< RENCONTRES > NICOLAS BELLANGER, 25 ANS, DÉBUTE COMME ENTRAîNEUR
« Je me sens prêt » Nicolas Bellanger est, depuis le 1er octobre dernier, officiellement entraîneur public. Le plus jeune de sa promotion, certainement pas le moins doué. L'expérience, il se l'est forgée à travers ses périples. De la campagne de l'Ouest jusqu'aux plus beaux meetings australiens, en passant par les salles de ventes américaines, le jeune homme - il n'est âgé que de 25 ans – n'a pas eu froid aux yeux, et est toujours allé de l'avant. Portrait.
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é sous les flancs des chevaux, Nicolas Bellanger a appris la vie à leurs côtés. Son père Damien Bellanger, qui élève quelques poulains chaque année à Châteauneuf sur Sarthe, à vingt minutes du Lion d'Angers, fut son premier initiateur. Ensemble, ils se sont associés sur une poulinière, conservant de cette manière un lien uni dans cet élevage familial. Lorsque Nicolas dut se diriger vers une formation professionnelle, il n'eut pas beaucoup à réfléchir : « Je suis issue d'une famille d'éleveurs. À quinze ans je ne me suis pas posé la question, étant donné que cela m'intéressait j'ai poursuivi dans cette branche. » Le jeune homme entre en alternance à la MFR de Craon puis à celle de Laval, jonglant entre la théorie enseignée sur les bancs de l'école et la pratique qu'il apprivoise au Haras du Bois aux Proux qui le conservera en son sein tout au long de ses quatre années d'études. Une fois lancé dans le monde du travail, Nicolas Bellanger ne s'accrocha pas à ses acquis. Il lui fallait apprendre, se forger une expérience. Comme premier emploi, il ne s'éloigna pas de ses terres, se dirigeant vers le débourrage et le pré-entraînement que pouvait lui proposer l'écurie de Claude Macault, à deux pas de Segré. Il n'y restera que quelques mois, se propulsant jusqu'à l'hémisphère sud. Un monde très différent, qui le passionne immédiatement. Même si l'envie d'élever reste présente, il s'ouvre à d'autres horizons, se remplit d'expériences diverses, et s'accroche. « Au fur et à mesure, j'ai dévié de l'élevage. Je suis parti dans la préparation des yearlings aux ventes en Australie et aux États-Unis » A l'étranger, il a officié tout d'abord en Nouvelle-Zélande, à Trelawney Stud, cet élevage qui était mis en vedette ces dernières semaines grâce à son champion WAR AFFAIR qui échouait dimanche dans l'obtention de la triple couronne singapourienne. Pendant sept mois, il apprend l'anglais, aide aux poulinages, forme les poulains à la parade des enchères, et se crée des contacts. Bien vite, le voilà en Australie, employé du prestigieux Haras du Cheik Mohammed Al 42
BALDER SUCCES, la fierté de l’élevage familial.
Maktoum, Darley Stud situé à Aberdeen. Dans cette grande et illustre entreprise, il aide aux naissances, et se concentre sur ce qu'il apprécie le plus : l'éducation des jeunes chevaux. « J'aime travailler la présentation, les faire tenir, marcher comme il faut. Qu'ils soient beaux dans leur stature, qu'ils soient mis en valeur. » C'est un travail intense, qui demande beaucoup de sérieux. Les premières années des poulains n'influencent-elles pas leur façon d'être tout au long de leur vie d'adulte ? Chez Darley, il est entouré d'étalons de prestige tel MEDAGLIA D'ORO qui alterne avec les États-Unis où il a offert la brillante RACHEL ALEXANDRA. Mais le métier d'étalonnier ne l'attire pas : « C'est un métier très routinier où l'on mène son étalon à la saillie quatre fois par jour ». En début d'année 2009, Nicolas Bellanger entre à Mill Park Stud, un immense lieu d'élevage qui s'étend sur 2500 hectares. Il y côtoie FAWKNER, la célébrité actuelle, magnifique cheval gris qui remportait le mois dernier le groupe 1 Cathay Pacific Caulfield Stakes, avant de se placer second du Cox Plate remporté par ADELAÏDE, et dixième de la Melbourne Cup. Les pâtures sont
« L'erreur est humaine. Je me lance jeune, j'ai toute une carrière pour apprendre de mes erreurs. J'aime analyser mon travail, je me remets souvent en question. Je suis entouré, et bien conseillé. » gigantesques, les australiens savent prendre soin de leurs chevaux : « Contrairement à la France ou aux USA, où la politique annonce un hectare par cheval, l'Australie lui en consacre dix. Habitués à marcher sur de longues distances, les poulains sont solides rapidement et font de superbes deux ans. » Des poulains précoces, il en rencontre aussi lors de son séjour aux États-Unis, où il passa sa seconde partie de l'année. Quelques mois là-bas lui suffirent, il est rebuté par la méthode américaine : « Ce n'est que business. Je n'ai pas vu d'hommes de chevaux, j'ai vu des chimistes. » En 2011, Nicolas retourne en Australie. L'élevage et les foals ne constituent plus son quotidien, il apprend le métier de cavalier d'entraînement. Chez Gerald Ryan, Hippik # 22