Le parcours expérimental de Valérie Legembre

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« Toute œuvre d’art est l’enfant de son temps, et bien souvent, la mère de nos sentiments. Ainsi, de chaque ère culturelle naît un art qui lui est propre et qui ne saurait être répété. » Wassily Kandinsky, « Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier », 1910.


1986 Étudiante à l’École des Arts Appliqués de Lyon, Valérie Legembre découvre que l’émulsion gélatineuse d’un tirage photographique peut être séparée de son support papier. De son livret de recherches expérimentales du « vendredi 13 » , nous retenons ces trois clichés successifs témoignant de cette première expérience d’intervention sur une photographie argentique couleur (3). Le premier cliché est intact, photo témoin (a), sur le deuxième, la partie centrale de la photo présente une lacune volontaire produite par le retrait des couches d’émulsions photographiques (b) laissant apparaître le support papier blanc. Enfin, la troisième photographie accueille l’émulsion de la seconde en superposition (c). La curiosité prime alors sur l’esthétisme. La démarche expérimentale se met en marche. 1

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1. Pochette plastique du livret 13/06/86 2. Couverture du livret avec effet de matière 3. Expérience peau de photo 4. Colorisation 5. Grattage de la matière 6. Expérience de découpages de photographie


1986-1999 Valérie est étonnée par cette expérience réalisée à partir d’une photographie argentique. Alors que la société tend à consacrer nos images souvenirs, Valérie les dissèque, les observe, et réussi à décomposer l’image en retirant consciencieusement l’émulsion qu’elle pense alors être constituée de trois couches.

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Valérie va transférer la couche d’émulsion et ainsi tester différents matériaux en observant le comportement de cette matière lorsqu’elle est mise en contact avec différentes surfaces. Elle constate que la couche d’émulsion adhère parfaitement sur certains supports comme le verre et moins sur d’autres comme les matières plastiques.

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1. Série de transfert d’émulsion sur film plastique, essuie-tout et papier, 1990 2. Transfert d’émulsion sur planche de mélaminé, 1993 3. Transfert d’émulsion sur caillou, 1993-1996 4. Transfert d’émulsion sur marbre enduit de résine, 1993-1996 5. Transfert d’émulsion sur mousse et enduit de résine, 1993-1996 6. Transfert d’émulsion sur enduit de plâtre, 1993-1996 7. Transfert d’émulsion sur balsa, 1993-1996 8. Transfert d’émulsion sur miroir, 1993-1996


1986-1999 Consciente de la fragilité de la matière qui n’excède pas 4.5 microns, Valérie recherche une protection permettant de la conserver et la protéger des altérations multiples qu’elle pourrait subir. Des essais de vernis incolore ne satisfont pas l’artiste qui redoute un jaunissement de la matière. C’est finalement la résine Epoxy qui va lui apporter tenue, transparence et conservation des oeuvres. La résine Epoxy durcit par adjonction d’un durcissant. Matière visqueuse, elle permet divers effets créatifs. Puis, une fois “sèche”, elle se fige et ne peut subir aucune modification. Valérie “reprend” ces créations antérieures et les enduit de résine afin de les fixer durablement.

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9. Promenade n°1 Peau de photo, peinture et résine 10. Promenade n°2 Peau de photo, peinture et résine 11. Promenade n°3 Peau de photo, peinture et résine


1986-1999 Les expériences se poursuivent et la technique du photograttage permet de se familiariser avec la matière. En effet, la fine couche de gélatine peut être creusée, telle une gravure. Ainsi apparaissent au fil des actions de grattage, les trois couches colorées qui constituent l’émulsion : le bleu, le rouge et le jaune. Valérie s’aperçoit que cette technique ne permet pas de maîtriser la quantité de matière retirée dans la gélatine . Cette phase d’observation lui permet d’améliorer sa compréhension de l’organisation structurelle d’une photographie.

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Valérie entreprend alors pour la première fois une mise en volume de la surface plane d’une photographie par découpage. En effet, une photographie a cela d’extraordinaire que de suggérer un espace tridimensionnel exprimé sur une surface plane. Grâce à un astucieux procédé de découpage, Valérie recrée un espace tridimensionnel où le personnage semble sortir du cadre figé de la photographie. L’objet , perçu jusqu’alors comme une surface plane, devient un volume.

13 12. Déplacement, 1999 - Photograttage 12.2 New-York Nations-Unies, 1999 - Déplacement de peaux de photos 12.3 Rome, 1998 - Photograttage et déplacement de peaux de photos 13. L’homme 3D, 1999 Photograttage et découpage


1986-1999 C’est peut-être par accident de manipulation que Valérie découvre que les surfaces planes d’émulsion enduite de résine peuvent créer un volume (15). Valérie s’inspire de cette découverte pour mettre en volume ces créations. Les scultos sont des sculptures en résine à base de gélatine photo. Il s’agit, à partir d’une photographie argentique, de séparer la mince couche de gélatine contenant l’image de son support papier, puis de la fixer dans la résine époxy. Ensuite, par une mise en forme de la résine, l’image transparente devient volume.

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14. Sans titre, juin 1999 Peau de photo et résine, 15. Nation-Unies, juin 1999 Peau de photo et résine 16. Façades Grenoble, Scultos 1999 Peau de photo et résine 17. Rivoli, 2000 Peau de photo et résine


1986-1999 Valérie expérimente les propriétés du matériau qu’elle utilise. Par expéri ence, ell e sait que la gélatine adhère parfaitement au verre. Elle applique alors une gélatine de photographi e sur une plaque en verre qu’ell e recouvre de résine. Avant q ue celle-ci ne se fige, elle l ’arrache à l a plaque de verre. Elle découvre alors que de ce geste naît la séparation physique des couches de couleurs. Bien sûr, cette technique n’aboutit pas à une séparation systématique et choisie des couches retirées mais elle observe cependant un résultat qui res tera, dans un coin de son ateli er et de sa conscience, une opération digne d’intérêt qu’il restera à explorer. « Les stigmates rouge sang laissés sur le tirage positif écorché vif révèlent le s adisme de ce processus mais encore sa dimension al éatoire : la séparation des différentes couches de couleur es t en effet difficilement contrôlable ». Arnaud Maillet, Maître de conférence à l a Sorbonne (Extrait du catalogue « La puce à l’oreille » Galerie Vrai s rêves, Lyon).

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18. Plaque de verre avec peau de photo et résine dont une partie est arrachée 19. Morceau résine avec la couche bleue de la peau de photo 18+19. Reconstitution de l’image à partir des deux morceaux 18 et 19


2000-2001 De nouvelles créations en volume voient le jour. Les monolithes sont créés à partir de différents matériaux : bois, papier journal, papier mâché, résine, peinture et morceaux de couches d’émulsion photographique. Ces structures permettent une autre piste de mise en œuvre de la matière, de l’image et des couleurs comme un puzzle où toutes les pièces semblent trouver leur place . La composition artistique est alors plus proche de la sculpture que de la photographie.

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20. L’étagère des monolithes Peaux de photos, journal, papier, peinture, mousse, résine


2003 Dès lors que la matière photographique retirée de son support papier devient autonome, sans support autre que la gélatine elle-même, elle portera définitivement le nom de peau de photo. En effet, les réactions épidermiques de cette matière révèle à Valérie sa similitude avec la peau humaine : ses réactions à la chaleur et à l’humidité sa souplesse permettent de tenter cette métaphore audacieuse et surprenante. « Le parallèle s’établit entre la peau et la couche d’émulsion car toutes deux sont des surfaces de protection faisant barrière aux éléments extérieurs ».(Valérie Legembre)

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Valérie travaille, à cette époque, sur le site de production de la Société STMicroelectronics. Embauchée comme opératrice en salle blanche, elle découvre dans cette entreprise internationale, une autre organisation du travail où se tissent des liens humains très forts. STMicroelectronics est un spécialiste de la puce électronique. Cette technologie invisible et pourtant indispensable à tous les moyens de communication actuels la questionne. Confrontée à l’univers visuel de la microélectronique, Valérie découvre cet objet sous toutes ses facettes : esthétisme des formes, des motifs et des couleurs révélés à l’aide du microscope réactive le désir de Valérie de construire un projet artistique pour exploiter ses images industrielles. Elle obtient le droit de photographier ses camarades au travail dans les salles blanches . Soutenu par les comités d’établissements (CE) de Crolles et de Grenoble, ce travail donne lieu à l’exposition « La planète des Puces et des Hommes » à STMicroelectronics Crolles et Grenoble, en 2003. « En salle blanche, on ne voit que les yeux des gens, car chacun est vêtu de combinaison, cagoule, gants et sur-bottes. Je voulais donner un sens différent au milieu industriel. » C’est ainsi que Valérie s’attache à révéler le regard de ces collègues, symbolisant ainsi l’importance que revêtent les relations humaines dans la réalisation systématique de tâche technique et industrielle.

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Elle détourne un objet banal utilisé en salles blanches : la chiffonnette. Ce petit carré de fibre lui permet d’assurer un séchage des fines couches d’émulsion sans adhésion au support et de leur donner un volume.

21. Boîte n°1, série des yeux - 2003 Volume peau de photo en boîte 22. Boîte n°2, série des yeux - 2003 Volume peau de photo en boîte recouverte de peaux de photos et résine


2004 Jusqu’à présent, les scultos inventés par Valérie étaient rigidifiés par l’emploi de la résine. L’artiste pense possible de créer des volumes en utilisant seulement la fragile gélatine photo. Pour y parvenir, elle doit auparavant utiliser une structure rigide recouverte d’un matériau lui permettant de retirer l’émulsion, une fois sèche. Valérie dépose les couches d’émulsion sur ce volume. Sur chaque face, les images photographiques suggèrent la fragilité et la transparence de la matière qui bruisse au moindre courant d’air. Quant aux arêtes, Valérie les rigidifie en superposant des couches de gélatine afin de bâtir des poteaux solides et rigides. Ainsi charpentée, la matière délicate révèle de nouvelles propriétés d’assemblage et de texturation jusqu’alors insoupçonnables. Retirée de son support, le voile photographique s’épanouit, seul, dans son environnement. Prodigieux !

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23. Grenoble n°5, Peau de photo 24. New-York n°3, Peau de photo 25. New-York n°5, Peau de photo


2005 - 2006 Toutes les techniques élaborées jusqu’alors par l’artiste ne permettent pas à l’observateur de percevoir les jeux créatifs de la matière ainsi dévoilée. Si Valérie joue en permanence avec la lumière ou l’obstruction de celle-ci en compilant des couches de matière photographique, une mise en scène doit être réfléchie pour intensifier et valoriser les minces de couches de matière travaillées. La collaboration avec Benoît Mathonnet, scénographe apportera dès 2005, une nouvelle dimension d’installation grâce à l’utilisation de modules lumineux. En 2006, le premier boîtier lumineux de petite taille sera mis au point. Les images apparaissent semblables à des vitraux. Les couleurs saturées, la profondeur exaltée permettent en jeu de construction où Valérie fait encore une fois émerger un autre regard de lecture des plans photographiques. Créer de l’espace en se jouant des couleurs qui vibrent ainsi dans la lumière, telle est le sens de la démarche de l’artiste.

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« J’eus l’idée à cette époque d’une peinture qui ne tiendrait techniquement que de la couleur, des contrastes, mais se développant durant le temps et se percevant simultanément, d’un seul coup » (Delaunay).

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26.1 et 26.2 Le colisée, 2008 26.3 Cours Berriat à Grenoble, 2008 26.4 Feu rouge, Grenoble, 2008 26.5 Mozart, 2008 26.6 Mont-Blanc, 2011 26.1 à 26.6 : Peaux de photos, plaques de verre et boîtier 27. Exposition «Art Puce» scénographie de Benoît Mathonnet


2006 De mai à décembre, Valérie réalise une résidence d’artiste au sein de l’entreprise STMicroelectonics Grenoble, découvrant un contexte de travail très différent de celui de Crolles, consacré à la production ; il regroupe principalement les secteurs « recherche et développement » de l’entreprise.

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Valérie photographie le personnel par l’intermédiaire de Wafer (miroir en silicium) permettant d’oublier l’objectif intrusif. Les clichés obtenus donneront le jour à des peaux de photos qui seront moulées sur des formes ovales, de volume mince rappelant les wafers, objet industriel encore une fois détourné de leur fonction première. Mises en boîte, les peaux de photos occupent un espace où Valérie restitue l’idée de la tri dimension en redéployant au premier plan, sur la vitre du boîtier, des peaux de photos détourées de personnages ou objets. Tel sera également le dessein des puces électroniques qui attirent l’œil de la photographe lorsque celles-ci laissent apparaître une dimension esthétique : « Certains motifs paraissent issus de civilisations anciennes. Il s’agit donc d’une esthétique qui interroge. Ce qui me plait dans ces clichés, c’est de savoir que les composants ont une fonction, mais qu’ils ont également une part esthétique indéniable » explique Valérie. Les peaux de photos sont de petites dimensions et il est difficile de percevoir l’organisation des couches de gélatine. Valérie voudrait pourtant valoriser la texture de cette matière. Elle imagine un procédé consistant à scanner les peaux de photos pour révéler de nouveaux détails de la matière. Un traitement de l’image lui permet de réaliser des tirages photographiques de grands formats à partir de ces petits objets en peau de photo. Ces tirages photographiques seront nommés les photos peaux, permettant la reproductibilité et le changement d’échelle et un autre regard sur les œuvres ainsi exposées.

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28.1 et 28.2 Série « les humains », boîtier et peaux de photos 28.3 TD300 Planète n°4, peaux de photos 28.4 à 28.6 Série « les planètes », Photos peaux 28.7 Le plan de ville, Photo peau 29 Chiffonnette des salles blanches à STMicroelectronics


2007 Par défi ou par curiosité, tel un inventeur industriel, Valérie se lance dans l’aventure du dépôt de brevet d’invention nommé : « matière multicouche à base d’image photographique ». Deux marques sont également déposées : Peau-de-photo et Photo-peau . Pour inscrire son invention, l’artiste doit se muer en scientifique pour prouver, démontrer et expliquer sa démarche.

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Extrait : « La présente invention concerne l'élaboration et l'utilisation d'un nouveau type d'image photographique réalisé à partir de photographie développée sur papier argentique. Le procédé selon l'invention comprend les étapes suivantes :- réalisation de la première couche de matière (9.c) en dissociant une émulsion (9.b) d'une photographie (9) réalisée sur un support papier argentique ou similaire, en la récupérant ensuite sous forme d'une matière gélatineuse (9.c) et en la disposant sur un support (7) afin de la faire sécher, une fois sèche, réalisation d'une autre couche de matière (9') en réitérant les opérations précédentes à partir de l'ensemble support couche matière (7'), et ce jusqu'à l'obtention des caractéristiques de la matière à multicouches désirée. Ce procédé permet l'obtention de matière à multicouches à base d'image photographique destinée à l'art notamment la sculpture. »

31 30. La femme bleue, Peaux de photos 31. La femme bleue, détails photos peaux


2007 Valérie explore depuis vingt ans la matière lumière qu’est la peau-de-photo. Elle fait naître des techniques qui sans cesse expriment toujours plus clairement la relation étroite de cette matière avec la peau humaine. Par séchage de la gélatine photographique sur sa main, elle lie étroitement les deux peaux qui ne font alors plus qu’une : « la mue » laisse en effet apparaître le grain de peau de Valérie.

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32. La mue, 2007 Peau de photo, aluminium


2008 Dès les débuts de ses travaux sur les peaux de photos, Valérie explore cette matière par le grattage des couches successives qui composent l’émulsion. Par touche légère, la couche de bleu et de rouge peuvent être soustraites de la matière et créer des effets plastiques. Pour obtenir les effets recherchés, l’artiste retire par endroits de la matière, par grattage ou ponçage. L’exposition « La puce à l’oreille» présentée à la Galerie Vrais Rêves, est un assortiment de toutes les techniques jusqu’alors maîtrisées par l’artiste. La série de photograttages présentée s’inspire de l’utilisation des puces électroniques dans nos téléphones portables.

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33.1 à 33.4. Série « la puce à l’oreille », photograttage 34. Rhinocéros, photograttage


2008 peau : organe souple et mince qui recouvre et protège toute la surface du corps de l’être humain ou de certains animaux. (définition du Larousse) La peau de photo interroge la plasticienne et sans cesse lui rappelle la similitude avec la peau humaine. Valérie conçoit des têtes de peau de photo. Elle photographie les expressions grimacières de ces collègues qui se prêtent volontiers au jeu, puis réalise un volume en platiline de leur tête photographiée. Plusieurs couches d’émulsion sont alors délicatement appliquées sur ces petits supports. Ainsi déposée sur la forme, les peaux de photos se transforment, se déforment. Les visages acquièrent des expressions effrayantes de souffrance et de torture.

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35. Visage n°1, peaux de photos moulées 2008 36.1 à 36.2 Modelage en plastiline et moule en silicone 37.1 Peau de visage, peaux de photos mises enforme, plextol et résine 37.2 Peau de visage, peaux de photos mises en forme, résine


2008 La peau de photo est-elle aussi élastique que la peau humaine ? Ce rapport charnel que Valérie entretient avec la peau humaine s’accentue et continue de lui poser question. A l’occasion du séchage des peaux de photos qu’elle réussit à superposer les unes sur les autres, parfois jusqu’à 20 couches, l’artiste teste et observe alors la résistance à l’étirement de la matière encore molle lors du séchage. La gélatine conservera-t-elle sa forme initiale ? Étirer, retourner, pincer, tout autant de « supplices » qui révèlent les qualités de cette matière. Les formes données lors du séchage sont conservées. Pour Valérie, c’est encore une nouvelle piste de travail qui voit le jour par ces observations. Ces expériences menées sur la matière par la plasticienne présentent bien des analogies avec le monde scientifique. Le chercheur, comme l’artiste, sont tous deux en quête de dépassement des certitudes, des limites du possible, de la compréhension du monde. 38

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Fujifilm, spécialiste japonais de la photographie propose désormais des cosmétiques anti-âge commercialisés sous la marque Astalift: « Finalement, les problématiques de la peau et de la photo ne sont pas si éloignées. La pellicule photo est composée de collagène, qui résiste au temps grâce à des antioxydants. Ajoutés à notre travail sur l’infiniment petit, ces éléments, à la base des soins pour la peau, nous donnent une légitimité que beaucoup de grands groupes n’ont pas pour lancer des crèmes anti-âge » selon le président de Fujifilm France. CQFD. 38 Image de puce électronique, peaux de photos mise en forme, feuille d’argent et peinture argentée 39. L’oreille, Peaux de photos et puces électroniques 40. Bouche, peaux de photos plus ou moins superposées 41. Cocon, peaux de photos mises en forme à partir d’un ballon 42. Planète orange, peaux de photos étirées 43. La femme romaine, peaux de photos


2009-2010 Valérie réalise une résidence d’artiste au cœur du C.E.A. de Grenoble (Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives ). Dans ce cadre scientifique, Valérie allie ses deux passions : le plaisir d’inventer et expérimenter et le plaisir de la rencontre et de l’échange. La résidence EXEO (= Expérience - Echange – Observation) propose donc un témoignage original du monde de la recherche et des technologies ainsi que l’exploration de la science d’aujourd’hui. Valérie a confronté son regard d'artiste à celui des scientifiques dans leurs laboratoires. Dans chaque institut, elle mène, avec des scientifiques, des expériences sur les peaux de photos qui lui permettent d’affiner ses connaissances et lui ouvrent de nouvelles pistes de recherche. Cette résidence, riche sur le plan des échanges humains, a permis à l’artiste de réfléchir sur la pratique scientifique, l’interactivité, le rôle et la symbolique des mains et des outils de travail. Un projet « Art-Science » qui révèle l’art à la science, et où le scientifique enrichit l’artiste. Au cours de cette résidence, Valérie confectionne des objets en plexol, une émulsion acrylique de conservation qu’elle utilise comme support sur lequel elle dépose des peaux de photos: cuillères, gants….vont naître de ces expériences et de ces observations en laboratoire.

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44. Boîtier EXEO présentant une cuillère mise en forme en plexol et recouverte de peaux de photo Une boîte de pétri recouverte de peaux de photos et deux flacons d’échantillonnage contenant des lambeaux de peaux de photos 45. Le patchwork à manip. (présenté dans diaporama « peaux et mots »)


2010 Triturer la matière jusqu’à en extraire toutes les possibilités. Valérie est intervenue avec son scalpel sur l’image sacrée que représente pour nous, la photographie …. Peut-elle aller plus loin ? En attaquant chimiquement la photographie, elle expérimente encore un champ de création nouveau qu’elle nomme les « photomiques ». Il s’agit de jouer sur l‘épaisseur de la peau de photo en appliquant des produits chimiques. En collaboration avec les scientifiques du CEA,Valérie apprend que les solutions alcalines sont celles qui donnent le plus de résultat quant à l’attaque chimique des couches d’émulsion. En fonction de la dissolution et du temps de pause du produit sur l’image, il est possible de dégrader plus ou moins, une, deux ou l’ensemble des couches jusqu’à disparition totale de l’image. Cette technique fonctionne par soustraction de matière et non par addition. Eau de Javel, lessives, …. Certains produits engendrent des effets de craquelure ou de perte de netteté de l’image comme si les pigments se fondaient ensemble. Pour préserver des zones de l’image des attaques chimiques, Valérie teste différents produits du quotidien qui serviront de masque comme de la crème pour le visage, de l’huile, ou de la cire…

46. Maroc 2, photomique 46


2011 Valérie n’en a jamais fini d’explorer des pistes de travail. Insatiable, elle entreprend des découpages plus ou moins grossiers de peau de photo qui sont mis en solution avant d’être recueillis dans une passoire équipée d’une chiffonnette. Les morceaux de matière s’amalgament de manière aléatoire formant alors des figures étranges. De ces objets, Valérie crée des photos peaux de grandes dimensions.

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47. Le masque n°1, peaux de photos 48. Le masque n°1, photo peau


2011 La photographe réalise un volume à partir d’un tirage photographique argentique par découpage et pliage (découpli). Elle obtient un objet sculptural qui reçoit alors un faisceau de lumière afin d’obtenir une ombre projetée en arrière-plan. Cette mise en scène est alors à nouveau capturée par l’appareil photographique. L’image obtenue sera déclinée en peau de photo multicouche, puis en photo peau qu’elle nommera découpli peau.

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49. Ensemble présentant la photographie d’origine(a), le découpli (b), la photographie du découpli avec ombre (c), la peau de photo (d) et le découpli peau (e) 49.e. Le découpli peau


2012 Les visages et les mains sont sans doute les deux parties anatomiques du corps humain qui ne laissent pas Valérie indifférente. Tout au long de son parcours expérimental et de ses rencontres, elle photographie les hommes et les femmes qui travaillent avec leurs mains dans les laboratoires : « je n’imaginais pas que l’aspect manuel soit autant présent et indispensable dans la recherche scientifique ».

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Il n’est donc pas anodin de retrouver la main comme symbole du travail humain, dans une grande partie de son travail de création. Valérie sait que la superposition en multicouche des peaux de photos permet de jouer avec la transparence et la lumière. Les boîtiers lumineux lui en ont apporté la certitude. La peau de photo peut encore révéler des mystères si celle-ci est éclairée avec des LED aux couleurs changeantes. En effet, certaines couleurs sont absorbées dans le vert, d’autres dans le rouge et la perception de l’œil est en bouleversée. Comme un corps humain radiographié aux rayons X, la peau de photo livre encore ses secrets. Valérie photographie ces objets ainsi saisi par la lumière changeante et par juxtaposition d’images produit une œuvre scientifique et esthétique. .

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50. Main-gant, mise en forme de peaux de photo 51. Radiophoto n°1, impression numérique


2012 Il s’agit, pour Valérie, de créer une peau de photo comprenant , en moyenne, trois couches superposées. Pour valoriser certains éléments de l’image, Valérie découpe soigneusement certaines zones de la peau de photo. En immergeant cette peau de photo qui flotte dans l’eau, l’artiste décide d’en faire couler une partie. Ainsi en manipulant la forme, elle donne une attitude à l’objet photographique. Un éclairage suffisant permet à l’objet de nous faire apparaître une ombre. Valérie capture cette mise en scène dans un cliché photographique. Ces créations sont issues de nombreuses expériences menées sur la flottabilité de la peau de photo.

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52. Image flottante n°3 Peau de photo


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