Dans les montagnes d'Arménie 500 000 ans d'histoire avant notre ère

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DANS LES MONTAGNES D’ARMENIE 500 000 ans d’histoire

Au nord-ouest de l’Arménie se trouve la région du Chirak, composée de deux parties séparées par la montagne du même nom (2350 m d’altitude) ; au sud la plaine ou dépression du Chirak (moyenne de 1400 m), au nord le plateau d’Ashotsk (moyenne de 2100 m). Au centre de la plaine se situe la capitale régionale, Gyumri, où se trouve le musée régional du Chirak. Ce musée, d’où proviennent la plupart des objets présentés dans cette exposition, a été créé en 1930. Gravement endommagé pendant le tremblement de terre de 1988, il a mis à l’abri ses collections dans un bâtiment qui ne peut être ouvert au public, mais continue son travail scientifique. A l’occasion de l’année de l’Arménie, et en collaboration avec le Musée de Saint Raphaël, le Musée départemental des Antiquités de Rouen a la chance de pouvoir présenter près de 300 pièces choisies dans les réserves du Musée de Gyumri, témoins de l’extraordinaire richesse archéologique et historique de cette région.

Malgré la rigueur du climat et de l’environnement naturel, les hommes ont occupé la région du Chirak depuis environ 500 000 ans avant J.-C. et nous ont laissé près de 2 400 sites et monuments, dont peu ont encore pu être étudiés. L’histoire de la recherche archéologique dans le Chirak ne peut être isolée de celle sur la Transcaucasie et le Proche Orient. Par ses apports aux cultures de l’âge du Bronze, de la civilisation d’Ourartou et de la période médiévale, l’Arménie est une aire de recherche privilégiée depuis la moitié du XIXe siècle, notamment sous l’impulsion des chercheurs de la Société archéologique de Moscou et de la société russe d’archéologie. Par la suite, les travaux archéologiques et les découvertes se sont succédé, sous la direction de nombreux chercheurs arméniens formés à Moscou, Tbilissi et Erevan, qui ont diversifié les thèmes de recherche et les périodes étudiés.

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La Préhistoire On recense actuellement plus d’une vingtaine de sites paléolithiques dans le Chirak, le premier ayant été découvert en 1935, à Pemzashen. En fonction des gisements, les pièces lithiques collectées le sont en quantités et en qualité très variables, mêlées parfois à des restes de faune, et (ou) associées à des traces d’habitat. Pour le moment, peu d’études de ce mobilier ont été réalisées, et il est donc très difficile d’appréhender les modes de vie des premiers habitants du Chirak. Quant aux périodes mésolithiques et néolithiques, elles ne sont documentées que par la découverte de quelques pièces. L’étude de ces périodes reste donc à faire, une recherche passionnante en perspective ! Il faut néanmoins remarquer que les outils en pierre souvent fabriqués avec l’obsidienne, un matériau volcanique de choix, présentent de fortes analogies avec ceux recueillis sur les sites français et européens, permettant une interprétation plus aisée.

L’âge du Bronze ancien (XXXVI-XXVe s. av. J.-C.) Le mobilier présenté atteste un mode de vie déjà élevé des populations agricoles sédentarisées habitant dans des maisons de plan rectangulaire : la finesse des vases, bien que montés au colombin, soigneusement lissés et décorés, l’harmonie des formes suggèrent un artisanat de la poterie déjà bien établi ; les décors font référence sinon à une mythologie, tout du moins à des représentations symboliques (l’oiseau dragon, le bélier…). Les supports de foyer portatifs, les fusaïoles (liées au filage et au tissage), les objets associés à la culture des céréales (faucilles, meules), les haches, alènes, poinçons et autres outils nous font découvrir un univers du quotidien. L’idole en pierre et la figurine du taureau, elles, nous ramènent dans le monde des croyances.

L’âge du Bronze moyen (XXVe-XVIe s. av. J.-C.) La céramique qui se répand alors est généralement rouge, et les décorations, rarement incisées ou imprimées sont souvent peintes, formant des motifs géométriques, à forte connotation symbolique. La culture de Karmir-Berd a produit la plupart des vases qui vous sont présentés. Cette période caractérisée par un retour au nomadisme et l’influence de plusieurs cultures est également fortement marquée par la multiplication des échanges, sources d’ouverture et d’inspiration pour les artistes et artisans.

L’âge du Bronze final et le premier Fer (XVIe-Xe s. av. J.-C.) Cette époque apparaît comme une période de prospérité, propice à l’épanouissement de l’artisanat. formes des vases évoluent et se diversifient. La métallurgie du bronze qui place cette région parmi toutes premières de l’Orient ancien, produit des d’une grande finesse et de qualité. Epingles, « boutons », chaînes montrent la virtuosité des bronziers, qui ont également fabriqué armes et outils grande quantité.

L’âge de second Fer ou époque Ourartou (IXe – VIe s. av. J.-C.)

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Les les objets

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Situé au carrefour de routes et de réseaux d’échange, le Chirak s’enrichit culturellement et matériellement. Les bijoux exposés (colliers, bracelets, boucles d’oreille) sont réalisés en différentes matières, très travaillées. Les bracelets à bossettes rappellent les bracelets exposés dans la salle consacrée à l’âge du Bronze du Musée départemental des Antiquités ; les colliers, dont les perles ont été taillées dans différentes pierres locales, éclatent de couleurs. Les vases de formes diverses et de bonne qualité, continuent à porter des décors variés, et sont le reflet d’un niveau de vie aisé. Le tour de potier ainsi qu’une meilleure maîtrise de la cuisson, permettent de nouvelles audaces de forme et de taille. Les armes en bronze, de différentes natures, rappellent que les affrontements entre le royaume d’Eriakhi (Chirak) et de Van (Ourartou) agitent la région. Parallèlement, l’usage du fer s’est répandu. Des ornements en forme de svastikas (également présents sur un vase d’époque gallo-romaine du musée), d’autres dits « à motif astral » ou d’autres encore sont considérés comme caractéristiques d’un mobilier rituel : la louche-crochet et la casserole à anse coudée, font référence aux croyances et rites de l’Arménie ancienne. Plusieurs découvertes d’inscriptions en cunéiforme, écriture utilisée pour transcrire le khaldi, langue apparentée au hourrite, ont permis de compléter les sources de renseignements sur cette époque, mais de nombreux mots restent encore incompris.

Epoques achéménide et orontide (VIe – IIe s. av. J.C.) Suite à une probable alliance entre le roi Tigrane, de la famille des Orontides (dynastie arménienne) et un prince perse (ou achéménide), le Chirak devient une des provinces de l’empire perse. Les rhytons, vases destinés aux libations et dont la partie basse représente la partie avant ou la tête d’un animal, sont caractéristiques de cette période. Celui orné d’une tête de bouvillon et d’une scène de banquet représente le mélange des cultures orientales et égéennes (région de la Grèce). Au niveau de l’architecture, on constate une certaine monumentalisation, comme le montrent les sites de Beniamin et de Yervandashat, capitale des Orontides.

Epoque antique (IIe s. av. J.-C. – début IVe s. ap. J.-C.) L’intérêt pour la période antique du Chirak et les premières recherches archéologiques ne datent que d’une vingtaine d’années. Les principaux sites sont Beniamin, qui a livré des habitats, un sanctuaire et une nécropole, Chirakavan, présentant également de l’habitat et un sanctuaire, et Hoghmik, un complexe cultuel. Le mobilier archéologique retrouvé peut paraître presque familier à celles et ceux qui connaissent un peu la période antique de notre région. En effet, bien que très inspirés par les arts asiatiques et orientaux, notamment dans les motifs décoratifs, les artisans et artistes du Chirak sont sensibles aux influences de la civilisation gréco-latine. Des importations (céramique sigillée) prouvent que les échanges se poursuivent.

Conclusion Au vu des objets exposés ici, deux impressions prédominent : tout d’abord, la familiarité de certains objets, qui ressemblent à ceux trouvés sur les sites de France et d’Europe, nous rappelant que l’Arménie n’est pas si éloignée de nous ; et puis, la richesse des influences (qui se ressent par la diversité des formes et des motifs), qui replace ce pays au carrefour de plusieurs civilisations, et à la confluence de deux continents.

CHRONOLOGIE COMPARATIVE

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Paléolithique inférieur

500 000 – 200 000 avant J.-C.

Paléolithique moyen

200 000 – 40 000 avant J.-C.

Beniamin, Le Moustier, la Quina Haykadzor, Hovasar

Paléolithique supérieur

40 000 – 9 000 avant J.-C.

Pas de sites connus Lascaux, Pincevent

Mésolithique, Néolithique, Chalcolithique

80000 – 3500 avant J.-C.

Beniamin, Paghakn, Vers 5000 avant . Chirakavan Début Néolithique ancien. Tumulus de Barnenez, Carnac,

Bronze ancien

3500 – 2500 avant J.-C.

Kéti, Karnout, Mets Sepasar, Horom

Bronze moyen

2500 – ≈ 1550 avant J.-C.

Kéti, Gyumri (Missi Kombinat, Alvar

2300 - début de l'âge du Bronze ancien 1600 – Age du Bronze moyen

Bronze final – Premier Fer

≈ 1550 – 800 avant J.-C.

Gyumri, Voskehask, Horom, Artik, Mouçi Yeri

1350 – Age du Bronze final 800 – début Premier Fer

Horom, Artik

≈753, Fondation de Rome 600, Fondation de Marseille ≈ 550 . Tombe de Vix

Second fer Ourartou

800 – ≈ 550 avant J.-C.

Tavshut, Aghvorik

Grotte de Tautavel, Menez-Dregan (29)

2700 – début du Néolithique final.

Période Achéménide 539 – Beniamin,Yervandas 450 avant. Deuxième Age et Orontides vers 180 avant J.-C. hat, du Fer. 331, fondation d'Alexandrie en Égypte. Période Hellénistique

186 avant – début IVe siècle après

Chirakavan, Anoushavan, Hoghmik, Beniamin

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52 avant . Conquête de la Gaule. Haut-Empire Début IVe siècle aprèsdébut Bas-Empire


ANIMATIONS PROPOSEES POUR LES SCOLAIRES

Visites commentées de l’exposition : tous niveaux, durée 1h.

Thématiques :

visite générale

visite comparative avec les collections protohistoriques normandes Tarif (par classe de 30 élèves maximum) : 15€ pour les maternelles et primaires 22€ pour les collèges et lycées

Ateliers : cycles 1 et 2, durée 1h30 Découverte de l’exposition puis atelier modelage en s’inspirant des animaux représentés sur les objets exposés. Tarif (par classe de 30 élèves maximum) : 22€ pour les maternelles et primaires

Enseignante responsable du service éducatif : Fanny DESCHAMPS – MILHE POUTINGON Permanence le mercredi après-midi au Musée départemental des Antiquités 02 35 98 55 10 e-mail : fanny.deschamps@ac-rouen.fr Renseignements et réservations auprès du service des publics des musées départementaux 02 35 15 69 11 ou musees.departementaux@ac-rouen.fr

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