NOVO N°7

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par nicolas querci

par sylvia dubost

El final de este estado de cosas, Redux, le 8 avril à l’Arsenal, à Metz 03 87 74 16 16 – www.arsenal-metz.fr

Listen to your eyes Jusqu’au 18 avril au Frac Lorraine et à l’école d’art de Metz http://esamm.metzmetropole.fr

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Le cavalier andalou Avec El final de este estado de cosas, Redux (littéralement : la fin de cet état de choses), le danseur et chorégraphe andalou Israel Galván propose une version dansée de l’Apocalypse de Jean, dans laquelle chaque pas, chaque geste, chaque écart, chaque rupture, symbolise une phrase du livre qui referme la Bible chrétienne. Sur une plateforme de bois noir, masqué, sur des cercueils, entouré d’une dizaine de musiciens, il offre son corps au mythe de la fin des temps pour en donner une interprétation habitée, en passant du flamenco le plus pur à des formes radicalement contemporaines. Né en 1973 à Séville – berceau du flamenco – fils du célèbre danseur José Galván, Israel Galván ne cesse depuis le milieu des années 90 de réinventer les codes d’un art coincé entre la pantomime folklorique et l’affectation moderne, grâce à une maîtrise parfaite de ses techniques, une vision pénétrante de son essence, et une audace formelle éblouissante – en n’hésitant pas à se servir d’éléments issus de la culture populaire. El final… puise jusqu’aux racines émotionnelles du flamenco, qui est un chant, une musique, une danse, exprimant la douleur du monde, la souffrance de ses interprètes, jouant sur un mouvement de tension extrême entre désir incontrôlé, passion brutale, désillusion et espoir de rédemption. Israel Galván préfère électrifier son public plutôt que l’édifier, et cette lecture de l’Apocalypse, à prendre dans son sens métaphorique – universel, contemporain, comme le flamenco – s’adresse directement au corps et à l’âme des spectateurs. D

Motus Ecouter le silence, les gestes qui parlent mieux que les mots… La double exposition Listen to your eyes offre un espace à tout ce qui s’exprime autrement qu’à travers le verbe et le bruit. Comment communiquer par-delà les mots, par delà le son ? Tout en répondant à ces questions simples et éternelles, les œuvres nous emmènent encore bien plus loin. Au Frac Lorraine, Eva Koch, Artur Żmijewski et Roman Signer recherchent un langage gestuel universel, qui pourrait soutenir la parole défaillante à exprimer le sens. Manon de Boer rejoue 4’33 de John Cage, faisant porter toute son attention sur les gestes et la respiration que suppose son interprétation. On Kawara, par la succession de ses fameuses dates, pose la question de la « mémoire » et de la possible fixation du souvenir sans le truchement des mots. L’école supérieure d’art de Metz a quant à elle composé une proposition qui met en image de rythme, et le silence qui le marque. Dans sa vidéo, Su Mei Tse joue du piano avec des attelles au bout des doigts. Son geste, entravé et ralenti, crée une chorégraphie qui donne au son une nouvelle profondeur. Rainier Lericolais, plasticien et musicien, figure sur le mur une onde sonore, tandis Carl Andre tente, par l’intermédiaire de son quadrillage de dalles, de la faire ressentir au visiteur. Ces deux expositions, qui mettent le spectateur en état d’éveil et de perception maximum, inaugurent Son, vibration et musique, parcours de 20 expositions à travers la France, autour de la place du son et de la musique dans la création. Elles l’inaugurent en en prenant, d’entrée, le contrepied. D

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