NOVO N°7

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par adeline pasteur

par caroline châtelet photo : andré morin

Laurent Sfar, L’hypothèse contrastive, exposition jusqu’au 25 avril, à la Galerie du Granit et à la Bibliothèque Universitaire à Belfort.

Hier aujourd’hui demain / Aujourd’hui demain hier / Demain hier aujourd’hui, Armando Andrade Tudela, jusqu’au 16 mai, au frac bourgogne, Dijon 03 80 67 18 18 - www.frac-bourgogne.org

focus

La perturbation de l’ordinaire

Combinaisons minimalistes

Laurent Sfar s’installe dans la galerie du Granit, pour une expérience déroutante, poétique et insolite, qui bouscule les références communes, à l’image de l’ensemble de ses œuvres.

Investissant le FRAC Bourgogne avec ses sculptures épurées, Armando Andrade Tudela réinvente les trajectoires de circulation entre les œuvres.

Laurent Sfar a fait son entrée sur la scène artistique au milieu des années 1990. D’emblée, ses œuvres se sont distinguées par leur caractère à la fois polémique et intrigant. L’artiste se plaît à perturber l’ordinaire, le quotidien, invitant ainsi le public à s’interroger sur la nature même du geste artistique. Féru de l’espace urbain, qu’il réaménage avec des dispositifs parfois très sophistiqués, il trouve en la galerie du Granit sa « matrice à expériences poétiques », d’après les mots de Paul Ardenne. Partant de la configuration de la Galerie, l’artiste a élaboré différentes propositions qui s’imbriquent, se répondent, s’interfèrent, fidèles à l’esprit de jeu, aux stratégies de détournement et aux gestes perturbateurs qui caractérisent nombre de ses créations. « À un mur près, le Granit deviendrait un théâtre à ciel ouvert, confie t-il. La Galerie est placée en sandwich, adossée à un espace clos, celui du théâtre, dont elle forme l’antichambre d’un côté, et de l’autre ouverte sur la ville par une baie vitrée ; elle détermine ainsi une zone de frictions entre deux champs qui me sont chers, l’espace urbain et celui des mots. » L’exposition se prolonge à la Bibliothèque Universitaire de Belfort où Laurent Sfar présente des livres d’artistes et le film Supermâché, aire de pique-nique : un déjeuner sur l’herbe où des sangliers, robustes et indélicats, s’empiffrent de purée, pommes et poulets, éloquente mise en correspondance du sauvage et du civilisé. D

Lorsqu’on entre dans la salle d’exposition, la première chose qui s’offre – s’impose – à la vue sont des parois. Isolées, sans lien aux murs ni au plafond et situées chacune à une extrémité de la salle, ces cloisons structurent la circulation. Cachant les œuvres à notre regard, elles nous contraignent, nous invitant à contourner et à user de trajectoires autres pour appréhender le travail exposé. On saisit ainsi rapidement que l’artiste péruvien, qui présente ici sa première exposition personnelle en France, déploie une interrogation et une exploration de l’espace. Matériaux pauvres et rudimentaires (bois, béton, verre), formes géométriques et structures brutes servent de base à ses sculptures. Des pièces minimalistes, qui conjuguent et déclinent en elles-mêmes leur propre vocabulaire, à l’image du titre de l’exposition combinant ses modules. Ainsi de la pièce constituée de quatre plaques de verre adossées à un mur, et qui, superposées les unes aux autres, semblent de dimensions similaires. Mais seule celle située à la surface est totalement rectangulaire, les autres « creusant » par des coupes géométriques la forme du rectangle prédéfini. Rouges teintées, elles réfléchissent la salle, son éclairage et les sculptures environnantes, offrant par là une étonnante diffraction du regard jeté sur l’ensemble du lieu... D

Vue de l’exposition présentée au Frac Bourgogne Armando Tudela

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