II sur 2400m, n'a réuni que cinq partants, parmi lesquels quatre sont engagés dans l'Arc de Triomphe, et le seul qui ne l'est pas, SPIRITJIM, l'a couru l'an dernier et n'est autre que le tenant du Grand Prix ! On n'a pas revu le vrai SPIRITJIM, qui n'a pu finir que 4ème... Devant, le Fabre MANATEE, qui avait remporté le « Conseil de Paris » l'automne dernier, a confirmé qu'il était bien l'un des meilleurs chevaux d'âge sur la distance classique, en s'imposant assez facilement malgré la bonne fin de Hippik # 50

NEW BAY devance  HIGLAND REEL et offre  à André Fabre son 4ème Jockey Club. course de PRINCE GIBRALTAR, en partie retrouvé mais toujours mal à l'aise corde à droite où il a tendance à revenir vers l'intérieur. L'Anglais AGENT MURPHY terminait 3ème dans une belle action devant SPIRITJIM et GUARDINI. Les deux premiers ont d'ores et déjà rendez-vous le

28 juin dans un Grand Prix de Saint-Cloud qui vaudra à coup sûr le déplacement ! Succès net de la pouliche Wertheimer IMPASSABLE dans le groupe II Prix de Sandringham devant LA BERMA et NIGHT OF LIGHT, victoire attendue de KATANIYA dans le Prix de Royaumont (gr.III, 2400m) devant la Doumen SEA CALISI, alors que le Prix du Gros Chêne (gr.II, 1000m) est revenu au favori l'Anglais MUTHMIR, tout en force, suivi des Français CATCALL et SPIRIT QUARTZ. Guy Mislin 15


< EN DIRECT DE SAINT-CLOUD >

TRÊVE, la légend Il y a dans la vie des images qui restent à tout jamais gravées dans votre mémoire.  Quand ces images se répètent et proviennent exactement de la même source, alors vous vous dîtes que vous vivez des moments inoubliables, des moments de grâce  et de puissance mêlées, des moments qu'il faut avoir vécus. Le spectacle   éblouissant que TREVE nous a offert vendredi dernier  à Saint-Cloud est de ceux-là...

O

n avait écarquillé les yeux en octobre 2013 lorsque TREVE a transpercé le peloton pour aller remporter son premier Arc de Triomphe, restant invaincue lors de son année de 3 ans. On s'était émerveillés lorsqu'un an plus tard, après avoir multiplié ennuis et contretemps, 16

la fille de MOTIVATOR, complètement remise sur pied par son entourage était entrée dans l'Histoire en remportant son deuxième Arc d'affilée de la même manière que la première fois. Deux éclairs de classe en deux ans... Vendredi dernier à Saint-Cloud, la super-championne de Joaan Al Thani,

préparée de main de maître par Criquette Head et son staff, montée par son fidèle Thierry Jarnet, nous a offert un nouveau festival ! Sa ligne droite au Val d'Or restera comme un pur enchantement. En quelques foulées, quand Jarnet a trouvé l'ouverture, TRÊVE a fondu sur ses rivales, qui Hippik # 50


e est en marche ment dans les tribunes clodaldiennes !

« ELLE VA ENCORE PROGRESSER » « Je n'étais pas du tout inquiète pour cette rentrée, expliquait une Criquette Head aux anges, elle avait très bien travaillé, a pris beaucoup de force cet hiver. Je suis très satisfaite, oui. Et elle va encore progresser sur cette course, c'est sûr ! ». Ca promet ! Sept mois après son deuxième sacre dans l'Arc de Triomphe, TREVE a effectué une rentrée tonitruante, une rentrée de grande classe. L'objectif majeur de la jument aujourd'hui âgée de cinq ans, on le sait, c'est de remporter un troisième Arc consécutif ce qu'aucun cheval n'a jamais réalisé. La Légende est en marche. A ceux qui trouveraient encore quelque chose à redire, on rappellera que TRÊVE a battu vendredi dernier dans ce Prix Corrida, sur 2000m (qui n'est

pas sa meilleure distance), la lauréate du Prix de l'Opéra (WE ARE), du Prix Allez France (MAYHEM), du Prix de Diane allemand (FEODORA), du Grand Prix de Deauville (COCKTAIL QUEEN) et la tenante de l'épreuve (SILJAN'S SAGA) ! Prochaine étape sur la route de l'Arc 2015, le Grand Prix de Saint-Cloud, le 28 juin, groupe I sur 2400m. La France entière vibre déjà à l'idée d'un duel avec CIRRUS DES AIGLES, sous forme de revanche du Prix Ganay 2014. Le test, en tout cas, sera encore plus sérieux ce jour-là. Mais l'impression laissée par TRÊVE en ce vendredi 29 mai 2015 est telle qu'on se demande si cette formidable championne n'est pas partie pour réussir son formidable pari. Oui, la Légende est en marche ! Guy Mislin

Prochaine étape sur la route de l'Arc 2015, le Grand Prix  de Saint-Cloud, le 28 juin. La France entière vibre déjà à l'idée d'un duel avec CIRRUS DES AIGLES

n'étaient pas n'importe qui et qui, elles, avaient pour la plupart une course dans les jambes, et superbe athlète, à la manière d'un Usain Bolt au sommet de son art, s'est irrésistiblement détachée pour rallier victorieusement le poteau, avec de la marge (!), médusant la grande foule venue assister à l'événeHippik # 50

17


< TRIPLE COURONNE US >

AMERICAN PHAROAH e L'Amérique retient son souffle. Samedi à Belmont Park, l'hippodrome de la banlieue de New York, le 3 ans AMERICAN PHAROAH va tenter de devenir le premier poulain depuis AFFIRMED en 1978 à remporter la Triple Couronne, en enlevant les Belmont Stakes sur 2400m... Il en est le grand favori. CALIFORNIA CHROME l'était aussi l'an dernier...

I

ls ne sont plus que huit au départ des Belmont Stakes, samedi, dernier volet de la Triple Couronne US. AMERICAN PHAROAH, déjà lauréat du Kentucky Derby et des Preakness Stakes dans lesquels il a littéralement écrasé l'opposition a fait le vide et est bien évidemment le grandissime favori. Toute l'Amérique va prier pour que l'élève du célèbre Bob Baffert ne connaisse pas la même mésaventure que CALIFORNIA CHROME l'an dernier. Le vainqueur du Kentucky Derby et des Preakness avait trouvé les 2400m trop longs et n'avait pu se classer que 4ème, surpris aussi par le rythme infernal imprimé par l'outsider TONALIST, vainqueur éphémère car il n'a plus défrayé la chronique ensuite... Il semble que cette année, AMERICAN PHAROAH ait les arguments suffisants pour réussir là où tous les poulains de 3 ans ont échoué depuis 1978, et le triple succès d'AFFIRMED. La victoire du fils de PIONEEROF THE NILE dans les Preakness, dont la carrière d'étalon a déjà été vendue au triumvirat de la firme Coolmore (il officiera dans le haras de celle-ci dans le Kentucky), a énormément impressionné. Le cheval a mené de bout en bout et s'est détaché irrésisitiblement tout au long de la ligne droite, à la manière d'un « rouleau compresseur » nommé SECRETARIAT, le troisième cheval le plus côté de l'Histoire des courses mondiales. En outre, l'opposition ne nous semble pas du même niveau que dans le Kentucky Derby. Deux des poulains qui pouvaient éventuellement l'obliger à s'employer, CARPE DIEM et THE TRUTH OF ELSE, ont été retirés. Tod Pletcher comptera sur MATERIALITY et MADEFROMLUCKY pour inquiéter le favori, de même MUBTAAHIJ, le vainqueur de l'UAE Derby à Dubaï mais décevant dans le Kentucky Derby (8ème) après avoir été 18

enfermé dans la corde... Deux concurrents ont retenu notre attention : FROSTED, lauréat du groupe I Wood Memorial, où il dominait le très bon AL KABEIR, et TALE OF VERVE, dauphin, à distance toutefois, du « PHAROAH »

dans les Preakness. Mais cette année, une défaite du partenaire de Victor Spinoza dans les Belmont, semble difficile à envisager... G.M. Hippik # 50


Cs17

en route pour la gloire ?

Il semble que cette année, AMERICAN PHAROAH ait les arguments suffisants pour réussir là où tous les poulains de 3 ans ont échoué depuis 1978, et le triple succès d'AFFIRMED Hippik # 50

19


< EN DIRECT D’AUTEUIL >

Les «British» pe THOUSAND STARS fait partie des «Anglais» qui débarquent à Auteuil avec beaucoup d’ambition.

L'armada anglo-irlandaise nous rejoue dimanche le grand air du Débarquement. Certes, nous sommes en juin... Mais cette fois, c'est Auteuil et non les plages de Normandie que le « général » Willie Mullins s'apprête à conquérir ! Le plus célèbre des entraîneurs irlandais délègue un gros commando, parmi lesquels plusieurs sauteurs nés et élevés en France...

D

epuis la retraite du champion GEMIX, les hurdlers d'âge français se cherchent un nouveau leader. Le flou qui entoure la hiérarchie de nos chevaux d'âge sur les balais n'a pas échappé aux entraîneurs venus d'Outre-Manche qui viennent truster les succès sur les haies, ne connaissant guère la même réussite sur le steeple d'Auteuil... Les précédents succès de leurs protégés à Paris ont décuplé leur ambition. On a vu ces dernières années plusieurs visiteurs venir se jouer de nos meilleurs chevaux, à l'image de UN DE SCEAUX, ZARKANDAR, tombeur de GEMIX dans un Grand Prix d'Automne, présent dimanche, GITANE DU BERLAIS, BALLYNAGOUR ou encore THOUSAND STARS qui a déjà enlevé la Grande Course 20

de haies d'Auteuil en 2011 et 2012, ces deux derniers étant également au départ cette année ! . Dans la Grande Course de Haies 2015, groupe I disputé sur la longue distance des 5100m, Mullins pourra donc compter sur l'expérimenté THOUSAND STARS, mais aussi sur quelques sauteurs de classe comme le vétéran HURRICANE FLY (qui avait débuté en France avant de devenir un véritable crack de l'autre côté du Channel), VAL DE FERBET, déjà vu à son avantage dans le Prix La Barka, ou BLOOD COTIL. Paul Nicholls sera, quant à lui, représenté par ZARKANDAR et David Pipe par BALLYNAGOUR et UN TEMPS POUR TOUT... Face à une telle armada, l'opposition trico-

lore va devoir sortir le très grand jeu. Les progrès d'un VOILADENUO sont incontestables. Vainqueur de l'important Prix Léon Rambaud, le fils du prolifique étalon NETWORK peut être considéré comme le chef de file des sauteurs d'âge français, titre qui lui reviendrait d'office s'il s'imposait dimanche. Le régulier DOS SANTOS, LE BEL ANJOU, LE CHATEAU en gros progrès, ROLL ON HAS capable du meilleur comme du pire, CATMOVES, remarquable en dernier lieu, DEFI D'ANJOU ou NANDO ont des arguments à faire valoir. BONITO-BLUE DRAGON, « LE » MATCH ! Autre groupe I très attendu, le Prix Alain du Breil (Grande Course de Haies d'Eté Hippik # 50


euvent faire mal des 4 ans), se dispute sur 3900m et va réunir la crème des hurdlers de la génération, avec à leur tête évidemment le phénomène BONITO DU BERLAIS, élève d'Arnaud Chaillé-Chaillé, qui reste sur l'impressionnante série de huit succès consécutifs à Auteuil ! Le fils de TREMPOLINO, un étalon à l'étonnante longévité (il a remporté l'Arc de Triomphe en 1987 !), outre ses immenses qualités de sauteur a hérité de son père une bonne classe de plat. Petit bémol, le champion sera privé de son jockey habituel, Mathieu Carroux, sur le touche depuis sa chute du mois dernier en province... Arnaud Chaillé-Chaillé devait dévoiler le nom de son remplaçant incessamment... Face au crack, se dresse un nouveau venu qui a gravi les échelons à vitesse grand V,

BLUE DRAGON, lui aussi doté d'une très bonne classe de plat, impressionnant vainqueur du Prix Questarabad, pour son premier essai au niveau groupe III, où il a archi dominé ses adversaires, sous la monte de... Vincent Cheminaud qui lui sera associé dimanche. BEL LA VIE DANS LES DRAGS Sur le papier, cette Grande Course de Haies d'Eté des 4 ans semble se résumer à un super match au sommet entre deux sauteurs sortant de l'ordinaire. Attention tout de même. L'Irlandais Willie Mullins a bien l'intention de brouiller les pistes avec ses deux représentants, BUSINESS SIVOLA et PETITE PARISIENNE, deux « FR » aux dents longues...

Le champion BEL LA VIE, dont la course dans le Grand Steeple-Chase de Paris est trop mauvaise pour être exacte (il a été arrêté devant le rail ditch), va tenter de renouer avec le succès dans le Prix des Drags, groupe II sur le steeple sur la distance de 4400m. Il y affrontera quelques sauteurs de valeur comme LACHLAND BRIDGE, l'Irlandais ON HIS OWN (7ème du Grand Steeple), ROYALE FLAG, PINDARE ou encore REGLIS BRUNEL. Le programme de ce superbe dimanche à Auteuil sera également composé de trois listeds très intéressantes, les Prix Aguado et Iéna (haies, 3600m) pour 3 ans, et le Prix Hardatit (haies, 3600m) pour chevaux d'âge. Guy Mislin VOILADENUO, chef de file de l’opposition tricolore.

Hippik # 50

21


< INVESTEC DERBY D'EPSOM >

EPICURIS seul contre tous

Comme on le pressentait, Aidan O'Brien a retiré GLENEAGLES, double vainqueur des Guinées 2015, des restant engagés dans le Investec Derby d'Epsom. Ils ne sont donc plus que douze au départ parmi lesquels un Français, EPICURIS, pensionnaire de Criquette Head, dont la présence n'a pas ému outre mesure les bookmakers, peut-être à tort...

P

rivé de Jockey-Club en raison d'un règlement absurde, EPICURIS va trouver une tâche particulièrement difficile sur les 2400m d'Epsom Downs. Non pas si l'on se réfère à la qualité intrinsèque du poulain du Prince Khalid Abdullah qui est sans doute égale voire supérieure à bien des chevaux en vue dans ce Derby, mais en rappelant que le fils de RAIL LINK en raison de son caractère et des difficultés qu'il met à pénétrer dans les stalles de départ, n'a finalement disputé qu'une seule de course de rentrée, dans le Prix La Force sur 2000m, le 6 avril dernier, où il a été nettement dominé par SILVERWAVE, vainqueur par 4 longueurs ce jour-là, mais qui vient d'échouer dans le Prix du Jockey-Club... Pas de quoi troubler le sommeil des books anglais qui n'offrent le pensionnaire de Criquette Head qu'aux alentours de 18-20/1... Pas la grande confiance donc. 22

Le dernier poulain français à avoir maté les Britanniques dans le Derby n'est autre que POUR MOI, un élève d'André Fabre, qui avait valu à Mickaël Barzalona de gagner ses galons de crack-jockey en 2011. Accompagné jusque dans sa boîte par Nicolas Blondeau, son « gourou », EPICURIS, sage et en condition optimale, passe samedi sur la piste si particulière d'Epsom un test international extrêmement important pour la suite de sa carrière, laquelle pourrait se poursuivre ailleurs qu'en France. Un succès de la part du poulain français aurait incontestablement un certain retentissement. Et pas seulement Outre-Manche... GOLDEN HORN, LE FAVORI Cela dit, cet Investec Derby d'Epsom 2015 n'a pas dégagé de véritable épouvantail. Il n'y a cette année pas d'AUSTRALIA, de

CAMELOT ou de GALILEO au départ, même si Aidan O'Brien, qui a toujours plus d'un atout dans ses boxes de Ballydoyle, sera représenté par GIOVANNI CANALETTO, offert à 7/1 seulement, qui vient de terminer 2ème à une encolure de CURVY dans les Gallinule Stakes sur 2000m au Curragh pour sa rentrée. En octobre il s'était imposé à Leopardstown sur le mile en dominant de plus de 6 longueurs un lot difficile à juger. Autres poulains entraînés par O'Brien, HANS HOLBEIN est offert à 12/1 et KILIMANJARO à 20/1 environ. En fait le grandissime favori de ce Derby sera l'élève de John Gosden, GOLDEN HORN. Sur les 2000m des Dante Stakes, la préparatoire la plus importante, le fils de CAPE CROSS (qui est le père d'un certain SEA THE STARS, auteur du doublé Derby d'Epsom-Arc de Triomphe en 2009!), a devancé son compagnon d'enHippik # 50


deux autres chevaux français seront au départ et pas n'importe lesquels ! FLINTSHIRE, 2ème l'an dernier, 2ème de l'Arc, 2ème de la Breeders'Cup Turf, vainqueur du Hong Kong Vase, et 2ème du Dubaï Sheema Classic, et celle qui l'a battu nettement à Meydan, DOLNIYA. Désormais installée dans le gratin des chevaux d'âge européens sur la distance classique, l'élève d'Alain de Royer-Dupré sera sans doute favorite devant celui d'André Fabre. Malgré la présence de ROMSDAL (3èmedu Derby 2014), de TAPESTRY qui avait battu TAGHROODA dans les Yorkshire Oaks, mais avait échoué dans l'Arc, et de PETHER'S MOON, un autre pensionnaire de John Gosden, les deux visiteurs devraient lutter pour la victoire. DES OAKS DE HAUT NIVEAU

traînement JACK HOBBS créant la sensation. Supplémenté pour 75.000 £ par son propriétaire, M.Oppenheimer, le poulain a été installé en tête du betting à... 7/4 ! Il est suivi de l'invaincu en deux courses sur le mile ZAWRAQ (9/2), de JACK HOBBS (5/1), vainqueur d'un handicap par 12 longueurs pour sa rentrée et qui vient donc de terminer 2ème des Dante Stakes sous la monte de Frankie Dettori. Or, ce dernier montera finalement GOLDEN HORN, et William Buick vainqueur à York, se retrouve sur JACK HOBBS ! Certains pensent que le favori du Derby ne tiendra pas les 2400m... Vainqueur du Racing Post Trophy, le groupe I pour 2 ans le plus convoité, l'an dernier, ELM PARK avait causé une très forte impression ce jour-là. Même s'il n'a terminé que 3ème des Dante Stakes après avoir du différer sa rentrée en raison des terrains trop souples, ce poulain entraîné Hippik # 50

par A.M.Balding, semble de taille à sa racheter ici. Attention également à SUCCESS DAYS, lui aussi supplémenté pour 75.000 £, qui reste sur trois victoires en 2015 dont en dernier lieu le Derrinston Derby Trial à Leopardstown -une ligne généralement intéressante- en dominant de 10 longueurs le lot qui lui était opposé... Comme on le voit la course est cette année assez ouverte. Qui se révèlera comme la star du printemps 2015 sur la distance classique ? On a déjà vu dans le passé quelques poulains faire afficher de grosses côtes dans le Derby... CORONATION CUP : JUMELE FRANCAIS DOLNIYA-FLINTSHIRE ? CIRRUS DES AIGLES, le tenant de la Coronation Cup (groupe I, 2400m) disputée ce samedi à Epsom, a décliné la lutte (il s'était blessé lors de son succès sur cette piste),

Disputées vendredi, les Investec Oaks d'Epsom (groupe I, 2400m) vont mettre aux prises un lot d'excellentes pouliches dont certaines viennent de se faire remarquer dans les Guinées anglaises et irlandaises. On notera cependant que les deux premières du Curragh, PLEASCACH (Jim Bolger) et FOUND (A.P.O'Brien) ne seront pas au départ des Oaks d'Epsom. La première sera dirigée vers l'Irish Derby face aux mâles (!), la seconde sans doute vers Ascot et maintenue sur le mile. Du coup, la grandissime favorite sera l'impressionnante lauréate des 1000 Guinées anglaises à Newmarket, LEGATISSIMO. Elle porte les couleurs de la firme Coolmore mais n'est pas entraînée par Aidan O'Brien, mais par David Wachman. Reste à savoir si la fille de DANEHILL DANCER tiendra les 2400m... Ses compagnes de couleurs, entraînées elles par O'Brien seront au nombre de trois et ne manquent pas d'atouts. QUALIFY, TOGETHER FOREVER, et DIAMONDSANDRUBIES s'annoncent très compétitives. JACK NAYLOR, 3ème du Prix Marcel-Boussac et 3ème des Guinées irlandaises, peut confirmer sur cette distance, de même que la pensionnaire de John Gosden STAR OF SEVILLE, qui vient de dominer TOGETHER FOREVER et PANDORA dans les Tattersalls Musidora Stakes. Cette fille de DUKE OF MARMELADE reste sur trois succès consécutifs... Enfin notons la présence mercredi encore parmi les restant engagées de la pensionnaire d'André Fabre, AL NAMAAH qui avait donné de grands espoirs l'an dernier lors de ses débuts victorieux. La protégée d'Al Shaqab Racing avait déçu ensuite mais vient d'effectuer une excellente rentrée dans le Prix Cléopâtre sur 2100m à Saint-Cloud, se classant 2ème à une encolure de la très bonne LITTLE NIGHTINGALE. Attention à cette fille de GALILEO bien capable de damer le pion à ses adversaires britanniques ! Guy Mislin 23


retrouvez les photos des

panoramic rĂŠalise pour vous tout un panel de produ


courses sur panoramic.fr

uits personnalisÊs (album, tapis de souris, pèle-mêle...)


< AU FIL DES COURSES...... > amoUr a papa FaiT SEnSaTion Brillante dauphine d'AVENIR CERTAIN dans le Prix de Diane, AMOUR A PAPA, pensionnaire de Jean-Yves Artu montée par Eddy Hardouin, a fait sensation mardi à Longchamp en remportant de plus de six longueurs le Prix d'Argenteuil sur 2100m devant le favori NORSE KING et DA PAOLINO. La fille de MONTMARTRE restait sur une 5ème place dans le Prix Allez France. Là, il n'y avait que trois partants mais elle a marqué la course de sa classe.

AMOUR A PAPA a marqué le Prix d’Argenteuil de sa classe.

EcToT prEparE aScoT Le 4 ans ECTOT, entraîné par Elie Lellouche effectuera sa rentrée directement dans les très relevés Prince Of Wales Stakes le 17 juin à Ascot (groupe I sur 2000m) où il affrontera un lot de chevaux d'âge très relevé parmi lesquels le solide AL KAZEEM mais aussi l'Américain CALIFORNIA CHROME, lauréat du Kentucky Derby et des Preakness Stakes, 2ème à Dubaï de la World Cup et placé désormais sous la responsabilité de Rae Guest à Newmarket. Le pari tenté par ECTOT est osé car il n'a plus couru depuis l'Arc de Triomphe dans lequel il avait échoué après avoir effectué une rentrée tonitruante dans le Prix Niel. Le dernier travail du fils d'HURRICANE RUN sur l'hippodrome de Longchamp, mardi, a cependant entièrement satisfait son entourage. Il était monté par Grégory Benoist. TroT : LES FrancaiS DEcEVanTS DanS L'ELiTLoppET... L'Elitloppet est aux courses scandinaves ce que le Prix d'Amérique est au reste du monde, à la différence près que l'épreuve reine de Solvalla se dispute derrière autostart en trois batteries et sur une distance propice à la vitesse. On attendait monts et merveilles de nos trois représentants, TIMOKO, UNIVERS DU PAN et VOLTIGEUR DE MYRTE. Hélas ! Les deux derniers n'ont pu se qualifier pour la finale et TIMOKO qui s'était qualifié de justesse en prenant la 4ème place de sa batterie, n'a jamais pu revenir sur les animateurs, ayant fait tout le parcours en dehors en ayant tiré le 7 derrière la voiture... Le pensionnaire de Richard Westerink n'a pu finir que 8ème... La victoire est revenue à MAGIC TONIGHT, piloté par le crack-driver Orjon Kihlström dans la réduction kilométrique de 1'10''1 sur les 1609m. Il devance MOSAIQUE FACE, NUNCIO et ROYAL FIGHTER. 26

Hippik # 50


Hippik # 50

27


< AU FIL DES COURSES...... > La FormE DE FrEDDY HEaD Freddy Head connaît une réussite exceptionnelle avec ses milers et ce, depuis plusieurs années maintenant. Mardi à Longchamp, la pouliche PEARLY STEPH (photo ci-contre), montée par Aurélien Lemaître, a fait briller les couleurs du Haras de Saint-Pair en remportant après lutte la listed Prix des Lilas sur 1600m devant ZARIDIYA (Christophe Soumillon). SCARLET HONEY(Thierry Jarnet) se classe 3ème. cHEminaUD SUr FULL maST SamEDi ! L'exploit réalisé par Vincent Cheminaud dimanche dernier dans le Jockey-Club avec NEW BAY promet au jeune cavalier une année riche en émotions. La preuve, dès le lendemain le Prince Khalid Abdullah a décidé que Vincent serait désormais le premier jockey de son écurie en France ! Aussitôt dit, aussitôt fait : dès ce samedi à Chantilly dans le groupe III Prix Paul de Moussac, l'invaincu FULL MAST sera donc monté par Vincent Cheminaud ! Le fils de MIZZEN MAST, meilleur 2 ans sur le mile, s'était imposé dans le Grand Critérium en disposant de TERRITORIES et de GLENEAGLES, après rétrogradation de ce dernier pour avoir penché au moment de l'effort. On n'a pas revu FULL MAST depuis, sa rentrée ayant été retardée en raison d'un suros. Tout est rentré dans l'ordre donc le poulain princier va s'attacher à rattraper le temps perdu avec Vincent Cheminaud ! Selon, l'agent de ce dernier, le jeune jockey va sans doute mettre sa carrière en obstacles entre parenthèses après la réunion de dimanche à Auteuil afin de ne pas prendre de risques compte tenu des échéances qui l'attendent avec les pensionnaires d'André Fabre en plat ! n'oUBLionS paS SoUmiLLon... Une Cravache d'Or de l'obstacle qui remporte le Grand Steeple-Chase de Paris à 20 ans, et un an plus tard, le Prix du Jockey-Club en plat, ce genre d'exploits est extrêmement rarissime. Dans le concert de louanges, justifiées, qui ont accompagné la performance de Vincent Cheminaud, on aurait tendance à oublier qu'un autre crack-jockey, Cravache d'Or du plat, celui-là, Christophe Soumillon, a remporté en 2010 la Grande Course de Haies d'Auteuil avec le Gallorini MANDALI, en prenant le large dès le départ, pour s'imposer de bout en bout sur 5100m avec 200 mètres d'avance sur son suivant immédiat ! Jean-Paul Gallorini n'avait pas hésité à affirmer après la course que « Christophe Soumillon était un génie tactique ». Le maigre public d'Auteuil qui n'avait rien compris avait même sifflé le jockey belge qui avait osé faire le « saut de l'ange » en quittant sa selle, comme Dettori le fait souvent. C'est pourtant un exploit qu'avait également réalisé « Soumi » et ce sont ses adversaires qui s'étaient fait pièger ! 28

Hippik # 50


Hippik # 50

29


< AU FIL DES COURSES...... > TêTES à TêTES Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Prix du Préaux-Clercs a été particulièrement disputé. DEAUVILLE SHOWER (M. Guyon), MESHARA (E. Hardouin), SILK FLOWER (C. Demura) et MASTERMAMBO (A. Crastus) terminant dans un mouchoir. C’est DEAUVILLE SHOWER (2ème plan) qui aura le dernier mot.

30

Hippik # 50


Hippik # 51

31




< LA CHROnIQUE d’ALLISOn > Un bATTEmEnT dE mOn CœUR

S Allison parle des courses avec amour, tendresse et passion. Vous pouvez aussi retrouver toutes ses chroniques à l’adresse suivante : andtheyreoff.overblog.com

i je m'étais attendue à ça. On peut pas s'attendre à ça. À vivre enfin un Graal. À voir l'histoire s'écrire sous nos yeux. Pas un record égalé, pas une prouesse surpassée, une nouvelle air. L'air doux et enfumé de la plus douce des Trêve. On ne peut même plus dire qu'elle est belle, tant le dictionnaire se fait discret quand à la dénomination des muses. Elle est là, la douce Trêve. Cette merveille, si précieuse à ma vie. Elle me baume le cœur, peu importe les blessures. Penser à elle me cicatrise. Trêve... c'est un murmure, un battement de mon cœur. Son regard me rassure. Son galop me fait renaître. Sa présence me soutient. Que t'es belle, ma Trêve. Si belle, dans ta carapace d'Amazone. Tous ces muscles, toute cette force, tout ce génie, pour montrer que c'est pas fini. T'es magique, ma Trêve. Tu fais du bien. Reste un peu, j'en ai besoin. T'es unique, ma Trêve. Tu arrêtes le temps, tu figes les pensées. Tu fais crier le peuple, tu les précipites dans leurs bras. Tu ne crées que des beaux souvenirs. Tu donnes foi en l'avenir. Tu donnes envie d'aller plus loin. Tu pousses les portes d'un impossible bonheur sans fin. Avec toi, on croit. On vit. On ressent. On communie. On s'unit. Autant j'ai eu peur l'an dernier, autant j'ai une foi inébranlable cette année. T'es mon étoile. La seule que j'autorise à me faire pleurer. Crois en tes rêves, Surpasse les miens.

Et disparaît. Que le temps se relance enfin. Plus beau, plus doux. Infiniment plus serein. Part vite. Part loin. Reste. Habite mon cœur, accompagne ses poussées, jusqu'à ce qu'elles s'essoufflent, jusqu'à ce que ma vie soit achevée. Si tu savais tout ça, ma Trêve. Si tu savais tout ce que tu peux procurer. 34

Hippik # 50


TRÊVE (Thierry Jarnet) dans le Prix Corrida pour sa rentrée.

«Elle me baume le cœur, peu importe les blessures. Penser à elle me cicatrise. Trêve... c'est un murmure, un battement de mon cœur. Son regard me rassure. Son galop me fait renaître. Sa présence me soutient.»

Hippik # 50

35


< LA CHRONIQUE D’ALLISON >

D.R.

CIGAR, CHAMPION SUR LE TARD

L Allison parle des courses avec amour, tendresse et passion. Vous pouvez aussi retrouver toutes ses chroniques à l’adresse suivante : andtheyreoff.overblog.com

a Dubaï World Cup ne sera jamais le Prix de l'Arc de Triomphe de la surface sablonneuse. Une allocation double, pour une aura inexistante. On ne pointe jamais du doigt un cheval vainqueur à Meydan comme on parlerait d'une envolée à Ascot, ou d'un sacre à Longchamp. Quel palmarès pourtant. Quel vide. AFRICAN STORY, blague de l'année 2014. On savoure les rares apparitions de nos champions, mais on aime les confrontations. Formé dans nos groupes par André Fabre, AFRICAN avait de la qualité. Il est depuis devenu un joyau, une exclusivité. Une parure, qu'on ne sort que pour les grandes occasions. Un rubis que l'on montre deux minutes et que l'on barricade aussitôt dans la maison. Un pur-sang élégant, talentueux... mais absent. Va t-il disparaître de nouveau, à la seconde ? Et si CALIFORNIA CHROME arrachait d'un revers ses dorures éphémères ? J'aurais voulu le voir tout au long de l'année, affronter, se frotter, abdiquer, et prouver. Le champion a un public. Ses victoires doivent être belles, attendues et espérées. Qu'il soit réservé à la seule World Cup me désole. Quelle belle vie cependant ! Sur le pied de guerre deux mois, pour une année de vacances... on pourrait rêver d'être un cheval !

La Dubaï World Cup a été lancée le 27 mars 1996. CIGAR a inauguré le tout premier poteau sacré. En un souffle épais, il écrasait sa fougue et répandait des cendres brûlantes de supériorité. Ce jour-là, il était le maître du monde. CIGAR, le grand CIGAR, qui nous quittait en octobre. J'aurai dû lui rendre hommage beaucoup plus tôt, mais son décès s'intercalait entre mes cris de bonheur. Le doublé de Trêve et son inoubliable saveur ! Né à Country Live Farm dans le Maryland, chez Monsieur Allen E. Paulson, CIGAR résultait de la coucherie assumée entre le bien connu Palace Malice et la sombre Solar Slew. Long sur pattes, le popotin bien formé, le corps plutôt rassemblé, il présentait déjà un minois attendrissant et une liste blanche intéressante. Un clef, prête à tout crocheter. Et une serrure, qui tarda à arriver. 36

Envoyé courir chez Alex Hassinger, CIGAR entamait sa carrière le 21 février 1993 à Santa Anita. Âgé de trois ans sur les papiers, de deux mois plus jeune en vérité, le poulain bai faisait connaissance avec le dirt, le peloton, et l'individualité acharnée. Seulement septième de l'épreuve Sprint, anonyme et invisible, il était encore bien loin d'un titre de Légende. Conservé au sein de l'écurie encore quelques semaines, CIGAR tentait de nouveau sa chance la deuxième semaine de mai, et se déplaçait à Hollywood park. Sur la piste mythique, il offrait ses premières foulées légères, et s'imposait sur le court tracé. Carrière lancée ? Carrière compliquée. Une poignée de jours plus tard, il revenait à Hollywood et grimpait dans la case des Allowance. Rallongé sur 1700 m, il découvrait un sol dur et coloré. Le pur-sang faisait ses débuts sur la pelouse et terminait quatrième, se faisant cueillir sur la fin. Il insistait encore en juin, et gagnait une place. L'espoir était de mise. Après deux mois d'ajustement de forme, il s'annonçait à Del Mar dans des conditions similaires. L'atout Chris McCarron sur le dos, il s'envolait vers sa première Allowance. On rêvait déjà de mieux. Sa seconde place, le mois suivant, obtenue d'une demi-longueur, confortait les vœux. Fin septembre, le poulain était à Bay Meadows pour disputer l'Ascot Handicap, son objectif si longuement étudié. 1700 m, pelouse... tout y était. La concurrence aussi. CIGAR terminait troisième de l'épreuve de groupe 3, à deux nez du poteau prié. Il revenait aussitôt dans les bras de Patrick Valenzuela, son premier jockey. Ensemble, ils poursuivaient leur belle aventure. Leur retour à Santa Anita ne les présenta pas plus assaillants. Second à distance du Volante Handicap sur une distance inédite de 1800 m, ils se préparaient à la belle : l'Hollywood Derby du vingt novembre. Partis parmi les plus vites, ils n'avaient plus de ressource à l'entrée du tournant. CIGAR s'étouffait dans le peloton confiné, et terminait à la onzième place, les membres surchauffés. Hippik # 50


D.R.

« Il était propulsé dans le NYRA Mile Handicap, un groupe 1 que lui offrait la piste d'Aqueduct. Jerry Bailey en selle, CIGAR n'avait plus de pitié. Guidant le peloton, il l'écrasait de ses longueurs supérieures. Une victoire, première étape d'une envolée mythique vers les sommets. »

Hippik # 50

Il faudra attendre le huit juillet 1994 pour retrouver le fils de Palace Malice sur un programme officiel. À Belmont park, le pur-sang de quatre ans faisait sa rentrée. Chevauché par Mick Smith, désormais quotidiennement observé par l'incontournable William Mott, CIGAR allait bientôt se révéler. Quatrième, demandant à souffler, il ne rassurait pas encore la fois suivante, confirmant un niveau difficilement discerné. En septembre, il rencontrait son meilleur ami Jerry Bailey. Ensemble, ils étaient septième à Belmont park. Même les Allowance commençaient à lui échapper. Le mois suivant, Julie Krone le poussait à la troisième place. La main de Mick Smith le remit sur le bon chemin. Surtout, CIGAR renouait avec le dirt, son premier amour, son premier exploit. La victoire fut sans appel, et maîtrisée. Et le champion confirmait. Le mois suivant, il était propulsé dans le NYRA Mile Handicap, un groupe 1 que lui offrait la piste d'Aqueduct. Jerry Bailey en selle, CIGAR n'avait plus de pitié. Guidant le peloton, il l'écrasait de ses longueurs supérieures. Une victoire, première étape d'une envolée mythique vers les sommets. Pas de repos pour le révélé. Dès janvier 1995, CIGAR était sur pied. À Gulfstream park, par trois fois, il s'imposait. Une Allowance pour sa rentrée, puis deux groupes 1 pour sabrer festivement l'année. Le Donn Handicap et le Gulfstream park Handicap dans son escarcelle, il allait s'offrir l'Oaklawn Handicap sur le tourniquet du même nom, ainsi que le Pimlico Special, le Massachusetts Handicap, et les grosses pointures de l'été. Le 2 juillet, c'était lui au poteau de l'Hollywood Gold Cup. Belmont park lui tendait des bras amoureux. En l'espace de six semaines, le champion aux neuf victoires consécutives y cumulait déjà trois succès supplémentaires. Les Woodward Stakes, la Jockey Club Gold Cup... et le Breeders'Cup Classic, la plus grande épreuve de l'année. Déjà, 1995 s'achevait. Aveuglé par la lueur d'un Cigar aux vapeurs agréables. Enivrantes. Et indomptables. William Mott avait un joyau, et lisait l'avenir. Aussitôt sacré, il répondait à la presse, et annonçait Dubaï. Le rendez-vous était pris. Le dix février 1996, Cigar avait attiré les foules à Gulfstream park. Il poursuivait sa moisson, récoltant un second Donn Handicap. Surtout, il arrachait des tribunes un cri de jamais vu. Il avait ridiculisé l'adversité. L'épopée Nad Al Sheba fut incroyable. Attaquant dans le tournant, entouré, cerclé, oppressé par toutes les nationalités, CIGAR prenait la tête, et résistait. SOUL OF THE MATTER, mécontent de sa quatrième place derrière l'idole dans le Classic, s'accrochait à ses flancs, et communiait leur souffle. Le Crack remportait l'épreuve incroyablement dotée d'une seule longueur. Le second

avait abdiqué, écœuré. Le premier juin, CIGAR, reposé, retrouvait Suffolk Downs et son Massachusetts Handicap. Il se l'appropriait de nouveau. Cinq semaines plus tard, Arlington organisait une course pour la Légende. CIGAR, auteur de quinze succès consécutifs, était en passe d'égaler le plus grand de tous, le mythique CITATION. Le partenaire de Jerry Bailey resta fidèle à lui-même, et s'imposa. Les Arlington Citation Challenge Invitational Stakes le faisait entrer un peu plus dans l'Histoire, et prenait les dernières gouttes de son génie. Car CIGAR ne gagnera plus qu'une fois. UNE REVANCHE à PRENDRE À Del Mar, en août, le cheval de six ans échouait dans le Pacific Classic. En tête dans la ligne droite, débarrassé des leaders, il n'avait pas les ressources pour poursuivre son effort, et surtout, ne pouvait rien face à DARE AND GO que le dirt américain avait ravi. L'alezan de la casaque Wertheimer, anciennement cantilien chez Mme Christiane Head, se propulsait en quelques foulées des méandres jusque ses côtés. Et il poursuivait sur sa lancée, écrasant le Crack, les espoirs, les rêves, et les esprits volant. Le peuple américain était ramené sur Terre, brutalement. Le quatorze septembre, CIGAR avait une revanche à prendre. Et un titre à défendre. Les Woodward Stakes lui restèrent fidèles. Il prit le dessus sur le maigre peloton dans la ligne droite. Son cavalier s'était assuré de son moral en lui demandant un effort tardif, et mesuré. Ils avaient patienté. Le cinq octobre, la Jockey Club Gold Cup se profilait dangereusement. SKIP AWAY, son héritier, lui arrachait violemment le sceptre, et à la fin du mois, confirmait. Le nouveau champion avait eu chaud. Loin devant la concurrence, il avait menacé au sabre le Preakness Stakes winner LOUIS QUATORZE qu'il lui avait interdit le trône de Pimlico six mois plus tôt. La revanche du nouveau prodige avait été tenace, et bénéfique. Il s'offrait même CIGAR, déstabilisé par tant de force. Le Breeders'Cup Classic se déroulait à Woodbine le vingt-six octobre 1996. SKIP AWAY, la relève, était présente. Parti vite, rapidement placé derrière le leader, le gris et jaune partait seul à la conquête du titre avant même d'apercevoir le tournant. Trop tard pour CIGAR. Le beau bai s'arracha sur le sable, mais ne put le rejoindre. Il avait déjà cédé son sceptre, il abandonnait ses titres à la troisième place. Et se retirait de la compétition. CIGAR est décédé en début d'octobre dernier. Une sacrée longue vie pour un cheval hors du commun. Infertile, il a profité comme un roi de sa retraite, aux côtés de JOHN HENRY, l'autre cheval de tous les records. À eux deux, les paddocks devaient être animés d'histoires, et de poudres de Légende. Aucun cheval, victorieux de la World Cup, n'a eu d'aura aussi forte que CIGAR. L'espoir américain reste de mise : CALIFORNIA CHROME est de la partie. Les cœurs raisonnent encore. L'Amérique n'a pas oublié. Elle n'oubliera jamais. Et s'il pouvait encore, en une ou deux bouffées, ranimer la flamme d'un Cigar étouffé... ? 37


< LA CHRONIQUE D’ALLISON >

IL éTAIT UNE FOIS... BéBé CAVAL' !

Dubaï Racing Club

Allison parle des courses avec amour, tendresse et passion. Vous pouvez aussi retrouver toutes ses chroniques à l’adresse suivante : andtheyreoff.overblog.com

L

'histoire de Bébé Caval', elle s'est faite dans le désert, sous un soleil écrasant, et dans les prairies du monde entier. Son sang a cavalé Epsom, vaincu Longchamp, et les champs de course tracés à coups de piquets blancs. Des centaines d'hommes ont œuvré pour qu'il puisse poser un sabot sain et conquérant sur une piste comme Longchamp. Des ducs, des comtes, des rois, des riches. Une élite, passionnée par l'idée d'un cheval noble. Un athlète, dont l'on compare la fougue sur les champs de bataille. Sur les champs de course, aussi. L'exercice est le même. Les baïonnettes, rangées dans un coffre poussiéreux, ne sont plus de la partie. Le cheval n'incarne plus la sécurité de son cavalier, sa porte de sortie, son compagnon du dernier souffle. L'ami de douleur s'est fait compagnie de bonheur. Les assauts ne sont plus des fuites en avant, mais des tracés élaborés. Le champion aurait-il été le meilleur à la guerre ? On ne se préoccupe plus du sort sanglant de nos amis équidés. On s'inquiète de leur disparition. Si le public tout entier abandonne toute envie de les aimer, pourquoi continuer ? Le pur-sang ne nous aidera pas à anéantir les menaces de ce siècle. Il n'est plus un cheval de Guerre. Mais son rôle nouveau n'en est pas moins noble. Le pur-sang apporte de l'espoir, des sourires. Des secondes d'enivrement. Il te débride, t'ouvre son cœur. Sur la piste, à la lutte, comme à la maison. La complicité entre un cheval et un homme, ça n'intéresse donc plus personne ? Après tant de siècle, tant d'investissement, et tant d'engouement ? Le peuple de France, rassemblé en cent-vingt milliers de têtes chapeautées, pour 38

le Grand Prix et sa Loterie, il est où ? Pourquoi moi je suis atteinte... mordue, bouffée, rongée jusqu'à la moelle, et pas vous ? Pourquoi l'Irlande, l'Angleterre, l'Amérique, le Japon, la Chine et l'Australie vibrent Cheval... Pendant que la France ignore même être l'hôte de la plus grande course du Monde ? Ce Brûleur, que le peuple portait en triomphe après le Grand Prix, assistait peut-être au sacre de sa descendance, un certain 14 juillet 2009 à Longchamp. Des tribunes vides, le prestige d'antan est dorénavant moqué. Bébé Caval', il avait rien de ses Papa, Papi et Grand-Papi. Mis à part le génie. Recouvert d'une robe sombre, il avait effacé à la conception toute trace de SHARPEN UP, mais présentait un profil noble à la Polymelus. Du sang, travaillé depuis des siècles, et des chevaux toujours aussi parfaits... Bébé Caval', il a vaincu dans tous les pays, avant d'atterrir à Chantilly. Ses gênes sont issus de toutes les cultures, et ses sabots sont universels. Né Darley, il a connu les praires riches et la compagnie sérieuse. Il est né chez l'élite, et n'a jamais déçu. Alors il a grandi, a découvert le poids de l'homme, s'est forgé du muscle et a endossé la casaque rouge. Pour sa première photo souvenir, il terminait sans effort à l'abord des flancs gris d'un STORMY WEATHER particulièrement ombrageux. Et puis il ne trouvait plus personne à sa hanche, et offrait à la photo finale un bébé noir, rondouillard, et au galop encore expérimental. Petit à petit, Bébé Caval' a appris son métier. Calé derrière les fesses du fougueux Hippik # 50


ALLYBAR ; repoussé par son camarade de Rouge CUTLASS BAY ; loin, très loin devant le jeune CIRRUS DES AIGLES ; assurément premier, quand le grand jour fut arrivé. L'herbe et la solidité irlandaise n'avait eu aucun effet sur sa volonté primitive. Bébé Caval' avait été mené à la bataille préparé dans son cocon cantilien, imaginé par l'oracle André Fabre. Pleine piste, sur les traces paternelles, il avait percé un peloton de premiers champions, et avait laissé glisser ses sabots sur la piste. Bébé Caval' faisait crier de rage Bébé Guyon, les premiers de la classe avaient vaincu ensemble. Le prestige lui a offert une nouvelle casaque. La pureté du blanc, sur la noirceur du pur-sang. Caval' devenait un homme, et préparait son sacre de roi. Dettori, éternelle élite des vieux bancs de la classe, lui offrait un parcours aisé dans le Prix Niel. AIZAVOSKI, épaules et biceps saillants, n'avait pas autant de force que le prince de Chantilly. BEHESHTAM supportait ses accélérations, et le poussait toujours en avant. Et puis le Grand Jour est arrivé. Ce jour qui avait mis sous une lumière éternelle son aïeul TANTIEME, mais qui avait condamné NIJINSKY et RELIANCE au rang de victimes collatérales de l'Histoire. Caval' respectait la tradition, et idolâtrait les SEA BIRD, SASSAFRAS ou autres SEA THE STARS. Quand le fils de l'Arc de Triomphe se précipitait dans les bras rassurants de sa mère, Caval' se propulsait à la conquête du second cliché. Effacé par la masse d'un YOUMZAIN qui avait tiré de ses défaites une gloire indéniable. Loin des assauts de l'Europe entière, entouré de souffles fortement British. Premier français, dans une mêlée de

« Il fut un immense souvenir pour beaucoup. Nos chevaux, on ne les oublie pas. On les pleure, on les acclame, on les grandit. On en fait des stars, des idoles et des symboles. Sans même qu'ils puissent prendre connaissance de leurs faits d'arme » conquérants. Ce ne fut pas lui que le peuple fourni souleva en triomphe, mais il avait été digne, comme tous pur-sang. La suite, on la connaît. Vêtu de bleu, officiellement sacré gladiateur de l'armée Godolphin, CAVALRYMAN a quitté sa comté pour le désert chaud de Dubaï. Là-bas, il a pris de l'âge, du muscle, de la force, et du mental. Combatif, réfléchi, ses succès ont été élogieux, ses faiblesses des étapes naturelles. Pour Saeed bin Suroor, le cheval noir a donné son cœur. élu publiquement favori de l'écurie, il a porté le bleu avec plus ou moins de succès dans le Sheema Classic, dans la Coronation Cup, les Prince of Wales's Stakes, les Juddmonte International Stakes, le Prix de Baden, l'Arc de Triomphe, le Jockey-Club italien... Rien n'y faisait, il n'avait plus la même force dans les jambes et cumulait les accélérations méconnaissables. Il découvrait les longues distances sur la piste de ses premiers exploits. Longchamp accueillait son fils le temps de quelques tours de manège. Bébé Caval' terminait cinquième du Royal-Oak, une épreuve qui avait eu Hippik # 50

du prestige, dans des temps désormais oubliés. Vingt-six jours après la découpe 2012 des muguets qui agitaient l'activité du porte à porte, CAVALRYMAN renouait avec le succès. Il adoptait enfin une piste, et portait son engagement sur York et Sandown successivement. Les Listed lui donnaient un nouvel élan, il s'envolait au delà des trois kilomètres. Mais il ne pouvait plus faire mieux. Jusqu'au jour où il rencontra la main nouvelle de Silvestre de Sousa. Ne faisant plus qu'un avec son cavalier, CAVALRYMAN débutait son année 2013 par un accessit fort honorable à Meydan, et se propulsait loin de tous dans la Dubaï Gold Cup. Le fils de HALLING avait senti l'odeur douce de Chantilly, flottant d'entre les crins de la belle et pleurée VEREMA... La jeunesse lui reprenait soudain. L'année suivante, il devenait imparable. Premier du Nad Al Sheba, il devait rendre sa couronne de la Dubaï Gold Cup pour une épaule de moins. À Newmarket, il s'arrachait sur la distance classique, son premier amour, et remportait les Princess of Wales's Stakes. À Goodwood, la poigne de Kieren Fallon le poussait au delà de son cadet AHZEEMAH dans la Goodwood Cup. Il buttait ensuite naturellement sur les chevaux frais, et portés par l’insouciante jeunesse. Sa dernière performance connue... car il disparaissait alors des pistes à l'aube d'un nouveau voyage programmé. Bébé Caval', prince de Chantilly, avait été envisagé pour porté fièrement le bleu Godolphin dans la course la plus populaire du monde : La Melbourne Cup d'Australie. Il se blessa avant, et quitta l'entraînement pour quelques mois de convalescence. Le 28 février dernier, Bébé Caval' reprenait le chemin des pistes, réparé, neuf, et volontaire. Sur la piste verte de Meydan, il vérifiait ses maux en quelques foulées souples et assurées, et reprenait ses habitudes dans un paquet au niveau relevé. Il découvrait le jeune William Buick, un premier de la classe lui aussi. Un jeune homme avide de découvrir les « sensations Cavalryman », mais dont l'estomac se serra de peur et de fatalité. Un craquement. Fut-il sourd, et intime ? Résonna-t-il jusque dans le peloton tout entier ? CAVALRYMAN se retirait discrètement, debout sur ses jambes, grand pur-sang au dernier souffle noble. La jambe brisée, Bébé Caval' fermait les yeux sur une pelouse défiant l’ardeur du soleil qatarien. Loin de son trône, de ses ancêtres, et des prairies grasses de son enfance. Il fut un immense souvenir pour beaucoup. Nos chevaux, on ne les oublie pas. On les pleure, on les acclame, on les grandit. On en fait des stars, des idoles et des symboles. Sans même qu'ils puissent prendre connaissance de leurs faits d'arme. Ils nous donnent tout, pour satisfaire nos éclats de joie. Il n'est pas tombé sous les pointes d'acier, les éclaboussements mortels des obus. Il a été frappé par la fatalité. Cruelle fragilité. Bébé Caval', t'es mort. Je t'adorai, je ne t'oublierai pas.

39


< LA CHRONIQUE D’ALLISON >

OUBLIé DAYLAMI ?

D.R.

« Maman avait le génie au creux des reins. Le génie, le vrai. Celui qu'on appelle Crack, après l'avoir vu comme le chanceux « frère de ». DALAKHANI, usurpateur. Il lui a volé sa robe, sa beauté, et les yeux de la foule. Je l'imagine frêle et insouciant, débourré en tant que frère, regardé en tant que frère, engagé en tant que frère, et puis vainqueur, en tant que Crack» Allison parle des courses avec amour, tendresse et passion. Vous pouvez aussi retrouver toutes ses chroniques à l’adresse suivante : andtheyreoff.overblog.com

40

D

étrôné par le génie du petit-frère. DAYLAMI s'était pourtant retroussé les manches, attaquant la haute génération dès ses premiers parcours à l'âge de deux ans, progressant, évoluant, forçant avec le temps, prenant de la masse en même temps que du courage, de la vitesse autant que de la résistance. DAYLAMI, il s'est battu dès le berceau, et bien au delà de la fusion des os. Il a parcouru l'ouest du Monde, connu bien des combats, bien des difficultés, bien des exploits. L’Amérique, les îles britanniques, la France, son pays de cœur. Il a cumulé les victoires et les accessits, étalant sa classe sur la concurrence internationale, se repliant parfois face à ceux qui avaient la forme de leur vie. Un vrai champion. Un cheval qui a pris le temps de comprendre les choses. Qui a pris le temps d'analyser les claques, pour rebondir avec toujours plus de force. Une carrière façonnée, réfléchie, pleine de défis. Peutêtre qu'une plus grande réussite au Haras lui aurait assuré un mémorial. Des champions, il y en a eu tellement. Et puis, il a joué de malchance. Maman avait le génie au creux des reins. Le génie, le vrai. Celui qu'on appelle Crack, après l'avoir vu comme le chanceux « frère de ». DALAKHANI, usurpateur. Il lui a volé sa robe, sa beauté, et les yeux de la foule. Je l'imagine frêle et insouciant, débourré en tant que frère, regardé en tant que frère, engagé en tant que frère, et puis vainqueur, en tant que Crack. DALAKHANI, léger et brillant, touché par la grâce, membre de l'accélération supérieure. Son grand frère avait à peine révélé l'étendue de son talent qu'au même âge DALAKHANI rentrait au Haras, intouchable dans un Arc sacré. Enfumable en Irlande, heureusement. On aurait presque souhaité vérifier la véracité de son squelette. Un génie, comme on en fait peu. Ce type de chevaux qui entre de vos vies, vous accroche, et se retire comme un voleur. Un amant incroyable qui nous épargne la déconvenue du réveil. Avec ces chevaux, on reste dans le rêve. Impossible de ne pas les aimer. Mais dans la vie, la vraie, il y a des combats, des désillusions, des sursauts d'es-

poirs, des poings levés, des rechutes, et de la volonté. Des DAYLAMI. Prouver qu'on est un fou de l'accélération c'est bien, rester cet amant tout au long de la vie conjugale c'est mieux. La comparaison me plaît assez. Les chevaux qui durent s'insèrent dans nos vies avec plus de réalité et de sincérité. TRÊVE, elle est à part. Elle combine les deux genres. JAMAIS DéçU DAYLAMI donc. Né avec un jockey vert et rouge vissé sur le dos, DAYLAMI a fait ses premiers pas à Longchamp puis à Evry, se hissant jusqu'à la seconde place du Critérium de Saint-Cloud. Le talent était déjà là. La saison de sa vie était déjà envisagée. Trois ans, l'âge des conneries, l'âge de la gloire. Faut être touché par la grâce, déposé sur Terre pour être dans la lumière, sinon tu crames. DAYLAMI semblait être un bon cru, un sujet courageux et capable. Il l'a prouvé, n'a jamais déçu même. Lauréat du Prix de Fontainebleau, il mettait les quatre sabots directement dans la mélasse, s'imposant les projecteurs classiques. LOUP SAUVAGE, son poursuivant intimidé, ne retrouvera pas aussitôt ses couilles, les laissant tout autant filer dans la Poule d'Essai des Poulains. C'est qu'il était pas mûr, lui. L'acidité a duré longtemps, il a été des plus succulents dans le Prix d'Ispahan, un an plus tard. On épargne pas DAYLAMI. Il montre quelque chose de fort, Alain de Royer Dupré l'envoie en Angleterre pour les St James's Palace Stakes. Se mesurer à l'international, quoi de plus glorifiant ? La qualité des chevaux ne s'arrête pas aux frontières, le combat est partout, la concurrence est vaste. DAYLAMI semblait avoir ce qu'il fallait pour ça, et ce dès le printemps. Ce ne fut pas sa première défaite, mais ce fut la plus nette. Devançant DESERT KING, son homologue irlandais qui se tentait lui aussi sur les terres royales, il ne put rien faire face à l'accent forcé de STARBOROUGH et de AIR EXPRESS. Le premier nommé, bilingue précoce, venait de s'imposer à Chantilly dans le Prix Hippik # 50


Jean Prat, défiant du regard, au delà de la forêt cantilienne, celui qui était resté aux écuries. Le second, AIR EXPRESS, n'avait pas encore les titres, mais la forme surmontait la difficulté. Il venait de remporter deux groupes en Italie et en Allemagne, profitant de l'isolement médiatique pour se forger un bouclier de béton. Il lui faudra attendre le mois de septembre pour se sentir pousser des ailes. En attendant, il faisait galoper STARBOROUGH et enrhumait DAYLAMI, une performance louable. De retour sur ses terres, DAYLAMI s'attaqua au plus gros morceau de l'année. Présumé Miler, il l'était assurément. SPINNING WORLD était grand, et intouchable lorsque lui venait l'air normand. Dans le Prix Jacques le Marois, le poulain de la famille Niarchos conserva sa couronne et balança les fleurs à son cadet gris se propulsant deux longueurs derrière lui. Il le devançait avec respect, se remémorant son propre essai à l'extérieur, un an plus tôt. Lui, il avait terminé sixième des St James's, il savait ce que c'était. Son savoir-faire, il l'a exporté jusqu'en Amérique. Jusqu'à Hollywood Park, dont on ne peut plus imaginer les traces, l'Histoire se voyant griffée par les bulldozers, étouffée par le ciment, oubliée par les mémoires trouées. Derrière DAYLAMI, STARBOROUGH accusait le coup. La flamme s'atténuait déjà. TÊTE COUPéE NETTE La forme de DAYLAMI ne faisait aucun doute. Sa victoire à Longchamp, sa combativité sur deux piliers du Mile, sa ténacité face aux éclaires, le poulain gris se dirigea vers le Prix du Moulin de Longchamp. SPINNING WORLD était là lui aussi. On espérait un vent faible, ce serait con qu'une tempête amène l'air marin jusqu'à ses naseaux parisiens ! Il en avait gardé de si beaux souvenirs, le cheval se précipita de nouveau jusqu'au poteau, sans manifester la moindre politesse envers son altesse HELISSIO, roi de Longchamp. écœuré par le snob, il aurait pu se voir soufflé par DAYLAMI qui propulsait l'air chaud jusque ses flancs. La rancœur dure parfois. Le crack jaune a subi le couperet de PEINTRE CELEBRE quelques semaines plus tard. La tête avait été coupée nette. A l'âge de quatre ans, DAYLAMI, a fait sa rentrée dans la Tattersalls Gold Cup. Et là, ce fut le choc. Sur sa casaque, le bleu viril et sérieux remplaçait l'insouciante verdure de son enfance. DAYLAMI n'était plus ce jeune homme qui se montrait plein d’entrain aux premiers combats du printemps, il était devenu un cheval de guerre. Adieux les Aigles, les biches, et les souvenirs d'enfances. Le poulain se transformait en soldat de l'armée Godolphin. Ce rôle lui a offert un second souffle, DAYLAMI avait l'âme d'un sage à la main ferme. S'imposant dès sa première apparition, laissant Frankie Dettori goûter à sa bouche, il fut troisième des Prince Of Wales's Stakes derrière FAITHFUL SON. Le caractère lui avait fait serrer les dents, DAYLAMI se vengeait de ce dernier dans les Coral Eclipe Stakes. Pas de grand chose, mais avec une maîtrise qui signifiait beaucoup. Quatrième des King George, l'Arc des Anglais, il ne pouvait rien faire face à la supériorité confirmée de SWAIN, tenant du titre. Il avait été le choix de Frankie, l'homme savait sentir les explosions à venir. HIGH RISE, vainqueur du Derby d'Epsom, et ROYAL ANTHEM, invincible facilement ébranlable, ont séparé Hippik # 50

SWAIN et son poursuivant. DAYLAMI bouillonnait, prêt à exploser. Il fut envoyé aux états-Unis, protégeant l'Europe d'une possible et imminente déflagration. Les sabots plantés sur la pelouse de Belmont, il s'appropriait les lieux, la foule, et l'air chargé d'histoires. Les Man O'War Stakes, cet hommage au plus grand de tous, rapportés sous les sabots d'un ancien français. DAYLAMI y fournit l'accélération de sa vie, s'offrant un cheval à chaque foulée, fusant jusqu'au poteau. BUCK'S BOY, qu'il devançait, remportait la Breeder's Cup Turf quelques semaines plus tard. LA DERNIèRE, LA PLUS BELLE La dernière saison de DAYLAMI fut sans doute la plus belle, mais surtout la plus étudiée. L'étalon, devenu homme, imposant sa puissance, avait montré autrefois son attrait pour la fraîcheur du printemps. Godolphin le forma tout au long de l'hiver en son sein, le préparant à la Dubaï World Cup, le championnat des pur-sangs réchauffés. Pas d'échauffement, il y fut livré lustré, comme neuf. DAYLAMI ne comprit pas la violence de l'effort demandé, et termina cinquième. En Angleterre, il fut second de la Tattersalls Gold Cup promue groupe 1. Elle était là, sa mise en jambe. Au mois de juin, retrouvant l'été doux de cette Angleterre adorée, le cheval gris a tracé de sa craie sa victoire dans la Coronation Cup. Maintenant sa forme, appuyant avec toujours plus de force sur le crayon poudreux, il continua sur sa lancée, et prenait à bras le corps tout ce qu'il n'aurait plus le droit de regretter. Il enfonça les portes des King George, écrasant un vainqueur des St Leger de cinq longueurs. Absent des pistes pendant deux mois, le repos et l'attente l'ont galvanisé... et enragé. La masse grise explose en Irlande et s'empare des Champion Stakes. De neuf longueurs. Roi du monde. DAYLAMI réclame la France, mais en son absence l'herbe n'a pas cessé de pousser. Le bébé Miler, fier de montrer ses premiers muscles dessinés au marqueur, souvenir de cette Poule d'Essai qui en avait vu d'autres depuis, il avait bien changé. Une fois adulte, trop de fois absent, il n'est plus roi de Longchamp. MONTJEU, la tenue solide, le génie obligé, s'occupa de l'assaut des nippons. DAYLAMI est neuvième, il aura le temps de dire adieu à sa jeunesse. L'ultime combat, il le fit à Gulfstream Park. La piste lui était inédite, la concurrence un peu moins. De plus de deux longueurs, la foulée lourde, le muscle robuste, la propulsion puissante, DAYLAMI devançait ROYAL ANTHEM, dont il avait rencontré la croupe lors d'un voyage, BUCK'S BOY, seigneur sur ses terres mais soumis à la loi du grand Gris, et DREAM WELL qui ne trouvait jamais meilleur place que troisième pour admirer les ondulations cognées de son idole. Rentré au Haras, soudainement nostalgique, le monde l'applaudit. Cheval de l'année, lui. Enfin. En Europe, et sur la pelouse américaine. Une reconnaissance qu'il a attendu longtemps. Une gloire éternelle, un souvenir inébranlable. Et puis le petit dernier est arrivé. Bientôt, c'est DAYLAMI qui est devenu le « frère de ». DALAKHANI surpassait l'acharnement de son frère. Il avait les ailes aux pieds. La légèreté. La brièveté aussi. Mais pas mon cœur. 41


< LA CHRONIQUE D’ALLISON > « Lui, ce qu'il aime, ce sont les haies de l'île britannique. Depuis qu'il s'est procuré le passeport, le fils de MONTJEU se prend pour un avion ».

INDéTRôNABLE HURRICANE FLY !

H

Allison parle des courses avec amour, tendresse et passion. Vous pouvez aussi retrouver toutes ses chroniques à l’adresse suivante : andtheyreoff.overblog.com

URRICANE FLY vient de décrocher, à l'aube de ses onze ans, son vingtième groupe 1. Vingt groupes 1, un record. Alors bien évidemment, il ne bat pas TRÊVE, ou CIRRUS DES AIGLES. Non. Lui, ce qu'il aime, ce sont les haies de l'île britannique. Depuis qu'il s'est procuré le passeport, le fils de MONTJEU se prend pour un avion. Le Champion Hurdle et le Morgiana Hurdle de Punchestown, l'Irish Champion Hurdle de Leopardstown, le Champion Hurdle Challenge Trophy de Cheltenham... Toutes ses épreuves, il les a marquées de ses sabots. Parfois de deux, mais souvent de quatre traces de fer indélébiles. Infatigable pur-sang, aux enjambées merveilleuses. Il n'avait pourtant rien du crack lorsqu'on le poussa sous les projecteurs de l'établissement Goffs, lui demandant de tourner sur lui-même au rythme des enchères qui ne pleuvaient guère, et du marteau saisissant qui, par un coup sec à 65 000 €, figeait l'instant. Il était fils de personne. Sa mère, SCANDISK, ne parvenait pas à souligner le prestige de son amant MONTJEU. Elle avait beau expliquer que ses oncles et tantes YANKEE GOLD et LADY SINGER étaient allés jusqu'au poteau des Pretty Polly et des Ballymoss Stakes, rien n'y faisait, sa production parlait d'elle-même. Poulinière italienne chez Agricola Del Parco, SCANDISK a of-

fert sa première pouliche aux ventes Tattersalls de décembre 2000, une jolie fille du nom de HUNZY. Son second produit, HEIR TO THE THRONE, faisait tressaillir les compteur aux ventes Goffs l'année suivante, toisant les 170 000 €, mais il disparut bien vite des pistes après deux sorties prometteuses. THUNDERWING, le suivant, ouvrit la famille aux courses de haies, et, par la même occasion, offrit sa chance à son petit frère. Le 26 septembre 2005, logé dans la paille du box 11, portant sur sa croupe le numéro provisoire de «Lot 506 », HURRICANE FLY faisait son entrée. Il n'avait pas encore deux ans, mais il avait déjà la responsabilité de vingt-quatre mois dévoués à ce jour. Pour 65 000 €, le fils de MONTJEU et SCANDISK quittait l'établissement Goffs et s’engouffrait sous un tunnel que les pancartes annonçaient à destination de la France. Bien trop étonné du vacarme des ventes, il n'avait pas porté son attention sur ces deux hommes, assis côte à côte, qui avaient, en un éventuel froncement de sourcils volontaire, clôturés les demandes. Jean-Luc Pelletan, entraîneur à Mont de Marsan, et son associé Raoul Temam, propriétaire bien connu du violet et blanc SLEEPING JACK, se serrèrent la main. L'achat se révélera judicieux. Les quatre sabots encrés dans la terre française,

Un cheval qui ne laisse pas indifférent. ..

42

Hippik # 50


HURRICANE FLY fait ses premiers pas pour M. Pelletan sur l'hippodrome de la Teste. Il n'avait que deux ans, ses progrès le menèrent jusqu'au second accessit d'une épreuve parisienne. L'expérience est déjà belle, le poulain se montre régulier. Pourtant, à l'âge de trois ans, il change de chemise et s'offre à la casaque grenat à étoile blanche de M. Hans-Peter Breitenstein. Pour son nouveau propriétaire, il s'impose de quatre longueurs à Mont de Marsan, son lieu de vie, et surclasse de la moitié de distance les futurs champions LITERATO et SPIRIT ONE dans la Listed Prix Omnium II. La forme et ses capacités ne le mènent pas toujours aux duels, mais il parvient tout de même à se placer quatrième du groupe 3 Prix de Guiche à Chantilly, une épreuve remportée par le futur derby winner LAWMAN. Pour ses quatre ans, HURRICANE FLY fait ses valises. L'Eldorado se trouve en Irlande, entre les mains du fameux Willie Mullins. Pour du tissu bleu et des losanges verts, le poulain est prêt est tout. Le cheval de George Creighton et de Madame Rose Boyd s'impose dès ses premiers pas sur les claies de Punchestown, s'envolant par douze longueurs. Immédiatement, son entourage le mène à Auteuil, lui offrant la possibilité de briller dans ce pays qui l'avait adopté. Sur les haies, face à GRIVETTE et QUESTARABAD, le poulain s'octroie le Gras Savoye Prix de Longchamp, groupe 2, puis s'incline de deux longueurs, pour son premier essai au plus haut niveau, devant la première Hippik # 50

Photos : Julian Herbert

« Après quelques mois de repos, HURRICANE FLY retrouve son âme de guerrier, et sa soif de vengeance. Après SOLWHIT quelques années plus tôt, il s'attaque à JEZKI, son nouveau bourreau »

En mars 2013, HURRICANE FLY (Ruby Walsh) remportait son second Stan James Champion Hurdle Challenge Trophy.

nommée qui s'envolait dans le Prix Alain du Breil. De retour sur son île, il devient un crack. Malgré quelques doux échecs parsemant une partition immaculée, il s'impose dans vingt épreuves de groupe 1, commençant son périple par la piste de Fairyhouse. L'écart avec ses poursuivants s’accroît. Pour son premier grand succès, il ne déborde que des naseaux, mais par la suite, il ne laisse plus planer le doute. Une ombre calquée sur l'ondulation de sa croupe, à dix longueurs d'une concurrence acharnée. SOLWHIT arrête ses succès à Punchestown, et subit une vengeance terrible. HURRICANE FLY l'écrase par quatre fois consécutivement. Dans le Champion Hurdle, le premier d'une série de quatre succès, à Fairyhouse, et à Leopardstown par deux fois. SOLWHIT aurait pu, en quelques mois, ravir cinq palmes précieuses. Mais le plus fort était, de toute évidence, le premier sur le fil. Par la suite, HURRICANE FLY fit de quelques événements ses rendezvous annuels. Son second Champion Hurdle se fait au nez et à la barbe de THOUSAND STARS et de BINOCULAR, Cheltenham devient une

énième destination de vacances, et les groupes 1 s'enfilent uns à uns en un collier parsemé de notes dorées. Cette année, après neuf succès ininterrompus, HURRICANE FLY a perdu sa couronne. JEZKI, champion de quatre ans son cadet, lui administre deux coups fatals, et épingle sur son CV une sixième épreuve élevée. Pendant un an, le Champion Hurdle ne portera plus le nom du fils de MONTJEU. Après quelques mois de repos, HURRICANE FLY retrouve son âme de guerrier, et sa soif de vengeance. Après SOLWHIT quelques années plus tôt, il s'attaque à JEZKI, son nouveau bourreau. Pour son troisième Morgiana Hurdle à Punchestown, le cheval de dix ans écrase le pensionnaire de John Harrington par presque trois longueurs. C'était il y a cinq jours. D'ici la fin du mois, notre vieux vainqueur de l'Omnium II devrait s'élancer dans le Bar One Racing Hatton's Grace Hurdle, disputé à Fairyhouse. Quatre ans qu'il n'a pas tenté de remporter l'épreuve. JEZKI sera présent. Pour un écœurement de plus. Nuls doutes, HURRICANE FLY n'est pas près d'abandonner son trône. 43


< LA ChROnIQUE D’ALLISOn > KIngmAn ESt Un ROI

U

Allison parle des courses avec amour, tendresse et passion. Vous pouvez aussi retrouver toutes ses chroniques à l’adresse suivante : andtheyreoff.overblog.com

44

n meeting de Royal Ascot, ça ne peut vous être indifférent.Vous pouvez y aimer la mode, y adorer l'ambiance, le champagne... Il vous est impossible de passer outre. La reine vous arrache l'argent par la couleur feutrée de son chapeau du jour, et son sourire ravive l'éclat d'un pays consacré depuis toujours à la festivité du Pursang. Si les accoutrements virils, les hauts-de-forme, les robes colorées, parfois décolletées, et les couvre-chefs fleuris vous laissent sans sentiments, il vous suffit de détourner la tête vers l'étendue verte, où le Pur-sang déterminé vous arrachera à vos ressentiments, et par ses foulées folles, vous plongera dans le rêve ambiant. Rendez-vous des hommes et des femmes, il est d'autant plus celui du Pur-sang. Sublimé sous la coupe de l'été, le cheval de haut niveau se révèle, confirme, ou saisit la place qui est sienne, jusqu'aux prochains combats. On y expose ses espoirs juvéniles, et ses rêves de suprématie. Pour le prestige. Pour l'argent. Et surtout pour nos yeux. De ce meeting de Royal Ascot, je ne retiens que la passion. Et une folle impression. Celle de KIngmAn, artificier de folie, auteur d'une représentation haute en couleurs, soulevant les cœurs, jusqu'à ébullition. Le poulain bai concourait dans les St James's Palace Stakes, dans le sillage indélébile de son compagnon de couleurs FRAnKEL, l'indescriptible soubresaut de la race. La comparaison entre ces deux chevaux est hasardeuse, mais naturelle. Je me rappelle les pouliches de l'Aga Khan, dans les dures années de l'ère post-ZARKAVA. Il suffisait de porter la casaque, et d'avoir un bout-vite, pour se voir désigné pour le couronnement. Et puis, les unes après les autres, bien que de valeur, elles s'effacèrent, se retirant de l'ombre oppressante de la prodige pour se frayer leur propre chemin. Et la folie, doucement, nous abandonna. mais voilà, l'histoire se répète. Avec seulement une année de répit, la casaque Abdullah se remet en selle, pour le meilleur. KIngmAn ne sera jamais FRAnKEL. mais KIngmAn est un roi. Fils du sprinter Invincible SPIRIt et de la lauréate des Oaks françaises ZEnDA, elle-même issue de ZAmInDAR, le mile coule dans ses veines, la vitesse aussi. Il avait remporté les 2000 guinées d'Irlande haut les mains, sur un sol douteux, se faisant pardonner sa seconde place dans l'équivalent de newmarket, derrière l'ivrogne lucide nIght OF thUnDER ( DUbAwI - FORESt StORm ), qui semblait sur le coup un degré au-dessus. KIngmAn devançait tout de même le protégé d'Aidan O'brien AUStRALIA ( gALILEO - OUIJA bOARD ), mais sur une distance que l'on sait dorénavant inapte à ses aptitudes premières. Le 17 juin dernier, KIngmAn s'imposait donc dans les St James's Palace Stakes. Il y devançait son bourreau nIght OF thUnDER, ainsi que le lauréat des Dewhurst Stakes 2013, wAR COmmAnD. Une impression folle. Le poulain bai aspirait le fils de DUbAwI, et à une vitesse inconnue, le doublait pour se rabattre à la corde, son cavalier James Doyle pendu aux rênes, sans voix, et sans rôle. Le cheval venait de se révéler. Il m'en tordait les boyaux. John gosden, entraîneur de talent, ne s'arrêta pas en si bon chemin. Il décrocha, avec thE FUgUE, une aussi formidable performance dans les Prince Of wales Stakes, puis les Les King Edward VII, groupe 2, avec le super EAgLE tOP. Il avait été le mentor de ZEnDA, mère de KIngmAn, qui lui avait apporté un accessit d'honneur dans les Coronation Stakes du même meeting. Hippik # 50


Action images/panoramic

KIngmAn (James Doyle) a frappé fort à goodwood !

« KIngmAn, artificier de folie, auteur d'une représentation haute en couleurs, soulevant les cœurs, jusqu'à ébullition »

Hippik # 50

45


ALEX SHTORKH Ret r ouvezdèsàpr ésent ,enl i br ai r i eetdansl er éseauf nac l eder ni erouvr agephot ogr aphi que d’ Al exSht or kh, Néspourt r i ompher , l escour seshi ppi quesf r ançai sesvuesparunj ockeyr usse.

Al exSht or k hes tnéàMos c ouen1937.Apr èsav oi rmenéunec ar r i èr edej oc k eypr of es s i onnel pendantdouz eans ,i l es tdev enupei nt r eetphot ogr aphe. I l es tl ’ aut eurdenombr euxal bumsdephot ogr aphi ec ons ac r ésauxc hev aux ,par mi l es quel s: «Lesder ni er sc av al i er sdumonde»,«Legr andl i v r edesc hev auxr us s es»,«Lesc hev auxdes s abl esnoi r s»,«Moment sol y mpi ques».

39€

Edi t i onsVi l o


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.