Le temps du bagne

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Entretien exclusif avec Robert Badinter


Sommaire

Les Collections de l’Histoire n°64 - juillet-septembre 2014

Le temps du bagne 5 Entretien avec Robert Badinter

Chapitre 1

La politique du débarras 8 Les 12 000 galériens du Roi-Soleil Par André Zysberg 14 Chaîne des forçats : le grand spectacle Par Sylvain Rappaport 18 Tour du monde des bagnes coloniaux Par Dominique Kalifa Carte : les colonies, terres de bagne Le monstre Biribi 30 Irrécupérables ! Par Jean-Lucien Sanchez 32 La « Nouvelle » : le bagne des antipodes Par Louis-José Barbançon 38 À bord du « Martinière » Par Franck Sénateur

Chapitre 2

Guyane, terre maudite 42 Vivre et survivre au Maroni Par Michel Pierre 54 Statistiques et bosse du crime, le corps du bagnard Par Marc Renneville et Jean-Lucien Sanchez 58 Une traversée sans retour. Portraits de femmes Par Odile Krakovitch

62 Dreyfus : cinq ans à l’île du Diable Par Vincent Duclert 64 Le fol espoir de l’évasion Par Marion Godfroy Baudoin, un évadé à New York

Chapitre 3

Une lente agonie 68 Albert Londres ou la force du témoignage Par Yves Saint-Geours 70 La longue marche de l’abolition Par Danielle Donet-Vincent Jean Genet et le « bagne des enfants » Monnerville : une question coloniale Par Rodolphe Alexandre

80 Portfolio Des héros très populaires Par Michel Pierre et Claude Aziza 86 Le bagne entre au musée Entretien avec Marie Bourdeau Saint-Laurent-du-Maroni :

une commune comme les autres ? Par Marine Coquet « Renouer avec une histoire occultée » Par Léon Bertrand

92 Lexique 94 Chronologie 96 A lire, voir et écouter

Abonnez-vous page 91 - Toute l’actualité de l’histoire sur histoire.presse.fr Ce numéro comporte deux encarts jetés : L’Histoire (kiosques France et export, hors Belgique et Suisse) et Edigroup (kiosques Belgique et Suisse). 4 Les Collections de L’Histoire N°64


Entretien avec Robert Badinter

« C’est un scandale de la République »

éric feferberg/afp

La loi du 27 mai 1885, unique dans l’histoire du droit pénal français, entraîne l’internement perpétuel dans les colonies des délinquants et criminels multirécidivistes. C’est là le vrai scandale du bagne : la République a fait passer pour de la justice d’insertion ce qui était de la justice d’élimination.

Avocat et ministre de la Justice de 1981 à 1986, Robert Badinter a notamment fait voter l’abolition de la peine de mort. Président du Conseil constitutionnel de 1986 à 1995, il a été sénateur (socialiste) des Hauts-de-Seine de 1995 à 2011.

L’Histoire : Vous avez réfléchi et travaillé sur le thème de la « prison républicaine ». Comment expliquer le vote par la IIIe République, en 1885, de la loi sur la relégation – qui aggravait celle du Second Empire sur la transportation (1854) ? Robert Badinter : La loi de 1885 décidant la relégation dans les colonies d’outre-mer des multirécidivistes s’inscrit dans une longue tradition. Déjà la Convention, par la loi du 24 vendémiaire an II et du 11 brumaire an III, avait ordonné la déportation des vagabonds outre-mer. La loi de 1885, débattue sous le ministère de Jules Ferry, alors président du Conseil, à l’initiative de Waldeck-Rousseau, ministre de l’Intérieur, entendait débarrasser la métropole de ses éléments jugés « irrécupérables ». Elle ne faisait en cela que renouer avec la grande loi de Napoléon III en 1854. Mais aux forçats criminels, elle ajoutait les délinquants multirécidivistes pour contribuer à la mise en valeur des terres coloniales. Ces deux finalités – éloigner de la métropole les individus dangereux, aménager et exploiter les territoires d’outre-mer – procédant d’une même inspiration, toujours inavouée : celle de l’élimination de la société des criminels dangereux ou des délinquants incorrigibles. Les républicains qui votèrent la loi de 1885, la plus sévère depuis le Code pénal de Napoléon, dissimulaient la véritable finalité du texte derrière les proclamations humanistes. Derrière la formule « régénérer l’homme par la terre et la terre par l’homme », il y avait la volonté politique de purger les campagnes et les villes de France de leurs éléments criminels et des marginaux, redoutés par les populations que l’on voulait rallier à la République. Les républicains « opportunistes », réunis autour de Gambetta et de Jules Ferry, avaient mesuré qu’assurer l’ordre et la sécurité contre les individus dangereux était une exigence qui s’imposait pour enraciner la République dans la société française de la fin du xixe siècle. La loi sur la relégation était ainsi une loi d’inspiration purement politique. Les Collections de L’Histoire N°64 5


bridgeman-giraudon

Vers l’Australie L e Pacifique est à partir de 1787 la principale destination des condamnés britanniques (lithographie du xixe siècle).

Tour du monde des Œuvrer à la mise en valeur des territoires conquis ; amender les criminels : c’est au xviiie siècle qu’en Angleterre d’abord puis dans toute l’Europe les bagnes se multiplient dans les colonies. Par Dominique Kalifa Professeur à l’université Paris-IPanthéon-Sorbonne et à Sciences Po, Dominique Kalifa, spécialiste de la criminalité, est notamment l’auteur de Biribi. Les bagnes coloniaux de l’armée française (Perrin, 2009).

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É

loigner les indésirables est un vieux réflexe, qui appartient de longue date à l’arsenal des peines. Les Athéniens frappaient d’ostracisme les citoyens soupçonnés d’aspirer au pouvoir personnel, la République romaine proscrivait ses opposants et les sociétés médiévales eurent largement recours au bannissement. Les galères, dont la longue histoire croise jusqu’au xviiie siècle celle des États occidentaux, étaient


saint-martin-de-ré, musée ernest-cognacq

Des Malgaches à Cayenne Dès 1792, la Guyane est privilégiée par Paris pour les « ennemis du régime » (photographie du xxe siècle).

bagnes coloniaux plus efficaces encore puisqu’elles mettaient au travail ceux dont on voulait se débarrasser. Mais l’essor des empires coloniaux modernes modifia profondément le phénomène. Si le souci d’exclure demeurait dominant, la colonisation l’assortit de deux idées neuves : œuvrer au peuplement et à la mise en valeur des territoires nouvellement conquis ; tenter d’amender, voire de régénérer les criminels en leur offrant la possibilité d’un nouveau départ. Les bagnes coloniaux sont nés de la convergence de ces deux utopies. Les premières expériences ont donc lieu assez tôt, en phase avec les rythmes et la chronologie de la colonisation. Le royaume du Portugal est ainsi le premier à organiser, dès le début du xvie siècle, la transportation de centaines de « degredados » (criminels, prostituées, hérétiques, gitans) vers ses comptoirs de Sao Tomé, du Cap-Vert, d’Angola ou du Brésil1. En France, dès 1540, le roi François Ier envoie au Canada des convois de criminels et de prostituées. En 1557, son successeur

Henri II fait de même en Corse. En Angleterre ou en Russie, on réfléchit dès les mêmes années à l’exil forcé des indésirables et aux meilleures façons d’exploiter leur force de travail. 1717, convoi pour l’amérique Mais le phénomène ne prend toute son ampleur qu’à compter du xviiie siècle. Après avoir imaginé plusieurs autres scénarios, la Grande-Bretagne promulgue en 1717 le Transportation Act, qui décide l’envoi de criminels dans les colonies d’Amérique du Nord. De simples délinquants ou des condamnés à mort qui peuvent ainsi échapper à la pendaison traversent l’Atlantique pour se réhabiliter par le travail et la religion. Implicitement, on espérait aussi débarrasser le pays de cette « classe criminelle » dont l’essor présumé commençait à affoler les élites britanniques. En tout, 40 000 condamnés sont transportés principalement au Maryland, en Virginie et en Géorgie. Les Collections de L’Histoire N°64 19


archives de nouvelle-calédonie

La « Nouvelle » : le b Comment l’histoire pénale française transportée dans une colonie aux antipodes, la Nouvelle-Calédonie, a façonné un autre pays, une autre société. Images. Par Louis-José Barbançon Calédonien, historien,

Bélep 1890

Domaine pénitentiaire effectivement occupé Centre pénitentiaire ou disciplinaire, et date de création

OCÉAN PAC I F I Q U E

Diahot 1881

Xepenehe 1868

Koniambo-Pouembout

Lifou

Canala 1866

1883

Maré

Tadine

Légendes Cartographie

Bourail 1867 Mer de Corail

N 0

50 km

1913

Camp Brun 1887 La Foa 1870 Ducos Île Nou 1864 Nouméa

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spécialiste de la transportation en Nouvelle-Calédonie, Louis-José Barbançon a publié en 2003 L’Archipel des forçats. Histoire du bagne de Nouvelle-Calédonie (1863-1931), aux Presses universitaires du Septentrion (Villeneuve-d’Ascq).

Prony Baie du Sud 1867

Île des Pins 1872

110 000 hectares

A son apogée, l’Administration pénitentiaire (AP) constitue en Nouvelle-Calédonie un véritable État dans l’État, possédant, depuis le décret du 16 août 1884, 110 000 hectares répartis entre la Grande Terre, les îles Belep au nord, l’île des Pins au sud, sur les meilleures terres dans les vallées de Bourail (17 000 ha), La FoaFonwhari (10 000 ha), le Diahot (5 000 ha), PouemboutKoniambo (11 000 ha) et Prony (20 000 ha) où sont installés les concessionnaires.


22 000 transportés

Entre 1864 et 1931, 21 204 hommes et 525 femmes ont été transportés et 328 condamnés dans la colonie ; 3 945 hommes et 20 femmes y ont été déportés, 3 319 et 453, relégués (ici corvée de forçats). Plus de 400 sont morts en mer. Si le bagne de Nouvelle-Calédonie (« la Nouvelle ») est surtout connu en métropole pour avoir accueilli les communards déportés en 1872, il faut aussi rappeler les nombreux condamnés issus du Maghreb : 2 106 immatriculés, parmi lesquels 1 822 à la transportation, 161 à la relégation, 117 à la déportation. Ces derniers sont les plus connus. A la suite de l’insurrection kabyle de 1871 du bachaga Mohamed el Mokrani, 101 insurgés sont ainsi envoyés en Nouvelle-Calédonie. Juridiquement les condamnations aux travaux forcés relèvent de crimes de droit commun mais, dans le contexte colonial, certaines d’entre elles ont évidemment un caractère politique. Ces transportés sont à l’origine de la communauté dite « arabe » à Caledoun, nom donné par les Algériens à la Nouvelle-Calédonie.

1864, un pénitencier à l’île Nou

Le premier convoi de 250 forçats, sur la frégate Iphigénie, arrive à Port-de-France après 123 jours de mer, le 9 mai 1864. Dans l’imaginaire insulaire, ces 248 premiers arrivants (deux sont morts en mer) ont une place particulière – comme les pèlerins du Mayflower… Le gouverneur Guillain choisit l’île Nou, face à Portde-France, pour le premier pénitencier (ici, appel des condamnés devant leurs cases sur ce qu’on appelait le « boulevard du crime »). Trente ans plus tard, sur ses 431 hectares vivent 1 290 condamnés, encadrés par 150 surveillants et militaires et 17 policiers kanaks. Un service régulier de quatre départs par jour dans les deux sens, effectués par trois canots et baleinières, assure la liaison avec Nouméa. Le parc immobilier représente environ 170 bâtiments – casernes, cases, prisons, hôpital, ferme, briqueterie, ateliers, forges, chapelles, magasins… – dont certains comme l’hôpital du Marais ou l’hôtel du commandant, par leur architecture et leur taille, symbolisent la puissance des initiales AP.

archives de nouvelle-calédonie

agne des antipodes

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Vivre et survivre au Maroni

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Sur la rive droite du Maroni, Saint-Laurent est la « capitale » du bagne. Chaque forçat doit y trouver sa place, selon le travail qu’il effectue et le rôle qu’il tient dans cette société à part. Mais pour tous, c’est une vie à la fois dérisoire et tragique. Par michel pierre Historien, Michel Pierre est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le bagne, en particulier Bagnards. La terre de la grande punition. Cayenne, 1852-1953 (Autrement, 2000) et Le Dernier Exil. Histoire des bagnes et des forçats (Gallimard, « Découvertes », rééd. 2007).

collection arnauld heuret

D Sur le M aroni

L’appontement à Saint-Laurent-du-Maroni est le seul vrai lien de communication avec Cayenne et la France métropolitaine. Ici chargement de grumes effectué par la Société forestière de la Guyane française, photo prise en 1932.

ans l’entrepont du navire La Loire de 1902 à 1915 puis du Martinière de 1921 à 1938, la première sensation qu’éprouvent les forçats en approchant des côtes guyannaises est la chaleur et la moiteur de l’air. Le dernier jour de traversée, on aperçoit, à travers les hublots fermés, la mince ligne verte de la forêt amazonienne avant que le navire ne s’ancre aux îles du Salut au temps du Loire et à Saint-Laurent-du-Maroni lorsque le Martinière, de moindre tirant d’eau, put y accéder en remontant le fleuve à trente kilomètres de son embouchure. A quai, commencent les formalités de débarquement. Les premiers condamnés à toucher le sol guyanais sont les « relégués » qui vont rejoindre leur camp de Saint-Jean-du-Maroni, à 18 kilomètres de là, grâce à une locomotive Decauville tractant des wagons découverts sur un chemin de fer à voie étroite reliant les deux pôles du territoire pénitentiaire du Maroni. Descendent ensuite les « transportés », les condamnés aux travaux forcés, qui se rangent sous les regards de la petite foule accourue à ce spectacle qui se tient une à deux fois par an. Ici se croise la population de Saint-Laurent en ses différentes composantes décrites Les Collections de L’Histoire N°64 43


Une traversée sans retour

Portraits de femmes

Entre 1858 et 1907, environ 900 femmes partirent en Guyane. Aux transportées « volontaires », on promettait un mari et une concession. Les reléguées, elles, n’eurent pas le choix. Toutes trouvèrent la misère, la prostitution et une mort précoce. Par odile krakovitch Conservatrice générale honoraire du patrimoine

L collection franck sénateur

et historienne, Odile Krakovitch a notamment publié Les Femmes bagnardes (Olivier Orban, 1992, rééd. Perrin, 1999).

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’article 4 de la loi du 30 mai 1854 portait : « Les femmes condamnées aux travaux forcés pourront être conduites à la Guyane française et placées dans un établissement créé aux colonies. » Pour la première fois en France, des femmes furent donc envoyées au bagne, jusqu’alors réservé aux hommes. Cette décision correspondait à la volonté de Napoléon III et des juristes qui l’entouraient : les bagnes devaient non seulement débarrasser la métropole d’une population dangereuse, mais permettre aux condamnés une nouvelle vie par le travail et une insertion sociale par la constitution d’une famille, tout en participant à l’essor des colonies. Mais pour cela, il fallait des femmes. Signe d’un léger scrupule cependant, les législateurs de 1854 laissèrent aux criminelles la possibilité de choisir entre purger leur peine en métropole comme auparavant, ou partir, avec la promesse d’une nouvelle vie incluant mari et concession d’une terre ou d’un magasin. Les condamnées ne se laissèrent pas toutes convaincre, loin de là : très vite les bruits sur l’effrayante mortalité filtrèrent dans les prisons. Elles ne furent donc jamais très nombreuses à poser leur candidature : 359 condamnées aux travaux forcés, contre 187 000 forçats, furent transportées en Guyane de 1859 à 1869. Plusieurs raisons, outre celle du choix laissé aux criminelles, expliquent ce déséquilibre : d’abord le premier convoi de femmes fut retardé jusqu’en janvier 1859 ; ensuite la criminalité féminine resta toujours plus faible


collection arnauld heuret

La prise en main Qu’elles aient ou non « choisi » de partir, toutes les femmes partagent le même voyage éprouvant (ci-dessus,

fin xixe siècle) et se retrouvent, à l’arrivée, au « couvent », maison de détention tenue par les sœurs de Saint-Joseph (page de gauche).

(le chiffre de 10 à 15 % de femmes par rapport à l’ensemble de la population carcérale ne varie pas durant les xixe et xxe siècles) ; enfin les directives ministérielles étaient restrictives : il importait que les futures bagnardes, « de bonne volonté et de santé intacte », n’aient pas « dépassé l’âge de 30 ans »1. Ces directives furent assez peu suivies. Les bagnardes, qui auraient dû être originaires de la campagne pour supporter les conditions climatiques et le travail sous les tropiques, venaient pour la plupart des villes, principalement de Normandie et Bretagne (45 % des premiers convois), et de la région parisienne. Elles étaient pour les deux tiers artisanes, ouvrières, et surtout domestiques et ménagères (la moitié de l’effectif citadin), et pour un tiers paysannes. La plupart étaient usées par le travail, affaiblies par les maladies et la misère. L’infanticide était le crime premier de ces femmes, commis surtout par les domestiques (65 %), suivi par le vol. L’assassinat, crime passionnel et familial, le plus souvent du mari, parfois de la rivale, ne concernait que 25 % des 359 transportées.

les « pétroleuses », ces communardes considérées comme les pires criminelles, révoltées et pillardes, à qui ne fut accordée aucune circonstance atténuante et qui n’eurent pas droit à un régime politique qui les aurait menées, avec leurs camarades « déportées », en Nouvelle-Calédonie, femmes du peuple condamnées d’abord à mort pour incendie et vol, puis aux travaux forcés à perpétuité, et donc livrées à une fin sûre et rapide, sorte de « guillotine sèche », par leur destination guyanaise ; pour ces condamnées transportées et non déportées, ni grâce ni amnistie en 1880. Elles ne revinrent jamais, oubliées de tous. En 1881 encore, des femmes partirent en Guyane pour les besoins des bagnards : 35 Antillaises, anciennes esclaves, furent transportées après 1870 ; comble de l’injustice, elles n’étaient généralement pas condamnées à de fortes peines, rarement plus de cinq ans de réclusion, mais, mariées à des hommes sévèrement condamnés, elles ne purent, elles non plus, jamais revenir, astreintes à demeurer éternellement en Guyane. Car les transportées ne furent jamais assez nombreuses pour répondre à toutes les demandes en les « Pétroleuses » mariage venant de bagnards munis de concessions, Les 359 bagnardes furent transportées en neuf pour participer au peuplement de la colonie déshéconvois entre 1859 et 1869. Après cette date, une cin- ritée qu’était la Guyane. Les gouvernements français quantaine de femmes fut encore embarquée en trois n’eurent pas honte alors d’y envoyer des femmes dites convois : en 1873, 1876 et 1881. Malgré la fermeture « réclusionnaires », condamnées à des peines de cinq des bagnes de Cayenne pour insalubrité, on continua à ans maximum, et même des « emprisonnées » qui, y envoyer des femmes, parce qu’il fallait faire disparaître elles, n’avaient plus qu’un ou deux ans de prison à Les Collections de L’Histoire N°64 59


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