Sans pépins – 18-2

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SANTÉ ET SÉCURITÉ DU TRAVAIL EN SERVICES DE GARDE

PP 40063030 – Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à : ASSTSAS, 5100, rue Sherbrooke Est, bureau 950, Montréal (Québec) H1V 3R9

VOL. 18 NO 2 SEPTEMBRE 2016

DES CENTAINES DE BOUCHES À NOURRIR ÉVÉNEMENTS ACCIDENTELS S’ASSEOIR EN TOUTE SÉCURITÉ

Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales


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O r g a n isatio n d u trava il

Des centaines de bouches à nourrir

O r g a n isatio n d e la SST

Enquêter sur les accidents pour en prévenir d'autres

Éq uip e m e nts

Des consignes pour s’asseoir en toute sécurité

M ot d e la ré d a c ti o n

La civilité, c'est aussi une question de prévention

Le 7 septembre, Josianne Brouillard, conseillère à l’ASSTSAS, a présenté un webinaire sur la civilité au travail. Plus de 50 personnes de services de garde ont assisté en direct sur Internet à l’atelier. Ce webinaire invitait à reconnaître l’influence de la civilité pour créer un environnement où il fait bon travailler ! Si vous avez raté cette activité ou pour la revoir, consultez le dossier thématique SANTÉ PSYCHOLOGIQUE – SERVICES DE GARDE sur notre site Internet. Vous pouvez télécharger le texte de présentation iStock

et visionner le webinaire.

Pour ne rien manquer !

Qu’il s’agisse de la sortie de Sans pépins, de l’annonce d’une formation ou d’un webinaire, d’une activité organisée par un de nos partenaires, nous relayons régulièrement les informations d’intérêt pour les services de garde. Pour recevoir les nouvelles de l’ASSTSAS, abonnez-vous gratuitement à l’infolettre (www.asstsas.qc.ca/abonnez-moi) et visitez notre page Facebook. Merci au CPE Le Sablier (Montréal), à Fabienne Miner, responsable en alimentation, et à l'équipe de la cuisIne de leur participation à la photo de la page couverture.

Volume 18, numéro 2, septembre 2016 Directrice générale Rédactrice en chef

• Diane Parent • Louise Lefèbvre

• Sylvie Bédard, Andrée-Anne Buteau, Lisette Duval • Marie L'Écuyer Abonnement • Andrée Desjardins Conception graphique • acapelladesign.com Page couverture • Jean-François Lemire, Shoot Studio Prépresse et impression • Impart Litho Production

Révision

5100, rue Sherbrooke Est, bureau 950, Montréal (Québec) H1V 3R9 Téléphone : 514 253-6871 Télécopieur : 514 253-1443 Courrier électronique : info@asstsas.qc.ca Internet : asstsas.qc.ca

Distribution gratuite Sans pépins est éditée par l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales (ASSTSAS). Ce numéro, tiré à 15 600 exemplaires, est distribué gratuitement, en quatre copies, aux CPE et garderies inscrits auprès du ministère de la Famille, à leurs regroupe­ments, aux associa­tions syndicales et maisons d’enseigne­ment concernées. Des copies sont aussi expédiées aux bureaux coordonnateurs de la garde en milieu familial. Abonnement Sans pépins est disponible sur abon­nement : 12 $ par année (secteur de la santé et des services sociaux), 16 $ (hors secteur) et 30 $ (autres pays). Escomptes de quantités disponibles. Avis Les articles n’engagent que la responsa­bi­lité de l’auteur et ne reflètent pas nécessai­rement la politique de l’ASSTSAS. Toute re­production est autorisée pourvu que la source soit men­tionnée. Le personnel des services de garde est à 98 % fémi­nin. Pour cette raison et pour faci­liter la lecture, le genre féminin est utilisé le plus souvent, là où le contexte le permet. Les photos dans Sans pépins sont le plus conformes possible aux lois et règlements sur la santé et la sécurité du travail. Cepen­dant, il peut être difficile, pour des raisons techniques, de repré­senter la situation idéale. Dépôts légaux Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, ISSN : 1481-3882 Envoi de Poste-publications – Contrat No 40063030


Or g a n i s at i o n du tra va il

centaines

Des de bouches à nourrir

Sylvie Bédard

Andrée-Anne Buteau

sbedard@asstsas.qc.ca

Lisette Duval

abuteau@asstsas.qc.ca

lduval@asstsas.qc.ca

Avec deux, trois ou quatre installations, certains services de garde optent pour une cuisine unique qui fournit les repas à toutes les installations. À la performance et à l’efficacité, il faut allier la santé et la sécurité du personnel !

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ans les cuisines où l’on prépare de nombreux repas chaque jour, les équipements, l’amé­na­ gement des zones de travail (encadré 1), l’organisation des tâches et des menus, de même que la coordination des activités de plusieurs personnes ont une influence importante sur

la santé et la sécurité du personnel. Lorsque le service de garde distribue des repas à d’autres instal­ lations, il faut aussi voir à l’organisation des cuisines satellites et à la livraison des repas.

Sécurité et efficacité Qui dit productivité, dit équipements performants. Toute une diversité existe dans les modèles commerciaux. Ces derniers se distinguent par certaines caractéristiques : rapidité pour laver la vais­ selle, cuire, couper ou trancher les aliments, grande production, durabilité et facilité de nettoyage. Les appareils performants présentent aussi des avantages pour la SST : réduire le nombre de ma­­ni­

1. Les zones de travail dans la cuisine principale Une grande production exige plusieurs opérations simultanées. Il faut définir des zones, regrouper les activités connexes et offrir l’espace nécessaire pour TRAVAILLER. • Préparation et cuisson : sections situées à proximité l’une de l’autre. • Rangement des denrées sèches, réfrigérées et congelées : dimensions selon le nombre de repas et la fréquence des livraisons. • Lavage : secteur aménagé selon la séquence des tâches, incluant le rangement de la vaisselle. • Écriture : zone pour s’asseoir afin de préparer les commandes, les menus, etc., incluant l’accès à un téléphone et à un ordinateur. • Circulation : espaces définis pour faciliter l’accès aux équipements et le déplacement des personnes, des chariots et des chariots-échelles.

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­pulations et le poids des contenants, limiter les déplacements entre les différentes zones de travail, etc. Une installation adéquate diminue les contraintes posturales pour le personnel. Selon ses dimen­ sions, on peut placer l’équipement sur un comptoir bas, une base à roulettes ou un chariot afin de travailler dans des postures sécuritaires : bras sans élévation, coudes près du corps et dos sans flexion. Jetons un coup d’œil sur certains équipements utilisés dans cinq cuisines (encadré 2).

Les responsables en alimentation ont revu la planification des menus afin de standardiser les processus de travail. Équipements de cuisson Le CPE Saint-Luc utilise un four Combi sous une hotte (cuisson à la vapeur et à convection dans des contenants spécifiques) (photo 1). Avec ses nombreuses grilles, c’est un outil central de la cuisine. Sa facilité de programmation influe sur l’organisation du travail, par exemple, amorcer la cuisson la veille, réchauffer des mets préparés à l’avance. Les opérations de nettoyage sont aussi programmables, éliminant ces tâches manuelles, les contraintes posturales et l’exposition aux produits chimiques. Le CPE Carcajou dispose d’une cuisinière commerciale installée près d’un comptoir en acier inoxydable et d’un robinet (photo 2). On y trouve aussi un four à convection qui cuit rapidement des quantités importantes. Placé sur un comptoir, il permet au personnel d’accéder aux plats avec une bonne posture.

2. Pour remplir les chaudrons, on utilise la douchette près de la cuisinière et on vide ensuite l’eau dans l’évier en glissant le chaudron sur le comptoir ou en le déposant sur un chariot (CPE Carcajou).

1. Le four Combi réduit les manipulations de chaudrons lourds et les tâches de transvidage. Un aménagement qui place l’appareil près de la production et permet d’appro­ cher un chariot maximise les avantages (CPE Saint-Luc).

2. Cinq CPE et leur production alimentaire quotidienne • CPE Le Champignon (Thetford Mines) : 4 installations, 220 repas. • CPE Le Cheval Sautoir (Trois-Rivières) : 1 installation ; Les Services Le Cheval Sautoir : 14 écoles, traiteur occasionnel, environ 300 repas. • CPE Carcajou (Montréal) : 2 installations avec des cuisines indépendantes, 155 repas. • CPE Saint-Luc (Saint-Luc) : 3 installations, 250 repas. • CPE Le Sablier (Montréal) : 1 installation, 208 repas.


Au CPE Le Champignon, la responsable en alimentation apprécie le cuiseur-vapeur. Utilisé avec des récipients perforés, il permet de cuire à la vapeur sans soulever des chaudrons d’eau (photo 3). Au CPE Le Cheval Sautoir, on retrouve une marmite-vapeur, ce qui diminue les exigences physiques pour le transport de chaudrons lourds et économise du temps (photo 4). Le CPE Le Sablier a installé un drain au plancher afin de réduire les efforts lors du nettoyage de la marmite-vapeur.

Petits électroménagers Pour éliminer les gestes répétitifs des bras, des coudes et des mains (mélanger, couper, râper, etc.), les CPE utilisent des appareils tels un mélangeur commercial ou un robot-coupe. Ces appareils sont munis d’un protecteur ou d’un pilon pour éviter les blessures. Certains CPE achètent également des aliments pré-coupés ou prêts à servir.

Réfrigération et congélation Préparer beaucoup de repas nécessite un stock d’aliments frais ou congelés. En fonction de la fré­ quence de livraison, l’espace de rangement requis peut varier. Le CPE Le Champignon a opté pour une chambre froide. Tous les aliments réfrigérés y sont entreposés et facilement accessibles. Un espace est aussi réservé pour y placer un chariot-échelle. Celui-ci contient les repas préparés et séparés d’avance, de façon pratique, par groupe d’enfants. Avec un congélateur de grand volume (commer­ cial ou chambre), les CPE Saint-Luc, Carcajou et Le Sablier congèlent les surplus de recettes et entreposent les produits achetés à prix réduits.

Vaisselle Le lave-vaisselle commercial est indispensable pour un cycle de lavage rapide de la vaisselle mise en panier. Certains modèles peuvent recevoir des ustensiles de grandes dimensions (ex. : tôles, chaudrons). Un comptoir entre l’évier et le lave-vaisselle est pratique pour déposer un panier ou des articles souillés, rincés ou lavés. La résistance de l’acier inoxydable à l’eau, sa durabilité et sa faci­ lité d’en­­tre­­tien en font un choix intéressant. De plus, une douchette commerciale indépendante du robinet est très appréciée pour rincer les contenants.

4. Marmite-vapeur basculante (CPE Le Cheval Sautoir).

3. Le cuiseur-vapeur est utilisé, entre autres, pour cuire poulet, poisson, légumes et réchauffer certains plats (CPE Le Champignon).

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Ranger les couverts de chaque groupe d’enfants directement dans des bacs de service est un atout pour réduire les manipulations et les besoins de rangement. Les bacs peuvent être déposés sur un chariot ou un chariot-échelle.

Organisation des tâches dans la cuisine principale Toutes les responsables en alimentation rencontrées le disent : pour produire quelques centaines de repas chaque jour, il faut analyser les activités. Lorsque plusieurs personnes travaillent en même temps, il est essentiel de répartir clairement les tâches et d’allouer à chacune son espace de travail afin d’éviter les croisements qui deviennent une source d’accidents. La responsable en alimentation du CPE Carcajou partage les opérations avec l’assis­tante présente quelques heures par jour. Entre autres, l’assistante reçoit et défait les commandes, distribue les repas, nettoie les surfaces. Au CPE Saint-Luc, les trois responsables travaillent ensemble à la cuisine cen­ trale. Elles y trouvent plusieurs avantages dont une plus grande facilité pour gérer les livraisons variables des denrées. Au CPE Le Champignon, une personne est, entre autres, affectée à la prépara­ tion des repas des enfants allergiques. Ainsi, aucune confusion. Au CPE Le Sablier, les travailleuses font la rotation des tâches chaque semaine et n’hésitent pas à interrompre une activité pour s’en­ traider. Travailler en équipe agrémente l'ambiance ! Dans les CPE visités, les responsables en alimentation ont revu la planification des menus afin de standardiser les processus : types de repas, ingrédients, quantités, méthodes et temps de préparation, équipements utilisés, etc. Ces changements modifient les activités de travail et les façons de faire habituelles, d’où l’importance de s’assurer de la sécurité dans la réalisation des tâches. Le temps est un élément important. Il faut tenir compte des horaires des enfants, de la livraison et du rangement des marchandises, etc. De même, la durée de préparation des repas est un enjeu majeur pour équilibrer les exigences de certains menus. Par exemple, un dîner complexe va de pair avec une collation simple ou, encore, une préparation qui débute la veille.

Livraison des repas et cuisine satellite Une cuisine centralisée nécessite un système de livraison. Celui-ci doit respecter les règles d’hygiène et de salubrité alimentaires émises par le MAPAQ1. Les CPE coordonnent cette étape en fonction de la préparation des repas, du temps de déplacement en toute saison et des horaires des enfants. Dans les CPE visités, le transport se fait en auto ou à l’aide d’un chariot motorisé pour de courtes distances.

5. La livraison des repas s’effectue avec un chariot motorisé et des contenants rigides (Nadia Gariepy, CPE Saint-Luc).

6. Monte-charge de la cuisine (CPE Le Sablier).


Au CPE Le Champignon, trois personnes assurent la livraison dans leur installation respective. Elles distribuent les repas, lavent la vaisselle et font l’inventaire en prévision des commandes. Pour le transport de la nourriture, le Cheval Sautoir utilise des sacs s’ouvrant devant ou sur le dessus. Au CPE Saint-Luc, ce sont des bacs thermos rigides avec ouverture par l’avant (photo 5).

Une grande production, c’est aussi plusieurs personnes qui travaillent dans le même environnement. Lorsque remplis, ces contenants sont lourds et il faut éviter de les déplacer inutilement. Un comp­ toir pour les déposer doit être disponible tant dans la cuisine centrale que dans celle des installa­ tions. La hauteur du comptoir doit être ajustée au type de contenants afin que la travailleuse n’ait pas à les remplir et les vider avec les bras en élévation et le dos en flexion. C’est une question de SST ! Les CPE visités proposent quelques trucs pour limiter les risques de blessure : utiliser un chariot pour le transport des contenants jusqu’à l’auto, éviter les escaliers (photo 6), prévoir un système de retenue des portes qui facilite la circulation, rapprocher l’auto de l’entrée du CPE, bien assujettir les contenants dans l’auto, etc. Le CPE Le Champignon a fixé à 11 kilos le poids maximum d’un sac de transport : plus lourd, on utilise un deuxième sac. Afin de réduire le matériel à transporter, certains CPE lavent la vaisselle dans la cuisine satellite et y conservent le lait, le yogourt et certains aliments secs (ex. : céréales).

Cultiver la SST sans rendre son tablier Le fonctionnement optimal et sécuritaire d’une cuisine traiteur repose sur plusieurs facteurs : des équipements commerciaux qui répondent aux besoins, un aménagement adéquat de la cuisine princi­ pale et des cuisines satellites, un système bien organisé pour la livraison des repas, une coordination efficace des tâches, une planification réfléchie des menus, etc. Une grande production, c’est aussi plusieurs personnes qui travaillent dans le même environnement. Une excellente communication entre les travailleuses, le soutien de la direction et l’entraide s’imposent comme un rendez-vous ! Si vous prévoyez des changements dans vos cuisines, contactez-nous. L’ASSTSAS offre des ser­ vices d’évaluation des besoins et du soutien pour intégrer les critères de SST dans votre projet. C’est gratuit, partout au Québec !

Ré f é r e n c e s

Sans pépins : à télé­charger gratuitement sur Internet (www.asstsas.qc.ca/revue-sans-pepins). • « La SST dans les projets de rénovation et de construction », Sans pépins, numéro spécial, vol. 15, no 3, 2013. • « La cuisine », Sans pépins, numéro spécial, vol. 9, no 3, 2007. 1. Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec. Guide des bonnes pratiques d’hygiène et de salubrité alimentaires. 46 p., 2013.

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accidents

Enquêter sur les pour en prévenir d’autres Lisette Duval

lduval@asstsas.qc.ca

Stéphanie s’est blessée au travail et doit s’absenter pour aller chez son médecin. En déposant le petit Maxime dans sa couchette, elle a ressenti une vive douleur au dos. Que s’est-il passé ?

L

’enquête et analyse d’un événement accidentel (EAEA) fait partie des outils pour organiser la prévention dans le milieu de travail. Réalisée en deux étapes, cette activité permet de décrire comment est survenu l’accident, de découvrir les causes pour les corriger et, ainsi,

éviter qu’il se reproduise. En aucun temps, l’EAEA ne cherche à trouver des coupables !

Première étape : l’enquête • Quand utiliser l’enquête en prévention ? Il s’agit de recueillir toute l’information pertinente pour savoir comment est survenu l’accident. Il faut effectuer l’enquête le plus tôt possible après l’ac­ ­cident afin d’obtenir des détails clairs et complets. • Qui procède à l’enquête ? Les travailleuses et les membres de la direction s’entendent pour choisir les personnes habiles pour réaliser des entrevues dans le but d’améliorer les situations de travail. • Faut-il enquêter sur tous les événements ? Tous les accidents ayant causé une blessure ou des dommages matériels doivent être enquêtés. Il est également pertinent d’enquêter sur les inci­ dents qui, dans des circonstances légèrement différentes, auraient pu entraîner un accident.

1. Questions clés

• Quelle tâche était effectuée, avec quelle méthode de travail ? • Avec quels équipements, quels accessoires, étaient-ils en bon état, disponibles ? • Dans quel local, quel espace, le lieu était-il encombré ? • Qui était présent : éducatrices, enfants (âge, état de santé, statut d’emploi, etc.) ? • À quel moment dans la journée ? • Dans quelles circonstances particulières ? • Quelles procédures sont reliées à cette tâche ? • Etc.


L’entrevue d’enquête

Couchette avec un côté pivotant (CPE Le Coffre aux Trésors).

La personne accidentée raconte ce qui s’est produit. Stéphanie pourrait dire : « Pour la sieste, j’ai transporté Maxime, neuf mois, dans la salle de dodo. Je l’ai couché à bout de bras sans abaisser le côté de la couchette. Je l’ai déposé doucement pour qu’il se rendorme sans réveiller les autres. En me redressant, j’ai ressenti une vive douleur au bas du dos. » À partir de questions clés (encadré 1), l’en­ trevue vise à reconstituer l’histoire de l’évé­­nement. Elle se déroule dans un climat serein et, de préférence, sur les lieux de l’évé­­ne­ment. C’est l’oc­casion de prendre note des corrections suggérées par la travailleuse accidentée.

Il faut effectuer l’enquête le plus tôt possible après l’accident afin d’obtenir des détails clairs et complets. Deuxième étape : l’analyse L’analyse cherche à comprendre les causes de l’événement et à mettre en évidence des faits im­­ por­­­­tants qui ont contribué à l’accident. Nous proposons une méthode inspirée de l’approche Toyota : 5 pourquoi1. Explorons un des faits contributifs de l’événement de Stéphanie. 1. Pourquoi avoir couché le poupon sans abaisser le côté de la couchette ? Le côté de cette cou­ chette est toujours relevé. 2. Pourquoi le côté de la couchette est toujours relevé ? Le mécanisme de retenue a tendance à se relâcher et on veut éviter que l’enfant enjambe le côté. 3. Pourquoi le mécanisme de retenue de la couchette se relâche ? Il est brisé depuis deux mois et n’a pas été réparé. 4. Pourquoi il n’a pas été réparé ? Le bris a été mentionné de façon informelle et aucune demande de réparation n’a été faite. 5. Pourquoi aucune demande de réparation n’a été faite ? Personne n’a la responsabilité de rece­ voir les demandes d’entretien. À partir de cet exemple, une des causes de l’accident semble liée au fait de ne pas avoir abaissé le côté de la couchette. Ainsi, on aurait pu se limiter à sensibiliser les éducatrices à l’importance d’abaisser le côté avant de déposer le poupon. De toute évidence, cela aurait été incomplet ! Pousser plus loin la réflexion mène à trouver les au­­tres causes de l’accident. Dans l’exemple, la série de questions de type « pourquoi » fait ressortir deux autres causes : le mécanisme de retenue est brisé et il n’y a pas de procédure de prise en charge des réparations.

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2. Exemples de recommandations

• Désigner une personne pour assurer un suivi des demandes de réparation. • Vérifier les couchettes des deux pouponnières pour repérer les bris potentiels (solidité, stabilité, facilité d’ajustement, etc.).

• Établir les critères d’inspection pour les couchettes (fréquence, éléments à inspecter, mise à jour des grilles d’inspection, etc.).

• Élaborer une courte procédure d’entretien préventif. • Réviser avec l’équipe les méthodes de travail pour protéger le dos (abaisser les côtés, ne pas endormir l’enfant avant de le coucher, etc.).

• Planifier le remplacement progressif des couchettes pAr un modèle avec un côté rabattable. L’analyse permet d’élargir les recommandations et d'éviter des bris semblables : les autres couchettes sontelles brisées, comment procéder à un entretien préven­ tif, l’inspection des équipements inclut-elle les cou­ chettes, les éducatrices connaissent-elles les méthodes de travail pour protéger le dos, le remplacement des couchettes est-il possible, etc. ?

Mesures correctives et préventives Pour compléter l’EAEA, il faut examiner tous les faits reliés à l’évé­ne­­ment afin de déterminer l’ensemble des mesures préventives à mettre en place. Dans notre exemple, Stéphanie a déposé l’enfant endormi dans sa

Affiche (A44) gratuite sur Internet.

couchette. Cette façon de faire, même avec un côté de lit abaissé, augmente les risques de blessure2 puisque l’éducatrice doit fléchir davantage le dos tout en supportant le poids du poupon à bout de bras. Le dos et les épaules écopent. Voilà une pratique à éviter ! L’EAEA est une activité de prévention qui fait ressortir les causes d’un accident ou d’une situation dangereuse. Pour optimiser les bénéfices, consignez ces informations par écrit en vue d’établir un suivi (encadré 2) et transmettez le tout aux membres du comité paritaire de SST.

Références

1. LEQUOC, Sylvain. « L’enquête et l’analyse : pour éviter qu’un accident se reproduise » OP, vol. 38, no 3, 2015, p. 24-25 (à voir sur le site de l’ASSTSAS). 2. JULIEN, Renée, « Dodo, l’enfant do… Bébé dormira bien vite ! », Sans pépins, vol. 17, no 1, 2015, p. 8-9.

Santé Canada Le Règlement sur les lits d’enfant, berceaux et moïses entrera en vigueur en décembre 2016. Il concerne la vente et la fabrication. Il y est stipulé que les côtés du lit doivent être fixes ou que la partie supérieure d’un côté d’accès soit mobile et dotée d’au moins une position de réglage. Son application pour les lits déjà acquis par les services de garde relève du gouvernement québécois.

http://nouvelles.gc.ca/web/article-fr.do?nid=1091719


Éq u i p ements

consignes

Des pour s’asseoir en toute sécurité Andrée-Anne Buteau abuteau@asstsas.qc.ca

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Vous vous penchez souvent vers les enfants. La posture pen­chée comporte des contraintes pour votre santé et votre sécurité. ’asseoir réduit les efforts et protège le dos1. Cependant, pour ne pas tomber en bas de votre chaise, suivez le mode d’emploi. Dans les services de garde, il existe plusieurs types de sièges : sur pattes ou sur roues, avec ou sans dossier. Chacun des modèles comporte des

avantages et des inconvénients en fonction des activités en cours, de l’espace, de la hauteur du siège, des autres équipements dans le local, etc. Une réflexion s’impose pour choisir le bon siège2.

R é f ér e n c e s

1. ASSTSAS. Méthodes de travail bonnes pour la santé, affiche (A12), 2015 (à télécharger sur Internet). 2. BUTEAU, Andrée-Anne. « Des chaises pour les adultes dans le monde des petits », Sans pépins, vol. 16, no 2, 2014, p. 1-2.

Entretien des équipements à roulettes

• Inspecter l’équipement régulièrement afin de détecter les bris et l’usure : siège, dossier, base, cylindre, mécanismes d’ajustement, de roulement et d’auto-déblocage des roues. Au besoin, remplacer les pièces défectueuses ;

retirer immédiatement un équipement endommagé, l’entreposer pour qu’il ne soit plus utilisé, y apposer une note et informer la personne responsable ;

• effectuer l’entretien préventif

(ex. : nettoyer les roues) et suivre les recomman-

dations du fabricant (ex. : lubrifier le cylindre)

Consignes d’utilisation du tabouret à roulettes Cet équipement permet d’être à la hauteur des enfants et de SE déplacer sur de COurte distance. MAIS, DANS CERTAINS CAS, il PEUT ÊTRE instable.

• Respecter la charge maximale indiquée par le fabricant ; • en tout temps, garder les pieds au sol pour maintenir l’équilibre ; • vérifier que le tabouret est bien en place avant de s’asseoir ; • ne pas se laisser tomber sur le siège, car il risque de se déplacer ; • s’asseoir sur l’ensemble du siège (et non seulement sur le bord) • dégager l’espace pour circuler ; • utiliser le tabouret sur un plancher droit, sans dénivellation, joint, ou seuil ; • rouler sur de courtes distances et ne pas s’élancer pour un plus long déplacement ; • vérifier la durée de vie du tabouret indiquée sur la fiche technique.

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Illustration : Jean Morin

pour éviter de basculer ;


s o ndage

Que pensez-vous de Sans pépins ? Afin de mieux répondre à vos besoins d’information en santé et en sécurité du travail (SST), notre équipe désire connaître votre opinion et vos suggestions pour améliorer votre revue Sans pépins.

Prenez 5 à 10 minutes pour remplir le questionnaire de sondage disponible sur Internet.

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Répondez au sondage même si vous ne lisez pas ou ne connaissez pas la revue Sans pépins. Votre opinion permettra de bonifier nos services en SST.

Pour

répon dre

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s o ndag e

http://production4.voxco.com/intweb.dll/online/aramis/SP2016 Le sondage est réalisé par ARAMIS, une firme québécoise de recherche et de sondages d’opinion.

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