Le sport dans l'Antiquite

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DOSSIER ENSEIGNANT

TOUS AUX JEUX ! LE SPORT DANS L’ANTIQUITÉ

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Exposition « Tous aux Jeux ! Le sport dans l’Antiquité » Du 12 mai au 30 septembre 2012 Musée départemental des Antiquités

Le Département de Seine-Maritime organise pour les Jeux Olympiques de 2012 un programme d’accueil et d’aide aux sportifs de pays émergents, intitulé « La Seine-Maritime : un tremplin pour les Jeux ». A cette occasion, le Musée départemental des Antiquités a choisi de saluer à sa manière cette année olympique en proposant, à partir du 12 mai 2012, une exposition consacrée au sport dans l’Antiquité classique, intitulée « Tous aux Jeux ! Le sport dans l’Antiquité ».

Cette exposition exceptionnelle bénéficie du concours de la Bibliothèque Nationale de France (Cabinet des monnaies, médailles et antiques), du Musée du Louvre (Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, Département des Arts Graphiques), des Musées Royaux d’Art et d’Histoire (Bruxelles) et de différents musées de France en région. Elle retrace l’histoire et la forme des jeux et du sport, en Grèce, à Rome et dans l’Empire, en concluant sur le théâtre amphithéâtre de Lillebonne et figure, par conséquent, comme l’une des expositions phares de 2012. L’exposition présente des œuvres illustrant le sport dans l’antiquité classique (en Grèce, à Rome et dans l’Empire), sa forme, ses origines. Elle insiste également sur le site de l’amphithéâtre galloromain de Lillebonne, propriété du Département de Seine-Maritime. L’exposition de compose de cinq grandes sections : 1. Sous l’Auspice des Dieux 2. Le paquetage des athlètes antiques Le mobilier Les représentations 3. La Grèce et les Jeux panhelléniques Les origines L’Iliade : Les funérailles de Patrocle Le combat hoplitique Fondation mythique des JO par Héraclès L’entraînement Les épreuves Les courses à pied : stadion, diaulos, dolichos, hoplitodromos Les sports « lourds » : lutte, pugilat, pancrace Pentathlon : stadion, lutte, lancer de disque (diskobolia), saut en longueur (gamma), lancer de javelot (akonstismos) Les courses hippiques : quadrige, course à cheval, bige Le sacre

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4. Rome et l’Empire Le cirque Le modèle : Circus Maximus Les courses hippiques Les sports lourds : pugilat et lutte L’amphithéâtre et les gladiatures Le modèle : le Colisée Entraînement, panoplies et armaturae Combats 5. Le théâtre – amphithéâtre de Lillebonne Archives de fouilles Mobilier relatif au spectacle Les œuvres retenues sont essentiellement issues des collections publiques françaises : BNF, Musée du Louvre et musées de France. Certaines œuvres sont inédites, notamment pour la BNF Les œuvres sélectionnées sont le plus variées possibles dans les matériaux utilisés : terre cuite, bronze, verre, céramiques, statuaire, numismatique, objets mobiliers, dessin...

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Histoire des Jeux Les Jeux Olympiques, qui ont vu le jour en Grèce, recèlent encore de nombreux mystères, à commencer par l’origine de leur création.

Mythologie : Les Grecs expliquent l'origine des Jeux Olympiques par le biais de nombreux mythes concurrents. Le plus ancien nous vient de l’Iliade, du poète grec Homère. Il attribue la création des Jeux Olympiques à Achille, qui souhaitait honorer la mémoire de son cousin Patrocle, tué par Hector lors de la guerre de Troie. D’autres mythes évoquent aussi l’intervention des Dactyles,

des

prêtres

aux

pouvoirs

magiques, dont l’ainé Héraclès de l’Ida, aurait créé les Jeux Olympiques. Il fut également question du demi-dieu Héraclès, voulant célébrer ses exploits après l’un de ses douze travaux, dans les écuries d’Augias près d’Olympie ou, plus simplement, de Zeus lui-même, après sa victoire sur Cronos. Mais le mythe le plus connu reste celui du

Héraclès Coupe attique à figures noires et à figures rouges Vers 510 av. J.-C. © [Louvre.edu] 1999 - Photo Erich Lessing

héros Pélops. Ce dernier aurait demandé la main d'Hippodamie, fille du roi Œnomaos qui avait pour habitude d'organiser une course de chars l'opposant aux prétendants de sa fille. Pour gagner, le héros aurait fait appel à Poséidon, qui lui confia un char en or et des coursiers ailés. Pélops remporta ainsi la victoire et la main de la jeune fille. Mais Hippodamie, afin de mettre toutes les chances de son côté, avait fait saboter le char de son père, qui se brisa pendant la course et causa sa mort. Pélops aurait alors institué les Jeux Olympiques pour célébrer sa victoire et expier ce crime. A la suite de cet évènement, il donna également son nom au Péloponnèse (l’île de Pélops), péninsule constituant la partie méridionale de la Grèce.

Histoire : L’histoire des Jeux Olympiques reste également assez obscure. En 884 av. J.-C., le roi d’Elide Iphitos, aurait voulu réinstaurer une période de paix en Grèce, alors en proie à de fréquents conflits. Après avoir consulté la « Pythie » de Delphes, il aurait réhabilité la pratique des Fêtes Olympiques,

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une trêve sous forme de cérémonie religieuse, célébrée tous les 4 ans sur le sanctuaire sacré d’Olympie. Mais ce n’est qu’en 776 av. J.-C. qu’une épreuve sportive y aurait été adjointe et que le nom de « Jeux Olympiques » serait apparu dans les textes des auteurs antiques.

Présentation des Jeux Olympiques : Les Jeux Panhelléniques, qui se déroulaient sur quatre sites (Olympie, Némée, Delphes et Isthme), avaient la particularité de réunir l’ensemble du monde grec à une époque où la Grèce n’était pas encore unie mais formée de cités-Etats (communautés politiquement et économiquement indépendantes). De la Grèce et de ses colonies, les populations se déplaçaient pour participer ou assister aux Jeux, animées par un sentiment commun d’appartenance à une même culture et à une même religion. Pouvait participer aux Jeux Panhelléniques tout homme grec, de condition libre et citoyen à part entière de sa cité. Mais en réalité, seuls les membres de l’aristocratie avaient les moyens de s’équiper, de s’entrainer et de s’absenter pour se rendre aux Jeux. Les femmes, les esclaves et les étrangers, eux, étaient exclus d’office. Des quatre Jeux Panhelléniques, ceux d’Olympie étaient les plus importants. Il s’agissait au début d’une simple institution régionale mettant aux prises les grandes cités du Péloponnèse. Mais au fil des siècles, l’intérêt de la population grandissant, ils devinrent un évènement incontournable pour toute la Grèce. Leur durée passa d’une journée à cinq jours et de multiples épreuves sportives vinrent se rajouter au fil des éditions. Si on ignore encore aujourd’hui la date exacte à laquelle ils se tenaient, on sait qu’ils débutaient à la première lune après le solstice d’été, qui se situait entre la dernière semaine de juillet et la première moitié du mois d’août. On sait également qu’ils se déroulaient tous les quatre ans, puisqu’à partir de 776 av. J.-C., ils servirent de référence au calendrier grec dont les années étaient calculées en olympiades (périodes de quatre ans). À l’occasion des Jeux, une trêve sacrée était proclamée. Des messagers, appelés « Spondophores », parcouraient l’ensemble du monde hellénique afin d’annoncer la date de la compétition. Ils en profitaient également pour exiger l’arrêt des hostilités, avant, pendant et après les Jeux, afin que tous puissent se rendre sur le site, puis repartir, en toute sécurité. Une période de paix de plusieurs mois, l’« Ekécheiria », régnait donc à l’occasion de ces concours. Les cités qui étaient coupables d’avoir enfreint la trêve étaient exclues des Jeux et devaient payer de lourdes amendes.

Le site d’Olympie : Maquette du sanctuaire d’Olympie

Archaeological Muséum of Olympia Olympie se trouvait dans la vallée de l'Alphée – traversée par le fleuve du même nom – sur les pentes du Mont Cronion. Elle était entourée par un bois sacré où se trouvait à l’origine un autel dédié au dieu Cronos.

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Olympie n’était donc pas une cité, mais un sanctuaire. Le site se composait d’un espace sacré, l’Altis, délimité par un mur d’enceinte, et d’un espace profane.

L’espace sacré abritait les temples de Zeus et d’Héra, les autels où avaient lieu les sacrifices et les Trésors, petits édifices érigés par les cités où l’on conservait les offrandes précieuses. L’espace profane s’étendait autour du mur d’enceinte, le « Temenos ». On y trouvait les lieux d’entraînement, de compétition et tous les bâtiments servant à l’administration des Jeux ou à l’accueil des hôtes de marque (Stade, Gymnase, Palestre, Hippodrome, Bouleutérion, Prytanée et Léonidaion). Au moment des Jeux, en plus des athlètes et des spectateurs, de nombreux marchands, artisans, poètes, sculpteurs et architectes, affluaient sur le site, installaient des étales, dressaient des tentes. On estime ainsi à plus de 40 000 le nombre de personnes présentes lors des Jeux Olympiques.

La préparation des concurrents et des juges : Si les Jeux ne duraient que cinq jours, leur préparation, elle, prenait plusieurs mois. Les meilleurs athlètes de chaque cité devaient se soumettre à certaines conditions requises pour participer aux Jeux. L’une d’entre elles résidait dans un entraînement au sein de sa ville natale, durant les dix mois précédant la venue à Elis, la cité dont le territoire abritait la ville d'Olympie. Dix mois avant le début des festivités, les instances qui supervisaient les Jeux étaient également mises en place. Les magistrats les

plus

importants

étaient

les

« Hellanodices », terme qui signifie « Juges des Grecs ». Au nombre de dix à l'apogée

Scène de palestre Amphore à figures rouges Vers 515 av. J.-C. © [Louvre.edu] - Photo Erich Lessing

des Olympiades, ils étaient élus parmi les grandes familles éléennes, puis formés par les Gardiens de la Loi Olympique (probablement d’anciens champions olympiques), aux règles et aux traditions des Jeux. Vêtus de pourpre, ils étaient par la suite chargés de surveiller les entraînements et les épreuves. Ils se répartissaient en trois collèges, l'un chargé des épreuves hippiques, l'autre des différentes courses à pied et le dernier des sports de combat. Un mois avant le début des épreuves, juges et concurrents se rendaient à Elis où commençait un entraînement collectif extrêmement rigoureux. A l’occasion de ce stage, les athlètes tentaient d’être retenus pour les Jeux Olympiques. Cette dernière étape, régie par des règles de vie communes, se déroulait sous la surveillance des « Hellanodices » et en présence d’entraîneurs qui aidaient les

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athlètes à progresser et à perfectionner leur style. Les infractions étaient punies par des peines allant jusqu’à l’exclusion. Une sélection était faite au terme du mois d’entraînement et ceux qui étaient choisis se rendaient sur le site d’Olympie.

L’alimentation et l’hygiène : Durant le dernier mois d’entraînement à Elis, les athlètes se voyaient contraints de suivre un régime strict. Tous recevaient la même nourriture, faite de pain d'orge, de bouillie de froment, de noix, de figues sèches et de fromage frais. Mais, au milieu du Ve siècle, l'entraîneur Dromeus de Stymphale, ancien vainqueur olympique, se servit de son expérience et inventa un régime carné pour que les athlètes aient de meilleures performances. L’hygiène de l’athlète, elle, suivait tout un rituel. Lorsqu’il arrivait au gymnase ou à la palestre, il se déshabillait complètement puis prenait un bain. Pour se préparer à l’entraînement, il s’enduisait ensuite le corps d’huile Athlète à la vasque Coupe attique attribuée à Onésimos Vers 500-490 av. J.-C. © [Louvre.edu] - Photo H. Lewandowski

d’olive et le saupoudrait de sable fin. Cela servait à régulariser la température du corps et à se protéger du soleil, voire des coups de bâton que les juges pouvaient

infliger si les exercices n’étaient pas faits correctement. Après l’entraînement, l’athlète prenait son strigile, un instrument recourbé avec lequel il raclait la sueur, l’huile et le sable de sa peau. Enfin, il terminait sa toilette de la même façon qu’il l’avait commencé avant l’entrainement, avec de l’eau et une éponge. À l’occasion des compétitions, l’athlète préparait sa peau de la même manière.

La cérémonie d’ouverture : Deux jours avant l'ouverture des Jeux, les athlètes, leur entourage et les magistrats se rendaient en procession à Olympie. Celle-ci,

longue

« Hellanodices »,

de

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prêtres

km, et

conduisait délégations

officielles jusqu’au bois de l’Altis, où était situé le sanctuaire de Zeus. Le premier jour des Jeux, après les premiers sacrifices aux dieux, les athlètes prêtaient serment au « Bouleutérion »,

de

participer

aux

compétitions avec loyauté et dans le respect des règles. Les « Hellanodices » prêtaient

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Plan simplifié de la région d'Olympie d'après The Olympic Games de Judith Swaddling British Museum Press, 1980.


également serment de juger en toute impartialité, puis classaient les participants par tranche d’âge. Par la suite avaient lieu les concours visant à choisir les meilleurs trompettistes et les meilleurs hérauts. Ils étaient chargés, respectivement, de faire taire la foule par une sonnerie et de faire les annonces publiques. Pour finir, les hérauts annonçaient au public le nom des propriétaires des chevaux et surtout celui des athlètes (ainsi que celui de leur père et de leur cité de naissance) qui allaient prendre part aux concours. Le public était alors sollicité afin de vérifier que les concurrents avaient le droit de prendre part aux épreuves ; à savoir s’ils étaient bien grecs, citoyens à part entière et non accusés de meurtre ou de sacrilège.

Le déroulement des épreuves : Les Jeux Panhélleniques comportaient une grande variété d’épreuves, mais les Jeux Olympiques n'étaient constitués, à l'origine, que d’une seule, la course de vitesse appelée « Dromos ». Ce n'est qu’au fil des siècles que d'autres épreuves furent ajoutées. Ces compétitions avaient lieu dans le stade et sur l’hippodrome.

Historique de l’arrivée des épreuves aux Jeux Olympiques : 776 - 1ère olympiade : course du stade ou « Stadion ». 724 – 12e : course double ou « Diaulos ». 720 – 13e : course de fond ou « Dolichos ». 708 – 18e : lutte et pentathlon. 688 – 23e : pugilat. 680 – 25e : course de quadriges. 648 – 33e : pancrace et course de chevaux montés. 632 – 37e : course pour enfants. 628 – 38e : pentathlon pour enfants. 616 – 41e : pugilat pour enfants. 520 – 65e : course en armes ou « Hoplitodromos ».

Il est impossible de décrire avec exactitude le déroulement des Jeux puisque la programmation dut changer au fur et à mesure des ajouts d’épreuves. On peut néanmoins donner certains exemples de programmes d’olympiades qui nous sont parvenus, comme celui de la 77e édition (472 av. J.-C.) : - 1er jour : Agôn des trompettistes et des hérauts. Prestation des serments. Préparatifs divers. - 2e jour : Courses hippiques (matin). Pentathlon (après-midi). Cérémonie funéraire en l'honneur de Pélops (soir). - 3e jour : Sacrifice de l'hécatombe à la pleine lune par les Eléens. - 4e jour : Courses à pied (matin). Sports de combat (après-midi). - 5e jour : Récompenses des vainqueurs (matin). Repas en l'honneur des hôtes (après-midi).

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Description des épreuves : - Les courses à pied : elles se déroulaient dans le stade, où les spectateurs prenaient place sur les talus pour suivre l’action de très près. Les officiels (organisateurs et juges) bénéficiaient d’une tribune. Dans l’Antiquité, le stade n’était pas ovale mais rectangulaire, et le sol était de terre battue. Les concurrents prenaient place sur une ligne appelée l’ « Aphésis », signalée par des pierres en calcaire blanc. Ils attendaient le départ debout, le torse en avant, puis ils s’élançaient en ligne droite, en direction du temple de Zeus, pour atteindre la ligne d’arrivée appelée « Terma ». Pour les courses plus longues, les coureurs contournaient une borne ou un poteau à chaque fin de stade. Il existait différents types de courses. Le « Stadion », la plus prestigieuse, qui couvrait la longueur d’un stade, soit 192,27mètres et dont le vainqueur donnait son nom à l’olympiade. Le « Diaulos » ou course double, équivalent à un aller-retour dans le stade. Le « Dolichos », course de longue distance, de 7 à 24 stades. Et l’« Hoplitodromos », course en armes, avec casque, bouclier et jambières, sur une longueur variant de deux à quinze stades, pour laquelle les éphèbes (jeunes hommes) étaient exclus.

Coureurs de stade Amphore panathénaïque Vers 420 av. J.-C. Compiègne, Musée Vivenel © Texteimage.com - Photo Erich Lessing

Hoplitodromos Amphore à figures noires Compiègne, Musée Vivenel © Texteimage.com - Photo Erich Lessing

- Les compétitions hippiques : elles se déroulaient sur l’hippodrome. Il y avait des courses de chevaux montés et des courses de chars. L’épreuve reine était la course de quadriges, des chars tirés par quatre chevaux. Il y eut également d’autres types de courses de chars ou de chevaux montés au fil des olympiades (triges, biges / juments, mules, jeunes étalons), mais ils ne restèrent jamais longtemps au programme. Lors de la course de quadriges, les chars devaient parcourir douze fois la piste de l’hippodrome. Au début et à la fin de la piste se trouvaient des poteaux qu'il fallait contourner, ce qui était extrêmement difficile. Cette épreuve était surtout réservée à la haute aristocratie, car elle seule avait les moyens de posséder ces attelages. Les conducteurs de chars étaient appelés les « Auriges ». Contrairement aux autres athlètes, ils furent peut-être parfois de

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condition servile et n’étaient jamais reconnus comme les vainqueurs des épreuves, (ils ne recevaient qu’une couronne de laine tressée), puisque les honneurs revenaient aux propriétaires des chevaux.

Départ d'un aurige en quadrige Amphore à figures noires Vers 530-520 av. J.-C. © [Louvre.edu] - Photo Erich Lessing

Course de chevaux montés © British Muséum - Londres

- Le Pentathlon : il se déroulait dans le stade et comportait cinq épreuves comme son nom l’indique : le lancer du disque, le saut en longueur, le lancer du javelot, la course du stade et la lutte. Il semblerait que les quatre premières épreuves s'accomplissaient parallèlement, suivies de la lutte qui était l’épreuve décisive finale. Le vainqueur du Pentathlon était désigné par le système de la triple victoire relative. Les athlètes étaient éliminés progressivement, et il pouvait arriver que le concours s'arrête après la troisième épreuve, si un athlète était reconnu vainqueur dans les trois premiers concours. La victoire pouvait également être déclarée après la quatrième discipline, s'il y avait eu un vainqueur lors de deux disciplines précédentes. La lutte servait surtout à faire la décision en dernier recours. Les épreuves spécifiques au pentathlon : ° Le lancer du disque : les athlètes se partageaient des disques en bronze, pesant entre un et cinq kilos, pour environ vingt centimètres de diamètre. Afin que le disque ne glisse pas entre leurs doigts, il était enduit de sable. La base de départ, « Valvis », imposait une limite devant et sur les côtés. Après avoir levé le disque des deux mains au niveau de la tête, le discobole le calait contre son avant-bras droit et se penchait en avançant sur le pied gauche. Puis il se redressait d'un coup, le torse pivotant de gauche à droite. Son bras droit décrivait alors un large cercle d'avant en arrière, la force du lancer provenait de la détente de la cuisse et du redressement du corps replié.

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° Le saut en longueur : l’épreuve consistait probablement en une suite de cinq sauts à pieds joints, ce qui supposait une grande l’harmonie et un sens du rythme. L’exécution du saut se faisait donc au son d’une flute. L'épreuve ne comportait pas de course d'élan, mais les athlètes étaient munis de deux haltères, qui leur donnaient plus d'amplitude lors des sauts. Ces haltères, de un à cinq kilos, en pierre ou en bronze, en forme de demi-sphères, étaient creusées d'une cavité, dans laquelle les athlètes introduisaient leurs mains. Nous n'avons pas d'idées précises quant aux performances des athlètes. Néanmoins, le peu de données que nous possédons permettent de penser qu’ils exécutaient plusieurs sauts, dont les résultats étaient additionnés afin de désigner un vainqueur. Il semblerait également qu’avant de sauter, les athlètes ameublissaient le sol à l'endroit où ils devaient se réceptionner. La raison de cette pratique était assez simple, puisque leurs pieds devaient impérativement laisser une marque pour que leur tentative soit validée. ° Le lancer de javelot : ce type de lancer reste assez étrange puisqu’il comportait deux épreuves distinctes. Or, nul ne sait si elles étaient pratiquées ensemble, ou imposées à tour de rôle lors des différentes olympiades. Il y avait donc des lancers dont le but était d’atteindre une cible et d’autres où il fallait projeter l'arme le plus loin possible. Néanmoins, tous les lancers devaient être réalisés de la même manière, précédés d'un bref élan et d'une torsion du corps. Les javelots, d’une longueur variant entre 1,50 et 2 mètres, étaient en pin, en frêne ou en sureau. Extrêmement légers, ils étaient lestés à l’extrémité par une pointe de fer ou de bronze et comportaient un propulseur, fait d’une lanière de cuir, dans lequel on glissait l'index et le majeur de la main droite. Donnant au javelot un mouvement de rotation, il permettait ainsi de doubler ou tripler la portée du lancer.

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Athlètes de Pentathlon Amphore panathénaïque de Vulci Vers 530-520 av. J.-C. © British Museum - Londres

- Les sports de combat : ils avaient lieu dans le stade et se divisaient en trois épreuves distinctes : la lutte, le pugilat et le pancrace. C’était par tirage au sort que les concurrents savaient contre qui ils allaient combattre, car il n’existait pas de catégories de poids.

- La lutte : particulièrement appréciée, mettait en jeu la force, la souplesse et l’intelligence des athlètes qui combattaient debout, à mains nues. Avant le combat les lutteurs ameublissaient le sol avec une pioche et l'arrosaient avec de l'eau ; un effort préliminaire servant en

réalité

s'enduisaient

d'exercice le

corps

d'échauffement. d'huile

pour

Puis, être

ils

moins

saisissable. Ils s'affrontaient alors un par un, en fonction du tirage au sort. Il existait différentes techniques,

mais

aucune

prise

de

torsion

ou

d’étranglement n’était permise. Seuls les crocs en jambe, les coups de tête et les coups de poing sur l’adversaire étaient autorisés. Tête baissée, cherchant Lutteurs Pélikè à figures rouges Vers 450 av. J.-C. © [Louvre.edu] - Photo H. Lewandowski

à se saisir par les poignets, le cou ou à mi-corps, les lutteurs n’avaient qu’un seul objectif, celui de renverser trois fois son adversaire sur le dos, tout en restant debout, pour remporter la victoire.

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- Le pugilat : ancêtre de la boxe, voyait deux adversaires s’affronter dans un combat sans limite de temps et sans interruption, puisqu’on se frappait jusqu'à l’abandon d’un des deux adversaires. Les mains, les poignets et les avant-bras des pugilistes étaient protégés par de longues lanières de cuir, qui laissaient les doigts libres pour pouvoir refermer le poing. Au fil des olympiades, des pièces de métal furent parfois ajoutées sur les jointures des mains, rendant les coups beaucoup plus violents. La tête des athlètes était alors protégée par une calotte de bronze afin d’éviter les traumatismes trop importants. Les Pugilistes Coupe à figures rouges Vers 470 av. J.-C. © [Louvre.edu] - Photo Erich Lessing

-

Le

Pancrace

unissait

les

coups étaient surtout portés à la tête, la garde restant haute et les bras tendus. La seule règle était de ne pas tuer l'adversaire.

deux

précédentes disciplines. Les athlètes combattaient poings nus et toutes les prises étaient autorisées, mis à part les morsures

et

l’aveuglement.

Les

combats étaient d’une rare brutalité (il était relativement fréquent que certains concurrents décèdent sous les prises), ce qui explique qu’il ne fut jamais adapté pour les enfants. Les athlètes combattaient dans la boue, après avoir préalablement pioché et arrosé le sol. Le perdant devait lever la main pour arrêter le combat. Pancrace Amphore à figures noires VIe siècle av. J.-C. Vienne Kunsthistorisches Muséum

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Récompenses et célébrations : Aux Jeux Panhelléniques, il n’y avait qu’un seul vainqueur et son prix était une couronne de feuillage.

– À Olympie, une couronne d’olivier sauvage, le « Kotinos ».

– À Delphes, une couronne de laurier.

– À l’Isthme, une couronne de pin.

– À Némée, une couronne de céleri.

En plus de sa couronne, l’athlète victorieux recevait également un ruban de laine rouge, la « Tænia », ainsi qu’une palme (branche de palmier), pour symboliser sa victoire. La cérémonie officielle de remise des prix se déroulait, de façon très solennelle, le dernier jour des Jeux, dans le temple de Zeus. D'une voix forte, le héraut annonçait le nom, le patronyme et la ville natale du vainqueur olympique. Puis, un « Hellanodice » ceignait la tête du vainqueur d'une couronne d'olivier et plaçait une palme et un ruban de laine rouge dans ses mains, tandis que les spectateurs l'acclamaient et lui jetaient des fleurs. Le vainqueur et sa famille faisaient ensuite un sacrifice aux dieux sur l'autel du Bois sacré. Puis ils se rendaient au banquet Athlète recevant son prix Assiette attique à figures rouges Vers 520-510 av. J.-C © [Louvre.edu] - Photo Erich Lessing

offert par les Éléens dans le Prytanée. Leurs noms étaient alors soigneusement consignés dans des registres ouverts à cet effet, et les

plus grands vainqueurs se voyaient autorisés à dresser leur statue dans l’Altis. S’ils ne recevaient aucune rétribution financière, les vainqueurs d’Olympie devenaient souvent d’importants dignitaires dans leur cité d’origine. De retour des Jeux, ils étaient accueillis en héros et bénéficiaient de nombreux avantages jusqu’à la fin de leur vie. Il y avait deux raisons à cela :

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- La modeste couronne de feuillage qu’ils avaient reçu se trouvait être la plus haute récompense individuelle attribuée dans le monde grec. Elle leur garantissait donc le respect de tous. - Au sein de la société grecque de l'antiquité, très compétitive, le prestige d'un homme allait de paire avec celui de sa cité. Ainsi, prendre part aux épreuves des Jeux Olympiques ne signifiait pas seulement engager sa propre réputation, mais également celle de sa famille et de ses concitoyens. Pour remercier un athlète victorieux, il était donc fréquent de lui ériger une statue, de rédiger des vers racontant ses exploits ou encore de frapper des pièces de monnaie à son effigie pour ne pas l’oublier et le faire connaître dans toute la Grèce.

Les athlètes illustres : - Diagoras de Rhodes : fondateur d’une véritable dynastie de champions, il fut le père de trois vainqueurs olympiques et le grand-père de deux autres vainqueurs olympiques. En 464 av J.-C., il avait remporté ces mêmes Jeux dans l’épreuve du pugilat. Il fut également victorieux quatre fois aux Jeux de l’Isthme de Corinthe et deux fois aux Jeux de Némée.

- Dorieus de Rhodes : fils cadet de Diagoras de Rhodes, il fut trois fois vainqueur au pancrace lors des 87ème, 88ème et 89ème Jeux Olympiques, en 432, 428 et 424 av J.-C. Egalement champion à quatre reprises à Delphes, huit à l’Isthme de Corinthe et sept à Némée, il obtint le titre de « Periodonikes » (vainqueur du circuit), pour avoir remporté la victoire sur les quatre sites des Jeux Panhelléniques. Capturé par les Athéniens, lors de la guerre du Péloponnèse, il échappa à la mort grâce à sa renommée sportive. Il prit alors le parti de ses ennemis. Mais, reconnu lors d’un séjour dans le Péloponnèse après le conflit, il fut emprisonné par son ancien camp et mis à mort à Sparte. - Leonidas de Rhodes : il fut le plus grand coureur de l’Antiquité. En quatre participations aux Jeux Olympiques, entre 164 et 152 av J.-C., il remporta douze victoires d’affilée, à la course du stade, du double stade et à la course en armes. Il fut ainsi le seul athlète à remporter trois courses sur une seule journée et lors de quatre olympiades consécutives. Après sa mort, il fut quasiment déifié dans sa cité. - Milon de Crotone : gendre de Pythagore, né dans le Sud de l’Italie, il fut le sportif le plus couronné de l’Antiquité. Il se fit remarquer pour la première fois en 540 av J.-C, lors de la 60ème olympiade, en remportant l’épreuve de lutte destinée aux éphèbes. Entre 532 et 516 av J.-C., il remporta cinq victoires consécutives dans l’épreuve de lutte à Olympie. Par la suite, il fut également vainqueur à dix reprises à l’Isthme de Corinthe, sept à Delphes et neuf à Némée, obtenant ainsi le titre de « Periodonikes ». Ses concitoyens le comparaient à Héraclès et lui attribuaient toutes sortes de légendes (sauvetages, épreuves de force, victoires militaires, appétit insatiable). Il perdit son titre à Olympie lors de la 67ème olympiade, en 512 av. J.-C. L’aspect tragique de sa mort contribua encore

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à son mythe : apercevant un arbre abattu dont le tronc fissuré était tenu ouvert par des coins, il entreprit de le fendre de ses propres mains. Mais les cales tombèrent, l’arbre se referma sur lui et l’emprisonna. Il fut dévoré par des bêtes sauvages de la forêt. - Polydamas de Skotoussa : vainqueur à une seule reprise au pancrace, en 408 av J.-C., lors de la 93ème édition des Jeux Olympiques, il obtint pourtant une renommée sans égale, du fait d’un gabarit hors norme qui impressionna les grecs (il aurait mesuré plus de 2 mètres). Qualifié par les auteurs antiques de « plus grand mortel ayant jamais vécu », il fut l’objet de nombreuses légendes (combat avec un lion à mains nues, arrêt d’un char en pleine course, immobilisation d’un taureau sauvage…). - Théagènes de Thasos : un des athlètes les plus polyvalents et les plus prolifiques de l’Antiquité. Son histoire débuta à l’âge de neuf ans, lorsqu’il ôta une statue en bronze d’une divinité de son socle. D’abord condamné à mort par ses concitoyens, il fut décidé de mettre à profit son potentiel afin qu’il représente la cité aux Jeux. A Olympie, il remporta sa première compétition de pugilat en 480 av J.-C. et celle de pancrace en 476 av J.-C. Il fut également victorieux dans ces deux disciplines à trois reprises à Delphes, neuf à Némée et dix à l’Isthme de Corinthe, obtenant ainsi le titre de « Periodonikes ». Véritable exploit pour un athlète de ce gabarit, il remporta par la suite la course de fond, aux Jeux de Phthie. Il aurait aussi remporté entre 1300 et 1400 concours locaux. Après sa mort, une statue en bronze fut érigée dans sa cité et il fut assimilé à un dieu guérisseur.

L’évolution des Jeux Panhelléniques : A l’origine, les Jeux constituaient un ensemble de festivités, liées à un culte voué à des divinités locales. Les dieux étaient honorés lors de la compétition et l’Homme s’effaçait au profit de ceux qui lui offraient la victoire. Un vaste réseau de fêtes sportives avait ainsi été mis en place, jusque dans les plus petites cités et quadrillait toute la Grèce. Ces Jeux étaient la représentation de la force, de l’intelligence et de la loyauté du peuple grec, sur lesquels planait l’idéal aristocratique de la pureté de l’âme, du courage et de l’endurance. A partir du Ve siècle av. J.-C. cet esprit disparut peu à peu. Olympie entra dans une phase de décadence. La multiplication des conflits entre cités entraina une succession de pillages du sanctuaire et l’esprit des jeux commença à se corrompre. Au fil des olympiades, la renommée d’une cité qui pouvait s'enorgueillir d'un ou plusieurs champions était devenue considérable. Engageant leur prestige dans ces Jeux, elles essayaient par tous les moyens, d’obtenir les plus grands champions à présenter aux olympiades, allant jusqu’à débaucher les meilleurs éléments des cités concurrentes. Les victoires devenant de plus en plus difficiles à remporter, à mesure que le niveau de performance s'accroissait, la nécessité d'un entraînement intensif, associé à un mode de vie particulier, donna naissance au professionnalisme.

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Par conséquent, les vainqueurs, qui ne recevaient jusque là qu'une simple couronne de feuillage, obtinrent désormais de nombreux prix, notamment sous forme pécuniaire. A la recherche du gain, ils se mirent à parcourir les différents concours locaux qui se multipliaient à travers la Grèce. Les cas de tricherie, jusque là peu fréquents (à Olympie, des statues appelées Zanes, portaient le nom des fraudeurs), devinrent plus nombreux ; les athlètes se livrant à la corruption en soudoyant leurs adversaires afin d’obtenir la victoire et les honneurs. Le public, lui, se mit peu à peu à réclamer des épreuves de plus en plus spectaculaires. Et des voix commencèrent à s’élever pour dénoncer le statut privilégié des athlètes. Les philosophes, notamment, critiquèrent le primat de la valeur physique sur de la valeur intellectuelle et dénoncèrent l’inutilité de l’athlète dans la vie de la cité. Ce fut alors la fin des Jeux Olympiques originels.

La fin des Jeux Panhelléniques : En 338 av. J.-C., la Grèce tomba aux mains de la Macédoine de Philippe II, puis d’Alexandre le Grand. Ce dernier ramena la paix sur le site d’Olympie et permit de nouveau la bonne tenue des Jeux. En 146 av. J.-C., la Grèce passa sous la domination de Rome et fut intégrée à l’Empire. Une fois encore, la situation s’améliora. Le nombre d’agôns se multiplia et à Olympie les Jeux se modernisèrent, au fur et à mesure que les installations se développaient. Les Jeux Panhelléniques perdurèrent ainsi jusqu’en 393 apr. J.-C., date à laquelle l’empereur de Byzance, Théodose Ier, émit un décret interdisant les cultes païens et donc la tenue des Jeux. En 426 apr. J.-C., Théodose II entérina leur abolition et ordonna la destruction complète des temples du sanctuaire. Un premier tremblement de terre en 522 apr. J.-C. ajouta à la ruine du site, qui fut totale après le second en 561 apr. J.-C. Une cité agricole, avec une église et de modestes entreprises artisanales, s’étendit alors sur l’ancien site d’Olympie. La cité fut définitivement abandonnée au VIIe siècle apr. J.-C. et ses ruines furent ensevelies. Toutefois, la popularité des concours sportifs et des fêtes culturelles persista jusqu’au VIe siècle apr. J.-C. dans de nombreuses provinces de l’Empire romain encore sous influence grecque.

Le développement des Jeux à Rome : Rome, autrefois sous la domination du peuple étrusque, s’était familiarisée avec la pratique sportive, entre le VIIIe et le VIe siècle av J.-C., et s’adonnait au quadrige, au pugilat, à la lutte ou encore à la course à pied. Néanmoins, peu de fêtes sportives étaient organisées avant les guerres puniques, qui s’achevèrent en 146 av. J.-C. Les jeux étaient surtout des cérémonies à caractère privé, organisées à l’occasion de funérailles. Il n’existait alors que six grandes festivités annuelles, dont les Jeux Romains « Ludi Romani » et les Jeux Plébéiens « Ludi Pleibei ». Ce ne fut qu’à la fin de ce conflit meurtrier contre

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Carthage que Rome organisa de nouvelles fêtes, afin de remercier les dieux de leur avoir accordé la victoire. La conquête de la Grèce, à la même période, permit également un développement et une internationalisation des Jeux antiques sans précédent. Au Ier siècle av. J.-C., les grands généraux de la République, tels que Sylla ou César, se servirent de ce type de festivités pour asseoir leur pouvoir en célébrant leurs conquêtes militaires. Ils faisaient alors venir de nombreux athlètes grecs – dont le talent était très apprécié à Rome – qui se produisaient lors de jeux appelés triomphaux. Associés à l’origine à un évènement ponctuel et bien particulier, ces derniers finirent par se pérenniser et se tenir chaque année. A la fin de la République, les jeux s’étaient ainsi multipliés dans la cité et s’étalaient sur 76 jours, dont 17 étaient consacrés aux jeux du cirque. Les grandes festivités se composaient de jeux scéniques et de compétitions sportives parmi lesquelles le pugilat, la lutte, les courses de chars et les courses à pied. Néanmoins, les jeux étaient encore relativement limités à cette époque. La plupart restaient de simples fêtes de quartiers, dont la vocation première était essentiellement religieuse. De plus, le refus de la nudité et de la pédérastie, dont les romains soupçonnaient les athlètes grecs, empêcha un temps la construction de gymnases dans la cité. La formation de sportifs professionnels s’en trouva limitée, d’autant plus que les citoyens romains ne participaient pas eux-mêmes aux compétitions, comme cela se faisait en Grèce, mais laissaient les esclaves et les athlètes grecs s’en charger. La situation connut une nette évolution sous l’Empire. Les jeux républicains, plus religieux mais moins spectaculaires, furent de plus en plus restreints. Ils firent place aux jeux triomphaux – institués désormais en l’honneur de l’empereur, de sa famille, de ses divinités protectrices et de ses victoires militaires – aux jeux du cirque et aux concours à la mode grecque, introduits timidement à Rome dès le IIe siècle av. J.-C., puis développés par les empereurs successifs. Le plus célèbre d’entre eux fut l’ « agôn Capitolinus », institué par Domitien en 86 av. J.-C. Cette fête, calquée sur le modèle des Jeux d’Olympie, se déroulait tous les quatre ans et était dédiée à Jupiter. Elle se distinguait en proposant l’ensemble des épreuves venues de Grèce, à savoir les quatre courses à pied, les trois sports de combat et le pentathlon, mais également les compétitions hippiques et musicales. Cependant, les Jeux Olympiques tels qu’ils étaient connus en Grèce ne se développèrent jamais vraiment à Rome. Les épreuves sportives qui les composaient, étaient en général réparties au sein de deux types de jeux bien distincts. D’un côté, se trouvaient les concours sacrés, durant lesquels se déroulaient les épreuves athlétiques (courses à pied, sports de combat, pentathlon), parfois associées à des chants et à de la musique. De l’autre, les jeux du cirque, nettement plus populaires, où les courses hippiques – biges, triges, quadriges, « Cursores » (cavaliers acrobates) et « Desultores » (cavaliers changeant de

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montures à chaque tour et finissant le dernier à pied) – tenaient le haut du pavé, et entre lesquelles s’intercalaient seulement trois épreuves athlétiques (la boxe, la lutte et la course à pied). Ce fut ce genre de spectacles de grande envergure, adorés du peuple, qui poussa Rome et de nombreuses cités de l’empire à construire des cirques, afin d’accueillir les épreuves qui s’y déroulaient. En effet, à l’image de la Grèce, Rome ne possédait pas à l’origine de lieux dédiés à la pratique des jeux. Ce fut l’attrait grandissant de la population pour ses évènements sportifs qui l’obligea à se doter de ces équipements. Le plus impressionnant fut sans conteste le « Circus Maximus ». Débuté sous la domination étrusque au VIe siècle av. J.-C., il fut sans cesse reconstruit et réaménagé, notamment par César et

Trajan,

jusqu’à

atteindre

une

longueur

d’environ 650 mètres, pour 150 mètres de large en moyenne. Selon les époques, il accueillit ainsi entre 150 000 et 250 000 personnes.

Au IVe siècle apr. J.-C., le nombre de jours destinés aux jeux atteignit des sommets. Ce furent désormais 175 jours, dont 64 réservés aux jeux du cirque, qui étaient consacrés à ces festivités. Entre 10 et 24 courses de chars étaient alors organisées chaque jour de jeux. Les spectacles devenaient de plus en plus longs et il n’était pas rare qu’ils se déroulent du début de la matinée jusqu’au coucher du soleil. Comme ce fut le cas en Grèce, quelques siècles auparavant, de nombreuses critiques commencèrent à s’élever contre ces festivités. De nombreux intellectuels romains, hostiles aux jeux, dénoncèrent le poids pris par ces évènements, symboles selon eux du déclin de la civilisation romaine. Juvénal – poète satirique latin du IIe siècle apr. J.-C. – résumait la situation d’oisiveté et de décadence dans laquelle s’enlisait la cité de Rome au fil des siècles avec cette phrase, devenue célèbre : « Panem et circenses » (du pain et des jeux). Au Ve siècle, les chrétiens, désormais en position de force au sein des organes du pouvoir impérial, tentèrent de faire interdire certains types de jeux. Ainsi, les écoles de gladiateurs furent fermées en 399 apr. J.-C. à Rome par Constantin Ier (premier empereur converti au christianisme) et les derniers combats eurent lieu en 418 apr. J.-C. En 476 apr. J.-C., l’empire romain d’occident succomba aux invasions barbares. Seuls quelques jeux continuèrent à exister au sein de l’empire romain d’Orient. La grande époque des jeux antiques était cependant passée.

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Annexes :

Carte de la Grèce ancienne ;

Source : http://www.olympia-greece.org/ancientgreecemap.html

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Glossaire : -

Agôn : l'agôn est à la fois la compétition et l’esprit de compétition, l'émulation, le désir d'être le meilleur. On distingue l’Agôn stephanites (concours récompensé par une couronne de feuillage) comme les quatre grands Jeux Panhelléniques et l’Agôn thematikos (Concours doté de prix matériels). L’Agonothète, lui, était le nom donné à l’organisateur des Jeux.

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Altis : l’Altis était un bois sacré (comme l’indiquait son nom grec) qui se trouvait dans le Péloponnèse, au sein d’une petite plaine de l'Élide, sur la rive droite du fleuve Alphée, au pied du Mont Cronion. Il semble avoir été occupé de manière continue dès le début du IIIe millénaire av. J.-C., avant d’accueillir, durant l’Antiquité, le sanctuaire d’Olympie. Il devint alors un espace sacré prenant la forme d’un quadrilatère de 200 m de long sur 175 m de large, que nul ne pouvait franchir en armes.

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Aurige : conducteur de char dans les courses hippiques sous l’Antiquité. Il pouvait être sur un Bige, un Trige ou un Quadrige, des attelages tirés par deux, trois ou quatre chevaux.

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Bouleutérion : salle du Conseil où les athlètes prêtaient serment avant les Jeux.

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Gymnasion : terme désignant l’ensemble des équipements sportifs d’une cité (la palestre, le stade et les équipements attenants). C’est également le lieu d'entraînement pour le pentathlon (hormis la lutte et le saut en longueur) et les épreuves de course.

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Hellanodices : juges et arbitres des Jeux Olympiques antiques.

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Héraut : personnalité chargée de faire diverses proclamations et publications solennelles, lors de cérémonies publiques.

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Léonidaion : bâtiment rectangulaire, construit en 330 av. J.-C., par l’architecte Léonidas de Naxos et servant d’hôtellerie pour les athlètes et les délégations officielles.

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Palestre : lieu d’éducation pour les jeunes citoyens et d’entrainement pour les adultes pratiquant les sports de combat et les sauts.

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Pythie : le nom de « pythie » était donné aux prêtresses d'Apollon qui, sur le site de Delphes, communiquaient aux êtres humains les paroles du dieu, appelées oracles.

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Prytanée : édifice constituant le foyer de la cité. Il possède une fonction religieuse (contient le feu sacré d’Hestia, symbole de la pérennité d'une cité) et politique (lieu de réunion des prytanes, les cinquante bouleutes d'une même tribu, qui, pendant un dixième de l'année, constituent le bureau permanent du Conseil).

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Spondophores : étymologiquement « porteurs d'un message». Gardiens des traités et du droit olympique qui parcouraient la Grèce, afin de prévenir les cités helléniques du début des Jeux et de la période de trêve, appelée « Ekécheiria », qui s’en suivait.

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Stadion : le stade où ont lieu les compétitions athlétiques. Sa longueur varie selon les sites. Le mot « stadion » désigne également la course rapide, dont la longueur équivaut à celle du stade lui-même (entre 170 et 200 mètres / 192,27 mètres à Olympie).

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Strigiles : instrument en bronze, en forme de racloir, utilisé dans le bain pour racler la peau et en détacher la crasse.

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Temenos : enceinte sacrée délimitant les frontières du sanctuaire.

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Zanes : statues de Zeus, élevées grâce aux amendes infligées aux athlètes fraudeurs et gravées à leur nom, pour témoigner de leur tricherie.

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Bibliographie et Sitographie :

Ouvrages spécialisés :

- Decker Wolfgang et Thuillier Jean Paul. Le Sport dans l’Antiquité : Egypte, Grèce, Rome. Picard. Paris. 2004.

- Padel-Imbaud Sophie. Jeux Olympiques et sport en Grèce antique. Réunion Des Musées Nationaux. Chercheurs d'art. Paris. 2004.

- Thuillier Jean Paul. Le Sport Dans La Rome Antique. Errance. Hespérides. Paris. 1996.

Sites Internet :

Ambassade de Grèce. Bureau de Presse et de Communication. Les Jeux Olympiques de la Grèce Antique. 2009 ; http://www.amb-grece.fr/olympisme/histoire_des_jeux.htm

Comité International Olympique. Jeux Olympiques de l'antiquité. 2011 ; http://www.olympic.org/fr/jeux-olympiques-antiquite

Educnet. SCEREN-CNDP/CRDP. Musagora. Les Jeux Olympiques. 2006 ; http://www.musagora.education.fr/jeux/default.htm

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Autour de l’exposition Animations pour les scolaires : -

Visites commentées de l’exposition « Tous aux Jeux ! Le sport dans l’Antiquité » sur rendezvous, aux jours et horaires d’ouverture du musée.

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Ateliers / jeux autour de l’exposition « Tous aux Jeux ! Le sport dans l’Antiquité » :

● « Memory des Jeux » (maternelles/primaires) Ce jeu s’adresse aux jeunes enfants qui joueront par équipes. Il s’agit d’un jeu de cartes comprenant des images représentant, pour une partie, des sportifs grecs de l’Antiquité et pour l’autre, leurs homologues contemporains. Des cartes pièges ont volontairement été insérées, parmi les sports d’aujourd’hui afin de créer de la difficulté dans la mise en forme des paires (ex : le pugilat à donné la boxe, mais une image de karaté peut être confondue avec le dessin antique, d’où le piège). Le but du jeu est de reconstituer toutes les paires (sport antique/sport contemporain). ● « Les sports olympiques » (primaires/collèges) Cet atelier propose de faire découvrir, tout en s’amusant, l’ensemble des disciplines olympiques qui se dérouleront aux J.O de Londres en 2012. Le plateau de jeu se présente sous la forme d’un grand panneau où chaque sport est indiqué par une case à son nom. Les images, elles, sont les pictogrammes qui ont été spécialement créés pour ces Jeux Olympiques afin de représenter chaque épreuve. Le but du jeu est de reconstituer toutes les paires (nom/pictogramme) présentes sur le plateau. ● « Figure noire, figure rouge » (collèges/lycées) Les élèves réalisent sur un support en terre cuite un décor à la figure noire représentant des athlètes de la Grèce antique, comme ceux visibles sur les céramiques de l’exposition.

Animations pour les centres de loisirs : ● « Médailles olympiques » L’imagination et la créativité des enfants seront de mises pour réaliser des médailles olympiques en or, argent ou bronze.

Tarifs : Visites commentées (par groupes de 30 élèves) maternelles, primaires et centres de loisirs : 17€ Ateliers (par groupes de 30 élèves) maternelles, primaires et centres de loisirs : 25€ Visites commentées (par groupes de 30 élèves) collèges et lycées : 25€ Ateliers (par groupes de 30 élèves) collèges et lycées : 33€ Pour tout renseignement et réservation (obligatoire pour les groupes), téléphoner au service des publics au 02 35 15 69 11 ou envoyer un mail à musees.departementaux@cg76.fr (du lundi au vendredi)

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Informations pratiques

Musée départemental des Antiquités 198, rue Beauvoisine 76000 ROUEN Tél : 02 35 98 55 10 Fax : 02 32 76 31 70 www.museedesantiquites.fr Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 13h30 à 17h30 Le dimanche de 14h à 18h Service des publics et de la communication Tél : 02 35 15 69 11 (pour les groupes) / 02 35 15 69 22 (pour les individuels) Fax : 02 35 15 69 16 www.museesdepartementaux@cg76.fr

Tarifs : 3 € / 2 € en tarif réduit (familles nombreuses, groupes de plus de 15 personnes, personnes de plus de 65 ans) / Gratuit pour les étudiants, les moins de 18 ans et les demandeurs d’emploi

Conservateur en chef : Nathalie ROY Conservateur du patrimoine : Caroline DORION-PEYRONNET

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