Exposition : "La Bibliothèque du grand séminaire de Montpellier"

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Biblio

petit guide de l’exposition



Biblio thèque du grand séminaire La

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Le 31 mai 1999, mon prédécesseur, le cardinal Jean-Pierre Ricard, au nom du diocèse de Montpellier, a signé une convention de dépôt du fonds de livres anciens (ouvrages d’avant 1914) des bibliothèques diocésaines Urbain V et Saint-Guilhem à la bibliothèque municipale de Montpellier.

Ce riche fonds patrimonial (20 000 documents environ), confié désormais à la communauté d’agglomération de Montpellier, constitue un ensemble important. Son intégrité méritait d’être préservée, d’autant plus qu’il représente un complément pour les utilisateurs des fonds anciens des autres bibliothèques de la région.

Aujourd’hui ce fonds ancien précieux bénéficie de conditions particulières de sauvegarde et de conservation, et devient accessible à la consultation d’un public plus large. Mis à la disposition de lecteurs, de chercheurs, d’étudiants et d’érudits, il n’est pas détourné de sa fonction pédagogique, éducatrice et culturelle, dans la fidélité à l’esprit et à la tradition de l’Eglise catholique. En acceptant le dépôt de ces documents, les institutions et organismes publics manifestent leur intérêt pour la culture émanant de l’Eglise.

Grâce à cette exposition de plusieurs centaines de documents (livres, manuscrits, gravures) très représentatifs au niveau historique, liturgique, théologique, spirituel et artistique, le passé et la tradition de l’Eglise catholique dans toutes ses composantes pourront être connus et appréciés du grand public.

✝ Guy Thomazeau Archevêque de Montpellier

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Très attaché à ce que tous puissent connaître notre patrimoine écrit, je me réjouis que les Languedociens puissent découvrir la bibliothèque du grand séminaire de Montpellier, grâce à un partenariat privilégié entre l’archevêché de Montpellier et la communauté d’agglomération de Montpellier.

En effet, le 31 mai 1999, une convention a rendu possible le dépôt d’une grande partie du fonds ancien de la bibliothèque du grand séminaire à la médiathèque centrale : quelque 20000 volumes pour former à la prêtrise, traitant aussi bien de théologie que d’histoire, de philosophie et de littérature.

En décembre 2008, à l’occasion du déménagement de l’archevêché, du palais épiscopal de la rue Lallemand à la Villa Maguelone, l’archevêque Mgr Thomazeau et l’évêque auxiliaire Mgr Azéma ont complété le fonds initial par de la littérature occitane, des gravures et des atlas. Qu’ils en soient vivement remerciés! Cet ensemble documentaire représente un apport inestimable pour les chercheurs et les curieux.

Par cette exposition de plus de 240 documents, nous souhaitons ouvrir au grand public les portes de cette bibliothèque religieuse remarquable et pourtant méconnue. Les expositions, mais aussi la bibliothèque numérique proposée sur le site du réseau des médiathèques de Montpellier Agglomération, multiplient les occasions de partage. L’accès du plus grand nombre à la culture et à la connaissance – source d’ouverture d’esprit, de compréhension des cultures et de tolérance – est une priorité de Montpellier Agglomération.

Le Président de Montpellier Agglomération

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1 - Catalogue méthodique de la bibliothèque du grand séminaire De la bibliothèque du grand séminaire de Montpellier, nous possédons un catalogue méthodique, en 4 volumes. C’est un témoignage irremplaçable sur les lectures des futurs prêtres, à la fin du XIXe siècle, et une source importante de recherche sur la culture cléricale. Sa rédaction commence en 1896 pour s’achever le 11 février 1899. Le classement systématique de ce catalogue n’est pas celui des libraires de Paris au XIXe siècle. Par exemple, dans la classification de Brunet, les ouvrages de droit canon sont rangés dans le Droit, ce qui n’est pas le cas ici. 1. Ecriture sainte et théologie 2. Droit canon, liturgie, SS. Pères, prédication, ascétisme 3. Histoire (dont histoire ecclésiastique) et géographie 4. Philosophie et littérature ; sciences et arts ; polygraphie, bibliographie Chaque tome est accompagné d’une table des matières. La numérotation des courtes notices bibliographiques est continue d’un volume à l’autre : 9 194 entrées. La littérature profane fait part égale avec la littérature religieuse. Ce catalogue est rédigé à l’encre noire, d’une écriture cursive, sur du papier Johannot d’Annonay, réglé à la main. Des annotations au crayon à papier, sont d’une main différente. Les 4 volumes sont reliés en chagrin bleu. Il ne fait qu’en partie l’inventaire de ce qui a été déposé à la médiathèque centrale d’agglomération : on n’y trouve pas tous les ouvrages qui portent le timbre bibliothèque diocésaine Urbain V, qui lui est postérieur. Au fil du temps, le fonds du grand séminaire a continué de s’accroître grâce à la générosité de fidèles et de religieux, avant de parvenir jusqu’à nous. Parmi les ouvrages de formation au sacerdoce, citons à titre d’exemple Devoirs d’un séminariste par J. Guibert. Cette brochure est une œuvre d’éducation pastorale, venue compléter le tableau des devoirs d’un séminariste, qui figurait en bonne place dans la plupart des grands séminaires. L’auteur nous indique que : « le Combat spirituel [de Scupoli] et l’Introduction à la vie dévote [de St François de Sales] seront ses plus chers livres, après la Bible et l’Imitation ».

Catalogue méthodique de la bibliothèque du grand séminaire de Montpellier [Manuscrit]. Montpellier, 1896-1899. 4 vol. ; 28 cm. (page de gauche et ci-contre)

Jean Guibert. Devoirs d’un séminariste. Paris : Poussielgue, 1898. 11 cm.

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2 - Provenances et reliures La bibliothèque du grand séminaire de Montpellier a connu des vicissitudes, comme les confiscations de la Révolution et la séparation des Églises et de l’État (1905). Elle s’est aussi enrichie d’apports multiples. Elle se confond parfois avec celle du cardinal de Cabrières, évêque de Montpellier de 1874 à 1921. Beaucoup d’ouvrages portent sa marque : mentions manuscrites, ex-libris et reliures à ses armes. D’autres lui sont dédicacés. Avec le comte de Balincourt, son cousin au deuxième degré, il fait revivre, dans leurs ex-libris armoriés, le souvenir des familles auxquelles ils sont apparentés : Reinaud, Génas et Guiraud. Une légende veut que le cardinal ait soustrait la bibliothèque à la vigilance des fonctionnaires venus saisir les biens du clergé en 1906. Les dons et legs de fidèles, de prélats, de simples prêtres et de congrégations religieuses ont permis d’augmenter le fonds du grand séminaire. Munis de leurs ex-libris et de leurs notes manuscrites, les livres restituent la mémoire de leurs lecteurs qui n’est pas irrémédiablement perdue. Les reliures sont souvent modestes, parfois ouvragées, armoriées et signées. Evoquons parmi les titulaires des marques de possession répertoriées : le Grand Dauphin de France (1661-1711) ; le tsar Alexandre 1er (1777-1825) ; le cardinal italien Alessandro Albani (1692-1779), protecteur des arts et des lettres ; Mgr Charles-Joachim Colbert de Croissy (1667-1738), évêque de Montpellier ; Mgr Anthyme Cohon (1595-1670), évêque de Nîmes ; la Grande Duchesse de Toscane, Marguerite Louise d'Orléans (1645-1721) ; un des présidents de la cour des comptes, aides et finances de Montpellier, amateur d’art et naturaliste, Philippe Laurent de Joubert (1729-1792) ; l’avocat Frédéric Fabrège (1841-1915), artisan de la restauration de la cathédrale de Maguelone, et bien d’autres que nous aimerions nommer aussi.

Reliure de présent aux armes du tsar Alexandre 1er. Louis Lacoste. Précis historique du canal du Languedoc ou des deux-mers. Paris : Roblot-Gondar, 1810. 20 cm.

Reliure aux armes du cardinal Alexandre Albani. Tomaso-Maria Minorelli. Vita S. Pii V. Rome : F. Gonzaga, 1712. In-8°.

(page de gauche)

Ex-libris armorié de Philippe-Laurent de Joubert. Orazio Torsellini. De vita Francisci Xaverii. Rome : A. Zannetti, 1596. In-4°.

Ex-libris armoriés de Jean-Maurice Reinaud, du Marquis du Vivier de Fay-Solignac et de Pierre Guiraud. Saint Augustin. Divi Aurelii Augustini… Confessionum libri XIII. Anvers : PlantinMoreti, 1650. In-8°. (ci-contre)

Reliure d’Albert Valat, aux armes du cardinal de Cabrières. Pierre Estrate. Vie de sœur Marie de Jésus crucifié (1846-1878). Paris : J. Gabalda, 1913. 23 cm.

Cartonnage de l’éditeur. Percaline gaufrée. Just-Jean-Etienne Roy. Histoire de la révolution de 1688 en Angleterre. Tours : A. Mame, 1859. 22 cm.

Reliure du XVIIe siècle, avec fermoirs en cuivre, aux armes d'un abbé. Caesar Baronius. Annales ecclesiastici. Anvers : C. Plantin, 1597-1612. 12 vol. ; infolio.

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3 - Ecriture et histoire saintes Avant le concile de Trente (1545-1563), la lecture de la Bible était interdite aux laïcs ; le concile l’autorise à une élite éclairée. En France, deux grands noms sont associés à la diffusion de l’Écriture sainte. Robert Estienne (1503-1559) signe deux superbes éditions de sa marque d’imprimeur : un olivier dont les rameaux non greffés sont coupés, avec ces mots de St Paul : « noli altum sapere » (gardetoi de l’orgueil). L’une, de 1544, en hébreu, est un chef-d’œuvre de typographie. Un de ses premiers lecteurs l’a annotée en grec. La seconde, de 1546, en latin, s’adresse plus largement aux humanistes européens. Illustrée de 22 bois gravés, les notes de François Vatable, du Collège de France, revues par Estienne dans un sens plus réformé, déchaînent une tempête, malgré la protection de François 1er. En 1552, Robert Estienne fuit à Genève et se déclare calviniste. Avec ses amis de Port-Royal, Isaac Lemaistre de Sacy (1613-1684) est l’auteur d’une traduction française destinée à un plus vaste public. Le premier tirage à 5 000 exemplaires du Nouveau Testament est vite épuisé et ses réimpressions sont innombrables. Clément IX déclare la traduction du Nouveau Testament de Mons « téméraire, pernicieuse… et contenant des choses propres à scandaliser les simples ». En dépit de cette censure et de l’embastillement de Sacy en 1666, l’entreprise est menée à son terme (1653-1708). Cette traduction, reconnue comme un des chefsd’œuvres de la littérature française classique, est utilisée par Dom Calmet pour recevoir ses Notes. Lors de la reconquête catholique du XIXe siècle, elle est encore amplement diffusée et destinée à un public plutôt féminin, comme en témoigne la belle édition illustrée de 1867, dont les gravures représentent surtout les héroïnes bibliques. L’Église du XIXe siècle veut désormais que l’Écriture s’adresse aussi au peuple, ouvriers et paysans. La Bible Populaire n’est pas une traduction, mais une réécriture : « Malgré les beautés que la Bible renferme, chacun convient qu’elle ne peut être lue par tout le monde sans danger… Nous en avons retranché les peintures trop naïves et les détails de mœurs d’un autre âge ». Cette Bible romancée, avec des gravures de Gustave Doré et des adaptations de tableaux de maîtres, paraît en 1864, en même temps que les éditions illustrées des Misérables de Hugo.

Biblia hebraïca. Paris : R. Estienne, 1544-1546.17 parties en 8 vol. ; in-16°.

Biblia. Paris : R. Estienne, 1546. In-folio. (page de gauche)

Isaac Lemaistre de Sacy. L’histoire du Vieux et du Nouveau Testament. Paris : Belin-Le-Prieur, 1818. 21 cm.

Claude-Oronce Fine de Brianville. Histoire sacrée en tableaux pour monseigneur le Dauphin. Paris : C. de Sercy, 1677. 3 vol. ; in-8°.

Isaac Lemaistre de Sacy. La sainte Bible, traduite en français. Nouvelle édition revue par M. l'abbé Jacquet. Paris : Garnier frères, 1867-1868. 6 vol. ; 27 cm.

Claude-Joseph Drioux. La Bible populaire : histoire illustrée de l’Ancien et du Nouveau Testament. Paris : Hachette, 1864-1865. 2 vol. ; 31 cm. (ci-contre)

Jean Béraud. [Chemin de croix], 1894. 38 cm. 9



4 - Pèlerinages et voyages Du latin peregrinatio qui signifie « voyage en pays étranger », le pèlerinage est un déplacement effectué par un croyant vers un lieu consacré. Il existe déjà dans les religions antiques. Au IVe siècle, l’appui de l’empereur romain Constantin permet d’en développer considérablement la pratique. Se rendre en Terre Sainte, aller à Rome sur les tombeaux des apôtres Pierre et Paul sont de grands moments de dévotion dans la vie d’un chrétien. Au XIXe siècle, les apparitions de la Vierge dans l’Isère et dans les Hautes-Pyrénées font de La Salette (1846) et de Lourdes (1858) des lieux de pèlerinage importants. De nombreux récits paraissent aux XVIIe et XIXe siècles. Au XVIIe siècle, Pierre de La Vergne de Tressan rédige Relation nouvelle et exacte d'un voyage de la Terre sainte ou Description de l'état présent des lieux où se sont passées les principales actions de la vie de Jésus-Christ. Un pèlerin utilisera plus tard l’exemplaire présenté ici comme guide et notera sur la page de garde les frais occasionnés par ce voyage. L’abbé Guillaume Martin, ancien aumônier de la Marine royale, publie en 1846 Histoire de la Terre sainte depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, ornée de planches gravées sur acier. Le photographe Félix Bonfils s’installe à Beyrouth en 1867. Il édite, en 1877-1878, une série de cinq volumes intitulés Souvenirs d’Orient : album pittoresque des sites, villes et ruines les plus remarquables… Chaque album contient une quarantaine de photographies dont cette image du mur des Lamentations. Gloires de Lourdes d’Henry Gaultier contient le récit de nombreuses guérisons miraculeuses. NotreDame de Lourdes d’Henri Lasserre connaîtra un immense succès. Contemporain des apparitions, l’auteur se considère aussi comme un miraculé : menacé de cécité, il guérit en 1862, grâce à des applications d’eau de Lourdes. Jean Berthier, de la Congrégation des missionnaires de La Salette, et l’abbé Perrin publient en 1888 Pèlerinage de N.-D. de la Salette ou guide du pèlerin sur la sainte montagne. Quel que soit le lieu de destination, le pèlerinage reste pour le croyant une quête du divin.

Pierre de La Vergne de Tressan. Relation nouvelle et exacte d’un voyage de la Terre sainte. Paris : A. Dezallier, 1688. In-8°. (page de gauche) Guillaume Martin. Histoire de la Terre sainte. Paris : librairie universelle, 1846. 22 cm.

Henry Gaultier. Gloires de Lourdes : N.-D. de Lourdes chez elle. Paris : Vic et Amat, 1913. 19 cm

Henri Lasserre. Notre-Dame de Lourdes. Paris : V. Palmé, 1872. 18 cm. (ci-contre)

Jean Bertier ; Perrin. Pèlerinage de N.-D. de La Salette, ou guide du pèlerin sur la sainte montagne. Corps (Isère) : chez les pères missionnaires, 1888. 16 x 23 cm.

Félix Bonfils. Souvenirs d’Orient : album pittoresque de la Terre sainte. Alais [Alès] : chez l’auteur, 1877. 29 x 52 cm. (pages 12 et 13)

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5 - Le pape et la France L’histoire des papes, publiée en 1653 sous le gouvernement de Mazarin, est dédiée au cardinal de Retz. Les troubles de la Fronde terminés, le coadjuteur, en prison à Vincennes, devient archevêque de Paris sans retrouver les faveurs de la Cour, malgré le soutien d’Innocent X. Au XVIIe siècle, le pouvoir spirituel des papes donne lieu à des débats. L’Église française - gallicane revendique ses libertés. Quand, cette même année 1653, le pape condamne cinq propositions de Jansénius, il n’est pas suivi par tous les évêques de France. Ce n’est qu’au XIXe siècle que l’épiscopat français se range unanimement derrière Rome. Le Concordat, signé en 1801 par Pie VII et Bonaparte, est une étape de la normalisation des rapports entre le Saint-Siège et la France. Après la Révolution, il organise la restauration de l’Église de France. Les prêtres sont payés par l’État, les évêques nommés par le gouvernement, en accord avec le nonce. Les évêchés coïncident avec les départements. L’archevêché de Narbonne étant supprimé, Montpellier est rattaché à Toulouse. Ce concordat régit les rapports de l’État et de l’Église jusqu’à la loi de séparation de 1905. Les conflits ne disparaissent pas pour autant. Pie VII, d’abord favorable à la France, réagit à l’annexion des états pontificaux en 1809, en excommuniant l’empereur. En retour, celui-ci le fait emprisonner à Savone, puis à Fontainebleau, qu’il ne quittera qu’à la chute de l’Empire en 1814. Déjà au XIVe siècle, un pape passe en France la plus grande partie de son pontificat. Urbain V (Guillaume Grimoard), né en Lozère en 1309 ou 1310, a fait ses études à Montpellier, où il est devenu docteur en droit canon. Elu pape en 1362, sans être ni évêque, ni cardinal, il n’a de cesse de ramener le Saint-Siège d’Avignon à Rome ; avant son départ pour la cité éternelle, il veut une dernière fois revoir Montpellier. Il y séjourne deux mois, le temps de consacrer la future cathédrale Saint-Pierre (14 février 1367) dont il regrette le manque d’ambition : « J’avais mandé de construire une église et vous n’avez fait qu’une chapelle ». Son séjour à Rome est si mouvementé qu’il revient mourir en Avignon en 1370. C’est son successeur, Grégoire XI, qui rétablira la papauté à Rome en 1377.

Giovanni-Battista Caprara. Concordat et recueil des bulles et brefs de N. S. P. le pape Pie VII. Paris : Lamy, 1802. 22 cm.

André et François Du Chesne. Histoire des papes et souverains chefs de l’Église. Paris : J. Roger, 1653. 2 vol. in-folio. (page de gauche et ci-contre)

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6 - La litanie des saints La vénération et l’invocation des saints tiennent une place importante dans la vie des croyants. A l’origine de la chrétienté, la sainteté est attribuée aux martyrs qui deviennent des « modèles » et des « témoins de Dieu ». Au cours des siècles, de nombreuses biographies, souvent hagiographiques, seront proposées aux fidèles. Vers le milieu du IVe siècle apparaissent les premières vies de saints, reprises notamment au XIIIe siècle par Jacques de Voragine dans la Légende dorée qui va connaître un grand succès. Au XIIe siècle, le pape Alexandre III codifie les procédures de béatification et de canonisation. Saint François d’Assise (1182-1226) deviendra de son vivant un personnage de légende et son iconographie sera tout de suite très riche. Paul Milet retrace la vie de ce saint très populaire qui fonde l’ordre des Frères mineurs. Il poverello est canonisé dès 1228 par le pape Grégoire IX. Né à Montpellier au XIVe siècle, saint Roch mènera une vie de pèlerin. Il soignera les malades atteints de la peste et la contractera. Son culte se répandra essentiellement à partir du XVe siècle. Invoqué pour la protection des pestiférés, il est représenté en compagnie de son chien. Béatifiée en 1909, Jeanne d’Arc (1412-1431) sera canonisée en 1920. Un manuscrit inédit, écrit en occitan par Jean Laurès, Jano d’Arc : pouèmo en trés butados (1879), est présenté ici. Dans la préface, Alphonse Roque-Ferrier propose l’édification d’une statue de Jeanne d’Arc, à Montpellier, sur la place d’Aviler (entre le Peyrou et le Jardin des Plantes). Finalement, la statue sera érigée boulevard Pasteur en 1918. Bien avant d’être l’homme de l’amendement portant création de la IIIe République, Henri Wallon est celui d’une biographie, celle de Jeanne d’Arc, parue en 1860. Sa diffusion, autant que son impact, fut considérable. Le but de l’auteur est de concilier deux conceptions de Jeanne d’Arc : celle du panthéon républicain et celle des serviteurs de l’Église. Jeanne d’Arc va inspirer au fil du temps de nombreuses œuvres littéraires, musicales et cinématographiques.

Henri Wallon. Jeanne d’Arc. Paris : Firmin-Didot, 1876. 29 cm. (page de gauche)

Jean Laurès. Jano d’Arc : pouèmo en trés butados [Manuscrit]. Avec une lettre-préface d’Alphonse RoqueFerrier. 1879. 22 cm.

Paul Milet. Saint François d’Assise. Paris : Bonne Presse, 1926. 18 cm.

Vies des saints illustrées. Paris : Bonne Presse, fin XIXe-début XXe. 4 vol. ; 27 cm. (ci-contre)

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7 - Une piété aimable L’Imitation de Jésus-Christ (1424) est lue par tous les fidèles et sans cesse rééditée. La vignette de Josse Bade, reprise ici par son gendre Roigny, représente un atelier d’imprimerie, écho en quelque sorte de cette immense diffusion. La censure de l’Office de l’Eglise et de la Vierge n’empêche pas son succès. C’est que la traduction est agréable et rompt avec les précédentes « aussi obscures que le latin même ». Elle est de Lemaistre de Sacy et les illustrations sont de Jean Morin, un élève de Philippe de Champaigne. Tous sont proches de Port-Royal. Le Messel romain traduit en françois est l’œuvre de Joseph de Voisin, aumônier du prince de Conti qui, après avoir été le protecteur de Molière à Pézenas, est devenu dévot. Dédié à la princesse de Conti, illustré par Claudine Bouzonnet-Stella, il contient les prières propres à toutes les messes de l’année liturgique. A la fin du XIXe siècle, toute polémique oubliée, les quatre volumes du Paroissien de Rouen, dans leur écrin cadeau, peuvent sans problème être offerts à tous et à toutes. Le Bréviaire de Paris (1736) est un autre exemple de cet esprit de conciliation. Nommé archevêque de Paris, pour éradiquer le jansénisme favorisé par son prédécesseur, Mgr de Vintimille Du Luc en confie paradoxalement la rédaction à trois jansénistes déclarés. Mais, pour contrebalancer la rigueur du texte, il charge François Boucher de l’illustrer. Perçu d’emblée comme un chef-d’œuvre d’équilibre, ce bréviaire est repris dans de nombreux diocèses. Le livre des Devoirs des prêtres, destiné aux séminaristes, définit avec la même sagesse les trois vertus principales du prêtre : « piété, science et prudence ». La sévérité du propos est un peu atténuée par la tranche rose et verte du livre. Pour le Caeremoniale episcoporum destiné à régler les cérémonies épiscopales, le latin est de mise, mais la solennité de cette liturgie est adoucie par l’élégance du volume, la richesse de la reliure, l’illustration et les belles lettrines à fleurs : « Dieu ne défend pas les routes fleuries quand elles servent à venir à lui » écrit Chateaubriand dans son Génie du Christianisme en 1802.

Joseph de Voisin. Messel (sic) romain, selon le règlement du concile de Trente. Paris : F. Léonard, 1668. 6 vol. ; in-12°.

L’office de l’Eglise en latin et en françois (sic). Paris : P. Le Petit, 1700. In-8°.

Paroissien romain… à l’usage du diocèse de Rouen. Tours : A. Mame et fils, 1904. 4 vol. dans un coffret ; 12 cm.

[Bréviaire]. Breviarium parisiense. Paris : libraires associés pour les usages du diocèse, 1736. 4 vol. ; in-4°.

Devoirs des prêtres par rapport à l’administration des sacrements. Lyon et Paris : Périsse frères, 1844. 20 cm.

[Cérémonial]. Caeremoniale episcoporum. Rome : société typographique, 1600. In-folio. (page de gauche)

Thomas a Kempis. Opera [De imitatione Christi]. Paris : J. Roigny, 1549. In-folio. (ci-contre)

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8 - Dogmes et controverses Le XVIIIe siècle hérite des querelles théologiques du Grand Siècle. La plus dramatique oppose catholiques et protestants. Dans les années 1680, Bossuet tente encore de ramener les réformés dans le giron de l’Église. Exilé à Rotterdam, le pasteur Pierre Jurieu tente par son Préservatif contre le changement de religion d’affermir dans leur foi ses coreligionnaires restés en France. D’Uzès, citadelle réformée, un chanoine entreprend de le réfuter. Son Inutilité du préservatif contre le changement de religion ne sera jamais imprimé : en 1685, Louis XIV choisit la manière forte et révoque l’Edit de Nantes. Les dragons remplacent les missionnaires. Alors que le jansénisme du XVIIIe siècle s’est éloigné de la pure philosophie de Pascal, pour participer aux débats de la société : liberté gallicane, révolte des Parlements et contestation politique, certains écrivains jansénistes sombrent, eux, dans la vaine polémique. C’est le cas de l’abbé Margon, un Lodévois qui, d’abord aux côtés des jésuites, change tout à coup d’opinion et devient leur farouche adversaire. Sa Réponse au P. Tournemire sur son extrait d’un livre intitulé : le Jansénisme démasqué est un pamphlet contre ses anciens amis. Au cimetière parisien de Saint-Médard, les miracles attribués au diacre Paris, mort en 1727, dégénèrent en spectacles sado-masochistes ou grand-guignolesques. Catherine Turpin a vu sa croissance arrêtée par la maladie. Elle est difforme. Sur le tombeau du diacre, elle se fait bastonner à la volée. Après six mois de ce traitement, elle a grandi de vingt centimètres. Certains se scandalisent et dénoncent une imposture, mais nombreux sont ceux qui croient au miracle. C’est au XVIIIe siècle que naît et se diffuse la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. De 1673 à 1675, Marguerite-Marie Alacoque, religieuse à Paray-le-Monial en Bourgogne, voit à trois reprises le cœur de Jésus brûlant de flammes. Cette nouvelle piété est d’abord vivement combattue, et les jésuites eux-mêmes sont obligés de la condamner. En 1726, le futur directeur de l’Académie de France à Rome, le Nîmois Charles Natoire en dessine les premiers emblèmes pour le livre de l’Aixois Joseph de Galliffet. C’est une dévotion d’avenir, puisqu’en 1899 Léon XIII consacre au Sacré-Coeur l’ensemble du genre humain.

Joseph de Galliffet. - De cultu sacrosancti cordis Dei ac Domini Nostri Jesu Christi. Rome : J.-M. Salvioni, 1726. In-4°. (ci-contre et pages 22 et 23)

Le Queux, avocat. Requeste présentée au Parlement pour Marguerite-Catherine Turpin, dont les os se sont reformés après l’âge de vingt-sept ans… Paris : P. N. Lottin, 1735. In-4°. (page de gauche)

Bernard Meynier. De l’exécution de l’Édit de Nantes. Pézenas : J. Martel, 1662. In-4°.

Guillaume Plantavit de La Pause, abbé de Margon. Réponse au P. Tournemire sur son extrait d’un livre intitulé : Le jansénisme démasqué [Manuscrit]. 1716. 18 cm.

Inutilité du préservatif contre le changement de religion [Manuscrit]. Uzès, ca 1684. 30 cm. 21





9 - Philosophie et polémiques, ou Dieu existe-t’-il ? La confiance dans la science et la raison pousse les hommes du XVIIIe siècle, et plus particulièrement les philosophes, à rejeter le surnaturel et les religions révélées, au profit d’une simple croyance en l’existence de Dieu. Pour s'élever contre la défiance de Hobbes envers l’humanité, le ministre anglican Richard Cumberland (1632-1718) compose De legibus naturae disquisitio philosophica ; il est possible de dégager des lois naturelles et universelles, parce que la nature humaine se retrouve toujours et partout la même. Cumberland prêche l’amour de Dieu et du prochain pour administrer la société. Le Traité philosophique des loix (sic) naturelles sera une des lectures de Rousseau pour le grand ouvrage qu’il projetait, Institutions politiques. L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert est accusée « d’élever les fondements de l’irréligion et de l’incrédulité » (arrêt de 1752), car les philosophes fondent leur pensée sur des faits réels et avérés, et refusent le mystère de la Trinité et les dogmes. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) a le sentiment que Dieu existe, mais il n’accepte pas la révélation que Dieu fait de lui-même dans le Christ ; il rejette dans l’Évangile tout ce qui est contraire à son propre jugement. Le 9 septembre 1762, Émile est officiellement condamné et, au mois de novembre, est publiée la Censure de la Faculté de Théologie de Paris contre le livre qui a pour titre Émile ou de l'Éducation. Selon le rapport du syndic de la faculté, en s'élevant contre le culte public, Rousseau cherche à renverser « les temples » ; en traitant de faiblesse d'esprit la soumission raisonnable, il préfigure la ruine de la monarchie. En regardant chaque religion comme salvatrice, l'auteur de Émile incite ses lecteurs au relativisme religieux. Dans L’Évolution créatrice (1907), Henri Bergson (1859-1941) s’appuie sur une réalité ignorée jusque-là, l’expérience intérieure qui échappe aux sciences. Cette métaphysique empirique repose sur l’intuition, c’est à dire sur « la vision directe de l'esprit sur l'Esprit », qui est « conscience immédiate ». L’exemplaire présenté ici a été abondamment annoté et commenté, ce qui démontre une lecture attentive et l’influence de Bergson sur le catholicisme.

Denis Diderot et Jean Le Rond d’Alembert. Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Genève : J.-L. Pellet, 1777-1781. 36 vol. ; in-4°.

Richard Cumberland. Traité philosophique des loix (sic) naturelles. Amsterdam : P. Mortier et Paris : Huart, 1744. In-4°. (page de gauche)

Université de Paris. Faculté de théologie. Censure de la faculté de théologie de Paris du livre qui a pour titre, Emile ou De l’éducation [par J.-J. Rousseau]. Paris : C.-P. Berton, 1776. In-8°. (ci-contre)

Henri Bergson. L’évolution créatrice. Paris : F. Alcan, 1909. 23 cm.

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10 - Belles-lettres Pour lire la Bible dans le texte, il faut avoir appris les langues anciennes, dans le cadre de ses humanités : araméen, hébreu, grec et latin. Jean Mercier (1525 ?-1570), titulaire de la chaire d'hébreu au Collège de France, rédige ses commentaires sur l’Écriture sainte dans des langues sémitiques. Ce calviniste, chassé de France, épouse la belle-fille d’un martyr protestant, Jean Morel, frère de son imprimeur humaniste, Guillaume Morel, typographe du roi pour les lettres grecques. L’exemplaire présenté de Chaldaea interpretatio proverbiorum Salomonis… est couvert d’annotations manuscrites en latin. Le Révérend Père Brumoy (1686-1742) enseigne, avec le Théâtre des Grecs (1730), que la littérature française doit beaucoup aux lettres anciennes. Ce jésuite prend position, dans le Journal de Trévoux, en faveur des spectacles contre leurs détracteurs, les jansénistes des Nouvelles ecclésiastiques ; quand les « bons pères » font jouer la comédie à leurs élèves, ils n’ont pas de mots assez durs pour les en blâmer. La Divine Comédie de Dante Alighieri (1265-1321) est un voyage mystique au pays de la mort, commencé comme une descente d’Orphée dans l’abîme infernal, pour mieux accéder au paradis. L’auteur choisit délibérément de s’exprimer en italien. Il est traduit ici en français par Julien-Jacques Moutonnet-Clairfons (1740-1813). La littérature emblématique apparaît à la Renaissance. Le livre du père Augustin Chesneau (1615 - après 1669), Orpheus eucharisticus, sive Deus absconditus, s’en inspire pour proposer des méditations sur la présence de Dieu, cachée dans les merveilles de la nature. Ce traité théologique du saint sacrement est illustré de 100 vignettes gravées à l'eau-forte par Albert Flamen (1620-1674). Dédié à Louis XIV, alors âgé de huit ans, La Doctrine des mœurs (1646) constitue un cas à part dans la production de Gomberville (1600-1674), romancier à succès. Ce livre d’apparat use du pouvoir de séduction des images. A des fins pédagogiques, il récupère un trésor iconographique du XVIIe siècle flamand : Emblemata oratiana (1607) d'Otto Van Veen. L’éditeur et graveur Pierre Daret a fait compléter les gravures du maître de Rubens par des figures nouvelles, commandées à Eustache Le Sueur et Charles Errard.

Jean Mercier. Tabulae in grammaticen linguae chaldaeae, quae et syriaca dicitur. Paris : G. Morel, 1560. In-4°. (ci-contre)

Dante Alighieri. La divine comédie : l’enfer. Traduction par M. Moutonnet de Clairfons. Florence et Paris : Le Clerc ; Le Boucher, 1776. In-8°.

Pierre Brumoy. Le théâtre des Grecs. Paris : Rollin père ; Coignard et Rollin fils, 1730. 3 vol. ; in-4°.

Augustin Chesneau. Orpheus eucharisticus, sive Deus absconditus. Paris : F. Lambert, 1657. In-12°.

Marin Le Roy de Gomberville. La doctrine des mœurs tirée de la philosophie des stoïques. Paris : L. Sevestre, 1646. In-folio. (page de gauche)

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11 - Amitiés félibréennes Pour les jeux floraux de Montpellier, en 1878, Mgr de Cabrières invite Frédéric Mistral à l’évêché. Tous deux sont nés en 1830, à quelques kilomètres de distance. Ils se connaissent depuis 15 ans. L’un a créé le félibrige, l’autre en est devenu officiellement membre, dès le dépôt des statuts en 1877. Notre exemplaire de La Genèsi (1910) porte un envoi à l’évêque de soun devot felibre. Or, dévot, Mistral ne l’est certes pas. La traduction de la Bible, son dernier livre, est plus un acte littéraire que religieux. C’est parce que « la vie biblique et sa langue pastorale ressemble beaucoup à celle des bergers et gardians de Camargue » qu’il a eu « idèio e goust » de la traduire. Car malgré la transmission de la Bible en judéo-provençal par les Juifs du Comtat, il n’en existe aucune traduction en provençal moderne. C’est aussi certainement plus par amitié que par dévotion que le prix Nobel demande au cardinal d’entendre sa dernière confession en 1914. Mais il meurt avant sa venue. Sous la photographie du frontispice, Mistral a choisi de résumer l’épisode où Abraham chasse Agar, sa maîtresse, avec leur enfant. Il fait référence à un épisode de sa jeunesse, toujours présent à son esprit : à la mort de son père, lui-même a dû quitter le mas natal avec sa mère. François Dezeuze, dit l’Escoutaïre, a quarante ans de moins que Cabrières. De leur rencontre en 1910 naît une grande amitié : « Dix paroles, et il me sembla que nous nous étions toujours connus, et je fus certain de l’aimer toujours ». C’est un exemplaire du Saint Roch de l’Escoutaïre que Cabrières, devenu cardinal, choisit d’offrir à Pie X, à qui il commente quelques pages en occitan. En 1913, il préside une représentation du Doutou Purgamini, ou Guerit e pas countent par les séminaristes. Des notes sur l’exemplaire de La fenna muda e l’ome sourd prouvent que le fabuleux succès du théâtre de François Dezeuze se poursuivait dans les années 1950. La Langue d’Oc à l’école et dans les patronages est un programme qui ne laisse pas insensible l’évêque de Montpellier. La superbe édition de l’abbé Fabre, le grand écrivain occitan du XVIIIe siècle, illustrée par Edouard Marsal en 1878, est un autre témoignage de ce théâtre de l’absurde qui avait des racines profondes à Montpellier.

Frédéric Mistral. La Genèsi traducho en prouvençau. Paris : H. Champion, 1910. 23 cm. (page de gauche)

Marthe de Digoine du Palais. La langue d’oc à l’école et dans les patronages. Avignon : Aubanel, 1911. 24 cm.

Jean-Baptiste-Castor Fabre. Obras lengadoucianas, edicioun illustrada pèr Edouard Marsal. Montpellier : E. Marsal, 1878. 25 cm.

François Dezeuze, dit l’Escoutaïre. Moussu Coucoumella ; La fenna muda e l’ome sourd ; Lou juge de pas de Corconas ; Lou carnabal das nouvèls riches ; Lou doutou purgamini. Montpellier : F. Dezeuze, 1923-1925. 15 cm. (ci-contre)

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12 - L’archevêque de Narbonne, président-né des états du Languedoc Les états de Languedoc, établis au XIVe siècle et supprimés en 1790, rassemblent 23 représentants du clergé, 23 de la noblesse et 46 du tiers état. Présidés de droit par l’archevêque de Narbonne, ils sont chargés d’établir le montant de l’impôt royal, sa répartition et sa levée dans une province qui va de Toulouse au Rhône. D’abord itinérants (Pézenas, Toulouse, Nîmes…), ils se fixent à Montpellier au début du XVIIIe siècle. Chaque hiver, ils se réunissent dans la grande salle de l’hôtel de ville (actuelle place Jean-Jaurès) pour voter les grands travaux, soutenir l’agriculture, l’industrie et vérifier la gestion des villes. La bibliothèque du grand séminaire possède les manuscrits de plusieurs procès-verbaux des séances antérieures à la décision de les imprimer en 1776. Les derniers états du règne de Louis XV siègent du 4 novembre au 13 décembre 1773. La France est en crise et la commission déplore « le triste état des ouvriers… encore aggravé par le prix excessif de toutes les denrées. La multitude des mendiants est innombrable et les maladies meurtrières moissonnent tous les jours ces misérables ». Pour une année, certains impôts sont donc réduits d’un tiers. D’importants crédits sont affectés au canal du Midi, aux ports de Sète et d’Agde, à la route et au pont de Gignac, aux digues du Lez ou aux mines de charbon des Cévennes. A Montpellier, la place royale du Peyrou est encore en chantier : empierrement des sols, massif de rochers devant le Château d’eau, plantation d’arbres, installation des grilles. Un détail retient notre attention : « le paiement des peinture et impression faits par trois couches à l’huile pour la conservation des ornements de sculpture faits dans le pourtour de l’enceinte de la place (360 £ au sieur Fontane) ». Les sculptures en bas-reliefs des murs du Peyrou étaient donc peintes comme celles de l’Arc de triomphe. Soucieux de faire l’histoire de la province, les états entendent aussi l’écrire. C’est à leur initiative qu’est rédigée la monumentale Histoire générale de Languedoc par les bénédictins Vic et Vaissete. C’est à leur demande aussi que sont fixés, dans L’Armorial des états de Languedoc, les noms des rares personnages qui peuvent entrer aux états, parfois à tour de rôle ; on recense 239 blasons de familles, de communautés ou de fonctionnaires royaux.

Procès-verbal des séances des états de Languedoc pour l’année 1773 [Manuscrit]. Montpellier, 1773. 38 cm. (ci-dessus)

Denis-François Gastelier de La Tour. Armorial des états de Languedoc. Paris : P. Vincent, 1767. In-4°.

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(page de gauche)



13 - Histoires La bibliothèque du grand séminaire ne met pas seulement des livres sur l’histoire religieuse à la disposition des séminaristes ; elle propose également des ouvrages sur le monde profane et son évolution, depuis l’Antiquité jusqu’au début du XXe siècle. Le chevalier de Folard (1669-1752) a consacré sa vie au métier des armes, considéré comme un art savant et profond. Il commente ici l’Histoire générale de Polybe (1753), militaire et historien grec des guerres puniques (244-146 av. J.-C.). Une gravure de Matthys Pool met en scène la bataille de la Hache, ainsi appelée à cause de la configuration du lieu, où le général Hamilcar Barca noie la révolte des mercenaires dans un bain de sang. Sous le règne de François 1er, Charles de Grassaille (1495-1582) est l’un des premiers juristes à défendre la théorie de la monarchie absolue. Dans Regalium franciae libri duo (1538), le roi endosse le principe de la plenitudo potestatis : il ne reconnaît, ni en droit, ni en fait, aucun supérieur dans les choses temporelles, pas plus le souverain pontife que l’empereur. L’ouvrage exposé s’ouvre sur le sixième droit, qui consiste à pouvoir ordonner la réparation d’une église : une gravure sur bois représente un prince qui désigne aux moines des ouvriers restaurant un édifice religieux. Dans son ouvrage Discours sur les monuments publics (1775), l’abbé de Lubersac de Livron (17301804) répertorie les palais, cathédrales et ouvrages d’art érigés en France. Il présente un projet de monument à la gloire de Louis XVI qui vient d’être sacré. De par sa fonction de grand vicaire du cardinal de Rohan, Jean-François Georgel (1731-1813) est un des témoins privilégiés dans l’affaire du collier de la reine Marie-Antoinette. Dans ses Mémoires pour servir à l'histoire des événemens (sic) de la fin du dix-huitième siècle, une planche reproduit grandeur nature le fameux collier du joaillier Boehmer. Ces deux livres nous interpellent sur la splendeur et la décadence du règne de Louis XVI, et sur la désacralisation de la figure du souverain.

Polybe. Histoire, nouvellement traduite du grec par Dom Vincent Thuillier. Amsterdam : Chatelain et fils, 1753. 7 vol. in-4°.

Charles de Grassaille. Regalium franciae libri duo. Lyon : héritiers de S. Vincent, 1538. In-8°.

Jean-François Georgel. Mémoires pour servir à l’histoire des événemens (sic) de la fin du dix-huitième siècle. Paris : Eymery et Delaunay, 1817-1818. 6 vol. ; 21 cm. (page de gauche)

Charles-François de Lubersac de Livron. Discours sur les monumens (sic) publics… suivi d’une description de monument projeté à la gloire de Louis XVI. Paris : Imprimerie royale, 1775. In-folio. (ci-contre)

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14 - Découverte du monde La mission répond à l'injonction du Christ dans l'évangile selon saint Matthieu : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignezleur à observer tout ce que je vous ai prescrit. » (28, 19). Ainsi l’activité missionnaire prend son essor dès les premiers jours de l’Église. Avant l'époque des grandes découvertes, l'expansion du christianisme reste bloquée au sud et à l'est de la Méditerranée par un monde musulman en grande partie sous domination ottomane et imperméable à la diffusion du christianisme. Au début de la période moderne, l’attrait de l’Inde conduit les Européens à découvrir le Nouveau Monde et des espaces immenses à évangéliser. En Amérique latine et aux Philippines, les missionnaires espagnols et portugais, souvent jésuites, convertissent les populations à la foi catholique. Pour centraliser l’activité missionnaire, Grégoire XV crée en 1622 la Congrégation de la propagation de la foi. En 1658 naît à Paris la Société des missions étrangères, qui opère surtout en Asie et tout particulièrement en Chine. Du XVe au XIXe siècle, l’évangélisation s’effectue parallèlement à la colonisation, avant de devenir autonome au XXe siècle. Il n’est pas étonnant qu’une bibliothèque ecclésiastique propose aux séminaristes des livres de géographie et de la documentation sur les pays étrangers. Nous retrouvons ici : Histoires de Grèce et d’Italie du docteur Duponchel et Histoires de la Chine, du Japon… de l’orientaliste distingué Saurigny, édités tous deux par la Librairie universelle en 1846, dans la collection Le monde ou histoire de tous les peuples. Ces deux ouvrages sont ornés de gravures sur acier, représentant les principaux sites, les monuments, ainsi que les costumes civils, militaires et religieux des peuples décrits. L’appropriation du monde se fait aussi par la lecture de cartes géographiques, dont le grand séminaire de Montpellier est riche. L’incontournable grand dictionnaire géographique, historique et critique en 6 volumes (1768) de Bruzen de La Martinière donne des informations sur les pays étrangers et sur la France. Un article sur Montpellier est particulièrement intéressant. Comme on peut le voir, le christianisme n’incline pas au repli sur soi, mais participe à la découverte du monde.

Amédée-Augustin Duponchel. Histoires de Grèce et d’Italie. Paris : Librairie universelle, 1846. 22 cm.

Saurigny. Histoires de la Chine, du Japon, de la Perse, de l’Inde… Paris : Librairie universelle, 1846. 22 cm. (page de gauche)

Antoine-Augustin Bruzen de la Martinière. Le grand dictionnaire géographique, historique et critique. Paris : libraires associés, 1768. 6 vol. ; in-folio.

Adrien Launay. Atlas des missions de la Société des missions étrangères : 27 cartes en 5 couleurs accompagnées de 27 notices géographiques et historiques. Lille : imprimé par la Société de saint Augustin ; Desclée de Brouwer, 1890. 54 cm. (ci-contre)

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Images religieuses Au cours de l’histoire, les images religieuses ont été tolérées, interdites, détruites ou reconnues. Les religions ont toujours oscillé entre répression et exaltation. Le culte de l’image commence dès le IIIe siècle, avec l’ornementation des catacombes et des sarcophages, et se développe aux VIe et VIIe siècles. Dès la fin du VIIe siècle et durant le siècle suivant, les images sacrées vont être vivement contestées : c’est la querelle des iconoclastes. En 787, le concile de Nicée met fin au débat en autorisant les représentations religieuses, mais les différentes opinions vont continuer à s’opposer. Aux XVe et XVIe siècles, la Réforme, commencée par Luther en Allemagne et poursuivie par Calvin en Suisse et en France, va remettre en cause la vénération des images religieuses : leur culte est considéré comme hérétique. Convoqué par le pape Paul III en 1542, en réponse aux objections formulées par la Réforme, le concile de Trente a pour objectif de définir la doctrine et la discipline de l’Église catholique, apostolique et romaine. Dans une de ses sessions, il reconnaît l’usage des images religieuses. La Contre-réforme confirme cette pratique. Au XVIIe siècle, les jansénistes vont exprimer quelques réticences à l’égard de certaines représentations artistiques. Toutes ces polémiques n’ont jamais empêché l’engouement pour les images religieuses. Considérées comme de véritables supports de la vie spirituelle, elles ont contribué à répandre le message de l’Église à travers le monde. Affichées sur les murs des maisons, glissées dans les missels, voyageant avec les pèlerins, omniprésentes dans la peinture et la gravure, les images religieuses ont su traverser tous les siècles et s’adapter aux évolutions des styles et des sociétés.

Gravures de Boèce de Bolswerte, extraites de Via Vitae aeterna. Antoine Suquet. Anvers, 1620. 32 pl. ; in-8°

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Le grand séminaire de Montpellier en quelques dates Les grands séminaires sont des établissements catholiques qui assurent la formation des prêtres. Les petits séminaires, créés au XIXe siècle, correspondent aux collèges et lycées. Ils préparent l’accès au grand séminaire et forment aussi des élèves qui resteront laïcs.

1563 : le concile de Trente préconise la création d’un séminaire par diocèse. 1620 : le cardinal de Bérulle, fondateur de l’Oratoire, crée le séminaire parisien de Saint-Magloire.

Un déjeuner pris par le grand séminaire de Montpellier en plein air, devant la chapelle de la campagne de la Croix d’Argent, route de Toulouse. Actuellement Domaine de la Providence.

1641 : Jean-Jacques Olier ouvre le séminaire Saint-Sulpice à Paris. En France, la plupart des séminaires sont fondés après 1650.

1659 : Mgr François Bosquet fait appel aux lazaristes pour établir un séminaire à Montpellier, dans les murs du nouveau palais épiscopal, jouxtant la cathédrale.

1665 : appelés par Mgr Bosquet, les oratoriens prennent la direction du séminaire. Ils logent rue de la Vieille-Aiguillerie, dans l’Ile de la Salle-L’Évêque.

1690 : le séminaire s’installe près de l’église Sainte-Foy (actuellement la chapelle de la Confrérie des pénitents blancs) entre l’Esplanade et l’actuelle rue Jacques-Cœur.

1698 : réorganisé par Mgr Colbert de Croissy, le séminaire est placé sous la conduite du père Pouget, rédacteur du Catéchisme de Montpellier. Les postulants sont admis à 22 ans pour quatre années d’études et de probation.

1738-1739 : fermé provisoirement par ordre de Mgr de Charancy pour cause de jansénisme. 38


1763 : confié par lettre-patente à des prêtres séculiers, le séminaire reprend ses activités rue des Carmes (actuelle rue Montels, ancien centre Saint-Guilhem) en 1770. Les 50 élèves disposent d’une petite bibliothèque.

1790 : supprimé par décret, ses locaux et ses biens sont saisis et vendus comme biens nationaux. 1807 : le séminaire est rétabli dans l’ancien couvent des récollets, qui accueillera le service des archives départementales en 1910. Une riche bibliothèque est reconstituée. Des enseignements variés sont dispensés : liturgie, théologie dogmatique, morale, histoire de l’Eglise, histoire du diocèse, ascétique, Écriture sainte, théologie fondamentale, philosophie.

Groupe de séminaristes (1912-1913). Images extraites de “Mes souvenirs Janvier-Juin 1973” Chanoine J. Segondy.

1844 : la direction est confiée aux lazaristes. 1852 : construction d’un nouveau bâtiment pour la bibliothèque. 1905 : séparation des Églises et de l’État. 1907 : Pour une saison, le séminaire s’installe à Palavas-les-Flots, rive gauche, au Grand Hôtel prêté par Frédéric Fabrège, puis les sœurs de l’Assomption l’accueillent, rue du Carré-du-Roi.

1909 : l’évêché ayant racheté les lieux, le séminaire se réinstalle, rue des Carmes. Progressivement, la bibliothèque est séparée en deux parties : moderne et ancienne.

1972 : fermeture du séminaire. Les séminaires diocésains sont regroupés en séminaires interdiocésains. 1999-2008 : dépôt d’une grande partie de la bibliothèque à la médiathèque centrale d’agglomération de Montpellier.

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Glossaire Pendant les trois premiers siècles de la chrétienté, le seul livre sacré était la

Bible.

Antienne : du latin antiphona « qui répond à ». A l’origine, le chant antiphoné est exécuté à deux chœurs, qui se répondent l’un à l’autre alternativement et fusionnent parfois ; c’était la pratique des chœurs dans les tragédies grecques. L’antienne est l’ancêtre du refrain.

Antiphonaire : livre de chœur contenant le texte et la notation musicale des antiennes, psaumes, hymnes, versets de l’office de jour. Les antiennes de l’office de nuit sont dans le responsorial.

Bréviaire : du latin brevarium « résumé ». Livre abrégé de l’office divin, renfermant les prières de chaque jour et de toutes les heures. A partir de l’an mille, il réunit des livres précédemment distincts, comme le psautier, l’homéliaire, l’antiphonaire, le responsorial et le sermonnaire. Calendrier : calo, en latin, et kaléô, en grec, signifient « appeler », « convoquer ». Le calendrier est donc le livre des échéances, mais aussi la liste des jours où l’on est convoqué pour rendre des comptes, le comput de l’année. Le calendrier liturgique est la liste annuelle des diverses convocations de l’assemblée chrétienne, réunie par Dieu et pour Dieu, en vue de célébrer l’Alliance.

Catéchisme : exposé officiel des articles de la foi ou vade-mecum théologique à l’usage des nouveaux convertis. Parmi les plus connus : le catéchisme romain, à destination du clergé, issu du concile de Trente (1556), celui de Bellarmin, traduit en français par saint François de Sales (1601), celui de Bossuet, et plus récemment, le catéchisme promulgué par le Vatican (1992). Les catéchismes diocésains sont publiés pour un diocèse particulier par l’évêque du lieu qui en recommande ou en ordonne l’usage. Commandé par Mgr Colbert au père Pouget, le catéchisme de Montpellier (1702) fut adopté dans de nombreux diocèses de France et constamment réédité tout au long du XVIIIe siècle.

Cérémonial : coutumier réglant la liturgie des cérémonies ecclésiastiques. Concile de Trente : XIXe concile œcuménique convoqué par le pape Paul III, à la demande de Charles Quint, pour contrer le développement de la réforme protestante. Il s'est tenu à trois reprises (1545-1549,1551-1552,1562-1563). Il devait permettre à l'Église de revoir sa doctrine et de rassembler à nouveau les chrétiens. S'il eut effectivement le mérite d'abolir un certain nombre d’abus dans l'Église catholique et de réviser ses institutions, il aboutit finalement à la séparation définitive des deux religions. Evangile : du grec eu-aggélion « bonne nouvelle ». Ce mot résume la bonne nouvelle du salut annoncé et opéré par Jésus-Christ. Il désigne ensuite les quatre récits de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus, qui constituent le sommet de toute l’Écriture sainte. Evangéliaire : livre utilisé pour la proclamation ou le chant des évangiles à la messe, pour chaque jour de l’année liturgique.

Graduel : du latin gradus « marche », « degré ». Les psaumes “graduels” étaient ces « psaumes des montées » que les Israélites chantaient en montant les degrés du Temple, quand ils arrivaient en pèlerinage à Jérusalem (Ps. 119 à 133). Livre de chants grégoriens utilisé à la messe. Heures : recueil de dévotion privée à l’usage des laïcs, renfermant les prières de l’office divin. Il comprend huit parties ou heures, d’inégales longueurs : matines, laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres, complies. On appelle “petites heures” celles de prime, tierce, sexte, none et complies ; “grandes heures” celles de matines, laudes et vêpres ; “heures diurnes” toutes les heures, sauf matines.

Hymnaire : les hymnes se distinguent des psaumes et des cantiques scripturaires. Poèmes en vers distribués en strophes, habituellement placés au début des Heures de l’office divin.

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Lectionnaire : ensemble des lectures pour telles ou telles cérémonies. Pour la messe, on distingue le lectionnaire dominical et le lectionnaire de la semaine. Litanie : prière liturgique où toutes les invocations sont suivies d’une formule brève récitée ou chantée.

Martyrologe : calendrier où sont inscrits les noms des martyrs et des saints à célébrer chaque jour de l’année.

Missel : livre des prières et lectures nécessaires à la célébration de la messe pour l’année entière, avec l’indication des rites et des cérémonies ecclésiastiques. Il en existe deux modèles : le missel d'autel, à l'usage du célébrant, et le missel paroissien, à l’intention des fidèles. Le missel paroissien a probablement été « abrégé » en paroissien. Office divin ou liturgie des heures : ensemble des prières de l’Église réparties aux heures de la journée.

Ordo : calendrier des diverses parties de l’année liturgique de l’Église universelle et d’une Église ou d’un ordre particulier. Pontifical : livre liturgique rassemblant les rituels des fonctions réservées habituellement aux pontifes, c’est-à-dire aux évêques : le rituel des ordinations épiscopales, presbytérales et diaconales ; le rituel de la confirmation, de la bénédiction abbatiale, de la consécration des vierges, de la dédicace des églises et des autels, de l’institution des lecteurs, de l’admission parmi les candidats au diaconat et au presbytérat, et de la promesse de célibat. Ce sont les principales parties du pontifical romain, telles qu’elles ont été restaurées sous l’impulsion de Vatican II (1962-1965).

Processionnal : livre liturgique contenant les pièces de chants à exécuter pendant les processions, essentiellement des répons, des antiennes et des hymnes.

Propre des saints ou sanctoral : ensemble des liturgies célébrées par une Église, à l’occasion des fêtes des saints, qu’ils soient communs à la chrétienté ou propres à un diocèse. Psautier : recueil des poèmes religieux chantés, accompagnés d’un instrument à cordes. Le rosaire est appelé « le psautier des pauvres », parce qu’il contient autant de grains que le roi David a composé de psaumes (150). Répons : du latin responsorium « chant avec réponse ». Le répons est un chant liturgique qui suppose une certaine alternance entre un soliste et le chœur. Responsorial : livre liturgique de chants grégoriens, contenant les répons notés de l’office de nuit, ainsi que les antiennes des nocturnes et le texte noté de l’invitatoire.

Sacramentaire : du latin sacramentarium « livre liturgique pour l’administration des sacrements ». Dans les premiers temps de la liturgie chrétienne, le sacramentaire était le livre du prêtre dans la célébration de la messe : il contenait oraisons, préfaces et canons. Sermonnaire : recueil des sermons des Pères de l’Eglise ou de grands évêques, qui servent de canevas aux prêtres pour rédiger leurs homélies. Vespéral : livre contenant les prières et les offices du soir.

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Quelques symboles chrétiens L’agneau est le symbole du Christ, appelé Agnus Dei (Jean, 1. 29). Immolé pour le salut des hommes, il prend ainsi la place d’un agneau sur l’autel qu’est sa croix. L’agneau pascal, auréolé, tient la bannière du Christ au bout d’une croix.

Un ange tenant un pentagramme, pointe en bas, dans chaque main, et portant une équerre sur les épaules. A ses pieds, l’agneau et la palme du martyre. Le pentagramme est l’étoile des mages, le signe que le Verbe s’est fait chair. Pointe inversée, l’étoile exprime la dualité humaine. Léonard de Vinci a représenté l'homme comme un pentagramme, symbole pythagoricien de perfection et de beauté. Emblème franc-maçon, l’équerre représente la rectitude morale. Si le compas est associé au spirituel, l’équerre correspond au matériel. Portée sur les épaules comme un chevron, elle renvoie à la croix du Christ. La palme est attribuée aux martyrs, triomphant de la mort. L’association de ces symboles évoque Jésus-Christ.

Le calice est la coupe qui, lors du sacrifice eucharistique de la messe, reçoit le vin devenu le sang du Christ, dès lors qu’il est consacré. Il doit n’être affecté qu’à un usage liturgique. Calice et ciboire deviennent des vases sacrés par la bénédiction d’un évêque. Un ciboire rayonnant, d’où s’élève une hostie, est une image de l’incarnation et de la passion salvatrice de Jésus-Christ.

Le chérubin est un ange représenté sous la forme d’un visage enfantin encadré de deux ailes.

Un cœur transpercé de trois clous, entouré d’une couronne d’épines, évoque la Vierge Marie qui fait sienne la passion du Christ.

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La colombe est le symbole du Saint-Esprit. Elle descend du ciel lors du baptême du Christ pour signifier qu’il est l’élu de Dieu (Jean, 1.32-34). Elle évoque aussi la paix quand elle tient dans son bec un rameau d’olivier.

La gloire est un ornement imitant un halo lumineux. Quand elle entoure la tête, on l’appelle nimbe, quand elle environne le corps, on la nomme auréole ou mandorle. L’auréole ne convient qu’à Dieu et aux saints.

Un œil dans un triangle équilatéral, auréolé de lumière, figure la Sainte Trinité. Dans l’iconographie maçonnique, l’œil qui voit tout représente le Grand Architecte de l’univers.

L’hostie désigne la victime sacrificielle, qui doit être frappée et immolée, avant d’être présentée à Dieu. Son fils incarné s’est livré en « hostie ». C’est la victime eucharistique, telle qu’elle apparaît sur l’autel, sous les espèces du pain et du vin : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » (Jean, 6.54).

Avec le judaïsme et l’islam, le christianisme est l’une des trois religions du

livre. Le Christ Pantocrator tient dans sa main gauche le livre ouvert de la parole divine (le Logos). On y lit parfois les lettres alpha et oméga.

Le pélican, qui ouvre son flanc pour nourrir ses petits, symbolise la crucifixion, mais aussi le Christ qui, lors du dernier repas avec ses disciples, dit : « Prenez et buvez en tous, car ceci est mon sang, versé pour vous ». Au-dessus du pélican, un phylactère porte ces mots : « Sic his quos diligo » (ainsi j’agis pour ceux que j’aime).

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L’angoisse de la mort a inspiré aux religions des images chargées d’espoir, tel le phénix, oiseau mythique supposé renaître de ses cendres. Il est un symbole de la résurrection du Christ.

La marque typographique de Robert Estienne est un olivier enté, dont plusieurs branches rompues tombent ; un vieillard en désigne la cime et profère la devise empruntée à St Paul (Rom 11.17-21) « noli altum sapere, sed time » (garde toi de l’orgueil, mais crains). « Mais si quelques-unes des branches ont été coupées, et si toi, qui n’étais qu’un olivier sauvage, tu as été greffé à leur place, participant à la racine et à la sève, ne va pas faire le fier aux dépens des branches. Si tu te glorifies, sache que ce n’est pas toi qui portes la racine, mais que c’est la racine qui te porte. Tu diras sans doute : ces branches ont été retranchées, afin que je sois enté. Fort bien ; elles ont été coupées à cause de leur incrédulité, et toi, tu subsistes par la foi. Garde-toi de l’orgueil, crains plutôt. Car si Dieu n’a pas épargné les branches naturelles, il ne t’épargnera pas non plus. ».

Christogrammes L'alpha et l'oméga Ces deux lettres de l'alphabet grec se réfèrent à l'Apocalypse de saint Jean. Elles signifient que le Christ est à l’origine et à la fin de toute chose. Autrement dit, elles traduisent l’incarnation et l'éternité du Seigneur.

IXTYS = ICHTHUS Le mot grec « IXTYS » se traduit par « poisson ». Dans les premiers siècles du christianisme, ce symbole est utilisé par les chrétiens pour se reconnaître entre eux. Chaque lettre du mot renvoie à Jésus : « Ièsous Christos Théou Uios Sôtêr » (Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur).

IHS On trouve ce monogramme sur les ornements liturgiques. C’est l’acronyme de l’expression latine « Iesus Hominum Salvator » (Jésus, sauveur de l’humanité) et de la prophétie « In Hoc Signo Vinces » (Sous ce signe tu vaincras) annoncée à l’empereur romain Constantin, victorieux au Pont Milvius, en mettant son armée sous l'emblème de la croix. Chez les jésuites, IHS signifie : « Iesu Humilis Societas » (l’humble société de Jésus) ou : « Iesum Habemus Socium » (nous avons Jésus pour compagnon). Le strois clous de la Passion sont associés au sceau de la compagnie. Ils sont considérés comme l’expression de trois vœux : pauvreté, chasteté et obéissance.

Le chrisme = XP Le premier monogramme pour désigner Jésus ne s'est pas inspiré de son nom, mais de son titre de majesté « Christos » (l’oint du Seigneur), abrégé en XP, les lettres khi (X) et rhô (P) de l’alphabet grec. Le chrisme est souvent inscrit dans un cercle, signe géométrique de la perfection divine.

INRI Abréviation de l’inscription latine « Iesus nazarenus, rex Iudaeorum » (Jésus de Nazareth, roi des Juifs) de l’écriteau, cloué sur la croix sur ordre de Pilate, comme motif de la condamnation de Jésus (Jean, 19.19-20).

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Informations pratiques Exposition ouverte du jeudi 15 octobre au mercredi 30 décembre 2009 Mardi : de 12h à 19h00 Mercredi : de 10h à 19h00 Jeudi : de 12h à 21h Vendredi : de 12h à 19h00 Samedi : de 10h à 18h30 Dimanche : de 14h30 à 18h00 (Fermeture les 31 octobre, 1er et 11 novembre, 25, 26 et 27 décembre 2009)

Entrée libre

(accessibilité complète aux handicapés)

Visites guidées Mercredi : Jeudi : Vendredi : Samedi :

(durée 1 heure)

14h 18h 14h (sauf le 25 décembre 2009) 14h (24 octobre, 28 novembre et 12 décembre 2009)

Visite de groupe sur rendez-vous (Tél. 04 67 34 87 00)

Organisation

Avec la collaboration de : Guy Barral, Elisabeth Prost, Jean-Marc Salagé, Catherine Sévérac Communication : Annie Coutaud, Coralie Triguéros Photographies : Frédéric Jaulmes Scénographie et graphisme : Hervé Mangani Mise en lumière : Christophe Guibert Les entreprises : Postercolor, Pôle Sud

Médiathèque centrale d’Agglomération Emile Zola 218 boulevard de l’Aéroport International 34000 Montpellier Tél. 04 67 34 87 00 Tramway : lignes 1 et 2 (place de l’Europe) Parking Europa

www.montpellier-agglo.com/mediatheques

Création Hervé Mangani 2009 - Imprimé par JF Impression, Montpellier en octobre 2009.

Commissariat Gilles Gudin de Vallerin, Directeur du réseau des médiathèques de Montpellier Agglomération, Conservateur général


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