Projet de mutation de l'Institut botanique de Strasbourg - Mathieu Dranguet (2023)

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DÉCENTRER LE REGARD

POUR UNE MUTATION DE L’INSTITUT BOTANIQUE DE STRASBOURG

L’institut botanique de Strasbourg a représenté un geste fort de Roger Hummel en son temps, un projet qui entendait casser délibérément l’image de la ville allemande et ses façades classiques en y imposant ce monolithe étrange et moderne. Mais cet acte qui questionnait alors ne questionne plus, le temps l’a a adi et normalisé.

Notre proposition souhaite retrouver l’audace qui présida au projet d’origine, très iconoclaste pour son époque, en osant un geste conceptuel nouveau et en assumant une rupture formelle. Elle conserve – et même souligne – la hiérarchie classique sous-bassement / corps principal / couronnement de ce temple du savoir mais trouble chaque élément et le rapport que ces éléments entretiennent entre eux.

L’espace situé au nord de l’Institut qui fait l’interface avec la rue Goethe ainsi que le sous-bassement de l’édi ce, entièrement évidé, proposent une expérience inédite de franchissement. Marcher, passer, s’asseoir, voir, monter et descendre, c’est un mouvement nouveau redonné à ce lieu où la frontière entre extérieur et intérieur est perturbée, volontairement outée à l’aide d’ouvertures amples et d’angles inattendus.

Tout est ici ouverture et libération d’un plan auparavant replié sur lui-même, manquant de lumière et d’horizons. Le corps principal regarde ainsi désormais vers le sud, vers le jardin, pro tant de doubles hauteurs et d’un apport de lumière généreux. Des volumes capables contenant des ateliers isolés ou des dortoirs d’auberge apportent une nouvelle façon d’habiter ces plateaux tout en cassant la symétrie et en décentrant le regard. La serre, élément typologique majeur de l’Institut de Hummel, est redéployée. Ainsi, la serre sommitale nord est conservée pour devenir un jardin d’hiver avec vue, tandis que la façade nord et l’atrium sont recouverts par une structure de métal et de verre requali ant ce corps intermédiaire et le baignant dans une lumière contrôlée. Les brise-soleils et la peau technique de Jean Prouvé restent un élément majeur du projet et de ses élévations, en hommage à une tentative de gestion bioclimatique avant l’heure.

En enlevant de la surface au sol et en superposant des fonctions – ateliers, auberge, logements privés, espaces d’exposition et d’interprétation – rarement associées, nous proposons une expérience nouvelle du lieu en le percevant autrement que comme un espace à consommer. La rectitude du plan originel est ici cassée et le regard est détourné en changeant le destin de cet édi ce en train de disparaître, au sens guré – en tant qu’objet novateur de son temps qui ne l’est plus – comme au sens propre – en tant qu’il est actuellement menacé de destruction. Comme Hummel qui proposait « autre chose » que des façades de type Neustadt, nous voulons également proposer autre chose, une expérience de notre époque, avec de nouvelles contraintes et de nouvelles envies. Plus qu’une réhabilitation ou même qu’une reconversion, ce projet est une mutation complète qui entend donner une place à un corps intermédiaire seulement ébauché dans le projet initial, et d’y faire pénétrer à nouveau la lumière et la nature.

UEM111/211A - Enseignement approfondi de projet

Domaine Mutations - Transformer une situation construite Pierre GOMMIER - ENSAS - 2022-2023 Mathieu DRANGUET - Bruno MORIN

LA RECHERCHE DU CONCEPT ET DES PRINCIPES CONSTRUCTIFS

VERS UNE MUTATION DE L’INSTITUT BOTANIQUE

ARCHITECTE : ROGER HUMMEL

ARCHITECTE D’OPERATION : ALFRED KRONENBERGER

OUVRIR, LIBÉRER ET FAIRE PÉNÉTRER LA LUMIÈRE AU CŒUR D’UN ÉDIFICE AUPARAVANT REPLIÉ SUR LUI-MÊME

COUPE NORD-SUD

1:50

UN SOUS-BASSEMENT QUI S’AFFRANCHIT DE SES LIMITES ET TROUBLE LA RECTITUDE DU PLAN CENTRÉ

PLAN RDC ÉLARGI À SON CONTEXTE PROCHE (SOUS-SOL ET REZ-DE-CHAUSSÉE DE L’INSTITUT BOTANIQUE ACTUEL) 1:100

UNE EXPÉRIENCE INÉDITE DE FRANCHISSEMENT DE L’ESPACE-VILLLE À L’ESPACE-JARDIN : MARCHER, PASSER, VOIR, S’ASSEOIR

PERSPECTIVE INTÉRIEURE DU SOUS-BASSEMENT VERS LE SUD-OUEST

UN « TRIFORIUM » CLAUSTRAL, TRANSITION ENTRE LE SOUS-BASSEMENT ET LE CORPS INTERMÉDIAIRE DE L’ÉDIFICE

VOLUMES ET ESPACES MODULABLES DÉDIÉS À L’INTERPRÉTATION, AUX PERFORMANCES ET AUX EXPOSITIONS

PLAN NIVEAU 2 1:100

LE CORPS INTERMÉDIAIRE : OUVERTURE SUR LE JARDIN, DOUBLES HAUTEURS, ANGLES PERTURBATEURS ET VOLUMES CAPABLES ÉMERGENTS

POUR UNE EXPÉRIENCE SPATIALE RENOUVELÉE ET UN DÉCENTREMENT DU REGARD

ATELIERS EN MEZZANINES - LOGEMENTS DUPLEX (AILE SUD-EST)

DES ESPACES COLLECTIFS ET DES ATELIERS PLUS INTIMES OUVERTS SUR L’ATRIUM DÉDIÉS À L’ARTISANAT ET À LA CRÉATION ARTISTIQUE - LOGEMENTS DUPLEX (AILE SUD-EST) PLAN NIVEAU 3

AUBERGE - LOGEMENTS DUPLEX (AILE SUD-EST) PLAN NIVEAU 6 PLAN NIVEAU 4 AUBERGE - LOGEMENTS DUPLEX (AILE SUD-EST) PLAN NIVEAU 5

UN COURONNEMENT QUI CONSERVE LA SERRE SOMMITALE NORD

DOUBLES HAUTEURS ET EFFETS DE MEZZANINE EN INTÉRIEUR, ÉMERGENCES ET ÉCHANCRURES CÔTÉ ATRIUM, SERRE EN TOITURE : OUVRIR ET LIBÉRER L’ÉDIFICE POUR Y FAIRE PÉNÉTRER LA LUMIÈRE

JARDIN D’HIVER ET LOGEMENTS (STUDIOS) PROFITANT DE L’UNE DES PLUS BELLES VUES STRASBOURGEOISES

PLAN NIVEAU 7 1:100

PERSPECTIVE DEPUIS L’ATRIUM REDONNER DU MOUVEMENT PAR UN JEU D’OMBRES ET DE LUMIÈRE PERMANENT

PERSPECTIVE INTÉRIEURE D’UN ATELIER (NIVEAUX 3/4) : INTIMITÉ, VUE CADRÉE, TERRASSE SURÉLEVÉE

CONTENUE DANS LE VOLUME

PERSPECTIVE INTÉRIEURE DE L’AUBERGE (NIVEAU 5) LUMIÈRE TRAVERSANTE, MEZZANINE, DÉSAXEMENT

MOUVEMENT ET MONUMENTALITÉ EN FAÇADES

UN GESTE ASSUMÉ QUI CONSERVE NÉANMOINS L’EMPRUNTE FORTE DE LA TRAME ORIGINALE ET LA PEAU TECHNIQUE DES BRISE-SOLEIL (JEAN PROUVÉ / CIMT-GOUMY)

ÉLÉVATION OUEST ÉLÉVATION EST ÉLÉVATION NORD
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