Systèmes alimentaires territorialisés

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les cahiers du Conseil d’orientation

AGRICULTURE URBAINE ET SYSTÈMES ALIMENTAIRES TERRITORIALISÉS : FAUT-IL

PROFESSIONNALISER LES ACTEURS ? Emploi compétences formation

Thématique TRANSVERSE

Le Conseil d’orientation de l’IRFEDD se réunit autour des enjeux emploi-formation liés à la prise en compte des problématiques de développement durable dans divers secteurs d’activités. Chaque réunion aborde une thématique spécifique avec les acteurs régionaux concernés et donne lieu à un exemplaire des Cahiers du Conseil d’orientation.

2016


table des matières

résumé

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contexte

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□□ Les systèmes alimentaires territorialisés : de quoi parle-t-on, quels sont les enjeux ? 2 □□ L’agriculture urbaine : de quoi parle-t-on, quels enjeux ? 6 □□ Des initiatives de plus en plus nombreuses 12

enjeux métiers et compétences

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□□ L’apprentissage de tous les acteurs du système : une évolution générale de la filière agro-alimentaire pour un soutien aux projets d’agriculture urbaine sur les territoires 14 □□ Porteurs de projets en agriculture urbaine : des compétences techniques et des compétences et connaissances plus transverses à développer 15 □□ Ces autres métiers favorisant la multifonctionnalité et acteurs du SAT 22 □□ Les citoyens 27

formations

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□□ Des formations spécialisées en agriculture urbaine en France □□ Des formations connexes en lien avec l’agriculture urbaine et/ou les SAT au niveau local □□ Un projet à suivre : la ferme pilote de haute qualité environnementale dans les Alpes-Maritimes □□ Perspectives en termes de formation • Intégrer les problématiques liées à l’agriculture urbaine et aux systèmes alimentaires

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• • • •

a2

34 35

territorialisés dans les formations agricoles 35 Identifier la demande de formation pour pouvoir y répondre 35 Construire des formations adaptées au territoire 35 Proposer des formations modulaires adaptées aux besoins de chacun 36 Constituer une école des métiers autour de l’agriculture urbaine 36

pour en savoir plus

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□□ Documentation, références législatives, sites de ressources □□ Participants

37 40

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résumé

F

ermes urbaines, toits végétalisés, friches exploitées, jardins partagés… L’agriculture urbaine sous toutes ses formes connait un succès grandissant lié à l’intérêt croissant des citoyens pour les enjeux environnementaux, en parallèle à la critique du modèle de production agricole. Pour autant, les contours de l’agriculture urbaine restent difficiles à saisir précisément ; on peut néanmoins dire que l’agriculture urbaine ne se définit pas tant par sa localisation que par son lien fonctionnel avec la ville jusqu’à s’inscrire dans des systèmes alimentaires territorialisés. Ainsi, l’articulation entre système alimentaire urbain, développement local et gouvernance territoriale est centrale. Au-delà d’une visée strictement commerciale, les projets d’agriculture urbaine sont souvent de nature hybride et peuvent intégrer des buts pédagogique et social. Ainsi, ces professionnels agricoles voulant développer de plus en plus souvent des activités d’éducation à l’environnement, à la santé ou à l’alimentation, cherchent à monter en compétences sur des aspects « animation ». En parallèle, les activités de la filière « paysage et jardin » évoluent pour accompagner des mouvements de citoyens qui souhaitent réinvestir la ville par un retour au végétal. L’agriculture urbaine est donc multifonctionnelle et mobilise un large éventail d’acteurs : producteurs, consommateurs, pouvoirs publics, associations, urbanistes, ingénieurs agronomes, habitants, entreprises, écoles…. Cependant, les contraintes liées à l’agriculture en milieu urbain posent des questions politiques relatives au conflit d’usage pour l’espace. Les élus et techniciens de collectivités pourraient être de véritables appuis pour l’essor de projets d’agriculture urbaine. Outre l’incontournable volonté politique, il est nécessaire d’éclairer les pouvoirs publics sur les leviers à leur disposition (documents d’urbanisme pour réserver des délaissés, marchés publics à clauses particulières etc.). Dans la même logique, les métiers de l’ingénierie territoriale et de l’urbanisme doivent se positionner comme facilitateurs de lien pour sensibiliser les politiques et servir de relai. La question foncière couplée aux risques de pollution implique de déployer des modes de production bien différents de l’agriculture « traditionnelle », ce qui suppose, pour les producteurs, d’acquérir des compétences techniques liées aux spécificités de la production en milieu urbain (règles de dépollution, compétences quant aux innovations technologiques en milieu clos ou hors sol etc.). Ils doivent aussi développer des compétences plus transverses, liées à la relation au territoire, au travail partenarial et en équipe, à la communication etc. Enfin, le développement de projets viables nécessite la structuration d’une filière de proximité basée sur la mise en synergie d’acteurs, de territoires et de fonctions. Les métiers de la distribution sont des maillons essentiels ici, articulés au travail mené au niveau de l’animation territoriale. Il convient aussi de réfléchir aux secteurs non directement intégrés dans la filière agricole comme les professionnels de la restauration qui peuvent agir dans leurs métiers en faveur d’une alimentation durable. Face à ces différents enjeux, les multiples acteurs gagneraient, de manière générale, à renforcer la connaissance de leurs problématiques mutuelles afin de favoriser cette mise en synergie.

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contexte

Les systèmes alimentaires territorialisés : de quoi parle-t-on? Cette partie s’inspire notamment de la présentation réalisée, lors de la réunion du Conseil d’orientation, par Flore Tissone, étudiante en management public et gouvernance territoriale ayant conduit des travaux de recherche sur les systèmes alimentaires territorialisés.

Éléments de définition

U

n système alimentaire se définit comme « la façon dont les Hommes s’organisent pour produire, distribuer et consommer leur nourriture »1. Il intègre donc plusieurs étapes depuis la production, en passant par la transformation et la distribution jusqu’à la consommation. Le principal enjeu d’un système alimentaire est d’assurer la sécurité alimentaire, en termes d’accessibilité, de qualité, de disponibilité et de régularité. Le modèle qui prévaut depuis une cinquantaine d’années est un « système agro-industriel de production et de consommation de masse, spécialisé, concentré, globalisé et financiarisé, structuré par de très grandes firmes industrielles et commerciales »2. Ce modèle est aujourd’hui critiqué en raison des externalités négatives qu’il cause du point de vue social, environnemental ou encore paysager. Ces dernières années, les crises sanitaires liées à l’alimentation ont particulièrement marqué les esprits (exemple de la maladie de la « vache folle ») et ont fait émerger une demande alternative de la part des consommateurs. C’est ainsi que se sont notamment multipliées des initiatives d’alimentation responsable et durable (IARD), venant d’associations, de collectivités, de citoyens etc3. La structuration de ces initiatives, des acteurs concernés, pourrait à terme faciliter un changement de modèle. De plus en plus, est porté un objectif d’alimentation responsable et durable avec le développement de filières courtes et équitables. La notion de système alimentaire territorialisé (SAT) est apparue en croisant les concepts de territoire et de système agroalimentaire pour définir, selon JeanLouis Rastoin, « un ensemble cohérent de filières agro-alimentaires localisées dans un espace géographique de dimension régionale »4. Plusieurs idées sous-tendent cette notion de SAT : la première est de renouer avec un principe de souveraineté alimentaire à l’échelle du territoire et de garantir une certaine capacité d’autoapprovisionnement. On rejoint par là des préoccupations liées à la sécurité alimentaire. Par ailleurs, le SAT suppose une articulation forte entre les acteurs locaux, à la fois publics et privés ; c’est la 1 MALASSIS Louis, Nourrir les hommes, Dominos-Flammarion, 1994 2 ASSOCIATION DES REGIONS DE FRANCE, « Déclaration de Rennes » : Pour des systèmes alimentaires territorialisés, 2014, http://regions-france.org/wp-content/uploads/2016/10/de%CC%81claration-finale.pdf 3 Flore Tissone a identifié et analysé 60 IARD en PACA dans le cadre de son travail universitaire. TISSONE Flore, Systèmes Alimentaires Territorialisés. De l’initiative au Système Alimentaire Territorialisé : enjeux, pratiques, gouvernance. Mémoire, IMPGT Aix-Marseille Université, 2016 https://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/2202/files/2017/04/tissone_flore_m%C3%A 9moireM2professionnel_septembre_2016.pdf 4 RASTOIN Jean-Louis, « Les systèmes alimentaires territorialisés : le cadre conceptuel », Journal RESOLIS, n°4 mars 2015, http://www.resolis.org/upload/journal/article/document/50_20160302_article_les_syste_yimes_alimentaires_territorialise_y_s_le_ cadre_conceptuel.pdf

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contexte

condition pour mettre en place des circuits de transformation et de distribution permettant de garantir une logique de circuits courts et participer au développement du territoire. D’où l’intérêt de parler « système »5, pour penser les interactions entre les différents acteurs mais également avec leur/l’environnement : la notion de système invite à s’intéresser aux relations entre les zones de production, les lieux et circuits de distribution, les modalités de consommation.

Systèmes alimentaires des régions urbaines : les acteurs en présence6

La question alimentaire amène une réflexion globale en intégrant les enjeux d’aménagement, de foncier, d’éducation, et de lien social car l’implication de l’ensemble des parties prenantes, dont les citoyens, est nécessaire pour réussir la transition vers ce type de modèle. Il s’agit donc de reconnecter les acteurs au-delà du seul monde agricole et agro-alimentaire. Chacun des acteurs constitue un maillon essentiel au fonctionnement cohérent de l’ensemble du système. L’alimentation selon une logique de SAT est définitivement un enjeu de politique locale.

5 PULLIAT G. in Deuxième rencontre de l’Economie circulaire et Territoires, Colloque « Alimentation responsable et durable : vers des systèmes alimentaires territorialisés », Aix-en-Provence, 15 et 16 septembre 2016, https://f.hypotheses.org/wp-content/ blogs.dir/2202/files/2016/01/Synth%C3%A8se-colloque-septembre2016.pdf 6 IUFN, « Nourrir durablement les territoires de demain, Portrait des enjeux français », 2015, http://www.iufn.org/wp-content/ uploads/2015/06/IUFN-RAPPORT-FRANCE-2015_pages.pdf

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Un portage politique, des initiatives territoriales Des mesures de politiques publiques viennent aujourd’hui en appui aux IARD. Cette vision politique d’une alimentation responsable et de proximité est relayée au niveau de l'État : l’ancrage territorial s’affiche comme l’un des quatre axes prioritaires de la politique nationale de l’alimentation. Ainsi, le « projet alimentaire territorial » (PAT) est inscrit dans la loi d’avenir pour l’agriculture et la forêt du 13 octobre 20147 : les PAT « visent à rapprocher les producteurs, les transformateurs, les distributeurs, les collectivités territoriales et les consommateurs et à développer l'agriculture sur les territoires et la qualité de l'alimentation »8. Un réseau national RnPAT a par la suite été lancé pour accompagner et partager les expériences de PAT. Si le terme de système n’est pas repris ici, il s’agit pourtant bien d’associer l’ensemble des acteurs d’un territoire à la définition d’un projet d’alimentation pensé comme « axe intégrateur et structurant de mise en cohérence des politiques sectorielles sur ce territoire »9. Cela passe notamment par la consolidation de filières de production et de distribution territorialisées et le développement des circuits courts. Aux acteurs locaux à présent la charge de se saisir de ce nouveau type de projet.

Les acteurs partenaires du PAT10

La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur porte depuis plusieurs années des initiatives favorables au développement des SAT. Dès 2011, la Région s’est dotée d’une politique cadre sur les circuits courts de proximité et a mis en place un observatoire des circuits courts. Cet engagement est réaffirmé en 2017 avec le vote du « Cadre stratégique pour le développement des circuits courts et de proximité dans les domaines de l'agriculture et pour une valorisation/expérimentation dans 7 Loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt, 13 octobre 2014, n° 2014-1170, https://www.legifrance.gouv.fr/ affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000029573022&categorieLien=id 8 Ibidem 9 DRAAF PACA, « Projet alimentaire territorial », consulté le 13 décembre 2016 http://draaf.paca.agriculture.gouv.fr/ProjetAlimentaire-Territorial 10 Ibidem

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Notons qu’un projet alimentaire territorial est en construction à l’échelle des Bouches-du-Rhône. La Métropole Aix-Marseille Provence (AMPM) s'est ainsi associée au Syndicat mixte du Pays d'Arles (seul territoire du département à ne pas être inclus dans le périmètre de la métropole), accompagné du Département, pour développer ce projet PAT 1313.

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les lycées11 ». Ce cadre se structure en plusieurs sous-programmes, dont le programme AGRI’PAT, qui prévoit le lancement d’un appel à projets « Projets alimentaires territoriaux ». Celui-ci vise le « rapprochement de la production agricole et de la consommation alimentaire du territoire, en particulier en termes d’approvisionnement de la Restauration Hors Domicile, dans l’objectif de développer de nouvelles activités économiques créatrices d’emplois non délocalisables »12.

Les éléments constitutifs d’un SAT14 Dans le cadre de l’observatoire régional des circuits courts, le Réseau rural PACA, dont les travaux sont animés par les services de la Région, a mobilisé depuis 2015 un groupe de travail sur les systèmes alimentaires territoriaux. Ce groupe a posé le cadre de construction d’un SAT, autour de sept grandes dimensions. □□ Les valeurs partagées : partage d’un socle de valeurs propres entre les acteurs du SAT (ex : ancrage local, éthique, santé, respect de l’environnement, viabilité économique, utilité sociale, coopération…) ; □□ L’action systémique : différentes dimensions mobilisées (foncier, installation, pratiques agricoles durables, structuration de filières locales, consommation responsable, formation et sensibilisation…) ; □□ La gouvernance partagée : implication des élus, des agriculteurs, des acteurs de la filière (transformateurs, distributeurs, restaurateurs, cuisiniers…), des consommateurs finaux et citoyens ; □□ Les méthodes participatives (ex : diagnostic partagé, co-construction de la stratégie, animation et coordination) ; □□ Les moyens humains : volonté et soutien politique, animation, coordination, financements publics et privés ; □□ La coopération inter-territoriale : travail du territoire avec ses voisins ainsi qu’avec les échelons infra/supra ; □□ La convivialité : importance des liens humains, du plaisir et de la convivialité entre les acteurs du SAT. Aujourd’hui, on constate une multiplication des initiatives concernant les SAT, qu’elles soient portées par des institutions ou des associations. Néanmoins, elles restent encore souvent fragiles et singulières, portées à titre expérimental et n’engagent pas l’ensemble des acteurs du territoire. Si elles font bouger les choses, le chemin vers une transition complète reste à parcourir15. 11 Les travaux du Conseil d’orientation de l’IRFEDD sur ce sujet ont été conduits en 2016. Néanmoins, compte tenu de l’actualité 2017, nous avons actualisé ce cahier pour intégrer quelques éléments qui nous paraissaient essentiels. 12 REGION PACA, Cadre stratégique pour le développement des circuits courts et de proximité dans les domaines de l'agriculture et pour une valorisation/expérimentation dans les lycées, 17 mars 2017, Délibération N° 17-81, https://deliberation.regionpaca.fr/ 13 Si le dossier n’a pas été retenu au niveau national en 2017, il l’a été régionalement par la DRAAF. Cette année 2017 devrait donc être marquée par la signature des conventions de partenariat et par le lancement officiel du PAT 13. 14 FREZEL J., in Deuxième rencontre de l’Economie circulaire et Territoires, Colloque « Alimentation responsable et durable : vers des systèmes alimentaires territorialisés », Op. Cit. 15 Ibidem

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L’agriculture urbaine : de quoi parle-t-on, quels sont les enjeux ?

Cette partie contexte s’inspire notamment de la présentation réalisée par Guillaume Morel-Chevillet d’ASTREDHOR lors de la réunion du Conseil d’orientation.

ASTREDHOR16 est l’institut technique de l’horticulture. Il conçoit et met en œuvre des programmes de recherche et d’innovation au service des professionnels de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage. ASTREDHOR est l'institut technique de l'Interprofession VAL'HOR, qualifié par le ministère de l'Agriculture depuis 2008, et l'interlocuteur privilégié des partenaires du monde économique et de la recherche pour l'innovation en horticulture. En 2015, l’Institut a choisi de diversifier ses missions en intégrant une nouvelle thématique stratégique, une mission sur l’agriculture urbaine pour comprendre les enjeux de ce secteur, les différents modèles possibles et les opportunités de développement notamment pour la filière horticole. ASTREDHOR a notamment travaillé en partenariat avec le Ctifl17 et Plante & Cité18 pour référencer et réaliser une analyse bibliographique multicritères des grandes typologies d’agricultures urbaines en France et dans le monde, des projets très high-tech aux projets plus low-tech.

Définitions « L’agriculture urbaine et périurbaine consiste à cultiver des plantes et à élever des animaux à l’intérieur et aux alentours des villes »19. Cette définition reste très large. Et pour cause, la notion même d’agriculture urbaine fait débat. Elle pose la question de l’articulation entre une activité – l’agriculture – et un espace – l’urbain. Si le terme « agriculture urbaine » est récent (une quinzaine d’années), l’agriculture en milieu urbain est très ancienne, qu’on pense aux jardins ouvriers de la fin du XIXe siècle ou aux ceintures maraîchères en périphérie des villes. La France a cependant connu une séparation entre ville et agriculture qui remonte à la première moitié du 20e siècle, du fait de l’étalement urbain et de l’industrialisation des filières agricoles. Néanmoins, aujourd’hui, on observe un développement massif de pratiques d’agriculture urbaine. Ainsi, à Marseille on compte en 2015 un millier de petites parcelles où sont cultivés des légumes potagers, sur une trentaine d’hectares20.

16 http://www.astredhor.fr/ 17 Centre technique au service de la filière fruits et légumes. Le Ctifl est un organisme interprofessionnel de recherche, d’expérimentation et d’innovation au service de tous les métiers et des produits de la filière fruits et légumes, de la production à la distribution. 18 Spécialisée dans les espaces verts et le paysage, l’association Plante & Cité est un organisme national d’études et d’expérimentations. Ce centre technique assure le transfert des connaissances scientifiques vers les professionnels des espaces verts, des entreprises et des collectivités territoriales. 19 « L’agriculture urbaine », FAO Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, consulté le 15 novembre 2016, http://www.fao.org/urban-agriculture/fr/ 20 SOBOCINSKI Aurélie, « Le Boom de l’agriculture urbaine », CNRS Le journal, 2015, https://lejournal.cnrs.fr/articles/le-boomde-lagriculture-urbaine

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contexte

Avec l’agriculture urbaine, les relations ville / agriculture évoluent. L’agriculture urbaine se définit d’abord par son lien fonctionnel avec la ville ; sa localisation quant à elle peut tout autant être intra ou périurbaine. Elle partage avec l’espace urbain de multiples ressources (foncier, main d’œuvre, eau etc.), et cherche à concilier aire de production et de consommation21.

Les raisons de l’essor de l’agriculture urbaine et péri-urbaine La question de produire en ville s’est d’abord posée dans les pays du Sud, notamment lors de l’exode massif des paysans vers les villes : dans ces conditions, l’agriculture y est un enjeu de subsistance alimentaire22. Dans les pays du Nord, deux principaux phénomènes sont liés à l’essor de cette agriculture : □□ Les crises alimentaires conséquentes à notre modèle de production agricole : Cela renvoie à la remise en cause du modèle agro-industriel dominant et à l’émergence de systèmes alimentaires territorialisés, plus proches des citoyens. Le boom de l’agriculture urbaine serait une manifestation supplémentaire de la prise de conscience et des préoccupations croissantes de la population quant aux questions alimentaires (demandes sur la qualité et l’origine des productions). □□ L’intérêt croissant des politiques et des citoyens pour le développement durable : On observe un changement du rapport des citadins à la ville et à l’environnement. La nature est pensée, pour son caractère esthétique, comme source de loisirs mais aussi à nouveau pour son potentiel de « terre nourricière ». L’éducation à l’environnement et au développement durable est passée par là.

Les formes d’agriculture urbaine L’agriculture urbaine est une notion complexe conjuguant un ensemble de critères : sa localisation, son type d’activité, sa raison économique, son inclusion dans le système alimentaire, sa gouvernance23. Il existe un foisonnement d’acteurs qui participent aux projets d’agriculture urbaine. Les démarches qu’ils portent sont diverses, à l’origine d’autant de projets variés : jardinage de loisir, action de végétalisation avec une ambition plus ou moins militante, activité de production et activité pédagogique ad hoc etc.

Dépasser la distinction marchand / non-marchand

Pour ces raisons, il n’y a pas de typologie arrêtée des différentes formes d’agriculture urbaine. On pourrait distinguer les projets à but commercial des projets à but non-commercial, portés par des mouvements citoyens ou autres. Néanmoins, ce serait nier la complexité de ces projets. Les business model de ces initiatives sont souvent conçus en fonction de plusieurs types de services et rémunérations afférentes : production / vente des produits, prestations de restauration, subventions pour actions d’éducation à l’environnement, aides publiques liées à des contrats 21 LEMOINE Stéphanie, « Christine AUBRY : ‘’L’agriculture urbaine met en question notre modèle de production’’ », Midi : onze, 3 juillet 2013, http://www.midionze.com/2013/07/03/entretien-avec-christine-aubry-lagriculture-urbaine-met-en-question-notre-modele-de-production/ 22 Ibidem 23 DUCHEMIN Éric, « Agriculture urbaine : quelle définition ? Une actualisation nécessaire ? », AgriUrbain, décembre 2012, http:// agriurbain.hypotheses.org/2705

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d’insertion etc. On est face à un phénomène d’hybridation forte, avec des projets qui peuvent avoir une visée principale commerciale, tout en ayant une visée sociale.24 Des formes innovantes de production : plein champ, hors-sol, sur toiture, en milieu clos

Ce qui caractérise les projets d’agriculture urbaine, c’est qu’il s’agit de formes innovantes, et qui sont en construction. L’agriculture urbaine voit notamment le développement de nouveaux modes de production hors-sol, comme réponses à la problématique d’accès au foncier en ville. A noter que ces modes de production sont aussi une réponse à la problématique de la pollution des sols. Néanmoins, il existe aussi des projets de production en plein champ, notamment en périurbain. Quelques exemples de formes d’agriculture hors-sol productives : □□ Projet de tour maraîchère de plusieurs étages à Romainville, soutenu par la mairie, qui va s’installer dans un quartier en rénovation urbaine25. Il s’agira de permettre une production écologique de légumes en bacs de culture dans un substrat organique, en mobilisant des techniques au croisement de la pratique maraîchère et de l’innovation technologique. □□ Des projets moins high tech mais davantage fondés sur des interactions agro-écologiques qui se développent en intra-urbain (maraîchage dans des bacs de compost locaux sur les toits par exemple).

Localisations et formes des projets26 Ces innovations viennent rarement du monde agricole. En effet, les systèmes techniques mis en œuvre par l’agriculture urbaine diffèrent largement des modes de production « traditionnels » et les organisations professionnelles agricoles s’y sont encore peu intéressées. Elles commencent petit à petit à saisir l’ampleur des développements possibles en agriculture urbaine. 24 LEMOINE Stéphanie, « Christine AUBRY : ‘’L’agriculture urbaine met en question notre modèle de production’’ », Op. cit. 25 http://www.ville-romainville.fr/sites/default/files/documents/Dossier%20Presse%20tour%20maraich%C3%A8re.pdf 26 MOREL-CHEVILLET Guillaume, ASTREDHOR, Présentation : Agriculture urbaine : réalités contemporaines ?, réunion du Conseil d’orientation de l’IRFEDD le 13 décembre 2016.

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contexte Les formes d’agriculture urbaine27

Une agriculture multifonctionnelle Comme évoqué plus haut, les projets à but strictement commercial sont très souvent de nature hybride et intègrent aussi des visées pédagogique et sociale. Par ailleurs, les porteurs de projets non professionnels, comme les usagers d’un jardin partagé, en attendent souvent une production alimentaire non dénuée d’intérêts économiques. Les projets d’agriculture urbaine procurent donc plusieurs services : production alimentaire, sociabilité, solidarité, insertion professionnelle, lien au vivant, appropriation du cadre de vie, lutte contre l’obésité, éducation à l’environnement, sauvegarde de la biodiversité etc. En cela, ils associent des acteurs divers du territoire (écoles, structures d’insertion, associations diverses, institutions…), impliquent les habitants, et devraient faire l’objet d’une attention particulière des pouvoirs publics pour l’ensemble des fonctions remplies. Cette multifonctionnalité est souvent considérée comme la garantie de la pérennité des projets d’agriculture urbaine, notamment visà-vis des politiques.

Multifonctionnalité de l’agriculture urbaine28 27 DANIEL Anne-Cécile, AUBRY Christine, THOURET Amélie et DEVINS Antoine, « Naissances et développement des formes commerciales d’agriculture urbaine en région parisienne », in DUCHEMIN Éric, Agriculture urbaine : aménager et nourrir la ville, Montréal : Vertigo, 2013 28 DUCHEMIN Éric, WEGMULLER Fabien et LEGAULT Anne-Marie, « Agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le développement des quartiers », VertigO, vol. 10, n° 2, septembre 2010, http://vertigo.revues.org/10436

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Un projet illustrant cette multifonctionnalité est en construction actuellement sur la commune de Marseille. Il s’agit du projet Foresta, porté par l’association Yes we camp29. L’objectif est de créer sur un site de 26 hectares un « parc métropolitain », qui serait avant tout un espace de mise en capacité des individus. Parmi les fonctions développées sur le site, Foresta devrait notamment porter un espace de restauration, un espace de co-working, une ferme avec exploitation maraîchère et élevage, une activité d'événementiel. La démarche à l’origine de ce projet a été engagée en 2015 et s’appuie sur un principe de co-construction progressive, avec les acteurs du territoire. Ce projet pourrait être appuyé par un financement européen (FEDER). « ‘’Parc’’, car un espace agréable ouvert à la déambulation, accessible, accueillant et non-discriminant. ‘’Métropolitain’’ pour affirmer son ambition, et le lier à une dynamique territoriale contemporaine, avec comme objectifs le partage de savoir-faire, la production d’emplois, le développement personnel, l’innovation, le déploiement artistique et la lutte contre l’exclusion. »30

Potentiel de développement de l’agriculture urbaine S’il existe un potentiel de développement de l’agriculture urbaine, les données en la matière sont encore parcellaires. Ce qui apparait clairement, c’est que ce type d’agriculture ne permettra pas d’atteindre l’autosuffisance maraîchère en ville (moins encore concernant l’élevage). Pour autant, les potentialités sont multiples ; pour se convertir en réalités, elles ont néanmoins besoin qu’un objectif d’auto-approvisionnement des villes soit affirmé. Ainsi, à Paris, on estime que sur les 300 hectares de toits plats, 80 seraient cultivables31. Théoriquement, en Ile-de-France, il serait possible de couvrir 80% des besoins de la région en salade. Néanmoins, on n’a aujourd’hui aucune idée des liens réels entre production et consommation sur le territoire. En effet, l’enjeu est de pouvoir créer des filières de distribution locale rentables et non d’exporter. Aujourd’hui, la rentabilité des exploitations agricoles urbaines est soumise à au moins trois conditions32 : □□ Bénéficier d’aides pour l’accès au foncier (venant d’associations de citoyens comme Terre de liens, ou de baux environnementaux passés par les collectivités) ; □□ Produire des denrées à forte valeur ajoutée (production maraîchère ou laitière par exemple) ; □□ Développer des circuits de commercialisation.

Rôle des politiques locales pour accompagner ces projets Lorsqu’on parle agriculture, les enjeux d’aménagement et d’accès au foncier apparaissent très rapidement. La politique portée par les pouvoirs publics en la matière est donc déterminante. Si la France a connu une période d’étalement urbain très fort entre 1990 et 2000, avec une demande importante de logements, ce serait maintenant la fin d’une dynamique de grignotage périurbain

29 YES WE CAMP, Foresta, 2016, http://yeswecamp.org/wp-content/uploads/2016/10/Projet-Foresta-Dossier-Sept2016.pdf 30 Ibidem 31 LEMOINE Stéphanie, « Christine AUBRY : ‘’L’agriculture urbaine met en question notre modèle de production’’ », Op. cit 32 Ibidem

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Depuis 2014, les intercommunalités deviennent les premières concernées par ces questions. La loi ALUR (Loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové34) a en effet transféré la compétence en matière de PLU (plan local d’urbanisme) des communes aux intercommunalités35, instaurant ainsi les PLUi (intercommunaux). Il y a là un outil à mobiliser pour préserver des terres.

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des terres cultivables33. Freiner le mitage des terres agricoles passe peu par des politiques nationales, l’Etat n’ayant pas légiféré sur le sujet jusqu’à la loi ALUR.

Pour autant, l’engagement des pouvoirs publics pour soutenir de manière opérationnelle ces projets doit aller plus loin. Les outils actuels à leur disposition en matière de documents de planification ou de projet se limitent encore souvent au statut du foncier, en vue de sa préservation ou de sa maîtrise36. Il est nécessaire que les pouvoirs publics portent une approche globale et transversale à travers ces outils en faveur de l’agriculture urbaine afin d’impliquer et d’associer l’ensemble des acteurs et de mobiliser les méthodes et les moyens nécessaires. La rencontre doit pouvoir se faire entre des démarches institutionnelles descendantes et des projets bottom-up, portés depuis le terrain. Parmi les initiatives en région, nous pouvons citer le projet de GardenLab à Gignac-la-Nerthe, porté par la Ville. Il s’agit de réserver 13 hectares de coulée verte, initialement classés en zone à urbaniser, pour que se développe le GardenLab, pensé comme lieu de biodiversité potagère, de qualité paysagère, de rencontre et d’éducation à l’environnement. Le terrain a donc été racheté par la Ville au prix de terres constructibles pour accueillir le projet.

Enjeux : Filière de proximité, multifonctionnalité et mise en synergie Au vu des éléments présentés ci-avant, plusieurs enjeux apparaissent pour le développement de l’agriculture urbaine : accès au foncier et résolution du conflit d’usage pour l’espace ; viabilité du modèle économique, structuration de la filière ; maitrise, par les porteurs de projet, des relations institutionnelles avec les pouvoirs publics, et plus globalement entre toutes les parties prenantes. La plupart de ces projets s’inscrivent en rupture avec ce qui peut être qualifié de « système agroindustriel déterritorialisé »37. Au contraire, ils se caractérisent par une revendication de la proximité entre production et consommation, dans sa dimension socio-spatiale et dans le choix du modèle économique qu’ils mettent en place. Sera bien souvent privilégiée la vente directe, dans des marchés de producteurs, via l’organisation de circuits courts etc. Dans cette perspective, la notion de proximité permet de poser les bases d’une filière économique.

33 Ibidem 34 Loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové, 24 mars 2014, n° 2014-366, https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do ?cidTexte=JORFTEXT000028772256&categorieLien=id 35 Notons néanmoins que les métropoles (hors Métropole du Grand Paris), communautés urbaines et établissements publics territoriaux sont obligatoirement compétents en matière de PLUi, et les communautés de communes ou d'agglomération le sont à titre facultatif, puisque le transfert de compétence est de droit sauf si 25 % des communes représentant 20 % au moins de la population de ces intercommunalités s’y opposent. Source : KIS Martine, « Adoption définitive de la loi ALUR », Le courrier des maires, 26 mars 2014, http://www.courrierdesmaires.fr/31450/adoption-definitive-de-la-loi-alur/ 36 DEALLE-FACQUEZ François, « L’agriculture en ville : un projet urbain comme un autre », Op.cit 37 DEALLE-FACQUEZ François, « L’agriculture en ville : un projet urbain comme un autre », Métropolitiques, 16 décembre 2013, http://www.metropolitiques.eu/L-agriculture-en-ville-un-projet.html

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contexte

Aujourd’hui, pour assurer le développement de l’agriculture urbaine, il est nécessaire de renforcer la structuration de la filière et de l’intervention de tous ces acteurs extrêmement différents, mobilisés différemment par rapport à l’agriculture « traditionnelle ». Cette structuration doit se faire en regard des multiples fonctions et formes de l’agriculture urbaine. Selon François Déalle-Facquez, trois conditions apparaissent nécessaires pour une méthodologie transversale d’élaboration des projets d’agriculture urbaine38 : □□ « Une phase de diagnostic multiscalaire et transdisciplinaire [qui] ambitionne une analyse territoriale circonstanciée (au regard des enjeux, des opportunités, etc.), une réflexion sur le jeu d’acteurs impliqués et sur les conditions de mise en place d’une filière structurée. » □□ « Un programme d’actions nécessaires pour mobiliser de manière simultanée un large éventail d’outils de projet ou de planification et le réseau d’acteurs référents, identifiés en diagnostic. » □□ « Une troisième condition est de garantir la pérennité du projet. Il revient aux acteurs de la filière de s’assurer de sa rentabilité, marchande ou non, ainsi que de son intérêt collectif (au regard des multiples fonctions remplies). » Du point de vue environnemental, il y a un enjeu important encore en termes de distribution de ces productions. Actuellement, faute de filière organisée, les circuits courts ne sont pas forcément moins consommateurs d’énergie que les circuits longs car ces derniers ont optimisé leur logistique39. Il est aujourd’hui nécessaire d’organiser les filières courtes sur le plan logistique : faire de « l’écologie d’échelle » (expression de Elmar Schlich), c’est-à-dire mutualiser l’offre des producteurs et même l’achat des consommateurs.

Des initiatives de plus en plus nombreuses Actuellement, les politiques s’emparent de plus en plus de la question. A Paris, la Ville s’est fixée en 2016 comme objectif de végétaliser 100 hectares de bâti d’ici 2020 en mobilisant des entreprises, des acteurs publics et parapublics, des propriétaires parisiens, des porteurs de projet engagés. C’est ainsi qu’ont été lancé les Appels à projet Parisculteurs40 pour soutenir des projets d’agriculture urbaine et de végétalisation du bâti du patrimoine de la Ville, du Département et de partenaires (sites d’exploitation proposés directement dans l’Appel à projets). Le projet MADRE (Métropole et Agriculture Durable pour des Relations Equitables) est quant à lui un projet du programme européen INTERREG MED. MADRE vise à capitaliser des expériences sur le rôle de l’agriculture urbaine et périurbaine dans six aires métropolitaines : Marseille, Montpellier, Barcelone, Bologne, Tirana et Thessalonique. Ce travail permettra de renforcer les capacités techniques et politiques des modèles locaux d’approvisionnement de nourriture des six aires métropolitaines méditerranéennes à travers la création d'un cluster transnational d'acteurs de l'agriculture urbaine et périurbaine41. A Mouans-Sarthoux (Alpes-Maritimes), la Ville poursuit son engagement initié il y a déjà plusieurs années. Pour accroître la part de produits bio et locaux de la restauration scolaire, et pour maîtriser 38 DEALLE-FACQUEZ François, « L’agriculture en ville : un projet urbain comme un autre », Op. cit. 39 LEMOINE Stéphanie, « Christine AUBRY : ‘’L’agriculture urbaine met en question notre modèle de production’’ », Op. cit. 40 http://www.parisculteurs.paris/ 41 http://avitem.org/fr/projet/madre-m%C3%A9tropole-et-agriculture-durable-pour-des-relations-equitables

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Toujours dans les Alpes-Maritimes, la démarche « 06 à table »43 met à disposition une plateforme pour rassembler la production. L’objectif est de trouver les moyens d'approvisionner localement les collèges et, de façon plus large, la restauration hors domicile. Outre les enjeux environnementaux et d’alimentation, cette démarche permet aux exploitants agricoles d'accéder à un marché stable. Toutefois les filières n'étaient pas structurées pour pouvoir répondre à ce défi. Le lancement de la plateforme d'approvisionnement local est le fruit de plusieurs années de partenariat entre le Département et la Chambre d'agriculture. Ce lancement a aussi été permis par l'engagement de collèges volontaires et de leur gestionnaire de cuisine ainsi que d'un premier groupe d'agriculteurs que la Chambre d’agriculture a su réunir et motiver. Cet exemple est révélateur de la nécessité du travail partenarial qui sous-tend la réussite de démarches de systèmes alimentaires territorialisés en milieu urbain.

contexte

les coûts d’approvisionnement, la Ville a lancé en 2010 la première régie municipale agricole de France. Elle s’attache à présent à mettre en lien des acteurs, à structurer la filière. La future maison de l’alimentation durable42 sera construite autour de 5 objectifs : installer des agriculteurs, créer une unité de transformation mise à leur disposition, créer des outils de communication, sensibiliser tous les publics scolaires, familles et entreprises, développer la recherche et le partage de projets.

Dans une logique de développement durable, les projets d’agriculture urbaine tiennent nécessairement compte du principe de proximité, jusqu’à s’inscrire dans des systèmes alimentaires territorialisés. Ainsi, l’articulation entre le système alimentaire urbain, le développement local et la gouvernance territoriale est centrale. Pour asseoir le développement de cette agriculture urbaine, les acteurs impliqués doivent relever plusieurs enjeux, d’ordres à la fois organisationnels, techniques et politiques. En effet, le développement de projets viables nécessite la structuration d’une filière de proximité basée sur de nouveaux modèles économiques et la mise en synergie d’acteurs, de territoires et de fonctions. Par ailleurs, les contraintes liées à l’agriculture en milieu urbain posent également des questions politiques : l’accès difficile au foncier et le conflit d’usage pour l’espace supposent que ces projets reçoivent un soutien politique sur le territoire. La question foncière couplée aux risques de pollution impliquent de déployer aussi des modes de production bien différents de l’agriculture « traditionnelle », en s’appuyant sur des solutions techniques innovantes. Face à ces différents enjeux, les multiples acteurs gagneraient à renforcer la connaissance de leurs problématiques mutuelles afin de favoriser cette mise en synergie. Compte tenu de l’évolution de l’agriculture urbaine, existe-t-il des connaissances et compétences spécifiques que les porteurs de projets d’agriculture urbaine mais également les acteurs concourant à ces projets ont besoin d’acquérir ? Quelles pistes d’évolution en termes de formation sont à privilégier, y compris en dehors des seules formations « agricoles » ? A quels publics la formation doit-elle s’adresser ?

42 http://restauration-bio-durable-mouans-sartoux.fr/category/maison-de-lalimentaion-durable/ 43 http://www.06atable.fr/accueil/

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A

u vu des éléments contextuels présentés, il apparait clairement que l’engagement de tous les acteurs du système est nécessaire pour garantir la réussite de projets d’agriculture urbaine dans une logique de SAT. La mobilisation de ces différents acteurs passera notamment par leur montée en compétences. En effet, comme avancé par Flore Tissone, les structures de formation apparaissent, dans ces systèmes, comme des créateurs de ponts, des facilitateurs de liens entre les acteurs du système.

L’apprentissage de tous les acteurs du système : une évolution générale de la filière agroalimentaire pour un soutien aux projets d’agriculture urbaine sur les territoires

Être capable de travailler en réseau et en partenariat L’agriculture urbaine met en question le modèle de production : dans ses systèmes techniques tout d’abord, mais également dans les liens aux consommateurs et plus globalement aux acteurs de la filière, dans la mesure où elle pose le principe d’une filière de proximité et multifonctionnelle. « Le projet agricole urbain doit être abordé comme une potentielle mise en synergie positive d’acteurs, de territoires et de fonctions. Il doit affirmer à la fois l’intérêt général de cette agriculture et le cercle vertueux d’une certaine agriurbanité. »1 L’enjeu aujourd’hui est de renforcer les liens entre les différents acteurs pour permettre leur connaissance mutuelle des acteurs, des enjeux en matière d’agriculture urbaine sur le territoire et une prise de conscience de la nécessité de penser la cohérence globale du système. Par exemple, fonctionner en « circuit court » n’est pas intrinsèquement plus facile ni vertueux : la structuration de la filière, en particulier pour aller jusqu’à la distribution, nécessite un renforcement du travail partenarial. Il s’agit également pour eux d’apprendre à travailler ensemble, de partager des éléments de culture commune alors qu’ils viennent d’univers professionnels très différents (collectivités, agriculture, commerce, éducation etc.). Ce phénomène est lié à la multifonctionnalité caractéristique des projets d’agriculture urbaine. On rencontre donc des métiers variés : Les métiers traditionnels de la filière agro-alimentaire

Production, transformation, distribution, commercialisation.

Les métiers liés aux autres fonctions de l'agriculture urbaine

Éducation / animation, insertion sociale / professionnelle, paysage, restauration etc.

Les métiers des acteurs en position d’accompagner ces projets

Animation territoriale, ingénierie territoriale et urbanisme, acheteurs publics, etc. Tenons compte également des élus dont l’action politique est déterminante pour accompagner la réussite de ces projets.

1 DEALLE-FACQUEZ François, « L’agriculture en ville : un projet urbain comme un autre », Op. cit.

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Il ne s’agit pas forcément ici de formation formelle ; la réussite des projets d’agriculture urbaine est également conditionnée par la mise en place de réseaux qui associent largement les différents acteurs identifiés et qui peuvent alors fonctionner comme des réseaux apprenants. Le Cluster mis en place dans le cadre du projet Madre pourra peut-être jouer ce rôle. Ce type de modèle « informel » serait d’autant plus favorable qu’il permet probablement de s’adapter aux spécificités du territoire.

Travailler sur et avec le territoire Cet aspect « territorial » est fondamental. En effet, ces projets doivent se penser en fonction des potentialités du territoire et en s’appuyant sur les acteurs en place. Aujourd’hui, les établissements de formation, agricoles et agro-alimentaires, savent proposer des formations sur les aspects techniques, de production et de transformation. La dimension d’adaptation au territoire urbain est quant à elle moins maîtrisée. Ainsi, la Chambre d’agriculture d’Ile-de-France a d’abord essayé, sans succès, de former des agriculteurs urbains sans partir suffisamment des particularités du territoire. Aujourd’hui, un travail est en cours avec les acteurs en Ile-deFrance sur le statut d'"agriculteur urbain". Un guide a également été publié en 2016 « Mon projet d’agriculture urbaine en Ile-de-France »2, pour accompagner les porteurs de projets, notamment au regard de la réglementation. Par ailleurs, les porteurs de projet en agriculture urbaine ont souvent des profils atypiques par rapport à ceux de l’agriculture traditionnelle ; il est donc nécessaire de repartir de la réalité du territoire pour identifier et accompagner les acteurs intéressés. La difficulté, dans le panorama actuel, est que ne sont pas proposées des formations qui prendraient en compte tous les enjeux du territoire ; or, ceux-ci vont s’imposer aux porteurs de projets. Il n’y a donc pas de réponse unique à proposer en termes de compétences et connaissances à apporter, mais des réponses adaptées aux territoires et aux projets. Dans ces conditions, il apparait d’autant plus intéressant de constituer des groupes d’acteurs qui intègrent les différentes dimensions du SAT et agissent comme des réseaux apprenant.

enjeux métiers et compétences

Il est donc nécessaire de renforcer l’apprentissage dans les deux sens de la relation ville-agriculture. Tous ces acteurs ont vocation à être formés aux enjeux de l’agriculture urbaine et aux enjeux des autres acteurs du système pour les prendre en compte dans leurs pratiques métiers. Remarquons que l’on cible par là tous les acteurs, et donc tous les niveaux de qualification : il serait illusoire de penser que la seule montée en compétences de professionnels de niveau de qualification élevé (I ou II), en charge de la coordination de l’ensemble, suffirait à la réussite de ces projets. S’il est fondamental que les « managers » soient formés, c’est l’ensemble des acteurs qui doit s’investir dans ce système pour qu’il fonctionne.

Porteurs de projets3 en agriculture urbaine : des compétences techniques et des compétences et connaissances plus transverses à développer Les agriculteurs sont confrontés à des évolutions de plus en plus importantes dans leur secteur : 2 DRIAAF Île-de-France, Mon projet d’agriculture urbaine en Ile-de-France, Guide pratique des démarches réglementaires, 2016, http://driaaf.ile-de-france.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Maquette_VF_cle475afb.pdf 3 Le terme de « porteur de projet » ne renverra pas forcément, dans la suite du document, à une personne mais à une structure, un collectif etc. qui porte ce projet d’agriculture urbaine et peut se composer d’une ou plusieurs personnes.

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elles ont trait à la fois à l’introduction d’innovations techniques, notamment numériques, mais également à un repositionnement par rapport au consommateur dont les exigences éthiques et sanitaires sont de plus en plus fortes. Des acteurs comme Vivéa (fonds d’assurance pour la formation des agriculteurs chefs d’entreprise) doivent rester attentifs à ces transformations afin de les accompagner au mieux. Ces évolutions, si elles concernent l’ensemble du secteur agricole, sont probablement plus prégnantes encore dans l’agriculture urbaine, en ce qu’elle est plus contrainte à innover techniquement et plus poreuse aux aspirations sociales. Ces évolutions vont supposer la maîtrise de certaines compétences techniques et transversales.

Des compétences techniques à développer On identifie plusieurs grands ensembles de compétences techniques à maîtriser en tant que porteur de projet / exploitant en agriculteur urbaine : □□ Les bases du métier d’agriculteur. Conduire un maraîchage par exemple suppose des compétences spécifiques. En effet, en ville ou à la campagne, on ne s’improvise pas agriculteur : ce métier est complexe dans la mesure où il combine des aspects production, transformation, distribution et commercialisation, et il faut être bien conscient de ces différentes facettes avant de se lancer. Cette mise en garde est renforcée en milieu urbain : il ne faut pas se perdre dans la multifonctionnalité plus marquée de l’activité agricole. □□ Des compétences techniques liées aux innovations technologiques qui ont accompagné les installations en agriculture urbaine. On pense en particulier ici aux innovations mobilisées pour des projets en milieu clos (exemple : lumière artificielle, robotisation, culture verticale etc.), qui peuvent s’appuyer sur des modèles d’hydroponie ou d’aquaponie4. L’utilisation de ces innovations suppose l’acquisition de compétences spécifiques, la formation à certains logiciels etc. □□ Des savoir-faire ancestraux à remobiliser. Ce mouvement a été initialement porté dans les pays en développement afin de répondre à l’enjeu de l’alimentation en ville dans un contexte d’exode rural massif, de problématiques d’insertion et de nécessité de survie d’une agriculture paysanne durable. Ces méthodes sont aujourd’hui de plus en plus répandues dans les projets d’agriculture urbaine des pays du Nord, comme c’est le cas pour la culture de champignons de Paris. Elles consistent à connecter plusieurs systèmes agricoles qui valorisent en cascade les sous-produits des uns en ressources pour les autres, dans une logique proche de l’économie circulaire. L’aquaponie fonctionne également selon ce modèle. Aujourd’hui, on constate que ce type de projets est plutôt porté par des ingénieurs agronomes qui maîtrisent ces procédés. Une meilleure diffusion de ces pratiques vers des profils plus divers de porteurs de projets pourrait être envisagée. □□ Des compétences techniques liées à la production en milieu urbain. Les porteurs de projet en agriculture urbaine devront prendre en compte la problématique de la pollution et de son impact sur les cultures. Des études allemandes menées par Ina Säumel5 ont notamment montré que les légumes produits en milieu urbain courent le risque d’être pollués par de multiples métaux lourds. Il est nécessaire pour les porteurs de projet (exploitants comme 4 A noter que l’aquaponie est une méthode très ancienne ; nous ne sommes pas là face à une innovation technologique mais cette méthode ancestrale peut être utilisée à des fins écoresponsables dans des projets urbains clos hautement technologiques. 5 BERROU Jean-Hugues, Des cultures et des villes, vers une agriculture urbaine, [video en ligne], AgroParisTech, Youtube, 31 août 2016, https://www.youtube.com/watch?v=R_22JJ6DdmY

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Aujourd’hui, face à ces différents besoins de compétences, il est parfois difficile pour les porteurs de projet de trouver une formation qui corresponde à leurs besoins. Pourtant, les structures de formation, et notamment l’enseignement agricole, connaissent le plus souvent ces techniques et seraient en capacité de proposer de telles formations. Certaines ont d’ailleurs été déployées par le passé (culture sur toit ou aquaponie par exemple), mais le public n’était alors pas au rendezvous. La question qui se pose est donc celle de l’identification et de la valorisation des formations existantes, selon les territoires, et de la mise en lien avec les porteurs de projets. Par ailleurs, plutôt que de penser la création de nouvelles formations spécifiques à l’agriculture urbaine, il serait intéressant de penser l’adaptation de formations existantes dans les secteurs de l’agriculture, de l’agronomie et du paysage en les enrichissant d’une approche sur l’agriculture urbaine. Les formations qui incitent à l’agriculture raisonnée seraient particulièrement indiquées pour prendre en compte les liens entre agriculture raisonnée et agriculture urbaine professionnelle. Les actions de formation concernant le maraîchage biologique sur petites surfaces pourraient probablement intéresser les acteurs de l’agriculture urbaine.

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animateurs de jardins collectifs ou jardiniers à titre privé, dès lors que les cultures sont destinées à la consommation) d’acquérir certaines connaissances et de déployer des pratiques spécifiques face à ces risques : construire une barrière végétale entre la route et les cultures maraîchères, respecter certaines règles dans l’organisation des cultures (certains légumes absorbent plus de métaux lourds que d’autres), respecter certaines règles quant à la filtration des eaux de pluie des toits etc. Il parait également essentiel de réaliser une étude du sol avant de le cultiver.

Des compétences et connaissances plus transverses D’une manière générale, on assiste à un élargissement des compétences nécessaires pour les agriculteurs en dehors de compétences purement techniques liées au métier et à la production. La nécessité d’acquérir ces compétences et connaissances plus transverses parait plus importante en contexte d’agriculture urbaine, étant donné son caractère multifonctionnel et multipartenarial. □□ Connaissance des acteurs, du fonctionnement des acteurs et compétences en matière de gestion de projet : il est nécessaire, pour les porteurs de projets, de disposer de capacités de travail en équipe et en réseau, avec les partenaires du territoire qui sont d’origines très diverses. L’adaptabilité est donc également la bienvenue au rang des soft skills à développer. Bien souvent, en particulier lorsque le projet allie plusieurs fonctions, il faut également mobiliser des compétences en matière de gestion de projet, identifier des sources de financement variées (fonds publics, fondations privées, crowdfunding etc.), savoir répondre à des appels à projets lancés par les pouvoirs publics et qui misent de plus en plus sur l’hybridation des fonctions de l’agriculture urbaine. □□ Connaissance des politiques publiques : d’une manière générale, il est également profitable d’avoir quelques connaissances sur les politiques publiques, comprendre les politiques de foncier et d’aménagement, appréhender le fonctionnement des collectivités et identifier les bons guichets. Le témoignage de Yes we camp en la matière est éclairant : dans le cadre du développement de Foresta, il leur faut constituer un réseau pour interpeller les politiques sur leur projet, et notamment sur leurs difficultés liées au foncier. Par ailleurs, certaines activités des porteurs de projet peuvent répondre à des politiques publiques diverses et pour lesquelles il est possible de mobiliser des financements (éducation à l’environnement ou à la santé, renforcement de la cohésion sociale etc.). Les porteurs de projets pourraient alors valoriser leur projet transversal, multifonctionnel auprès de plusieurs guichets.

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□□ Connaissances d’ordre juridique : La spécificité des projets d’agriculture urbaine pose également question d’un point de vue juridique, notamment lorsqu’il s’agit de choisir une structure juridique (association, coopérative, entreprise traditionnelle etc.). Si cette question se pose pour tout entrepreneur / porteur de projet, quel que soit son secteur, elle est probablement plus prégnante en agriculture urbaine du fait du caractère hybride des projets. Des structures d’accompagnement (couveuses, chambre de l’économie sociale et solidaire, Cité de l’agriculture etc.) peuvent également venir en appui sur des aspects juridiques mais aussi pour travailler la viabilité du modèle économique. □□ Compétences numériques : On est bien loin de l’image de l’agriculteur isolé et déconnecté. La maîtrise des outils numériques (internet en particulier) peut être un gage de visibilité auprès des clients / citoyens, partenaires (capables d’accompagner le développement de nouvelles fonctions) et financeurs potentiels. L’aspect communicationnel est très souvent travaillé par les porteurs de projet. Le site internet de Terre de Mars, association porteuse d’une exploitation à Marseille, en est un exemple6 : il permet de présenter leurs différents domaines d’activités, l’actualité des cultures et les événements auxquels participe Terre de Mars mais aussi de faire connaitre le projet dans le cadre d’appels à soutiens. Par ailleurs, l’outil numérique a révolutionné les méthodes de distribution et de commercialisation (développement de plateformes de distribution en direct du producteur au consommateur par exemple). D’une manière générale, le lien producteur / consommateur ayant évolué, les porteurs de projet doivent développer des compétences liées à l’accueil et à la communication. Vivéa a eu l’occasion de conduire des projets en ce sens.

Des compétences spécifiques à chaque projet. L’exemple de la Marcotte : la recherche de compétences à la croisée de l’animation et des techniques agricoles Évidemment, selon chacun des projets, selon les fonctions développées, les porteurs de projet devront mobiliser des compétences spécifiques. Nous prendrons ici l’exemple de la Marcotte7, développée par l’Institut Inspire8 et le Pôle Eco Design9. A l’origine de ce projet, une vision : celle de développer un réseau de « Marcottes » implantées sur des friches urbaines. La Marcotte est un concept de ferme low-tech, autonome énergétiquement et destinée à recréer du lien entre la nature et les habitants mais aussi entre habitants. A cet effet, l’aspect design du bâtiment a été particulièrement travaillé. Le bâti est modulable selon le terrain et toujours co-construit avec les usagers, notamment selon les différentes fonctionnalités qu’ils souhaitent donner à la Marcotte : aquaponie, permaculture, plein champ, bacs etc. La première Marcotte, pilote du genre, est installée à Gardanne (13) sur un terrain mis à 6 http://terredemars.fr/ 7 http://www.lamarcotte.com/ 8 L’Institut INSPIRE est une société coopérative d'intérêt collective (SCIC), pensée comme un centre de réflexion, de mutualisation des connaissances et d’actions au service de la réconciliation de l’économie et de la biosphère (thématiques : économie circulaire, économie de fonctionnalité, permaéconomie, biomimétisme…). Il intervient en formation, réalise des études, propose son expertiseconseil à des acteurs variés (collectivités, entreprises…). 9 Le Pôle Éco Design, agence de design responsable, imagine et conçoit des solutions innovantes en matière d’ingénierie de projets, d’aménagement d’espace, d’équipement, de développement de produits, etc. Créativité, responsabilité environnementale et implication directe des usagers sont au cœur de son design.

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La Marcotte installée au lycée agricole Aix-Valabre10

Les porteurs du projet ont pour objectif d’essaimer ce modèle avec l’idée que chaque nouvelle Marcotte sera différente, parce qu’adaptée au terrain et construite avec les usagers. Concernant le modèle économique, la Marcotte doit pouvoir générer des revenus de son exploitation tout en tenant compte des objectifs de lien social : l’équilibre peut donc être difficile à trouver.

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disposition par le lycée agricole Aix-Valabre. Cette Marcotte est donc un support pédagogique pour le lycée en même temps qu’un démonstrateur permettant de valider techniquement le concept en grandeur nature.

En l’état actuel du projet, est apparu le besoin de recruter quelqu’un au profil bien particulier pour gérer la Marcotte : une personne qui ait à la fois des compétences en matière d’animation auprès des usagers et maîtrisant les techniques agricoles. Ce profil « double casquette » est caractéristique des projets d’agriculture urbaine et de leur multifonctionnalité.

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U OC

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Les travaux sur les besoins de compétences dans le projet URBAN GREEN TRAIN1

URBAN GREEN TRAIN vise à encourager les initiatives pionnières d’entrepreneuriat en agriculture urbaine sur la base de l'échange de connaissances, la coopération mutuelle et l'innovation parmi les PME, les décideurs et les établissements d'enseignement supérieur, pour répondre à la demande mondiale en matière d’innovation écologique urbaine. Il s’agit d’un projet européen Erasmus + qui rassemble des partenaires de 4 pays : Allemagne, France, Italie et Pays-Bas. URBAN GREEN TRAIN veut offrir des possibilités d'apprentissage aux apprenants adultes à travers un parcours flexible accessible aux différents stades de la vie pour la création de nouvelles initiatives axées sur l’entrepreneuriat agricole urbain. L'objectif général du projet est donc de renforcer le triangle de la connaissance entre l'éducation, la recherche et l’industrie dans le domaine de l'agriculture urbaine. Le Projet URBAN GREEN TRAIN s’oriente plutôt vers la formation à des hauts niveaux de qualification, il entend former des diplômés entrepreneuriaux hautement qualifiés dans ce domaine. 1 http://www.urbangreentrain.eu/fr/

10 La Marcotte, Portfolio, http://www.lamarcotte.com/

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Traduction et résumé de l’étude « New urban agriculture initiatives toward a mindset change »11 menée dans le cadre de Urban Green Train Activité 1 : État des lieux de l’entrepreneuriat en agriculture urbaine (Sur la base de 27 études de cas d’entreprises d’agriculture urbaine en France, Italie, Allemagne et Pays-Bas)

L’objectif est d’identifier les types d’agriculture et opportunités du marché agroalimentaire qui émergent en milieu urbain, les connaissances et compétences spécifiques nécessaires, et les ressources pouvant être utilisées dans le cadre de modules de formation. Cet état des lieux met en évidence plusieurs éléments : □□ Il est difficile d’établir une classification précise des différents modèles économiques de l’entreprise d’agriculture urbaine : la plupart des cas étudiés sont plutôt des combinaisons de plusieurs modèles. Cette combinaison de modèles différents et complémentaires semble même être une caractéristique clé des business models qui émergent en agriculture urbaine. □□ Les modèles habituellement identifiés dans la littérature sur l’agriculture urbaine sont peut-être trop souvent construits sur le modèle traditionnel rural et ne prennent pas assez en compte la spécificité du contexte urbain. L’activité de production agricole est certes importante tout en étant une source de revenus essentielle mais les activités et services complémentaires deviennent également une composante clé de la stratégie business. □□ Il apparait des besoins de connaissances / compétences et de supports de formation divers selon les différentes initiatives, les différents modèles économiques et le type d’acteurs impliqués dans ces activités. Il y a par exemple une différence de besoins de formation entre : • Les entrepreneurs / managers • Les chefs d’exploitation familiale • Les personnes impliquées dans les activités productives d’agriculture urbaine • Les personnes impliquées dans des initiatives de proximité (type jardins partagés) □□ Il existe des modèles économiques d’entreprise différents selon l’origine de l’initiative du projet d’agriculture urbaine : • Cas d’une exploitation familiale traditionnelle, en zone péri-urbaine : elle diversifie ses activités et crée des relations avec le marché urbain mais peut quand même s’appuyer sur des compétences et connaissances existantes en matière d’agriculture. • Cas d’une initiative de type startup : le projet émerge de porteurs de projet urbains, et part souvent de rien. • Cas d’investisseurs externes, dont l’objectif est essentiellement la valorisation de leur capital dans de nouveaux marchés. Le fait que l’origine du projet soit différente a des conséquences sur le type d’acteurs impliqués mais aussi sur les réseaux et ressources que ces modèles peuvent mettre à profit pour la montée en compétences. A l’issue de cet état des lieux, la diversité des initiatives d’agriculture urbaine laisse entrevoir un fort potentiel de développement d’emploi et d’économie verte et donc de personnes à former. Néanmoins, il est important de penser la diversité de l’offre de formation à proposer en fonction des différentes réalités économiques des projets mais aussi au regard de l’initiative de chaque projet, des types d’acteurs composant le projet et des principaux réseaux. L’offre de formation doit donc être flexible, dans la forme et dans le contenu, pour s’adapter aux besoins spécifiques de formation.

Activité 2 : État des lieux des formations Cet état de lieu devait permettre d’identifier ce qui existait déjà en termes de formation et ce sur quoi le projet URBAN GREEN TRAIN pourrait s’appuyer en termes de ressources. 30 ressources de formation ont été identifiées, correspondant plutôt à des hauts niveaux de qualification. Néanmoins, l’étude montre un manque de ressources pour les professionnels et pour les pouvoirs publics. Thèmes de formation : Parmi ces ressources, le thème « production alimentaire et non-alimentaire » est bien représenté. Au contraire, « résilience, inclusion sociale et durabilité » et « besoins sociétaux, analyse de marché et développement de la chaine de valeur » sont peu représentés. Cela montre un fort potentiel de développement. 11 URBAN GREEN TRAIN, New urban agriculture initiatives toward a mindset change, 2015, http://www.urbangreentrain.eu/ upimg/pdf/IO1_New_UA_initiatives_toward_mindset_change_UGT_pg.pdf

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Modalités : Une large majorité des formations sont délivrées en présentiel. Seulement 6 sont proposées à distance. La plupart des formations sont construites sur un mélange de cours magistraux et de cours pratiques, et 14 sont essentiellement basées sur de l’apprentissage pratique. A noter que peu de ressources sont disponibles sur le thème « Résilience, inclusion sociale et durabilité » et « besoins sociétaux, analyse de marché et développement de la chaîne de valeur », quelle que soit la modalité de formation. Par ailleurs, les formations mixtes avec apprentissage pratique et apprentissage à distance sont sous-représentées.

Activité 3 : Analyse des besoins de formation Cette analyse est conduite sur la base de 122 interviews réalisées dans les 4 pays en 2015 auprès de 28 « offreurs de formation » de « higher educational institute » (universités, grandes écoles etc.). La plupart intègre déjà des éléments d’agriculture urbaine, mais il s’agit souvent d’un sujet mineur, ou un élément d’un sujet plus large, alors que les modules dédiés à l’agriculture urbaine sont relativement rares. Concernant les modalités de formation en entrepreneuriat de l’agriculture urbaine : □□ La formation tout au long de la vie est fortement plébiscitée, puis l’apprentissage et la formation technique / professionnelle ; □□ En règle générale, la formation non académique et non formelle est préférée à la formation académique.

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Publics de formation : La majorité des formations sont destinées à des étudiants déjà qualifiés, du bac au master (24 sur 30). Quelques-unes sont également ouvertes aux professionnels et seules 4 leur sont réservées.

Capacités individuelles/ soft skills les plus recherchées : □□ Communication □□ Créativité □□ Capacité pour le travail en équipe Besoins de compétences professionnelles : □□ En premier lieu : Des besoins marqués concernant d’une part la production de plantes et d’autre part la communication, les réseaux, les relations publiques. □□ Dans un second temps : Des besoins concernant le management de projet, l’étude de marché, le marketing, l’urbanisme, les aspects gestion, administration et finances. □□ Enfin, certains mentionnent les sujets « droit et cadre juridique », ainsi que « ingénierie et machines » comme sujets importants. Globalement, il apparait nécessaire de faire preuve de multi, inter et trans disciplinarité en agriculture urbaine : les personnes interviewées recommandent donc des systèmes d’éducation intégrés, bien que doivent également être proposées des formations spécialisées. Besoins de formation spécifiques : Les besoins de formation spécifiques qui ont été le plus exprimés sont les suivants (entre parenthèses, le pourcentage de personne interviewées ayant souligné ce besoin) : □□ Écologie et gestion des ressources (61%) □□ Culture, cultiver (57%) □□ Lois et régulation (52%) □□ Politique locale et régionale (52 %) □□ Espaces verts (47%) □□ Urbanisation et société urbaine (47%) □□ Nutrition des plantes, engrais (44%) □□ Relations publiques et marketing (43%) □□ Demandes urbaines (43%) □□ Urbanisme, règles d’urbanisation (41%) Notons que les thématiques « Écologie et gestion des ressources » et « culture, cultiver », qui sont les plus demandées, correspondent au cœur de métier de l’agriculteur. Cette analyse a permis de confirmer l’intérêt porté aux formations pratiques, à la formation tout au long de la vie, à la formation mixte. Les formations en agriculture urbaine auraient donc vocation à sortir de schémas classiques de formation académique. Apparait également la nécessité d’intégrer des supports de formation pluri et inter disciplinaires pour de nouvelles initiatives d'agriculture urbaine en vue d'un changement de mentalité.

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Les suites de cette étude dans le cadre du projet URBAN GREEN TRAIN : une formation de formateurs test12 A la suite de cette étude, les partenaires du projet ont lancé l’incubation d’une formation de formateurs test à destination d’organismes de formation en Europe. Le but est de créer, in fine, de nouveaux masters sur cette thématique, ou d’adapter des masters existants et d’élargir le projet à de nouveaux pays en Europe. Cette formation est construite en partenariat avec plusieurs acteurs du secteur (notamment Vegepolys13, Agrocampus Ouest14, IAVFF15. Le public visé par la formation est donc constitué de formateurs / enseignants, d’organismes de formation mais peut aussi englober des professionnels. La formation devrait durer 180 heures, étalées sur 3 mois et se découperait en 5 modules16 : □□ Introduction à l’agriculture urbaine, contexte et différents types □□ Les différents systèmes de culture □□ Participation des pouvoirs publics à ces projets, réseau et gouvernance □□ Réglementation □□ Business plan A la suite de cette formation, plusieurs établissements envisagent déjà la création de nouvelles formations de niveaux BTS à master (en particulier les établissements Agrocampus ouest, AgroParisTech, et l’Ecole supérieure d’agriculture d’Angers).

Ces autres métiers favorisant la multifonctionnalité dans les SAT

Secteur paysage et jardin Le secteur « paysage et jardin » est marqué par une évolution des attentes des clients, entreprises et particuliers, qui se lancent de plus en plus dans le jardinage ou le maraîchage en ville, que ce soit en extérieur ou en intérieur. Pour Vivéa, ces professionnels vivent un changement de culture qu’il faut pouvoir accompagner afin qu’ils soient en capacité de développer de nouveaux services, auprès de nouveaux acteurs. Les paysagistes et jardiniers ont vocation à intervenir de plus en plus auprès des entreprises et des particuliers pour accompagner leurs démarches en intégrant des compétences proches de l’éducation à la santé, à l’alimentation, à l’environnement. Ces démarches peuvent rejoindre des mouvements citoyens, comme la guerilla gardening, qui consistent à ce que les citoyens reconquièrent l’espace urbain en cultivant la ville. Les initiatives de type jardins partagés sont ainsi de plus en plus courantes et reposent souvent sur des logiques low-tech, permaculture etc. qui peuvent nécessiter une animation et un accompagnement technique. Ils ont souvent vocation à remplir plusieurs fonctions : alimentaire, création de lien social, thérapeutique etc. En cela, on s’éloigne de compétences « production » pure. 12 Ces informations ont été recueillies auprès de VEGEPOLYS, partenaire du projet Urban Green Train, lors d’un entretien téléphonique datant de novembre 2016. 13 VEGEPOLYS est un pôle de compétitivité rassemblant des entreprises, des centres de recherche et de formation du domaine du végétal autour de projets innovants pour renforcer la compétitivité des entreprises. 14 Ecole d’ingénieurs spécialisée implantée à Rennes et Angers, Agrocampus Ouest est l’autre nom de l’Institut national supérieur des sciences agronomiques, agroalimentaires, horticoles et du paysage. 15 Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France, ex-Agreenium. 16 Ces modules sont soumis à évolution ; se référer au site suivant pour l’avancée du projet http://www.urbangreentrain.eu/fr/

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les cahiers du Conseil d’orientation


De l’autre côté, remarquons que le développement de projets d’agriculture urbaine professionnelle (de type exploitation maraîchère en ville) ou les initiatives de végétalisation des rues questionnent le secteur « paysage » et les concepteurs de paysages : ainsi, ces professionnels doivent penser l’intégration de ce paysage agricole dans la ville. Le lien ville-agriculture est à nouveau ici au cœur de la réflexion sur l’évolution du métier. Compte tenu de ces éléments, les professionnels de l’intervention paysagère, notamment employés par les collectivités, gagneraient à être formés à ces nouvelles pratiques.

Distribution

enjeux métiers et compétences

Révélateur de ce phénomène, on voit la création de structures sur ce segment « accompagnement des entreprises et des particuliers », notamment autour de la culture de végétaux comestibles. Le secteur « paysage et jardin » pourrait donc rapidement se retrouver en concurrence sur ce segment. Des exploitants agricoles en ville peuvent aussi, dans une logique de multifonctionnalité, proposer de tels accompagnements. C’est le cas de Terre de Mars qui a développé une activité de « bureau d’étude de paysage » pour diffuser son action « en accompagnant des habitants, des entreprises ou des collectivités à valoriser leurs propres espaces afin de retisser un lien entre les habitants, le terroir et la nature »17. Ici, l’association a choisi de mettre à profit la particularité des profils de l’équipe pour diversifier ses activités : en effet, Terre de Mars compte des urbanistes et architectes / paysagistes de formation reconvertis.

Le secteur de la distribution est bien évidemment concerné lorsqu’on pense agriculture urbaine, SAT, et relocalisation de la production, que ce soit pour fournir l’alimentation au domicile ou hors domicile. Cette problématique touche tout autant l’agriculture en milieu rural qu’en milieu urbain. Le principal enjeu est de construire une filière de distribution efficace et respectueuse de l’environnement du producteur au consommateur. Dans cette perspective, la question des flux logistiques est particulièrement aiguë : il s’agit de les optimiser dans une optique de gestion des coûts économiques et environnementaux. En effet, comme évoqué plus haut, les circuits courts ne sont pas forcément moins consommateurs d’énergie que les circuits longs car ces derniers ont optimisé leur logistique. Le maître mot pour ces acteurs est donc de contribuer à la structuration de la filière. Nous allons voir qu’il s’agit à la fois de développer des fonctions logistiques mais aussi des fonctions d’animation partenariale. Actuellement, les porteurs de projet en agriculture urbaine et/ou de proximité s’appuient pour beaucoup sur des acteurs et des démarches alternatives à la grande distribution, notamment pour des raisons éthiques (vente directe, marchés, plateformes locales, épiceries paysannes, AMAP etc.). Nous allons essentiellement nous intéresser à ces démarches alternatives, tout en sachant que la grande distribution est probablement un débouché qui pourrait être davantage exploité, notamment dans le cadre des politiques RSE / Responsabilité sociétale des entreprises). Des métiers sont en train d’émerger, à côté des métiers classiques de la distribution, pour favoriser cette mise en relation locale : c’est le cas des animateurs de plateformes qui se mettent en place sur un territoire pour rassembler la production de plusieurs agriculteurs. Ces plateformes assurent généralement la collecte, le transport et la livraison des produits, ce qui mobilise des compétences en matière de logistique. Par ailleurs, l’animateur doit faire vivre la démarche partenariale qui est au cœur de la plateforme : le lien au territoire, la capacité de travail en réseau et d’animation est donc essentielle. Dans le cas de la démarche « 06 à table » (cf. précédemment ), l’animateur de la plateforme est le seul intermédiaire entre les agriculteurs et les collèges partenaires. Ces métiers font nécessairement le lien avec l’ingénierie territoriale. Autre exemple, la plateforme paysanne,

17 http://terredemars.fr/conception-projets/

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enjeux métiers et compétences

initiée par Filière paysanne18, a pour fonction d'assurer la collecte, le transport et la livraison de produits issus de l'agriculture locale (département des Bouches-du-Rhône et départements limitrophes), en direction de commerçants, restaurateurs, acteurs de restauration collective de Marseille et ses alentours. Parmi les commerces partenaires de la plateforme paysanne locale, on voit émerger de plus en plus d’épiceries paysannes. Il s’agit là de lieux d’approvisionnement domestique, à l’échelle du quartier pour renouer avec la proximité. Selon Filière paysanne, il existe un modèle économique viable pour permettre le développement d’épiceries paysannes en ville, à Marseille en l’occurrence, et assurer ainsi des débouchés économique aux producteurs. Le potentiel économique d’une épicerie paysanne serait de 400 000 € de chiffre d’affaires, pour 3 à 4 ETP (équivalent temps plein) salariés. Par ailleurs, l’impact serait positif en termes d’emploi sur la filière amont dans la mesure où une épicerie travaille avec une cinquantaine de producteurs. A Marseille, Filière paysanne estime qu’il existe un potentiel de 10 à 15 épiceries paysannes. Néanmoins, il apparait de plus en plus que pour favoriser le déploiement de ce mode de distribution par les épiceries paysannes, il faut non seulement accompagner les porteurs de projet d’épiceries paysannes mais plus encore les former à toutes les facettes du métier : projet collectif, approvisionnement, gestion des stocks, vente, communication, réglementation, comptabilité etc. Nous ne pouvons pas parler distribution en circuit court sans parler des AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) puisque c’est notre région qui les a vues naître. Elles ont un rôle essentiel en matière de distribution d’un point de vue logistique mais vont plus loin en proposant des services d’accompagnement des porteurs de projet. Les AMAP de Provence proposent même un accompagnement relativement poussé des porteurs de projet en installation maraîchère, en particulier pour les aider à diversifier leurs paniers : la modalité retenue consiste en un accompagnement par les pairs, rejoignant par là des logiques de formation non formelle. Ils vont donc travailler sur les techniques agricoles, de cultures et de distribution. Les acteurs de la distribution en circuit court, par leur caractère rassembleur, structurant, ont donc des fonctions d’animation partenariale à assurer.

Restauration En continuant à nous intéresser aux acteurs le long de la filière de distribution, il apparait que le secteur de la restauration (collective et commerciale) pourrait être un débouché important pour les agriculteurs en milieu urbain. Pour cela, les professionnels de la restauration doivent être sensibilisés aux enjeux de l’alimentation durable de manière générale19, et plus particulièrement l’alimentation durable issue de l’agriculture urbaine. A cette fin, les formations devraient intégrer de tels contenus dès les niveaux V (CAP cuisine notamment) afin de donner à voir les différentes possibilités pour cuisiner durable en s’approvisionnant localement. Plus globalement, l’ensemble des métiers de bouche pourraient être concernés (boulanger, pâtissier, traiteur etc.). Afin de profiter d’un levier important, il serait intéressant de cibler particulièrement la restauration collective en formant ces professionnels lors de formations continues sur ces thématiques : filières d’approvisionnement, saisonnalité et origine des aliments locaux, etc. Il est évident que les commanditaires ou responsables de la restauration collective doivent également être sensibilisés et formés. On peut penser en premier lieu ici à la cantine scolaire et au rôle des collectivités pour favoriser l’approvisionnement local. Mouans-Sartoux a ainsi décidé de former les agents 18 Filière Paysanne est une association créée à Marseille en 2009 qui agit pour une agriculture et une alimentation locale. Parmi ces activités : l’accompagnement (notamment à la création) d’épiceries paysannes. 19 Voir aussi à ce sujet RICHAUD Isabelle, Cahier du Conseil d’orientation, La restauration, IRFEDD, 2015 http://www.irfedd. fr/recherche-action-diffusion/les-cahiers-dorientation/

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D’une manière générale, les cantines scolaires représentent un potentiel énorme. La délégation de service public confiée par la Ville de Marseille à Sodexo jusqu’en 2018 est ainsi un des plus gros marché européen de restauration collective avec 42 millions de déjeuners servis sur 7 ans20. Il paraitrait donc essentiel de sensibiliser les salariés de Sodexo afin qu’ils privilégient un approvisionnement venant de l’agriculture urbaine et de proximité. Des conditions du cahier des charges pourraient également inciter à aller dans ce sens21. Néanmoins, on risque de se confronter ici à la difficulté de former des salariés de très grandes entreprises à des enjeux locaux alors que leur politique de formation est probablement gérée à une échelle supra.

Animation socio-culturelle Repartons à présent sur les fonctions de l’agriculture urbaine qui ont trait au lien social, au loisir, ou encore à l’éducation à l’environnement. Ces fonctions sont maximisées avec l’intervention d’animateurs sur le terrain (qu’il s’agisse de jardins partagés ou d’exploitations agricoles commerciales). Comme évoqué précédemment, les porteurs de projets d’agriculture urbaine sont très souvent amenés à monter en compétences en matière d’animation ou travaillent en partenariat avec des animateurs professionnels : le projet agricole est alors utilisé comme outil pour sensibiliser des publics divers (scolaires, grand public, habitants, etc.) à des enjeux environnementaux et de développement durable, ou à des enjeux d’alimentation saine et durable. Il peut également être utilisé pour créer du lien entre habitants d’un quartier.

enjeux métiers et compétences

de cantine afin les rendre pleinement acteurs du plan alimentaire porté au sein des écoles, et de la commune de manière générale (pour rappel, Mouans-Sartoux porte une régie agricole qui approvisionne la cantine scolaire, cf. précédemment).

Ainsi, la volonté de la Ville de Marseille est de proposer une offre plus massive concernant les relais-nature (aujourd’hui gérés en délégation de service public). Ceux-ci allient une activité agriculture et éducation. La difficulté rencontrée aujourd’hui est qu’il est difficile de trouver des personnes correspondant au double profil animation et agriculture. Dans cette optique, il est fondamental que les animateurs soient formés à ces enjeux et connaissent les projets ainsi que les acteurs existants sur le territoire. On revient ici à la nécessité d’un maillage territorial. Les formations JEPS (Jeunesse, éducation populaire et sport) pourraient donc intégrer des éléments liés à l’animation d’ateliers autour de l’agriculture urbaine. Le Brevet professionnel JEPS spécialité Éducation à l’environnement et au développement durable pourrait être le premier à intégrer de tels éléments.

Collectivités territoriales : élus et techniciens On l’a vu à plusieurs reprises au cours de ces travaux, le développement de l’agriculture urbaine implique une mobilisation des collectivités, puisqu’on est au cœur d’une réflexion croisant agriculture et territoires. Le premier niveau de mobilisation de leur part tient d’abord à la volonté politique, essentielle pour voir les projets aboutir. Actuellement, il semble que les élus et 20 GARCIA Caroline, « Les cantines marseillaises seront gérées en DSP par Sodexo », La Gazette des communes, 16 mai 2011, http://www.lagazettedescommunes.com/65649/les-cantines-marseillaises-seront-gerees-en-dsp-par-sodexo/ 21 Il y a d’ailleurs une tendance en France à vouloir imposer légalement un pourcentage de bio et d’alimentation durable dans les cantines, mais les différentes initiatives en ce sens n’ont pas abouti jusqu’alors. MEGGLE Caroline, « Loi Egalité et Citoyenneté - Le Conseil constitutionnel censure une cinquantaine de ’’dispositions spécifiques’’ », Caisse des dépôts, 30 janvier 2017, http:// www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename=Territoires/Articles/Articles&cid=1250278580718

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enjeux métiers et compétences

techniciens de collectivités, même lorsqu’ils souhaitent soutenir des projets d’agriculture urbaine, n’ont pas nécessairement les clés. Il serait donc nécessaire de les former aux fondamentaux de l’agriculture urbaine, à ses enjeux (nécessité de réserver des terres par exemple) ainsi qu’aux leviers à la disposition des collectivités (documents de planification, marchés publics et clauses particulières etc.). Ce type de formation pourrait aussi intégrer des retours d’expérience de projets portés dans d’autres territoires. Par ailleurs, il est fondamental que les collectivités pensent leur rôle de manière globale, sans le cloisonner à une ou deux compétences. Les élus et techniciens doivent donc développer une pensée systémique. Prenons l’exemple de la mairie de Mouans-Sartoux, collectivité engagée en matière d’alimentation durable. Elle porte aujourd’hui une régie municipale de production agricole qui approvisionne la régie municipale de restauration. Les produits non fournis par la régie sont sélectionnés suite à un appel d’offres qui inclut des conditions environnementales. A partir d’un objectif d’alimentation durable, les choses ont été pensées de manière globale. La problématique « alimentation à la cantine » a rapidement ramené au cœur du débat des questions sur l’approvisionnement, l’agriculture locale, l’urbanisme, les marchés publics et le projet éducatif. Il s’agit donc de décloisonner les politiques publiques, au niveau infra et inter institutionnel. Il serait souhaitable que les pratiques métiers des administrations évoluent pour travailler davantage en transversalité, afin d’aborder le projet dans sa globalité et non selon son seul champ de compétences. De manière concrète, il s’agit de porter les travaux sur l’agriculture à la connaissance des services de l’habitat, d’aborder de concert agriculture, aménagement et urbanisme, d’inciter à travailler avec les territoires périphériques ou encore de communiquer entre techniciens de collectivités différentes. A titre d’exemple, Bio de Provence22 lance une formation à destination d’élus et de techniciens de collectivités souhaitant faire émerger des projets de territoire centrés sur le bio en s’appuyant sur des outils de diagnostic territorial. Le même type de méthode pourrait être utilisé pour une formation concernant des projets de territoire centrés sur l’agriculture urbaine.

Urbanisme et animation territoriale L’urbaniste, agent de collectivité ou non, joue un rôle pivot à l’interface entre différents acteurs du territoire, et intervient notamment auprès des politiques. Il a donc vocation à accompagner les orientations politiques, en l’occurrence en matière d’agriculture urbaine, en les traduisant techniquement dans les différents documents d’urbanisme et de planification. Pour cela, il doit être formé en continu pour comprendre globalement les enjeux et le contexte local des différents acteurs d’agriculture urbaine (connaissance des porteurs de projets, enjeux au regard du foncier etc.). Il existe là un enjeu réglementaire important dans les projets d’agriculture urbaine par rapport à l’occupation des sols. Au-delà, l’urbaniste peut se positionner comme facilitateur pour sensibiliser les politiques aux enjeux de l’agriculture urbaine et de ses acteurs. Pour compléter, il est nécessaire que des métiers d’animation territoriale prennent en charge l’accompagnement des projets sur les territoires et la mise en lien des multiples acteurs du territoire concernés par l’agriculture urbaine. Il s’agit d’acteurs pouvant intervenir en collectivité (exemple de l’ingénierie de projet) comme au sein de structures externes.

22 Bio de Provence Alpes Côte d’Azur est la fédération des six associations Agriobio de la région. Elle a pour objectif de promouvoir et de développer l’agriculture biologique, mode de production agricole qui s’attache à préserver les équilibres environnementaux, sociaux, humains et économiques.

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Les architectes doivent être capables d’intégrer, techniquement et esthétiquement, les projets d’agriculture urbaine dans la construction. Avec le développement de tels projets en ville (végétalisation des murs, cultures sur toit etc.), il est probable qu’ils soient de plus en plus sollicités en ce sens. Ces éléments font écho à un article du Céreq23 qui met en évidence l’évolution en cours du métier d’architecte vers une prise en compte globale du bâti dans son environnement en faveur d’une plus grande éco-responsabilité. Ce type d’évolution pourra accompagner le déploiement de l’agriculture urbaine. Des professionnels s’engagent déjà dans cette direction à l’image des Archiculteurs.

Les citoyens Comme évoqué plus haut, le développement des projets d’agriculture urbaine est corrélé à une aspiration sociale en faveur d’une reconnexion du citoyen à l’alimentation, à l’agriculture et à la terre. Dans ces conditions, les citoyens doivent évidemment être des acteurs à part entière des projets d’agriculture urbaine. Leur mobilisation passe souvent par une prise de conscience, ou par la découverte d’initiatives stimulantes. Les projets d’agriculture urbaine se porteront d’autant mieux que les citoyens et habitants soutiendront, notamment dans leurs pratiques de consommation, le principe d’une alimentation saine et durable.

enjeux métiers et compétences

Architectes

Pour permettre aux citoyens de prendre cette place qui est la leur, il est nécessaire de les sensibiliser aux enjeux de l’agriculture urbaine et de l’alimentation durable et de les impliquer dans la co-construction des usages du territoire. Il s’agit donc de sensibiliser mais aussi de mettre en action. Mobiliser les habitants, et notamment les jeunes, dans les démarches d’agriculture urbaine, c’est aussi leur permettre de s’approprier leur avenir alimentaire. Le rôle des animateurs est fondamental en la matière, comme évoqué plus haut24. Par ailleurs, les citoyens seront d’autant plus impliqués que les projets feront écho à des thématiques qui les touchent : les projets d’agriculture urbaine peuvent ainsi servir de base pour une éducation à la santé, et in fine, au développement durable. L’initiative « Potager en ville » consiste ainsi à mieux faire connaitre l’agriculture à tout un chacun. Le site internet25 apporte des informations sur la manière dont chacun peut contribuer à son niveau, met en lumière des initiatives. L’enjeu est de mettre à disposition des solutions pratiques et faciles pour être acteur d’agriculture urbaine. L’outil « site internet » est donc un catalyseur.

23 KALCK Paul, « Comment ils sont devenus architectes écoresponsables », Céreq Bref, n°342, 2016, http://www.cereq.fr/ publications/Cereq-Bref/Comment-ils-sont-devenus-architectes-ecoresponsables 24 Voir aussi à ce sujet LANTEZ Océane, Cahier du Conseil d’orientation, Le secteur de l’animation socioculturelle et sportive, IRFEDD, 2014 http://www.irfedd.fr/recherche-action-diffusion/les-cahiers-dorientation/ 25 http://potager-en-ville.fr/

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formations

N

ous ne disposons pas de chiffres concernant uniquement des formations « Agriculture urbaine » et / ou « Systèmes alimentaires territorialisés » délivrées par l’enseignement agricole en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Notons que le Service Régional de l'Information Statistique et Économique (SRISE) de la DRAAF n’a pas conduit d’étude sur la thématique « agriculture urbaine ». Le phénomène est probablement encore trop récent.

Nombre d'élèves

Alpes Hte-Pce

Niveau VI CPA 4ème, 3ème Etablissements publics Etablissements privés Niveau V, CAPA BEPA Etablissements publics Etablissements privés Niveau IV 2nde, 1ère, Terminale Etablissements publics Etablissements privés Niveau III BTSA, post BTSA, Math sup/spé Etablissements publics Etablissements privés

Total

Htes Alpes

Alpes Marit.

BdR

54

Var

Vaucluse

PACA

367

145

20 349

20 915

46

67 34

109

133 383

203 87

160 496

718 1000

133

143 43

267

496 539

485 233

615 540

2 139 1 355

119

102 100

50

143

437 100

495

2 120

1 203

2 323

6 684

23

202

341

Les effectifs de la formation initiale selon le niveau de formation – Année scolaire 2014-20151

Nous avons donc cherché à identifier plus largement des formations délivrées actuellement en France et dont le cœur de formation est l’agriculture urbaine. Cette liste permet d’avoir un panorama des formations dans le secteur mais n’a pas vocation à être exhaustive. Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur les travaux du projet URBAN GREEN TRAIN et avons fait des recherches par mot-clé sur internet (cf. premier paragraphe). Notons qu’il serait intéressant d’analyser, dans le cadre d’une étude spécifique, comment les problématiques d’agriculture urbaine sont prises en compte dans des formations connexes à cette thématique. Notons qu’il existe par ailleurs de nombreuses formations un peu partout en France concernant des méthodes d’agriculture alternatives qui peuvent être appliquées en milieu urbain. Elles ne sont pas recensées ici dans la mesure où elles ne se concentrent pas sur le contexte urbain. Dans un second temps, nous avons mobilisé les acteurs ayant participé aux travaux du Conseil d’orientation de l’IRFEDD pour identifier quelques formations au niveau local qui, à leur connaissance, traitent d’agriculture urbaine, comme cœur de la formation ou sujet connexe (cf. second paragraphe ci-dessous). Basée sur des contributions libres, cette liste n’est pas exhaustive mais permet d’avoir un aperçu des initiatives en cours permettant d’accompagner, par la formation, l’essor de l’agriculture urbaine dans une perspective de SAT.

1 Agreste Provence-Alpes-Côte d’Azur, Memento 2015, juin 2015.

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Formations qualifiantes Dans le panorama national des formations qualifiantes consacrées à l’agriculture urbaine, les formations que nous avons identifiées concernent essentiellement des hauts niveaux de qualification. Aucune n’est réalisée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (source fin 2016). Intitulé de la formation

Niveau de formation

Ingénieur en paysage d’Agro Campus Ouest Spécialisation Ingénierie des espaces végétalisés urbains

I

Ingénieur en horticulture d’Agro Campus Ouest Spécialisation Ingénierie des espaces végétalisés urbains

I

Ingénieur d’Agro Paris Tech Dominante Ingénierie des espaces végétalisés urbains

I

Master of Science Agriculture urbaine et villes vertes

I

Licence professionnelle Ecopaysage végétal urbain

II

Spécialisation d’initiative locale (SIL) Agriculture urbaine et périurbaine

S

U OC

F

formations

Des formations spécialisées en agriculture urbaine en France

Complément niveau IV

La SIL Agriculture urbaine et périurbaine : une initiative de formation adaptée au territoire

Dans le cadre du dispositif de spécialisation d’initiative locale, l’Ecole du Breuil a développé une formation de spécialisation à l’agriculture urbaine et périurbaine à destination de personnes possédant une certification de niveau IV. La formation, prévue pour 2017, est en alternance et se découpe en 4 modules :

□□ Module 1 : être capable de choisir et de mettre en œuvre les techniques de production et d’élevage adaptées

aux objectifs et aux contraintes des structures de production (dans le respect d’un cahier des charges d’agroécologie) □□ Module 2 : être capable de choisir et de mettre en œuvre les techniques adaptées à la transformation, au conditionnement et au stockage des produits dans le respect des cahiers des charges des clients et des normes de santé publique □□ Module 3 : être capable de concevoir et de gérer économiquement et financièrement un système d’exploitation cohérent et durable □□ Module 4 : savoir animer et développer des activités pédagogiques liées à une structure agricole urbaine Il s’agit là d’une formation expérimentale, la seule formation longue spécialisée sur l’agriculture urbaine pour des personnes de niveau IV (Bac) que nous avons pu identifier. Le contexte de développement de l’agriculture urbaine en région parisienne ainsi que l’expérience de l'École du Breuil en la matière expliquent probablement l’émergence de cette formation sur ce territoire. Il sera néanmoins intéressant de suivre son évolution pour éventuellement s’en inspirer dans d’autres régions françaises.

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formations

Formations professionnalisantes Les formations professionnalisantes consacrées à l’agriculture urbaine que nous avons pu recenser sont essentiellement localisées en Ile-de-France, sous l’impulsion de l'École du Breuil qui propose une offre conséquente en la matière. L’École du Breuil, spécialisée dans les métiers de l’horticulture et du paysage, est un établissement géré par la Ville de Paris. Elle propose des formations initiales (dont la licence professionnelle Ecopaysage végétal urbain) et continues. L’école remplit une mission de formation professionnelle des jardiniers, techniciens et cadres de la ville de Paris sur la question du végétal dans l’espace urbain. Ses formations restent néanmoins ouvertes à tout professionnel du paysage et de l’horticulture.

Formations professionnalisantes courtes

Intitulé de la formation

Proposée par

□□ Urbanisme et nature en ville □□ Les services environnementaux et sociaux rendus par la nature en ville □□ Nouvelles formes de végétalisation urbaine et nouveaux usages de l’espace public □□ Agriculture urbaine : panorama international et mise en œuvre à Paris □□ Aménagements écologiques pour la biodiversité urbaine □□ Histoire des espaces verts de Paris □□ Histoire et lecture du paysage de Paris □□ Urbanisme, paysage, jardin et nature à Paris □□ Ville durable / Nouvelles formes de végétalisation urbaine / Le vert sur l’espace public : aménagements paysagers et pratiques de gestion

□□ Ville durable / Nouvelles formes de végétalisation urbaine / Jardinières sur la voie publique

□□ Ville durable / Nouvelles formes de végétalisation urbaine / Murs végétaux et végétalisés

□□ Ville durable / Nouvelles formes de végétalisation urbaine / Terrasses et toits végétalisés

□□ Ville durable / Agriculture urbaine / Entretien d'une ferme urbaine □□ Ville durable / Agriculture urbaine / Potager biologique - Niveau I □□ Ville durable / Agriculture urbaine / Potager biologique - Niveau II □□ Ville durable / Agriculture urbaine / Cultiver des arbres fruitiers en milieu urbain (inclus les petits fruits)

□□ Ville durable / Agriculture urbaine / Taille des arbres fruitiers palissés et de plein vent

□□ Ville durable / Agriculture urbaine / Verger biologique

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École du Breuil


□□ Ville durable / Agriculture urbaine / Initiation à l’apiculture urbaine (Inclus la protection des autres pollinisateurs)

□□ Ville durable / Agriculture urbaine / Culture des fruits et légumes sur toits terrasses

École du Breuil

et murs végétalisés

□□ Ville durable / Agriculture urbaine / Culture des fruits et légumes en hydroponie, aéroponie et aquaponie

□□ Développer un projet de production de légumes en milieu urbain

formations

□□ Ville durable / Agriculture urbaine / Fruits et légumes d’Ile de France

Chambre d’agriculture Ile-de-France avec AgroParisTech

Des formations connexes en lien avec l’agriculture urbaine et/ou les SAT au niveau local Au regard des formations qui nous ont été signalées, nous constatons que s’il n’existe pas de formation longue certifiante dédiée à l’agriculture urbaine localement, certaines formations longues évoluent pour intégrer des éléments relatifs à l’agriculture urbaine et aux systèmes alimentaires territorialisés. D’autre part, des modules de formation professionnalisante se sont développés spécifiquement sur les thématiques d’agriculture urbaine et de SAT à destination de différents métiers qui recoupent différents acteurs de l’agriculture urbaine (porteurs de projets, acteurs de la distribution, de l’animation, collectivités etc.)

Formations certifiantes

Présentation

Formation Ingénieur agronome Option « Territoires et ressources, politiques et acteurs » Délivrée par Montpellier Supagro, à Montpellier (34) Niveau de sortie de la formation : I Métier visé : Ingénieur agronome Durée de la formation : 1 an Réalisée en formation initiale scolaire, par apprentissage et en formation continue

Une formation en lien avec l’agriculture urbaine et les SAT

□□ Contenus de formation en lien :

Relations ville-agriculture et gestion des territoires périurbains et Reterritorialisation de l'agriculture & de l'alimentation □□ Objectifs de ces contenus : Liens ville-agriculture, gestion du foncier agricole, partage des ressources en territoire urbain, systèmes alimentaires urbains □□ Compétences visées par ces contenus : Connaissance des acteurs des systèmes agricoles et alimentaires urbains, cadres réglementaires, enjeux socio-politiques, filières de proximité □□ Evolution de la formation depuis sa création pour intégrer des thématiques agriculture urbaine et SAT : Contenus concernant la gestion des territoires périurbains, thématique des systèmes alimentaires périurbains

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Présentation

Délivrée par CFPPA de Vaucluse à Carpentras (84) et Nimes-Rodhilan (30) Niveau de sortie de la formation : II Durée de la formation : 1 an Réalisée en formation continue et formation par apprentissage Métier visé : conseiller, animateur en lien avec le développement de l'agriculture biologique

Une formation en lien avec les SAT

formations

Formation Licence pro agriculture biologique conseil et développement

□□ Contenus de formation en lien :

UE82 Conseil en développement et animation des filières UE3 Conception et conduite de projet □□ Objectifs de ces contenus : Animer des démarches de développement de filières au sein de territoires (urbains et ruraux) □□ Compétences visées par ces contenus : Ingénierie et conduite de projets, communication, diagnostic technique

Formation Titre professionnel Technicien agricole

Une formation en lien avec les SAT

Présentation

Délivrée par MFR Eyragues à Eyragues (13) Niveau de sortie de la formation : IV Durée de la formation : 1 an en formation continue, 2 ans en apprentissage Métier visé : chef d'exploitation, ouvrier agricole Réalisée en formation continue et par apprentissage

□□ Contenus de formation en lien :

Commercialisation (ventes directes...)

□□ Objectifs de ces contenus :

Produire et vendre dans le même territoire

□□ Compétences visées par ces contenus :

Analyse globale de l'entreprise agricole et ou d'un atelier agricole

Et… à venir : Formation Diplôme Universitaire Chef de projet alimentation durable Option collectivité territoriale (première rentrée prévue en 2017 ou 2018) □□ Projet de formation délivrée par l’Université Côte d’Azur, en s’appuyant sur l’expérience de la commune de Mouans-Sarthoux. □□ Objectif de cette formation : permettre l’émergence de projets d’alimentation durable déployés à l’échelle d’un territoire (commune, ou regroupement intercommunal etc...).

Formations courtes et professionnalisations

Présentation

Formation Créer et animer un jardin en partage

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Délivrée par Réseau des jardins solidaires méditerranéens, à Lauris (84), Digne les Bains (04), La Roque d'Anthéron (13) Durée de la formation : formation modulaire selon les besoins des apprenants, jusqu’à 91 heures Métier visé : Animateur de jardin en partage Profil des apprenants : Porteurs de projet, animateurs bénévoles de jardin, agriculteurs en reconversion, animateurs socio-culturels, élus et techniciens de collectivités

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Découvrir les différents types de jardins partagés, les critères de qualité durable des projets, les étapes clés de la construction du projet et de son animation □□ Contenus de la formation : Création d'un Jardin Partagé - contexte et méthodologie ; Aménagements concertés au jardin ; Techniques agro-écologiques ; Pédagogie □□ Informations complémentaires : Les jardins partagés urbains sont les précurseurs de l’agriculture urbaine et les animateurs formés par le Réseau en sont les accompagnateurs. Cette formation a été dispensée par le RJSM en 2012, 2013 et 2014. Pendant les 2 années suivantes, elle a été le support du projet européen « Transfert of Innovation ». L’objectif de ce projet était que cette formation soit réplicable par les partenaires dans les pays européens participant au projet. Pendant ces 2 années, elle a été travaillée et complétée par tous les partenaires. Le résultat de ce travail a abouti à un référentiel métier et à cette formation professionnalisante qui se décompose en 4 modules répartis sur l’année. La version finalisée est mise en place en 2017.

formations

Une formation en lien avec l’agriculture urbaine

□□ Objectifs de la formation :

Une formation en lien avec l’agriculture urbaine et les SAT

Présentation

Formation Créer son épicerie paysanne de quartier Délivrée par Association Filière Paysanne à Marseille (13) Durée de la formation : 146 heures Métier visé : Gérant d'épicerie paysanne Profil des apprenants : personnes en reconversion, intéressées par les logiques de circuits courts

□□ Contenus de formation en lien :

Module de formation lié à l'approvisionnement et la distribution en circuit court

□□ Objectifs de ces contenus :

Donner des éléments de compréhension sur les enjeux alimentaires territoriaux

□□ Compétences visées par ces contenus :

Les compétences liées à la distribution de produits frais et locaux

□□ Evolution de la formation depuis sa création pour intégrer des thématiques agriculture urbaine et SAT : Les modules s’adaptent aux évolutions des réalités locales

Une formation en lien avec l’agriculture urbaine et les SAT

Présentation

Formation Agriculture urbaine - Techniques fermes verticales et panorama international Délivrée par Astredhor Jusqu’alors à Paris, mais possibilité de l’organiser en région PACA Durée de la formation : Formation à la carte, d’une demi-journée à une semaine Métiers visés : Consultants, animateurs jardiniers, agriculteurs urbains, maraîchers Profils des apprenants : jeunes élèves en production agricole, paysagistes, jardiniers des villes, consultants, urbanistes, architectes, collectivités

□□ Contenus de formation en lien :

Agriculture urbaine High-Tech, Techniques de production hors-sol, PBI, modèles économiques, panorama international de l'agriculture urbaine, innovations techniques □□ Objectifs de ces contenus : Comprendre l'agriculture urbaine dans sa globalité, maîtriser la production hors-sol et high tech □□ Compétences visées par ces contenus : Dimensionnement, fonctionnement, choix d'un outil de production dédié à l'AU intra urbaine □□ Evolution de la formation depuis sa création pour intégrer des thématiques agriculture urbaine et SAT : En constante adaptation, selon les évolutions techniques et les innovations de l'AU (sur les business models par exemple)

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Présentation

Dispositif d’accompagnement comprenant des modules de formation, porté dans le cadre d’un partenariat entre les CFPPA Vaucluse et d’Aix-Valabre, Agribio 84, les ADEAR 84 et 13, l’association APTE Durée : 1 an Métiers visés : Eco-paysan, exploitant agricole Profil des apprenants : personnes en reconversion, personnes ayant un projet d’installation en agriculture biologique

Une formation en lien avec l’agriculture urbaine et les SAT

formations

Dispositif Parcours Eco-paysans

Ce dispositif d’accompagnement et de formation met en avant la multifonctionnalité de l’agriculture. Dans ce dispositif, le milieu urbain est plus fortement pris en compte de fait : on sort de la seule logique de production agricole pour prendre en compte la production de services de l’agriculture.

Un projet à suivre : la ferme pilote de haute qualité environnementale dans les Alpes-Maritimes Le projet « Ferme Pilote de Haute Qualité Environnementale » propose de fournir des collèges du département des Alpes-Maritimes en tomates produites sous serres suivant une démarche agro-écologique. Il s’agit donc de développer et mettre en place un système de production sous serre de haute qualité environnementale, sur une surface réduite, étant donné les contraintes urbaines. Il s’agit également de proposer un concept viable économiquement. Le projet aborde la question de la relocalisation de la production et de l’alimentation comme une problématique complexe ; dans ces conditions, il est nécessaire de s’appuyer sur la diversité des acteurs et sur un travail collectif pour renforcer les capacités d’innovation et de diffusion. En plus de l’aspect production selon des processus innovants et de l’aspect développement d’une filière en circuit court, le projet prévoit un volet formation pour de futurs entrepreneurs agricoles ainsi qu’un volet éducation à l’alimentation des citoyens. Ce projet est porté par l’INRA UMR ISA (Institut national de la recherche agronomique – Unité mixe de recherche – Institut Sophia Agrobiotech), en partenariat avec l’EPLEFPA d’Antibes (Établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricoles) et l’Institut national de la recherche en informatique et automatique (INRIA Sophia). Sont également impliqués dans le projet : la Chambre d’Agriculture départementale, le Conseil départemental des Alpes-Maritimes, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Communauté d’agglomération Sophia Antipolis.

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Intégrer les problématiques liées à l’agriculture urbaine et aux systèmes alimentaires territorialisés dans les formations agricoles

formations

Perspectives en termes de formation

Les évolutions actuelles en faveur d’une relocalisation de l’alimentation et du lien au végétal rendent pertinentes l’idée d’une sensibilisation à ces enjeux pour tous les apprenants des formations agricoles. Pour aller plus loin, les apprenants devraient connaitre les différents acteurs en jeu et maîtriser les bases de la distribution afin de garantir la viabilité de la filière.

Identifier la demande de formation pour pouvoir y répondre Concernant les formations à des aspects techniques (aquaponie par exemple, culture sur toiture etc.), l’enseignement agricole n’est pas en déficit de compétences et est en capacité de proposer des formations : il en existe sur ces thématiques depuis des années mais elles ne sont pas dispensées car la demande est faible, le public apprenant n’est pas au rendez-vous. La question qui se pose ici est donc celle de l’adéquation entre offre et demande de formation en la matière. Il s’agit de trouver un modèle économique, pour les organismes de formation, qui permette de répondre à une demande encore relativement faible mais qu’il faut pouvoir satisfaire pour accompagner des nouveaux projets d’agriculture responsable. Il faudrait créer un outil pour recueillir la demande et le besoin de montée en compétences pour ensuite co-construire une formation et éventuellement lui ajouter une spécificité « agriculture urbaine » susceptible d’attirer plus fortement le public. En définitive, la problématique n’est plus « faut-il professionnaliser les acteurs ? » mais « où peuvent-ils se professionnaliser ? ». Cela suppose aussi pour les organismes de formation de réfléchir à leur stratégie pour atteindre leur public cible.

Construire des formations adaptées au territoire La poursuite de cette question, pour les organismes de formation, est d’agréger les compétences ; il s’agit donc d’identifier les ressources à l’intérieur ou à l’extérieur du territoire, pour proposer des formations adaptées localement. Le travail partenarial est ici essentiel. Il appartient aux acteurs de construire sur les territoires les réponses adéquates. Cela signifie aussi être attentif aux projets en cours sur les territoires, à l’image du PAT 13, afin d’être en capacité de les accompagner le cas échéant. Concernant des formations qui n’existeraient pas encore, mais dont le besoin a été identifié, il conviendrait de faire un recensement de ce que les acteurs sont individuellement et collectivement en capacité de faire. Dans un second temps, il serait possible d’identifier les formations complémentaires à proposer. Ce travail est nécessairement un travail partenarial. Concernant l’enseignement agricole, on pourrait étudier l’opportunité d’utiliser le dispositif des UCAR (unité capitalisable d’adaptation régionale) pour proposer des modules spécifiques.

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formations

Proposer des formations modulaires adaptées aux besoins de chacun L’agriculture urbaine est multifonctionnelle, multiforme, et multi acteurs. Dans ces conditions, les formations doivent, certes, s’adapter aux spécificités des territoires mais également aux divers profils des individus. Dans cette perspective, il parait intéressant de proposer des approches modulaires pour répondre à des problématiques individuelles différentes et accompagner ces profils hybrides dont l’agriculture urbaine a besoin.

Constituer une école des métiers autour de l’agriculture urbaine Si l’on repart de la problématique « métier », il est évident qu’en France, les établissements de formation (en particulier via l’enseignement agricole) sont largement compétents pour former aux métiers agricoles. Or, lorsque l’on parle de ferme urbaine, on sera confronté à plusieurs métiers au sein du même projet : l’agriculteur est aussi boulanger, restaurateur, animateur, paysagiste ou même producteur d’énergie. C’est la logique même de l’agriculture urbaine qui est multifonctionnelle. La problématique actuelle est que les diplômes français tels qu’ils sont construits forment à un métier, et ne proposent pas de passerelles avec d’autres métiers. Il serait donc intéressant de penser aux formations à créer à partir des différents métiers occupés aujourd’hui par l’agriculteur urbain en s’appuyant sur un réseau d’établissements de formation existants afin de relever le défi suivant : constituer une école des métiers autour de l’agriculture urbaine.

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□□ ASSOCIATION DES REGIONS DE FRANCE, « Déclaration de Rennes » : Pour des systèmes alimentaires territorialisés, 2014, http://regions-france.org/wp-content/uploads/2016/10/ de%CC%81claration-finale.pdf □□ BERROU Jean-Hugues, Des cultures et des villes, vers une agriculture urbaine, [video en ligne], AgroParisTech, Youtube, 31 août 2016, https://www.youtube.com/watch?v=R_22JJ6DdmY □□ DANIEL Anne-Cécile, AUBRY Christine, THOURET Amélie et DEVINS Antoine, « Naissances et développement des formes commerciales d’agriculture urbaine en région parisienne », in DUCHEMIN Éric, Agriculture urbaine : aménager et nourrir la ville, Montréal : Vertigo, 2013. □□ DEALLE-FACQUEZ François, « L’agriculture en ville : un projet urbain comme un autre », Métropolitiques, 16 décembre 2013, http://www.metropolitiques.eu/L-agriculture-en-villeun-projet.html

pour en savoir plus

Documentation

□□ DRIAAF Île-de-France, Mon projet d’agriculture urbaine en Ile-de-France, Guide pratique des démarches réglementaires, 2016, http://driaaf.ile-de-france.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/ Maquette_VF_cle475afb.pdf □□ DUCHEMIN Éric, « Agriculture urbaine : quelle définition ? Une actualisation nécessaire ? », AgriUrbain, décembre 2012, http://agriurbain.hypotheses.org/2705 □□ DUCHEMIN Éric, WEGMULLER Fabien et LEGAULT Anne-Marie, « Agriculture urbaine : un outil multidimensionnel pour le développement des quartiers », VertigO, vol. 10, n° 2, septembre 2010, http://vertigo.revues.org/10436 □□ FAO, « L’agriculture urbaine », FAO Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, consulté le 15 novembre 2016, http://www.fao.org/urban-agriculture/fr/ □□ GARCIA Caroline, « Les cantines marseillaises seront gérées en DSP par Sodexo », La Gazette des communes, 16 mai 2011, http://www.lagazettedescommunes.com/65649/les-cantinesmarseillaises-seront-gerees-en-dsp-par-sodexo/ □□ IUFN, « Nourrir durablement les territoires de demain, Portrait des enjeux français », 2015, http://www.iufn.org/wp-content/uploads/2015/06/IUFN-RAPPORT-FRANCE-2015_pages.pdf □□ KIS Martine, « Adoption définitive de la loi ALUR », Le courrier des maires, 26 mars 2014, http://www.courrierdesmaires.fr/31450/adoption-definitive-de-la-loi-alur/ □□ LANTEZ Océane, Cahier du Conseil d’orientation, Le secteur de l’animation socioculturelle et sportive, IRFEDD, 2014 http://www.irfedd.fr/recherche-action-diffusion/les-cahiers-dorientation/ □□ LEMOINE Stéphanie, « Christine AUBRY : ‘’L’agriculture urbaine met en question notre modèle de production’’ », Midi : onze, 3 juillet 2013, http://www.midionze.com/2013/07/03/ entretien-avec-christine-aubry-lagriculture-urbaine-met-en-question-notre-modele-deproduction/ □□ MALASSIS Louis, Nourrir les hommes, Dominos-Flammarion, 1994 □□ MEGGLE Caroline, « Loi Egalité et Citoyenneté - Le Conseil constitutionnel censure une cinquantaine de ‘’dispositions spécifiques’’ », Caisse des dépôts, 30 janvier 2017, http:// www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename=Territoires/Articles/ Articles&cid=1250278580718

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pour en savoir plus

□□ POLE DEVELOPPEMENT DURABLE ET TERRITOIRES MEDITERRANEENS AMU, RESOLIS, CNRS, Deuxième rencontre de l’Economie circulaire et Territoires, Colloque « Alimentation responsable et durable : vers des systèmes alimentaires territorialisés », Aix-en-Provence, 15 et 16 septembre 2016, https://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/2202/files/2016/01/ Synth%C3%A8se-colloque-septembre2016.pdf □□ RASTOIN Jean-Louis, « Les systèmes alimentaires territorialisés : le cadre conceptuel », Journal RESOLIS, n°4 mars 2015, http://www.resolis.org/upload/journal/article/document/50_20160302_ article_les_syste_yimes_alimentaires_territorialise_y_s_le_cadre_conceptuel.pdf □□ RICHAUD Isabelle, Cahier du Conseil d’orientation, La restauration, IRFEDD, 2015 http://www. irfedd.fr/recherche-action-diffusion/les-cahiers-dorientation/ □□ SOBOCINSKI Aurélie, « Le Boom de l’agriculture urbaine », CNRS Le journal, 2015, https:// lejournal.cnrs.fr/articles/le-boom-de-lagriculture-urbaine □□ TISSONE Flore, Systèmes Alimentaires Territorialisés. De l’initiative au Système Alimentaire Territorialisé : enjeux, pratiques, gouvernance. Mémoire, IMPGT Aix-Marseille Université, 2016 https://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/2202/files/2017/04/tissone_flore_m% C3%A9moireM2professionnel_septembre_2016.pdf □□ URBAN GREEN TRAIN, New urban agriculture initiatives toward a mindset change, 2015, http://www.urbangreentrain.eu/upimg/pdf/IO1_New_UA_initiatives_toward_mindset_ change_UGT_pg.pdf

Documents institutionnels et réglementaires □□ DRAAF PACA, « Projet alimentaire territorial », consulté le 13 décembre 2016 http://draaf. paca.agriculture.gouv.fr/Projet-Alimentaire-Territorial □□ Loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt, 13 octobre 2014, n° 2014-1170, https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000029573022&categorie Lien=id □□ Loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové, 24 mars 2014, n° 2014-366, https:// www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028772256&categorieLien=id □□ REGION PACA, Cadre stratégique pour le développement des circuits courts et de proximité dans les domaines de l'agriculture et pour une valorisation/expérimentation dans les lycées, 17 mars 2017, Délibération N° 17-81, https://deliberation.regionpaca.fr/

Centres ressources □□ Association Terres en villes http://terresenvilles.org/ □□ ASTREDHOR http://www.astredhor.fr/ □□ Chambre d’agriculture Provence-Alpes-Côte d’Azur http://www.paca.chambres-agriculture.fr/

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□□ INRA AgroParitech Equipe Agriculture urbaines https://www6.versailles-grignon.inra.fr/ sadapt/Equipe-Agricultures-Urbaines □□ Plante et Cité http://www.plante-et-cite.fr/ □□ Pôle de compétitivité Vegepolys https://www.vegepolys.eu/ □□ Pôle InPACT Initiatives pour une agriculture citoyenne et territoriale http://www.inpactpaca.org/ □□ Projet URBAN GREEN TRAIN http://www.urbangreentrain.eu/fr/ □□ Vivéa Fonds pour la formation des entrepreneurs du vivant http://www.vivea.fr/

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pour en savoir plus

□□ CRIPT PACA Enseignement agricole http://www.eapcriptpaca.educagri.fr/index.html

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□□ ASTREDHOR - Institut technique de l'horticulture MOREL - CHEVILLET Guillaume

□□ AUDAT - Agence d'urbanisme de Toulon CROMBE Flore

□□ Bio de Provence Côte d’Azur BAUVINEAU Christophe

□□ CFPPA Antibes - Centre de formation professionnelle et de promotion agricole GOMBERT Yves

□□ CFPPA Vaucluse - Centre de formation professionnelle et de promotion agricole MEYER-SOULA Barbara

□□ EPLEFPA d'Aix Valabre Marseille Etablissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricole

□□ Réseau des AMAP de Provence ABBADIE DALEMONT Martine

□□ Réseau des jardins solidaires méditerranéens DUNE Marie-Line

□□ Réseau Unis Vert Alpes Méditerranée PASSET Florence

□□ VI A TERRA ARNAL Clément

□□ Ville de Marseille - Direction environnement et espace urbain MANDEIX-MARTIN Aline

□□ Vivéa GIRAUD Florence

□□ YES WE CAMP HANNOUN Vincent

□□ BOUILLOT Cécile □□ GUERIN Thomas

UGHETTO Michel

□□ Filière paysanne BARILLE Nina - HERNANDEZ Hervé - ROBERT Jean-Christophe

□□ IMPGT AMU / Resolis - Institut de management public et gouvernance territoriale Aix-Marseille Université TISSONE Flore

□□ Institut INSPIRE SEGURET Emmanuelle

□□ Naiafarm BOHRER Maxime

□□ Potager en ville CAPPELINI Lina - GREBERT Morgane

□□ Région PACA - Direction Affaires Européennes - Service Coopération Européenne GARRIGUES Benoit

□□ Région PACA - Direction Agriculture et Eau - Service Agriculture Forêt LEROUX Aurore

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pour en savoir plus

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L’IRFEDD remercie l’ensemble des participants à la réunion du Conseil d’orientation du 13 décembre 2016 :


□□ ADEAR 13 - Association pour le développement de l'emploi agricole et rural LE CUNFF Maëlig - MARTINEZ Maïté

□□ Agence d'urbanisme du Pays d'Aix PRIN DERRE Alexandra

□□ AMU - Aix Marseille Université T Créatif LAZZERI Yvette

□□ Archiculteurs PAREZ Marie

□□ CIRAD - Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement BRICAS Nicolas

□□ Cité de l’agriculture SCHNORF Marion

□□ CRIPT PACA - Complexe Régional d'Information Pédagogique et Technique GARRIC Fanny

□□ DRAAF PACA DEGACHE Françoise - PORTAL Hélène

□□ Institut INSPIRE DELANNOY Emmanuel

□□ Jardilinks CRANDAL Stéphane

□□ Métropole Aix-Marseille Provence LAUTIER Alexandre

□□ Ministère de l'agriculture, agroalimentaire et forêt Réseau national Alimentation

pour en savoir plus

L’IRFEDD remercie également les personnes excusées qui ont manifesté un intérêt pour ce Conseil d’orientation :

BOUTROUX Karine

□□ MONTPELLIER SUPAGRO RASTOIN Jean-Louis

□□ Nice Ecofarm ROZIER Yann

□□ Pays de Grasse BOUILLON Gabriel

□□ Point info installation PACA PEREIRA Marion

□□ Pôle Eco design LE GUINER Yannick

□□ Région PACA GIORDANO Isabelle

□□ SCIC okhrâ

□□ DREAL PACA BABILLOT Pascale

□□ INRA - Institut national de recherche agronomique, Unité mixte de recherche Sciences action développement Activités produits territoires AUBRY Christine

□□ INRA - Institut national de recherche agronomique, M2P2 Modèles et Méthodes pour la protection des Plantes

BARROIS Mathieu

□□ Terralia MERMET Claire

□□ Terre de Mars CANO-ROZAIN Pablo

□□ Terres en ville BONNEFOY Serge

□□ Ville de Mouans-Sartoux PEROLE Gilles

PONCET Christine

□□ INRA - Institut national de recherche agronomique, Unité mixte de recherche Innovation et développement dans l’agriculture et l’agro-alimentaire

Nous remercions particulièrement les personnes qui ont accepté de répondre à nos questions, par contribution mail ou entretien téléphonique.

PERRIN Coline - SOULARD Christophe

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Ce document est le fruit d’une étude et d'une réflexion collective conduites par l’IRFEDD ; il n’a pas pour objet de reproduire textuellement chacun des propos tenus lors des différents échanges. Les travaux menés sur cette thématique pourront être complétés lors de réunions ultérieures.

IRFEDD Europôle de l’Arbois, Bâtiment Martel Avenue Louis Philibert 13100 Aix-en-Provence Tél. : 04 42 61 17 29 - Mail : contact@irfedd.fr

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www.irfedd.fr

Directeur de la publication : Philippe Lebarbenchon - directeur général de l’IRFEDD

Rédaction : Océane Lantez - chef de projet IRFEDD

Mise en page : Léa Robert - secrétaire IRFEDD

Imprimé sur papier recyclé - Imprim’Vert® - ISO 9001 ISO - 14001

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