OGP#10 Analyse de l'exposition

Page 1

OGP # 09 01 L’EXPOSITION



OGP # 09

01 L’EXPOSITION

Observatoire du Grand Paris Alessia de Biase, Aline Couri, Pierre Dufour, Cristina Rossi, Alice Sotgia, Anne Claire Vallet, Piero Zanini avec les étudiants de master en architecture 2009-10 ENSAPB


#L’EXPOSITION

01

4

OGP #09

INTRODUCTION L’exposition « Le Grand Pari(s) » a présenté du 30 avril au 22 novembre 2009, les résultats de la consultation internationale « Le Grand Pari de l’agglomération parisienne », engagée par l’Etat et conduite par le ministère de la Culture et de la Communication. Conçue et réalisée par la Cité de l’Architecture et du Patrimoine avec le concours du musée des Monuments français, elle a exceptionnellement investie la grande Galerie des moulages. Les dix équipes missionnées par l’Etat présentent leurs scénarii au sein d’une scénographie signée Jean-Christophe Quinton. Dix modules de 16m2 au sol et 7m de haut laissent la liberté à chacune d’elle d’investir son espace et de développer ses propres procédés de représentation. Ces dix « totems », qui semblent faire écho par leurs proportions aux moulages laissés en place, constituent le corps principal de l’exposition et se succèdent sans ordre établi dans la longueur de la galerie. Précédée d’une lecture historique et thématique du territoire parisien, les dix propositions sont mêlées en fin d’exposition au sein d’une synthèse projetée sur grand écran. C’est à cette exposition et aux différents enjeux que posent les questions de la représentation et du récit, que l’Observatoire du Grand Paris – étudiants et chercheurs – s’est intéressé en cherchant de porter un regard analytique et thématique: - c’est d’abord aux publics à qui elle s’adresse et au type de récit que chacune des équipe à mise en place pour communiquer son projet : Le Grand Paris au Grand Public et Les Publics du Grand Paris - puis c’est aux transversalités et singularités des travaux des différentes équipes ainsi que

sur l’efficacité de l’exposition quant à la compréhension des propositions que nous avons porté notre attention en observant les modèles, les références, les imaginaires : Défis sur l’évolution urbaine, les échelles de réflexion : Echelle(s) et la qualification des vides dans la métropole : L’enjeu du Non Urbain - forts de l’observation des transversalités et des singularités, c’est sur les concordances et les discordances des propositions que nous nous sommes appuyés pour comprendre la nature d’une telle exposition : Des stratégie(s) partagée(s) - enfin nous nous sommes penché sous l’angle de la presse en cherchant de représenter l’expo dont elle parle: Expo : un mot de presse. Ce travail ne prétend nullement à l’exhaustivité mais plutôt à un processus de réflexion en cours parfois discordant mais susceptible de faire émerger des problématiques et des questions sur la nature dont la ville se raconte, se pense et se fabrique. C’est d’abord la question du grand public si tant est que l’on puisse le considérer ainsi que nous posons en interrogeant l’accessibilité des informations. Puis c’est la nature de l’exposition qui présente, elle aussi un travail en cours, souvent discordant, que nous interrogeons vis à vis du public, puisqu’elle appelle chez lui, de toute évidence, une prise de position. Enfin c’est le télescopage dans lequel s’inscrivent les mots et les images de la presse qui nous pose question : c’est le dédoublement de l’exposition qui la rend forcément plus publique et plus accessible, en même temps qu’elle contrefait, une fois de plus, la réalité du Grand Paris.


MVRDV

Atelier Castro Denissof Casi

LIN

Studio 09

Nouvel, Duthilleul, Cantal-Dupart

A. Grumbach & associés

C.de Portzamparc

l’AUC

Atelier Lion - Groupe Descartes

01 #L’EXPOSITION

Rogers Stirk Harbour & Partners

OGP #09

5



LE GRAND PARIS AU GRAND PUBLIC Mise en scène d’une consultation internationale et sa reception

EQUIPE

Almudena CAno Paola URizar

01 #L’EXPOSITION

OGP #09


#L’EXPOSITION

01

8

OGP #09

Nous avons choisi le parcours commenté avec les visiteurs de l’exposition comme méthode pour comprendre la manière dont le public l’aborde. «Perçoit-il (et comment) ce qui est mis à sa disposition? Comment comprend-il le sens de l’exposition? Ce sont les deux principales questions. Dans son article «La méthode des parcours dans les lieux d’exposition», Sophie Mariani-Rousset explique son postulat: «l’appropriation du contenu de l’exposition se concrétise dans celle de l’espace qui se manifeste notamment par le parcours de visiteurs.» Le visiteur est mobile, l’expérience de l’exposition se fonde donc sur son mouvement autour des objets exposés. L’orientation des objets, fixes, est pourtant fondamentale. C’est pour cela que notre première analyse est celle des parcours, des trajectoires et de l’observation du temps réservé à chaque arrêt. «Visiter implique une succession d’actes: marcher, fixer son regard, voir, lire, s’éloigner, comparer, se souvenir, discuter, etc.» Il est évident que le parcours de chaque visiteur ne coïncide pas forcement avec celui que le concepteur avait imaginé, pas plus qu’avec celui de autres visiteurs. La lecture de l’exposition est donc différente à chaque fois. Nous essaierons de cerner les différences entre chaque visite ainsi que la façon dont chaque visitant comprend ce qui est exposé. Dans un premier temps, nous avons analysé objectivement l’exposition, c’esta-dire que nous avons fait la visite en observant chaque boîte attentivement. Nous avons réalisé des documents qui analysent chaque boîte: quels dispositif a utilisé cette équipe, quelle disposition ont-ils choisi, quelle est l’ambiance créée (lumière, sons, etc.), quel est le parcours proposé... La deuxième partie du travail a été celle des parcours avec quelques visiteurs de l’exposition. Nous avons choisi des interlocu-

L e Grand PAris

teurs qui n’ont pas de connaissance profonde des disciplines d’architecture ou d’urbanisme. Ainsi, nous avons essayé de comprendre dans quelle mesure il s’agit d’une exposition destinée ou non au grand public.

Nos

interlocuteurs

Cristina Rodríguez est âgée de 24 ans, elle est journaliste et étudiante en sciences politiques. Vivant à Rouen, elle s’est intéressée à l’exposition du Grand Paris en dialoguant avec des étudiants en architecture. Elle connaît un peu le processus et le projet d’Antoine Grumbach. David Murceau est âgé de 27 ans, il est graphiste. Habitant à Paris pour un an, il s’intéresse à l’exposition du point de vue de son métier. Il ne connaît pas les projets exposés ni le démarche de la consultation. Il a réalisé la visite en couple. Julien Garase est âgé de 25 ans, il poursuit des études en histoire de l’art est archéologie. Habitant à Paris, il s’intéresse à l’exposition en tant que parisien et par curiosité personnelle sur le sujet. Il ne connaît pas les projets exposés.

La

demarche

Nous avons demandé à chaque interlocuteur de nous faire partager ses réflexions lors de la visite et de photographier les documents qui, selon lui, sont les plus clairs. Nous avons également chronométré le temps que chacun a réservé à chaque dispositif ou «boîte». L’enregistrement de leur avis, l’observation de leur parcours et son dessin dans un plan du lieu, l’annotation de la direction des regards du visiteur dans chaque arrêt, etc.

au

Grand Public

nous permettent de comparer le parcours proposé avec le parcours vécu. Nous avons essayé de préserver la spontanéité de leurs réflexions sur l’exposition, même s’il nous a fallu parfois poser des questions concrètes afin de pouvoir comparer l’avis des différents interlocuteurs. Avant la visite, nous avons essayé d’estimer leur dégrés de connaissance sur le sujet et la façon dont ils ont appris l’existence du processus et de l’exposition. Après la visite, nous leur avons demandé de nous communiquer leurs impressions sur l’exposition, sur l’intelligibilité des différents projets ... Quel message reçoivent ils ? Quelles difficultés rencontrent-ils dans la compréhension de ce message ? Leur intérêt originel s’est-il maintenu pendant l’exposition ? Quel sont les dispositifs qui leur «parlent» le plus ? Dans cette partie, nous essaierons de confronter l’analyse objective initialement réalisée avec le parcours de chaque visiteur. Enfin, nous analyserons chaque boîte par rapport à l’expérience proposée et par rapport à celle vécue par les visiteurs. L’objectif des concepteurs est-il atteint ? Comprend-on mieux les projets proposés après la visite? Nous essayerons d’observer quels sont les lieux les plus fréquentés, quels sont ceux qui nécessitent les arrêts les plus longs pour la compréhension des documents exposés, etc. Quels sont les projets les plus marquants ? Pourquoi ? Quels sont les dispositifs qui attirent ou parlent le plus ?


equipe

« Il y a trop de texte et j’ai envie d’entrer dans les boîtes, je ne vais pas tout lire »

« La salle n’était pas bien aménagée contre la chaleur et ça n’est pas agréable de se promener et s’arrêter longtemps dans les boîtes »

« Je ne pense pas que cette exposition soit accessible à tout le monde, il faut être dans le monde de l’architecture et de l’urbanisme pour la comprendre »

« Les images intenses sur les images de Castro invitait à entrer dans la boîte »

« La disposition de ces panneaux est un peu chaotique, je ne sais pas s’il y a un ordre à suivre pour comprendre l’ensemble »

« Le temps nécessaire pour voir les vidéos est excessif, je ne vais pas rester deux heures dans l’expo »

« Le projet que j’aime le plus c’est Paris-Rouen-Le Havre, l’idée forte était bien exprimée par le neon bleu »

« J’aurais préféré venir à l’expo avec un expert sur le sujet ou avoir un guide pour mieux comprendre les projets »

« Le premier projet était assez clair, avec les dix principes pour l’avenir de Paris » « Cette vidéo serait plus utile au début de l’expo »

01 #L’EXPOSITION

OGP #09

CAno│UR izar

9


#L’EXPOSITION

01

OGP #09

L e Grand PAris

10 « Ces images sont très clarifiantes, elles restituent le sujet de l’expo » « S’il font une exposition en été, ils doivent prévoir la chaleur et l’affluence de beaucoup de monde... Ce n’est pas un espace confortable et adapté à ce type d’expo en boîtes fernées »

« J’ai l’impression de n’avoir rien compris sur les propositions, même pas sur l’enjeu de faire un Grand Paris. Je ne sais même pas si l’expo est lisible par un architecte »

« A cet endroit de l’expo je trouve plus intéressants les moulages historiques que les boîtes »

« La séquence est trop longue pour maintenir l’attention »

« Le fait de mélanger deux expos dans la même salle me dérange, je ne vois pas l’intérêt »

« Dans le projet de Nouvel j’ai compris qu’il veut mettre plus de vert dans la ville »

« Les modes de représentation sont très novateurs et sophistiqués, mais le contenu n’est jamais clair » « Je trouve une densité d’information excessive dans toutes les boîtes »

au

Grand Public


equipe

OGP #09

« L’exposition est conçue par des architectes et ils n’ont pas réussi à franchir la barrière d’un langage commun au grand public »

« J’aime bien les vieilles cartes où tu vois l’évolution des villes. Mais elles ne sont pas toutes très lisibles »

« Le projet de Grumbach et celui de Secchi sont les plus compréhensibles »

« C’est bien de mettre une présentation au débit de l’expo » « Autant de texte ! Ce n’est pas forcément très attirant »

« C’est dommage, on n’a pas la place pour regarder les cartes affichées à l’extérieur des boîtes » « J’aime bien l’idée de faire une consultation avant de réaliser des grands projets pour Paris »

« C’est important d’avoir une synthèse de tous les projets, mais on aurait dû la situer au début pour mieux comprendre »

01 #L’EXPOSITION

CAno│UR izar

11


#L’EXPOSITION

01

12

OGP #09

L e Grand PAris

au

Grand Public


equipe

OGP #09

LEGENDE

01 #L’EXPOSITION

CAno│UR izar

13


#L’EXPOSITION

01

OGP #09

L e Grand PAris

au

Grand Public

14

Le parcours suivi par chacun des trois visiteurs : la trajectoire, les arrêts, etc... La présence d'autres visiteurs Les citations des visiteurs et les photographies peuvent illustrer des situations concètes vécues par chaque interlocuteur.


CAno│UR izar

OGP #09

01 #L’EXPOSITION

equipe

15

Les arrêts effectués : dans quelle direction les visiteurs ont-ils regardé lors de leur arrêt? Combien de temps? Est-ce que cet objet a provoqué des réflexions sur l'objet même ou sur le projet proposé?


#L’EXPOSITION

01

OGP #09

L e Grand PAris

16

Les dispositifs oubliés par chaque visiteur. Ils ont photografié les documents les plus clarifiants pour eux. Les commentaires qu'ils ont fait

au

Grand Public


equipe

OGP #09

01 #L’EXPOSITION

CAno│UR izar

17



Le(s) public(s) du Grand Paris Moyens de communication et populations ciblées.

EQUIPE

Benedetta Bardelli Martin Coutarel Charles-Elie Delprat Robin Drosson Clément Hanussé Paul Rizzotti Alina Tataru

01 #L’EXPOSITION

OGP #09


#L’EXPOSITION

01

20

OGP #09

Nous avons porté un regard analytique sur l’exposition, au travers des publics à qui elle s’adresse. Ce questionnement sous-tend deux problématiques, qui ont fondé notre démarche. Quel public est concerné par l’exposition du Grand Paris ? Elle est destinée à un public très vaste, et ce pour plusieurs raisons : 1) son thème tout d’abord : Paris, ville la plus visitée au monde. 2) Sa situation, au cœur du Paris touristique (Trocadéro, Tour Eiffel).3) audio-guides en 7 langues étrangères, disponibles sur demande. 4) la gratuité de l’entrée. A qui s’adresse, et par quels moyens, chacune des équipes ? Nous avons élaboré une grille d’analyse comparative, à partir de critères objectifs : -les médias utilisés (audio, vidéo, etc.) et la hiérarchie qui existe entre eux. -le vocabulaire (richesse et niveau de spécialisation) et le type de discours (pédagogique, analytique, etc.) employés. -le degré d’abstraction de la représentation. Nous avons aussi constitué cinq catégories de populations. Les critères sélectifs utilisés mettent en exergue des rapports variables face à l’architecture ou à l’urbanisme, ou encore face à la ville de Paris. - les habitants de la métropole parisienne, qui la pratiquent chaque jour et semblent donc les plus à même de comprendre le contenu de l’exposition. - les touristes, profitant de leur passage à Paris pour s’informer de cette consultation. - les hommes politiques, potentiels décideurs de l’avenir du Grand Paris. - les étudiants (du milieu architectural, urbain, etc.) pour qui ces réflexions sur la « métropole » constituent un bagage certain.

L e(s)

- les professionnels de la construction et de la « ville » (architectes, urbanistes, entrepreneurs, sociologues) plus à même d’emettre un jugement critique sur le contenu et directement concernés par les lignes directrices que la consultation mettra en place. La lecture de ces données permet de caractériser différentes attitudes que les équipes adoptent envers le public. Christian de Portzamparc, Jean Nouvel ou encore Winny Maas axent leur présentation autour d’un média prépondérant, respectivement une « vidéoconférence », une vidéo simultanée sur différents écrans, et une vidéo d’animation 3D dépourvue de tout commentaire audio. Ce type d’approche, qui place le visiteur en spectateur et non comme acteur, facilite sa compréhension. La stratégie d’appropriation de l’alcôve par l’équipe Grumbach est tout à fait inverse : l’intégralité de la surface d’exposition est couverte de documents juxtaposés, de nature diverses et variées, sans lien apparent. Le visiteur passe ainsi d’une photo de « l’abris originel » à celle d’Antoine Grumbach et de ses collègues (type photomaton). Il se trouve ensuite confronté à un pavé de centaines de pages (qu’il feuillètera, au mieux) bercé par le bruit des mouettes, qui rappellent le port du Havre. L’équipe AUC n’est pas plus accessible, tant la qualité graphique des éléments proposés sont privilégiés, au détriment de leur clarté de compréhension (frises chronologiques présentées par bribes, en mouvement constant, sur des écrans LCD). Le discours de Jean Nouvel mêle (habilement) des questions relatives à la métropolisation et des thèmes plus sensibles (Art, rapport du corps à l’espace). Paris devient selon lui le «

public(s) du

Grand Paris

plus grand lieu d’art situé au monde ». Le végétal, « poumon de la ville » occupe un nouveau statut etc. Le spectateur laisse ainsi libre cours à son imaginaire et peut se projeter dans ce Paris métamorphosé. Christian de Portzamparc, quant à lui, procède de manière très didactique, magistrale, presque opératoire, dans l’avancement de sa proposition. Après avoir explicité les enjeux d’un tel projet aujourd’hui, il présente les principaux axes qui ont guidé sa démarche, puis se concentre sur des « fenêtres » de projet. Ainsi, des notions à priori complexes (« cyberespace, pôle multimodal… ») sont rendues accessibles au plus grand nombre. Dans la dernière partie et comme synthèse nous avons cherché à matérialiser le niveau d’abstraction de chaque équipe. En effet certaines équipes sont très didactiques et descriptives. L’équipe de Jean Nouvel, présente un projet point par point en utilisant des exemples très évocateurs et via des moyens de communication populaires tel que la télévision. On peut dire alors que son niveau d’abstraction est faible. Au contraire, MVRDV, est l’une des équipes les plus conceptuelles. Leur travail est volontairement déconnecté de la réalité, leur imagerie foncièrement originale. Ici le niveau d’abstraction sera considéré comme très élevé. La consultation s’adresse finalement à un très large public, car la majorité des présentations restent relativement superficielles. L’énumération de grands principes prime souvent sur des éléments de projet concrets. Pouvait-on espérer une autre issue compte tenu de l’ampleur de l’objet d’étude et de la complexité de l’exercice, dans une durée si courte ?


equipe

LEGENDE audio vidéo photo texte modélisation 3D maquette intéractive diapositives

médias très utilisés médias peu utilisés médias non utilisés

01 #L’EXPOSITION

OGP #09

BaCoDeDrHaR iTa

21


#L’EXPOSITION

01

22

OGP #09

L e(s)

LEGENDE vocabulaire employé :

simple riche spécialisé

modalité de discours : synthétique

pédagogique paternaliste

analytique

poétique

public(s) du

Grand Paris


equipe

OGP #09

LEGENDE

représentation concrète représentation abstraite

01 #L’EXPOSITION

BaCoDeDrHaR iTa

23


#L’EXPOSITION

01

24

OGP #09

L e(s)

LEGENDE

parisien

touriste homme politique étudiant public spécialisé

_

+

public(s) du

Grand Paris


equipe

OGP #09

01 #L’EXPOSITION

BaCoDeDrHaR iTa

25



DEFIS SUR L’EVOLUTION URBAINE

Modèles, références et imaginaires dans l’exposition sur le Grand Paris

EQUIPE

Lilia Aizcorbe Ioar Cabodevilla Manlai Enkhbayar Miruna Toroipan Anastasia Yastrebova

01 #L’EXPOSITION

OGP #09


#L’EXPOSITION

01

28

OGP #09

L’objectif de notre analyse est de mettre en évidence le rôle des modèles, des références et des imaginaires dans les projets des dix équipes ayant répondu à la consultation sur le Grand Paris. Nous parlerons de modèle comme système idéal avec lequel on peut étudier, par analogie, les propriétés et les transformations d’un autre système plus complexe. Les références sont des actions ou des moyens de situer une chose en relation à une autre. L’imaginaire est la construction mettant en jeu modèles et références créant des rapports, des liens, des stratégies. MODELES En analysant les différents projets certains modèles sont apparus comme récurrents : • La métropole ECOLOGIQUE (ville écologique et durable) Les 10 équipes tentent d’apporter des solutions à la problématique de l’écologie. Tous cherchent des méthodes afin de réduire l’empreinte environnementale et physique de la circulation automobile. Cette problématique est directement liée à la question des transports en communs à l’échelle de la métropole afin d’améliorer les relations entre ville et banlieue. • La métropole POLYCENTRIQUE Il est établit que la représentation monocentrique de la ville ne peut répondre aux multiples exigences nécessaires au développement de la métropole parisienne. Sous réserve d’un impact direct sur le développement durable, plusieurs équipes s’appuient sur le polycentrisme (Rogers, Portzamparc, Secchi, L’AUC, MVRDV). Elles parlent de la création centralités autour de pôles préexistants. Ainsi ils diminuent les trajets automobiles en rapprochant les différentes fonctions dispersées de la ville. • Le réseau en commun RADIOCENTRIQUE

Défis

Dans les travaux du grand Paris on voit se développer des réponses alternatives à l’extension urbaine et à la croissance radioconcentrique. La plupart des équipes proposent des systèmes de réseaux en commun radioconcentriques. D’autres comme Grumbach et Secchi, critiquent la croissance radioconcentrique de l’agglomération parisienne. Grumbach s’appuie donc sur un autre modèle : la métropole LINEAIRE qui prévoit d’étendre Paris jusqu’au Havre. REFERENCES Les dix projets du Grand Paris font appel à différents types de références : • Les VILLES INTERNATIONALES Dans l’exposition le thème de la ville, comme groupement représentatif des cultures multiples, est essentiellement abordé à l’échelle mondiale. Il est fait référence à de nombreux modèles comme celui de Shanghai, Bombay ou Johannesburg pour tenter de déterminer une identité culturelle, géographique, administrative, commune à tous les peuples. On y retrouve souvent des références à la ville isotrope qui a la caractéristique de poser les mêmes conditions pour tous. De nombreuses équipes ont fait référence à des ville internationnales, principalement Richard Rogers, l’AUC, Portzamparc, Finn Geipel et Antoine Grumbach. • L’HISTOIRE DE PARIS ET DE SON AGGLOMERATION Toutes les équipes se sont appuyées sur l’histoire de Paris et de l’agglomération parisienne afin d’élaborer leurs propositions. Certains se distinguent dont l’AUC, Antoine Grumbach et MVRDV. • EVENEMENTS ARCHITECTURAUX Rolland Castro et MVRDV font appel à des grands évènements architecturaux comme référence

sur l’evolution urbaine

pour leurs projets comme Central Park a New York, l`opera de Sydney. IMAGINAIRES • L’ENJEU ECOLOGIQUE D’une manière générale les équipes ont développé un imaginaire pour exprimer leur vision de la métropole en prenant en compte les thématiques développées par le protocole de Kyoto sur le climat. Plusieurs thèmes sont abordés en réponse aux préoccupations écologiques : les transports, la densification des espaces bâtis, la question de la durabilité, de la compacité, de la mixité et la nécessité de réhabiliter plutôt que de détruire. • « L’URBAIN A VISAGE HUMAIN » C’est une ville libérée de ses voitures et que l’on redonne à l’usage public. Elle apparait avec plus de verdure, des trottoirs élargis qui accueillent des terrasses et des pistes cyclables. Mais c’est une métropole également conçue avec des gratte-ciel, des forets, des banlieues et un fleuve reconquis. Des propositions optimistes mais réalisables pour le grand pari[s] de l’agglomération parisienne de 2030. • LE LOGEMENT C’est l’un des sujets principaux de l’imaginaire des équipes. Chacune développe de grands concepts comme les micros pavillons de 30 à 40m² de l’AUC, 20m² en plus par logement pour Descartes et MVRDV propose de surélever tissu haussmannien avec comme référence l’unité d’habitation de Le Corbusier. QUEL VISAGE SE DESSINE POUR LE GRAND PARIS ? L’analyse des modèles et des références utilisées par les équipes pour développer leurs visions de le la future agglomération parisienne révèlent des imaginaires qui mettent en avant la vision de la métropole post-Kyoto où l’écologie est au centre des projets.


equipe

OGP #09

01 #L’EXPOSITION

A iCA aEnTrYa

29

Multipolaire


#L’EXPOSITION

01

30

OGP #09

Défis

sur l’evolution urbaine

LEGENDE

JOHANNESBURG NEW BOMBAY SAN PAULO

YORK MEXICO BOGOTA MEXICO

SHANGHAI LONDRE LOS ANGELES ST PETERSBOURG HOUSTON ROTTERDAM LONDRES TORONTO DUBAI MUNICH TOKYO CURITIBA LAGOS SUISSE PORTLAND RANDSTAD MEXICO LE CAIRE SINGAPOUR

références villes internationales références événements architecturaux références à l’histoire de Paris

la sale de l`Assemblée Central park NEW YORK

nationale l`opera du

CARDIFF SYDNEY

Central park NEW YORK Le Corbusier – L’unité d’habitation OMA – prolongation du grand axe Jean NOUVEL – la tour sans fin

LONDRE

AMSTERDAM


equipe

OGP #09

01 #L’EXPOSITION

A iCA aEnTrYa

31



ECHELLE(S)

Quelles dimensions spatio-temporelles pour le Grand Paris?

EQUIPE

Sidonie Bouillerot Charlotte Cesareo Priscila Coli Angel Lara Diana Levin Andrea Vivera

01 #L’EXPOSITION

OGP #09


#L’EXPOSITION

01

34

OGP #09

S’interroger sur les échelles est une première réponse à la question originelle: quel est l’avenir de la métropole du futur ? Le projet du Grand Pari de l’agglomération parisienne est si large qu’il a besoin de références. Laissé sans dimension, chaque équipe a le loisir de se constituer sa propre image du Grand Paris, de choisir ses échelles temporelles et spatiales. Quelle relation espace-temps formulent les équipes dans la perspective du projet ? En ce qui concerne l’échelle spatiale, on observe que la majorité des équipes a défini un cadre de 150x150 km qui correspond aux limites de la région Ile-de-France et à celles du réseau de transport RER. Ces équipes bornent le Grand Paris à sa zone dense et au cadre administratif et fonctionnel de la région, échelle suggérée dans la lettre de mission de la consultation. Pourtant, Grumbach déroge à cette échelle et se place «hors cadre», son projet se développe sur 300km jusqu’au Havre, il préfère l’échelle géographique du Bassin parisien et de la vallée de la Seine. Apres l’échelle régionale du Grand Paris, chaque équipe en décline une ou plusieurs qui lui sont inférieures. On retrouve plusieurs fois l’empreinte de 10x10km de Paris intramuros, doté d’une identité politique et limité par son périphérique. Cette barrière urbaine est considérée notamment par Portzamparc et Rogers. Ensuite, l’échelle locale d’opérations ponctuelles est développée, les «quartiers» choisis sont de dimensions très variables, ils correspondent rarement à des entités administratives et se déclinent en bassins de vie, lieux symboliques ou peuvent atteindre l’échelle de la parcelle individuelle. Ainsi la commune de la Courneuve, le quartier des

ECHELLE(S)

gares du Nord et de l’Est, le forum des Halles ou les toits des immeubles sont autant de terrains de projets. Dans le même temps, il est notable que l’AUC cherche à replacer Paris dans un contexte mondial et compare avec Tokyo ou Mexico, ils font exploser l’échelle mais n’y situent pas le projet. D’autre part on observe que MVRDV projette une échelle plus relative en proposant un « Paris plus petit », Winy Maas confronte quantitativement le volume d’extension urbaine actuelle à son modèle de développement et rend peu compte des dimensions spatiales réelles. Son terrain est blanc et neutre, il en rétrécit les dimensions. Enfin, à côté de ces échelles «vivantes», Studio 09 ou Portzamparc ont une méthode plus sérielle en considérant que chaque choix d’échelle est une décision arbitraire qu’il convient d’assumer. Ils décident d’un format de fenêtre d’étude appliquée à plusieurs reprises sur le territoire. Secchi opte pour une dimension de 5x5 km dans un Grand Paris borné précisément à 50x50 km tandis que Portzamparc choisit un cadrage de 5x10 km. La dimension temporelle est présente dans la lettre de mission de la consultation et se confronte à l’horizon 2030. Tous font référence à cette échéance institutionnelle. Cependant plusieurs équipes ne s’y bornent pas et recherchent des références passées ou se projettent dans un autre futur. L’AUC en particulier expose une chronologie de l’idée du Grand Paris et nous emmène jusque sous l’Ancien Régime en 1778. Il est certain que l’ambition de modifier la capitale nous inspire au moins la référence du baron Haussmann qui semble tellement évidente qu’elle est peu présente. La date de 1910 est plusieurs fois

évoquée comme marquage de la montée des eaux lors de la grande inondation, l’empreinte du lit de la Seine sert encore de référence à l’attendue montée des eaux liée au réchauffement climatique. Dans un passé moins lointain, Castro ou Portzamparc évoquent les chantiers des années 1970 comme le contexte d’une politique de la grande échelle. Les références passées sont considérées car la ville du futur est déjà essentiellement constituée, elle est héritée. Pour le futur, des étapes intermédiaires entre aujourd’hui et 2030 sont présentées par Secchi ou Rogers avec des projets pour les cinq prochaines années. Certains dépassent 2030, Grumbach se projette jusqu’en 2050 tandis que MVRDV évoque l’horizon du XXIIe siècle. Y a-t-il une correspondance entre grande échelle temporelle et large échelle spatiale ? Il semblerait que les projets immédiats s’inscrivent dans la petite échelle et que les équipes proposent un calendrier moins lointain au profit du proche, du quartier. Ils définissent en conséquence des priorités et s’appuient sur la quantité de petites opérations réalisables ponctuellement et simultanément pour faire partie d’un large processus. La transformation par l’action cumulative, multiple et synchronique semble être le modèle actuel au regard des époques passées de planification globale, autrement dit on préfère l’acupuncture urbaine aux grands schémas directeurs.


equipe

LEGENDE 22002200

21002100

20502050 20402040 20302030 20202020 20102010

19701970

19101910

17781778

300X50km (la Seine) 150x150km (IDF) 80x80km (zone dense) 10x10km (Paris) 2x2km (quartier)

01 #L’EXPOSITION

OGP #09

BoViCoL a L eCE

35



L’ENJEU DU NON URBAIN

Quelle place pour le vide dans l’avenir d’une métropole

EQUIPE

Berta Romeo valérie Mavboungou Michaela Rozenska Gemma Guinovart Cecilia Gonzalez Eléonore Clavel Jungah Ahn

01 #L’EXPOSITION

OGP #09


#L’EXPOSITION

01

38

L’enjeu du Non-Urbain

OGP #09

Comment définir le non urbain ? S’agit-il des espaces non bâtis de la ville, des parcs et jardins, des interstices urbains ? Le concept étant très vaste, notre démarche a été d’en élaborer une définition à partir de l’analyse des différentes propositions des équipes du Grand Paris. Après la visite de l’exposition nous avons réussi à faire ressortir des grands thèmes : la forêt, l’agriculture, la topographie et les friches. Toutes ces notions ne sont pas évoquées de manière homogène par les équipes, certaines reviennent de manière plus récurrente que d’autres, et au sein d’un même thème les solutions sont différentes. A travers cette analyse nous allons essayer de comprendre comment le non urbain est abordé, si la définition que nous avons tirée de l’exposition est suffisante pour définir ce concept et si, finalement, il est réellement question de non urbain. la forêt

Nous avons choisi le terme de forêt afin de se détacher de la notion d’espaces verts (parcs et jardins) qui, dans un contexte urbain, deviennent de véritables morceaux de tissu de la ville. La forêt est le thème le plus récurrent dans l’exposition mais plusieurs approches apparaissent. Il est évoqué en premier lieu comme un outil urbanistique permettant de limiter l’expansion sauvage de la métropole (Richard Rogers), de relier les différents espaces verts (Richard Rogers, Winny Maas) ou de mettre en valeur les territoires et espaces naturels existants (Yves Lion, Djamel Klouche). Derrière l’évocation de la forêt se cache souvent un discours écologique. La forêt est alors utilisée pour régler des problèmes environnementaux : limiter l’augmentation de la température dans la métropole (Yves Lion), limiter l’émanation de gaz à effet de serre ou pour valoriser des lieux autour desquels il est aujourd’hui impossible de s’implanter (Richard Rogers, Winny Maas). La forêt est donc toujours utilisée comme outil afin de régler certaines

difficultés auxquelles la métropole est confrontée. Elle est donc rarement traitée comme lieu naturel appropriable par les gens mais comme un outil maîtrisé permettant de répondre à des problèmes précis. D’ailleurs, dans la plupart des projets (Portzamparc, Secchi, Grumbach) le thème de la forêt est accompagné par un discours sur le bâti permettant notamment l’intégration de la forêt à la ville. De ce point de vue la forêt est-elle donc évoquée comme un réel enjeu non-urbain ou comme un outil urbanistique? l’agriculture

Le discours s’axe essentiellement sur l’évocation de jardins collectifs et de fermes urbaines (Nouvel, Castro, Grumbach). Il s’agit alors d’espaces limités qui, dans un enjeu économique, ne suffiraient pas à nourrir toute la métropole. D’autre part l’agriculture est abordée comme un moyen de limiter l’expansion de la métropole (Yves Lion). Valoriser les terrains agricoles d’Ilede-France et ses abords permettrait alors des échanges commerciaux favorables à la métropole prenant en compte sa croissance actuelle et future. Enfin un aspect particulier est l’exploitation des rives du fleuve par l’agriculture (Secchi). L’un et l’autre sont alors utilisés pour se potentialiser mutuellement. On trouve dans ces propositions l’évocation de l’agriculture à des échelles différentes : l’agriculture de masse et l’agriculture citadine. On peut se demander si les enjeux de la croissance de la métropole sont réellement pris en compte ou si ce n’est pas une manière de proposer une approche plus actuelle de l’agriculture qui réponde mieux aux enjeux écologiques de la métropole post-Kyoto. la topographie

Plusieurs équipes (Rogers, Grumbach, Castro) se sont appuyées sur la géographie afin de découper les nouvelles entités de la future métropole. Ainsi les différents départements ne sont

plus des découpages purement administratifs mais révèlent les différentes entités géographiques qui composent la région. Il est souvent question d’adaptation au relief ou de valorisation du relief (Grumbach, Nouvel, Secchi). Au-delà de l’évoquer on ne discerne pas vraiment de quoi il est question. L’équipe de Roland Castro s’est vraiment appuyée sur cette notion afin de développer un concept à part entière : la « topolitique ». La géographie est alors transformée en un concept politique et social. peut-on parler de non urbain?

Seule l’équipe de Bernardo Secchi s’est intéressée au thème des friches et interstices urbains. La notion n’est pas vraiment développée alors que c’est un thème qu’il nous paraît important d’aborder surtout dans une consultation sur la constitution d’une métropole où il est souvent question de densification du tissu urbain. A travers toutes ces notions, il est surtout question de potentialiser des espaces existants, de les transformer. Comment peut-on projeter une métropole en patchwork sans parler des ses vides et de ses enclaves ? D’autre part on peut se questionner sur le concept du non urbain tel que nous l’avons vu dans cette analyse. Le non urbain est toujours projeté, il est utilisé comme outil afin de répondre à des problématiques précises et s’articule donc toujours avec l’architecture et l’urbanisme. Dans ces conditions le non urbain a-t-il réellement trouvé une place dans cette consultation sur l’avenir de la métropole parisienne ?


LEGENDE

les thèmes

la forêt la topographie l’agriculture les friches

01 #L’EXPOSITION

OGP #09

Equipe RoMaRoGuGoClAh

39


#L’EXPOSITION

01

40

OGP #09

L’enjeu

LEGENDE

la forêt

limiter

relier

encercler

agrandir

rapprocher

alterner

transition

«forestifier»

ouvrir

du

Non-Urbain


LEGENDE

l’agriculture

limiter

renforcer

intégrer

jardins urbains

fermes urbaines

01 #L’EXPOSITION

OGP #09

Equipe RoMaRoGuGoCl Ah

41


#L’EXPOSITION

01

42

OGP #09

L’enjeu

LEGENDE

la topographie

adapter au fleuve

valoriser

adapter

«topolitique»

découpage morphologique

du

Non-Urbain


LEGENDE

les friches

potentialiser

01 #L’EXPOSITION

OGP #09

Equipe RoMaRoGuGoCl Ah

43



DES STRATEGIE(S) PARTAGÉ(S)?

CONCORDANCES ET DISCORDANCES EN QUATRE THÉMATIQUES

EQUIPE

Nele Beuker Olivier Fontaine Franziska Friedrich Carl Johansson Alan Martinez Rubén Mediavilla Helena Toureche

01 #L’EXPOSITION

OGP #09


#L’EXPOSITION

01

46

OGP #09

Au travers de la richesse des propositions des équipes, des thématiques émergent. Sur quels points s’accordent-ils et sur quels autres s’opposent-ils ? L’exposition a été résumée ici en quatre thématiques : réseaux, environnement, densification et chantiers.

Réseaux

La mobilité c’est l’artère vitale d’une ville. Les équipes proposent toutes la mise en place de nouveaux réseaux, une ambition qui semble cependant plus difficile à réaliser qu’à projeter.

Des

clé. Dans cette perspective, les architectes proposent de construire des immeubles écologiques équipés de panneaux solaires (MVRDV, LIN, Nouvel) ou de planter des forêts d’éoliennes (MVRDV, Nouvel).

Densification

Toutes les équipes développent des scénarios de densification urbaine dans le contexte d’une métropole en mutation.

Les équipes traitent de la mobilité selon leur échelle d’intervention. Elles s’accordent autour de la création de nouvelles autoroutes, gares et lignes de tramway. Si certains (Descartes, Castro, Grumbach) appuient sur le détail des stations, d’autres se contentent de schémas plus généraux. D’autre part, la proposition du transport fluvial est citée dans l’exposition par Castro, mais elle n’est pas unanimement partagée.

A quelques exceptions près, les architectes acceptent le phénomène d’extension urbaine, mais leurs projets préconisent qu’il se développe dans le cadre d’une densification extramuros. Il ne s’agit pas de stopper mais de contrôler la métropole qui va continuer de s’étendre sur l’ensemble des territoires avoisinants. Cette vision n’est pas complètement partagée, il y a aussi la permanence du modèle de densité du Paris intramuros, l’objectif est alors de minimiser les surfaces d’extensions pour intervenir sur des terrains déjà urbanisés (MVRDV, Nouvel).

Environnement

Chantiers

Les architectes ont pris conscience de l’enjeu environnemental et de son impact sur l’opinion publique, en conséquence la nature a gagné une place de choix dans la vie urbaine. Parmi les scénarios exposés, le partage entre espaces bâtis et espaces verts est un élément

Les équipes se sont penchées sur les interactions existant entre la capitale et ses satellites, ils proposent des systèmes dont l’équilibre repose sur les hiérarchies entre les différentes entités. D’autres recherchent un modèle plus autarcique,

«L’environnement» recouvre une réalité plurielle. Selon les équipes cette thématique donne naissance à des propositions futuristes, développe un imaginaire de développement technologique ou de respect à la nature.

Les chantiers reflètent à la fois l’échelle d’intervention et la gouvernance imaginées par les équipes. L’histoire de la métropole parisienne est riche d’exemples d’échange d’idées, d’interactions spatiales et culturelles.

strategie(s) partagé(s)

fonctionnant en autonomie urbaine et politique (AUC, MVRDV). Ces thématiques sont des repères, transformant ainsi le Grand Paris en une dynamique, titillant l’imaginaire et la créativité des architectes. Cetains groupes parlent des problèmes actuels (AUC, Portzamparc, LIN), d’autres imaginent des projets et s’attachent à leur possible formalisation (Descartes, Castro), et d’autres, plus utopiques, proposent des projets plus prospectifs (Nouvel, MVRDV). Finalement, cette diversité de propositions (concordances et oppositions), donne plus de chance de répondre à ces thématiques, et d’atteindre le but voulu.


OGP #09

befomajometofr

LEGENDE

projets architecturaux projets urbains écologie transport faisabilité

certitude vague doute

01 #L’EXPOSITION

Equipe

47

Projets archit

Projets ur Ecologie

Transport

Faisabilité

Certitude Vague Doute


#L’EXPOSITION

01

48

OGP #09

Des

LEGENDE

réseaux

gares Gares piétons / vélos Pétons, vélos aéroports Aéroports fret Fret transport fluvial Transport fluvial routes Routes batobus Batobus transport ferroviaire Transport ferrovial commun

strategie(s) partagé(s)


OGP #09

befomajometofr

LEGENDE

01 #L’EXPOSITION

Equipe

49

environnement

agriculture eau transports verts

Agriculture Eau

(piéton, vélo, bateau...)

Transports vélos bate

gestion des ressources

Gestion d

énergies renouvelables

Energies r

espaces verts

Espaces v


#L’EXPOSITION

01

50

OGP #09

Des

LEGENDE

densification

Densification sur ...sur infrastructures l‘infrastructure Densification ...autour des parcs autour des parcs

tours Tours Densification rives rives de lades Seine de la Seine

superposition Superposition transformations Transformations

strategie(s) partagé(s)


OGP #09

befomajometofr

LEGENDE

01 #L’EXPOSITION

Equipe

51

chantiers

terrains (échelles) d’intervention

Terrains (e d‘interven

échelle urbaine

Echelle ur

entités géopolitiques

Entités gé

mixité des programmes identité urbaine décentralisation synergétique

Mixité des programm

Identité u

Décentral synergiqu



EXPO: UN MOT DE PRESSE

Le pouvoir de la presse sur l’imaginaire comun

EQUIPE

Oliver Delannoy Francesca Errico Alice Caillot

01 #L’EXPOSITION

OGP #09


#L’EXPOSITION

01

54

OGP #09

Visiter l’ exposition du “Grand Paris” sans la voir. Cette contradiction est le point de départ de notre travail. Il s’organise au travers d’une lecture transversale de la presse décrivant l’Exposition du Grand Paris.Dans un océan de mots décrivant la scénographie, semaine après semaine l’image de l’exposition s’étoffe, tant au niveau de la forme que du contenu.Quel imaginaire commun se dégage de la lecture de ces articles ? C’est le sujet ne notre analyse.Les différents médias permettent de se construire une image mentale assez abstraite de l’espace. Contes de l’espace des teintes semblables se combinent pour créer une image publique de la Galerie Carlu ponctuée par une ordonnance de mesure des pleins et vides dictée par la présence de l’exposition à l’intérieur . Les redondances sont l’évocation d’une grande salle contenant dix boites disposées selon une trame dans un contexte blanc et lumineux. La pluralité et l’hétérogénéité des éléments qui composent l’exposition sont appelés à partager l’espace de la galerie avec des témoignages de l’héritage architectonique français, dans le but de mettre en relation des réflexions passées et futures sur la ville de Paris. Seulement, une inconnue revient à chaque fois à la fin des différentes lectures. Quelles sont les relations spatiales des éléments qui composent l’exposition, dans l’inconscient collectif ? Le choix de 10 journaux parmi la presse française suivi de la recherche d’ articles concernants l’exposition a constitué la première étape d’une demarche vers la représentation de celle ci. Quatre grands types de messages se dégagent de l’analyse que l’on peut ensuite classer en

Expo:

deux catégories de traduction graphique, une qui garde une vision d’ensemble plutot spatiale et matérielle lié à la description qui ressort des lectures et l’autre qui vise à une interpretion metaphorique inspirée par les images des lieux et de l’ambiance donnée par les articles. Le choix de deux catégories peut être déjà consideré, celui d’une première synthèse car elle veut donner une sensation du domaine sémantique où s’installe la presse. Le secone estt un guide vers la conception d’une image de syntèse.

L’exposition, Paris.

expression tangible du

Grand

Les quotidiens ou hebdomadaires généraux comme Le Monde, Le Figaro et L’Express, présentent un dossier complet décrivant le contexte, les acteurs, la scénographie de l’exposition autant que les dix équipes et leurs projets. Les dossiers de presse, faisant l’état des lieux de manière presque didactique, ils présentent l’exposition en se mettant dans la situation du visiteur intéressé. Cette presse véhicule t-elle un message fédérateur autour du Grand Paris : elle incite à visiter l’exposition comme moyen pour le plus grand nombre de s’informer et de participer.

L’exposition,

expression des possibles.

Dans la presse spécialisée comme Le Moniteur, Le Journal du design et encore dans des quotidiens comme L’Humanité et Libération, le traitement de l’exposition du Grand Paris ne ressort pas particulièrement. Plus pragmatique cette presse véhicule un message rationnel et synthétique, se contentant de reproduire la dépêche de l’Agence France Presse pour la description d’ensemble de l’évènement. Elle s’intéresse

un mot de presse

plus aux projets présentés qu’à l’exposition.

L’exposition, Futuroscope

à

Paris.

Dans les journaux gratuits, Métro et 2O Minutes, et dans la presse à sensation comme Gala, plus que l’exposition dans son ensemble, ce sont certains projets un peu plus extravagants que les autres qui émergent de l’article. L’invitation à la visite est formulée sur le thème ludique d’une vision du futur à ne pas prendre au sérieux, « une exposition d’art contemporain ».

« Tiens

au fait, il y a une expo

Le cas général des publications quotidiennes ou hebdomadaires spécialisées dans les questions politiques, économiques ou sociales, ne traitent le Grand Paris que selon cette spécialité et, quand ils consentent à la citer, ne rappellent l’existence de l’exposition que comme un évènement annexe d’un enjeu politique. Laquelle de ces tendances finira-t-elle par l’emporter globalement dans le traitement de l’exposition par la presse ? Quelle est l’image qui en restera dans la mémoire de chacun. Pour lesquels “Expo” est seulement un mot de presse? Les images suivantes, extraites de la traduction physiologique efféctuée par le cerveau, des mots en image, veulent etre une personalisation du pouvoir agglomeratif des medias. Les extraits des articles d’où sortent les images ajoutent un niveau d’impersonnalité au travail. “ La plus grande boite à idée jamais ouverte sur la question metropolitaine ” (Francois de Mazières)


equipe

OGP #09

01 #L’EXPOSITION

D e E rC a

55


#L’EXPOSITION

01

OGP #09

Expo:

un mot de presse

56

Le nouvel obs/ Le point Avec des tables lumineuses, des plans en relief, de nombreux écrans de télévision et même le cri des mouettes, les dix équipes d'architectes […] à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine à Paris […] Gratuite, la manifestation durera six mois, jusqu'au 22 novembre. […] "Une exposition destinée au grand public, délicate à présenter sur un sujet pareil" […] exposer de façon accessible […] Le tout dans un "kiosque" en forme de losange de 16m2, les dix s'alignant le long de la galerie des moulages anciens du musée des Monuments français. […] Chaque architecte a "choisi la façon de présenter son projet"[…] tous excluant la présentation traditionnelle de maquettes. […] la consultation n'a jamais été un concours un "appel à idées". […]

L’express Record pour la Cité de l’architecture […] 150 000 personnes ont visité, depuis le 30 avril, l'exposition Le Grand Pari(s) à la Cité de l'architecture et du patrimoine […] études prospectives de ces équipes pluridisciplinaires […] dans la majestueuse galerie Carlu au milieu des moulages des Monuments français. […] au scénographie périlleuse […] D'entrée de jeu, le visiteur est dans le vif du sujet […] cartes numérisées, l'évolution urbaine de la capitale depuis trois siècles, […] La suite du parcours ouvre sur une rue bordée de dix kiosques, où chaque équipe défend ses thèses. Pas de théories fumeuses ni de plans compliqués pour professionnels de la profession, mais des photos, des images en 3 D, des films et des écrans plasma en quantité […]

Le Monde L'exposition gratuite […] à la Cité de l'architecture et du patrimoine, permet de faire émerger une synthèse lisible de la diversité des projets […] Dix équipes aux noms connus ou moins connus sont réunies […] partager avec le public l'essentiel de cette impressionnante somme de travail […] montrer avec pédagogie […]non en sous-sol mais dans les grands espaces lumineux du Musée des monuments français, où se trouvent les moulages de joyaux de l'architecture française […] Entre ces moulages, dix espaces fermés, proportionnels à la volumétrie des décors historiques, des losanges blancs assez forts pour tenir face à la magie spectaculaire du vieux musée […]dix tipis contemporains (16m2 au sol, 7 m de haut) transcrivent librement, en images parlantes, le plus souvent sur écran les 10 projets des architectes.[…]


equipe

01 #L’EXPOSITION

OGP #09

D e E rC a

57

Le figaro Cité de l'architecture, l’exposition du Grand Paris […] «L'occasion pour les franciliens de réfléchir sur leur cité de demain » […] la rendre la plus populaire possible[…]10 kiosques blancs[…] dix cabinets d'architectes exposent des maquettes, projettent des films ou présentent des photos sur leur projet […]un espace défini, le même pour chacun libres de la manière de présenter leur travail. […] dans la grande galerie des moulages une salle magnifique donnant sur la tour Eiffel, avec des plafonds de 12 mètres de hauteur. Au milieu de ce qui fait le patrimoine français, le public pourra voir des projets résolument tournés vers l'avenir. Tout un symbole […]

L’humanité/gala

Le moniteur

[…]Architecture. Le Grand Paris dévoilé au grand public Avec des tables lumineuses, des plans en relief, de nombreux écrans de télévision et même le cri des mouettes, les dix équipes d’architectes chargées de plancher sur le Grand Paris dévoilent au public leur vision de la métropole parisienne à l’horizon 2050, à partir de demain à la Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris. Gratuite, la manifestation durera jusqu’au 22 novembre.Chaque architecte a choisi la façon de présenter son projet, tous excluant la présentation traditionnelle de maquettes. […]L'exposition Le Grand Paris débute jeudi 30 avril à la Cité de l'Architecture. Une manifestation gratuite, qui permettra de découvrir le Paris de demain. Alors modifier Paris est-il possible aujourd’hui, ou dans 50 ans? C’est le pari pris par la grande exposition des travaux des architectes sur le Paris du futur. Ainsi dix équipes ont travaillé sur la ville de demain. […]

[…] la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris, une grande exposition sur les résultats de la consultation internationale sur le "Grand Pari de l'agglomération parisienne".[…] 10 équipes[…]résultats de cette consultation exposés au Musée de la Cité de l'architecture […] Les dix équipes y présentent chacune leur scénario pour l'avenir de la métropole parisienne. La scénographie articule 10 modules contemporains dans un grand parcours historique tout en laissant à chaque équipe l'entière liberté d'occuper son module comme elle le souhaite: 10 modes de représentation pour 10 stratégies de recherche et de développement. +dossier grand paris complet et catalogue de l’exposition […]


#L’EXPOSITION

01

OGP #09

Expo:

58

Libération

France-info

La ville de demain expliquée sans jargon Du Grand Paris, le citoyen ne comprend rien […] Matière grise. Voici donc, enfin, les bons outils. Une exposition à la Cité de l’architecture et du patrimoine […] dix équipes internationales d’architectes. […] pas choisir un aménageur mais de rassembler de la matière grise […] Cette riche production est impénétrable pour les profanes. Pour la présenter à la Cité de l’architecture, chaque équipe a dû «rendre les choses lisibles et communicables», […] A l’entrée, pédagogie de cadrage : présentation sur écrans des plans et des tracés de Paris depuis le Moyenâge. Glossaire de «dix mots pour comprendre le Grand Paris» […] Chaque équipe expose ensuite ses conclusions dans un «kiosque», boîte imaginée […] Des maisons assez closes. «créer une immersion dans chaque projet, pas de zapping» Le visiteur les explore l’une après l’autre. Dans les boîtes, les procédés d’explication sont variés. Beaucoup d’écrans, mais aussi des tables lumineuses, des projections sur maquette, des affichages de phrases simples et synthétiques. Beaucoup de données sont techniques, d’autres plus émotionnelles, voire poétiques.

[…] A la cité de l’architecture, vous pourrez découvrir les 10 projets pour le futur grand Paris. 10 manières de voir l’avenir de la métropole parisienne. Cette exposition s’articule autour de 10 modules, de grandes boites blanches qui renferment chacune un projet expliqué à l’aide d’une multitude de vidéos pour Jean Nouvel, d’une maquette pour l’atelier de Roland Castro, ou encore de photos de la ville avant et après pour Yves Lion. A chaque fois, et c’était primordial, sur un mode didactique. Le Grand Paris s’organise un peu comme une exposition d’art contemporain, l’art qui a d’ailleurs une place prépondérante dans ces projets. […]

un mot de presse


equipe

OGP #09

01 #L’EXPOSITION

D e E rC a

59


60

Observatoire

du

Grand Paris

Ecole Nationale Superieure d’architecture

de

Paris Belleville


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.