Vavang n°5

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À l'Ouest ! no 5 / offert

L e m ag a

zine

UIT GRAT s fait u o v i

qu v r ir r e d é co u ion

L a Réun

fred theys L’esprit de la ruche

les rois de la criée marché de portraits

être si sel visite épicée

La cabane du zébre à mafate-les-bains

randoportages à dada ou à vélo

du fil à retordre

les coulisses sous la surface


À À l'Ouest l'Ouest !!

surfez sur de belles pages ! Alé Voir !

Dossier

Dann Zion

visite guidée

domoun

AGENDA

Infos pratiques boutik sinwa

24h avec...

abonnez-vous & profitez de bons plans rendez vous sur


édito

DU TEMPS À PERDRE

La photo de couverture de ce numéro, ainsi que de notre reportage sur les filets de protection est de Guillaume Néry. Plusieurs fois recordman du monde d’apnée, cet homme qui descend jusqu’à 126 mètres de profondeur est l’un des tout meilleurs au monde. Avec sa société de production, il réalise également des documentaires et des clips, dont celui de Runnin’, dernier single de Beyonce. Très attaché à La Réunion, il était de passage dans l’île il y a quelques semaines.

Saviez-vous que vous pouvez voyager dans ironie détachée si l’on ne veut pas se faire le temps ? Vous le faites même chaque jour. traiter d’ahuri, de laboureur de clichés, de Quand vous regarder le crépuscule, par fumeur d’opium. exemple, ce que vous voyez, c’est le soleil tel qu’il était il y a huit minutes. C’est le temps Nous ne les considérons plus qu’en de rares que met la lumière à parcourir la distance occasions, en évitant d’en parler à quiconque : qui sépare la Terre de son étoile. Ce que vous quand on se retrouve en pleine nature, isolé, contemplez avec apaisement en songeant et sans rien d’autre à faire que fouiller dans qu’il est agréable de savourer l’instant préla quincaillerie philosophique avec laquelle sent, c’est donc en réalité l’image de l’astre tel nous bricolons l’inconnu : Qui suis-je ? Pourqu’il était quand vous étiez encore en train de quoi j’existe ? Qu’est-ce que l’amour ? Comment garer votre voiture. Ou autre chose : saviezcontinuer de vivre de la même manière dès vous qu’il est scientifiquement prouvé lors que les ressources de la Terre sont que le temps passe plus vite épuisables et que le spectre de la quand on est en altitude ? pénurie se rapproche, que le Quelques centimètres de changement climatique différence suffisent. Ce est une urgence ? Trier la promenade qui veut dire que vos mes déchets sera-t-il pieds, par exemple, comme aventure suffisant ? Est-il vraivieillissent moins vite ment souhaitable de intérieure que votre tête. vivre en harmonie avec la nature ? Qu’est-ce que Vous allez me dire que ça ça implique ? Est-ce que je vous fait une belle jambe. Et je peux garder mon smartphone ? suis comme vous, je ne pense jamais à ce genre de choses. Leur constatation On se souvient alors que ces questions relève de la banalité, leur étude du casses’éprouvent autant qu’elles se pensent. Elles tête ; leurs implications sont lourdement provoquent une sensation physique, comme métaphysiques. C’est pourquoi, comme tous si quelque part à l’intérieur du corps, quand les thèmes susceptibles de faire l’objet d’un bien même nous n’y trouvons jamais aucune corrigé type dans un manuel de philo ou réponse rassurante, un appétit primitif était d’un livre des frères Bogdanov, ces évidences enfin satisfait. Vous trouverez beaucoup à compliquées sont balayées avec soulagement manger dans ce numéro de Vavang où il est par la plupart d’entre nous sitôt le bac en beaucoup question de perdre son temps poche. Arrivés à l’âge adulte, nous les jetons dans la nature. Sous l’eau, à cheval parmi les dans le grenier intellectuel où prennent la brumes, dans une cabane paumée, dans le poussière, pêle-mêle, les poèmes amoureux bourdonnement des abeilles : comme une de nos adolescences, les questions existencartographie des lieux où toutes les remises tielles, les disques de Jean-Jacques Goldman en question deviennent possible. La promeet les t-shirts anarchistes. Toutes choses qu’il nade comme aventure intérieure. convient, dès la majorité, de traiter avec une

sommaire ALÉ VOIR ! p.4

Par ici ou par là ...

domoun p.12 Fred Theys

dann zion p.16 La Cabane du Zébre

boutik sinwa p.20 Les rois de la criée

en coulisse p.24 Du fil à retordre Reportage sous la surface

randoportage p.34 À dada

Randoportage p.38 À vélo

visite p.42 Être si sel

AGENDA p.44

L’éditeur décline toute responsabilité quant aux erreurs éventuelles. Toute reproduction ou utilisation, intégrale ou partielle, des images et textes est interdite. Vavang est réalisé en partenariat avec l’Office du Tourisme de l’Ouest. contact@vavang.re / 0262 10 84 10

no 5 Une édition Dir. de la publication : Sandrick ROMY Rédac. en chef : François GAERTNER Photographies : Mickael DALLEAU Shutterstock : p4, 5, 47, 48 Impression : Graphica DL / N° ISSN : 2492-3575

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LIVE AQUATIQUE Simina Grigoriu © Marie Staggat

LA CROISIÈRE S'AMBIANCE 974 DAN LA PLAS

L'OSCAR DU MEILLEUR VOLCAN Le tourisme, c’est comme le cinéma. Il existe une vaste quantité de prix qui saluent les meilleures destinations dans toutes les catégories, et ces prix sont renouvelés tous les douze mois par ceux qui les décernent. Ce qui peut sembler étrange puisque, si de nouveaux films sortent régulièrement, on n’imagine guère de nouveaux territoires apparaître sur la carte pour fournir chaque année aux académiciens des vacances un réservoir de nouveautés à classer – à part peut-être à Dubaï, où il n’est jamais impossible de voir émerger de nouvelles îles artificielles. Le renouvellement de ces classements est d’autant plus étrange que les paysages ne s’altèrent que très lentement : une

fois établie la hiérarchie des plus belles plages du monde, par exemple, il est peu probable qu’elle doive être amendée souvent. Nonobstant, ces classements sont reproposés régulièrement, ce qui a au moins un mérite : faire découvrir notre île à des personnes qui n’en savent rien. Ainsi La Réunion a-t-elle été élue en janvier dernier Première destination volcanique au monde par les 23 millions d’usagers du site anglais Wayn, devant le Japon et son célèbre Mont Fuji, l’Italie et l’Islande. Dans le même genre, en Chine, La Réunion a été élue Meilleure destination de plein air, tandis que les usagers de Qyer, équivalent chinois de Wayn, l’ont classée dans le Top 3 des destinations de lune de miel, derrière Santorin et les Maldives.

Le Bato Concert est le nouveau concept proposé par le société de production Nasyon Kréol et le Grand Bleu, navire de tourisme qui vous embarque chaque jour depuis le port de St-Gilles pour des safaris baleines ou de simples balades en mer au coucher du soleil. Leur idée : proposer à leurs passagers, lors de ces sorties crépusculaires, un concert live chaque semaine. Pour l’instant, ce sont des petits groupes qui sont au programme, mais si la sauce prend, on pourrait bientôt assister à des concerts d’artistes confirmés dans une configuration intimiste inédite. Cocktail offert, musique amplifiée pour public limité à 30 personnes, et derniers rayons à l’horizon : pour connaître le programme, n’oubliez pas de consulter l’agenda de l’Office de Tourisme de l’Ouest. Bato Concert Horaire : Départ tous les vendredi à 17h15. Tarif : 40€ par personne Tél : 02.62.33.28.32

ARMÉE ROUGE

Pour le cas où vous seriez étanches aux langues étrangères : « Nihao » veut dire bonjour en chinois. Vous devriez vous y mettre sérieusement, puisque les rapprochements se multiplient entre La Réunion et l’Empire du Milieu, plus grand réservoir de touristes au monde. Dernier signal en date, la venue dans l’Île d’une équipe de tournage de l’émission World

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Film Report, qui réalise des documentaires sur différents pays du monde où le tournage de films est possible. L’émission quotidienne est diffusée sur China Movie Channel, et rassemble près de 22 millions de spectateurs, soit 26 fois la population réunionnaise. S’ils décident tous de venir, on aura l’air malins.

Image d’illustration

NIHAO !


Alé Voir !

BOOM BOOM BIENVENUE

FLUX MIGRATOIRES

RETOUR AU LAZARET Dans notre dernier numéro (Vavang#4), nous vous parlions du Lazaret de la Grande Chaloupe, lieu de transit et de quarantaine par où les travailleurs engagés qui arrivaient à La Réunion devaient transiter avant de s’installer dans l’île. Cet endroit important de l’histoire réunionnaise fait aujourd’hui l’objet d’un circuit touristique guidé par Clovis, intarissable spécialiste du patrimoine, pour qui le lieu a une valeur toute particulière, puisque son propre grand-père y séjourna à son arrivée de Madagascar. Entre grande histoire et intimité, un parcours indispensable pour comprendre la culture réunionnaise d’aujourd’hui. SUR LES TRACES DES ENGAGÉS INDIENS Tous les 2e et 4e samedi du mois Durée : 2h Tarif : 9€ adulte / 6€ enfants Réservations : 0810.797.797 Plus d’info : www.ouest-lareunion.com

La culture club n’a jamais vraiment réussi à s’implanter à La Réunion. Malgré une scène locale de haute qualité portée par des festivals et des producteurs de talent, les amateurs d’électro (et de ses multiples dérivés) doivent voguer de soirée régulière en soirée ponctuelle dans des boîtes et des bars dont ce n’est pas la vocation exclusive, et donc se tenir informés de l’actualité d’un grand nombre de lieux et de DJs pour s’y retrouver. Nayah, l’un des organisateurs de soirées les plus en place, a récemment décidé de remédier à cet état de fait en

AU CLUB

inaugurant la Warehouse, premier lieu entièrement dédié à la culture électronique dans l’Ouest. Perché sur le toit de l’Arena à l’Ermitage, son but est d’offrir au public du genre un endroit où il pourrait, chaque week-end, se rendre les yeux fermés et les oreilles ouvertes pour découvrir des DJs et des producteurs locaux et internationaux dans une ambiance appropriée. WAREHOUSE ELECTRONIC CLUB Rue des Îles Éparses, L’Ermitage Horaires : Vendredi et Samedi, de 22h à 5h www.warehouse-electronic-club.com

MIXOLOGIE

OÙ TROUVER LE MEILLEUR BARMAN DE LA RÉUNION ? En janvier dernier se tenait à l’Arena la 5e édition de la Barman Cup, compétition qui oppose des barmen et barmaids de toute La Réunion. Pour la 2e année consécutive, c’est Anthony Henry qui a remporté le titre, grâce à un cocktail de sa composition à base de crème de fraises fraîches. Quand il ne gagne pas des concours en inventant des recettes surfines, le jeune homme travaille au PM, à Boucan Canot. Pour goûter ses talents, rendez-vous au PM tous les premiers jeudi du mois pour des soirées Sushi, Cocktail & House Music. Le PM Place des Coquillages – St-Gilles-les-Bains Ouvert 7/7, de 7h à minuit

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MACATIA MON AMOUR !

© Mickael Dalleau

En ces temps troublés où les souvenirs et les mystères des enfances créoles disparaissent sous les couches de béton, l’adjectif lontan est mis à toutes les sauces pour signaler l’espoir d’une authenticité devenue synonyme de luxe – paradoxe suprême si l’on considère que ce qui est aujourd’hui considéré comme authentique à La Réunion est bien souvent apparu par nécessité dans un contexte de pauvreté. Exemple : le macatia, qui selon l’historien Prosper Ève tiendrait son nom du mot swahili mkate, qui veut dire pain.

KARAÏ

VIÉ LÉKOL Fut un temps où Le Cocotier, au centre de La Saline les Bains, était un rendez-vous couru pour les amateurs de cuisine chinoise à la créole. Ces dernières années, bien que le goût n’y ait jamais vraiment changé, cette institution balnéaire installée depuis un demi siècle avait largement désempli, peinant à se renouveler. Reprise il y a plusieurs mois par un nouveau propriétaire, l’adresse a retrouvé sa dynamique sans renier les classiques qui ont fait son histoire – bol renversé, sauté de porc au gingembre, nems et autres délices orientaux. Si le buffet du

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Le chercheur explique également que son apparition date du temps de la traite à La Réunion, où il était parfois préparé pour améliorer l’ordinaire des esclaves, fait de maïs et de manioc. Bourratif et sucré, il fournissait une solide base énergétique à bon prix. Reste que le macatia, enrichi de pépites de chocolat, de confiture ou de fromage, est inscrit dans la mémoire affective de tous les Réunionnais.

dimanche manque un peu de variété et de fraîcheur, Le Cocotier reste plus que jamais une bonne adresse pour se fournir en barquettes à la sortie de la plage. Le Cocotier 6, Route du Trou d’Eau – La Saline les Bains 02.62.24.61.19

Mais à l’heure des boulangeries industrielles, où dénicher la précieuse brioche qui vous fera retrouver les parfums de l’enfance ? À Trois Bassins, chez M. Fontaine, restaurateur et pâtissier qui, chaque jour, pétrit à la main ses petits pains. La différence ? « Un bon levain. Il faut laisser du temps au levain pour que le macatia soit onctueux, et respecter une recette naturelle sans additifs pour qu’il se conserve longtemps. Mes macatias sont plus onctueux, et surtout, vous pouvez les acheter et les manger trois jours après, ils seront toujours aussi bons. » Pizzaïolo, restaurateur, boulanger et pâtissier, M. Fontaine est aussi un expert de la pièce montée lontan, dont la principale qualité est selon lui a robustesse. « Les anciens devaient garder la pièce montée pour les lendemains de fête, pour le rogaton. Et il fallait qu’elle soit aussi bonne que la veille. Le secret, c’est le coup de main, les ingrédients naturels, et la patience. Mais surtout, c’est l’amour ! » Macatias Lontan Le mercredi matin au marché de Piton St-Leu Le samedi matin au marché de St-Leu 6, allée de la Source - 97426 Trois-Bassins À la commande : 0692.65.25.18

Image d’illustration

MADELEINE


Alé Voir ! ÉTANG LONTAN

Retraité de l’éducation nationale, Paulo n’a pas chômé longtemps. Depuis 5 ans, il crée patiemment une petite arche de la biodiversité créole près de l’Étang, au Tour des Roches à St-Paul. Sur un hectare de terrain, il a planté ou entretient près de 400 espèces tropicales typiques de La Réunion, dont certaines sont aujourd’hui menacées de disparition, ou dont on a oublié les qualités. Fruits lontan, cafés, variétés de vanille, plantes médicinales : tout est bon pour ce passionné de botanique qui prend même soin des mauvaises herbes : « Je déteste ce nom, mauvaise herbe. 95% des plantes qui poussent ou ont poussé à La Réunion ont eu, à un moment donné, une utilité, culinaire, médicinale ou autre. Le fait que plus personne ne s’en rappelle ne fait pas de la camomille ou du poc-poc de la mauvaise herbe ! Je travaille avec des tisaneurs qui, eux, savent très bien en tirer les bienfaits. » Depuis l’année dernière, Paulo fait visiter son magnifique jardin, chaque semaine, aux particuliers que ça intéresse. Et son arche est au programme d’un Zarlor (concept de sortie guidée thématique de l’Office du Tourisme de l’Ouest). Ô JARDIN DE PAULO Chemin Déboulé – Tour des Roches – St-Paul Contact : jardindepaulo@gmail.com www.olardindepaulo.jomdo.com Zarlor Ô Jardin de Paulo LE 3 Juillet Atelier de farication de manioc, ateliers marmailles, visite du jardin avec Paulo et déjeûner. Tarif : 29€ adulte / 22€ enfant. Réservations : www.ouest-lareunion.com

C’EST DANS LES VIEUX POTS…

le + ANCIEN GÎTE DE MAFATE est TOUJOURS la RÉFÉRENCE Le Tamaréo domine La Nouvelle de son jardin fleuri, ouvert sur les cases de l’Ilet, les remparts du cirque et le Gros Morne. Literie haute qualité fort appréciable les soirs d’après-rando, jacuzzi en plein air idéal pour le délassement et cuisine recherchée : Jean-Yves Bègue tient sans conteste l’établissement étalon pour ceux qui aimeraient visiter Mafate, mais qui n’ont pas d’affection particulière pour les relais spartiates associés à la haute montagne. TAMARÉO La Nouvelle – Mafate Tarifs : 20 € pour un lit en dortoir // 25€ par adulte pour le dîner / 20€ par enfant 7€ pour le petit déjeûner Réservations : 06.92.32.08.28

© ADE

L'ARCHE DE PAULO

LA CLASSE AMÉRICAINE

FAIM D'ÉTOILES Le nouveau 5 étoiles de La Réunion surplombe le lagon de Trou d’Eau. Piscine à débordement avec vue sur les fonds coraliens, deux restaurants, dont un gastronomique, spa de la marque Cinq Mondes, Jaguar avec chauffeur disponible pour vos transferts vers l’aéroport : l’Akoya a été imaginé pour répondre aux exigences d’une clientèle internationale, indienne ou chinoise, qui ne trouve pas à La Réunion le niveau de prestations qu’elle recherche. 104 chambres grand luxe à partir de 240€ la nuit à une minute à pied du lagon. Tout semble parfait dans cet écrin qui s’est choisi pour emblème une perle japonaise réputée être la plus soyeuse au monde. Dès l’ouverture, l’établissement annonçait

vouloir décrocher l’étoile au Michelin avec son restaurant La Perle, pour lequel le chef Marc De Passorio avait été recruté. Installé en Provence, ce Réunionnais d’origine y a déjà obtenu une première étoile, ainsi que le Gault & Millaud d’or. Mais quelques mois seulement après l’ouverture de l’hôtel, Marc De Passorio est reparti. Officiellement, sa fonction au sein de l’établissement n’était que de contribuer à créer le pôle restauration et d’en former les personnels. Tant pis si ça n’est pas exactement ce qu’on expliquait aux journalistes au moment de l’ouverture. C’est son second de cuisine, Kevene Marimoutou, qui a repris les rennes. Akoya 6 impasse Les Goélands - La Saline les Bains 02.62.61.61.62
// www.akoya-hotel.com

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Alé Voir !

LES MURS ONT DES HISTOIRES Faire d’une ville un musée vivant du street art. C’est la belle idée de Village Titan, une association qui invite des graffeurs du monde entier à peindre les bâtiments dans les quartiers populaires du Port.

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« L’idée de départ, c’était d’inviter des artistes d’ici et d’ailleurs à intervenir à l’intérieur même des quartiers. Nous avons choisi de ne pas peindre les murs les plus visibles qui donnent sur l’avenue. Pour voir les œuvres, il faut vraiment entrer. » précise Manuelle Pellissier, initiatrice de ce projet baptisé Ville Musée. « Ça fait 15 ans que je travaille sur le terrain avec les habitants de ces quartiers, et je voulais qu’ils soient impliqués, que ces œuvres s’adressent d’abord à eux, qu’ils puissent se les approprier. Les retours ont été magnifiques : les gens étaient heureux de pouvoir rencontrer et échanger avec les artistes, ils ont fait la cuisine pour eux, et ils ont très vite donné leurs impressions sur certains graffs. On a une vieille dame qui vit seule dans un appartement en face du grass de Neo, où l’on voit une petite fille assise avec

un chapeau de paille. Elle nous a dit qu’en regardant par sa fenêtre, avait la sensation de parler à un petit enfant. Les gens se racontent plein d’histoires, il y a un vrai échange avec le public. » À l’heure où le street art entre dans les galeries du monde entier, le projet de Manuelle Pellissier est une manière de lui offrir un musée plus conforme à sa nature. Ville Musée va continuer de se développer en invitant d’autres artistes réunionnais et internationaux à intervenir dans de nouveaux quartiers. Oubliez le Louvre et sa Joconde : Le Port pourrait bientôt devenir la capitale mondiale du street art !

© Mickael Dalleau

Comment rendre attractive l’architecture austère des barres d’immeubles, à la fois pour les gens qui y vivent, mais aussi pour les autres, passants et flâneurs de tous horizons ? Village Titan, l’une des plus anciennes associations culturelles de La Réunion, au eu l’idée, à la fois géniale et toute simple, de transformer ces quartiers en galeries d’art de plein air. Des fameux Gouzous de Jace, le plus célèbre graffeur réunionnais, aux poulets multicolores de Ceet en passant par les rêveries grand format de Seth, artiste connu entre autre pour ses reportages sur le street art dans l’émission Les Nouveaux Explorateurs sur Canal+, le micro-quartier de La Rose des Vents s’est transformé au mois de décembre en zone d’expérimentation artistique et en espace d’exposition XXL.


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Š Mickael Dalleau


UN ÉCLAIRAGE DIFFÉRENT SUR L’OUEST DE L’ÎLE


zarlor

gourmand

SAmedi 9 avril

spécial légumes lontan Petit-déjeuner + atelier de cuisine + déjeuner Redécouvrez les légumes lontan (conflor, patole, kambar, voème ...) et mettez-les au goût du jour. • Tout public • 8h30 à 16h • 36€/pers.

zarlor

rando

samedi 30 avril Grand Bénare

spécial lever du soleil Rando guidée + collation + déjeuner un moment grandiose, unique, avec une vue à 360 degrés sur l’Ouest. départ à 2h du matin pour 7h de marche • Marcheurs réguliers • 18km • Avec guide • 24€/pers.

zarlor

culture

dimanche 17 avril Jour de l’an tamoul Petit-déjeuner + visites guidées + dégustations + repas végétarien + transfert bus Partez sur les traces des engagés indiens

• Tout public • 8h à 16h • Avec guide • 43€/pers.

dimanche 8 mai

le vieux saint-paul tour des roches / saint-paul

Riz sofé + rando historique + déjeuner créole + atelier autour du coco Marchez sur les traces des premiers Réunionnais. • Tout public • 8h à 14h • Avec guide • 39€/pers.

Zarlor

Détente

Zarlor

paddle

au lagon saline-les-bains

Sensations Fortes

kayak

plongée

à la plage de trou d’eau

bien être nature

lâcher prise immédiat au Lodge Roche Tamarin

biodiversité

kayak à l’étang saint-paul

au port ou saint-gilles

parapente à saint-leu

nager avec les dauphins

au départ de saint-gilles

+ D’INFOS & DÉTAILS • RÉSERVATIONS

WWW.OUEST-LAREUNION.COM 0810 797 797


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domoun

L'ESPRIT DE LA RUCHE Fred Theys

© Mickael Dalleau

Dans le quartier de Bois Rouge, entre savane et temples malbars, Fred Theys dessine et soigne ses abeilles. Illustrateur et apiculteur, il vient de publier une BD qui rassemble ses deux passions pour réconcilier l’homme et la nature.

Silhouettes minuscules de blanc vêtues, de fins traits sombres en guise de membres et la tête en bille noire : entre la mélancolie rêveuse de l’ami Pierrot et la simplicité élémentaire des peintures rupestres, les Zazous sont de drôles de lutins. Ils sortent du creux des arbres, glissent sous les pierres, se promènent dans la nature, regardent flotter un nuage ou un oiseau lointain. Ils sont nés de l’imagination d’un homme, Fred Theys. Assis dans l’ombre de son atelier, dans le village de Bois Rouge, à la lisière de la savane, ce quadra patient mouille son pinceau à la salive et trace minutieusement ses tout petits bonshommes. « La plupart des dessinateurs de BD font leurs planches sur grand format, que l’éditeur réduit de moitié. Je dois être un des seuls à dessiner en taille réelle. » Dehors, un grand jardin pagaille entoure un vieux boucan noirci et une soixantaine de ruches, l’autre passion de ce maigrichon dont la voix douce et l’air rêveur évoquent un peu le réalisateur français Michel Gondry.

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© Mickael Dalleau

BANDE DÉCIMÉE

ZÉBULO, KÉZAKO ? Installée dans le village artisanal de l’Éperon, cette structure réservée aux enfants de 18 mois à 6 ans accueille les enfants pour des ateliers BD, d’éveil musical. Créé en 2009 par Nathalie Dromson, spécialiste de la petite enfance, et par Bruno Gaba, musicien et éditeur, Zébulo publie aussi des ouvrages pour la jeunesse. Ses très chouettes livres musicaux sur le séga et le maloya ont cartonné, et Zébulo se consacre aujourd’hui à de nouveaux projets, comme l’édition d’une première BD, Des Abeilles et des Hommes, de Fred Theys. Zébulo 81 rue Fond Générèse – Village artisanal de l’Éperon Tél : 0692 26 40 03 www.zebuloeditions.com

ACTIVITÉS POUR LES ENFANTS : • L’Atelier des Tout-Petits Activités créatives diverses Lundi - Samedi, 8h30 - 12h • Éveil musical, avec Marjorie Vagner Dès 18 mois : le mercredi matin, avec les parents / 3-6 ans : mercredi après-midi • Atelier BD, avec Moniri M’Baé Samedi après-midi • Accueil Parents-Enfants Lundi et vendredi, 15h - 18h

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« Je suis né en Bretagne et j’ai grandi à Paimpol, dans une famille populaire. Ma mère était cantinière, mon père travaillait dans le bâtiment. J’ai toujours été proche Frappées depuis le milieu des années 90 du milieu rural, et les abeilles sont un sujet par une vague de mortalité dramatique pratique pour engager la conversation. À La due à l’emploi massif de produits chimiques Réunion, où que tu ailles – quand tu montes dans l’agriculture, les colonies d’abeilles à Mafate par exemple – il y a souvent une sont régulièrement décimées partout sur ruche dans le jardin. C’est un peu pour ça que la planète. Trois territoires sont encore je m’y suis mis. Les abeilles créent du lien épargnés par l’hécatombe : l’île d’Ouessant, entre les hommes. » Devenu spécialiste, il en Bretagne, l’Australie et La Réunion. « Les partage aujourd’hui ses connaissances lors bactéries qui font le plus de dégâts chez les de conférences sur l’apiculture tropicale abeilles [dont les défenses immunitaires et tous les samedis matin, chez lui, lors sont affaiblies par les pesticides, NDLR] d’ateliers avec des apprentis volontaires. ne sont pas encore présentes chez nous », « Quand j’ai commencé à proposer des cours, explique Fred Theys. Loin de n’inquiéter que je me disais que le nombre de gens la frange militante de l’écologie, intéressés serait vite épuisé, l’effondrement des populaet que ça ne durerait tions alarme jusqu’aux pas. » Mal vu. Par économistes, qui La Réunion est petits groupes, de craignent ses l'un des derniers nouveaux amateurs conséquences sur la viennent chaque production agricole. endroits où les semaine s’initier Leur préservation abeilles sont en à l’apiculture, est en effet un enjeu bonne santé dans une île où les de taille : sur la totaliconditions sont encore té des végétaux cultivés idéales. « C’est un peu en Europe, 8 espèces sur 10 triste à dire, mais La Réunion est dépendent principalement des l’un des derniers endroits au monde où les abeilles pour la pollinisation. abeilles sont en bonne santé. » Ce lien étroit qui existe entre les précieuses mouches à miel et la vie humaine, Fred Theys vient justement d’en faire une BD, Des Abeilles et des Hommes : « C’est avant tout une histoire d’amour. Un enfant essaye de convaincre son oncle d’apprendre avec lui à connaître les abeilles : l’homme est amoureux d’une femme qui aime les fleurs et cultive une orchidée rare. L’enfant lui explique que les abeilles connaissent tous les secrets des fleurs, et qu’elles pourraient l’aider à rendre cette femme amoureuse. » Une pédagogie douce qui emprunte les chemins détournés de la poésie, des images et du conte philosophique pour toucher les consciences, plutôt que l’impact dramatique des discours et des chiffres.


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DES NOMBRES À LA LUMIÈRE

15 ans plus tard, il vit de son art, entre édition d’albums pour la jeunesse, BD muettes, interventions dans les écoles et performances improvisées où il peint en direct une histoire qui se construit en dialogue avec le public. De l’intelligence Choix surprenant, quand on sait que Fred artificielle à l’intelligence collective : Fred Theys a un passé avec les nombres. ÉtuTheys est de ceux qui préfèrent la société diant brillant, il décroche après son Bac+5 des hommes et la simplicité aux aliénations une bourse de thèse et poursuit ses de la technologie. Fondateur avec recherches en mathématiques Danyèl Waro de l’association dans un labo rennais qui Kaz Kabar, installée planche sur les preà quelques pas de mières intelligences un lieu où langue sa maison, il se artificielles. « Mais créole et musique réjouit de voir que je sentais depuis le se fondent pour les habitants du début que ce n’était quartier populaire une sensibilisation pas la vie que j’avais de Bois Rouge, dans à l'environnement envie de construire. les hauts de SaintDepuis longtemps Paul, se sont rassemblés déjà, je fabriquais des autour d’un lieu d’échange, instruments de musique, que de réflexion et de création où je vendais pour payer mes études. la langue créole et la musique se fondent Gamin, c’est en regardant un documentaire à dans un programme de sensibilisation la télé sur Rembrandt que j’ai eu envie de me à l’environnement. Les maloyèrs et les mettre à dessiner. Bref, j’aspirais à d’autres fonnkézèrs y croisent les tisaneurs et les recherches. Et puis je n’aimais pas trop les défenseurs de l’agriculture biologique dans débouchés des travaux qu’on menait. Les un esprit de partage. Un programme bucoapplications pratiques pour les intelligences lique en butée à l’ère de la consommation artificielles, c’était surtout la surveillance, aveugle et de la surveillance numérique qui la défense…» Tocade : le fils de prolétaire attire un nombre grandissant d’insatisfaits paimpolais lâche sa thèse et sa situation en quête de sens, de simplicité et de stable pour tailler d’autres pistes, s’envole pour La Réunion avec femme et nourrisson, liberté. Une flibuste pacifique, si vous voulez. Il est amusant de noter, d’ailleurs, apprend le dessin en autodidacte. que les pirates et les abeilles ont un mot en commun : le butin, ou la richesse que l’on partage.

L'ÉCOLE DU JARDIN PLANÉTAIRE Fred Theys est l’un des intervenants de l’Université Populaire de l’Île de La Réunion, baptisée École du Jardin Planétaire. Cette organisation a pour but de « partager le savoir et la connaissance et de cultiver la biodiversité » dans l’île. Projections, conférences, ateliers, initiations ou formations : chaque semaine, les membres de cette belle institution peuvent se retrouver atour d’une thématique différente liée à la culture, au patrimoine ou à la biodiversité réunionnaise. L’adhésion ne coûte que 20€ par an. Cette association est inspirée par le concept de Jardin Planétaire développé par le paysagiste Gilles Clément, connu entre autre pour avoir réalisé les jardins du musée du Quai Branly. Son idée : la Terre est, comme un jardin, un espace clos aux possibilités et aux ressources épuisables qu’il nous revient d’entretenir avec soin. Un beau projet entre écologie, modification des liens entre l’homme et la nature et démocratisation des savoirs. www.ecoledujardinplanétaire.re

© Mickael Dalleau

COURS D'APICULTURE Fred Theys reçoit particuliers curieux et futurs professionnels, débutants ou confirmés, chez lui tous les samedi matins pour des formations à l’apiculture. Les cours ont lieu de 9h à 12h. Renseignements : 02.62.22.73.39

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LE ZÈBRE DE MAFATE LES BAINS C’est une cabane adossée à la colline. Un bungalow au confort minimal dans un écrin de verdure. Tout autour, la savane. Et dedans, un capitaine au long cours qui a eu plusieurs vies.

Bonne combine : c’est un agriculteur qui, en échange de « À notre arrivée, il a fallu planter. Un simple éclat de verre leur gardiennage, les autorise à planter leur case au pouvait faire démarrer un incendie. Contrairement à ce qu’on dit, ça ne part pas toujours d’une intention milieu de nulle part, sur un bout de propriété qu’il n’exploite pas. Impossible de bâtir en dur dans criminelle. » Thierry aime sa pampa. Cheveu pagaille et menton mal rasé, lunettes ce nowhere agricole, alors ils récupèrent des Impossible d’informaticien, t-shirt estampillé Kaya modules EOLES, sorte d’Algeco en métal, de bâtir en dur (icône, inventeur et martyr mauricien qui servent de structure à ce qui deviendra du seggae) : cet ancien punk anarchiste la maison. Un habitat démontable qui leur dans ce nowhere permettrait de plier bagage rapidement reconverti hippie conserve la dégaine agricole échevelée d’un homme qui n’a jamais cessé en cas de problème, le deal se situant alors de vivre en accord avec ses idées. Posé au à la limite de la légalité. Conçue comme un bateau, bardée de pin, la case leur paraît milieu du zion où il est installé depuis 20 ans, il se souvient. Il a 30 ans quand il débarque avec sa immense après des mois passés en mer dans un monocoque de 10 mètres. fiancée : « On cherchait un loyer, on a trouvé un terrain. »

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dann zion

© Mickael Dalleau

DES RÊVES PLEIN LA VOILE L’histoire commence dans le Val de Marne. Gamin du Grand Paris élevé dans un département rempli de banlieues rouges, Thierry est de la génération des blousons noirs à la Renaud et des punks anarchistes propulsés à mobylettes, dont il se revendique malgré une ouverture musicale plutôt mal vue dans le milieu : « Je supportais tous styles musicaux, et même le jazz pour faire chier les potes. » À l’époque, Thierry rêve de trip en Grèce à moto, finit en Yougoslavie en stop, part pour l’Afrique pour se perdre au Brésil. A son retour en banlieue, il s’adapte, bosse pour Dassault – un an dans des abattoirs, un autre sous les ailes des avions de guerre. « Pas franchement excitant », concède-t-il. Son frère fait de la planche à voile à La Réunion. Il décide alors de le rejoindre et trouve du boulot comme dessinateur dans un cabinet d’archi. Après six ans d’éducation nationale à former les enseignants, il retourne au DAO (dessin assisté par ordinateur) et alterne les bureaux d’étude et la formation. Ça marche bien, très bien même, et après quelques mois de travail acharné, il peut se payer un bateau pour emmener femme et enfants voguer d’île en île : Mada, Mayotte, les Seychelles...

MAFATE LES BAINS Puis retour à La Réunion, donc, où il finit par trouver cet immense terrain vierge au milieu de nulle part, le paradis pour un hobo qui se contente de peu. Avec passion et patience, il nous raconte comment il a transformé un désert en oasis. « On a planté des fruits à pain, des cocotiers, des pieds de combava et des bananiers. Ça apporte de l’ombre et de la fraîcheur. Et ça permet de compléter l’assiette du visiteur avec des produits du terrain ». Sur ces 3,5 hectares exploités par un agriculteur poussent des pieds de mangues early gold et josé, arrosés pied par pied au goutte à goutte. De 1994 à 96, la savane se transforme en un îlot de verdure : le verger, le jardin et la maison en bois, le tout alimenté en eau par les nombreux captages en amont. « Grace à cela on n’a jamais manqué d’eau. En fait on ne manque de rien et en même temps, c’est vraiment tranquille. Le voisin nous surnomme Mafate les Bains ». Tout ici respire le patchouli et la fleur de frangipanier accrochée derrière l’oreille. On s’imagine très bien en pantalon patte d’eph, assis le soir au coin du feu avec une guitare acoustique au bras

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dann zion

à jouer des chansons Yé-Yé. J’entends d’ici Joe Dassin siffler sur la colline en attendant désespérément sa bergère, un bouquet d’églantine à la main... Une fois la maison achevée, et après de nouveaux voyages dans les eaux de l’Océan Indien, la Cabane du Zèbre prend forme quelques années plus tard, vers l’an 2000. Sa charpente en cryptoméria soutient des pannes en gaulettes de goyavier recouvertes de paille de vétiver. « La production étant quasi abandonnée à l’époque, il a fallu en faire planter 5000 m² pour couvrir les 12 m² de la cabane. » Douze ans après, la couverture est habitée de termites : il faut démolir. Et reconstruire sur le même plan mais en dur, cette fois. Le pin sera retenu pour la charpente et le bardage, pour ce qui ressemble aujourd’hui plus à un bungalow qu’à une cabane.

CHANGEMENT D’AIR « J’ai tout fait moi-même, la maison comme le bungalow. Je suis dessinateur – projeteur en architecture, c’est mon métier. » À côté de la cabane, Thierry installe un sanitaire sommaire mais fonctionnel et un coin cuisine, en extérieur comme dans le temps lontan. La première activité proposée sur le site de ce gîte pas banal : la sieste dans le hamac.

Et c’est vrai que malgré les moustiques et la chaleur, à peine tempérée par la verdure, on s’y sent bien. « Les gens viennent chercher l’isolement. On reçoit à 50/50 des touristes venant récupérer après leurs randos et des locaux qui veulent un changement d’air, à 20 minutes à pied de la mer ». Maintenant que la Cabane tourne à plein, son prochain projet est un dériveur intégral, démontable et transportable, utilisable en cabanon, à installer sur une plateforme roulante dans son jardin, pour le mettre face au vent. « Sinon il fait trop chaud... » Mais au fait, pourquoi le Zèbre ? Est-ce pour rappeler que dans ce monde rien n’est tout noir ni tout blanc ? Ou bien est-ce une référence au film de Jean Poiré, où le héros excentrique mène plusieurs vies en même temps ? Sur la question, notre Thierry reste évasif. Tant mieux : le mystère reste entier. Cabane du Zèbre 06 92 20 12 55 / Tarif à la semaine : 250 € / Une nuit : 40 € www.cabane-du-zebre.sitew.com

CAMPING AUTORISÉ Petit plus : le camping est autorisé si vous venez avec vos enfants ou des amis, et une tente. Sinon il vous en sera prêtée une pour 10€ par personne. Alors n’attendez plus, suivez les pancartes zébrée et… détendez-vous ! Laurent Perrin

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d’autres BELLES LOCATIONS Dans L’OUEST Si les cabanes perdues dans la savane, ça n’est pas trop votre truc, on n’est pas super d’accord avec vous mais tous les goûts sont dans la nature. Voici d’autres options de locations sympathiques validées par Vavang.

KAZ NANA SAKIFO 1

© Mickael Dalleau

Cette location de charme est située à Plateau Caillou, dans l’écart magnifique du Hameau de Corbara qui borde la Ravine Bernica. Installé sur le terrain d’une grande maison avec un vaste jardin et une piscine, d’où vous profitez d’une belle vue sur la baie de St-Paul, un bungalow de 42 mètres carrés vous accueille en toute autonomie : cuisine équipée, séjour et table à manger installés sous une large véranda en bois, grande chambre avec un confortable lit double. 12, Rue Aregno – Saline les bains Tél : 0692.40.50.46 / Tarifs : à partir de 490€ la semaine / Week-end : 180€

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SENTEUR VANILLE

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VILLA BAUCÉAN 2

Ce mini-complexe rassemble une grande villa et plusieurs bungalows sur une mangueraie de huit hectares face à l’océan. Les bungalows accueillent de 2 à 4 personnes dans une architecture créole aux ambiances lumineuses super relaxantes. Un côté lodge aux ambiances bois plus africaines et plus dépaysantes vous offre des vues mers par dessus les arbres du verger. C’est l’un des coins les plus charmants et reposants de l’Ouest. 198, Chemin des Lantanas – St-Gilles Tél : 0692.78.13.05 Tarifs : Bungalow à partir de 69€, Villa à 169€ www.senteurvanille.com

VILLA SALINE

Dans un petit quartier de la Saline les Bains, cette villa contemporaine accueille jusqu’à six personnes. C’est un peu la maison de vacances idéale, avec piscine privée au milieu d’une grande terrasse en deck où l’on trouve un beau barbecue et des transats super confort, le tout à l’abri de palissades en bois à l’ombre des cocotiers. 3, rue des Argonautes – Saline les bains Tél : 0692.86.24.92 Tarifs : à partir de 75€ la nuit www.villasaline974.com

En plein centre-ville, la Villa Baucéan est le bon plan pour ceux qui veulent profiter d’une vie sans voiture au rythme balnéaire coolos de St-Leu. Trois chambres, une salle de bain, cuisine équipée, grande terrasse en deck et jardin à deux pas de l’océan. 33, rue du général Lambert – St-Leu Tél : 0692.85.37.67 / 0692.66.43.46 Mail : reservations@villabaucean.com Tarifs : de 690€ à 1090€ la semaine

VILLA DES SABLES

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Cette demeure familiale aux grands toits de chaume a été entièrement rebâtie il y a quelques années pour se mettre à la page d’une architecture moderne, où les larges ouvertures favorisent l’entrée de la lumière naturelle. Habillés de bois, ouverts sur un grand jardin tropical face à la mer, les trois bâtiments peuvent respectivement accueillir deux, quatre et cinq personnes – à la semaine uniquement. Meubles en teck, intérieurs sobres et authentiques, douche extérieure et commodités à la fois élégantes et fonctionnelles : tout ici dessine l’idéal confortable d’une vie bercée par le soleil et la douceur des courants d’air marins. 83 bis, rue des Sables – St-Gilles Tél : 0692.97.00.97 / Tarifs : de 840€ à 1500€ la semaine, pour 2 à 5 personnes www.maisondessables.com


LES ROIS DE LA CRIÉE On entend parfois dire que le marché de S-Paul, victime de son succès, n’est plus qu’un piège à touristes, qu’il a perdu son charme. Mais ce qui fait l’âme des étals, ce sont les personnalités qui les animent – gouailleuses, excentriques, marginales ou débrouillardes. Et le plus grand marché de l’île n’en manque pas. La preuve par trois.

JULIAN

TISANEUR EN HERBES

© Mickael Dalleau

Il se dit descendant des premiers habitants de Madagascar, magicien des plantes et des tisanes. Et il a développé une vision de l’économie qui n’appartient qu’à lui.

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Stratégiquement placé à l’entrée sud du marché depuis une bonne vingtaine d’années, Julian a l’œil d’un mirador malicieux. Il alpague les passantes à la taille fine, lance un retentissant : « Vous voulez rester aussi belle toute votre vie ? J’ai ce qu’il vous faut ! » Il a la dégaine des sages qui ne se prennent pas au sérieux, généreux en savoir et en bons mots. Le torse nu dans des vêtements dépenaillés devant ses tisanes séchées parsemées d’affichettes affranchies de toutes réformes orthographiques, il est comme à la maison. C’est que le bougre connaît le métier, ce descendant d’une longue lignée de tisaneurs affirme posséder un don inné « qu’on n’apprend pas dans les écoles d’infimières », il peut donc se permettre quelque assurance.

De la cueillette au séchage, jusqu’au mélange, Julian s’occupe de toutes les étapes du processus. A la manière d’un druide, c’est en pleine forêt qu’il trouve ses ingrédients : « Dans ma pensée, la forêt n’appartient pas à cet organisme qu’on appelle l’ONF. La forêt fait partie de nos ancêtres esclaves, du Tsilaosa. Comme je suis un descendant des sakalavas, les premiers habitants de Mada, je pense que j’ai accès à cette forêt que l’Etat demande pour lui. » Si la majorité de ses fabrications suit le fil de la lignée familiale pour traiter le diabète, l’eczéma ou le cholestérol, il se permet des concoctions d’inspirations nouvelles, comme ces fagots Bien-être : « Pour ce petit mélange-là, j’ai testé et les gens, après avoir goûté, m’ont dit : « Ca


marche ! » Ils dorment mieux, sont moins stressés, moins angoissés et ils en redemandent. Du coup, c’est moi qui me retrouve débordé. » Mais s’il dit s’être lancé de lui-même dans ces essais, il n’oublie pas de créditer une alliée de poids : « Avant de couper une plante, j’invoque l’intelligence de la Nature. Je lui lance un appel et attends de ressentir la réponse. » Une méthodologie sans doute réprouvée par l’OMS mais qui n’altère en rien ses ventes, ses tisanes partent comme des petits pains à 5€ la mezur. Un tarif si fixe qu’il questionne sur sa légitimité. « Pour moi, le chiffre 5, c’est important. Les cinq sens, les cinq formes platoniciennes, la majorité des fleurs ont cinq pétales, les cinq chakras, l’étoile à cinq branches, les cinq notes noires de la musique. Parfois, il y en a même qui disent « je te reçois cinq sur cinq », c’est pas pour rien. Après, je peux citer des centaines d’exemples comme ça. » Sans doute en trouverait-il même 500. Au milieu de tous ces cinq, une tisane dénote avec sa pancarte 4€. « Celle-là, il y a pas mal de gens qui en ont dans leur jardin, on n’est pas là pour arnaquer. » Il ne lâchera pas les noms des tisaneurs moins scrupuleux mais cet égard pour sa clientèle lui vient d’avant le marché, à l’époque où ces herbes frimaient dans des packages tape-à-l’œil dans les hôtels et les festivals. C’est ce même égard qui lui fit opter pour un retour à la simplicité d’un étalage d’herbes où prime la discussion, l’échange de savoirs. « Tant qu’on garde des choses il n’y a plus de place pour acquérir des connaissances. Alors il faut vider, faire de la place. Quand on donne, on reçoit ».

© Mickael Dalleau

DOMOUN

NICO

LA FLIBUSTE TOURNE AU VINAIGRE À la lisière de la forêt bigarrée des parasols et autres tentes abîmées flotte comme un drapeau noir. Il marque l’entrée d’une échoppe un peu spéciale pleine de flacons au couleurs étranges. Il suffit de passer devant Les Trésors de La Buse, à quelques pas de La Bergère qui borde la plage obsidienne, pour que sa singularité nous saute aux yeux : outre qu’il soit l’un des rares à porter un nom, outre ses drapeaux noirs et sa noix de coco sculptée en tête de flibustier, c’est le seul stand qui nous invite à quitter les artères passantes pour y pénétrer, comme une échoppe rangée au milieu du désordre.

Le temps d’un regard sur les couleurs vives contenues dans des bouteilles, fioles et bocaux que nous voilà déjà piégés dans l’antre du pirate. Nico, le capitaine qui colore depuis une décennie les étalages de ses récipients parfumés et de son accent aquitain n’a rien d’un marin d’eau douce. En redoutable mercenaire, il a su tirer son épingle du jeu en s’engouffrant dans l’angle mort de la concurrence : « Tout le monde se battait pour avoir le margouillat, le paille-en-queue, le dodo. Moi, j’ai cherché quelque chose qui pouvait être endémique d’ici, que personne n’utilisait. Et j’ai trouvé le pirate La Buse. »

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Jolly Rogers, cartes anciennes, cafés, vinaigres, épices et sirops : son étal n’a plus rien à voir avec celui de des débuts, quand il s’était lancé en vendant des fruits et légumes, sans grand succès, regardant avec dépit sa marchandise encombrer la planche d’invendus. Il opère alors un changement de cap stratégique : « Ce qu’on ne vendait pas, on en a fait des confitures. Et comme ça me gonflait, je me suis dit : « Pourquoi pas du vinaigre ? » Il a ensuite fallu faire sa place dans la cohue, et trouver le bon emplacement : « Quand on s’est installé ici, il y a six ans, personne n’en voulait parce que c’était de la terre battue au sol. On prenait la poussière dans la gueule dès qu’il y avait du vent. Le soir, les gens venaient y pisser. La pizzeria nous emmerdait comme pas possible. Mais le responsable des places nous a dit : « Ca va changer. » J’ai vu le potentiel, la façade, la profondeur. J’ai dit : « Je prends. »

Banco ! Dans son cabinet de curiosités savoureuses en retrait des allées bondées, ses vinaigres s’arrachent. Curcuma, letchi, tamarin, goyavier… les parfums tapent à l’œil, au nez et aux papilles, agrémentant chaque plat d’une empreinte spécifique. « Je fais macérer des fruits dans un vinaigre de vin vieux que je fais venir de Bordeaux. Si tu prends des racines comme le curcuma ou le gingembre, c’est très long, les fruits doux comme l’ananas et la cannelle aussi. Par contre, la vanille et les fruits acidulés agissent très vite. Je me suis ramassé avant de trouver les bons trucs. Il y en a d’autres qui font du vinaigre mais personne n’a une telle collection » se vante le commerçant dont la renommée – et les produits – voguent dans les cuisines des restaurants de l’île et au-delà des mers. « Et tout ça, sans avoir de site Internet ! »

© Mickael Dalleau

DOMOUN

DOM

AIRE GLACIÈRE Coincé entre un marchand de primeurs et une vendeuse de fripes, Dom trône humblement derrière son stand minuscule envahi de sorbetières antillaises aux allures d’antiquités. Affable, il attire le chaland d’une voix douce, explique patiemment que non, ce ne sont pas des glaces mais des sorbets. C’est plus sain, sans gélatine, et la fabrication n’est pas la même. Après quelques coups de manivelle, il en ressort une substance glacée onctueuse aux fruits de saison : passion, mangue, goyavier… On tique. Des goyaviers en

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mars ? « La saison redémarre, sourit Dom, on en trouve beaucoup dans le sud, tu peux me commander un seau si tu veux. » Comme tout bon débrouillard, le Guadeloupéen a plus d’un tour dans sa besace. Vendeur de churros, sculpteur sur bambou, fabricant de percussions, il a fait bien des métiers et continue de porter plusieurs casquettes, proposant toujours de confectionner des instruments à la demande. Il n’a jamais peiné à s’occuper et n’avait acheté ces machines de bois et de ferraille que pour mettre d’autres personnes sur la voie du sorbet : « J’ai proposé le travail à des gars mais personne

ne voulait. Je me suis lancé et voilà. » explique-t-il avec une simplicité qui traduit difficilement la difficulté de la profession. Parce que les tours de manivelles ne sont qu’une broutille. La préparation des fruits a découragé les poulains du sorbetier. Epluchage, mixage, extraction des grains, une nuit au frigo puis retour au boulot. « Le lendemain, je mets les fruits dans la machine et je tourne. C’est de l’huile de coude pour que ça devienne compact. » Parfois, il caresse l’idée de montrer l’étendue du processus au tout venant mais le marché n’est pas adapté à une


DOMOUN

telle pratique : « Je voudrais bien tout faire ici de A à Z mais il faut que j’aie l’électricité. Ce n’est pas possible d’avoir le jus tout le temps, des fois c’est saturé et ça disjoncte. »

De quoi rassurer sa clientèle qui peut retrouver encore quelque temps ses parfums préférés dans les allées marchandes. Les plus mordus peuvent commander ses prestations pour leurs fêtes et mariages mais, pour que ce soit rentable, Dom ne se déplace pas à moins de 300 personnes. Ne dit-on pas d’un plaisir qu’il se savoure mieux quand il est partagé ?

© Mickael Dalleau

Pas spécialement attaché à la vocation sorbetière, Dom parle de passer la main. Il évoque une reconversion vers les fruits séchés qu’il compte mettre en vente sur son stand actuel. Mais rien de presse, Dom est prudent. Dans la jungle précaire des étals où le succès n’est jamais acquis, il a tiré leçon de l’expérience d’un autre exposant : « J’ai un pote qui faisait ça avant. Il avait une machine à sorbet et l’a revendue pour vendre des vêtements. Mais ça n’a pas marché. Maintenant, il cherche une nouvelle machine pour revenir aux sorbets. »

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Š Guillaume Nery


en coulisses

DU FIL À RETORDRE SOUS LA SURFACE Reportage : Laurent Perrin Photos : Guillaume Nery, Mickaël Dalleau, MNS-Seanergy

Avec le grand retour du surf à Boucan Canot et aux Roches Noires, beaucoup s’interrogent sur la fiabilité des filets de protection. Pour nous rassurer, nous avons voulu aller les voir de plus près, en suivant les équipes de scaphandriers qui s’occupent de leur entretien. 25


Š Mickael Dalleau

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en coulisses

À la surface, une ligne de bouées jaunes marque un horizon retrouvé. Celui du surf à La Réunion, abandonné suite aux attaques en série d’une crise requin qui aura durablement éloigné les Réunionnais de leurs plus belles plages. L’installation des filets de protection autour des spots des Roches Noires et de Boucan leur a, en quelques semaines à peine, rendu vie. Et les riders par grappes de dix qui rament dur pour la priorité sur la moindre mousse ne sont pas les seuls à en profiter. Depuis les terrasses bondées où le bruit des caisses enregistreuses le dispute au grondement de la houle, on peut voir à quelques mètres du spot une armée de baigneurs hilares se faire faucher sur le sable par les déferlantes. Ils forment le gros des troupes d’une reconquête dont les éclaireurs s’aventurent solitaires, palmes au pied et masque collé au visage, à des dizaines de mètres du bord. Curieux mais prudents, certains d’entre eux avancent vers les pointillés jaunes qui marquent à la surface la limite du filet. Voyant au-delà de cette ligne des personnes s’affairer sur un bateau, un plongeur inquiet interpelle un tandem de MNS qui en revient à bord d’un jet ski : - Qu’est-ce que vous faites là-bas ? Un problème ? - Non, pas du tout, ce sont les scaphandriers qui réparent le filet. - Ah ? Et ils réparent quoi ? - Un trou. L’information est donnée sur un ton calme qui laisse entendre qu’elle est normale. Elle a pourtant de quoi déconcerter quand on est à 200 mètres du bord, seul au milieu de l’océan. Mais l’usure du filet, dispositif expérimental, est inévitable. Alors chaque jour, une équipe de MNS scaphandriers inspecte un total de 1207 m de lignes de protection installées sur les deux spots pour bricoler, à 12 mètres de profondeur, pince coupante dans une main et caméra Gopro vissée sur la tête. Tous les matins, pendant que les planchistes glissent dans les premiers creux, ces drôles de grillagistes palmés entament leur travail.

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© Mickael Dalleau

GARE AU STAPHYLO Il est 7h05 quand j’arrive, juste à temps, au rendezvous. La maison Avril, cette grande case blanche collée au Club Nautique sur le parking des Brisants, est le nouveau Quartier Général des scaphs. Leur mission : de Boucan aux Roches Noires, inspecter et réparer quotidiennement les « filets de réduction du risque requin » – on parle bien de réduction, puisque dans les mathématiques du calcul de risques, le zéro n’existe pas. À bord du bateau qui nous mène au premier spot, chacun se concentre sur sa tâche. Il y aura deux plongeurs en bouteille « et pas en scaphandrier comme dans Tintin » précise d’emblée Naï. Cet ancien ouvrier dans la construction bois doit sans doute expliquer tous les jours à ses proches, curieux de son nouveau travail, que les casques en cuivre à la Hergé appartiennent au passé. Les plongeurs sont couverts par un PMT (palme-masque-tuba) suivi par un jetski : le premier est là pour veiller à leur sécurité, le second pour mettre les gaz en cas d’accident. Sur l’embarcation semi-regide (de type Zodiac) sont restés le pilote et un COH, pour chef opérateur hyperbare. Je m’équipe à mon tour en PMT pour suivre leur progression sous-marine. Ils avancent vite, j’ai presque du mal à les rattraper, étourdi que je suis par la vue de deux tortues et de bans de poissons. Nous sommes à Boucan Canot et alors que nous avançons vers la partie du filet faisant face à l’embouchure de la ravine, l’eau se fait de plus en plus sale. Je ravale ma salive et croise les doigts pour ne pas choper un staphylocoque : « notre ennemi principal, avec les maux d’oreilles et de sinus ». Les plongeurs remontent après 45 minutes sous l’eau, à inspecter les chaînes de fond et les filets qui s’y rattachent. « Rien à signaler aujourd’hui : il n’y a pas eu beaucoup de houle ces jours-ci et le gros de l’entretien a été fait hier par l’autre unité » explique Bruno, chef d’équipe, alors qu’il débriefe déjà avec son collègue Laurent. Direction le spot suivant, aux Roches Noires, où l’eau est encore plus trouble et l’inspection plus rapide, du fait d’une longueur moindre du linéaire. Une fois l’inspection terminée, l’équipe contacte les

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en coulisses L’équipe (lors de ma sortie) / Photos : Laurent Perrin

MNS au bord qui attendent son signal pour hisser le drapeau vert. À 10h20, nous sommes de retour au port. « C’est une petite sortie pour nous aujourd’hui. En général nous ne sommes pas de retour avant 11h30, midi. » Le temps de travail est réduit, mais la fatigue est réelle. En plongée, vous brûlez en moyenne autant de calories que lorsque vous faites un footing à 8km/h. Passez deux fois 45 minutes dans l’eau et vous aurez dépensé autant d’énergie qu’en courant 12 kilomètres. Sans compter que refaire un nœud ou bricoler un raccordement peut être difficile quand on est encombré par le matériel, avec 20 kilos de bouteille sur le dos, une visibilité réduite et l’océan qui freine tous vos gestes. On pense aux premiers mots de La Java des hommes grenouilles de Ricet Barrier, l’un des grands fantaisistes de la chanson française : « Trainant les pieds au fond de la mer, Deux hommes grenouille se désespèrent…» L’usure physique implique des plannings adaptés. Des équipes de six alternent tout au long de la semaine selon un rythme 3/2 : trois jours de boulot, deux jours de repos.

LE PLASTIQUE C’EST FANTASTIQUE Les scaphandriers gèrent les petites réparations : remplacer un cordage rompu, serrer les boulons lâches, ce genre de choses. Lorsqu’une avarie plus importante est repérée, ils la signalent à Seanergy, l’entreprise qui a conçu et posé les filets, et qui reste liée à la mairie de Saint-Paul par un contrat de maintenance, indispensable pour suivre l’évolution d’un prototype testé pour la première fois. Dans l’imaginaire collectif, quand on parle de dispositif expérimental, on convoque des images futuristes de laborantins travaillant au laser dans un décor blanc minimaliste. Mais ici, on est plutôt en mode McGyver en eaux troubles. Lors de leurs interventions, les équipes de scaphandriers et celles de Seanergy doivent faire preuve d’inventivité, et on ne s’étonnera pas de voir certains raccordements effectués avec du tuyau d’arrosage. « Et pourquoi pas, finalement ? C’est une matière résistante et flexible. » On règle les problèmes à mesure qu’on les découvre.

BRUNO

Laurent

Laurent

Nico

Naï

Marie

C’est le chef d’équipe. Il est scaphandrier du bâtiment classe 2A et a travaillé notamment sur la Nouvelle Route du Littoral. C’est lui qui coordonne le travail de ses hommes sur le terrain.

Parisien dans une autre vie, il est MNS sur les plages réunionnaises depuis 25 ans. Nageur et surfeur passionné, il a suivi de près la crise requin et a émis des propositions, pas toujours entendues.

Il a le BNSSA (brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique) depuis peu. Avant il était dans la construction bois et consacrait ses week-end au surf et à la plongée en loisir (niveau 4).

Il est malade ce jour-là, a dû choper le virus qui traîne, mais a tenu à être présent et à faire ses heures. Il fait un peu la gueule et comme ses collègues, ne manque pas une occasion de râler.

Il conduit le jetski, en attendant de passer son niveau de plongeur-scaphandrier, classe 1B. De formation technicien agricole en gestion et maîtrise de l’eau, il est MNS depuis 4 ans et demi.

C’est elle qui conduit le bateau ce jour-là. Elle est moniteur de plongée (BE) et met ses talents à profit au sein du club Bleu Marine, où l’équipe de scaphs prend le café avant ses sorties en mer.

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en coulisses

© MNS - Seanergy

EXPÉRIENCE Les filets installés aux Roches Noires et à Boucan sont uniques au monde. Imaginés pour protéger les plages de pleine mer de la station balnéaire, ils répondent à plusieurs contraintes :

2. Leur impact négatif sur la faune aquatique est nul : aucun animal ne doit pouvoir s’y retrouver piégé. En cas de forte houle (4 m) les filets sont arisés : on retire les bouées de surface et on coule les filets pour les « saucissonner » au dessus des flotteurs de fond.

3. Ils doivent pouvoir résister aux fortes vagues. Le système de flottaison et la longueur du filet lui permettent de tenir jusqu’à 4 mètres de houle. Quand les prévisions vont au-delà, les filets sont arisés : on retire les bouées de surface et on coule les filets pour les « saucissonner » au dessus des flotteurs de fond.

NAGEZ TRANQUILLES Exemple d’une réparation, avant, après et détail. L’exigence esthétique est de mise. Un monde étrange et fascinant…

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Pour qu’on puisse nager ou surfer en toute tranquillité, les scaphandriers inspectent quotidiennement les filets, du lundi au dimanche, par équipe de six. Ils partent équipés (bouteilles de plongée, combinaisons, palmes et masques) et accastillés (pince coupante, cordes de rechange, manilles…) à bord de deux Narwhal, embarcations semi-rigide de type Zodiac, ce qui leur permet d’effectuer les réparations manuelles.

© Guillaume Nery

1. Leur premier objectif est de protéger efficacement baigneurs et surfeurs des attaques de requin : aucun squale ne doit pouvoir franchir le rideau.


jeu de pistes

Le premier objectif est d’améliorer la durabilité et l’efficacité des filets par retours d’expérience : « Nous émettons des propositions et Seanergy choisit ensuite lesquelles seront mises en oeuvre. Nous sommes complémentaires », déclare Laurent à bord du bateau. Parisien dans une autre vie, il est MNS sur les plages réunionnaises depuis 25 ans. Nageur et surfeur passionné, il a suivi de près la crise requin et a émis des propositions, pas toujours entendues. Mais ce mode collaboratif où tout problème détecté fait l’objet d’une réparation au fil de l’eau puis d’échanges entre plongeurs et ingénieurs est aussi rendu nécessaire par un autre impératif : « C’est dans notre intérêt à tous que les filets soient entretenus au quotidien, de manière préventive. On évite ainsi une immobilisation prolongée, qui mettrait un coup aux enjeux socio-économiques de ce dispositif unique au monde », explique Gérald Senescat, responsable du service des plages à la mairie de Saint-Paul. Dans ce va-et-vient, il faut trouver un équilibre délicat entre court et moyen terme. D’un côté, l’urgence de rétablir le lien humain et économique entre la station balnéaire et l’océan ; de l’autre, le temps long des processus techniques et scientifiques. « Et il y a une exigence esthétique », précise Laurent. C’est vrai que personne n’aimerait voir Boucan et Les Roches Noires défigurées par un gros kilomètre de herses médiévales reliées par des piliers de béton.

PALIER DE DÉCOMPRESSION Une fois rentré au Port, la journée n’est pas finie. Au QG, les scaphandriers rangent le matériel. Se savonnent scrupuleusement pour échapper au staphylocoque doré. Et effectuent un certain nombre de tâches : passer en revue la trousse à pharmacie, faire le débriefing de la plongée, ou encore « remplir la paperasse et s’occuper de l’informatique ». Après un déjeuner partagé, une sieste pour les plus fatigués, il faudra repartir, en jetski cette fois, pour une seconde inspection des bouées en surface. La mission ne s’achève qu’à16h. Chacun peut alors rentrer chez soi. Parfois, c’est au bar le PM que s’achève la journée – l’un des repaires historiques d’une ex-jeunesse boucanière et surfeuse bien présente dans les rangs des sauveteurs en mer. Les facétieux noteront que c’est bien une habitude de surfeur : passer d’une mousse à l’autre. Mais la détente est bien méritée pour ces gaillards qui bricolent chaque jour notre sécurité, dans une île où évoluer en pleine mer est devenu un sport à risque que plus personne ne voudrait pratiquer sans filet.

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1er prix photo Festival de l’Image Sous-Mainre 2015 © Emeric Denis

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Longtemps cantonnée aux enclos des clubs d’équitation, la balade à cheval se vit aujourd’hui en dehors des sentiers battus pour des randonnées idéales en pleine nature.

« Je ne crois pas que des gens viendront sur l’île juste pour faire du cheval. La Réunion n’est pas connue pour être une destination équestre. » Zélie a beau dresser un constat largement partagé par les passionnés d’équitation à La Réunion, elle fait partie d’une nouvelle vague qui pourrait bien changer la donne dans les années à venir. Les promenades à cheval ont longtemps été l’apanage des seuls clubs équestres, mais la deuxième décennie de notre siècle a vu s’ouvrir des centres spécialement dédiés à ce type de randonnées qui nous plongent malgré nous dans l’imaginaire du western.

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Et même si traverser une forêt dans les hauts de La Réunion n’a pas grand-chose à voir avec La Chevauchée Fantastique, le chef-d’œuvre de John Ford n’est pas une référence hors de propos. C’est que les grands westerns, ce sont surtout de grands paysages. Et pour le coup, La Réunion n’en manque pas. Pour m’en rendre compte, je suis parti dans les hauts de Saint-Leu et au Maïdo, à la rencontre de Myriam et Zélie, pionnières de ce nouveau far west.

© Mickael Dalleau

rando À DADA


randoportage

LE TROU DE JARd Fallait-il être naïf pour croire que La Chaloupe Saint-Leu se situerait à proximité de la ville balnéaire quasiment homonyme. Au dixième virage surplombant la Route des Tamarins, je dois me rendre à l’évidence, je vais zigzaguer longtemps, à hauteur de nuages, où les moissons remplacent les maisons. Après m’être garé au flanc d’une écurie, je parcours la salle commune qui lui est mitoyenne, écarte des rideaux en dentelles et plisse les yeux pour deviner la vue à travers un bariolage de rayures et de poussière sur une vitre usée. Sur le mur, des photos de famille, un calendrier kitsch bourré de canassons, des broderies. L’ambiance gîte rustique commence à me charmer quand Myriam arrive. Petit brin de femme, sa vitalité trahit une activité déjà intense malgré les 8h à peine sonnées. Après un café de présentation sur la ferme équestre, son développement en cours pour héberger les touristes et l’ajout d’ânes, poules, cabris, cerfs et autres chouettes bestioles, Myriam et sa nièce installent les selles sur les chevaux métissés – mi Camargue, mi Merens – à la robe blanche tachetée de noir, tandis que le canasson qui m’est dévolu se fout de moi.

LIEUX COMMUNS Il faut se hâter pour devancer les amas nuageux qui s’approchent résolument, tout en conservant une allure régulière de balade tandis que nous traversons la ferme verdoyante jusqu’à la lisière de la forêt du Tévelave. Certains tamarins des

hauts, encore décharnés des incendies de 2010, paraissent figés dans une torsion douloureuse. Les fougères ont rapidement recouvert la prairie d’un suaire vert et frais mais l’aventure est bien finie pour ces grands arbres calcinés. Pourtant, que la montagne est belle quand on parcourt les sentiers qui s’enfoncent dans des tunnels végétaux. En chemin, Myriam énumère les vertus de telle passiflore, pointe tel filaos des hauts dissimulé dans la forêt, me met en garde lorsque notre trajectoire nous amène à croiser une branche. Parfois, elle adresse quelques mots gentils aux chevaux et sort ce genre de poncifs que seuls les amoureux d’animaux savent apprécier : « Il ne leur manque que la parole. » Vu les grimaces que me lance le mien, son mutisme me "il ne convient parfaitement. manque

leur que la parole"

Quand le terrain le permet, nous nous lançons à grand galop, sauf ma monture qui s’amuse plutôt à me ruiner le derrière de son trot irrégulier quand elle ne s’arrête pas pour brouter. Mais la balade est plaisante, nos sabots écrasent la rosée, dans le ciel ti z’oiseaux i chantent. Des filets de lumière passent entre les branches et les quelques montées et descentes se passent dans la plus grande détente. À peine sortis de la forêt, le brouillard commence à dévorer les vallons du pré voisin. Mais, c’est bien connu, dans la brume le cavalier s’entête et le spectacle n’en est que plus impressionnant. Sans doute quelques esprits habitent cette nature aux airs de Highlands.

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La Ferme du Trou de Jard 0692 29.16.60 203, Chemin Vaudeville - La Chaloupe Saint-Leu Facebook : Ferme équestre du Trou de Jard Tarifs : De 15€ à 100€ par jour selon les parcours et les niveaux.

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MAÏDO WESTERN C’était sans compter sur les douleurs du lendemain. Les fesses et le dos en compote, j’accède aux Chevaux du Maïdo avec l’intime espoir de me contenter d’une interview rapide, de quelques déplacements en voiture aux points clefs de la rando et d’un retour pépère, l’âme peut-être entachée par la fraude d’une expérience lacunaire mais le postérieur soulagé. Arrivé à l’écurie, je suis accueilli par une meute de chiens sympas me reniflant les pieds et me léchant les doigts. L’amour équin semble aller de pair avec l’adoration du reste de la création animale.

espace dédié au repas, au nettoyage et au harnachement. C’est le moment que Régis choisit pour me demander : « Tu sais chevaucher ? » et j’acquiesce, forcément, mes douleurs s’effaçant derrière l’envie croissante de découvrir le Maïdo comme jamais. Je me retrouve en un rien de temps à brosser mon Camargue dans le sens du poil, à apprendre à faire lever la patte à une animal qui pèse entre 300 et 500 kilos, et à laisser Zélie harnacher la selle jusque derrière la queue des bestiaux. « On va monter et descendre mille mètres de dénivelé, la selle ne doit pas bouger. »

Régis et Zélie m’accueillent, seaux d’avoine à la main, pour me parler de leur aventure en nourrissant les bêtes. « Ça fait deux ans qu’on s’est installés au Maïdo. Pour l’instant, on n’a fait aucun profit, tout l’argent qu’on gagne est immédiatement réinvesti. On apprend à connaître toutes les recettes de pommes de terre. » Leurs bestioles gambadent joyeusement dans de vastes prairies, rappliquent au coup de sifflet de Zélie et se calent bien sagement dans leur

LA PISTE SECRÈTE Sur le moment, l’information glisse : je ne me figure pas vraiment ce que ça représente. Je le comprends sitôt que nous quittons la route pour nous enfoncer dans la forêt de cryptomerias. La piste, connue seulement des VTTistes et des cavaliers, est raide, très raide, et cahoteuse avec ça. Il faut parfois pousser des arbres pour ne pas

© Mickael Dalleau

Enfin, nous rentrons à l’écurie. À peine descendu, j’imite la démarche du cow-boy aux jambes arquées, moins pour me la péter que par douloureuse nécessité. Je jette un regard rêveur à l’itinéraire tout juste parcouru. « A partir de juin, m’annonce Myriam, un éclat d’ambition dans le regard, cette partie sera une étape d’une chevauchée d’une semaine qui descendra jusqu’à l’Etang Salé, remontera aux Makes et finira sur le Petit Bénare. » De quoi tanner plus d’un cul ! me dis-je, avec le sentiment que, malgré tout, il y a de quoi prendre goût aux longues caravanes.


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y laisser des bouts de genou et se baisser pour éviter de se retrouver avec une branche en travers du visage. Je me cramponne à la crinière de mon destrier qui ne souffre d’aucune hésitation, d’aucun trébuchement. Certains chiens de la meute nous suivent, eux-aussi, comme dans une vraie caravane de western. « Ils sont de toutes les balades » me confie Zélie, qui les laisse disparaître derrière les fougères pour les voir resurgir d’un buisson ou d’un vieux puits, vestige des marrons. Une fois sortis des bois, on atteint les crêtes et le clou du spectacle. Le cirque de Mafate s’étend sous nos sabots, nos vies dépendant entièrement de l’immobilité de l’animal. On surplombe tout, du Port aux Trois Salazes, de la Rivière des Galets au Col des Bœufs, un paysage magistral. Vu ce qu’elles ont arpenté, personne ne trouve que nos montures déméritent quand elles profitent de la contemplation pour brouter sagement. « Trois ou quatre fois par an, nous organisons des pleines lunes. On quitte l’écurie au crépuscule, on arrive ici en pleine nuit et on bivouaque au bord des crêtes pour repartir au petit matin. Les chiens tiennent à distance les bœufs qui traînent en pleine nature. »

« TU ES UNE MOUCHE PLATE » Un simple coup d’œil au site nous plonge déjà dans des désirs de convoi à la Butch Cassidy et le Kid (sans flingueurs aux basques, si possible). Après avoir retrouvé le souffle devant le somptueux décor, nous redescendons par ce que Zélie nomme La Jungle. « Une fois, je suis venue avec trois petites minettes. Arrivées ici, elles comparaient leurs bronzages ; après avoir traversé la jungle, elles comptaient les égratignures. » Nous voilà prévenus, la descente est boueuse, envahie par la vigne maronne et le pas se fait plus hésitant

sur le sol glissant. « On a de la chance, les travailleurs de l’ONF ont défriché une bonne partie du chemin » remarque Zélie tandis qu’elle rengaine son sabre d’Indiana Jones, visiblement déçue. De retour sur les chemins balisés, les infatigables s’élancent dans des galops qui me forcent à me maintenir dans des positions peu conventionnelles et me valent un surnom certainement très élogieux dans le jargon équestre : « Tu es une mouche plate. Tu parviens à rester accroché sans faire mal au cheval, c’est l’essentiel. » Je reçois la distinction non sans une certaine fierté et me pavane sur mon cheval jusqu’à ce que mes douleurs postérieures se ravivent. Une fois au ranch, le moindre mouvement me lance jusque dans des parties de mon corps dont j’ignorais l’existence, et je trouve refuge dans la contemplation immobile des animaux. Nous rendons nos chevaux à la compagnie de leurs congénères restés derrière, et qui les attendent. En les observant se rouler joyeusement dans la gadoue et brouter tranquilles, je commence à me retrouver dans les lieux communs des trente millions d’amis. C’est bien là le premier danger des clichés, pour lesquels l’écrivain Jean Dutourd avait de l’indulgence quand il écrivait : « ils sont les conclusions tirées par l’humanité de spectacles auxquels elle a assisté des millions de fois et qui ne varient guère ». Si je ne partage pas sa définition des banalités du langage sans réserves, je me surprends tout de même à murmurer de mots doux aux oreilles des bestiaux.

EN SELLE ! Pour découvrir l’Ouest à dos de cheval, plusieurs solutions s’offrent à vous. Balade au coucher de soleil en mode lonesome cowboy, expéditions montagnardes façon trappeurs du Montana ou initiations et boucles en poney : voici quelques adresses pour découvrir la randonnée équestre.

Shaï Ena En plus de nos fiers destriers des hauts, l’Ouest peut se visiter au galop dans la savane du Cap la Houssaye avec les appaloosas et l’attirail western de Shaï Ena. 38 chemin de la Vanille – St-Gilles Tarifs : 60€ la balade de plus de deux heures / 150€ la balade en duo au coucher de soleil 0692.88.70.00 / www.shaiena.com

Centre équestre du Cap Ce centre propose notamment des promenades à travers les champs de cannes du Piton Saint-Leu avec vue plongeante sur la Pointe au Sel, ou à La Saline. 124 Route Hubert Delisle – La Chaloupe St-Leu 0692.82.35 76 / www.ceducap.fr

Ecuries du relais LES CHEVAUX DU MAÏDO 0692 92.62.70 Route forestière des Cryptomérias – Petite France Tarifs : de 25€ à 110€ selon les parcours et les niveaux. www.leschevauxdumaido.com

Les Écuries du Relais proposent également des sorties sur toute l’île et prévoient un bivouac de trois jours, du 14 au 16 juillet, du Maïdo au Cap la Houssaye pour 330€. 0692.00.42.98 75 Chemin Léopold Lebon – Petite Ile / www.ecuriedurelais.com

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Š Mickael Dalleau

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EN SELLE MARCEL ! Envie d’une sortie vélo avec un guide ? D’accord, mais pas la descente du Maïdo, vue et revue. Allons traîner nos pneus sur d’autres pistes. Alexis nous embarque pour une découverte du Tour des Roches très instructive.

Le Tour des Roches, c’est cette longue ligne suspendue au dessus du temps et de l’espace. De Savana à la ravine Bernica, ce témoin du temps jadis accueille joggeurs et promeneurs sur les traces des premiers Français. Une sorte de parenthèse bucolique en marge de l’urbanisme et des aménagements routiers qui transforment Saint-Paul. L’un des derniers grands espaces où l’on peut dialoguer avec le passé, et où l’horizon de l’imaginaire n’est pas bouché par une tour d’immeuble récente : grands jardins, maisons cachées, vestiges mystérieux. L’endroit idéal pour une flânerie à bicyclette : trop grand pour en faire le tour à pied, route plate, peu de voitures… Rendez-vous pris le matin à 9h sur le parking entre le Moulin à Eau et le snack. Après une rapide présentation, nous enfourchons nos bécanes. Premier arrêt au moulin où nous croisons la supérette mobile : une fourgonnette proposant tout le nécessaire, de la bar chocolatée aux oignons pour le cari. Improbable véhicule surgi d’un passé… pas si lointain. C’est qu’ici le temps semble avoir suspendu sa course. Au Tour des Roches, tout rappelle

la Rénion Lontan. Les jardins luxuriants regorgent de fruits à pain. Les manguiers lourds croulent dans les vergers. Quant aux cases, elles semblent ne pas avoir beaucoup changé depuis que la colonie est devenue département.

LATRINE EXPLOSIVE « Une partie de l’habitat local a été classée insalubre. De vieilles cases en tôle sont remplacées par des constructions nouvelles dans le cadre d’un programme baptisé RHI, pour Résorption de l’Habitat Insalubre. » Alexis Vincent connaît le coin comme sa poche. Arrivé à La Réunion à l’âge d’un an, il en a six quand son père ouvre un cabinet de médecin au Tour des Roches, près de l’actuel coiffeur. Et lorsqu’il monte son entreprise en 2011, le jeune accompagnateur de moyenne montagne choisit tout naturellement le site pour ses sorties culturelles, en complément des descentes VTT du Maïdo.

UN FERVENT BOTANISTE Avant de passer ses diplômes sportifs – accompagnateur de moyenne montagne, BE ski de fond, pisteur secouriste sur domaine nordique, Certificat de qualification complémentaire VTT – Alexis Vincent s’est d’abord rêvé agriculteur. Avec un BAC du lycée agricole de Savanna et un double BTS Gestion et Protection de la Nature, il a un sacré avantage pour les sorties dann zion : les plantes, il connaît. Il vous fera ainsi (re) découvrir le noni, qui a permis de traiter le chikungunya, le véritable papyrus d’Egypte qui pousse en cercle façon crop circle, le palmiste colonne pour « la salade du millionnaire » ou encore le Moufia ou Raphia, palmier monocarpique – comprenez : qui ne donne des fruits qu’une seule fois.

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© Mickael Dalleau

UNE PLANTE MAGIQUE Pourquoi Alexis a-t-il choisi de baptiser son entreprise Ayapana et pas, plus descriptivement, Rando VTT Reunion ? Cette plante de tous les maux – digestion surtout – « symbolise pour moi la mémoire collective, qui s’érode », répond Alexis. « Autrefois tout le monde la connaissait, ainsi que ses vertus, mais cela se perd chez les jeunes. Et puis c’est un nom qui me colle à la peau et qui était graphiquement intéressant ».

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Après un bref détour par les champs de piments et leur ingénieux système d’irrigation – des canaux creusés tout autour qui récoltent l’eau en cas de crue de l’étang – nous parvenons assez rapidement à la Poudrière. Entrepôt doublement fortifié installé largement en retrait du front de mer pour éviter une malencontreuse explosion en cas de bombardement. Construit en 1724 par la Compagnie des Indes Orientales, sur ordre du gouverneur Antoine Desforges-Boucher, cet entrepôt a longtemps servi de dépôt de poudre et de canons pour la défense de la ville contre les pirates et les Anglais. Malgré une restauration à l’identique en 2013, une grille en bloque l’accès au visiteur. En l’absence de fonction trouvée au bâtiment, c’est la seule solution trouvée, hélas, pour éviter que le lieu ne redevienne une latrine publique. « C’est regrettable qu’il n’y ait pas un fil conducteur, un parcours touristique propre à cette route.»

CIMETIÈRE MARRANT On emprunte alors la piste cyclable qui longe la nationale, sous l’imposant viaduc de la Route des Tamarins, pour atterrir au cimetière marin. Songeur, le jeune guide se confie : « C’est fascinant de se dire qu’ici se côtoient esclaves sans sépulture, poètes, bourgeois et pirates… » (voir Vavang #4). Après quoi le jardinier du cimetière nous alpague et, entre quelques remarques sur l’état malheureux de notre société gangrenée, ou l’Europe comme utopie manquée, il nous fait part de ses meilleures blagues : « Quel est le pays le plus riche ? L’Afrique bien sûr, car si l’on retire le A, ça fait fric ! » Puis il s’éloigne d’un rire sonore. On médite sur sa réflexion devant les vingt croix installées en hommage aux esclaves dont les corps ont été retrouvés lors de fouilles effectuées en 2011 entre le cimetière et la mer.


jeu de pistes

PÉDALES DOUCES Si vous aimez le vélo, son silence et sa calme rapidité, mais que pédaler sur du plat est encore trop vous demander, il existe deux solutions : l’e-vélo et l’e-Trick.

En piste. Longeant le front de mer sur ce qui fut la voie du chemin de fer, on passe devant ces bâtiments si souvent ignorés de nous : le silo à charbon, l’hôtel de marine, l’ancienne gare du train… jusqu’au pont en fer de l’Etang Saint-Paul, qui eut lui aussi sa vocation ferroviaire. On rejoint alors le Tour des Roches après avoir traversé la cocoteraie plantée pour assécher l’étang en cas de crue, puis longé le parc Amazone, aujourd’hui abandonné. Une brève descente sur la fin du parcours nous rafraîchit avant un ultime plouf dans l’eau glacée du Moulin à Eau. Indéniablement, une superbe sortie, physique plus en raison du soleil que du terrain (compter 3h pour 16 km de plat). De quoi ravir tous les publics, du cycliste amateur au sportif chevronné. Allez, roule ma poule !

E-VÉLO

E-TRICK

L’e-vélo est un peu le Solex de l’an 2000 : une bicyclette à assistance électrique, bien pratique en cas de coup de mou ou par les grandes chaleurs. Mais n’allez pas croire que ces engins rouleront tout seuls non plus. Le moteur ne fait qu’amplifier le mouvement du pédalier, donnant à vos gestes une force plus grande. Ils ne vous épargnent donc qu’une partie de l’effort. Vous conservez la sensation gratifiante de faire de l’exercice, doublée d’une agréable impression de puissance. Différentes entreprises proposent ces bécanes assistées à la location, format route ou VTT, et des sorties accompagnées sont possibles à Saint-Leu, sur la Route Hubert de Lisle dans les hauts, au bord de plages ou au cœur de la savane de Saint-Paul.

Cousin éloigné de l’e-vélo, l’e-Trick est un hybride entre vélo et moto – soit l’objet qui se rapproche le plus d’un coureur du tour de France après une seringue recouverte de logos publicitaires. Ce deux roues électrique avance tout seul comme une moto, mais son format se rapproche d’un gros VTT, ce qui lui autorise la même liberté. Avec une vitesse maximale de 60 km/h et une autonomie de 40 km environ, il vous permet de faire la plupart des trajets de tourisme et toutes les balades que vous voulez sans avoir à pousser les épuisants coups de pédale d’un cyclopède normal (il ne possède d’ailleurs pas de pédalier). Intéressant, non ? Fabriqué par l’entreprise française SEV, cet appareil est en outre conçu pour être presque entièrement recyclable. Une entreprise réunionnaise baptisée eBike et installée à St-Gilles en propose à la location ou à la vente.

E-VÉLO Randonnées e-vélo Chemin des Bancouliers – St-Leu Tél : 06.92.55.05.01 www.evelo.re

E-BIKE Avenue du Général de Gaulle – St-Gilles-les-bains Tél : 0692.48.51.51 www.ebike.re

AYAPANA Circuits VTT, randonnées pédestres www.ayapana-reunion.com 06 93 02 26 68

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MARS TOU SÈL Entre histoire et paysage, à St-Leu, le musée de la Pointe au Sel est un prétexte à une promenade introspective dans l’un des plus beaux coins du littoral réunionnais.

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Les sagas industrielles ne sont pas toujours victorieuses. Celle de la Pointe au Sel en est une bonne illustration. Lorsqu’à la fin du 19e Siècle, Jean Dussac, propriétaire de l’usine sucrière de Stella Matutina, observe depuis son bureau la côte déchiquetée de St-Leu, il voit pourtant une belle opportunité. Depuis longtemps, les habitants de l’ouest ont pour habitude de se rendre sur ce que l’on nomme encore la Pointe des Bretons pour y recueillir du sel. Les lendemains de tempête, ils marchent sur cette avancée basaltique pour recueillir les cristaux déposés au creux des rochers par les houles et les embruns qu’un soleil de plomb assèche en quelques heures. Plus tard, d’autres ont eu l’idée de recueillir ici l’eau de mer dans des feuilles de palmiste pliées en forme de bateau, puis de la

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laisser sécher. C’est que l’endroit est, de toute mémoire, réputé pour la salinité exceptionnelle de son eau. Le sel est alors une denrée indispensable à la conservation des aliments. Attiré par la perspective d’un fructueux commerce, Dussac fait donc aménager les premiers bassins d’une exploitation qui finira par donner son nom au lieu.

BOUM, LA GUERRE Mais l’endroit, s’il permet aux habitants du coin de pourvoir à leurs besoins personnels, est loin d’être idéal pour une production à plus grande échelle. À la différence de Guérande, où les marais salants sont natu-

rellement approvisionnés en eau de mer, le relief accidenté de la Pointe au Sel implique que l’eau doit être acheminée jusqu’aux bassins par pompage. L’exploitation se développe donc lentement jusqu’au début de la 2e Guerre Mondiale, où l’arrêt des importations et le besoin accru de sel à La Réunion provoque un boum. La production passe vite à 250 tonnes par an, mais la bonne passe ne dure pas. La fin de la guerre et la reprise du commerce avec Madagascar et les immenses salines de Diego Suarez condamnent le site en quelques années. Durant les décennies qui suivent, malgré les tentatives d’un héritier Dussac, le sel de Saint-Leu reste un échec économique, et à la fin des années 70, le site, magnifique, est lorgné avec gourmandise par la promotion immobilière.


minuscule et gratuit, il se visite en moins d'une demie-heure. par contre, on peut rester des heures à se promener aux allentours

À DÉFAUT DE SEL, DU SEUL Si La Pointe au Sel n’est pas devenu un lotissement de luxe avec vue mer imprenable et perspective spectaculaire sur les hauts de St-Leu, c’est grâce à la création d’une réserve naturelle. Ce petit bout de savane est protégé et, depuis 2007, un musée témoigne de sa petite histoire. Minuscule et gratuit, celui-ci se visite en moins d’une demi-heure, le temps de comprendre que la production de sel y est maintenue pour des raisons principalement patrimoniales. En revanche, on peut rester des heures à se promener le long de la côte et sur les murs de pierre des bassins

MUSÉE DU SEL hors d’usage, à observer le vent jouer à la surface des salines encore utilisées, où pour se promener sur les sentiers qui mènent jusqu’au bassin naturel en contrebas. Pêcheurs tranquilles, gamins qui tuent le temps dans les hautes herbes, familles en piquenique, falaises noires au sud, baie bleue au nord et monts nuageux à l’est : l’ambiance est calme et le paysage magnifique. Malgré des expositions dont l’intérêt n’est pas sensationnel, le Musée de la Pointe au Sel reste un lieu où il fait bon revenir, encore et encore, pour se laisser bercer par le vent et les embruns. En plus, le sel, ça conserve.

25, Pointe au Sel les bas – St-Leu 0262.34.67.00 // Ouvert du mardi au dimanche, de 9h à 12h et de 13h30 à 17h

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to be branché Pour savoir quoi faire, sortir, vous divertir, deux possibilités :

Stacey Kent © Persuasive

Pour un agenda général sur tout ce qui se passe spécifiquement dans l’ouest de La Réunion, rendez-vous sur le site de l’Office de Tourisme de l’Ouest, rubrique Agenda. Le tout nouveau site www.ouest-lareunion.com la kass larmoir pour s’adapter à tous les écrans.

Et pour un agenda culturel, rendez-vous sur le site www.azenda.re qui répertorie tous les concerts, soirées, spectacles ou événements organisés sur l’île. Cerises sur le gateau, vous pourrez y acheter vos billets en ligne, avoir la prog cinéma, lire des chroniques d’albums ou livres.

FESTIVAL

TOTAL JAZZ L’unique festival de jazz de l’île vous donne, comme chaque année, rendezvous sous les étoiles. Pour trois soirs, le Téat Plein Air de S-Gilles accueille la fine fleur des musiques improvisées, venue d’Italie, des USA et de Tunisie, mais aussi de La Réunion. Chaque soirée propose deux concerts : un premier donne à entendre le meilleur du jazz local, un second propose une tête d’affiche internationale. Le jeudi 21 avril, le groupe panaustral du guitariste Pean-Pierre Jozéfinn, ouvrira la voie aux

miraculeux Dhafer Youssef, oudiste et chanteur à la voix irréelle. Le vendredi 22, place au saxophoniste réunionnais Christophe Zoogonès et à l’un des meilleurs musiciens Européens, l’héritier déclaré de Charlie Parker, Stefano Di Battista. Et enfin, le samedi 23, c’est une ballade dans les grands standards qui vous est proposée, avec le big band du Jazz Club de La Réunion et, pour finir, le groupe de la chanteuse Stacey Kent, qui revisite les grandes chansons de Sinatra ou de Nat King Cole en mode bossa nova. 21 au 23 avril | Teat Plein Air | St Gilles | Détails et billeterie :

www.theatreunion.com

concert

© Isabelle Chapuis

YAËL NAIM

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Révélée il y a sept dans par le tube New Soul, Yaël Naim a publié l’an passé l’un des meilleurs disques de pop de ces dernières années. Recherchées, imparables, jouant aussi bien des marottes du jour comme les

sonorités électroniques que d’influences plus traditionnelles, ses mélodies sont chez elles dans le monde entier. Une artiste universelle qui voyage dans tous les registres de la musique sans jamais lâcher le fil de l’intimité. 30 avril | Kabardock | Le Port


AGENDA

Saint-Leu va de nouveau vivre au rythme des arts de la rue ! Des acrobates australiens qui marchent sur des œufs, du parkour rythmé par une symphonie de Bach, des danseurs plongés dans des décors numériques en 3D, du théâtre atypique, le concert burlesque d’une paire de clowns de rue intenables, les délires verbaux d’un druide rock’n’roll errant

1er prix photo Festival de l’Image Sous-Mainre 2015 © Emeric Denis

festival LEU TEMPO dans la ville pour régaler les passants de ses monologues impensables, et la traditionnelle Fèt Dann Somin qui fait exploser la rue en fanfares : le programme de cette nouvelle édition a de quoi intriguer et, comme toujours, séduire toute la famille. Du 4 au 7 mai | St Leu |

Détails et billeterie : www.lesechoir.com

festival

FESTIVAL DE L'IMAGE SOUS-MARINE

AMCB-Hakanai © Romain Etienne

Films et photos subaquatiques sont de nouveau à l’honneur pour la 2ème édition de ce festival qui se promènera sur toute la côte ouest, de projections en plein air en journées d’animation. Comme chaque année, un concours est lancé et vous êtes libres d’envoyer vos images. Les gagnants seront sélectionnés pour une projection qui clôturera le festival, et de jolis lots sont en jeu. Du 4 au 14 juin | Côte Ouest | Renseignements :

exposition

donnera son nom à ce confetti encore connu comme Île au Sable. À son arrivée, il découvre les survivants : sept femmes et un enfant de huit mois.

Connaissez-vous l’histoire des naufragés de Tromelin ? Le 31 juillet 1761, l’Utile, un navire français, s’échoue sur un ilôt sableux et désert aujourd’hui connu sous le nom de Tromelin. Il transporte 160 esclaves malgaches achetés en Fraude. L’équipage embarque alors une partie de cette criminelle cargaison dans une embarcation de fortune et fait route vers Madagascar, laissant derrière lui 80 personnes avec la promesse de revenir les chercher. Ils ne reviendront pas.

L’exposition présentée au Musée de Stella Matutina est tirée des dernières recherches archéologiques sur les conditions de survie des esclaves abandonnés sur cette langue de sable d’un kilomètre carré dépourvue de source d’eau. Outre les objets retrouvés sur place, l’exposition reprend également des planches de la BD de Sylvain Savoia réalisée à partir des travaux des scientifiques, Les Esclaves Oubliés de Tromelin, publiée l’an passé chez Dargaud. Une plongée dans l’histoire maritime et dans celle, plus sombre, de la traite négrière de l’océan Indien.

TROMELIN

Il se passera 15 ans avant qu’un autre navire revienne, sous le commandement d’un certain Bernard-Marie Boudin (c’est moche), Chevalier de Tromelin, qui

Jusqu’au 15 décembre | Musée de Stella Matutina | St Leu

Les Esclaves Oubliés de Tromelin © Sylvain Savoia

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carte postale 20 & 21 février 2016 nouvelles vagues Après la réhabilitation de l’esplanade il y a deux ans, l’installation de filets de protection tout autour d’une large zone a achevé de rendre vie à la plage des Roches Noires. Et pour une fois, même pour les nostalgiques, difficile de dire que « c’était mieux avant » !

Côté terrasse, les cafés s’étendent pour fournir aux passants des tables ombragées d’où observer le va-et-vient des bateaux quittant le port ; côté plage, les baigneurs sont à la fête et la langue de sable des Roches Noires se mouchète chaque week-end des couleurs bigarrés des plagistes. Côté vagues enfin, le surf a fait son grand retour sur le spot qui a vu démarrer quelques uns des plus grands champions de l’île. Comme un symbole du renouveau, le premier challenge de surf depuis de longues années y était organisé les 20 & 21 février derniers pour que la fête soit complète. Maillots de bain, marmailles en l’air et glisse du tonnerre : les Roches Noires légendaires sont de retour !

© Mickael Dalleau

Retrouvez toutes les photos de la compétition du surf sur le Facebook Tourisme Ouest Réunion

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LE CIRQUE DE

MAFATE

classé au patrimoine mondial de l’unesco

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