Montreux Jazz Chronicle 2016 - N°15

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№ 15

Vendredi, 15 juillet 2016 Friday, 15 July 2016

Montreux Jazz Chronicle Le quotidien du Montreux Jazz Festival, 5e édition

The Montreux Jazz Festival daily newspaper, 5th edition

TONIGHT

Marcus Miller, Auditorium Stravinski, 14.07

WOODKID & FRIENDS

F Touche-à-tout surdoué et visionnaire, Woodkid cumule les talents artistiques avec brio et élégance: auteur, compositeur, chanteur, mais aussi vidéaste et graphiste. Entre deux réalisations de clips pour les plus grandes stars actuelles, de Lana Del Rey à Taylor Swift, Woodkid produit en 2011 l’EP Iron, suivi en 2013 par son premier opus, le superbe The Golden Age. Depuis sa première venue à Montreux en 2012, l’artiste a tissé des liens étroits avec le Festival. A l’occasion de cette édition anniversaire, le génial garçon de bois sera au Stravinski le chef d’orchestre d’une soirée exceptionnelle, une création unique pour le Festival, en compagnie d’artistes invités de sa génération, parmi les plus excitants et talentueux du moment.

WOODKID & FRIENDS

BROTHER

E Woodkid is a genius jack-of-alltrades with true vision, combining multiple artistic talents with brio and elegance. He is an author, composer, singer, and also a director and a graphic artist. In between producing music videos for some of the biggest stars out there, from Lana Del Rey to Taylor Swift, in 2011 Woodkid produced the EP Iron, followed in 2013 by his first LP, the superb The Golden Age. Since his first visit to Montreux in 2012, this artist has developed strong ties with the Festival. On the occasion of this anniversary edition, the brilliant Woodkid will serve as conductor at the Stravinski for an exceptional evening that will be a unique Festival creation, accompanied by invited artists from his generation representing some of the most exciting and talented of the moment !

6 Portfolio : Mehdi Benkler

8 Interview : Marcus Miller

9 Last Night : Red Bull Music Academy Thursday

WOODKID & FRIENDS , Auditorium Stravinski, 20:00


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F Hors saison, le bord de mer de Carry-le-Rouet

a quelque chose d’une bamba triste. Terrasses en déshérence, Casino en jachère, colifichets patriotiques : le mistral charrie sa petite mort balnéaire. Avec Antoine Bal et Arnaud Robert, respectivement chargé de projet et auteur du livreanniversaire 50 Summers of Music, nous avons fait la route de Genève pour rencontrer Lisa Simone, récemment installée dans la dernière demeure de sa mère, à quelques kilomètres de Marseille. Au Saint Trop’ où nous déjeunons, le service est théâtral. Avec une diligence toute sartrienne, le garçon de café nous présente le poisson qu’il s’apprête à griller. « Comment s’appelle-t-elle? », plaisante Antoine en embrassant son jeu. Le garçon, du tac-au-tac : « Simone ». Un ange passe, il réveille nos démons. Tout au long du voyage, nous avons imploré le paysage, le bitume et les aires d’autoroute pour que le fantôme de Nina Simone sorte des limbes où la petite Eunice Kathleen Waymon pourchasse éternellement son rêve de concertiste classique. Nous sommes exaucés sous la forme d’une dorade. Le reste, le livre le raconte : la piscine sans eau, la maison sans meubles, le piano sauvé du jardin, l’odeur d’urine dans les draps et la combinaison de plongée comme seul vestige maternel. Il ne dit pas, peut-être, la douceur d’Arnaud qui accueille une parole douloureuse. Ni mes larmes émues, ou celles d’Antoine, qui perlent en moirant comme les écailles d’un poisson.

SALOMÉ KINER

JOURNALISTE, MEMBRE DE LA REDACTION DU CHRONICLE, CO-AUTEURE DE L'OUVRAGE "50 SUMMERS OF MUSIC"

TODAY'S GUEST A FISH CALLED SIMONE

E The seaside resort of Carry-le-Rouet is a bit of a sad bamba out of season with its rejected terraces, empty casino and discarded tourist knick-knacks. The only thing that visits this ghost town is the Mistral. We left Geneva with the project manager, Antoine Bal, and author, Arnaud Robert, of 50 Summers of Music to visit Lisa Simone just outside Marseille, where she now lives in her mother’s last home. The service was rather dramatic in St-Tropez, where we had lunch. We were diligently presented to the fish that the waiter was about throw on the grill. “ What’s her name ? ” joked Antoine, playing along with the boy’s game. The boy didn’t need to think twice, “Simone”. Speak of the devil ; we’d begged the landscape, the tarmac and even the dirty motorway air on the way down to bring Nina Simone back from limbo, where the young Eunice Kathleen Waymon will forever pursue her dream to become a classical concert pianist. Our prayers were answered with a sea bream. The book recounts the rest, from the waterless pool and the furnitureless house to the piano saved from the garden, the urine-perfumed sheets and the wetsuit that holds all motherly memories. It probably doesn’t talk about Arnaud’s comforting words in times of need, or about the droplets that stain my face and Antoine’s and sparkle like a fish’s scales.

COUPS DE CŒUR 6 LEGENDARY SONGS BY NINA SIMONE Plain Gold Ring 1958

Black Is The Color Of My True Love's Hair 1959

Don't Let Me Be Misunderstood 1964 Sinnerman 1965

Four Women 1966 Baltimore 1978

CLAUDE'S COLLECTION F « Montreux a joué un rôle très important pour la promotion des musiques brésiliennes: bossa nova, musique sophistiquée, les éléments de la rue, les manifestations folkloriques, tous ces aspects ont été exposés mondialement grâce au Festival », confiait Gilberto Gil en 2015, quelques minutes avant de chambouler le public de l’Auditorium Stravinski en compagnie de Caetano Veloso, frère bahianais, frère de scène et frère d’exil. Ils reprirent leurs classiques, mais pas le « Chuck Berry Fields Forever » que Gilberto Gil brandissait comme un manifeste tropicaliste en 1978. Quarante ans avaient passés, il n’avait plus assez de doigts pour compter ses visites à Montreux et pas assez de mots pour dire son amitié à Claude. Il n’avait plus rien à prouver. Salomé Kiner © Yann Gross

Main Partners

E “ Montreux has played a very important role in the promotion of Brazilian music. Its bossa nova, sophisticated music, street vibes, folk festivals have all gained international exposure thanks to the Festival ”, explained Gilberto Gil a few minutes before he stepped on stage and blew away the audience in the Auditorium Stravinski in 2015. He was accompanied by his Bahia, stage and exile brother, Caetano Veloso. They played their classics, but not “ Chuck Berry Fields Forever ” which Gilberto Gil had brandished as a tropical manifesto in 1978. After forty years, he no longer had enough fingers on which to count the number of times he’d been to Montreux or enough words to tell Claude how much he valued their friendship. He had nothing left to prove.

Friday, July 15th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

EDITO UN POISSON NOMMÉ SIMONE

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PAYING

FRIDAY 15.07

AUDITORIUM STRAVINSKI

MONTREUX JAZZ CLUB

FRANÇOIS LINDEMANN NU BASS

WOODKID AND FRIENDS

FREE

4 YEARS OF MUSIC, A UNIQUE PERFORMANCE FOR THE 50TH MONTREUX JAZZ FESTIVAL

MUSIC IN THE PARK 14:30 BBDR BIG BAND

LAGRÈNE, FARAÒ, COLEMAN, WHITE

MONTREUX JAZZ LAB MHD

NEKFEU

MONTREUX JAZZ TRAINS

MONTREUX GARE

11:44

GOLDENPASS JAZZ TRAIN

CRAZY STOMPERS,

LOUISIANA JAZZ TIME

SPECIAL EVENTS

BAR EL MUNDO

16:00 AXÉ BEABAHIA (DANCE LESSON)

MAIN ENTRANCE, 2M2C

16:30 HARMCORE JAZZ BAND

16:00 BOOK BOX

18:00 I LOVE AFROHOUSE

19:00 FANNY LEEB AND BAND

UNITED COLORS OF FIESTA

21:30

I KONG & NAJAVIBES

00:00 TALENTS ADAMI DÉTOURS 2016: DBFC

THE ROCK CAVE 21:30

DAXX & ROXANE

23:00 THE ANIMEN 00:30 AFTERSHOW: LES DIPLOMATES

STROBE KLUB 10 YEARS RAKETE – VJING LA LOUTRE 22:00 RETO ARDOUR 23:00 DARIO D'ATTIS 01:00 SABB 03:00 ANIMAL TRAINER

Collaboration Festival Images Vevey - Montreux Jazz Festival

WORKSHOPS

PETIT PALAIS

par Jonas Messerli

PETIT PALAIS

par Jonas Messerli

15:00 VINYL LOVE

17:00 LOOPING AND SCRATCHING

JAM SESSIONS

MONTREUX JAZZ CLUB

F Jam Sessions improvisées après les concerts E Improvised Jam Sessions after the concerts

20:00 CASA VERDE COLECTIVO (MEXICO) 22:00 DJ RUMBA STEREO

INFORMATION

F Pour toutes les informations sur les prix et mises à jour du programme, veuillez télécharger la «Montreux Jazz App»

E  For information on the prices and updates on the program, please download the “Montreux Jazz App” www.montreuxjazzfestival.com

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F Légende oubliée de l'âge d'or de la musique jamaïcaine, I Kong est revenu sur le devant de la scène en 2015, après trente-cinq ans de silence, avec A Little Walk, album showcase unanimement acclamé par la critique spécialisée et suivi d'une première tournée européenne. L'auteur des incontournables hits « The Way It Is », « Life's Road » ou « Babylon Walls » revient en 2016 avec un nouvel album : Pass It On. Accompagné du groupe suisse Najavibes, ainsi que de Judy Mowatt, Ken Boothe et Raging Fyah, celui qui a été le fondateur du groupe The Jamaicans, le choriste de Yabby You, ou encore le parolier de Max Romeo, nous livre un nouveau disque résolument roots dont le but est de transmettre aux jeunes générations des valeurs, une culture, ainsi qu'une musique provenant d'un autre temps.

Friday, July 15th 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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I KONG & NAJAVIBES

HIGHLIGHTS E Forgotten legend of golden-age Jamaican music, I Kong was back at the forefront in 2015 after 35 years of silence. He recorded his unanimously acclaimed showcase album, A Little Walk, and toured Europe for the first time. The author of the must-hear hits « The Way It Is », « Life's Road » and « Babylon Walls » is back in 2016 with a new album Pass It On. He was accompanied by the Swiss band, Najavibes, as well as Judy Mowatt, Ken Boothe and Raging Fyah. The Jamaicans’ creator, who is also Yabby You’s backing vocalist and Max Romeo’s lyricist, delivers a new and unquestionably roots record that passes on values, culture and music to younger generations. I KONG & NAJAVIBES 15.07.2016 - 21:30 MUSIC IN THE PARK

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Van Morrison

Patti Smith

PJ Harvey

Air

Ty Dolla $ign Scofield Mehldau Guiliana


Sigur Rรณs

PORTFOLIO MEHDI BENKLER

Slayer Billy Gibbons & Buddy Guy


Vendredi, 15 juillet 2016 | Montreux Jazz Chronicle

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Le légendaire bassiste et compagnon de route de Miles Davis demeure l’un des musiciens jazz parmi les plus influents de son temps. Propos recueillis par Salomé Kiner

F C’est important pour vous de transmettre

des messages forts à travers votre musique ? J’ai pris conscience du pouvoir qu’avait la musique quand Martin Luther King a été assassiné. Je n’étais qu’un enfant, mais durant la semaine qui a suivi, la télévision diffusait en boucle les images des personnes attristées défilant main dans la main et chantant « We Shall Overcome ». J’ai compris que la musique les aidait à faire leur deuil, et à transmettre leur message. Cette expérience m’a marqué, et lorsque j’ai commencé à jouer des morceaux comme « Tutu » en 1986, le lien est devenu évident. J’ai dit à Miles Davis que le morceau parlait de Desmond « Tutu », et il a aussi fait le lien. C’était un message fort qui rendait la musique plus puissante. Vous étiez très jeune quand vous avez commencé à jouer avec Miles Davis. Maintenant, c’est vous qui transmettez votre savoir aux plus jeunes… J’ai toujours été fasciné par les histoires des musiciens plus âgés. Lorsque l’un deux se mettait à raconter sa vie, certains jeunes se plaignaient, mais de mon côté, je savais que c’était des informations de la plus haute importance. Aujourd’hui, quand nous sommes dans le bus en tournée avec les jeunes musiciens, je leur raconte les histoires que Dizzy Gillespie ou Miles m’ont transmises, et je comprends que c’est une vieille tradition. Il y a des millions d’histoires, mais le message reste toujours le même : trouve ta voie, et donne le meilleur.

« Trouve ta voie, et donne le meilleur ! » Votre dernier album, Afrodeezia, a été enregistré dans des endroits très symboliques. Pouvez-vous nous parler de ce projet ? L’UNESCO m’a proposé d’être leur porte-parole dans le cadre du projet « La Route de l’esclave », qui consiste à briser le silence sur l’histoire de l’esclavage. Évidemment, le projet m’a touché, mais plutôt que de simplement lui prêter mon image, j’ai voulu faire de ma musique un vecteur pour son message. J’ai alors décidé de collaborer avec des artistes venant de différents pays situés sur la route de l’esclavage. J’ai donc joué avec des musiciens maliens, marocains, brésiliens ou encore cubains. C’était très personnel, car l’album retrace le périple de mes ancêtres.

MARCUS MILLER

INTERVIEW

The legendary bass player and travel companion for Miles Davis is still one of the most influential jazz musicians of his time. Interview by Salomé Kiner

E Is one of the main aims of your music to transmit powerful messages ?

I realised the power of music when Martin Luther King was assassinated. I was just a child, but for the next week on television, you saw all those very sad people, holding hands, marching, and singing “ We Shall Overcome ” over and over. I realised that this music was helping them with their grief and to put across a message. I think I carried that knowledge with me and when I began to do songs like “ Tutu ” in 1986, I connected to that first experience. I told Miles Davis this song was about Desmond Tutu and he connected with it too. It was a strong message and made the music more powerful. You started playing with Miles Davis at a very young age, and now you pass on your knowledge to younger generations… I was always fascinated when the older musicians would tell their stories. Some of my other young musicians were saying “ Oh here comes another old story ”. But for me, I always knew it was very important information. And now, I’m on the bus touring with young musicians and I’m telling them stories that Dizzy Gillespie or Miles told me. And you realize it’s an old tradition. There are millions of the stories, but they usually tell the same thing : figure out who you are and be the best version of yourself. Millions of the stories, but they usually tell the same thing.

“ Figure out who you are and be the best version of yourself ! ”

Your latest album, Afrodeezia, was recorded in very symbolic places. Could you tell us a bit about this project ? UNESCO asked me to be spokesperson for “ The Slave Route project ” through which they wanted to raise awareness of the history of slavery. I thought it was a great project, but rather than be just a spokesperson and smile, I wanted to use my music to help push this message across. I decided with my new album, I would collaborate with musicians who come from different stops along the slave route. So I played with musicians from countries such as Mali, Morocco, Brazil or Trinidad. It’s supposed to represent the voyage of my ancestors, so it was very personal.


LAST NIGHT RED BULL MUSIC ACADEMY THURSDAY HABILETÉ, SUBTILITÉ ET VOLUTES PLANANTES SE SONT SUCCÉDÉ HIER SOIR AU LAB, PORTÉES PAR FLOATING POINTS, KIASMOS ET FOUR TET.

FLOATING POINTS, KIASMOS AND FOUR TET STEPPED ONTO THE LAB’S STAGE LAST NIGHT AND DELIVERED SKILFUL, SUBTLE, AND MIND-BLOWING SETS.

F Avec des compositions toujours plus profondes et nuancées, Floating Points impose un univers complexe et envoûtant. E Floating Points creates a complex and haunting world with ever deepening and subtle compositions.

F À l'occasion de cette 50ème édition, Floating Points nous

livre une brillante version band de son dernier album Elaenia.

E Floating Points was joined on stage by musicians to cele-

brate this 50 th anniversary with a stunning rendition of his latest album, Elaenia.

F Une apparition parsemée d'ambient et de techno atmosphé-

rique éclaire la deuxième partie de soirée avec Kiasmos. E Kiasmos set the middle of the night alight with ambient and atmospheric techno.

F Le duo islandais allie brillamment nappes et boucles électroniques. E The Icelandic duo brilliantly mixes electro loops over layers of sound.

F Quatre ans après son passage au Montreux Jazz Café, Four F Four Tet enflamme le Lab avec deux heures de DJ set et clôture ce sixième Red Bull Music Academy Thursday.

E Four Tet sent the Lab into a frenzy with a two-hour DJ

set and officially closed the sixth Red Bull Music Academy Thursday.

Tet confirme une nouvelle fois son statut d’ambassadeur de la scène électronique anglaise. E Four years after playing at the Montreux Jazz Café, Four Tet proved himself once more as a leading DJ on the British electro scene.

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CARLOS SANTANA

50 SUMMERS OF MUSIC

«

JE SUIS RESTÉ UN HIPPIE AVEC DES PEINTURES DE GUERRE

I’M STILL A HIPPIE, BUT WITH WAR PAINT

F J’ai grandi à San Francisco, un berceau de la conscience multi-dimen-

sionnelle. Bill Graham dirigeait les clubs Fillmore. Il mettait sur la même affiche Grateful Dead, Ten Years After et Miles Davis. Il montrait aux hippies que, s’ils souhaitaient déguster un steak ou de la crème glacée, ils devaient d’abord avaler leurs légumes. Selon lui, le rock était une sucrerie et le jazz un plat bio. Il éduquait son public comme ses propres enfants : « Si vous voulez écouter Santana, finissez d’abord votre Roland Kirk. » Montreux avait cette attitude. Le Festival aujourd’hui est plutôt obsédé par le rock’n’roll. Je n’ai pas envie de donner des conseils à ceux qui tiennent désormais la barre. Mais avant les grands groupes, avant U2 ou The Rolling Stones, il faut programmer Sonny Rollins et Wayne Shorter. Il est essentiel que les jeunes soient exposés à l’excellence, à un autre niveau d’expression. Il ne faut pas mettre le jazz de côté. Ce n’est pas Montreux Rock. C’est Montreux Jazz. Je n’ai jamais eu la chance d’entendre John Coltrane sur scène. Mais je sais qu’il a ouvert une porte au plus profond de moi. Après avoir entendu A Love Supreme, je n’ai jamais plus joué de la même manière. Si vous voulez du divertissement, allez au cirque applaudir un ours sur une motocyclette. Si vous voulez de l’absolu, une absence totale de peur, venez nous voir. Quand Bill Graham m’a invité à Woodstock, j’y ai découvert ce que j’appelle l’innocence curieuse. À aucun moment je n’ai été paralysé par la frousse. J’étais face à un océan de spectateurs qui ne croyaient pas en une nation, mais en un monde. Presque cinquante ans plus tard, je suis resté un hippie de Woodstock, mais recouvert de peintures de guerre.

...

E I grew up in San Francisco, a cradle of multidimensional consciousness.

Bill Graham was running the Fillmore. He would put the Grateful Dead, Ten Years After and Miles Davis, all on the same bill. He showed the hippies that if they wanted to have steak or ice cream, then first they had to eat their vegetables. As he saw it, rock was candy and jazz organic food. He educated his audience like they were his own children : “ If you want to hear Santana, first you must eat up your Roland Kirk. ” Montreux had the same attitude. Today, the Festival is rather obsessed with rock’n’roll. I don’t want to tell the people now at the helm what to do, but before the big groups, before U2 or the Rolling Stones, you should program Sonny Rollins and Wayne Shorter. It’s vital that young people should be exposed to excellence. Jazz mustn’t be shunted to one side. It’s not Montreux Rock, after all, it’s Montreux Jazz. I never got the chance to hear John Coltrane on stage. But I know that he opened a door deep inside me. After hearing A Love Supreme, I never played the same way again. If you want entertainment, go to the circus and applaud a bear on a motorcycle. If you want the absolute, a total lack of fear, come and see us. When Bill Graham invited me to Woodstock, I discovered what I call curious innocence. I wasn’t frozen with nerves, not for a moment. I was looking out over an ocean of spectators who didn’t believe in a nation but in a world. Nearly fifty years later, I’m still a hippie from Woodstock, but with war paint.

50 SUMMERS OF MUSIC

À LIRE →

Textes d'Arnaud Robert (en collaboration avec Salomé Kiner) Coédition Montreux Jazz Festival et Editions Textuel

...

»

Texts by d’Arnaud Robert (in collaboration with Salomé Kiner) Co-published by the Editions Textuel and Montreux Jazz Festival

CHF 69.-

Disponible à la boutique Festival ou sur www.montreuxjazzshop.com

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IMPRESSUM Published by Fondation du Festival de Jazz de Montreux Creative Content 2M2C / Avenue Claude Nobs 5 / 1820 Montreux Switzerland www.montreuxjazz.com

DAVID BOWIE – 2002

HEROES

CEO Mathieu Jaton Project Coordinators Marine Dumas Isabel Sánchez Editor-in-chief David Brun-Lambert Project Assistant Thibaud Mégevand Editorial Secretary Lucie Gerber Contact chronicle@mjf.ch Contributing Editors David Brun-Lambert, Alexandre Caporal, Salomé Kiner, Eduardo Mendez, Steve Riesen, Arnaud Robert Photographers Daniel Balmat, Mehdi Benkler, Marc Ducrest, Lionel Flusin, Emilien Itim, Anne-Laure Lechat Translators Bridget Black, Sandra Casas, Emma Harwood, Marielle Jacquier, Amandine Lauber Printed by PCL Presses Centrales SA Av. de Longemalle 9 CH - 1020 Renens Advertising Kevin Donnet, k.donnet@mjf.ch Designed by eikon Wilhelm Kaiser 13 / 1700 Fribourg / Switzerland www.eikon.ch

© 2002 FFJM - Lionel Flusin

Director Nicolas Stevan

F Avoir vécu longtemps dans un chalet de Blonay,

avoir enregistré une partie de Lodger au Mountain Studios et visité cent fois le Picotin sans s’être jamais produit au Festival. Bizarre. Été 2002. Désormais résident new-yorkais, David Bowie répare cet oubli, foulant la scène du Stravinski pour un concert en deux temps. Sauf qu’à l’instant où débute « Sunday », nul ne le sait. Pas d’indice. Les tubes qui défilent : « Life on Mars ? » ou « Ashes to Ashes ». Le public bientôt qui se divise. Les uns se régalant du hit MTV « China Girl », quand les fans hardcore s’agacent : Bowie ici pour servir ses tubes et rien de plus ? Malaise. Puis frustration lorsque David sourit, salue et finalement disparaît. Là, tout est alors identique à la fin d’un concert lambda : lumières rallumées, roadies affairés, public calmement dirigé vers la sortie... On se complaint, un poil amer, de n’avoir rien entendu issu de Station to Station ou de Heroes, ces disques audacieux, malades, immenses qui pour nous signifient Bowie. Mais Claude qui soudain apparaît. « Bougez pas », il dit. David revient. Et avec une surprise. Et Mr. Jones, mine grave et vêtu d’une veste rouge, en effet de s’installer derrière un clavier. Devant un parterre clairsemé s’élèvent alors les premières notes de « Warszawa », ouverture de l’album archi-culte Low que David Bowie devait cette nuit jouer dans son intégralité… David Brun-Lambert

Art Director Joackim Devaud Graphic Designer Manuel Schaller

E Bowie lived in a chalet in Blonay for a long

time, recorded part of Lodger at Mountain Studios and must have visited the Picotin a hundred times, yet he had never performed at the Festival. Weird, huh? It was not until the summer of 2002 that David Bowie, who then lived in New York, rectified this oversight and took to the Stravinski stage for a two-part concert. Not that anyone knew that when he opened with “ Sunday ”. There had been no clues. He played a string of hits, including “Life on Mars ? ” and “ Ashes to Ashes ”. The public was soon divided. Whereas some loved the MTV favourite “ China Girl ”, the never-ending line of hits was starting to annoy hard-core fans. Frustration was rising when, all of a sudden, David smiled and left the stage. The lights came on, the roadies appeared and the public started to leave. It was just your typical end to a concert. People were grumbling about having heard nothing off the daring, crazy and huge albums Station to Station and Heroes that embody Bowie for many. Claude suddenly appeared on stage, and told people not to move because David would be back with a surprise. Mr. Jones then appeared in a red jacket and sat down at a piano with a serious expression on his face. The first notes of “ Warszawa ”, the first song on the über-cult Low, floated out across a nearly empty concert hall. David Bowie played the whole album.

Layout Composers Nadine Schneuwly, Nicolas Nydegger, Manuel Schaller Retrouvez tous nos numéros sur issuu.com/montreuxjazzchronicle Suivez nous sur les réseaux sociaux facebook.com/montreuxjazzfestival twitter.com/MontreuxJazz

F  Le Chronicle est plus beau dans les mains d’un lecteur plutôt qu’au sol.

E  The Chronicle looks better in a reader’s hand than on the floor.

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