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Dakar 2014 : trois Vendéens à l’honneur

DAKAr 2014

La belle aventure des Vendéens

L’un habite aux Sables d’Olonne. L’autre réside à Bretignolles. En janvier dernier, Ronan Chabot et Eric Bernard ont pris le départ du Dakar qui ralliait, cette année, Rosario (Argentine) à Valparaiso (Chili). Si chacun a connu des fortunes diverses sur les pistes du célèbre rallye-raid, tous deux sont revenus avec des souvenirs plein la tête. Rencontre.

ronan CHABot en bref

Né le 06.10.1966

Patron, entre autres, des concessions Mercedes et Toyota des Sables d’Olonne et de La Roche-sur-Yon, il est le 1er distributeur Mercedes en France.

Avec Gilles Pillot son fidèle copilote depuis 11 ans, ils comptabilisent plus de 30 Rallyes raids à leur actif. Ils ont pratiquement tout gagné en production avec leur Land Cruiser TOYOTA FRANCE, avant d’évoluer avec succès en prototype 2 roues motrices et de rejoindre le Team SMG de Philippe Gache en 2010.

- Dakar 2013 et 2012 : Vainqueurs en catégorie 2 roues motrices - Dakar 2011 : 2e en 2 roues motrices - Dakar 2009 : 2e en catégorie Production - 2005 : Champions du Monde en Production sur Toyota Land Cruiser D-4D Toys Motors - 2003 à 2009 : Vainqueurs de nombreuses courses en Production : Rallye d’Argentine, Rallye de Tunisie, Rallye du Maroc, Dubaï Challenge…

Du Dakar, ils sont fans depuis toujours. Ronan Chabot et Eric Bernard sont d’ailleurs deux habitués de l’épreuve. Et si ce dernier a davantage brillé à moto avec, entre autre, une 6e place en 2000, il avait cette fois décidé de tenter l’aventure sur quatre roue, tout comme son comparse. Les objectifs, en revanche, n’étaient pas les mêmes pour les deux pilotes. Fort d’une 7e place au général l’an passé, Ronan Chabot ne cachait pas ses ambitions au volant du buggy SMG - Red Bull… évoquant même une possible victoire ! Eric Bernard, lui, espérait rentrer dans les trente premiers. Le second a fait mieux qu’il ne l’avait envisagé. Pour le premier nommé, ce fut un peu compliqué.

Ronan, la chance avait décidé de ne pas vous accompagner sur ce Dakar 2014 ? Ronan Chabot : « Le Dakar, c’est une grande aventure humaine, mais c’est avant tout un sport mécanique. Ça nous a été rappelé cette année dès la première étape. J’avais dit avant le départ qu’on était très ambitieux, mais qu’on pouvait très bien prendre un caillou d’entrée et rester sur le carreau. C’est quasiment ce qui nous ait arrivé. »

A la différence près que vous avez pu repartir mais sans aucun espoir de recoller au classement général… R.C. : « C’est un des points positifs de cette édition. Malgré tous les pépins qu’on a pu rencontrer, on a toujours pu repartir. Notamment une fois grâce à Eric qui s’est arrêté pour nous dépanner… »

C’est la solidarité vendéenne qui a parlé sur ce coup-là ? Eric Bernard : « Avec Ronan, on se connaît. Il m’est apparu normal de lui demander s’il avait besoin d’un coup de main. En l’occurrence, il n’avait plus de liquide de direction et j’ai pu lui prêter un bidon d’huile moteur qui a fait l’affaire. Je n’ai même pas eu à descendre de la voiture ! »

De votre côté, le sort a plutôt été favorable. Et pourtant, n’était-il pas risqué de partir seul à l’aventure ? E.B. : « C’était un vrai défi, c’est sûr. Mais on m’avait tellement dit que je n’y arriverais pas que ça m’a encore plus motivé. Quand il faut chercher les points de navigations, ce n’est pas toujours facile. Mais ça m’a parfois obligé à m’arrêter et m’a permis de me calmer. Ça m’a plutôt bien réussi. »

Avec une 23e place au final plus que satisfaisante… Alors que votre 18e place, Ronan, apparait davantage comme un mauvais résultat, non ? R.C. : « C’est certain. C’est le Dakar qu’on avait certainement le mieux préparé mais la malchance fut un peu récurrente. En même temps, ça fait deux, trois ans qu’on avait le derrière bordé de nouilles (sic). Il fallait bien que ça s’équilibre à un moment donné. »

Vous êtes déçu ? R.C. : « Oui et non. Le compétiteur l’est car j’y allais pour me battre avec les meilleurs. Après, humainement et sportivement, ça reste un très beau Dakar. L’un des meilleurs même, avec un team Red Bull qui est une grande famille. Et avec Carlos (Sainz, vainqueur du Dakar 2010, qui pilotait le second buggy Red Bull), la relation a été très bonne. »

Eric BErNArD en bref

Né le 25.07.1967

Manager sportif des teams KTM et Husqvarna en France. Grand espoir du motocross français dans les années 85, il réoriente sa carrière sportive en 94 pour décrocher un des plus beau palmarès de l’enduro français. Il s’illustre également sur le Dakar à moto avec une victoire d’étape et une 6e place au classement général (1er pilote privé). Il a mis fin à sa carrière de pilote officiel en 2002. • 7 titres de champion de France. • 2 titres de vice-champion du monde. • 1 titre de champion du monde

Photo © Eric Vargiolu / DPPI Le Dakar 2014 restera donc un bon souvenir malgré tout ? R.C. : « C’était trop caillouteux pour qu’on puisse se battre pour la gagne. On a fait je ne sais combien de kilomètres dans les oueds où nos buggys sont désavantagés. Mais on a parfois fait de belles choses et démontré que cette voiture avait quelque chose. Outre le baptême de Sébastien Loeb (voir par ailleurs), ce que je retiens, c’est qu’on a super bien roulé sur les portions qui nous l’autorisaient. Lors d’une spéciale où nous étions partis 56e, nous sommes arrivés 7e et avons donc doublé autant de concurrents. Là, je peux vous dire qu’on a pris du plaisir. »

Et vous, Eric, qu’est-ce que vous retiendrez principalement de cette aventure ? E.B. : « Mon meilleur souvenir, c’est l’arrivée. J’étais concentré làdessus pendant 15 jours. Je voulais à tout prix finir. Quand je termine la dernière étape, c’est l’aboutissement. Surtout que tout aurait pu s’arrêter durant l’avant-dernière étape lorsque je me suis fait percuter à l’arrière par un autre concurrent. Heureusement que j’ai pu repartir ! »

R.C. : « Eric peut être fier de lui. C’est motivant pour lui, mais aussi pour tous ses partenaires. Un bon Dakar, il faut surfer dessus. »

Justement, en 2015, on compte sur vous au départ ? E.B. : « Ça va être compliqué pour moi. La voiture sera peut-être vendue. On a démontré qu’elle était fiable et elle intéresse donc beaucoup de gens aujourd’hui. Personnellement, j’ai été contacté par plusieurs teams mais je préférerais partir avec ma propre voiture. Comme cette année ! »

R.C. : « Avec Gilles (Pillot, son copilote), c’est sûr qu’on repartira l’an prochain. Et avec la même voiture car elle mérite un beau Dakar. J’espère quand même qu’il y aura moins de cailloux ! »

sEBAstiEN LoEB, CopiLotE DE roNAN CHABot !

Si la réussite ne fut pas souvent au rendez-vous pour Ronan Chabot sur ce Dakar 2014, le pilote sablais a pourtant ramené un superbe souvenir d’Amérique du Sud. Lors de la 12e étape, entre El Salvador et La Serena, Gilles Pillot, son fidèle copilote a brièvement laissé sa place à Sébastien Loeb en personne. « A l’arrivée, aux pieds des dunes, il y avait beaucoup de monde, se souvient Ronan Chabot. J’ai reçu l’autorisation de la direction de course de le faire monter à mes côtés. » Le multiple champion du monde de rallye, qui ne cache pas vraiment son envie de prendre un jour le départ du Dakar, a pu se faire une idée précise à l’occasion d’un petit tour dans les dunes.

ViNCENt riou, uN pArrAiN DE CHoix pour LE trio

Eric Bernard avait choisi de courir ce Dakar 2014 en solo. C’est donc fort logiquement qu’il a fait appel à un autre grand « solitaire » pour parrainer son buggy. Vainqueur, entre autre, du Vendée Globe 2004-2005, Vincent Riou s’est fait une joie de répondre favorablement à l’invitation.

Bernard et Boutet,

une histoire d’amitié qui tient la route

Beaucoup connaissait Eric Bernard, le motard. Ex-champion du Monde d’Enduro, 6e du célèbre rallye-raid en 2000, mais également Team Manager du Team KTM lors de la victoire de Cyril Desprès en 2007. Pourtant, c’est bien sur quatre roues que le pilote de Bretignolles a pris le départ de ses trois derniers Dakar. Une histoire née de son amitié profonde avec un autre Vendéen : Pascal Boutet.

« Je connais Eric depuis 18 ou 20 ans » , explique le patron de l’entreprise Bodard Construction à La Mothe-Achard. « J’avais commencé à le sponsoriser lorsque je dirigeais la concession Renault aux Sables et à Challans. » Féru de sport, l’ancien coureur cycliste, ne se contente pas d’injecter de l’argent dans les projets qui lui tiennent à cœur. L’homme met aussi la main « au volant ». Et, à l’occasion d’un rallye qu’il court avec Miguel Jonchère (patron du centre E. Leclerc d’Olonnesur-Mer), l’idée lui vient de « construire une voiture ». « Pascal est ambitieux dans tout ce qu’il fait », résume Eric Bernard. « Entre le moment où l’idée a germé et la sortie de la voiture, il n’a fallu que deux ans et demi. » L’auto en question, une quatre roues motrices, aura pour nom Trio 1. « C’était une voiture sympa, qui marchait plutôt bien », insiste Eric Bernard qui a toutefois dû abandonner à l’occasion de ses deux participations au Dakar en 2009 et 2012. « On a essuyé les plâtres » , confesse Pascal Boutet. « Pour mettre cette voiture en configuration course, il aurait fallu de gros moyens financiers. » La Trio 1 sera finalement vendu. Place à la… Trio 2, une voiture 100% vendéenne (ou presque) ! Le duo s’associe à la SADEV, leader mondial de la fabrication des boites de vitesse de compétition. L’entreprise basée à Saint-Prouant fourni le chassis et, bien sûr, la boite de vitesse. La carrosserie, elle, sort de l’usine AMP Composite à La Mothe-Achard. « Si on avait pu mettre un moteur vendéen, on l’aurait fait » , rigole Pascal Boutet. Ce sera finalement un moteur japonais. Et Eric Bernard de préciser : Pascal Boutet et Eric Bernard (à droite)

« un moteur Nissan, fiable, reconnu par tous les teams. » La très belle 23e place décrochée par Eric Bernard en Amérique du Sud a prouvé que l’engin avait effectivement de la ressource. Reste à savoir si le pilote b retignollais pourra renouveler l’opération dans un an (voir interview ci-contre) ? « Peut-être la voiture sera-t-elle vendue ? » acquiesce Pascal Boutet. « Mais si ça doit être le cas, ça nous permettra de repartir sur un nouveau projet et de l’améliorer encore. » En attendant, la Trio 2 sera, en mai, au départ des 24h du Maroc, une compétition qui se dispute sous forme de relais. Au volant, Eric Bernard, Pascal Boutet et Miguel Jonchère : un autre sacré trio !

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