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Odette Roux, la lutte pour l’espoir et la paix

Odette Roux,

la lutte pour l’espoir et la paix

Comment ouvrir ce dossier autrement ? Disparue le 30 janvier dernier, Odette Roux laisse la trace d’un remarquable combat, mais aussi la vision d’un idéal. Militante communiste, résistante, batailleuse acharnée, sa longue marche pour la justice et l’égalité des femmes résonne comme un modèle d’inspiration, pour toute femme sablaise et femme du monde.

photo © Antoine Martineau

Comment une jeune institutrice a-t-elle pu se hisser au rang de première femme maire de France ? L’histoire remonte aux origines. « Dès toute petite, elle avait un tempérament de feu, on ne pouvait pas aller à l’encontre de ce qu’elle voulait », raconte sa fille Line. « C’est son caractère qui a posé les bases de son engagement, mais aussi sa force. Dans une Vendée très catholique, ses parents profondément laïcs l’ont inscrite dans une école publique de garçons. Elle refusait déjà toute forme d’injustice. »

Devenue institutrice, Odette veut agir. Elle milite au Syndicat national des instituteurs. Et parcourt 40 km à Rencontre avec sa fille Line (à droite)

vélo matin et soir pour aller retrouver Alfred, investi au Front populaire, dont elle est tombée amoureuse. Mais la guerre éclate et en janvier 1941, le couple marié rejoint la résistance. C’est dans ce contexte que Line arrive, en 1942. Son premier Noël sera le seul avec son père. Arrêté, Alfred est emprisonné et meurt fin juin 1943, épuisé par la torture, à la prison allemande de La Roche-sur-Yon. Odette suspend momentanément ses actes résistants, mais la rage est au ventre. « Elle parcourt des kilomètres en vélo, les sacoches pleines de tracts, moi deux ans à peine sur son porte-bagage... Quand on est jeune, on transcende beaucoup de choses », me disait-elle avec le recul. Odette et Line à vélo

photo © Collection Line Roux-Calviera

Odette et Line Cours Dupont

Maire à 27 ans

À la libération de la Vendée, les villes se réorganisent. Aux Sablesd’Olonne, Odette intègre le conseil municipal à la demande du préfet, sur la liste de l’Union patriotique de la résistance antifasciste. C’est la victoire ! À 27 ans, Odette devient la première femme maire de France et mène la reconstruction de la ville avec opiniâtreté : création d’un lycée public, d’un centre médico-social, de cantines, de centres de loisirs... mais aussi le réaménagement de la Place d’armes, dans le centre-ville. Un espace boisé que les Sablais appellent encore aujourd’hui le jardin d’Odette.

Militante à travers le Monde

Le militantisme d’Odette s’élargit à de nouveaux horizons. En pleine guerre froide à Berlin-Est, elle devient représentante à la Fédération démocratique internationale des femmes. Cette organisation reconnue par l’ONU, à titre consultatif, rassemble alors des femmes de 41 pays, unies pour affirmer leur contribution à l’épanouissement de l’humanité, au progrès social et à la paix. Une longue série de congrès l’amènent à rencontrer d’éminentes personnalités (Ho-Chi-Min, Mao TséToung) et des femmes de tous pays : Finlande, Roumanie, URSS, Chine... « Les femmes vietnamiennes l’ont profondément marquée par leur capacité à se relever après la guerre d’Indochine, leur enthousiasme et leur envie de vivre. »

photo © Collection Line Roux-Calviera

Jusqu’au bout, Odette continuera à militer pour les droits des femmes et à témoigner, répondant à toutes les invitations. En janvier 2009, elle recevra le grade de chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur. « Une reconnaissance qu’elle a acceptée, à la condition qu’à travers elle, ce soient toutes les femmes de Vendée qui soient honorées. » Aujourd’hui c’est Line qui raconte fidèlement l’histoire, l’engagement et la lutte d’Odette. Et transmet cet héritage : la nécessité de toujours de se battre pour la liberté, la justice et la paix.

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