Paperjam1 Avril 2015

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AVRIL 2015

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Éditorial Avril 2015

MIND THE GAP

I

mpossible de ne pas sourire à l’annonce (particu- ce ne sont pourtant pas les structures qui ont manqué, au lièrement discrète par ailleurs) du résultat de l’ap- contraire des compétences ou du savoir-faire en la matière. pel d’offres lancé par l’agence de promotion L’abondance de biens n’est pas toujours productive… Luxembourg for Finance pour l’assister dans sa Personne n’a oublié les naufrages médiatiques de 2008, communication extérieure. And the winner is… avec Jean-Claude Juncker piquant une colère en direct au Maitland-Havas, acteur londonien de premier JT, et de 2012 autour de l’émission Cash Investigation de plan, filiale spécialisée dans les services financiers. France 2 traitant des rulings. Dans une démarche confonPendant un an, c’est lui qui orchestrera, au nom de Luxem- dante d’amateurisme et de naïveté, les instances officielles bourg for Finance, la mise en valeur de l’image et des com- avaient donné l’impression d’avoir elles-mêmes sorti l’arme de l’étui pour se tirer une balle dans le pied. Apogée du pétences de la finance luxembourgeoise. C’est donc auprès d’une Albion que d’aucuns qualifient désastre : sollicité un lundi de mai 2012 par Paperjam.TV volontiers de perfide que la Place va aller chercher les pour une interview en direct à 16 h 00, en réaction à la difbonnes idées susceptibles de la rendre, notamment, plus fusion du second documentaire le vendredi précédent, respectable et plus irréprochable aux yeux du grand public, Fernand Grulms, alors CEO de Luxembourg for Finance, étant entendu que dans les milieux d’affaires, la question qui avait dans un premier temps donné son accord, se ne se pose généralement même pas. désista finalement en dernière minute. Motif : la réunion Il convient évidemment de ne pas faire d’amalgame. Que la des instances officielles prévue dans la matinée pour défipresse britannique soit la première à vouloir dégainer dès nir une position officielle n’avait jamais eu lieu… que se présente l’occasion de taper sur le Luxembourg (et Le paradoxe est d’autant plus flagrant que le secteur finansur beaucoup d’autres aussi, d’ailleurs, selon l’humeur et le cier excelle plutôt en matière de promotion de son savoirsens du vent) ne préjuge en rien de la qualité et du savoir- faire, reconnu au travers des missions menées à l’étranger. faire d’une agence intégrée dans un réseau mondial et qui Mais il s’agit, avant tout, de s’adresser à un auditoire qui, revendique une place de leader européen en matière de s’il n’est pas nécessairement convaincu d’entrée, dispose conseils en communication financière, corporate et politique. de toutes les aptitudes intellectuelles et professionnelles À ce niveau d’expertise et dans le cadre des missions qu’elle pour l’être rapidement. Il n’en va pas toujours de même aura à mener à bien, les frontières n’ont plus vraiment d’im- avec un public aussi grand par l’appellation qu’il peut être petit par son ouverture d’esprit. portance, tout au contraire de l’enjeu sous-jacent. « Le gouvernement améliorera la communication relative à la Le défi que devra relever Maitland-Havas est donc de taille, place financière comme un élément central de l’image de et on est en droit de rester sceptique en sachant que son marque du secteur », peut-on lire dans le programme de la mandat n’est initialement prévu que pour une année, ce coalition. En réaction de quoi le premier mot qui vient à qui semble contradictoire avec le travail de longue haleine que la démarche suppose. Coincé entre une encombrante l’esprit sonne comme un cri du cœur : « Enfin ! » Car le moins que l’on puisse dire, c’est que la Place n’a que affaire LuxLeaks et un semestre de présidence de l’UE qui rarement brillé en termes de communication, générale- mettra le Luxembourg sous le feu des projecteurs dès le 1er juillet, le moment est en tous les ment limitée à la réaction plutôt qu’à l’action. Entre Profil, Codecas crucial. Et il n’y aura cette fois Par Jean-Michel Gaudron, plus d’excuses au moindre écart plafi, Haut Comité pour le déverédacteur en chef de Paperjam entre le train et le quai où il ne fera loppement de la place financière E-mail : jean-michel.gaudron@paperjam.lu Twitter : @jmgaudron pas bon rester trop longtemps. ◄ et autre Luxembourg for Finance,

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Paperjam Advertorial Interview apex

apex lance apexstore.lu

► Le site marchand apexstore.lu propose une sélection de produits sélectionnés et approuvés par apex. ► « Notre ambition est de réunir le meilleur de ce que le monde réel et le monde virtuel ont à offrir. » ► « Nous sommes les premiers à lancer une telle solution sur l’espace transfrontalier. » ▲ Marc Molitor, directeur d’apex, Frank Glaesener, responsable du département Pro Sales et Pierre Bihl, responsable du site apexstore.lu

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Courant mars, apex lance son site de vente en ligne de matériel, apexstore.lu. Qu’est-ce qui motive cette innovation ? Marc Molitor, directeur d’apex : « Nous sommes partis d’un double constat. Les modes de consommation ont évolué et les achats sur internet vont continuer à se développer dans les années à venir. Mais dans le même temps, quel que soit leur secteur d’activité, bon nombre de sites de vente en ligne se heurtent à un écueil : les consommateurs sont méfiants car ils ne savent pas qui se cache derrière ces sites et hésitent à ce titre à leur accorder leur confiance. apex bénéficie d’une renommée et d’une réputation de nature à lever ce frein. Avec apexstore.lu, notre ambition est donc de réunir le meilleur de ce que le monde réel et le monde virtuel ont à offrir au travers d’un site marchand qui repose sur un réel savoir-faire et une qualité de service reconnus localement.

apexstore.lu s’adresse donc à une clientèle essentiellement locale ? M. M. : « Dans un premier temps, notre objectif est effectivement de nous adresser à une clientèle de proximité, installée au Luxembourg et dans la Grande Région. Nous sommes d’ailleurs les premiers à lancer un tel concept sur l’espace transfrontalier. Mais apex travaillant déjà régulièrement pour des clients dans toute l’Europe, l’ambition est de rayonner ensuite au-delà des pays voisins. Pour l’heure, le site est disponible en français et anglais. Une version allemande suivra si le besoin s’en fait sentir. Concrètement quels types de produits trouve-t-on en ligne et à quelles clientèles vous adressez-vous ? Pierre Bihl, responsable du site apexstore.lu : « Le site propose toute une palette de matériel dans le domaine de l’audiovisuel (son, image, éclairage, etc.


Paperjam Advertorial Interview apex

sans oublier tout le petit matériel et les accessoires). Plusieurs milliers de références sont disponibles dès le lancement du site qui sera enrichi au fil des mois. Nous avons choisi de privilégier des produits de grandes marques et beaucoup de matériel avec lequel nous travaillons très régulièrement pour ne pas dire quotidiennement. Nous nous adressons tout particulièrement aux entreprises désireuses d’équiper leurs salles de réunion, auditoriums ou leurs showrooms, par exemple. Mais bien entendu, le site est également accessible aux particuliers. Nous nous sommes d’ailleurs attachés à sélectionner des produits de qualité, dans différentes gammes de prix. On ne s’adresse pas forcément à des particuliers comme à des professionnels. Quelle est votre approche en ce qui concerne la présentation des produits ? P. B. : « La distinction entre particuliers et professionnels n’est plus forcément une réalité. Nous avons soigné le contenu en mettant l’accent sur une présentation des produits à la fois claire et transparente. Chacun d’eux sera très précisément détaillé et les internautes auront accès à de nombreuses photos et vidéos de présentation.

« Toute l’équipe d’apex travaille en symbiose pour assurer le succès d’apexstore.lu. » Ces fiches techniques ont été vérifiées et validées en interne, notamment par les techniciens. Toute l’équipe d’apex travaille en symbiose pour assurer le succès d’apexstore.lu. Toutes les compétences sont mobilisées. apex a notamment construit sa réputation sur la qualité du service, la proximité et la réactivité. Comment ce savoir-faire est-il valorisé en ligne ? M. M. : « Notre site internet fait partie intégrante de l’entreprise. Les internautes bénéficient à ce titre de l’ensemble des prestations et services qui ont participé à assurer le succès d’apex. Par exemple, nous avons choisi d’assurer nous-mêmes les livraisons du matériel commandé en

ligne afin, le cas échéant, d’aider notre client à procéder à son installation mais aussi pour récupérer son ancien matériel s’il souhaite nous en confier le recyclage. Toujours en ce qui concerne les livraisons, il est possible de sélectionner une option dite afterwork pour être livré entre 18 et 22 heures. Le client qui le souhaite peut également récupérer son matériel dans nos locaux, à Bertrange. Dans un autre registre, le service après-vente (SAV) s’avère également très performant.

«Nous nous sommes attachés à sélectionner des produits de qualité, dans différentes gammes de prix. » Il faut savoir que nous possédons notre propre atelier de réparation et donc un stock important de pièces de rechange. Les clients ont l’assurance, qu’en cas de problème, ils seront dépannés dans les délais les plus brefs, y compris sur site si besoin. Comme nous connaissons parfaitement bien les produits que nous commercialisons, nous allons mettre en place des extensions de garantie sur certains d’entre eux ainsi qu’un service de remplacement du matériel le temps des réparations. Comme indiqué précédemment, nous ne travaillons qu’avec de grandes marques qui disposent, elles aussi, d’un SAV à la hauteur. apexstore.lu est doté également d’une hotline, nos clients auront des réponses rapides à toutes leurs questions. Quels sont les moyens de paiement disponibles ? P. B. : « Le client a la possibilité de régler ses achats de différentes manières, par carte bancaire, PayPal ou bien encore par virement bancaire. L’ensemble de ces solutions de paiement est très sécurisé. » ◄ En résumé Entreprise luxembourgeoise spécialisée dans la réalisation technique d’événements et l’équipement de salles de conférence ou de congrès, apex capitalise sur son savoir-faire technique et sa réputation pour lancer son site internet d’e-commerce : apexstore.lu. Riche de milliers de produits sélectionnés et testés par apex, le site s’adresse aux particuliers comme aux entreprises.

apex est une entreprise créée en 1996 L’entreprise fêtera donc son 20e anniversaire l’an prochain. La société qui emploie aujourd’hui une vingtaine de collaborateurs, auxquels peuvent se greffer des dizaines de free-lances sur certains événements, est organisée autour de deux départements. « Nous sommes tout d’abord spécialisés dans la réalisation technique d’événements, qu’ils soient privés ou publics. Nous offrons dans ce domaine une large palette de solutions qui vont de la location sèche de matériel tel que des écrans géants ou des systèmes de sonorisation, à la prise en charge totale de l’événement sur le plan technique, de la conception à l’installation du matériel. Le second département que nous appelons Pro Sales recoupe l’ensemble des solutions que nous proposons dans le domaine de l’équipement permanent de centres de congrès, de salles de conférence ou de visioconférence. Dans ce domaine, nous pouvons nous charger de la conception à l’installation des solutions en passant par la sélection et la vente de matériel », explique Marc Molitor, le directeur d’apex.

Possibilité d’être livré entre 18 et 22 heures

+ 6.000 références sélectionnées par des professionnels du métier

Remplacement du matériel possible le temps des réparations

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Sommaire Avril 2015

066

Stéphane Frappat, CEO de Sodrugestvo, nous a ouvert les portes du groupe.

014

Grand entretien GASTON REINESCH

« La sous-capitalisation de la BCL, une épée de Damoclès » Dans une interview exclusive, le gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg évoque ses relations avec le gouvernement, ses vues sur la compétitivité et l’indexation des salaires. Gaston Reinesch explique l’urgence de doter la BCL de moyens financiers supplémentaires. Par Véronique Poujol

022

Coverstory 024 BUSINESS

Leading ladies De nombreuses femmes d’entreprise n’ont pas attendu les quotas pour se hisser à des postes à responsabilité. Paperjam se penche sur le leadership au féminin avec 10 role models qui démontent les clichés et bousculent le business as usual. Par Florence Thibaut

030 POLITIQUE

Il faut chiffrer sa volonté pour avancer Le pourcentage de femmes dans les conseils d’administration se situe entre 18 et 20 %. Ce taux devrait atteindre 40 % dans les organes publics.

036

Économie & Politique 040 HISTOIRE

Lumière sur la collaboration L’historien Vincent Artuso évoque une « lourde responsabilité » et du zèle dans l’application de la politique antisémite par l’administration luxembourgeoise sous l’occupation nazie. Il dévoile aussi le rôle des experts-comptables, notaires ou banquiers. Par Véronique Poujol

062

Entreprises 066 SODRUGESTVO

Des ressources à attirer Sodrugestvo, groupe agroalimentaire d’origine biélorusse, a installé son siège mondial au Luxembourg par choix stratégique assumé. Stéphane Frappat, son CEO français, croit dans le potentiel d’un pays stable et dans de nouveaux développements de niches. Par Alain Ducat

088

Place financière 090 LANCEURS D’ALERTE

#WeAreTheLeaks, fléau pour la Place Ils alimentent l’actualité financière mondiale, qui secoue parfois le Luxembourg. Mais, entre un Deltour au profil de militant à l’origine des premiers LuxLeaks et un Bourges qui a jadis détourné les fichiers Clearstream, il y a un monde. Paperjam a plongé dedans. Par Véronique Poujol

Par Florence Thibaut et Jean-Michel Gaudron

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soon to become


Sommaire Avril 2015

070

036

Économie & Politique

062

088

Entreprises

Place financière

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050

070

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094

ÉGLISE

CLUSTER FOR LOGISTICS

STRATÉGIE

IMMOBILIER

NOUVEAU PAVILLON

Tous les chemins… La démission d’Erny Gillen de son poste de vicaire général était attendue, mais pas aussi vite. L’homme au portrait contrasté trace sa route pour se faire une place au Vatican et, qui sait, revenir par la grande porte au Luxembourg.

Un environnement favorable La plateforme logistique voit une reprise des flux et un succès croissant. Malik Zeniti deviendra le manager du cluster le 1er mai. L’intérim de Charles Gosselin a permis d’initier des projetspilotes originaux.

Luxair redéploie ses ailes Satisfaite de l’exercice 2014, la compagnie renouvelle sa flotte. LuxairGroup entend se positionner durablement au sein d’un secteur très touché par la crise. L’état de santé de Cargolux est plutôt préoccupant.

Les rendez-vous de la Croisette Plus de 300 acteurs de la Place font le déplacement à Cannes pour le Mipim, gros salon du secteur. L’événement permet de faire le point avec ses partenaires nationaux et de rencontrer d’éventuels clients plus lointains.

Par Véronique Poujol

Par Alain Ducat

Par Jean-Michel Gaudron

Par Jean-Michel Lalieu

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055

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082

JOURNÉES DE L’ÉCONOMIE

MÉTIERS CONVENTIONNÉS

Débat pour une Uni 2.0 Lors des Journées de l’économie, l’idée d’une « université du numérique » au GrandDuché a été lancée par l’expert français Dominique Roux. De quoi lancer le débat. Paperjam l’a fait. Par Jean-Michel Lalieu

E-RECRUTEMENT

Une vitamine à faire passer La revalorisation des carrières des secteurs hospitalier et d’aides et de soins, en marge de la réforme de la fonction publique, inquiète par son coût. Plus de 12.000 salariés sont concernés par le dispositif.

Start-up en stop and go Deux faillites mais… Le concept ZiDCard est vendu par le curateur de la société mère. Money for Job est gardé dans le groupe luxembourgeois qui lève des fonds pour se renforcer, mais sera exploité par un grand groupe RH.

Par Jean-Michel Gaudron

Par Alain Ducat

Adrien Ney (Luxair)

CARBURANT

Gros coup de pompe Le secteur pétrolier fait face à un réseau national saturé, des ventes qui régressent, des prix plus aussi attractifs. Un cas : face aux grands réseaux internationaux, des entrepreneurs locaux ont relancé Gulf sur le territoire. Par Jean-Michel Lalieu

Le nom change, pas les ambitions Début avril, ING Life et ING Investment Management deviennent NN. C’est la fin d’un processus initié en 2009, qui ne bouleversera pas profondément la stratégie des entités concernées. Par Jean-Michel Gaudron

096 PRIX DE TRANSFERT

100 CLEARSTREAM2

L’antihéros des juges Le film L’Enquête contribue à crédibiliser dans le grand public le travail de Denis Robert sur la firme luxembourgeoise. La justice grandducale avait pourtant mis en cause la loyauté du journaliste et la fragilité de son travail d’investigation. Par Véronique Poujol

Moins de profits entre amis Depuis le début de l’année, les transactions intra-groupe doivent être comparables à celles pratiquées entre sociétés indépendantes. Ce premier pas législatif sera suivi d’autres adaptations selon les nouvelles règles que l’OCDE finalise.

101

Par Jean-Michel Lalieu

Par Jean-Michel Gaudron

FONDS D’INVESTISSEMENT

Des pendules à remettre à l’heure La conférence Alfi, les 24 et 25 mars, va attirer des centaines de professionnels de tous pays vers le Grand-Duché. Thomas Seale (Alfi) démonte préjugés et idées fausses sur le pays et sa Place.

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LA SCIENCE DU SAVOIR-FAIRE

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La Maison du Savoir, futur bâtiment principal de la Cité des Sciences à EschBelval, constituera l’articulation centrale des activités estudiantines. Soludec est fier d’avoir été mandataire de l’association momentanée retenue pour la réalisation de ce bel ouvrage et d’avoir ainsi pu faire preuve de son savoir-faire en matière de construction de bâtiments publics. Soludec souhaite à tous, étudiants et corps enseignant, de s’épanouir pleinement dans ce nouveau lieu de vie.

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Sommaire Avril 2015

108

Désirs 108 CULTURE

Actualités Quelques événements culturels marquants à venir, les personnalités à suivre, les parutions du moment, les dates à retenir.

109 ZOOM SUR…

Bernard Ceysson Le galeriste Bernard Ceysson et ses deux associés, François Ceysson et Loïc Bénétière, ouvrent un nouvel espace dédié à l’art contemporain sur 1.400 m2, dont 900 sont réservés à l’exposition, à Windhof. Par Céline Coubray

110 SÉLECTIONS

Les enfants et la musique À l’occasion de la sortie du Family Guide, la rédaction a sélectionné cinq nouvelles adresses pour les enfants et les familles. Le Gudde Wëllen nous donne trois rendez-vous pour des concerts à ne pas manquer.

112 SHOPPING

Nouveautés Une sélection de nouveaux objets insolites que l’on pourra trouver en boutique. Ainsi que l’actualité du commerce à Luxembourg. Par Céline Coubray

114 GASTRONOMIE

Les secrets du saké Jean-Paul Choi s’est classé deuxième au concours des sommeliers de saké. Il nous raconte la fabrication de cet alcool japonais trop souvent mal servi. Ainsi que l’actualité de la gastronomie à Luxembourg. Par France Clarinval

116 INTERVIEW

Les possibilités d’une île Le duo d’artistes, David Brognon et Stéphanie Rollin, expose dans une prestigieuse galerie bruxelloise. Ils y présentent [I land] qui les a menés à l’île de Gorée et pourrait déboucher sur un projet beaucoup plus vaste. Rencontre avec deux artistes entre poésie et mutinerie. Par France Clarinval

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Bernard Ceysson

TOP 5

des articles les plus lus sur paperjam.lu 5 février au 5 mars 2015

1

222 mystérieux clients luxembourgeois de HSBC (vu 3.342 fois)

2

L’alcool en désamour chez Q8 (vu 2.330 fois)

3

Sue Shelley lanceuse d’alerte chez HSBC Luxembourg (vu 2.053 fois)

4

Monica Bellucci trahie par une SCI luxembourgeoise (vu 1.988 fois)

5

Andy Schleck se recycle dans le commerce (vu 1.985 fois)

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Agenda Événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines

À SUIVRE 16/03

BILAN

COMMISSION PARLEMENTAIRE

Les « caoutchouteuses » au rapport

Le SSM à la loupe

Les sociétés Socfin, Socfinal et Socfinaf présentent leurs bilans 2014. À mi-parcours, en juin dernier, elles avaient affiché des résultats consolidés en nette hausse, mais soumis à l’influence de nombreux paramètres « hors management » : climat politico-économique dans les pays où sont établies les filiales, évolution des prix du caoutchouc et de l’huile de palme, évolution des taux de change…

À la demande de la sensibilité politique Déi Lénk et du groupe parlementaire CSV, le ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale, Nicolas Schmit, se présentera devant la commission ad hoc afin de donner quelques précisions relatives à l’accord signé entre le gouvernement et l’UEL le 14 janvier dernier, notamment au sujet de la modification de la législation en matière de salaire social minimum (SSM) qualifié. Dans le même temps, M. Schmit abordera la réforme de l’Inspection du travail et des mines.

PHOTO : JULIEN BECKER (ARCHIVES)

FIN MARS

16-18/03

19/03

27/03

30/03

MISSION ÉCONOMIQUE

DÉBAT

RÉSULTATS ANNUELS

SEMESTRE EUROPÉEN

Des cabanes au Canada

Un développement spatial et durable

Luxempart fait les comptes

Tous autour de la table

Cleantech et innovation : tels seront les deux secteurs économiques privilégiés à l’occasion de la mission économique de deux jours menée à Montréal, en marge d’Americana 2015, le plus grand salon multisectoriel en environnement d’Amérique du Nord, qui célèbre sa 20e édition cette année.

C’est le 19 mars prochain que se tiendra à la Chambre des députés le débat de consultation devant définir les grandes lignes de la mise en œuvre d’un développement spatial durable. Un débat qui fera suite au rapport de 45 pages commandité par François Bausch, le ministre du Développement durable et des Infrastructures, suite à l’interruption de la procédure d’adoption des plans sectoriels en raison de craintes quant à leur constitutionnalité et sécurité juridique.

La société de participations Luxempart dévoilera, pour l’exercice 2014, un résultat annuel récurrent qui, selon les perspectives communiquées en novembre dernier, devrait être en recul par rapport à 2013. La société adossée au groupe Foyer s’attend néanmoins à un résultat en capital positivement impacté par les cessions réalisées début 2014.

Après un premier échange « tripartite » le 26 janvier dernier et une réunion début février, le gouvernement se retrouve de nouveau autour de la table avec les partenaires sociaux dans le cadre du CES, afin de préparer le semestre européen, qui vise à assurer une meilleure coordination et surveillance des politiques entre États membres ainsi qu’à garantir une mise en parallèle, au sein de chaque État membre, de la politique économique et budgétaire.

012 ―

― Avril 2015


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Grand entretien Gaston Reinesch ― Interview : Véronique Poujol ― Illustration : Anne Mélan

« La sous-capitalisation de la BCL, une épée de Damoclès » ► La parole de Gaston Reinesch est rare. Le gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg a accordé une interview exclusive à Paperjam. ► Il y évoque ses relations avec le gouvernement, ses vues sur la compétitivité et l’indexation des salaires. Gaston Reinesch explique l’importance et les raisons de doter la BCL de moyens financiers supplémentaires.

M

onsieur Reinesch, dans une interview donnée en février 2014, vous aviez qualifié vos relations avec le gouvernement de « bonnes ». Qu’en est-il un an après ? « Elles le sont toujours. Comme il se doit, chacun est conscient et respectueux de son rôle et de ses fonctions tels que définis dans le cadre aussi bien européen que national. Permettez-moi de préciser dans ce contexte que, même si la BCL est qualifiée d’établissement public, elle est à tout le moins un établissement public ‘sui generis’. C’est-à-dire ? « La BCL a un double statut, européen et national, découlant des statuts du Système européen de banques centrales, faisant partie intégrante du traité sur l’Union européenne, et de sa loi organique nationale. Entre autres, en vertu de ces textes, doit-elle être indépendante d’un point de vue fonctionnel, opérationnel, personnel et financier. Cela se traduit, par exemple, par le fait que contrairement aux établissements publics, disons traditionnels, elle n’a pas un ministre de tutelle, mais un ministre chargé des relations avec la BCL. Actuellement, cette fonction est assurée par le Premier ministre en concertation avec le ministre des Finances. Si les relations sont si bonnes, on peut s’étonner que certains dossiers importants ne sont pas encore clôturés… « C’est juste et, pour en saisir la portée, il faut jeter un regard en arrière. Souvenons-nous que sa création, au 1er juin 1998, ne fut pas accompagnée d’un grand enthousiasme dans une partie du monde politico-économique. Bien nombreux ont été ceux qui ne voyaient pas l’utilité d’une banque centrale. Et ce réflexe perdure encore chez d’aucuns. Dans le cadre de l’association monétaire belgo-luxembourgeoise, le Luxembourg n’en avait pas et cela ne posait pas, sauf exception ponctuelle, de problèmes particuliers. Mais en fait, il n’y allait pas de l’utilité ou non d’une banque centrale, mais de sa nécessité. Ces réflexions ignoraient complètement, une sorte de déni de réalité, que cette création était tout simplement une exigence du traité de Maastricht. Revenons à la question sur les dossiers en cours… « Ce que je voulais dire, dans une formule peut-être un 014 ―

― Avril 2015

Affaire LuxLeaks

Passage obligé par la transparence Interrogé sur sa vision de l’avenir de la place financière, après l’affaire LuxLeaks et les révélations sur les pratiques de rulings, Gaston Reinesch ne manque pas de rappeler que « début 2013, la BCL avait salué les décisions prises en matière d’un futur échange automatique d’informations, tout en soulignant qu’elles auraient pu être prises plus tôt et de façon plus organisée. Cette remarque, mutatis mutandis et sans vouloir me prononcer sur ce qui est communément appelé l’affaire LuxLeaks, s’applique également aux décisions et discussions actuelles. L’évolution de la place financière luxembourgeoise ne peut que passer par la transparence », souligne-t-il. V. P. ◄

Gaston Reinesch Illustration : Anne Mélan Peinture à l'huile 50 × 40 cm, 2015

peu forte, est qu’au vu des circonstances qui ont entouré la naissance de la BCL et qui pour partie sont à l’origine de certaines formulations ambivalentes de sa loi organique, et au-delà, par sa jeunesse relative, il y a encore au Luxembourg un manque de culture de banque centrale, un manque de compréhension de ses missions et des besoins qui en découlent. Sur ce dernier point, il est vrai, la BCL n’est pas sans responsabilité. Aussi avonsnous récemment développé un plan de communication pour mieux nous faire connaître, ce qui, bien sûr, ne peut pas se faire en un jour. Nous avons par exemple organisé des séminaires pour les professeurs d’économie de l’enseignement secondaire et des concours pour permettre aux étudiants de mieux saisir les rouages de la politique monétaire. Nous avons aussi mis sur pied un programme régulier de visites et de présentation de la BCL à l’intention de tout groupe intéressé. Avis aux amateurs ! D’autres initiatives sont en préparation.

Vous vous plaignez néanmoins d’un accès insuffisant à certaines données de finances publiques et ceci encore dernièrement dans votre avis sur le projet de budget 2015… « La Banque centrale européenne a encore récemment précisé que le suivi de développements budgétaires est une des missions à effectuer régulièrement par les banques centrales nationales afin d’assurer une vision correcte de la position à adopter en matière de politique monétaire. Il importe que les banques centrales nationales donnent leurs avis sur les développements budgétaires pertinents, sur la base de leur activité de suivi et leur indépendance, en vue de contribuer au bon fonctionnement de l’Union économique et monétaire. Un tel suivi requiert un accès total à toutes les données pertinentes relatives aux finances publiques. Toujours selon la BCE, il conviendrait par conséquent d’accorder à la BCL un accès inconditionnel et automatique à l’ensemble des statistiques de finances publiques pertinentes. Quel est l’avancement du dossier ? Dans quelle mesure le manque d’accès aux données a-t-il été préjudiciable à l’analyse du projet de budget 2015 ? « Dans notre avis, nous avions précisé que la BCL était engagée dans des discussions avec le ministère des Finances en vue de la transmission des données additionnelles. Nous avons également indiqué que si la mise à disposition de données s’était améliorée suite aux



Grand entretien Gaston Reinesch

premières démarches entamées début 2014, nous ne disposons toutefois pas encore de l’ensemble des données que nous estimons nécessaires et utiles. Mais les choses avancent.

De quelles données s’agit-il ? « Il s’agit de certaines données fiscales et surtout des données sur certains types de dépenses publiques. Le gouvernement s’est prononcé pour la réintroduction de l’index sans « manipulation ». Une étude de l’Université du Luxembourg sur la formation des salaires avec une analyse comparative de quatre pays européens a conclu que l’existence d’un système d’indexation n’induit pas de changement significatif dans le mode de formation de salaires sur le long terme pour les pays ayant l’indexation. La BCL partage-t-elle cette analyse ? « La principale conclusion de l’analyse de l’Université est que dans les quatre pays étudiés, tout choc permanent aux prix est en définitive compensé par un ajustement des salaires. Cette réaction des salaires à long terme est bien connue et la conclusion de l’analyse n’est donc guère surprenante. La question est de savoir si elle est vraiment utile dans la discussion sur l’indexation et la compétitivité ! Si on se concentre sur la littérature économique en matière d’indexation des salaires, celle-ci admet généralement que l’indexation est nuisible en présence de chocs d’offre, mais pas nécessairement en présence de chocs de demande. Il aurait donc été plus pertinent de se demander si les chocs d’offre sont plus ou moins fréquents au Luxembourg que dans d’autres économies. D’autres questions qu’on aurait pu se poser sont de savoir si l’indexation assure la stabilité des salaires réels au prix d’une volatilité accrue des salaires nominaux porteuse de possibles coûts additionnels, ou bien de savoir si le système d’indexation au Luxembourg, basé sur l’inflation passée, accentue les comportements rétrospectifs, induisant ainsi des rigidités réelles face aux chocs. Je ne trouve donc pas que l’étude Uni.lu prête à controverse, étant donné qu’elle apporte peu de réponses quant à l’impact de l’indexation sur la compétitivité. Elle est avant tout une vue rétrospective sur les trois dernières décennies, mais reste silencieuse sur les recommandations en matière de politique prospective. L’indexation est un sujet qui continue pourtant à diviser au Luxembourg. Fin 2013, la BCL notait qu’il était « inexact d’affirmer que l’indexation n’a pas d’impact préjudiciable sur la compétitivité »… « Cette affirmation doit se lire à la lumière d’une table ronde où des représentants du monde politique avaient déclaré, à quelques nuances près, que l’indexation n’avait pas d’impact préjudiciable. Nous ne partageons en effet pas cet avis, mais il faut relativiser. De là à conclure que l’abolition pure et simple de l’indexation est nécessaire est un pas qui ne découle pas forcément du constat qu’elle est, ceteris paribus (toutes choses étant égales par ailleurs, ndlr), préjudiciable. Le bulletin de la BCL ne réclamait pas l’abolition du mécanisme d’indexation. Votre position a-t-elle 016 ―

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Des conclusions extrêmes ou simplistes sur le mécanisme d’indexation sont malsaines.

évolué depuis ? « Des conclusions extrêmes ou simplistes sur le mécanisme d’indexation sont malsaines. Il ne me semble pas approprié de conclure qu’une abolition de l’indexation améliorerait à ce stade de façon très significative le fonctionnement de l’économie luxembourgeoise. En revanche, le fait que le mécanisme d’indexation ait été appliqué depuis plusieurs décennies ne doit pas non plus donner l’impression qu’il est inoffensif. Il est ainsi tout aussi aventureux d’affirmer que son maintien est nécessairement approprié, alors que certains secteurs se trouvent dans une récession longue et profonde depuis 2008. Si certaines branches de l’économie doivent s’ajuster à des chocs structurels défavorables, comme cela a été le cas dans les années 80, on ne peut pas écarter d’office des ajustements ad hoc et temporaires du mécanisme d’indexation comme solutions envisageables. Le maintien d’un mécanisme d’indexation constitue une rigidité qui peut empêcher des ajustements et, partant, le bon fonctionnement, par exemple, du marché de l’emploi. Freiner ou inverser la dynamique salariale par des adaptations du mécanisme ne constitue donc pas une fin en soi, mais elle doit se concevoir dans le contexte de l’emploi et du chômage. Le maintien d’un mécanisme d’indexation requiert aussi son intégration dans les négociations des salaires réels entre partenaires sociaux. Il est avant tout de leur responsabilité de veiller à la formation appropriée des salaires nominaux, pour leur entreprise ou leur secteur, en haute conjoncture comme en basse conjoncture, avec ou sans indexation.

Moyens financiers

Redevance ou augmentation de capital… ou les deux ? Avec les nouvelles missions qui lui sont attribuées, notamment en matière de surveillance consolidée, se pose la question des moyens financiers de la banque centrale du Luxembourg. Les pistes de réflexion sur les moyens de pouvoir renforcer l’assise financière de la BCL, dont la sous-capitalisation pose problème, ne manquent pas. Parmi elles, faire payer les acteurs financiers, tout comme la Banque centrale européenne va le demander aux établissements financiers dans le cadre de la surveillance consolidée de l’Union bancaire. « Apporter une solution face à ce problème, qui s’est aggravé au fil du temps, n’est pas évident, ni d’un point de vue financier ni d’un point de vue politique, convient Gaston Reinesch. Surtout que l’environnement finan­cier actuel, en matière bilantaire de la BCL, n’arrange aucunement les choses. » Autre option possible : doter la BCL du droit de percevoir des redevances, tout comme cela se fait au niveau de la CSSF ou du Commissariat aux assurances, ces deux institutions percevant des contributions régulièrement ajustées émanant des entités placées sous leur surveillance. « Cette piste mérite considération, indique le gouverneur. La problématique évoquée ici ou là d’un doublement des coûts pour les acteurs financiers pour une même activité institutionnelle ne se poserait plus de par la coopération renforcée avec la CSSF. »

Il prévient pourtant que s’engager dans cette direction, de façon prudente, ne saurait suffire. Pas question de faire l’impasse sur une augmentation de capital, inscrite à l’agenda depuis des années. « On ne peut pas ne pas viser à corriger les omissions du passé et à amener le capital, le cas échéant par étapes pré-annoncées et par des voies et moyens à discuter, à un niveau tant soit peu raisonnable. Dans la mesure où le gouver­ne­ment a pleinement reconnu la problématique, je suis confiant qu’on finira par y arriver. » « Cette augmentation de capital, poursuit-il, permettrait à la BCL de couvrir aussi bien les risques accrus résultant des mesures non conventionnelles de politique monétaire, prises pour remédier à des marchés dysfonctionnels, que les dépenses additionnelles induites par l’approfondissement en cours des missions existantes et par les exigences des missions nouvelles, européennes et nationales. » « De manière plus générale, il s’agit de doter la Banque centrale d’assises financières suffisantes pour qu’elle soit structurellement à même de remplir lesdites missions en toute indépendance », assure M. Reinesch. V. P. ◄



PHOTO : DR (ARCHIVES)

Grand entretien Gaston Reinesch

Je fais aussi remarquer qu’à plusieurs reprises, la BCL a évoqué une autre problématique : celle des prix de l’immobilier qui, directement ou indirectement, se répercute de façon préjudiciable à travers l’ensemble de notre économie, en termes de compétitivité et en termes sociaux. Dans nos publications récentes, nos experts ont déjà développé certaines analyses partielles en la matière. À mon avis, c’est un des sujets importants auxquels le Comité du risque systémique, une fois établi, devrait pour le moins consacrer un échange de vues.

Justement, le projet de loi créant ce Comité du risque systémique est enfin prêt à être adopté. Suite aux amendements apportés par la Chambre des députés, le texte convient-il aux attentes de la BCL ? « Ces amendements ont contribué à clarifier certains aspects du texte initial proposé par le gouvernement et à répondre à certaines critiques émises par le Conseil d’État. De plus, ils ont introduit davantage de transparence quant à la publication des avis, des alertes et des recommandations du Comité. Dans ce cadre, les ajustements apportés sont les bienvenus. D’autres remarques du Conseil d’État, dont certaines laissent d’ailleurs quelque peu perplexe, n’ont pas été suivies par la commission des finances et du budget et je m’en félicite. Le Conseil d’État a également exprimé la position que dans le cas où le Comité pourrait s’adresser, entre autres, au secteur dit shadow banking, une telle compétence serait inconcevable. Or, limiter le périmètre de compétence macro-prudentielle reviendrait à empêcher le Comité de satisfaire aux finalités mêmes d’une approche 018 ―

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Il y a encore au Luxembourg un manque de culture de banque centrale.

Le réviseur externe de la BCL a jugé ses ressources humaines quantitativement trop limitées.

macro-prudentielle, à savoir identifier et, si possible, éviter la matérialisation de risques systémiques dans et à travers l’ensemble du système financier. Dans cet ordre d’idées, il n’est pas téméraire de se demander pourquoi le Conseil d’État n’a pas jugé utile, dans le cadre et le respect de sa procédure de consultation, de discuter avec les acteurs concernés – en tout cas tel a été le cas pour la BCL – de ce type de problématique. Le projet de loi n’est pas parfait, mais je pars du principe qu’il faut accorder du temps au cadre actuel pour qu’il puisse révéler ses forces et ses faiblesses, donnant ainsi l’opportunité au législateur, si nécessaire, d’ajuster le texte au fil de l’expérience et à la vue d’un certain nombre de remarques que la BCL a émises dans son avis et dont il n’a pas été tenu compte jusqu’à présent.

La BCL a-t-elle assez de pouvoir au sein de ce Comité, alors qu’un droit de veto au sein du Comité n’a pas été retenu ? « Tout d’abord, je tiens à préciser que la BCL n’aspire nullement à obtenir de pouvoirs ou de moyens coercitifs additionnels. Elle n’aspire qu’à bien remplir les missions qui lui sont assignées et à obtenir en conséquence les moyens, entre autres, légaux et financiers adéquats, pour les exécuter de manière appropriée. Je remarque en passant qu’aucune compensation financière n’est prévue au bénéfice de la BCL, qui doit toutefois assurer le secrétariat du Comité et renforcer ses ressources en vue de cette nouvelle mission. En d’autres termes, notre aspiration est dictée par l’efficacité de la politique macro-prudentielle dans l’intérêt du système financier, intérêt qui relève d’un intérêt



Grand entretien Gaston Reinesch

général. Quant à la question du veto, je ne me prononcerai pas. On verra à l’usage. Mon principal souci à ce stade est que le Luxembourg sorte de la situation d’absence d’une entité macro-prudentielle, qui est préjudiciable en termes de réputation internationale.

Finances communales

Du point de vue opérationnel, la BCL se voit octroyer des missions nationales supplémentaires sans que les moyens financiers suivent. Le sujet de la capitalisation de la BCL reste donc d’actualité ? « Plus que jamais ! Les missions de la BCL se sont approfondies et élargies au cours de ces dernières années. Les nouvelles responsabilités de la BCE en matière de supervision bancaire et de politique macro-prudentielle élargissent le champ des responsabilités des banques centrales nationales et donc de la BCL et demandent un travail de préparation et de coordination accru au niveau de ses services. Les exigences statistiques auxquelles est confrontée la BCL augmentent également. Je citerai la nécessité de mettre place un registre des crédits au Luxembourg d’ici 2017. Cette exigence, qui émane de la BCE, constitue un projet très conséquent pour nous. La BCL a aussi joué un rôle important dans la mise en place d’un legal entity identifier au Luxembourg à travers LuxCSD, qui émet ainsi pour les entités et fonds d’investissement domiciliés au Luxembourg des numéros de référence identifiant de manière unique les contreparties de transactions financières, et ceci au niveau mondial. Nous sommes responsables pour évaluer l’éligibilité de quelque 7.200 titres utilisés comme garanties dans l’ensemble des opérations de politique monétaire. Ce qui représente approximativement 21 % du nombre total des titres éligibles dans l’ensemble de l’Eurosystème. Il s’agit là d’une responsabilité considérable pour la BCL, dont la part de capital dans l’ensemble de la BCE n’est que de 0, 2 %. Les titres sont par ailleurs devenus de plus en plus complexes, ce qui augmente le risque inhérent au bilan de la Banque et les exigences de suivi. Finalement, la BCL est activement impliquée dans la mise en œuvre du projet Target 2 Securities (T2S), ce projet d’envergure émanant de l’Eurosystème et qui consiste en la création d’une plateforme permettant aux dépositaires centraux de titres de traiter les instructions de règlementlivraison en monnaie banque centrale, contribuant ainsi à la création d’un marché des capitaux européen, vaste et homogène. Ces développements requièrent également des systèmes opérationnels entièrement fiables et assurant un haut niveau de sécurité. De plus, la BCL est connectée au réseau de banques centrales dans lequel aucune ne peut se permettre d’être un maillon faible. Nous devons donc pouvoir nous doter de plateformes informatiques de plus en plus complexes et coûteuses.

Le secteur communal a été mis à l’écart de la loi sur la gouvernance des finances publiques sous la pression du Syvicol, qui considère que le respect par les communes des règles du mécanisme européen de discipline budgétaire devait prendre la forme d’un engagement politique, sans prévoir d’objectifs contraignants. « Les administrations locales font partie du secteur des administrations publiques dont le solde est soumis aux exigences européennes, rappelle Gaston Reinesch. Si le solde du secteur des administrations locales est actuellement proche de l’équilibre, la situation financière des communes et syndicats de communes est toutefois diverse. Certaines communes présentent des surplus alors que d’autres sont en déficit. Par conséquent, il me semble que la forme d’un engagement politique est insuffisante. Fixer des objectifs à atteindre pour chaque commune serait plus pertinent dans le cadre d’une bonne gestion des finances communales et en vue d’éviter des risques de futurs dérapages individuels pouvant déboucher sur un problème agrégé. » Et d’indiquer que la dette des administrations locales représentait 9 % de la dette de l’ensemble des administrations publiques en 2013, niveau qu’il juge « relativement modéré ». « Cependant, une transposition légale des règles de bonne conduite énumérées notamment par le ministère de l’Intérieur pourrait être souhaitable. Les responsables locaux, tout comme ceux de l’État central, doivent s’inscrire dans une logique de gestion saine et efficace des finances publiques. » V. P. ◄

Quel est l’impact en termes d’effectifs ? « Nous devrons encore envisager un renforcement des effectifs de la BCL, en soulignant que le réviseur externe de la BCL, lui-même, nous a, à plusieurs reprises et dernièrement en 2014, invités à renforcer nos ressources humaines, qu’il a jugées quantitativement trop limitées. Pour limiter dans la mesure du possible, l’impact sur notre headcount et sur la croissance des dépenses 020 ―

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S’inscrire dans une logique de finance saine

salariales induites, nous allons recourir pour une durée limitée à des contrats de prestation de services pour faire face à des besoins en compétences spécifiques. Dans un autre ordre d’idées, et plus particulièrement pour ce qui est des études et de la recherche, par nature un domaine important pour toute banque centrale, nous allons mettre en place l’une ou l’autre coopération avec des universités ou centres de recherche. Ainsi, un premier projet de coopération avec la Toulouse School of Economics présidée par le Prix Nobel de l’Économie Jean Tirole est sur le point d'être approuvé.

Qu’en est-il des moyens financiers ? « La base capitalistique de la BCL, de 175 millions d’euros, est extrêmement faible. Au 31 décembre 2014, pour un total de bilan de quelque 120 milliards d’euros, le ratio fonds propres / total de bilan était de 0,9 %, alors que la moyenne de l’Eurosystème s’établit à quelque 6 % ! Cette problématique date de la création de la Banque et n’a malheureusement pas été abordée concrètement au fil du temps, alors qu’elle n’a cessé de s’amplifier. Le passage au 1er juin 2009 du capital d’origine de 25 millions d’euros aux 175 millions d’euros de capital actuel a été largement cosmétique, aussi bien quantitativement que qualitativement, car, sans apport de capital frais. Cette problématique est régulièrement mise en évidence par les réviseurs externes de la BCL qui ne cessent de noter que les fonds propres sont extrêmement faibles par rapport au volume général des opérations de la Banque et que les conséquences en sont une grande vulnérabilité à d’éventuelles pertes résultant de risques, tous hors de notre contrôle. Cela pourrait se concrétiser par le fait que la Banque pourrait se retrouver bientôt avec des fonds propres négatifs ! Ces constats de l’insuffisance des fonds propres et de la nécessité d’un apport conséquent en capital ont également été montrés par une étude indépendante que nous avons commanditée sur nos perspectives financières à moyen et à long termes. Cette sous-capitalisation continue à constituer une épée de Damoclès financière et, par ricochet, opérationnelle pour la BCL. La situation est rendue encore plus inquiétante au vu du niveau historiquement bas des taux d’intérêt, puisqu’il devient de plus en plus difficile de générer des revenus, sachant évidemment que les banques centrales n’ont nullement pour objectif de maximiser leurs résultats, ce qui serait en flagrante contradiction avec leur mandat de maintenir la stabilité des prix telle que cela a été défini dans la politique monétaire de l’Eurosystème. L’étau se resserre et l’indépendance financière et opérationnelle de la BCL est à mes yeux non assurée. » ◄ Retrouvez cette interview en intégralité sur le site internet www.paperjam.lu à la rubrique « Magazine ». En résumé Dans l’interview exclusive qu’il donne à Paperjam, Gaston Reinesch parle de ses relations avec le gouvernement de Xavier Bettel, évoque l’ouverture de la Banque centrale sur l’extérieur et ses efforts de communication pour mieux se faire connaître du public. Le gouverneur de la BCL revient sur des questions « chaudes » de l’actualité comme la compétitivité des entreprises et l’indexation automatique. Il explique aussi l’importance de doter la Banque centrale de moyens financiers appropriés qui lui permettent de rester indépendante.



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BUSINESS

LEADING LADIES TEXTES : FLORENCE THIBAUT ET JEAN-MICHEL GAUDRON PHOTOS : JULIEN BECKER

De nombreuses cheffes d’entreprise n’ont pas attendu la venue des quotas pour se hisser à des postes à responsabilité. Le business de demain sera-t-il féminin ? Comment le nouveau gouvernement aborde-t-il la question ? À l’heure où les études se multiplient pour démontrer les impacts positifs, sur le plan économique, d’une gouvernance davantage féminisée, le combat le plus visible reste d’imposer la parité au sein des organes décisionnels, axe phare de l'actuel programme gouvernemental. Si on peut difficilement parler de management propre à un genre, le salut réside dans la diversité de profils, de caractères et de compétences. Illustrations par l’exemple.

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Paperjam a choisi de se pencher sur la question du leadership au féminin avec 10 role models qui démontent les clichés et bousculent le business as usuals. Leurs points communs : le goût d’entreprendre et l’envie d’autre chose qu’un 9 to 5.

BARBARA BRECKO managing director de Gingko Solutions Facilities

qui fera notre force, c’est notre réactivité. Pour tirer notre épingle du jeu, nous avons choisi de proposer un accompagnement pour aider nos clients à trou­ ver un appartement, une crèche ou une école. » Dans ce secteur où le contact prime, la passion et le goût du service peuvent vraiment faire la différence. « Dans notre métier, il faut aimer les gens, sinon cela ne peut pas fonction­ ner. Dans toute entreprise, il peut il y avoir des difficultés. Je suis convaincue qu’en aimant son job, on peut déplacer des montagnes. Quand je recrute, je recherche ce petit truc en plus. C’est le caractère et la personnalité qui comptent. Ce sont les valeurs et le vécu qui font la personne, pas ses diplômes ou son genre. Une équipe exclusive­ ment féminine ne serait pas performante. J’ai tou­ jours eu un mix dans mes équipes, cela apporte une diversité de points de vue essentielle. »

CORINNE CAHEN ministre de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Région

Après 14 ans passés dans le monde des business centers, Barbara Brecko s’est engagée dans l’aventure entrepreneuriale dans ce secteur en lançant, en début d’année, Gingko. Si Barbera Brecko, 42 ans, est (re)connue sur le marché de l’immobilier de bureaux, sa nouvelle société, Gingko, n’a pas encore vraiment pignon sur rue. Tout le temps dont elle dispose en extra est donc actuellement consacré aux relations publiques. « Je suis un peu sur tous les fronts en ce moment. Ma priorité est d’assurer le développe­ ment de l’entreprise, mais aussi de la faire décou­ vrir. J’ai la chance d’avoir accumulé une certaine expérience dans le secteur, notamment grâce à mon parcours chez Ateac. J’ai ainsi pu accompa­ gner des acteurs comme la Bank of New York ou la Bank of Scotland lors de leur installation au Luxembourg. Je mets à présent ma réputation au service de ce projet. Je dois repartir de zéro, c’est très excitant. » 1.300 m2 de bureaux sont d’ores et déjà disponibles au cœur de la ville.

«  POUR RECRUTER, C’EST LA PERSONNALITÉ QUI COMPTE »

Son équipe compte actuellement trois personnes, dont une qui provient du secteur de l’hôtellerie, un must en matière de relations de clientèle. « Je veille à m’entourer d’une équipe équilibrée en termes de compétences. Dans l’im­ mobilier, chacun a sa signature. Je connais les points faibles des autres, nous avons une vraie carte à jouer. Nous sommes une petite agence, ce

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mettre un égal accès aux opportunités. « Mon conseil aux jeunes, hommes ou femmes, qui veulent se lancer en politique serait de foncer, de ne pas se perdre en chemin et de croire en leurs idées. On ne plaît jamais à tout le monde. »

«  CE SONT LES COMPÉTENCES QUI PRIMENT »

Encourager l’indépendance financière des uns et des autres est quelque chose d’essentiel. « Nous essayons de promouvoir un bon équilibre au sein de la famille. Si un homme travaille à 100 % et une femme à O %, c’est beaucoup moins intéressant en termes de revenus que si chacun tra­ vaille à 60 %. Une meilleure répartition des tâches avantage tout le monde. Si on est bien en famille, on est bien au travail et vice versa. L’époque où le père de famille rentrait à la maison quand les enfants étaient couchés est révolue. »

MARIE-HÉLÈNE MASSARD CEO d’Axa Luxembourg

Entrepreneuse à la tête des magasins de chaussures Léon dans une autre vie, Corinne Cahen est entrée au gouvernement pour la première fois en décembre 2013 sous la bannière du parti démocratique. Également journaliste pendant de nombreuses années, notamment pour RTL ou l’AFP, le goût de Corinne Cahen, 41 ans, pour le monde politique et ses rouages ne date pas d’hier. Le déclencheur de cette nouvelle carrière a été une volonté d’action. « J’en avais marre des décisions non prises. J’avais besoin d’agir et de contribuer au débat collectif. Tout me passionne en politique, du contact humain aux négocia­ tions. » Sa volonté de s’engager s’illustre aussi dans ses mandats de présidente de l’Union commerciale de la Ville de Luxembourg de 2008 à 2012 et dans son rôle de membre élu à la Chambre de commerce de 2009 à 2013. Si la recherche d’inclusion sociale figure à son agenda en tant que ministre, la diversité ne peut être réduite à une dualité homme / femme. « J’espère que les qualités des gens passent avant leur genre. La parité n’est pas forcément néces­ saire partout. Pour moi, ce sont les compétences qui priment. Il faut soutenir les femmes, mais pas unilatéralement imposer leur présence dans tous les domaines. » La priorité est plutôt de promouvoir l’esprit d’entreprendre et de per-

Ingénieure statistique et contrôleuse de gestion de formation, Marie-Hélène Massard dirige Axa Luxembourg depuis l’été 2012. Arrivée chez Axa en 1996, Marie-Hélène Massard, 41 ans, y occupe toute une série de fonctions. Après sept ans passés au siège, elle se laisse tenter par l’international et migre vers la Pologne en 2008. Elle enchaîne alors les fonctions de chief marketing officer pour la région d’Europe centrale et de l’Est ; directrice des marchés particuliers / PME et directrice de la distribution. On lui propose alors un challenge de taille au Luxembourg, qu’elle accepte de relever en août 2012. À la tête d’une équipe d’environ 200 personnes, elle doit avant tout s’assurer de connecter l’ensemble des dimensions de l’entreprise. « Mon rôle a beaucoup de facettes différentes. J’es­ saye que les équipes se coordonnent et collaborent bien entre elles. Notre culture est assez familiale. Il y a beaucoup d’énergie et de volonté de bien faire. Il faut fédérer tout cela pour que tout le monde avance au même rythme et dans la même direc­


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tion. Comme nous sommes peu nombreux, je dois veiller à optimiser toutes nos ressources. » La CEO incarne également le visage de l’assureur à l’extérieur, surveille les marchés, et analyse les plaintes des clients afin de capitaliser sur leurs feed-backs. Si la diversité est promue à travers le groupe, une grande latitude est laissée aux responsables pays. À chacun de choisir ses combats prioritaires. L’équilibre hommes-femmes en est un parmi d’autres. « La diversité, c’est bien plus qu’un simple rapport de genres. La recherche de parité a parfois tendance à occulter tout le reste. L’équilibre et la transmission entre les générations sont deux sujets qui me tiennent particulièrement à cœur. Bien gérer sa diversité est pour moi un fac­ teur différenciateur. Il faut pouvoir représenter les profils de ses clients en interne. »

«  GÉRER SA DIVERSITÉ EST UN FACTEUR DIFFÉRENCIATEUR »

Opposer les genres, c’est risquer la caricature. « Je ne crois pas en un leadership masculin ou fémi­ nin, mais à une multitude de styles. Chacun doit compléter son type naturel avec d’autres manières d’encadrer. Il y a certains moments où il faut pou­ voir être plus directif, d’autres, plus à l’écoute. » Seule femme à siéger au conseil de l’Association des compagnies d’assurances, elle a contribué à en changer la dynamique. « On m’a confié que le ton avait un peu changé depuis mon arrivée. Si cela permet de mieux travailler, tant mieux ! »

LAURENCE RAPHAËL directrice générale de Legitech

Juriste spécialisée en droit public, Laurence Raphaël combine aujourd’hui le poste de directrice générale chez Legitech avec celui de rédactrice en chef du magazine juridique trimestriel Legimag. Après un court passage chez Infotechnique, puis chez Arendt & Medernach, Laurence Raphaël, 41 ans, rejoint le département Consolidation de l’Imprimerie Centrale. En août 2006, elle intègre dès sa création la filiale Legitech,

un éditeur fiscal et juridique. Elle y enchaîne plusieurs fonctions jusqu’à la direction générale en septembre 2013. « J’ai eu la chance de très vite pouvoir mettre mes compétences juri­ diques à profit dans de nombreux domaines que je ne maîtrisais pas forcément au départ. Il a fallu travailler dur, mais le droit est une arme efficace et qui offre un filet de sécurité. Ce bagage permet de garder la tête froide dans les moments désta­ bilisants inhérents à tout poste à responsabilité. »

FRANÇOISE REUTER CEO de Concept Factory

«   JE MILITE POUR LE TALENT, LE TRAVAIL ET LE MÉRITE »

Elle perçoit aujourd’hui son rôle comme celui d’une collaboratrice au service de l’organisation, de ses actionnaires et salariés. « Ma res­ ponsabilité est de ne pas faire n’importe quoi, de trouver les bonnes idées et de permettre un avenir (proche ou pas) le plus serein possible. Au final, je dois trancher, prendre la déci­ sion et assumer le risque. Je ne considère pas pour autant que cela me donne tous les droits, ni toutes les obligations, encore moins l’omni­ science. Mon rôle pourrait se résumer à pen­ ser, proposer, écouter et communiquer. » Pragmatique, Laurence Raphaël ne voit pas la diversité comme un objectif en tant que tel. « Elle se constate, mais ne se planifie pas. Je per­ çois les gens en vertu de ce que j’attends de leur poste. Je milite pour le talent, le travail et le mérite. La diversité est une richesse qui permet de s’ouvrir, de confronter les points vue et de faire ainsi le tour d’un problème. » Quand elle recrute, elle vise une motivation, une curiosité intellectuelle et une capacité d’adaptation. « La religion, l’origine ou l’orientation sexuelle de mon candidat me font autant d'effet que de connaître son type d'abonnement télé. Ceci ne fait aucune différence pour moi. » Dans la même logique, elle réfute tout leadership 100 % féminin. « C’est une question de person­ nalité, pas de genre. Hommes comme femmes doivent constamment adapter leur management au regard du monde d’aujourd’hui. »

Aux commandes de l’agence de communication Concept Factory, Françoise Reuter y a consolidé, au fil d’un parcours long de 15 ans, son arsenal managérial. François Reuter, 46 ans, débute sa carrière dans la production, à la télévision, à la radio et dans le cinéma. Elle y apprend notamment à développer sa créativité. « Dès le départ, je vou­ lais trouver un job qui me passionne. On passe tellement de temps au bureau, autant se faire plaisir. J’ai eu la chance de faire mes classes dans un domaine très excitant, ce qui m’a permis de ne pas compter mes heures. Cerise sur le gâteau : c’était un plaisir fou! » Elle complète ensuite son expérience par un détour plus commercial chez IP Luxembourg où elle réalise l’importance du relationnel client. Elle met à profit ses différentes casquettes en rejoignant Concept Factory. Son rôle est aujourd’hui d’inspirer et de bousculer : clients, comme collaborateurs. « Au quotidien, c’est un jeu per­ manent entre écoute, compréhension, conseil et provocation. J’ai construit mon leadership petit à petit. Ces 15 années m’ont permis de gagner en maturité. Dans ma fonction actuelle, je m’attèle notamment à combiner tous les aspects de la communication : conseil-vente et création-pro­ duction. »

«   LA DIVERSITÉ N’EST PAS UNE FIN EN SOI »

L’équipe de l’agence compte aujourd'hui une vingtaine de collaborateurs. « À mes yeux, il est vital pour tout manager de connaître le rôle précis de chaque talent. C’est cette connaissance qui lui permet d’être crédible et de prendre les bonnes déci­ sions au bon moment. » Pour Françoise Reuter, le plus important dans une gestion d’équipe est que chacun trouve sa place et que les caractères se complètent bien. « La diversité n’est pas une fin en soi. Elle est essentielle pour l’avancement de l’entre­ prise et l’éclosion des collaborateurs, mais elle ne se réduit pas à une question binaire homme-femme.

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Il y a des différences qu’on ne peut occulter : entre les Luxembourgeois et les Français ; les calmes et les extravertis ; etc. Je vois une entreprise comme un groupe de rock : il y a un leader et des musi­ ciens où chacun joue l’instrument qu’il maîtrise le mieux. C’est l’ensemble des forces qui détermine si le groupe connaîtra le succès ou non. »

CAROLE CASPARI fondatrice et CEO d’Altea Immobilière

laborateurs à exprimer leur créativité. » Pour mener son équipe à bon port, Carole Caspari s’efforce ainsi de responsabiliser ses talents. Elle est adepte de la méthode « sévère, mais juste ». « C’est un rôle où il faut être organisé et apprendre aux autres à penser en amont. Savoir anticiper, avoir le know-how métier requis et apprécier transmettre son savoir sont les qua­ lités essentielles d’un bon manager. Il ne faut pas hésiter à réprimander ses employés en cas de boulette, mais aussi à les féliciter en cas de prouesse. » Dans son secteur, c’est de la curiosité que découle le succès. « Dans l’immobilier, le plus important est d’avoir un flair, d’être à l’affût et détecter le potentiel partout. De manière géné­ rale, pour réussir à lancer son entreprise, il faut être fait pour l’entrepreneuriat et y mettre toute son énergie. Ce n’est pas une question de genre ni d’intelligence, mais de nature et d’enthousiasme. Ensuite, avoir un bagage en gestion est incontour­ nable : quel que soit son secteur, sans base solide, on peut rapidement se casser la figure. »

JULIE BECKER Fondatrice de l’agence Altea en 2007 et récompensée du Bil Business Woman Award en janvier dernier, Carole Caspari met un point d’honneur à développer les talents de chacun. C’est dans le secteur bancaire que Carole Caspari, 44 ans, a entamé sa carrière, ce qui lui a donné l’aplomb et les compétences nécessaires pour se lancer plus tard à son compte. « Pour investir dans l’immobilier, il faut soit avoir une assise financière importante, soit des parents riches. N’ayant eu ni l’un, ni l’autre, j’ai décidé de d’abord accumuler de l’expérience, notamment dans le private banking et le conseil. Ces années m’ont donné un bagage fiscal et juri­ dique précieux pour lancer mon agence, mais aussi pour conseiller mes clients. »

«  QUAND LES AUTRES PARTENT, UNE AUTRE JOURNÉE COMMENCE »

En 2007, elle choisit l’immobilier, misant sur une solution 100 % clé en main, alors inédite sur le marché. Chaque année, 1.000 jeunes actifs, principalement des stagiaires ou des expatriés, sont désormais logés par ses soins pour une durée moyenne de quatre mois. Fin 2014, son parc de logements comptait 300 chambres aux quatre coins de la ville. 99 % d’entre elles sont réservées en ligne depuis l’étranger. « J’ai engagé mon premier col­ laborateur en 2010. L’équipe s’est constituée petit à petit et nous sommes une quinzaine désormais. Nous faisons tout en interne selon les compé­ tences de chacun, du choix des bâtiments à la sélection des pots de fleurs ! Je pousse mes col­

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membre du comité de direction de la Bourse de Luxembourg

de travail est très soutenu C’est un vrai challenge qui demande un engagement au quotidien. C’est à la fois valorisant et un peu effrayant ! C’est la deuxième fois que je me prête à cet exercice qui demande beaucoup d'investisement. » Collégial, le comité de direction de la Bourse repose sur une diversité de compétences autour de la table. « La solidarité et la confiance entre ses membres sont indispensables. Je pense que la performance d’une entreprise se nourrit de la diversité des personnes qui la repré­ sentent. La mixité est incontournable et les études qui montrent un lien entre diversité et performance organisationnelle et financière ne manquent pas. Hommes et femmes sont très complémen­ taires : les premiers sont généralement davan­ tage dans la stratégie et le politique et les secondes ont tendance à être plus fédératrices et dans l’an­ ticipation. Même si je n’aime pas confronter les genres, l’équilibre entre ces tendances naturelles est essentiel. Bien sûr, la personnalité est tout aussi importante. » Hebdomadaire, le comité sollicite l’avis de ses membres sur toute une palette de sujets, parfois éloignés de leurs spécialités respectives. « Il faut pouvoir comprendre toutes ces problématiques, y compris celles qui nous concernent moins directement. Je suis, par exemple, amenée à me prononcer sur des enjeux RH et IT que je connais moins. De manière géné­ rale, tous les leaders doivent être rassembleurs, de bons communicateurs et des sources d’inspi­ ration pour leurs équipes. Un bon meneur sait trouver le bon équilibre entre les atouts des uns et des autres. »

EDITH MAGYARICS managing director de Victor Buck Services

Responsable legal & compliance à la Bourse, Julie Becker est la première femme à entrer au comité de direction de l’établissement depuis sa création en 1928. Depuis 1998, Julie Becker, 39 ans, enchaîne les postes clés dans le secteur financier, notamment pour le groupe Dexia et à la BCL. En 2013, elle rejoint la Bourse en tant que conseillère de direction, exerçant la fonction de head of legal & compliance. En début d’année, elle intègre le comité de direction : belle reconnaissance pour son parcours, cette nouvelle responsabilité lui permettant de jouer un rôle de pionnière.

«  LA PERFORMANCE SE NOURRIT DE DIVERSITÉ »

« Je me prépare en continu afin d’être à la hauteur de la confiance qui m’a été accordée. Le rythme

Aux manettes de VBS depuis mai 2012, Edith Magyarics a pour mission centrale d’accélérer le développement international du groupe, déjà entamé ces dernières années, en particulier en Asie. Diplômée en marketing, Edith Magyarics, 47 ans, fait d’abord ses classes à la Banque New York Mellon à Bruxelles puis chez JP Morgan. Arrivée au Luxembourg en janvier 2010, elle prend le poste de COO avant de gagner les rangs de VBS auprès de qui elle fut, initialement, cliente. « Aujourd’hui, je me vois avant tout comme la gar­ dienne du succès de l’organisation, ainsi que de ses


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ressources. Cela implique de m’assurer que la stratégie globale soit bien déclinée à tous les étages et dans la pratique. Mon rôle est multicasquette. Je surveille la cohérence de notre gouvernance ainsi que de notre volet réglementaire. » S’il n’existe pas de journée type dans sa fonction, la CEO passe beaucoup de temps en contact avec ses clients. « Je recherche le challenge intellectuel, sinon je m’ennuie. Si on se sent bien au boulot, on est performant. L’un ne va pas sans l’autre. » Pour elle, la parité imposée n’est pas une fin en soi. Composé à 70 % d’hommes, VBS connaît néanmoins un bon équilibre dans son équipe managériale. « Restons réalistes : le milieu IT est encore un monde masculin. Dans les fonctions dirigeantes, la répartition est plus équilibrée. Notre CEO et notre DRH sont, par exemple, des femmes. J’ai une relation assez ambiguë à la parité. Je ne veux surtout pas avoir un job parce que je suis une femme, mais parce que j’y ai droit et que mes compétences sont reconnues. Je travaille avec des gens asexués. On est un être humain avant d’être un genre. C’est le caractère, le parcours, l’expérience qui font la personne. »

«  ON EST UN ÊTRE HUMAIN AVANT D’ÊTRE UN GENRE »

Chacun doit être maître de sa carrière et de ses idées. À la direction de favoriser un climat où on ose les exprimer. « On a tous des atouts et on fonctionne de manière différente. C’est d’ailleurs ce qui fait la force d’une organisation. Chaque collaborateur est responsable de son propre bonheur. Comme manager, il faut développer son écoute et faire attention à ce que chacun ait un même accès aux opportunités. »

VIRGINIE SIMON CEO et fondatrice de MyScienceWork

À 28 ans, sa thèse en nanomédecine à peine en poche, Virginie Simon a choisi de lancer sa propre société : un réseau social pour les scientifiques du monde entier. Tentée par l’aventure entrepreneuriale depuis toujours, Virginie Simon, 32 ans, a souhaité

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développer, avec Tristan Davaille, ce qui lui avait manqué durant ses études en génétique. « La science n’a d’intérêt que si elle est partagée. Durant mes recherches en cancérologie, je perdais souvent beaucoup de temps à rechercher des publications scientifiques. Certains périodiques étaient très difficiles d’accès. La collaboration entre scientifiques était également très compliquée. À l’heure du numérique, je trouvais cela paradoxal. Cela a été le déclencheur du projet MyScienceWork, qui était pour moi une suite logique à ma thèse. Son premier objectif est de faciliter le transfert de savoirs. »

LIHONG ZHOU general manager de la Bank of China

«   JE M’EFFORCE D’AVOIR UNE ÉQUIPE ÉQUILIBRÉE »

Aujourd’hui installée à San Francisco, haut lieu de l’ICT mondiale, Virginie Simon vit à l’heure européenne le matin, pour ensuite passer à sa journée américaine à partir de 13 h. Son équipe compte 10 personnes, six aux États-Unis et quatre au Luxembourg, dont cinq femmes et cinq hommes. « Nous avons un fort ancrage européen. Je m’efforce toujours d’avoir une équipe équilibrée, en termes de genres comme de compétences. Dans l’IT, secteur particulièrement masculin, c’est un effort qui doit être constant. Une bonne cohésion entre les collaborateurs est une condition sine qua non de succès. » Ce qui l’occupe aujourd’hui, c’est avant tout de solidifier la vision globale de l’entreprise et de fédérer les différentes énergies. « J’ai vite compris que bien choisir son équipe était le facteur de succès numéro un. Quand on lance une entreprise, on passe par toute une palette d’émotions. C’est une aventure qui doit être commune. Dans ce domaine, je crois beaucoup aux rencontres. Échanger, se nourrir de l’extérieur, tester ses idées sont d’autres éléments importants pour se lancer à son compte. Enfin, il faut oser et foncer. »

Engagée par la Bank of China peu de temps après la fin de ses études d’économie, Lihong Zhou dirige depuis 2013 la première banque chinoise à avoir investi la Place, après y avoir été deputy general manager depuis 2005. Il y a un peu moins de 10 ans, Lihong Zhou, 55 ans, a eu le choix entre Luxembourg ou Hong Kong. Elle opte pour le pari grand-ducal avec l’ambition de contribuer à établir la présence de la Bank of China sur le continent européen. « En tant que centre financier d’excellence, le Luxembourg est un lieu particulièrement stratégique. C’est la taille et la complexité du challenge à relever qui m’ont motivée. D’un point de vue personnel, j’ai toujours été fascinée par la richesse culturelle de l’Europe. Après toutes ces années, je suis convaincue d’avoir fait le bon choix ! » Amenée à définir la stratégie de la banque et à multiplier les contacts avec ses clients, elle commence toutes ses journées avant 8 h 30 par une tasse de thé chinois. « Ce moment m’aide à avoir la tranquillité d’esprit nécessaire pour démarrer. Ensuite, je n’ai pas de programme type. Mon rôle le plus important est d’assurer la cohésion de nos équipes. »

«   JE SUIS AGNOSTIQUE EN MATIÈRE DE GENRE »

Responsable d’une quarantaine de collaborateurs, Lihong Zhou ne croit pas en un leadership typiquement féminin. « Bien que je sois moi-même une femme, je suis plutôt agnostique en matière de genre. Je ne pense pas qu’il y ait une manière de manager liée au genre. Hommes comme femmes sont tout aussi capables d’être de bons leaders. » Ambassadrice de la culture chinoise par la force des choses, elle défend particulièrement la diversité culturelle au sein de ses équipes. Elle met ainsi un point d’honneur à recruter des talents locaux. « La diversité occupe une grande place dans notre société, qu’elle soit culturelle, de genres ou d’appartenances nationales. C’est le mélange qui est intéressant. En outre, notre banque se positionne comme une facilitatrice des relations entre la Chine et l’UE. Ce dialogue nous anime au quotidien. »


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PHOTO : GAËL LESURE

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IL FAUT CHIFFRER SA VOLONTÉ POUR AVANCER ► Au Luxembourg, tous secteurs confondus, le pourcentage de femmes invitées à siéger dans les conseils d’administration se situe actuellement entre 18 et 20 % selon les modes de calcul. D’ici les cinq prochaines années, ce chiffre devrait atteindre 40 % dans les organes publics. ► Charte de la diversité mobilisant 120 organisations, création du Female Board Pool, nominations phares comme celle de Pascale Toussing à la présidence du Conseil économique et social, ou première Journée nationale de la diversité le 12 mai prochain… les initiatives essaiment au Luxembourg.

Sociétés cotées

Près d’un quart de femmes L’État luxembourgeois détient des participations dans cinq sociétés cotées en Bourse : Aperam, ArcelorMittal, BNP Paribas, SES et SEO. Sur un total de 71 sièges dans les conseils d’administration, 16 sont occupés par des femmes, avec un minimum de deux femmes dans tous les conseils. C’est chez BNP Paribas où la proportion est la plus grande : 40 %, soit six femmes. Elles sont quatre chez l’opérateur de satellites SES (22 % d’un conseil fort de 18 membres) et deux chez Aperam (28,76 % d’un conseil à sept membres). Pour les 10 autres sociétés cotées en Bourse de Luxembourg (Brederode, Dexia, IdB Holdings, Luxempart, Quilvest, Reinet Investments, Socfinaf, Socfinal, Socfin et Vedenta Resources), le bilan n’est guère brillant, avec une proportion de femmes dans les conseils d’administration qui atteint péniblement… 4,35 % ! C’est-à-dire trois femmes sur les 69 postes d’administrateurs : Delphine d’Amarzit chez Dexia, Michèle Detaille chez Luxempart et Katya Zotova chez Vedanta Resources. J-M. G. ◄

TEXTES : FLORENCE THIBAUT ET JEAN-MICHEL GAUDRON

E

n inscrivant en toutes lettres dans son programme gouvernemental l’objectif d’atteindre 40 % du sexe sous-représenté dans les conseils d’administration publics et dans les entreprises où l’État a des participations d’ici 2019, l’actuel gouvernement s’est clairement engagé pour la parité. « C’est la première fois qu’un gouvernement prévoit un pourcentage et un échéancier précis. L’équilibre dans la prise de décision politique et économique est un des axes forts de notre politique. Il figure d’ailleurs au cœur du catalogue de 11 mesures conçu par mon ministère. Je suis convaincue qu’on va y arriver. Le terme de sexe sous-représenté est neutre, mais vise toujours les femmes excepté dans l’éducation ou la magistrature », soutient Lydia Mutsch, ministre de l’Égalité des chances et ministre de la Santé, qui perçoit l’équilibre décisionnel comme fer de lance de son action. Pour améliorer la visibilité des femmes aux postes clés, on a aussi besoin d’exemples à montrer. « Ces derniers mois, il y a eu plusieurs nominations encourageantes. Je pense notamment à Martine Solovieff, qui a remplacé Robert Biewer au poste de procureur général d’État, ou à la candidature de Marie-Jeanne Kappweiler à celui de juge à la Cour européenne des droits de l’Homme (notons tout de même que la procédure d’appel à candidatures avait été prolongée l’automne dernier, faut de postulantes dans un premier temps, ndlr). Nous sommes sur la bonne voie », partage la ministre. À côté des

Établissements publics classiques projets de sensibilisation et autres campagnes d’information, le texte du programme du gouvernement prévoit, en outre, une abolition des inégalités salariales par force de loi. Entrée au gouvernement après les dernières élections d’octobre 2014, Lydia Mutsch défend une approche musclée de la diversité. Pour faire avancer la cause des femmes, c’est incontournable, il faudra imposer leur présence et mesurer les progrès consentis.

« LES QUOTAS, BEAUCOUP SONT CONTRE, MAIS PERSONNE N’A MIEUX ! » Lydia Mutsch, ministre de l’Égalité des chances

« Les quotas sont ingrats et polarisants, mais cela reste l’instrument le plus efficace qu’on ait trouvé. Beaucoup sont contre, mais personne n’a mieux ! Presque tous les pays qui ont mis en place une politique de diversité active sont passés par là. Bien sûr, les quotas ne doivent pas monopoliser l’attention, ils doivent s’accompagner d’autres mesures plus positives. Au Luxembourg, cette dynamique est en marche. Les discussions vont persister et nous ne serons pas applaudis par tout le monde, mais je suis confiante que l’exercice

L’ILR et le Fonspa, les meilleurs élèves Sur les 54 établissements publics étudiés, 10 atteignent ou dépassent la proportion de 50 % de femmes dans les conseils d’administration ou les conseils de gérance. La plus forte présence féminine, en proportion, se trouve au sein de l’Institut luxembourgeois de régulation (5 femmes sur 7 administrateurs, soit 71,43 %, dont la présidente, Yuriko Backes) et le Fonds national de soutien à la production audiovisuelle, avec deux femmes sur trois administrateurs (soit 66,7 %). Le Centre virtuel de la connaissance sur l’Europe (57,1 %, 4/7), le Fonds national de la recherche et le Luxembourg institute of health (55,6 %, 5/9), le Fonds national de solidarité (4/8, 50 %), l’Agence pour la normalisation et l'économie de la connaissance, le Commissariat aux assurances, la CSSF et le Fonds de lutte contre les stupéfiants (3/6, 50 %) et le Luxembourg institute of science and technology (5/10, 50 %) complètent le tableau. En abaissant le seuil à 40 %, trois autres établissements sont à noter : le Centre de prévention des toxicomanies (4/10, 40 %), Carré Rotondes (5/12, 41,67 %) et le Luxembourg institute of socio-economic research (4/9, 44,4 %). J-M. G. ◄

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17,89 % Le pourcentage de femmes dans les conseils d’administration des 30 sociétés non cotées dans lesquelles l’État luxembourgeois détient une participation.

Sociétés non cotées

PHOTO : JESSICA THEIS (ARCHIVES)

Luxtram et S.O.L.E.I.L. se distinguent

sera accepté. » En ce sens, le ministère de l’Égalité des chances collabore étroitement avec celui de l’Économie, afin de faire un monitoring précis de toutes les nominations réalisées dans les conseils d’administration à travers tout le pays. « C’est un de nos relais clés auprès des entreprises. En effet, il est davantage en contact avec les acteurs du monde économique que nous », continue la ministre. Depuis début 2015, un programme informatique a été finalisé afin de proposer un état des lieux réaliste et d’actualité. En attendant, Paperjam a fait ses propres comptes sur la base des informations officielles publiques (voir encadrés).

PROJET DE SOCIÉTÉ Présidente de la Fédération des femmes cheffes d’entreprise du Luxembourg et directrice du Pall Center, Christiane Wickler promeut, quant à elle, une vision de la diversité à 360°. « C’est l’affaire de tous. 100 % de la population sont nécessaires pour faire avancer les choses. Les priorités viennent de partout. Il ne faut surtout pas se perdre dans des combats entre celles qui veulent faire carrière et celles qui veulent rester à la maison. Je soutiens toute action qui met les femmes en lumière. Si on n'est ni moins bonnes ni meilleures, on est au moins égales », appuie-t-elle. Transversale au niveau politique, comme l’explique Lydia Mutsch, la question de l’équilibre entre les genres n’est pas seulement la chasse

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gardée du ministère de l’Égalité des chances. « Dans ce domaine, une action concertée est indispensable. Il y a une vraie prise de conscience autour de cet enjeu, qui concerne tant le ministère du Travail, que celui de la Famille, de la Santé ou de l’Économie. Il n’y a plus de réunion du Conseil de gouvernement sans qu’on aborde le sujet. Le Luxembourg est un des rares pays qui a consacré un ministère autonome à la diversité, ce n’est pas un portefeuille perdu parmi d’autres. C’est une vraie chance de pouvoir dédier toute son attention et une opportunité supplémentaire de fédérer les énergies de manière efficace. »

« 100 % DE LA POPULATION SONT NÉCESSAIRES POUR FAIRE AVANCER LES CHOSES » Christiane Wickler, présidente de la FFCEL

Si elles ne sont pas contraintes de féminiser leurs organes décisionnels par force de loi, les entreprises restent un maillon essentiel de la problématique. « Le Luxembourg est multiculturel par essence, c’est aussi ça la diversité. On a besoin de tout et de tout le monde. Tous les jours,

Luxtram est la dernière née des sociétés non cotées dans lesquelles l’État détient des participations. Née en tant que GIE, la structure qui gère le projet de tram de la capitale est devenue une société à part entière en octobre dernier. Son conseil d’administration, fort de 12 membres, compte six femmes : Lydie Polfer et Sam Tanson (pour la Ville de Luxembourg) ; Clara Muller, Michelle Steichen, Marie-Josée Vidalet et Félicie Weycker (pour l’État). L’autre société à afficher un taux de 50 % de femmes dans le conseil est Sogaris Logistics Estates International Luxembourg, généralement présentée sous son acronyme S.O.L.E.I.L., spécialisée dans la conception et l’exploitation de sites logistiques. Deux femmes siègent dans le petit conseil de quatre sièges, toutes deux issues du directoire du groupe français Sogaris : Caroline Grandjean (la présidente) et Marie-Hélène Verdier (la secrétaire générale). Trois autres sociétés atteignent ou dépassent le seuil de 40 % : la Société immobilière du parc des expositions de Luxembourg (3/7, 42,9 %, dont la présidente, Elisabeth Mannes-Kieffer), l’Agence luxembourgeoise pour la sécurité aérienne et Luxconnect (2/5, 40 %). À l’opposé, la Société du port de Mertert (8 administrateurs), Sudcal (7), l’Energieagence, la Société nationale de certification et d’homologation et le Technoport (6 chacun) ne comptent aucune femme dans leurs conseils. J-M. G. ◄

25 % Le pourcentage de femmes dans les conseils d’administration (ou les comités de gérance) des 54 établissements publics, fondations et GIE luxembourgeois étudiés. 15 de ces établissements sont présidés par des femmes.


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on fait entrer trois tribus différentes dans le pays, et cela fonctionne ! En tant que chefs d’entreprise, nous avons la lourde tâche qu’équilibrer les forces et les faiblesses de nos collaborateurs et de faire en sorte que chacun se sente bien. Nous partageons le même but : faire avancer l’organisation », ajoute Christiane Wickler. Au sein de sa fédération, le premier combat est d’encourager l’entrepreneuriat féminin et de montrer des exemples qui inspirent. « On a dépassé le stade du constat, il faut passer à l’action », résume-t-elle. Le secteur privé pourrait être inspiré par l’élan public, même si, dans la réalité des chiffres, la représentation globale des femmes n’est que modérément améliorée, puisque beaucoup d’acteurs extérieurs ne tiennent pas compte de la démarche au moment du renouvellement des mandats. « Cela dit, je sens une volonté grandissante de s’impliquer, dévoile Mme Mutsch. Nous avons des demandes d’informations tous les jours. La difficulté est que les entreprises ne s’engagent pas toujours de manière traçable, ni mesurable. On attend d’elles qu’elles nous fassent parvenir leur stratégie précise. Confronter ses objectifs à un avis externe et neutre est très précieux. Il faut chiffrer sa volonté pour avancer. » Dans un souci de partage d’expériences, le ministère a créé un réseau informel d’entreprises qui ont entamé des actions positives en la matière. Et Lydia Mutsch de poursuivre : « Il est important qu’elles puissent se parler entre elles. Dans la même logique, j’ai entamé des discussions avec toutes les chambres professionnelles et syndicales. Il est crucial que tout le monde avance dans la même direction. Tous les instruments sont nécessaires. Le débat doit être national. »

RÉSERVE DE TALENTS Autre initiative clé, le Female Board Pool vise à créer une réserve d’administratrices directement mobilisables par les organisations, publiques, privées ou non marchandes. Grâce à un travail minutieux depuis quatre ans, l’asbl a pu constituer ces dernières années une palette diversifiée de 400 candidates. Portée par Rita Knott, coach allemande installée au Luxembourg depuis 35 ans, l’initiative fait aussi la part belle au networking, au mentoring et aux formations. « Avant de nous lancer, nous souhaitions vraiment avoir une base de données étendue et solide pour répondre à tout type de demandes. Nous visons le sur mesure. L’équilibre et la diversité des profils font qu’un conseil fonctionne bien. Chaque dynamique est différente. Comme pour une embauche classique, le matching est une étape très sensible. J’y accorde beaucoup d’attention. Notre moteur de recherche fonctionne un peu comme Google. Notre base est prête et structurée, il faut à présent nous faire connaître de tous les acteurs », contextualise-t-elle. L’argument qu’il est difficile de trouver des femmes prêtes à relever le challenge ne tient plus. « Je n’accepte plus cette excuse. Il y a énormément de femmes bien formées, surtout qu’au

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Grand-Duché, 57 % des diplômés sont à présent des jeunes femmes. Cela peut sembler injuste de devoir chercher des candidates sur une base de données, alors que les hommes sont choisis en fonction de leur réseau ou de leurs compétences présumées, mais il faut bien commencer quelque part », affirme Lydia Mutsch, soutien officiel du projet, ayant par exemple elle-même fait appel à l’asbl lors du renouvellement des mandats du Laboratoire national de santé. Au total, le Female Board Pool a pu remplir les demandes de talents de deux organisations. Et pourtant, le recours à ses services se compte sur des doigts d’une moufle, quand bien même le potentiel est bel et bien là. « Nous avons d’abord eu une demande d’une société d’assurance, précise la fondatrice. Nous avons réussi à proposer une sélection de 22 candidates. Une de celles-ci a été engagée en avril 2014. Nous avons également pu étroitement travailler avec le ministère de la Santé. Nous ne visons pas forcément la quantité. Nous voulons absolument éviter le côté façade ou prétexte. J’attends néanmoins une vraie réflexion de la part des organisations. J’espère atteindre les 3.000 candidates d’ici les trois prochaines années. »

Établissements publics

Dix zéros pointés Sur les 54 établissements publics étudiés, 10 ne comptent aucune femme dans leur conseil d’administration : le GIE Buanderie centrale, la Fondation de Luxembourg (qui est tout de même dirigée par une femme, Tonika Hirdman), la Fondation Restena, le Fonds de solidarité viticole, le GIE InCert, les deux agences de promotion Luxembourg for Business (dont la secrétaire générale est Carole Tompers) et Luxembourg for Finance, Luxinnovation, l’Office du Ducroire et Smile (Security made in Luxembourg). Mais six autres n’atteignent même pas les 12 % : le GIE eSanté (1/15, 6,67 %), le Centre de coordination pour projets d’établissements (1/12, 8,3 %), d’Coque (1/10, 10 %), la Communauté des transports (1/10, 10 %, présidée par Félicie Weycker), la Banque centrale (1/9, 11,1 %) et la Fondation Henri Pensis (1/9, 11,1 %). J-M. G. ◄

ACCENT EUROPÉEN Pour construire son action, la ministre regarde fréquemment vers la Scandinavie, mais aussi en Allemagne, en Belgique, ou en France, en particulier dans le domaine politique. « Encore et toujours, ce sont les pays scandinaves qui nous impressionnent le plus. Grâce à des quotas, ils ont un équilibre qui se situe entre 40 et 50 % sur le plan politique. Pour l’instant nous n’y sommes pas (le gouvernement actuel compte cinq femmes sur 18 ministres et secrétaires d’État, soit 28 % et 17 députées sur 60, soit 28 %, ndlr) ! En France, le lien entre financement des partis et présence féminine me semble intéressant. Du côté belge, grâce au refus des listes électorales qui ne présentent pas un certain pourcentage de femmes, la représentation féminine est passée de 22 % en 2000 à 42 % aujourd’hui, c’est la meilleure preuve que les quotas fonctionnent. Sur le volet économique, en revanche, personne n’a encore trouvé de recette magique pour accélérer le pas. » La Commission européenne planchant en ce moment sur un projet de directive visant des quotas pour les entreprises cotées en Bourse, le dossier pourrait être transmis de la présidence lettone à la présidence luxembourgeoise. « La présidence du Conseil pourra être un momentum pour tout ce qui touche à la diversité. Quel que soit le pays, avoir 20 % de femmes impliquées dans les décisions importantes ne peut plus être normal. Cela ne colle plus avec la société actuelle », conclut Lydia Mutsch. En résumé Pour progresser dans l’équilibre entre les genres, il faut constater, mesurer et suivre les évolutions consenties. Multifacette et à ramifications multiples, la question de la parité nécessite un engagement de tous les acteurs de la société.

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Le nombre de femmes qui président un des 30 conseils d’administration des sociétés non cotées dans lesquelles l’État luxembourgeois détient une participation : Diane Dupont (Société nationale des habitations à bon marché) ; Isabelle Goubin (Agence de transfert de technologie financière et Luxembourg Treasury Securities) ; Caroline Grandjean (S.O.L.E.I.L.) ; Josiane Pauly (Cruchterhombusch, la société propriétaire du centre de formation pour jeunes conducteurs à Colmar-Berg) et Jeanne Tonnar (Luxembourg Congrès). J-M. G. ◄

Note : Les données relatives aux compositions des conseils d’administration (ou des conseils de gérance) des établissements publics, fondations, GIE et sociétés reprises dans ces pages sont basées sur les publications officielles ou les informations directement communiquées par les structures elles-mêmes. Cela concerne 54 établissements publics (55 sont recensés sur le site de la Trésorerie de l’État, mais un d’entre eux, le Centre de recherches et d’études européennes Robert Schuman, ne compte pas de conseil à proprement parler), cinq sociétés cotées et 30 sociétés non cotées dans lesquelles l’État détient une participation.



Économie & Politique Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 10 sujets clés sélectionnés par la rédaction. Les gouvernements luxembourgeois et belge réunis à Bruxelles début février ont affiché la volonté de mettre fin au « harcèlement » du fisc belge à l’égard des frontaliers travaillant au Luxembourg. Des normes communes devraient être publiées d’ici avril pour parvenir à « une sécurité juridique ». La saison des soldes d’hiver s’est terminée fin janvier. L’Union commerciale de la Ville de Luxembourg a analysé une partie des questionnaires envoyés à quelque 300 commerçants. Le bilan provisoire est plutôt mitigé. « Le très mauvais temps (neige et pluie) a eu des retombées négatives sur les flux », explique Anne DarinJaulin, directrice de l’UCVL. De son côté, la Confédération luxembourgeoise du commerce parle d’un « bon cru ». La Netzwerk Soziale Verantwortung (NeSoVe), une plateforme d’associations et d’ONG autrichien­ nes, a décerné le Prix 2014 de la « Honte de l’année » à l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker, « pour avoir fait du Luxembourg une oasis fiscale destinée à frauder ou à éviter l’impôt ». Le conseil national du parti chrétien-social est catégorique : aux trois questions posées au référendum

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de juin prochain, ce sera « Non ». Non au droit de vote des étrangers, à l’abaissement de l’âge électoral et à la limitation de durée de mandats politiques. La progression, toutes catégories confondues, des nuitées passées par les touristes en visite au Luxembourg C'est la hausse en 2014 a été des nuitées de 4,5 %. Les touristiques hôtels ont, à eux au Luxembourg seuls, établi une en 2014. année record avec 1,64 million de nuitées.

+4,5 %

Le ministre de l’Éducation nationale a présenté le premier volet de mesures visant à encadrer le travail des structures d’accueil de la petite enfance. Le chèque-service pourra être à l’avenir utilisé pour des crèches de l’autre côté de la frontière. Cet ajustement de la mécanique étatique et la mise à niveau annoncée par le ministre interviennent dans un contexte de véritable explosion de l’offre d’accueil de la petite enfance : le nombre de places est passé de 7.712 en 2004 à 49.208 en 2014. La compensation attribuée par le Luxembourg à la Belgique, pour aider les finances des communes où habitent des frontaliers, a été revue à la hausse et portée à 30 millions d’euros. « Cette augmentation tient compte de l’évolution du nombre de résidents belges travaillant au Luxembourg et des

revenus professionnels perçus par ceux-ci. La compensation sera revue tous les trois ans sur la base des revenus professionnels réels des travailleurs transfrontaliers », précise le libellé de l’accord. L’application gratuite et pratique mTicket développée par le Verkéiersverbond a reçu le prix de la meilleure application dans la catégorie « Transport et infrastructure » au niveau international à l’occasion des Best m-Government Awards qui se sont tenus à Dubaï en février. Le vent de la reprise et un environnement favorable font que le nombre de nouvelles sociétés est en augmentation. De 8.500 en 2012, elles sont passées à près de 11.000 l’an dernier, selon les indications données par Creditreform Luxembourg, soulignant que le Luxembourg demeurait plus que jamais un centre économique « très intéressant du point de vue entrepreneurial ». Désireux de prendre une année sabbatique, le vicaire général Erny Gillen a demandé à être relevé de ses fonctions qu’il occupait depuis 2011. Il sera remplacé par l’abbé Léo Wagner, 53 ans, mais il conserve néanmoins la ­présidence du conseil d’administration du groupe Saint-Paul (lire aussi l’article page 44). On connaît désormais les acteurs directement impliqués dans la maîtrise d’œuvre générale de l’infrastructure du tramway de

Luxembourg : le projet a été confié à une association momentanée composée de quatre sociétés luxembourgeoises (Paul WurthGeprolux, Luxplan, Beng architectes et associés et Felgen et associés Engineering) et deux entreprises françaises (Egis, le mandataire du groupement, et Atelier Villes et Paysages). Le contrat, qui porte sur un montant d’un peu moins de 20 millions d’euros, court jusqu’en 2021/2022. Le terrassement et le gros œuvre sont attendus pour juillet 2015 et les premières rames en février 2017.

Dans son dernier Bulletin 2014-4 publié – avec retard – début février, la Banque centrale revoit à la hausse les projections de croissance évoquées en juin 2014 : la BCL vise ainsi une fourchette entre 2,8 et 3,4 % de hausse du PIB, contre 2,7 % à la fin du premier semestre 2014. « Cette révision à la hausse est principalement le résultat du dynamisme observé au premier semestre de ­l’année 2014  », indique le document. La ministre DP du Logement Maggy Nagel a présenté le deuxième bilan du Pacte logement,


« Le Luxembourg n’a rien à cacher. »

La ministre DP du Logement, Maggy Nagel.

ce programme destiné à augmenter le nombre de logements au Grand-Duché. Les chiffres présentés aux députés membres de la commission du logement indiquent que sur les 98 communes signataires, une grande majorité d’entre elles parviendront à dépasser les objectifs de croissance fixés à 1,5 % de logements supplémentaires chaque année. Des résultats satisfaisants, alors que le Pacte logement a d’ores et déjà coûté 251 millions d’euros depuis 2008. En 2014, le marché pétrolier a régressé pour la deuxième fois consécutive. Les ventes de carburants routiers (essence et diesel) ont baissé de 3,3 % par rapport à 2013. Le volume de mazout (chauffage, industriel et agricole) a quant à lui chuté de 12 %. Seules les ventes de carburéacteur ont connu une évolution positive en 2014 (+8,5 %, lire l’article page 82) Plus de 300 étudiants et diplômés d’HEC ont participé aux différents rendez-vous organisés par HEC

L’eurodéputé luxembourgeois Frank Engel, qui fait partie de la commission spéciale constituée suite à l’affaire LuxLeaks, rappelle que si la pratique des rulings est très contestée, elle n’en reste pas moins légale.

finance. Mais ne vous fiez pas aux clichés. Apprenez plutôt à nous connaître. Venez nous rendre une petite visite. Les chemins sont courts au Luxembourg. » La forte chute des produits pétroliers au cours des derniers mois aura pour conséquence de maintenir des taux d’inflation bas pour les deux années à venir : à peine 0,3 % sur l’ensemble de l’année 2015 et 1,1 % en 2016. Sans retournement des prix de l’or noir, l’indexation des salaires ne devrait pas se faire avant la mi-2016. L’État luxembourgeois et la Société européenne des satellites (SES) sont désormais partenaires dans la joint-venture LuxGovSat, qui a officiellement passé commande d’un satellite dédié aux communications militaires et gouvernementales au constructeur américain Orbital ATK. Les deux partenaires ont contribué chacun à hauteur de 50 millions d’euros pour couvrir les besoins financiers de LuxGovSat. Le complément de 125 millions sera couvert par un emprunt financier auprès

Plus de 300 étudiants et diplômés d’HEC sont allés à la rencontre du Luxembourg.

Alumni Luxembourg au sein même de la prestigieuse école de commerce parisienne, le 12 février. Avec un message vidéo de bienvenue de Xavier Bettel en personne : « Le Luxembourg est un pays en mutation. La France ne nous fait pas la meilleure publicité, notamment en ce qui concerne la

d’une banque luxembourgeoise. Le lancement du satellite est prévu en 2017. Un marché gazier belgo-luxembourgeois unique et intégré verra le jour à partir du mois d’octobre, avec l’un ou l’autre avantage tant

pour les fournisseurs que pour les consommateurs grand-ducaux. Une consultation publique en ligne de ce futur marché est proposée par l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR). Les règles d’équilibre de ce marché seront gérées par une nouvelle entité qui sera créée par Creos Luxembourg et Fluxys Belgium, qui conserveront néanmoins leur propre identité et structure organisationnelle et qui continueront à assurer la gestion de leurs réseaux respectifs. Les Français, dont bon nombre de Lorrains, se sont octroyé plus de la moitié des 4.409 emplois frontaliers qui ont été créés en 2014 au Luxembourg, souligne une note de conjoncture du Conseil économique, social et environnemental de Lorraine (Cesel) parue à la mi-février. En poste depuis 1992, Daniel Andrich a quitté fin janvier la direction du Service central de la législation, qui est probablement l’une des administrations les plus archaïques du service public au Luxembourg, alors qu’elle devrait être à la pointe de l’innovation technologique. Le fonctionnaire apparenté CSV est en « congé de maladie pour des raisons sérieuses », fait-on savoir au ministère d’État, précisant qu’il n’y a pas eu de limogeage. La Cour de justice de l’Union européenne a rendu un arrêt indiquant que le GrandDuché a manqué à son obligation de prévenir une utilisation abusive des contrats de travail à durée déterminée pour les intermittents du spectacle. Alors que les demandes d’entreprises souhaitant bénéficier du chômage partiel avaient connu fin janvier leur niveau le plus bas depuis 2009, les chiffres repartent à la hausse : 15 entreprises (contre 13 un mois plus tôt) ont obtenu l’octroi des dispositions relatives

Économie & Politique Brèves

au chômage partiel dès le mois de mars. Ils seront ainsi 865 sur un total de 1.422 salariés à travailler à horaire réduit. Une étude du Liser (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research) a calculé que l’impact des constructions d’origine humaine atteint désormais 8 % du territoire, ce qui fait du Luxembourg un des pays d’Europe dont le territoire subit le plus l’impact de l’activité humaine. Un chiffre en progression constante qui présente une menace pour l’écosystème. Le taux de chômage est resté stable au Luxembourg en janvier. Avec 19.468 personnes inscrites, on observe même un recul de 97 unités par rapport à janvier 2014.

7 % C'est le taux de chômage fin janvier.

Pour tenter de couper l’herbe sous les pieds de la majorité, le président de la fraction CSV, Claude Wiseler, a sorti de son chapeau une proposition de loi modifiant la loi du 23 octobre 2008 sur la nationalité luxembourgeoise, estimant que sa proposition poursuit au final le même objectif que celui de la majorité gouvernementale qui va soumettre au référendum la question de la participation des nonLuxembourgeois aux élections législatives. Même objectif, mais moyens ­différents, pour « parfaire l’intégration des résidents étrangers ». Devant ses pairs, le député LSAP Franz Fayot a estimé que le CSV faisait preuve de mauvaise foi et de malhonnêteté dans ce débat, rejetant le lien entre droit de vote des résidents (y compris les étrangers) et la nationalité. Le comité économique et social de la Grande Région, sous présidence belge avant de passer le relais au Luxembourg, entend

― Mars 2015 ― 037


Économie & Politique Brèves

C’est la proportion des emplois liés au tourisme (19.700) dans l’emploi national total au Luxembourg en 2013, selon des chiffres communiqués par le ministre de l’Économie, Étienne Schneider. La contribution au PIB a été estimée à 6,5 %.

donner de la visibilité aux idées qui marchent. Le président Philippe Ledent évoque une vraie politique industrielle pour la Grande Région. Et une silver economy face au vieillissement de la population (lire aussi l’article page 59).

Après quatre ans de travaux et un budget de 7,9 millions d’euros, le Musée national d’Histoire et d’Art va rouvrir, le 19 mars, l’Aile Wiltheim totalement restaurée, offrant ainsi de nouvelles surfaces d’expositions dans un cadre historique.

Les résultats du dernier sondage Eurobaromètre piloté par la Commission européenne montrent un net pessimisme de la part des Luxembourgeois sur les questions de l’emploi : 56 % des sondés (contre 46 % dans l’ensemble de l’UE) estiment ainsi que le pire reste à venir.

Le ministère de l’Économie a accordé une dérogation aux commerçants de la Ville-Haute et du quartier de la gare pour qu’ils puissent ouvrir leurs portes chaque dimanche jusque 19 heures, au lieu de 13 heures. Seuls les 1er mai et 25 décembre ne pourront pas être travaillés. Une décision prise « afin d’augmenter encore plus l’attractivité touristique ainsi que l’animation de la capitale, et en particulier en raison des nombreux visiteurs attendus dans le cadre de la présidence du Conseil de l’Union européenne au second semestre de l’année », a expliqué la secrétaire d’État Francine Closener.

L’ambassadeur des États-Unis au Luxembourg, Robert Mandell, a terminé, fin février, son mandat entamé en octobre 2011. « Le Luxem­bourg représente la combinaison parfaite entre la tradition et la modernité, a-t-il expliqué à Paperjam. lu. En pensant au château de Vianden et aux nouvelles installations de KPMG que j’ai découverts lors de l’inauguration officielle, je me demande parfois si nous sommes dans le même pays. » Pour la première fois dans l’histoire du pays, une femme va accéder aux plus hautes fonctions de la magistrature nationale en la personne de Martine Solovieff. Elle vient d’être désignée pour succéder, le 1er août prochain, au retraité Robert Biever. Mme Solovieff dispose d’une longue expérience du Parquet où elle est active depuis 29 ans. Elle en était jusqu’à présent Premier avocat général. Les travaux du futur campus des écoles francophones à Gasperich ont débuté fin février, avec une opération de terrassement qui se déroulera en deux temps. L’objectif d’accueillir les élèves à la rentrée 2017 dans les 45.000 m2 de l’établissement est maintenu.

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― Avril 2015

Le fisc français soupçonne l’actrice Monica Bellucci d’avoir dissimulé « des faits, transactions, revenus, produits et autres éléments » en France et s’intéresse à une société civile immobilière luxembourgeoise, dont elle était bénéficiaire économique jusqu’en 2012 avec son ancien compagnon, l’acteur Vincent Cassel. L’Administration des contributions directes a dit oui à l’échange d’informations, mais le tribunal administratif a émis des restrictions à la levée du secret bancaire. Selon le classement Office Space Across the World établi par le ­cabinet Cushman & Wakefield, le Luxembourg se place en 14e position des villes « les plus chères au monde » pour ce qui est du marché de l’immobilier de bureaux, avec des coûts d’occupation moyens annuels de 752 euros par mètre carré. La capitale pointe au 4e rang des villes européennes, derrière Londres (leader mondial toute catégories confondues, avec 2.344 euros par mètre

carré par an dans le quartier de West End), Moscou et Paris. La qualité de vie à Luxembourgville reste parmi les plus élevées au monde, selon le classement Quality of living 2015 menée par le cabinet Mercer, qui établit le classement des villes les plus plaisantes de la planète. La ville occupe la 19e place d’un classement dominé par Vienne, Zurich et Auckland. La capitale devance Bruxelles (22e), Paris (27e) ou encore Londres (40e). De -4 en janvier à +1 en février : l’indice de confiance des con­ sommateurs publié par la Banque centrale du Luxembourg a fait un bond remarquable en février, passant de -4 (son niveau en janvier) à +1. C’est la première fois depuis juin 2014 que cet indice affiche une valeur positive. Tous les indicateurs de la BCL se sont améliorés au cours du mois de février, en particulier celui relatif aux anticipations des ménages relatives à la situation économique générale au Luxembourg. La confiance des résidents connaît également un regain aussi bien en matière de chômage que vis-à-vis de leur situation financière dans les semaines à venir. Pascal Hansen, membre du LSAP, actif au sein de la section locale du parti à Differdange, a jeté un pavé dans la mare via une pétition lancée contre le droit de vote des étrangers, proposant plutôt de demander aux Luxem­bourgeois s’il ne vaudrait pas mieux abandonner l’idée de souveraineté et d’indépendance, « car visiblement nous n’en sommes pas capables ». Une position qui embarrasse la direction du parti socialiste. « Cela me gêne beaucoup », indique à Paperjam.lu Claude Haagen, le président du LSAP, soulignant qu’il ne pouvait cependant pas exclure M. Hansen ni des rangs du LSAP ni de ceux de la section locale dans laquelle il milite.

L’indice de production industrielle européen publié par Eurostat fait état, sur un an, d’une diminution de 0,2 % dans la zone euro, mais d'une progression de 0,3 % dans l’UE28. Les données de décembre ne sont pas disponibles pour le Luxembourg, mais les chiffres des quatre mois précédents font état d’augmentations annuelles de l’ordre de 3 à 4 %. La Cour de justice de l’UE a jugé, début mars, que le Luxembourg ne pouvait pas appliquer un taux de TVA réduit de 3 % aux livres numériques, comme il le fait déjà pour les livres « conventionnels ». La France, qui charge aussi un taux réduit de 5,5 %, est également visée. Selon les juges, ce taux réduit n’est valable que pour la « fourniture de livres, sur tout support physique », ce qui n’est pas le cas des e-books. Le ministre LSAP des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a levé le voile sur une partie du fonctionnement de la présidence du Conseil de l’UE que le GrandDuché assurera entre juillet et décembre prochains. Il en coûtera à l’État 71 millions d’euros dans le budget 2015, dont 61,5 millions sont directement gérés par le ministère des Affaires étrangères et européennes. Le reste est destiné à la police et à l’administration des Bâtiments publics, des fonds destinés à assurer la sécurité et à l’accueil des représentants européens au Luxembourg. Au total, sur la période 2014-2016, le coût global de la présidence est estimé à 93 millions d’euros.

Le ministre LSAP des Affaires étrangères Jean Asselborn.


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Économie & Politique Spoliation de biens

01 Lumière sur

la collaboration ◄ La ganterie Reinhard, au Grund, fut « aryanisée » et sa production réorientée vers la fabrication de masques à gaz.

PHOTOS : PHOTOTHÈQUE VDL / J. SCHMITZ - MINISTÈRE D'ÉTAT

Dans son rapport présenté au Premier ministre, Vincent Artuso explique comment des entreprises dirigées par une famille juive ont été détournées au profit des pro-nazis. ▼

► L’historien Vincent Artuso a rédigé un rapport sur la collaboration de l’admi­nistration luxembourgeoise avec l’occupant allemand en 1940. ► L’auteur évoque une « lourde respon­ sabilité » et du zèle dans l’application de la politique antisémite. ► 75 ans après s’éclaire le rôle des experts-comptables, notaires ou banquiers. ― Texte : Véronique Poujol

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― Avril 2015

Après l’aveu tardif, la question des excuses se pose désormais ainsi que celle de l’érection d’un monument à la mémoire des victimes de la Shoah, qui fait toujours défaut au Luxembourg. Un tel monument faisait partie des recommandations du rapport rédigé en 2009 à l’intention du précédent Premier ministre, Jean-Claude Juncker, consacré à la spoliation des biens des juifs pendant l’occupation allemande entre 1940 et 1944. Le gouvernement n’y avait pas donné suite et le rapport, qui n’avait fait que survoler le volet de la collaboration de l’administration luxembourgeoise avec les nazis, était plus ou moins tombé dans l’oubli. Dans l’intervalle, le gouvernement a changé, les générations au pouvoir aussi, plus décomplexées que leurs prédécesseurs par rapport à ce qu’ont pu faire les grands-parents ou arrièregrands-parents. Le Premier ministre, Xavier Bettel, ne voit pas d’obstacles à ce que le gouvernement reconnaisse, 75 ans après les faits, la responsabilité de l’État pour la collaboration avec l’occupant nazi et les persécutions antisémites. Il entend toutefois préserver certaines sensibilités. La prochaine étape qui est attendue par la communauté juive, moins évidente, est que le Premier

Bilan

35 % de morts Plus de 3.000 juifs ont quitté le Luxembourg entre le 10 mai 1940 et le 15 octobre 1941, veille du premier convoi de déportation en Europe orientale. Avec les fuites, l’émigration forcée et les déportations, le nombre de juifs était passé de 3.900 en mai 1940 à seulement 70 en septembre 1944. 35 % de la population juive du Grand-Duché en 1940 est morte. 1.600 personnes ont survécu à la guerre. Le sort de 912 personnes est toujours incertain. V. P. ◄


Économie & Politique Spoliation de biens ministre lui présente ses excuses officielles, comme l’a fait en septembre 2012 le chef du gouvernement belge, Elio di Rupo. Auparavant, un débat devrait intervenir à la Chambre des députés. Le rapport du jeune historien Vincent Artuso, remis le 9 février dernier à Xavier Bettel, ne laisse plus aucun doute, s’il y en avait encore, sur le zèle que les administrations luxembourgeoises ont mis sous l’occupation à appliquer la politique du Reich de persécution des juifs. Des administrations, écrit l’historien luxembourgeois, qui ne furent pas forcées d’y participer sous la menace. « Elles y collaborèrent, selon lui, tant qu’elles y furent invi­ tées par l’occupant et s’acquittèrent bien souvent de leur mission avec diligence, voire avec zèle – certains chefs d’administration n’hésitant pas à prendre des initiatives. » Vincent Artuso met en exergue le rôle et la « lourde responsabilité » de la Commission administrative (CdZ) qui, après l’exil du gouvernement et de la famille grand-ducale ayant rejoint les Alliés en mai 1940, ne se considérait pas comme « le représentant » de ce dernier mais comme son « successeur ». Son analyse tranche singulièrement avec le rapport consensuel qui avait été rédigé en 2009 par une commission spéciale sous la présidence de l’historien Paul Dostert, directeur du Centre de documentation et de recherche sur la résistance. Ce groupe avait fait une lecture indulgente des collaborateurs et autres profiteurs de guerre. Aucun nom n’était apparu, sauf ceux des hauts fonctionnaires de la Commission administrative et certains contrôleurs ayant eu à appliquer les ordonnances antisémites légitimant le dépouillement des juifs. Soutenue par les élites du pays, la Commission administrative fut impuissante à préserver la sou­ veraineté du Grand-Duché dans une Europe sous domination allemande contre le pouvoir de l’administrateur allemand, le Gauleiter du « Gau » de Coblence et Trèves, Gustav Simon, qui n’avait pas de compte à rendre à Hitler, mais uniquement à lui-même. « La Commission administrative qui s’était voulue gouvernement d’un Luxembourg entrant dans une nouvelle phase de son histoire, qui avait défini une stratégie pour réaliser la transi­ tion, qui s’était enfin opposée au Gauleiter, ne pro­ testa pas plus contre les ordonnances antisémites que contre celles qui supprimèrent les partis poli­ tiques ou le Conseil d’État. »

DES EXPERTS-COMPTABLES TRÈS PRO-NAZIS La Commission administrative anticipa la politique antijuive qui fut ensuite initiée par le Gauleiter. Les fonctionnaires adhérèrent massivement à la Volsdeutsche Bewegung (VdB), sans doute dans l’espoir de pouvoir sauvegar­der « certaines aspira­ tions autonomistes au sein du Grand Reich », note Artuso. Il parle d’une « acceptation pure et simple » d’une victoire allemande, à la fois par peur des représailles, par résignation, mais aussi par pur opportunisme, en se plaçant du côté des vainqueurs, que d’aucuns voyaient pour longtemps encore au pouvoir. Ceux qui succombèrent les premiers à la politique nazie antisémite furent les instituteurs de

Ordonnances antisémites

Les couvertures juridiques des spoliations

Entre le 5 septembre 1940 et le 4 avril 1942, il y a eu huit ordonnances décrétées concernant les biens juifs qui ont permis une spoliation revêtant une apparence légale. La valeur des biens spoliés a été évaluée, selon le rapport de juin 2009, à 29 millions de reichsmark (biens des juifs, des émigrés et de la famille grandducale). En août 1944 au départ de l’administration civile allemande du Luxembourg, le gros des dossiers des biens spoliés juifs aurait été détruit sur ordre du Gauinspekteur Josef Ackermann. L’ordonnance du 5 septembre 1940 sur la fortune juive a servi de première « couverture juridique » à la spoliation des biens juifs. Chaque juif résidant au Luxembourg fut tenu de remettre une déclaration de fortune. Le 1er octobre 1940, la CdZ étend son contrôle sur l’argent liquide des juifs forcés à verser leurs réserves en liquide sur un compte bloqué. La Bil, la Banque générale, la Société de Banque générale d’Alsace, le Crédit industriel d’Alsace et de Lorraine et la BCEE sont les seuls établissements habilités à gérer ces comptes bloqués. Une nouvelle ordonnance du 7 février 1941 va placer sous la tutelle du CdZ tous les biens de juifs et se réserver le droit de confiscation et d’utilisation. V. P. ◄

l’enseignement primaire. Ce n’est pas par hasard qu’une liste de 280 enfants juifs scolarisés fut dressée à la demande d’un certain Louis Simmer, conseiller de gouvernement, membre de la fameuse Commission administrative et respon­ sable du département de l’Instruction publique. Le Collège des contrôleurs, fondé en juin 1940 et composé d’experts-comptables, ne fut pas en reste non plus : il fut chargé de contrôler le travail des commissaires gérant les entreprises abandonnées lors de l’annexion du Luxembourg, la plupart par les juifs, et d’« aryaniser » l’économie luxembourgeoise. « L’administration luxembourgeoise, détaille le rapport de l’historien, collabora à la politique des persécutions antisémites de l’administration civile allemande dans trois domaines : l’identification des personnes comme appartenant à la race juive selon les critères allemands ; leur expulsion de la fonction publique, des professions libérales et des écoles ; la spoliation de leurs biens. » Le rapport Artuso fait une brève incursion dans la participation luxembourgeoise à ce pillage des biens dits juifs, avec la complicité des notai­res et des experts-comptables. L’historien cite une note qu’un contrôleur, Valérien Conter, adresse en août 1940 au président du Collège des commissaires, Léon Wampach, pour réclamer l’exclusion des membres de la famille Wolff-Lévy de leur magasin À la Bourse. Il interdit au couple WolffLévy de prélever 35.000 Flux pour organiser son émi­gration. Il demanda aussi de faire main basse sur les magasins des Sœurs Hayum et de la famille Rosenstiel. La gestion des entreprises en souffrance s’est faite par des commissaires « obligés » de dresser des inventaires et de fournir à la Commission administrative des états mensuels détaillés sur la situation des entreprises et des biens gérés. Très « pronazi », selon Artuso, Léon Wampach présidait le Collège des contrôleurs (jusqu’en septembre 1940), composé de huit experts-comptables (Léon Wampach, Valérien Conter, Gaston Cravatte, Max Grossmann, Jean-Jacques Lentz, Jean Sorel, Alois Scherer, Mathias Putz). En septembre 1940, Wampach, Conter, Grossmann et Scherer fondèrent la Revisionund Treuhandgesellschaft Luxemburg (RuT), société privée chargée de la révision d’entreprise et qui reprend en partie la fonction du Collège des contrôleurs (à la différence qu’elle fut au service de l’occupant nazi). Selon le rapport de 2009, la RuT a procédé à la liquidation d’au moins 62 entreprises juives. Après la guerre, Wampach, qui se retrouve en charge de l’Office des dommages de guerre, a remis 40 dossiers du Service de contrôle des entreprises abandonnées à Léon Schaus, con­ seiller de gouvernement, et recommanda Conter et Scherer, ses anciens associés de la RuT, pour les opérations de contrôle auprès de l’Office des séquestres. Un quart des notaires (10 sur les 40 répertoriés dans le pays) rédigea des actes d’hypothèque ou de vente des biens immobiliers dits « juifs » ou « émigrés », ce qui représentait plus de 60 % des transferts de propriété pour ce genre de biens, raconte l’historien. Ces mêmes notaires

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Économie & Politique Spoliation de biens rédigèrent les actes de vente des entreprises « aryanisées ». « Les notaires luxembourgeois ont prêté main forte aux Allemands, écrit-il, parce qu’ils étaient convaincus, du moins durant les premières années de l’occupation, que ceux-ci allaient gagner la guerre. » Le 12 décembre 1940 fut créée une section de la CdZ, la Verwaltung des jüdischen und sonstigen Vermögens (Abt. IV A), dirigée par un proche du Gauleiter Simon, et comprenant une douzaine de fonctionnaires allemands et une soixantaine d’employés luxembourgeois. « Il faut estimer à une centaine le nombre de gérants, de notaires et d’experts-comptables ayant succombé au goût du lucre en collabo­rant avec l’Abteilung IV A », signalait le rapport Dostert en 2009. L’historien nuançait toutefois « le bilan de la colla­boration des Luxembourgeois par le fait qu’un seul d’entre eux, en l’occurrence Joseph ReuterReding, détenait pendant une courte période seule­ ment un poste dirigeant au sein de l’Abteilung IV A ». Les autres employés, en majorité des femmes, ne se retrouvaient qu’à des postes subalternes comme des dactylos et des standardistes, préci­sait le rapport. Vincent Artuso signale pour sa part que la politique de persécutions antisémites ne souleva pas d’opposition. En tout cas, il n’a pas trouvé trace de protestation. Et pas le moindre indice de résistance chez « aucun bourgmestre, fonctionnaire ou employé de l’État » ni de questionnement sur la légitimité des lois antisémites, que corps enseignant, chefs d’administration, fonctionnaires du ministère de la Justice, notaires et experts-comptables appliquèrent pour beaucoup « de la manière la plus consciencieuse », signalant les cas douteux plutôt que de les taire.

◄ Fin janvier dernier, le Grand-Duc Henri participait aux cérémonies commé­ moratives à Slonsk (Pologne). En 1945, 819 prisonniers, dont 91 jeunes Luxembourgeois enrôlés de force, furent massacrés par un détachement SS dans les geôles de Sonnenburg.

► À la fin de la guerre – ici la libération de Wiltz par les forces alliées –, le Grand-Duché a mis du temps avant de se relever. Il a fallu de nombreuses années encore pour que le rôle de l’administration durant l’occupation soit vraiment établi.

Cet antisémitisme n’avait d’ailleurs pas attendu l’annexion allemande pour gangrener le Luxembourg dès la fin des années 1930. En 1935, la police locale étatisée, souligne le rapport, commença à recenser les juifs étrangers qui fuyaient l’Allemagne. Le ministère du Travail avait transmis des instructions pour interdire la délivrance d’autorisations d’embauche aux « étrangers de nationalité allemande, respectivement sans nationalité, de race non aryenne ». Le Luxembourg, ajoute l’historien, accepta aussi d’appliquer la 3e loi de Nuremberg interdi­ sant aux ressortissants allemands d’épouser des juifs. Et d’écrire que « la légitimité des critères raciaux nazis était donc admise à la veille de la guerre ». Mais la nouveauté à partir d’août 1940 sera que les pratiques qui ne s’appliquaient jusqu’alors qu’aux juifs étrangers frappèrent aussi les juifs luxembourgeois, « qui se virent détachés du reste de leurs concitoyens dans une logique de purification ethnique ». ◄ En résumé Le jeune historien de l’Université du Luxembourg, Vincent Artuso, revisite le rôle de la Commission administrative et sa participation à la politique antisémite de l’occupant allemand dans un rapport remis début février au Premier ministre. Certains Luxembourgeois ont mis du zèle dans l’application de la politique antisémite, assure l’historien en évoquant une « lourde responsabilité », 75 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

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◄ Hollerich fut l’un des principaux lieux de rassemblement des jeunes enrôlés de force dans la Wehrmacht, ainsi que de milliers de Luxembourgeois déportés. Près de la gare de marchandises, les Allemands embarquèrent une partie des juifs du Luxembourg en direction des ghettos et des camps de la mort. Aujourd’hui, l’ancienne gare de Hollerich est un lieu de mémoire, notamment sur la déportation.

► Le musée d’Esch-sur-Alzette retrace l’histoire du Luxembourg de 1940 à 1945. Il aborde la résistance, la répression nazie et le système concentrationnaire, ainsi que le sort des juifs du pays.

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Économie & Politique Église catholique

02 Tous les chemins… ► La démission d’Erny Gillen de son poste de vicaire général était attendue, mais pas aussi vite. ► Le président du conseil d’administration du Wort trace sa route pour se faire une place au Vatican et, qui sait, revenir par la grande porte au Luxembourg.

Il aurait pour lui-même des ambitions plus élevées. Or, le poste de vicaire général a rarement été au Grand-Duché un tremplin idéal pour gravir les étages supérieurs dans la hiérarchie ecclésiastique. Trois semaines après la signature de la nouvelle convention entre le gouvernement et les communautés religieuses, dont il fut un des maîtres d’œuvre, Erny Gillen a lâché ce mandat pour des « raisons personnelles » sur lesquelles il n’a pas souhaité s’étendre. Il conserve le poste stratégique de président du conseil d’administration du groupe d’édition SaintPaul. Il garde aussi les commandes de la société Lafayette, qui gère le fabuleux patrimoine immobilier de l’archevêché. En soi, ce départ était pressenti, afin d'avoir les mains libres pour préparer la candidature à la présidence de l’organisation Caritas International, Erny Gillen ayant déjà celle de la branche européenne. Mais personne ne l’attendait au moment où la page de la séparation à l’amiable entre l’Église et l’État, qui revoit à la baisse son intervention financière, n’est pas encore tournée et que la grogne a gagné les rangs des fabriques d’église et de son syndicat, peu impliqué dans le processus ayant mené à l’accord. Dans les négociations avec le gouvernement, Erny Gillen est apparu en leader de l’Église. Sa position de numéro 9 dans le Top 100 des décideurs économiques de Paperjam a confirmé celui qui fut à l’origine un professeur d’éthique dans le rôle du dirigeant hors pair. Homme de

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dialogue, stratège de l’Église, manager ayant redressé les finances d’un groupe de presse en mauvaise posture : l’aura dont il se pare volontiers contraste avec le personnage dépeint par ses adversaires. Ils le voient opportuniste, à la fois fragile et manipulateur, obsédé par son image de marque et par celle qu’il laissera peut-être dans les livres d’histoire luxembourgeois. On dit le prélat isolé dans son propre camp, alors que le Wort, « son » journal, montre de plus en plus d’indépendance rédactionnelle par rapport à la ligne tracée par l’actionnaire et qui déplairait à Monseigneur JeanClaude Hollerich. Pour autant, les dirigeants et administrateurs qu’il a mis en place au printemps 2013, après le limogeage surréaliste du directeur général Paul Lenert, donnent l’apparence d’une équipe soudée derrière lui. Erny Gillen est aussi l’ami des banquiers. L’ancien « patron » de la Bil – et administrateur dans le groupe Saint-Paul – Frank Wagener compte parmi ses proches. Le banquier aurait d’ailleurs largement inspiré le recrutement en janvier dernier du frère de sa compagne, Marc Wagener, ancien de chez Landewyck, comme économe et directeur général du pôle immobilier de l’archevêché. Le stratège d’Église et d’entreprise s’est aussi forgé quelques solides inimitiés au GrandDuché. Ses relations avec son prédécesseur Mathias Schiltz, oncle de l’ancien ministre des Communications, Jean-Louis

PHOTO : MIKE ZENARI (ARCHIVES)

― Texte : Véronique Poujol

▲ Erny Gillen vise la présidence de Caritas International.

Schiltz, reconverti dans le privé mais toujours influent au CSV (Gillen l’a fait rentrer comme administrateur de Lafayette), seraient exécrables. Ses méthodes sans détour et les intrigues nouées dans les coulisses du groupe Saint-Paul – qui lui ont permis d’écarter Paul Lenert de la direction générale du Wort, de limoger le directeur financier Paul Meyers avant de le réintégrer, avant de placer puis de limoger dans la nouvelle équipe une personnalité controversée, Martina Violetta Jung, chargée d’analyser le potentiel du Wort – font également désordre dans le parcours de l’ambitieux Monsieur Gillen. Toutefois, Erny Gillen a aussi beaucoup d’amis influents à Rome, dont le très en vue

cardinal hondurien Oscar Rodriguez Maradiaga, qui a tenu récemment des propos controversés sur le lobby gay à l’Onu. Présenté comme le « pape bis », proche du Pape François qui l’a appelé à la réforme de la curie romaine, le cardinal Maradiaga est aussi le président de Caritas International. Son mandat s’achève en mai prochain et Erny Gillen, qui est l’un de ses proches, vise donc sa succession. C’est « Rome qui appelle », ont commenté les médias luxembourgeois en faisant état des ambitions de l’ancien vicaire. Mais il n’est pas interdit de croire qu’une fois son réseau consolidé au Vatican, Gillen pourrait viser une place au top de l’archevêché au Luxembourg. ◄ En résumé Leader de l’Église catholique, un des artisans de la nouvelle convention entre le gouvernement et les communautés religieuses, Erny Gillen a démissionné de son poste de vicaire général pour avoir les mains libres et préparer son ascension au Vatican. Sa première étape devrait le conduire à la présidence du conseil d’administration de Caritas International. Un tremplin pour revenir au Luxembourg par la grande porte ?


Économie & Politique Partis politiques en mutation

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PHOTO : CSV NORD

Rôles de recomposition

► Depuis le changement de majorité, les partis politiques ont eu le temps de s’adapter à leur nouveau rôle au sein de la coalition gouvernementale ou dans l’opposition. ► Ils doivent aussi composer en interne avec une nouvelle dynamique, au nom du réalisme pour les uns ou d’un besoin de renouveau pour les autres. ― Texte : Laurent Moyse

Les élections d’octobre 2013 avaient bouleversé le paysage politique de manière inédite : le CSV passait dans l’opposition pour la deuxième fois seulement depuis la Seconde Guerre mondiale, les Verts entraient pour la première fois au gouvernement, et une coalition tripartite prenait les rênes du pouvoir. Il a fallu quelque temps à la majorité et à l’opposition pour bien caler leurs rôles respectifs, qu’ils assument à présent avec l’assurance d’élus aux convictions affirmées. À l’intérieur des partis se dessine cependant une évolution qui pourrait avoir une incidence sur les futurs scrutins. Une nouvelle génération de responsables politiques émerge sur l’échiquier et tente de donner un profil plus moderne aux partis traditionnellement représentés au Parlement. Rejeté sans ménagement dans l’opposition, le CSV a tourné la page Juncker, l’ancien Premier ministre ayant dominé la politique luxembourgeoise de la tête et des épaules pendant deux décennies avant d’être rattrapé par l’usure du pouvoir. Le tandem Marc Spautz – Claude Wiseler a hérité d’une situation difficile qui ressemble fort à une période de transition. Le parti traverse en effet une phase d’introspection, lancée publiquement début janvier avec la présentation d’une

▲ Le CSV, sans doute plus que d’autres, doit se recomposer. Entre jeune garde, gardiens du temple et militants tradi­tionnels, il faut réussir l’amalgame.

analyse qu’ont entreprise l’avocat Marc Thewes et le conseiller en communication Marc Glesener. Les conclusions de ce processus sont attendues pour le prochain congrès national, fixé au 28 mars. Cette analyse répond à une insatisfaction croissante dans les rangs du plus grand parti politique, que la mise à l’écart du pouvoir n’a fait qu’exacerber. Depuis un an, de jeunes cadres poussent les dirigeants dans leur retranchement, profitant de la cure d’opposition pour lancer un débat sur le renouveau du CSV. Parmi les meneurs de cette « fronde » figurent le député Serge Wilmes et deux autres anciens présidents de la Jeunesse chrétienne-sociale, Charel Schmit et Pierre Lorang.

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Économie & Politique Partis politiques en mutation Ce procédé est assez inhabituel au sein d’un mouvement ayant tendance à trancher ses différends sur un ton feutré et à l’abri des regards. Il reflète un sentiment croissant, parmi ses membres, qu’il est nécessaire de régénérer le parti et que le moment est propice pour aller de l’avant. Le CSJ (les jeunes chrétiens-sociaux) est d’ailleurs un facteur non négligeable dans ce processus de réflexion, n’hésitant pas à ramer à contrecourant de ses aînés en se prononçant en faveur du vote des étrangers aux élections législatives. Il sera intéressant de voir jusqu’à quel point ils parviendront à peser sur le débat interne, sachant que d’autres étoiles montantes – comme Laurent Zeimet, secrétaire général et bourgmestre de Bettembourg – se tiennent en embuscade.

REMISE EN CAUSE Au LSAP, les membres ont en général moins de scrupules à porter la contestation interne sur la place publique. On se souvient de la position critique qu’adoptaient Dan Kersch et Vera Spautz avant que les deux n’accèdent à de plus hautes responsabilités, le premier en tant que ministre et la seconde en tant que bourgmestre d’Esch-sur-Alzette. Quelques membres issus des Jeunesses socialistes ( JSL) semblent à présent leur emboîter le pas, comme la syndicaliste Taina Bofferding dans le Sud ou l’avocat Franz Fayot et l’historien Régis Moes dans le Centre. Un sentiment ambivalent traverse le parti socialiste : d’un côté, la satisfaction d’avoir bouté l’encombrant partenaire chrétien-social hors du gouvernement et de s’être maintenu au pouvoir en s’alliant à deux autres formations ; de l’autre côté, la déception qu’a provoquée la débâcle aux élections européennes. Cette gifle fait suite au résultat déjà peu reluisant aux dernières élections législatives que la participation au gouvernement avait su quelque peu adoucir. En s’accrochant au pouvoir, le LSAP a ainsi mis au rancart la sourde rivalité entre Étienne Schneider et Jean Asselborn et permis aux autres caciques de faire bonne figure malgré le surplace enregistré depuis plusieurs années. Dans ce contexte, une étude de la fondation Robert Krieps a lancé une réflexion sur l’avenir du parti et ses conclusions n’épar­gnent pas de critiques l’orientation actuelle du LSAP. Les auteurs de ce rapport sont, outre l’expérimenté Ben Fayot, de jeunes juristes ambitieux qui ont pour nom Franz Fayot, Marc Limpach et Christophe Schiltz. Dans leur analyse, ils n’hésitent pas à égratigner le bilan de la participation socialiste au gouvernement, estimant entre autres que les ministères au cœur de l’action politique de l’État luxembourgeois avaient échappé au LSAP. Une critique qui passe mal dans les cercles dirigeants du parti, lequel s’était doté l’an dernier d’un nouveau président en la personne de Claude Haagen (qui a succédé à Alex Bodry) et compte avec Yves Cruchten un secrétaire général lui aussi ambitieux.

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Ces états d’âme n’affectent guère les deux autres partis au pouvoir. Du côté du parti Déi Gréng, la stagnation enregistrée aux dernières élections est largement compensée par l’accession de ses figures emblématiques à des postes de ministre ou de secrétaire d’État. Le temps où les écologistes voulaient se démarquer des formations politiques traditionnelles est révolu : les François Bausch et consorts ont introduit une bonne dose de réalisme dans leur politique actuelle, allant jusqu’à s’écarter de l’un ou l’autre principe qu’ils scandaient tout au début de la vague verte, il y a une trentaine d’années. C’était le prix à payer pour rejoindre les partis établis et aspirer à des responsabilités dans les allées du pouvoir, tant sur le plan local qu’au niveau national. Avides de reconnaissance, les « anciens » ne se sont pas privés de convoiter les postes à pourvoir au gouvernement et dans les conseils échevinaux, mandats pour lesquels ils s’étaient battus depuis si longtemps. Le renouvellement au sein du parti en a quelque peu pâti, même si de rares figures montantes – à l’instar de l’avocate Sam Tanson – se portent sur le devant de la scène.

Candidats

Recrutement externe

GRISÉS PAR LE POUVOIR Quant au DP, son rajeunissement a commencé il y a une dizaine d’années déjà. La déroute électorale en 2004 avait fortement secoué ce parti, qui a mis un certain temps pour trouver le bon équilibre entre anciens et plus jeunes membres. Claude Meisch et Xavier Bettel se sont hissés au sommet en écartant sans ménagement quelques routiniers de la politique libérale. L’harmonie interne s’en est ressentie, mais l’excellent résultat des élections législatives anticipées de 2013 a définitivement conforté l’ambition de cette nouvelle géné­ ration de responsables politiques. Pour les anciens dirigeants du DP, il ne restait plus qu’à quitter la scène politique nationale (à l’instar de Colette Flesch) ou à briguer d’autres postes sur la scène européenne (tels Henri Grethen ou Charles Goerens). Le rajeunissement a aussi touché le parti Déi Lénk, à la suite du départ d’André Hoffmann à la Chambre des députés. Bien que toujours actif dans les coulisses, ce dernier a quitté les rangs parlementaires à un moment où la gauche radicale a pris de l’essor, dans le contexte d’un mouvement de contestation qui touche la plupart des pays européens. Le rayon d’action de Déi Lénk reste cependant limité du fait de la radicalité de ses positions, un problème que connaît aussi l’ADR, dont les dissensions internes ont provoqué un recul de son influence politique. ◄ En résumé Le paysage politique s’est redessiné, rebattant les cartes et les logiques de pouvoir et d’opposition. Au sein des partis, les générations changent aussi. Et les stratégies s’installent ou se préparent à des mutations parfois profondes. Revue des troupes.

Les partis politiques luxembourgeois qui sollicitent le suffrage des électeurs sont régulièrement confrontés à un cassetête : trouver assez de candidats à la compétence reconnue pour faire bonne figure lors des élections. Si les talents ne manquent pas au Grand-Duché, tout le monde ne souhaite pas se retrouver du jour au lendemain sur le devant de la scène politique. Certains acceptent de sauter le pas : le DP a su convaincre Pierre Gramegna – qui n’était pas candidat sur une liste électorale – d’assumer un mandat ministériel. Alain Kinsch, qui avait déjà joué un rôle de conseiller des Libéraux lors des négociations post-électorales, a récemment intégré le Conseil d’État. Ce saut politique n’est toutefois pas toujours évident, comme l’illustre le cas de Christiane Wickler, patronne d’une entreprise familiale : s’étant engagée avec succès comme candidate sur la liste de Déi Gréng, elle a renoncé à son mandat de députée au bout de quelques mois. D’autres femmes du secteur privé sont montées en flèche lors des dernières élections. On songe notamment à Corinne Cahen, propulsée au gouvernement à la suite de son excellent score sur la liste du DP, de même que Carole Dieschbourg sur la liste de Déi Gréng ou Francine Closener sur celle du LSAP. Quelques candidats faisaient en outre partie du groupe de pression 5vir12, très actif pendant la campagne électorale et dont les acteurs plaidaient ardemment pour un renouveau politique. L. M. ◄


Nouvelle adresse à partir d’Avril 2015 N°8, avenue du Swing L-4367 Belvaux www.ketterthill.lu


Économie & Politique Journées de l’économie

PHOTO : DIGITAL WORLD / LICENCE CC

04 Débat pour une Uni 2.0

► Lors des Journées de l’économie, l’idée d’une « université du numérique » au Luxembourg a été lancée. ► Pour le spécialiste français Dominique Roux, l’Europe connaît une réelle carence par rapport aux nouveaux métiers liés à l’économie du numérique. ► Idée folle ou véritable piste à suivre ? Elle permet en tout cas d’entamer le débat. Paperjam l’a fait. ― Texte : Jean-Michel Lalieu ― Photos : Luc Deflorenne

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Quelles pistes suivre pour donner de la matière à la stratégie digitale que le Luxembourg a initiée pour s’assurer un futur ? Une des deux séances des Journées de l’économie, qui se sont tenues les 24 et 25 février derniers, s’est concentrée sur la question avec ses orateurs. Invité à la tribune, le Français Dominique Roux, professeur à l’Université Paris-Dauphine et directeur de la chaire d’économie numérique, a ainsi insisté sur le décalage entre la montée en puissance du numérique dans l’économie et le manque de moyens que les États se donnent pour former des gens suffisamment compétents pour assurer la relève qui se prépare. « Le poids du numérique dans l’économie est déjà impressionnant », martèle-t-il. Pour appuyer ses propos, il donne le résultat d’une étude française qui montre que, si on regroupe tous les secteurs déjà basés ou en voie de l’être sur les technologies numériques, on constate qu’ils représentent déjà 6 % du PIB mondial. « 3.500 milliards d’euros, ce n’est pas rien », observe le professeur de Paris-Dauphine. Que faire au Luxembourg pour s’intégrer dans ce vaste mouvement ? « Pourquoi ne pas créer ici une université du numérique ? », s’interroge-t-il à la tribune. Une piste qui, selon lui, aurait du sens dans un

▲ Le campus digital, l’université numérique, l’apprentissage 2.0. Peu importe son nom, tant que les objectifs vont vers la formation de talents pour demain.

pays positionné au cœur de l’Europe et qui peut revendiquer son multilinguisme pour attirer des étudiants d’horizons très divers. « En Europe, nous avons de bonnes écoles d’ingénieurs un peu partout qui forment des gens avec des compétences techniques, explique Dominique Roux. Mais pour entrer dans l’ère du numérique, il faut aller au-delà de ces compétences. » Selon lui, il serait intéressant que les États européens se dotent d’un lieu d’apprentissage où on pourrait inviter à enseigner les meilleurs spécialistes mondiaux du numérique et attirer ainsi les futurs talents. Pour appuyer ses propos, il insiste sur le manque de personnes compétentes dans ce domaine en Europe alors que les besoins deviennent évidents. « L’Union européenne a tiré la sonnette d’alarme, pointe-t-il. Elle a estimé qu’en 2015, donc cette année, il manquerait 700.000 postes dans l’économie numérique au sein de l’espace européen. Alors que nous sommes face à 5,5 millions de jeunes chômeurs européens. »


Économie & Politique Journées de l’économie Certains nouveaux métiers manquent ou feront vite défaut dans les entreprises pour assurer cette révolution du numérique. Il note au passage l’importance de nouvelles professions à l’ère du big data et de la toutepuissance des réseaux sociaux. Il faudra des chief data officers, responsables de la gestion des données, des data protection officers pour gérer la sécurité et la conformité des données dans l’entreprise, des community managers, soit des personnes chargées de veiller à la bonne réputation de leur société dans les réseaux sociaux, ou encore des data scientists, des spécialistes dans le traitement des données, à la fois mathématiciens, statisticiens et informaticiens capables d’exploiter le big data. « Ce sont eux qui font le plus cruel­ lement défaut, explique Dominique Roux. Selon une étude du consultant McKinsey, il va en manquer des dizaines de milliers. »

Serge Allegrezza, directeur de l’Observatoire de la compétitivité

Une chaire big data

Pour Serge Allegrezza, le professeur Roux a mis le doigt sur un des grands défis des années à venir : celui de la formation aux nouveaux métiers d’internet. « Ceux-ci requièrent des compétences très

pointues en mathématiques-statistiques et en informatique. Il faudra en effet former de nouveaux bataillons de statisticiens capables de s’attaquer au big data. Il faudra aussi de nouvelles combinaisons de compétences, comme celles de la vente et de la communication sur les réseaux sociaux. Bien plus, c’est un nouvel état d’esprit qu’il faut cultiver, le milieu internet étant hautement créatif, nomade, orienté projet, instable. L’histoire de la ‘nouvelle économie’, appellation tombée en désuétude avec l’éclatement de la bulle technologique au début du

millénaire, nous a rendu attentifs au fait que la réalité dépasse notre imagination, et prend des chemins détournés, inédits, imprévus. Il faut donc raison garder et se préparer à s’adapter. Je pense que l’Université du Luxembourg insiste à juste titre sur la recherche et le développement dans la sécurité informatique (SnT) et que nous avons accumulé suffisamment de compétences pour élargir l’offre. Je verrais bien une chaire big data et un laboratoire associé. Objectif : attirer les meilleurs chercheurs et étudiants d’Europe et du monde. » ◄

UN VIDE DE MATIÈRE GRISE D’après ses données, en France, les besoins dans ces compétences se font déjà sentir dans 57 % des entreprises. « Mais on ne donne pratiquement aucune formation à ces fonctions dans le monde universitaire… » Il déplore notamment que l’Europe ait un retard important par rapport à des pays comme le Japon, l’Inde, la Chine ou la Corée du Sud où la formation à l’informatique est obligatoire dès l’école primaire. « En France, en revanche, nous n’avons pas encore de vrais professeurs d’informatique, notre enseignement reste très classique », regrette-t-il. Pour ce spécialiste de l’économie numérique, l’idée d’un vaste programme éducatif européen orienté dans ce domaine est donc loin d’être farfelue. « C’est une réelle opportunité pour l’Europe, Mais il va falloir aller vite. Alors pourquoi pas la plus grande université numérique d’Europe, voire du monde, à Luxembourg ? » L’idée peut en tout cas susciter le débat. ◄ En résumé L’idée d’une université internationale formant aux nouveaux métiers de l’économie numérique est-elle une piste à suivre pour le Luxembourg dans le cadre de sa stratégie digitale ? Elle a en tout cas été lancée par le directeur de la chaire d’économie de Paris-Dauphine, Dominique Roux (photo), lors des récentes Journées de l’économie. Paperjam a voulu prolonger le débat, avec des décideurs de la Place.

Francine Closener, secrétaire d’État à l’Économie

Un nouveau certificat Smart ICT

Au ministère de l’Économie, on a bien pris connaissance du discours de M. Roux et de sa proposition de créer une université numérique au Luxembourg. Cependant, souligne Francine Closener, « la création d’une université supplémentaire est plutôt difficile voire

irréaliste pour un pays de la taille du Grand-Duché. Le ministère de l’Économie plaide plutôt pour veiller à ce que les formations offertes par l’Université correspondent au mieux aux besoins des entreprises et soient bénéfi­ ques pour celles-ci à travers un échange de compétences et connaissances ». En outre, l’État s’investit pour que l’offre et les travaux de l’Université soient le plus possible complémentaires aux efforts pour développer certains secteurs jugés prioritaires, comme l’ICT. Francine Closener livre un exemple concret : « À la prochaine rentrée, l’Université du Luxembourg

proposera un certificat univer­si­ taire ‘Smart ICT for Business Innovation’, qui a été récemment approuvé officiellement. La formation conduisant au certi­ficat débutera à la rentrée académique 2015-2016 et offrira à ses étudiants une vue complète des concepts de pointe en matière de smart ICT (smart cities, smart grids, big data and analytics, cloud computing, green ICT, etc.). Le ministère de l’Économie y participe à travers l’Ilnas car la norma­ lisation technique, riche source de connaissances en constante évolution, est également au cœur du programme. » ◄

Gérard Hoffmann, CEO de Telindus et président d’ICTluxembourg

Deux grands pôles orientés

Le terme d’université numérique prête évidemment à de nombreuses interprétations. Gérard Hoffmann replace l’idée dans le contexte luxembourgeois actuel. « L’Université du Luxembourg est déjà fortement impliquée dans le numérique. Nous avons déjà notamment investi dans deux

grands centres de recherche : le SnT (Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust) et le LCSB (Luxembourg Centre for Systems Biomedicine). Nous pourrions aussi développer les liens entre finance et nouvelles technologies pour créer un pôle éducatif numérique autour de ces trois piliers. Une autre initiative, proposée par ICTluxembourg et que nous pourrions reprendre, est le programme ‘e-skills’. Il s’agit d’une des cellules thématiques mises en place dans le cadre de la stratégie ‘Digital Lëtzebuerg ’ qui vise les compétences numériques par des programmes de formation continue. En rassemblant ces différentes

structures, on obtient déjà deux grands pôles – un universitaire et l’autre en formation continue – orientés vers le numérique. Faut-il aller vers un modèle disruptif comme le propose Dominique Roux ? Il me semble que, pour cela, il faudrait des moyens plus importants que ceux que le Luxembourg peut se permettre. En période de réforme budgétaire, ça ne me semble pas réaliste. Il est évidemment capital d’investir dans l’éducation. Mais commençons surtout par structurer ce que nous avons créé et communiquons autour de cela. Nous devons mieux nous vendre pour attirer les futurs talents. » ◄

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Économie & Politique Cluster for Logistics

PHOTO : DAVID LAURENT (ARCHIVES)

05 Un environnement favorable

► Le secteur de la logistique témoigne d’une reprise des flux et d’un succès croissant pour la plateforme luxembourgeoise. ► Malik Zeniti deviendra le manager du cluster le 1er mai. ► L’intérim de Charles Gosselin a notamment permis de négocier des enjeux verts et de lancer des projets-pilotes originaux. Texte : Alain Ducat

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Malik Zeniti deviendra le nouveau manager du Cluster for Logistics, le 1er mai prochain. Véritable fédération du secteur logistique, pris au sens large, le cluster a conquis ses galons et collé au plus près de la stratégie du pays, dont les gouvernements successifs ont décidé de miser sur le côté plateforme géographique et services innovants du Luxembourg, pour pousser la diversification de l’économie. Le cluster rassemble aujourd’hui près de 70 membres, ralliant les compétences de la logistique pure (sur route, sur rail, sur l’eau, dans le ciel, dans l’entreposage, la manutention, l’acheminement ou le suivi), mais aussi de gros donneurs d’ordre et grands consommateurs de transports et de surfaces de stockage, des financiers, des assureurs, des consultants, des producteurs, des avocats… Jusqu’à l’arrivée du nouveau cluster manager, le patron, c’est Charles Gosselin (lire aussi l’encadré). « Il était question d’assurer la transition pour trois à six mois. La campagne de recrutement a pris un peu plus de temps… » Au cœur du monde de la logistique, garant d’une certaine neutralité puisqu’il n’est pas issu d’une de ses composantes classiques, le directeur intérimaire a pris les rênes avec

▲ La plateforme logistique luxembourgeoise ne manque pas d’atouts et continue à attirer les flux.

Une entreprise doit pouvoir démontrer qu’elle est en mesure de réduire ses émissions de CO2 de 20 % en cinq ans.


Économie & Politique Cluster for Logistics enthousiasme. Et il constate que « la plupart des entreprises du secteur embauchent. Certaines pensent à s’agrandir ou à s’installer. Manifestement, les flux de marchandises ont bien repris ». Des chiffres ? « Pas simple, on en discutait encore récemment avec le Statec et le ministère de l’Économie… Mais il est clair que la branche se porte plutôt bien. Et c’est un signe encourageant de reprise effective, puisque ça veut dire que la consommation a déjà permis d’accélérer les échanges de biens et de services. » En outre, le développement d’industries de pointe, liées à la recherche, aux technologies ou aux investissements financiers alternatifs, sert la cause du Grand-Duché. « Le pays, dans sa stratégie intelligente de diversification, a bien fait de miser sur des niches, comme les sciences de la vie, l’industrie pharmaceutique ou les biens précieux », note Charles Gosselin. Dans le bilan de 2014, au fil des missions de promotion ou de représentation, de salons ou de démarches de prospection directe, le cluster a, de fait, observé un engouement certain pour la plateforme luxembourgeoise. Les axes forts de la logistique made in Luxembourg ne sont pas surprenants : il y a évidemment la localisation stratégique, idéalement placée pour les flux européens, d’est en ouest et du nord au sud ; il y a cette bonne disposition pour le transport multimodal, qui fait du pays aussi bien une gare de triage qu’un port sec, une zone de transit qu’un hub aérien, avec combinaison aisée des moyens et des acteurs ; il y a aussi cette vocation naturelle à trouver les niches, assorties de tous les services opérationnels et financiers notamment, qui font que la plateforme d’échanges peut aussi être une base d’installation d’entreprises internationales.

IMMERSION DANS UN FUTUR DURABLE À la démarche classique de défense et de promotion du secteur, le Cluster for Logistics a ajouté, ces derniers mois, une approche volontariste d’immersion dans son environnement, dans le futur durable. C’est d’autant plus intéressant que ce n’est pas la première image véhiculée par le secteur, souvent assimilé aux transports, parfois lourds, encombrants et énergivores. Ainsi, le Luxembourg est le quatrième pays à avoir obtenu la licence ad hoc, dans le cadre du programme Lean and Green. Lancé par Connekt, un réseau indépendant d’entreprises et d’autorités qui engage les parties à œuvrer à l’amélioration durable de la mobilité aux Pays-Bas, le programme Lean and Green vise à encourager les entreprises à passer à un niveau supérieur de développement durable en prenant des mesures qui, non seulement permettent des économies de coûts, mais en même temps réduisent leur charge sur l’environnement. Les efforts de

réduction des émissions de CO2 provenant du transport et des activités logistiques sont ainsi particulièrement visés. Si une entreprise, quel que soit son secteur d’activité, peut démontrer, grâce à un plan d’action chiffré détaillé, qu’elle est en mesure de réduire ses émissions de 20 % en cinq ans, elle peut prétendre au label. Les activités logistiques étant par nature internationales, il est logique que les efforts soient internationalisés. Les pelotons de tête deviennent ainsi des ambassadeurs et la communauté Lean and Green prend rapidement de l’ampleur. « L’objectif est ambitieux, mais le challenge est intéressant et les entreprises y adhèrent », ajoute le manager ad interim du cluster luxembourgeois. Dans cette dynamique aux lignes vertes, le cluster met aussi en place différents projets, de longue haleine dans leur réalisation, mais à visées très concrètes et terre-à-terre dans leur esprit. L’un d’entre eux, qui doit se lancer d’ici peu avec une série de partenaires privés et publics (on y retrouve des ministères, les Villes de Luxembourg, d’Esch-surAlzette et peut-être de Dudelange, des entreprises…), se penche sur l’amélioration des livraisons dans les centres urbains. « La logistique est au cœur du processus, qui tend à être moins encombrant, moins bruyant, moins polluant, plus structuré, plus économique… », détaille Charles Gosselin. Ainsi, au lieu d’avoir chacun leur camion pour leurs livraisons du jour, les clients finaux – qu’ils soient commerçants du centre-ville ou acheteurs particuliers via des sites d’e-commerce – auraient des points d’acheminement communs, une sorte de plateforme logistique collective ; de là, la livraison vers l’adresse de destination se ferait via des véhicules urbains électriques. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, issu des premières réflexions. Le projet-pilote suivra, et d’autres idées germent, parfois complémentaires, comme le fait de réserver des parties de ville aux seuls véhicules non polluants. « Dans tous les cas, commente Charles Gosselin, il est important d’agir à une échelle abordable pour l’expérience, et d’étendre ensuite, avec les éventuelles corrections ou améliorations. Il faut d’abord bien maîtriser ce qui existe, bien savoir où on en est. » Les préalables, ce sont des études « comptables », sur le nombre de livraisons, de véhicules, de clients concernés, des études de marché aussi, pour appréhender le type de véhicules les mieux adaptés à la livraison urbaine en bout de course… « Nous sommes dans la chaîne à plus d’un titre, conclut Charles Gosselin. Nous avons un rôle d’accompagnement à mener à bien. Car in fine, il faut, chiffres et données à l’appui, démontrer que c’est économiquement rentable. » ◄

Management

Intérimaire assumé

Entre le départ d’Alain Krecké et l’arrivée prochaine de Malik Zeniti, Charles Gosselin a tenu le gouvernail. Discrètement, mais résolument.

Depuis un an, le cluster logistique, vu de l’extérieur, pouvait sembler sans direction, orphelin d’Alain Krecké (qui a tenu la barre du 1er octobre 2011 jusqu’à son départ vers la direction commerciale de CFL Multimodal en février 2014), et en attendant l’arrivée du nouveau manager, Malik Zeniti (photo ci-dessous), en provenance du groupe DuPont – où il était jusqu’ici chargé du business development de la chaîne du froid, en tant que sales & marketing manager. Plus d’un an de siège vide ? Et de stagnation ? « Certains ont cru voir ça. Mais je peux vous dire que le cluster n’a jamais cessé de travailler pour la promotion du secteur et qu’il y a même des idées qui continuent à germer », lance, résolument, Charles Gosselin (photo ci-dessus). Intérimaire assumé, cet ancien banquier devenu consultant en management a tenu à ce que les affaires tournent, pour bien préparer le terrain au manager suivant. Il ne débarquait pas de nulle part, puisqu’il faisait partie du comité de développement du cluster logistique, qu’il a accompagné dès les débuts, en 2009. Et après son intérim, il restera dans la maison, au conseil d’administration cette fois. « Je serai aux côtés de Malik Zeniti jusqu’au moins fin juin, pour l’épauler et assurer une transition en douceur », commente-t-il. A. D. ◄

En résumé Intérimaire assumé à la tête du Cluster for Logistics, Charles Gosselin observe un secteur en plein dévelop­ pement. La plateforme luxembourgeoise attire de nouveaux flux, voire de nouvelles entreprises. Et la logistique s’inscrit dans une dynamique environnementale, qui s’implique jusque dans le cœur des villes.

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Économie & Politique Chômage intellectuel

06 Les diplômés de l’Adem ► Juristes, économistes ou informaticiens, ils restent en rade du marché de l’emploi. ► Pourtant, une série de branches annoncent régulièrement des emplois à pourvoir via l’Adem mais ne trouvent pas suffisamment de personnes qualifiées.

Le « chômage intellectuel » est aussi une réalité qui interpelle le ministre de l’Emploi. Nicolas Schmit a récemment éclairé, de quelques chiffres notamment, ce qui relève du paradoxe : alors que des secteurs sont demandeurs de jeunes formés à leurs mesures, l’Adem compte des demandeurs inscrits avec un diplôme a priori porteur, mais non valorisé dans un poste de travail. Ainsi, explique le ministre dans une réponse parlementaire à une question du député André Bauler (DP), il apparaît que le « déficit persistant de candidats appropriés » s’observe avant tout dans des métiers des secteurs banques et assurances (gestionnaires d’organismes de placement collectif, comptables, analystes financiers, fiscalistes), de l’informatique ou des services à l’entreprise (notamment les auditeurs). Selon le ministre, « les profils professionnels demandés à l’Adem manquent souvent de précision alors que, selon la déclaration de poste vacant, celui-ci peut être occupé par un demandeur d’emploi présentant une expérience certaine qui peut compenser le cas échéant un diplôme postsecondaire ». Sur base des postes vacants déclarés pour lesquels un niveau d’études supérieures déterminé est exigé, on constate que 40 % des offres d’emploi déclarées à l’Adem s’adressent à des profils professionnels de niveau supérieur, surtout dans le secteur financier ou le conseil. Mais quels profils s’avèrent les plus touchés par ce chômage intellectuel ? Un relevé des demandeurs d’emploi inscrits, ayant au moins trois années postsecondaires réussies, montre un phénomène non négligeable. Ainsi, fin décembre 2014, il y avait parmi

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PHOTO : SVEN BECKER (ARCHIVES)

― Texte : Alain Ducat

▲ Il y a des sièges vacants. Et des diplômés prêts à pousser la porte. Mais entre les deux, il reste des connexions qui ne se font pas.

les inscrits 143 juristes, 233 économistes (économie agricole ou commerciale), 135 gestionnaires d’entreprise, 102 informaticiens ou 76 demandeurs ayant étudié une ou plusieurs langues… Nicolas Schmit souligne qu’en 2014, 161 personnes de niveau bac+5 ont pu bénéficier

d’un coaching par un consultant spécialisé de I’Adem. 442 ont participé à un atelier « création d’entreprise », alors que 144 demandeurs ont bénéficié du programme spécifique « fit for financial markets ». Afin de coller au plus près des profils, les demandeurs d’emploi de moins de 25 ans bénéficient du « parcours personnalisé » que l’Adem a mis en place « afin de mieux détecter les capacités, les aptitudes et les besoins d’encadrement ». Ce profiling se base sur des critères objectifs (formation, expérience, compétences linguistiques, état de santé) et permet à l’agence de mieux orienter le demandeur d’emploi vers l’offre de services qui correspond à ses besoins. « Y compris vers l’artisanat », conclut le ministre. ◄



Économie & Politique SNHBM

07 Tripler la production ► La Société nationale des habitations à bon marché passe à la vitesse supérieure, engage, multiplie les projets et veut livrer chaque année 250 « logements sociaux ». ► Le promoteur public durcit aussi ses conditions pour lutter contre la spéculation. ― Texte : Véronique Poujol ― Photo : Mike Zenari Les couacs au Fonds du loge­ ment et la guéguerre que livre la ministre Maggy Nagel au pré­ sident et ancien homme fort du ministère, Daniel Miltgen, profitent d’une certaine façon à la Société nationale des habita­ tions à bon marché (SNHBM), qui va booster son développement. Du temps de la toute-puis­ sance de Daniel Miltgen au minis­ tère du Logement sous l’empire du CSV Marco Schank – c’est lui qui avait largement inspiré le projet de loi sur la Société natio­ nale de développement urbain (SNDU), faîtière du Fonds du logement (FDL) et de la SNHBM –, la SNHBM (l’État y est actionnaire à hauteur de 51,07 %, le reste du capital étant réparti entre plu­ sieurs communes importantes) était vouée à devenir une filiale de la SNDU. Déposé fin 2012, ce projet a suscité contre lui une série d’oppositions, du Conseil d’État, qui en avait demandé la réécriture, au conseil d’adminis­ tration de la SNHBM, qui n’avait pas été associé à la confection du texte. Maggy Nagel l’a récem­ ment fait passer à la trappe. Pour autant, et même si elle a été abandonnée, l’idée d’un rapprochement entre les deux entités dédiées à la construction de logements sociaux à la vente et à la location n’est pas mauvaise en soi. L’ancien ministre du Loge­ ment entendait réaliser des éco­ nomies d’échelle à travers des synergies, notamment dans le partage des investissements informatiques, la mise en com­ mun du département Compta­

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bilité et une prise de décision centralisée. Désormais, la SNHBM et le FDL suivent des chemins séparés mais font à peu près la même chose. Au début de son mandat, la ministre entendait davantage orienter le Fonds du logement vers le secteur locatif social et la SNHBM sur la vente. Or, depuis 2012, cette dernière a engagé

des chantiers destinés à l’habitat locatif, négligé jusqu’alors. Son parc locatif devrait bientôt passer à 200 unités, dont une partie au Kirchberg. La Société nationale des habi­ tations à bon marché s’est fait confirmer, au mois de janvier dernier, par deux conseils d’ad­ ministration successifs, son rôle stratégique dans la réalisation des plans du gouvernement Bettel pour rendre l’accès aux logements possible aux familles à revenus modestes. Guy Entringer, directeur de la SNHBM, en poste depuis 2008, indique que l’objectif stratégique fixé pour les 10 prochaines années porte sur la réalisation de 250 unités de logements par an, contre 80 au cours des 10 dernières années. L’objectif ne devrait pas être atteint en 2015, phase de démarrage de très nombreux chantiers. « Il faudra très rapi­ dement y arriver », promet le dirigeant, en assurant que 250 logements seront mis en chan­ tier cette année, dont une cen­ taine au Kirchberg et une dizaine à Mersch. Le Kirchberg constitue la pierre angulaire de la SNHBM qui y a deux importants projets de développement, à côté de

Pour Guy Entringer, l’État et les promoteurs publics n’ont pas pour vocation de fournir des occasions de rendements énormes. ▼

ceux qu’elle a déjà commer­cia­ lisés : le Domaine du Kiem (430 logements) et Reimerwée sur lequel 300 logements seront destinés à la vente et 120 à la location. D’autres mégaprojets sont en gestation : 400 loge­ ments à Bonnevoie, entre 800 et 900 à Olm où la SNHBM est propriétaire d’un terrain de 27 hectares, 200 à Belvaux et autant à Contern. Les objectifs quantitatifs, couplés à des méthodes de tra­ vail inchangées (la société dis­ pose de ses propres architectes et fait gérer par ses propres ser­ vices les chantiers de construc­ tion), vont exiger des recrute­ ments. De 33 employés en 2008, la société en occupe aujourd’hui 53 et devrait passer à un effectif de 95 personnes à la fin de 2017. Les embauches vont essentielle­ ment porter sur les dessinateurs et les coordinateurs de chantier. Parallèlement, le capital de 30 millions d’euros devrait pas­ ser à 50 millions dans un pre­ mier temps, par incorporation des réserves. Victime de son succès, en raison des emplacements straté­ gi­ques et de la qualité des presta­ tions (il y a un petit millier de candidats sur les listes d’attente), la SNHBM a durci les conditions d’accès aux logements pour contrer la spéculation que cer­ tains acquéreurs réalisaient sur leurs logements, achetés sous les prix du marché et revendus au bout des 12, 20 ou 25 années d’occupation obligatoire avec des culbutes impressionnantes. « L’État ou les promoteurs publics n’ont pas pour vocation de fournir des occasions de rendements énormes à une certaine qualité de personnes », souligne Guy Entringer. Les abus ont amené la SNHBM à prévoir dans ses contrats de vente de logements une clause de 20 à 25 ans lui octroyant un droit de préemp­ tion sur ses projets immobiliers, empêchant ainsi les reventes hautement spéculatives. Sur le territoire de la Ville de Luxembourg, les conditions sont devenues draconiennes depuis peu, avec le droit de pré­ emption du promoteur public étendu sur… 99 ans, durée des baux emphytéotiques. ◄ En résumé La Société nationale des habitations à bon marché va construire 250 logements sociaux par an. Des projets d’envergure seront mis en chantier. Le promoteur durcit ses conditions pour lutter contre la spéculation immobilière sur les logements sociaux.


Économie & Politique Salaires des métiers conventionnés

Une vitamine à faire passer

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► La revalorisation des carrières des secteurs hospitalier et d’aides et de soins, en marge de la réforme de la fonction publique, inquiète les employeurs par l’ampleur de son coût. ► Plus de 12.000 salariés sont concernés par un dispositif dont la mise en œuvre n’est pas encore, à ce jour, arrêtée. ► Il faudra attendre le vote prochain du paquet législatif sur la fonction publique pour que les discussions commencent.

Le secteur des aides, des soins et du social est en ébullition. Depuis la signature, le 28 novembre dernier, d’un accord global entre le gouvernement et les organisations syndicales autour du paquet d’avenir et de la réorientation budgétaire, la mesure prévoyant la transcription de la réforme des carrières de la fonction publique dans le secteur hospitalier et le secteur des aides et de soins suscite des débats mêlés d’inquiétude et de satisfaction selon le côté d’où est envisagée la chose. L’article 12 de cet accord prévoit que les adaptations générales et catégorielles des rémunérations, des traitements et des conditions de travail dans la fonction publique seront transposées aux salariés tombant sous le champ d’application des conventions collectives de travail du secteur hospitalier (FHL) et du secteur d’aides et de soins (SAS). Il s’agit, notamment, de l’allocation d’une prime unique (correspondant à 0,9 % du traitement annuel) et de l’augmentation de la valeur du point indiciaire (2,2 %). Aides-soignants, infirmiers, assistants techniques médicaux de laboratoire, éducateurs (et toutes leurs déclinaisons au féminin) : ce sont, au total, au moins 12.000 personnes qui sont concernées par cet accord, dans un secteur en pleine croissance. Ce qui, mécaniquement, représente un impact financier colossal : plus de 40 millions d’euros selon les premières estimations calculées par la Copas (Confé­dération des organismes prestataires d’aides et de soins), la plus importante entente patronale qui, à elle seule, pèse pratiquement autant dans le secteur que les quatre autres signataires de la convention collective (foyers de jour, gestionnaires des centres d’accueil, gestionnaires des institutions pour personnes âgées et gestionnaires des maisons de jeunes). C’est évidemment autour de la question du financement de cet accord que se cristallisent les

PHOTO : CHRISTOPHE OLINGER (ARCHIVES)

― Texte : Jean-Michel Gaudron

▲ Le secteur des soins et de la santé est en pleine croissance. Les parties concernées vont désormais devoir se pencher au chevet d’un système de rémunération profondément revu à la hausse par la loi.

discussions actuelles, alors que se profile la fin du parcours parlementaire du « paquet » de réformes de la fonction publique (voir page 56). L’accord du mois de novembre prévoit que les renouvellements des conventions collectives de travail des deux secteurs concernés seront négociés sur base d’une enveloppe globale dont le montant est fixé par une commission paritaire réunissant les ministères de la Santé, de la Sécurité sociale, du Travail, de la Famille, de l’Éducation et de la Fonction publique, les deux syndicats représentatifs du secteur (OGBL et LCGB) et les institutions et sociétés actives dans le secteur des soins et de la santé.

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Économie & Politique Salaires des métiers conventionnés Par le passé, cette commission paritaire se réunissait toujours presque parallèlement aux différentes négociations des accords salariaux. Mais pas cette fois-ci. Et si la réforme de la fonction publique en tant que telle a été initiée du temps du précédent gouvernement – à l’époque où le ministre de tutelle était encore François Biltgen –, l’exécutif tricolore actuellement aux commandes ne prévoit pas que cette commission partiaire se réunisse avant le vote final de la loi. Autrement dit, pas avant quelques semaines, dans le meilleur des cas.

À LA RECHERCHE DU COMPROMIS D’ici là, patrons et syndicats qui ne se sont plus vraiment parlé depuis un moment vont reprendre le dialogue, histoire de préparer le terrain et d’anticiper la mise en œuvre de l’accord. Du reste, une première réunion a eu lieu le 3 mars dernier, mais n’a rien donné de concret, les deux parties ne pouvant que constater leur manque total d’informations sur la suite des événements. C’est dans ce cadre-là que les discussions risquent d’être parfois animées. « Ce sera, pour commencer, un échange d’idées, précise Marc Fischbach, le président de la Copas. Nous allons déjà voir quels sont les points sur lesquels il est possible de se rapprocher et quels sont ceux pour lesquels nous sommes foncièrement éloignés. Je pense être un homme de compromis, mais je ne veux pas que cela se fasse au détriment des institutions. Il en va de la survie de la plupart d’entre elles. Nous ne serons évidemment pas disposés à accepter à n’importe quel prix un compromis qui nous serait préjudiciable. » Le ton est déjà donné. Et ce n’est pas la position initiale des syndicats qui risque de faciliter les échanges. « Nous sommes conscients des coûts que cela représente, mais cela fait une vingtaine d’années que nous revendiquons une revalorisation des carrières dans ces professions de soins et de santé, qui vont enfin être reconnues à leur juste valeur. C’est légitime et approprié, estime Nora Back, membre du bureau exécutif de l’OGBL et secrétaire centrale de la branche « Santé, services sociaux et éducatifs » du syndicat. Nous n’allons pas, maintenant, nous laisser faire en entendant les employeurs dire que ça revient trop cher. Ce serait scandaleux. » Dans une question parlementaire adressée à l’ensemble des ministres concernés, dès le 2 décembre, le député CSV Laurent Mosar s’inquiétait de l’impact financier pour le budget de l’État et celui du secteur de la fonction publique élargi, en 2015 mais aussi pour les années suivantes. La réponse commune, transmise via le ministère des Finances, indiquait qu’il ne fallait pas se limiter, dans le cas présent, à la seule revalorisation salariale, mais qu’il fallait également inclure dans la réflexion les autres mesures envisagées dans l’accord du 28 novembre, comme le reclassement de certaines carrières du personnel soignant,

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Un paquet bien long à ficeler

Le parcours législatif de la réforme de la fonction publique a été pour le moins cahoteux. Mais le bout du chemin n’est désormais plus très loin. Depuis leur dépôt à l’été 2012, le parcours législatif des textes a été long et parsemé de virages, détours, allers-retours et, parfois même, demi-tours. le Conseil d’État, à lui seul, a présenté une centaine d’oppositions formelles. Le « paquet » comprend trois projets de loi : le 6457 (modifiant notamment la loi de 1979 fixant le statut général des fonctionnaires de l’État), le 6463 (fixant les conditions et modalités selon lesquelles le fonctionnaire de l’État peut changer d’administration) et le 6465 (déterminant le régime et les indemnités des employés de l’État). Désormais entre les mains du rapporteur

la prolongation des périodes de stage, la pondération des rémunérations de début de carrière sur la durée du stage ou encore la suppression de la majoration de l’indice. « Une transcription indifférenciée de ces mesures prévues dans la fonction publique vers le secteur hospitalier et le secteur d’aides et des soins engendrerait des économies de l’ordre de 0,8 % de la masse des traitements à court terme et de 1,5 % à moyen terme en vue d’assurer un effet neutre du point de vue budgétaire à long terme », annoncent ainsi les ministres.

CONCERTATION AUX ABONNÉS ABSENTS « Pris individuellement, certains points de l’accord ne nous sont pas favorables, constate Mme Back. Je pense, par exemple, à la prolongation de la durée des stages, aux avancements qui viennent plus tard ou aux niveaux de salaires plus faibles en entrée de carrière. Mais globalement, nous serons très satisfaits de cette revalorisation générale quand elle sera votée. » À l’heure qu’il est, donc, la balle est dans le camp de la future commission paritaire qui aura pour mission de définir le cadre de transposition de l’accord salarial du 28 novembre. Cela implique non seulement une évaluation globale de l’impact financier pour le secteur, mais aussi une proposition d’adaptation du montant de l’enveloppe financière que l’État met à disposition. « La situation financière de l’assurance maladie (et plus spécifiquement le financement des établissements hospitaliers par l’enveloppe budgétaire bisannuelle) et de l’assurance dépendance permettra d’absorber graduellement les surcoûts temporaires (…) sans devoir recourir à une augmentation du taux de cotisation ou de la participation de l’État », assurent les ministres concernés dans la réponse à la question parlementaire de Laurent Mosar.

socialiste Yves Cruchten (nommé en juillet dernier à la place du CSV Norbert Haupert), le paquet a reçu les derniers avis du Conseil d’État après l’adoption des derniers amendements de la Commission de la Fonction publique et de la Réforme administrative. Ce qui laisse en effet présager une évacuation définitive. Mais le travail qui attend ensuite les parties concernées ne va pas être simple non plus, puisqu’il s’agira de reprendre, un par un, les dossiers de tous les salariés concernés afin de calculer le niveau de leur revalorisation. J.-M. G. ◄

Il n’en reste pas moins vrai que, vu de chacune des parties concernées, on regrette fortement le manque de concertation et de discussions préalables autour d’un dossier qui court depuis plusieurs années. « Dès 2012, nous avions sollicité une telle concertation pour procéder à une première ébauche de calcul et pour savoir comment nous serions amenés à procéder, mais rien ne s’est fait », regrette Mme Back (OGBL). Un regret largement partagé par Marc Fischbach (Copas) : « Nous avions déjà attiré l’attention de tous les précédents ministres concernés sur le fait que nous étions extrêmement préoccupés par l’évolution telle qu’elle se dessinait et que nous ne pourrions pas être en mesure de supporter le coût de toutes ces revalorisations. » Le pragmatisme et le bon sens à la luxembourgeoise permettront-ils de trouver une solution qui satisfasse tout le monde ? « Nous ferons tout ce qu’il faut pour avancer les arguments convaincants afin de ramener le gouvernement à prendre une position prudente dans ces négociations », prévient M. Fischbach, qui espère notamment que les « valeurs monétaires » (c’est-à-dire le prix moyen horaire d’une prestation dans le domaine de la santé et des soins) seront de nouveau renégociées, alors qu’elles sont gelées depuis trois ans. Les alternatives ne sont de toute façon pas légion et aucune n’est vraiment acceptable : une réduction des effectifs, qui ne ferait pas vraiment de sens dans un contexte de demande en permanente croissance, ou bien une augmentation du prix des prestations, qui se fera forcément au détriment des assurés. ◄ En résumé En marge de la réforme de la fonction publique, les professions de la santé, des soins et du social vont également connaître une revalorisation des carrières. Attendue depuis longtemps par les syndicats, la mesure fait grincer des dents les employeurs, qui estiment l’impact de la mesure à au moins 40 millions d’euros.


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Économie & Politique Nouvelle donne

09 Circulez, il y a à voir !

― Texte : Jean-Michel Gaudron

C’est comme un nouveau paradigme, une nouvelle façon de considérer les cycles de vie des produits quels qu’ils soient et, en particulier, leur « fin de vie » : quand un déchet devient luimême une ressource. Tel est le grand principe de base de l’économie dite « circulaire », dont les prémices remontent principalement au début de ce siècle et ont été largement médiatisées à l’occasion du Grenelle de l’environnement en France en 2007. Au Luxembourg, le gouvernement avait annoncé, dans son programme, vouloir mettre un accent particulier sur les sujets de l’économie circulaire. Il n’a pas tardé à prendre les choses à bras-le-corps, le ministère de l’Économie ayant mené, dès 2014, une étude portant sur l’état des lieux et évaluant le potentiel du développement futur de l’économie circulaire au Grand-Duché. Ce document se veut aussi une feuille de route pour une stratégie de mise en œuvre de cette économie circulaire dans le pays, ainsi que d’un certain nombre de projets pilotes réalisables à court terme. « Beaucoup d’entreprises n’auront à moyen et à long termes pas le choix », indiquait à Paperjam.lu la secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener, en marge de la présentation des résultats de cette étude, début février, dans le cadre d’une vaste conférence organisée à la Chambre de commerce. « Opter pour l’économie circulaire permet de se rendre moins dépendant des matières premières, dont les prix sont de plus en plus volatils. » L’étude intitulée Luxembourg as a Knowledge Capital and Testing Ground for the Circular Economy a été réalisée par l’agence allemande EPEA Internationale Umweltforschung, en association avec le cabinet de conseil également allemand Returnity Partners. Elle a établi qu’au Luxembourg, ce sont déjà quelque 15.000 emplois qui relèvent de modèles circulaires, principalement, et que l’enjeu est de taille : « L’économie circulaire est davantage qu’un modèle potentiel pour le Luxembourg ; c’est un impératif économique », peut-on lire dans le document, qui constate que le

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Cercles vertueux

Le principe de l’économie circulaire est de faire en sorte qu’à la fin de son cycle de vie, un produit ne soit plus un déchet, mais de nouveau une ressource.

Production

Production

Produit

Plantations

Nutriments techniques

Nutriments biologiques

Produit

Utilisation

Dégradation biologique Cycle biologique pour produits de consommation

Grand-Duché est un terrain d’essai très prometteur pour l’implémentation d’un tel modèle. Deux données chiffrées majeures ressortent de l’étude : au prix d’une mise en place « rigoureuse, par étape et à petits pas », ce modèle économique pourrait permettre d’économiser annuellement entre 300 millions et 1 milliard d’euros en coûts d’approvisionnement pour les entreprises et de créer jusqu’à 2.300 emplois dans les trois prochaines années.

COLLABORATION TRANSNATIONALE Si, pour l’heure, les acteurs ne sont pas légion et se concentrent surtout dans les industries sidérurgique et verrière, le potentiel de développement de cette économie circulaire est susceptible d’être élargi à d’autres secteurs, notamment celui de la construction (grosse productrice de déchets), mais aussi l’ICT, la logistique, la recherche et le développement, l’administration publique voire la finance. Le Luxembourg ne joue évidemment pas en solo dans ce dossier. Dans le cadre du programme transnational Interreg IVB, le projet C2C Bizz a réuni, depuis quatre ans, organismes publics, instituts de recherche et entreprises privées de six pays européens au travers d’un consortium piloté par le Samenwerkingsverband Regio Eindhoven et composé de 11 partenaires belges,

Retour, désassemblage

Utilisation

Cycle technique pour produits de services

néerlandais, anglais, français, allemands et luxembourgeois. Pour le Grand-Duché, ce sont le Luxembourg Institute of Science and Technology (ex-CRP Henri Tudor), le GIE EcoParc Windhof et le ministère du Dévelop­ pement durable et des Infrastructures qui œuvrent pour le développement d’une vaste plateforme d’innovation appliquant le principe fondateur de l’économie circulaire, le cradle to cradle. Le site de l’EcoParc à Windhof fait, dans ce cadre, office de pilote, notamment en matière de création d’éner­ gies renouvelables. Les bases sont bel et bien là et la balle est désormais dans le camp du cluster EcoInnovation, à qui a été confié un rôle fédérateur de l’ensemble des acteurs intéressés par l’implémentation d’un modèle circulaire à grande échelle au Luxembourg. Il peut s’appuyer sur la publication d’un guide réalisé par le ministère du Développement durable (Guide to Cradle to Cradle inspired business sites), détaillant les avantages financiers, économies de ressources et autres gains de compétitivité possibles dans une démarche C2C) ou sur des recommandations publiées par le List sur la gestion des matériaux dans les zones d’activités afin de maximiser la valeur pouvant être générée à partir des déchets. ◄ En résumé L’économie circulaire fait de plus en plus parler d’elle. Se basant sur le principe de la revalorisation des déchets en ressources, elle est source de création de milliers d’emplois au Luxembourg et d’économies en matière d’approvisionnement pouvant atteindre le million d’euros.

SOURCE : EPEA GMBH 2010 / FLATICON.COM

► Les principes de l’économie circulaire commencent à faire leur chemin, même si celui-ci semble encore bien long. ► L’impact sur l’économie nationale se chiffre en milliers d’emplois potentiels et les premières collabo­rations transfrontalières portent déjà leurs fruits.


Économie & Politique Grande Région

Des ponts industriels à la « Silver Valley »

► Les autorités belges, à la tête des institutions de la Grande Région, ont des ambitions pour un vrai développement transfrontalier. ► Philippe Ledent, président du CESGR, aimerait céder le relais au Luxembourgeois Jean-Claude Reding avec des avancées concrètes. ► Les idées sur la table vont d’une réflexion industrielle commune à l’émergence d’un secteur au service des seniors. ― Texte : Alain Ducat ― Photos : Gaël Lesure

La Grande Région ? Un puzzle difficile, avec une multitude de pièces aux découpes délicates – notamment côté belge entre Wallonie, avec ou sans Bruxelles, et Communauté germanophone – et avec quelques inconnues – surtout côté français, avec le membre lorrain qui, demain, aura des bras venus d’Alsace ou de Champagne-Ardenne. Depuis 20 ans, cette Grande Région, celle qui a ses institutions, ses émanations ou ses sommets politiques, demeure néanmoins assez virtuelle ou difficile à capter, même si, pour les habitants des différents bassins de vie interconnectés, il y a une grande région qui vit tous les jours. « Mais la Grande Région, ce n’est pas un bidule. Il y a un état d’esprit et un marché », résume Philippe Ledent, actuel président – représentant les composantes belges – du CESGR (Comité économique et social de la Grande Région). Avec ses équipes multidisciplinaires et transfrontalières, il fait partie de ceux qui entendent donner de la visibilité à cet espace, au cœur duquel se trouve le Luxembourg.

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Car s’il fallait encore s’en convaincre, c’est bien au Grand-Duché que bat le pouls économique et géographique de cette Grande Région ; c’est même sans doute le seul territoire de cet espace où s’entrecroisent potentiellement, dans le quotidien économique surtout, Luxembourgeois, Belges, Français et Allemands. C’est d’ailleurs au Grand-Duché que l’on a, en premier, attribué une compétence ministérielle spécifique au sein du gouvernement. En outre, selon le système de présidence tournante, c’est le Grand-Duché qui prendra la relève dans deux ans, avec Jean-Claude Reding (président de la Chambre des salariés – CSL) à la manœuvre du comité socioéconomique. Philippe Ledent aimerait, au moment de lui tendre les clés, avoir aussi un bilan à transmettre. Et il n’est pas le seul. Passé par Dudelange fin février, pour saluer et soutenir les représentants des diverses commissions qui planchent sur les réalités suprarégionales, le ministre wallon René Collin, qui a pris (avec des compétences spécifiques nouvelles, une première pour la

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Économie & Politique Grande Région Wallonie) en 2015 la tête du volet politique de la Grande Région, a rappelé ses priorités : « Nous avons voulu, pour les deux ans de la présidence wallonne, mettre l’accent sur l’action, l’innovation, la créativité, une stratégie qui mise sur la formation, sur le développement endogène des territoires, avec les entreprises au cœur du projet », a-t-il rappelé.

EN « COOPÉTITION » Philippe Ledent, représentant des classes moyennes, entrepreneur dans l’âme et dans les faits, va plus loin, en lançant des idées pour une « véritable politique industrielle moderne au sein de la Grande Région ». Il parle d’une industrie au sens large, qui ne se limite ni à un secteur économique ni à un secteur géographique. Mais pense synergie, coopération, plutôt qu’individualisme. Au passage, il risque un néologisme valise, « coopétition », pour qualifier la recherche commune d’un objectif industriel et d’une compétitivité globale, à charge ensuite pour chacun au sein de l’espace de récupérer sa part de valeur. Il voit ainsi industrie et PME vivre en symbiose, des start-up démarrer sous l’aile de grands groupes « et profiter mutuellement de la disponibilité de capital humain, du savoirfaire, de la flexibilité, etc. Voire d’espaces pour entreprendre ». Dans la foulée, le président du CESGR suggère de créer des liens, notamment entre les incubateurs de la Grande Région. « Pourquoi pas une sorte de Chapter 11 cher aux États-Unis, transposé en Europe ou dans la Grande Région ? » La population active totale au lieu de résidence représente environ 5,5 millions de personnes (pour 2014). Moyennant des program­ mes de formation adaptés, il est possible de fournir davantage de cette précieuse maind’œuvre hautement spécialisée, qui fait encore défaut pour les entreprises hightech notamment. L’homme trace encore la piste d’un hub logistique propre à la Grande Région, lié à d’autres plateformes. « Celles qui existent sur les différents territoires ont chacune leur Jean-Claude Reding, prochain président du CESGR, pourra s'appuyer sur les idées de Philippe Ledent, qui a l'oreille du ministre wallon René Collin. ▼

spécialité et elles sont trop peu interconnectées. Elles créent une concurrence plutôt qu’un effet de levier. » Pour appuyer sa thèse, selon laquelle il faut disposer d’infrastructures efficaces et les maîtriser soi-même, il avance que « la Chine poursuit une politique d’acquisition et d’investissement dans les infrastructures stratégiques de certains pays, ce qui démontre une réflexion pointue orientée vers le futur ».

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Du PED à la Maison eschoise

S’OUVRIR, SE BOOSTER, SE PRÉPARER Ainsi, l’ambition concrète des partenaires sociaux est de mettre sur pied un « Industry Booster Group », incluant des représentants de l’industrie de chacun des territoires limitrophes concernés. Le CESGR propose de « mettre 12 capitaines d’industrie autour de la table pour faire avancer la réflexion sur un marché et un avenir en commun. Ces gens sont demandeurs ! », affirme Philippe Ledent. Apôtre des synergies, il imagine aussi une Grande Région coopérant avec d’autres régions transfrontalières actives, comme l’Euregio Meuse-Rhin (du côté de Liège, de Hasselt et d’Eupen en Belgique, de Maastricht aux Pays-Bas, d’Aix-la-Chapelle en Allemagne, en coopération depuis 1978). « Je suis convaincu que les bienfaits et les externalités positives d’une région rejaillissent sur les autres. On peut lancer une autodynamique et créer un effet d’avalanche. » Plus terre à terre encore, le CESGR identifie une niche à exploiter, la « Silver Economy », au service des seniors, en soutien de la transition démographique. « Il y aura de nouvelles demandes. Il faut se préparer à y répondre », prolongent le président Ledent et son groupe de réflexion, qui s’appuient sur l’exemple de la Normandie où se développe un « labo­ ratoire » pour les services liés au vieillissement de la population. « Pour le mieux-vivre des seniors, on aura besoin de produits et de services. Des projets et des entreprises innovantes pourront voir le jour. Il y a création d’emplois à la clé », détaille-t-on dans la note du CESGR sur le sujet. Au menu : technologies pour l’autonomie, domotique, objets connectés, e-santé, nutrition, mobilité, tourisme, loisirs… « Nous proposons, conclut Philippe Ledent, de réaliser une analyse du potentiel en Grande Région, de déterminer les facteurs-clés de succès, pour mettre en place une véritable filière dans le périmètre transfrontalier. Des bonnes pratiques émergent, on peut s’en inspirer. Et mettre en œuvre les bases d’une Silver Valley. » Car, si la Grande Région est un vrai bassin de vie, il faut prévoir de le développer maintenant, en tant que tel. Et prévoir un futur où l’on vivra plus longtemps. ◄ En résumé Pour sortir la Grande Région d’un carcan peu visible, le Conseil économique et social (CESGR), sous présidence wallonne avant de céder le flambeau au Grand-Duché, a des idées pour une politique industrielle commune, des niches de coopération, des pistes liées aux produits et services à destination des seniors de demain.

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Architecture et projets

L’architecture institutionnelle et opérationnelle de la Grande Région ne manque pas d’organes. Les plus visiblement actifs sont sans doute le CESGR, l’Observatoire interrégional du marché de l’emploi, toute une série de projets de coopération placés dans le cadre du programme e-Bird (e-Based Inter Regional Development), de dossiers soutenus par Interreg IV Grande Région… Le conseil parlementaire interrégional fonctionne sur une base similaire au Parlement Benelux. Quant au pilotage politique de la coopération institutionnelle transfrontalière et interrégionale, il s’articule sur le Sommet des exécutifs, composé des ministres, présidents ou préfets de chacune des composantes, un collège représentant les exécutifs assurant le pilotage opérationnel. Ce dernier s’appuie sur des chargés de mission et des groupes de travail thématiques. Au Luxembourg, le secrétariat a un ancrage solide. En 2014, un GECT (groupement européen de coopération territoriale) « Secrétariat du sommet de la Grande Région » a été créé au sein de la Maison de la Grande Région à Luxembourg. Il est le secrétariat permanent pour les exécutifs du Sommet, suit et coordonne les travaux, assure la continuité entre les présidences et, de fait, assure le rôle d’interface pour les acteurs et les citoyens. Pour l’heure installée rue Notre-Dame en ville, la Maison de la Grande Région se prépare à migrer vers Esch, dans l’ancien bâtiment des CFL à la gare. Le déménagement devrait intervenir au début de 2016. Hasard sympathique du calendrier, en février 2016, le PED aura 20 ans. Le Pôle européen de développement, créé sur les cendres du bassin sidérurgique trifrontalier de Rodange-Athus-Longwy pour une reconversion territoriale concertée, a rassemblé trois des quatre piliers de la Grande Région dans un projet fédérateur, qui a longtemps fait figure de « laboratoire de l’Europe ». A. D. ◄


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Entreprises Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite 10 sujets clés sélectionnés par la rédaction. Orange Luxembourg a annoncé, pour 2014, un chiffre d’affaires en net recul (-17,5 % à 63,2 millions d’euros). « L’impact de la régulation des taux de terminaisons mobiles au Luxembourg est de 11,2 millions d’euros, et celle du roaming de 4,1 millions d’euros », précise ­l’opérateur, qui a également vu son nombre d’abonnés reculer de 6,3 %, dans un marché global en décroissance (-4 %) déjà observé par l’ILR entre 2012 et 2013.

Kuwait Petroleum, propriété du gouvernement koweïtien, qui détient la marque Q8, a imposé de nouvelles règles aux exploitants de stations-services de l’enseigne au Luxembourg, notamment pour la vente d’alcool, selon une information rapportée par Le Quotidien. Une « note de service » demande ainsi aux employés des stations de ne plus porter de ­vêtements (casquettes, T-shirts ou polaires) portant le logo de la compagnie lorsqu’ils sont ­derrière un comptoir accueillant de l’alcool…

Sous l’impulsion du Fonds ­national de la recherche, de Luxinnovation et de Deloitte, la plateforme Mind & Market Luxembourg vient de voir le jour. Déclinaison d’une idée belge, son credo est de rapprocher le monde académique de l’entrepreneuriat afin de réussir à faire du GrandDuché un hub d’innovation reconnu et multiplier la création d’entreprises dans la foulée.

Déjà implantée au Kirchberg et prochainement au Ban de

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Gasperich, l’enseigne française de grande distribution Auchan devrait s’installer à Differdange, la troisième ville du pays. L’hypermarché, dont la construction débuterait à l’automne, ­couvrira 12.000 m2, abritera 30 magasins et un parking ­souterrain de 500 places.

Ils sont finalement quatre à ­postuler pour la fréquence radio 107,7 FM (lire notre précédente édition) : les deux radios déjà ­établies Lor’FM et NRJ (via NRJ Luxembourg, en cours de création), ainsi que deux sociétés : Radiolux (détenue à 50 % par Edita, qui édite le journal gratuit L’essentiel, et à 50 % par la radio belge Must FM) et PLG, agence belge exploitant notamment la radio 7 FM émettant depuis Gouvy, dans l’Ardenne belge. La décision finale appartiendra à Xavier Bettel en sa qualité de ministre des Communications.

Le groupe Pall Center annonce l’injection de 1,5 million d’euros dans la remise à neuf d’une ancienne bâtisse jouxtant son C'est, en millions centre commerd'euros, ce qu'a cial à Oberpallen investi Pall Center pour son pour y aménager développement. un restaurant gastronomique agrémenté de huit chambres d’hôtes. 700.000 euros sont aussi prévus pour moderniser la redistribution des espaces du centre commercial.

2,2

La jeune société luxembourgeoise Neopixl, spécialisée dans la conception et la réalisation ­d’applications mobiles pour les smartphones et tablettes, rejoint le groupe de logiciels libres Open

Wide. Un adossement industriel qui lui permettra de se développer au Luxembourg et à l’étranger, avec un objectif de plus de 250 collaborateurs d’ici 2018, contre 120 actuellement pour un chiffre d’affaires de 11 millions d’euros.

Un nouvel accord interuniversitaire vient d’être signé entre ­l’Université du Luxembourg et l’Université de Bonn, notamment dans le domaine de la psychologie, des lettres allemandes et de l’histoire. Il est prévu des collaborations en matière de recherche ainsi que l’échange d’étudiants, de chercheurs et de doctorants.

La ministre de la Santé, Lydia Mutsch, a présenté devant la commission de la santé le projet d’extension et de modernisation de la ZithaKlinik. Objectif : maintenir une médecine de proximité dans le quartier de la gare. 80 % du total des coûts prévus – soit quelque 63 millions d’euros – seront pris en charge par le Fonds pour le financement des infrastructures hospitalières, le solde étant aux frais de la clinique ellemême. Les travaux pourraient débuter dès 2015, pour une ­livraison en 2020.

Directeur général de la société Paul Wurth de 1971 à 1986, puis président du conseil d’administration jusqu’en 1995, l’ingénieur luxembourgeois Édouard Legille, qui a révolutionné la ­technique des hauts fourneaux, est décédé le 11 février à l’âge de 89 ans. Il fut notamment l’inventeur, en 1969, du gueulard sans cloche, dit aussi Bell Less Top, plus léger et plus étanche à haute pression, ce qui le rendait plus performant.

Contrairement à ­certaines prévisions, le 51e Autofestival a bien été victime de l’effet TVA avec un recul constaté des ventes par rapport à l’édition précédente. C’est du moins l’explication qu’avancent tant l’Association des distributeurs automobiles luxembourgeois (Adal) que la Fédération des garagistes du Grand-Duché de Luxembourg (Fegarlux), lesquelles tirent un bilan mitigé de l’événement.

La deuxième chambre de la Cour d’appel vient de lever les condamnations prononcées par le tribunal d’arrondissement contre Jean-Michel Gaudron, le rédacteur en chef de Paperjam. En cause, un article relatant le contexte humain difficile dans l’ancienne chaîne de télévision T.TV, publié en… 2006. Une première décision du tribunal d’arrondissement avait condamné l’auteur à payer 2.000 euros à la partie plaignante, mais la deuxième chambre de la Cour d’appel a conclu que le journaliste avait parfaitement rempli ses devoirs dans l’écriture de l’article.

Aperam, la spin-off d’ArcelorMittal spécialisée dans l’acier inoxydable, l’acier électrique et des aciers ­spéciaux, a réalisé en 2014 5,48 milliards de dollars US de chiffre d’affaires (+7 %) pour des expéditions d’acier en hausse de 5 % à 1.813 milliers de tonnes. Le bénéfice sur 2014 s’élève à 95 millions de dollars US, contre 100 millions un an plus tôt : un repli notamment expliqué par les pertes enregistrées par deux sociétés dont Aperam détient une participation minoritaire.


Entreprises Brèves

5,1 %

Le fret a progressé de 5,1 % en 2014 au Findel (708.000 tonnes, le tonnage le plus élevé enregistré depuis 2008) par rapport à 2013, notamment grâce à la bonne tenue de Cargolux, dont l’activité affiche une hausse de 9 %.

Si ArcelorMittal a publié des résultats 2014 faisant ressortir un excédent brut d’exploitation en hausse de 8,5 % à 7,2 milliards de dollars US, lui permettant de réduire sa dette, au plus bas depuis sa création en 2006, le groupe joue la carte de la prudence pour 2015 : la dégradation des résultats de ses activités minières et le ralentissement de la croissance du marché de l’acier par rapport à 2014 devraient ­provoquer une baisse de l’Ebitda, attendu entre 6,5 et 7 milliards de dollars.

Systems et Vinçsan dans le domaine de l’intralogistique et du traitement de surface.

La société immobilière belge Leasinvest a enregistré, en 2014, un résultat net en progression de 21,2 % à 32,6 millions d’euros. Le Luxembourg y prend une part prépondérante, représentant

Active dans la commercialisation de modules de data center, Etix Everywhere, jeune pousse hébergée dans l’incubateur de Telecom Luxembourg Private Operator, va pouvoir développer ses activités

H6 : touché, coulé… Le projet de salle de concert commun développé par l’Atelier et Luxexpo ne restera qu’un projet : après études techniques approfondies, les deux partenaires ont constaté que le budget de réalisation de cette salle de concert dépasse substantiellement (jusqu’à deux fois !) le budget prévisionnel.

L’immeuble Royal20 abritera le futur siège de la China Merchants Bank.

désormais 59 % du portefeuille de la SCA contre 36 % pour la Belgique et 5 % pour la Suisse (un marché développé depuis Luxembourg). Dernière opération marquante : la location de 100 % de l’immeuble Royal20 en cours de construction à la banque chinoise China Merchants Bank.

La visite de travail du ministre de l’Économie en Turquie s’est achevée sur de nouvelles opportunités pour le Luxembourg et la signature d’une joint-venture entre CTI

au niveau européen grâce à une levée de fonds de 15 millions d’euros réalisée auprès du Français InfraVia et l’Américain Tiger Infrastructure Partners.

KPMG vient de recruter Alexandre Rochegude, le cofondateur et ex-CEO de la solution de paiement mobile Flashiz. Il sera désormais en charge du développement de nouveaux ­services à destination des ­entreprises innovantes.

L’OGBL et le LCGB ont signé une nouvelle convention collective de travail pour l’ensemble du personnel avec la direction de Luxexpo. Un accord qui prévoit notamment une augmentation du barème des salaires de 1 % par année, applicable au 1er janvier 2015 et au 1er janvier 2016.

Alors que certains se sont émus du fait que le Luxembourg ne fasse pas partie des destinations choisies par Apple pour implanter deux méga data centers en Europe (ils seront établis au Danemark et en Irlande), la secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener, a rappelé que le Luxembourg prenait déjà en charge l’hébergement des centres de données de la Commission européenne pour les années à venir et a indiqué que le Luxembourg était candidat pour accueillir un centre de traitement des données de l’organisme Interpol.

Flashiz réduit encore sa voilure au Luxembourg : la société de monnaie électronique, passée fin 2014 dans le giron du groupe irlandais Fexco, a, certes, clôturé les comptes de ses clients au Grand-Duché et déménagé en Irlande ses activités de R&D, mais « il reste encore des équipes au Luxembourg, directement impliquées dans le support des projets clients plus globaux. Une grosse partie du business est sur le continent et le Grand-Duché a donc toute sa légitimité », précise le futur ex-CEO de Flashiz, Chris Marcilla, qui quittera ses fonctions fin mars.

Si, en 2014, la quantité de bières brassées au Grand-Duché a chuté de 6,5 % (soit 18.000 hl) pour atteindre 271.000 hl, avec, en particulier, un recul de près de 8 % des ventes dans le secteur Horesca, la Brasserie nationale (Bofferding) n’a baissé que de 4 % ses volumes et affiche une part de marché nationale de 58 %. Les effets négatifs de la loi antitabac, qui ont provoqué une baisse de fréquentation des bars, ont été compensés par une croissance des ventes dans le secteur « food » (supermarchés,

commerces…). Les ventes (Bofferding et Battin), elles, sont ­restées stables C'est la part de marché de la Brasserie (158.200 hl, nationale au contre 158.800 hl Luxembourg. un an plus tôt), alors que l’Ebitda recule de près de 5 % à 4,62 millions d’euros. « Une baisse qui s’explique par une hausse du prix des matières premières et des investissements en recherche pour de nouveaux produits », précise le directeur général du groupe, Frédéric de Radiguès.

58 %

Le président du conseil ­d’administration de Cargolux, Paul Helminger, considère comme incontournable le transfert de trois appareils vers l’Italie afin de réduire les dépenses de la compagnie. Les économies réalisées sont estimées à environ 10 millions de dollars annuels. Mais cela ne sera pas suffisant. D’où un appel aux syndicats pour négocier une nouvelle convention collective de travail. « Si de nouvelles propositions patronales devaient nous être soumises, nous les étudierions avec intérêt », a fait savoir Aloyse Kapweiler (LCGB), alors que le dossier de la CCT est actuellement entre les mains du conciliateur.

Paul Helminger, le président de Cargolux

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Entreprises Brèves

7

Le nombre de satellites que SES prévoit de lancer d’ici fin 2017 pour accompagner son expansion tout en diversifiant ses services.

Une institution luxembourgeoise tombe : le spécialiste de l’ameublement et de décoration haut de gamme Mowo, créé en 1954 et qui exploitait deux magasins (à Steinsel et Bereldange, dont le showroom de 800 m2 était présenté comme étant le plus grand de la Grande Région), est en dépôt de bilan. Sa faillite a été prononcée le 26 février. Les actionnaires de la société avaient déjà épongé une dette de 3 millions d’euros en 2012, mais cela n’a pas suffi pour sauver l’entreprise.

Le leader européen d’intelligence des données sociales, Talkwalker (certifié par Twitter), édité par la société luxembourgeoise Trendiction, vient de débarquer sur le marché américain à New York. L’outil se base sur quelque 1.500 serveurs capables d’analyser au jour le jour plus de 500 millions de publications sur plus de 150 millions de sites web et dans 180 langues.

L’opérateur de satellites SES a annoncé un accord avec SpaceX en vue du lancement de deux nouveaux satellites en 2017 – SES-14 et SES-16/GovSat – portés par le lanceur Falcon 9.

L’opérateur mobile Tango, comme tous ses concurrents, a souffert de la baisse réglementaire des tarifs de terminaison mobile. Son chiffre d’affaires 2014 a ainsi reculé de 7,5 % en un an. Mais parallèlement, la filiale de Belgacom revendique un nombre de clients en hausse de 3.600 unités à 283.000.

La House of Biohealth, l’incubateur spécialisé dans les domaines des biotechnologies, des technologies de la communication et des écotechnologies, a été inauguré à

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Esch-sur-Alzette. Les sociétés Fasttrack Diagnostics (spécialisée dans le développement et la production de tests de biologie moléculaire pour le diagnostic des maladies infectieuses), Complix (spécialisée dans la découverte et le développement de nouveaux produits thérapeutiques) et Flen Pharma (qui intervient dans le traitement des plaies) y ont déjà pris leurs quartiers. À terme, la House of Biohealth aura la capacité d’accueillir jusqu’à 600 chercheurs en leur offrant au total 9.000 m2 d’espace de laboratoires et 6.000 m2 de surface de bureaux. Actuellement, seulement un tiers de cette surface est en fonction.

L’édition 2015 du répertoire des organismes de formation, publié par l’INFPC, est désormais disponible, riche de 323 organismes de formation publics, privés et associatifs, actifs tous secteurs confondus.

L’ancien coureur cycliste et vainqueur du Tour de France 2010 Andy Schleck sait maintenant de quoi sera faite la suite de sa carrière : il ouvrira en 2016 un magasin de vélos d’un style nouveau axé sur le service au client, couplé à un musée dédié à sa carrière et à un bar-café. Une école du vélo est aussi au programme, le tout via la sàrl Andy Schleck Cycles-Delvaux-Schleck Associates constituée en février dernier.

En réponse à certaines craintes formulées par les professionnels de l’automobile, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a indiqué qu’il n’était pas envisagé de procéder « dans un futur proche » à une hausse de la taxe perçue sur les véhicules de leasing, actuellement fixée à 1,5 % (plus la TVA) et qu’il était envisagé de porter à 1,7 %.

L’homme d’affaires suisse Yves Bouvier, un des principaux promoteurs du Luxembourg Freeport, et deux de ses compatriotes, un couple suisse résidant à Monaco, soupçonnés d’escroqueries, ont été placés en garde à vue sur le Rocher. Ils sont soupçonnés d’avoir vendu des dizaines de tableaux de grands maîtres (Picasso, Modigliani, Gauguin, Degas, Léonard de Vinci) au milliardaire russe et président de l’AS Monaco Dmitry Rybolovlev, à des prix possiblement exagérés ou avec de faux documents, selon le Parquet monégasque. Des accusations que l'intéressé « conteste énergiquement ».

électronique, dont l’objectif est, notamment, de promouvoir le secteur du e-commerce auprès des instances administratives et politiques afin de créer un environnement juridique, technique et économique propice à son essor. Ses membres fondateurs sont Abitare, Luxcaddy, Only Keys, Petites Choses et Xantor.

Un Reckinger peut en cacher un autre… Dans la coverstory de notre dernière édition, nous avons par erreur mentionné le nom de

Sept nominations et trois prix pour Maison Moderne à Francfort !

Maison Moderne n’est pas rentrée bredouille des German Design Awards 2015 à Francfort : la société éditrice, entre autres, de Paperjam, y avait été nommée à sept reprises avec Nico Confessions, Archiduc, Delano, Flydoscope, Design City Magazine, mmm et Looking to Learn / Learning to Look. Elle a, au final, raflé trois prestigieux prix : un award dans la catégorie « Editorial » pour le magazine d’architecture Archiduc et pour Design City Magazine (éditée pour le compte du Mudam à ­l’occasion de la biennale Design City) et un prix « Books and Calendars » pour le livre Looking to Learn / Learning to Look ­réalisé pour l’anniversaire de la galerie Clairefontaine.

La Confédération luxembourgeoise du commerce s’agrandit ! Avec la création de ecom.lu, une fédération dédiée au commerce

Pit Reckinger comme ancien président de la Chambre des métiers, un des cofondateurs de Business Initiative en 2000. Il s’agissait évidemment de Paul Reckinger.

L’article consacré à la création de Bopro Luxembourg, publié dans notre dernière édition, comportait une erreur et une imprécision : Martin Heyse n’a ainsi pas « dirigé DTZ pendant 15 ans », mais il y a été responsable du service Letting & Sales pendant cinq ans (il y fut également associé et administrateur) ; quant au projet du futur siège de Deloitte, si Bopro Luxembourg est intervenu, c’est aux côtés du promoteur et non pas « en direct ».


Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini photographiée à son domicile par Julien Becker.

Marie-Jeanne Chèvremont-Lorenzini lit Paperjam depuis 2000. Merci

Maison Moderne célèbre 20 ans d’édition indépendante et 200.000 lecteurs. Découvrez 20 ans d’archives sur www.maisonmoderne.lu/20


Entreprises Sodrugestvo

01 Des ressources à attirer

► Groupe agroalimentaire ambitieux, Sodrugestvo a installé son siège mondial au Luxembourg par choix stratégique assumé. ► Son CEO français croit dans le potentiel du pays, vu comme un partenaire stable, et dans de nouveaux développements de niches. ― Texte : Alain Ducat ― Photos : Sven Becker

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Sodrugestvo ? C’est un géant agroalimentaire d’origine biélorusse, qui a la tête au Luxem­ bourg depuis fin 2011. En cette fin février, il a fait sa première véritable sortie au grand jour dans le microcosme luxembourgeois, à l’occa­ sion de l’inauguration officielle de son siège mondial, avenue de la Porte-Neuve. Dans les étages d’un bâtiment fonctionnel, sans osten­ tation, Stéphane Frappat, le CEO français du groupe Sodrugestvo, explique, en toute trans­ parence, les choix stratégiques de ce petit empire très terre à terre. La « grande ouverture », avec Étienne Schneider, ministre luxembourgeois en vedette américaine, était l’occasion assumée de donner un coup de projecteur sur un siège mondial très discret jusque-là, quoique la substance y soit manifeste. « Il y a 35 personnes qui travaillent ici, représentant une quinzaine de nationalités. Et la plupart se sont établies au Luxembourg », énonce Stéphane Frappat. Sans parler des grappes d’adminis­ trateurs, de cadres, de prospects, de fournis­ seurs ou de clients qui débarquent ponctuel­ lement de l’étranger, pour un séminaire ou un conseil, et qui emplissent des espaces de location, se logent dans l’hôtellerie, vont manger à midi ou sortent le soir. Une sorte de cercle vertueux…

▲ Stéphane Frappat, CEO français du groupe d'origine biélorusse, assume et défend le choix de Luxembourg comme siège mondial.

Le groupe Sodrugestvo a, à Luxembourg, trois sociétés, des data centers, une série d’ac­ tivités de gestion à l’échelle planétaire : direc­ tion générale, directions administrative, com­ merciale, juridique, des ressources humaines, gestion du fret maritime, middle office pour les fonctions exécutives mon­ diales… « Les opérations centrales, comme l’audit interne, le risk management, la consolidation, le reporting, tout cela est ici. Nous souhaitons aussi accentuer l’importance de notre gestion de trésorerie depuis la place luxembourgeoise », poursuit le CEO. L’homme sait être direct, à la fois vanter le pays pour ses qualités et le titiller pour ses défauts, de façon constructive. « Oui car nous avons des projets à long terme. Si on peut apporter nos idées, les partager et contribuer à faire évoluer l’environnement pour le business… » Et Stéphane Frappat est clair : « Nous voulons rendre au Luxembourg ce qu’il nous apporte. Le Grand-Duché est un pays qui sait s’adapter, qui a suivi un modèle intelligent


Entreprises Sodrugestvo – attirer de grandes structures et capter de la valeur à la marge – et le défend de manière très courageuse. Et de manière bien plus transparente que sur d’autres places économico-financières. Le Luxembourg est une cible facile mais taper sur la tête du petit pays, c’est encore plus petit. On parle moins d’autres places, bien plus agressives et borderline. »

LA STABILITÉ, ATOUT MAJEUR Il ne faut pas pour autant y voir une idylle béate pour le Grand-Duché, mais plutôt un mariage de raison heureux, après mûre réflexion sur le choix de la dulcinée. « Sodrugestvo avait racheté en 2003 une entreprise danoise, spécialisée dans les protéines pour nourritures animales. Les marchés d’Europe du Nord se sont davantage ouverts et l’entité danoise est devenue un siège important. En 2010, nous avons entamé une restructuration des activités globales. Il restait sur la short-list Amsterdam et Luxembourg, pour établir notre siège et y baser la nouvelle stratégie. » Luxembourg a donc emporté l’adhésion. « L’environnement est agréable et flexible, multilingue, idéal pour un siège administratif international, qui rassemble quand même beaucoup de substance et de fonctions. L’atout majeur, c’est la stabilité, notamment politique. Cela donne de la prévisibilité, indispensable pour parler croissance durable et stratégie sur le long terme. » Étienne Schneider, lors de l’inaugura­ tion officielle (photo), n’a pas manqué le clin d’œil – il a aussi rappelé que Sodrugestvo lui avait permis sa première grande annonce ministérielle au moment du transfert de siège, et donc sa première success story : « Le gouvernement s’est engagé à ne pas changer la fiscalité des entreprises », a-t-il souri. Stéphane Frappat opine. Mais, hors cadre, il ajoute : « Il faut quand même souligner, à l’intention de ceux qui pensent que tout le monde vient à Luxem­ bourg pour jouir d’un pseudo paradis fiscal, que Kaliningrad – où se trouvait le siège de Sodrugestvo avant de venir ici, et où le groupe a une grosse base opérationnelle – est en zone franche. Le taux d’imposition de base, c’est 0 %. Ce n’est évidemment pas le cas à Luxembourg. »

Stéphane Frappat

Un Français parti en URSS pour atterrir à Luxembourg

Formé à la fonction publique, entrepreneur dans l’ancien bloc soviétique, manager et con­sultant en industrie et monde bancaire, le CEO de Sodrugestvo a un format et une vision. Il est encore dans la quarantaine mais il a déjà vécu plusieurs vies, au fil d’un parcours atypique et passionnant. Stéphane Frappat, formé à Sciences Po à Bordeaux, orientation « services publics », a travaillé dans la garde rapprochée de Valéry Giscard d’Estaing – « Le président a eu du nez, en misant, pour des intérêts français, sur l’émergence de l’économie russe, alors qu’elle était encore sous l’ère soviétique » – et de Philippe Séguin. Le jeune Français a quitté l’Hexagone à la charnière des années 80 et 90, pour s’établir dans l’énorme pays qui s’appelait encore l’URSS. Il y a vécu, de l’intérieur, l’ouverture, les changements sociétaux, la transition politique et économique, les premières success stories et les évolutions depuis. Il a occupé divers postes, de consultant, de manager, de direction, pour RhônePoulenc, Avomark, Burlington ou Aventis. En 2003, il a été de l’aventure Camden Partners à Moscou, en tant que cofondateur et managing partner de la banque d’affaires et officine de conseils financiers pour les marchés émergents d’Europe. Après un premier épisode de COO chez Sodrugestvo (en 2001-2002), il y a été

C’est donc bien un ensemble de raisons stratégiques qui ont poussé le groupe à la migration et à l’enracinement. « Les Néerlandais sont forts. Les Luxembourgeois avaient un cran au-dessus », commente le CEO. Avoir l’étiquette russe n’a pas non plus été un obstacle, et cela n’a pas l’air de peser davantage aujourd’hui, malgré le contexte international. D’une part, il y a des relations bien établies, notamment entre les places de Luxembourg et de Moscou. « D’autre part, même si le plus gros volume de nos marchés se trouve dans ces régions, nous ne sommes pas vraiment russes et pas du tout des oligarques », précise le patron du groupe au capital com­ posé à 90 % d’actions familiales portées par le couple biélorusse – Alexander Lutsenko et sa femme – fondateur de l’entreprise il y a 20 ans, 10 % étant par ailleurs aux mains du groupe japonais Mitsui.

BESOINS SPÉCIFIQUES À RENCONTRER C’est donc en acteur international au métier spécifique que Sodrugestvo raisonne. « Nos métiers vont des portes de la ferme aux portes de la ferme. Nous achetons les matières premières, stockons, transformons, acheminons, vendons, distribuons… Parfois, certains ont encore des

rappelé et en est devenu le CEO en 2008. Aux côtés de l’actionnaire historique, le fondateur Alexander Lutsenko, toujours à la présidence du groupe, il a piloté, à partir de 2010, la grande réorganisation stratégique qui a conduit le groupe de sociétés, et ses cadres, à s’installer, solidement, à Luxembourg. Le siège social y avait officiellement déménagé en 2011. Sodrugestvo y avait pris pied dès le printemps 2010, d’abord au Kirchberg puis à Munsbach. En janvier 2012, les pénates passaient dans la Grand-Rue, avec une poignée de personnes. L’équipe en compte aujourd’hui 35 au siège du groupe, avenue de la Porte-Neuve. Stéphane Frappat vit et travaille à Luxembourg, mais se déplace beaucoup, à Genève, à Kaliningrad, à Moscou, un peu partout dans le monde. Sodrugestvo dispose d’installations dans une douzaine de pays, emploie près de 2.500 personnes, et annonce un chiffre d’affaires consolidé de près de 3 milliards de dollars pour son exercice clos le 30 juin 2014. La compagnie a connu une croissance annuelle moyenne d’environ 20 % au cours des 10 dernières années. A. D. ◄

difficultés à comprendre notre modèle, qui a aussi des besoins financiers spécifiques. » Stéphane Frappat verrait bien, au Luxem­bourg, une niche nouvelle pour le secteur financier, un pool de services bancaires adaptés à des entre­ prises de produits et de services dégageant un chiffre d’affaires entre, au bas mot, 500 mil­ lions et 5 milliards d’euros. « Clairement, nous avons besoin de services orientés trade finance, adaptés à notre modèle, sur des cycles, des risques différents. Ce n’est pas évident… » Un microcosme, à la genevoise en quelque sorte, pourrait encore se développer, autour du private banking, de hedge funds spéci­ fiques. « Nous en avons déjà parlé avec les autorités luxembourgeoises et des responsables de la Place. C’est d’ailleurs agréable d’avoir cette écoute attentive, observe encore Stéphane Frappat. Quand on mesure en plus qu’ici, il y a un environnement global intéressant et des coûts de fonctionnement abordables, comparés à Londres, Genève ou Moscou, je pense sincèrement que Luxembourg a encore des atouts à développer. Et des ressources à attirer. » ◄ En résumé. Stéphane Frappat, le CEO français de Sodrugestvo, montre les cartes en toute transparence. Le groupe alimentaire d’origine biélorusse, et au marché international en dévelop­ pement, a choisi le Luxembourg pour poser son siège mondial il y a trois ans. Et sort au grand jour, pour rendre au microcosme luxembourgeois ce que l’environnement du pays lui apporte

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Entreprises Qualité et excellence

02 Échanger pour faire infuser ► Portés par le MLQE, les cercles des bonnes pratiques ont pour ambition de créer une émulation collective autour de la recherche de performance et de qualité. ► L’édition 2015 promet quelques nouveautés, dont des packages plus à la carte. ― Texte : Florence Thibaut ― Photo : Olivier Minaire

Créé en 2001, le Mouvement luxembourgeois pour la qualité s’est donné la mission de promouvoir les bonnes pratiques de ses membres, et par là, d’accélérer la maturité du marché. Initiée par l’ex-CRP Henri Tudor et le ministère de l’Économie, la plateforme a depuis intégré un « E » dans ses initiales pour mettre en valeur sa recherche d’excellence. Le MLQE compte 290 membres, un chiffre stable depuis plusieurs années. « La recherche de qualité touche beaucoup plus d’acteurs au Luxembourg. Attirer davantage d’organisations est un de nos objectifs pour cette année. Je suis convaincu que nous pouvons en intéresser d’autres », déclare Roger Ianizzi, secrétaire général de l’association. Les cercles des bonnes pratiques, un des temps fort de l’année, ont conservé la même philosophie depuis leurs débuts il y a cinq ans, à savoir favoriser l’échange décomplexé et la diffusion d’idées entre organisations, publiques ou privées. « Il ne faut pas forcément être certifié ISO 9001 pour entamer une démarche de qualité, explique Aurélie Onraet, coordinatrice projets depuis janvier dernier, notamment pour renforcer le club des auditeurs, autre initiative phare du réseau. Cette réflexion peut potentiellement toucher tout type d’entreprise ou de secteur. » « Des boucheries, des pharmacies, des PME ont parfois des idées très inspirantes. Le point commun, c’est que disposer d’un regard externe est toujours bénéfique », la rejoint Roger Ianizzi.

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Aujourd’hui, les cercles se concentrent sur les ressources humaines, les relations clientèle et l’impact sociétal. Le modus operandi est le même, qu’il s’agisse de partenaires, d’employés ou de clients. Le premier contact se fait via un questionnaire de satisfaction en ligne. Anonymes, les documents sont disponibles en anglais, français et allemand. « En général, les taux de réponse sont assez élevés, les sondés apprécient qu’on leur demande leur avis. Bien sûr, ils apprécient encore plus quand on en fait quelque chose ensuite », soutient Aurélie Onraet. Le MLQE compile les résultats et les organise sous forme de tableau pour faciliter la comparaison. « Le principe de base est de réunir des entreprises de tous secteurs autour d’un outil de benchmark et de thèmes de discussion précis. L’échange, notamment autour des résultats, est au cœur de la méthode », développe Roger Ianizzi. La restitution se fait en groupe, de préférence chez un des participants. Performance, gouvernance, égalité des chances sont passées au crible. « On apprend toujours beaucoup des autres. Si on prend l’exemple des relations avec les clients, nous allons examiner la perception générale de l’entreprise, l’accueil, la qualité du produit ou du service délivré… L’exercice se veut très global », poursuit-il. Dans le cas des RH, l’avantage du concept est de croiser la vision des salariés, captée via les questionnaires, et les vues du management, mesurées

▲ Derrière le diplôme, il y a toute une démarche. Et tout un process d'échange de bonnes pratiques.

grâce au Boss satisfaction index. Initiés en collaboration avec un cabinet d’orthodontie, Becker & Associés, les cercles se fondent sur quatre mesures transversales : RSE, environnement, égalité des chances et gouvernance. Cette année, l’approche se veut plus personnalisée. « Nous avons souhaité plus de flexibilité et voulu proposer des packs aux entreprises intéressées. Elles pourront participer aux actions ponctuelles ou se limiter aux questionnaires tout au long de l’année. La consultation des résultats restera une étape importante, mais elle pourra cette fois se faire à distance. Un membre de notre équipe pourra également se rendre dans l’entreprise pour répondre aux questions », ajoute Roger Ianizzi La nouvelle mouture des cercles et l’agenda seront dévoilés le 16 mars prochain lors d’un événement de lancement de la saison. Au programme des prochains mois, une nouvelle édition du Prix de la qualité et de

l’excellence créé en 2004, la parution en mai d’une version du guide gratuit dédié cette année à l’innovation, une Semaine de la qualité déjà bien chargée à l’automne, peut-être des petits déjeuners thématiques… L’inscription aux cercles restera possible tout au long du mois de mars, le minimum de participants par cercle étant de cinq organisations. « L’important dans les cercles n’est pas d’y participer une fois, mais d’y trouver des idées d’actions ou d’innovations transférables, de les mettre en place en interne, mais aussi de mesurer les évolutions d’une année à l’autre, affirme Aurélie Onraet. Nous souhaitons être une plaque tournante entre les entreprises. Bien souvent, les responsables qualité sont isolés dans l’entreprise. Il est important de les laisser s’exprimer. Ils gagnent beaucoup à échanger leurs difficultés et leurs questions avec leurs pairs. » Pour que les échanges fassent infuser la qualité. ◄ En résumé Créés dans l’idée de fédérer les organisations autour de la recherche de qualité, les cercles des bonnes pratiques veulent, cette année, faire plus d’émules. Avec une nouvelle édition du Prix de la qualité, un guide dédié à l’innovation et des services plus à la carte, les initiatives ne manquent pas.


CSI*** De Luxembourg Réiser Päerdsdeeg 2015

11-14

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Entreprises Stratégie

03 Luxair redéploie ses ailes ► La compagnie nationale, satisfaite de son exercice 2014, a validé, début février, le plan de renouvellement de sa flotte. ► Soumis à une concurrence internationale de plus en plus forte, LuxairGroup entend se positionner durablement au sein d’un secteur aérien durement touché par la crise et au climat social toujours tendu. ► L’état de santé de Cargolux préoccupe plus que jamais les dirigeants de LuxairGroup, qui est le principal actionnaire de la compagnie de fret. ― Texte : Jean-Michel Gaudron ― Photo : Jessica Theis

▲ Adrien Ney, qui a fêté, en février 2015, ses 10 ans de présence à la tête de Luxair, avoue sa satisfaction d’avoir pu trouver un compromis avec les partenaires sociaux pour le renouvellement de la convention collective.

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La petite brochure adressée à la mi-février à l’ensemble des quelque 2.400 salariés du groupe Luxair le dit clairement : le plan d’investissement à moyen terme (2015-2019) annoncé par la compagnie nationale est mis en œuvre pour « rendre possibles des développements cruciaux dans les différents champs d’activité ». L’annonce faite début février de la stratégie de renouvellement de la flotte constitue cependant une étape supplémentaire dans un long processus entamé en 2006 déjà. C’est le fameux plan Building a new airline, qui avait porté ses fruits en l’espace d’à peine deux ans et avait permis d’entrevoir un retour à l’équilibre de toutes les business lines de la compagnie – à commencer par les activités Airline qui affichaient 12 millions d’euros de pertes en 2005 – avant que la crise de 2008 n’oblige à une profonde réadaptation. « L’une des réalisations les plus marquantes de ce plan stratégique se retrouve dans la forte baisse du prix moyen des billets, qui est passé de 170 euros à 120 euros », indique Adrien Ney, CEO de LuxairGroup, qui vient de fêter 10 ans de présence à la tête de la compagnie. Le renouvellement de la flotte représente la plus grosse part des investissements programmés : pour les nouveaux Bombardier Q400 et pour le Boeing 737-800, cela représente pas moins de 225 millions d’euros – avec une marge de fluctuation dépendante des prix catalogues des avionneurs – soit 70 % du plan total d’investissement qui devrait tourner autour de 317 millions d’euros. « Il y a d’autres décisions d’investissement prises en permanence et dont le grand public n’a pas nécessairement connaissance », précise M. Ney. Ces investissements complémentaires sont de deux ordres. Le plus gros poste (87 millions d’euros) concerne les infra­


Entreprises Stratégie structures, avec l’expansion du Cargo Center, le nouveau bâtiment de maintenance des avions, la préparation du nouveau siège social de la compagnie à Munsbach ou encore la rénovation du bâtiment catering. Les chantiers IT sont moins onéreux (5 millions), mais n’en sont pas pour autant moins importants. Il s’agit notamment du développement des outils e-services et e-commerce et de l’implémentation des stratégies digitales pour la branche Airline et LuxairTours. Après une année 2013 où la compagnie avait affiché des résultats meilleurs que prévu, renouant avec les bénéfices (1,9 million d’euros pour l’ensemble du groupe, mais une activité Airline toujours déficitaire de 12 millions) suivant une année 2012 où la compagnie avait bu le bouillon (10,5 millions de pertes pour le groupe et plus de 19 millions pour l’Airline), LuxairGroup vient de terminer une année 2014 « dans la continuité », indique Adrien Ney, qui ne donne pas plus de détails sur les chiffres, hormis le fait que la branche Airline est toujours dans le rouge (mais avec une tendance à virer doucement à l’orange) et que LuxairTours a réalisé les meilleurs résultats financiers de son histoire. Avec un nombre record de passagers transportés – plus d’un million – pour Luxair Luxem­bourg Airlines en 2014 et un objectif de 1,2 million pour 2015, la compagnie nationale s’appuie sur des chiffres solides pour envisager sereinement l’avenir immédiat. Elle s’appuie aussi sur le succès des offres « Primo », le low-cost à la mode Luxair (c’est-à-dire des prix bas, mais avec une qualité de services supérieure), qui ont assuré, à elles seules, la moitié des passagers transportés et pour lesquels la compagnie table en très grande partie pour atteindre l’objectif de l’année en cours : c’est l’effet de masse qui doit jouer, étant entendu que les marges sont désormais réduites à l’extrême. « Dans notre métier, il faut savoir être optimiste, ce que je suis par nature, mais aussi réaliste. L’euphorie n’est pas de mise, ni la dépression », indique Adrien Ney. Certains dossiers toujours ouverts ont de quoi, en effet, susciter une prudence raisonnable : le renouvellement en cours de la concession pour les boutiques Buy Bye, lancée par Lux-Airport est le plus proche dans le temps. LuxairGroup fait, certes, partie de la short list encore en course pour reprendre (dans le cas présent, poursuivre) le contrat en cours des quatre boutiques du terminal passager qui prend fin en octobre prochain. Mais la décision qui doit tomber à la fin du printemps est loin d’être acquise, pour une activité qui emploie directement une quarantaine de personnes au total et a tout de même généré 11,4 millions d’euros de revenus en 2013. Et puis il y a le « grand voisin », Cargolux, dont la situation financière, économique et sociale est toujours incertaine, en dépit du changement d’actionnaire acté en 2014. Détenteur de 35 % du capital, LuxairGroup a déjà investi quelque 100 millions d’euros ces dernières années et reste dans l’attente d’une

Bombardier et Boeing

Nouvelle flotte, mode d’emploi C’est une fusée à deux étages que le conseil d’administration de LuxairGroup a approuvée avec la stratégie de renouvellement de la flotte devant répondre à la double nécessité d’augmenter les capacités tout en réduisant les coûts unitaires. Dans un premier temps, trois bi-turbopropulseurs Bombardier Q400 supplémentaires (Luxair en compte déjà sept dans sa flotte) ont été commandés, en vue de remplacer progressivement les cinq Embraer ERJ-145 opérés par la compagnie nationale. Le Q400 est caractérisé par des coûts d’exploitation de 45 % inférieurs à ceux des Embraer (soit un peu moins de 2,5 millions d’euros par an et par avion). La livraison commencera dès 2016. Une option a par ailleurs été posée pour deux autres Q400, devant faciliter l’ouverture de routes supplémentaires. La compagnie lorgne notamment avec intérêt vers les pays nordiques. « Le remplacement des Embraer ERJ-145 par des Q400 l’année prochaine permettra à Luxair

potentielle nouvelle recapitalisation, quand bien même Paul Helminger, le président du conseil d’administration de Cargolux, mais aussi de LuxairGroup, semble avoir exclu cette hypothèse. « Nos moyens ne sont pas illimités », prévient M. Ney, qui suit le dossier « avec beaucoup d’attention ». Il faut dire que la compagnie de fret est le plus gros contributeur aux activités Cargo de LuxairGroup, qui ont, certes, affiché une bonne santé en 2014 (5 % de progression à 725.000 tonnes traitées), mais qui restent extrêmement vulnérables devant la volatilité du secteur. Or, plus de 1.300 emplois de LuxairGroup sont directement ou indirectement liés à Cargolux. « Cargolux est une société très performante, mais elle doit faire face à une montée en puissance de gros opérateurs du Moyen-Orient et de Turquie, constate Adrien Ney. Je ne peux qu’approuver les déclarations de M. Helminger, qui évoque un réel danger pour la pérennité de la compagnie et qui appelle à la mise en œuvre d’une nouvelle convention collective. Nous prenons tout cela très au sérieux. »

UNE PAIX SOCIALE FRAGILE Le volet social constitue également un gros morceau du côté de LuxairGroup, même si un certain apaisement est revenu en début d’année grâce à l’accord trouvé avec les syndicats dans le cadre du renouvellement d’une convention collective en (re)négociations musclées depuis près de deux ans entre les deux parties. Un accord a minima qui n’a que modérément satisfait les deux parties. « Le climat social n’est pas toujours au mieux, reconnaît M. Ney. Mais c’est logique dans une industrie de l’aviation qui est tout de même littéralement sinistrée en Europe. J’ai toujours eu confiance dans les partenaires sociaux pour

Luxembourg Airlines de retrouver l’équilibre fin­ ancier », peut-on lire dans la brochure reçue par l’ensemble des salariés du groupe à la mi-février. Le second étage de la fusée prévoit, à l’horizon 2018, l’acquisition d’avions à réacteur de nouvelle génération (plus grande capacité et plus grande autonomie), qui sont aujourd’hui encore en développement chez les constructeurs. Parallèlement, du côté de LuxairTours, le troisième Boeing 737-800 commandé en 2012 a été livré fin février. Il entrera officiellement en service le 26 mars prochain à destination de Djerba. Conséquence de cet élargissement de la flotte de LuxairTours, un des « anciens » Boeing 737-700 sera, dès avril, entièrement affecté à l’activité Airline, offrant un meilleur confort pour les destinations les plus lointaines (Rome, Nice, Madrid, Munich et Barcelone). Objectifs 2015 chiffrés : 1,2 million de passagers pour l’Airline et 600.000 pour LuxairTours. J.-M. G. ◄

que nous puissions trouver ce compromis qui nous satisfait. » Cette satisfaction de rigueur n’est guère partagée par Hubert Hollerich, secrétaire central de l’OGBL, responsable de la branche Aviation civile du syndicat. « Ce dossier nous a coûté beaucoup d’énergie depuis près de deux ans et n’est pas vraiment un succès, regrette-t-il. Nous avons trouvé un terrain d’entente qui s’apparente surtout à la moins mauvaise des solutions, en ce sens qu’elle coûtera moins cher à l’employeur au détriment des nouveaux employés. Mais nous avons tout de même évité le pire, alors que se profilait, initialement, le démantèlement total de la convention précédente et le remplacement de l’indexation automatique des salaires par un système d’évaluation de performances. Je constate aussi que hormis l’année 2012, la société a toujours fait des bénéfices, loin du catastrophisme prêché par la direction depuis des années. Il est toujours très difficile, dans ce contexte, de devoir expliquer au personnel qu’il va devoir consentir des efforts. » Les syndicats tendent également le dos dans la perspective du futur appel d’offres pour les activités handling passagers et cargo et pour lesquelles l’hypothèse d’une perte d’activités pour LuxairGroup fait partie des scénarios plausibles. « On ne sait pas quel serait alors l’impact sur les conditions de travail, mais il y en aura, quand on considère ce qui s’est passé sur d’autres marchés ouverts à une telle concurrence. » ◄ En résumé En attendant de connaître les résultats officiels d’une année 2014 qui s’annonce plutôt bonne, Luxair a annoncé la mise en œuvre d’un plan de renouvellement de sa flotte qui devrait lui permettre d’aborder les prochaines années sur un élan positif en termes de maîtrise des coûts et rentabilité. Mais certains dossiers chauds (libéralisation des activités de handling, renouvellement de la concession des boutiques, et surtout Cargolux) sont surveillés de très près.

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Entreprises e-recrutement

04 Start-up en stop and go ► Le concept ZiDCard est vendu après faillite de la société mère. ► Money for Job est gardé dans le groupe luxembourgeois d’origine qui lève des fonds pour se renforcer, mais il sera exploité par un grand groupe RH. ― Texte : Alain Ducat

Vincent Balzano (Money for Job) ▼

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concept et les activités de la plateforme de e-recrutement. Si une société ou une entreprise peut être « transformée » en termes comptables (actif, passif, matériel, fonds de commerce…), un service dématérialisé, suivi par des parrains, fondé sur une base de données autoalimentée et lié au marché de l’emploi et à ses partenaires, ce n’est pas aussi simple à évaluer. Pour rappel, la société Zidcard avait mis en place un service qui entendait répondre aux attentes des recruteurs en permettant aux candidats de valoriser leurs compétences en toute confidentialité. En octobre dernier, la plateforme de e-recrutement avait annoncé la mise en place d’un partenariat prometteur avec l’Adem « afin d’augmenter les chances de réinsertion des demandeurs d’emploi sur le marché du travail », indiquait à l’époque à Paperjam.lu le CEO Jérôme Pittie. Peu après, la société annonçait un positionnement vers l’international, sous le label « Made in Luxembourg », une expansion que l’entreprise avait d’ailleurs anticipée il y a un an, en augmentant son capital notamment. Toujours est-il que, des quelques offres qui ont déboulé après la faillite, deux ont émergé et le curateur en a retenu une. La vente a été signée, pour le concept de recrutement anonymisé, la marque et la plateforme ZiDCard. Au moment de boucler ce magazine, le repreneur n’était pas encore sorti du bois. Et restait donc inconnu, comme le montant du rachat bien sûr. Au même moment pratiquement, les choses prenaient une bonne tournure aussi pour l’autre plateforme, Money for Job. Dans ce cas-là aussi, il y avait pourtant une faillite à la base. Mais de toute évidence, la société s’est en quelque sorte sabordée,

▲ Les plateformes de recrutement sont en train de changer de mains. D’autres opérateurs exploiteront les concepts.

comme l’a fait, en parallèle, son homologue française. Le tout en restant sous la main des entrepreneurs initiaux. « Nous avons encore au Luxembourg la holding qui gère le groupe et détient la propriété intellectuelle (il s’agit de MFJ Group, société anonyme ayant pris le relais de X-Change Concept, créée en 2008, ndlr). C’est la société d’exploitation du concept qui s’est arrêtée », confirme le CEO Vincent Balzano. En réalité, cette « disparition » des sociétés s’est avérée un préalable à un deal plus important. Et MFJ Group au Luxembourg reste la base de négociation. Une double discussion en l’occurrence. La première se mène avec des investisseurs institutionnels européens, a priori logés au Luxembourg également, « en vue d’une grosse levée de fonds, pour renforcer le groupe », confirme Vincent Balzano. D’autre part, les créateurs et gestionnaires de Money for Job parlent « avec plusieurs opérateurs potentiels pour la reprise de l’exploitation du concept, notamment au Luxembourg », ajoute le CEO français. Le repreneur devrait être un des importants groupes européens actifs dans les RH – et a priori déjà implantés au Luxembourg – qui sont dans la dernière ligne droite d’un deal qui doit « se finaliser au printemps ». ◄ En résumé Deux start-up luxembourgeoises du recrutement numérique ont été déclarées en faillite à une semaine d’intervalle. Mais le contexte est différent. Le concept ZiDCard a trouvé un repreneur extérieur à la société mère. Money for Job est gardé dans le groupe luxembourgeois d’origine qui lève des fonds pour se renforcer, mais il sera exploité par un grand groupe RH.

PHOTOS : OLIVIER MINAIRE (ARCHIVES) – JULIEN BECKER (ARCHIVES)

Deux faillites, à quelques jours d’intervalle. Il y avait de quoi s’inquiéter pour le modèle de la plateforme de recrutement, sauce start-up numérique luxembourgeoise. Le 13 février dernier, le tribunal de Luxembourg déclarait la faillite de la sàrl Zidcard. Le 20 février, c’est un autre prononcé qui tombait, pour une autre sàrl, Money for Job. Après quelques jours de plus, cependant, les choses ont bougé et se sont décantées au départ de situations semblant similaires mais qui au final, se révèlent différentes pour ces deux concepts. La faillite de la société Zidcard a très vite débouché sur la mise en vente du concept ZiDCard. Le curateur désigné, Me Laurent Lenert, a rapidement obtenu l’accord du tribunal d’arrondissement de et à Luxembourg siégeant en matière commerciale de sauver ce qui pouvait l’être, et en premier lieu le


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Entreprises Immobilier

PHOTO : MIPIM

05 Les rendez-vous de la Croisette

► Le Mipim, un des plus grands salons européens de l’immobilier, accueille 20.000 personnes à Cannes. ► Au fil des éditions, la présence luxembourgeoise y est devenue importante. Plus de 300 acteurs de la Place font le déplacement. ► L’événement cannois est l’occasion de faire le point avec ses partenaires nationaux et de rencontrer d’éventuels clients plus lointains. ― Texte : Jean-Michel Lalieu

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La tradition est bien établie. À la mi-mars, tout ce que la Place luxembourgeoise compte comme experts immobiliers – liés de très près ou de plus loin au marché, à son offre, à ses financements – prend la route du Sud. Destination Cannes où se tient le Mipim (Marché international des professionnels de l’immobilier), un des plus grands salons immobiliers d’Europe. Le temps d’une petite semaine – du 10 au 13 mars pour l’édition 2015 –, la Croisette se transforme en vaste foire commerciale et, du Palais des festivals au moindre recoin de plage, c’est l’envahissement général. Pour la célèbre cité balnéaire française, l’événement est d’ailleurs devenu plus important que le Festival du cinéma en termes de rentrées. Cette année encore, la Chambre de commerce du Luxembourg a fait le choix d’assurer une présence bien visible de l’activité du pays à travers un pavillon national. Quinze entreprises y sont hébergées pendant les quatre jours du salon. « C’est la dixième année consécutive que nous l’organisons et nous en sommes très fiers », commentait Carlo Thelen, directeur de la Chambre de commerce, avant

▲ Du Palais des festivals aux grands yachts privés, à la mi-mars les experts mondiaux de l’immobilier envahissent la cité cannoise.

300 Au total, on estime la présence grand-ducale au Mipim à plus de 300 personnes, en comptant les représentants des grands fonds internationaux.


Entreprises Immobilier de faire le déplacement (cette édition de Paperjam1 a été bouclée avant que démarre le salon). Au total, on estime la présence grand-ducale à plus de 300 personnes, en comptant les représentants des grands fonds internationaux. Il y a 10 ans, la présence luxembourgeoise était nettement moins importante sur les allées de la Croisette. « Nous étions à peine une demi-douzaine d’acteurs représentant le Luxembourg », se souvient Vincent Bechet, senior partner d’Inowai qui en est, lui, à sa quinzième participation. Convaincu de l’intérêt de la manifestation, il avait lancé un appel auprès de la Chambre de commerce pour inciter d’autres acteurs de la Place à le rejoindre. Une enquête a alors été menée auprès des acteurs économiques et elle a montré un intérêt certain. « Nous avons estimé que nous aurions une meilleure visibilité en organisant une présence collective autour d’un stand regroupant différents métiers liés, de près ou de loin, à l’immobilier », poursuit Carlo Thelen. Un choix qui n’est pas neutre budgétairement – « les mètres carrés y sont très chers et il faut pouvoir présenter un beau stand » –, mais qui doit permettre de démontrer le dynamisme du Luxembourg à une audience internationale.

« C’est un peu la « Il y a vraiment folie. L’espace un avant et un est envahi de après-Mipim. » décideurs et les Vincent Delwiche (Agora) rendez-vous se font partout. » Vincent Bechet (Inowai)

« À Cannes, on entretient plus les contacts qu’on ne signe de contrats. » Renaud Le Squeren (DSM)

VITRINE DE LA DIVERSITÉ DE L’OFFRE « Nous voulons avant toute chose afficher la diversité des activités au Luxembourg, explique le directeur de la Chambre de commerce. Montrer que ce n’est pas seulement une place financière, mais qu’il y a aussi beaucoup d’activités autour. » La preuve par la présence sur le pavillon qui est assurée à la fois par des développeurs de projets immobiliers, des entreprises de construction, mais aussi des sociétés de services, des avocats et quelques acteurs du monde financier. Ensuite, d’un point de vue strictement immobilier, les organisateurs veulent aussi faire passer les messages d’un secteur intéressant pour les investisseurs étrangers : prix élevés, marché dynamique du bureau, démographie en hausse, taux de vacance faible, présence active de l’Union européenne, etc. Le message est clair. Et la caisse de résonance à la hauteur de l’enjeu. Organisé depuis 25 ans à Cannes, le Mipim affiche des chiffres impressionnants : 21.000 visiteurs, 93 pays représentés, 2.200 exposants, 4.500 investisseurs, 3.200 responsables d’entreprise et 370 décideurs politiques de premier plan. « C’est un peu la folie, raconte Vincent Bechet. La Croisette est envahie de décideurs en costumecravate et les rendez-vous se font partout. Sous les chapiteaux, dans les suites des hôtels, ou sur les yachts ancrés au large. » Pourquoi une telle ruée sur les rivages de la Grande Bleue ? Simplement, parce que c’est l’occasion de faire un maximum de con­ tacts en un minimum de temps. « Mon but est d’y aller avant tout pour rencontrer des gens

que je ne connais pas encore », explique Romain Muller, directeur général de JLL Luxembourg. Travaillant au sein d’une importante structure internationale, il profite du chapiteau installé pour le groupe et des manifestations que sa direction internationale planifie. « Nous organisons des workshops avec des investisseurs internationaux au cours desquels nous présentons nos activités dans les différents pays, explique-t-il. Nous organisons aussi un grand dîner qui rassemble dans notre espace sur la plage 160 investisseurs de tous les continents. Ces manifestations sont régulièrement l’occasion de découvrir de nouveaux investisseurs potentiels pour le marché luxembourgeois. » Vincent Delwiche, directeur général d’Agora, la société responsable du développement d’Esch-Belval, fait aussi la route depuis longtemps. « Nous y allons parce que nous y trouvons notre compte, précise-t-il. Mais il faut quand même savoir que le coût est très élevé. Les droits d’entrée, les prix des hôtels, tout cela est surfait. » Depuis que le pays a développé un stand, c’est en tout cas l’occasion pour Agora de présenter la maquette du site de

Belval aux investisseurs présents. « C’est beaucoup plus facile d’obtenir un rendez-vous à Cannes avec un fonds d’investissement pour lui expliquer notre projet que de le faire venir au Luxembourg », pointe-t-il. Avec des résultats à la clé ? « Oui, il y a un return certain, sinon nous n’y retournerions pas. Je rentre à chaque fois de là avec une série de contacts à développer. » C’est d’ailleurs au Mipim, précise-t-il, qu’ont été établis les premiers contacts pour les Plaza I et II, les galeries commerciales de Belval.

DES OVERBOOKÉS HEUREUX Chez Inowai, six responsables font le déplacement. « Avec des agendas overbookés, précise Vincent Bechet. Sur le Mipim, on court vraiment d’un rendez-vous à l’autre tout au long de la journée. C’est avant tout l’occasion de faire du profilage des fonds d’investissement et de rencontrer nos clients développeurs. Comme nous sommes présents en Belgique et en France, ça nous évite, entre autres, de devoir aller à Paris. » « Il ne faut surtout pas croire que nous allons bronzer sur la Croisette, sourit de son côté Romain Muller. Du petit déjeuner au dîner,

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Entreprises Immobilier

Cocktail à Cannes

Coup de projecteur sur les acteurs luxembourgeois

PHOTO : CHAMBRE DE COMMERCE

La « Journée du Luxembourg » est plus relationnelle que technique.

j’ai un agenda très chargé. » Il n’empêche que, tout le monde semble d’accord sur la question, l’ambiance cannoise donne un caractère décontracté à la manifestation. « C’est clair, poursuit le responsable de JLL Luxembourg. C’est le printemps, les premiers rayons de soleil, le stress du début d’année est derrière nous. Il y a une motivation supplémentaire à venir à Cannes et la manifestation se passe généralement dans un bon climat. » Une ambiance qui fait que le Mipim est avant tout devenu réputé pour son côté relationnel. Renaud Le Squeren, avocat au sein du bureau d’avocats luxembourgeois DSM, cosponsor de la Chambre de commerce pour l’événement, s’y rend depuis 10 ans. « Pour le côté réellement business, les professionnels se donnent plutôt rendez-vous à Expo Real à Munich en octobre, observe-t-il. À Cannes, on entretient plus les contacts qu’on ne signe des contrats. Pour nous, c’est à la fois l’occasion de rencontrer des clients plus lointains, et de croiser ceux avec lesquels nous travaillons toute l’année au Luxembourg, mais dans un contexte plus détendu. » Pour un cabinet spécialisé dans le droit immobilier, le Mipim est donc aussi important que pour un promoteur ou un développeur. Et il est tout autant devenu incontournable pour les différentes sociétés de services qui gravitent autour du secteur immobilier. Connu comme intégrateur de solutions technologiques, Socom a aussi développé une division Facility management. Pour son directeur général, Marcel Colbach, le Mipim est devenu un rendez-vous habituel du mois de mars. « C’est pour nous l’opportunité de

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▲ Le Luxembourg est représenté par un grand pavillon. C’est la dixième année que le pays rassemble la majorité de ses acteurs immobiliers sur un même stand.

présenter notre savoir-faire technique sur une plateforme internationale, pointe-t-il. Nous avons pour ambition de vendre nos services à l’étranger, nous sommes donc à la recherche de clients potentiels. » Socom a notamment développé des activités avec certaines surfaces commerciales en France et cherche d’autres clients dans ce créneau. Responsable d’un grand projet de développement urbain, Vincent Delwiche admet se rendre à Cannes aussi pour prendre le pouls des nouvelles tendances urbanistiques internationales. « Toutes les grandes villes viennent exposer leur futur, note le responsable d’Agora. Tout ne se réalisera pas, mais on y perçoit en tout cas les grandes tendances. » Pour le reste, il admet lui aussi profiter de l’ambiance pour rencontrer ses partenaires grand-ducaux. « C’est vraiment un moment où le monde de l’immo prend le temps de se parler, où on peut mettre à plat toutes les tensions. Il y a vraiment un avant et un après-Mipim. » ◄ En résumé En plein dedans ! Jusqu’à ce 13 mars, le petit monde de l’immobilier luxembourgeois se retrouve à Cannes pour le Mipim, un des plus grands salons d’Europe. Au programme, rencontres, prospection, négociations. Mais toujours dans un climat de détente propice.

Les professionnels de l’immobilier y tiennent, la Chambre de commerce du Luxembourg remet donc le couvert. Au cours des quatre jours du Mipim, elle occupe le devant de la scène quelques heures en organisant sa désormais traditionnelle « Journée du Luxembourg ». En fait, il s’agit plus d’une réception officielle que d’une véritable journée, mais le but est qu’elle puisse rassembler les acteurs grand-ducaux et leurs invités. Les organisateurs comptent en général sur quelque 250 personnes. Ils y seront notamment accueillis par le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, et la bourgmestre de la Ville de Luxembourg, Lydie Polfer. Ils feront un rapide tour de la situation économique et des grands projets de développement du pays et de la capitale. « Il est important que les acteurs luxembourgeois y invitent leurs contacts. Ils ont l’occasion de parler avec nos responsables politiques présents dans un cadre détendu, ce qui leur montre que nous sommes un pays facile d’accès », insiste Carlo Thelen. Une preuve de plus que Cannes est surtout l’endroit pour entretenir les bonnes relations. « Ces dernières années, au cours de la manifestation, Luxembourg for Finance organisait un séminaire pour présenter les instruments luxembourgeois relatifs au secteur immobilier, note encore le responsable de la Chambre de commerce. Mais cette année, ils ne le font pas. Le Mipim n’est peut-être pas l’endroit pour des conférences aussi techniques. » Pour les choses plus sérieuses, rendez-vous en octobre à Munich ! J.-M. L. ◄



Entreprises Anniversaire

06 Une araignée à 20 pattes ► Tarantula fête cette année ses 20 ans. L’occasion de revenir, en 20 images, sur une production audiovisuelle exigeante et engagée.

1998, Terra Mia, le premier documentaire de Donato Rotunno.

1995, Eddy Géradon-Luyckx et Donato Rotunno se lancent de l’aventure de la production cinématographique.

2002, Une Part du Ciel de Bénédicte Liénard, premier long métrage, sélectionné en compétition officielle à Cannes dans la section Un Certain Regard.

2000, Ere Mela Mela, court métrage de Dan Wiroth, primé à Berlin (Teddy Award).

1995

1998

2000

2002

2004

2005

2006

2004, Calvaire de Fabrice Du Welz, primé à Gérardmer (Prix du Jury et de la Critique interna­tio­nale), et sélection­né à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes.

2006, Nue propriété de Joachim Lafosse, avec Isabelle Huppert et Jérémie Renier. Sélection à la 63e Mostra de Venise et au Festival de Toronto.

2005, Frères d’exil d’Yilmaz Arslan, primé à Locarno Léopard d’argent.

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― Avril 2015

2006, In a Dark Place, premier long métrage de Donato Rotunno. Prix de la meilleure contribution artistique Filmpraïs 2007.


Entreprises Anniversaire 2012, Mobile Home de François Pirot avec notamment la Luxembourgeoise Eugénie Anselin. Prix du Jury Jeune au Festival de Locarno.

2010, l’équipe de tournage du documentaire Vauban.

2012, Sous le figuier de Anne-Marie Étienne avec notamment Gisèle Casadesus, la doyenne du cinéma français. 2010, Carré blanc de Jean-Baptiste Léonetti, avec Julie Gayet et Sami Bouajila. Sélectionné au Festival de Toronto.

2007, Amour caché d’Alessandro Capone, encore avec Isabelle Huppert.

2007

2010

2012

2012, Terra Mia, Terra Nostra, Donato Rotunno revient sur ses propres racines, 14 ans après le premier.

2013

2014

2015

2015, Dreams have a language, coréalisé par Donato Rotunno et Sylvie Blocher, en coproduction avec le Mudam. Tournage en cours. 2015, pour ses 20 ans, Tarantula rafraîchit son logo son site internet.

2013, Clownwise de Viktor Taus une coproduction avec la République tchèque, la Slovaquie et la Finlande.

2014, Le Chant des hommes de Bénédicte Liénard et Mary Jimenez, sortie prévue à l’automne 2015. www.tarantula.lu

2014, Secrets of War de Dennis Bots, pour enfants mais pas seulement. À l’affiche en ce moment.

2015, La Volante de Christophe Ali et Nicolas Bonilauri, avec Nathalie Baye, en cours de post-production.

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07 Media Awards : c’est reparti !

PHOTO : STEVE EASTWOOD

Entreprises #QuiauraleGold / Steffen

► La prochaine édition se tiendra en février 2016. Mais les « hostilités » sont déjà ouvertes sur les réseaux sociaux. À vos agendas, à la date du 3 février 2016 : prochaine édition des Media Awards, coproduits par Maison Moderne et RTL. Comme annoncé à l’automne dernier, l’événement qui récompense les meilleures pratiques du marché national dans six catégories de communication (TV / cinéma, radio, internet, presse, magazine B2B et cross-média) est désormais bisannuel, « pour adapter le con­ cours à la taille du marché et donner plus de poids aux récompenses déli­ vrées », expliquait Mike Koedinger, CEO de Maison Moderne. Les dossiers de candidature soumis au jury international présidé par Éric Hollander (fondateur de l’agence belge Air) pourront être déposés à partir de l’automne

2015. Mais, d’ores et déjà, une page officielle est active sur Facebook et le hashtag #QuiauraleGold a aussi été créé sur Twitter pour encourager les conversations et autres pronostics sur le sujet. En attendant, les fans de design ne seront pas délaissés : à l’initiative de la fédération Design Luxembourg, les Luxembourg Design Awards ont été créés, dédiés spécifiquement à cette activité. Ils se tiendront également tous les deux ans, en alternance avec les Media Awards. Pour l’édition 2015, dont la soirée de clôture se tiendra le 11 juin à Neimënster (clôture des inscriptions le 31 mars), 11 catégories seront proposées aux participants. J.-M. G. ◄

08 25 ans, enfin fêtés ► L’anniversaire tombait le 1er octobre, mais l’heure était au service en prévision des fêtes. ► Maintenant, le groupe Steffen a salué son monde.

◄ Frank Steffen pour rappeler quelques souvenirs de famille au micro.

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PHOTO : STEFFEN

La Maison Steffen de Steinfort a ouvert ses portes le 1er octobre 1989. Le quart de siècle tombait au moment où s’amorçait la période des fêtes de fin d’année… La fête du personnel, fin février dernier, a enfin rassemblé le petit monde du groupe Steffen, pour saluer ces 25 années de service. D’ailleurs, dans les discours ou dans les attentions prodiguées, Frank et Tom Steffen ont préféré mettre à l’honneur leurs employés et leurs équipes plutôt que des chiffres, pourtant en progression constante. Ce fut aussi l’occasion d’un brin d’histoire, au travers des grands jalons de cette saga de famille, d’amitié et de quête du bon, pour tous et partout. A. D. ◄


MON PATRIMOINE GÉRÉ PAR MA BANQUE PRIVÉE À LUXEMBOURG R MON PROJET IMMOBILIER À BRUXELLES R LE MBA DE MA FILLE À LONDRES R MA RÉSIDENCE SECONDAIRE À CANNES R LA START-UP DE MON FILS À MUNICH R MON VOILIER À MONACO

Réseau européen. Siège luxembourgeois.


Entreprises Carburant

09 Gros coup de pompe ► Le secteur pétrolier luxembourgeois fait face à un réseau saturé et à des ventes qui régressent. ► Les prix affichés ne sont plus aussi attractifs pour les automobilistes des pays voisins et des risques pointent pour le trafic de transit. ► Face aux grands réseaux internationaux, des entrepreneurs luxembourgeois ont relancé l’enseigne Gulf sur le territoire. ― Texte : Jean-Michel Lalieu ― Photo : Jessica Theis

Depuis les records de 2005, le secteur pétrolier luxembourgeois observe, inquiet, les volumes de vente de carburants se réduire année après année. Pour l’exercice 2014, le Groupement pétrolier luxembourgeois (GPL) a constaté une baisse des ventes de 3,3 %. Et il ne s’agit sans doute pas d’un accident de parcours dans la mesure où l’année 2013 s’était terminée sur une diminution comparable. « Entre 2005 et 2014, les ventes d’essence et de diesel ont chuté de 8,6 % », constate René Winkin, secrétaire général du GPL. La tendance n’est pas uniquement observée sur le marché luxembourgeois. Les véhicules sont de moins en moins énergivores et la croissance économique tarde à apparaître sur le continent européen. « Mais il est en tout cas évident que des chiffres comme ceux enregistrés en 2005, nous n’en connaîtrons plus », note Romain Hoffmann, directeur général d’Aral Luxembourg et président du GPL. C’est qu’en plus des tendances lourdes du marché européen, les particularités du marché luxembourgeois ne jouent pas en sa faveur pour l’instant. « L’année 2014 a connu deux périodes, poursuit Romain Hoffmann. La chute du prix du baril au cours du second semestre a fait baisser les prix à la pompe dans tous les pays. » Conséquence directe : des consommateurs des pays voisins ont jugé les prix raisonnables chez eux et n’ont plus jugé nécessaire de venir faire le plein au Luxembourg. De manière plus générale, l’attractivité des prix luxembourgeois a tendance à s’éroder. Les pétroliers en sont conscients : « Nous avons connu une remontée des accises, puis une hausse de la TVA au 1er janvier dernier. Sur les cinq dernières années, le différentiel avec les pays voisins est devenu moins intéressant, constate Frédéric Santoni, directeur général de Total Luxembourg. Les consommateurs qui faisaient des kilomètres pour faire le plein y voient moins d’intérêt. »

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― Avril 2015

▲ Comme les stationsservice carburent moins, les pétroliers serrent les vis et se battent sur le terrain du marketing.

« Le différentiel avec les pays voisins est devenu moins intéressant. » Frédéric Santoni (Total Luxembourg)

Et ce n’est pas tout. Les concessions autoroutières, qui comptent parmi les gros débiteurs mondiaux de carburant, sont actuellement en cours de renégociation entre l’État et les distributeurs. Deux d’entre elles ont déjà changé de mains l’an dernier. « Pour les obtenir, les pétroliers ont proposé à l’État des redevances plus importantes que par le passé, explique René Winkin. Ça veut dire qu’ils auront moins de latitude pour offrir des remises aux transporteurs, gros consommateurs de diesel. » Or les camionneurs étrangers assurent au moins 40 % des ventes de carburant sur autoroutes et contribuent ainsi aux énormes volumes de transit – plus de 50 % de la consommation du pays. « Les prix du diesel pourraient devenir plus élevés qu’en Belgique,


Entreprises Carburant

FERMER LES VANNES Pour l’exercice en cours, la filiale luxembourgeoise du pétrolier britannique travaille surtout sur la réduction des coûts. La baisse drastique des cours du baril depuis le second semestre 2014 pèse sur les bénéfices des producteurs, ce qui, pour un groupe international, aboutit souvent à un programme de restructuration. « Nous visons une meilleure efficience interne, explique Romain Hoffmann. Nous allons notamment essayer d’améliorer les processus et d’obtenir de meilleurs prix d’achat de nos fournisseurs. » Mais l’idée est de ne pas toucher aux budgets marketing et de faire en sorte que le consommateur ne ressente rien. Chez Total, l’heure n’est plus au rouge. Ce n’est pas que la filiale du groupe français ait été en danger. Pour 2014, elle déclare d’ailleurs avoir fait mieux que le marché du carburant, même si ses ventes ont aussi un peu baissé. Non, l’événement, c’est qu’elle a fait le choix d’un grand lifting de ses stations qui troqueront le rouge pour des tons mieux intégrés dans l’urbanisme. Vingt stations ont été transformées en 2014 et le reste du réseau passera aux nouvelles couleurs dans les deux ans. « Ce

sont des investissements importants, mais nécessaires pour améliorer l’attractivité des sites », justifie Frédéric Santoni. Pour les mois à venir, Total Luxembourg prévoit aussi la fermeture d’une station, mais la création de deux autres. « La première se situera à la frontière avec l’Allemagne et la France et la seconde sera au centre du pays », explique le directeur général de la filiale grand-ducale.

Renaissance

Gulf Luxembourg, challenger local

La marque avait disparu. Elle revient localement, avec une franchise et en association d’entreprises.

« Des chiffres comme ceux enregistrés en 2005, nous n’en connaîtrons plus. » Romain Hoffmann (Aral Luxembourg et GPL)

PHOTO : LUC DEFLORENNE

il y a donc une menace par rapport aux transporteurs qui passent par les autoroutes belges », insiste le secrétaire général du GPL. Voilà pour les risques globaux. Pour le reste, les pétroliers sont bien conscients qu’il faut jouer des coudes pour préserver sa place dans un réseau de stations-service saturé. Actuellement, il en compte 236. « Depuis 15 ans, le nombre a très peu évolué », note le responsable d’Aral, leader du marché puisque sa société, filiale du groupe BP, regroupe les réseaux BP et Aral. S’il admet qu’en 2014 ses volumes ont été un peu meilleurs que les chiffres du marché, c’est parce qu’il a pu reprendre trois « pompes » au réseau indépendant Goedert. « Nous avons toujours l’ambition de créer une à deux nouvelles stations par an, mais les emplacements sont très difficiles à dénicher », admet-il. Et, selon lui, les nouvelles constructions sont avant tout liées à des modifications du trafic qui obligent à repositionner les stations sur de nouveaux axes.

Frédéric Santoni, même s’il est conscient des limites du marché, ne veut en tout cas pas se montrer pessimiste. Total a fait le choix de maintenir une présence importante sur le territoire – la filiale emploie 350 personnes – et veut être au plus près du client pour suivre les évolutions du marché. « C’est notamment vrai dans nos shops, précise le directeur de Total. L’assortiment des stations proches de l’Allemagne est totalement différent de celui des frontalières avec la France. » Les Allemands veulent du café, les Français du tabac. Résultat, des ventes en hausse au niveau des boutiques accolées aux pompes. Le pétrolier se dit prêt aussi à répondre à la demande pour des carburants alternatifs. En 2013, il a ainsi installé une première borne électrique « quick charge » à Gasperich, qui permet de recharger la batterie électrique d’un véhicule à 80 % en une vingtaine de minutes. « Pour l’instant, ce n’est pas un succès, constate Frédéric Santoni. Depuis un an et demi, nous comptons nos clients sur les doigts d’une seule main. Mais si le marché se développe, nous l’accompagnerons. » En attendant, les énergies fossiles restent bien le nerf de la guerre. ◄ En résumé Les ventes de carburant au Luxembourg sont en baisse et le réseau de stations-service a déjà atteint son maximum il y a plus de 10 ans. Les grands acteurs multiplient donc les initiatives pour préserver leurs positions.

Nombre de stations-service au Luxembourg en 2015 40

ARAL

40

Q8

39

TOTAL

29

SHELL

ESSO

5

3

2

2

2

1

BP

WOLTER

GOEDERT

LUKOIL

Autres

LUXOIL

14

13

GULF

TEXACO

TOTAL 236

SOURCE : GPL

46

Dans les rangs des challengers, Gulf Luxembourg a un profil particulier. Parce que son enseigne est historique – Gulf était une des sept majors du pétrole avant son rachat par Chevron dans les années 70 – et qu’elle a longtemps disparu du paysage européen, mais revient pays par pays sous la forme de franchises. Au Luxembourg, son retour date de 2001. Il est consécutif à l’association de Claude Baer, ancien directeur de Total Luxembourg, et des frères Marc et Mario Reiff, une famille active dans le secteur des combustibles. « Nous avons grandi station par station, soit en les créant soit en les reprenant à la concurrence », explique Claude Baer. Aujourd’hui, le réseau compte 14 points de livraison, ce qui lui donne une dimension nationale. « Nous ne voulons pas nous fixer une taille minimale, poursuit l’administrateur délégué. Nous avons un ou deux projets mûrs, mais je sais aussi que tout peut prendre du temps dans ce secteur. » Il se dit en tout cas « content de l’aventure » et affiche une certaine fierté à jouer le régional de l’étape. Un statut qui permet au management d’avoir une bonne vue sur les chantiers qui risquent de se développer sur le territoire. « Si on crée un nouveau tronçon autoroutier, on devrait pouvoir réagir avant tout le monde », note Claude Baer. Et quant à jouer au régional, Gulf s’est aussi associée à l’enseigne Cactus, en 2008, dans une société commune qui détient l’enseigne Cactus Shoppi. Elle vient compléter l’offre de carburant. « Cactus a un intérêt pour le marché du convenience store qui se développe notamment par le biais des stationsservice ; pour nous, l’objectif était de nous associer avec un opérateur bien connu dans le pays », poursuit l’administrateur délégué. Et visiblement, ça marche : les neuf points de vente installés permettent, selon Claude Baer, de compenser les pertes en carburant. J.-M. L. ◄

― Avril 2015 ― 083


Entreprises Lux Future Lab

10 Jeunes pousses en maison de maître ― Texte : Thierry Raizer ― Photo : Sven Becker

Autrefois siège de la House of Finance, la Maison Servais, située au 59, boulevard Royal, accueille Lux Future Lab, l’incubateur de BGL BNP Paribas. L’innovation plane déjà dans les 2.000 m2 – dont la moitié de bureaux – de la bâtisse (en réalité trois maisons fusionnées) construite à la fin du 19e siècle. Ce déménagement permet de disposer de davantage d’espaces de travail et de locaux dédiés aux visiteurs, lors de formations ou événements par exemple. En raison du statut PSF de certaines entreprises locataires, les lieux sont aussi sécurisés pour répondre aux exigences de la CSSF. Cette relocalisation s’inscrit également dans la mutation globale d’Hamilius, qui concernera aussi le bâtiment ayant en premier abrité la pépinière de start-up. ◄ 084 ―

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Entreprises Start-up

L’ART DE FAIRE VIBRER ► Les machines développées par Vibrationmaster mesurent la résistance des produits pour en faciliter le développement. Avec ses outils ingénieux, performants et accessibles, l’entreprise du Technoport nourrit des ambitions mondiales. ― Texte : Sébastien Lambotte ― Photos : Olivier Minaire

Chaque mois, Paperjam1 propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : Vibrationmaster Son fondateur : Morten Schiff

1/ LE CONCEPT Vibrationmaster, start-up localisée au Technoport depuis février 2014, conçoit et développe des machines génératrices de vibrations. Elles sont notamment utilisées pour tester la résistance et la sécurité de produits. « La technologie est disruptive dans la mesure où nos machines sont de petite taille, accessibles. Elles offrent, depuis un mobile device, la possibilité de contrôler l’intensité et l’amplitude de la vibration au cours d’un même test », explique Morten Schiff, CEO de Vibrationmaster. Jusqu’à présent, les outils électrodynamiques ou hydrauliques permettant de générer des vibrations d’intensité variable nécessitaient une infrastructure conséquente, étaient complexes et très coûteux. « Si nos machines sont de petite taille, elles offrent des performances remarquables. Notre premier produit, par exemple, peut faire vibrer des masses de 15.000 kg jusqu’à 100 fois par seconde. »

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2/ LE DÉVELOPPEMENT Morten Schiff n’est pas un ingénieur, mais un banquier. « C’est dans l’exercice d’une activité de business angels que j’ai découvert la technologie qui intègre désormais nos machines. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. J’ai donc investi, acheté les brevets et démarré l’activité », explique-t-il. Le business est lancé en 2010, avec le développement d’une première machine. Depuis lors, Vibrationmaster a conçu plusieurs modèles différents, dont un portatif. « Un des événements les plus marquants dans le cadre de notre développement reste la vente d’une de nos machines à Black&Decker. Qu’une marque aussi réputée choisisse nos produits a été pour moi une grande fierté », précise Morten Schiff. En 2014, Vibrationmaster décide de s’installer au Technoport. Le CEO, d’origine danoise, vit au Luxembourg depuis 1996. Il a trouvé à l’échelle du pays et au sein de l’incubateur l’environnement propice au développement de son business.

3/ LE MARCHÉ Vibrationmaster nourrit des ambitions internationales. La première évidence a été de cibler des acteurs industriels pour les soutenir dans leur développement de produits. Aujourd’hui, Vibrationmaster compte déjà des clients à travers le monde. Rapidement, Morten Schiff s’est rendu compte du potentiel, énorme, des machines made in Luxembourg. La start-up a demandé au List, centre de recherche public, d’étudier les applications qui pouvaient en découler. Résultats : « On peut créer des vibrations pour faciliter l’écoulement dans un silo d’aliments agricoles, pour remplir et compacter des sacs de ciment ou encore au sein de thérapies basées sur des massages vibrants. Mais si on peut générer des vibrations, notre système, à l’aide de capteurs et les possibilités de contrôle qu’il offre, peut aussi atténuer des vibrations liées aux vents ou à un système motorisé, pour en amoindrir les effets d’usure. »

4/ LES PERSPECTIVES Morten Schiff a décidé d’adapter son modèle en revenant à l’essentiel : la génération de vibrations. « Il aurait en effet été très compliqué de, nous-mêmes, développer toutes les applications et d’aborder tous les marchés », précise-t-il. « Au cours de notre développement, nous avons notamment conçu des tables vibrantes s’appuyant sur nos machines. Aujourd’hui, cependant, nous pensons que notre rôle est avant tout de délivrer la technologie, les machines, pour permettre à d’autres de développer des applications. » Vibrationmaster compte aujourd’hui cinq membres dans son équipe. Et souhaite notamment élargir sa clientèle en s’appuyant sur l’établissement des partenariats de qualité avec les early adopters, premiers ambassadeurs du produit.


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Place Financière Voici un aperçu des principales informations de ces dernières semaines, à lire en détail sur www.paperjam.lu. Retrouvez ensuite neuf sujets clés sélectionnés par la rédaction. Après avoir été épluchés par le fisc français, les fichiers dérobés par l’informaticien Hervé Falciani à la banque HSBC en Suisse sont passés dans le domaine public. Des données qui ont été communiquées dans leur intégralité par un informateur à la rédaction du journal Le Monde qui les a partagées. Le consortium de journalistes ICIJ en a publié certains détails. Le gigantesque fichier contient les noms de plus de 100.000 clients de la banque, dont 222 au Luxembourg (lire ­l’article en page 90). Les quotidiens portugais se sont fait l’écho d’une action intentée par la liquidatrice de ESFG (Espirito Santo Financial Group) et Esfil (Espirito Santo Financière), les deux holdings luxembourgeoises du groupe bancaire portugais Espirito déclarées en faillite en octobre dernier par la justice grand-ducale. Laurence Jacques aurait ainsi demandé auprès de la justice portugaise l’annulation de l’obligation de Banco Espirito Santo de provisionner deux milliards d’euros auprès de la Banque centrale du Portugal. Par cette démarche, la liquidatrice souhaite faire entendre la voix des créanciers de la banque et non celle des anciens actionnaires familiaux du groupe tombé en désuétude.

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Selon les données communiquées par la Banque centrale du Luxem­ bourg, 25.785 personnes étaient employées au 31 décembre 2014 dans les établissements de crédit de la Place, soit une baisse de 270 emplois par rapport au 30 septembre 2014. Une statistique à prendre avec prudence, en raison d’un changement de méthode de reporting imposé aux banques par la BCL en décembre dernier. Mais la fermeture de cinq établissements en 2014 justifie ce repli (lire aussi les statistiques de la Place page 106). La société IRML, fournisseur de services de gestion de risque pour l’industrie des fonds d’investissement, change de nom et devient Arkus Financial Services. Une nouvelle identité qui a pour objectif de refléter une nouvelle gamme de services dans les domaines de la gouvernance, de la substance et de la conformité. Le groupe opère depuis Luxembourg, Londres et Dublin en supervisant quotidiennement 44 milliards d’euros d’actifs pour plus de 40 clients à travers l’Europe. Sue Shelley, ancienne responsable de la compliance chez HSBC Private Bank Luxembourg, focalise l’attention de la presse britannique : elle indique avoir été licenciée en juillet 2013 après avoir dénoncé des « défaillances dans la conformité » de la banque au Lux­em­bourg. Elle a gagné son procès en décembre dernier et s’est vu attri­buer plus de 110.000 euros de préjudice. Elle en réclamait 900.000.

La société d’assurance vie Lombard International Assurance, désormais détenue par le fonds Blackstone, a C'est, en milliards d'euros, enregistré, pour 2014, un montant le montant record d'actifs de 27,2 milliards sous gestion d’euros d’actifs pour Lombard. sous gestion : un niveau record, en progression de 12 % par rapport à 2013. Le montant des primes, lui, a atteint 3,2 milliards d’euros, soit la ­deuxième meilleure performance en 24 années d’existence de la compagnie.

27,2

Les députés européens ont approuvé le 12 février à une large majorité (612 voix pour, 19 contre et 23 abstentions) la mise en place d’une commission spéciale composée de 45 membres qui se pencheront notamment sur le dossier LuxLeaks. L’eurodéputé luxembourgeois Frank Engel en fera partie. La banque Degroof Luxembourg a clôturé l’exercice 2013-2014 sur un résultat net consolidé de 53,019 millions d’euros, soit une progression de 3,5 % par rapport à l’exercice précédent. « Un résultat tout à fait satisfaisant dans un contexte qui ne reste pas facile, mais quand même plus sympathique que les années antérieures », pointent les administrateurs délégués Geert De Bruyne et Patrick Keusters. Les dépôts de la clientèle privée atteignent 5,8 milliards d’euros (+4,4 %), pour des actifs

en hausse de 1,2 % à 25,4 milliards d’euros. Après PwC (déjà installé) et Deloitte, le service provider Alter Domus a annoncé que ses équipes seront rassemblées au Ban de Gasperich d’ici à trois ans, dans bâtiment flambant neuf de 11 étages présentant 10.000 m2 de surfaces de bureaux. Certifié Breeam, le futur bâtiment est signé Cabinet Moreno Architecture et a été conçu avec la collaboration du promoteur désigné pour dessiner le nouveau quartier, Grossfeld PAP. Dans le cadre de la mission financière au Moyen-Orient, la Bil a célébré officiellement l’ouverture de sa succursale de Dubaï lors de la mission financière luxembourgeoise, en présence du Grand-Duc héritier. Opérationnel depuis octobre, l’établissement emploie une dizaine de personnes. ING Luxembourg annonce, pour 2014, un bénéfice net de 106 millions d’euros, en hausse de près de 5 % en un an. La banque orange revendique par ailleurs une croissance de 15 % dans le volume de ses dépôts, une « belle progression » de son nombre de nouveaux clients et une augmentation « significative » de 42 % dans ses volumes de crédit.


« Il faut rapidement bouger pour rester compétitif. »

10.000

C’est le nombre maximal d’inscriptions prévu pour l’édition 2015 de l’ING Night Marathon du 30 mai. L’épreuve fêtera cette année sa 10e édition.

Axa Luxembourg annonce, pour 2014, un résultat net consolidé de 15,7 millions d’euros et un chiffre d’affaires global de 245,3 millions d’euros, en croissance de 14,5 % sur un an, grâce notamment à une belle dynamique de croissance des primes en assurances vie (+27,9 % de hausse à 143,1 millions).

services ont été développés en ­collaboration avec Rosak, un ­cabinet d’avocats de Tel-Aviv. Après avoir vu annuler en novembre 2013 pour défaut de base légale les taxes pour les courtiers, le Commissariat aux assurances est revenu à la charge en proposant une taxe annuelle de 4.000 euros. C’est huit fois plus qu’en Belgique pour un contrôle

Axa Luxembourg a réalisé un solide exercice 2014.

Commerzbank, la deuxième plus importante banque allemande, a confirmé qu’elle était au cœur d’une importante enquête judiciaire en lien avec des soupçons d’évasion fiscale de clients titulaires de comptes au Luxembourg. Un article de la Süddeutsche Zeitung évoquait des perquisitions menées par plus de 150 magistrats, inspecteurs du fisc et policiers, dans les locaux de fraudeurs présumés et de leurs banquiers, à Francfort, en Rhénanie et en Hesse. Mais pas au Grand-Duché, la justice luxembourgeoise ayant refusé une demande de la levée du secret bancaire émanant de son homologue allemande, au motif que les conditions de l’entraide judiciaire en matière pénale n’étaient pas données. Suivant une volonté d’expansion hors des frontières européennes, International Wealth Insurer (Iwi) vient de développer une solution d’assurances vie patrimoniales sur mesure pour des clients résidant en Israël. Lancés en janvier dernier, ces nouveaux

Place financière Brèves

Jean Diederich, le président de l’Association des professionnels de la société de l’information (Apsi), prône l’action de la part des acteurs nationaux, notamment dans le domaine des fintech.

Pour la troisième année consécutive, FIA Asset Management a été primée aux Diaman Asset Manager Awards 2015, qui se sont déroulés à Venise fin février. La société a reçu le premier prix de la catégorie Fixed Income et de la catégorie Flexible. Selon les dirigeants de la banque Raiffeisen, ce sont entre 25 % et 30 % de clients non résidents qui ont fermé leurs comptes, en raison du changement de législation ayant sonné le glas du secret bancaire et introduit le mécanisme d’échange automatique d’informations. Au cœur de la tourmente SwissLeaks, la banque HSBC a expliqué avoir fermé, ces deux dernières années, 3.000 des 4.000 comptes gérés par la banque au Luxembourg. Une ­opération intervenue dans le ­sillage de la vente en 2013, de

« en réponse aux besoins grandissants de nos clients confrontés à la complexité grandissante en termes de législation et des exigences de conformité imposées par les régulateurs », explique Laurent Vanderweyen, le CEO de la société. Émirats arabes unis et Qatar ont été la destination de la délégation emmenée par le Grand-Duc héritier et le ministre des Finances dans le cadre de la mission financière menée au Moyen-Orient et organisée par Luxembourg for Finance. Une soixantaine de représentants d’entreprises luxembourgeoises a aussi fait le voyage. Cette mission intervient à peine quatre mois après le déplacement du Premier ministre Xavier Bettel et de Pierre Gramegna, qui s’étaient rendus à Abou Dabi et à Dubaï où avait été signée

identique, signale la Chambre de commerce dans un avis, réclamant une révision à la baisse de moitié de la taxe (lire l’article page 104). Bye bye RBS : Royal Bank of Scotland a annoncé, fin février, une nouvelle réduction de voilure dans son activité internationale qui va conduire à une concentration de ses opérations au Royaume-Uni qui impactera les deux entités luxembourgeoises où sont employées une centaine de personnes. Selon les chiffres fournis par la CSSF, le patrimoine global net des organismes de placement collectif et des fonds d’investissement spécialisés a atteint, fin janvier, 3.277,013 milliards d’euros, contre 3.094,987 milliards un mois plus tôt. La progression mensuelle est de 5,88 % et atteint près de 25 % en un an (lire aussi l’article page 101).

Pierre Gramegna et le couple héritier ont prospecté efficacement au Moyen-Orient.

ses activités luxembourgeoises de banque privée et de services de fonds associés regroupés sous l’ombrelle HSBC Trinkaus & Burkhardt, au groupe VP Bank basé au Liechtenstein. Alter Domus annonce le lancement de nouveaux services Regulatory and Compliance,

entre le Grand-Duché et les Émirats une série d’accords et de protocoles tendant notamment à éviter les doubles impositions et à prévenir la fraude fiscale en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune (lire aussi l’article page 105.

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Place financière Lanceurs d’alerte

01 #WeAreTheLeaks,

PHOTOS : FRANCE2, BLOOMBERG, TWITTER

fléau pour la Place

► Sans statut ni protection particulière, les lanceurs d’alerte alimentent l’actualité financière mondiale, qui secoue parfois le Luxembourg. ► Entre un Deltour au profil de militant à l’origine des premiers LuxLeaks et un Bourges qui a détourné les fichiers Clearstream, il y a un monde. ― Texte : Véronique Poujol

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Après les employés indélicats, qui furent le fléau des banques, particulièrement dans les années 1990, voici les lanceurs d’alerte, encore plus redoutables pour les opérateurs du secteur financier. Car ces derniers ne peuvent évidemment pas mettre un gardien derrière chaque employé et doivent donc mettre leurs pratiques en conformité avec leurs discours de transparence. Petite balade dans le monde de ceux qui ont provoqué des séismes sur la place financière en emportant avec eux des données en toute illégalité. Ils sont aussi à l’origine d’une sorte de cri de ralliement des lanceurs d’alerte sur les réseaux sociaux, #WeAreTheLeaks que certains d’entre eux utilisent aussi dans leur communication. Il y a Antoine Deltour, à l’origine de LuxLeaks ; Florian Bourges, stagiaire chez Arthur Andersen ayant fait fuiter début 2000 des données sur plus de 30.000 comptes chez Clearstream, relançant ainsi l’affaire du même nom ; Sue Shelley, chef de la compliance, qui avait sonné l’alarme chez HSBC Luxembourg ; il y a aussi les sources (encore) anonymes de la suite des

▲ Sue Shelley, Florian Bourges et Antoine Deltour. Trois lanceurs d’alerte, à leur façon, qui ont tous connu un destin luxembourgeois.

Y-a-t-il un lien entre le cambriolage d’EY en octobre 2013 et la publication, un an plus tard, de documents provenant de la firme ?


Place financière Lanceurs d'alerte LuxLeaks… Il y a autant de profils que de motivations différentes, entre éthique, opportunisme, rancœur ou malveillance. Antoine Deltour, le « lanceur d’alerte » à l’origine du scandale LuxLeaks1, entretient soigneusement son image dans le cadre d’un plan média bien huilé. Une première interview à Libération l’a fait connaître au grand public. Il s’est exprimé ensuite à la télévision française, aux côtés de son très médiatique avocat William Bourdon, avant d’enchaîner deux entretiens avec des médias anglophones.

SOUTIENS VARIÉS Le jeune homme multiplie ses apparitions publiques dans les meetings de soutien aux lanceurs d’alerte. Il était le 28 février dernier chez lui, à Épinal, où une association de soutien a été constituée, et à Paris le 3 mars, à l’invi­tation de l’ONG Anticor.org. Celle-ci revendique un statut et une meilleure protection pour les lanceurs d’alerte et propose la mise en place d’un fonds de dotation « de façon à leur assurer le droit à un procès équitable ». La visite d’État de François Hollande à Luxembourg – ce vendredi 6 mars, à l’heure où cette édition était mise sous presse – devait être aussi, selon ses fans, « une oppor­ tunité pour que le Président intervienne en faveur d’Antoine ». Son comité de soutien sur le site Facebook avait lancé un appel pour écrire au président de la République pour qu’il exprime lors de sa visite au GrandDuché de Luxembourg sa « vive préoccupation quant à cette injustice flagrante que constituent les poursuites judiciaires dont il fait l’objet ». Car Deltour, inculpé en décembre dernier par un juge d’instruction luxembourgeois de

vol, abus de confiance et blanchiment, risque cinq ans de prison et 1,25 million d’euros d’amende. La machine judiciaire est lancée et les appels aux « autorités luxembourgeoises », même si elles devaient venir d’un président français, ne l’arrêteront pas, au risque d’un mélange des genres. La question sera de savoir si la justice luxembourgeoise restera insensible à la pression médiatique de l’étranger où l’ancien auditeur est présenté, non pas comme un voleur ordinaire, mais comme un Robin des Bois de la finance internationale dévoyée ayant « agi dans l’intérêt général ». Sur la scène politique luxembourgeoise, l’ancien auditeur de PwC n’a pas de soutien, hormis celui du député de Déi Lénk, Justin Turpel, qui a aussi écrit à François Hollande pour lui demander de faire un geste auprès des autorités luxembourgeoises en faveur de Deltour « qui a agi de façon désintéressée et en citoyen européen responsable ». Antoine Deltour se décrit comme un « simple auditeur » d’abord junior puis senior, qui aurait mal tourné par conviction, mais qui assume avoir copié sur une clef USB des centaines de documents (accessibles) sur le traitement fiscal de multinationales par l’Administration des contributions directes qui se sont ensuite retrouvés (il n’y est pour rien, assure-t-il) en libre consultation sur le site du consortium des journalistes d’investigation ICIJ.org. « Ce que j’ai fait relève de l’intérêt public. Je ne comprends pas comment je pour­ rais être victime d’une lourde peine lorsque j’ai agi dans l’intérêt général », explique le jeune homme dans un entretien à l’agence Bloomberg. Il a découvert les pratiques d’optimisation fiscale à une échelle industrielle avec des firmes soumises à un taux effectif d’impôt de « seulement 2 à 3 % » : « J’ai ressenti, assure-t-il, l’injustice, pas de colère, mais

l’injus­tice, dans une période où la plupart des pays européens étaient confrontés à des diffi­ cultés pour percevoir les impôts afin d’équili­ brer leurs budgets. »

EMPLOYÉ FIABLE ET CONSCIENCIEUX Le « pire », c’est que Deltour était considéré par son employeur comme un très bon auditeur, qui aurait peut-être d’ailleurs pu faire son chemin dans la hiérarchie de la grande firme d’audit du Luxembourg. Il en avait les capacités et lorsqu’il a quitté PwC à la mioctobre 2010, pour trouver un travail qui faisait à ses yeux « plus de sens », ses supérieurs lui ont signé une lettre de recommandation vantant son haut degré de motivation, sa fiabilité et sa conscience professionnelle et le remerciant pour sa contribution à la société. Son ancien employeur précisait qu’il n’y avait rien à redire, en aucune façon, sur celui qui apparaissait comme un employé modèle. Antoine Deltour a travaillé deux ans au Luxembourg. D’ailleurs, il n’imaginait pas que son ancien employeur puisse remonter sa piste, deux ans après son départ. C’était en 2012, après une émission de France2. C’est à ce moment, après avoir fait intervenir une équipe de fins limiers, que PwC découvre le larcin, identifie rapidement Deltour et retrace tous ses faits et gestes. Une des questions déterminantes pour la suite judiciaire de l’affaire sera de savoir si le jeune auditeur avait planifié son action, ce dont il se défend. Dans les interviews accordées à différents médias, l’ex-auditeur assure être tombé « par hasard » sur le dossier des rulings « accessibles à tous ceux qui travail­ laient chez PwC » dans l’espace réseau du système informatique où il a fait son marché.

PHOTO : DAVID LAURENT (ARCHIVES)

◄ Des rulings avaient été détournés dans les anciens locaux de PwC, à quelques centaines de mètres des actuels à Gasperich.

Considéré par PwC comme un très bon auditeur, Deltour a travaillé pendant deux ans à Luxembourg. ― Avril 2015 ― 091


Place financière Lanceurs d'alerte

PHOTO : REALCORPA

Il n’y aurait pas eu de sa part d’acte prémédité, mais cette assertion est loin de convaincre tout le monde. Deltour affirme qu’il n’avait encore, au moment de son départ, aucune idée précise de ce qu’il allait faire des informations piochées. « Je savais que c’était important pour le Luxembourg et pour PwC. » Il a en tout cas dû en parler suffisamment autour de lui pour être ensuite approché par un journaliste français auquel il a accepté de confier les documents qui seront à la base du reportage sur France2 (faisant apparaître une quinzaine de documents seulement) et, le 6 novembre dernier, du largage massif des centaines de rulings sur le site d’ICIJ.

UNE SECONDE TAUPE QUI N’ASSUME PAS C’est d’ailleurs à ce stade de l’affaire que le deuxième auteur de la fuite, qui a été inculpé fin janvier des mêmes préventions de vol, abus de confiance et blanchiment que Deltour, a pu être confondu chez PwC. Car, outre les quelque 500 rulings datant de l’époque où officiait le jeune lanceur d’alerte, le consortium de journalistes avait publié 16 déclarations fiscales de sociétés américaines postérieures à son départ de la firme. Il y avait donc une seconde taupe chez PwC, qui fut elle aussi rapidement repérée et licenciée. Son nom n’a pas été révélé. L’homme, contrairement à Deltour qui assume ses actes, cherche à se faire le plus petit et discret possible, refusant, par avocat interposé, les demandes d’interviews. Il aurait pu agir, davantage par impulsion que par conviction, après avoir vu l’émission de France2 en 2012.

L'homme à la source des deuxièmes leaks cherche à se faire le plus discret possible, refusant les interviews. Il présenterait en tout cas un profil professionnel moins « brillant » que celui de l’auteur des premiers leaks. Selon un communiqué de PwC, « après une enquête, il est rapidement apparu que ces 16 documents avaient égale­ ment été dérobés et transmis à la presse en 2012 par un employé qui avait accès à ces derniers ». On parle d’un employé peu performant ayant été recasé dans le département du Knowledge Management. La suite du communiqué assure qu’il n’y a « aucun lien entre cet événement et la seconde vague d’accords fiscaux préalables publiés par l’ICIJ (LuxLeaks2) le 9 décembre 2014, pour lesquels les investiga­ tions menées par PwC concluent qu’aucun d’entre eux n’a été dérobé chez PwC ». Ce « témoignage » confirme ainsi la thèse… d’une troisième fuite sur laquelle peu d’infor-

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▲ Le cambriolage perpétré dans la zone Syrdall à Munsbach, chez EY, a interpellé.

mations circulent. LuxLeaks2 dévoilent neuf documents venant du cabinet EY Luxembourg (anciennement Ernst&Young), trois de PwC et un d’un cabinet d’avocats. EY s’est refusé jusqu’à présent à commenter les fuites des documents venant de chez lui. « Nous comprenons l’intérêt que vous portez, en votre qualité de journaliste, à LuxLeaks2, mais ne souhaitons pas commenter cette affaire, qui fait actuellement l’objet d’investigations », a fait savoir la porte-parole de la firme.

WHISTLEBLOWER CAMBRIOLEUR ET AUDITEUR ENTENDU La communication zéro chez EY oblige à faire des spéculations sur la base de certains éléments factuels plutôt troublants. Début octobre 2013, le siège d’EY à Munsbach fait l’objet d’un mystérieux cambriolage, que révèle à l’époque Paperjam.lu. Il apparaît plus tard que du matériel informatique prétendument obsolète, dont trois disques durs et un PC, forme l’unique butin, alors que les cambrioleurs auraient pu repartir avec des tableaux et même avec une caisse d’argent liquide. Une des fenêtres de l’immeuble a été cassée mais, curieusement, les enquêteurs constateront des débris de verre à l’extérieur. EY a porté plainte pour vol qualifié un mois après les faits, le 8 novembre 2013, après avoir fait l’inventaire de ce qui manquait. Selon une source proche du dossier, le ou les auteurs n’ont pas été identifiés. La question est de savoir s’il y a un lien entre ce cambriolage et la publication, un an plus tard, de documents provenant de la

firme. Un procès pourra-t-il jamais être initié au Luxembourg à l’encontre de ce ou ces potentiels « whistleblower cambrioleurs » partis sans laisser d’empreintes ? La justice luxembourgeoise n’a en tout cas jamais eu à trancher une affaire de « lanceur d’alerte ». Un procès a été avorté dans le cas de Florian Bourges, stagiaire chez ce qui était encore le 5e Big Five, Arthur Andersen. La firme avait été chargée, entre 2001 et 2004, par le CEO de Clearstream de l’époque, André Roelants, de vérifier si du blanchiment à l’échelle industrielle pouvait être réalisé via la « banque des banques » au Luxembourg. Pendant sa mission, Bourges copia près de 20.000 données et plus de 33.000 identifiants de comptes clients qu’il transmit au journaliste Denis Robert puis à Imad Lahoud qui les trafiqua dans un but politique ; ce qui a donné lieu à l’Affaire Clearstream2. Bourges, premier lanceur d’alerte médiatisé au Luxembourg, n’y fut pas poursuivi. La plainte de Clearstream fut classée sans suite. Le jeune homme profita d’un non-lieu à Luxembourg en application du principe du ne bis in idem, puisqu’il avait été condamné auparavant par le tribunal correctionnel de Paris. La justice luxembourgeoise avait alors considéré que les faits qui lui étaient reprochés étaient « indissociablement liés » à ceux pour lesquels il avait été condamné à Paris. La justice française ne fut pas tendre avec lui en janvier 2010 : il dut, avec deux co-prévenus, Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin, payer 50.000 euros de dommages et intérêts à Clearstream, qui s’était portée partie civile. Et écopa de quatre mois de prison avec sursis pour abus de confiance et vol de documents. ◄ En résumé Les opérateurs de la place financière s’inquiètent de la montée en puissance des lanceurs d’alerte qui dénoncent certaines pratiques et déviances liées à la compétition fiscale internationale. Impossible de mettre quelqu’un derrière chaque employé. Difficile aussi de profiler les employés qui risquent de mal tourner et de détourner des données confidentielles. Les histoires de whistleblowers de ces dernières années méritent d’être revisitées


TUESDAY, 11 JUNE 2015 From 8.00 a.m to 2.00 p.m.

Looking into the future of financial services

With PIERRE GRAMEGNA, the Luxembourg Minister of Finance, as guest speaker FOR MORE INFORMATION

www.horizonconference.lu

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PHILHARMONIE LUXEMBOURG


Place Financière ING Life et ING IM sous pavillon NN

02 Le nom change,

pas les ambitions ◄ Pieter Coopmans et Georges Wolff vont conserver leurs positions respectives de CEO de NN Life au Luxembourg et de managing partner de NN Investment Partners.

► C’est début avril que ING Life et ING Investment Management changeront de nom pour épouser celui du groupe NN. ► C’est la fin d’un processus initié en 2009, mais qui ne bouleversera pas profondément la stratégie des entités concernées. ― Texte : Jean-Michel Gaudron ― Photo : Mike Zenari

Initiée en 2009 suivant les injonctions de la Commission européenne de séparer les activités bancaire, d’assurance et d’investissement, la restructuration des branches d’ING au Grand-Duché est sur le point de s’achever. Début avril, ING Life Luxembourg et ING Investment Management Luxembourg disparaîtront du paysage, laissant place à NN Life Luxembourg et NN Investment Partners. Les deux entités emploient, au Luxembourg, une centaine de personnes : 55 chez ING Life, société fondée en 1994, qui a collecté 211 millions d’euros de primes en 2014 et gère 2,5 milliards d’euros d’actifs ; et 46 chez ING Investment Management, société de gestion Ucits et AIF qui a fêté ses 10 années d’existence et gère 43 milliards d’euros d’actifs pour le « Luxembourg fund range », au travers de 16 fonds et 168 sous-fonds. NN renvoie immanquablement aux origines mêmes du groupe ING, né en 1991 de la fusion de NMB Postbank Groep avec l’assureur Nationale Nederlanden. Depuis l’été dernier, NN Group, dont ING Groep est encore actionnaire majoritaire (54,6 %), est coté en Bourse.

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« Ce rebranding va permettre de créer une nouvelle notoriété pour la marque et pour l’identité visuelle de NN Group, estime Pieter Coopmans, CEO d’ING Life Luxembourg et bientôt celui de NN Life Luxembourg. Cette marque combine un riche patrimoine de 170 ans hérité de nos racines néerlandaises (la compagnie a été fondée en 1845, ndlr) avec les exigences d’une société nouvelle et internationale. » Le montant consacré aux opérations de communication n’a pas été dévoilé, mais on le devine conséquent : depuis quelques semaines déjà, le changement de nom s’affiche sous différentes formes. La campagne, qui durera encore une bonne partie de l’année, sera évidemment renforcée à compter de début avril, en même temps que tous les supports commerciaux seront également modifiés, toute référence à ING étant appelée à disparaître au profit de NN. Un exercice qui n’est pas forcément aussi simple qu’il y paraît dès que l’on s’attaque à des noms de véhicules d’investissement tels que des fonds. « Compte tenu des exigences légales et réglementaires, ceci est un processus complexe,

confirme Georges Wolff, managing director d’ING Investment Management Luxembourg, en attendant de devenir celui de NN Investment Partners. La participation en temps opportun de nos équipes, mais aussi celle de la CSSF, de nos partenaires commerciaux et de nos service providers est à ce titre cruciale. » C’est d’ailleurs cette complexité qui explique, principalement, que les deux rebrandings se feront à deux dates différentes : au 1er avril pour les activités d’assurance vie et le 7 avril pour ING Investment Management, juste après le « long » week-end pascal. Au final, pour le client, il s’agira surtout de s’habituer à cette nouvelle appellation, laquelle ne masque aucun autre changement majeur dans la stratégie ou dans l’approche des deux sociétés. « Nos clients, mais aussi nos partenaires d’affaires, bénéficieront désormais de la force et de l’indépendance d’une société qui est entièrement dédiée aux activités d’assurance et de gestion, avec une identité unique dans le monde entier », indique M. Coopmans. « Ne plus être rattaché à un groupe bancaire nous ouvre de nouvelles perspectives de développement, renchérit M. Wolff. Ce nouveau nom nous donne l’occasion de souligner davantage notre ambition d’être plus que de simples fournisseurs pour nos clients. » Pas de bouleversement de stratégie en vue, donc : du côté de NN Life, « devenir un acteur majeur dans le secteur de l’assurance vie », résume Pieter Coopmans ; « continuer à développer nos activités à l’international, en Europe, en Asie et en Amérique latine, complète Georges Wolff. Au Luxembourg, nous continuerons à chercher de nouveaux partenaires et à développer des canaux de distribution supplémentaires. » ◄ En résumé ING Life et ING Investment Management vont changer de nom au Luxembourg. En avril, ils deviendront respectivement NN Life et NN Investment Partners. Un changement qui s’inscrit dans le mouvement de réorganisation du groupe ING commencé en 2009 et qui donnera une plus grande indépendance et une marge de manœuvre accrue pour les deux sociétés.


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Place financière Prix de transfert

03 Moins de profits entre amis ► Depuis le début de l’année, le Luxembourg a renforcé sa législation par rapport aux prix de transfert des multinationales. ► Les transactions intra-groupe doivent être comparables à celles pratiquées entre entreprises indépendantes. ► Il s’agit d’un premier pas, qui sera suivi d’autres adaptations selon les nouvelles règles que l’OCDE finalise. ― Texte : Jean-Michel Lalieu ― Photo : Christophe Olinger

▲ L’administration fiscale dispose d’un cadre légal plus strict pour contrôler les transactions financières transfrontalières des groupes internationaux.

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Si la crise a eu un effet bénéfique, c’est d’avoir poussé les États à laver plus blanc en termes de pratiques financières. En veillant à des comportements plus conformes de la part des épargnants privés dans un premier temps, puis en plaçant dans le viseur de la communauté internationale les sociétés multinationales. Et, à ce niveau, c’est l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui a été chargée par le G20 de jouer les « Monsieur Propre ». La plupart des États étant à la recherche de moyens financiers pour équilibrer leurs budgets, plus question de laisser ces groupes tentaculaires gérer leurs transactions internes de manière à éviter l’impôt. « C’est d’autant plus important que l’OCDE a calculé que 60 % des échanges mondiaux sont des échanges intragroupe. On comprend que chaque État veuille sa juste part du gâteau », notent Sophie Balliet et Patrick Mischo, respectivement transfer pricing adviser et partner chez Allen & Overy. Dans ce contexte de juste partage des bénéfices entre filiales d’un même groupe, le Luxembourg a souvent été pointé du doigt par d’autres partenaires de l’OCDE pour des pratiques jugées au minimum « laxistes ». Des critiques qui devraient s’atténuer dans la mesure où le gouvernement de Xavier Bettel a déjà clarifié la loi concernant la réglementation des prix de transfert dans le sens des principes de l’OCDE. Le Parlement a ainsi voté la modification de l’article 56 de la loi concernant l’impôt sur le revenu et les nouvelles dispositions sont entrées en vigueur dès le 1er janvier 2015. Dorénavant, la législation luxembourgeoise en matière de prix de transfert est quasiment un copier-coller de l’article 9 de la Convention Modèle de l’OCDE, qui prévoit un « prix de pleine concurrence » dans les échanges intra-groupe. De quoi parle-t-on exactement ? Lorsqu’on évoque les prix de transfert, on vise les prix auxquels les entreprises transfèrent des biens


Place financière Prix de transfert

corporels ou incorporels ou fournissent des services à une entreprise liée, basée à l’étranger. Et selon la nouvelle loi, il existe un lien dès lors qu’une entreprise participe directement ou indirectement à la direction, au con­ trôle ou au capital d’une autre. Les administrations fiscales entendent que ces prix reflètent correctement l’activité effectuée dans leur pays afin de pouvoir prélever un impôt correct sur les bénéfices réalisés. « C’est quelque chose qui n’est pas toujours facile à faire comprendre aux multinationales puisque, selon elles, tout se passe au sein d’un même groupe », pointe Marc Rasch, partner chez PwC Luxembourg. Mais les autorités fiscales des différents États ne l’entendent pas de cette façon. La notion de prix de pleine concurrence que le Grand-Duché vient de clarifier prévoit ainsi que les tarifs fixés entre deux entités du même groupe soient exactement les mêmes que ceux fixés sur le marché libre entre deux sociétés indépendantes. Un principe établi au niveau mondial pour éviter des petits arrangements au sein d’un groupe selon la fiscalité des différents pays où il est présent. « Pour contrôler cette équivalence, les entités basées au Luxembourg doivent désormais pouvoir fournir une documentation qui permet de prouver que les prix pratiqués sont conformes à ceux du marché. Si elles en sont incapables, il n’y aura pas d’amende relative aux prix de transfert comme c’est par exemple le cas aux États-Unis, mais un renversement de la charge de la preuve en leur défaveur. Cela signifie qu'en cas de manque de preuve, c'est au contribuable de prouver que le montant éventuellement redressé pas l'administration est incorrect », explique Marc Rasch.

« Les normes OCDE liées aux prix de transfert seront modifiées sur base des futures recomman­dations du plan Beps. » Anabela Lourenço Marques et Nicolas Gillet (EY)

CLARIFIER LES RÈGLES Peut-on parler d’une révolution au niveau de la fiscalité luxembourgeoise ? « On se référait déjà par la passé aux grands principes édictés par l’OCDE qui étaient imbriqués dans la loi concernant l'impôt sur le revenu de 1967. Il n’y avait cependant pas de règles vraiment détaillées sur la question », observent Sophie Balliet et Patrick Mischo. Au lieu de parler de sociétés liées, on envisageait des « relations économiques particulières » et, plutôt que d’exiger une documentation bien détaillée pour justifier des prix de transfert, la loi se contentait de préciser que chaque contribuable devait pouvoir justifier ce qui était renseigné dans sa déclaration fiscale. Notons quand même que cette documentation, désormais explicitement prévue dans le paragraphe 171 de la loi générale des impôts, ne devra pas obligatoirement être préparée à l’avance mais fournie à la demande de l’administration fiscale. Les spécialistes de la Place s’attendent aussi à

« 60 % des échanges mondiaux sont des échanges intra-groupe. » Sophie Balliet et Patrick Mischo (Allen & Overy)

la publication prochaine d’une circulaire pour affiner les nouvelles dispositions concernant ces nouvelles exigences. Si, dans les faits, on sent le gouvernement luxembourgeois acculé à répondre à une pression internationale de plus en plus insistante, on peut quand même pointer que le mouvement vers une plus grande transparence est en marche depuis 2010, avec une première circulaire publiée en janvier 2011 pour détailler les règles en matière de financements intragroupe. « Elle a pour objectif de s’assurer qu’il existe bien une activité économique au Luxembourg et précise notamment les niveaux de substance, tant économique qu'organisationnelle, que ces sociétés doivent avoir », expliquent les experts d’Allen & Overy. Le processus est donc en marche et ne s’arrêtera pas avec les récentes modifications de la loi. L’OCDE ayant reçu un mandat du G20 pour proposer de

Contrôles renforcés

Une administration plus performante Laxisme ou manque de moyens ? Selon le point de vue que l’on adopte – à l’intérieur ou à l’extérieur des frontières luxembourgeoises –, la justification des pratiques nationales en matière de contrôle des prix de transfert varie sensiblement. « Il y aura effectivement de plus en plus de contrôles des décla­ rations des multinationales à l’avenir, estiment Anabela Lourenço Marques et Nicolas Gillet, d’EY. Mais c’est aussi parce que l’administration fiscale luxem­ bourgeoise est en pleine évolution. » Ils notent par exemple, qu’avant 2011 et la nouvelle circulaire sur les financements intra-groupe, elle ne disposait pas d’une véritable division économique capable de traiter ce genre de transaction. « C’était normal. Un petit pays comme le Luxembourg n’avait pas besoin d'un niveau de contrôle aussi poussé. Les contrôles se faisaient au cas par cas. » Mais ils confirment aussi qu’actuellement des efforts réels sont faits pour recruter du personnel compétent à ce niveau. « Les niveaux d’exper­ tise et d’exigence imposés par les actions Beps imposent d’avoir une administration plus performante et le Luxembourg avance dans cette voie. C’est positif pour l’ensemble de la Place. » J.-M. L. ◄

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Place financière Prix de transfert Cas concret

Garanti sur factures Partons d’un exemple entre deux sociétés liées par des liens capitalistiques supérieurs à 50 % – condition de la législation grand-ducale pour estimer deux entités « liées ». Basée à Luxembourg, l’entreprise A fabrique des parasols qu’elle envoie en Italie à l’entreprise B, qui les vendra sur le marché transalpin. Pour l’administration luxembourgeoise, le contrôle des prix de transfert consiste à vérifier si le prix auquel l’entité A vend ses parasols à son partenaire italien correspond bien à un prix de marché. Imaginons que la matière première pour produire un parasol lui coûte 10 euros et que ses coûts de production par unité soient de 20 euros. Posons ensuite que le prix du marché italien pour de tels produits soit de 60 euros. Si l’entité A les vend 50 euros à l’entité B, elle devra pouvoir prouver dans une éventuelle documentation à fournir à l’administration que c’est elle qui dispose de la technologie et du savoir-faire, ce qui lui permet de s’accaparer la plus grande part du bénéfice. Si, en revanche, elle ne les vend que 35 euros à la firme partenaire, on peut estimer qu’elle agit plutôt comme soustraitant pour l’entité italienne et ne prend aucun risque. Ce qu’elle devra aussi prouver par divers documents. Jusque-là tout est possible. Là où ça risque de coincer, c’est si le même fabricant luxembourgeois vend aussi des parasols à un autre distributeur italien et les lui facture 50 euros. La différence tarifaire de 15 euros entre les deux distributeurs montre cette fois clairement que le « prix de pleine concurrence » n’a pas été respecté entre les deux sociétés liées. J.-M. L. ◄

▲ L'administration des Finances bénéficie d'équipes mieux formées pour assurer le respect de prix de pleine concurrence.

UN PAS PLUS LOIN En termes de nouvelles exigences, on parle surtout d’un country by country reporting, un rapport général qui obligera les groupes internationaux à lister pays par pays le montant des revenus, des profits, le nombre d’employés et les impôts payés. « L’objectif de ce reporting sera de permettre l’échange entre les administrations fiscales de tous les pays où la multinationale est présente. Les administrations disposeront alors

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d’une information fiscale de qualité pour mieux estimer où se situent les risques en matière de prix de transfert », expliquent encore les consultants d’EY. Le premier rapport de ce type est prévu en 2017 avec les chiffres de 2016. Par la suite, les groupes internationaux devront encore pouvoir produire, selon les nouvelles exigences de l’OCDE, un master file, dans lequel ils devront documenter toute la chaîne de valeur de la société, et un local file, qui répertoriera l’ensemble des transactions réalisées au sein d’une entité. L’étau se resserre donc sérieusement autour des pratiques fiscales des multinationales. Et comme les nouvelles règles semblent s’imposer largement à l’échelon international, le Luxembourg n’a sans doute pas trop à craindre de ces changements. ◄ En résumé Depuis le début de l’année, le Luxembourg dispose d’une législation plus précise en matière de contrôle des prix de transfert. Elle rentre en conformité avec les principes généraux de l’OCDE et prévoit déjà d’appliquer les nouveaux principes que l’organisme international prépare.

Le 11 décembre dernier, Pascal Saint-Amans, de l’OCDE, était reçu au Luxembourg, où l’on réglemente au plus près des recommandations. ▼

PHOTO : SIP / CHARLES CARATINI

nouvelles règles afin d’éviter les phénomènes d’érosion de la base taxable, elle finalise le plan Beps – Base Erosion and Profit Shifting – qui prévoit 15 actions, dont quatre liées aux prix de transfert. « Les normes OCDE liées aux prix de transfert seront modifiées sur base des futures recommandations du plan Beps, et il est probable que le Luxembourg suive ces recommandations sous une forme encore à définir », soulignent Anabela Lourenço Marques et Nicolas Gillet, spé­cialistes de ces questions chez EY.


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Place financière Clearstream2

04 L’antihéros des juges ► Le film L’Enquête contribue à crédibiliser le travail de Denis Robert sur la firme luxembourgeoise auprès du grand public. ► La justice grand-ducale avait pourtant mis en cause la loyauté du journaliste et la fragilité de son enquête.

La sortie du film L’Enquête de Vincent Garenq sur l’enquête du journaliste Denis Robert donne l’occasion de revoir la manière dont l’affaire Clearstream fut traitée au Luxembourg. Les juges, en France comme au Grand-Duché, ont eu au départ des positions assez proches, estimant diffamatoires les assertions de Denis Robert qui a comparé Clearstream à une boîte noire de la finance mondiale. En 2010, la Cour de cassation a jugé l’enquête du journaliste sérieuse, mettant ainsi un point final à ce que ce dernier a appelé « l’acharnement judiciaire » dont il fut victime pendant près de 10 ans. À Luxembourg, où des procédures pour diffamation furent engagées par la firme de compensation et des banques citées dans les livres, les affaires passèrent rarement le cap de la Cour d’appel, sauf pour le co-auteur du premier livre Révélation$, Ernest Backes, qui est allé jusqu’à la Cour européenne des droits de l’Homme pour dénoncer les travers de l’instruction. Les déboires judiciaires de Denis Robert firent long feu. La presse luxembourgeoise s’en désintéressa, sans doute parce que les procédures étaient légion, mais aussi parce que les journalistes firent cause commune avec l’homme qui a fait passer dans le grand public Clearstream pour une usine à recycler de l’argent grâce à une double comptabilité. Ce que l’enquête judiciaire au Luxembourg n’a jamais pu prouver. Les témoignages étayant les thèses du blanchiment et de la

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double comptabilité se sont également révélés fragiles. Un jugement du 27 juin 2008, resté inédit, montre bien le regard que les juges luxembourgeois ont porté sur le travail d’investigation de Denis Robert dans Clearstream : l’enquête, livre de 2006 consacré à la seconde « affaire Clearstream » et à l’un de ses protagonistes, Imad Lahoud. Condamné à payer un euro symbolique de dommages et 3.000 euros d’indemnité de procédure à Clearstream Banking, à l’origine de la plainte en diffamation, Denis Robert n’avait pas fait appel de la décision. Dans sa plainte, Clearstream met en question plusieurs passages du livre, notamment sur les manipulations des fichiers par Lahoud, un agent du renseignement qui avait d’abord fait croire à un hacking du système informa­ tique de la firme alors que les fichiers venaient de Denis Robert. « J’ai mis le doigt, écrit Robert, sur un des centres névralgiques de la finance, là où, dans la discrétion du back-office, toutes les banques de la planète font leur petite cuisine sous la protection du ministre du Trésor et de la Justice de ce pays merveilleux. » Pour les juges, ce passage « signifie que l’affaire des faux listings de Clearstream a permis de confirmer les précédentes accusations formulées (par Robert à l’égard de Clearstream). Cette affirmation est manifestement fausse. L’affaire des faux listings n’a rien pu confirmer, puisqu’il s’agit d’une manipulation politicienne qui s’est basée sur des données faussées et sur les allégations de Denis Robert ».

▲ Le film franco-belgoluxembourgeois a remis en lumière les suites de l’affaire.

Un autre passage dépeint Clearstream comme une « boîte noire au fonctionnement opaque » pouvant « servir de ‘poumon’ au crime organisé ». « Il s’agit là d’affirmations de l’auteur, répond le tribunal. Il se cite notamment luimême, mais il ne cite jamais autrui et se base sur les affirmations de Regis Hempel, ancien vice-président de Clearstream », lequel fut incapable d’étayer ses assertions devant les magistrats luxembourgeois. Si la loi sur la presse n’admet plus – heureusement – la preuve des faits avancés par les journalistes – c’est impossible dans certains dossiers –, elle exige tout de même d’eux qu’ils aient « des raisons suffisantes pour conclure à la véracité des faits rapportés ». Or,

argumentent les juges, les déclarations de Hempel aboutirent à un non-lieu au Luxembourg, la justice française considéra les allégations de Robert comme diffamatoires et Lahoud fut considéré comme un homme peu scrupuleux et un manipulateur. Pour la justice luxembourgeoise, Denis Robert a « manifestement failli à son obligation de loyauté et d’honnêteté », « de fournir l’information la plus objective possible » et « a omis de faire preuve de désintéressement dans la façon de présenter son ouvrage ». La protection de la réputation, avance le jugement, peut justifier une limitation de la liberté d’expression : « Un journaliste ne peut être autorisé à insinuer qu’une banque est mêlée au financement du crime organisé et du terrorisme international lorsqu’aucune preuve tangible de ces accusations n’existe et que le journaliste a déjà été condamné pour avoir tenu des propos qualifiés de diffamatoires, et que des informations ouvertes à la suite de ces propos se sont soldées par un non-lieu. » ◄ En résumé Le film L’Enquête, consacré à l’affaire Clearstream et au travail du journaliste Denis Robert, suscite des questions au Luxembourg, où la justice a précisément mis en cause la crédibilité de l’enquête et le manque de loyauté du journaliste français.

PHOTO : CHASSAING / NORD-OUEST FILMS

― Texte : Véronique Poujol


Place financière Fonds d’investissement

Des pendules à remettre à l’heure ► La conférence de printemps annuelle organisée par l’Alfi, les 24 et 25 mars prochains à Luxembourg, va de nouveau attirer des centaines de professionnels de tous pays vers le Grand-Duché. ► L’occasion est trop belle pour Thomas Seale, membre du conseil de l’Alfi (dont il fut également président), de démonter certains préjugés et idées fausses sur le pays et sur sa Place. ► Être capable de rendre accessible au plus grand public possible une industrie hautement technique ne sera pas le moindre des défis. ― Texte : Jean-Michel Gaudron

Toujours plus haut… Fin janvier, pour le 17e mois consécutif, le patrimoine global net des organismes de placement collectif et des fonds d’investissement spécialisés a connu une hausse, s’élevant à 3.277,01 milliards d’euros : une progression de 5,88 % par rapport au mois précédent (dont une large part due aux effets de marché) et de près de 25 % sur 12 mois. En remontant jusqu’à août 2013, date du dernier « recul » enregistré (le patrimoine global avait glissé de 2.523,2 milliards d’euros à 2.498,8 milliards), la hausse est de plus de 30 %. La santé de l’industrie luxembourgeoise des fonds d’investissement frise l’insolence, même si elle s’inscrit dans un mouvement haussier généralisé sur le marché européen. Les statistiques 2014 publiées par l’association européenne de l’industrie de la gestion d’actifs (Efama) font état d’un patrimoine global en hausse de 15,7 %, franchissant la barre des 11.000 milliards d’euros (11.341 milliards) et d’un montant d’émissions nettes record de 634 milliards d’euros. Pour le seul Luxembourg, ce montant a été de 230 milliards… Et cette bonne santé ne manque pas de titiller la curiosité au-delà des frontières – et même au-delà du continent –, comme en témoigne l’affluence record (930 professionnels) enregistrée en début d’année lors d’une tournée organisée par l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi) à Taipei, Tokyo et Hong Kong. C’est dans ce contexte pour le moins positif que cette même Alfi organise, au Luxembourg, sa traditionnelle conférence de printemps qui réunira encore plusieurs centaines de professionnels (et 50 exposants) les 24 et 25 mars prochains à LuxembourgCongrès. Un événement qui, bien évidemment, dépasse largement le cadre du seul marché luxembourgeois. Comme chaque année (et même plusieurs fois par an en comptant notamment la Global Distribution

05 Conference de septembre ou bien la European Alternative Investment Funds Conference de novembre), nombreux seront les intervenants étrangers, y compris de Hong Kong et de Boston. Le Luxembourg fournira évidemment le contingent le plus important d’orateurs. Parmi eux, Thomas Seale, le CEO d’European Fund Administration, membre du conseil d’administration de l’Alfi dont il fut président entre 2003 et 2007 (il laissa son siège au moment où les actifs des fonds ont atteint 2.000 milliards d’euros) et actuel président de l’agence Luxflag.

PRENDRE LES CHOSES EN MAINS

Thomas Seale : « Il est temps d’inverser cette attitude beaucoup trop facile, faite d’ignorance et de naïveté, qui considère les fonds comme un secteur caché, basé sur des choses louches. » ▼

Fin connaisseur du marché des fonds dont il est un des acteurs depuis 1994, date de son arrivée au Grand-Duché chez Citibank, il avait, en 2004, lors d’une précédente conférence, dressé un portrait détaillé d’une industrie qui « pesait » à peine la moitié de ce qu’elle est aujourd’hui. Il souhaite remettre le couvert, plus de 10 ans plus tard, de manière un peu décalée et pédagogique, pour démystifier certaines idées reçues, par forcément

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Place financière Fonds d’investissement positives, tant pour le secteur que pour le pays. « Nous constatons que si nous ne définissons pas nous-mêmes ce que nous sommes, ce sont les autres qui vont le faire à notre place. Et ce sera fatalement contre nous », prévient-il, parfaitement conscient que la haute technicité du secteur constitue un obstacle pour sa vulgarisation auprès de la presse généraliste. « Comme nous sommes un petit pays avec une très grande industrie, dès que les mots ‘fonds’ et ‘finance’ apparaissent dans la même phrase, il y a toute une série d’idées préconçues rarement positives qui se mettent en place. Le moment est venu de remettre certaines pendules à l’heure. » D’où l’idée, partagée avec le conseil de l’Alfi, de ne pas se laisser dominer par une image subie, généralement véhiculée par des gens peu « amis » de la Place, mais au contraire (r)établir une certaine vérité sur la base de chiffres extraits, pêle-mêle, de rapports d’économistes, du FMI, de la Com­ mission européenne ou de consultants spécialisés. « Je souhaite un discours compréhensible par le grand public, explique M. Seale. Je ne citerai jamais le terme de Ucits ! Mais surtout, j’ai envie d’une présentation de type open source : il faut que d’autres puissent se l’approprier, la réutiliser et, pourquoi pas, l’améliorer, que ce soit auprès des maisons mères de leurs organisations, ou bien à l’occasion de road shows ou de missions de promotion. Et j’espère bien que dans 10 ans, nous n’aurons plus besoin de refaire ce genre de présentation ! »

PLACE AUX SERVICES ! Clairement, l’industrie luxembourgeoise des fonds d’investissement est victime d’un succès qu’elle a, elle-même, eu parfois du mal à maîtriser et à gérer. Entre 2007 et 2014, le patrimoine des fonds est passé de 2.000 à 3.000 milliards, soit une hausse de 50 % en moins de 10 ans. Une croissance vertigineuse qui demande fatalement une certaine

préparation et qui s’est faite au prix d’un énorme effort collectif peut-être source d’un certain aveuglement, personne ne mesurant alors vraiment l’ampleur du bashing qui s’est forgé au fil du temps et que les récentes révélations LuxLeaks n’ont pas manqué d’exacerber. « Il est temps d’inverser cette attitude beaucoup trop facile, faite d’ignorance et de naïveté, qui considère les fonds comme un secteur caché, basé sur des choses louches, prévient M. Seale. Nous devons prendre une lampe torche et faire la lumière sur ce que nous sommes. Quand on voit la taille et le sérieux de notre industrie, mais aussi l’impact positif qu’elle représente sur l’économie mondiale, on se rend compte qu’il faut vraiment arrêter cette attitude et expliquer aux gens ce que nous faisons. Les fonds sont un vrai métier et sans nous, beaucoup de sociétés dans le monde n’auraient pas accès à des financements, ce qui constituerait un frein au développement mondial. » L’année 2015 qui est déjà entamée ne va pas manquer de défis, notamment réglementaires, pour l’ensemble des acteurs des fonds. Mais le plus gros de la vague législative et réglementaire est sans doute derrière, ce qui ne manque pas de redonner un certain regain d’optimisme à Marc Saluzzi, l’actuel président de l’Alfi, qui évoqua bien souvent le « tsunami réglementaire » auquel le secteur a été soumis ces dernières années. « Après des années caractérisées par une multitude de nouvelles législations et réglementations très coûteuses pour le secteur, il est temps maintenant que l’industrie de la gestion d’actifs puisse à nouveau porter toute son attention sur le service à ses clients, a-t-il appelé de ses vœux en début d’année. Les fonds d’investissement profitent à l’économie en créant de nouveaux emplois. C’est pourquoi il est d’une importance primordiale qu’en 2015, le secteur de la gestion d’actifs n’ait plus à s’occuper de l’implémentation de nouvelles réglementations, mais qu’il puisse se concentrer sur sa propre croissance. »

L’industrie des fonds en cinq chiffres

33,1 %

La part de marché du Luxembourg dans l’industrie européenne des fonds au 31 décembre 2014. C’est plus que ses deux poursuivants immédiats réunis : l’Irlande (16 %) et la France (14,4 %) (source : Efama).

En résumé Alors que se profile la conférence de printemps de l’Alfi, l’industrie luxembourgeoise des fonds d’investissement aimerait bien rétablir quelques vérités. Thomas Seale, membre du conseil d’administration et ancien président, va s’atteler à la tâche.

24,89 %

La hausse du patrimoine global net des OPC et des fonds spécialisés entre janvier 2013 et janvier 2014. La hausse entre janvier 2012 et janvier 2013 n’avait été « que » de 9,06 % (source : CSSF).

20,2 %

La croissance des actifs des fonds Ucits au Luxembourg au cours de l’année 2014. Seule l’Irlande (22,1 %) a fait mieux. Le Royaume-Uni (15,4 %), l’Allemagne (6,7 %) et la France (3,2 %) suivent loin derrière (source : Efama).

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Bien souvent, les craintes de bouleversement profond du marché, voire de la fuite de certains acteurs hors du Luxembourg, ont animé les réflexions, voire les propos, des uns et des autres. Pour l’heure, le secteur tient bon la barre et semble digérer plutôt bien tout ce qu’il a eu à avaler ces derniers temps. « Pour autant que les réglementations sont plus ou moins les mêmes partout, l’enjeu pour le Luxembourg est de faire en sorte que le respect de toutes ces exigences se fasse le plus efficacement possible, note Thomas Seale. Et cela est possible grâce à la taille du marché, à l’expertise qui s’y trouve et aux économies d’échelle qu’il est possible de faire, qui font qu’un promoteur de fonds finira tout de même par s’y retrouver ici par rapport à d’autres Places. » Il s’agira évidemment d’une des clés pour le développement – au minimum pour la pérennité – d’un secteur clé de la place financière. La feuille de route établie par l’Alfi et qui sera encore peaufinée à l’heure où Marc Saluzzi va quitter la présidence – dans quelques mois après deux mandats consécutifs de deux ans – prévoit aussi une expansion géographique vers de nouveaux marchés, notamment au Brésil, au Mexique, en Australie et en Chine. Mais les professionnels du secteur souhaitent également développer l’infrastructure de marché existante, avec l’objectif avoué de servir dorénavant non seulement les fonds de droit luxembourgeois, mais également ceux domiciliés à l’étranger. « Nous voulons progresser d’un domicile de fonds vers un centre de service complet pour fonds d’investissement. » Un développement qui, lui aussi, nécessitera ce qu’il faut de pédagogie et d’explications… ◄

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En 2014, Luxembourg a attiré près de 230 milliards d’euros de souscriptions nettes. C’est deux fois plus que le pays qui le suit au classement, l’Irlande, qui n’affiche « que » 112 milliards pour l’année écoulée (source : Efama).

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Le nombre de mois consécutifs de hausse du patrimoine global des OPC et des fonds d’investissement spécialisés au Luxembourg. Le dernier recul remonte à août 2013. Depuis janvier 2013, sur 25 mois de référence, seuls deux mois ont pointé dans le rouge (source : CSSF).


Adrien Ney photographié à l’aéroport de Luxembourg par Julien Becker.

Adrien Ney lit City Mag depuis 2009. Merci

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Place financière Assurance vie

06 Le superprivilège en question ► Les assurés au Luxembourg jouissent d’une protection spéciale en cas de défaillance de leur compagnie. ► La justice doit déterminer si tous les assurés y ont droit et s’il faut faire un pot commun quels que soient les produits.

La liquidation d’Excell Life, en cours depuis 2012, va permettre de mesurer la solidité de la protection spéciale dont les assurés bénéficient en cas de défaillance de leur compagnie et de déterminer aussi qui y a droit. La justice n’a encore jamais eu l’occasion de se prononcer sur la portée exacte du « super-privilège » assorti aux contrats luxembourgeois. Cette disposition donne la primeur aux investisseurs sur les créanciers privilégiés comme les employés, les impôts ou la Sécurité sociale. Pour autant, tous les investisseurs, des prudents ayant investi dans des « rentes » aux plus téméraires ayant misé sur des fonds en unités de comptes, y ont-ils droit ? Les sommes récupérées doivent elles être mises dans un pot commun ou bien faire l’objet d’une ségrégation en fonction de la qualité des actifs sous-jacents ? Écartés des remboursements, des clients d’Excell ont mis en cause devant le tribunal de commerce la légalité de la distribution d’un dividende que la liquidatrice, Evelyne Korn, a consenti à certains des clients de la compagnie mais pas à d’autres (leur nombre est marginal), ayant investi leur épargne dans des contrats en unités de comptes baptisés Elix 36. L’argent a disparu dans une escroquerie. La liquidation peine à retrouver l’argent, tandis que la récupération des actifs pour les autres fonds adossés à des valeurs plus liquides va bon train.

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La question qui se pose aux juges est de savoir si le traitement différent des clients s’inscrit dans le cadre posé par la législation luxembourgeoise sur l’assurance. Le recours a été plaidé en février. Le jugement est attendu pour le 1er avril prochain. Les plaignants mettent en cause le versement, validé par plusieurs jugements, d’un dividende de 75 % des actifs réalisés versé aux créanciers dont la prime fut investie dans certains fonds. 26 fonds au total représentant 538 créanciers. Les clients d’Elix 36 n’ont pas été indemnisés, le fonds étant actuellement non liquide et sans valeur. Et à valorisation nulle, créance zéro. Leur avocat, Jean-François Steichen, estime que le mode de distribution de ce dividende est « diamétralement opposé aux exigences légales ». Il réclame pour ses clients une part du gâteau sur la base de l’article 39 de la loi sur l’assurance ainsi qu’une circulaire (08/1) du Commissariat aux assurances qui met, à ses yeux, tous les assurés sur un pied d’égalité en cas de liquidation de l’entreprise. Comme l’a signalé Evelyne Korn à l’audience, les déclarations de créances des plaignants n’ont pas été admises et leurs créances ne pourront être chiffrées « que si et lorsque des fonds auront été recouvrés par Excell Life International au titre des parts détenues dans le fonds Elix 36 ». Peut-être jamais.

▲ Le tribunal de commerce examine un dossier qui fera date.

L’assiette du privilège de l’article 39 ne peut porter, a soutenu l’avocate, que sur les actifs sousjacents liés à un fonds d’investissement déterminé, liés aux contrats d’assurance investis dans ce fonds et non sur l’ensem­ ble des actifs sous-jacents de tous les fonds d’investissement, liés à tous les contrats d’assurance. Pour les fonds d’investissement ne comportant pas d’actifs sousjacents, a précisé Me Korn, les créanciers ne peuvent faire valoir que le privilège inscrit à l’article 40 de loi sur l’assurance sur les avoirs propres de la compagnie, donc sur les fonds qu’il reste après le passage des créanciers privilégiés (salariés, administrations fiscales et organismes de Sécurité sociale). « Le principe d’égalité des créanciers n’est pas absolu », a indiqué la liquidatrice, qui estime que « diluer tous les actifs sous-jacents des contrats d’assurance dans une seule masse pour les distribuer entre tous les créanciers

d’assurance reviendrait à rendre la situation des demandeurs en tierce opposition plus favorable qu’avant la liquidation judiciaire, et ce au détriment des créanciers investis dans des fonds valorisés et cotés ou bénéficiaires de rentes à versements périodiques. » Intervenant volontaire­ment, l’avocat belge Robert Wtterwulghe a soutenu cette position : « Le privilège des créanciers d’assurance organisé par l’article 39 doit être compris en ce sens que l’assiette du privilège porte uniquement sur le patrimoine distinct formé par les actifs représentatifs liés à une police d’assurance et non pas sur l’ensemble des patrimoines distincts formés par tous les fonds d’investissement », a-t-il fait valoir. « Soutenir le contraire revient à supprimer le privilège spécial des créanciers d’assurance sur les avoirs du fonds d’investissement auquel est lié leurs polices d’assurance et à collectiviser les différents fonds internes de l’entreprise d’assurance. Une telle interprétation de l’article 39 s’inscrit en totale contradiction avec l’esprit et la technique propres à l’assurance vie de la branche 23. » ◄ En résumé Le tribunal de commerce examine un recours d’investisseurs mettant en cause le versement de dividendes à certains créanciers de la compagnie d’assurance Excell Life International et pas à d’autres. Jugement attendu pour le 1er avril.

PHOTO : DR / PAPERJAM (ARCHIVES)

― Texte : Véronique Poujol


Place financière Future Fund / Dans le Golfe

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Un futur en pointillés ► Beaucoup de bruit autour du lancement imminent du Luxembourg Future Fund. ► En parallèle, Genii Group prépare une initiative privée.

PHOTO : SVEN BECKER (ARCHIVES)

Il y a eu de l’agitation autour du lancement que l’on devine imminent du Luxembourg Future Fund. Annoncé en grande pompe par Luc Frieden et Jeannot Krecké il y a trois ans, il a été freiné par les atermoiements de ses concepteurs et des entités impliquées, la SNCI (à hauteur de 120 millions d’euros) et le Fonds européen d’investissement (pour 30 millions). Les derniers remous ont surtout concerné un troisième acteur, Genii Group, et son emblématique actionnaire-fondateur Gerard Lopez (photo). Initialement impliqué dans le projet, il en est sorti fin 2014 « d’un commun accord » avec les partenaires publics lorsque la structure du compartiment d’investissement direct pour la gestion duquel il était pressenti a été changée.

D’aucuns ont considéré cette « mise à l’écart » comme une sanction, doutant de la fiabilité de l’intéressé, qui n’a pourtant plus grand-chose à prouver dans le monde des affaires. Du reste, parallèlement, Genii travaille actuellement sur la mise en place d’un fonds « privé », sur lequel le gouvernement garde un œil intéressé, n’excluant pas d’y participer le cas échéant. Des premières rencontres avec des investisseurs étrangers intéressés ont eu lieu début mars. Difficile de comprendre à qui profite la guéguerre médiaticopolitique. Certainement pas à la bonne image « business » du pays, qui doit sans cesse faire mieux que les autres pour attirer des investisseurs pérennes. J.-M. G. ◄

Technique académique et islamique

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PHOTO : MFIN

► Dans les bagages, des accords pour le développement de la Place. La deuxième visite officielle des autorités luxembourgeoises aux Émirats en moins de six mois a ramené des accords dans les bagages. Le ministère des Finances indique avoir « convenu d’une collaboration plus étroite » dans le domaine de la recherche académique et de l’éducation professionnelle, qui concerne l’Université du Luxembourg et des facultés des Émirats arabes unis. Le ministère parle aussi « d’échanges de meilleures pratiques au niveau de la régulation », ainsi que la création possible « de manifestations communes d’envergure internationale afin de promouvoir la finance islamique comme alternative éthique à la finance traditionnelle ». Dans la logique affichée de vouloir faire du Grand-Duché le plus grand centre de finance islamique hors Moyen-Orient, Pierre Gramegna a effectué une nouvelle fois « des

rencontres de haut niveau » avec des représentants de banques établies à Dubaï, notamment lors d’un séminaire de LFF (Luxembourg for Finance). Pour rappel, le Luxembourg avait lancé le 1er octobre 2014 son premier sukuk souverain, d’un volume de 200 millions d’euros. Et un second est en gestation. Au Qatar, on a reparlé finance islamique mais aussi fintech. Une nouvelle mission devra concrétiser la coopération dans la sécurité informatique ou le recours aux centres de données du Luxembourg… Et Pierre Gramegna a rencontré des représentants de banques et d’entreprises établies à Doha, pour évoquer leurs éventuels projets en Europe. J.-M. H. et A. D. ◄ ► Pierre Gramegna, lors d’un séminaire à Dubaï

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Place financière Statistiques

09 La place financière en chiffres ► La Banque centrale du Luxembourg et la Commission de surveillance du secteur financier ont publié les chiffres-clés du secteur financier pour l’ensemble de l’année 2014. État des lieux. ― Sources : BCL, CSSF

Somme des bilans des banques (en millions d’euros) 31/12/2013 716.020

+3,23 %

31/12/2014 739.153

+2,95 %

Somme des bilans des OPC

+2,53 %

31/12/2013 34,6 31/12/2014 35,4

+2,31 %

Somme des bilans moyen par compartiment d’OPC

(en millions d’euros)

(en millions d’euros) (203 compartiments au 31/12/13, 174 compartiments au 31/12/14)

31/12/2013 198.793 31/12/2014 226.913

+14,15 %

Patrimoine global net des OPC et des fonds d’investissement spécialisés (en milliards d’euros)

31/12/2013 2.615,36 31/12/2014 3.094,99

+18,34 %

Emploi dans les établissements de crédit * 31/12/2014 25.785

* Note La BCL a mis en place un nouveau reporting statistique en décembre 2014, ce qui a modifié les modalités de recen­sement du personnel de la part des banques et rend impos­sible toute comparaison pertinente avec les chiffres au 31/12/2013.

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31/12/2014 4.994

(en millions d’euros) (147 banques au 31/12/13, 148 au 31/12/14)

(en millions d’euros)

31/12/2014 5.240

31/12/2013 4.871

Résultat avant provision moyen par banque

Résultat avant provision des banques

31/12/2013 5.090

Somme des bilans moyenne par banque (en millions d’euros)

― Avril 2015

31/12/2013 979 31/12/2014 1.304

+33,2 %

Patrimoine global net moyen par OPC et des fonds d’investissement spécialisés

(en milliards d’euros) (3.902 au 31/12/13, 3.905 au 31/12/14) 31/12/2013 67,03 31/12/2014 79,25

Emploi total du secteur financier * 31/12/2014 44.056

+18,2 %


Strip et bar-restaurant de nuit. Lieu inédit à Luxembourg. le dimanche à partir de 20h00 : Pâtes à volonté . Pour vos évènements, veuillez nous contacter au 49 05 52

La nourriture servie jusqu’au petit matin. Ouvert tous les jours 21 heures-9 heures. Adresse: 13 rue Dicks L-1417 Luxembourg Tel: 00 352 49 05 52 www.saumur.lu


Désirs Culture, sélections, gastronomie, shopping, interview

1.800 Zidoun & Bossuyt Gallery déménage et s’installe dans un bâtiment du Grund totalement restauré par Moreno Architecture. Tirant parti du cachet du lieu, les salles dévoilent des ambiances différentes. L’exposition inaugurale est celle de l’artiste Luca Dellaverson, American Graffiti, qui sera vernie en même temps que le nouvel espace le 22 avril à partir de 18 h en présence de l’artiste.

C’est la surface, en m2, des nouveaux espaces d’exposition du Musée national d’Histoire et d’Art. Le musée dévoile enfin l’Aile Wiltheim après quatre années de travaux de réhabilitation pour y exposer la collection d’art décoratif. Cette transformation permet de montrer davantage d’œuvres d’art dans de meilleures conditions de visite : plus grande accessibilité, présentation en trois langues, nouvelles expositions. En outre, l’entrée du musée est gratuite. Il n’y a donc plus d’excuses pour ne pas aller visiter le MNHA. www.mnha.lu

Des chercheurs de l’Université du Luxembourg se sont penchés sur l’institution muséale, ses usages, ses objectifs et ses perspectives. Parlons musée rassemble une série de textes de professionnels académiques et experts du domaine pour comprendre et répondre, par des exemples internationaux, aux enjeux de la médiation, de l’art contemporain ou de la connaissance du public. Aux Éditions Guy Binsfeld

L’Association des critiques d’art (Aica) a longtemps investi l’ancien kiosque à journaux au Pont Adolphe. Pendant les travaux, la programmation reprend dans un container proche du pont provisoire. L’idée est toujours de montrer des jeunes artistes en train d’émerger. Dans le cadre du Mois européen de la photo, c’est Laurianne Bixhain qui inaugure le lieu. Du 3 avril au 29 mai sur l’avenue Marie-Thérèse à Luxembourg (Centre-ville)

Une seule application pour retrouver tous les programmes des instituts culturels de la Grande Région, c’est Raus. À la fois kiosque de brochures de saison, agenda au jour le jour et rétrospective imagée des événements passés, l’application pour tablette et smartphone a été produite par Bunker Palace et le producteur événementiel Fabien est en train de consolider ses partenariats avec les institutions culturelles, une vingtaine pour l’instant. info@raus.lu

Charles Berling et ses acolytes, Christiane Cohendy et Ami Flammer, proposent Gould Menuhin, un spectacle en musique et en théâtre sur la confrontation de deux génies de la musique, Yehudi Menuhin et Glenn Gould. Le premier poursuit une exceptionnelle carrière en concert, alors que le second quitte la scène à 32 ans et se réfugie dans les studios d’enregistrement. Les 23 et 24 mars au Théâtre des Capucins

22/03/16 Une date à retenir… Dans un an, le Casino Luxembourg fêtera ses 20 ans en tant que Forum d’art contemporain. Il en profitera pour faire peau neuve, avec un café culinaire, un nouveau rythme d’exposition, des espaces restaurés… ww.casino-luxembourg.lu

108 ―

― Avril 2015

PHOTOS : MM STUDIO, CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE, DAVID LAURENT, BUNKER PALACE

6-8, rue Saint-Ulric à Luxembourg www.zidoun-bossuyt.com


Désirs Culture

ZOOM SUR

BERNARD CEYSSON ― Texte : Céline Coubray ― Photo : Sven Becker

Le galeriste Bernard Ceysson et ses deux associés, François Ceysson et Loïc Bénétière, ouvrent un nouvel espace dédié à l’art contemporain… à Windhof. Ce sont donc désormais cinq galeries qui sont gérées par la petite équipe de la Galerie Bernard Ceysson : à Luxembourg, Paris, Genève, Saint-Étienne et maintenant Windhof. L’emplacement peut surprendre, entre le magasin de vêtements Maxi Point et des villas quatre façades aux couleurs bigarrées, dans un hangar qui n’a rien de noble, dans un tout autre esprit que les locaux historiques de la rue Wiltheim. Pourtant, c’est ici que Bernard Ceysson a eu l’occasion, grâce à un ami collectionneur, de développer un espace d’un nouveau genre et surtout d’une dimension impressionnante. « Nous disposons de 1.400 m2, dont 900 sont réservés à l’exposition. C’est aussi grand que de nombreux centres d’art en France ou de dimension presque équivalente à l’une des grandes salles du Mudam », précise le galeriste. Le reste de l’espace servira de stockage et de bureau. La programmation est déjà définie : une grande exposition Bernar Venet pour commencer, avant de poursuivre avec une importante exposition Raymond Hains, et une prometteuse présentation de la jeune scène new-yorkaise en collaboration avec Wallace Whitney de la galerie Canada. « Nous allons présenter des œuvres qui seront à vendre bien sûr, mais pas seulement. Nous voulons profiter de cet espace pour réaliser des expositions importantes pour les artistes que nous soutenons. Nous devons bien

évidemment continuer à vendre des œuvres, car c’est grâce à cela que nous vivons, mais nous voulons tendre vers la qualité des expositions muséales, qui pour certaines seront proches de la rétrospective. » L’âme du conservateur ne se met pas si facilement sous le tapis ! Mais c’est aussi une forme de résistance et de mutation qu’opère la galerie. Il faut savoir que ce principe d’exposition existe déjà à New York, notamment à Chelsea. « Nous participons ainsi à notre manière à la mutation des galeries. Nous sommes là pour montrer des œuvres, par conviction, non par effet de mode. Et il faut quand même se battre pour arriver à survivre dans ce marché difficile. » L’espace d’exposition sera complété par une petite boutique, dans laquelle il sera possible de découvrir une sélection d’objets réalisés par des artistes, « sans tomber dans le piège des objets dérivés », des estampes et des livres (beaux livres, livres savants, livres pour enfants). « Je suis persuadé que Luxembourg dispose d’un bel avenir. Sa position géographique est particulièrement intéressante, il y a une véritable vie culturelle et le contexte économique reste favorable. Je ressens ici l’envie de participer à l’effervescence du monde. C’est un projet ambitieux, un peu fou, mais que nous poursuivons avec une vision claire, pour soutenir nos artistes. »

Route d’Arlon à Windhof (Koerich). Ouverture le 21 mars. www.bernardceysson.com

― Avril 2015 ― 109


Désirs Sélection Sélection

Le nouveau Family Guide sort le 21 mars. Nous avons sélectionné cinq nouvelles adresses parmi 700 références de ce guide indispensable pour toutes les familles vivant au Grand-Duché. En vente sur l’e-shop de Maison Moderne, 21,90 €. Disponible en français, anglais et allemand.

NATURE & DÉCOUVERTES

ASIA

PARC DE GASPERICH

Ce magasin propose des articles qui éveillent les sens, attisent la curiosité et donnent envie d’apprendre, dans le respect des autres. La multiculture est une donnée de base, peu de différenciation filles / garçons, l’important est de découvrir, d’apprendre et de s’amuser !

Seule crèche au Luxembourg à proposer un accueil en chinois. L’apprentissage de cette langue n’est pas obligatoire, mais est une option qui peut être choisie si les parents le désirent pour leur enfant non cinophone. La crèche offre en plus des horaires étendus (5 h-23 h).

Dernier exemple des nouvelles aires de jeux de la capitale, le site a été aménagé sur le thème de la ferme. Les enfants jouent avec une porte d’écurie, une porcherie, un tracteur, une charrette et son cheval, mais aussi sur des classiques : toboggans, balançoires et bac à sable.

Le Centre d’information tiers monde offre une documentation spécialisée sur les pays du Sud, les rapports Nord-Sud, le changement climatique et le développement durable. La bibliothèque offre une belle sélection d’auteurs issus des pays du Sud et des animations.

CITIM

Avec le programme Youth Corner, le CNA organise une fois par mois des ateliers sur le medium photographique pour les 6-14 ans. Des rudiments de la chambre noire à la photo numérique, ce sont les différentes facettes de la photographie que les enfants peuvent découvrir.

ATELIER PHOTO

Plus d’infos dans la rubrique Shopping

Plus d’infos dans la rubrique Gardes

Plus d’infos dans la rubrique Expérimenter

Plus d’infos dans la rubrique Découvrir

Plus d’infos dans la rubrique Apprendre

PHOTOS : PHOTOTHÈQUE DE LA VILLE DE LUXEMBOURG-FERNAND BLOM, GAËL LESURE CNA, ROMAIN GIRTGEN

FAMILY GUIDE 2015

Luka Heindrichs Programmateur, De Gudde Wëllen

Sélection musicale de Luka Heindrichs

BONNES VIBRATIONS

Le Gudde Wëllen, ouvert il y a quelques mois, a réussi à s’imposer dans le paysage nocturne luxembourgeois, notamment grâce à la qualité de sa programmation musicale. Quelques dates à retenir.

MUVIC

« Un spectacle hors du commun qui nous vient d’Italie. Muvic propose un set combinant musique atmosphérique et film, puisque des extraits retravaillés et synchronisés du classique Alice au pays des merveilles version Švankmajer (1984) seront projetés tout au long du concert. » Le dimanche 29 mars

Le mercredi 18 mars

« Paon, que le collectif FFYS avait déjà fait jouer l’année passée à l’Exit07, en première partie de Villagers, est un très bon groupe, à la musique et aux arrangements surprenants. Le groupe, créé en 2012, évolue autour du chanteur guitariste Ben Baillieux-Beynon, que beaucoup connaissent en tant que chanteur du groupe belge The Tellers. » Le mercredi 1er avril

De Gudden Wëllen 17, rue du St-Esprit à Luxembourg (Vieille ville) www.deguddewellen.lu

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PAON

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PHOTOS : D.R. / SASHA VERNAEVE

CYCLORAMA

« Un de mes groupes luxembourgeois préférés. Une musique shoegaze aux influences multiples, allant de Joy Division à The Jesus and Mary Chain, à la fois planante et rythmée. Cyclorama sera en concert à l’occasion de la sortie de son vinyle Astral Bender. En première partie, le tout nouveau trio, également luxembourgeois, Gear. »


granduchy

We have rules ... ... ..... .... ... ...... .. ...... ... ..... ..... ... ..... .. ...... .... ... ...... .. ... . .... .. .... ... ..

Dress Code: Unfortunately there is no such thing as no dress code. So all members and guests must be “appropriately” dressed for the setting. ... ... ..... .... ... ...... .. ...... ... ..... ..... ... ..... .. ...... .... ... ...... .. ... . .... .. .... ... ..

The not so square club HOUSE SEVENTEEN is a new kind of dynamic business and social club reflecting the changing global way we do business and socialise in the cosmopolitan city of Luxembourg.

A Private Members’ Club reflecting the 21st Century. Forget any notions of “old style” elitism, House 17 Club is for a new generation of can do people.

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HOUSE 17 17, rue du Nord L-2229 Luxembourg T. 20 10 17 www.house17.com


Désirs Shopping Insolites

ÇA SORT DE L’ORDINAIRE ! Parmi les dernières nouveautés en vente au Luxembourg, voici quelques produits qui nous ont interpellés… et séduits !

EAU NOIRE Blk. est la première eau minérale naturelle noire. On doit cette couleur atypique aux minéraux fulviques. Elle est conditionnée dans une bouteille transparente de 500 ml ou 250 ml. 77 minéraux sont présents dans cette eau, dont le bore, qui améliore la mémoire, le silicium, important pour la peau ou le zinc, bénéfique pour la résistance immunitaire.

I LOVE LUXEMBOURG Aussi fin qu’une dentelle, ces boucles d’oreille en médaillon reprennent pour motif le plan de différentes villes, dont Luxembourg ! Mais ceci n’est visible qu’en y prêtant attention. Un bijou d’initié !

HOLOGRAMME On craque sur cette paire de derby en cuir façon hologramme. Son look masculin est pile dans l’air du temps et sa semelle blanche lui donne un air léger. Définitivement printanier, et différent.

Aminimal studio en vente sur www.denicheuse.com. Aussi en plaqué or.

Modèle Lejla de Vagabond, en vente chez Honey \ Mustard

En vente chez Smets Premium Store.

Nouveaux rituels

De l’île rouge

Be happy

La marque de produits de soin « corporels et ménagers » Rituals a ouvert sa première boutique au Luxembourg. Dans la gamme, on aime particulièrement les gels douche qui, à l’instar des mousses à raser de ces messieurs, se transforment d’un gel en une onctueuse mousse enveloppante et parfumée. En plus des produits pour le corps et le visage, Rituals propose également des senteurs pour la maison.

La nouvelle boutique Trésors lointains vend exclusivement des produits en provenance de Madagascar. Importés par des amoureux de cette île, ils sont entrés en relation avec de petits producteurs pour sélectionner les meilleurs produits parmi les productions artisanales : vanille, confiture, épices, mais aussi linge de table brodé, bibelots en aluminium, bijoux, sculpture, maroquinerie…

Partant du constat que de plus en plus d’enfants sont en situation de surpoids, le concept « Born to move » arrive au Luxembourg. C’est le nouveau club Happy Fitness qui le développe et invite les enfants à partir de 2 ans à pratiquer une activité à la fois sportive et ludique. Les cinq programmes couvrent les différentes tranches d’âges. Et pendant ce temps, les parents peuvent eux aussi faire leur séance de sport.

Galerie commerciale Auchan à Luxembourg (Kirchberg)

11, rue Louvigny à Luxembourg (Centre-ville) www.tresorslointains.lu

20, rue des Peupliers à Luxembourg (Hamm) www.happyfitness.lu

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― Avril 2015

PHOTO : RITUALS

Ouvertures


Photo non contractuelle.

AU PRINTEMPS, LES RONDEURS VONT VOUS METTRE EN VALEUR.

AU SERVICE DE VOS YEUX BERTRANGE

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Désirs Gastronomie

PAS QUE DES VINS

Importateur de vins et produits italiens, Vinissimo vient de s’installer à Gasperich. On y retrouve une large gamme de vins et spiritueux de la péninsule, avec plusieurs flacons en dégustation, mais aussi un large rayon d’épicerie fine, de magnifiques propositions de charcuteries et fromages et même un espace restauration, Divino. Carte réduite de spécialités régionales simples, fraîches et joliment servies. Coup de cœur pour les strozzapreti à la saucisse. 1, boulevard FW Raiffeisen à Luxembourg (Gasperich)

ZOOM SUR

10, route d’Echternach à Luxembourg (Dommeldange)

MANGER ET FAIRE LA FÊTE

Le grand restaurant de la place du Glacis aura connu des fortunes diverses. Cela ne fait pas peur à l’équipe qui vient de reprendre la main. Avec Hitch, c’est un lieu à l’ambiance new-yorkaise qui vient d’ouvrir. Un grand espace ouvert, des matériaux bruts et forts (cuir, métal, béton), pas de séparation entre le bar et la salle, un DJ et un service continu d’une cuisine internationale. Au coin, l’espace take-away complète l’offre. 21-25, allée Schaeffer à Luxembourg (Limpertsberg)

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― Avril 2015

Le restaurateur eschois est devenu un spécialiste du saké et s’est classé deuxième au concours international du « Saké Sommelier of the Year ». Des connaissances qu’il partage volontiers avec ses clients. ― Texte : France Clarinval ― Photo : Gaël Lesure

À la tête du restaurant Origami qu’il a ouvert en 2013, Jean-Paul Choi con­ naissait seulement le saké chinois, servi chaud et au goût légèrement doucereux de riz. Mais pour coller aux ambitions de son restaurant de proposer une cuisine asiatique haut de gamme, il découvre l’ampleur de la gamme des « vrais » sakés japonais, les grandes disparités de prix et de qualités. Et suit entre-temps une formation poussée à la Saké Sommelier Academy. Aujourd’hui, il sert 18 sakés différents et est intarissable sur leur fabrication. Le principe général de fabrication est assez proche de celui de la bière avec une fermentation répétée du riz, l’ajout d’eau et de levures. Trois éléments sont importants : la variété du riz et son taux de polissage (jusqu’à 65 %), la qualité de l’eau et le savoir-faire du brasseur, appelé le toji, un titre que l’on acquiert après 20 ans d’expérience dans différents kura (brasseries). Les étapes de la fabrication du saké sont complexes et nombreuses. Il faut d’abord choisir, polir et nettoyer le riz. Il est ensuite trempé pour absorber de

l’eau avant cuisson puis cuit à la vapeur sèche, « pour être tendre à l’intérieur et dur à l’extérieur et rapidement refroidi ». Une partie – koji, de 10 à 20 % – est prélevée et mise en contact avec un champignon appelé koji-kin afin de transformer l’amidon du riz en glucose. C’est ce qui, mélangé à du riz cuit et des levures naturelles, va être la base du processus de fermentation. On le mélange dans une cuve avec de l’eau et la fermentation a lieu en trois phases. Enfin, le saké est pressé pour séparer la matière solide et liquide. Pour certains sakés, un peu d’alcool distillé est ajouté. L’ensemble sera filtré ou non, pasteurisé ou non, avant d’être laissé en maturation en bouteille ou en cuve pendant neuf à 12 mois. « En termes de dégustation et de service, le saké peut être dégusté froid, tempéré ou chaud, selon le type, la saison et le goût de la personne. Il n’y a pas de règles absolues », conclut Jean-Paul Choi, qui propose aussi des accords mets-saké. Restaurant Origami 14, avenue du Rock’n’Roll à Esch-Belval www.origamibelval.lu

PHOTO : OLIVIER MINAIRE / D.R.

BRIGITTE, DEUXIÈME

Ce n’est pas au même endroit, ce ne sont pas les mêmes personnes, mais le joli concept Brigitte reprend du service, en restaurant cette fois. Décor mi-industriel mi-campagnard, service décontracté, soin du détail… la griffe est la même. Côté assiette, on est dans le classique franco-luxembourgeois : bouchée à la reine, escalope viennoise, jambon frites, salades gourmandes et desserts de chez Namur.

JEAN-PAUL CHOI


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Désirs Interview – Culture

« On a voulu poser un geste fou et fort, poétique et conceptuel, qui joue des dimensions de l’île. »

DAVID BROGNON ET STÉPHANIE ROLLIN

LES POSSIBILITÉS D’UNE ÎLE

Le duo d’artistes expose dans une prestigieuse galerie bruxelloise. Ils y présentent [I land] qui les a menés au Sénégal et pourrait déboucher sur un projet beaucoup plus vaste. Rencontre avec deux artistes entre poésie et mutinerie. ― Interview : France Clarinval

Vous revenez du Sénégal, de l’île de Gorée en particulier, où vous avez réalisé une des pièces qui sera présente dans votre solo show à Bruxelles. Comment est né ce projet, Cosmographia (Gorée Island) ? David Brognon : « Nous avons entendu parler de l’île Tristan da Cunha, qui est l’île habitée la plus éloignée de tout continent. Par ailleurs, beaucoup de nos œuvres s’intéressent à la notion d’enfermement, de prison, d’isolement. D’où cette réflexion sur l’île comme territoireprison. Nos recherches nous ont montré que de nombreuses îles ont une histoire liée à l’emprisonnement : esclavage, prison, éloignement politique, camps de redressement… et cela un peu partout dans le monde. C’est comme cela que nous nous sommes intéressés à Gorée, île au large du Sénégal où étaient rassemblés et emprisonnés les esclaves avant d’embarquer vers l’Amérique. C’est un symbole historique fort. Quels travail et démarche artistique y avez-vous développés ? D. B. : « On ne voulait pas faire un documentaire sur l’île des esclaves, ni même traiter le 116 ―

― Avril 2015

sujet de l’esclavage en tant que tel. C’est l’île en elle-même en tant que territoire qui nous intéressait. On a voulu poser un geste fou et fort, poétique et conceptuel qui joue des dimensions de l’île : décalquer les contours de l’île. Cette manière de dessiner, enfantine, minutieuse, qui est réalisée à petite échelle, nous l’avons transposée de manière monumentale. L’île fait plusieurs kilomètres de tour, ce qui fait plusieurs kilomètres de papier calque…

Qu’en faites-vous ensuite, de ces centaines de calques ? Stéphanie Rollin : « Nous avons pensé aux manières qu’utilisent les prisonniers pour communiquer vers l’extérieur, pour partager et faire connaître leur sort. Nos recherches sur les îlesprisons nous ont fait découvrir Makrónissos, en Grèce, qui a servi de lieu de déportation des opposants politiques jusque dans les années 60. Sur cette île, ont été retrouvées des bouteilles où étaient cachés des messages et des textes qui décrivaient la vie dans ce camp. D. B. : « Cela rejoint certains de nos travaux sur la notion de tentative (comme la vidéo The Most Beautiful Attempt, où un garçon pousse du

sel pour remplir le dessin laissé par la lumière d’une fenêtre, ndlr). Quand on jette une bouteille à la mer, c’est bien une tentative désespérée. Nous sommes partis sur la même idée : envoyer les calques par la Poste. S. R. : « On capture l’île en fragments et on l’envoie ailleurs.

Et vous êtes donc partis… D. B. : « On a mis au point une table en plexiglas, que l’on déplace, de 75 cm en 75 cm pour relever les contours de l’île. S. R. : « C’est une manière complètement archaïque de faire un relevé géographique, d’où le titre de la pièce, Cosmographia Universalis, le nom de la première carte qui a été tracée. À l’heure de Google Earth, cela peut paraître complétement dérisoire. Mais c’est ce qui lui donne son sens et sa poésie… S. R. : « Quand on voit une image satellite, la frontière terre-mer a l’air nette, mais les contours ne sont pas fixes. À chaque vague, la limite change. La ligne que l’on trace ne correspond plus à la réalité quand on l’a terminée… L’île change à chaque instant, comme un cœur qui bat. D. B. : « Les frontières que l’on croit fixes ne le sont pas. Si, en traçant nos lignes, on réfléchit à l’infinité des possibles, à chaque seconde, à chaque 75 cm, on devient fou. Il y a un milliard d’îles possibles à chaque seconde… Vous n’aviez pas imaginé cet écueil ? S. R. : « Si, mais pas à ce point-là. La première partie de notre travail s’est située sur une partie de l’île où il y a des murs qui donnent sur l’eau. La limite est donc claire et facile à lire. D.R. : « Mais très vite, on était obligés de faire des choix : où poser la table, quel rocher dessiner, englober ou non un objet comme un déchet. Ce geste simple de tracer une ligne devient un questionnement infini. S. R. : « C’est un parti pris de chaque instant. D. B. : « Le travail en lui-même est très contraignant physiquement : la tête constamment vers le bas, la chaleur, les accès difficiles.


Désirs Interview – Culture

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Donc ces calques sont partis par la Poste vers la galerie à Bruxelles… Et ensuite ? D. B. : « D’abord, les enveloppes ont été scellées sur place et marquées en fonction des différentes zones de relevé. Nous avons demandé au designer François Bauchet qu’il nous réalise une étagère en inox à la mesure exacte du nombre d’enveloppes. S. R. : « L’étagère recompose en quelque sorte la taille de l’île, à l’échelle, l’enferme à travers ses 3.064 enveloppes. La ligne que l’on a cherchée reste un mystère, est cachée. D. B. : « Il s’agit de rester dans cette pudeur et cette poésie. C’est comme quand on met un bijou dans un coffre-fort.

PHOTOS : GRANDUCHY / STEIV

Stephen Korytko vous a accompagnés pour réaliser une vidéo. Quelle est l’importance de sa présence ? S. R. : « Nous avons mené un travail en collaboration où le propos n’était pas de documenter notre travail, de nous suivre au jour le jour. Nous sommes trois auteurs pour cette vidéo qui sera plutôt un poème visuel sur l’obsession de la ligne (les artistes ont déjà travaillé avec les lignes de la main de toxicomanes, par exemple, ndlr). On voit ainsi des enfants qui se collent les mains les unes aux autres pour poursuivre leur ligne de vie, comme on l’a fait nous, avec nos tables à dessin. D. B. : « C’est encore une fois une tentative, qui n’attend pas de réponse. Quelle suite pouvez-vous envisager à ce travail ? S. R. : « Réaliser le même travail à Makrónissos nous tient très à cœur, parce qu’il s’agit de censure et de politique, mais surtout parce que les événements sont récents. Il reste même des survivants. Mais l’île fait 28 km de tour, est déserte, sans eau, sans infrastructure… D. B. : « Ce serait un travail à mener avec une institution, une école, par exemple. C’est une aventure humaine. Nous avons évalué que cela représente 35.000 enveloppes et un mois de traçage, avec des équipes. S. R. : « L’idée serait de rassembler cinq ou six îles-prisons dans une série d’étagères de

1. 2. Les côtes de l'île de Gorée, décalquées patiemment par le duo d'artistes et leur table de 75 cm. 3. La ligne est une des thématiques récurrentes de leur œuvre. Les lignes de la main des enfants se poursuivent sans fin.

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tailles différentes selon les différentes îles, respectant la notion d’échelle.

Quelles sont les autres pièces présentées dans l’exposition à la Galerie Baronian ? D. B. : « Il y a une première partie sur l’attente comme système d’enfermement, avec l’installation Don’t Worry at Dusk, I’m Late que nous avions proposée pour le pavillon luxembourgeois à Venise. S. R. : « Nous avons repris les 51 nuances de bleu que Horace-Bénédict de Saussure a mises en évidence avec son cyanomètre en 1787. Dans la salle, ces nuances défilent, reproduisant cycle après cycle les nuances de ciel, du plus clair de l’aube au crépuscule. Mais manque dans cet éventail du ciel une nuance qui est reproduite sur des tickets de salle d’attente jonchant le sol. Comme un morceau de ciel, un instant arraché, une promesse secrète laissée à même le sol. D. B. : « Nous présentons aussi la vidéo How To Spend Wisely Eternity où un personnage semble faire les cent pas dans un bucolique paysage de campagne. Ses allers-venues semblent en fait assujetties à la taille et au

Exposition [I land] à la Galerie Albert Baronian de Bruxelles du 12 mars au 18 avril.

mouvement d’un nuage… La nature qui apparaît comme un théâtre d’échanges. S. R. : « [I land], qui est le titre de l’exposition, figure aussi en néon. Nous avons enlevé le ‘s’ du mot anglais island pour donner une notion d’appropriation du territoire.

Depuis quelques mois, vous avez décidé de vous installer à Paris. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ? D. B. : « Coup sur coup, plusieurs de nos projets ont été refusés. On ne va pas épiloguer sur Venise, mais force est de constater qu’on ne se sent pas très soutenus au Luxembourg. On ne quémande rien, on sait bien que Luxembourg ne nous doit rien. Mais on voudrait comprendre, avoir du répondant. Quels sont les motifs de refus, un rapport critique, qu’est-ce qu’on attend vraiment de nous… ? S. R. : « Et puis, il y a le choix de Paris. Pour des artistes, c’est à la fois plus facile – pour rencontrer artistes, collectionneurs, curateurs, journalistes – et plus difficile, parce que personne ne nous attend. On doit se battre, relever nos manches, se confronter aux autres… » ― Avril 2015 ― 117


413 personnalités & entreprises ont été citées sur les 124 pages de Paperjam1.

INDEX A Ackermann Josef Adal Adem ADR Agora Air Alfi Allen & Overy Alter Domus Andrich Daniel Aperam Apex Apple Aral Luxembourg ArcelorMital Archiduc Arkus Financial Services Artuso Vincent Asselborn Jean Atelier Villes et Paysages ATK Auchan Aventis Avomark Axa Luxembourg

B

40 62 52 45 74 80 69, 101 57 88, 89 37 31, 62 4, 5 63 82 31, 62, 63 63 88 40 38, 45 36 37 62 66 66 89

Vincent Balzano CEO, Money for Job

Back Nora 55 Backes Ernest 100 Baer Claude 82 Balzano Vincent 72 Banque de Luxembourg 29 Banque Degroof Luxembourg 88 Banque générale 40 Banque Raiffeisen 89 Bauler André 52 Bausch François 12, 45 BCEE 40 BCL 36, 88, 106 Bechet Vincent 74 Becker & Associés 68 Becker Julie 24 Bellucci Monica 38 Beng Architectes et associés 36 Bettel Xavier 37, 40, 45, 62, 89 BGL BNP Paribas 84 Biewer Robert 38 Bil 40, 88 Biltgen François 55 Black&Decker 86 BMW 13 BNP Paribas 31 Bodry Alex 45 Bofferding Taina 45 Bopro 63

www.therecruiter.lu 118 ―

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Bouvier Yves Bram Michèle Brasserie nationale Brecko Barbara Brederode British Airways Brognon David Burlington

63 31 63 24 31 70 116 66

C Cactus 82 Cadran Montres 27 Cahen Corinne 22 Camden Partners 66 Cargolux 63 Cassel Vincent 38 CES 12 CESGR 59 CFL 59 CFL Multimodal 50 Chambre de commerce du Luxembourg 74 Chambre des députés 12 China Merchants Bank 63 CLC 63 Clearstream Banking 100 Closener Francine 58, 63 Cluster EcoInnovation 58 Cluster for Logistics 50 Colbach Marcel 74 Collin René 59 Comité du risque systémique 14 Comité économique et social de la Grande Région 37 Commerzbank 89 Commissariat aux assurances 31, 89 Conseil d'État 14, 45, 55 Conseil national des finances publiques 14 Conter Valérien 40 Coopmans Pieter 94 Copas 55 Cour de justice de l’Union européenne 37 Cravatte Gaston 40 Crédit industriel d’Alsace et de Lorraine 40 Creditreform Luxembourg 36 CRP Henri Tudor 58 Cruchten Yves 45, 55 CSI de Luxembourg 69 CSL 59 CSSF 84, 89, 101, 106 CSV 12, 37, 45 CTI Systems 63 Cushman & Wakefield 38 CVCE 31

D D'Amarzit Delphine Darin Anne De Bruyne Geert

IT I Telecom

31 36 88

Digital l Mobile

De Radiguès Frédéric Déi Gréng Déi Lénk Deloitte Delwiche Vincent Design City magazine Design Luxembourg Désirs Deutsche Lufthansa Detaille Michèle Dexia Dieschbourg Carole Do Recruitment Advisors Dostert Paul DP DSM DuPont

63 45 12, 45 62, 63, 88, 93 74 63 80 63 123 31 31 45 77 40 36, 45, 52 74 50

E Ecom.lu EcoParc Windhof GIE Edita Efama Egis Engel Frank Entente des foyers de jour Entente des gestionnaires des centres d’accueil Entente des gestionnaires des institutions pour personnes âgées Entente des gestionnaires des maisons de jeunes Entringer Guy EPEA Internationale Umweltforschung Espirito Santo Financial Group Espirito Santo Financière Etix Everywhere Excell Life International

63 58 62 101 36 88 55 55 55 55 54 58 88 88 63 104

Franz Fayot député LSAP

F

Fairtrade Fayot Ben Fayot Franz Fegarlux FEI Felgen et associés Engineering Ferber FIA Asset Management Fiat Fischbach Marc Flashiz Flesch Colette Flydoscope FNR Folmer Françoise

Cleantech

Industry l Services

Fondation Robert Krieps Fonds du logement Fonspa Frappat Stéphane Frieden Luc

45 54 31 66 105

G-H Galerie Ceysson 43 Garage Intini 39 Garenq Vincent 100 Gaudron Jean-Michel 62 Genii Group 105 Geprolux 36 Gillen Erny 36, 44 Giscard d’Estaing Valéry 66 Goerens Charles 45 Gosselin Charles 50 Gramegna Pierre 45, 89, 105 Grethen Henri 45 Grossfeld PAP 88 Groupe Saint-Paul 36, 44 Groupe Steffen 80 Groupement pétrolier luxembourgeois 82 Gulf Luxembourg 82 Haagen Claude 45 Haupert Norbert 55 HEC Alumni Luxembourg 37 Helminger Paul 63, 70 Hempel Regis 100 Heyse Martin 63 Hoffmann Romain 82 Hollander Éric 80 Hollerich Hubert 70 Hollerich Jean-Claude 44 House 17 111 House of Finance 84 HSBC 88, 89 HSBC Private Bank Luxembourg 88 HSBC Trinkhaus & Burkhardt 89

I 113 45 37, 45 62 105 36 35 89 21 55 63 45 63 31, 62 45

IAG Ianizzi Roger Iberia ICIJ IdB Holding ILR INFPC ING Investment Management ING Life ING Life Luxembourg ING Luxembourg Inowai INPFC Inspection du travail et des mines Interpol IRML Iwi

70 68 70 88 31 31, 37 63 94 65 94 88 74 63 12 63 88 2, 89


Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier

J-K JLL Juncker Jean-Claude Jung Martina Violetta Kappweiler Aloyse KBL Kersch Dan Ketterthill Keusters Patrick Kinsch Alain Koedinger Mike Korn Evelyne KPMG Krecké Alain Krecké Jeannot Krieps Robert Kuwait Petroleum

L

74 36, 40, 45 44 63 81 45 47 88 45 80 104 63 50 105 45 62

Philippe Ledent Président, CES Grande Région

L’Atelier 63 L’essentiel 62 Lahoud Imad 100 Lalux 85 Laplume Paul 104 LCGB 55, 63 Le Monde 88 Le Quotidien 62 Le Squeren Renaud 74 Leasinvest 63 Ledent Philippe 37, 59 Legille Édouard 62 Lenert Laurent 72 Lenert Paul 44 Lentz Jean-Jacques 40 LFF 105 LIH 31 Limpach Marc 45 Liser 31, 37 List 31 Lombard International Assurance 88 Lopez Gerard 105 Lor’FM 62 Lorang Pierre 45 LSAP 37, 38, 45, 52 LTCO 53 Lutsenko Alexander 66 Lux Future Lab 84 Lux-Airport 70 Luxair 70 Luxcaddy 63 Luxembourg Freeport 63 List 58 Luxembourg School of Finance 87 Luxemburger Wort 44 Luxempart 12, 31 Luxexpo 63

www.therecruiter.lu

LuxGovSat Luxinnovation LuxLeaks Luxplan Luxtram

37 62 88 36 32, 36

M Magyarics Edith Maison de la Grande Région Maison Moderne Mandell Robert Marcilla Chris Massard Marie-Hélène Mercier Meyers Paul MFJ Group Miltgen Daniel Ministère de l’Économie Ministère de l’Éducation nationale Ministère de la Famille Ministère de la Fonction publique Ministère de la Santé Ministère de la Sécurité sociale Ministère des Affaires étrangères Ministère du Travail et de l’Emploi Mitsui mmm Moes Régis Money for Job Moreno Architectures MLQE Mudam Muller Romain Musée national d’Histoire et d’art Must FM Mutsch Lydia

24 59 63, 80 38 63 24 38 44 72 54 38 55 55 55 55 55 38 55 66 63 45 72 88 68 63 74 38 62 62

N Nagel Maggy Nationale Nederlanden Neopixl Netzwerk Soziale Verantwortung Ney Adrien Nico Confessions NMB Postbank Groep NN Group NN Investment Partners NN Life Luxembourg NRJ

36, 54 94 62 36 70 63 94 94 94 94 62

O-P-Q OGBL Only Keys Onraet Aurélie Optique Moitzheim Orange Luxembourg

55, 63, 70 63 68 115 62

IT I Telecom

Digital l Mobile

Pall Center Paperjam Paul Wurth Petites Choses Pittie Jérôme PLG Polfer Lydie Post Telecom Putz Mathias PwC Quilvest

62 62 36, 62 63 72 62 74 124 40 88 31

R Reckinger Paul Reckinger Pit Reding Jean-Claude Reiff Marc Reiff Mario Reinesch Gaston Returnity Partners Reuter Bernadette Reuter Étienne Rhône-Poulenc Rijkspostspaarbank Robert Denis Rochegude Alexandre Rodriguez Maradiaga Oscar Roelants André Rollin Stéphanie Royal Bank of Scotland RTL Rybolovlev Dmitry

63 63 59 82 82 14 58 44 44 66 94 100 63 44 100 116 89 80 63

S Saluzzi Marc 101 Samenwerkingsverband Regio Eindhoven 58 Sandt Betty 31 Santoni Frédéric 82 Saumur 107 Schank Marco 54 Scherer Alois 40 Schiff Morten 86 Schiltz Christophe 45 Schiltz Jean-Louis 44 Schiltz Mathias 44 Schleck Andy 63 Schmit Charel 45 Schmit Nicolas 12, 52 Schneider Étienne 45, 66, 74 Seale Thomas 101 Seguin Philippe 66 Service central de la législation 37 SES 37, 63 Simon Gustav 40 Simon Virginie 24 SNCI 105 Socfin 12 Socfinaf 12

Cleantech

Socfinal Société de Banque générale d’Alsace Société Générale Société nationale des habitations à bon marché Socom Sodrugestvo Solovieff Martine Soludec Sorel Jean Spautz Vera Steffen Frank Steffen Tom Steichen Jean-François Süddeutsche Zeitung

12 40 17, 19 54 74 66 38 6 40 45 80 80 104 89

T-U T.TV Tanson Sam Thelen Carlo TLPO Total Luxembourg Tribunal d’arrondissement UCVL UEL Université de Bonn Université du Luxembourg

V

62 31 ,45 74 63 82 62 36 12 62 14, 62, 105

Laurent Vanderweyen CEO, Alter Domus

Vanderweyen Laurent Vedenta Resources Verkéiersverbond Vibrationmaster Ville d’Esch-sur-Alzette Ville de Luxembourg Vinçsan Vision It VP Bank Vueling

89 31 36 86 50 50 63 73 89 70

W Wagener Frank Wagner Léo Wampach Léon Wickler Christiane Wilmes Serge Winkin René Wiseler Claude Wolff Georges Wtterwulghe Robert

44 36 40 45 45 82 37 94 104

X-Y- Z Xantor Yoaké Zeimet Laurent Zeniti Malik Zhou Lihong Zidcard Zotova Katya

63 33 45 50 24 72 31

Industry l Services

― Avril 2015 ― 119


Avril 2015 Paru le 12 mars 2015

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

PROCHAIN NUMÉRO

:

3 avril 2015

Mike Koedinger

RÉDACTEUR EN CHEF

Jean-Michel Gaudron

PROCHAIN NUMÉRO

26 mars 2015

COVER

Julien Becker

PA P E RJ A M 2

:

ABONNEMENTS

RÉDACTION

RÉGIE PUBLICITAIRE

STUDIO GRAPHIQUE

Téléphone (+352) 29 66 18-1 Fax (+352) 29 66 19 E-mail press@paperjam.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg @paperjam_lu

Maison Moderne Media Sales Téléphone (+352) 27 17 27 27 Fax (+352) 26 29 66 20 Mail mediasales@maisonmoderne.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg

Maison Moderne Studio Directeur associé Guido Kröger

Directeur associé Francis Gasparotto (-33)

Studio manager Stéphanie Poras

Jean-Michel Gaudron (J.-M. G.) jean-michel.gaudron@maisonmoderne.lu @jmgaudron Rédacteur en chef Alain Ducat (A. D.) alain.ducat@maisonmoderne.lu @Ducat_paperjam Secrétaire de rédaction Frédéric Antzorn (F. A.) frederic.antzorn@maisonmoderne.lu @FredAntzorn France Clarinval (F. C.) france.clarinval@maisonmoderne.lu @franceclar Céline Coubray (C. C.) celine.coubray@maisonmoderne.lu @celinecoubray Jean-Michel Hennebert (J.-M. H.) jean-michel.hennebert@maisonmoderne.lu @jmhennebert Jean-Michel Lalieu (J.-M. L.) jean-michel.lalieu@maisonmoderne.lu

Rédacteurs Fabrice Barbian Sébastien Lambotte Laurent Moyse Michaël Peiffer Photographes Julien Becker Sven Becker Charles Caratini Eric Chenal Luc Deflorenne Gaël Lesure Olivier Minaire Christophe Olinger Jessica Theis Mike Zenari Correction Pauline Berg Muriel Dietsch Cynthia Schreiber

Directrice commerciale Luciana Restivo (-53) Assistantes Tania Henriques (-235) Nathalie Sohn (-234) Chargés de clientèle Marilyn Baratto (-42) Laurent Goffin (-34) Barbara Wiesen (-64) Assistante commerciale Céline Bayle (-32) Administration Isabelle Ney (-233)

Directeur de la création Jeremy Leslie

Florence Thibaut (F. T.) florence.thibaut@maisonmoderne.lu

120 ―

Formule standard 1 × 10 nos/an : Luxembourg : 40 euros France-Belgique-Allemagne : 51 euros Formule corporate 3 × 10 nos/an : Luxembourg : 80 euros France-Belgique-Allemagne : 145 euros

UNIVERS PAPERJAM Paperjam.lu www.paperjam.lu

Directeur artistique Stephanie Post

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Design original Maxime Pintadu

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Coordination Stéphane Cognioul Mise en page Stéphane Cognioul, Bernard Gissinger, Sara Giubelli, Jan Hanrion, Sophie Melai, Harriet Thorne

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IMPRESSION Imprimerie Centrale

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ÉDITEUR

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Véronique Poujol (V. P.) veronique.poujol@maisonmoderne.lu @vpoujol Thierry Raizer (T. R.) thierry.raizer@maisonmoderne.lu @traizer1

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― Avril 2015

Fondateur et CEO Mike Koedinger Directeur administratif et financier Étienne Velasti

Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Jean-Michel Gaudron, Mike Koedinger, Guido Kröger et Rudy Lafontaine. Conseil d’administration : Jean-Claude Bintz (président), Francis Gasparotto, Mike Koedinger, Guido Kröger, Daniel Schneider et Étienne Velasti (membres).

Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media S.A. (Luxem­bourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media S.A. Conformément à l’article 66 de la loi du 8 juin 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire « une fois par an, au premier numéro diffusé ». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de Paperjam est détenue indirectement, par une participation excédant 25 %, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Mike Koedinger.


Jean-Marc Kieffer photographié au siège de CDCL à Leudelange par Julien Becker.

Jean-Marc Kieffer lit Archiduc depuis 2010. Merci

Maison Moderne célèbre 20 ans d’édition indépendante et 200.000 lecteurs. Découvrez 20 ans d’archives sur www.maisonmoderne.lu/20


Le Luxembourg en chiffres

TABLEAU DE BORD Superficie

2.586 km

Population totale (au 1er janvier 2014)

300.800

549.700

2

Taux d'inflation (en %)

45 %

248.900 étrangers

PIB en volume (évolution en %)

Nouvelles immatriculations

6.000

55 %

Luxembourgeois

2

JAN 2014 : 1.53

1,9

-0,2

20 15

20 14

20 13

20 12

20 11

10

Dette publique (en % du PIB)

23,6 %

1465,2

(2013) +10,28 % par rapport à 2012

449

776

965 486

531

1086.7

1.280 2.274,2

1.108 1.570 563

472

843 1.377,9

4,916.75

Autorisation de bâtir bâtiments - logements - volume (milliers de m2)

4.344,15

5.311 4.276

4.882,05

4.217,73

4.230,01

5.375,60

5.408,05

Prix moyen au mètre carré (en euros) ancien - neuf

20

Ja

Ja n. 14 Fé v. 1 Ma 4 rs 1 Av 4 ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il . 1 Ao 4 ût Se 14 pt .1 4 Oc t. 14 No v. 1 Dé 4 c. 14 Ja n. 15

n. 14 Fé v. 1 Ma 4 rs 14 Av ril 14 Ma i1 4 Ju in 14 Ju il . 1 Ao 4 ût 1 Se 4 pt .1 4 Oc t. 14 No v. 1 Dé 4 c. 14 Ja n. 15

0

SOURCE : STATEC

1.000

4.191,84

2,2

2

2.000

-0 ,35

0

5

3.000

2,9

20

0,5

4.000

3.

1

3,1 OCT. 2014 : 4.522

1,5

AVRIL 2014 : 5.220

5.000

T1 2014

T2 2014

T3 2014

T3 2013

T1 2014

31

3.094,99

3.083,35

3.034,46

3.006,76

2.815,87

2.742,21

2.709,21

2.405,93

2.528,92

2.468,07

56 55 65

70 66 71 69

63 38 25

7,0 % (en décembre 2014) 7,1 % en décembre 2013

Dé c. Ja 13 n. 1 Fé 4 v. Ma 14 rs Av 14 ril 1 Ma 4 i1 Ju 4 in Ju 14 il. A o 14 ût Se 14 pt . O c 14 t. No 14 v. D é 14 c. 14

Fé v.

t. No v. Dé c. Ja n.

Oc

ût

pt . Se

Ao

il. Ju

in

i

Ju

Ma

Av ril

Fé v. Ma rs

(en janvier 2015) -1 par rapport à décembre 2014

Taux de chômage

0

44.056

399.883

Emploi total intérieur en décembre 2014

41,6 % 58,4 %

dont 166.535 travailleurs frontaliers

Emploi du secteur financier au 4e trimestre 2014 (hors assurance)

25.785

emplois dans le secteur bancaire 122 ―

147

― Avril 2015

41,47 % 58,53 %

18.273

emplois dans les autres secteurs

SOURCES : STATEC, CSSF

20

2014 : 58 2015 : 62 2014 : 72 2015 : 86

108 88 81

86 63

72 44

40

83 90 82

96

100

60

T3 2014

OPC (en milliards d'euros)

120

80

T2 2014

2.970,52

Nombre de faillites 2013 - 2014

T4 2013

2.904,14

T4 2013

2.854,64

T3 2013

SOURCES : STATEC, CSSF, BARREAU DE LUXEMBOURG

Nombre de banques


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Réservez dès maintenant Profitez dès maintenant de la Premium Economy Class. Les Boeing 747-8 sont les premiers avions à avoir été équipés des nouveaux sièges. Elle est disponible sur les destinations suivantes au départ de Francfort : Bangalore, Buenos Aires, Chicago, Delhi, Hong Kong, Los Angeles, Mexico, Beijing, Sao Paulo, Séoul, Tokyo et Washington, D.C. Depuis janvier 2015, la Premium Economy Class est disponible sur les Airbus A340-600 desservant au départ de Munich : Hong Kong, Shanghai et Tokyo, ainsi que Séoul (depuis le 11 février 2015). À partir de la mi-avril 2015, l’A380 desservira Delhi, Houston, Johannesburg, Miami, New York, San Francisco, Shanghai et Singapour au départ de Francfort, ainsi que Boston et Chicago à partir du 15 juin 2015. Et à partir du 12 mai 2015, les destinations suivantes seront desservies en A340-600 au départ de Munich : Los Angeles, Mexico, Newark, Pékin, San Francisco et Sao Paulo. D’ici la fin 2015 au plus tard, vous pourrez profiter des avantages de la nouvelle Premium Economy Class sur l’ensemble de la flotte long-courrier Lufthansa.

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