Friture n°5

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MIDI-PYRÉNÉES

www.friture.net

MÉDIA RÉGIONAL DES POSSIBLES

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*Entreprise Valorisant les Energies Renouvelables


Sommaire

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AV eaVcX]Z YZ NVcc CdgbVcY 05

AŸ‚Y^id

› Libre à vous

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GZcXdcigZh 8jaijgZ

› Lieux insolites, de caractère et de culture pour flâner, ĂŠchanger, boire un coup‌

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BVgX]‚h

› Histoire de dÊguster les produits locaux

juin › septembre 2008

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:cigZi^Zc

› Avec Franck Michel  Le tourisme, un sens interdit ? 

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=‚WZg\ZbZci

› Camping alternatif, auberge, bio-gÎte‌

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Edgi[da^d

› Éoliennes de Patrice ThÊbault Vous ne les verrez plus d’un même œil

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>i^c‚gV^gZh

› Balade urbaine, les Êtapes de l’Altertour, randonnÊe‌

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Egd\gVbbVi^dc

› Une petite sÊlection de festivals et de dates à ne pas rater

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CdjkZaaZh

›  Dans les cailloux  de Laurent Roustan ›  Correspondance rêvÊe d’un ÊtÊ 2048  de Philippe Gagnebet

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La planche de Yann Normand

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L’édito

A WgZ | kdjh Ce numéro est une boussole sur les chemins de traverse de Midi-Pyrénées. Loin d’être un guide, il égraine des repères pour mieux se perdre, découvrir, rencontrer l’autre, partager des moments, des valeurs aussi ou simplement prendre le temps et profiter de la vie. Peu de choses suffisent. Le décor est planté, une région belle et variée. Sur cette terre, des hommes et des femmes créent, jouent, cuisinent, accueillent, construisent, aménagent, inventent, organisent. Leurs métiers et leurs passions, ils nous les offrent pour rire, danser, manger, réfléchir, agir, se retrouver, voyager, nous surprendre, nous suspendre. Ces hommes et ces femmes sont une étincelle. Encore faut-il être prêt pour s’embraser, comme l’explique Franck Michel (lire p. 6), « en redécouvrant l’imprévu, l’inconnu et l’indomptable ». Au bout, il y a la liberté. Sur sa route, vous pouvez vous perdre dans Les jardins des Sortilèges (p.10), fêter les 15 ans d’expérimentations sociales et culturelles de la Chapelle (p.11) ou les 19 ans d’Art’Cade, la seule salle de musiques actuelles d’Ariège (p.12). En empruntant ces chemins de traverse, difficile de résister aux charmes de l’auberge des Traouquès (p.20), à l’âme du camping du Maquis (p.18) ou

Sur

au cocon de la Maurague (p.19). Libre à vous de suivre l’itinéraire festif et épicé de Viva Convivencia (p.23), de danser sur la « Terre de couleurs » (p.25), de plonger « Vers une Humanité drôlement équitable » (p. 21) ou de pédaler pour l’Altertour (p.8). Ces initiatives et tant d’autres encore, aussi variées soient-elles, ont en commun ce petit quelque chose. Cette énergie de croire en un autre monde et de le construire. À chacun de nous d’y participer et d’apprendre à : Jouir de n’être rien Seulement nous, Chez vous Humer le temps Installer dans l’attente À caresser une vie, la vôtre, À partager ce que nous sommes Vivre ce que vous êtes Loin d’ici Et de là L’ailleurs est au coin de notre porte. Ouvrons-là. Emmanuel Scheffer

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› Retrouvez toute l’actualité des alternatives en Midi-Pyrénées › Tenez-vous informés des manifestations régionales et du local de Friture grâce à nos agendas › Repérez d’un coup d’œil les diffuseurs du magazine et les lieux alternatifs régionaux

› Directeur de publication et responsable diffusion : Cédric Fleutiaux (cedric@friture.net) › Rédacteur en chef : Emmanuel Scheffer (redaction@friture.net) › Secrétaire de rédaction : Nathalie Piquet › Ont participé à ce numéro : Philippe Gagnebet, Bruno Vincens, Fatima Guevara, Christophe Abramovsky, Emilie Delpeyrat, Xavier Méric, Laurent Roustan, Stéphanie Amiot, Irène Barja, Cédric Fleutiaux, Florian Vair Piova › Illustrations : Yann Normand › Photographies : Patrice Massacret, Christophe Abramosky, MaPy Scheffer, Hervé Dangla, Florian Vair Piova, Marie-Pierre Buttigieg, Titi Costes, Xavier Méric › Mise en page et iconographie : Tim Bastian et Carine Bigot (atelier kunstart) › Publicité : Eloïse Dougère (publicite@friture.net) › Responsable communication-abonnements : Maÿlis d’Aboville (maylis@friture.net) › Imprimerie : imprimerie 34 › Tirage : 2500 exemplaires › Distribution : liste des points de vente sur www.friture.net › Edition web : Nathalie Piquet est imprimé sur du papier recyclé. est édité par l’association 2bouts. › Bureau de l’association : Cédric Fleutiaux (président), Florian Vair Piova (secrétaire) › Conseil d’administration : Didier Labertrandie, Marie-Pierre Buttigieg, Philippe Gagnebet, Elodie Touret, Hélène Duffau, Christophe Abramovsky, Marie Chèvre, Djamila Benzidane, MaPi Scheffer, Emmanuel Scheffer, Yann Normand. Association 2bouts : 22 place du Salin – 31000 Toulouse 09 · 54 · 62 · 04 · 01 - contact@friture.net N°ISSN : 1951-1558 Dépôt légal : à parution Commission paritaire : en cours Photo couverture : Tim Bastian

juin › septembre 2008

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Entretien

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KdnV\Zjg ^X^! idjg^hiZ a|"WVh# EVgi^g edjg hZ Y Xdjkg^g! bV^h XdbbZci 4 9Vch cdigZ hdX^ i YZ k^iZhhZ! aZ idjg^hbZ! egdYj^i YZ XdchdbbVi^dc! V"i"^a ZcXdgZ jc hZch 4 AZ idjg^hbZ Zi aZ kdnV\Z edhZci fjZhi^dc# Kd^X^ fjZafjZh a bZcih YZ g edchZ YZ ;gVcX` B^X]Za Friture : Comment selon vous va évoluer le voyage ? Franck Michel : Aujourd’hui, il est nécessaire de retrouver du sens. Avec la soi-disant démocratisation du tourisme et cette volonté de consommer le voyage comme on consomme des tomates, le tourisme devient problématique. Pour rechercher du sens dans le voyage, il faut chercher dans l’esprit de Nicolas Bouvier ou des gens de la même trempe pourquoi on voyage. D’une certaine manière, voyager c’est se dépouiller. C’est revenir aux fondamentaux que sont l’humilité, la rencontre, le respect, la tolérance, tout ce que l’on a tendance à oublier dans nos sociétés de vitesse. F. : Le voyageur n’est pas obligé de partir loin pour faire des voyages qui ont du sens et qui remplissent. F.M. : Bien sûr, voyager localement est un complément au tourisme lent, qui est à la mode. Préférer la marche à pied à l’avion, la bicyclette à l’automobile, c’est quand même dans l’air du temps. Le tourisme de proximité est très intéressant, comme redécouvrir la banlieue, sa petite ville ou ce qui se passe à 50 kilomètres de chez soi. Un autre aspect à relever est le voyage à domicile, c’est le tourisme virtuel. Aujourd’hui, on voyage de chez soi. Regardez tout ce que l’écran, petit ou grand, permet. F. : Donc, non aux voyages virtuels, lointains bouffeurs de kilomètres et de CO2, et oui aux découvertes locales, fraternelles et conviviales ! F.M. : Tout à fait, et d’une certaine manière ce qu’il faut faire c’est la peau au tourisme, en le disant gentiment, en essayant de retrouver le sens du voyage. Quand je dis

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tourisme, ce n’est pas seulement le tourisme de masse, c’est aussi toutes les niches dans lesquelles se love le tourisme qui sont des pis-aller. C’est bien évidemment mieux de faire du tourisme solidaire, équitable ou durable, mais on ne fait que panser une plaie dans la logique de mettre du sparadrap sur quelque chose qui ne marche pas bien, c’est-à-dire le tourisme comme vecteur de mondialisation. Les peuples du Sud et du Nord s’interrogent sur le bien-fondé de l’acte même de pratiquer le tourisme. C’est pour cela qu’il faut revenir à d’autres visions. Je ne dis pas qu’il faut arrêter de voyager, cela ne veut rien dire. Il n’y a rien de plus important que la découverte et rien de plus formateur que le voyage.

Il faut se méfier de cette vogue où tout le monde doit partir. Le pire sont ces voyages week-ends où l’on part très loin, comme à Marrakech parce que cela coûte moins cher que d’aller à la forêt de Fontainebleau. F. : Dans quelles dispositions faut-il se mettre pour sortir de la figure du touriste et être un voyageur en Midi-Pyrénées ou ailleurs ? F.M. : Il faut essayer de laisser tomber le côté organisation du voyage pour redécouvrir les vertus d’un voyage indépendant et retrouver une certaine autonomie en voyage. La liberté n’est pas facile mais tellement jouissive qu’il est intéressant de la conquérir. Notamment par le biais du voyage en redécouvrant l’imprévu, l’inconnu, l’indomptable et toutes ces choses que l’on ne peut pas vous voler. On ne peut pas voler le plaisir de voyager ou de rencontrer quelqu’un et ça je pense que cela s’acquiert par l’humilité, la modestie et la curiosité. Il faut être le plus ouvert possible en évitant de s’imposer, en écoutant ce que les gens ont à dire au lieu de parler, par exemple. F. : Est-ce que cela veut dire qu’il faut prendre des risques ? F.M. : Évidemment, on ne peut pas voyager si l’on est dans aucune prise de risque. La sécurisation est une plaie de notre siècle. Le touriste veut le beurre et l’argent du beurre, c’est-à-dire l’exotisme plus le confort. Propos recueillis par Florian Vair Piova Illustration : Yann Normand

F. : Mais quel voyage ? F.M. : Ce n’est pas avec les voyages en groupe et formatés par le sceau d’une authenticité complètement fabriquée que l’on va pouvoir rencontrer l’autre et l’ailleurs. Je pense que l’on connaîtra mieux les Mongols en plantant une yourte dans son jardin qu’en partant faire un trekking hors de prix aux confins de la Mongolie, où tout sera organisé à l’avance et surfait.

* Né le 17 mars 1965, Franck Michel est anthropologue, écrivain et historien. Il enseigne à l’Université de Corse (Corte) au sein de la filière Tourisme. Il anime l’association Déroutes & Détours, avec un projet à Bali, et son Centre de Recherche sur le Voyage qui s’occupe notamment de publier la revue en ligne L’Autre Voie (Strasbourg).

www.deroute.com

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Itinéraires

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Révoltée contre la vision misérabiliste dans laquelle elle ne reconnaît pas le quartier où elle a vu le jour, Catherine Beauville, diplômes d’Histoire de l’art en poche, crée l’association la Gargouille. Son intention est claire : démontrer que le Mirail est le résultat d’une riche histoire. Ainsi, elle décide de « parler de ses réussites et de ses richesses ». C’est alors que naissent les premières randonnées urbaines qui se déclinent aujourd’hui par thèmes. Déjà, l’histoire réside dans les noms mêmes : Reynerie, Bellefontaine, Tabar sont avant tout des noms de châteaux dont certains sont en très bon état. Le château de la Reynerie est encore habité et classé

aux Monuments historiques. Le Mirail d’aujourd’hui (mirail veut dire miroir en occitan) a vu le jour dans les années 1960 où, dès sa conception, il se voulait le reflet d’un village. L’architecte Candilis basa alors son travail sur quatre points : circulation, travail, habitat, loisirs. Il mit même en place un mode de circulation révolutionnaire : séparer les voitures, synonymes de danger, des piétons. Ces derniers déambulent sur la dalle, véritable serpent de béton qui traverse l’ensemble du Mirail, en surplombant la vie urbaine. Catherine insiste sur l’élaboration d’un vrai « village contemporain », dont les codes restent présents. « Piéton, vert,

Les randonnées urbaines sont donc l’occasion de découvrir l’évolution du Mirail au fil du temps. Mettre en avant ce patrimoine oublié pour démontrer qu’il vaut tout autant que n’importe quel quartier du centre-ville, c’est le pari de la Gargouille qui veut faire connaître plutôt que stigmatiser. Nicolas Séné

Association la Gargouille 4, chemin Auriacombe Local 612 31100 Toulouse Tél. : 05 34 60 12 75 www.la-gargouille.org

Jc fjVgi^Zg Vjm XdjaZjgh YZ a¼]^hid^gZ La Gargouille a édité un livre, le premier d’une série prometteuse : Le Mirail dans toutes ses couleurs. Au fil des pages, le lecteur égrène l’histoire du quartier. Une histoire trop souvent occultée ou, peut-être, tout simplement oubliée. Ainsi, on apprend que l’aqueduc romain reliait le Mirail juin › septembre 2008

au centre-ville et que les nombreux châteaux parsemaient le quartier. Le plus étonnant d’entre eux est certainement celui de Tabar, transformé en mosquée. Les années 1960 ont vu l’actuel Mirail sortir de terre sous la direction de l’architecte Candilis, élève du Corbusier, en charge de

créer une ville de 100 000 habitants pour accompagner l’essor de l’industrie. Enfin, mention est faite du Grand Projet de Ville qui a, pour l’instant, plus détruit que reconstruit ce village urbain. Un livre essentiel donc pour redécouvrir un quartier trop souvent montré du doigt. N.S.

Le Mirail dans toutes ses couleurs, Ass. la Gargouille, 31 pages, 3 €.

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Itinéraires

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Comment lutter efficacement ? En dénonçant un système et démontant sa mécanique, tout en proposant des alternatives. Pas évident, d’autant qu’il faudrait unir savoir-faire et talents des uns et des autres pour agir de concert. Cela ressemble bien à l’ascension d’un col hors-catégorie du Tour de France avec un vélo de ville. C’est pourtant le Tour de force réussi par l’Altertour. Cramponnezvous bien à votre guidon, tout ça autour d’une manifestation festive, éducative et ludique qui va traverser la France au mois de juillet. Explications. L’Altertour de la biodiversité cultivée pour une planète non-dopée va donc sillonner nos contrées, du 3 au 28 juillet, et parcourir 2700 km en vingt-quatre étapes, dont deux en Midi-Pyrénées (cf. encadré). Pas de porteur d’eau, ni de gruppetto ou même d’échappée, chaque participant emprunte une des altercyclettes partagées, accomplit un chaînon de quelques kilomètres, puis transmet le relais et sa bicyclette à un partenaire qui parcourt le chaînon suivant, et ainsi de suite. Autre originalité, tout au long de ces étapes, le midi et le soir, sont programmées des manifestations éducatives et festives avec la fine fleur hexagonale des chercheurs, agronomes, agriculteurs, militants, syndicalistes et citoyens qui se battent avec méthode et pédagogie pour un monde différent.

Tout est prévu, de la caravane d’information distribuant des documents sur l’écologie et la solidarité ainsi que le recueil d’alternatives agroécologiques publié à cette occasion, en passant par les contrôles inopinés anti-dopage. Des contrôles effectués non pas sur les participants mais sur des feuilles de maïs collectées le long du parcours dont les résultats seront diffusés le soir même. Seront également retransmis les meilleurs moments de l’étape du jour. Pour que la solidarité croisse et que la compétitivité décroisse ! Le Tour de France est mort, vive l’Altertour ! Emmanuel Scheffer

AZh iVeZh Zi bVc^[ZhiVi^dch Zc B^Y^"Eng c Zh ÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃ Jeudi 24 Juillet :

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Vendredi 25 Juillet :

Étape du jour : Tarbes-Cazeneuve Montaut (130 km)

Étape du jour : Cazeneuve-Toulouse-Vieillevigne (120 km)

Manifestations de la journée : › Tarbes : 13h00 : « La question de l’eau » › Aurignac : 20h30 : « Agroécologie & Biodiversité aux champs » ou « Comment désintoxiquer les champs avec des petites bêtes » avec Lilian Ceballos (Le Champ de la Terre)

Manifestations de la journée : › Place du Capitole à Toulouse : 13h00 : « Accès à la terre et création d’emplois paysans en zone rurale et péri-urbaine : AMAP, comment répondre à la demande ? » ; documentaire « AMAP, pour une agriculture nourricière » (à confirmer)

Stand DAL / Ni pauvre ni soumis ; Exposition d’Altercyclettes insolites › Vieillevigne : 20h30 - 23h00 : « Art & Écologie dans la Société » avec Lilian Chardon & Co (Lîle) ; « Quelle alternative aux normes industrielles qui éliminent les semences paysannes, les purins de plantes, les fromages fermiers, les agricultures biologiques et paysannes... ? » avec Guy Kastler du Réseau Semences Paysannes et Jordy Van den Akker de Nature & Progrès

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© Lilian Chardon

A aZ! a^Zj Y¼VXXjZ^a Y¼ iVeZ | Y Xdjkg^g Voilà un espace à l’image de l’Altertour : original, nature et engagé. En un mot, humain. Lîle est une association de promotion et d’expérimentation sur l’art et l’écologie. Centrée sur un café associatif bio, les portes sont ouvertes tous les dimanches et de manière aléatoire à l’occasion de divers évènements (spectacles, concerts, théâtre, contes, projections, bal, débats…). Les 600 m2 gérés par Lîle dans une Lauraguaise située à Vieillevigne au bord du Canal du Midi sont le support à des mises en œuvres originales et artistiques de solu-

Extrait du journal imaginaire

® AV CdjkZaaZ wfj^eZ ¯ relatant une étape de l’Altertour 2008

Dans ce Tour de France, l’équipe « Solidarité naturelle » se balade, légère et aérienne, sur son vélo. Sans forcer, au rythme de la convivialité et de Dame Nature. Loin derrière, hors délais, dans les bas-fonds d’un classement qui n’existe pas, l’équipe « Ogm-Compétitivité » se traîne. Décimée par d’étranges malaises, prenons le pari que cette équipe ne se représentera pas sur la ligne de départ de demain, écœurée par cette force citoyenne, écologique et naturelle qui emballe la foule et déballe certaines vérités. Il faut dire que le collectif des deux cents organisateurs ont mis le paquet dans la conception de ce nouveau Tour de France 2008 qui, à n’en pas douter, restera dans les annales. Comment imaginer que l’équipe « Ogm-Compétitivité » puisse encaisser, juin › septembre 2008

tions d’écoconstruction et de récupération. Des stages sont en cours d’élaboration (stage d’enduits terre en juillet et stage de construction de fours à pain en terre paille). Dans un esprit collaboratif et participatif, Lîle est ouverte à tous vos projets, évènements, résidences d’artistes, location de salles.

31290 Vieillevigne lile@free.fr Tél. : 06 14 16 79 23 htttp://lile.free.fr

outre les 2700 km, les quarante événements programmés au fil des étapes ? Jugez plutôt. Le moral dans les chaussettes dès le premier jour avec la conférence « La biologie du dopage et ses conséquences », Ogm-Compétitivité a dans sa roue, entre autres, Jean-François Berthelot, JeanPierre Berlan, Jean-Baptiste Liboudian, Pierre Rabhi, Albert Jacquart, José Bové, Susan George et l’inévitable Christian Vélot le bien nommé, véritable bête noire de cette équipe. Autant dire une Dream Team, soulevée par la société civile qui depuis des années lutte contre l’ogre qui emportait tout sur son passage. Tenace, l’équipe « Solidarité naturelle » sillonne depuis des années les petites routes de l’Hexagone et au-delà, semant ci et là les

Egd\gVbbZ YZ _j^c / ÃÃÃÃÃÃÃÃÃÃ › 8 juin : Concert Jazz manouche Samy DAUSSAT & David GASTINE (Swing manouche, Paris) + Les Vents malins (Chanson, Toulouse, à confirmer) › 13 juin : Apéro concert à partir de 19h00 chansons rock jazz › 14 juillet : Festival où il ne se passe rien › 28 juin : Bal populaire/trad avec l’association Balambule : initiations aux danses de bal à partir de 16h00 + Bal › À partir de juillet : marché de producteurs bio-locaux-régionaux, tous les 1er mardis du mois.

valeurs de la biodiversité. Les graines ont poussé sur un terrain qu’elles connaissent depuis des siècles. Résultat, « Ogm-Compétivité », sans repères ni supporteurs, inadaptée aux conditions naturelles, se retrouve sur un terrain hostile. La roue tourne, le maillot jaune a changé d’épaule. Un maillot jaune maïs. E.S.

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Itinéraires

Si le paradis sur Terre existe, nul doute qu’il s’est installé au pied des Pyrénées, à quelques kilomètres d’Aspet, dans le village de Sengouagnet, à la ferme de Terran. Si vous venez en compagnie de l’élu(e) de votre cœur, alors suivez le conseil d’Elsa : filez aux jardins courtois pour déclamer quelques vers galants, assis sur le banc des amoureux ! La petite histoire raconte que c’est ainsi que Denis fit sa déclaration à Elsa, à moins que ce ne soit l’inverse... Aujourd’hui, Ludovic, 2 ans et demi, gambade comme un beau diable dans ces jardins suspendus, entre le jardin de curé bien ordonné, celui des sorcières, malicieux, où poussent quelques plantes aphrodisiaques et le jardin potager. Son préféré est sans nul doute le jardin des délices, où il peut grappiller fraises des bois, groseilles, mûres et autres framboises. Le jardin médicinal et son herboristerie rappellent que la nature est généreuse pour qui sait l’observer. Comme le souligne Elsa : « Les jardins de Sortilège de Terran sont une synthèse de plein de choses : des rencontres, non seulement avec les plantes, mais aussi avec la culture et le théâtre de verdure, en été, et avec les gens. Le jardin a aussi un côté militant. Notre objectif est de transmettre des savoir-faire, des savoirs anciens et de conserver des semences dont les variétés ne sont plus inscrites au catalogue officiel ». De nombreux stages sont ainsi possibles : herboristerie familiale, cuisine des herbes sauvages... Les fondateurs, Bernard et Annie-Jeanne Bertrand, ont su faire évoluer ce lieu magique. En plus de l’activité agricole et du jardin

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botanique, se sont ajoutées les éditions de Terran, riches de monographies ethnobotaniques, de recettes de cuisine, et autres techniques pour purin d’ortie ou vannerie sauvage. Juste un moment de bonheur…

Christophe Abramovsky

Les jardins de Sortilège Elsa Maignan et Denis Bertrand Ferme de Terran - 31160 Sengouagnet Tél./fax : 05 61 88 59 51 - jardins@terran.fr http://jardins.terran.fr

Ouverture au public : 10 h à 12 h et 15 h à 18 h Juin et septembre : uniquement le week-end Juillet et août : tous les jours, sauf le lundi

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Près de Luchon, une randonnée permet de bien observer les Pyrénées centrales et de découvrir des monuments préhistoriques méconnus. Entre vallées du Larbouste et d’Oueil, se trouve le mail de Soupène. Tout près de Luchon, une randonnée sans grande difficulté technique franchit ce sommet modeste mais intéressant : du haut de ses 1 321 mètres, il offre à voir la chaîne pyrénéenne et un site préhistorique peu connu. La boucle s’effectue à partir du village de Benqué-Dessous, où la voiture peut être laissée. Le balisage jaune et rouge du GR (sentier de grande randonnée) accompagne un long moment le parcours, tout d’abord le long de la petite route qui mène à l’autre partie du village, Benqué-Dessus. Le goudron s’arrête après les dernières maisons. À la fourche, prendre le chemin de gauche, qui grimpe, pas celui de droite, qui se dirige vers la vallée d’Oueil. Un dénivelé d’environ 500 mètres se prépare. Le chemin devient sentier et zigzague à flanc de montagne, quasiment jusqu’au sommet du Sarrat-de-Cousseillot. Il bifurque, juste avant, en direction du cap de la Serre, contourné par la droite. Le sentier continue de s’élever. À 1 500 mètres, le point culminant de la balade est atteint. C’est précisément à cet endroit que se quitte le GR pour emprunter, à gauche, un sentier balisé en jaune. La longue descente commence, suivie d’une petite remontée jusqu’au mail de Soupène. Là, des pierres sont disposées en cercle. Il s’agit de cromlechs. D’apparence presque banale, ces pierres offrent un

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© Terran

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ensemble moins spectaculaire qu’à Stonehenge, mais posent question : quelle était la fonction de ce type de monuments préhistoriques ? Les explications les concernant sont légion, dont certaines tout à fait fumeuses. Monuments funéraires ? Lieux de culte ? Les préhistoriens en sont réduits aux hypothèses. Le sentier qui, après le mail de Soupène, plonge jusqu’à BenquéDessous laisse le temps de la réflexion et de l’interprétation. Et la boucle est bouclée. En prenant le temps d’observer le paysage et les cromlechs, la balade demande environ 4 heures. Bruno Vincens

Gîte d’Artiguelongue : En fond de vallée du Louron, une grange a été transformée en gîte, les matériaux traditionnels, bois et pierre, y ont été privilégiés. À une altitude de 1 100 m, c’est un lieu bien placé pour observer chevreuils et sangliers, et écouter le brame du cerf au début de l’automne. La capacité d’accueil est de 8 personnes. Location à la semaine : 600 € juillet et août ; 500 € juin et septembre ; 450 € le reste de l’année. En dehors des vacances scolaires, possibilité de louer pour un week-end ou à la demande. Mme Forgue · Tél. : 05 62 99 65 52 Friture 5


Rencontres & Culture

&* Vch! Zi idj_djgh eVh YZh Vc\Zh° Adk Z Vj [dcY YÉjc V\g VWaZ _VgY^cZi! | aÉVWg^ YZ k^Z^aaZh \g^aaZh fj^ i^ZccZci | Y^hiVcXZ aV egZhh^dc jgWV^cZ Zi aZh \gdh cVk^gZh VYb^c^higVi^[h Zi XjaijgZah iZah fjZ aZ 8dchZ^a \ c gVa Zi aZ EVaV^h YZh hedgih! aV 8]VeZaaZ [ iZ XZi i hZh fj^coZ Vch# AÉdXXVh^dc ^Y VaZ YZ hZ eZcX]Zg hjg XZ hfjVi fj^ dhX^aaZ ZcigZ Zme g^bZciVi^dch hdX^VaZh Zi XjaijgZaaZh# Jiri Volf ne se retournera pas dans sa tombe. Le poète nomade, décédé, il y a plus de quinze ans à la Chapelle sous les coups de l’alcool et d’un trop long voyage céleste, peut dormir paisiblement. Chaque soirée, chaque concert, chaque rencontre, chaque échange, et même les discussions parfois virulentes lui sont destinés. Sa mémoire est le guide du lieu. Son nom comme son désir d’un « Atelier idéal » sont à jamais gravés sur le frontispice de l’ancienne chapelle. Abandonnée, laissée en jachère par l’évêché, la Chapelle demeure un des derniers squats actifs de Toulouse. Pour cette quinzième saison, l’équipe a décidé de se pencher sur le passé du lieu, à travers son héritage. « Nous voulons lancer une réflexion sur notre expérience, sur le gros travail conceptuel accompli. La Chapelle, c’est une forme d’oxygène, une humanité simple. Un lieu qui se veut social, mais qui accueille la culture, sans devenir une salle de spectacle et de diffusion habituelle », lancent Marc et Nathalie, deux des poutres porteuses de l’endroit. Ici, pas de salarié, pas de carte d’adhésion ni de tarifs, pas d’heures d’ouverture arrêtées, encore moins de fréquence, ou de programmation définitive. Seulement quelques rendezvous. Le lundi soir, par exemple, quand les deux AMAP viennent partager les paniers remplis de légumes et de fruits et qu’ensuite des événements sont proposés. Ou bien, durant l’été, lors des désormais fameux pique-niques de Manon : chaque lundi, à partir du 1er juillet, sous la forme d’une auberge espagnole, on s’installe les fesses dans l’herbe et advienne que pourra. Concerts, palabres, projections, théâtre, on verra bien. Ce qui est sûr c’est que le 4 juillet, autre jour d’indépendance bien loin d’ici, on fêtera les quinze ans du lieu. Plusieurs pistes sont envisagées : déclinaisons autour du thème des « morts de la rue » (tiens, revoilà Jiri Volf !) ; réflexion sur le bâtiment lui-même et son avenir ; devoir de mémoire incontournable sur Mai 68 ; et, pourquoi pas, lecture de 24 heures non-stop, comme celles de Don Quichotte, en 2005, et de Rabelais, en 2007. Auparavant, il y aura eu quelques dates, programmées celles-ci : les rencontres européennes de Vélorution le 15 juin ; la fête de l’école Music’halle, du 25 au 28 juin ; et le samedi 7 juin, les « Cantates sans filet », ou comment revisiter Bach et le plonger dans son lieu de création d’origine, le café. Pour les béotiens, Bach composait dans le célèbre café Zimmermann : une façon de faire sortir les violonistes des salles aseptisées et de convier un autre public à la rencontre.

juin › septembre 2008

© Patrice Massacret

6kZc^g VgYZci 4 Un bien bel été en perspective, comme dirait l’autre. Ce serait sans oublier que la Chapelle a livré l’an dernier un de ses plus féroces combats face à Habitat et humanisme, une association aux tendances divines qui voulait prendre possession des lieux afin d’y construire un foyer d’accueil pour personnes en difficulté. Cause sociale face à cause sociale, ce sont les tenants du lieu qui ont gagné, soutenus par une multitude d’acteurs locaux qui ont fait leur choix. Aujourd’hui, même si la municipalité a changé de camp, elle pourrait bien obéir aux sirènes du légalisme et éjecter cette joyeuse et poétique troupe. Pour l’instant, pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Mais, en attendant, les grilles sont grandes ouvertes aux braves chalands de l’été, touristiques ou besogneux, qui veulent se changer les idées, le soir, sous le marronnier ou dans la fraîcheur de l’édifice. Ne demandez pas le programme, il n’y en a pas, mais ne vous faites pas prier, non plus ! Philippe Gagnebet L’Atelier idéal 36 rue Casanova · 31000 Toulouse Tél : 05 61 12 37 55 http://www.atelierideal.lautre.net/

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6gi¼8VYZ! bjh^fjZ Zi WVgg^XVYZh La seule salle de musiques actuelles d’Ariège résiste depuis 19 ans avec 25 dates et 50 groupes accueillis par an. Mais les belles arcades où dansent jusqu’à 120 personnes sont menacées. La Direction régionale des Affaires Culturelles retire son aide (20% du budget), la salle étant « trop rurale » et non pourvue de directeur salarié. 2009 apparaît incertain, raison de plus pour se précipiter dans ce lieu à 40 minutes de Toulouse, aux choix artistiques affirmés. Pourquoi ne pas s’y rendre le vendredi 11 juillet, Art’Cade a 19 ans ! Pour marquer le coup, cotillons et french cancan, charleston et prohibition. Le déguisement est de rigueur avec concours du meilleur crooner ou de la meilleure Scarlett. Oncle Strongle assure l’ambiance avec son garage swing d’Agen. Fatima Guevara

Art’Cade Place du Village · 09230 Sainte Croix Volvestre Tél : 05 61 04 69 27 www.art-cade.com - www.myspace.com/artcade

© Titi Costes

B^m¼6gi Bngnh Désormais bien implanté dans le quartier des Minimes, le collectif d’artistes a pris ses marques et reste actif tout l’été. Une riche programmation ponctuée de journées portes ouvertes, pour créer du lien, avec pour dicton : « Si tu es seul rigoles-en avec ton voisin seul ». Dès le 5 juin, le concert duo des Balkans Sabot va nous réveiller avec son univers plastique détonnant. Du 11 au 18 juin Mix’Art reçoit un collectif londonien occupant une usine désaffectée avec une philosophie similaire. Une nouvelle écrite collectivement via Internet sera mise en scène par des plasticiens, auteurs, comédiens... Du 13 au 15 juin, fête des vélorutions et 2ème édition du forum bike : militantisme cycliste et rencontres entre associations de France, d’Italie ou de Suisse. Concerts et défilés de rue ponctueront ces journées qui devraient rouler sous l’égide « du » vélorutionnaire-yaourteur Olivier Théron, enfin à l’air libre. Fin juin-début juillet, la Cie d’arts de la rue Picto Facto présente sa nouvelle création avec énormes structures de têtes. Du 4 au 14 juillet, Mix’Art installe un campement artistique,

Les Interventions Fortuites, sur Villeneuve-Tolosane. Partenaire du projet, la ville organise concerts, projections de films avec clôture en feu d’artifice et bal… contemporain avec la Cie La Barraque Baloche. En août, un collectif de Corée du Sud est accueilli en partenariat avec Terre Blanque. Choc culturel garanti : autres rapports au corps, au mouvement, aux liens traditionnel-contemporain. Mi-septembre, retour du Théâtre Forain et concerts en intérieur. Le site web informe des dates des portes ouvertes, moments denses de rencontre dans l’atelier des artistes et de théâtralisation complète de l’espace du grand bâtiment. Participation libre ET nécessaire. Fatima Guevara

12, rue Ferdinand Lassalle - 31200 Toulouse Tél. : 05 62 72 17 08 www.mixart-myrys.org

La galerie a emménagé dans des locaux plus grands. Du coup, un quatrième et cinquième larrons ont rejoint la bande dont Yann Normand, le papa des petits hommes verts au nez rouge et l’illustrateur de Friture. Sinon, toujours le même principe, un espace expositions-buvette et bibliothèque et un espace atelier. La bande des cinq, Marc Le Dizet, Lunat, M.P, Evelyne et Yann organisent régulièrement des expositions. Des cours pour petits et grands sont également donnés par M.P. E.S.

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© Tous droits réservés.

Ajaj B^gZiiZh Galerie Lulu Mirettes 28 rue Caraman · 31000 Toulouse Tél. : 06 83 13 68 50 · http://lulumirettes.free.fr

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AZh hVaVYZh bVc\Zci aZh ZhXVg\dih### 9Vch aZ _VgY^c WdiVc^fjZ YZ ?ZVc"?VXfjZh AVWVi! XÉZhi aZ bdcYZ | aÉZckZgh / aZh hVaVYZh bVc\Zci aZh ZhXVg\dih# 8Z <Zghd^h | aV eVhh^dc Y kdgVciZ kdjh ^ck^iZ | Y Xdjkg^g hV XdaaZXi^dc jc^fjZ Zc :jgdeZ YZ eaVciZh XVgc^kdgZh# Dans le bureau de Jean-Jacques Labat, des colis sont prêts à partir par La Poste. Tiens ? On dirait que ça bouge là-dedans ! Drôle d’impression dans cette petite pièce qui regorge de livres sur les plantes carnivores, de fleurs séchées à la gueule béante et aux dents acérées. Derrière son ordinateur, le pépinièriste prépare ses expéditions de plantes à travers le monde. Sa pépinière « Nature et Paysages » à Peyrusse-Massas dans le Gers, offre la 1ère collection européenne de plantes carnivores. « Il est temps de s’intéresser au patrimoine végétal et animal ! Il n’y a pas que les châteaux », s’emballe l’horticulteur. « Nous avons environ 500 espèces sur les 600 recensées dans le monde. Les plantes carnivores sont fascinantes ! Ici c’est la salade qui mange l’escargot. Ce n’est pas un monde immobile. » C’est en découvrant un invendu de Pif Gadget dans la librairie de ses parents que le petit Jean-Jacques tombe nez à nez avec une plante carnivore offerte par le magazine. Le gamin de 6 ans fait tout pour qu’elle pousse mais c’est l’échec. « Tant pis, ma fascination pour ces plantes merveilleuses était née ! Rahan, Spirou, Bob Morane et la Terreur Verte inondaient mes nuits », raconte le passionné devenu horticulteur et auteur de plusieurs ouvrages sur les plantes carnivores. À 21 ans, il rencontre le sosie du célèbre savant du Bal des Vampires, le Pr Abronsius, version M. Pical, ancien conservateur des herbiers à la faculté de pharmacie de Montpellier. L’homme aux cheveux hirsutes cultive sa passion en Aveyron où il fait visiter son herbier du Causse Noir. « Sur son bureau, il y avait un droséra séché. J’étais enthousiasmé. Alors je suis revenu et il m’a emmené voir une plante carnivore en chair et en os dans les marécages », se souvient Jean-Jacques Labat. La passion l’emporte sur la raison ! Il ramasse une pousse qu’il va cultiver avec amour dans un bac à litière pour chat. « C’est comme ça que ma première culture a vu le jour au juin › septembre 2008

© Marie-Pierre Buttigieg

Jean-Jacques Labat et la plus célèbre plante carnivore : le droseraceae.

3e étage d’un immeuble. Et puis, d’autres espèces ont suivi et nous sommes venus nous installer ici. »

® AZ gZ\VgY hjg aZ g \cZ k \ iVa Yd^i X]Vc\Zg ¯ Sa passion ne nourrissant pas son homme, mais plutôt l’inverse à en croire les légendes ! Jean-Jacques Labat crée en 1986 sa pépinière spécialisée dans les espaces verts, mais dans une petite serre, sa passion grandit... Pour y entrer, il faut montrer patte blanche : être une grande séductrice capable d’attirer dans ses filets les insectes, les araignées et parfois des rainettes insouciantes ; capturer en une fraction de seconde la moindre chair fraîche égarée pour la digérer dans un silence absolu... « En 1986, le marché était encombré par les plantes classiques, alors avec d’autres passionnés, nous avons créé l’association des pépiniéristes collectionneurs. Chacun a ouvert sa pépinière, modeste mais spécialisée. Et toutes sont devenues des références en la matière : orchidées, cactées, pivoines, plantes aquatiques, fuschias, plantes carnivores… », précise Jean-Jacques Labat. Sa petite serre secrète est rapidement devenue envahissante. Après la création d’un site internet de vente, l’horticulteur a de

nouvelles idées qui germent. « Je voulais valoriser la collection à d’autres fins que la vente par correspondance ou la participation aux expos de plantes. Avec l’aide du Conseil Général du Gers, et soutenus par des partenaires de l’État, nous avons créé le Jardin Carnivore en 2003 », poursuit JeanJacques Labat. « Le monde des plantes est fabuleux mais il n’a pas la reconnaissance qu’on devrait lui porter. L’idée était de se servir de végétaux à fortes connotations racoleuses pour montrer au grand public le génie végétal, pour que le regard change sur le règne végétal ! Je condamne l’anthropocentrisme. Je suis fasciné par l’arbre anthropophage... D’ailleurs, allez donc observer vos pétunias ou vos tomates. Elles évoluent vers la « carnivoralité », elles captent les insectes avec de petits poils... Ce sont des protocarnivores qui savent déjà capturer ! » Prenez garde, la terreur verte est déjà dans votre potager ! Marie-Pierre Buttigieg Nature et paysages 32360 Peyrusse-Massas Tél : 05 62 65 52 48 nature-et-paysages@mipnet.com www.natureetpaysages.fr Le Jardin carnivore est ouvert de mai à septembre

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Mazères-sur-Salat, aux portes de l’Ariège, fief des papeteries RizlaCroix jusqu’à la fin du siècle dernier. Les unes après les autres, les usines ferment, signant la fin de l’ère industrielle qui a marqué cette bourgade de 600 âmes. Les monstres de béton et d’acier connaissent alors des destins bien différents. C’est en 2002 que trois visionnaires, utopistes diront certains, décident d’investir dans quelques milliers de mètres cubes de ferraille et de béton, plantés au bord de l’eau. Ainsi naît l’Uzine d’art et d’essais Autresens. Dès l’ouverture, ce lieu de diffusion et de création regroupe une librairie, un restaurant et un espace dédié à l’art contemporain. Avec un démarrage plutôt aléatoire, Autresens accueille maintenant, chaque fin de semaine, un public à la découverte de la programmation éclectique du lieu : concerts, performances, expositions, théâtre, débats, installations, week-end à thème… Un brin de sieste bercé par les flots du Salat, la caresse d’un rayon de soleil ou de lune sous les airs et les croches qui surplombent la cour, trois notes d’accordéon, deux accords de guitare, danses

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et rencontres, paroles et débats sous les voûtes d’acier, quelques pages parcourues dans le coin librairie, un temps pour savourer la cuisine variée des cuistots inspirés, parfois au coin du poêle si le froid vient à piquer : chacun se retrouve dans ce lieu atypique. Tout semble tellement à sa place dans ce grand désordre postindustriel, et pourtant, l’Uzine est en péril. Elle manque de finances, de soutiens, de public parfois. Sans l’énergie des uns et sans les autres, indispensables pour faire vivre un si beau projet sur les bords du Salat, le béton risque de redevenir du béton. Cédric Fleutiaux Uzine d’art et d’essais Autresens 4, place du Pré commun · 31260 Mazères-sur-Salat Tél : 05 61 90 59 38 · contact@autresens.com http://www.autresens.com

Ouverture du vendredi au dimanche, suivant la programmation (voir site Internet)

AZ 8^c <j^c\jZiiZ! eajh fj¼jc X^c bV ^i^c gVci D’octobre à juin, les Vidéophages régalent depuis quelques années déjà les chanceux Toulousains avec leurs projections mensuelles dans des lieux inadaptés. Pas jacobine pour un sous, la joyeuse bande lance, l’été venu, le désormais attendu Ciné Guinguette sur les routes de Midi-Pyrénées et ses alentours. Du pur bonheur, la magie du cinéma et de l’image sous toutes ses formes. À ne pas rater s’il passe dans votre village, quartier ou vallée. Un ciné spectacle à déguster en famille et sous les étoiles, mis en scène par six personnages. Pour les néophytes, Ciné Guinguette qu’es aco ? Un véritable spectacle protéiforme qui évolue, s’étoffe et s’affirme au fil des saisons. Autant dire que les veinards qui ont vu les saisons précédentes peuvent revenir sans hésiter. Ciné Guinguette est tout d’abord un lieu mis en lumière. Dans ce cadre d’images éphémères, vous vous délecterez d’une sélection de films indépendants, originaux, intelligents et sensibles (wouah !) présentés par Frédéric Dupré. Entre quelques projections se glissent Igor Agar, un son-théâtre d’ombres, le quiz cinéma de Juanito qui, à coup de postures, fait deviner les films de notre mémoire collective. À l’entracte, guinguette évidemment et les plaisirs qui vont avec. Stéphane Masson vous fait ensuite voyager dans le temps avec ses Machines à images. Ce n’est pas tout, les Vidéophages ont tourné cet hiver un courtmétrage à trou. Le but de la soirée, organiser un casting avec les spectateurs, filmer les scènes manquantes devant le public, dévoilant ainsi trucs et astuces. Durant l’entracte Mister « 1000 W » monte le film qui est projeté en fin de soirée ! Et là surprise, magie du cinéma… Nous ne vous en dirons pas plus.

Près de vingt dates sont programmées, surveillez la tournée sur leur site Internet. E.S. Association Les Vidéophages 36 rue des Filatiers - 31000 Toulouse http://lesvideophages.free.fr - lesvideophages@free.fr Tél : 05 61 25 43 65 - 06 15 42 39 30

14 © Les Vidéophages


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© MaPy Scheffer

Le Volcan, voilà une cave à vin à emporter qui souffle un vent de fraîcheur dans le Landerneau viticole local. Bienvenue dans la bulle du vin nature ! Eric et Marie-Pierre, aussi naturels que leurs vins, ont tout ce qu’il faut pour faire tourner au vinaigre les préjugés sur les vins non traités. De leurs périples aux quatre coins de l’Hexagone, ils ont récolté près de cent trente vins naturels à faire découvrir aux curieux et convertis. Bien loin des cadres et cases des AOC, le Volcan aime mettre en avant

le fruit du travail de ces vignerons, véritables artisans. La vinification sans additif doit certainement libérer l’imagination si l’on se réfère aux noms qu’ils donnent à leurs vins et aux étiquettes qui expriment le non-conformisme du milieu. Des bouteilles qui ont ainsi une âme et vous invitent en toute convivialité à découvrir leur élixir. Et là, un deuxième voyage commence. Certains vins naturels offrent à vos papilles ce qu’il faut pour se délecter et mettre les deux pieds sur les sentiers de ces vignerons qui n’obéissent pas à la loi du marché mais à celle de la nature. Une fois engagé, paraît-il qu’il est difficile de rebrousser chemin. E.S. Le Volcan 25 rue des Filatiers - 31000 Toulouse Tél : 05 61 53 69 66

N’hésitez pas à découvrir également à Toulouse : le Temps des vendanges au 9 Place Estrapade et le Tire-bouchon au 23 place Dupuy Santé ! (avec modération)

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Terra Nova porte bien son nom. Installée depuis 2004 en plein cœur de Toulouse, cette librairie-café indépendante invite à la découverte d’un monde pluriel et de ses modes de pensées alternatifs. Au gré de ses découvertes et de ses coups de cœur, Fabrice, son créateur, propose des ouvrages, des projections, des concerts, des lectures, des expositions, mais aussi des rencontres avec des éditeurs confidentiels, des écrivains de talent, parfois méconnus, et des associations militantes. Tous sont porteurs d’idées et de combats sociaux, écologiques ou ethniques adaptés, selon Fabrice, aux problèmes de notre époque. Il a ainsi réussi à bâtir une librairie à son image : accueillante, curieuse et évolutive. Littératures et essais étrangers, sociologie, anthropologie, arts, écologie, économie solidaire, décroissance, anarchisme... forment un fond thématique riche et soigneusement choisi sous forme de livres, de documentaires et de fictions, de revues, de bandes dessinées. Parmi les livres – bientôt au nombre de 10 000 –, on trouve même quelques œuvres originales en espagnol et en italien. Un rayon jeunesse présente, en outre, des textes illustrés recherchés et d’une qualité propre à éveiller les esprits dès l’enfance. Au fond de la librairie, le coin café invite à mêler la gourmandise à la lecture, histoire de créer un contact chaleureux et personnalisé avec les livres et de leur ôter le halo solennel dont ils sont souvent parés. Dans un décor de briques et de bois, à l’ambiance tamisée et musicale, on peut alors feuilleter, lire et bavarder à toute heure, tout en dégustant tartines, pâtisseries, thés arômatisés, cafés du monde et jus artisanaux. juin › septembre 2008

Le tour d’horizon serait incomplet sans citer les partenariats de Terra Nova avec le festival du cinéma d’Amérique Latine, en avril, ou celui des musiques du monde, Rio Loco, en juin. Des événements festifs locaux où la librairie affirme une dimension culturelle supplémentaire. Irène Barja Terra Nova, Librairie-Café 18 rue Gambetta · 31000 Toulouse Tél : 05 61 21 17 47 - Fax : 05 61 21 25 15 contact@librairie-terranova.fr www.librairie-terranova.fr

© Patrice Massacret

Ouvert du lundi au samedi de 10h à 19h Le dimanche de 15h à 19h du 1er octobre au 31 mars

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Soixante-dix printemps, un collier de barbe hirsute pour lui, une tresse de collégienne pour elle, Jacques et Joe tiennent le FauxBar, à Saint-André, dans le Tarn. Un bar où tout est vrai, du parasol Heineken à l’ardoise Lillet, en passant par le rayonnage de bières. Mais un bar où tout est gratuit. Tout ? « Absolument tout, vous pouvez me demander ce que vous voulez », claironne le truculent Jacques, « c’est offert par la maison ! ». Boissons à bulles, jaunes, avec ou sans écume, il y a donc mille raisons de devenir radin, tandis qu’une seule justifierait ici de le rester : le bonheur contagieux des tauliers. Dans ce bar où s’entassent les témoignages de gratitude de la terre entière, on ne vient pas « parce que c’est gratuit », mais pour la candeur de Jacques et la tendresse de Joe. Deux valeurs qui, précisément, n’ont pas de prix. Intermittents du zinc ? En s’installant définitivement « au bout du monde », ces anciens restaurateurs toulousains croyaient avoir rendu leur tablier pour de bon. C’était sans compter la méprise d’un couple d’Anglais inspirés : « Ils se sont installés sous notre parasol et ont passé commande, se croyant dans un vrai bar. Nous leur avons naturellement offert une bière ». Amusés, Jacques et

Joe ont laissé le quiproquo s’installer plus d’une fois. Au fur et à mesure que les randonneurs sont venus se perdre à Saint-André, la table s’est agrandie : « La table de camping deux places est devenue une table de huit. Nous avons même été obligés d’aménager des salons dans le jardin », s’enthousiasme Jacques. Et l’argent dans tout ça ? Il n’y a guère que les petites cuillères offertes par un touriste reconnaissant qui en affichent la couleur : « Un linceul n’a pas de poches », déclare Jacques, « alors, mieux vaut dépenser son argent à des fins utiles ». En faisant le bonheur de son prochain, par exemple ? « En faisant d’abord le nôtre », rectifie Joe, « notre meilleur ami est peut-être sous nos fenêtres. L’inviter à sa table, c’est le meilleur moyen de ne pas passer à côté de lui sans le voir ». Émilie Delpeyrat

Jacques et Joe - Le Faux-Bar 81250 Saint-André Tél. : 05 63 55 38 52

AZ 8g Z AdjX]Z V W^Zc kj Le Crée Louche, pas un peu loufoque ce nom ?! Les six membres à l’origine du projet se sont rencontrés au lycée et ont ouvert cet endroit en été 2007, après un mois de travaux d’aménagements. Le premier installé en Ariège a attiré les autres avec beaucoup de motivation et un peu d’expérience. Il faut non seulement de la volonté, l’esprit militant et une bonne dose de créativité pour développer ce café-détente-snack-concert-évènements culturels, endroit de passage de différentes associations locales et lieu de rendez-vous de plusieurs initiatives non-conventionnelles. Entre autres, on y trouve : un groupement d’achat (Groucha), de l’échange solidaire (Le Donne-Cherche), des soutiens et informations sur les formes alternatives d’habitats (Habitats Choisis), des solutions pour les habitats légers (Atypic)... Mais aussi des expositions en permanence, un poste Internet, un petit espace détente. Sur ce lieu associatif s’activent environ une vingtaine de bénévoles qui aident notamment à maintenir des prix étonnamment bas. Par exemple, le café est à 1 € et le menu complet à 10 € avec des recettes originales, en bio ou en local. Le spectacle le plus cher a atteint péniblement la somme de 6 € ! Les concerts sont à la hauteur et les artistes peuvent même compter sur l’équipe pour trouver des solutions d’hébergement aux alentours. Et ils sont beaux les alentours ! La réussite est complète en ce qui concerne la réouverture de ce café puisque la condition du propriétaire était d’en faire un lieu original ! Xavier Méric

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© Xavier Méric

Bar Ô Crée Louche Contacts : Asssociation Crée Louche 09800 Engommer - Tél : 05 61 04 89 39 creelouche@gmail.com - http://creelouche.over-blog.com

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AZ bdcYZ Zhi 7aZj Qu’on le nomme bar bleu, République bleue ou Bleu-Bleu, il s’agit d’un lieu underground à vivre et à préserver. « C’est un beau bar bleu /au bord de la Garonne / on y vient à pied / on ne frappe pas / celui qui vit là /en a fait un troquet /... » C’est encore Toulouse et c’est déjà ailleurs. Au bout de la route de Blagnac, il suffit de ne pas passer le pont et de s’arrêter devant le golfrestaurant Olympe. Le chemin de terre raviné et comblé de gravats apparaît. Après 5 minutes de marche on aperçoit la bâtisse bleue aux volets jaunes, blocs cubiques superposés où subsiste l’enseigne fanée d’une marque de bière. Les chiens à demeure, gentils cabots, viennent saluer. La terrasse est au bord de l’eau, à l’ombre des arbres. Les sièges sont en ciment : parpaings et béton. Espaces-alcôves parfois pourvus de coussins de récupération : matelas en mousse « sur mesure », dossiers et assises de fauteuils aux motifs variés. En cas de pluie ou de vent, des niches abritées sont aménagées en tôles, portes et fenêtres de récup. Les tables en métal sont de diverses factures, les pieds solidement plantés avec le trou pour planter le parasol. Gilbert habite là depuis 40 ans et tient troquet depuis 20. Bonnet vissé sur la tête en toute saison, en short et tricot bleu ; godillots et chaussettes montantes, bleues. Peu bavard, cet ancien plombier « en ville » prend les commandes et vérifie la solidité des parasols. Lui qui n’a d’autre credo que de vivre peinard en patron de bar sans étiquette reste marqué par des bulldozers rasant tout sur leur passage mandés par un Douste-Blazy à peine élu. Le soutien a été fort avec moult concerts et vide-greniers. Rebâti depuis, le bar tient bon et une certaine magie

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© Florian Vair Piova

s’en dégage. Jus de fruits, bières et sodas ont un autre goût avec les clapotis des vagues mêlés au frisottis des feuilles. Ici les clients se saluent : joueurs d’échecs ou familles et amis en pique-nique aux beaux jours. Un lieu paisible, non assujetti aux normes de sécurité mais entretenu en « bon père de famille » par un vieux garçon qui aime entendre des échos de musique mêlés aux chants d’oiseaux. Fatima Guevara Route de Blagnac · 31200 Toulouse

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Une vaste et belle pièce, un piano à queue, voilà pour le décor. Des gars bien sympas, Cyril et Clément, qui autour d’une tartine et d’un verre de vin du coin proposent tous les mardis soirs des lectures de contes pour adulte et le mercredi une scène ouverte. À noter le 21 août un cycle Mexique avec la projection d’un film et représentation de « Zorro El Zapata », une pièce militante. C’est tout nouveau et les deux compères sont ouverts aux propositions, de préférence à cheval sur plusieurs disciplines. Le lieu s’y prête.

Aux heures encore chaudes, le Nabucco Donosore reste un plaisir immuable. La fraîcheur a dû figer dans le temps cet établissement au charme d’antan. Sur le comptoir règnent certainement la plus vieille machine à café de Toulouse et la massive caisse enregistreuse d’autrefois avec le bruit de son tiroir, gring-gring. On sirote, on papote, on grignote. On est bien dans ce petit café, un vrai, ceux qui ont une âme et transpirent le vécu. Sans oublier le patron, un bien comme il faut. Tout n’est pas foutu, tant qu’il reste des endroits comme le Nabucco Donosore. Ses heures d’ouverture ne sont pas forcément les vôtres. Disons qu’elles ne sont pas rectilignes, comme la vie. Le petit ballon de rouge et l’assiette de charcuterie n’en sont que meilleurs. Le vin est la spécialité de la maison. Simplicité, authenticité et produits locaux. Un délice.

E.S.

E.S.

Le Cherche Ardeur 40 rue des Couteliers · 31000 Toulouse chardeur@gmail.com

Nabucco Donosore 15 rue Coq d’Inde · 31000 Toulouse Tél. : 05 61 53 65 00

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Hébergement

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Cravirola est situé dans le Minervois, entre Toulouse et Montpellier, sur les flancs de la Montagne Noire, tout près des Corbières. Un paysage de causses et méditerranéen à la fois, la ferme de Cravirola sur le hameau du Bois Bas, appelé aussi « Le Maquis », est un projet d’habitat en lien avec une exploitation agricole d’un genre particulier : un habitat collectif autonome qui revendique une forme militante d’exploitation de la terre. Ce projet fait partie du réseau Terres Communes comme deux autres lieux situés pour l’un en Ardèche et pour l’autre dans les Alpes, sur l’ancien site de Cravirola.

À la ferme, ils sont neuf permanents, et tout le long de l’année ils accueillent des stagiaires pour la coopérative et pour des chantiers participatifs. Des « compagnons » ou des volontaires qui veulent découvrir ce mode de vie original tout en intégrant des savoir-faire essentiels. Les permanents ont de l’expérience, même juridiquement, le montage du projet est une réussite.

Oui, ce déménagement a été motivé par la recherche d’un plus grand espace, et on peut le dire, c’est grand ! 274 hectares de bois de chênes, châtaigniers, et autres espèces, de magnifiques gorges avec baignades de rêve, de plateaux mystérieux parsemés de dolmens (le site le plus riche de l’Hérault), rocailles étonnantes que parcourt la garrigue, et de petites prairies que viennent brouter les vaches. C’est aussi une grande bouffée d’air pur qu’on prend en altitude, à Bois Haut, le joli hameau à restaurer qui donna l’impulsion nécessaire au projet. Le point culminant de cet espace étonnant offre une vue à la fois sur le canyon et sur les plateaux, là où les grands rapaces viennent planer devant les couchers de soleil.

Si le camping, la piscine et la salle du p’tit déj’ rappellent juste un style « standing agréable », il faut entrer plus profondément dans le lieu pour s’apercevoir que celui-là n’a rien de commun. Comment se fait-il que l’on croise ici toutes les tranches de population ? Les documents dispersés sur le lieu donnent le ton : « la propriété, c’est le vol… La propriété, c’est la liberté ! » Par ce slogan provocateur si on accroche son wagon, on se laisse mener de surprises en surprises, de sourires en sourires, jusque sous le grand chapiteau où défilent artistes et campeurs volontaires. Au snack, les grandes tablées du soir à la lumière des lampions multicolores délient les langues et tissent abondamment les amitiés, tout en dégustant cette bonne cuisine naturelle et originale. Les fromages sont faits sur place !

© Xavier Méric

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Un camping participatif ? Oui, c’est dans le programme : il reste de la place pour les initiatives. Tous les savoir-faire sont les bienvenus et partager devient ici un vrai bonheur. Que vous

© Xavier Méric

soyez passionné de Taï Chi ou de plantes médicinales, vous avez le loisir de transmettre votre art sous forme de programme officiel, même quotidien ! Mais les artistes, les vrais, sont aussi au rendez-vous. D’ailleurs il paraît qu’il reste des dates pour eux. Incroyable ! Si par contre vous n’avez aucun savoir-faire mais que vous voulez vous lancer dans une œuvre d’art, ou un bricolage de nature à vous faire plaisir, c’est tout à fait possible. Pour les projets conséquents en revanche, du genre bâtir une maison, prière d’en parler à l’équipe auparavant ! Alors forcément le lieu attire, le lieu séduit toutes les populations, jeunes et moins jeunes, riches et moins riches. Parce qu’il faut en parler : les coûts sont modestes pour le campeur-visiteur, peut-être parce qu’il participe aussi, mais en tout cas on en repart avec une richesse intérieure hors du commun. Vive le capital… du bien-être ! Xavier Méric

Le Maquis - Bois Bas 34210 Minerve Tél. : 04 67 23 94 77 info@cravirola.com http://cravirol.club.fr/cravirola/pages/camping.html

Friture 5


Hébergement

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9djXZjg# G^Zc YÉVjigZ fjZ YdjXZjg Zi gZheZXi YZ aV cVijgZ# 7^ZckZcjZ | AV BVjgV\jZ! k g^iVWaZ W^d"\ iZ Vj XÃjg YZ aV <VhXd\cZ! ZcigZ iVc\! \gZcdj^aaZh Zi eZi^i Wd^h# Dans cette bulle harmonieuse, difficile de dire si Anne-Marie et Olivier habitent La Maurague ou si La Maurague habite ce couple accueillant et charmant. Certainement un subtil équilibre des deux sur lequel le randonneur, le touriste ou autre chaland glisse en toute quiétude et légèreté.

gement nourri par Anne-Marie et Olivier, leur histoire et l’énergie véhiculée dans le gîte. « Dans une vie, les pièces du puzzle s’assemblent toutes seules, raconte AnneMarie. Nous avons l’impression d’être où l’on doit être avec quelque à chose à faire, même si le chemin est parfois sinueux. »

© La Maurague

Une sensibilité écologique en bandoulière sans être militants, une certaine expérience de la vie, l’envie de développer un lieu ressemblant dans leur rêve à la Maurague, Anne-Marie et Olivier s’installent dans le Sud-Ouest en 1998. Deux ans plus tard, c’est la rencontre avec le hameau en ruine. En 2002, le bio-gîte ouvre ses portes. Bio-gîte n’est pas ici une appellation galvaudée. La rénovation de ce hameau du XVIIe siècle fut réalisée dans les règles de l’écoconstruction et de l’autoconstruction. Les quatre mains du couple ont façonné le corps et l’âme du gîte. Joli travail. Il n’y a pas de secret, lorsque savoir-faire et matériaux sains se rencontrent au service d’une démarche respectant les lois de la nature, la magie opère, habitat et habitants respirent harmonieusement. Un pas, la Maurague vous happe et cette caresse ne vous lâche plus. Un bien-être larjuin › septembre 2008

Et ça se sent et se transmet. Elle poursuit : « J’ai fait beaucoup de boulots, la Maurague est une synthèse de ce que j’ai fait ». Lui est tailleur de pierre et pourrait se présenter comme sculpteur tant son travail se rapproche de l’art.

Edjg aZ eaV^h^g dj edjg Xdchigj^gZ La Maurague est aujourd’hui qualifiée d’opération exemplaire pour son respect de l’environnement par la région Midi-Pyrénées, considérée comme maison-pilote pour le respect de l’eau et est aussi un refuge d’oiseaux de la LPO (Ligue de protection des oiseaux). La maison, économe, dotée de panneaux solaires, consomme moins de 90 € d’électricité pour juillet et août. Une consommation quotidienne qui comprend celle des clients, quatre machines à laver et deux lave-vais-

selle par jour. Efficace. L’assainissement par phytoépuration l’est tout autant. Au point que la qualité de l’eau à la sortie du dernier bassin est en dessous de l’échelle de précision des instruments de mesure. Tous les chemins mènent à la Maurague. Certains empruntent ceux de Compostelle, d’autres viennent visiter la région et ses nombreux points d’intérêts (Fourcès, Larressingle, Lectoure…). N’hésitez pas à vous engager sur le chemin de la paresse à l’ombre du verger ou celui de la gourmandise pour savourer les plats bio d’AnneMarie qu’elle mijote dans sa cuisine construite de ses mains. Cerise non-traitée sur le gâteau, les prix sont doux. Autre porte d’entrée, les formations d’écoconstruction mises en place par le couple. Aux dires d’autoconstructeurs, leurs stages sont à l’image de la Maurague, de qualité. « En rénovation et autoconstruction, nous passons un temps énorme à trouver des solutions, explique Anne-Marie. Les stages créent des raccourcis utiles et servent aussi à décomplexer les personnes qui se lancent dans un projet. » Des astuces, du concret, un pied dans le réseau, des formateurs professionnels en la personne d’Anne-Marie ou Olivier, la Maurague comme cadre, des plats exquis et bio, si vous cherchiez un déclic pour lancer un projet d’habitat, vous savez où le trouver. Beaucoup de raisons, toutes aussi valables les unes que les autres, pour découvrir la Maurague. Emmanuel Scheffer La Maurague Olivier et Anne-Marie Landru 32100 Caussens Tél : 05 62 68 46 32 www.lamaurague.com

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Hébergement

A¼ idji h^beaZbZci Vgi YZ k^kgZ nombreux voyages. Jean-Olivier s’est pris de passion pour les vins. Il travaille avec un caviste toulousain pour en proposer à la dégustation, issus de multiples variétés et, notamment, de l’agriculture biologique. Ici, comme le dit Pierrot : « Ce qui compte, c’est la convivialité et que les gens soient contents. Parfois, quand il y a du monde, les clients nous donnent un coup de main : un passe au bar, un autre débarrasse les assiettes, avec Louise, serveuse le week-end, agricultrice biologique et éleveuse de veaux en semaine. »

© Christophe Abramovsky

On ne vient pas par hasard à l’auberge des Traouquès. Nul besoin de publicité tapageuse, seul le bouche à oreille fonctionne... Pierrot Graëber et son associé Jean-Olivier Larquier ont voulu faire de l’auberge un espace de détente, de plaisir et de rencontre : de la chaleur humaine avant tout, entre gastronomie et environnement bucolique. Située dans un hameau de quelques bâtiments, dans un écrin de verdure, l’auberge fait partie du village de Montfa, à quelques encablures de Montbrun-Bocage. Châtaigneraies, prairies, collines verdoyantes, le repos, le calme et l’esprit de liberté règnent en maître. En plus du menu traditionnel de produits du terroir à 22 €, Pierrot fait partager aux convives des plats qu’il a découverts durant ses

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Au domaine des Estampes, perché au-dessus d’Albi, on croit emprunter l’allée d’un jardin, et on se retrouve dans un rayon de farces et attrapes : à hauteur de mollet, ce sont des feuilles rugueuses qui exhalent un parfum de chewing-gum ; à portée de rotule, c’est une gerbe vigoureuse qui transpire le médicament à gros sels ; au niveau du genou, enfin, c’est une saponaire qui, entre les mains du chimiste, fera du bon savon. Du bizarre ? de l’étrange ? « Je me procure des plantes rares ou des espèces menacées de disparition », se défend Gilberte Birot. « J’en rapporte aussi de mes voyages, mais la plupart d’entre elles sont adaptées à la région. » Avec un budget de 600 euros par an, la propriétaire du gîte des Estampes peut délier les cordons de son imagination : « Je pratique le décousu main », annonce-t-elle. « Je fais des croquis, puis je passe à l’essai. Mon jardin est un vrai laboratoire. » Ouvert, devrait-elle encore ajouter, à toutes les audaces. Entre les scènes végétales, se déploient des œuvres contorsionnistes, attelages volontairement imparfaits de bois, de fer et de terre cuite : « Je suis une adepte du recyclage, je chine des objets, je ne jette pas un seul morceau de bois, tout peut servir ». Au pied d’un arbre probable-

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À l’occasion d’un anniversaire, la fête s’invite aux Traouquès. Un kiosque à musique accueille le bœuf improvisé pour l’apéro, un piano laisse au concertiste d’un soir l’opportunité d’exprimer tout son talent. Et, dans la chaleur de l’été, il y a même quelques concerts de musique du monde. Si le cœur vous en dit, et que la soirée est un peu trop avancée, l’auberge des Traouquès offre l’hospitalité pour la nuit, dans un espace privé. Il est même possible de planter la tente dans les prés ou dans les bois environnants. En famille ou entre amis, pour le farniente ou pour la randonnée, l’auberge des Traouquès est une étape de charme et de convivialité, à ne pas manquer. Christophe Abramovsky

Auberge des Traouquès 09350 Montfa - Tél. : 05 61 69 85 79 http://www.traouques.com

ment centenaire, un mètre de feutre étendu sur une carcasse de fer est devenu Ambigus le Gardien. À deux pas de Fourmi, une plaque de fer grimée en dandy moustachu, sur le mur, un moulage en plâtre... La collection de personnages s’enrichit chaque année : « Les artistes qui exposent chez moi pour les " Rendez-vous au jardin " me lèguent une ou plusieurs créations en guise d’étrenne », s’amuse la maîtresse des lieux, qui en dresse l’inventaire à l’arrivée d’un nouveau locataire. « Je prépare aussi des boutures au moment du départ », rien de plus naturel que de vouloir partager sa passion. De quoi devenir la meilleure ambassadrice du label « Gîtes au jardin », en cours de création dans le Tarn sous la houlette de Gîtes de France. Émilie Delpeyrat Domaine des Estampes - Gilberte Birot Rayssac - 81430 Marsal · Tél. : 05 63 79 50 89 Réservation des gîtes : 05 63 48 83 01 http://lesestampes.free.fr - gilberte.birot@orange.fr

Ouverture au 1er juin 2008 Friture 5


Programmation

KZgh jcZ ]jbVc^i Yg aZbZci fj^iVWaZ Rare et riche est le sentiment que l’être humain aide son prochain, sans arrière-pensée, simplement parce que l’homme est bon et qu’il construit au quotidien les conditions nécessaires pour l’épanouissement de tout un chacun. À travers les multiples activités d’Emmaüs du Tarn-et-Garonne, à Ville Dieu du Temple, celui qui prend le temps touchera cette sensation. Du temps, prenez-en, du 12 au 14 septembre pour le Festival Vers une Humanité drôlement équitable. Le collectif qui lança la première édition, l’année dernière, n’avait aucune raison de s’arrêter en si bon chemin. De cet essai est née l’idée d’un éco-village à vocation sociale (lire Friture n°4) et l’envie de poursuivre l’aventure. Avec raison et pour notre plus grand plaisir. Pour nos zygomatiques aussi puisque le thème de cette deuxième édition est placé sous le signe de l’humour. L’humour qui soulève tant de questions et porte tant de valeurs qui traverseront le festival. Quand la culture, l’économie solidaire et l’humour se rencontrent, cela ne peut être que pour le meilleur. Autant dire qu’il y aura de la créativité dans l’air. La boîte à idées déborde, mais nous ne dévoilerons rien. Sachez simplement qu’il y aura ce qu’il faut pour discuter, se lâcher, faire le clown, s’exprimer, danser, foule aussi de petits riens qui font de grands bonheurs.

Côté programmation, rien à redire, les organisateurs, tels de vieux routiers, ont concocté une belle affiche qui tient sacrément la route. En tête d’affiche, Magyd Cherfi nous offrira ses mots et petites histoires, Raoul Petite qu’une nouvelle génération est en train de redécouvrir (trente ans tout de même que le groupe tourne !) prouvera qu’il n’y a pas d’âge pour faire le spectacle et toucher chacun de nous. N’oublions pas Nicolas Bacchus et consorts. C’est quoi d’autre le bonheur ? E.S. Domaine de la Panouille 82290 La Ville Dieu du Temple 06 50 48 85 53 - 05 63 31 51 45 http://emmaus82.praksys.net

www.elemen-terre.org asso.elementerre@gmail.com

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Programmation

Jc XdbWVi eajh djkZgi Zi [Zhi^[ Une nouvelle équipe depuis l’année dernière, ou plutôt un mélange d’anciens, de nouveaux et de fidèles spectateurs constitue désormais un collectif qui chapeaute le festival Résistances. Un principe qui reste le même, des films thématiques et des débats, le 12e festival Résistances s’ouvre plus que jamais sur l’extérieur et annonce une certaine évolution de l’événement. Esprit d’ouverture donc, dans l’organisation désormais collective, mais aussi vers le public. Les conférences de presse sont accessibles à tout le monde en matinée et rendezvous sous le chapiteau à 19h pour l’apéro concert. Voilà de quoi ajouter des louches de convivialité et de festivité dans un festival qui manquait un peu de peps entre les projections. Ainsi est-il fort à parier que l’édition 2008 sera celle d’une nouvelle reconnaissance d’un festival engagé,

offrant à travers les 80 films au programme un regard critique et constructif sur notre époque. Du 4 au 11 juillet, s’égraineront des projections autour des thématiques suivantes : la cité idéale, alternatives locales face à l’économie mondiale, résistants ou terroristes, langues et accents. En toile de fond, un questionnement sur mai 68 et une petite incursion dans les pays de l’Est, le tout en fictions, documentaires et films d’animation. Signalons le dérangeant La Zona du Mexicain Rodrigo Pla, une valeur patrimoniale Play Time, l’ovni Themroc de Claude Faraldo à qui un hommage est rendu, Les Lip, l’imagination au pouvoir, et Paysan et rebelle, un portrait de Christian Lambert réalisé par Christian Rouaud qui sera présent sur le festival. Citons quelques autres noms parmi la trentaine d’invités : André Minvielle, Jean-Paul Raffit, Claude Sicre… des noms connus mais aussi Xavier Crettiez, chercheur spécialisé sur la question de la violence et du terrorisme ou encore le réseau Halèm, Terre de liens, le Dal (Droit au logement). Bref, de l’engagement parfois explosif, des identités, des alternatives et des idéaux sans oublier de la musique… Tout ce qu’il faut pour se sentir vivant. E.S.

Festival International de Films Résistances 24 avenue du Général de Gaulle - 09000 Foix Tél. : 05 61 65 44 23 festival.resistances@orange.fr - http://festival-resistances.fr

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Festi’Drôles les 5 et 6 juillet à Simorre dans le Gers

« Ce que nous célébrons chaque année, expliquent les organisateurs, ce sont ces artistes musiciens que nous aimons et avons envie de vous faire écouter ; et qu’importe le style ! Jazz acoustique, swing ou be-bop, jazz vocal, électro, jazz-rock, musiques africaines ou brésiliennes… »

Pour sa 14ème édition, ce petit village caché entre les collines se transforme en royaume pour les enfants qui vont créer, découvrir, expérimenter, s’amuser, apprendre, rencontrer, partager, bricoler, inventer. Ouverture samedi à 15 h, entrée libre, à partir de 19h repas guinguette 15 €/adulte et 8 €/enfant (- de 10 ans). Dimanche de 10 h à 18 h tarif entrée 7 €/personne à partir de 3 ans (tarif réduit à 5 € sur présentation de justificatifs ou 4 € avec la Carte Pass du Gers) ; au programme fabrication de masques à partir de chambres à air de vélo, boisson de sorcier, fresques géantes… Un défilé aux rythmes latins et africains invite les enfants à être acteurs, avec goûter sous les platanes de la place du village. Ce festival se veut « un évènement inoubliable à vivre en famille » ! M.B. Festi’Drôles - Association Asta Drôle Mairie - 32420 Simorre Tél : 05 62 65 37 29 - Fax : 05 62 65 35 37 festidrole.astadrole@wanadoo.fr http://festidrole.free.fr

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Du jazz ouvert donc, ambiance décontractée dans une superbe région. Comme chaque année, des pointures et des artistes à découvrir. Le nouveau phénomène du piano jazz, Aron Herman, se charge d’ouvrir le festival et pour la clôture, ce n’est pas moins qu’une des figures de la nouvelle scène musicale brésilienne, DJ Dolorès qui s’y colle. Entre, que du bonheur. E.S.

Millau en Jazz, Festival de musiques en couleurs Du 12 au 19 juillet 16a boulevard de l’Ayrolle · 12100 Millau http://maj.liliworld.fr/

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Programmation

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K^kV 8dck^kZcX^V

Des concerts donnés depuis le pont d’une péniche, des bals endiablés qui entraînent les spectateurs dans une ambiance chaleureuse sur les berges où l’on peut trouver à boire et à manger, une seconde péniche apéros-concerts et afters qui se transforme en soute musicale épicée, tel est le festival Convivencia. Gratuit sur tout son parcours, il est désormais un événement attendu par des milliers de spectateurs. Le festival Convivencia offre au public un évènement de première importance dans l’histoire des régions du Grand Sud de la France. Il pose un acte exemplaire de coopération interrégionale à travers sa démarche singulière de mise en valeur du patrimoine fluvial et de pluralité artistique et culturelle. Du métissage, cette nouvelle édition en foisonne. Avec Estéla Dou Cope où Occitanie rime avec Brésil, Partido Bom et son authentique Samba du Raiz, puis l’incomparable voix de la Capverdienne Lura, la première étape de Castanet-Tolosan du 28 juin donne le ton. Le voyage continue, direction Montgiscard (31), avec entre autres Doolin, un des meilleurs groupes irlandais d’Europe, Ness’El Hiya, qui épice de notes rock’n’roll les musiques Gnawa et les chants sacrés Aïssaoua. Le jeudi 3 juillet à Toulouse, découvrez notamment les Barcelonais de Violentango et Calima qui expérimente et fusionne les sonorités. À Moissac, le jeudi 10 juillet, n’hésitez pas à plonger avec Norig dans la musique des Balkans, des traditionnels tziganes, des inspirations Tango et Manouche. Enfin dernière date régionale mais pas du festival, à Castelnau d’Estretefonds le vendredi 12 juillet, ne ratez pas Middle East Peace Orchestra. Un projet unique de dialogue culturel entre les musiques orientales et juives réunissant douze musiciens de nationalités différentes. Un spectacle haut en couleur et festif qui bénéficie de l’accueil unanimement enthousiaste du public et de la presse à travers le monde depuis sa création. E.S.

AZh iVeZh Zc B^Y^"Eng c Zh / Canal du Midi et Canal Latéral & sam. 28 juin CASTANET TOLOSAN (31) Péniches Le Chèvrefeuille et Le Tourmente ' dim. 29 juin MONTGISCARD (31) Péniches Le Chèvrefeuille et Le Tourmente ( mar. 1er juillet RAMONVILLE (31) Péniches Le Chèvrefeuille et Le Tourmente ) jeu. 3 juillet TOULOUSE (31) Péniches Le Chèvrefeuille et Le Tourmente * sam. 5 juillet SAINT-JORY (31) Péniches Le Chèvrefeuille et Le Tourmente + jeu. 10 juillet MOISSAC (82) Péniche Le Chèvrefeuille , ven. 11 juillet BÉZIERS (34) Péniche Le Tourmente - sam. 12 juillet CASTELNAU d’ESTRETEFONDS (31) Péniche Le Chèvrefeuille 12ème édition, du 28 juin au 1er août 2008 www.festivalconvivencia.com

© Emilie Lescale

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Programmation

AZ X]Vbe YZ a¼Vgi Zi YZ aV hVgY^cZ

Retenez votre dimanche 7 septembre de 14h à 18h, pour assister à la vente aux enchères d’œuvres encore fraîches – dans tous les sens du terme – à Payra sur l’Hers, près de Castelnaudary. A Saint-Henri, art et nature s’accordent au quotidien avec des rendez-vous conviviaux au fil de l’été. Du 1er juillet au 31 août, quelques 50 artistes jouissent de la résidence particulière, en place depuis 18 ans. Toute personne qui se dit artiste peut postuler. Aux novices se mêlent étudiants d’écoles d’art de © MaPy Scheffer Paris, d’Istanbul et

d’ailleurs et artistes reconnus. Ils sont nourris-logés par l’association, qui met à leur disposition tout le matériel. Les œuvres restent la propriété de Saint-Henri et sont vendues dans le pré, le 1er dimanche de septembre. Exposition dès 11h et vente l’après-midi, sous le marteau de Maître Deleau. Face au record de 2007 d’une poule en bois de cagette à 2000€, le prix moyen est de 200€*. A midi, l’habituel piquenique champêtre est offert aux visiteurs : saucisses grillées et déjeuner sur l’herbe, vous ferez partie du tableau parmi les installations. L’été, on rencontre les artistes les samedis après-midi ou au repas moules/ sardines offert en soirée. Fatima Guevara

Lauzerte est une cité médiévale, classée parmi les plus beaux villages de France, située sur un piton rocheux perdu au milieu des champs et des vergers du Tarn-et-Garonne. Depuis 2000, l’Office de tourisme organise son festival, initié en 1999 par un couple, Bernadette Bessières et Bernard Tauran, enfants du pays qui souhaitaient proposer un évènement artistique pérenne mettant en valeur le patrimoine architectural de la cité, associé à de la création contemporaine. Bernard Tauran, spécialisé dans les projections « photo sur murailles, monument » a bâti avec sa compagne un concept : un cheminement ponctué de fresques murales, tapis, rideaux et habillages monumentaux. Bernadette Tauran en est maintenant la directrice accompagnée de bénévoles qui participent à l’organisation. Le concept emprunte à l’onirique : les rues deviennent des allées de bougies et le cheminement se fait à son gré, rythmé par la photo-scénographie de Bernard Tauran et l’intervention toute aussi inattendue d’artistes dans les cours et jardins. Chaque année, un thème est donné, cette année « Rêves de mer » ; des artistes performeurs, danseurs, musiciens, comédiens, plasticiens investiront le lieu qui leur est confié pour y proposer une création originale.

Le public est au rendez-vous : plus de 3000 personnes l’an dernier : des Tarn-et-Garonnais, des vacanciers et de plus en plus de personnes venant des départements limitrophes, notamment de Toulouse. Des familles en promenade, des amateurs d’art éclairés ou des personnes attirées par les notes pour le moins décalées de ce festival. La galerie municipale du Château d’Eau (Toulouse) propose une exposition photo sur le thème retenu. L’Europe, la région, le département et la ville soutiennent l’initiative, et ils ont raison : des paysages fantasmagoriques qui recouvrent les façades, un trajet croisé d’improbables qui nous font dire que tout est possible, du merveilleux à l’impromptu. Voilà une initiative en milieu rural qui mérite le détour. Curieux, vous êtes conviés à une expérience qui convoque vos sens… Stéphanie Amiot

* Une toile de Kostia Batynkov, ancien en résidence, s’est vendue 130 000 € à Sotheby’s en mai.

Infos-inscriptions : sainthenri@hotmail.com - www.sainthenri.org

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Renseignements : 05 63 94 61 94 accueil@lauzerte-tourisme.fr http://nuitsdelauzerte.free.fr

1er et 2 août 2008 de 22h00 à 1h00 Entrée : 10 € ( 6 - 12 ans : 5 €)

HeZXiVXaZh YZ <gVcYh 8]Zb^ch Onze ans déjà de rendez-vous atypiques au creux des montagnes. Un florilège de disciplines (théâtre de rue, danse, cirque, musique) accompagne les visiteurs, touristes curieux et les désormais fidèles de ces rencontres artistiques. Les montagnes et les chemins sont les hôtes toujours attentifs des inventions de nos invités les mercredi 23 et jeudi 24 juillet. Retour en milieu plus urbain en fin de semaine, où la ville d’Ax-les-Thermes accueille les après-midi et soirées turbulentes. Programmation en cours - voir le Site Internet du 23 au 26 juillet 2008 Spectacles gratuits sauf randonnée du mercredi 23 juillet.

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© DR

Renseignements : 05 61 64 38 00 · 05 61 64 60 6 26 rue Gambetta · 31000 Toulouse leila.picard@cegetel.net · www.ax-animation.com

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Programmation

JcZ IZggZ! YZh XdjaZjgh Zi hdc [Zhi^kVa Du champ nu surgissent chapiteaux, coulisses, stands. Des mains agiles installent plomberies, tirent les câbles reliés aux indispensables groupes électrogènes. Une magie professionnelle et roots à la fois opère. À seulement 2 km du village, les musiques du monde se mêlent aux musiques actuelles, les arts de la rue côtoient les cafés citoyens. Pas étonnant que même les vieux du coin viennent y boire un coup et découvrir des sons nouveaux. Entre montagnes et coteaux boisés, l’ambiance est populaire, conviviale. La programmation des arts de la rue (ou des champs) est intense, les découvertes nombreuses et les têtes d’affiche alléchantes : Lo’Jo, le Bazar Kumpanya du Didier Labbé Quartet, Watcha Clan, Toumani Diabaté… Côté pratique, le camping est gratuit avec toilettes sèches et tri sélectif, la restauration s’essaie au bio et à l’équitable. Le Village associatif réunit plus de 20 associations. Tarifs : 12€ à14€/jour et 18€ à 20€/2 jours. Gratuit pour les enfants et pour tous le dimanche. F. G.

© Titi Costes

Programme complet : www.terredecouleurs.asso.fr Place du Village · 09230 Sainte Croix Volvestre Tél. : 05 61 66 34 62

BVc^[Zhid '%%-! hVc\ edjg hVc\ Y^VWda^fjZ Le festival contre-événement, lancé en 2002 en réaction au « printemps de septembre », a pris de l’envergure et défend au mieux l’art photographique. Festival off, festival « autre », débrouillard, inventif et drôle, Manifesto c’est surtout un état d’esprit. Exit les rancœurs initiales, Manifesto, expression de l’association ON/OFF, a atteint ses objectifs : révéler et développer la nou© Manifesto

velle création photographique régionale. L’utopie créative de la « Petite factory » locale surprend toujours et chaque vernissage est un événement en soi. Depuis 2005, à l’édition de septembre s’ajoute celle de juin au festival « Rio Loco ». Pari réussi pour le collectif qui obtient la reconnaissance du public et de la mairie sans abdiquer sa liberté de ton. Du 17 au 22 juin, Rio Loco étant consacré cette année aux Balkans, le stand photo sera une crypte. Ambiance mortifère et démoniaque garantie avec les animatrices Muriel Benazeraf et Candy Trash. Les audacieux voyageurs repartiront avec un cliché, souvenir du jour où ils furent mordus. Port d’ail, de crucifix ou de chapelet prohibé. Vient la 6ème édition du festival d’images ManifestO, du 18 septembre au 18 octobre, entre Toulouse et Tournefeuille. 18/09 : Ouverture du festival, vernissage-performance au centre culturel Bellegarde. 19/09 : Exposition performance associée à la Cie de danse contemporaine Emmanuel Grivet à Tournefeuille. Un happening suivi de projections en plein air. 20/09 : Vernissage performance avec l’orchestre de chambre du Capitole à La friche ManifestO au 6 rue d’Embarthe. Présentation de la sélection 2008 et de l’exposition du collectif Tendance floue, invité d’honneur avec Mad in China. F. G.

Association ON/OFF – Festival ManifestO 37, rue Viguerie · 31300 Toulouse www.festival-manifesto.org

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Marchés

ÃÃ BdcigZYdc De juillet à août dans le hameau de Montredon du Larzac qui n’a rien perdu de sa flamme militante, le marché paysan s’impose à quelques mètres des barbelés, des panneaux d’avertissement et des routes privatives du camp militaire ! Montredon vit au rythme de son « anti-marché » tous les mercredis soirs d’été à partir de 18h. Miels, confitures, vins, pastis, fruits et légumes du jardin, fromages de brebis et de chèvre, grosses miches de pain… sont présentés pour nous rappeler le bon goût des produits du terroir. « Chaque étal propose un produit différent, explique Christiane, membre de la Confédération paysanne et pourvoyeuse officielle de pêches et de brugnons. On peut donc y vendre, acheter et consommer en dehors de tout climat concurrentiel… » Une fois leurs provisions effectuées, Caussenards vrais de vrais, citadins des alentours et touristes avertis s’installent dans le pré d’à côté pour un pique-nique improvisé où animations et spectacles prolongent le marché dans une ambiance conviviale. Martine Barutel Association de Montredon Montredon - 12230 La Cavalerie Tél : 05 65 62 24 44 - Fax : 06 65 62 15 60 © Christophe Abramovsky

ÃÃ HV^ci <^gdch Caractérisé par une étonnante mixité de population et une ambiance bucolique et militante, le marché de St-Girons en Couserans est un point de ralliement social incontournable au carrefour des dix-huit vallées de l’Ariège. Des Hollandais, Allemands, Anglais et Français fuyant les excès de la ville ont repeuplé les montagnes environnantes pour renouer avec la nature. Le samedi matin, ces “néo-ruraux” se retrouvent sur les rives du Salat, s’ajoutant aux vendeurs de tissus, d’artisanat et de nourriture exotique, d’Asie, du Maghreb, d’Afrique noire... L’été, l’animation bat son plein sous les notes des musiciens ambulants et le soleil favorise une rencontre directe avec les agriculteurs désireux de partager leurs savoirs et de vendre des produits agricoles de qualité : pain au levain, miel sauvage, herbes aromatiques, fromages de montagne, fruits et légumes de saison, plants, peignes en corne, savons au lait d’ânesse, soupes, thés et gâteaux aux épices faits maison à déguster autour d’un comptoir... Certains refusent d’adopter le label bio estimant que « c’est à l’agriculture conventionnelle, polluante, qu’il revient d’en financer le coût ». Le ton est donné ! Pour compléter ce tableau bigarré : quelques petits paysans du cru avec deux-trois œufs et têtes d’ail ainsi que des revendeurs en tous genres pour tous les besoins ou presque. I.B.

Les mercredis soirs en juillet - août

ÃÃ BdciWgjc"7dXV\Z Depuis Daumazan, le château en ruine de Montbrun-Bocage se dessine à l’horizon. Dominant le village, il semble annoncer quelques inquiétantes superstitions. C’est peut-être pour ça que le marché regorge d’herbes, de graines et de tisanes anciennes. Chaque dimanche matin, sous la halle, se déroule un des marchés les plus singuliers, les plus colorés et les plus vivants de la région. Pas besoin d’arriver à l’aube, les commerçants font durer le plaisir jusqu’à 14h. On peut y manger : assiettes gourmandes, lentilles, plats végétariens, charcuteries, gâteaux maison, crêpes de Sarrazin, jus de fruits bio, matés, tisanes… Pour l’amateur de produits issus de l’agriculture biologique, c’est à Montbrun-Bocage qu’il faut aller. Orgue de barbarie, flûte, percussion, jongleurs, sculpteur sur bois, artisans de bijoux, de vêtements, de breloques diverses, il y en a pour tous les sens. Au détour d’une ruelle, on peut parfois rencontrer un étrange bovidé, croisement de yack et de vache écossaise, monté par son propriétaire, dresseur pour rodéo. Il y a aussi des fruits et des légumes. Frédéric et Emeline produisent avec conviction des plants de légumes, d’aromatiques et de fleurs dans le respect des écosystèmes. « On ne gagne pas beaucoup, mais il faut être jaloux de notre liberté. C’est la seule chose qui a de la valeur ». Finalement, c’est un peu le sentiment qui se dégage du marché de Montbrun-Bocage. C. A.

Champs de mars · 09200 Saint Girons

Marchés le samedi, du 1er avril au 30 octobre de 8 h à 13 h 30 et du 1er novembre au 31 mars de 9 h à 13 h 30

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Association La maison de Montbrun 31310 Montbrun-Bocage

Marchés le dimanche jusqu’à 14 h Friture 5


Nouvelles

9Vch aZh XV^aa jm Il y a tellement de gens, sur cette terre, et dans les villes surtout, qui croient vivre dans du solide et qui ne vivent que dans des cages à poule, dans du béton sans passé, sans histoire, et surtout sans avenir. Toutes ces vies humaines qui macèrent les unes sur les autres, croyant avoir un plancher sous les pieds, un plafond sur la tête et des murs qui les protègent de l’extérieur, ne font en réalité que perdre leurs âmes. Un Diogène vivant dans un tonneau était bien plus proche du monde que ces fous, bien plus proche du réel, du concret, au contact de l’univers. Les murs des immeubles n’ont rien à dire, ils sont faux, ce sont des parpaings, du ciment, de l’aggloméré, des tissus de ferraille, rares sont aujourd’hui les maisons de pierre, et de nos jours, on a tendance à les détruire pour en faire des pavillons high-tech, aussi peu en prise avec la tectonique des plaques qu’un internaute peut l’être avec ses sens : pas de toucher charnel, pas de vision directe, pas de sons sans numérique. Il y en a encore pourtant, ici et là, de ces vieilles baraques qui ne paient pas de mine, qui flirtent avec l’écroulement, mais dont les pierres du mur sont plus anciennes que la découverte de l’Amérique. Ce n’est pas seulement le privilège des cathédrales, ou des demeures des seigneurs : il y a sous le crépi des maisons misérables des blocs de rocher ayant vu naître, régner et mourir presque tous les rois de France, et ils n’iront jamais le chanter sur leurs toits. Roland en avait marre de sa piaule, de ce trois pièces cuisine dans lequel il vivait, au troisième étage d’un immeuble cossu d’Albi dont les multiples travaux de ravalement, de mise aux normes et de rénovation avaient enlevé tout souvenir du monde. Ici, les voisins étaient d’illustres inconnus qui changeaient souvent de visage, ici, l’histoire s’écrivait moins qu’une publicité pour du Canigou ou qu’un règlement intérieur ne tolérant ni chien, ni décibels humains passé 22 heures. La télévision faisait office de muezzin, le bruit permanent de la ville, cette sorte de bourdonnement de ruche artificielle, semblait réconforter ses semblables, mais pas celui d’un rire trop bruyant, même si c’était celui d’un enfant. Roland voulait des pierres, et Roland tous les mois craquait. Il s’arrangeait pour avoir au moins cinq jours de libres, il fermait la porte sur son appartement, sur sa femme, sur ses

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crédits, sur l’inquiétant flot des cités et s’en allait en pleine nature, seul, une tente légère dans le sac à dos. Il allait dans les cailloux, comme il disait, il y allait seul parce que sa femme n’aimait plus ça. Maintenant, elle rentrait à chaque fois dans une rage folle quand Roland s’en allait dans les cailloux, et ces colères matrimoniales poussaient encore plus Roland en dehors des villes, encore plus dans les cailloux. C’était l’Aveyron qu’il avait choisi pour ses rochers. Roland explorait le département et les possibilités d’y trouver un endroit où la roche soit accueillante lui paraissaient infinies. Il avait commencé par le Larzac qu’il avait arpenté en long et en large, suivant de longs chemins qui arrivaient à des hameaux désertés où de vieilles ruines lui servaient d’abri, quand ce n’était pas l’entrée d’une grotte. Et puis était remonté jusqu’à l’Aubrac, où il plantait sa tente sur les sommets du plateau, entre deux rochers plantés dans les champs, comme tombés des étoiles. Au fil du temps (cela faisait dix ans que Roland s’adonnait à cette pratique de gîte minéral), il avait trouvé ses endroits favoris. Comme sur les bords de la Dourbie, dans les gorges d’abord, près de Laroque Sainte-Marguerite : il s’installait près d’une espèce de digue qui le protégeait du vent, et la journée, quand il faisait bien chaud, il s’installait sur une autre pierre, tombée des falaises, plantée en biais dans la rivière, et il y rôtissait d’aise, frottant son sexe contre la pierre pour faire l’amour aux sirènes des eaux douces. Ou alors, il remontait vers la source, vers le village de Dourbie, et cette sorte de dalle de pierre polie sur laquelle coulait le

cours d’eau, qui y avait fait des piscines de toutes tailles, au fond desquelles roulaient de grosses billes presque parfaitement rondes, tachetées de couleurs pastels, jaunes, roses, bleues. Il s’étalait sur cette dalle parfaitement lustrée, se rafraîchissait dans ces jacuzzis naturels, caressait toutes les courbes du roc. Là, il regardait pendant des heures le très lent accouplement d’une pierre rectangulaire plantée dans le tronc d’un chêne.

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Les seuls murs qu’il acceptait quand Roland partait dans les cailloux, c’était ceux des grottes et des abris sous roche. À Brusque, on avait reproduit un mini Lourdes dans une grotte qui trouait la montagne. Roland l’avait traversé, exploré ses entrailles, et l’une des sorties donnait sur une petite plateforme surplombant la vallée du Dourdou. C’était sa plus belle résidence secondaire : de là, il s’en allait souvent visiter le château vieux de onze siècles dont les pierres peu à peu rejoignaient le rocher qui le portait. Et là où se trouvait la salle des seigneurs y paissaient désormais des biches, en semi-liberté. À Creissels, près de Millau, alors qu’au-dessus de sa tête s’en-

volaient les ULM, Roland avait trouvé à peu près la même configuration, sauf qu’il y avait l’eau courante qui sortait en cascade de la falaise, et un peu trop de promeneurs y laissant leurs éternels papiers gras. À Sylvanès, il s’installait près d’un petit rocher perdu au milieu d’un pré sauvage, juste en face de l’abbaye, et en été, il y écoutait à l’œil tous les chants sacrés du monde que l’austère bâtisse accueillait pour son festival. Ou alors il demandait asile pour une nuit au château de Montaigut, vers Montlaur, et se promenait le soir sur les créneaux, observant les lumières brillant tout en bas, dans le rougier. À Ouyre, il avait déniché ce rocher fendu en

deux enfoui dans la forêt près de la rivière, et à Ouyre-Haute, ces anciennes demeures de mineurs près de non moins anciennes mines de cuivre. Au nord, plus au nord, à Peyrusse-le-Roc, il aimait au mois de mai ou juin s’installer en plein cœur des voûtes à ciel ouvert d’une église en ruines, au pied d’une aiguille rocheuse où tenaient encore les bribes d’une tour. Le matin, au réveil, il cueillait des fraises sauvages pour accompagner son café. À Rodelle, il restait des heures suspendu dans le ciel, sur l’un des trois rochers qui dominaient la vallée d’une bonne centaine de mètres, et s’endormait parfois, à même le sol, dans un abri troglodyte ou à l’entrée d’une grotte bourrée de chauves-souris dont les va-et-vient nocturnes, fréquents mais feutrés, lui rappelaient presque le bruit de la rue, ou ceux des tuyaux du chauffage central. Et il y avait aussi là ce sarcophage taillé à même le roc, qui était juste à sa taille... Tous les mois, dès qu’il le pouvait, Roland délaissait ainsi la ville et ses devoirs conjugaux pour aller vivre dans ses cailloux. Pour découvrir de nouveaux rocs, vieux comme Hérode, qui avaient vu l’aube de l’humanité et qui en verraient très certainement son crépuscule. Chaque nouveau rocher découvert était différent, lui proposait un paysage unique, avait ses propres légendes. Car ces rocs lui racontaient l’histoire du monde, l’histoire des hommes, lui rappelaient sa propre histoire. Et il revenait chez lui solide comme la pierre, solide pour un temps, car les tremblements de la vie moderne ne tardaient pas à le pilonner, comme un marteau-piqueur, avec la ferme intention de le réduire en caillasses, en gravier, en poussière. Pulvérisé comme chair à béton. Alors il repartait. Et toujours en habits du dimanche. Laurent Roustan Illustration : Yann Normand

juin › septembre 2008

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Sympa cette balade sur la Garonne ce matin. Un peu envahissants, tout de même, ces lotus et nénuphars. Il faut dire que depuis une vingtaine d’années, depuis l’été 2028 exactement, les biologistes n’arrivent pas à endiguer leur prolifération. Il paraît que ces espèces endémiques ne seront identifiées que dans plusieurs décennies. En attendant, le fleuve offre donc l’aspect d’une grande pelouse colorée, sur laquelle les sillons des bateaux tracent de sinueux chemins. C’est comme ces centaines de flamants roses. Ils se sont barrés de la Camargue depuis que celle-ci a totalement été recouverte, et viennent donc nicher à la Prairie des Filtres, comme les grues cendrées et les pélicans, d’ailleurs. Faudra s’y faire. Putain de réchauffement, quand même. Depuis qu’il ne neige plus dans les Pyrénées, et que le Canal du Midi a été asséché pour alimenter la Garonne, Toulouse est devenue une cité lacustre. Une sorte de Venise au milieu des terres. Il paraît qu’en Chine, on ne construit plus que ce genre de cités, sur pilotis, et au milieu des déserts, pour se protéger des montées des océans. Bref, on est venu passer nos vacances ici, de toute façon, il n’y a plus de plages en Méditerranée, et depuis que Paris est totalement recouverte par les eaux, autant venir à Toulouse. La Ville Arrosée, comme on dit ici, pour se moquer de l’ancienne Ville Rose. Avec ses 3 millions d’habitants, et depuis qu’Airbus a fermé suite à la disparition du pétrole, elle est devenue l’exemple mondial de la Ville Soutenable, alternative, verte et rose. Plus de bagnoles, ni de chimie, ni de déchets, zéro émission de CO2, des panneaux solaires sur chaque toit, une ferme éolienne de 300 machines plantées sur les collines de Rangueil, un mur végétal sur chaque maison pour capter le carbone et fournir le compost pour les dizaines de jardins potagers collectifs disséminés dans chaque quartier, les tramways aériens, les vélos et les barques fluviales gratuits… Et comme y a plus d’saisons, mon bon monsieur, c’est l’été tout le temps. La forêt de Bouconne s’est muée en une gigantesque bambouseraie, dans laquelle cerisiers du Japon, palétuviers, bananiers et autres espèces tropicales s’adaptent progressivement. « Fa cau, aqui ! » comme nous dit le serveur du troquet Le Climax. L’Occitan, lui, n’a pas disparu.

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G X]Vj[[ZbZci eda^i^fjZ C’est chaud, aussi, du côté de la nouvelle organisation sociale, et politique. La Mairie a été rasée en 2032. La Place du Capitole a été rebaptisée sobrement « L’A Place ». En référence aux arènes construites qui accueillent hebdomadairement les forums populaires, désignant par tirage au sort « le » Maire de la semaine. Tant de siècles pour en revenir à ce que préconisaient les Grecs… Il paraît que c’est un ancien Maire socialo, Pierre Cohen, qui avait soumis cette idée au

référendum, et avait dû s’incliner face aux 85 % de votes favorables à cette mesure. On lui a érigé une petite statue, place des Carmes, au milieu des vignes. Pour le reste, ici, cela ressemble à ce qui se passe partout. Le salariat a disparu au profit de sociétés coopératives ; on est passé à la semaine de 20h ; la carte d’identité mondiale a été généralisée ; il n’y a plus de banques, ni de sociétés d’assurances ; cela fait belle lurette que l’on a enterré la fusée Ariane, le Cancéropôle (depuis que le cancer a été éradiqué) et Météo France, délocalisé sur Mars. Y’a plus de voleurs, non plus, ni de délinquance, puisque chacun bénéficie du Revenu Individuel En Numéraires (le fameux RIEN). La prison Saint-Michel abrite donc à nouveau Royal de Luxe, le quartier Arnaud-Bernard fait la fête 24h sur 24, la télévision est interdite, la médiathèque vient de racheter des livres pour endiguer l’omniprésence du numérique, les ours ont été réintroduits au Jardin des Plantes, et le bonheur pour tous au Mirail. Voilà, on va donc repartir chez nous. Après ce bref séjour au pays de la ville idyllique. Et rêvée. Philippe Gagnebet · Illustration : Yann Normand Friture 5


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