Musée d'elbeuf rené olivier, peindre les hommes ensemble

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LA FABRIQUE DES SAVOIRS Musée architecture & patrimoine ARCHIVES expositions

René Olivier

(1874-1962)

Peindre les hommes ensemble

Exposition

10 nov. 2012 3 mars 2013 La fabrique des savoirs ELBEUF 7 Cours Gambetta

www.la-crea.fr


édito

C

’est une véritable saga elbeuvienne que la vie des Olivier : famille de manufacturiers dirigeant de florissantes industries textiles. De ses rangs, sont issus plusieurs scientifiques de renom, figures exemplaires du naturalisme, mais aussi Marcel Olivier qui deviendra maire d’Elbeuf en 1914 et, bien sûr, son frère René. Très vite, c’est la peinture qui attire René Olivier. Frédéric Sanchez Président de la CREA Didier Marie Premier Vice-Président de la CREA

Dans le bouillonnant Paris des années 1920, René Olivier croise les artistes venus de toute l’Europe. Nourris par ses nombreux voyages, ses dessins et ses peintures se distinguent par la fine observation qu’il porte à ses contemporains. Par-delà l’individu, compte le groupe. L’ambiance est souvent le personnage principal de ses toiles. Dire le moment, l’instant ; saisir la vérité des hommes lorsqu’ils sont simplement ensemble. C’est cette belle exposition que nous vous invitons, avec grand plaisir, à venir découvrir.

René(1874-1962) Olivier


Une famille d’industriels et de scientifiques René Olivier naît à Elbeuf le 15 mai 1874 dans une famille de manufacturiers. Son père et ses oncles dirigent de florissantes entreprises textiles, qui valent à la famille une notoriété et une assise locale incontestées. Son oncle Frédéric fonde ainsi l’orphelinat de garçons d’Elbeuf en 1877, et son frère Marcel deviendra maire d’Elbeuf en 1914. René passe son enfance dans un milieu ouvert et favorisé, entre Elbeuf et le château du Plouzel. Marie-Louise Lustremant

Boîte de papillons de Robert Olivier, Musée d’Elbeuf

Le château du Plouzel à Caumont, vers 1900-1910, coll. part.

Après des études secondaires classiques au collège Albert-Le-Grand, chez les Dominicains d’Arcueil, René manifeste son désir de se consacrer aux beaux-arts, et plus spécifiquement à la peinture. D’abord réticente, sa famille accepte à condition qu’il accompagne sa mère en voyage. Il découvre ainsi en 1898 la Grèce, la Turquie et l’Égypte. Il suit ensuite à Elbeuf les cours de Berthe Mouchel (1864-1954), puis à Rouen ceux de Joseph Delattre (1858-1912). Il se rapproche un temps des membres de l’École de Rouen, mais préfère rejoindre Paris peu avant 1900. Il suit alors les cours de l’Académie Julian et de la Grande Chaumière. En 1921, il épouse Marie-Louise Lustremant, elle-même peintre. Dans les années 1920, Paris est un foyer culturel bouillonnant, où René Olivier croise de nombreux artistes venus de toute l’Europe. Si la famille de René Olivier a profondément marqué la politique et l’économie elbeuvienne, elle a en outre fourni plusieurs scientifiques de renom. Louis Olivier (1854-1910) est le créateur de la Revue générale des sciences, tandis que Georges (1893-1956) et Robert Olivier (1897-1971) se consacreront respectivement à l’ornithologie et à l’entomologie. Proches des sociétés savantes locales, ils constituent des figures exemplaires de naturalistes, curieux de tout. Robert Olivier léguera à sa mort une partie de sa collection au musée d’Elbeuf.

Les voyages Les voyages de son adolescence marquent durablement René Olivier, qui cherchera souvent l’inspiration sous d’autres cieux. Il découvre ainsi en 1904 la Belgique et les Pays-Bas, lors d’un véritable voyage de formation qui dure deux ans, et y retourne en 1920. Malines, Dixmude, Furnes ou Diest lui fournissent des paysages urbains baignés par la lumière du Nord. Il y admire dans les musées et les églises les grands maîtres flamands et hollandais du passé. De 1925 à 1930, il se rend encore dans la Flandre française, où il peint notamment les géants du carnaval de Cassel.

Marché dans le Nord, 1913, huile sur toile, Musée des Beaux-Arts de Rouen

En 1935, il séjourne en Espagne, où de nouveaux thèmes s’ouvrent à lui : paysages rudes et secs de Castille, campements de Gitans, combats de taureaux… Il doit quitter le pays en 1936 quand éclate la guerre civile, mais demeure longtemps marqué par cette découverte. Des voyages moins lointains, dans le Limousin, l’Auvergne, les Alpes ou le Sud-Ouest de la France, lui font découvrir d’autres paysages. Dans le Nord comme en Espagne ou dans la montagne française, son regard de peintre se fait volontiers ethnographe. Décrivant la solitude de la vie pastorale ou l’animation des fêtes et des rassemblements, il s’éloigne toujours de l’anecdote folklorique. La description minutieuse des costumes locaux n’a en effet pas sa place dans son œuvre, plus attachée à rendre la lumière et l’ambiance d’un lieu.

La petite ville Diest, 1911, huile sur toile, coll. part.

Danseuse gitane, vers 1934-1936, huile sur toile, coll. part.


L’observateur

Le camelot, 1908, fusain et rehauts de pastels, coll. part.

Sortie de réception à l’Institut, 1950, dessin, FMAC-Ville de Paris

Le pont Royal, vers 1920, fusain, coll.part.

René Olivier a porté sur son temps un regard aigu d’observateur. L’exposition coloniale de 1931 lui offre ainsi en plein Paris le spectacle inhabituel de constructions et d’animaux exotiques. Comme dans ses œuvres nordiques ou espagnoles, la description détaillée des sujets s’efface devant la volonté de rendre une atmosphère. Moins exceptionnelles, les scènes de rues quotidiennes sont observées avec le même intérêt. Représentées en pleine lumière ou dans de violents clairs-obscurs, elles témoignent d’un goût certain pour le spectacle : scènes d’acrobates, de théâtre, camelots ou danseurs… Parisiens et provinciaux y sont décrits dans leurs joies et leurs loisirs. Parallèlement à ces tableaux où prime l’ambiance du moment, René Olivier réalise de nombreux dessins où il détaille minutieusement l’architecture de Paris : vues des Tuileries, de l’Institut, des ponts… La Libération lui offre en 1944 de nombreux sujets qu’il croque sur le vif. Le même souci se retrouve dans les dessins réalisés à Arlempdes, où René Olivier séjourne en 1950. Les austères architectures de pierres sèches y sont observées avec le même intérêt que des constructions plus fastueuses.

Arlempdes, porte de la Cure, vers 1950, dessin, FMAC-Ville de Paris


Les hommes face au divin

Les hommes ensemble

La première moitié du XXe siècle voit s’épanouir un véritable renouveau de l’art sacré, dont les peintres Maurice Denis (1870-1943) et Georges Desvallières (18611950) sont les principaux protagonistes. Issu d’une famille catholique, ayant reçu une éducation religieuse poussée et fréquentant ces grandes figures de l’art religieux, notamment au sein de la Société Nationale des Beauxarts, René Olivier explore naturellement cette voie.

Bien que réservé, René Olivier n’est pas un solitaire, et son œuvre est marquée durant toute sa vie par la représentation des rassemblements. Vers 1906, ses premières œuvres belges et hollandaises trahissent déjà un intérêt certain pour les fêtes, cérémonies, foires et marchés. Ces événements sont autant d’occasions de figurer les hommes ensemble, dans une cohabitation pacifique, tantôt joyeuse, tantôt solennelle. Ces thématiques ne le quitteront plus et apparaîtront dans son œuvre durant toute sa carrière. Le peintre représente toujours la foule en mouvement, dans des compositions simples : agitation des danseurs, marche des processions, chevauchées, gestes des négociants… Les objets eux-mêmes s’animent, notamment les bannières des confréries de charité, soulevées par le vent. Comme souvent chez René Olivier, les visages sont peu individualisés : l’essentiel est pour lui que les corps épais, aux volumes puissants, forment un ensemble dynamique, rehaussé des taches de couleurs des vêtements.

À l’Exposition Internationale de l’Art Chrétien Moderne de 1911, il présente ainsi un fragment de décor pour une chapelle funéraire. Deux ans plus tard, il travaille au décor de l’église du Curé d’Ars à Bicêtre, où il réalise des peintures et des vitraux. En 1925 il participe avec les artistes de la Société de Saint-Jean à la décoration de l’église du Village français de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs. Face à ces œuvres monumentales, René Olivier crée également de nombreuses œuvres de dimensions plus modestes, où il s’intéresse au cérémonial de l’Église. Ses voyages en France et en Espagne lui permettent en effet d’assister à de nombreuses processions et cérémonies, où se mêlent sens du spectacle et foi sincère des gens modestes. L’austérité de certaines processions, décrite avec un goût certain du mysticisme, y contraste avec la richesse des habits sacerdotaux. L’architecture des églises y joue souvent un cadre discret mais indispensable.

Page de gauche, de haut en bas et de gauche à droite : Décor de l’église du Curé d’Ars, 1913, huile sur toile, église de Bicêtre Cérémonie religieuse, vers 1930, huile sur toile, coll. part. Procession du Vendredi Saint, au Puy-en-Velay, vers 1950, huile sur toile, Musée Crozatier, le Puy-en-Velay Procession à Saint-Hilaire, Poitiers, vers 1930, fusain, coll. part. Les Croix noires, procession de Furnes, 1920, huile sur toile, Musée des beaux arts de Rouen Sur cette page, de haut en bas : Confrérie de charité à Giverville, 1947, huile sur toile, musée de Bernay. Marché à Nyons, 1926, huile sur toile, Musée Alfred-Canel, Pont-Audemer Acrobate à la foire des Invalides, vers 1925-1930, huile sur toile, FMAC-Ville de Pairs Lâcher nocturne de ballon, vers 1935, huile sur toile, coll. part.


Visites guidées

Jeudi 24 janvier - Musée • 18h30 • Gratuit

Un peintre elbeuvien : René Olivier Conférence présentée par Bernard Seydoux L’exposition consacrée à René Olivier (1874-1962) s’appuie sur un important travail de recherche mené pendant plusieurs années par Bernard Seydoux, membre de la famille du peintre. Cette conférence présentera l’homme et son œuvre, mais s’attachera également à dévoiler le milieu familial de René Olivier, entre industrie, politique et amour de la science. Jeudi 14 février - Musée • 18h30 • Gratuit

L’expression du sacré pendant l’entre-deux-guerres. Conférence présentée par Delphine Campagnolle, responsable du pôle conservation au Musée national de l’éducation de Rouen. Dans les années 1920, de nombreux artistes interrogent la question du sacré en proposant une vision renouvelée de la foi. Les artistes de l’Arche ou des ateliers d’Art Sacré participent alors à la renaissance de cette peinture religieuse. Homme de son temps, René Olivier renouvèle l’iconographie du sacré par cette vision des rassemblements religieux où les hommes vivent et prient ensemble. Sa peinture le distingue de ses contemporains, offrant un art figuratif indépendant, où les communautés d’hommes et la nature sont rassemblées, “re-liées”, au sens étymologique, exprimant une religion nouvelle.

Conférences

Samedi 10 novembre - samedi 2 février - Musée • 14h30 • Gratuit

René Olivier Originaire d’Elbeuf, René Olivier (1874-1962) occupe une place particulière dans l’histoire de la peinture du XXe siècle. À travers l’exposition que lui consacre le musée d’Elbeuf, cette visite présentera l’homme, son environnement et son œuvre.

Ateliers jeune public

Samedi 5 janvier - mercredi 20 février - Musée • 14h30

Peindre le paysage À l’occasion de l’exposition « René Olivier », découvre les toiles et dessins de ce peintre, observateur des hommes et des paysages de son temps. Tu pourras ensuite t’initier aux techniques de la peinture et réaliser ton propre paysage.

Danseuse gitane, vers 1934-1936, huile sur toile, coll. part.(détail)


Accès Entrée par le n° 7 cours Gambetta 76500 Elbeuf Champ 32 de Foire

Horaires Musée et CIAP Du mardi au dimanche de 14 heures à 18 heures Horaires Centre d’archives patrimoniales De 14 heures à 18 heures du mardi au vendredi et chaque premier et troisième samedis du mois

Calvaire

A D E

A B C D E Carnot

IUT

Renseignements et réservations Tél. 02 32 96 30 40 lafabrique@la-crea.fr

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Arrêts de bus

Comment venir ? • Bus : Ligne D : arrêt IUT ou arrêt Poussin - Ligne A arrêt Calvaire - Au départ de Rouen : ligne 32 • Train : Gare de Saint-Aubin-lès-Elbeuf (puis ligne A vers Elbeuf arrêt Calvaire) • Stationnement : parking place Lécallier, parking rue Léveillé, parking de la gare

La Communauté de l’agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe 14 bis avenue Pasteur BP 589 76006 Rouen Cedex 1 Tél. 02 35 52 68 10 - Fax 02 35 52 68 59

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La CREA - Direction de la communication - Crédits photo© Jacques Spitz, Jeff Rabillon, Musée des Beaux-Arts de Rouen, Musée de Pont-Audemer, Musée Crozatier du Puy-en-Velay, Musée d’Elbeuf

Infos pratiques

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