SOURCE hiver 2013

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ENTREVUE avec

Jean

Lavoie Convention de la poste-publications no 41122591

Faire de la politique pour les bonnes raisons

Stratégie d’économie d’eau potable : bilan de l’an 1

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Mesure des boues dans les étangs : de la roue de vélo au sonar géoréférencé

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Problématiques de la mesure de pH de l’eau pure

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xclusifr e u n e t n o C diffusé soul.tv

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Vo ir p ag e3 0

H IVE R 2013, vol. 8 no 2

Le magazine de l’eau au Québec

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tête-à-tête 8

« J’ai un intérêt pour la politique active, mais je sais aussi que ce n’est pas facile. Cela dit, je trouve qu’on doit faire son devoir citoyen; on n’a presque pas le choix de s’y intéresser minimalement et même de s’y impliquer lorsqu’on a quelque chose à offrir. De mon côté, l’éthique et l’intégrité ont toujours fait partie de ma ligne de conduite. J’aimerais donc contribuer de façon à mettre ces principes en valeur. Maintenant, est-ce que ce serait à l’intérieur d’un parti politique ? Je l’ignore pour l’instant. » — Jean Lavoie

SOMMAIRE

chroniques 14

G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S L E S A M I S D E S O U R C E LES

BONTSS 29

CONT

L’ E N V E R T D U D É C O R

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AC

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EAU POTABLE

STRATÉGIE D’ÉCONOMIE D’EAU POTABLE : BILAN DE L’AN 1

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EAUX USÉES

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SUR LE RADAR

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INSTRUMENTATION

MESURE DES BOUES DANS LES ÉTANGS : DE LA ROUE DE VÉLO AU SONAR GÉORÉFÉRENCÉ

VOUS AVEZ DIT « INNOVATION » ?

PROBLÈMES AUTOUR DE LA MESURE DU PH DE L’EAU PURE

Éditeur et rédacteur en chef : André Dumouchel adumouchel@maya.cc Chroniqueurs : John Cigana Marc-André Desjardins Dominique Dodier France Gauvreau Mathieu Laneuville

Direction artistique : MAYA communication et marketing Designer graphique : Sylvain Malbeuf (SymaPub) Photos de la page couverture et de l’Entrevue : Alexandre Nadeau dansmonsoussol.tv Révision linguistique : Annie Talbot

Coordination des ventes : Grégory Pratte Tél. : 450 508-6959 gpratte@maya.cc Abonnement et administration : MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère (QC) J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazinesource.cc www.magazinesource.cc

Impression : Carpe diem Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé

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Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 8 NO 2 HIVER 2013

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D r o i t s d ’ a u t e u r e t d r o i t s d e r e p r o d u c t i o n : t o u t e d e m a n d e d e r e p r o d u c t i o n d o i t ê t r e a ch e m i n é e à M AYA communication et marketing aux coordonnées figurant ci-dessus. Les opinions et les idées contenues dans les articles n’engagent la responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine SOU R CE recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1e trimestre 2005. ISSN 1712-9125. Le magazine SOURCE est publié 3 fois l’an.

H IVE R 2013, vol. 8 no 2

Le magazine de l’eau au Québec



adumouchel@maya.cc

éditorial André Dumouchel

Tout petit, j’aimais faire des imitations. J’aimais particulièrement imiter René Lévesque et Jean Drapeau. Mes parents, très fiers de moi, ne rataient jamais la chance de m’offrir un public. Ainsi donc, chaque fois que l’occasion se présentait, on me demandait d’imiter deux des plus illustres politiciens de l’époque. Oncles, tantes, amis de la famille, voisins et même la serveuse du Miss Laval du boulevard Dagenais s’amusaient de voir un gamin personnifier maladroitement ces deux icônes politiques.

Plus tard, alors que mes bras allongeaient démesurément et que ma voix muait, je me suis mis à m’intéresser à la politique pour autre chose que la personnification de ses principaux acteurs. J’ai admiré le charisme de Lévesque, les stratégies de Bourassa, le leadership et le courage de Bouchard et l’intelligence de Parizeau. J’ai été tenté de les imiter et de devenir à mon tour politicien. J’ai beaucoup lu, j’ai suivi quelques cours de sciences politiques au cégep et à l’université. Je me suis impliqué dans les associations étudiantes des établissements scolaires que je fréquentais. Jusqu’au jour où j’ai travaillé pour l’équipe de Jean Charest alors qu’il tentait de devenir chef du Parti conservateur du Canada. À un certain moment, on nous a réunis dans une salle de conférence. Nous étions une vingtaine tout au plus. Puis est entré monsieur Charest pour distribuer des poignées de main à chacune des personnes dans la salle. Il avait un conseiller en permanence à ses côtés qui lui présentait chacun d’entre nous. Monsieur Charest nous regardait sans vraiment le faire. Il était très souriant, mais avait l’air absent. Comment aurait-il pu en être autrement avec le nombre de personnes qu’il rencontrait chaque jour ? C’est alors que la réalité m’a frappé. La politique est superficielle, du moins en ce qui a trait aux sorties publiques. Remarquez que je n’en tiens absolument pas rigueur à monsieur Charest puisqu’il n’avait pas le choix d’agir ainsi, puisque c’est ce que les gens veulent; qu’il s’intéresse à nos vies l’espace d’un instant.

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Un jour, je serai politicien

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Aujourd’hui, avec le recul, je sais bien que c’est l’évidence même. Mais à ce moment de ma vie, ce sont mes dernières illusions qui s’envolaient. Curieusement, cet épisode de ma vie est resté bien gravé dans ma mémoire. Il a été l’élément déclencheur de mon désintéressement face à une éventuelle implication politique. Je sais maintenant que je serais très mal à l’aise de faire le tour des soupers spaghetti des Chevaliers de Colomb afin de serrer la main de gens qui me connaissent sans que je les reconnaisse. Toutefois, c’est le cynisme envers les politiciens qui a mis un terme à un éventuel investissement politique de ma part. Je trouve abominable le traitement que nous réservons à nos politiciens. Bien sûr il y en a certains qui ont une facilité déconcertante à manipuler les enveloppes brunes, mais je suis convaincu qu’il s’agit d’une minorité et qu’un grand nombre d’entre eux font un travail colossal dans des conditions rarement faciles. Pourtant, les citoyens sont portés à les mettre tous dans le même panier. Ça m’attriste. C’est pourquoi je ne peux m’empêcher d’éprouver une grande admiration pour des gens comme Jean Lavoie qui désirent offrir tout leur temps à la collectivité en devenant politiciens. Retraité de la Ville de Laval, Jean pourrait profiter d’une qualité de vie enviable en jouant aux cartes avec des amis, en jardinant ou en regardant des clips vidéos sur www.dansmonsoussol.tv. Au lieu de ça, il mettra sa vie personnelle en veilleuse au profit de citoyens qui ne lui reconnaîtront probablement aucun mérite. De mon côté, je lui lève mon chapeau bien haut pour ce sacrifice, mais ne l’envie nullement. On dit souvent qu’en vieillissant on retombe en enfance. Si c’est le cas, préparez mes affiches électorales. Car qui sait, je me présenterai peut-être aux élections de 2043. Reste à savoir si je voudrai imiter le maire Drapeau ou Ti-Poil… ■



ENTREVUE avec

Jean

Lavoie Faire de la politique pour les bonnes raisons

J EAN LAVOIE EST UN LAVALLOIS DANS L’ÂME. I L EST NÉ À LAVAL, Y A GRANDI ET Y VIT TOUJOURS. I L A ŒUVRÉ EN TANT QUE GESTIONNAIRE DE L’EAU DE CETTE VILLE TOUT AU LONG DE SA CARRIÈRE. DE NATURE PLUTÔT CALME ET PRAGMATIQUE, IL S’ENFLAMME TOUTEFOIS LORSQUE VIENT LE TEMPS DE COMMENTER LES PRÉSUMÉS SCANDALES DE CORRUPTION ET DE MALVERSATIONS QUI PÈSENT CONTRE L’HÔTEL DE VILLE DE SA MUNICIPALITÉ. COMME LA PLUPART DES LAVALLOIS, IL TROUVE LA SITUATION TOTALEMENT INACCEPTABLE. AU POINT MÊME OÙ IL SONGE À S’INVESTIR EN POLITIQUE POUR DEVENIR UN ACTEUR DE CHANGEMENT. QUEL A ÉTÉ SON PARCOURS PROFESSIONNEL ? QUELLES SONT SES MOTIVATIONS POLITIQUES ? COMMENT ENTEND -IL S’INVESTIR ? LE MAGAZINE SOURCE L’A RENCONTRÉ POUR VOUS.

Entrevue réalisée par André Dumouchel

À quel endroit avez-vous grandi ? Ma famille a emménagé dans la maison où je demeure encore aujourd’hui, un mois avant que je vienne au monde, en avril 1952. Tout comme mes trois frères et mes huit sœurs, je suis né dans la maison de mes parents. C’est ma grand-mère qui venait aider ma mère à accoucher. Quelle était l’occupation de vos parents ? Mon père était postier. Ma mère était aussi liée aux postes. Nous avions un petit local à la maison où elle travaillait. Elle aimait beaucoup recevoir les gens, notamment les étrangers qui arrivaient au village. Le bureau était souvent le premier endroit où ces gens passaient. C’était une autre époque ! Votre famille était très liée à Postes Canada. Avez-vous eu l’idée d’y faire carrière ? Pas vraiment. Ce n’était probablement pas non plus le premier choix de mon père, car il était agriculteur dans l’âme et avait été élevé sur une terre. Au début de leur mariage, mes parents ont possédé une terre, mais ils ont été très malchanceux. Il y a eu des intempéries incroyables et ils ont perdu toutes leurs récoltes. Mon père aurait aimé continuer en agriculture, mais il devait gagner sa vie. Il a eu l’occasion de se présenter au service des postes, a obtenu l’emploi et s’est rendu ainsi jusqu’à la retraite. Quel métier souhaitiez-vous faire lorsque vous étiez enfant ? À un moment, j'ai été tenté par le journalisme. J’aurais aussi souhaité être professeur. Comme tous les enfants, j’ai changé plusieurs fois d’idée. J’ai toujours été très curieux. Encore aujourd’hui, tout m’intéresse. Quel genre d’enfant étiez-vous ? Il s’est écoulé quatre ans et demi entre ma sœur – l’avant-dernière – et moi. Alors évidemment, mes sœurs ont joué à la mère avec moi. Mes frères étaient beaucoup plus vieux et j’étais moins proche d’eux que de mes sœurs. Elles m’ont beaucoup gâté. Je dirais que ça m’a donné une écoute différente à l’égard des femmes, une sensibilité pour la cause féministe, par exemple, et qui me marque encore aujourd’hui.

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Étiez-vous un bon étudiant ? Mes parents trouvaient que j’avais un certain talent et ils ont décidé de m’envoyer faire des études classiques à l’école Mont-de-La Salle. J’y ai fait ma huitième classique, mais ce n’était pas tout à fait ma branche. Après, j’ai fait ma 9e année en sciences et mathématiques et ma 10e en sciences et lettres. Pour la 11e, j’ai fait la « générale ». Pour les gens de ma génération, cela voulait dire que je ne pouvais pas descendre plus bas, je devais faire autre chose ou quitter l’école. Comment expliquez-vous ces difficultés ? J’avais beaucoup de plaisir à l’école. J’ai été couvé par la famille longtemps, alors quand j’ai découvert le monde extérieur, les amis, les possibilités de réalisation, j’en ai beaucoup profité. En classe, j’étais très indiscipliné. Finalement, j’ai remonté et j’ai fait ma 12e année préparatoire aux études supérieures. Après le secondaire, j’ai poursuivi mes études au Cégep de Saint-Laurent en assainissement de l’eau. Comment aviez-vous entendu parler de ce programme ? En 10e année, il y avait eu une journée « carrières » où je m'étais rendu à reculons. Je découvrais alors que le Cégep de Saint-Laurent était le seul au Québec à offrir le programme en assainissement de l’eau et j’étais tombé en amour avec ça. Qu’est-ce qui vous avait séduit ? Je me voyais sur un lac en train de pagayer. Ça correspondait à des valeurs profondes de proximité avec la nature. Ce jour-là, je me suis dit : « C’est làdedans que je me vois faire carrière. » J’avais aussi besoin d’être rassuré, je me disais que je ne manquerais pas de travail dans le domaine de l’eau. Il y avait un très vaste éventail de possibilités : l’échantillonnage, l’étude des puits, l’écoulement, l’hydrologie, etc. Avez-vous eu des professeurs marquants au Cégep de Saint-Laurent ? Assurément Jean-Paul Beaudry. Je ne crois pas être le seul. Il enseignait des matières comme l’hydrologie et le traitement de l’eau. Il nous transmettait un amour de l’eau et nous amenait à la connaître d’une façon plus pointue. Il avait une approche rigoureuse, mais très ludique en même temps.

Avez-vous effectué des stages ? Oui, à l’usine-école de la Commission scolaire des Trois-Lacs à Vaudreuil. Une fois diplômé, quel a été votre premier emploi ? J’ai eu le choix entre trois emplois; l’un des employeurs était le gouvernement du Québec qui m’offrait 6 054 $ par année, un autre était l’Institut ArmandFrappier qui m’offrait un salaire similaire et il y avait la Ville de Noranda qui offrait 9 000 $ pour un poste d’opérateur. C’était un écart considérable pour l’époque. De plus, ma femme et moi étions sur le point de nous marier. L’idée d’aller vivre ensemble et de sortir des jupons de nos parents nous attirait beaucoup, il faut l’avouer. On a fait le saut et j’ai travaillé un an à Noranda. Pourquoi être revenu après seulement un an ? D’une part, le logement du haut du duplex de mes parents se libérait. D’autre part, j’avais la possibilité d’obtenir un emploi payant à la Communauté urbaine de Montréal. Emploi que j’ai obtenu. De plus, ma femme et moi, on s’ennuyait un peu de la famille et des amis qu’on avait dans la région. Quel était votre poste ? J’ai occupé le poste d’aide technique durant trois ans. Je m’occupais de caractériser les eaux usées dans les réseaux d’égout afin de déterminer la qualité de l’eau que chacun des intercepteurs véhiculait en vue d’un contrôle des surverses. Il fallait caractériser les eaux de telle sorte que l’on sache, quand il pleut, quelles sont les eaux qu’on devrait intercepter et envoyer à la station d’épuration et quelles sont celles qui auraient une qualité suffisante pour continuer vers la rivière. Aimiez-vous votre emploi ? Sur le plan technique, oui. Évidemment, sur le plan sanitaire, dans les égouts, c’était moins agréable. C’était dangereux et très glissant à cause du limon au fond. Il y avait peu d’eau, mais il fallait toujours s’attacher. Contrairement à ce que l’on pense, il n’y avait pas vraiment d’odeurs ni même d’odeurs de lessive. Qui était votre supérieur ? Mon patron était Alain Jodoin. Lui et moi formions une petite équipe, on partait

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en camionnette avec l’équipement. Alain était un gars fier, bien organisé et avec qui c’était très agréable de travailler. On a inventé toutes sortes de petits bidules pour déclencher les échantillonneurs. Pourquoi avoir quitté cet emploi ? Depuis la fin de mon cégep, je souhaitais travailler pour la Ville de Laval sans pour autant en avoir eu la chance. À un moment, on m’avait envoyé une lettre à mon ancienne adresse à Noranda pour m’offrir une entrevue pour la Ville de Laval. En raison d’un problème lié au changement d’adresse, je n’avais pu mettre la main sur la lettre à temps et c’est un de mes amis, Michel Leclerc, qui avait été embauché. C’est pourquoi je n’ai pas manqué ma chance lorsqu’un autre poste a été annoncé. Quel était votre poste ? Je faisais de la recherche de fuites dans le réseau de distribution. Il y avait donc de la recherche de fuites dans le réseau à cette période ? Nous en étions au tout début, parce qu’en 1976, mon patron, Guy Courchesne, avait en quelque sorte démarré le programme avec la firme Gendron Lefebvre. Quand je suis arrivé, il y avait encore beaucoup de développements à faire, des chambres de mesure à installer. J’ai donc contribué à cela. J’ai par la suite occupé différentes fonctions, toujours pour la Ville de Laval. Que pensez-vous de la situation politique à Laval. Êtes-vous surpris ? Les rumeurs comme quoi quelque chose de croche se passait étaient persistantes depuis plusieurs années. Personnellement, ça me blesse au plus haut point d’entendre qu’on associe la ville de Laval à la corruption. Je suis un Lavallois pure laine, mes racines sont ici, je suis ancré à cette ville et je crois que les Lavallois méritent mieux que ça. Ils doivent retrouver la fierté de leur ville sur le plan politique. Avez-vous été témoin de rumeurs qui se sont avérées ? Peut-être une fois, et j’en ai fait part à mes patrons, mais autrement, non. Avez-vous vécu des situations durant lesquelles des gens ont tenté de vous corrompre ou ont laissé entendre que l’on pourrait vous corrompre ? Non. Comme j’étais opérateur, j’avais la chance de ne pas être lié aux travaux. On constate aujourd’hui que c’est là que ça se passait. Je pouvais participer en partie aux travaux, effectuer des suivis, mais je n’avais pas de pouvoir décisionnel sur des tractations qui pouvaient attirer les gens malhonnêtes. De l’intérieur, comment vos collègues vivaient-ils avec ces rumeurs ? Ça ne les empêchait pas de travailler, mais beaucoup d’entre eux souhaitaient qu’il y ait des changements positifs. Il y avait un engagement très profond à la municipalité, des gens très compétents qui travaillaient fort, qui excellaient, alors de penser que leur travail pouvait être entaché par des approches malhonnêtes, ça les rendait tristes. Comme contribuable, comment réagissez-vous relativement à ces allégations ? Je trouve que c’est malheureux. Quand on pense que ça peut nous avoir coûté 25 à 30 % de plus que la valeur du marché, alors que tout le monde dit qu’il faut augmenter les taxes et diminuer les dépenses, on mérite mieux que ça. Pour moi, c’est tolérance zéro, ça m’offusque et me dérange.

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Votre exaspération vous conduirait-elle à vous impliquer en politique ? J’ai un intérêt pour la politique active, mais je sais aussi que ce n’est pas facile. Cela dit, je trouve qu’on doit faire son devoir citoyen; on n’a presque pas le choix de s’y intéresser minimalement et même de s’y impliquer lorsqu’on a quelque chose à offrir. De mon côté, l’éthique et l’intégrité ont toujours fait partie de ma ligne de conduite. J’aimerais donc contribuer de façon à mettre ces principes en valeur. Maintenant, est-ce que ce serait à l’intérieur d’un parti politique ? Je l’ignore pour l’instant. Croyez-vous qu’il s’agisse d’un bon moment pour s’impliquer en politique ? À mon avis c’est le meilleur moment ! C’est comme acheter des actions au moment où elles sont les plus basses. Et à mon avis, l’éthique et l’intégrité sont des valeurs sûres.

L’environnement, par exemple, que ce soit l’agriculture ou la protection du territoire; la nature est si près de nous, c’est une richesse extraordinaire ! Je pense aussi à la fonction publique; il y a beaucoup de fonctionnaires qui sont prêts à travailler à l’amélioration des pratiques. Et que peut-on souhaiter à Jean Lavoie ? D’être heureux. Alors, Jean, c’est ce que nous vous souhaitons. Merci beaucoup ! ■

Qu’est-ce qui ferait que vous feriez le saut en politique ? Si j’ai le sentiment de pouvoir changer fondamentalement les choses, d’avoir de l’impact, c’est-à-dire avec une vision qui risque d’avoir un aboutissement intéressant sur le plan de l’intégrité et de l’éthique. Dans ces circonstances-là, oui, peut-être. Chose certaine, je serai près des gens qui voudront être des acteurs de changement. Combien de temps vous donnez-vous pour y réfléchir ? Je dois peser les pour et les contre afin de prendre une décision éclairée. Mais je suis bien conscient que je ne pourrai pas attendre des mois si je veux m’impliquer d’une façon plus engagée. Faut-il avoir le profil du politicien de carrière pour s’impliquer ? Surtout pas ! Je préfère voir arriver des gens de l’extérieur. Des hommes et des femmes qui ont un bagage diversifié. Par contre, je suis contre le « double dip », c’est-à-dire des professionnels qui se présentent à un poste électif pour augmenter leur salaire. Renonceriez-vous à la source de revenus associée à la fonction politique ? Absolument ! Je ne conçois pas de m’impliquer en politique pour l’argent. Si je fais le saut, ça ne sera pas pour faire de l’argent, mais bien pour faire changer les choses. La croyance populaire veut qu’il soit difficile de faire de la politique sans se faire corrompre. Auriez-vous peur d’être corrompu ? Je n’aurais pas peur d’être corrompu, par contre j’aurais peur que des gens tentent de faire de la corruption. C’est tellement présent et universel, aujourd’hui ! C’est pourquoi je mettrais certainement en place des mécanismes pour contrer cela. Avez-vous confiance que les nuages se dissipent au-dessus de Laval ? Oui, j’ai confiance. Bien que l’opposition soit absente de l’hôtel de ville, je pense que sa démarche est honnête et intègre. Il y a aussi beaucoup d’autres personnes qui sont actives et qui ne sont pas identifiées aux partis politiques. Que souhaitez-vous pour l’avenir de votre ville ? D’abord, un changement profond de culture en ce qui concerne la façon de faire de la politique. On peut faire beaucoup mieux dans plusieurs dossiers.

APPEL D’INTÉRÊT DE LA VILLE DE LAVAL BIOMÉTHANISATION ET COMPOSTAGE - DEMANDE D’INFORMATION La Ville de Laval (400 000 hab.) projette de construire deux installations de traitement biologique des matières organiques : • Une installation de biométhanisation (capacité de 65 000 t/an) pour y traiter principalement des boues d’épuration et accessoirement des résidus organiques triés à la source en provenance des secteurs résidentiel et commercial. • Une installation de compostage (capacité de 50 000 t/an) pour y traiter des résidus organiques triés à la source en provenance des secteurs résidentiel et commercial. Le biogaz produit pourrait être utilisé pour sécher les boues, pour utilisation sur place ou être injecté dans le réseau de gaz naturel (GAZ METRO).

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Afin de parfaire ses connaissances, la Ville invite les entreprises spécialisées dans ces domaines et les domaines connexes à lui faire parvenir de la documentation concernant l’entreprise, ses partenaires et ses réalisations.

BUREAU DU GREFFIER DE LA VILLE DE LAVAL 1, place du Souvenir Laval, QC H7V 1W7

Pour obtenir les documents d’appel d’intérêt no. QF-00004 comprenant l’explication détaillée des besoins de la Ville, vous devez vous rendre sur un des deux sites suivants : www.seao.ca ou www.merx.com.

Ces documents demeureront confidentiels et sous la garde de la Ville.

Les réponses des fournisseurs intéressés devront être transmises en français ou en anglais, avant le 12 février 2013, à l’adresse suivante :

De plus, le projet de Plan de gestion des matières résiduelles 2012-2017 est publié sur le site Web de la Ville de Laval sous l’onglet Environnement. http://www.ville.laval.qc.ca/wlav3/index.php?pid=3009 On y trouvera le projet de PGMR ainsi que les études préalables qui ont mené à son élaboration.



E A U P OTA B LE

STR ATÉG I E D’ÉC O N O M I E D’E A U P OTA B LE : B I L A N D E L’A N 1!

Mathieu Laneuville Ingénieur Ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire m a t h i e u . l a n e u v i l l e @ m a m ro t . g o u v . q c . c a

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râce à la collaboration de près de 600 municipalités, qui représentent plus de 90 % de la population québécoise desservie par un réseau de distribution d’eau potable, il est maintenant possible de dresser le premier bilan de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable qui a été annoncée en mars 2011. Une baisse importante de la quantité d’eau distribuée par personne a été constatée, mais lorsqu’on regarde la tendance canadienne et les taux élevés de pertes d’eau potentielles, il reste encore beaucoup à faire.

BILAN DE LA QUANTITÉ D’EAU DISTRIBUÉE PAR PERSONNE En ce qui concerne la quantité d’eau distribuée par personne par jour, il semble que l’objectif de passer de 777 à 622 litres soit presque atteint avec un résultat de 623 litres. Toutefois, certains facteurs, qui sont à l’origine de cette baisse importante, pourraient inverser la situation et créer un rebondissement dans les prochaines années. • Les données du bilan 2011 de la Stratégie sont plus complètes et plus précises que les données de référence d’Environnement Canada 2001. D’ailleurs, une mise à jour des données sera publiée lorsque toutes les données 2011 auront été approuvées. • La récession économique a occasionné une réduction de la consommation causée, notamment, par les ralentissements de production et les fermetures d'usines. Il y aura donc un risque de rebondissement lors de la reprise économique. • La vérification de la précision des instruments de mesure n’a pu

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être effectuée que tardivement. Il y a donc un risque de variation si les instruments n’étaient pas précis en 2011. Les investissements majeurs des dernières années dans la réhabilitation et le remplacement de conduites ont entraîné une réduction des fuites d’eau. L’été humide de 2011 a sûrement entraîné moins d’arrosage extérieur que l’été sec de 2001. Il risque d’y avoir un rebondissement au prochain bilan attribuable à l’été sec de 2012. Sur une dizaine d’années, les nouveaux équipements de plomberie économes en eau et les nouveaux réseaux de distribution commencent à avoir des répercussions positives. Les campagnes de sensibilisation ont probablement eu un impact qui est cependant difficile à quantifier. Un risque de rebondissement est à prévoir si les campagnes ne sont pas maintenues.

COMPARAISON AVEC LE RESTE DU CANADA Tout en étant au fait que la quantité d’eau distribuée par personne par jour tend vers la bonne direction, il est intéressant de rappeler que l’objectif québécois était d’atteindre la moyenne canadienne de 622 litres (Environnement Canada, 2001). Or, la moyenne canadienne a baissé à 510 litres et la moyenne ontarienne à 409 litres (Environnement Canada, 2009). Avec ces résultats, on réalise que la situation québécoise s’améliore, mais qu’il faut aussi suivre la tendance générale.

BILAN DES PERTES D’EAU POTENTIELLES Les taux de pertes d’eau potentielles (qui comprennent les pertes d’eau et les consommations de nuit non mesurées des usagers majeurs) sont de : • 27 % par rapport à la quantité d’eau distribuée, soit 7 % de plus que l’objectif de la Stratégie; • 31 mètres cubes par jour par kilomètre de conduite [m3/(d-km)], soit 16 m3/(d-km) de plus que l’objectif de la Stratégie.

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S T R AT É G I E D ’ É C O N O M I E D ’ E A U P O TA B L E : B I L A N D E L’ A N 1 En l’absence de compteurs d’eau, l’approche par débits de nuit a été utilisée pour calculer ces taux. Cependant, cette approche peut provoquer une surestimation des résultats. • Si tous les débits de nuit distribués dans la municipalité ne sont pas connus, il est difficile de cibler le minimum de l’année. C’est ce qui arrive lorsque la municipalité effectue quelques mesures manuelles pour connaître le débit de nuit minimum. Afin de remédier à la situation, des municipalités ont installé des enregistreurs de données pour obtenir le débit de nuit minimum réel de l’année. • Des consommations de nuit non mesurées des usagers majeurs augmentent le taux de pertes d’eau potentielles. Pour obtenir un taux plus réaliste, plusieurs municipalités procèdent actuellement à l’installation de compteurs d’eau permanents ou temporaires chez les grands consommateurs d’eau.

ACTIONS MISES EN PLACE Toutes les municipalités participant à la Stratégie se sont engagées à poursuivre ou à mettre en place les actions suivantes : 1. Installer les instruments de mesure nécessaires pour quantifier l’eau distribuée dans la municipalité. 2. Vérifier la précision des instruments de mesure et les étalonner au besoin. 3. Instaurer un programme de détection et de réparation de fuites si les pertes d’eau potentielles dépassent les objectifs de la Stratégie. 4. Adopter une réglementation municipale sur l’utilisation de l’eau potable similaire au modèle du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) pour éliminer le gaspillage.

5. Effectuer des activités de sensibilisation et de promotion à l’économie d’eau.

PROCHAINES ÉTAPES

Maintenant que le premier bilan est dressé et que des actions ciblées sont en cours dans chaque municipalité participante, on s’aperçoit qu’un mouvement de bon augure est amorcé, mais que la route reste longue pour atteindre la moyenne canadienne et l’ensemble des objectifs de la Stratégie. À cet effet, le MDDEFP poursuit son accompagnement par la production de documents techniques et la préparation de journées de formation.

Pour beaucoup de municipalités, la première solution consiste à rechercher et à réparer les fuites d’eau. Par ailleurs, l’optimisation des interventions municipales passera par une meilleure connaissance des débits distribués, notamment de nuit. Pour beaucoup de municipalités, la première solution consiste à rechercher et à réparer les fuites d’eau. D’autres outils, comme la gestion de la pression de l’eau, sont aussi utilisés pour rendre les réseaux de distribution plus performants. Lorsque cela ne suffit pas, d’autres solutions sont envisagées. Par exemple, l’installation de compteurs d’eau pour contrôler les consommations excessives. En ce sens, plus de la moitié des municipalités ont eu recours aux compteurs de façon partielle ou complète. D’ailleurs, la démarche progressive de la Stratégie prévoit l’installation de compteurs d’eau dans le secteur non résidentiel si les objectifs ne sont pas atteints d’ici 2014. ■

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Le jeudi 6 septembre dernier se tenait au Club de golf Glendale de Mirabel la 8e édition du tournoi annuel de votre magazine SOURCE. Les prévisions météorologiques annonçaient une journée pluvieuse. Mais fort heureusement, les participants de cette classique ont pu fouler le magnifique parcours Élite du Glendale sous un soleil radieux. Les traditionnels chapelets sur la corde à linge ont assurément fait le travail ! C’est donc avec un soupir de soulagement que les organisateurs ont accueilli les nombreux participants de ce tournoi qui comportait une multitude de concours et d’activités. Par la suite, un cocktail haut en couleurs attendait les golfeurs. Ils ont également eu la chance d’admirer de près la performance sans failles d’un dynamique duo de nageuses synchronisées. La soirée s’est poursuivie avec un succulent repas arrosé de vin et ponctué de nombreux prix de présence de valeur. Les participants ont de plus eu droit à un spectacle du chanteur Jamil. Il est à noter qu’encore une fois, le tournoi s’est déroulé à guichet fermé. La prochaine édition de votre tournoi se tiendra le jeudi 5 septembre 2013. Serez-vous des nôtres ? Pour voir ou revoir le Vox Pop et la vidéo résumant la journée, visitez le www.dansmonsoussol.tv à la section spéciale ou balayez ce code QR.

André et Gregory ont appliqué une vieille légende brésilienne en dessinant un soleil à l’aide de sel la veille du tournoi. Quel résultat !

Un ensemble de cidre de glace et de feu de la cidrerie Union Libre a été offert à tous les participants pour leur plus grand bonheur !

La représentante de la cidrerie Union Libre ne tarissait pas d'éloges pour ses produits de grande qualité.

Simon et Éric étaient fin prêts pour capter de bonnes images pour le résumé-vidéo de la journée diffusé sur www.dansmonsoussol.tv.

Le costume du chef MAYA a fait toute une impression à Chantal Morasse.

Maryse et André accueillaient les golfeurs au premier trou avec cigares, chocolats et le succulent cidre de feu d’Union Libre.

Raynald a eu beaucoup de plaisir. Two thumbs up!

Les golfeurs passaient et repassaient au trou #14 tout au long de la journée. Était-ce uniquement en raison qu’on y servait de la bière ?

Certaines personnes ont tenu à prendre une photo avec le chef MAYA. C’est le cas d’Yvan Savoie.

C’est aussi le cas de Michel Carbonneau qui s’est transformé en grand chef MAYA l’espace d’un moment.

Mais ne devient pas grand chef qui veut. Nicolas Minel l’a appris à ses dépens.

François Noël a beau avoir parcouru la planète dernièrement, il n’avait jamais vu un MAYA de si près. Il a tenu à immortaliser l’évènement.

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Marc Larivière est-il fâché ? La réponse est sur www.dansmonsoussol.tv.

Pour Marcel Brault, l’événement marquant de l’année 2012 est le tournoi de golf annuel du magazine SOURCE.

Pour Germain Thibault, 2012 a été la meilleure année de sa vie

Pour France Gauvreau, 2012 a été une année chaotique.

Un GRAND MERCI à nos précieux commanditaires

Et pour Nicolas Minel… nous vous laissons deviner.

Les participants au tournoi étaient par la suite conviés à un agréable cocktail rempli de surprises.

La première surprise a laissé les invités bouche bée. Un duo de nageuses synchronisées a fait une superbe démonstration dans une eau non chauffée. Brrrr !

Encore une fois cette année, notre trio jazz préféré a agrémenté cette magnifique fin d'après-midi.

De charmantes bénévoles ont contribué à amasser près de 10 000$ pour l'association de la sclérose en plaques.

Notons la présence de l’actrice Delphine Monroe.

Le chanteur Jamil a offert une performance remarquée.

Nicolas Minel a été récompensé pour son grand sens de l’humour au cours de la journée lorsqu’il a remporté un sac complet avec bâtons de marque Ping.

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M E S U R E D E S B O U E S D A N S LE S ÉTA N G S : D E L A R O U E D E VÉLO A U S O N A R GÉO RÉFÉR E N CÉ

EAUX USÉES

des boues dans les étangs d’épuration (MAMROT, 2010), qui est publié sur le site Internet du ministère. Parmi ceux-ci, on note la roue de vélo (aussi appelée « disque léger »), qui est un appareil de confection artisanale, peu coûteux, dont les résultats sont relativement précis. Cet appareil peut être adéquat pour des étangs de petites dimensions. Par contre, il n’est pas bien adapté pour effectuer des mesures dans les pentes des digues où les accumulations de boues sont souvent importantes.

Marc-André Desjardins ing., Ph.D. vice-président, division Environnement AXOR Experts-Conseils inc. m d e s j a rd i n s @ a x o r . c o m

A

u Québec, selon les plus récentes statistiques, près de 80 % des stations d’épuration sont des étangs aérés, à rétention réduite, ou non aérés (599 stations sur 758 stations au total en 2010). Afin de suivre l’évolution de l’accumulation des boues dans les étangs, il est nécessaire de procéder à la mesure de la hauteur des boues après un certain nombre d’années d’exploitation. Le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT) recommande de réaliser cette mesure dans chaque bassin à tous les trois ans pour les étangs aérés, et à tous les cinq ans pour les étangs non aérés. Lorsque le volume occupé par les boues excède 10 % du volume liquide du bassin (et lorsque le niveau des boues se situe à moins d’un mètre sous le radier de la conduite de sortie pour le dernier bassin), la mesure de la hauteur des boues doit être réalisée annuellement.

Les principaux types d’appareils de mesure Plusieurs appareils permettent de mesurer la hauteur des boues dans un étang. Les principaux types d’appareils utilisés sont décrits dans un document du MAMROT intitulé Guide pratique de mesure

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Plus précise que la roue de vélo, mais aussi plus coûteuse, la sonde à cellule photoélectrique peut également être utilisée pour mesurer la hauteur des boues dans un étang. L’appareil comporte une source d’ondes infrarouges située d’un côté de la sonde et une cellule photoélectrique placée de l’autre côté. L’appareil émet des signaux sonores ou visuels qui changent lorsque la sonde atteint le voile des boues. Simple d’utilisation, la sonde à cellule photoélectrique convient pour des étangs de petites à moyennes dimensions. Lorsqu’on veut trouver la mesure de la hauteur des boues dans des étangs de grandes dimensions ou lorsqu’une précision accrue est nécessaire, l’appareil le plus approprié est le sonar (ou échosondeur). Ce type d’appareil permet d’obtenir le profil du niveau des boues, d’où une meilleure précision pour la détermination du volume occupé par ces dernières. Étant donné que cet appareil est beaucoup plus coûteux que les autres et que son utilisation requiert une expertise particulière, les municipalités qui souhaitent obtenir ce genre de relevés doivent recourir aux services de firmes spécialisées.

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M E S U R E D E S B O U E S D A N S L E S É TA N G S : D E L A R O U E D E V É L O A U S O N A R G É O R É F É R E N C É

Le principe d’utilisation du sonar

Le sonar géoréférencé : le nec plus ultra !

La majorité des sonars utilisés pour la mesure des boues sont équipés d’une sonde à spectre large. La sonde, fixée à une embarcation, émet un signal haute fréquence qui est réfléchi par le voile des boues. La profondeur du voile des boues est calculée à partir du temps nécessaire au signal pour effectuer le trajet aller-retour de la sonde au voile des boues.

Afin de simplifier la méthode d’utilisation du sonar et d’augmenter la rapidité d’exécution des relevés, ainsi que leur précision, on a eu l’idée de coupler le sonar avec un GPS haute précision. Avec cet appareil, il n’est plus requis de déplacer le sonar en ligne droite. L’embarcation à laquelle est fixé le sonar n’a qu’à balayer la surface de l’étang (incluant les pentes) et l’appareil enregistre en continu les hauteurs des boues situées dans l’espace X-Y sur tout le parcours (voir la figure 1). Pour le relevé, les données enregistrées font l’objet d’un traitement numérique et le volume des boues accumulées dans l’étang est calculé avec précision.

La méthode la plus courante d’utilisation du sonar consiste à effectuer plusieurs coupes transversales de l’étang où l’on veut mesurer l’accumulation des boues. En combinant les différents profils de boues ainsi obtenus, on peut reproduire la surface des boues à la grandeur de l’étang et déterminer le volume des boues accumulées. Avec cette méthode, il importe généralement que l’embarcation, où la sonde est fixée, se déplace en ligne droite et à vitesse constante, ce qui n’est pas toujours évident, surtout lorsque les dimensions de l’étang sont importantes.

Figure 1 : Exemple de balayage d’un étang avec un sonar géoréférencé (source : Aquatech)

Compte tenu des coûts importants associés à la vidange des boues dans les étangs, il est essentiel de pouvoir compter sur des données fiables quant aux volumes des boues accumulées. L’utilisation d’un sonar pour la mesure des boues dans les étangs est la méthode la plus précise pour l’évaluation du volume. Le couplage sonar-GPS constitue un raffinement de cette méthode de mesure permettant une précision accrue et surtout une exécution extrêmement rapide des relevés. ■

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SUR LE RADAR

V O U S AV EZ D IT

John Cigana ing., M.Sc. A. vice-président, Développement des affaires et marketing John Meunier inc., filiale de Veolia Water Solutions & Technologies jcigana@johnmeunier.com

La prime à l’innovation

N

ous vivons dans un monde où les choses bougent rapidement et où il y a une prime à l’innovation. Les compagnies qui proposent des innovations technologiques sont adulées et font l’objet de livres occupant des bibliothèques entières. On n’a qu’à penser au succès de la compagnie Apple et de son iPhone. Aussitôt une nouvelle version mise en marché, c'est par milliers que les consommateurs font la file, même de nuit, pour être les premiers à posséder le nouveau téléphone et ses applications plus innovantes les unes des autres. Steve Jobs était considéré comme un génie pour ses idées créatives et innovantes. Dans un autre domaine et plus près de nous, le Cirque du Soleil a entièrement redéfini ce qu’est l’expérience de la visite au cirque en offrant des spectacles où se mélangent chorégraphies, artistes, musique et émotions. Le Cirque du Soleil a su faire preuve d’audace et d’imagination en innovant et se trouve récompensé en étant maintenant la référence mondiale dans le domaine. Et dans le domaine environnemental ? Qu’advient-il de l’innovation ? Sommes-nous dans une démarche d’innovation ou d’imitation ? Quelques éléments structurels forcent un certain conservatisme dans notre domaine : 1) Le cycle de développement technologique. Nous sommes loin du domaine de l’électronique où, tous les six mois, un nouveau microprocesseur est commercialisé. Dans notre domaine, le cycle technologique peut être supérieur à 20 ans. 2) La santé publique et la protection des citoyens. La distribution d’eau potable, le traitement des eaux usées et la gestion des eaux pluviales requièrent des technologies offrant des profils de risques minimisés afin de protéger les humains aussi bien que la faune et la flore. 3) Les deniers publics. L’utilisation de fonds publics pour la mise en œuvre des technologies force un certain conservatisme technologique. Toutefois, les innovations sont indispensables dans notre domaine. Les performances technologiques qui peuvent être obtenues en 2012 sont sans commune mesure avec ce qui pouvait être obtenu en 1972 ou même en 1992. Alors, comment conjuguer innovation technologique et bien public sans tomber dans l’imitation ? Certaines juridictions y sont parvenues; voyons comment.

ÉTATS-UNIS / ONTARIO / ALBERTA / COLOMBIE-BRITANNIQUE

« I N N O VATI O N » ?

Unis. Cette étape est prévue dès le début du processus de construction ou de réhabilitation des installations. L’objectif de ces essais est de tester si les prétentions de performance des fournisseurs technologiques sont à la hauteur des attentes dans les conditions réelles de fonctionnement. Ces essais d’envergure peuvent impliquer deux ou trois fournisseurs, installés sur le site avec le même affluent et un protocole d’analyse identique. Ces essais peuvent parfois s’étendre sur plusieurs mois, question d'obtenir des résultats au fil des saisons (eaux froides, eaux chaudes, etc.). Pour un client, demander des essais pilotes sur le site en « côte à côte » est une excellente façon de tester et de valider les rendements attendus d’une innovation technologique sans risque démesuré. Les résultats obtenus lors de ces essais sont factuels et réels. Ils encouragent à développer et à proposer des technologies novatrices, ce qui est dans le meilleur intérêt des clients.

ANGLETERRE L’Angleterre a développé un système indépendant d’analyse technologique chapeauté par l’UKWIR (United Kingdom Water Industry Research). Cet organisme indépendant met au point des protocoles et effectue les essais, à même ses fonds, pour comparer des technologies ayant des objectifs de traitement semblables. L’UKWIR invite les entreprises intéressées à fournir un exemplaire de la technologie en question, effectue alors des essais exhaustifs en s’appuyant sur un protocole défini en accord avec le fournisseur de technologie. Les résultats et les performances de toutes les technologies sont ensuite publiés et reconnus par l’ensemble des acteurs du domaine de l’eau en Angleterre comme étant les performances officielles de ladite technologie. Par exemple, dans les essais effectués sur les dégrilleurs de station d’épuration, la gamme des performances d’enlèvement des solides (Solid Capture Rate ou SCR) pour les dégrilleurs testés variait entre 35 % et 79 %. Impossible ensuite de faire des comparaisons inégales entre les technologies. Pour poursuivre avec cet exemple, si un client ne requiert que 35 % d’enlèvement des solides, il n’a pas à investir dans une technologie affichant un taux de 79 %. A contrario, si la performance d’enlèvement des solides exigée par l’application est élevée, le client pourra choisir parmi les technologies offrant les meilleurs taux. Une telle approche favorise l’innovation et la différentiation par la performance.

« Le monde que nous avons créé est le résultat de notre niveau de réflexion, mais les problèmes qu’il engendre ne sauraient être résolus à ce même niveau de réflexion. » Le domaine environnemental devrait en fait être à la fine pointe des développements technologiques parce que l’innovation est au cœur de notre société. Les défis du XXIe siècle, comme les changements climatiques, ne pourront pas être résolus avec des technologies du XXe siècle. Pour citer le grand Albert Einstein : « Le monde que nous avons créé est le résultat de notre niveau de réflexion, mais les problèmes qu’il engendre ne sauraient être résolus à ce même niveau de réflexion. » Ça ressemble beaucoup à un plaidoyer pour plus d’innovation ! ■

Les comparaisons technologiques en « côte à côte » sont très fréquentes dans les autres provinces canadiennes et aux États-

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I N STR U M E NTATI O N

PR O B LÈM E S AUTO U R D E LA M E S U R E D U PH D E L’EAU PU R E

France Gauvreau B.Sc., directrice générale Hanna Instruments Canada inc. f ra n c e g @ h a n n a c a n . c o m

C’est pourquoi il est généralement recommandé d’utiliser le KCl à faible concentration comme électrolyte plutôt que l’AgCl ou la combinaison de KCl et d’AgCl.

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ndéniablement, le pH est et demeurera le paramètre d’analyse de l’eau le plus utilisé. Il est largement utilisé pour permettre de définir la qualité de différents types d’eau tels que l’eau potable et l’eau usée, et ce, généralement avec aisance. Avec l’évolution des technologies de traitement d’eau potable (filtration, nanofiltration, ultraviolets, osmose inverse, etc.), l’eau produite s’avère de plus en plus « pure », ce qui, bien sûr, est souhaitable du point de vue de la santé, mais qui présente un réel défi en matière de mesure de pH. Cette mesure pose des problèmes techniques qui sont surtout dus à la faible conductivité (la faible force ionique) de l’eau dite pure. Plus la conductivité est faible, plus les problèmes sont importants.

Pour fin de clarté et afin de refléter la réalité de la pureté de l’eau municipale postfiltration, la notion d’eau pure tout au long de cet article fera référence à une eau dont la conductivité électrique est inférieure à 200 ųS/cm (microsiemens/cm) ou inférieure à 100 ppm (parties par million).

Facteurs affectant la mesure de pH de l’eau pure Bioxyde de carbone. Le CO2, présent dans l’air, est rapidement absorbé par l’eau pour former de l’acide carbonique et peut réduire de 1,1 unité le pH de l’échantillon. Bécher d’échantillonnage. Des traces d’acide ou de base se retrouvant dans le bécher d’analyse peuvent contribuer à modifier le pH de l’échantillon. Température. La température affecte à la fois la mesure de pH et le degré de dissociation de l’eau. Les échantillons non tamponnés relativement purs sont particulièrement sensibles à ces effets. Types d’électrodes. Une eau à faible conductivité électrique peut se diffuser dans l’électrolyte hautement ionisé de l’électrode de référence, provoquant des résultats de pH instables et imprécis. En outre, de nombreuses électrodes de verre se dégradent après une exposition prolongée à de l’eau présentant une pureté élevée, provoquant des résultats lents ou des dérives. Potentiel de diffusion. Un autre problème de la mesure du pH dans l’eau pure est le potentiel de diffusion qui s’établit à la surface de contact entre l’eau et l’électrolyte. Le potentiel de diffusion résulte des vitesses de migration différentes des ions impliqués dans le transport des charges. Lors de la diffusion des ions de l’électrolyte de référence vers l’eau pure, les anions et les cations ne vont pas exactement à la même vitesse, c’est-à-dire que l’une des sortes d’ions « doublera » l’autre. Par conséquent, il en résulte une séparation de charges qui donne naissance au potentiel de diffusion. La séparation de charges s’oppose au champ électrique établi au même moment. Enfin, un état d’équilibre s’établit. Généralement, on utilise du KCl (chlorure de potassium) comme électrolyte de référence étant donné que les vitesses de migration des anions et des cations sont très similaires. Toutefois, même dans ce cas, il y a apparition d’un potentiel de diffusion. L’équation d’Henderson est alors utilisée pour permettre de calculer l’amplitude du potentiel de diffusion créé et ainsi démontrer que dans le cas de l’eau pure, l’amplitude du potentiel de diffusion décroît lorsque la concentration de l’électrolyte de référence diminue. Il est toutefois important de noter qu’on ne peut pas abaisser la concentration de l’électrolyte de référence à volonté, sinon on se retrouve devant des erreurs d’étalonnage avec les solutions tampons.

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Potentiel de conductivité électrique. Contrairement aux solutions moins pures, les eaux à basse conductivité électrique conduisent mal le courant électrique. Cela peut générer des erreurs en raison de la charge statique induite dans la circulation de l’eau à pureté élevée sur une électrode de pH en verre. Tampons d’étalonnage des électrodes. L’immersion de l’électrode en alternance dans le tampon de pH, puis dans l’échantillon, génère des erreurs de pH liées à la force ionique nettement supérieure des tampons. Dans les faits, des traces même très faibles de substances qui influencent le pH (issues de l’air ambiant ou des alcalis du verre) peuvent faire varier fortement le pH de l’eau pure. Solutions tampons. Pour étalonner les électrodes de pH devant être utilisées dans de l’eau pure, il est recommandé de remplacer les solutions tampons techniques standards par des solutions tampons dites moins concentrées. Ainsi, l’effet mémoire de l’électrode de référence se manifeste moins fortement et est rapidement supprimé. L’utilisation des solutions tampons standards avec des forces ioniques faibles présente un autre avantage : les différences de potentiels de diffusion entre l’électrolyte de référence et l’eau pure et entre l’électrolyte de référence et la solution tampon standard sont très proches. L’erreur, si on suppose que le potentiel de diffusion lors de l’étalonnage est égal à celui lors de la mesure, est ainsi maintenue faible. Blindage et mise à la terre. À cause de la faible conductivité de l’eau pure, les charges électrostatiques ne peuvent se déplacer que lentement, c’est pourquoi un blindage adéquat et une mise à la terre de la solution de mesure sont recommandés. Dans tout système en continu, il faut donc ramener toutes les lignes de mise à la terre à un seul et même point.

Comment déterminer avec précision le pH de l’eau pure ? Pour ce qui est des mesures en ligne, il est possible d’envisager des systèmes de mesure avec des électrodes de pH spécialisées à faible impédance dans des conditions soigneusement contrôlées, lesquelles offrent le meilleur moyen d’obtenir des résultats de pH. L’utilisation d’une électrode de référence scellée (demi-cellule), résistante à la dilution de l’électrolyte, et d’une électrode de mesure (de pH) avec compensation automatique de température est privilégiée à l’utilisation d’une électrode dite combinée. Par ailleurs, des électrodes de pH conçues pour les eaux à faible conductivité électrique sont également offertes par certains manufacturiers. Ces électrodes spécialisées offrent un écoulement de l’électrolyte (KCl) plus lent que les électrodes conventionnelles, ce qui a pour effet de tamponner les interférences. Pour ce qui est des mesures ponctuelles, qu’elles soient exécutées dans un laboratoire à l’aide d’un pH-mètre de table ou sur le site au moyen d’un pH-mètre de type portatif, les solutions sont plus difficilement accessibles. Plusieurs chercheurs se sont penchés sur la question et la solution la plus simple et la moins onéreuse, outre les configurations des électrodes recommandées ainsi que l’utilisation d’électrolytes de KCl au profit d’électrolytes d’AgCl, semble l’ajout d’un additif dans l’échantillon brut d’eau pure. Typiquement, il est recommandé d’ajouter des sels neutres tels que du KCl « pur », ce qui permettra l’augmentation de la conductivité de l’eau et, par conséquent, facilitera la mesure du pH, sans toutefois interférer avec la précision et l’exactitude de celle-ci. Le ratio optimal semble être un ajout de 0,3 ml de solution saturée de KCl pur pour 100 ml d’eau à analyser. Cette solution est de plus en plus répandue et est appréciée de plusieurs opérateurs d’usine de traitement d’eau d’Amérique du Nord. Conséquemment, plusieurs manufacturiers proposent désormais cette solution pour toute mesure de pH dans l’eau dite pure. ■

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G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S

F E U V E RT V E RT À L’ÉC O N O M I E V E RTE !

Dominique Dodier directrice générale EnviroCompétence d o m i n i q u e . d o d i e r @ e n v i ro c o m p e t e n c e s . o rg

Q

u’elles soient internationales ou locales, les initiatives et contraintes environnementales tendent à diriger le modèle économique actuel vers un modèle à faible émission en carbone et économe en ressources. Sujet principal lors des grands sommets internationaux, l’économie verte est considérée par certains comme « la nouvelle donne » qui contribuera à la relance et à la création d’emplois. Encore faut-il s’asseoir pour bien s’y préparer. Par définition, l’économie verte est « une économie qui contribue au développement durable en entraînant une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie des ressources1 ». Cette notion n’implique plus uniquement les entreprises du secteur de l’environnement, mais bien tous les acteurs du marché québécois. En effet, les entreprises du secteur de l’aviation travaillent sur l’avion vert, celles de la chimie sur la chimie verte, celle du transport sur les autos électriques et les bus verts… Même la bourse négociera dans quelques mois ses premières tonnes d'émissions de carbone ! Les métiers de l’environnement se présentent donc de manière transversale et verticale. Cette « transversalité » aura aussi des incidences sur la main-d’œuvre. Plusieurs enjeux sont à prévoir avec la direction vers une économie verte, notamment avoir en quantité suffisante et en qualité de la main-d’œuvre. De fait, comment pourrons-nous supporter une croissance avec la main-d’œuvre actuelle ? Est-ce que les programmes de formation actuels sont suffisants pour répondre à la demande ? Tout changement apporte des questionnements et des problèmes à résoudre. Celui-ci n’y échappe pas.

Exemple de la France La France, qui travaille depuis quelques années à la transition vers l’économie verte, a répondu à cette question. Pour ce faire, tous les secteurs économiques ont été consultés pour déterminer quels emplois sont contraints à des normes, des réglementations et des activités de travail environnementales, mais aussi à quelle hauteur l’environnement est relié aux emplois. La France a proposé une définition des emplois verts sous deux catégories : les métiers verts et les métiers verdissants. Les métiers verts sont des métiers dont la finalité et les compétences mises en œuvre contribuent à prévenir, mesurer, corriger et maîtriser les impacts négatifs et les dommages sur l’environnement. En d’autres termes, le secteur vertical. Les métiers verdissants sont des métiers dont la finalité n’est pas environnementale, mais qui intègre des briques de compétences pour prendre en compte […]2 la dimension environnementale. Cette notion de « briques de compétences » est importante, car elle permet de mieux circonscrire les besoins de formation de la main-d’œuvre. Assurer une transition vers l’économie verte pour les métiers verdissants impliquera donc l’ajout de programmes de formation ou de développement des compétences au contenu présent dans des métiers existants.

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Exemple des États-Unis En mars dernier, les États-Unis ont publié une étude très détaillée3 de leur marché de l’emploi en environnement. Le résultat est impressionnant ! En définissant un emploi vert comme « un emploi qui produit des biens et services contribuant au bénéfice environnemental et à la conservation des ressources naturelles », les emplois américains représentent actuellement près de 20 % de la totalité des emplois. Dans ce cas aussi, la notion de transversalité a été incluse dans la définition. Tout comme la notion de « palette de verts » qui présente la teneur environnementale de chaque métier. Le secteur de la filière environnementale n’est pas si facile à définir; d’autres secteurs comme le plastique et l’aéronautique sont clairement circonscrits. Aussi cette absence de clarté a-t-elle des répercussions sur l’emploi, les programmes de formation et les compétences recherchées.

Au Québec ? Si le Québec désire prendre le virage de l’économie verte et impliquer le secteur économique dans la démarche, il devra aussi se questionner sur les emplois verts. Si l’on veut que l’économie verte puisse s’établir efficacement au Québec, il faudrait déterminer quels en seraient les impacts sur la maind’œuvre. Il serait alors proactif de réunir tous les acteurs concernés autour d’une grande table pour en débattre. Il serait pertinent d’entendre des visions et des expériences de représentants étrangers pour comprendre comment ces derniers ont implanté l’économie verte et comment ils ont réussi à cerner leur main-d’œuvre. Ce pourrait aussi être l’occasion pour les acteurs économiques québécois précurseurs en ce qui a trait à l’économie verte – car il y en a – de partager leur expertise. Les expériences des autres pourraient nous permettre de comprendre ce qui a fonctionné ou non. Connaître des histoires à succès peut nous aider à emboîter le pas dans la bonne direction. Ce projet de rassemblement des acteurs de l’économie verte au Québec pour évaluer les impacts sur la main-d’œuvre et la formation, EnviroCompétences souhaite le voir se concrétiser. Le 18 mars 2013, au Palais des congrès de Montréal, soit la veille du salon Américana, le Comité sectoriel de la main-d’œuvre de l’environnement conviera les entreprises et organisations intéressées, interpellées ou qui veulent commencer à penser vert à une journée d’échanges et de réflexion sur les solutions et orientations qui assureront une meilleure formation de la main-d’œuvre, et par conséquent une meilleure compétitivité des entreprises sur les marchés locaux et internationaux. Car peu importe la croissance, le développement de marché ou toute nouvelle orientation, il faut des gens pour réaliser cette croissance, et les travailleurs compétents ne se bousculent pas aux portes en ce moment. ■ Pour plus d’information : www.envirocompetences.org 1. Vers une économie verte : pour un développement durable et une éradication de la pauvreté PNUE 2011 http://www.unep.org/greeneconomy/Portals/88/documents/ger/GER_synthesis_fr.pdf 2. Activités, emplois et métiers liés à la croissance verte : périmètre et résultats, Commissariat général du développement durable, juin 2011. 3. Employment in Green Goods and Services 2010, Bureau of Labour Statistics, USDL12-0495.




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LES

BONTSS

AC CONT

Maryse Goddard / directrice adjointe Secteur infrastructures municipales mgoddard@poly-tech.ca 175, rue Wellington Sud, Sherbrooke (Québec) J1H 5E1 tél. : 819 346-4342 / 1 800 563-2005 / téléc. : 819 346-4112 poly-tech.ca / 5 succursales situées à Sherbrooke / Drummondville / Laval / Granby

usif l c x e u n e t Con diffusé sur

oussol.tv s n o m s n a www.d Vo ir p ag e3 0

LES AMIS DE SOURCE

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Du nouveau pour L’enVert du décor. Les courtes nouvelles sont maintenant produites sous forme de capsules vidéo. Vous pouvez les visionner en naviguant sur www.dansmonsoussol.tv ou simplement en utilisant ce code QR.

Si, vous aussi, vous voulez annoncer un bon coup, un nouveau produit, un nouveau service, une nomination, un événement ou une bonne nouvelle, rien de plus facile : rendez-vous à nos studios et placez-vous à votre tour entre notre lentille et notre mur vert ! Contactez-nous en écrivant à info@maya.cc.

Fadi Benmahmoud Fadi Benmahmoud nous fait part de quelques nouvelles et potins liés à l’industrie de la gestion de l’eau québécoise.

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Jean Lavoie

Mustapha Ouyed

Le 10 octobre dernier avait lieu la 3 soirée-bénéfice du Centre d’interprétation de l’eau. Grâce à la contribution de ses partenaires du secteur privé, le C.I.Eau a amassé tout près de 45 000 $. Cette somme contribuera à transmettre la passion de l’eau aux visiteurs du Centre. e

La 10 édition du salon Américana se tiendra du 19 au 21 mars 2013 au Palais des congrès de Montréal. Une merveilleuse occasion d’échanger avec des experts en provenance d’une cinquantaine de pays. Un rendez-vous à ne pas manquer pour tous ceux qui œuvrent dans le domaine de l’environnement. e

du décor

L'équipe de John Meunier

www.dansmonsoussol.tv

Nicolas Minel Établie au Québec depuis plus de 50 ans, Degrémont est très active dans la gestion des eaux municipales. L’entreprise l’est tout autant en traitement des eaux de mines et en matière de séchage des boues, de biométhanisation et de presse de déshydratation à très haute performance.

L'équipe de John Meunier présente ses solutions innovantes en matière de biométhanisation. Sous forme humoristique, l'entreprise vous présente sa gamme de produits. Vous pourrez apprécier des performances d'acteur incroyables, surtout celle d'Alain le lutin. Quel régal !

Éric De la Sablonnière La Ville de Blainville est fière de souligner la présence sur son territoire d’un banc de béton de type Urbania tout près de la bibliothèque municipale. Fait à noter : il contient 20% de poudre de verre recyclé en provenance de Tricentris. Une très belle initiative de développement durable !



Évitez l'improvisation en Biométhanisation

Boues d'abattoir, d'épuration et résidus alimentaires

122,000 T/année

Qui a autant de références? ● 1600 projets de biogaz

● Choisie par London (Angleterre) pour ses résidus alimentaires

● 200 usines clé-en-main

● Choisie pour le plus grand projet industriel en Amérique du Nord

● Performances garanties ● Équipe expérimentée

(Kawartha, Ontario) ● Spécialisée dans le traitement des boues municipales

et rejets alimentaires

● Compagnie canadienne

Traitement des eaux et des résidus organiques Water and Organic Waste Treatment Tratamiento de aguas y residuos orgánicos

2021, rue Halpern St-Laurent (Québec) H4S 1S3 Canada Tél. (514) 334-6721 ● Fax : (514) 332-1775 E-mail : info@mabarex.com Web : www.mabarex.com


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