Numéro 86 Avril > Juin 2020

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AVRIL  > JUIN 2020

ÉDITO

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ACTIVITÉ

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ACTUALITÉ

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SENSIBILISATION

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LE LABO

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JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE NOUVELLE-AQUITAINE EN PYRÉNÉES-ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ

SANTÉ

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EN BREF

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© D.R.


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© Olivier Houeix


ÉDITO mains de François Magendie, professeur au Collège de France dont le traitement apportait un « soulagement notable, mais de peu de durée ». En revanche, il est connu que les plus nantis se mirent au vert et que l'archevêque de Paris « ordonna des prières publiques pendant quarante jours pour l'entière cessation du choléra ».

À

l’instar de la peste noire qui emporta le tiers de la population européenne au milieu du XIVe siècle, ou du choléra-morbus qui provoqua en 1832 la mort de plus de 100.000 personnes en France, dont 18.400 dans la capitale, l’Histoire nous a fait connaître toutes sortes de fléaux épidémiques déterminés par de multiples causes et favorisés par le manque d'hygiène et la misère sociale. Ainsi en 1832, le plus grand nombre de cholériques entrés dans les hôpitaux parisiens appartenait à la classe ouvrière. C’est pourquoi, le préfet de Paris se faisant l’écho d’une commission de « médecins expérimentés » publia « une instruction populaire » indiquant les précautions à prendre et le régime à suivre. Car si les hommes de l’art divisés entre « contagionnistes » et « infectionnistes » ignoraient que le choléra était dû à l'ingestion d'aliments ou d'eau contaminés par un bacille, tous avaient observé que l’alimentation était à l’origine du mal. Seulement du haut de leur esprit de classe, ils ciblèrent « les ivrognes et les débauchés  », et La Gazette médicale de Paris d’écrire : « Les progrès de l’épidémie nous paraissent exister dans l’habitude pernicieuse des gens du peuple de se livrer à la débauche ou au moins de faire des excès de table les dimanches et lundis » (1). En attendant, se sustentant à volonté tous les jours, matin, midi et soir, Casimir Perier, régent de la Banque de France et président du Conseil compta parmi les victimes. On ignore s’il céda à la publicité de « L’Union, compagnie d’assurance sur la vie humaine » ou s’il passa entre les

Car longtemps ces épisodes funestes furent homologués par les prophètes de tous les dieux comme autant de calamités déchaînés contre l'humanité coupable. Il est vrai que depuis son premier cri, le genre humain peut se montrer insupportable, témoin le récit de la Genèse où Adam et Eve, pour avoir cru mordicus qu’une pomme par jour éloignait le médecin pour toujours, furent expulsés du Paradis. Depuis ce jour, le bonheur est trop bref et constamment en danger. À preuve un pépin n'arrivant jamais seul, privé de l’immortalité, le premier Homme s’entendit dire : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ». Plus malins que les autres et cédant à la cupidité, d’aucuns virent en cette condamnation un mal pour un bien au mépris des valeurs humaines et de la terre toute entière. Car en vérité, je ne vous l’ai pas dit, mais « il suffit d’un fruit pourri pour gâter tout un panier ». Ainsi des premiers souvenirs de l’humanité jusqu’à nos jours, le dur labeur est réservé aux plus démunis. Pourtant, il n’a jamais été dit aux uns : « Vous commanderez », et aux autres : « Vous obéirez » ; mais à tous : « Tu aimeras ton prochain comme ta pomme  ». Mais que voulez-vous, depuis que l’Homme existe, certains ont le diable dans la peau et démontrent que l’on peut à la fois tout convoiter et être misérable.

Il est vrai que depuis son premier cri, le genre humain peut se montrer insupportable

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ÉDITO

En caricaturant un peu, avec d’un côté les confinés au vert ou demeurés au gris, et de l’autre les jaunes d’hier mis en lumière à l’heure des spectacles ou de la soupe, cette déviation de l'entendement s’est pleinement illustrée en ce printemps tourmenté. En 1832, Le Figaro notait : « Les choléra se tiennent, s'alimentent, se succèdent le choléra-menteur fait naître le choléra-peureux, qui lui-même inspire

En songeant au devenir de la danse, prise pour une bonne pomme

du lisier sur les esprits vulnérables. « C’est une vérité connue qu’en temps d’épidémie la peur fait presque autant de victimes que le mal lui-même, par l’affaissement moral et physique qu’elle produit, au moment même où l’homme a besoin de toutes ses énergies pour résister à l’assaut de la contagion » (3) soulignait La Lanterne en 1892, alors que le choléra menaçait à nouveau la France. Il est aussi admis qu’entre les pubs de programmes amincissants garantissant de perdre son argent, cette ambiance anxiogène fait le beurre des voleurs de bonheur, à commencer par l’industrie de la « malbouffe », dangereuse pour l’Homme et l'environnement, mais aussi la première cause de mortalité

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le choléra-voleur » (2). Tout en mettant à nu les failles d’un système, on a donc hélas assisté dans un premier temps aux présentations biaisées et aux injonctions contradictoires qui altèrent la confiance, à la comédie des masques ; ensuite, sur le terrain thérapeutique, au match PSG-OM joué selon les règles établies par la fédération pharmaceutique et commenté sans fin et sans ménagement par de gros chloroquoquins et de petites chloroquoquines ; et enfin, à l’instant fatal du jugement de Salomon ou en continu à la terreur médiatique épandue comme


« Si nous parlions d'autre chose ! des théâtres par exemple ? Savez-vous que les théâtres sont restés ouverts, et qu'ils ont donné des pièces nouvelles comme d'habitude et de leurs plus grands auteurs encore, le savezvous ? » (4) écrivait Jules Janin à propos d’un vaudeville de François Ancelot créé le 25 avril 1832 au Théâtre du Palais Royal. En effet, alors que « les corbillards allaient et venaient de porte en porte, […] chacun continuait de vaquer à ses affaires, et les salles de spectacle étaient pleines » (5) observe François-René de Chateaubriand dans Mémoires d'outre-tombe. Souvenons-nous en passant que ce même 25 avril, la Commission centrale de salubrité proposa au préfet de Paris qu'une médaille portant sur l'une de ses faces les mots « Service contre le choléra-morbus » soit donnée à tous les médecins, pharmaciens, élèves en médecine et à toutes les personnes qui se seront dévouées dans les bureaux de secours. On ignore le montant de la rémunération des élèves en médecine, l’on sait par contre que la pièce de François Ancelot s’intitulait la Nuit d'avant. Pour en venir au jour d’après, rappelons que la compagnie s’apprêtait à danser Marie-Antoinette à Martigues quand surgit le duc de La RochefoucauldLiancourt, grand maître de la garderobe de Louis XVI : « C'est une grande

révolte ? - Non, Sire, sur la foi d’une modélisation numérique pronostiquant des millions de morts, c'est un grand confinement ! ». Une privation d’activité employée comme mesure sanitaire que nos danseurs évoquent dans ce Numéro chacun à leur manière. Habitués à se dépenser sans compter et à faire équipe, suivis par l'équipe médicale de la troupe, ils seront toutefois restés actifs sur les réseaux sociaux à travers la Coronabarre, tandis que pour éloigner le mal, lui dire en somme « Corona barre-toi ! », Martin Harriague, artiste associé au CCN imagina Les Rendez-vous CoCo Martin ! Entre la diffusion de spectacles qui firent salles pleines à domicile, nous aurons aussi lancé le 1er Concours chorégraphique depuis chez vous. Bref, malgré l’arrêt, chacun resta en marche en attendant la délivrance.

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dans le monde, avec ses pathologies en chaîne, l'un des facteurs aggravants du coronavirus. Mais la parole étant l’un des vecteurs de sa transmission, par prudence on s’épargnera d’autres colères et l'envie de rosser les bonimenteurs d’une « mondialisation heureuse » mutée en capitalisme du désastre.

Douce erreur, puisque rouge, vert ou clignotant, le feu de la contagion interdit encore tout rassemblement, à l’exception des réunions en ligne pour mettre en place des protocoles acrobatiques de reprise dans le brouillard le plus dense. Seule certitude, avec la chute économique, les entreprises ne pourront toutes espérer un retour à la normale, et en songeant au devenir de la danse, prise pour une bonne pomme depuis la monarchie de juillet 1830, laquelle pour mémoire conforta aux affaires publiques la bourgeoisie industrielle et financière, on se prend déjà à regretter le monde chancelant d’avant la dégringolade. « Je multiplierai vos maux et vos ennuis, et vous enfanterez dans la douleur » (6) autant dire que les sermons de Saint Jean Chrysostome sur la Genèse, entendus comme la nécessité de souffrir et travailler n’échappent pas aux artistes. C’est même leur ministère de multiplier les gains de beauté pour aider à supporter la condition humaine et de se retrousser les manches pour aller dans la cale chercher de quoi donner l’espoir d’un bien futur. Nul n’est besoin de leur rappeler. Mais pour quel avenir ? Depuis mars, le Malandain Ballet Biarritz qui emploie 46 permanents et plus de 30 intermittents du spectacle a connu l’annulation de 48 représentations et un manque à gagner de 1 million d’euros. Pour le moment, le

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••• personnel permanent bénéficie encore des mesures exceptionnelles du chômage partiel, tandis qu’en se prononçant pour la prolongation de leurs droits jusqu'en août 2021, le chef de l’État a sauvé les intermittents. Cependant, la danse qui rapproche les êtres et relie les peuples à travers l’universalité de son langage étant incompatible avec les distanciations sociales et physiques, que faire avec 22 danseurs ? Pour répondre aux contraintes actuelles, il est possible de proposer devant un public choisi des spectacles « corona-compatibles », c’est-à-dire des solos en chaîne, des duos déchaînés et payants sans contact sauf pour les couples légitimes, pour le fun des trios de pom-pom girls ou encore des strip-teases avec feuilles de vigne en souvenir des premiers jours de l’humanité. Car on ne nous dit pas tout, derrière le pommier de la connaissance se cache un complot : c’est pour répondre au désir de danser à plusieurs qu’Adam et Eve se multiplièrent. Cependant, à moins d’éliminer plusieurs Abel dans leur sommeil comme le plus vil assassin, l’alternative d’exhibitions « corona-compatibles » n’est pas viable économiquement. De plus, elle accentuerait les distorsions de concurrence avec les « petites compagnies » qui peineront tout autant à se relever du post-confinement. Bref, à l’instar des ensembles chorégraphiques fonctionnant en partie sur leurs ressources propres, le Malandain Ballet Biarritz subit la double peine du nombre pour des raisons sanitaires et financières.

"Si l’on veut des pommes, faut secouer le pommier "

Qualifiée au temps du choléra-morbus, « de peste des âmes » ou avec une ironie mâle et virile d’« industrie nationale », car on ne peut ignorer que le mépris du corps inoculé par de vieilles croyances faisaient encore le lit des dévots ou des tartuffes du grand monde, la danse, « l'une des plus spontanées manifestations des joies

humaines » (7) dira Georges Clemenceau, au fil des jours tranquilles de 1900 fut longtemps le fruit défendu le plus consommé en France. Avant Corona, on en importait, et souvent, depuis loin à l’exemple de vrais-faux Ballets russes que l’on faisait venir sous-payés et en bus des pays de l'Est pour remplir jusqu’au zénith de grandes salles. Alors qu’il est maintenant admis qu’il faudra plusieurs années à tous les secteurs d’activité pour se rétablir, combien faudra-t-il de temps pour se réconcilier avec le corps de l’autre et danser ensemble ? Car si l’on compte bien, des siècles furent nécessaires pour faire sauter le verrou de la peur cannibale et admettre que le corps accusé de tous les maux était un trésor jusqu’au moment de quitter la vie. Pour où ? Les réponses varient selon la foi qui les dicte. En attendant, pour éprouver chaque jour le sort éternel de mourir pour renaître, la danse, le plus humain, le plus fragile des arts ne craint pas la mort, seulement par nature elle préfère la vie. Gardons donc espoir dans un avenir meilleur bien qu'il ne soit pas en vue, et puisque chez nous tout commence et se termine en « chaussons », dansons : « Corps honni, Corona » sur l’air de « Si l’on veut des pommes, faut secouer le pommier », car d’autres vieilles traditions en font la nourriture des dieux.

n Thierry Malandain, 30 mai 2020

(1)

La Gazette médicale de Paris, 5 avril 1832

(2)

Le Figaro, 1er avril 1832

(3)

La Lanterne, 3 septembre 1892

Journal des débats politiques et littéraires, 30 avril 1832 (4)

(5) Mémoires d'outre-tombe, Paris, rue d’Enfer, mai 1832

Les homélies ou sermons de S. Jean Chrysostome sur la Genèse, 1703

(6)

(7)

Au fil des jours, E. Fasquelle (Paris), 1900


ACTIVITÉ

Le Malandain Ballet Biarritz immobilisé, mais mobilisé Immobilisé en raison de la crise du COVID-19, afin de garder le contact avec le public, le CCN / Malandain Ballet Biarritz a proposé plusieurs initiatives durant le confinement.

La Coronabarre De mars à avril, tous les jours à 18h30, les 22 danseurs de la compagnie ont livré leurs exercices favoris adaptés sur deux niveaux (intermédiaire et avancé) et pouvant être pratiqués chez soi. Ces vidéos ont été partagées sur les pages Facebook et Instagram du Ballet. Ainsi, danseurs amateurs ou professionnels ont pu suivre une barre classique animée par les danseurs. Tous les exercices sont aussi disponibles sur le compte Youtube « Ballet Biarritz Dance Living Lab ».

Préparation physique dédiée aux danseurs Depuis 10 ans, le Pôle médical du Malandain Ballet Biarritz (Aurélie Juret - médecin du sport, JeanBaptiste Colombié – kinésithérapeute du sport et préparateur physique, Romuald Bouschbacher - ostéopathe) accompagne les danseurs sur les plans de la prévention, des soins ou encore de la préparation physique. Pendant le confinement, Jean-Baptiste Colombié a animé la chaîne Youtube « Ballet Biarritz Dance Living Lab » sur laquelle il a publié avec d’autres intervenants, de nombreux exercices et protocoles dédiés aux danseurs amateurs ou professionnels à pratiquer chez soi.

Le Rendez-vous CoCo Martin ! Martin Harriague, artiste associé au CCN Malandain Ballet Biarritz a offert chaque semaine sur le Facebook du Ballet une pastille vidéo : Le Rendez-vous CoCo Martin ! reflet de ses humeurs. Avec la participation des 22 danseurs de la compagnie, il a également réalisé un clip « Keep dancing at home », en hommage aux danseurs confinés du monde entier.

Captations de ballets en accès libre Les ballets de Thierry Malandain tels que Mozart à 2, Carmen, le Sang des étoiles, les Créatures…, ont été diffusés en intégralité tous les samedis sur la chaîne Youtube du Ballet.


ACTIVITÉ

1er Concours chorégraphique depuis chez vous En mai devait avoir lieu à Biarritz la finale de la 3ème édition du Concours de jeunes chorégraphes organisé en partenariat avec l’Opéra National de Bordeaux et le CCN/Ballet de l’Opéra National du Rhin, dont Martin Harriague, chorégraphe associé au Malandain Ballet Biarritz fut l’un des lauréats en 2016. Cet évènement étant reporté à une date ultérieure, Martin Harriague et Thierry Malandain ont imaginé le 1er Concours chorégraphique depuis chez vous. Le principe : créer une chorégraphie de 1 minute maximum sur vidéo. Plus de 200 personnes ont participé à ce concours inédit et 7 lauréats ont été retenus au lieu de 5 prévus par le règlement. ✱✱✱

La danse mériterait, à mes yeux, d’avoir plus d’attention sur les grands écrans comme ce fut le cas fréquemment aux États-Unis dans les années 1930/1940... Le cinéma embellit la danse à travers son art. Je remercie l’équipe du Malandain Ballet Biarritz ainsi que mes amis qui ont talentueusement contribué à cette vidéo ». Nicolas Rombaut Une semaine offerte au festival de danse le Temps d’Aimer de Biarritz (organisation : Biarritz Culture) du 11 au 20 septembre 2020, avec un pass pour assister à tous les spectacles et une journée de travail créative avec les 22 danseurs du Malandain Ballet Biarritz. Les six autres lauréats : diffusion de leurs créations sur les réseaux sociaux du Malandain Ballet Biarritz ✱✱✱

Deuxième prix Graham Kotowich (danseur à l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole) Isolation ✱✱✱

Troisième prix Maylis Arrabit (danseuse dans la compagnie InterDanse) Dessine-moi un arbre ✱✱✱

Quatrième prix Iban Garat (danseur au collectif Bilaka) Ô maître carré ! ✱✱✱

Cinquième prix Carlos Kerr Jr. & Valeria Marangelli (danseurs du Tanz Luzerner Theatre) Remotely Equal ✱✱✱

Premier prix Nicolas Rombaut (  31 ans - Toulouse  ) Emporté sur une musique de Michel Legrand.

Sixième prix Laura Engholm (performeuse et photographe) Window Diaries

« Danseur professionnel depuis douze ans et actuellement membre du Ballet du Capitole de Toulouse, j’ai découvert la danse très jeune grâce à ma mère. Ce concours m’a instantanément inspiré car j’ai toujours aimé la danse au travers de la caméra ; aussi bien acteur que réalisateur.

Septième prix Ari Soto (danseur au Ballet de l’Opéra Grand Avignon) Une histoire de masques

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ACTUALITÉ

Paroles d’artistes confinés Les danseuses et danseurs du Malandain Ballet Biarritz témoignent

À ce stade-là, il faudrait peut-être que je vous présente Roberto. Roberto est la jolie maisonnette où j'habite. Selon l'enseigne peinte sur sa façade, son vrai nom est Chalet Robert mais en honneur de mes origines italiennes, j'ai décidé de le rebaptiser Palazzo Roberto.

Allegra

Vianello, née à Venise (Italie). Formée à l’École de Ballet de Castelfranco Veneto de 2007 à 2011, elle est ensuite admise à l’Ecole de l’English National Ballet. Elle débute sa carrière en 2014 au Ballet Cymru (RoyaumeUni). Elle entre au Malandain Ballet Biarritz en 2016.

Ça a été un coup dur pour Roberto quand il a compris que ça allait durer. Habitué à me voir seulement quelques jours par mois en raison des nombreuses tournées de la compagnie, il m'a d'abord crue en vacances en me voyant bouquiner tranquillement sur le canapé. Au fil des jours quand accrochée au plan de travail de la cuisine, au lieu de confectionner de jolis plats, je confectionnais des exercices et des ronds de jambes en l'air, il a commencé à s'inquiéter. Mais c'est quand il a vu débarquer le mètre carré de lino et la barre, gentiment fournis par la compagnie, qu'il a eu la certitude que quelque chose de grave se passait.

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Comme pour tout le monde, ce confinement a apporté plein de changements dans la vie de Roberto. Vu la situation, il a vite compris qu'il allait falloir faire des concessions à ses occupants. Il a donc vu sa chère chambre d'amis se transformer en salle de danse. Enroulé sur lui-même, le tapis décoratif a dû faire place à son homologue d'une couleur beaucoup plus vive mais bien plus fonctionnel pour quelques pirouettes. Le lit a été poussé contre le mur avec sa tête tournée vers l'angle comme en punition, et le miroir du placard a perdu ses fonctions de conseiller vestimentaire et a dû s'habituer à refléter mon image un peu moins apprêtée et un peu plus essoufflée. Il y a quelques jours, il nous a été annoncé que cette période de confinement semble arriver à son terme mais pas pour la danse qui n'a pas encore le droit de s'exprimer devant son public habituel mais qui continuera donc à vivre au sein des foyers de ses artistes. n Allegra


ACTUALITÉ comme le dit Chaplin, c’est de nous unir ! Relever ce défi, en étant solidaires entre nous, en trouvant notre bonheur en aidant les autres, la satisfaction d’être généreux sans rien attendre en retour, et surtout la confiance dans l’avenir ! Penser que l’avenir de toute l’humanité dépend précisément de chacun de nous. Je veux croire que ce virus nous a réunis, et nous a donné les bases pour construire une nouvelle humanité. n Alessia

Alessia

Peschiulli, née à Lecce (Italie). Alessia est diplômée de l’Accademia Nazionale di danza de Rome. En 2013, elle débute sa carrière au Balletto di Milano dirigé par Carlo Pesta. Elle intègre ensuite l’Arena di Verona dirigée par Renato Zanella en 2014. La même année, elle rejoint la Tanz Company Innsbruck du Tiroler Landestheatre, dirigé par Enrique Gasa Valga qu’elle quitte en 2017. En 2018, elle rejoint le Malandain Ballet Biarritz.

Pendant le confinement, j'ai écouté le dernier discours du film Le Dictateur de Charlie Chaplin. En particulier, certains mots m'ont beaucoup impressionnée : « Nous voudrions tous nous aider, les êtres humains sont ainsi. Nous voulons donner le bonheur à notre prochain, pas le malheur. Nous ne voulons ni haïr, ni humilier personne. Dans ce monde, chacun de nous a sa place et notre terre est bien assez riche pour nourrir tout le monde. Nous pourrions tous avoir une belle vie libre mais nous avons perdu le chemin. (…) Vous êtes des hommes, des hommes avec tout l’amour du monde dans le cœur. (…) Vous avez le pouvoir de rendre la vie belle et libre, le pouvoir de faire de cette vie une merveilleuse aventure. Il faut nous unir, il faut nous battre pour un monde nouveau (…) » Cette situation difficile due à la pandémie touche le monde entier. Nous avons tous eu peur. Peur de perdre nos proches, peur de l’incertitude, peur de ne plus sortir de cette obscurité qui nous a fait nous sentir plus seuls. Je pense que l’unique façon de vaincre cette peur,

Arnaud Mahouy, né à Nanterre. Il est formé par Florence Letessier à Bois Colombes et Juan Giuliano à l’Académie Chaptal à Paris. En 2000, il entre au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris et reçoit le 1er prix à l’unanimité du Jury en 2004. Il intègre le Junior Ballet du CNSMD de Paris, avant de rejoindre Malandain Ballet Biarritz en 2005.

Que reste-t-il de la danse quand un danseur ne peut plus danser ? Où se cache-t-elle une fois retirés le studio, la scène, les théâtres, les partenaires, la rigoureuse routine, le trac d’avant le lever du rideau ? Sans la fatigue qui s’abat une fois qu’il retombe ? Sans le délice d’être tout autre le temps d’un rôle ?

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ACTUALITÉ

••• Ces questions se sont rapidement imposées à un nouveau quotidien, pendant près de trois mois. Nombreuses furent les stratégies élaborées afin de tromper le vide, de remplir le corps, de combler l’insatiable besoin de danse. À coup de cours de Pilates, de yoga, de barre classique accrochée dans la cuisine. Autant de stratégies pour tromper l’ennui, diluer les heures de vide et celles qu’on ne voit pas filer. Où donc était passée ma danse ? Celle qui m’accompagne fidèlement depuis tant d’années, la partenaire qui, bras dessus bras dessous, est la confidente pour l’intime, l’amante pour la passion, l’amie des jeux, des belles émotions et des rires ? Quand on retire aux peuples leur liberté naissent les plus belles résistances. C’est emprisonné que la faim d’espace grandit. C’est tout naturellement quand on en est privé que l’essentiel prend toute sa place. Ainsi en va-t-il pour nous, les êtres qui dansent et nous sommes légion !

Noé © Olivier Houeix

Il m’aura fallu un mois de sommeil pour sortir de mon état de statue de sel, pour que la danse endormie s’éveille à nouveau et trouve son chemin qui, nécessairement, devait s’avérer différent du quotidien, de l’habitude. Par petits coups, par petites touches, elle m’est revenue autrement. Plus brillante ? Plus

belle ? Plus ardente ? En tout cas plus urgente que jamais. Transformer une danse opulente en danse d’intensité, trouver dans les gestes réduits, brimés par l’espace de mon appartement l’intensité des grands soirs, des grandes scènes, voilà le cadeau du confinement. Dans les détails se trouve la magie. Grâce à eux, infimes et intimes, ma danse continue de m’habiter, dans des endroits réinventés, à moins que, enfouis sous les couches du quotidien, ils attendaient patiemment d’être découverts. Faire danser la danse autrement. Ces habitudes détricotées, à l’arrêt forcé ont fait de la place à ces nouveaux petits territoires à explorer. Ils transformeront peut-être cette période fragilisant tant nos mondes en une chance. Celle de revenir autres, affinés, grandis par ces détails où la danse est entrée. Je suis sûr qu’il en ira de même pour les spectateurs, pour tous les acteurs de cette Culture qui manque si cruellement. Nous nous jetterons vers elle comme des affamés, comme des assoiffés au matin d’une nuit trop chaude. L’urgence se tient là ! Elle agite tous ceux qui bientôt seront réunis dans ces temples de tous les possibles, dans ces théâtres ô combien nécessaires au monde d’après. Je serai au rendez-vous. Et vous ? n Arnaud


ACTUALITÉ Il a d’abord fallu réaliser, puis s’adapter, retrouver une continuité, développer une régularité. L’environnement n’est bien évidemment pas propice à la pratique et malgré des ressorts de créativité, de nombreuses choses ne nous sont pas autorisées. Pas de sauts, peu de grands mouvements, plus de contacts, il est souvent frustrant de ne pouvoir s’envoler.

Claire

Lonchampt, née à Sèvres. Formée à l’École de Danse de l’Opéra National de Paris de 1998 à 2001, elle poursuit sa formation à l’European Dance Center, puis est admise en 2002 au CNSMD de Paris, où elle intègre le Junior Ballet en 2005. Elle débute sa carrière au Ballet de Zurich et est ensuite engagée au Ballet de l’Opéra National de Finlande à Helsinki en 2007, puis au Het National Ballet en 2010. Elle rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2011.

Chers tous, Quelques mots de mon appartement où je vis confinée depuis presque 2 mois maintenant. Je vais bien. L’humeur varie chaque jour au gré de la météo.

60 jours loin du studio, loin des amis, loin de la scène, il faut parfois lutter pour ne pas sombrer dans l’angoisse d’une reprise toujours plus lointaine, d’un demain aseptisé, d’un avenir bétonné par des cloisons invisibles, celles de la peur. Coincée dans cette cage dorée, privée de la liberté de danser, je m’efforce de m’entraîner, de garder la maîtrise de la seule chose que je puisse encore un peu contrôler, mon corps. Cet outil qui me permettra un jour, bientôt, je l’espère, de regoûter au plaisir de m’exprimer sur scène. De voyager loin, très loin, au sein d’espaces infinis en emportant avec moi tous ceux qui rêvent de magie et de mondes interdits. Pour nous danseurs, esthètes d’un art en mouvement, artisans d’un corps éveillé, être privés de la scène nous coupe les ailes, nous réduit à notre pâle reflet et nous empêche de réellement nous évader. Nos âmes sommeillent sagement en attendant d’être ravivées par les décors, les costumes, les lumières, vos bruissements feutrés et vos applaudissements enflammés. Alors je tiens bon, je continue inlassablement de travailler, de me perfectionner, d’esquisser quelques dégagés, car je garde l’espoir d’un monde, « ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre », où nous pourrons à nouveau danser, rêver, et être émerveillés. Bien à vous, n Claire***

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ACTUALITÉ

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que la danse nous accompagne partout, même quand nous en sommes privés. J’espère pouvoir vite retrouver le chemin des studios et de la scène qui me manque terriblement, même si je me questionne tous les jours sur l’évolution de notre art dans ce monde nouveau... n Clara

Clémence

Clara

Forgues, née à Biarritz. Elle débute à l’École de Ballet Gillet-Lipszyc de Biarritz, puis entre à l’École Nationale Supérieure de Danse de Marseille en 2010. Elle poursuit ensuite sa formation à Lausanne au sein de l’Ecole-Atelier Rudra-Béjart. Elle entre au Malandain Ballet Biarritz en septembre 2014.

Revenant de blessure, j’étais heureuse et excitée de repartir en tournée avec la compagnie ... À peine 10 jours que nous étions partis et le confinement a été annoncé ! Brutalement tout s’est arrêté, retour à la maison, annulation des tournées... Un grand vide... Il a alors fallu installer une routine d’entraînement chez soi pour essayer de rester en forme malgré tout. Pas toujours évident de se motiver seule et en plus dans un lieu inadapté à la danse. J’ai finalement réussi à bien rythmer mes journées : cuisine, lecture, musique, films et bien évidemment danse (comme je peux, en me cognant souvent un peu partout). Parfois je me surprends à esquisser des pas de danse ou même des morceaux de chorégraphies dans la cuisine, j’entraîne alors avec moi mon compagnon (non danseur) dans quelques pas de danse improvisés ! Il me retrouve aussi me brossant les dents en train de tenter un équilibre attitude dans la salle de bain, tout ce qu’il y a de plus normal évidemment ! On se rend alors compte

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Chevillotte, née à Aix-enProvence. Formée à l'École Nationale Supérieure de Danse de Marseille puis au Studio Ballet de Colette Armand, elle débute sa carrière en 2006 au Gran Canaria Ballet dirigé par Anatol Yanowsky. Elle travaille ensuite pour les opéras de Marseille et Montpellier ainsi que pour la compagnie Acodanse à Marseille. De 2008 à 2010, elle fait partie du CCN / Ballet de Lorraine dirigé par Didier Deschamps avant de rejoindre l'Opéra de Limoges. À partir de 2012, elle participe à des créations de différentes compagnies et chorégraphes tels que Les Grands Ballets Canadiens de Montréal, le Ballet de l’Opéra de Lyon et l’Opéra de Flandres. Elle rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2017.

MBB, mission Coronavirus

Je me suis amusée à transformer légèrement un monologue d’Edouard Baer (Otis) tiré du film « Astérix et Obélix, mission Cléopâtre ». C’est un peu


ACTUALITÉ décalé et pourra avoir le sens qu’il vous plaira. J’ai juste essayé de mettre un peu d’humour et de bonne humeur, car on ne sait pas vraiment quoi dire dans ces moments-là : - « C’est une bonne situation, ça, danseur confiné ? » Danseur confiné : - « Mais, vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou mauvaise situation. Mais si je devais résumer mon confinement aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des annulations de spectacles dans ma région natale, mais la chance d’avoir vu ma famille avant d’être confinée chez moi. C’est aussi des entraînements dans mon appartement, entre les étagères et le canapé, peut-être à un moment où je devais être en tournée, où mon mollet droit avait besoin d’un peu de répit, où j’avais besoin de passer du temps chez moi. Et c’est assez curieux de se dire que les ateliers créatifs, la cuisine, la sophrologie, les nettoyages d’endroits improbables forgent une journée de confiné. Parce que quand on a le goût de la danse, le goût de la danse bien faite, le beau geste, parfois, on travaille énormément jusqu’à créer le Malandain Ballet Biarritz ; parfois, on ne trouve pas l’interlocuteur en face, je dirais l’horizon qui vous aide à avancer. Alors ce n’est pas mon cas, comme je disais là, puisque moi au contraire, je crois en l’avenir de la compagnie, et je dis merci à la compagnie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie... Je ne suis qu’une danseuse ! Et finalement, quand beaucoup de gens aujourd’hui me disent « Mais comment fais-tu pour garder la forme ? », et bien je leur réponds très simplement, je leur dis que c’est ce goût de la danse, ce goût donc qui m’a poussée aujourd’hui à faire partie du Malandain Ballet Biarritz, mais demain, qui sait, peut-être seulement à me mettre au service de ce coronavirus, à faire le don de la danse, le don de soi... » n Clémence

Cristiano

La Bozzetta, né à Catane (Italie) Il est formé à A.S.D Arteballetto Akademie (direction Patrizia Perrone) à Catane. En 2014, il entre à l’Académie Princesse Grace de Monte-Carlo où il reçoit notamment l’enseignement de Michel Rahn, Olivier Lucea et Thierry Sette. Il est lauréat du Youth America Grand Prix 2014 Europe Junior division (contemporary prize). Il rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2019.

Bonjour, je m’appelle Cristiano et je suis le danseur le plus jeune de la compagnie. Pour moi, cette année tout était nouveau et jamais je n'aurais imaginé que quelque chose comme une pandémie puisse arriver. J’ai été surpris mi-mars quand d’un coup je suis passé de la scène au confinement tout seul chez moi. À ce moment-là, j’ai bien compris que j'allais devoir rester à la maison pour un bon bout de temps et qu'il allait falloir s'occuper et faire quelque chose de productif. Alors, j'ai pris mon téléphone et j’ai commencé à créer du matériel, des photos, des vidéos pour réaliser des projets avec des thématiques spécifiques. Je me suis constitué un public sur les réseaux sociaux et j’ai continué à donner de petits spectacles via mon téléphone. Ce fut une expérience incroyable ! J’ai connu beaucoup de monde et artistiquement ce fut très enthousiasmant.

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ACTUALITÉ

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Bien sûr le travail en studio et les spectacles devant un « vrai » public m'ont beaucoup manqué, mais au final ce fut moins terrible que ce que je redoutais. J’espère que mon histoire pourra inspirer d'autres gens à se remettre en jeu, à ne pas se laisser tenter par l’idée de ne rien faire, parce que même dans la pire situation on peut toujours accomplir quelque chose de productif et de magnifique pour nous et les autres ! Avec tout mon cœur, n Cristiano

Frederik

Deberdt, né à Izegem (Belgique). Il étudie la danse à l’École du Ballet Royal de Flandres. En 1999, il est finaliste au Concours de l’Eurovision, participe au Concours de Varna, tout en étant engagé au Ballet Royal de Flandres. Il rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2001.

Partout on nous dit comment vivre avec le Covid mais personne ne nous apprend à vivre sans sa famille et ses amis qui sont loin... Dès le plus jeune âge, j'ai été confronté à vivre loin de mes proches pour pouvoir vivre ma passion. Plus tard, j'ai fait le choix d'aller à l'étranger parce que mon rêve se trouvait là-bas. Ce rêve je le vis, il m'enrichit et je le dévore... Mais... D'un coup, une maladie qui porte le nom d'une mauvaise bière nous dicte

une toute autre façon de vivre et on se retrouve à faire des pas de danse dans notre salon avec comme seul public nos plantes, nos meubles et nos casseroles... Privés de notre passion, on pense aux choix qu'on a dû faire pour en arriver là. Quand j'ai passé l'audition au Malandain Ballet Biarritz, je l'ai fait en fonçant mais surtout sans ne rien dire à personne... Une fois de retour dans le train le contrat en mains, je me suis décidé à l'annoncer à ma famille. « Ta-da ! Je m'en vais à 1100 km pour vivre de ma passion ! » Il y a mieux comme surprise, je l'avoue... Aujourd'hui, reprendre le même train est devenu compliqué car pour une Europe pourtant unie, les frontières sont malheureusement bien réelles et fermées. Ne plus danser, ne plus voir sa famille, ne plus aller dans son pays d'origine... toutes ces restrictions donnent naissance à des questions. Des questions qui, pour être honnête, rôdent dans ma tête depuis des années et le confinement m'a donné l'occasion et surtout le calme pour pouvoir y répondre. Le confinement m'a aussi montré que j'existe en dehors de la danse. Je ne suis pas juste un danseur, mais aussi un mari, un fils, un frère, un oncle, un voisin, un ami, un homme, un humain... Je me sens maintenant rassuré dans le sens où je sais que ne plus être sur scène ne sera pas la fin du monde. Je peux penser à une date de fin de carrière sans que la panique monte et que les larmes tombent. Avec toutes les restrictions on pense au plus essentiel, à notre famille et à la possibilité de l'agrandir. On se rend compte que le paradis, c'est chez soi avec son bien-aimé à ses côtés. On vit au jour le jour avec le regard vers le futur. On rêve du moment où on pourra enfin serrer sa famille et ses proches dans ses bras en se disant que les choses les plus simples dans la vie sont souvent les meilleures... Et comme disait Benjamin Franklin: « La bière est la preuve que Dieu nous aime et veut que nous soyons heureux ! » Alors, buvons une bonne bière belge et trinquons à un futur sans maladies aux noms de mauvaises bières... n Frederik

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Frederik Deberdt & Arnaud Mahouy, La Pastorale Š Olivier Houeix


ACTUALITÉ

••• Invisible. Nous avons tout entendu : « Ce n’est qu’un mensonge », « Ça n’arrivera jamais chez nous », « Nous maîtrisons la situation », « C’est un grave problème ». J’ai commencé à comprendre la gravité des choses en écoutant les témoignages des médecins, des infirmiers et de tous ceux qui étaient concernés en première ligne et après avoir entendu tous les discours et vu toutes les images, on commence à raisonner différemment.

Giuditta

Banchetti, née à Florence (Italie). Formée à l’Académie de Danse Classique de Florence et diplômée avec la méthode Marika Besobrasova. Elle intègre le New English Ballet Theatre de Londres en 2017. Elle reçoit le Grand Prix 2018 dans la 1ère édition des examens internationaux classiques à Florence de l'association Dance Project Charles Jude soutenue par la Fondation Serge Lifar. Elle rejoint le Malandain Ballet Biarritz en octobre 2018.

La Belle et la Bête © Olivier Houeix

Parfois j’y pense et tout me semble irréel, comme si l’on vivait dans un mauvais rêve. Et en fait, il n’y a rien de plus réel que ce que nous vivons. Ce qui nous semblait loin, impossible, il y a juste quelques mois, tout à coup cela arrive…

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Notre vie « normale » s’est arrêtée durant deux mois et demi et elle a été ponctuée par les discours de notre 1er Ministre Giuseppe Conte. Nous étions constamment dans l’espoir de bonnes nouvelles, mais celles-ci peinaient à arriver. Une période vécue dans la peur, la peur d’aller faire les courses, d’aller à la pharmacie, la peur de quelque chose d’invisible, d’inconnu. Alors tu commences à apprécier davantage les choses qui te sont précieuses, qui passent généralement inaperçues. J’ai eu la chance de pouvoir passer cette période auprès de ma famille, en découvrant une autre forme de liberté, entre les quatre murs de notre maison, en transformant le salon en une salle de danse personnelle, en m’improvisant pâtissière, boulangère et, en tant que véritable italienne, pizzaiola. Tu découvres à nouveau la famille, à laquelle tu n’as pu donner 100% de ton temps à cause des nombreuses obligations, et maintenant que le temps s’est arrêté, tu retrouves en elle tes amis, tes conseillers, ton tout. Tous les gestes mécaniques que l’on donne pour acquis, regagnent leur juste valeur. La valeur d’une poignée de main, la chaleur d’une étreinte et la beauté d’une simple promenade à l’air libre. n Giuditta


La Pastorale © Olivier Houeix

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Guillaume

Lillo, né à Joinville-le-Pont. Il étudie au Conservatoire National Supérieur de Danse de Paris, puis intègre en 2011 le Ballet Junior de cet établissement. En 2012, il entre au Scottish Ballet (Royaume-Uni) pour une saison avant de rejoindre l’Israel Ballet en 2013. Il entre au Malandain Ballet Biarritz en 2015.

Drôle de période de laquelle nous sortons. Optimiste inatteignable, je faisais partie de ceux qui doutaient, contre ceux qui redoutaient. Jusqu’au bout. Mais rattrapé par la réalité, j’ai retiré mes œillères trop tard et c’est dans une angoisse irrationnelle que j’ai abordé ce confinement. J’ai choisi de le

passer en région parisienne avec mon père. Ce n’était pas trop difficile en pratique, il est un véritable papa poule, donc j’ai passé deux mois en pension complète. Étudiant en première année de droit, j’ai passé mon temps à étudier face à mon ordinateur. J'en suis sorti un peu abruti. Le vide social, le vide de mes collègues. Quelques semaines plus tôt, nous dansions ensemble à travers les États-Unis, libres, et maintenant j’étais assis tout seul dans ma chambre, enfermé. Alors quand je faisais des pauses, je songeais au monde d’avant, un monde qui n'allait pas très bien mais que j’aimais beaucoup, avec l’espoir qu’il y ait un monde d’après, déchargé de ce qui ne va pas. Inévitablement, la Pastorale de Thierry résonnait dans ma tête. Sa dernière œuvre ne pouvait pas être plus près de cette nouvelle réalité. La nature et notre liberté ressemblaient à des rêves. Je n’étais plus sûr de les connaître. Mon optimisme était atteint. Heureusement cet épisode semble toucher à sa fin. Entre deux journées de révisions, je retrouve la mer, la montagne et j’espère l’avenir comme le final de Thierry, riche d’humanité, de paix, de joie et de liberté. n Guillaume

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ACTUALITÉ

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Hugo

Layer, né à Sens. Il étudie la danse au Conservatoire de Sens jusqu’en 2007, puis au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Durant son cursus il participe à la création de Rhapsody in blue avec Cathy Bisson, joue dans le film de Christian Faure et Marie Dô Fais danser la poussière et obtient le rôle de soliste pour Clowns de la compagnie Pietragalla/Derouault. Il entre au Malandain Ballet Biarritz en 2013.

Les mots, les paroles, le langage quotidien n’ont que peu d’impact sur moi, je préfère le mouvement, le corps et le contact. J’ai cependant choisi de témoigner des semaines que nous venons de vivre à travers une chanson de Stephan Eicher intitulée Prisonnière, car mon propre langage demeure éteint, prisonnier d’une enveloppe qui ne s’exprime plus, ne ressent plus, ne parle plus depuis bien trop longtemps. En attendant ce jour où nous pourrons enfin retrouver la lumière, la scène, le toucher, l’autre, la danse. n Hugo

Oh mais c'est encore vous mon cher Oh mais c'est encore vous mon cher Me dit-elle tout à coup Me dit-elle tout à coup Oh je me sens de vous prisonnière Oh je me sens de vous prisonnière Faites de moi ce que vous Faites de moi ce que vous Donnons-nous rendez-vous à la rivière

Donnons-nous rendez-vous à la rivière Lavons-nous de la boue Lavons-nous de la boue Prenez-moi dans vos bras mon cher Prenez-moi dans vos bras mon cher Et oublions tout Et oublions tout Et tenons-nous debout dans la lumière Et tenons-nous debout dans la lumière Soyons prêts à tout Soyons prêts à tout Il en va de la vie, de nos mères Il en va de la vie, de nos pères Il en va de nous Il en va de nous Oh je me sens de vous prisonnière Oh je me sens de vous prisonnière Faites de moi ce que vous Faites de moi ce que vous [ Paroliers : Philippe Djian / Stephan Eicher ]

Ione

Miren Aguirre, née à Caracas (Venezuela). Elle débute au Conservatoire National de Région de Bayonne Côte Basque tout en recevant l’enseignement de Monik Elgueta au Studio Ballet de Biarritz. Elle entre ensuite à l’ École de Danse de l’Opéra de Paris, puis rejoint l’École Supérieure de Danse de Cannes Rosella Hightower trois ans plus tard. En 2005, elle intègre le Ballet Biarritz Junior, puis le Malandain Ballet Biarritz l’année suivante.

Le confinement a été pour moi un moment difficile à accepter et à appréhender. Il est intervenu lors d’une saison un peu particulière. J’ai en effet eu la joie immense d’accueillir dans ma vie ma fille, mais ce bonheur a mis entre parenthèses ma vie d’artiste interprète. J’avais décidé avant la naissance de ma fille que cela ne signerait pas la fin de ma carrière afin de ne pas me sentir frustrée. Je voulais être une femme/maman/artiste épanouie, et que cette naissance ne soit pas ma dernière création, ma dernière performance… Il me tenait à cœur de reprendre un peu le contrôle sur mon corps de femme et de danseuse, de pouvoir transpirer et


ACTUALITÉ m’exprimer à nouveau dans un studio de danse et surtout sur scène, de sentir cette énergie, cette douce folie qui s’empare de nous lorsqu’on est sur scène. Le destin a fait que les besoins dans le secteur sensibilisation au sein du Ballet se sont intensifiés et qu’un poste s’est libéré. J’ai donc dû choisir en peu de temps entre le cœur et la raison : soit la scène et les tournées, soit les établissements scolaires afin de transmettre l’amour de la danse et du mouvement aux enfants. Mon choix s’est porté vers la sensibilisation. Par chance Thierry a accepté que je fasse mes adieux après avoir dansé 13 saisons dans sa compagnie. C’est ainsi que j’ai passé la saison à attendre avec grande impatience, presque à l’état de manque, de pouvoir rejoindre le groupe et reprendre ma place en tant que danseuse afin d’assouvir mon addiction qui est de pouvoir m’exprimer sur scène. Je devais rejoindre les autres danseurs à partir de juin et danser mon dernier spectacle en août lors des représentations à la Gare du Midi. Le timing était parfait ! J’allais avoir le temps de me faire à l’idée que cette merveilleuse aventure se finissait, en partageant les dernières tournées et spectacles avec tous mes collègues, maîtres de ballet et Thierry qui m’ont accompagnée tout au long de ma carrière de danseuse. À l’annonce du confinement, lorsque les écoles ont dû fermer, ma nouvelle activité s’est naturellement arrêtée. Je me suis surprise à penser : les danseurs vont rentrer de tournée, je vais pouvoir reprendre les classes avec eux tranquillement ! Mais ça n’a duré que quelques minutes. Avant de réaliser la gravité de la situation… J’ai décidé de positiver. J’ai pris du temps pour me remettre en forme en faisant des barres et en pratiquant une activité physique régulière. Ce n’était pas évident de me maintenir en

forme et de garder la motivation sans le contact avec la compagnie et les autres danseurs durant la saison. Heureusement, de nombreux cours de danse, yoga, Pilates, cardio, renforcement, etc. ont été publiés et des sessions de travail en visioconférences ont été proposées durant le confinement, ce qui m’a aidée à me sentir moins seule. Je n’ai jamais autant dansé et fait d’exercices que pendant ce début de confinement. Je voulais à tout prix être prête à la sortie pour ne pas perdre de temps et ENFIN redevenir danseuse. Mais au fur et à mesure des annonces des conditions du déconfinement, je voyais mes adieux compromis. J’avoue encore avoir la candeur d’un enfant et me dire que peut-être tout va se résoudre. Le fait de mettre par écrit ces pensées m’oblige à faire face à la réalité… Et c’est dur ! Mon retour tant espéré n’aura pas lieu en août de cette année. Alors mes adieux… Pour quand… ? Je me rends compte que pour la danse, j’étais déjà « confinée » dès la grossesse. L’attente de ce retour dans cette merveilleuse aventure commence à être longue. Alors mes sentiments voguent entre tristesse et frustration. Chose que je ne voulais pas ressentir pour ne pas en vouloir inconsciemment à mon nouveau rôle de « mère ». J’ai l’impression que j’ai fini ma carrière sur une blessure qui m’a empêchée de retourner sur scène, alors que c’est tout le contraire… Une naissance n’est pas une blessure mais plutôt une force ! Et, j’ai évidemment beaucoup de joie à pouvoir passer du temps avec ma fille. Alors, je culpabilise de ressentir tout ça, parce que j’ai tout pour être heureuse. Ma reconversion est trouvée, dans le milieu que j’aime. Je suis une mère comblée d’une merveilleuse petite fille que j’ai pu voir évoluer pendant ce confinement. Jamais je n’aurais pu partager ces moments magiques en d’autres circonstances. Mais je ne peux m’empêcher d’espérer avoir une belle fin pour cette page de ma vie qui se tourne…. n Ione

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La Pastorale © Olivier Houeix



ACTUALITÉ

••• à accepter de toute cette histoire. Notre existence doit encore attendre pour s'épanouir. Et on ne sait pas exactement pour combien de temps. L'incertitude.

Irma

Hoffren, née à San Sebastián, elle étudie à la Thalia Dance School de San Sebastián, puis auprès de Maria de Avila et Carmen Roche. Elle intègre le Ballet Biarritz Junior de 2005 à 2008, puis le CCN – Ballet de Lorraine sous la direction de Didier Deschamps. Elle entre au Malandain Ballet Biarritz en 2012.

Les danseurs, on existe quand on danse sur scène, pour un public, dans les théâtres. On parle avec notre corps sur scène, on respire l'énergie que dégage la troupe quand on danse ensemble, à l'unisson. On communique avec les yeux de nos collègues, avec le mouvement, aidés par la musique. On se nourrit des sensations et des émotions, les mêmes qu'on fait partager généreusement au public qui vient nous voir exprimer notre art. Il y a toujours des côtés positifs auxquels s'accrocher. Cette période m'apprend à être patiente, à exister différemment, à rêver différemment. Mais j'attends avec impatience de libérer mon âme, et ainsi satisfaire mes désirs de partager toute cette passion pas encore éteinte avec le public. Bientôt. n Irma

Ce n'était pas le confinement la chose la plus dure...Freiner dans son élan, devoir s’arrêter complètement et prendre du recul était nécessaire. Mais le corps est comme un enfant qu’il faut éduquer, si tu lui tiens juste la main, il a tendance à prendre tout le bras. Ce repos imposé était vraiment bienvenu au départ, mais peu à peu il s’est transformé en anxiété et nervosité qu’il fallait canaliser. Il a fallu installer une discipline au corps pour le calmer, le divertir et le fatiguer assez pour ne plus écouter ses caprices. Pour qu’il n’oublie pas, qu’il garde cette mémoire musculaire de notre vie d’avant et qui sera nécessaire de retrouver rapidement quand nous reprendrons. Alors le déconfinement arrive, les corps vont pouvoir retrouver la liberté, ils vont pouvoir se réunir, s'accompagner. Les voix et les paroles échanger et s'exprimer avec des gens longtemps séparés, les poumons respirer un air plus sain, plus propre... nos âmes de danseurs et artistes, continuent à être confinées. La voilà pour moi l'étape la plus difficile

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Ismael

Ismael Turel Yagüe, né à Valence (Espagne). En 2006, il obtient le prix du public au Concurso Ciudad Ribarroja del Turia. En 2009, il danse Casse-Noisette avec le Ballet national de Cuba. Il est finaliste du XIe Concurso internacional de ballet ciudad de Torrelavega en 2012. En 2013, il suit le Trainee performance du Joffrey Ballet New York. Diplômé en 2014 du Conservatorio Professional de danza de Valencia, il intègre le Ballet de la Generalitat Valenciana. En 2015, il entre au Malandain Ballet Biarritz.

Le 13 mars, tout est annulé. J'ai l'impression d’être en temps de guerre. Je suis ce juif auquel les Allemands sont sur le point de couper les ailes et qui doit courir pour franchir la frontière pour rentrer chez lui et rejoindre sa


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Jeshua

Costa, né à Lecce (Italie). Jeshua est diplômé du Théâtre Opéra de Rome. De 2013 à 2014, il intègre le Ballet Nice Méditerranée dirigé par Éric Vu-An. Puis de 2014 à 2018, il danse pour la Tanz Company Innsbruck du Tiroler Landestheatre dirigé par Enrique Gasa Valga. Il rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2018.

famille. Je viens d’arriver chez moi en Espagne après de nombreuses années. Les souvenirs pleuvent sur moi quand ma plus grande préoccupation dans la vie était de s'amuser. Tout est toujours au même endroit, notre canapé installé devant la télé, la même odeur, les repas de maman, le long couloir dans lequel nous jouions pour nous faire peur. Au fond ma chambre, pleine de souvenirs. Des photos prises par papa, toutes mes histoires dans des cahiers, mes danses sur les tableaux. J’imagine qu’il nous manque toujours de ce que nous n'avons pas ... parce que maintenant tout mon monde à Biarritz me manque... J'écoute la musique du Boléro de Maurice Ravel pendant que j'écris ça m'inspire beaucoup… n Ismael

Cette période m'a fait du bien ! Avant la propagation du virus, pendant les tournées avec le Ballet, j'avais commencé à lire un livre sur la croissance personnelle car j'avais besoin d'un coup de pouce pour croire davantage en moi et en mes passions. Je voulais savoir ce que j'avais en moi, mais je n'avais pas le temps de me consacrer à moi-même étant très occupé par la danse. Le jour où nous avons appris que nous allions passer beaucoup de temps confinés, nous étions à Martigues prêts à danser, mais nous avons dû démonter la scène et annuler le spectacle, un parmi la longue série qui nous attendait. Les réactions des danseurs ont été différentes. Certains plaisantaient, d'autres pleuraient inquiets par l'incertitude ou encore restaient silencieux. Je n'ai pas beaucoup parlé, mais à l’intérieur de moi, j'ai senti que c'était l'occasion de travailler sur moi-même.

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••• Je suis retourné à Biarritz et j'ai débuté le confinement avec deux de mes frères que je n'avais pas vus depuis longtemps, et qui comptent beaucoup pour moi. J'ai immédiatement commencé à mettre en œuvre les enseignements que j'ai reçus de ce beau livre que j'avais lu. Dès le lendemain, j'ai commencé à me réveiller à 6 heures du matin, afin d'avoir le temps de méditer et de m'écouter sans aucune distraction. J'ai retranscrit ma routine sur un journal tous les jours. Cela m'a aidé à créer une figure plus définie de moi et des objectifs que je voulais atteindre, même s'ils étaient moindres. J'ai beaucoup pratiqué le yoga, ce qui m'a aidé à obtenir une souplesse physique nécessaire et à garder un niveau de danseur professionnel. Quand je peux, je m'entraîne dans mon salon, avec une barre et un tapis gentiment offerts par la compagnie, et par visioconférence avec un maître de ballet qui nous propose gratuitement un cours de danse. Trouver la motivation pour se lever chaque matin et maintenir l'enthousiasme vivant n'est pas facile du tout, mais j'aime les défis parce que je pense qu'ils sont un moyen efficace d'évoluer. Je dois dire que je ne peux pas me plaindre car je continue à toucher le salaire qui me permet de vivre sans problèmes majeurs, grâce au travail que l'équipe du Ballet a fait pour assurer notre sécurité économique. Contrairement à la France, en Italie, les artistes sont moins protégés au niveau économique dans ce moment compliqué. Avec mon frère également danseur, et d'autres danseurs italiens, nous avons réalisé un court métrage fait maison pour soutenir les artistes italiens et les encourager à ne jamais cesser de croire en leur passion malgré les difficultés. Enfin, je ne sais pas quand nous recommencerons à danser sur scène mais pour l'instant j'essaie de continuer à me réinventer et à m'enrichir d'une nouvelle façon. n Jeshua

Laurine

Viel, née à Paris. Elle débute auprès de Virgine Cosnier au Conservatoire Municipal de Villejuif, puis entre en 2005 au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, avant d’intégrer en 2009 le Junior Ballet Classique de cet établissement. Elle rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2011.

Extrait de la chanson "Rendeznous la lumière" de Dominique A. « Rendez-nous la lumière, rendeznous la beauté Le monde était si beau et nous l'avons gâché Rendez-nous la lumière, rendez-nous la beauté Si le monde était beau, nous l'avons gâché »

Passés les moments de doute, de peur, de démotivation, il y a ceux de la résilience, du ressort et des espoirs...l'espoir que la lumière qu'offre l'art revienne ! n Laurine


Hugo Layer, La Pastorale © Olivier Houeix

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ACTUALITÉ

••• Habile de mes mains, j’ai aiguisé mon sens artistique et j’ai réaménagé mon chez moi en posant du carrelage, peint et réorganisé mes affaires. Se sentir bien à la maison aide à avoir les idées claires et à être d’attaque sur mes objectifs. Finalement, le confinement m’a été bénéfique mais j’ai hâte de reprendre la danse et pouvoir retoucher ma liberté au bout de mes doigts. n Loan

Loan

Frantz, né à Tinago Camalig Albay (Philippines). Formé au Conservatoire à rayonnement régional de Toulouse, puis à l’École de danse de l’Opéra National de Paris, il débute sa carrière en 2012 au Ballet Nice Méditerranée sous la direction d’Éric Vu-An. Il rejoint le Ballet de l’Opéra National de Bordeaux dirigé par Charles Jude en 2013, puis l’Opéra Théâtre de Metz dirigé par Laurence Bolsigner en 2016. Il intègre le Malandain Ballet Biarritz en 2017.

Michaël

Garcia, né à Toulouse. Il étudie la danse au Centre des Arts et de la Danse de Fontenilles avec Elisabeth et Christophe Garcia, pendant cinq ans. Il intègre ensuite l’Académie Princesse Grace de Monaco et rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2011.

Confinement rime avec enfermement ? Il faut « prendre ses jambes à son cou » et écarter l’ennui. Ces deux mois à la maison m’ont permis d’apprendre de nouvelles choses et de me recentrer sur moi-même. J’en avais besoin. J’ai découvert de nouvelles disciplines comme le yoga, la méditation, des exercices à faire à la maison pour me maintenir en forme et qui viendront enrichir mes échauffements avant mes spectacles. Tous mes entraînements quotidiens viendront apporter de nouvelles sensations à ma danse. Je m’aperçois à quel point j’ai besoin de m’exercer, de me dépenser et que la danse prend une place majeure dans ma vie. Je pense beaucoup à l’aprèsconfinement. J’ai eu le temps de mûrir et me poser les bonnes questions. Aussi, je me suis découvert de nouveaux talents.

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Danser avec les mots. Pour tenter d'écarter un peu les murs pendant le confinement, j'ai écrit. Je vous confie donc deux poèmes.


ACTUALITÉ Poème sans problème Une corde fatiguée Une corde dans ta langue fatiguée de ne pas exister Quand tu tires dessus n’en sort que de la neige Pas la trempe nécessaire pour inventer sa méchanceté Corde souple sèche Pendre les solutions ne reste que de la colle sur les doigts Pondre du vent soufflant sur les semaines endimanchées ça arrive ça ne vient pas ça cause Je veux écrire un poème sans problème Tourne autour du pot La peau tourne autour du pot La peau se retourne dans ton dos Trop tôt pour faire se tourner l’eau Tournera l’eau autour du sceau Tourne les sots autour du pot Tournent autour du pot Le dos tourne dans ton dos Le beau tourne dans ta peau Tournedos à la fraise pour de faux Pour de vrais faux dans tes maux Pour de vrais mots dans le pot Peaux cassées pas de pot Peaux neuves filer sfumato Peaux gonflées boivent un mot Poteaux tournent la plage au bédo Dodeline le dodo frite sauce mayo Effriter l’eau à t’en rendre barjo Sous le seau trouve le sexto Tourne le sexe fruit prix de gros Ronfle mise en bière blonde rococo Poursuit le rêve guêpe grosse sanglot Cherche l’eau vitrée pipeau kimono Trouve la peau ronde et sitôt Tourne autour du pot

n Michaël

Mickaël

Conte, né à Libourne. Formé au Conservatoire à Rayonnement Régional de Bordeaux à partir de 2001, il intègre le Ballet Biarritz Junior en 2006, puis rejoint l’année suivante à Nancy le CCN – Ballet de Lorraine, dirigé par Didier Deschamps. Il entre au Malandain Ballet Biarritz en 2011.

Comment confinement ?

j'ai

vécu

ce

Au tout début du confinement, je me disais « reste en forme » parce qu'on ne sait jamais, autant ça ne durera pas plus d'un mois. Je me fais tout seul des barres, prends des classes proposées sur différentes plateformes comme « YouTube/Instagram/Zoom », par des professeur-e-s différent-e-s et différentes approches de la danse classique. J'ai eu l'occasion de prendre des cours de technique Gaga par d'autres danseurs et danseuses eux aussi confinés à New York ou Tel Aviv, c'était la première fois pour moi ! J'ai pu laisser mon corps s'exprimer et se laisser aller dans l'espace de ma chambre où je relevais mon lit pour avoir plus de place. Je m'organise sur les trois premières semaines des horaires qui me font aussi passer le temps : cours classique enchaîné avec du Gaga puis

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Mickaël Conte & Claire Lonchampt, La Belle et la Bête © Olivier Houeix



ACTUALITÉ

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renforcement musculaire. C'est la quatrième semaine que j'ai un coup de mou, le moment où l'on nous dit que le confinement est reconduit et que je me rends compte que j'en fais peut-être un peu trop. S'entretenir au même niveau qu'en temps normal à la maison n'est pas si facile me suis-je dit. Puis je prends conscience de comment appréhender le temps. À partir du repoussement de la date, je lâche un peu du leste avec les horaires que je m'étais bloqués par peur de me laisser aller et de perdre techniquement. Puis je commence à laisser le temps au temps. Je laisse mon temps intérieur vivre à son propre tempo et sans contraintes. Je ne mets plus de réveil chaque matin et laisse mon corps décider à quel moment de la journée il veut se laisser s'exprimer. On sait qu'on reprendra un jour, on ne sait pas quand ni comment, alors sans me mettre de pression, je continue à faire plusieurs choses. Je découvre un programme pour commencer à courir et je me dis « tiens, j'ai le temps maintenant de voir si finalement je déteste vraiment ou si au contraire ça me fait du bien ». Je commence à courir et je sens tout de suite les bienfaits que ça me procure, ça me libère, je respire, et de toute façon j'ai le temps. Le temps d'apprécier, dans la limite d'une heure par jour et d'un rayon d'un kilomètre la ville de Biarritz. Je me remets au yoga, fais du Safe Floor, j'étudie la plongée car je peux aussi passer des cours théoriques en visioconférence.

La Pastorale © Olivier Houeix

Je me laisse prendre le temps de profiter de tout ça. Sans ça, je pense qu'une angoisse aurait grandit en moi. Quand on nous dit à plusieurs reprises « soyez créatifs », je ne savais pas comment l'interpréter !

Je me suis posé du coup la question (vu qu'on ne peut pas télétravailler): et si je n'avais plus la danse, qu'est-ce que je ferais? Je ne pouvais pas y répondre. Si la danse n'existait plus? De quoi serais-je capable? Autant de questions auxquelles je n'ai toujours pas répondu. Mon corps a besoin de danser, de bouger d'une manière ou d'une autre, c'est ce qui me fait du bien à l'esprit. Puis voilà le déconfinement où pour nous les danseurs, nous ne pouvons toujours pas reprendre l'activité. On reste solidaire. On a de la gratitude envers ceux qui essaient de trouver une solution pour qu'on puisse retrouver le studio ensemble dans les mesures de sécurité adéquates, mais ce n'est pas si simple et on sait que la reprise ne sera pas pour tout de suite. Alors je reviens à cette bulle de bien-être que je me suis créée pendant ce confinement, et qui va peut-être me permettre sans trop de prise de tête de profiter pleinement de ce temps jusqu'au grand jour. n Mika

Nuria

López Cortés, née à Alicante (Espagne). Elle étudie auprès de Marika Besabrasova à l’Académie Princesse Grace de Monaco de 2004 à 2010. Engagée au Ballet de l’Opéra national de Bordeaux pour des représentations en 2008, elle entre au Malandain Ballet Biarritz en 2010.

Pendant cette période si inédite qu’on vit et qu’on a tous vécu, un matin, en écoutant une émission de radio espagnole, j’ai entendu un poème, écrit par Irene Vella, en hommage à l’Italie, traduit en espagnol et avec une voix et une musique de fond très douces et émouvantes. Ce poème résume bien et raconte ce moment historique avec beaucoup de sensibilité, d’images, de vérité, de simplicité, de beauté. C’est exactement le reflet de mes pensées lors de ce confinement.


ACTUALITÉ

Le Printemps ne savait pas… C’était le 11 mars 2020, les rues étaient vides, les magasins fermés, les gens ne pouvaient plus sortir. Mais le printemps ne savait pas, et les fleurs ont commencé à fleurir, le soleil brillait, les oiseaux chantaient, les hirondelles allaient bientôt arriver, le ciel se teintait d’un bleu rosé. Le matin, les gens pétrissaient le pain et enfournaient leurs viennoiseries. Il faisait nuit toujours plus tard et le matin les lumières entraient tôt à travers les fenêtres. C'était le 11 mars 2020, les jeunes devaient étudier en ligne, et l’après-midi, c’était l’inéluctable rendez-vous pour jouer aux cartes. C’était l’année où les gens pouvaient faire du shopping. Après un temps, ils ont tout fermé. Mêmes les bureaux. L’armée commençait à surveiller les sorties et les frontières. Parce que bientôt il n'y aurait plus de place dans les hôpitaux. Et les gens continuaient de tomber malades. Mais le printemps ne savait pas, et les bourgeons continuaient à sortir. C'était le 11 mars 2020, et tout le monde a été mis en confinement, Pour protéger les grands-parents, familles et enfants. La peur est devenue réelle et les jours se ressemblaient. Mais le printemps ne savait pas, et les roses ont à nouveau fleuri. On a redécouvert le plaisir de manger

ensemble, d’écrire en laissant libre cours à l’imagination, de lire dans un envol de fantaisie. Il y a eu même ceux qui se sont mis à apprendre une nouvelle langue, ceux qui ont commencé à étudier et ont passé le dernier examen qui manquait à la thèse, ceux qui ont compris ce qu’ils aimaient vraiment en étant séparés de la vie, ceux qui ont cessé de négocier avec l’ignorance, ceux qui ont quitté leur petite amie pour crier au monde l’amour pour leur meilleur ami, ceux qui ont appris à être solidaires et se sont concentrés sur d'autres valeurs. Il y a eu ceux qui sont devenus médecins pour aider ceux qui en auraient besoin demain. Ce fut l’année où les gens ont compris l’importance des liens familiaux, sociaux. L’année où les gens ont réalisé l’importance de la santé, la souffrance de ce monde qui s'était arrêté, de l’économie qui a dégringolé. Mais le printemps ne savait pas, et les fleurs ont laissé leur place aux fruits. Puis le jour de la libération est arrivé, On regardait la télé et le premier ministre a annoncé que l’urgence était terminée, et que le virus avait perdu, que tous les italiens unis avaient gagné. Et alors nous sommes tous descendus dans la rue, avec les larmes aux yeux. sans masques ni gants. Embrassant notre voisin, Comme si il était notre frère. Et c'est là que l'été est arrivé, Parce que le printemps ne savait pas. Il a continué à être là malgré tout, malgré le virus, malgré la peur, malgré la mort. Le printemps ne savait pas, il a appris à tout le monde la force de la vie. n Nuria

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ACTUALITÉ

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Raphaël

Canet, né à Avignon. Il étudie au Conservatoire Régional d’Avignon, avant d’intégrer le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux. Engagé en 2009 au sein de Dantzaz Konpainia, il entre au Malandain Ballet Biarritz en 2011.

Parfois nos vies ont besoin d’être chamboulées, changées et réorganisées pour nous replacer à l’endroit où nous sommes censés être. Cette période de confinement et d’impuissance nous l’a permis, notamment par les médias avec d’innombrables visions de ces familles loin de leurs proches dans la difficulté de cette maladie, et par les inégalités du monde face à cette crise.

Patricia

Velázquez, née à Guadalajara (Mexique). Elle étudie la danse à l’Académie de Ballet de Londres, de 1994 à 2003. Elle intègre ensuite l’École du Ballet Royal de Winnipeg au Canada de 2003 à 2005, puis l’Académie Royale de Ballet de Guadalajara. Elle débute sa carrière au Mexique dans la Compañia de Danza Clásica y Neoclásica de Jalisco à Guadalajara en 2009, puis est engagée dans la Compañia Nacional de Danza en 2010 et au Ballet de Monterrey en 2011. Elle rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2012.

Les tournées, le studio, la scène me manquent énormément, mais pour moi le confinement a été une période très enrichissante. J’ai exploré plusieurs activités dont je ne m’étais jamais donné le temps de découvrir comme le yoga, la couture, la cuisine, la méditation. Grâce à internet, j’ai aussi pu découvrir le travail d’autres compagnies à travers le monde et surtout rester en contact plus proche que jamais avec ma famille malgré la distance. Faire une parenthèse dans sa vie quotidienne, être maître de ses journées a été aussi une sorte d’évaluation. Cela m’a permis de me rendre compte à quel point j’aimais mon métier. n Patricia

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J’ai vécu cette période à travers l’empathie qui est de faire abstraction de soi afin de percevoir la réalité de l’autre. La perte d’un proche est une épreuve mais dans l’adversité du coronavirus, elle le fut encore plus. J’ai ressenti la peur de la mort seul et loin de tous, ce qui a eu pour moi un effet bouleversant et a libéré des émotions multiples. On prend alors conscience que nos vies se caractérisent par une passion mais aussi par des sacrifices, où le besoin de nos proches, qui depuis de nombreuses années sont loin de nous se fait ressentir. Le vécu de chacun nous a permis d’avancer et de vivre cette période à sa façon. Aujourd’hui grandi de cette expérience, il est enfin temps de se remettre en route, et de vivre avec passion. « La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre » dit Albert Einstein. n Raphaël


ACTUALITÉ

Yui

Uwaha, née à Nagoya (Japon). Elle étudie à l’École du Ballet national du Canada de 2007 à 2011 puis à l’Académie du Dutch National Ballet Academy (Amsterdam) de 2011 à 2013. En 2012, elle intègre en tant que stagiaire le Dutch National Ballet dirigé par Ted Brandsen, puis est engagée au Ballet Nice Méditerranée sous la direction d’Éric Vu-An en mars 2013, où elle interprète des rôles de demi-soliste dans des ballets de Maurice Béjart, Jirí Kylián, Roland Petit, Nacho Duato et d’autres. Elle entre au Malandain Ballet Biarritz en 2019.

n Yui


Frederik Deberdt & Claire Lonchampt, Marie-Antoinette Š Olivier Houeix


SENSIBILISATION Projet Sirènes à Saint-Pierre d’Irube Suite à une visite de la Gare du Midi menée par Dominique Cordemans et la découverte du ballet la Pastorale en octobre dernier, dans le cadre des classes à projet artistique et culturel (PAC), les 27 élèves de CE1 et CE2 de l’École primaire Ourouspoure de Saint-Pierre-d’Irube poursuivent le parcours pédagogique commencé en février autour du programme art et environnement Sirènes soutenu par l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine Euskadi Navarre. Malgré la situation liée au COVID-19, Ione Miren Aguirre, artiste chorégraphique et intervenante en sensibilisation a gardé le contact avec les professeurs et les élèves en leur transmettant des travaux en vidéo. Une rencontre avec Ione Miren Aguirre, le chorégraphe Martin Harriague et les élèves a également été organisée en visioconférence via l’application Zoom.

LE LABO Dans le cadre du soutien apporté par le CCN au programme Atalak coordonné par Dantzaz qui vise à favoriser et soutenir la création de chorégraphes locaux, Dantzaz propose aux membres du LABO du Malandain Ballet Biarritz d’assister à la sortie de résidence de Denis Santacana le 2 juin à 19h en direct via une visioconférence. Cette résidence initialement prévue en mars, a été réalisée pendant le confinement. Denis Santacana a exploité la vidéo pour travailler à distance avec 14 danseurs issus de Dantzaz et de Dantzerti et créer une œuvre adaptée pour une diffusion via ce support spécifique.

« Dans mon travail, l’utilisation d’objets est récurrente. C’est le point de départ de la plupart de mes pièces. Dans ce contexte, j’ai pu utiliser des espaces insolites dans la maison pour danser, tout en considérant l'utilisation d'objets pour observer ce qui sort de ces interactions insolites, et comment celles-ci peuvent conditionner notre mouvement », explique Denis Santacana. À l’issue de cette présentation, deux labos « digitaux » autour du travail de Denis Santacana seront proposés les 8 et 29 juin.

SANTÉ Lors des Journées des Sciences et de la Médecine du Sport 2020, organisées les 14 et 15 février derniers par la SAFSU (Société d'Assistance et de Formation en Soins d'Urgence), Aurélie Juret et Jean-Baptiste Colombié ont présenté le travail du Pôle médical du CCN Malandain Ballet Biarritz sur l’Instabilité Chronique de Cheville (ICC). L’ICC a été trop longtemps banalisée : 53,2% des danseurs sont concernés. Ce protocole vient répondre à une vraie entrave à la carrière d’un danseur. À cause d’amplitudes extrêmes des mouvements, de laxité importante, de la récurrence des pointes ou demi-pointes, des sauts, des chaussons de danse, des scènes différentes,… leurs chevilles sont particulièrement vulnérables. Cette vulnérabilité entraîne une instabilité chronique qui provoque des pathologies en chaîne, une perte de confiance en son corps et une potentielle mauvaise interprétation du rôle sur scène. Le Pôle médical du Malandain Ballet Biarritz a mis en place un protocole d’analyse vidéo, de rééducation et de reprogrammation neuro motrice qui permet au danseur de prendre conscience du mauvais schéma moteur conséquent à cette ICC et de le corriger efficacement. Aurélie Juret et Jean-Baptiste Colombié en ont fait la démonstration et leur initiative et démarche ont été saluées par les professionnels de santé.

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EN BREF Prix Fedora Pour sa première participation à la compétition organisée par Fedora, plateforme européenne soutenant l’innovation et contribuant à l'avenir de l'opéra et du ballet, le Malandain Ballet Biarritz avec ses partenaires a fait partie avec notamment le Sadler’s Wells Theatre et le Royal Opera House, des institutions présélectionnées dans deux catégories différentes : Éducation et Digital. Les deux projets soumis par le Malandain Ballet Biarritz visaient l’intérêt général en s’adressant particulièrement aux enfants pour les inviter à devenir non seulement des spectateurs avertis mais aussi des citoyens actifs. Catégorie Éducation

Une visite virtuelle de la Gare du Midi siège du CCN Malandain Ballet Biarritz permet de découvrir l’envers du décor en s’appuyant sur l’expertise de l’agence expérientielle multimédia Neodigital. L’objectif ici, est de donner envie aux jeunes d’assister à un spectacle vivant et de leur livrer des clés de compréhension sur l’activité des danseurs et le répertoire de Thierry Malandain.

200ème de Cendrillon

Sirènes © Olivier Houeix

La 200ème représentation du ballet Cendrillon de Serge Prokofiev et Thierry Malandain a été donnée le 8 février au TITAS à Dallas (USA)

Mozart à 2 au PNSD Rosella Hightower Le programme art et environnement Sirènes a su retenir l’attention du jury par son caractère innovant. Ce projet unique en son genre a pour objectif de sensibiliser les collégiens à la fois à l’art chorégraphique et à la pollution par les déchets plastiques. Autour du ballet Sirènes de Martin Harriague, artiste associé au CCN Malandain Ballet Biarritz, la Fondation Cristina Enea et la Ville de Pampelune, avec le soutien de l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine Euskadi Navarre, ont conçu et mettent en œuvre un parcours mêlant des ateliers de danse et d’étude de la faune marine à destination de collégiens. Catégorie Digitale

À l’invitation de Paola Cantalupo, directrice artistique et pédagogique du Pôle National Supérieur de Danse Rosella Hightower Cannes-Mougins, Giuseppe Chiavaro, maître de ballet a remonté deux pas de deux extraits de Mozart à 2 pour le Cannes Jeune Ballet Rosella Hightower.

Gilles Schamber à Metz Ione Miren Aguirre, artiste chorégraphique et intervenante en sensibilisation au Malandain Ballet Biarritz, Françoise Dubuc, ex-maîtresse de ballet et Aureline Guillot, ex-danseuse du CCN ont assisté le chorégraphe Gilles Schamber lors de la création de Indicible Beethoven, pièce créée dans le cadre du 250ème anniversaire de la naissance du compositeur pour le Ballet de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole. Cette nouvelle production a été présentée à l’Opéra-Théâtre de Metz les 6, 7 et 8 mars accompagnée par l’Orchestre de Chambre du Luxembourg sous la direction de Cyril Englebert.

Opéra de Metz Métropole, Indicible Beethoven © Christian Brémont


centre chorégraphique national de nouvelle-aquitaine en pyrénées-atlantiques Gare du Midi 23, avenue Foch • F-64200 Biarritz tél. +33 5 59 24 67 19 • fax +33 5 59 24 75 40 ccn@malandainballet.com président Michel Laborde vice-président Pierre Moutarde trésorière Solange Dondi secrétaire Richard Flahaut président d’honneur Pierre Durand Direction directeur / chorégraphe Thierry Malandain directeur délégué Yves Kordian Artistique / Création maîtres de ballet Richard Coudray, Giuseppe Chiavaro artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Giuditta Banchetti, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Jeshua Costa, Frederik Deberdt, Clara Forgues, Loan Frantz, Michaël Garcia, Irma Hoffren, Cristiano La Bozzetta, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Alessia Peschiulli, Ismael Turel Yagüe, Yui Uwaha, Patricia Velazquez, Allegra Vianello, Laurine Viel professeurs invités Angélito Lozano, Bruno Cauhapé, Sophie Sarrote pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Jean- François Pailler

Production / Technique directeur technique Paul Heitzmann régisseuse générale Chloé Bréneur régie plateau Jean Gardera, Gilles Muller régie lumière Christian Grossard, Mikel Perez, Frédéric Bears régie son Nicolas Rochais, Jacques Vicassiau techniciens plateau Bertrand Tocoua, Maxime Truccolo régie costumes Karine Prins, Annie Onchalo construction décors et accessoires Frédéric Vadé techniciens chauffeurs Guillaume Savary, Vincent Ustarroz agent d’entretien Ghita Balouck Sensibilisation / Relations avec les publics responsable sensibilisation / transmission du répertoire aux pré-professionnels Dominique Cordemans Diffusion chargée de diffusion Lise Philippon attachée de production Laura Delprat agents Le Trait d’union / Thierry Duclos, Klemark Performing Arts et Music / Creatio 300, Norddeutsche Konzertdirektion / Wolfgang et Franziska Grevesmühl, Internationale Music / Roberta Righi Communication responsable image Frédéric Néry  /  Yocom responsable communication Sabine Cascino attachée à la communication Elena Eyherabide attaché de presse Yves Mousset  /  MY Communications photographe Olivier Houeix

Arnaud Mahouy & Claire Lonchampt, La Belle et la Bête © Olivier Houeix

Transmission du répertoire maître de ballet Giuseppe Chiavaro

Mission Euro région / Projets transversaux administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta Secrétariat général / Mécénat secrétaire général Georges Tran du Phuoc Ressources humaines, finances et juridique responsable administrative et financière Séverine Etchenique comptable principale Arantxa Lagnet aide comptable Marina Souveste secrétaire administrative Virginie Sichem Suivi et prévention médicale des danseurs Romuald Bouschbacher, Jean-Baptiste Colombié, Aurélie Juret Biarritz - Donostia / San Sebastián Malandain Ballet Biarritz co-présidence du projet Thierry Malandain co-directeur du projet Yves Kordian chef de projet et administration Carine Aguirregomezcorta communication Sabine Cascino Victoria Eugenia Antzokia co-présidence du projet Jaime Otamendi co-directeur du projet Norka Chiapusso chef de projet Koldo Domán administration María José Irisari communication María Huegun Numéro direction de la publication Thierry Malandain conception et design graphique Yocom.fr impression Graphic System (Pessac) ISSN 1293-6693 - juillet 2002

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www.malandainballet.com

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La Pastorale Š Olivier Houeix


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