Numéro 17 - Janvier/Mars 2003

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BULLETIN D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL / BALLET BIARRITZ / THIERRY MALANDAIN JANVIER - FÉVRIER - MARS 2003

ÉDITO

SOMMAIRE INTERREG III

L’année 2002 s’achève sur un bilan d’activité internationale particulièrement riche qui déjà trace en pointillés les lignes directrices des saisons à venir. C’est officiel, le Centre Chorégraphique National est désormais transfrontalier et les locaux mis à disposition par la ville de San Sebastián/Donostia ont été inaugurés le mois dernier. Un plateau, un studio et un espace administratif, vont permettre de développer notre politique de sensibilisation. Cette activité conduite par Filgi Claverie et Adriana Pous Ojeda viendra renforcer une présence déjà effective au Sud de l’Europe. De notre passage à l’Est, nous sommes revenus fort impressionnés par la générosité et la ferveur du public. Nous retournerons en Russie cette saison, mais il est aussi envisagé qu’une collaboration s’instaure avec l’Institut de Danse d’Ekaterinbourg. Celle-ci offrira en 2004 le cadre d’une création à laquelle seront associés des artistes russes. Par ailleurs, le Ballet National de Bordeaux devrait inscrire une de nos chorégraphies à son répertoire et en assurer la première représentation à St Petersbourg au cours de la prochaine saison. À l’Ouest, on se souvient de la création de Fleur de Pierre de Serge Prokofiev pour le Ballet Florida, puis de représentations de Ballet Biarritz en Floride. Nous rentrons aujourd’hui d’une tournée de trois semaines aux USA. New-York, Dallas et Pittsburgh. Onze représentations, des salles enthousiastes offrant à la compagnie quelques réconfortantes « standing ovations ». Dans sa critique, le New York Times évoque « quatorze fantastiques danseurs » et je pense aussi qu’ils le furent. Nous sommes réinvités en 2004, mais avant plusieurs compagnies : le Washington Ballet, l’Austin Ballet et l’Aspen Santa Fe Ballet inscriront un de mes ballets à leur répertoire.

ACTIVITÉ INTERNATIONALE

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LA DANSE EN CÔTE BASQUE #12

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ACTIVITÉ TRANSFRONTALIÈRE

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PORTFOLIO

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EN BREF

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CALENDRIER

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Enfin, le Nord nous a permis de participer cette année au Festival de Kuopio et de créer en Finlande La Mort du Cygne. Le Nord est aussi la direction choisie pour notre future création. Pour l’instant, pas de titre, mais une certitude, il sera question du monde polaire. J’avance à tâtons et espère qu’une étoile poindra bientôt de la nuit. Cette évocation cardinale de notre activité internationale ne doit pas éclipser le fait que le cœur de nos actions est aussi aquitain et qu’à ce titre l’exercice 2002 s’achève sur un bon bilan. Autant d’aspects qui m’invitent à remercier les membres de mon équipe, le public et tous nos partenaires pour leur confiance. Et, puisque nous entrons dans la période des vœux, sans être dupes, souhaitons que sur la terre déboussolée l’étoile polaire évoquée plus haut indique aux hommes le chemin d’un monde plus aimant. Bonne Année ! Thierry Malandain

Avec le soutien de l’Association Française d’Action Artistique -Ministère des Affaires Étrangères et de l’AFAA-Ville de Biarritz pour ses tournées à l’étranger


ACTIVITÉ INTERNATIONALE

Ballet Biarritz aux Etats-Unis Grâce au concours de DLB Spectacles-Didier Lebesque, au soutien de l’AFAA-Association Française d’Action Artistique, de l’Ambassade de France à New York et de Madame et Monsieur Levai de la Marlborough Galery, Ballet Biarritz s’est rendu aux États-Unis du 3 au 22 novembre dernier. À cette occasion, il a présenté son Hommage aux Ballets Russes au Joyce Theater de New-York, au Mc Farlin Auditorium de Dallas et au Byham Theater de Pittsburgh.

Ballet Biarritz sur la Place Rouge (photographie Christophe Roméro) et l’Institut de Danse d’Ekaterinbourg avec lequel le Centre Chorégraphique National collabore pour un projet de création en 2004.

Ballet Biarritz en Russie À l’invitation de l’Institut de Danse d’Ekaterinbourg dirigé par Oleg Petrov et grâce au concours de l’Ambassade de France à Moscou et de DLB Spectacles-Didier Lebesque, Ballet Biarritz était en Russie du 8 au 13 octobre dernier. Ce premier séjour dans la patrie de Diaghilev fut pour le Centre Chorégraphique National l’occasion de donner trois représentations de son Hommage aux Ballets Russes devant un public manifestement enflammé. Applaudissements nourris, fleurs et cadeaux offerts par le public sont venus s’ajouter à l’écho d’une critique enthousiaste. Avant un séjour à Moscou prévu courant juin, ces représentations préfiguraient un projet de collaboration entre Ballet Biarritz et l’Institut de Danse d’Ekaterinbourg dont l’objet devrait être une création qui associera en 2004 quelques danseurs russes aux quatorze interprètes du Centre Chorégraphique National. 2

C’est par New-York où nous nous produisions pour la première fois que débuta cette tournée. Invitée par Martin Wechsler, le directeur de programmation du Joyce Theater, la compagnie y donna huit représentations. La pression était à la mesure de l’enjeu et si le soir de la première, nous fûmes d’emblée rassurés par l’accueil du public, il fallait attendre le verdict de la presse. Car outre-atlantique celle-ci est réputée pour faire ou défaire un spectacle et, de son avis peut dépendre la fréquentation du théâtre. Le lendemain nous étions soulagés, la qualité des danseurs de Ballet Biarritz faisait l’unanimité et les commentaires étaient élogieux pour les titulaires des rôles. Concernant les œuvres présentées, chacun y alla de sa préférence, mais en dépit de quelques réserves, Anna Kisselgoff du New York Times donna le ton : « Ballet Biarritz est une compagnie à voir pour son fort potentiel ». La sentence tombée, malgrè quelques coups de griffes assassins et décalés, au regard des américains, la presse était bonne et le public se pressa aux représentations. Une réception chez Madame et Monsieur Levai de la Marlborough Galery, que nous remercions pour leur générosité, ponctua la fin de ce séjour newyorkais. Ensuite vint Dallas avec deux représentations à l’initiative de Charles Santos directeur de TITAS (Texas International Theatrical Arts Society) dans l’immense vaisseau du Mc Farlin Auditorium. 2500 places et un public aussi nombreux que chaleureux qui fit mentir la réputation « d’univers impitoyable » consacrée par la série américaine. Nous avions quitté NewYork avec une « standing ovations », à Dallas, puis plus tard à Pittsburgh cette pratique du public américain devint presque familière comme le furent les débats avec le public qui suivaient les représentations. C’est à Pittsburgh que s’acheva la tournée, Ballet Biarritz invité par Paul Organisak du Pittsburgh Dance Council se produisit au Byham Theatre. Salle comble et gros succès pour la cinquantième représentation d’Un Hommage aux Ballets Russes.


COMMENTAIRE our la compagnie, cette tournée aux USA et nos débuts à NewYork étaient considérés comme un événement, et plus encore pour ceux qui depuis seize ans m’accompagnent dans cette aventure chorégraphique. En quittant le Ballet Théâtre Français de Nancy pour fonder la compagnie, nous étions des gamins. À New York devant le théâtre où clignotait le nom de Ballet Biarritz, les adultes que nous sommes devenus ont retrouvé un instant la naïveté des premiers jours. Ce sentiment de fierté était agréable et je remercie ceux qui nous ont permis d’y goûter un instant, en particulier nos agents artistiques d’aujourdhui, Éliane et Didier Lebesque de DLBSpectacles, mais aussi Gérard Sayaret qui compta énormément à nos débuts. Ma vision de l’Amérique n’est pas celle des pionniers d’hier, mais hors de ces considérations, présenter à New-York son travail était une superbe opportunité. Le risque était de s’y faire assassiner comme c’est le cas dans une critique qui prétend que nous sommes venus choquer les bourgeois newyorkais et que je devrais être poursuivi en justice pour relecture obscène de chefs d’oeuvre, etc… Ou de s’y produire dans l’indifférence. Ce n’est finalement pas le cas, et sans triomphalisme, on peut considérer que le bilan est extrêmement positif puisque nous sommes d’ores et déjà appelés à y retourner et que certainement d’autres opportunités s’annonceront dans le futur. Thierry Malandain

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LA PRESSE EN PARLE

De haut en bas : le Joyce Theater de New-York (photographie Jean-Claude Asquié), la ville de Pittsburgh et son Byham Theatre (photographie Françoise Dubuc) et une vue de Dallas.

L’ÉROTISME DU FAUNE PREND UNE TOURNURE SPIRITUELLE Thierry Malandain a quatorze fantastiques danseurs qui rendent lisibles et dynamiques son curieux mélange de mouvements idiomatiques et classiques. (…) Quand un chorégraphe tente de relire un ballet très connu, on s’attend tout au moins que l’œuvre tienne debout mais aussi qu’il illumine l’original en y ajoutant une nouvelle dimension. Jérome Robbins avait préparé le chemin en 1953 dans son Après midi d’un faune en transposant le Faune de Nijinsky dans un studio de danse. Thierry Malandain réussit également, surtout que son approche de l’auto-érotisme masculin rappelle le thème d’origine en le présentant avec esprit. Dans le rôle du Faune, Christophe Roméro offre une prestation sensa-

tionnelle. (…) Pulcinella devient une nouvelle histoire, agréable et légère avec ses aventures de personnages napolitains obscènes et francisés. Tous dansaient bien, en particulier Cyril Lot Pulcinella et Nathalie Verspecht, puissante danseuse classique. (…) Boléro est le moins intéressant, apportant peu de nouveauté à une partition trop connue. (…) En dépit de quelques réserves, Ballet Biarritz est une compagnie à voir pour son fort potentiel. Anna Kisselgoff The New York Times

Combien de fois un critique de danse ne s’est-il pas dit en voyant un spectacle commencer : « Oh, non, pas ça encore ! » pour finir par s’exclamer « super soirée ! » Ce fut le cas pour Ballet Biarritz qui faisait son entrée 3


au Joyce Theatre. La soirée débuta par une version trop longue de Pulcinella (…) Néanmoins ce fut une bonne vitrine pour présenter tous les splendides danseurs. Les choses s’améliorèrent après l’entracte avec une version du Faune au concept amusant. Jérôme Robbins avait placé le sien dans un studio de danse (…), Malandain a choisi un décor encore plus surprenant – une boite de kleenex sur laquelle s’excite « son Faune ». Et excité, il l’est. Chaque tendon est sollicité et tendu jusqu’à sa limite esthétique (…) son plongeon final constitue une fin saisissante pour ce vieux cheval de bataille. Dans Le Spectre, Giuseppe Chiavaro est grand, mince et beau. Un danseur merveilleux jusqu’au bout de ses pieds flexibles ce qui lui permet des déplacements aériens et précis. (…) La jeune fille rêve, mais ce « Spectre » a d’autres idées. (…) Quand il disparaît elle n’est plus qu’une poupée brisée réduite à se mouvoir dans un tas de ballons roses. Le Boléro est un étonnant tour de force. (…) La chorégraphie ne laisse aucun répit pour amener les danseurs au point requis du fiévreux apogée. Ils constituent un magnifique « corps de corps » dans l’élaboration de la tension menant à l’éclat du final. Phyllis Goldman Backstage

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SEXE ET VILLE LUMIÈRE – UNE VISION CHAUDE DES BALLETS PRÉCURSEURS À PARIS Mardi soir, Ballet Biarritz présentait un programme chic et sexy sur les légendaires Ballets Russes. Biarritz est une petite ville en bord de mer (…) mais le programme qu’il a amené à New-York est tout sauf provincial. (…) La plus réussie des relectures est le « Faune » en raison de sa chorégraphie saisissante, l’esprit de ses allégories et le charisme – ok le côté charnel – de Christophe Romero. (…) Les autres danseurs sont remarquables Nathalie Verspecht et Cyril Lot, le sympathique couple principal de Pulcinella. Magali Praud, la jeune fille rêvant dans Le Spectre et Giuseppe Chiavaro, qui gambade en drag dans Pulcinella mais va de saut en saut dans Le Spectre. Sylviane Gold Newsday

L’HOMMAGE À DIAGHILEV MET EN APPÉTIT Ballet Biarritz a donné un aperçu appétissant d’une période historique de la Danse. (…) Les balletomanes auront reconnu les fruits de la recherche effectuée par Thierry Malandain (…) mais tout en rendant hommage, il ajoute des éléments de son cru (…) et le programme passait de l’humour paillard au commentaire social. Jane Vranish Pittsburgh Post-gazette

TOUCHER LE MYTHE Thierry Malandain a trouvé une clef de lecture personnelle et extrêmement raffinée des Ballets Russes de Diaghilev. Avec maîtrise, il tranche le nœud gordien du ballet classique et contemporain et dans un esprit novateur, affronte les fantasmes du passé. Larissa Barikina Rossiyskaya Gazeta

Ballet Biarritz a débuté sa conquête de la Russie par l’Oural, et Ekateringbourg a été conquise par Ballet Biarritz. (…) Le nom de Thierry Malandain et sa compagnie sont à mettre au rang des phénomènes révélés par le monde la danse. (…) La troupe est belle, parfaitement stylée, pourtant les danseurs sont tous différents physiquement, mais ici pas de nivellement, chacun est mis suberbement en valeur. (…) Ballet Biarritz montre qu’il est possible de réunir la beauté et la modernité. (…) Thierry Malandain prouve que le ballet classique est porteur d’un renouveau et que l’art est parfois plus élevé que la vie, mieux que notre réalité. Marina Borissova Izveestiya

Sextet (photographie Olivier Houeix).


La danse à Biarritz # 12 Natacha Trouhanova au Royal-Cinéma de Biarritz C’est un énorme succès et chaque représentation s’achève dans l’enthousiasme. L’affluence du public est telle que chaque ville, chaque station thermale réclament une seconde représentation de ce spectacle unique, mais les engagements pris, les nécessités de l’itinéraire ne permettent pas d’exaucer ce désir. Un concert de La Trouhanova est en effet une fête charmante. La Péri, le poème dansé de M. Paul Dukas, qui réalise à l’Opéra le maximum de recette chaque fois qu’il est donné, termine ce gala. C’est au Royal-Cinéma, qu’aura lieu cette représentation sensationnelle. La Gazette de Biarritz, 26 juillet 1922. Le vendredi 28 juillet 1922, Natacha Trouhanova se produit à Biarritz dans un « concert de danse » où à l’instar d’Isadora Duncan, elle interprète des pages de Chopin, Grieg, Brahms, mais aussi la fameuse Péri de Dukas dont elle fût la créatrice dix ans plus tôt au Théâtre du Châtelet. Danseuse issue de la Compagnie de Diaghilev, Trouhanova (1885-1956) fait ses débuts à l’Opéra de Paris en 1907. On dit la remarquer pour sa beauté notamment dans le Lac des Aulnes, une œuvre aujourd’hui tombée dans l’oubli. Elle danse également quelques saisons à l’Opéra de MonteCarlo en compagnie de Carlotta Zambelli et d’Yvan Clustine. Mais c’est en Allemagne où elle participe aux spectacles de Max Reinhardt qu’elle montre sa prédilection pour les idées nouvelles. À l’époque, cet homme de théâtre, se singularise par des compositions spectaculaires où selon le modèle antique, la danse et la pantomime intègrent la mise en scène. Imprégnée de cet esprit nouveau, elle a l’idée de monter une soirée consacrée à la musique contemporaine française. Les quatre œuvres choisies sont d’une telle qualité qu’elles suffiront à affirmer définitivement la réputation de la danseuse. La première a lieu le 22 avril 1912 au Théâtre du Châtelet. Chaque ballet est dirigé par son compositeur respectif et au pupitre on trouve Paul Dukas, Florent Schmitt, Maurice Ravel et Vincent d’Indy. C’est Yvan Clustine, devenu depuis 1909 maître de ballet à l’Opéra qui règle l’ensemble des chorégraphies. La soirée est composée du « poème dansé » La Péri, une partition commandée par Serge Diaghilev à Paul Dukas l’année précédente pour les Ballets Russes. Mais les deux hommes étant en désaccord sur le choix de la principale interprète, Diaghilev renonce à ce projet qu’il destinait au chorégraphe Michel Fokine. Comme il le souhaitait, Dukas confie alors la création de son éblouissante musique à Trouhanova. René Piot, un peintre 5


Natacha Trouhanova dans le costume de La Péri.

Costume de Dresa pour Adelaïde.

qui a eu son heure de notoriété en restaurant les œuvres de Delacroix en imagine le décor et les costumes. Trouhanova est la Péri, W. Bekefi du Théâtre Impérial de Saint-Pétersbourg interprète Iskander, un prince en quête de la Fleur d’immortalité que la Péri cache en son sein. Ce ballet sera repris en 1921 à l’Opéra de Paris avec comme interprètes Pavlova et Slowitz, puis Spessivtzeva et Peretti. Au programme figure également La Tragédie de Salomé de Florent Schmitt. Comme pour la La Péri, le sujet s’inscrit dans un courant orientaliste très en vogue à l’époque, Clustine le traite dans l’esprit d’un mimodrame. Cette « pantomime tragique » basée sur un poème de Robert d’Humière avait déjà fait l’objet d’une présentation scénique par la danseuse Loïe Fuller qui en fut la créatrice au Théâtre des Arts en 1907. Mais alors que son écriture était destinée à une petite formation orchestrale, Florent Schmitt en révise la facture. L’année suivante l’œuvre entra au répertoire des Ballets Russes dans une chorégraphie de Boris Romanov et Tamara Karsavina comme interprète principale. De son coté, Maurice Ravel orchestre les Valses nobles et sentimentales et écrit l’argument d’un ballet qui porte le titre d’Adélaïde ou le langage des fleurs . L’auteur y évoque le rêve d’un poète abandonné par son amie et consolé par une muse. Peu après, Ravel baptise son automobile de ce même prénom « L’état d’Adélaïde est plus grave qu’on ne croyait . On est obligé de faire venir des pièces de Paris. Celui du conducteur est bien pire : je suis tout à fait détraqué ». Sous le même titre, Serge Lifar reprendra la partition pour créer un nouveau ballet à l’Opéra de Paris en 1938. Enfin, Trouhanova obtient de Vincent d’Indy l’accord de porter à la scène un poème symphonique que le compositeur avait écrit en 1896. Il s’agit d’Istar dont Léon Baskt signera les costumes. Cette déesse assyrienne de l’amour et de la guerre descendant aux enfers pour leur arracher son amant, fera plus tard l’objet d’une nouvelle chorégraphie de Serge Lifar qui consacrera en 1941 l’une des grandes étoiles de la danse : Yvette Chauviré. Par son originalité et le caractère évènementiel de cette soirée, Natacha Trouhanova se forge dans l’instant une réputation et son nom reste principalement attaché à ce programme. Elle se retirera de la scène après avoir épousé le comte Ignatiev. Thierry Malandain 6

Photographie Reutlinger.

À l’imprésario Charles Baret, Natacha Trouhanova écrit : « Laissez-moi vous dire un conte… de Muses, qui sont un peu nos fées à nous autres les artistes : Il était une fois une Muse que l’on appelait Terpsichore, très en vue, très à la mode; mais la guerre ayant éclaté, elle se vit détrônée, comme ses sœurs, par les dieux véhéments des combats. Quand la voix du canon s’éteignit, j’allai trouver ma patronne bien-aimée, la suppliant de me permettre encore de déployer à son service toutes les ressources de mon art, mais je l’implorai vainement. Lorsqu’enfin, prenant en pitié mon désespoir amer, elle daigna s’éveiller et secouant non sans peine les toiles grises dont les patientes araignées avaient eu tout loisir de tisser son manteau, et se penchant vers moi, elle dit : « va trouver Charles Baret, l’Empereur, le Napoléon des tournées ! … lui seul pourrait t’aider à honorer mon culte. » Et me tendant votre adresse sur un papier jauni, elle disparut. Je courus chez vous. Je vous vis, nous causâmes, et grâce aux cieux, la déesse sublime n’avait pas menti : ce que je désirais si ardemment sans savoir le réaliser, il vous a suffi de vouloir pour que cela fut, et j’ai maintenant cette joie de compter parmi les Élus que guide si fermement votre incomparable volonté ». Natacha Trouhanova


ACTIVITÉ TRANSFRONTALIÈRE

Eden de la compagnie EliralE. Photographie Olivier Houeix.

Un atelier chorégraphique à Bilbao, dirigé par Adriana Pous Ojeda, coordinatice artistique et pédagogique de Ballet Biarritz / Dantzaz. Photographie Jose Usoz.

Inauguration

Sensibilisation

C’est le 18 octobre dernier que se déroula à San Sebastián/Donostia l’inauguration des locaux de Ballet Biarritz / Dantzaz à Egia Kultur Etxea en présence de Luis Maria Bandres, député de la culture à la Diputación Foral de Gipuzkoa, de Ramon Etxezarreta, premier adjoint au maire de San Sebastián/Donostia délégué à la culture et de Jakes Abeberry, adjoint au maire de Biarritz et président de Biarritz Culture. À cette occasion, Ballet Biarritz a présenté des extraits de deux chorégraphies. Nombreuses retombées dans la presse du Gipuzkoa articles dans El Diario Vasco, El País, El Mundo, Gara, Egunkaria, interview radio Euskadi Irratia, Radio Euskadi, Radio San Sebastián, Herri Irratia, reportages télés Tele Donostia, Localia TV, ETB1 et dans la presse du Pays Basque français SudOuest, Journal du Pays Basque, Semaine du Pays Basque, France Bleu Pays Basque et France 3 Pays Basque.

D’octobre à décembre 2002, Adriana Pous Ojeda dirige une fois par semaine un atelier de création chorégraphique à l’Institut Miguel de Unamuno à Bilbao avec 10 élèves volontaires. Le 19 décembre 2002 aura lieu une présentation du travail réalisé à l’Auditorium de l’Institut. À San Sebastián/Donostia, courant novembre, 25 personnes étaient inscrites à un atelier chorégraphique hebdomadaire qui se déroulait dans le studio de danse de Ballet Biarritz à Egia Kultur Extea.

Diffusion / Accueil Studio-Octobre En lien avec Nando Pineiro, directeur d’Egia Kultur Etxea, Ballet Biarritz / Dantzaz peut à présent proposer au Théâtre Gaztezena une représentation de compagnies aidées par le CCN dans le cadre de l’Accueil Studio. Le 5 octobre 2002, Pantxika Telleria, chorégraphe de la Compagnie EliralE, installée à Saint-Jean-de-Luz et que nous recevrons en Accueil Studio en 2003 jouait les « avant-premières » en présentant sa pièce Eden. Beau succès tant pour la représentation que lors de la répétition publique.

Ballet-Biarritz 1 Le 14 novembre 2002, présentation à la presse du livre de Jacques Pavlovsky, sur Ballet Biarritz. Bien soutenu par la presse locale, (El Diaro Vasco, El País, El Mundo, Gara, Egunkaria…) cela nous a permis la mise en place de la distribution avec le réseau de librairies Zabaltzen.

Diffusion / Accueil Studio-Novembre Du 18 au 23 novembre 2002, dans le cadre de l’Accueil Studio, la Compagnie Androphyne de Pierre-Johann Suc et Magali Pobel était reçue à Egia Kultur Etxea pour présenter avec succès sa dernière création Les Oubliés.

CONTACT BALLET BIARRITZ : DANTZAZ Administrateur délégué : Filgi Claverie Coordinatice artistique et pédagogique : Adriana Pous Ojeda Egia Kultur Etxea Baztan Kalea, 21 20012 San Sebastián/Donostia 7


PORTFOLIO

Bidaiari à Pau. À l’invitation du Conseil général des Pyrénées Atlantiques, Ballet Biarritz s’est produit le 28 septembre 2002 à Pau dans la cour de l’Hôtel du département avec Bidaiari la scène itinérante du Centre Chorégraphique National financée en 2000 par les fonds européens Interreg II et le Conseil général des Pyrénées Atlantiques.

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EN BREF

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01 Les drapeaux de la Gare du Midi mystérieusement disparus (photographie Christophe Roméro). 02 Cédric Godefroid, nouveau venu parmi les danseurs de la compagnie. 03 Isabelle Larre vient d’intégrer l’équipe administrative du CCN, en charge de l’accueil et du secrétariat. 04 Daphnis et Chloé, de Thierry Malandain pour Europa Danse, au Théâtre du Châtelet. 05 Le CCN de Biarritz et la Gare du Midi, « lieux de défi » pour la 8e édition des Aventures Urbaines. 06 Collection Oxbow automne-hiver 2003.

01 Faits d’automne Dans la nuit du 12 octobre, six des neufs drapeaux qui signalent habituellement nos représentations à Biarritz ont été dérobés sur le toit du théâtre. Tout porte à croire que les plaisantins étaient accros à la danse-escalade. L’inspecteur Gastigard du midi mène l’enquête. 02 Nouveau venu Engagé à l’Atter Balletto, Roberto Zamorano Vasquez a quitté Ballet Biarritz au mois de septembre. Pour le remplacer, nous accueillons aujourd’hui Cédric Godefroid. Né en Belgique, Cédric a été formé au Centre de Danse Classique et Modern’jazz Maigret de Priches et à l’Institut de Formation Professionnelle de Rick Odums. En 1996, il est engagé dans la compagnie de ce dernier. Quatre années plus tard, il travaille auprès de Blanca Li et Karine Saporta et rejoint en 2000 Maryse Delente au Ballet du Nord. 03 Nouvelle venue Suite au départ de Thierry Moutou, l’équipe administrative du CCN a le plaisir d’accueillir Isabelle Larre qui dès à présent est en charge de l’accueil et du secrétariat.

04 Re-Daphnis et Chloé À l’occasion des représentations données en octobre par Europa Danse au Théâtre du Châtelet, la chorégraphie signée par Thierry Malandain sur la partition de Maurice Ravel a reçu un très bon accueil. Des quatre pièces constituant Autour des Ballets Russes, la plus rare est Daphnis et Chloé de Fokine, pour qui Ravel composa sa célèbre musique de ballet. Le final de l’ouvrage a été spécialement recréé pour Europa Danse par Thierry Malandain, dans les célèbres décors et costumes conçus par Léon Bakst en 1912. S’inspirant de divers documents et photos, le directeur du Ballet Biarritz a composé un très joli pas de deux, fluide et lyrique, émaillé d’inventions originales dans son style personnel, se rapprochant parfois de Fokine et même de Nijinsky. L’intervention au final de quatre couples contribue au dynamisme de ce ballet subtilement rajeuni . René Sirvin, Le Figaro.

05 Aventures Urbaines 2002 Le CCN a participé en qualité de site culturel et « lieu de défi » à la 8e édition des Aventures Urbaines organisée par l’Association Suricate en partenariat avec le conseil régional d’Aquitaine, la direction régionale et départementale de la Jeunesse et des Sport et des villes de Biarritz et Dax. Au cours d’une journée, près de 350 adolescents d’Aquitaine ont été accueillis à la Gare du Midi pour découvrir le travail de Ballet Biarritz à travers un rocambolesque jeu de piste. 06 Ballet Biarritz défile à Bordeaux Avec les danseurs de Ballet Biarriz, Thierry Malandain a réglé le défilé de présentation de la collection automne-hiver de la marque Oxbow. À l’issue de la manifestation l’ensemble des participants s’est dispersé dans le plus grand calme.

Ciné Danse Co-organisé par Ballet Biarritz et Biarritz Culture et en relation avec la Cinémathèque de la Danse à la Cinémathèque française. Partenariat Conservatoire national de région de Bayonne. Samedi 1er février 2003 / 20h30 / Colisée • Intermède musical des élèves du CNR de Bayonne • Projection du film Noureev et Petipa Dimanche 2 février 2003 / 17h00 / Colisée • Intermède musical des élèves du CNR de Bayonne • Projection du film Bill Robinson et Bubsy Berkeley

Stages Inscriptions : Biarritz Culture Tél. 05 59 22 20 21 Samedi 1er février / locaux du CCN Master-class classique / Professeur : Elisabeth PLATEL, danseuse étoile de l’Opéra de Paris 14h30-16h00 : élémentaire-moyen (10-13 ans) 16h30-18h00 : moyen fort-avancé (13 ans et +)

Master-class claquette / Professeur : Nathalie Ardillez, tap dancer et chorégraphe 14h30-16h00 : initiation 16h30-18h00 : pratique régulière

Dimanche 2 février / locaux du CCN Master-class classique / Professeur : Elisabeth Platel, danseuse étoile de l’Opéra de Paris 10h30-12h00 : élémentaire-moyen (10-13 ans) 12h00-13h30 : moyen fort-avancé (13 ans et +)

Master-class claquettes / Professeur : Nathalie Ardillez, tap dancer et chorégraphe 10h30-12h00 : initiation 12h00-13h30 : pratique régulière

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Gare du Midi 23, avenue Foch F-64200 Biarritz tél. 33 5 59 24 67 19 fax. 33 5 59 24 75 40

PRÉSIDENT

Pierre Durand

• artistique DIRECTEUR/CHORÉGRAPHE

Thierry Malandain MAÎTRE DE BALLET

Richard Coudray COORDINATRICE ARTISTIQUE RESPONSABLE SENSIBILISATION

Françoise Dubuc RESPONSABLE SENSIBILISATION MISSION TRANSFRONTALIÈRE

Adriana Pous Ojeda INTERVENANTE SENSIBILISATION

Dominique Cordemans PROFESSEUR INVITÉ

Angélito Lozano DANSEURS

Roberto Forleo, Rosa Royo, Christophe Roméro et Mikel Irurzun del Castillo dans Boléro (Photographie Olivier Houeix).

CALENDRIER / JANVIER-FÉVRIER-MARS

Ana Ajenjo Soto Véronique Aniorte Giuseppe Chiavaro Annalisa Cioffi Frederik Deberdt Roberto Forleo Cédric Godefroid Amaya Iglesias Mikel Irurzun del Castillo Cyril Lot Magali Praud Christophe Romero Rosa Royo Nathalie Verspecht • administratif ADMINISTRATEUR

Yves Kordian ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ MISSION TRANSFRONTALIÈRE

REPRÉSENTATION EN FRANCE VE 03/01 Billière VE 10/01 Nanterre DI 12/01 Joué-lès-Tours LU 13/01 Joué-lès-Tours MA 14/01 Charleville-Mézières ME 15/01 Valenciennes VE 17/01 Vesoul MA 21/01 Échirolles VE 24/01 Le Mans SA 25/01 Châteaubriant MA 28/01 Béziers ME 29/01 Béziers VE 31/01 Soissons DI 02/02 Puteaux 07-09/02 Épernay VE 14/02 Arcachon VE 28/02 Saint-Germain-en-Laye SA 01/03 Aulnay-sous-Bois VE 07/03 Mimizan REPRÉSENTATIONS TRANSFRONTALIÈRES SA 22/02 Basauri SA 22/03 Terrassa DI 23/03 Terrassa MA 25/03 Alicante ME 26/03 Alicante VE 28/03 Valladolid SA 29/03 Valladolid

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Filgi Claverie

Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Pulcinella / Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Casse-Noisette

ASSISTANTE ADMINISTRATIVE CHARGÉE DE DIFFUSION

Françoise Gisbert CHARGÉE DE COMMUNICATION

Sabine Lamburu AIDE-COMPTABLE

Rhania Ennassiri ACCUEIL-SECRÉTARIAT

Isabelle Larre • technique CONCEPTEUR LUMIÈRE DIRECTEUR DE LA PRODUCTION

Jean-Claude Asquié RÉGISSEUR GÉNÉRAL

Oswald Roose TECHNICIEN LUMIÈRE

Frédéric Béars COSTUMIÈRE

Véronique Murat RÉGIE COSTUMES COUTURIÈRE HABILLEUSE

Karine Prins RESPONSABLE CONSTRUCTION DÉCORS

Michel Pochulu TECHNICIENS STAGIAIRES

Chloé Breneur Raphaël Tadiello TECHNICIENNE DE SURFACES

Annie Alégria Numéro directeur de la publication

Thierry Malandain

Un hommage aux ballets russes Casse-Noisette Casse-Noisette Casse-Noisette Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes Un hommage aux ballets russes

conception graphique

Jean-Charles Federico imprimeur

Imprimerie SAI (Biarritz) ISSN 1293-6693 - avril 2002

www.balletbiarritz.com ccn@balletbiarritz.com


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