VAVANG n°6

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À l'Ouest ! no 6 / offert

L e m ag a

zine

GRi vAoTuUs fIaTit

qu v r ir r e d é co u ion

L a Réun

verger rosthon nature dévoilée

guy lefevre LE VITRAILLEUR

Le repaire du dodo écogîte avec supplément d’âme

jour/nuit préparer l’éclipse du 1er septembre

opération bambinos

10 idées pour les vacances & la rentrée des marmailles

marla

à contretemps

3 jours perchés dans l’îlet


édito

À À l'Ouest l'Ouest !!

DU TEMPS À PERDRE Dans ce qui fut l’un des grands tubes de l’été 82, Marc Ricci et Pierre Zitto, assistés pour les arrangements d’un certain François Feldman, résumaient en un refrain ce qui allait devenir un mantra du XXIe Siècle : « Vacances j’oublie tout, Plus rien à faire du tout, J’m’envoie en l’air ça c’est super, Folie légère ! »

pour la pause vacances ! Alé Voir !

Dossier

Dann Zion

visite guidée

domoun

AGENDA

Infos pratiques boutik sinwa

24h avec...

abonnez-vous & profitez de bons plans rendez vous sur

Ceux qui lisent Vavang depuis maintenant deux ans savent que nous avons une autre idée du tourisme, et des vacances. Certes, l’ambition nous est chère de créer des parenthèses dans des vies surchargées d’informations, d’obligations routinières et d’angoisses diverses. Mais si nous les ouvrons, c’est pour bien les remplir. Vavang ne propose Sur un groove funky influencé par les débuts pas de faire le vide dans votre tête, c’est du hip-hop, avec cette scansion molle typique même tout le contraire, nous aimerions de la pop française des années 80, le groupe vous aider à la remplir – d’idées fraîches, de Élégance déroulait sa vision prophétique du paysages, d’aventures étonnantes et, surtout, décervellement touristique de masse. Dans le de rencontres. Depuis le premier numéro, clip, des types mal rasés peinent à se réveiller nous aimons croire que ce qui distingue ce dans des bureaux gris, accoudés à des ordimagazine, c’est l’attention qu’il porte aux nateurs préhistoriques, avec des téléphones humains. Son envie de raconter les histoires qui tournent dans les airs autour singulières des lieux et des perde leurs têtes comme des sonnes qui font tout l’intérêt chandelles de dessins d’une île riche en surprises, animés. Le spectre de La Réunion. Avec une ce qu’on appellera 30 certaine lenteur, nous la promenade ans plus tard le burn invitons durant comme aventure vous out semble penché sur ces vacances à la intérieure la vie fatiguée de ces contemplation. Aller à employés du tertiaire. Marla quand les autres Et puis vient ce refrain de en repartent, et rester la déconnexion, et nous voilà dans la halte des randontransportés avec eux sur une neurs assez longtemps pour plage où s’alanguit une femme superbe. connaître ses habitants (p.14); prendre Les salariés en congés balnéaires errent le temps de rentrer dans une église pour hébétés à l’aube, habillés de smokings blancs, le plaisir tout simple d’observer la lumière avec de l’eau jusqu’à la taille. Tout y est : la couler dans les vitraux, et découvrir l’homme fête sans début et sans fin, l’épuisement proqui depuis 60 ans invente ces jeux lumineux fessionnel, et cette idée que le tourisme est (p.26) ; explorer la mémoire méconnue d’un un saut dans le vide, un moment d’amnésie jardin fréquenté (p.30)... En 1982, Élegance volontaire peuplé de juillettistes en courtchantait l’oubli des vacances ; aujourd’hui, circuit et d’aoûtiens béotiens qui traversent Vavang espère les remplir de souvenirs, ceux de grandes distances dans le seul but de ne que nous avons recueillis auprès des gens qui rien faire – et pas n’importe quel type de rien, peuplent ce numéro, et puis les vôtres, qui mais un néant estival et frivole, une insignirestent à inventer. fiance existentielle et culturelle totale.

Merci à la petite princesse Kiara pour avoir participé à notre couverture

sommaire ALÉ VOIR ! p.4

Par ici ou par là ...

visite guidée p.12 La maison Bédier

Reportage p.14

Marla, à contretemps

domoun p.20 Guy Lefevre

Dann zion p.30

Le verger Rosthon

good spot p.36 Le repaire du Dodo

Marmailles p.40

Opération bambinos 10 idées pour les enfants

no 6 L’éditeur décline toute responsabilité quant aux erreurs éventuelles. Toute reproduction ou utilisation, intégrale ou partielle, des images et textes est interdite. Vavang est réalisé en partenariat avec l’Office du Tourisme de l’Ouest. contact@vavang.re / 0262 10 84 10

Une édition Dir. de la publication : Sandrick ROMY Rédaction : François GAERTNER, Antoine D’AUDIGIER-EMPEREUR, Ania GRUCA. Shutterstock : p10,24,47,48 Photographies : Mickael DALLEAU Impression : Graphica DL / N° ISSN : 2492-3575

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Alé Voir !

MONSTROPLANTES

© Mickael Dalleau

OUI, ÇA SE MANGE !

miam ! SI

VOUS LES AIMEZ BIEN ROULÉES !

Contrairement à ce que peut laisser penser son nom, la société Ti Roulé n’est pas une devanture ingénieuse pour un trafic de joints pré-troussés : ce qu’on roule ici, ce sont des desserts. Et plus précisément des desserts glacés, fabriqués à la demande devant vous, sur une plancha réfrigérée à –20°C. Ce concept de glace à la minute a été créé en début d’année par un trio d’associés, Thomas Verdier, Nicolas Giliberti et Vincent Duterque, respectivement chef cuisiner, consultant et chimiste. Leur idée : mélanger à une base de crème glacée nature des parfums naturels, des coulis ou des éclats croquants pour fabriquer à la demande en quelques secondes une recette fraîche et entièrement personnalisée imaginée par le client. Manipulée à l’aide de petites raclettes métallique, la glace produite est étalée sur la plancha puis recueillie sous la forme

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de petits rouleaux servis très froid. En combinant les différents ingrédients déjà disponibles, Ti Roulé peut déjà proposer près de 400 recettes différentes selon vos envies, et décline le procédé avec des recettes de crêpes chaudes. Les différents ingrédients sont fabriqués artisanalement, à La Réunion et, pour ce qui est des bases glacées ou de la pâte à crêpe, le jour même de la vente. Assez amusante et spectaculaire à observer, la préparation prend quelques secondes, et offre la garantie de déguster un produit aux arômes intacts.

toutes vos randos au bout des doigts

Zarlor gourmand spécial légumes lontan Petite-France – Le Maïdo Horaires : Samedi 13 août, de 9h à 14h Tarif : 36€ par personne, repas créole compris Infos et résas : www.ouest-lareunion.com/zarlors

à partir d’une tablette tactile géante, choisissez et visualisez vos parcours, suivez les conseils, réservez directement en ligne les gîtes, repas, etc..

venez découvrir les nouveaux guides interactifs des randonnées de l’ouest dans nos bureaux d’accueils suivants :

SAINT-leu

Ti Roulé existe pour l’instant sous la forme d’un stand mobile qui se déplace au gré des évènements et peut être installé à la demande lors de soirées privées, mais l’équipe envisage à court terme d’aménager un lieu fixe. En attendant, on peut déjà les trouver tous les jours à L’Ermitage, à l’emplacement du snack Loca Plage.

SAINT-GILLES

À l’entrée Nord de Saint-Leu

En plein coeur de la station balnéaire

Bat Laleu 1, rue le Barrelier - 97436 Saint Leu Ouvert lundi de 13h30 à 17h30 Du mardi au vendredi 9h-12h et 13h30-17h30 Samedi 9h-12h et 14h-17h

1, place Paul Julius Bénard 97434 Saint Gilles Les Bains Ouvert 7 jours sur 7 10h-13h et 14h-18h

7 797 nion.com 0810 79 u re la tes u .o w omos • ww lisés • activités • pr na on rs pe s eil ns co • (prix d’un appel local + 0,054€/min)

Ti Roulé Snack Loca Plage – L’Ermitage Du mercredi au dimanche, de 13h à 18h www.tiroule.re

servations • informations • ré © DR

Un nouveau concept propose des glaces artisanales à la demande, fabriquées à la minute pour un maximum de fraîcheur.

La fin des jardins potagers et l’avènement des supermarchés comme source d’approvisionnement principal en nourriture a condamné de nombreux légumes à l’oubli. Qui se souvient encore de ce qu’est un kambar, une patole, ou le pipangaille ? Une nouvelle vague de cuisiniers remettent ces produits lontan au goût du jours et de nombreuses tables d’hôte se distinguent aujourd’hui en ajoutant à leur menu des plats rares à base de mets traditionnels délaissés. Si vous souhaitez apprendre vous aussi à connaître et cuisiner ces ingrédients d’antan, réservez votre matinée du samedi 13 août : un grand atelier de cuisine vous permettra d’apprendre à préparer tous ces trésors gastronomiques du passé. Et pour finir, vous pourrez déjeûner dans une table d’hôte traditionnelle sur la route du Maïdo.

Office de Tourisme de l’Ouest www.ouest-lareunion.com


visites & balades pour Les journées européennes du patrimoine

Alé Voir !

La Réunion

MANGER BOUGER

muscler sa fourchette

saint-gilles | le port © Mickael Dalleau

usée M e l l i V nts a t i b a h s e d e tr n o à la renc Musique e Découvert de la la à réunionnais la cuisine e d et

des a l a B et citoye s e é d i u G s e t i s Vi

C’EST ARRIVÉ PRÈS DE CHEZ VOUS

e Patrimonin neté

samedi 17 septembre

Saint-Gilles & Bruniquel

BONNE FRITURE

Les Diables Rouges n’ont pas eu le destin qu’ils méritaient à l’Euro, mais la Belgique reste championne du monde de patates, surtout quand celles-ci ne s’encombrent pas de verdure. Amateurs de salade et ayatollah de la diététique, passez votre chemin : La Frite Une Fois est le nouveau fast food où il faut être à Saint-Gilles. Sur le même modèle que l’excellente Frite belge du Port, l’établissement situé dans la Rue de la Poste est l’endroit qu’il vous faut si les mots fricadelle, cervela cannibale, mitraillette, bitterballen et bicky vous disent quelque chose, et si vous vous moquez de savoir ce qu’il y a dedans. Et pour arroser tout ça, l’aubergiste vous propose une sélection de bières spéciales.

dimanche 18 septembre le port

• Visites patrimoniales matin & après-midi • à la découverte de la cuisine & de la musique réunionnaise

• à la découverte du Street-Art, des quartiers du Port et à la rencontre de ses habitants

avec l’Association Ponso

balades guidées + déjeuner

La Frite Une Fois 14, rue de la Poste – St-Gilles-les-Bains Horaires : Du mardi au dimanche, de 11h à 15h et de 18h à 20h30. Tél : 0262 77 89 52 Mail : lafriteunefois@yahoo.com

avec l’Association Village Titan

balades guidées + petit-déjeuner ou collation + repas

l’Ouest Office de Tourisme de Plus d’informations : om n.c est-lareunio 0810 797 797 • www.ou ptembre se 16 Inscriptions avant le 4-11 ans /enfants

Tarifs : 20€/Adulte - 15€

Office de Tourisme de l’Ouest www.ouest-lareunion.com

Un centre de fitness n’est pas exactement le genre d’endroit où l’on s’attend à trouver un bon restau convivial. En pourtant, c’est là que s’est installé L’Antre Amis, dont le nom résume assez bien l’esprit, avec sa connotation ogresque et conviviale. La grande terrasse donne sur les courts de tennis, mais à vrai dire, personne ne fait attention à la balle et reste le nez planté dans son assiette, où les suggestions du jour disparaissent vite malgré les quantités généreuses. La cuisine est d’inspiration créole et française. Avec des plats dont le prix moyen tourne autour de 17€, l’Antre Amis est plutôt haut de gamme, et le lieu possède le label Maître Restaurateur, qui certifie que les plats sont entièrement

faits maison. Il propose régulièrement des soirées dansantes à thème et des buffets, et la grande salle climatisée se transforme alors en dancefloor traversé de lasers. Tout autour, les installations du centre Ekwalis vous permettent de faire de la muscu, du squash, du tennis ou de la danse, 7j sur 7. L’Antre Amis Centre Ekwalis – La Possession Horaires : Du lundi au jeudi, de 11h45 à 14h30. Vendredi et samedi, ouverture le soir également, à partir de 19h30. Tél : 0692 91 46 03 EKWALIS 44 rue Luc Donat – La Possession Du lundi au vendredi, de 7h à 21h30. Le samedi de 8h30 à 20h. Le dimanche de 8h30 à 13h.

© Mickael Dalleau

Lontan & Moderne

pokémon i lé ? Alé

trap zot-tout !

Qui a dit que les jeux vidéo devaient obligatoirement vous restreindre entre quatre murs ou à passer le temps dans les transports ? Véritable phénomène planétaire, les créatures n’ont pas boudé l’île et squattent ses sites les plus notables ... dans l’attente d’être capturées et entraînées avant de se lancer dans des duels avec les bestioles des autres dresseurs. S’il nous tarde de retirer tous les Salamèches de la savane Cap la Houssaye par mesures de sécurité, on subit déjà le regard désespéré des gramouns qui nous voient réinventer la roue avant de retourner à leur rond de coqs.

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Alé Voir ! L’AUTRE RONDAVELLE

CHEZ TIROULE ARCHI-TEXTURES

Chez Tiroule 4, rue de la Compagnie des Indes - Front de mer de St-Leu

© Mickael Dalleau

Notre choix des concerts à venir : 14/08 | 19h : Tikok Vellaye – Ex-musicien de Danyèl Waro et auteur avec Ti Source de grands succès, Tikok est l’un des grands compositeurs réunionnais en exercice.

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28/08 | 19h : Simangavole – Ce quintette explisif est le seul groupe de maloya entièrement composé de femmes. Pour retrouver la prog des concerts chez Tiroule... ou ailleurs à La Réunion, rendez-vous sur le site www.azenda.re

La Villa Rivière est l’une des plus belles maisons anciennes de l’île, mais aussi l’une des plus méconnues. En juillet-août, elle ouvre exceptionnellement ses portes au public tous les jours, sans réservation.

© Mickael Dalleau

Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de Chez Tiroule, mais vous connaissez forcément. Situé à l’entrée du front de mer face à la légendaire vague de St-Leu, l’endroit est mieux connu sous le nom de Rondavelle des Surfeurs. Point idéal pour la mise à l’eau, avec une vue imprenable sur les rouleaux, cette cahute est aussi l’escale rêvée pour boire un café matinal on ne peut plus détendu en contemplant le grand bleu depuis les chaises en plastique à l’ancienne, casser la croûte en découvrant la gastronomie camion bar (bouchons, samoussas et sandwichs, dont les fameux américains, qui sont ici parfaits), ou se rafraîchir au moment du coucher de soleil. Doté d’une petite cuisine, le lieu sert également des assiettes et des grillades le midi. Voilà pour la journée. Mais le soir venu, on change d’ambiance ! Chez Tiroule est inscrit sur la liste des cafésconcerts et est partie prenante du dispositif Tournée Générale, qui sponsorise sur toute l’île des soirées live dans des conditions professionnelles. Pourvue d’une petite scène qui tourne le dos à la mer, la rondavelle est l’endroit rêvé pour découvrir, dans les dernières rougeurs du crépuscule, les meilleurs groupes de l’île et d’ailleurs, pour qui le lieu est un passage obligé de toute tournée réunionnaise. Ambiance bon enfant et décontractée, public chaleureux, excellente qualité sonore, programmation variée aux couleurs de La Réunion : le samedi et le dimanche, Chez Tiroule devient le hot-spot d’une dolce vita tropicale qui se vit en musique !

VILLA STREET

Inscrite au registre des bâtiments historiques depuis 1990, la Villa Rivière est l’un des exemples les plus préservés de l’architecture néoclassique à La Réunion. Bâtie à la fin du XVIIIe Siècle, elle appartient aujourd’hui encore à des propriétaires privés, et elle n’a ouvert ses portes au public qu’à partir de 2008, sur rendez-vous et uniquement le matin. Durant les mois de juillet et août, on peut s’y rendre tous les jours sans réservation, le matin et l’après-midi. L’occasion de découvrir une architecture d’une authenticité devenue rare, dans un état de préservation exceptionnel. La villa est entourée d’un grand jardin planté d’arbres fruitiers et épiciers, où l’on peut admirer des canneliers et des girofliers, mais aussi de majestueux manguiers bicentenaires.

CORPoRE SANO

SANTÉ PLAGE Qui a dit que ce qui est bon pour la santé est le plus souvent mauvais pour la bouche ? Sans doute l’un de ces pauvres enfants qu’on obligeait, au siècle dernier, à avaler chaque matin sa cuillère d’huile de foie de morue. Heureusement, quoi qu’en disent les nostalgiques les plus indécrottables, la cuisine comme la santé ont fait depuis de grands progrès, et il est désormais possible de faire le plein de vitamines sans faire la grimace. L’association du bien-être et des plaisirs gastronomes a désormais son adresse les pieds dans l’eau. Ça s’appelle l’Uni Vert, et c’est l’enseigne qui remplacce désormais La Petite Vague au fronton d’une des plus belles rondavelles de l’ouest, située à Trou d’Eau.

La Villa Rivière propose aussi des expositions régulièrement renouvelées au cours de l’année. Par exemple, jusqu’en juillet, vous pouviez découvrir les artistes réunionnais Abeil et Crab qui déclinent les techniques du street art et de l’illustration. Un lieu qu’on peut donc visiter et revisiter à l’occasion. Villa Rivière 34, rue du commerce – St-Paul Toute l’année : ouvert du lundi au vendredi, sur rendez-vous, de 9h à 12h. Juillet - Août : ouvert du lundi au vendredi, sans rendez-vous, de 9h à 12h et de 14h à 17h Septembre : ouverture exceptionnelle le week-end dans le cadre des Journées du Patrimoine, les 17 et 18 septembre. Tarif : 9€ par adulte / 3€ par enfant Tél : 02 62 59 20 18.

Reprise il y a quelques mois par une équipe aussi fraîche que les mets qu’elle propose, cette terrasse s’est donc dotée d’une carte où l’on pourra piocher parmi une sélection de salades, et qui propose également des thés bio, des jus de fruits et des smoothies à la spiruline. Rondavelle oblige, les classiques de la gastronomie de

bord de mer et ses tartares de poisson sont également bien présents, accompagnés de légumes frais et d’assiettes vertes. Et ceux qui, par goût autant que par éthique masculine, se refusent à manger sain, pourront tout de même choisir parmi une gamme de flammenküches : qu’à cela ne tienne, ils pourront dépenser leurs calories sur la plage qui s’étend devant la terrasse lors des séances de fitness ou de yoga régulièrement organisées en partenariat avec différents prestataires locaux. Le lieu a été entièrement rénové et redécoré avec goût, et un espace de jeu et d’éveil pour les marmays pieds dans le sable a été ajouté au fond de la terrasse. Spot idéal pour les petits-déjeuners, le lieu ouvre tous les jours à 8h, et poursuit le service jusque 23h les vendredi et samedi, où l’on peut manger des tapas. L’Uni Vert 30, route du Trou d’Eau – La Saline les Bains Horaires : Lundi, mercredi, jeudi et dimanche, de 8h à 20h | Vendredi et samedi, de 8h à 23h | Fermé le mardi Tél : 0262 61 54 36 www.facebook.com/lunivert

© Mickael Dalleau

La foule des concerts organisés chaque semaine Chez Jean-Paul fait parfois oublier qu’une autre rondavelle propose des rendez-vous musicaux à St-Leu. Passez de l’autre côté du front de mer : chez Tiroule !

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Alé Voir !

SE METTRE EN CONDITION

Les anciens ne sont pas les seuls dont l’imagination a été titillée par les éclipses solaires. Des dizaines de films mentionnent ce phénomène. En voici trois exemples, pour bien vous mettre dans l’ambiance avant le 1er septembre.

JOUR / NUIT Tout ce qu'il faut savoir pour

préparer l'éclipse du 1er septembre Où serez-vous le jeudi 1er septembre prochain dans l’après-midi ? Surement le nez en l’air, en train d’observer le spectacle étrange d’une éclipse annulaire ! Si ces phénomènes d’occultation partielle du soleil ne sont pas rarissimes (une vingtaine ont été recensés à La Réunion depuis la fin du XIXe siècle), celle-ci devrait en revanche se distinguer par le parfait alignement des planètes à la verticale de l’île. La lune se placera bien au centre du disque solaire, ce qui devrait nous permettre d’observer durant plusieurs minutes ce qui ressemble à un anneau de feu : trop lointaine pour dissimuler entièrement le soleil et provoquer une éclipse totale, la lune en laissera apparaître le pourtour. Pour profiter pleinement du spectacle, voici quelques informations, idées et consignes.

© Keith Tarrier - Shutterstock

Barabbas, 1961 Tiré d’un roman suédois publié en 1950, ce longmétrage réalisé en 1961 par le metteur en scène américain Richard Fleischer raconte le procès du Christ en se focalisant sur l’épisode des Évangiles où Ponce Pilate offre le choix au peuple de libérer Jésus ou Barabbas, meurtrier notoire. Et le peuple choisit de libérer Barabbas. Pour appuyer la dramaturgie de la crucifixion de Jésus, Fleischer a modifié le planning de la production pour faire coïncider le tournage de cette scène avec une éclipse solaire. celle que l’on peut voir au début du film n’a donc pas été reproduite grâce à des effets spéciaux : c’est une éclipse réelle.

La Petite Boutique des Horreurs, 1986 Cette comédie musicale culte des années 80 mélange horreur, humour et rock’n’roll. L’immense Rick Moranis y joue le rôle d’un employé fleuriste secrètement amoureux de sa collègue, et qui découvre durant une éclipse solaire une étrange plante carnivore qui se nourrit de sang humain. Installée dans son magasin, la plante attire une vaste clientèle de curieux et fait la fortune de l’échoppe, mais Moranis éprouve de plus en plus de difficultés à la nourrir à mesure qu’elle grandit.

Eclipse totale

lune terre

ombre pénombre

OÙ ALLER ?

quand exactement ?

L’axe le plus parfait de l’éclipse se situe à quelques kilomètres au sud-ouest de La Réunion. Techniquement, le meilleur endroit pour observer l’anneau de feu sera donc Saint-Pierre, mais les conditions d’observation seront aussi très bonnes dans l’Ouest, notamment dans la région de Trois Bassins et Saint-Leu.

Ce qu’il y a de chouette avec les planètes, c’est qu’elles sont très très fiables question rendez-vous. La lune et le soleil ne vont pas nous servir une quelconque excuse à la noix telle une panne d’oreiller ou un bouchon impromptu sur la route du littoral : c’est sûr et certain, leur rencontre se déroulera entre 12h26 et 15h44 précises. Avant, ça ne sera pas l’heure. Après, la vie va reprendre son cours comme si de rien n’était (n’en déplaise aux alarmistes-findu-mondistes).

Selon les conditions météo, il ne sera pas utile de grimper en altitude : un ciel dégagé est la seule réelle contrainte pour que le spectacle soit au rendez-vous.

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Même si vous avez du temps pour trouver comment vous installer au mieux, on vous conseille aussi d’être super ponctuel au moins une fois dans votre vie.

99,7 km

C’est la largeur de la bande d’où l’éclipse sera parfaitement visible, et d’où l’on pourra apercevoir l’anneau de feu.

2267

C’est l’année qu’il faudra attendre pour observer de nouveau une éclipse totale depuis La Réunion. La prochaine éclipse partielle aura lieu en 2026.

3’05’’60’’’

C’est le temps que durera l’éclipse dans sa phase la plus complète.

Dernier film en date de Mel Gibson comme réalisateur, Apocalypto est un délire total : une fable historique d’aventure et d’action sur la fin du dernier empire précolombien où tous les dialogues sont en langue maya. L’éclipse solaire qu’on peut y voir, au beau milieu d’une gigantesque séance de sacrifices humains, fait partie d’une prophétie annonçant la fin de la civilisation maya.

ATTENTION LES YEUX !

Eclipse partielle

soleil

Apocalypto, 2006

UN ZARLOR SPÉCIAL Pour observer l’éclipse dans des conditions idéales, l’Office de Tourisme de l’Ouest propose une journée spéciale à la pointe de Trois Bassins, dès 11h du matin. La journée s’ouvrira sur une conférence organisée par Science Réunion pour bien en comprendre les enjeux. Le contexte scientifique de l’éclipse sera détaillé, mais elle sera aussi approchée dans sa dimension culturelle et mythologique, avec une présentation des différentes légendes qui ont expliqué, à travers l’histoire, ce phénomène, qui avait pour les Incas, les Aztèques ou les Égyptiens une importance particulière. Des lunettes et des téléscopes spéciaux seront mis à disposition des participants. Et le piquenique est compris ! Zarlor spécial éclipse de soleil Jeudi 1er Septembre – de 11h30 à 16h, rendez-vous à 11h15, Pointe de Trois bassins Tarif : 15€ par personne (repas compris) Réservation nécessaire | + d’info et résa : 0810 797 797 | www.ouest-lareunion.com/zarlor

Lorsque vous observez directement le soleil sans protection, environ 4 milliwatts de lumière frappent votre rétine, ce qui la chauffe légèrement, et peut la détériorer de manière définitive. Les dégâts sont bien sûr encore plus graves si vous l’observer à travers un appareil grossissant dépourvu de filtre, comme une simple paire de jumelles, par exemple. Observer le soleil durant les éclipses est particulièrement dangereux. L’obscurité générale provoque une plus grande ouverture de la pupille, mais les points de lumière visible restent aussi brillants. Si vous les observez directement, les cellules de vos yeux subiront jusqu’à 10 fois plus de lumière que lorsque vous observez le soleil en plein jour. Pour se protéger, il faut se munir d’un équipement spécial. Oubliez les empilements de lunettes de soleil et les bouts de verre noircis à la bougie, le plus souvent inefficaces et donc finalement dangereux. Le plus simple est de vous procurer en pharmacie des lunettes spéciales, ou d’employer des techniques d’observation indirectes, moins spectaculaires mais sans danger.

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visite guidée

© Mickael Dalleau

L’ensemble de l’exposition est conçue sur le même principe. Une œuvre a été choisie par Tatiana dans les réserves du Frac Réunion, qui a constitué depuis les années 80 une vaste collection d’art contemporain produit dans l’océan Indien. Cette œuvre est exposée, et intégrée dans une installation qui en reproduit des parties sous la forme d’objets que les enfants peuvent manipuler. Autour de l’original, un jeu physique et personnel s’installe donc avec les reproductions : les marmays peuvent tripoter, essayer, chambouler – ou simplement regarder les choses sous un angle nouveau.

LA CHASSE AUX TRÉSORS Durant toutes les vacances, à La Maison Bédier de Piton St-Leu, l’art contemporain devient le thème d’un parc d’attractions éphémère pour les enfants. C’est la magie de Jeux d’Artifices, une expo ingénieuse imaginée par le FRAC Réunion. De grands fils de couleur sont pendus à la façade classée de la Maison Bédier. Tendus entre le sol et le large fronton blanc, ils forment autour de l’entrée une structure aérienne et symétrique qui vibre avec le vent, et donnent au Fonds régional d’Art Contemporain de la Réunion des allures de harpe multicolore. Cette installation est le premier des Jeux d’Artifice imaginés par la plasticienne Tatiana Patchama pour une belle exposition ludique qui veut mettre l’art contemporain à la portée des enfants. « L’exposition est inspirée par le voyage du Petit Prince », explique la commissaire dans le hall du musée transformé en petit salon de thé fantastique, avec de drôles de plantes carnivores fabriquées en tissus

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accrochées aux murs, et un mobilier de bois coloré qui évoque un peu l’univers de Lewis Caroll. Le parcours s’ouvre sur une célèbre citation de Saint-Exupéry : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel reste invisible pour les yeux. » L’idée, c’est de placer d’emblée les enfants dans un rapport plus intime aux œuvres. Car à partir de là, les codes normaux d’une visite au musée sont complètement chamboulés.

TRUCS & ASTUCES Ici, on est bien loin de la visite en rangs serrés avec les mains dans le dos sous le regard sévère d’un gardien de musée en uniforme avec des barrières de sécurité

devant les tableaux. C’est même tout le contraire. La première salle est organisée autour d’un tableau de Gabrielle Manglou, qui a peint des masques sur les visages d’une photo d’archive en noir et blanc : les silhouettes un peu raides des portraits d’antan ressemblent à un bouquet de fleurs, avec leurs têtes cachées derrière des faces multicolores de dessin animé. Tatiana Patchama : « L’image évoque les photos de classe, familières pour les enfants. J’ai repris les figures, que j’ai fait imprimer sur du plastique rigide, pour fabriquer des masques. Les enfants peuvent les attraper et les mettre : ils peuvent réimaginer cette photo entre eux. »

Face au tableau de Gabrielle Manglou, des fenêtres ont été découpées dans une cloison. Au travers, on aperçoit des fragments d’une grande toile de Christof Dènmont où Casimir et la Vache Qui Rit se donnent la main sur un fond de logos publicitaires. « L’idée, c’était d’amener les enfants à comprendre comment on organise une image, à voir qu’on peut observer un tableau de différentes manières, en s’attardant sur les éléments qui le composent. Ce qui est amusant, quand les enfants regardent cette toile, c’est de voir que Casimir et La Vache Qui rit sont des images qui parlent plus à d’autres générations, mais que les petits d’aujourd’hui sont en revanche très familiers avec les logos publicitaires en arrière-plan… »

JEUX DE RÔLES Les Jeux d’Artifices de Tatiana Patchama construisent progressivement une petite pédagogie de l’art à portée de marmots. Un peu plus loin, un portrait signé du peintre Stéphane Kenklé montre une mère et son bébé. À côté, leurs silhouettes détourées sont suspendues au premier plan d’une installation en trois dimensions où des niveaux de profondeur permettent de comprendre la notion de perspective. Ailleurs, les détails d’une fresque tribale en noir et blanc du dessinateur mozambicain Celestino Mudaulane ont été imprimés sur des cubes pour créer un puzzle que les enfants sont libres d’organiser à leur manière. On trouve aussi un Jeu des Sept Erreurs, une sculpture faite

FRAC Réunion Fondé au début des années 80, le Fonds Régional d’Art Contemporain de La Réunion a pour mission de constituer une collection d’œuvres produites dans l’océan Indien. Installé à Piton StLeu depuis 2012, juste à côté du Musée Stella Matutina, il organise régulièrement des expositions thématiques autour des œuvres acquises depuis une trentaine d’années. Maison Bédier - 6, allée des Flamboyants – Stella, Piton St-Leu | 0262 218 029 Ouvert du mercredi au dimanche, de 9h à 12h et de 13h30 à 17h

d’un empilement de parpaings reproduite en mousse expansée, des projections vidéo tordues par le jeu d’un miroir déformant, ou une photographie satyrique jouant de l’imaginaire occidental autour des dictateurs africains déclinée en illustration à colorier. Autant de trouvailles qui transforment l’univers froid et empesé d’un musée en petit parc d’attractions artistique, et amènent doucement à s’interroger sur nos représentations de l’art autant que sur le sens des œuvres. Et Tatiana Patchama ne se contente pas de se jouer des œuvres, elle joue du lieu lui-même, en ouvre toutes les portes pour révéler, derrière l’élégance rénovée des murs blancs de l’institution, les parties préservées du bâtiment historique. Dans l’ancienne réserve de la maison, d’ordinaire interdite au public, on découvre un ancien frigo : une vaste cuve de pierre fermée par un lourd couvercle. La pièce est obscure. À l’intérieur se tiennent encore les étagères de bois dédiées au stockage des bouteilles. Dans ce grenier sombre où l’on pénètre avec l’impression étrange de voyager dans le temps, on trouve de petites lampes torches attachées à de longues ficelles. Il faut les prendre pour explorer la pièce. Dans un coin, leur faible lueur révèle la présence d’une dernière grande toile, Santana. Le peintre islandais Erró y montre, avec son style évoquant le pop art, une super héroïne de bande dessinée mise au bûcher. On se prend pour un archéologue, guettant dans la pénombre le trait précis du maître. Et l’on comprend alors que les stratagèmes de Tatiana Patchama n’ont pas la seule vertu de faire entrer les enfants dans le monde de l’art : ils renvoient aussi les adultes en enfance.

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MARLA

À CONTRETEMPS Venir à Marla quand les autres en repartent. Découvrir l’îlet prisé des randonneurs en leur absence, prendre le temps d’y rester, et rencontrer ceux qui vivent là, toute l’année : à quoi ressemble le quotidien dans ce drôle de village, en même temps loin de tout et traversé par des marcheurs venus du monde entier ? Reportage. Reportage & photos : Ania Gruca

La route sinueuse se devine derrière le va-et-vient frénétique des essuie-glaces. Une épaisse pellicule d’eau brouille par intermittence le paysage verdoyant et les panneaux qui signalent l’entrée de Salazie. Dans une boulangerie où je m’arrête pour reprendre courage, je m’enquiers des conditions d’accès, par ce temps, au cirque de Mafate où je dois descendre ce matin. « On aimerait bien que ça s’arrête aussi », répond la boulangère en me servant un macatia au chololat et un café chaud. « Ça fait déjà plusieurs jours que ça dure. Renseignez-vous sur l’état des sentiers avant de vous lancer sur le chemin, ils risquent d’être glissants et peut-être même barrés… » Je ne suis à La Réunion que depuis trois mois, et ne suis pas familière des chemins de randonnée. La pluie battante et le ciel lourd qui menacent de compliquer mon périple m’amènent à réfléchir sur les conditions d’existence des quelques habitants du cirque de Mafate, qui ne peuvent se décourager à la moindre averse au risque de vivre isolés une bonne partie de l’année. La météo pourrie me précipite dans le vif du sujet. Je vais passer quelques jours à Marla, un îlet bien connu des marcheurs. Le plus souvent, quand ils ne se contentent pas de le traverser, ils n’y font qu’une courte halte avant de reprendre le cours de leur existence, à proximité des supermarchés, des cinémas et de tout ce qui appartient aujourd’hui à la normalité. Mais que s’y passe-t-il quand les touristes sont repartis ? À quoi ressemblent les vies de ses habitants ? Ma mission est de me perdre dans ce village durant trois jours.

me perdre trois jours dans ce village Emmitouflée dans plusieurs épaisseurs, je m’engage sur le chemin du Col des Bœufs. Je suis seule. Les cimes des cryptomerias percent la fine nappe de nuages et piquent ma curiosité sur l’étendue de la forêt. Des silhouettes avancent vers moi, elles se décollent doucement de l’épais brouillard pour enfin prendre la forme d’enfants et d’adultes marchant à un rythme soutenu. Je me demande d’où ils viennent, si tôt le matin. Je ne suis plus très sûre d’où je suis, ni de ce que je vais trouver au bout du parcours.

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JIMMY Propriétaire et chef cuistot du snack, Jimmy aime faire la fête, et il n’est pas rare que depuis sa terrasse, le son des kayambs et des djembés garde le village éveillé. Grand voyageur, il a visité de nombreux pays, de la Thaïlande à l’Afrique du Sud, mais c’est à Marla qu’il se sent le mieux.

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LENDEMAIN DE SOIRÉE Un couple remonte doucement le sentier mouillé. Je profite de la rencontre pour demander leurs impressions. « C’est magique ! » me dit ce Rouennais en vacances à la Réunion. « Moi, je ne comprends pas comment on peut vivre comme ça », contredit son épouse. Plus loin, je croise un groupe de jeunes. Je les interpelle au passage : « Alors, c’était pas trop calme Marla ? » Ils me répondent en chœur : « Mais pas du tout ! Il faut aller chez Jimmy. On a passé une soirée enflammée aux rythmes du Djembé et du Kayamb, c’était plein à craquer ! » Je ne vois pas encore les toits du village que j’ai déjà entendu trois sons de cloche. Petit à petit, les nuages s’affinent et commencent à se retirer pour faire place aux rayons doux du soleil. La végétation se dégage de la brume. Le passage à la Plaine des Tamarins marque la fin définitive de la pluie. C’est dans un crescendo de lumière et de chaleur que j’arrive en haut de la côte où j’aperçois au loin l’îlet de Marla pour la première fois. Les maisons éparpillées sur le replat logent paisiblement dans ce recoin encerclé de montagnes majestueuses du cirque de Mafate.

PAULINA Née à Marla il y a 61 ans, Paulina a passé sa vie dans l’îlet. Elle a vu l’évolution du village agricole coupé du monde, l’exode puis le développement de la randonnée et l’arrivée de nouveaux habitants, qui vivent comme elle du tourisme.

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Je m’arrête au Snack Bar du fameux Jimmy, je le retrouve en train de déjeuner avec sa femme Catherine devant la télévision. Je lui demande si une soirée endiablée est prévue dans les deux jours à venir. « On était complet ce week-end et nous avons fêté la fête des pères allègrement, mais là c’est mort, on va rentrer à la case tranquillou » me dit cet homme originaire de Saint-Louis, installé à Marla depuis 17 ans. Jimmy a visité de nombreux pays, Thaïlande, Madagascar, Brésil ou encore Afrique du Sud, mais c’est à Marla qu’il se sent le mieux. Le couple tient un gîte, le snack bar et assure l’animation le soir lorsqu’il y a suffisamment de personnes à entrainer dans des nuits festives. « C’est du 7h – 22h ici, on ne voit pas le temps passer, il faut profiter des temps creux pour se reposer. »

ALLÔ, PAULINA ? Situé au coeur du Parc National de la Réunion, Marla est positionné au croisement des chemins de randonnée les plus appréciés des férus de marche et de nature. Il connaît une grande affluence pendant les différentes périodes de vacances, mais il est aussi souvent prit d’assaut les fins de semaines et jours fériés. Les quelques 200 lits destinés aux affamés de grand air sont répartis sur les 12 gîtes qui génèrent l’activité touristique et gardent les habitants bien occupés pendant les périodes pleines. Je me réjouis que ma visite tombe dans un creux, ce qui me permet de rencontrer les habitants dans des condition plus détendues. L’ambiance est enjouée lorsque j’entre dans la cuisine de Paulina Hoareau, la pionnière de Marla, où plusieurs habitantes se sont regroupées à l’improviste. Marie-Paule, maîtresse et directrice de l’école primaire de Marla, Marianne, une jeune guide, Paulina et sa fille Ghislaine s’amusent des services inadaptés de la compagnie de téléphone dans ce village esseulé. Si Marla subvient à ses propres besoins en eau et en électricité grâce à des panneaux solaires et au système de canalisation qui puise directement dans les sources, l’isolement présente encore certains inconvénients, notamment sur la fiabilité des télécommunications. « Parfois, le téléphone ne fonctionne pas pendant plusieurs jours, c’est un peu ennuyeux pour les réservations » me dit Paulina.

JEAN-NOËL Jean-Noel Zitte est originaire de Cilaos. Il est arrivé à Marla à 16 ans pour travailler dans l’agriculture et comme employé de l’ancienne coopérative agricole par la suite. Malgré l’arrêt de l’activité agricole du village, Jean-Noël est encore agriculteur dans l’âme et prend plaisir à énumérer les légumes qu’il cultive dans son potager. Au cours de la conversation Jean-Noël répète souvent que Marla, « c’est tranquille » et « qu’il n’y a pas de souci. »

Cette femme au sourire généreux est la personne à qui parler dans le coin selon son fils Eric, rencontré un petit peu plus tôt. Elle a passé toute sa vie dans ce petit îlet, et comme elle le dit elle-même : « J’en ai vu des choses ici ». Née à Marla il y a 61 ans, à une époque où seule l’agriculture faisait vivre le village, elle a vu ses parents et grands-parents porter les sacs de lentilles, de haricots et de maïs pour les vendre sur les marchés de Cilaos ou de Salazie. « Nous vendions juste assez pour acheter le nécessaire ».

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EXODE ET RENAISSANCE Trop difficile et peu rentable, l’agriculture a été peu à peu délaissée. Le village s’est lentement dépeuplé. Autrefois l’un des îlets les plus grands de Mafate, d’où son nom en malgache qui signifierait « beaucoup de gens », Marla a connu des années de grande solitude. Il y a 20 ans, au plus fort de l’exode, la population est passée sous la barre des 20 habitants. Seules deux familles vivaient encore ici, celles de Pauline et de sa sœur Yolande. « On se sentait quand même bien seuls à cette époque ».

JENNIFER « On ne se rend pas compte de la beauté de l’endroit dans lequel on vit », dit Jennifer Bègue installée à Marla depuis 5 ans. Elle travaille avec son mari dans le gîte de ses beaux-parents depuis maintenant un an. « Nous sommes occupés toute la journée et nous ne prenons plus le temps de regarder autour mais c’est magique ! »

Et puis le développement de la randonnée a créé de nouvelles perspectives dans le cirque. Paulina a assisté à la transformation du village agricole en village touristique, et son gîte est l’un des plus anciens. Certains habitants sont revenus, d’autres sont arrivés, du village voisin de La Nouvelle notamment. Alain Bègue est gîteur mais aussi éleveur de cerfs et propriétaire de la première épicerie de Marla : « Il y a moins de monde qu’à la Nouvelle ici, il n’y a pas trop de bruit, les maisons sont espacées et il faut pas que ça se développe trop. » C’est un chant unanime, que j’entends tout au long de ces trois jours. Le calme, la tranquillité et l’isolement sont les arguments de prédilection des habitants du village. Ils revendiquent avec fierté leur privilège de vivre dans un cadre aussi exceptionnel. Selon certains, il faut être marié à un Mafatais ou présenter un dossier solide à l’Office National des Forêts pour pouvoir s’installer dans ce cirque. Au cœur du Parc National des Hauts de La Réunion, espace protégé par de multiples régulations, rien ne se fait sans l’accord des administrations. Sébastien et Daisy ont bravé les épreuves de validation pendant des années et comptent aujourd’hui parmi les cinq foyers non-originaires de Mafate installés sur les terres du patrimoine de l’UNESCO. Leur respect de la nature et leur amour de la biodiversité ont amené ce couple de passionnés à construire un petit hameau plein de surprises autour de son gîte. Ils produisent notamment du miel biodynamique, c’est-à-dire en respectant au maximum le rythme des abeilles, en leur laissant de l’espace et du temps.

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LE CONTRÔLE DES NAISSANCES Assise dans son jardin planté d’herbes médicinales, Daisy me raconte leur arrivée à Marla avec leurs deux premiers enfants. « L’école était fermée depuis 15 ans, mais nous avons réussi à obtenir son ouverture avec 5 enfants au total. » Les enfants, c’est le pouls du village : il faut de la marmaille pour que la vie perdure. Avec seulement une naissance tous les deux à trois ans, le village vit dans la crainte permanente de voir l’établissement fermer. « Il faut installer une rotation, chacun son tour pour assurer les naissances ! », lance Sébastien en plaisantant. Originaire du Var, il vit à la Réunion depuis 30 ans. Sapeur pompier de formation, il semble connaître chaque recoin de Mafate. Employé au Parc National et à l’ONF il y a quelques années, membre actif de l’association « Vivre à Mafate », certifié en télémédecine et cerveau d’une culture agricole d’un nouveau genre à Marla, l’aquaponie. Il y a quelques années, il a installé ici un système complexe de bassins où il cultive, en harmonie, des poissons d’élevage et des légumes : les premiers fournissent aux végétaux les nutriments nécessaires, les seconds filtrent naturellement l’eau des bassins d’élevage, dans un cercle vertueux qui utilise au maximum l’efficacité de la nature. Il est aussi investi dans son expérience aquacole que dans le bon fonctionnement du village. Emporté dans le flot passionné des idées, il parle vite, et beaucoup. « Il maîtrise vraiment le sujet » me dit Loïc, 26 ans, jeune mécanicien d’entretien dans l’avionnerie qui exploite un terrain agricole en parallèle de son activité professionnelle. Il vient juste de terminer une formation familiale et semi-commerciale en aquaponie avec Sébastien.

SÉBASTIEN Dernier arrivant, Sébastien s’est installé à Marla il y a quelques années avec sa famille. En marge de son gîte, il produit du miel biodynamique et a créé une exploitation d’aquaponie, une technique d’aquaculture qu’il enseigne également.

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le bébé ne pouvait pas attendre Malgré l’instabilité des communications téléphoniques, Marla est loin d’être coupé du monde. Il y a pourtant une chose que les habitants redoutent plus que tout : les urgences médicales. Lorsque le temps ne permet pas le passage de l’hélicoptère, une angoisse s’installe dans le village. Gérer les accidents et les maladies demande beaucoup d’organisation, et beaucoup de sang froid. Il faut apprendre à vivre avec. C’est dans les situations extrêmes que la solidarité se déploie pour une mobilisation sans faille. Ce fut le cas en mars dernier pour la naissance, à domicile, de la petite Quessy. Maryjane Casimir, la maman, me raconte : « J’ai appelé Brigitte Clain dans la soirée pour qu’elle informe l’hélico mais il ne pouvait pas venir avant 7 heures du matin et le bébé ne pouvait pas attendre. Brigitte et sa mère Yolande Hoareau sont venues et m’ont tout simplement aidée à accoucher ». Maryjane est née à Rodrigues. Elle est venue s’installer à Marla par amour, après avoir rencontré Alain Bègue. Aujourd’hui elle partage son quotidien entre l’épicerie, l’activité du gîte et la vie de famille. « On se sent bien ici, les gens sont très sympas, on se retrouve aux fêtes d’anniversaire ou aux communions, et l’été il y a de l’animation avec les jeunes qui reviennent pour les vacances ». Je lui demande si l’absence de la mer ne l’affecte pas trop. Elle me répond : « Au départ, c’était étrange de ne pas avoir la mer à proximité, mais maintenant je m’y suis habituée, et j’apprécie la sérénité et maintenant je ne descends presque jamais, uniquement si c’est important ! »

MARYJANE Née à Rodrigue, Maryjane s’est installée à Marla par amour. L’année dernière, à cause du mauvais temps, l’hélicoptère n’a pas pu la conduire à la maternité : elle a dû accoucher de sa fille, Quessy, à domicile avec l’aide des femmes du village

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chance & traditions Tôt, un matin, j’essaye tant bien que mal de suivre Cyril sur une partie de sa tournée. Facteur depuis 5 ans dans les hauts de Mafate, il passe une nuit par semaine dans le gîte de Paulina. Pour lui, cette halte hebdomadaire est précieuse : « Marla a gardé un charme particulier, c’est encore un petit îlet traditionnel ». Ce charme serein qui revient dans toutes les descriptions, le calme qui règne ici et la structure familiale de l’îlet pourraient donner l’impression d’un village coincé dans le passé, mais la population est dynamique, accueillante et tournée vers l’avant : « C’est un village où les gens sont ouverts vers l’extérieur, ils voyagent et la plupart travaillent dans le tourisme donc ils voient du monde passer. Ils ne sont pas renfermés comme dans certains îlets », me dit Marie-Paule qui dirige l’école de Marla depuis six ans. Pour elle, grandir à Marla est une chance. Les enfants se nourrissent du flux des randonneurs venus du monde entier, et leur mode de vie au contact de la nature est un avantage : « Les enfants sont ouverts dans ce village, ils ont des connaissances que les enfants n’ont pas dans les bas ». La jeunesse de Marla est bien consciente de la particularité de son lieu de vie. Même à l’adolescence, l’âge où l’on rêve souvent d’une vie plus animée. Nathan, le fils de Sébatien, prévoit déjà de revenir s’installer à Marla dans le futur. Elève au lycée agricole de Saint-Paul, il souhaite s’entourer de la nature dans sa vie d’adulte. Ou encore Jordan, 14 ans, élève au collège de Cilaos, fils de Nathalie et Serge Bègue, propriétaires d’un gîte et d’une épicerie. Il souhaite devenir pilote d’hélicoptère dans le cirque pour continuer de vivre à Mafate.

QUESSY & ALAIN Quessy est la dernière née de Marla. Un évènement dans ce village où l’école est longtemps restée close faute d’élèves, et où l’angoisse de la voir fermer de nouveau un jour est partagée par tous les habitants.

Pour Marie-Paule, l’institutrice joyeuse aux yeux rieurs et à l’accent du sud encore bien prononcé après 30 ans à la Réunion, travailler dans une petite école où 14 élèves s’étalent sur sept niveaux est une expérience intéressante. « Il faut pouvoir jongler entre tous les niveaux mais je peux aussi changer assez rapidement, ce qui me permet de me diversifier. Et puis je suis un peu multi-fonctions dans le village. En plus d’être institutrice, je suis aussi secrétaire de mairie ou encore postière,

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puisque je redescends chaque semaine dans les bas. » Lorsque j’évoque le poids de l’isolement, elle relativise : « On n’a pas toujours envie d’être seul, mais il y a tout de même fréquemment du monde de passage. »

marla, un endroit si minuscule, si riche Mes trois jours à Marla défilent finalement à toute vitesse, les rencontres se succèdent et les discussions sont interminables. Je vogue d’une personnalité à l’autre. Marla est un endroit minuscule mais exceptionnellement riche ; trois jours ne suffisent pas à parcourir toutes les vies et aspirations de chacun. Au retour, j’opte pour le chemin par la passerelle qui permet le passage au dessus d’un bassin limpide nourri d’une cascade épaisse. À nouveau, j’imagine les enfants transformer cette nature en terrain de jeux et pense à cette opportunité qui leur est offerte. Je me retourne une dernière fois pour m’imprégner de cet îlet qui me paraît désormais si familier. J’imagine Nathalie accoudée à la rambarde de son épicerie face à l’immensité des montagnes, Paulina affairée dans la cuisine de sa maison perdue sur le massif des Trois Salazes, et les enfants parcourant les sentiers. Une brume timide glisse doucement vers les maisons éparses pour les dissimuler sous son voile léger. Marla disparaît comme il est apparu, au gré du brouillard qui ouvre et referme ce village–parenthèse, à la fois coupé du monde et complètement ouvert à lui.

Gîte Fanélie & César

Ambiance décontractée et petits plats concoctés avec passion : cette adresse est une valeur sûre ! La famille Menrique a d’ailleurs eu la gentillesse d’accueillir notre journaliste une bonne partie de son séjour à Marla. Tarifs : 19€ / adulte et 16€ / enfant la nuit en dortoir | 40€ la chambre double (sans sanitaires privés) Dîner : 19€ adulte / 15€ enfant | Petit-Déjeûner : 7€ Tél : 0262 43 59 02 / 0692 03 26 15

Gîte des trois roches

Les chambres (2 avec sanitaires privés et 2 sans) ainsi que trois petits dortoirs de 4 places chacuns sont répartis dans des petits chalets en bois vernis avec terrase et mobilier en tek Tarifs : 19€ la nuit Tél : 0262 32 50 90 / 0692 23 38 37

Gîte Giroday

C’est l’établissement de Paulina, une institution à Marla, avec cuisine lontan au feu de bois. Deux dortoirs de 12 personnes et un de 8 personnes. Tarifs : 12€ la nuit en dortoir Dîner : 15€ | Petit-déjeuner : 5€ Tél : 0262 43 83 13 / 0692 09 16 80

Gîte du centre

Le gîte est situé au pied du Taibit. Il y a une petite boutique et un snack sur place. Sa capicité est de 4 dortoirs de 6 personnes. Tarifs : 20€ la nuit en dortoir Dîner : 20€ | Petit-déjeuner : 4€ Tél : 0692 34 25 34

Gîte mafate à pat

NATHAN Comme tous les jeunes du village, Nathan est obligé de quitter la maison toutes les semaines pour ses études. Il poursuit les siennes au Lycée Agrigole de StPaul. Plus tard, il aimerait vivre à Marla.

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Des petits bungalows, situés sur le chemin qui mène à Trois-Roches, pouvant accueillir 8 personnes (2 chambres doubles et un dortoir de 4). Pour les repas, il faut se rendre chez Yolande Hoareau située un peu plus loin. Tarifs : 18€ la nuit en dortoir / 40€ la chambre Petit-déjeuner : 4€ Tél : 0692 38 64 73 / 0692 38 94 54

rando Gîte yolande hoareau

16 lits en dortoir (4 dortoirs de 4) et 2 chambres doubles (sans sanitaires privés) Tarifs : 16€ à 18€ / adulte et 12€ / enfant la nuit en dortoir | 40€ à 42€ la chambre double Dîner : 19€ / adulte et 13€ / enfant | Petit-déjeuner : 7€ Tél : 0262 43 78 31 / 0692 35 44 00

Gîte le gros morne

12 lits en dortoir (2 dortoirs de 6) Tarifs : 18€ la nuit Dîner : 20€ | Petit-déjeuner : 8€ Tél : 0692 29 47 75

chambre d’hôte mon ti péi

ADRESSES

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Dans une jolie case typiquement créole, vous pourrez dormir dans un dortoir de 4 personnes ou une chambre double. Tarifs : 22€ la nuit + le petit-déjeuner Dîner : 18€ / adulte et 13€ / enfant Tél : 0262 43 32 21 / 0692 31 95 11

Miellerie de Marla

Ruches, exploitation et formations en aquaponie, gîte et table d’hôte : chez Sébastien et Daisy, si on respecte le rythme de la nature, on ne chôme pas. Pain maison, fruits et légumes cultivés dans le potager biodynamique, boutique proposant divers produits à base de miel et de plantes : on goûte ici aux plaisirs d’un mode de vie alternatif. Tarif : 19€ la nuit en dortoir Dîner : 20€ adulte / 15€ enfants - 10 ans | Petit-Déjeuner : 8€ Tél : 0692 03 20 99 / marla974@hotmail.fr

Le Marla

Le snack bar de Jimmy est un haut lieu de la convivialité à Marla. Si vous cherchez un endroit pour faire la fête ou boire un coup en terrasse, le chalet est l’endroit rêvé. 2 chambres-dortoir de 4 personnes accueillent aussi les randonneurs et, sur réservation, vous pouvez y retirer des paniers pique-nique. Tarifs : 18€ la nuit en dortoir Dîner : 20€ | Petit-Déjeuner : 6€ Tél : 0692 04 14 64 | 0692 04 49 55

www.ouest-lareunion.com Bon plan : vous pouvez aller sur le site de l’Office de Tourisme de l’Ouest pour avoir plus d’infos, géolocaliser les différents gîtes et, pour certains, effectuer vos réservations directement en ligne.

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journée nature au maïdo

Randonnées Loisirs de Pleine Nature Offres & Promotions

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Randonnées guidées Bivouac à Marla Animations

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r u o p z e t r a p Re re ! u t n e v L’A tembre p se en ir vr ou éc d à t le p m Programme co om sur www.ouest-lareunion.c

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LE VITRAILLEUR Guy Lefèvre

Unique maître verrier de l’île, Guy Lefèvre a imaginé et fabriqué les vitraux d’une quarantaine d’églises à partir du milieu des années 60, et jusqu’en 2006, où il a créé pour l’église néoclassique de Trois Bassins 22 panneaux aux formes épurées.

À 83 ans, Guy Lefèvre n’a plus tellement bon pied. Il marche seul, appuyé sur sa canne, avec une lenteur imperturbable. On a pour lui les précautions polies qu’on réserve aux personnes fragiles, si bien que, lorsqu’on lui demande de se déplacer pour les besoins d’une prise de vue, on s’inquiète de son confort : rester debout n’est pas trop dur ? Veut-il s’asseoir ? On ne l’embête pas trop ? Il mime le professionnalisme résigné de la célébrité devant les obligations promotionnelles : « C’est la rançon de la gloire… » La phrase est immédiate et brève ; la voix est douce, le sourire en coin, le regard traversé par le reflet rapide de la lumière sur une lame aiguisée : bon pied peut-être plus, mais bon œil, sans aucun doute.

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© Mickael Dalleau

Anodine, la plaisanterie en dit long sur un homme qui, 50 ans durant, a discrètement posé sa marque sur le patrimoine architectural de La Réunion. Unique maître verrier de l’île, Guy Lefèvre a imaginé et fabriqué les vitraux d’une quarantaine d’églises à partir du milieu des années 60, et jusqu’en 2006, où il a créé pour l’église néoclassique de Trois Bassins 22 panneaux aux formes

épurées. À l’exception d’une Piéta veillant sur la dépouille du Christ au fronton de l’édifice, les vitraux qui rythment la nef de Notre Dame des Sept Douleurs sont plutôt abstraits. Ils s’inspirent de la nature environnante pour composer une atmosphère paisible, dominée par des bleus célestes traversés de paille-en-queues, de verts forestiers et de jaunes solaires. On retrouve dans cet ultime ouvrage la modernité des formes qui distingue le travail de Guy Lefèvre. Il fut parmi les premiers verriers à accompagner le renouveau architectural de l’Église catholique.

À L’OMBRE DES CLOCHERS À partir de 1962, le Concile Vatican 2 dispose que les églises devront se mettre à la page des nouveaux styles de construction. Des bâtiments sacrés d’un genre inédit sortent de terre rapidement et dès 1965, à la Plaine des Cafres, la chapelle du 23e Kilomètre devient le premier lieu de culte réunionnais à rompre avec la tradition

L'EXPO Les vitraux réalisés par Guy Lefèvre font depuis l’an passé l’objet d’une exposition rétrospective au Musée historique de Villèle, intitulée De l’ombre à la lumière. Le décrochage initialement prévu au mois d’août n’aura finalement lieu qu’après les Journées Européennes du Patrimoine, les 17 et 18 septembre. Profitez de ces prolongations pour découvrir les pièces, outils, films documentaires, maquettes et autres travaux préparatoires qui permettent de mieux comprendre le travail et la démarche du seul maître verrier de La Réunion.

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En début d’année, une autre église a vu ses vitraux entièrement rénovés : celle de Colimaçons, dans les hauts de Saint-Leu, au niveau du parking du Conservatoire Botanique de Mascarin. Ils ne sont pas signés Lefèvre. Dessinés par Alban de Châteauvieux et réalisés par l’Atelier Parot de Dijon, les vitraux des Colimaçons sont une œuvre de catéchèse : ils illustrent des scènes de la Bible. Il s’agit ici d’une série figurative, dans un style assez moderne, de portraits de saints de toutes les époques et issus du monde entier. ÉGLISE DU SACRÉ CŒUR DE JÉSUS 9, rue du Père Georges – Colimaçons, St-Leu

LE PARCOURS Édité par le Musée de Villèle et le Conseil Général en lien avec l’exposition, une carte dépliante permet de localiser quelques églises où l’on peut admirer le travail de Guy Lefèvre. L’itinéraire ouest permet, en une demi-journée, d’en visiter cinq, dont voici les adresses. ÉGLISE DE LA CONVERSION 68 rue de La Bourdonnais – St-Paul Ouverte tous les jours de 6h à 17h30 ÉGLISE NOTRE DAME DE LOURDES Plateau Caillou – Saint-Paul Ouverte tous les jours de 8h à 17h30 ÉGLISE NOTRE DAME DE LA PAIX 3, rue des Arums – St-Gilles Ouverte tous les jours de 6h à 18h ÉGLISE PAROISSIALE 26, rue de l’Église – St-Gilles les Hauts Ouverte tous les jours de 6h à 18h NOTRE DAME DES SEPT DOULEURS 7, rue George Brassens – Trois Bassins Ouverte tous les jours de 7h à 18h

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PINS DE CIRE ET DALLES DE VERRE

à ses heures une carrière de peintre. Aussi Quand je l’interroge, il hausse les épaules et loin qu’il s’en souvienne, il a toujours voulu fait non de la tête : « J’aimais le travail, imacréer : « Quand j’étais petit, à Madagascar, giner les vitraux, et j’aime les églises. Mais on faisait brûler des pins de cire d’abeille je ne suis pas croyant. » Il est pourtant très dans des vannes tressées, qu’on vendait proche du premier ecclésiastique de l’océan ensuite pour faire de l’encaustique pour les Indien, l’Évêque Gilbert Aubry. « C’était un meubles. Ma mère m’en achetait pour faire ami avant qu’il rentre dans les ordres. Quand de la pâte à modeler. Un jour, j’ai sculpté un il était encore fiancé… » Léger sourire : « La officier de marine avec sa paire de foi est tombée sur lui comme Saint jumelles. Quand mon père est Paul sur son cheval. J’étais, rentré, j’allais démembrer pour ainsi dire, juste à mon bonhomme pour côté. C’est lui qui a tout l'artiste consulte récupérer la cire, et il pris. » le prête. "il me m’a dit : laisse-le là, il est très bien. J’étais Lorsque Monrépondait juste fier comme pas seigneur Aubry : guy, fais pas le possible. » prend ses fonctions couillon..." d’évêque, Guy Lefèvre En 1965, il rachète la a déjà travaillé sur verrerie aux moines et 10 églises à La Réunion, s’installe à son compte. Deux dont celles du Port, de l’Étang ans plus tard, ses affaires le poussent à Saint-Paul et de La Possession. Les deux s’installer à La Réunion, où les commandes hommes vont poursuivre durant vingt ans s’enchaînent. une collaboration fertile. Lorsqu’il manque d’inspiration, hésite, doute de la direction à prendre pour la création des vitraux, l’artiste consulte le prêtre. « Je l’appelais pour lui demander conseil. Il me répondait juste : Guy, fais pas le couillon… » Quand il aborde son métier, Guy Lefèvre

La dalle de verre est une technique proche de la sculpture qui utilise un verre très épais – un peu plus de deux centimètres. « C’est une matière que j’aime et que j’ai beaucoup travaillée, concède enfin Lefèvre. Avec la dalle de verre, on peut faire de très grands panneaux, résistants. Elle implique des formes plus droites et donc plus modernes que le travail traditionnel au plomb, ou que le verre collé sur verre. Comme j’ai beaucoup travaillé à La Réunion ou à Madagascar, c’était pratique : il faut faire des choses qui peuvent résister à de grands vents, à des cyclones. »

Ces accomplissements n’ont pas entamé l’humilité d’un homme qui s’étonne toujours de l’attention qu’on lui Cette technique, porte. Demandez-lui comme les autres, une vie à modeler quel regard il pose Guy Lefèvre l’a la lumière tout en sur sa carrière, il perfectionnée en vous répondra simpréférant rester Métropole lors plement, toujours dans l'ombre de stages chez avec un soupçon différents artisans de de dérision : « Je suis renom, avant que ses parti de rien, et je suis pairs l’adoubent à son tour arrivé à pas grand-chose. » Maître Verrier dans les années Demandez-lui comment il décrirait 70. Mais c’est à Madagascar, où il est né, son style, et cet artiste qui a parfois dû qu’il a découvert le vitrail en 1961. « Des lutter pour imposer sa modernité à des bénédictins qui tenaient un atelier de verrerie ecclésiastiques frileux se dérobera d’une dans la région de Tananarive avaient besoin feinte. Je le sais pour avoir essayé. « Je vous d’un maquettiste. Ils savaient faire du vitrail répondrais des bêtises. Je préfère laisser à à partir d’un dessin, mais ils ne savaient d’autres le privilège de vous en raconter », pas dessiner. J’ai accepté de travailler pour m’a-t-il dit en rigolant, avant de se eux, à condition qu’ils me forment, pour retourner vers sa compagne et biographe, que je puisse comprendre leurs contraintes Camille, avec un petit sourire : « Comment techniques et les prendre en compte dans le décrirais-tu mon style – à part pénible ? » dessin. C’est comme ça que j’ai commencé. » Guy Lefèvre a donc passé sa vie à modeler la lumière, mais il préfère toujours rester Lorsque les moines de Pierre-qui-vire dans l’ombre, l’humour lui tenant lieu de l’approchent, Lefèvre s’est installé depuis parasol. Camille lui adresse avec tendresse quelques années comme dessinateur une moue circonspecte, puis avance : dans un cabinet d’architecte. Contraint « Assez moderne quand même, avec la dalle de travailler dès 1950 à la mort de son de verre… » père, il s’est formé à la sculpture et à la céramique sur son temps libre, et démarre

LE SAIN ESPRIT

parle naturellement de son amour pour la matière, la technique, et l’invention de jeux de lumière. Mais pour un homme qui a passé une partie de sa vie à bâtir des églises, il en dit peu sur son rapport à la foi.

qui date du début du 20e Siècle et qu’il faut bricoler régulièrement pour qu’il continue d’atteindre les 800 degrés nécessaires, la maquette de l’une de ses dernières pièces est encore affichée. Sur le dessin tiré d’un bas-relief égyptien, un homme tient une amphore et semble remplir la coupe d’une reine. Je demande à Guy Lefèvre de quoi il s’agit : « Toutankhamon versant un CocaCola à sa copine. » Aujourd’hui, l’artiste ne prend plus place à son bureau, juste à côté du four, que pour faire des mots croisés et profiter de la lumière qui traverse la verrière. D’autres se chargent de faire vivre l’œuvre qu’il a imaginée. L’association Les Amis de Guy Lefèvre s’est formée autour d’un noyau de proches et de passionnés, dont Camille, sa compagne. Ils travaillent à l’édition d’un beau livre qui marquera la fin d’une année de rétrospective entamée au Musée de Villèle avec une exposition qui sera ouverte durant les vacances. Il aura fallu attendre plus de 80 ans et cette initiative collective pour que Guy Lefèvre se résolve enfin à passer, comme l’annonce le titre de l’expo, De l’ombre à la lumière.

À l’entendre, rien de tout ce ça n’a été très sérieux. Dans son atelier du village artisanal de l’Éperon, où il travaille depuis 1983, en face du four de verrier Tranchant

© Mickael Dalleau

D'AUTRES VITRAUX

néo-gothique. Béton armé, lignes droites, volumes découpés : dans cette esthétique brutaliste, les anciens vitraux au plomb qui habillent depuis le moyen-âge les alcôves des chapelles n’ont plus leur place. Guy Lefèvre reçoit sa première commande, et réalise des panneaux panoramiques d’inspiration cubiste. Le vitrail cesse d’illustrer des scènes de la Bible ou des points de la doctrine catholique, il devient plutôt une invitation à la contemplation à travers un jeu de formes et de lumières. En l’espace de trois ans, Guy Lefèvre applique cette idée dans cinq autres églises et devient l’un des artisans majeurs du renouveau esthétique catholique à La Réunion.

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© Mickael Dalleau

LE VERGER ROSTHON UNE NATURE DÉVOILÉE

Après quarante ans de dissimulation, le verger Rosthon dévoile ses paysages variés en nous contant ses histoires. Comme dans les histoires de mauvaise fantasy, un passage est Un tuyau noir sert d’échelle à trois marmays qui raccourcissent leur chemin d’écoliers en traversant la ravine pour rejoindre les cases du apparu au milieu de nulle part, dans la rue Mondon qui semblait jusque-là se satisfaire de son béton et des ronflements de la RN1. Camp Magloire. Encore quelques pas et le verger se dévoile tandis que s’évanouissent les rumeurs motorisées : des manguiers au Comme dans les romans, il semble que le passage ait toujours moins bicentenaires font ombrage sur des sentiers été là. C’est le panneau qui invite à découvrir une gemme longtemps restée secrète qui lui confère bordés de murets de pierres et d’enclos à piqueun soudain attrait. Les inscriptions « Espace nique assez vastes pour accueillir les familles les un dédale naturel Rosthon-Lataniers - Cœur de nature » plus nombreuses. enjambent un seuil qui ne laisse deviner de sentiers Ce qui frappe, c’est le dédale des sentiers un coin de verdure que par la présence qui s'éparpillent de pictogrammes relatifs à la marche, au qui s’éparpillent dans toutes les directions. dans toutes Des panneaux indiquent des pistes pour s’y jogging et au pique-nique. Entre un mur les directions grillagé jonché de tessons de verre et une retrouver : Kala, Grande Ravine des Lataniers, grille rouillée qui longe la ravine, on aurait Plateau Savane, Chemin des Anglais… Avec ses trente hectares, le sanctuaire est plus grand plutôt tendance à imaginer un cœur de cité, option terrains de foot sans filets cernés par les qu’il n’y paraît. Si on peut s’y promener aujourd’hui, barres d’immeubles. D’ailleurs, le terrain est bien là, les c’est grâce à celui dont le nom est affiché sur un écriteau cloué dans un grande arbre : « Site du Parc Rostonne. » immeubles aussi.

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Un homme âgé prend l’inscription en photo avant de secouer la tête dans un sourire désolé : « Ce n’est pas comme ça que ça s’écrit. » Il en sait quelque chose, Jasmin Hubert était copropriétaire du terrain qu’il partageait avec son beau-frère Joseph Rosthon Elisabeth, dit Rosthon. Bien mis avec ses cheveux laqués et la chemise rayée, seules des chaussures de rando trahissent sa volonté d’aller battre carré sur le domaine. Jasmin a accepté de m’accompagner pour une marche matinale parsemée de souvenirs et de légendes ancrées dans le patrimoine historique de l’île. « C’est un des premiers lieux cultivés par les colons et il y a toujours eu énormément d’arbres fruitiers. Les mauvaises langues disaient qu’à chaque décès d’esclave, on plantait un arbre sur son cadavre. »

Quand il parle de Rosthon, c’est pour évoquer le bon vivant qui passait le plus clair de son temps sur sa propriété, invitant régulièrement famille et amis à partager les verres et les couverts.

LE CATHÉCHISTE DES ESCLAVES À proximité du verger, à la place de l’actuelle école Evariste de Parny se tenait l’école des frères, chargée de l’éducation religieuse des Possessionnais. Parmi ses résidents notables, le Frère Scubilion avait été appelé pour y officier au milieu du XIXème siècle après avoir mené près de vingt années de campagne d’évangélisation massive auprès des esclaves de l’île. Cet engagement qui lui valut le surnom de « cathéchiste des esclaves » s’étendit même après 1848 et l’abolition de l’esclavage pour continuer à enseigner la doctrine catholique auprès des cafres. Selon Jasmin, le dévot venait sonner une cloche située sur les rives qui font face à l’entrée du verger pour appeler les habitants de la ravine à l’école du soir. Si la cloche a disparu, des traces d’habitations d’esclaves sont dénichables aux alentours.

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Avec ses animaux, ses légumes et ses centaines d’arbres fruitiers, il vivait son terrain comme une corne d’abondance accueillante dans une certaine limite. « Nous n’aurions pas pu ouvrir l’endroit à tout le monde, il nous arrivait déjà de subir la visite de chapardeurs. Certains dressaient des chiens pour partir devant. S’ils n’aboyaient pas, ça voulait dire que la voie était libre. »

VERGER DE COCÂGNE Au cœur du verger, des escaliers mènent à un promontoire sur lequel est bâtie une absence de case. Ils sont le vestige d’une résidence, celle dudit Rosthon qui a fait don de ses terres à la commune quand la vieillesse ne lui permettait plus d’assurer la production. Devenue maison de gardien, squat de clochards puis tas de cendre, seules la mémoire et l’imagination reconstruisent sur quatre dalles la demeure d’antan. « Il y avait quatre chambres. La plus grande, c’était celle de Rosthon et sa femme. Là, c’était la mienne et ici, la cuisine. » L’espace qu’il désigne est un carré minuscule. J’imagine difficilement autant de monde dans un si petit carré. « Il n’y avait pas de salon, on était toujours à l’extérieur. On jouait aux cartes sur une petite terrasse sur le côté ou devant la maison. » Dans un sourire, Jasmin se rappelle les nombreux coups d’sec qui faisaient passer la nuit. « Quand on

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repartait le dimanche soir, on était plus fatigués du week-end que de la semaine. » Le long de la falaise qui jouxte la maison, des murets, sensiblement différents de ceux que les emplois jeunes ont érigés pour baliser les chemins, remontent à l’époque de ces séjours indolents. Ceux contre la paroi contenaient les porcs destinés à finir en méchoui tandis qu’un garde-fou en bordure de verger endiguait les inondations. Abandonnant les ruines, on atteint un puits que les racines ont disloqué. Ses nappes continuent d’alimenter le verger et l’armature est toujours visible autour d’une béance noyée sous les pierres et les feuilles de bambou. « Une fois, j’ai essayé de le vider pour voir comment ça se présente en dessous, avec un camion et des grosses pompes, mais je n’y suis jamais arrivé. » Avec cette source intarissable, la végétation assouvit sa soif inextinguible en se riant des sécheresses qui peuvent s’abattre sur l’île. Elle vit sereinement son cycle de floraison et offre profusion de fruits aux promeneurs gourmands. Les arbres ont échappé à ce qu’Hubert appelle « la période critique », quand l’installation de la voie de chemin de fer déforestait massivement l’île. « Sur les remparts de la route en corniche, il y avait plein d’arbres avant. On croyait que la nature était inépuisable. » La commune s’attelle au rachat des sévices engendrés en voyant dans ce cœur végétal un moyen d’expression de développement durable. En concertation avec le Parc National, elle prévoit une

replantation massive d’espèces endémiques qui permettrait de rapprocher l’espace le plus possible de ce qu’il était avant les premiers habitants. En défrichant le parc laissé en jachère jusqu’en 2014, on exhume des espèces endémiques de l’emprise des lianes papillons, cette peste végétale aussi belle qu’invasive alors que l’endroit est un véritable sanctuaire pour une flore généreuse : longanis, lataniers rouges, bois d’olive… On y trouve également le malaye, ou « vomi lo syin » du fait de son odeur fétide, que les tisaneurs d’antan effeuillaient pour faire tomber la fièvre. Jasmin, lui, se souvient d’une autre méthode appliquée par la mère malgache qui était chargée de garder le terrain : « Son garçon avait escaladé la falaise jusqu’à un pied de sapotilles. Il y a un peu d’alcool dans le fruit et il en a tellement mangé qu’il nous est revenu fiévreux et titubant. Sa mère l’a allongé sur ses genoux et a posé un énorme sein sur son front. Dix minutes plus tard, la fièvre est tombée. » De la vigie où vivait la famille originaire de la grande île il ne reste rien non plus, certainement emportée par les aménagements communaux. Jasmin voit d’un bon œil ce regain d’activité d’un terrain laissé en friche depuis 1974. Et même si la nostalgie le tient généralement à distance du verger, la relève assurée par les riverains s’annonce prometteuse, pleine de jardins pédagogiques, d’expériences agroécologiques et la restauration d’un vieux sentier qui ferait la liaison entre Dos d’Âne et Ravine à Malheur.

COMME UN LÉZARD Quand Jasmin raconte les animaux qui batifolaient tout autour du verger, il fait mention des tourterelles malgaches et des cailles péi, des perdrix qui foisonnaient et qu’on ne trouve quasiment plus aujourd’hui. En revanche, pullulent ces reptiles vifs qu’on appelle « liguane. » De son vrai nom « agame des colons », la bestiole est arrivée par les bateaux, envahissant peu à peu Le Port avant de s’étendre dans les régions périphériques. Sur le chemin qui mène au verger, liguane considère les passants avec défiance mais ne se laisse pas intimider. Du plus terne au plus coloré, tous présentent un danger pour le gecko de Manapany, endémique de La Réunion.


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Les esprits du site doivent voir d’un bon œil la somme des bonnes volontés réunies pour rendre plus éclatant cet écrin naturel. Aussi nous plaisons nous à déambuler dans le respect de leurs mémoires dans des promenades récompensées par la découverte de reliques des vies d’avant, et de celles d’avant celles d’avant. Autour du verger Rosthon, l’errance nous conduit à travers une variété de décors, des paysages rares et changeants sur lesquels s’attachent les souvenirs et les initiatives, un trésor dont la richesse mérite d’être préservée. Plus d’informations : • Facebook : Latanier Nout Ker d’Vie (association sur le site de la Ravine des Lataniers) • Le site du Projet LIFE+ COREXERUN : www.reunxion-parcnational.fr/life/

CHACUN SON CHEMIN Dans la multitude de sentiers autour du verger Rosthon, trois strates se démarquent et permettent des balades adaptées à votre niveau ou à vos envies.

POSSESS’WHO ?

La promenade sympathique : La plaine savane Durée : 15 minutes

La boucle tranquille : Petite Ravine des lataniers Durée : 30 minutes.

Peut-être êtes-vous familiers de Doctor Who, cette série britannique dont le héros se déplace à travers le temps et l’espace pour sauver le monde, l’univers - mais le plus souvent Londres. Ce n’est sûrement pas ce qui a motivé la commune mais, à l’instar de son protagoniste, la ville se voit dotée de deux cœurs. Au cœur de nature s’ajoute le cœur de ville qui se prépare juste à côté. Dans un espace aussi enclavé que le premier, un éco-quartier avec commerces, logements, rues piétonnes et système de transports, la ville participera à répondre à l’augmentation croissante d’envahisseurs extra-terrestres sur le territoire. De quoi enfin flâner à La Possession pour le plaisir ? Nous le saurons dans le prochain épisode prévu pour 2017…

Grimpant vers les hauteurs arides, il ne faut que quelque pas pour que la végétation change du tout au tout. Dans la plaine savane qui se compose d’herbes roses, le chant des oiseaux prend complètement le pas sur les moteurs désormais inaudibles. Jasmin Hubert se souvient des nombreux cabris qui y gambadaient. « Les malbars nous en achetaient pour leurs fêtes. Ils préféraient nos cabris aux élevages industriels parce qu’ils étaient mieux nourris. » Les sentiers de la savane peuvent monter par la carrière des lataniers mais un chemin permet de retomber naturellement sur le verger. Si vous voulez vous attarder dans la savane ou vous hisser jusqu’à la crête, pensez à vous couvrir et à prendre de quoi vous hydrater. Vous pouvez aussi privilégier l’heure tardive qui pose un vernis doré sur la végétation.

Abrité par de grands arbres, le sentier par la petite ravine des Lataniers est un sous-bois qui se change en véritable tunnel végétal salutaire après une exposition prolongée sur les crêtes ensoleillées de la plaine savane. En saison humide, il arrive qu’un cours d’eau s’y écoule jusque dans l’océan, changeant l’abri en habitat de nuées de moustiques, les pauses sans protection sont contraintes à la brièveté ou aux simulations de haka. L’endroit fourmille de tamarins et d’espèces endémiques protégées, notamment un pied de bois d’olive gros peau désenfoui d’un amas étrangleur de lianes papillons. Après un soin attentif, il reprend du poil de la bête de l’écorce de l’arbre alors qu’il était en piteux état.

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La bonne rando : La crête Durée : Jusqu’à deux heures Sur la crête qui domine la plaine savane se tient l’un des derniers bastions de forêt semi-sèche qui est aujourd’hui menacée d’extinction alors qu’elle recouvrait l’ensemble de l’ouest réunionnais. Ravagée tant par la déforestation massive que par l’invasion de lianes papillons et de chocas introduits artificiellement, le Parc National s’engage à préserver la biodiversité par l’élimination d’espèces invasives et la réintroduction d’espèces endémiques. C’est l’un des rares endroits de l’île où l’on retrouve des pans de forêt exactement tels qu’ils l’étaient bien avant les premiers réunionnais. Du sentier de crête à la zone la plus haute du domaine, un point de vue domine la carrière des lataniers et les cimes, s’étendant de la montagne au Port.


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En y regardant de plus près, on constate que le bâti est composé d’une matière rare : du coeur.

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LE CŒUR DU DODO

Depuis les hauteurs de La Saline, une case multicolore surplombe l’océan.

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Quand on tire le loquet en forme de dodo, le portail s’ouvre sur Yannick apportant les dernières touches à son havre de paix après un an et demi de construction. La cinquantaine passée n’altère en rien le regard clair qui s’illumine sous son crâne luisant. On y lit la fierté du self-made man revenu de loin quand il énumère, enthousiaste, les détails d’une maison tout droit sortie du Pays Imaginaire de Peter Pan, prête à accueillir une tripotée d’enfants perdus de tous âges désireux d’un séjour hors du temps. Arrivé sur l’île il y a 27 ans, il avait rapidement trouvé à devenir maquettiste en bâtiment puis à porter de multiples casquettes pour devenir artisan toucheà-tout professionnel en constructions et agencement de magasins. Sans passer par la garantie décennale qui aurait coûté aux clients des sommes inutiles, il n’hésitait pas à proposer gracieusement des services de rectifications ou de réparations sur ses ouvrages. « J’aime que les clients soient surpris quand ils comparent le résultat fini aux plans. Au départ ils se disent que, pour le prix, ce sera correct sans plus, mais le résultat est au-delà de leurs espérances. Pendant dix ans, je n’ai pas eu besoin de cartes de visite, c’est le boulot qui me trouvait. »

Voilà notre homme, à pousser l’éthique jusqu’à tâcher de ne piquer le boulot de personne, embauchant principalement des Réunionnais dans son entreprise éthique. Mais le respect n’est pas réparti équitablement dans le milieu. Aux multiples tâches a dû s’ajouter la discipline olympique commune à la vaste majorité des indépendants : la course après les impayés et une administration sibylline. Cette dernière le laissera exsangue, au point de rendre sa carte d’artisan, écœuré.

la maison du bonheur Il refuse d’alimenter plus longtemps un système qui change les hommes en numéros et en consommateurs. Il se recentre sur l’essentiel, une cafrine avec qui il a deux enfants et un foyer à agrémenter de mille et une bonnes idées. Ainsi s’esquisse une maison du bonheur où l’on consomme peu, où l’on produit beaucoup. Arbres fruitiers, potager, ruches et animaux, ce n’est pas l’autonomie alimentaire mais ça s’en approche, et les plats n’en sont que meilleurs.

l’humain avant tout

Main verte, bricoleur invétéré et chouette papa, il envisage une cabane dans les arbres pour les mômes mais doit reconsidérer l’idée. « Avec les cyclones, ça se serait cassé la figure, alors j’ai plutôt pensé à une cabane au sol. » Avec sa mezzanine et sa mini salle de bain, l’habitat en forme de canadienne est cosy et s’avère être le déclencheur de la grande case.

Dans son discours, il est question de remettre l’humain au centre, de mettre en avant des valeurs que la société assassine. Il faut dire que la solidarité a été un pilier central de la reconstruction alors que les banques lui ferment la porte au nez. Amis, voisins et famille lui prêtent de l’argent et main forte pour niveler un terrain laissé en jachère et monter ce repaire capable d’accueillir six personnes, huit si certains se dévouent à squatter le grand canapé du salon. En véritable projet de copains, le lieu est naturellement propice aux arrangements amiables.

« C’est peut-être ici que ça a commencé. Une fois où toutes les chambres d’hôtes du coin étaient complètes, on nous a appelé pour dépanner et on a reçu des gens pendant quelques jours. Quand ils sont repartis, ils m’ont demandé : « Combien on vous doit ? » Je n’allais pas les faire payer, ça m’avait fait plaisir de filer un coup de main mais ils ont insisté : « Une nuit dans une cabane comme celle-là, il y en a pour au moins 40€. » J’ai réfléchi par rapport au mille et quelques euros que ça m’avait coûté pour la construire, ça pouvait être amorti en quelques mois. »

L’autre pilier, c’est le système D. Yannick désosse des cases abandonnées, récupère et transforme tout ce qui lui passe sous la main pour redonner une seconde jeunesse ou attribuer un usage inattendu à des objets qui accrochent le regard et amusent par leur ingéniosité. Chez le dodo, des robinets se changent en luminaires, un récipient devient la base d’une lampe marine, une caisse à vin se découvre des talents de porte-PQ. Tout est ingénieux dans cette case équipée, et rien ne paraît cheap. « L’idée, c’était de montrer qu’on pouvait proposer mieux que ce qui se fait dans le commerce. Et ça a plus de charme. »

Les années à s’extraire de la quête du profit en font un piètre businessman. Yannick ne cherche pas la richesse, il aimerait simplement pouvoir vivre du fruit de son travail. Aussi fixe-t-il la nuit à 20€ par personne. Idéalement, il laisserait bien une caisse à disposition dans laquelle on donnerait ce qu’on estime juste. « Je crois que quand on voit que le travail a été fait avec le cœur, on a naturellement envie de le récompenser. »

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© Mickael Dalleau

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Entre le lit individuel qu’on atteint par une échelle biscornue dans une chambre qui emprunte à la cabane de Robinson avec planches de cryptomerias clouées au mur en guise d’étagère et armature en rondins de bois fendus, on est effectivement bien loin du meuble Ikéa condamné à l’effondrement en quelques années. Dans le repaire du Dodo, chaque pièce est un voyage et la salle commune dispose de ces larges divans de shahs couverts de coussins. Grand plus : la pièce lumineuse permet une vue à 180° sur le littoral turquoise avec un supplément passe de l’Ermitage à couper le souffle.

vue à 180° sur le littoral Sur la table du salon sont dessinés des damiers et un tiroir reçoit quantité de jeux de société traditionnels. Yannick rêve déjà de mur d’escalade et de chasses aux trésors à la recherche des dodos dissimulés aux quatre coins du domaine. Autour d’un foyer de camp, un jardin fruitier traversé par un ponton patiente avant de devenir une étape d’un parcours botanique pédagogique. « Je mettrais bien une ruche sous verre dans le salon. Tu peux regarder les abeilles pendant des heures, c’est plus intéressant que la télé. »

Évidemment, pour une déconnexion totale, il n’y a pas d’écran mais de nombreuses activités qui participent à se retrouver et à apprendre ensemble. Pas besoin d’être un ornithologue confirmé pour s’assurer que Yannick est un drôle d’oiseau. De ces oiseaux trop rares qui s’attachent à des vertus qu’on pourrait croire aussi disparues que l’animal qui illustre les lieux. Cette volière extraordinaire est au contraire le lieu idéal pour les voir éclore, s’envoler et migrer, ajoutant à leur plumage un ramage d’humanité.

ÉCO-LOGIS Non content d’avoir récupéré la majorité de ses matériaux en s’interposant parfois entre les démolisseurs et les bâtiments, Yannick peut se targuer d’avoir un bilan carbone bien plus faible que la majorité des logements estampillés écologiques. À deux doigts de l’autonomie alimentaire, ses plantations régalent les visiteurs et vice-versa. Plutôt que le tout-à-l’égout, le doux dingue a opté pour un système de filtration d’eau qui s’écoule dans le jardin. Et la boucle est bouclée.

LE REPAIRE DU DODO

06 92 19 07 61 lerepairedudodo@outlook.fr Tarif : 20€/personne 45 rue Tioucagna - 97422 La Saline www.lerepairedudodo.com


marmailles

OPÉRATION BAMBINOs 10 idées pour égayer les vacances et/ou la rentrée de vos enfants.

Ceux qui en ont ne le savent que trop : un enfant heureux est un enfant occupé. C’est pourquoi l’arrivée des vacances scolaires est toujours précédée d’une légère montée d’angoisse. Chaque matin, durant un mois, il faudra disposer d’une réponse convaincante à la récurrente question matinale : « Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? » Ne craignez rien, Vavang est votre ami. Voici un agenda spécial marmays pour divertir votre progéniture et même, pourquoi pas, passer de bons moments en famille !

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découvrir le

train-train

Si vous avez déjà mis les pieds à St-Gilles, vous connaissez forcément Rosalie, le petit train des plages. L’attraction n’est pas très spectaculaire pour les adultes, mais le seul fait de grimper dans un wagon tiré par une locomotive suffit le plus souvent à coller au visage des enfants un sourire grisé. Saviez-vous par ailleurs que le tchou-tchou favori des gamins ne propose pas que des balades en bord de mer ? Il est aussi possible d’embarquer pour un circuit à Saint-Paul, sur le Tour des Roches. Commenté par un guide et accompagné en musique, le parcours permet notamment de se familiariser avec l’histoire du peuplement de La Réunion et de découvrir les secrets de la réserve naturelle de l’Étang Saint-Paul. Les départs et arrivées se font, en plus, à proximité du marché de St-Paul. Rosalie au Tour des Roches Horaires : 10h30 et 13h30 le vendredi, 10h30 le samedi Départ : Débarcadère de St-Paul - Arrivée : Marché Forain Tarifs : 7€ par adulte, 5€ par enfants | Tél : 0262 24 27 00

ENTRER 2 DANS un

livre

Avant de devenir le futur conservatoire de l’Ouest, le cube métallique de la Chaussée Royale se propose de flatter le goût de la lecture grâce à une exposition interactive, Zistoires en cubes, où l’on peut littéralement entrer dans des pages de bande-dessinées dans des cabanes cubiques pour y trouver un espace de lecture interactif. Quatre cubes géants affichent les extraits des derniers titres du neuvième art faits à La Réunion, dont Des abeilles et des hommes de Fred Theys que nous vous présentions dans le précédent numéro. Et ce n’est pas tout ! Pendant les trois mois de l’exposition, les marmays pourront développer leur créativité dans des ateliers gratuits dirigés par des illustrateurs, conteurs et autres artistes de tout acabit.

© Mickael Dalleau

Zistoires en cube Du 12 juillet au 15 octobre | Ateliers des mercredis au vendredis 9h-17h / les samedis 10h-18h. Programme détaillé sur www.regionreunion.com Futur CRR-Ouest - Chaussée Royale - Saint-Paul

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jeu de pistes

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PEINDRE

À LA COULE

Chercheur et pédagogue d’origine allemande, Arno Stern a créé le Jeu de peindre à Paris dans les années 60, avec pour objectif d’imaginer un mode de libre expression facilitant le bien-être et le développement personnel. Le principe est très simple : dans un lieu clos, en petits groupes, des personnes de tous âges (à partir de deux ans et demi) tracent à même les murs les formes qu’ils désirent.

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JOUER AU

PIRATE

Créé en 2012, Les Pirates du Lagon est le seul club de plage de La Réunion à bénéficier d’un encadrement professionnel. Entièrement rénové cette année, le site accueille depuis quelques semaines de nouvelles installations et s’inscrit désormais dans une dynamique nouvelle. Derrière cette mue, on trouve Nathalie Vella Grosso, co-fondatrice de l’Agence Australe Loisirs, principale structure de loisirs sportifs pour les enfants à La Réunion, que les habitués du Saint-Gym à L’Hermitage connaissent bien : « Nous avons revu et remis aux normes l’ensemble des équipements du site et, surtout, nous avons refondé l’équipe qui est aujourd’hui constituée de moniteurs d’EPS. L’orientation du centre est donc beaucoup plus sportive, avec des cours de karaté ou des activités nautiques organisées dans le lagon, kayak ou stand up paddle. Nous avons aussi créé un parcours aventure autour du château fort. » Durant toutes les vacances, des animations et des stages sont organisés pour les enfants, qui peuvent embarquer dans ce vaisseau corsaire pour une petite heure, pendant que les parents se reposent sur la plage, ou pour toute la journée, selon les envies et les besoins de chacun. Les Pirates du Lagon Plage de Trou d’Eau – Saline les Bains 0692 45 15 61 | 0692 16 42 97

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Les règles du jeu sont simples : on peint debout, sur une feuille blanche punaisée au mur. Aucun thème ni modèle ne sont imposés. Chacun décide quand il commence et quand il a terminé. Les 18 couleurs disponibles sont partagées sur une table, au centre de la pièce. Personne ne commente son dessin, ni celui des autres. Parmi les participants, une accueillante est là pour prendre soin de chacun et garantir le respect des règles. À la Réunion, cette personne est Nadia Bajic, créatrice du Rêve des Couleurs à St-Paul, unique espace Jeu de peindre ouvert dans l’île. L’atelier sera fermé une partie des vacances, mais il rouvrira ses portes le 7 août. Il accueille des groupes de 15 personnes maximum, pour des séances qui durent entre 30 minutes et une heure pour les tout petits (de 2 ans et demi à 5 ans), et entre 1h et 1h30 à partir de 6 ans.

Le Rêve des Couleurs À partir du 8 août 9 bis, rue de la Baie, St-Paul | 0692 88 57 06

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GLISSER

TRANQUILLE

« Laisse pas traîner ton fils, si tu veux pas qu’il glisse » : pour le cas où les choses manqueraient de clarté, nous vous rappelons que le conseil éducatif chanté en 1998 par le groupe NTM était une métaphore. À La Réunion, vous pouvez aussi choisir d’aider vos enfants à glisser en s’amusant sans risquer de les voir sombrer dans la délinquance. C’est le cas notamment dans les hauts de Saint-Paul, où la luge historique du Relais du Maïdo reste 20 ans après son ouverture l’une des attractions majeures pour les marmays en quête de sensations fortes. Le lieu propose en outre une grande variété d’activités, comme le quad ou le tir à l’arc, vous pouvez donc y passer la journée sans risquer de vous y ennuyer. Parc de la luge Route du Maïdo – Le Guillaume | 0262 32 40 32 Tarifs : 1 tour : 3€, 4 tours : 11€, 9 tours : 20€, 16 tours : 30€ | Ouvert tous les jours durant les vacances scolaires, de 9h30 à 17h30 | www.lugereunion.fr

Si le frimas de l’hiver austral vous décourage de grimper en montagne, rabattez-vous sur Oasis Lagoon, le parc arboré au bord de la mer. De folles glissades sur toboggans pneumatiques s’y achèvent dans des bassins, et des jeux d’eau permettent de divertir à coup sûr plusieurs heures durant des enfants de tous les âges pour un prix raisonnable, allant de 6€ à 8€ selon les âges. C’est même gratuit pour les moins de 3 ans. Oasis Lagoon Port de Plaisance – St-Gilles Horaires : ouvert du mardi au dimanche, de 9h30 à 18h | Tél : 0262 22 77 60

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S'AMUSER

AU MUSÉE

Jusqu’en septembre, plusieurs musées sont accessibles dans l’Ouest grâce au Pass Culture mis en place par la Réunion des Musées Régionaux, organisme qui gère notamment le Musée des Arts Décoratifs de St-Louis, la Cité du Volcan et Stella Matutina. Le principe : une seule carte vous donne accès à 5 musées répartis sur toute l’île. Outre le musée de la canne, dans l’Ouest, ce sésame à 23€ (au lieu de 35€) vous ouvre les portes de Kélonia, la ferme des tortues marines de St-Leu et ses 1 500 m3 de bassins d’eau de mer. L’occasion, si vous n’y êtes jamais allé, de découvrir ces endroits magnifiques. Des ateliers pour les enfants sont par ailleurs organisés à Stella et à Kélonia durant toutes les vacances. Du 26 au 30 juillet, Stella accueille les 8 – 12 ans pour un stage de fabrication et d’animation de marionnettes étalé sur 5 demi-journées, en lien avec l’histoire sucrière. Le 13 août et le 3 septembre, un atelier de dessin basé sur une visite du musée propose à toute la famille une façon originale d’interagir avec les collections. Infos et réservations : 0262 34 59 60 La liste des activités disponibles à Kélonia est consultable en ligne, sur le site des Musées Régionaux : www.museesreunion.re

Kélonia

Stella Matutina

Ouvert du lundi au dimanche, de 9h à 18h | Visites guidées : 10h, 11h30, 14h, 15h15, 16h30 Tarif : 7€ / 5€ (gratuit - 4 ans) | Tél : 0262 34 81 10

Ouvert le lundi de 13h à 17h30, du mardi au dimanche de 9h30 à 17h30 | Visites guidées : 10h et 14h, sauf le dimanche Tarifs : 9€ / 6€ (gratuit - 4 ans) | Tél : 0262 34 59 60

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EMBÊTER les

poissons

Vous les avez déjà emmenés voir Le Monde de Dory trois fois au cinéma, votre DVD du Monde de Nemo est usé jusqu’à la transparence, mais vos enfants n’arrêtent pas d’en redemander. Après les poissons qui parlent, l’arrivée sur les écrans de cinéma de L’Âge de Glace 12 – Nicolas Hulot Apocalypse annonce des vacances à supporter des mammouths qui parlent. Vous en avez tellement ras le bol de voir que vous ressentez les premiers signes de l’ivresse des profondeurs : en proie à un immense sentiment de solitude, vous vous parlez à vous-même, et vous répétez machinalement une série de gestes incohérents. Vous avez besoin de vous détendre, et d’un peu de nouveauté. Ça tombe bien, l’Aquarium de La Réunion met en place durant les vacances un nouveau planning pour ses activités. Nourrissage, visites guidées, mini-conférences, ateliers scientifiques : autant d’occasions de voir des gens parler des animaux, plutôt que l’inverse. Aquarium de La Réunion Port de Plaisance – St-Gilles Tél : 0262 33 44 00 | www.aquariumdelareunion.com

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se mettre

au surf

Si la contemplation des poissons en bassin est une activité trop passive à votre goût, vous pouvez aussi proposer aux enfants une rencontre in vivo avec les habitants du lagon. À partir de huit ans, il est possible de participer aux randonnées sous-marines organisées chaque jour ou presque par les équipes de la Réserve Marine de La Réunion. Il vous suffit pour ce faire de vous présenter avant 10h au stand d’accueil bleu situé entre le restaurant Chez Go et le K-banon, munis de votre matériel d’exploration : des palmes, un masque et un tuba. C’est gratuit, sur réservation, et les enfants de moins de 16 ans doivent être accompagnés d’un adulte. Un guide vous fera découvrir l’écosystème et vous pourrez faire connaissance avec les espèces qui fréquentent le récif de l’Ermitage.

L’installation des filets de protection aux Roches Noires et à Boucan Canot a relancé la pratique du surf dans l’Ouest, et c’est tant mieux ! Si vos enfants rêvent d’apprendre à rider les vagues en toute sécurité, deux écoles les accueillent : L’École de Surf de La Réunion, sur la plage de Trou d’Eau, et L’École de Surf des Roches Noires, animée par Berrtand Pièce. Ces deux institutions sont encadrées par des professionnels et proposent de découvrir la discipline sous toutes ses formes, du bodyboard au stand-up paddle en passant par le long board. Dans les deux cas, le matériel vous est fourni.

Sentier Sous-Marin de l'Ermitage

École de Surf de la Réunion

Réservations et informations : 0692 89 18 68 Plus d’infos : www.ouest-lareunion.com

Plage de Trou d’Eau – La Saline Horaires : tous les jours, de 10h à 16h Tél : 0692 31 53 16

École de Surf des Roches Noires Saint-Gilles et l’Ermitage Les enfants sont accueillis à partir de 5 ans Horaires : ouvert tous les jours de 9h30 à 16h Tél : 0692 86 00 59

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s'accrocher aux branches

De Tarzan aux films de ninja, l’accrobranche est plutôt un sport de grands enfants qu’une activité conseillée aux demi-portions, mais La Forêt de l’Aventure au Maïdo dispose de parcours adaptés aux plus jeunes. À partir de 5 ans, il est possible de s’initier à l’aventure en altitude dans la forêts de filaos des hauts de La Petite France. Plus facile et plus court que l’itinéraire principal, ce circuit offre tout de même la possibilité de glisser le long d’une tyrolienne de 45 mètres – de quoi rassasier les marmays les plus casse-cou ! Dans sa globalité, ce parc de 3 hectares au cœur de la forêt des hauts de l’ouest propose pas moins de 42 activités à essayer en famille ou entre amis, répartis sur huit sites reliés entre eux par de beaux sentiers forestiers. Pour déconnecter et décompresser, on n’a pas fait mieux. La Forêt de l'Aventure Route des Cryptomerias – Petite-France Tél : 0692 30 01 54 | foretaventuremaido@yahoo.fr

JOUER AU

coboye

Hormis peut-être une séance de binge-watching de compilations d’épisodes de Ninjago sur Youtube en se gavant de biscuits au chocolat dans une cabane intégralement construite en Légo, il n’y a pas grandchose sur terre qui puisse faire plus plaisir à un jeune enfant que grimper sur un poney – vous savez, cet animal merveilleux qui évoque un croisement entre la mule et un gros chien à frange, et qui exerce sur les petits une attirance irrésistible en même temps qu’une prudente appréhension. La côte Ouest regorge d’options, mais depuis 2011, L’Île aux Poneys propose bien plus qu’un mini circuit pour les apprentis cavaliers. Chez Helga Muller, les enfants de 2 à 12 ans sont accueillis pour des stages de deux heures à deux jours avec hébergement sous tente, sur le site d’une belle prairie de 4 hectares dans les hauts de Saint-Gilles-les-Bains. Ils sont impliqués dans des activités d’éveil où le rythme de chacun est respecté. Cette approche implique des rapports plus doux avec les animaux, et des parcours ludiques associés à des activités encourageant le développement psychomoteur donnent à l’équitation une vraie dimension éducative. Le type de stage est choisi en fonction de l’âge : De 2 à 3 ans, les enfants accompagnés de leurs parents découvrent durant 2h les sensations liées au mouvement des poneys, et apprennent à connaître les animaux. De 3 à 6 ans, les sessions s’étalent sur une demi-journée, et comprennent des rudiments théoriques et des activités ludiques, qui vont du dressage aux parcours d’obstacles. À partir de 6 ans, on a le choix de rester une demi-journée, une journée entière ou deux jours avec couchage sur site, pour une réelle immersion dans l’univers du cheval.

L'Île aux Poneys Lieu-dit Chemin Carrosse – Voie Cannière – St-Gilles Tél : 0692 02 23 67 | lileauxponeys@orange.fr wwww.l-ile-aux-poneys.eklablog.com

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carte postale du 4 au 14 juin 2016 2ème édition festival de l'image sous-marine

MAFATE

LE CIRQUE DE ne classé au patrimoi o sc ne l’u de ial mond

La 2ème édition du Festival de l’Image Sous-Marine a rassemblé plusieurs centaines de personnes aux ports de Saint-Gilles et de la Pointe des Galets pour des journées familiales d’animation. Ce festival est depuis l’année dernière le rendez-vous de tous les amoureux de la mer. Projections de films et de photographies prises sous la surface, mais aussi lieu de rencontre avec les artistes passionnés par l’océan, initiations à toutes les pratiques plaisancières, visites de bateaux et démonstrations, sensibilisation à l’environnement : les marmays et leurs parents ont pu découvrir toute la variété des activités nautiques disponibles à La Réunion, et se rendre compte des richesses naturelles du littoral Ouest. Organisé par l’Office de Tourisme de l’Ouesrt et Sciences Réunion, le festival s’est déroulé durant deux semaines dans une ambiance chaleureuse et conviviale, prouvant s’il en était besoin l’intérêt du public pour les beautés de son île et ses richesses scientifiques. Retrouvez toutes les photos du festival sur www.ouest-lareunion.com ... et rendez-vous l’année prochaine pour la 3ème édition !

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© Mickael Dalleau

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